Summary ADMP-1293; No of Pages 8  Résumé

Dans le monde


















Reçu le :
18 octobre 2017
Accepté le :



Dermatites de contact chez le personnel

17 juin 2018 

hospitalier


 Contact dermatitis in health care workers



 A. Brahema,*,b, A. Gaddoura, O. El Maalela, W. Lahmera, I. Kacema, S. Elguedria,

 M. Maouaa, H. Kalboussia, S. Chattia, N. Mrizaka
Disponible en ligne sur 

 a
ScienceDirect  Service de médecine du travail et de pathologies professionnelles, CHU Farhat-Hached de
 Sousse, 4002 Sousse, Tunisie
b
www.sciencedirect.com Faculté de médecine de Sousse, université de Sousse, Sousse, Tunisie
Background. Occupational contact dermatitis (OCD) is one of
the most frequent occupational diseases in the world, which
occur commonly among health care workers. It is a multifactorial
disease with often considerable medical and occupational conse-
quences.
Objectives. To determine the profile of health care workers with
OCD, to identify the risk factors associated with dermatitis and the
main allergens involved in the hospital environment and to consider
the preventive measures required to reduce this risk among hospital
staff.
Methods. We conducted an epidemiological retrospective des-
criptive study of all cases of contact dermatitis affecting the health
care staff collected at the occupational dermato-allergology unit of
the Farhat Hached teaching hospital in Sousse, Tunisia over a
period of 20 years between January 1, 1994 and December 31,
2014.
Results. We identified 140 cases of OCD among hospital staff.
They were more likely to be women (sex ratio: 0.27). Health care
workers suffered more allergic contact dermatitis (67.9% of cases).
The OCD mainly affect the hands with bilateral involvement in
64.3% of cases. Patients were nurses in 35.7% of cases, cleaning
workers in 16.4% of cases and physicians in 7.9% of cases. Patch-
testing was performed to 98.57% of our patients and was positive in
68.57% of cases. The most common allergens were nickel sulphate
in 39.2% of cases, potassium dichromate in 15% of cases and
cobalt chloride in 9.3% of cases. In multivariate analysis, these
* Auteur correspondant.
e-mail : brahemaicha@gmail.com (A. Brahem).
https://doi.org/10.1016/j.admp.2018.06.003 Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2018;xxx:1-8
1775-8785X/ß 2018 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Introduction. Les dermatoses professionnelles représentent une des
maladies professionnelles les plus fréquentes dans le monde en
particulier dans le secteur de la santé. Les causes de dermatites de
contact chez le personnel de santé sont nombreuses et souvent multi-
factorielles et leur pronostic socioprofessionnel est souvent péjoratif.
Objectifs. Dresser le profil d’un personnel hospitalier atteint d’une
dermatite de contact, d’étudier les facteurs de risque susceptibles de
provoquer ou d’aggraver ces dermatites et de relever les principaux
allergènes en cause en milieu hospitalier et d’envisager des mesures
préventives susceptibles d’atténuer le risque de ces dermatoses.
Matériel et méthodes. Il s’agit d’une étude épidémiologique des-
criptive rétrospective portant sur toutes les observations de dermatite de
contact affectant le personnel de soins colligées à l’unité de dermato-
allergologie professionnelle du CHU Farhat Hached de Sousse sur une
période de 20 ans allant du 1er janvier 1994 jusqu’au 31 décembre 2014.
Résultats. Nous avons colligé 140 cas de dermatite de contact (DC)
chez le personnel hospitalier avec une prédominance féminine (sex-ratio
de 0,27). Le diagnostic de DC allergique a été retenu chez 67,9 % des cas.
Les lésions de DC siègent essentiellement au niveau des mains avec une
atteinte bilatérale dans 64,3 % des cas. Les patients étaient essentiel-
lement des infirmiers dans 35,7 % des cas, suivis par les ouvriers dans
16,4 % des cas et les médecins dans 7,9 % des cas. Les tests épi-cutanés
étaient pratiqués chez 98,57 % de nos patients. Ils étaient positifs dans
68,57 % des cas. Les allergènes de la BSE les plus fréquemment
retrouvés étaient le sulfate de nickel dans 39,2 % des cas, le bichromate
de potassium dans 15 % des cas et le chlorure de cobalt dans 9,3 % des
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A. Brahem et al. Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2018;xxx:1-8
three allergens were significantly associated. Thiuram mix sensi-
biliization was significantly associated with the positivity of glove
tests.
Conclusion. Health care workers suffer more from allergic contact
dermatitis. OCD is responsible for considerable handicap linked to
its recurring nature and its tendency to chronicity. The prevention
should be established with collaboration between occupational
physicians and dermatologists in order to fight against this scourge.
