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Espaces de Sobolev
M ASTER A NALYSE F ONCTIONNELLE
Université de Jijel
Faculté des Sciences Exactes et Informatique
Département de Mathématiques
Table des matières
Introduction 3
Bibliographie 43
1
2 TABLE DES MATIÈRES
Introduction
Ce cours introduit les espaces de Sobolev en dimension un, décrit quelques une de
leurs principales propriétés et utilise ces outils pour obtenir des résultats d’existence et
d’unicité pour des problèmes simples d’EDP elliptiques.
Ces notes, principalement basées sur le livre de H. Brezis [1], ont fait l’objet d’un cours
donné dans le cadre du Master 1 Analyse fonctionnelle, au niveau du Département de
Mathématiques de l’Université Mohamed Seddik Benyahia de Jijel.
3
4 INTRODUCTION
Chapitre 1
Nous commençons par introduire la notion de dérivée faible et par définir les espaces
de Sobolev W 1,p . Des résultats découlant de cette définition, tel le lien avec l’espace
des fonctions continues, sont alors établis. Des propriétés topologiques héritées des
espaces de Lebesgue (structure d’espace de Banach, séparabilité, refléxivité) sont
décrits. Des résultats de densité sont établis et sont ensuite utilisés pour démontrer
certains résultats de différentiabilité. L’injection de ces espaces dans l’espace des fonc-
tions continues et dans les espaces de Lebesgue est aussi abordée. Finalement, nous
introduisons les espaces W m,p , W01,p et son dual, et établissons une inégalité utile qui
lui est associée (inégalité de Poincaré).
5
6 CHAPITRE 1. ESPACE DE SOBOLEV EN DIMENSION UN
i.e. Z Z
f (x) − f (y)ψ(y) dy w(x) dx = 0 ∀w ∈ Cc (I),
I I
et par conséquent Z
f− f (y)ψ(y) dy =0 p.p sur I.
I
Z
Autrement dit, f = f (y)ψ(y) dy = constante, p.p sur I. 2
I
Nous allons à présent introduire une nouvelle notion de dérivée qui généralise celle
de la dérivée usuelle. Afin de motiver cette notion, commençons par considérer une
fonction u ∈ C 1 (I) et une fonction φ ∈ Cc1 (I). Une simple intégration par parties montre
que Z Z
uφ0 dx = − u0 φ dx ∀φ ∈ Cc1 (I).
I I
Observons que la partie gauche de cette égalité est bien définie même si u n’est pas
régulier (il suffit que u soit dans L1loc (I)). Ces considérations justifient la définition sui-
vante.
Définition 1.1.2. Soit u ∈ L1loc (I). Nous dirons que g ∈ L1loc (I) est une dérivée faible
de u si Z Z
0
uφ dx = − gφ dx ∀φ ∈ Cc1 (I).
I I
La principale indication de cette définition est que la dérivée faible d’une fonction est
une fonction localement intégrable qui vérifie une formule d’intégration par parties. Le
résultat suivant montre que cette dérivée faible est unique.
Lemme 1.1.3. Quand elle existe, la dérivée faible d’une fonction u ∈ L1loc (I) est unique,
à un ensemble de mesure nulle près.
1.1. ESPACE DE SOBOLEV W 1,P (I) 7
et Z Z
0
uφ dx = − g2 φ dx ∀φ ∈ Cc1 (I).
I I
Par conséquent
Z
(g1 − g2 ) φ dx = 0 ∀φ ∈ Cc1 (I).
I
Utilisant l’alinéa i) du lemme 1.1.1, nous déduisons que g1 − g2 = 0 p.p. dans I, i.e.
g1 = g2 p.p. dans I. 2
Démonstration. On a
Z Z Z x
0
v(x)φ (x) dx = g(t) dt φ0 (x) dx
I I y0
Z y0 Z y0 Z bZ x
0
=− g(t)φ (x) dt dx + g(t)φ0 (x) dt dx.
a x y0 y0
Remarque 1.1.6. Il est possible de définir W 1,p (I) en utilisant le langage des distribu-
tions. En effet, nous savons qu’une fonction u ∈ Lp (I) ⊂ L1loc (I) peut être identifiée
avec un élément de l’espace des distributions D0 (I) (distribution régulière). Elle admet
donc une dérivée au sens des distributions et cette dérivée appartient, a priori, à D0 (I).
Nous dirons que u ∈ W 1,p (I) si cette dérivée distributionnelle appartient à Lp (I).
Finalement, il est évident que g ∈ Lp (I) et, par conséquent, u ∈ W 1,p (I).
Des calculs similaires à ceux de l’exemple 2 montrent que pour tout φ ∈ Cc1 (I), on a
Z Z 2 Z 1 Z 2
0 0 0
u(x)φ (x) dx = u(x)φ (x) dx = xφ (x) dx + 2φ0 (x) dx
I 0 0 1
Z 1 Z 2
= [xφ(x)]10 − φ(x) dx + 2φ0 (x) dx
0 1
Z 1
= φ(1) − φ(x) dx + 2φ(2) − 2φ(1)
0
Z 1 Z 2
=− φ(x) dx − φ(1) = − g(x)φ(x) dx − φ(1).
0 0
/ W 1,p (I).
Il est clair que u n’admet pas de dérivée faible et donc u ∈
Les fonctions dans W 1,p (I) peuvent être regardées comme des primitives de fonctions
de Lp (I). Plus précisément, nous avons le résultat suivant.