ß 2018 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Keywords: Contact dermatitis, Health personnel, Patch-tests, Occu-
pational medicine
Introduction
Dans de nombreux pays, les dermatoses professionnelles
représentent la deuxième cause de maladies professionnelles
après les pathologies musculo-squelettiques. [1,2].
Leur incidence varie selon les professions et dans le temps, du
fait du développement de nouveaux composés chimiques et des
modifications des procédés de fabrication [3]. Leur prévalence
est souvent sous-estimée en raison d’une sous déclaration.
En Europe, leur fréquence varie de 20 à 34 % des maladies
professionnelles déclarées (MP) [4]. En Tunisie, d’après les
statistiques de la Caisse nationale d’assurance maladie
(CNAM), ces dermatoses représentaient 6,25 % des MP en
2010 et 3,59 % en 2013 [5].
Les dermatites de contact (DC) sont la première cause de
dermatoses professionnelles [6]. Elles représentent, actuelle-
ment 90 % de l’ensemble de ces dermatoses [4].
Les dermatites de contact comportent deux grandes entités,
les dermatites irritatives (DCI) dans 80 % des cas, et allergiques
(DCA) dans 20 % des cas [4,6] plus rarement les urticaires de
contact et les dermatites de contact aux protéines [4].
Le secteur de la santé fait partie des cinq secteurs profes-
sionnels les plus à risque de dermatoses professionnelles. Les
causes de dermatites de contact chez le personnel de santé
sont nombreuses et souvent multifactorielles. Le travail en
milieu humide est l’un des principaux facteurs de risque
d’apparition d’un eczéma des mains en milieu professionnel
du fait du lavage fréquent et souvent agressif des mains et le
port prolongé de gants [7].
Les professionnels de santé manipulent également un grand
nombre de produits irritants, parfois de manière fréquente et/
ou prolongée : détergents contenant des tensioactifs, désin-
fectants, acides et matière plastique [7].
Les dermatites de contact évoluent dans près de la moitié des
cas vers la chronicisation s’accompagnant d’un handicap phy-
sique et psychique important [8,9]. Cette dermatose est res-
2
cas. À l’analyse multivariée, ces trois métaux étaient significativement
associés. Il y avait également une relation statistiquement significative
entre la sensibilisation au Thiuram mix et la positivité des tests aux gants.
Conclusion. Le personnel hospitalier souffre plus de DC allergique.
Cette pathologie est à l’origine d’un handicap considérable lié à sa
nature récidivante et sa tendance à la chronicité d’où l’intérêt
primordial de la prévention avec une collaboration étroite entre
les médecins de travail et les dermatologues afin de lutter contre ce
fléau chez le personnel hospitalier.
ß 2018 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Dermatite de contact, Personnel hospitalier, Tests épi-
cutanés, Médecine du travail
ponsable d’une diminution de la qualité de vie, analogue à celle
rapportée au cours de l’eczéma généralisé ou du psoriasis [10].
Ces dermatites ont un pronostic socioprofessionnel souvent
péjoratif. En effet, dans une étude publiée en 2005, portant sur
758 cas de dermatite professionnelle au Danemark une perte
d’emploi a été notée chez 23 % des travailleurs atteints [11]. Le
diagnostic et la prise en charge précoces de la dermatite
professionnelle sont les clés du traitement et la mise en place
des mesures préventives reste toujours indispensable.
Afin de mieux cerner la problématique de dermatites de contact
chez le personnel hospitalier, nous avons mené cette étude à
l’Unité de Dermato-allergologie Professionnelle du CHU Farhat
Hached de Sousse durant une période de 20 ans. Les objectifs
étaient de dresser le profil du personnel hospitalier atteint d’une
dermatite de contact, d’étudier les facteurs susceptibles de
provoquer ou d’aggraver ces dermatites, de relever les princi-
paux allergènes en cause en milieu hospitalier.
Patients et méthodes
Il s’agit d’une étude épidémiologique descriptive rétrospec-
tive portant sur toutes les observations de dermatite de
contact affectant le personnel de soins colligées à l’unité
de dermato-allergologie professionnelle du CHU Farhat-
Hached de Sousse sur une période de 20 ans allant du 1e
janvier 1994 jusqu’au 31 décembre 2014.
Notre enquête a été basée sur les données cliniques et les
résultats des patch-tests recueillis à partir des dossiers du
personnel de santé consultant pendant la période d’étude. Le
recueil des données a été pratiqué à l’aide d’une fiche synop-
tique préétablie à partir des dossiers médicaux des patients
patch-testés :
 une fiche synoptique standardisée a été élaborée compre-
nant les chapitres suivants ;
 les variables socioprofessionnelles du patient : âge, genre,
profession, ancienneté dans le poste du travail ;
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Dermatites de contact chez le personnel hospitalier