Théorème 1.1.7. Soit u ∈ W 1,p (I) avec 1 ≤ p ≤ +∞. Alors il existe une fonction
¯ tel que
e ∈ C(I)
u
u=u e p.p. dans I,
et Z x
u
e(x) = u
e(y) + u0 (t) dt ¯
∀x, y ∈ I.
y
10 CHAPITRE 1. ESPACE DE SOBOLEV EN DIMENSION UN
Z x
Démonstration. Soit y0 ∈ I fixé et soit ū(x) = u0 (t) dt. Grâce au lemme 1.1.4, on a
y0
Z Z
0
ū(x)φ (x) dx = − u0 (x)φ(x) dx ∀φ ∈ Cc1 (I),
I I
et donc Z
(u(x) − ū(x)) φ0 (x) dx = 0 ∀φ ∈ Cc1 (I).
I
u − ū = C p.p sur I.
Une des premières conséquences du résultat précédent est que la régularité des fonc-
tions de W 1,p (I) peut-être quantifiée pour p > 1.
1− 1
|u(x) − u(y)| ≤
u0
Lp (I) |x − y| p ¯
∀x, y ∈ I.
Démonstration. Pour fixer les idées, considérons x, y ∈ I tel que y < x. Grâce au
théorème 1.1.7 et à l’inégalité de Hölder, on obtient
x
Z
0
u (s) ds ≤ ku0 kL1 (]y,x[)
|u(x) − u(y)| =
y
On peut montrer que dans le cas 1 ≤ p < +∞, cette norme est équivalente à la norme
suivante
|||u|||W 1,p (I) = kukLp (I) +
u0
Lp (I) .
L’intérêt principal de la norme k·kW 1,p (I) est que dans le cas p = 2, elle confère à W 1,2 (I)
une structure hilbertienne (ce qui n’est pas le cas de la norme |||·|||W 1,2 (I) ). Dans la suite,
nous posons
H 1 (I) ≡ W 1,2 (I) = u ∈ L2 (I) | u0 ∈ L2 (I) .
Proposition 1.1.10. i) L’espace W 1,p (I) est un espace de Banach pour 1 ≤ p ≤ +∞.
ii) L’espace W 1,p (I) est réflexif pour 1 < p < +∞.
iii) L’espace W 1,p (I) est séparable pour 1 ≤ p < +∞.
Démonstration. i) Soit (un )n une suite de Cauchy dans W 1,p (I). Alors
Il vient que (un )n et (u0n )n sont des suites de Cauchy dans Lp (I) et, par conséquent, il
existe u, g ∈ Lp (I) tel que
un −→ u dans Lp (I),
et
u0n −→ g dans Lp (I).
Par définition, nous avons que
Z Z
un φ dx = − u0n φ dx
0
∀φ ∈ Cc1 (I),
I I
12 CHAPITRE 1. ESPACE DE SOBOLEV EN DIMENSION UN
ii) Pour 1 < p < +∞, l’espace produit E = Lp (I) × Lp (I) est réflexif. L’opérateur
T : W 1,p (I) −→ E
u 7−→ T u = (u, u0 )
Démonstration. i) =⇒ ii)
Si u ∈ W 1,p (I), alors
Z Z
u(x)φ0 (x) dx = − u0 (x)φ(x) dx ≤
u0
p kφk p0 ∀φ ∈ Cc1 (I),
L (I) L (I)
I I
f : Cc1 (I) −→ R
Z
φ 7−→ hf, φi = u0 (x)φ(x) dx
I
1.1. ESPACE DE SOBOLEV W 1,P (I) 13
0
est continue pour la norme de Lp (I). L’espace Cc1 (I) étant une sous-espace dense
de p0 (I), d’après le théorème de Hahn-Banach, il existe une fonctionnelle F ∈
L 0
0
Lp (I) = Lp (I) qui prolonge f , i.e.
F ∈ Lp (I)
(
(1.1)
hF, φi = hf, φi ∀φ ∈ Cc1 (I).
De l’autre côté, d’après le théorème de représentation de Riesz, il existe g ∈ Lp (I) tel
que Z
0
hF, φi = g(x)φ(x) dx ∀φ ∈ Lp (I). (1.2)
I
Combinant (1.1) et (1.2), on déduit que
Z Z
0
hf, φi = u (x)φ(x) dx = g(x)φ(x) dx ∀φ ∈ Cc1 (I).
I I
L’alinéa i) du lemme 1.1.1 implique alors que u0 = g p.p. dans I et donc u ∈ W 1,p (I). 2
Proposition 1.1.12. Une fonction u ∈ L∞ (I) appartient à W 1,∞ (I) si, et seulement si,
il existe une constante C > 0 tel que
et donc Z 1
u0 (x + sh) ds.
|u(x + h) − u(x)| ≤ |h|
0
Appliquant l’inégalité de Hölder, on obtient
Z 1 p
p p
0
|u(x + h) − u(x)| ≤ |h| u (x + sh) ds
0
Z 1 pp Z 1 pp0
p u0 (x + sh)p ds p0
≤ |h| 1 ds
0 0
Z 1
= |h|p u0 (x + sh)p ds.
0
La fonction v est définie presque partout sur R et, pour les mêmes raisons que précé-
demment, appartient à Lp (R). De plus,
Z x
∗ ∗
u (x) − u (0) = v(y) dy ∀x ∈ R.
0
Par conséquent, en utilisant le lemme 1.1.4, nous déduisons que la dérivée au sens
des distributions (u∗ )0 = v appartient à Lp (R) (et donc u∗ ∈ W 1,p (R)). De plus,
1
ku∗ kW 1,p (R) ≤ 2 p kukW 1,p (I) ,
Autrement dit 0
ηg e)0 = η ue0 + η 0 u
|I u = (η u e.
18 CHAPITRE 1. ESPACE DE SOBOLEV EN DIMENSION UN
De l’autre côté, on a
ηg
|I u
Lp (0,+∞)
=
η|I u
Lp (I) ≤ kηkL∞ (I) kukLp (I) ≤ kukLp (I) ,
et
0
η u =
η ue0 + η 0 u
|I
g
e
p
Lp (0,+∞) L (0,∞)
≤
η ue0
p + kη 0 u
ekLp (0,+∞)
L (0,+∞)
En résumé, la fonction η|I u, définie sur I =]0, 1[, peut-être prolongée à ]0, +∞[ grâce à
ηg
|I u = ηeu ∈ W 1,p (0, +∞). Utilisant les arguments de la première partie, nous pouvons
prolonger par réflexion à R tout entier. On obtient ainsi une fonction w∗ ∈ W 1,p (R)
vérifiant
w∗ |I = ηg
|I u |I = η|I u,
1
1
kw∗ kLp (R) ≤ 2 p
ηg
|I u Lp (0,+∞) ≤ 2 kukLp (I) ,
p
et
1
kw∗ kW 1,p (R) ≤ 2 p
ηg
|I u W 1,p (0,+∞)
1
≤ 2 p 2 + kη 0 kL∞ (I) kukW 1,p (I) .
On procède de manière analogue pour 1 − η|I u. On la prolonge d’abord à ] − ∞, 1[
en la posant égale à 0 sur ] − ∞, 0] et, dans un deuxième temps, on la prolonge à tout
R par réflexion par rapport au point 1. On obtient ainsi une fonction w∗∗ ∈ W 1,p (R) telle
que
w∗∗ |I = 1 − η|I u,
1
kw∗∗ kLp (R) ≤ 2 p kukLp (I) ,
et
kw∗∗ kW 1,p (R) ≤ C kukW 1,p (I) .
Lemme 1.1.15. Soit ρ ∈ L1 (R) et v ∈ W 1,p (R) avec p ∈ [1, +∞[. Alors ρ ∗ v ∈ W 1,p (R)
et (ρ ∗ v)0 = ρ ∗ v 0 .
Démonstration.i) Supposons que ρ est à support compact. Alors, nous savons que
ρ ∗ v ∈ Lp (R). Soit φ ∈ Cc1 (R), alors
Z Z Z
(ρ ∗ v) φ0 dx = v ρb ∗ φ0 dx = ρ ∗ φ)0 dx
v (b
R R R
Z
= − v 0 (b ρ ∗ φ) dx (car ρb ∗ φ ∈ Cc1 (R))
R
Z
ρ ∗ v 0 φ dx,
=−
R
où ρb(x) = ρ (−x).
ii) Si ρ n’est pas à support compact, il existe une suite (ρn )n ⊂ Cc (R) tel que ρn converge
vers ρ dans L1 (R). D’après i), nous savons que
ρn ∗ v −→ ρ ∗ v dans Lp (R),
et
ρn ∗ v 0 −→ ρ ∗ v 0 dans Lp (R).
Sachant que
Z Z
0
ρn ∗ v 0 φ dx, ∀φ ∈ Cc1 (R),
(ρn ∗ v) φ dx = −
R R
Théorème 1.1.16. (Densité) Soit u ∈ W 1,p (I) avec p ∈ [1, +∞[. Alors il existe une suite
(un )n ⊂ D(R) tel que
un |I −→ u dans W 1,p (I).
20 CHAPITRE 1. ESPACE DE SOBOLEV EN DIMENSION UN
Démonstration. Nous pouvons supposer que I = R. Dans le cas contraire, nous pou-
vons nous ramener au cas de l’espace R tout entier en utilisant le théorème 1.1.14.
• Soit ζ ∈ D(I) telle que
0≤ζ≤1
et (
1 si |x| ≤ 1,
ζ(x) =
0 si |x| ≥ 2.
x
, n ∈ N et f ∈ Lp (R) avec p ∈ [1, +∞[. Il est clair que
Soit ζn (x) = ζ n
|ζn (x)f (x)| ≤ |f (x)| p.t. x ∈ R,
et
lim ζn (x)f (x) = ζ(0)f (x) = f (x) p.t. x ∈ R.
n→+∞
En utilisant le théorème de convergence dominée, il vient que la suite (ζn f )n converge
vers f dans Lp (R).
• Soit alors (ρn )n ⊂ D(R), une suite régularisante et soit
un = ζn (ρn ∗ u) ∈ D(R).
Nous allons montrer que la suite (un )n converge vers u dans W 1,p (R). En effet,
un − u = ζn (ρn ∗ u) − u
= ζn (ρn ∗ u − u) + ζn u − u,
et donc
kun − ukLp (R) ≤ kζn (ρn ∗ u − u)kLp (R) + kζn u − ukLp (R)
≤ kζn kL∞ (R) kρn ∗ u − ukLp (R) + kζn u − ukLp (R)
≤ kρn ∗ u − ukLp (R) + kζn u − ukLp (R)
−→ 0 quand n → +∞.