 les antécédents personnels et familiaux du patient : Tableau I

allergiques et non allergiques. Répartition de la population selon le service d’affectation et le
 les habitudes de vie ; genre.
 les données cliniques : la localisation des lésions cutanées, Service d’affectation Homme Femme Total
l’aspect des lésions, les signes fonctionnels associés, le Nombre % Nombre % Nombre %
délai de survenue de la dermatite par rapport à l’embau- Maternité 1 0,71 17 12,14 18 12,85
che, l’évolution dans le temps des lésions dermatologiques Bloc chirurgical 3 2,14 12 8,57 15 10,7
en fonction du travail et d’éventuels traitements ; Stomatologie 1 0,71 13 9,28 14 10
 les données relatives aux facteurs influençant profession- Laboratoire 3 2,14 11 7,85 14 10
nels et extra professionnels. Administration 1 0,71 5 3,57 6 4,3
 les tests épi-cutanés réalisés et leurs résultats ; Maintenance 3 2,1 0 0 3 2,1
 le diagnostic définitif retenu. Néonatologie 0 0 5 3,57 5 3,6
Pharmacie 2 1,42 2 1,42 4 2,9
La confirmation du diagnostic de DC repose sur les tests épi- Réa-anesthésie 1 0,71 2 1,42 3 2,1
cutanés qui ont été appliqués à nos malades et interprétés Autre 14 10 40 28,6 54 38,6
conformément au protocole recommandé par l’International
Contact dermatitis research group (ICDRG) [2]. La lecture est
faite à 48 heures. 10,46  8,66 ans avec des extrêmes allant de 1 mois à 30 ans.
Les patients ont été testés avec la Batterie standard euro- La majorité (42,9 %) de nos patients avait une ancienneté
péenne (BSE) comportant 28 allergènes et parfois avec des professionnelle supérieure à 10 ans.
allergènes orientés en fonction des données de l’interroga- Concernant les moyens de protection, la blouse blanche et la
toire, comprenant les produits manipulés (savon liquide et tenue de bloc étaient les tenues de travail les plus portées par
solution hydro-alcoolique) et les gants. nos patients. Les gants en latex ont été portés par 106 patients
Pour l’analyse statistique, les données ont été saisies et soit 75,7 % des cas. Le lavage des mains était fait avec le savon
analysées à l’aide du logiciel SPSS9.0. liquide dans 60,71 % des cas, et avec le savon solide dans
Les tests t de Student et test de Chi2, ont été utilisés respec- 48,57 % des cas, la friction avec une solution hydro-alcoolique
tivement pour les comparaisons des moyennes et des pour- (SHA) était notée dans 33,6 % des cas.
centages. Un seuil de signification statistique a été fixé à 5 % Parmi les cas de DC recensés, 51 patients (soit 36,4 % des cas)
pour les différents tests utilisés. présentaient des antécédents d’atopie dans la famille. Plus
que la moitié des patients (50,7 %) avait des antécédents
personnels allergiques. Les lésions de DC siègent essentielle-
Résultats ment au niveau des mains. Treize cas au niveau unilatéral
droit, 4 cas au niveau unilatéral gauche et une atteinte
Sur la base de 2230 patients atteints de dermatite de contact bilatérale de la main dans 90 cas. L’analyse sémiologique
consultants au cours de la période d’étude, 140 cas (soit des lésions révélait l’aspect érythémato-squameux qui était le
6,28 %) étaient des personnels hospitaliers. En étudiant l’évo- plus fréquemment retrouvé chez 76 personnes soit 54,28 %
lution du nombre des cas de dermatite de contact chez le des cas suivi par l’aspect érythémato-vésiculeux, noté dans
personnel hospitalier, on a noté une augmentation au fil des 75 cas soit 53,57 %. La majorité des patients (117 cas) avait des
années avec un pic de fréquence en 2013. L’âge moyen de lésions qui ont été apparues après l’embauche (soit 83,57 %).
notre population était de 38,73  9,77 ans avec des extrêmes Le délai d’apparition des lésions par rapport à l’embauche
de 21 et de 60 ans. La distribution des cas de dermatite de était de 3,56  5,48 ans. Une amélioration des lésions à
contact révélait une prédominance féminine ; le sexe ratio (H/ l’occasion de l’arrêt de travail (réaction de retrait positive)
F) était de 0,27. était décrite par 58 % des patients (81 cas).
Concernant les activités extraprofessionnelles, nous avons Les tests épi-cutanés étaient pratiqués chez 138 cas de nos
noté une prédominance de l’activité ménagère (74,8 % des patients (98,6 % des cas). Ils étaient positifs dans 68,57 % des
cas) chez nos patients qui sont essentiellement des femmes cas. Les allergènes de la BSE les plus fréquemment retrouvés
suivie par le jardinage qui a été noté dans 11,4 % des cas et le étaient le sulfate de nickel dans 39,2 % des cas, le bichromate
bricolage dans 5,8 %des cas. de potassium dans 15 % des cas et le chlorure de cobalt dans
Les services hospitaliers les plus pourvoyeurs de DC étaient la 9,3 % des cas. Une réaction fortement positive à trois croix
maternité (13 % des patients), les blocs de chirurgie (11 % des était notée essentiellement pour le Nickel (11 cas) et le cobalt
patients) et les laboratoires (10 % des patients) (tableau I). (2 cas) (tableau II).
Ils étaient essentiellement des infirmiers dans 35,7 % des cas, Les tests épi-cutanés aux gants, ont été pratiqués chez
suivis par les ouvriers dans 16,4 % des cas et les médecins dans 29 patients soit 20,71 % des cas. Ils étaient positifs chez
7,9 % des cas. L’ancienneté professionnelle moyenne était de 6 patients soit 4,3 % des cas. Le savon liquide et la solution