De l’autre côté, en utilisant le lemme 1.1.15, il vient que
u0n = (ζn (ρn ∗ u))0 = ζn0 (ρn ∗ u) + ζn (ρn ∗ u)0
= ζn0 (ρn ∗ u) + ζn (ρn ∗ u0 ) ,
et donc
ku0n − u0 kLp (R) ≤ kζn0 (ρn ∗ u)kLp (R) + kζn (ρn ∗ u0 ) − u0 kLp (R)
≤ kζn0 (ρn ∗ u)kLp (R) + kζn (ρn ∗ u0 − u0 )kLp (R) + kζn u0 − u0 kLp (R)
≤ kζn0 kL∞ (R) kρn ∗ ukLp (R)
+ kζn kL∞ (R) kρn ∗ u0 − u0 kLp (R) + kζn u0 − u0 kLp (R)
≤ C
n kukLp (R) + kρn ∗ u0 − u0 kLp (R) + kζn u0 − u0 kLp (R)
−→ 0 quand n → +∞,
1.2. INJECTION DE SOBOLEV 21
où C = kζkL∞ (R) . 2
Remarque 1.1.17. Rappelons que pour tout u ∈ Lp (I), il existe une suite (un )n ⊂ D(I)
tel que
un −→ u dans Lp (I).
Ce type de résultat n’est, en général, pas vrai dans W 1,p (I) ; le théorème 1.1.16 n’af-
firme pas qu’il existe une suite dans D(I) convergeant vers u dans W 1,p (I). De fait, en
dehors du cas I = R, n’importe quelle fonction u ∈ W 1,p (I) qui ne soit pas nulle à la
frontière de I ne peut-être approchée dans W 1,p (I) par des fonctions de D(I). (Voir le
théorème 1.4.3 ci-dessous.)
= p kvkp−1 0
Lp (R) kv kLp (R) ,
22 CHAPITRE 1. ESPACE DE SOBOLEV EN DIMENSION UN
≤ p kvkp−1
W 1,p (R)
kvkW 1,p (R) = p kvkpW 1,p (R) .
Ainsi,
1 1
kvkL∞ (R) ≤ p p kvkW 1,p (R) ≤ e e kvkW 1,p (R) ∀v ∈ Cc1 (R). (1.3)
Pour compléter la preuve, on raisonne par densité. D’après le théorème 1.1.16, pour
tout u ∈ W 1,p (R), il existe (un )n ⊂ D(R) convergeant vers u dans W 1,p (R). Grâce à
(1.3), on a
1
kun kL∞ (R) ≤ e e kun kW 1,p (R) , (1.4)
et
1
kun − um kL∞ (R) ≤ e e kun − um kW 1,p (R) . (1.5)
La suite (un )n convergeant dans W 1,p (R) est une suite de Cauchy dans cet espace.
Grâce à l’estimation (1.5), c’est aussi une suite de Cauchy dans L∞ (R) et elle converge
donc vers u dans L∞ (R). Passant à la limite dans (1.4), on obtient
1
lim kun kL∞ (R) ≤ e e lim kun kW 1,p (R) ,
n→+∞ n→+∞
i.e.
1
kukL∞ (R) ≤ e e kukW 1,p (R) ,
ce donne le résultat. 2
ii) Si I n’est pas borné alors (1.7) n’est pas nécessairement vraie. Cependant, prenant
en compte (1.6) et le fait que u ∈ Lp (I), il vient que pour tout q ∈ [p, ∞]
Z Z
q q−p p
kukLq = |u| dx = |u|q−p |u|p dx ≤ kukL
q
∞ (I) kukLp (I) < +∞.
I I
En d’autres termes,
Corollaire 1.2.3. Soit I un intervalle non borné et soit u ∈ W 1,p (I) avec 1 ≤ p < +∞.
Alors, on a
lim u(x) = 0.
|x|→+∞
x∈I
Démonstration. Soit u ∈ W 1,p (I) avec p ∈ [1, +∞[. Nous savons qu’il existe une suite
(un )n ⊂ Cc1 (R) tel que un |I n converge vers u dans W 1,p (I). Utilisant l’injection de
W 1,p (I) dans L∞ (I), nous déduisons que
Par conséquent, pour ε > 0 fixé choisissons n suffisamment large de sorte que
Pour |x| suffisamment grand, nous savons que un (x) = 0. Il vient alors que |u(x)| < ε.
D’où le résultat. 2
Corollaire 1.2.4. (Dérivation d’un produit) Soient u, v ∈ W 1,p (I) avec 1 ≤ p ≤ +∞.
Alors uv ∈ W 1,p (I) et
(uv)0 = u0 v + uv 0 .
De plus, on a la formule d’intégration par parties
Z x Z x
u0 (t)v(t) dt = u(x)v(x) − u(y)v(y) − u(t)v 0 (t) dt ¯
∀x, y ∈ I.
y y
Prenant en compte (1.8), (1.9) et (1.10) et passant à la limite dans l’identité précédente,
nous déduisons que
Z Z
u v + uv φ dx = − uvφ0 dx
0 0
∀φ ∈ Cc1 (I).
I I
0
Il en résulte que uv ∈ avec (uv) = u0 v + uv 0 et donc
W 1,p (I)
Z x
(uv) (x) − (uv) (y) = (uv)0 (t) dt
y
Z x
u0 (t)v(t) + u(t)v 0 (t) dt ¯
= ∀x, y ∈ I,
y
1.2. INJECTION DE SOBOLEV 25
uv ∈ L∞ (I) et u0 v + uv 0 ∈ L∞ (I).