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A. Brahem et al. Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2018;xxx:1-8

Tableau II
Distribution des réactions positives aux allergènes de la BSE selon leurs intensités.
Tests positifs Intensité de la réaction
Allergènes  + ++ +++
Nombre (%) Nombre (%) Nombre (%) Nombre (%) Nombre (%)
Bichromate de potassium (Chrome) 26 (18,6) 5 (3,6) 8 (5,7) 12 (8,6) 1 (0,7)
Néomycine 2 (1,4) 0 (0) 1 (0,7) 1 (0,7) 0 (0)
Thiuram mix 13 (9,3) 1 (0,7) 4 (2,9) 7 (5) 1 (0,7)
Fragrance mix I 4 (2,9) 1 (0,7) 0 (0) 3 (2,1) 0 (0)
Cobalt 15 (10,7) 2 (1,4) 6 (4,3) 5 (3,6) 2 (1,4)
Benzocaı̂ne 1 (0,7) 0 (0) 0 (0) 1 (0,7) 0 (0)
Formaldéhyde 1 (0,7) 1 (0,7) 0 (0) 0 (0) 0 (0)
Colophane 3 (2,1) 1 (0,7) 1 (0,7) 1 (0,7) 0 (0)
Clioquinol 0 (0) 0 (0) 0 (0) 0 (0) 0 (0)
Baume de Pérou 6 (4,3) 0 (0) 3 (2,1) 1 (0,7) 2 (1,4)
IPPD 6 (4,3) 1 (0,7) 2 (1,4) 2 (1,4) 1 (0,7)
Lanoline 0 (0) 0 (0) 0 (0) 0 (0) 0 (0)
Mercapto mix 3 (2,1) 1 (0,7) 0 (0) 2 (1,4) 0 (0)
Budésonide 0 (0) 0 (0) 0 (0) 0 (0) 0 (0)
Paraben mix 1 (0,7) 1 (0,7) 0 (0) 0 (0) 0 (0)
Paratertiaire phénol Formaldéhyde résine 10 (7,1) 2 (1,4) 5 (3,6) 3 (2,1) 0 (0)
Fragrance mix II 1 (0,7) 0 (0) 0 (0) 1 (0,7) 0 (0)
Quaternium 15 0 (0) 0 (0) 0 (0) 0 (0) 0 (0)
Nickel 55 (39,3) 0 (0) 9 (6,4) 35 (25) 11 (7,9)
Kathon CG 5 (3,6) 2 (1,4) 2 (1,4) 0 (0) 1 (0,7)
Mercaptobenzothiazole 2 (1,4) 0 (0) 2 (1,4) 0 (0) 0 (0)
Lactone mix 3 (2,1) 1 (0,7) 2 (1,4) 0 (0) 0 (0)
HMPCC 5 (3,6) 4 (2,9) 1 (0,7) 0 (0) 0 (0)
Primine 4 (2,9) 1 (0,7) 3 (2,1) 0 (0) 0 (0)
Pivalate de tixocortol 1 (0,7) 0 (0) 1 (0,7) 0 (0) 0 (0)
Résine époxy 3 (2,1) 1 (0,7) 2 (1,4) 0 (0) 0 (0)
PPD 5 (3,6) 1 (0,7) 1 (0,7) 2 (1,4) 1 (0,7)
Dibromodicyanobutane 0,3 % 2 (1,4) 0 (0) 0 (0) 2 (1,4) 0 (0)

hydro-alcoolique (SHA) ont été testés chez 3 patients et ils
étaient positifs à une croix chacun dans un cas. Le test au
sparadrap était pratiqué 2 fois et il était positif dans les deux
cas.
L’inventaire des produits allergisants pour chaque patient
ainsi que l’interrogatoire, l’examen clinique et les résultats
des tests cutanés avaient conduit à un certain nombre de
diagnostics des dermatites de contact.
Le diagnostic le plus fréquemment retenu chez nos patients
était celui d’un eczéma de contact allergique (67,9 % des cas) ;
la dermatite d’irritation venait en deuxième position (32,1 %
des cas).
Les conduites qui ont été recommandées pour nos patients
étaient :
 l’éviction de l’allergène dans 46 cas, soit 32,85 % des cas ;
 la substitution de l’allergène dans 2 cas, soit 1,42 % des cas ;
 le changement de poste de travail dans 2 cas, soit 1,42 % des
cas.
L’évolution clinique a été stationnaire dans 85 cas
(60,7 %) ;aggravée dans 42 cas (30 %) et améliorée dans
13 cas (9,3 %).
Les patients qui avaient un âge inférieur à 39 ans avaient plus
fréquemment des lésions au niveau des mains (p = 0,010).
Nous avons noté la présence d’association statistiquement
significative entre la nature de diagnostic et la médiane
d’ancienneté (p = 0,032) ainsi qu’avec l’entretien de la maison
(p = 0,013). En effet, la dermatite allergique était plus fré-
quente que la dermatite irritative en cas d’entretien de la
maison.
La dermatite de contact allergique était plus fréquente pour
une ancienneté professionnelle inférieure ou égale à 8 ans.
Discussion
Dans notre enquête, 140 cas de dermatite de contact (DC) chez
le personnel hospitalier ont été adressés à notre unité, repré-
sentant une prévalence de 6,28 %de tous les cas de dermatites
de contact adressés pendant les 20 ans d’étude.
En Tunisie, la prévalence des dermatoses professionnelles
était de 3,59 % parmi les maladies professionnelles déclarées
à la caisse d’assurance maladie en 2013 [5] et de 5,2 %des