Soit J ⊂ I un ouvert borné fixé tel que supp φ ⊂ J. Remarquant que pour tout p ∈
[1, +∞[
1 1
kukW 1,p (J) ≤ |J| p kukW 1,∞ (J) ≤ |J| p kukW 1,∞ (I) < +∞,
nous déduisons que u ∈ W 1,p (J). De la même manière, v ∈ W 1,p (J) et d’après ce qui
précède, il vient que Z Z
u v + uv φ dx = − uvφ0 dx
0 0
J J
i.e. Z Z
0 0
uvφ0 dx.
u v + uv φ dx = −
I I
Ceci termine la preuve. 2
Corollaire 1.2.5. (Dérivation d’un produit de composition) Soit G ∈ C 1 (R) tel que
G(0) = 0 et soit u ∈ W 1,p (I) avec 1 ≤ p ≤ +∞. Alors G ◦ u ∈ W 1,p (I) et
(G ◦ u)0 = G0 ◦ u u0 .
Démonstration. D’après le théorème 1.2.1, nous savons que u ∈ L∞ (I). Posons alors
M = kukL∞ (I) . Comme
Z s Z s
G(s) = G(0) + G0 (t) dt = G0 (t) dt,
0 0
il vient que Z s
0
|G(s)| = G (t) dt ≤ C |s| ∀s ∈ [−M, M ],
0
0
où C = max G (t). Vu que u(x) ∈ [−M, M ], nous déduisons que
t∈[−M,M ]
c’est-à-dire que
Z Z
(G ◦ u) φ0 dx = G0 ◦ u u0 φ dx ∀φ ∈ Cc1 (I).
−
I I
• Supposons que 1 ≤ p < +∞. Alors d’après le théorème 1.1.16, il existe une suite
(un )n ⊂ D(R) telle que
un |I −→ u dans W 1,p (I).
Le théorème 1.2.1 implique que cette suite converge aussi dans L∞ (I). La continuité
uniforme de G et G0 dans des intervalles limités de R implique alors que
G ◦ un |I −→ G ◦ u dans L∞ (I), (1.11)
et
G0 ◦ un |I −→ G0 ◦ u dans L∞ (I). (1.12)
Par conséquent
0
G0 ◦ un |I −→ G0 ◦ u u0 dans Lp (I).
un |I
De l’autre côté, nous savons que
Z Z Z
0 0
G ◦ un un φ dx = − G ◦ un φ0 dx
0
(G ◦ un ) φ dx = ∀φ ∈ Cc1 (I).
I I I
iii) L’injection W 1,1 (I) ,→ Lq (I) est compacte pour tout 1 ≤ q < +∞.
Afin de montrer ce résultat, nous aurons besoin des deux lemmes suivants.
Lemme 1.2.7. (Théorème de Ascoli-Arzelà) Soit K un espace métrique compact et soit
H une boule bornée dans C(K). Supposons que H est uniformément équicontinue, i.e.
∀ε > 0 ∃δ > 0 tel que : d(x1 , x2 ) < δ =⇒ |f (x1 ) − f (x2 )| < ε ∀f ∈ H.
Alors la fermeture de H dans C(K) est compacte.
1.2. INJECTION DE SOBOLEV 27
i.e.
∀ε > 0 ∃δ > 0 tel que : kτh f − f kLp (R) < ε ∀f ∈ F, ∀h ∈ R avec |h| < δ.
Alors la fermeture de F|Ω dans Lp (Ω) est compacte pour tout ensemble Ω ⊂ R mesu-
rable tel que |Ω| < +∞ (ici F|Ω désigne l’ensemble des restrictions à Ω des fonctions
dans F ).
Démonstration du théorème 1.2.6. ii). Soit F la boule unité de W 1,p (I) avec p ∈
]1, +∞]. Grâce au corollaire 1.1.9, on a pour f ∈ F
1 1
|f (x) − f (y)| ≤ kf 0 kLp (I) |x − y| p0 ≤ |x − y| p0 ∀x, y ∈ I.
¯
D’après le lemme 1.2.7, il vient que F̄ , la fermeture de F , est compacte dans C(I).
iii). Soit H la boule unité dans W 1,1 (I). Soit P l’opérateur de prolongement du théorème
1.1.14 et soit F = P(H), (i.e. H = F|I ). On a
kf kW 1,1 (R) ≤ C
f|I
W 1,1 (I) ≤ C ∀f ∈ F,
≤ kτh f − f kq−1
L∞ (R) kτh f − f kL1 (R)
q−1
≤ kτh f kL∞ (R) + kf kL∞ (R) kτh f − f kL1 (R)
q−1
≤ 2 kf kL∞ (R) kτh f − f kL1 (R)
On peut munir W01,p (I) de la norme induite par W 1,p (I), ce qui lui donne une structure
d’espace de Banach séparable. De plus, il est réflexif si p > 1.
Remarque 1.4.2. Prenant en compte le théorème 1.1.16, il vient que D(R) est dense
dans W 1,p (R) et donc
W01,p (R) = W 1,p (R).
Le résultat suivant nous donne une caractérisation très utile de l’espace W01,p (I).
Démonstration. Si u ∈ W01,p (I), alors il existe une suite (un )n ⊂ D(I) tel que (un )n
¯ Par conséquent, la convergence est uniforme,
converge vers u dans W 1,p (I) ,→ C(I).
et comme un = 0 sur ∂I pour tout n ∈ N, il vient que u = 0 sur ∂I.
Réciproquement, soit u ∈ W 1,p (I) tel que u = 0 sur ∂I. Soit G ∈ C ∞ (I) une fonction
telle que (
0 si |t| ≤ 1,
G(t) =
t si |t| ≥ 2,
et
|G(t)| ≤ |t| ∀t ∈ R.