4
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dermatoses professionnelles chez le personnel hospitalier
dans l’étude de Henchi MA menée dans la région de Monastir
en Tunisie en 2011 [12].
En France, la prévalence de dermatite de contact chez le
personnel de soins était de 53,3 % en 2009, selon Batllo M
et al. [13].
Notre population était relativement jeune et à prédominance
féminine. Ceci peut être expliqué en partie par la prédomi-
nance féminine dans le secteur de la santé et par le cumul de
l’activité ménagère et professionnelle chez la femme.
Notre étude était en accord avec une autre étude nationale
faite au Service de Médecine de Travail de CHU Rabta-Tunis
portant sur le personnel de soins présentant une dermatite de
contact, qui a montré que la population était jeune et à
prédominance féminine [14]. Dans le monde, une étude faite
aux Etats Unis en 2013 par Callahan A. et al. a rapporté que
l’âge moyen de la population était de 32 ans et que 64 % des
patients étaient des femmes[15]. Différentes études mon-
traient que la susceptibilité individuelle à développer une
dermatite de contact diminue avec l’âge avec atteinte
d’une population de plus en plus jeune [16,17]. Certains
auteurs ont expliqué que l’une des raisons de la prédomi-
nance féminine des dermatites de contact des mains chez le
personnel hospitalier est représentée par les travaux domes-
tiques qu’elles effectuaient parallèlement [18,19].
Dans notre étude 36,4 % des patients présentaient des anté-
cédents familiaux d’atopie et 50,7 % avaient des antécédents
personnels allergiques.
Il a été démontré dans plusieurs études que la dermatite
atopique était le facteur de risque majeur dans le développe-
ment de l’eczéma des mains [20]. L’étude d’Akrout M. et al. À
mis en évidence que l’atopie était notée chez 51,5 % des
patients avec une relation statistiquement significative entre
l’antécédent d’atopie et le développement d’une dermatite de
contact professionnelle (p = 0,001) [21].
L’étude menée par Lan et al. avait trouvé une forte association
entre l’eczéma atopique et la dermatite de la main dans des
conditions de travail humide tels que les soins infirmiers. En
effet, les patients atteints d’eczéma atopique étaient 3,76 fois
plus susceptibles d’avoir une dermatite de la main que ceux
non atopiques[2].
Selon notre étude, les services hospitaliers les plus concernés
par les dermatites de contact étaient essentiellement le
service de maternité et les blocs opératoires, alors que la
catégorie professionnelle la plus touchée était celle des infir-
miers.
Nos résultats se concordent avec ceux trouvés par Henchi MA.
[12] qui a montré que le profil à risque était celui d’une
infirmière dans un service de chirurgie.
À travers la littérature, la catégorie professionnelle la plus
fréquemment atteinte était les infirmiers [7,22].
Cependant, dans l’étude menée par Ibler et al. [23], aucune
corrélation significative entre le poste de travail et le service
Dermatites de contact chez le personnel hospitalier
d’affectation et la présence ou non de l’eczéma d’une part et
la sévérité de l’eczéma des mains d’autre part quand les deux
genres sont analysés ensemble.
Dans notre série, les personnels ayant une ancienneté supé-
rieure à 10 ans étaient les plus atteints (40 %). Nos résultats
concordent avec ceux de la plupart des études réalisées en
Tunisie [12,24]. Cependant d’autres études ont abouti à des
résultats contradictoires comme l’étude de Rohna R. et al. qui
a montré que les dermatoses de contact surviennent préco-
cement chez le personnel hospitalier [17].
Concernant les facteurs de risque de dermatite de contact
spécifiques au milieu de soins, le travail en milieu humide
constitue l’un des principaux facteurs de risque d’apparition
d’un eczéma des mains en milieu professionnel. Il a été même
défini en Allemagne par une législation spécifique dans les
TRGS 401 (Règles techniques pour les substances dangereu-
ses) [25]. En effet, le lavage des mains est une pratique
d’hygiène fortement recommandée en milieu hospitalier
qui permet de limiter le risque infectieux. Cependant, le
recours excessif à cette pratique peut entraı̂ner une altération
du film hydrolipidique cutané et être à l’origine de lésions de
dermatite de contact [26].
Nous avons noté que 60,7 % de nos patients se lavaient les
mains par du savon liquide, 48,6 % par du savon solide et
28,6 % se désinfectaient les mains par une SHA. L’étude de
Henchi a révélé que le nombre moyen journalier de lavage des
mains était significativement plus élevé dans la population
atteinte [12]. De même, Ibler et al. [27] rapportaient que le
lavage fréquent des mains était significativement associé à
l’eczéma (p < 0,001). En effet, le lavage des mains plus que
10 fois par jour au travail a été rapporté chez 52 % des
personnels qui avaient un eczéma des mains. Cependant,
cette même étude n’avait pas montré une relation statisti-
quement significative entre l’utilisation de désinfectants et
l’eczéma des mains (p < 0,62).
Un autre facteur peut être incriminé dans la genèse et/ou
l’entretien de la dermatite de contact est le port des gants. En
effet l’irritation cutanée aux gants est due au lavage fréquent
des mains et aux détergents ce qui va diminuer la protection
naturelle de la peau [28]. Par contre, la dermatite de contact
allergique aux gants est due aux antioxydants et aux accé-
lérateurs de vulcanisation de caoutchouc. Dans notre étude,
six tests épi-cutanés aux gants étaient revenus positifs parmi
29 tests effectués. Les tests à la batterie standard euro-
péenne (BSE) avaient révélé une positivité au thiuram mix
dans 13 cas (9,4 % des tests). Nous avons noté également une
relation statistiquement significative entre l’allergie au thiu-
ram mix et la positivité des tests épi-cutanés aux gants
(p = 0,038).
Le port de gants était un facteur de risque de dermatoses de
contact dans une étude réalisée dans trois hôpitaux pédia-
triques en Turquie où on a rapporté que le nombre des cas
d’eczéma des mains était plus élevé chez les infirmières qui
5
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A. Brahem et al. Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2018;xxx:1-8
portaient fréquemment les gants ainsi celles qui se lavaient
leurs mains plus que 40 fois par jour (p = 0,007) [29].
Dans notre série, la main, plus volontiers la face dorsale,
constituait la localisation préférentielle des dermatites de
contact. À travers la littérature, les dermatites de contact
en milieu hospitalier touchent les mains dans 90 à 100 % des
cas [12,30].
Une localisation de la dermatite au niveau du visage était
notée dans 25 % des cas et était prédominante chez les
femmes. L’atteinte du visage peut être due aux allergènes
manuportés. En effet, plusieurs études ont suggéré que les
mains féminines seraient plus en contact avec le visage et
seraient par conséquent plus à risque de développer une
dermatite manuportée de la face [31].
Dans notre étude, 68,5 % de nos patients avaient présenté au
moins une réaction positive aux patch-tests. Cette fréquence
était similaire à celles rapportées par plusieurs études en
Tunisie comme l’étude de Omrane et al. [24] qui a trouvé
que 90,7 % des patients avaient une ou plusieurs réponses
positives aux tests épi-cutanés de la BSE.
Nous avons noté que les allergènes les plus fréquents chez
nos patients étaient le nickel(39,3 %), le chrome (18,6 %), le
cobalt (10,7 %) et le thiuram mix (9,3 %).
Benzarti Mezni A. et al. ont également trouvé que les aller-
gènes responsables des dermatites de contact en milieu
hospitalier étaient le nickel (54,16 %), le chrome (33,33 %),
le cobalt (12,5 %) et les additifs de caoutchouc (29,16 %) [14].
Dans l’étude faite par Henchi MA. et al. au CHU de Mahdia à
propos des cas d’eczémas de contact allergiques en milieu
hospitalier, les tests épi-cutanés ont permis de diagnostiquer
3 cas d’eczéma aux gants devant la positivité au thiuram mix,
5 cas d’eczéma aux désinfectants devant la positivité au
chrome associés dans 2 cas à une positivité au nickel et dans
un cas au cobalt[32].
En Espagne, Ortiz de Frutos a noté que les allergènes revenus
positifs dans les tests épi-cutanés à la Batterie Standard
Européenne chez les assistantes dentaires atteintes d’eczéma
de contact professionnel étaient le nickel, le cobalt, le chrome,
la fragrance mix et la colophane [33].
Le nickel présent dans les instruments hospitaliers était
l’allergène le plus fréquent dans l’étude de Lammintausta k
et al. avec une prévalence de 42,6 % de l’ensemble des
patients patch-testés. [34].
L’allergie au sulfate de nickel était de 39,3 % dans notre étude.
Des associations statistiquement significatives entre l’allergie
au nickel et le port de bijoux de fantaisie ainsi qu’avec
l’entretien de la maison étaient notées ce qui peuvent expli-
quer la prédominance féminine trouvée (89,1 %). Ce résultat
était également retrouvé par l’étude de Mälkönen et al. où on
a rapporté que l’allergie au sulfate de nickel était 6 fois plus
élevée chez les femmes [35].
La sensibilité au chrome est élevée chez les personnels hos-
pitaliers, affectés à un travail humide et utilisant les désin-
6
fectants chlorés [34]. Concernant la sensibilisation au chlorure
de cobalt, elle était significativement associée avec la sensi-
bilisation aux autres métaux (nickel et chrome) dans notre
étude. En effet, la sensibilisation au chlorure de cobalt est
rarement unique, cet allergène se trouve le plus fréquemment
associé à une sensibilisation au nickel chez les femmes ou à
une sensibilisation au chrome chez les hommes [36–39].