1
Soit alors un = n G(nu). D’après le corrolaire 1.2.5, un ∈ W 1,p (I). De plus, il est facile
de voir que
supp un ⊂ x ∈ I | |u(x)| ≥ n1 .
Sachant que u = 0 sur ∂I et que u(x) −→ 0 quand |x| → +∞, x ∈ I (cf. corollaire 1.2.3),
nous déduisons de l’inclusion précédente que supp un est borné, et donc compact. Ainsi
un ∈ W 1,p (I) ∩ Cc (I) ⊂ W01,p (I). Observant que
si |u(x)| ≤ n1 ,
(
|u(x)|
|un (x) − u(x)| =
0 si |u(x)| ≥ n2 ,
il vient que
|un (x) − u(x)| −→ 0 ∀x ∈ I.
n→+∞
De plus,
De même, vu que
il vient que 0
un (x) − u0 (x) −→ 0
p.t. x ∈ I.
n→+∞
De plus,
|u0n (x) − u0 (x)| ≤ kG0 kC([0,2]) + 1 |u0n (x)|
1
≤ n |nu(x)| + |u(x)| = 2 |u(x)| ∀n ∈ N et p.t. x ∈ I.
Ainsi la suite (un )n converge vers u dans W 1,p (I) et donc u ∈ W01,p (I). 2
et donc Z x
u0 (s) ds ≤
u0
|u(x)| ≤ L1 (I)
∀x ∈ I. (1.13)
a
• Si p = ∞, l’inégalité (1.13) implique que
Z
|u(x)| ≤
u0
L∞ (I) ds = |I|
u0
L∞ (I)
∀x ∈ I,
I
et par conséquent
kukL∞ (I) ≤ |I|
u0
L∞ (I) .
et par conséquent
p
p
|u(x)|p ≤ |I| p0
u0
Lp (I) ∀x ∈ I.
et donc
kukLp (I) ≤ |I|
u0
Lp (I) ,
Remarque 1.4.5. Si I est borné, alors l’inégalité de Poincaré n’est pas vraie dans
W 1,p (I) (penser aux fonctions constantes). De même, elle n’est pas vraie dans
W 1,p (R). Pour s’en convaincre, considérer u ∈ W 1,p (R) et poser uε (x) = u (εx). Grâce
à un simple changement de variable, il est facile de voir que
− p1
0
1− 1
kuε kLp (R) = ε kukLp (R) et
uε
p
L (R)
= ε p
u0
Lp (R) ,
et donc uε ∈ W 1,p (R). Mais il est clair que l’on ne peut espérer trouver une constante
CP > 0 tel que
kuε kLp (R) ≤ CP
u0ε
Lp (R) pour tout ε > 0
Remarque 1.4.6. Il est facile de vérifier que l’application |·|W 1,p (I) définie par
est une semi-norme de W 1,p (I). En effet, la deuxième et la troisième propriété (ho-
mogénéité et inégalité triangulaire) sont une conséquence directe des propriétés de la
norme k·kLp (I) . La première propriété n’est cependant pas nécessairement satisfaite
car
|u|W 1,p (I) =
u0
Lp (I) = 0
Autrement dit kukLp (I) = 0, et donc u = 0. De plus, il est facile de voir que
|u|W 1,p (I) ≤ kukW 1,p (I) ≤ C |u|W 1,p (I) ∀u ∈ W01,p (I),
avec
1 + CP si p = +∞,
C=
1 + C p p1 si p < +∞.
P
avec injection continue et dense. Identifiant L2 (I) et son dual, nous déduisons que
0 0
W01,p (I) ,→ L2 (I) = L2 (I) ,→ W −1,p (I) ∀p ∈ [1, +∞[,
et
kF kW −1,p0 (I) = max kf0 kLp0 (I) , kf1 kLp0 (I) .
Nous commençons par dresser le cadre fonctionnel général fourni par le théorème de
Lax-Milgram qui permettra d’étudier la solvabilité des problèmes aux limites elliptiques
avec des conditions aux limites de type Dirichlet et de type Neumann qui nous inté-
ressent. Les formulations faibles associées sont définies et des résultats d’existence,
d’unicité et de régularité sont établis.
4. F est une forme linéaire et continue sur V (i.e. F est un élément de V 0 , espace
dual de V ).
33
34 CHAPITRE 2. APPLICATION AUX EDP ELLIPTIQUES EN DIMENSION UN
et donc
1
kvkV ≤ α kAvkV . (2.2)
Cette inégalité entraine que A est injectif. En effet, si Av = 0, alors kAvkV = 0 et
d’après (2.2), il vient que kvkV = 0, i.e. v = 0. De plus, la même inégalité entraine que
l’image de A
R(A) = {w ∈ V | ∃v ∈ V, Av = w}
est fermée. Pour voir cela, considérons une suite (vn )n de V telle que Avn converge
vers w. La suite (Avn )n est alors une suite de Cauchy et grâce à (2.2), on obtient
1
kvn − vm kV ≤ α kAvn − Avm kV
i.e. que la suite (vn )n est elle aussi une suite de Cauchy et converge donc vers un
élément v ∈ V . La continuité de A implique alors que
lim Avn = Av
n→+∞
et par conséquent Av = w. Ceci montre que w ∈ R(A), qui est donc fermé. Le problème
(2.1) admettra une solution si R(A) = V . Comme R(A) est fermé, il suffit de montrer
que si w ∈ V est orthogonal à R(A), il est forcément nul. Soit donc w tel que
(Av, w) = 0 ∀v ∈ V.
Alors, en particulier, on a
et par conséquent w = 0. 2
2.2. PROBLÈME AVEC DES CONDITIONS AU BORD DE TYPE DIRICHLET 35
où c ∈ L∞ (I) et f ∈ L2 (I).
Définition 2.2.1. (Solution classique) On suppose que c ∈ C(I) ¯ et f ∈ C(I).
¯ On
2 ¯
appelle solution classique de (2.3) une fonction u ∈ C (I) qui satisfait (2.3).
L’existence d’une solution classique n’est en générale pas garantie (si par exemple les
données c et f ne sont pas suffisamment régulières) et nous avons besoin de donner
un autre sens à notre solution et de la chercher dans un cadre plus large (ce qui, a
priori, nous donne plus de "chance" d’en trouver). Le principe de l’approche variation-
nelle est de remplacer l’équation (2.3) par une formulation obtenue en intégrant cette
équation multipliée par une fonction-test quelconque. Utilisant des intégrations par par-
ties, on se ramène à une formulation qui a un sens même si la solution que l’on cherche
¯
n’appartient pas à C 2 (I).
Supposons pour l’instant que (2.3) admet une solution classique u et soit φ une fonction
de D(I). En multipliant (2.3)1 par φ(x) et en intégrant sur I, nous obtenons
Z Z
(−u”(x) + c(x)u(x)) φ(x) dx = f (x)φ(x) dx ∀φ ∈ D(I).
I I
où on a utilisé le fait que φ(a) = φ(b) = 0 pour annuler le terme frontière. Comme
¯ il vient que u ∈ H 1 (I). De plus, comme u(a) = u(b) = 0, nous déduisons
u ∈ C 2 (I),
d’après le théorème 1.4.3 que u ∈ H01 (I). Soit alors v ∈ H01 (I). Par définition, nous
savons qu’il existe une suite (φn )n ⊂ D(I) telle que (φn )n converge vers v dans H 1 (I),
c’est-à-dire que (φn )n converge vers v dans L2 (I) et (φ0n )n converge vers v 0 dans L2 (I).
Prenant en compte (2.4), nous avons alors
Z Z
u0 (x)φ0n (x) + c(x) u(x)φn (x) dx = f (x)φn (x) dx.
(2.5)
I I
Observant que
Z Z
u0 (x) φ0n (x) − v 0 (x) dx ≤ u0 (x) φ0n (x) − v 0 (x) dx
I I
≤
u
L2 (I)
φ0n − v 0
L2 (I) −→ 0,
0
n→+∞
36 CHAPITRE 2. APPLICATION AUX EDP ELLIPTIQUES EN DIMENSION UN
Z Z
c(x)u(x) (φn (x) − v(x)) dx ≤ |c(x)| |u(x)| |φn (x) − v(x)| dx
I I
≤ kckL∞ (I) kukL2 (I) kφn − vkL2 (I) −→ 0,
n→+∞
et Z Z
f (x) (φn (x) − v(x)) dx ≤ |f (x)| |φn (x) − v(x)| dx
I I
≤ kf kL2 (I) kφn − vkL2 (I) −→ 0,
n→+∞
et passant à la limite dans (2.5), on obtient que u est solution du problème suivant
1
Chercher u ∈ H0 (I) tel que
(2.6)
Z Z
0 0
∀v ∈ H01 (I).
u (x)v (x) + c(x) u(x)v(x) dx = f (x)v(x) dx
I I
Définition 2.2.2. (Solution faible) On appelle solution faible de (2.3) une fonction u ∈
H01 (I) qui satisfait (2.6).
Au vu de ces définitions et de qui précède, nous avons donc montré le résultat suivant.
Proposition 2.2.3. Toute solution classique du problème (2.3) est une solution faible.
Remarquons que, telle qu’elle est définie, une solution faible n’a pas besoin d’avoir
des dérivées dans le sens classique. Tout ce dont on a besoin est que la formulation
faible soit bien posée. Une analyse rapide de celle-ci montre que toutes les intégrales
intervenant sont bien définies si c ∈ L∞ (I) et f ∈ L1 (I) (une fois que v ∈ H01 (I) ,→
L∞ (I)). Ceci dit, le fait que la formulation faible ait un sens, ne garantit pas non plus
l’existence d’une solution faible.
L’idée est de vérifier que les conditions d’application du théorème de Lax-Milgram sont
satisfaites. Muni de la norme |·|H01 , l’espace H01 (I) est un espace de Hilbert (cf. Chapitre
1). De plus, il est facile de voir que a est une forme bilinéaire et que F est une forme
linéaire. Reste donc à prouver que a est continue et coercive sur H01 (I) × H01 (I) et que
F est continue sur H01 (I).
i) La forme bilinéaire a est continue sur H01 (I) × H01 (I). En effet, en utilisant l’inégalité
de Hölder et l’inégalité de Poincaré, on obtient
Z Z
0 0
|a (u, v)| ≤ u (x)v (x) dx + c(x) u(x)v(x) dx
I I
Z Z
≤ u (x)v 0 (x) dx + |c(x) u(x)v(x)| dx
0
I I
≤ ku0 kL2 (I) kv 0 kL2 (I) + kckL∞ (I) kukL2 (I) kvkL2 (I)
≤ 1 + CP2 kckL∞ (I) ku0 kL2 (I) kv 0 kL2 (I)
= 1 + CP2 kckL∞ (I) |u|H 1 (I) |v|H 1 (I) ∀u, v ∈ H01 (I),
0 0
prouvant ainsi que a est coercive sur H01 (I). Finalement, en utilisant l’inégalité de Hölder
et l’inégalité de Poincaré, nous obtenons
|F (v)| ≤ kf kL2 (I) kvkL2 (I) ≤ CP kf kL2 (I) |v|H 1 (I) ∀v ∈ H01 (I),
0
a(u, u) = F (u).