Le thiuram-mix est un accélérateur de vulcanisation du caout-
chouc. Il est le marqueur des thiurames sur la Batterie Standard
Européenne. Dans notre étude, il a été responsable de sensi-
bilisation chez 9,3 % du personnel hospitalier et était signifi-
cativement associé à l’eczéma aux gants. Une étude réalisée
par Clayton et al. [40] chez 224 personnels de santé souffrant
de dermatite de contact allergique, a montré une positivité des
patch-tests au thiuram mix dans 8 % des cas et que le thiuram
mix et le carba mix étaient les indicateurs les plus fréquents
d’une allergie aux gants en caoutchouc.
Le diagnostic d’un eczéma de contact allergique était plus
fréquemment retenu chez nos patients que celui de la derma-
tite d’irritation. La dermatite allergique était 4 fois plus fré-
quente chez les personnels du genre féminin de notre étude.
En Tunisie, selon les études récentes réalisées une plus grande
fréquence des DCA était notée probablement due à un biais
de sélection [41]. Ailleurs, dans le monde, les dermatites de
contact professionnelles étaient dominées par les DCI. C’est
ainsi qu’au Québec, les DCI représentaient 60 % des décla-
rations en maladies professionnelles contre 15 % pour les DCA
[42].
Dans notre étude, nous avons recommandé l’éviction de
l’allergène dans 32,8 % des cas, la substitution de l’allergène
dans 1,4 % des cas et le changement de poste de travail dans
1,4 % des cas.
Malkonen et al. ont évalué les conséquences des dermatoses
professionnelles chez 1048 patients suivis à l’Institut Finlan-
dais des Maladies Professionnelles. L’analyse du questionnaire
fait 6 mois après le diagnostic montre un taux de guérison à
6 mois de 27 % toute profession confondue et de 28 % chez les
personnels de santé (43 patients) [35].
Dans l’étude de Ibler et al., 3 % des médecins avec eczéma des
mains ont changé leur emploi. Le changement des tâches au
travail à cause de l’eczéma des mains a été rapporté par 12 %
des médecins, 11 % des bio-techniciens, 4 % des infirmiers et
2 % d’aides-soignantes[23].
Les conséquences sur le devenir professionnel des sujets
atteints de dermatite de contact professionnelle, donnent à
la prévention une place primordiale dans le traitement véri-
table de cette pathologie et afin de diminuer l’impact de cette
maladie sur la qualité de vie du personnel des soins.
Les mesures de prévention des dermatites de contact pro-
fessionnelles rejoignent celles appliquées aux diverses mala-
dies professionnelles.
Une étroite collaboration est nécessaire entre le service
d’hygiène hospitalière, le service de médecine du travail et
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la pharmacie pour parvenir à maı̂triser les risques en rapport
avec l’utilisation des produits manipulés [34,43,44].
À l’issue de nos résultats, des recommandations et des actions
ultérieures sont à envisager :
 substituer les désinfectants chlorés ;
 renforcer le lavage des mains avec les SHA, savon liquide et
solide ;
 cibler les services trouvés à haut risque avec une étude plus
approfondie des conditions d’exposition et des pratiques ;
 conseiller l’éviction dans les activités ménagères des
détergents riches en métaux et irritants avec une
protection adéquate ;
 renforcer l’information et la formation du personnel
atteints et leurs collègues.
Conclusion
Les dermatites de contact professionnelles sont une cause
fréquente de maladies professionnelles en milieu hospitalier,
elles sont connues depuis longtemps et pour de nombreux
auteurs elles tiennent une place importante en dermato-
allergologie professionnelle.
Ces dermatites de contact sont à l’origine d’un handicap
considérable lié à la nature récidivante de la maladie et sa
tendance à la chronicité et elles posent encore de nombreux
problèmes : de diagnostic, de reconnaissance, d’indemnisa-
tion, du devenir professionnel du travailleur, des répercus-
sions humaines et économiques importantes et de la
prévention. Notre étude a permis de dresser le profil épidé-
miologique, clinique et professionnel des dermatites de
contact et de déceler les principaux facteurs associés à cette
pathologie chez le personnel hospitalier consultant le service
de médecine de travail et pathologies professionnelles.
Enfin, devant la fréquence de cette maladie professionnelle la
prévention se trouve primordiale afin de prévenir en premier
lieu la survenue de cette pathologie et en second lieu d’éli-
miner les pertes économiques qui en résultent.
Une collaboration étroite entre les médecins de travail et les
dermatologues s’avère nécessaire pour lutter contre ce fléau
de dermites de contact chez le personnel hospitalier.
Déclaration de liens d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
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