ce qui donne
|u|H 1 (I) ≤ CP kf kL2 (I) ,
0
et termine la preuve. 2
2.2.3 Régularité
Observons que l’on peut étudier le problème (2.3) dans le cas où f est moins régulière
que L2 (I). En effet si on suppose que f ∈ H −1 (I) (qui, rappelons-le, contient L2 (I))
alors la formulation faible correspondante est de la forme
Chercher u ∈ H01 (I) tel que
(
où on a utilisé le fait que Cc1 (I) ⊂ H01 (I). Ceci veut dire que la dérivée faible de u0 existe
et est égale à f − cu, i.e. u” = (u0 )0 = f − cu. Observant que f − cu appartient à L2 (I),
il vient que u” ∈ L2 (I) et donc u ∈ H 2 (I). 2
¯ nous pouvons alors
Comme on est en dimension 1 et que H 1 (I) s’injecte dans C(I),
déduire que notre solution satisfait
¯ et u0 ∈ H 1 (I) ,→ C(I),
u ∈ H 1 (I) ,→ C(I) ¯
2.3. PROBLÈMES AVEC DES CONDITIONS AU BORD DE TYPE NEUMANN 39
autrement dit
¯
u ∈ C 1 (I).
Ce n’est pas une solution classique, mais elle s’en approche.
À présent, une deuxième question se pose naturellement : y-a-t-il une chance pour que
cette solution faible soit classique ?
¯ et c ∈ C(I)
Proposition 2.2.6. Soit f ∈ C(I) ¯ telle que c ≥ 0. Alors la solution faible u
2 ¯
appartient à C (I).
Définition 2.3.1. (Solution faible) On appelle solution faible de (2.7) une fonction u ∈
H 1 (I) qui satisfait
1
Chercher u ∈ H (I) tel que
(2.8)
Z Z
0 0
∀v ∈ H 1 (I).
u (x)v (x) + c(x) u(x)v(x) dx = f (x)v(x) dx
I I
40 CHAPITRE 2. APPLICATION AUX EDP ELLIPTIQUES EN DIMENSION UN
Théorème 2.3.2. Soit f ∈ L2 (I) et c ∈ L∞ (I) telle que c ≥ c0 > 0 p.p. dans I. Alors
le problème (2.8) admet une solution faible unique u ∈ H 1 (I). De plus, l’estimation
suivante est satisfaite
1
kukH 1 (I) ≤ min(1,c 0)
kf kL2 (I) .
avec V = H 1 (I) et
Z Z
u0 (x)v 0 (x) + c(x) u(x)v(x) dx
a(u, v) = et F (v) = f (x)v(x) dx.
I I
La forme bilinéaire a est continue dans H 1 (I) × H 1 (I). En utilisant l’inégalité de Hölder
et des arguments classiques, on obtient
|a (u, v)| ≤ ku0 kL2 (I) kv 0 kL2 (I) + kckL∞ (I) kukL2 (I) kvkL2 (I)
≤ max kckL∞ (I) , 1 ku0 kL2 (I) kv 0 kL2 (I) + kukL2 (I) kvkL2 (I)
1 1
≤ max kckL∞ (I) , 1 kuk2L2 (I) + ku0 k2L2 (I) kvk2L2 (I) + kv 0 kL2 (I)
2 2
= max kckL∞ (I) , 1 kukH 1 (I) kvkH 1 (I) ∀u, v ∈ H 1 (I).
De l’autre côté, utilisant le fait que c(x) ≥ c0 > 0 presque partout, on obtient
Z
2
|a (v, v)| = v 0 (x) + c(x) (v(x))2 dx
I
Z
2
≥ v 0 (x) + c0 (v(x))2 dx
I
Z
0
2 2
≥ min(1, c0 ) v (x) + (v(x)) dx
I
= min(1, c0 ) kvk2H 1 (I) ∀v ∈ H 1 (I),
prouvant ainsi que a est coercive dans H 1 (I)×H 1 (I). Montrons finalement que la forme
linéaire F est continue dans H 1 (I). On a
|F (v)| ≤ kf kL2 (I) kvkL2 (I) ≤ kf kL2 (I) kvkH 1 (I) ∀v ∈ H 1 (I).
Les conditions du théorème de Lax-Milgram étant satisfaites, il existe donc une solution
unique u au problème (2.8). Posant v = u dans la formulation correspondente, nous
obtenons
min (1, c0 ) kuk2H1 (I) ≤ a(u, u) = F (u) ≤ kf kL2 (I) kukH 1 (I) ,
2.3. PROBLÈMES AVEC DES CONDITIONS AU BORD DE TYPE NEUMANN 41
et donc
1
kukH 1 (I) ≤ min(1,c0 ) kf kL2 (I) .
Ceci termine la preuve. 2
Des résultats de régularité similaires à ceux obtenus dans le cas de Dirichlet peuvent-
être établis et seront laissés comme exercice.
42 CHAPITRE 2. APPLICATION AUX EDP ELLIPTIQUES EN DIMENSION UN
Bibliographie
43