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Rome et la Méditerranée

Comment une petite cité du Latium est-elle devenue un empire ?


Polybe a souligné dans ses histoires, la solidité des institutions romaines qui présentaient 3
pôles complémentaires : un anarchique (2 consuls ayant hérité des pouvoirs), un autre
aristocratique avec le Sénat et un autre populaire avec les assemblées du peuple romain
(comices et conciles de la plèbe).
 SI Rome est devenue si puissante, c’est grâce à ses institutions (point de vue de Polybe)
Leur piétas, leur piété interprétée par Enée.

La conquête de l’Italie (500-272)


La cité s’est affranchie des rois et de la tutelle étrusques
Ve s. : Rome est entourée de ville latine  Ligue latine & traités divers
Bataille du Lac Régille : 496
Alliance et Traité en 493, Rome et la ligue latine sont mises sur le même pied d’égalité.
L’alliance permet de repousser un danger extérieur. L’alliance va signer des traités avec
d’autres peuples.
En rouge = ennemi de
l’Alliance

406-396 : siège de
Véies à cause de
conflits commerciaux,
les enjeux étaient le
contrôle des salines, de
la rive droite au nord de
l’embouchure du Tibre.
La guerre va durer 10 ans
entre Rome et Véies,
prise de Véies 
Marque l’histoire de
Rome :

 Les soldats
romains
n’avaient jamais
été retenu aussi
longtemps loin de chez eux
 Payer les soldats mobilisés
 Agrandissement du territoire romain par l’annexion à l’ager romanus (ancien nom du
territoire romain) du territoire de la cité de Véies  implique des terres à distribuer
et confère une grande puissance à Rome, Rome = cité la plus puissante et grande du
Latium
 Déséquilibre avec la ligue latine, Rome plus puissante

Début IVe s. : pression gauloise, arrêt de l’avancée romaine


Défaite de l’Allia (390/389)  Gaulois entrent dans Rome, romains traumatisés
 Les gaulois sont vus comme des ennemis redoutables
Certains pensent que les gaulois ont détruit totalement la ville de Rome

Rome se relève rapidement et se bat sur tous les fronts pendant près d’un siècle :

 Contre la ligue latine, jusqu’à sa dissolution en 338


 Rome va traiter différemment chacune des cités du latium
 Rome atteint 5000 km²
 Rome passe à la conquête de l’Italie centrale avec les 3 guerres samnites
1. 341
2. 326-304
3. 298-291

Les cités étrusques du nord sont prises et vers le sud, les romains prennent des contacts vers
la Grèce et notamment avec Naples (profondément grecque)
Rome et Carthage vont conclure un traité : Rome ne doit pas intervenir en Sicile et
Carthage ne doit pas se mêler à la péninsule italienne.
Certaines cités grecques demandent de l’aide à Rome.
Conflits entre les cités grecques  appel à l’extérieur

Tarente fait appel au roi d’Epire Pyrrhus (280)  chute de Tarente en 272
Pyrrhus accepte la demande de Tarente de l’aider à lutter contre les romains
Les ambitions de Pyrrhus sont grandes, il va mener durant 3 ans une guerre dure avec des
victoires et des défaites. Voyant qu’il n’y arrive pas, Pyrrhus renonce et rentre en 275.
Rome fonde une colonie en 273 à Paestum, cité importante  Tarente est défaite en 272
 Rome contrôle toute la péninsule italienne.
– Des municipes
– Des colonies romaines
– Des colonies latines
– Des cités pérégrines
Au total, grande ouverture de la ciuitas

(Pour aller plus loin)

– Des municipes, càd des cités qui succèdent à des communautés pérégrines
(étrangères) préexistantes et ont fait l’objet d’une annexion pure et simple
(conservent leurs institutions locales) ; obligations militaires et fiscales ; leurs
habitants possèdent soit la citoyenneté complète (citoyenneté optimo iure,
avec droit de vote et droit de se présenter aux magistratures) soit la
citoyenneté incomplète (citoyenneté sine suffragio = pas de droits politiques,
mais seulement les droits civils des Romains = 1) droit au mariage légitime
avec une fille de citoyen ou une femme issue d’un peuple allié qui a conclu
avec Rome un droit au conubium -> peut donc donner naissance à des enfants
légitimes + une fois qu’il n’a plus d’ascendant masculin, droit d’exercer sa
patria potestas sur son épouse et ses enfants (= droit de vie et de mort sur ses
descendants ; droit de leur refuser éventuellement le mariage ou l’obtention
complète de leur patrimoine) 2) droit à la propriété 3) droit de commerce.
– Des colonies romaines, càd des « micro-Rome » en des lieux stratégiques (cf.
Ostie, Alba Fucens).
– Des colonies latines, càd des colonies indépendantes du pouvoir romain
(fondées par Rome sur le modèle des colonies latines fondées auparavant
dans le cadre de la Ligue latine), de droit latin (= mêmes droits civils que les
Romains [voir supra], mais pas de droits politiques à Rome [sauf s’ils décident
de venir s’y installer et de s’y faire recenser]), peuplées à la fois de citoyens
d’origine romaine, d’alliés italiens et d’autochtones. Rôle défensif + rôle
majeur dans la romanisation des régions conquises. Avec quelques vieilles
cités du Latium demeurées indépendantes, ces colonies latines constituaient
les alliés de droit latin, c’est-à-dire des alliés privilégiés de Rome.
– Des cités pérégrines, càd étrangères, alliés sans les avantages des alliés de
droit latin, dont certaines sont « fédérées » (= libres [= ne paient pas de
tribut] avec un traité [foedus]), d’autres libres (= libres, mais sans la garantie
d’un foedus), et d’autres stipendiaires (= paient un tribut). Toutes doivent
fournir des troupes auxiliaires aux Romains.
Au total, grande ouverture de la ciuitas

Les guerres puniques


Après 2 siècles d’entente, les guerres commencent
Première guerre punique (264-241)
Installation des Romains à Messine = casus belli  la guerre se déclenche, elle se passe aussi
sur mer. Rome est contrainte de devenir une puissance navale pour l’emporter.

A la suite de la victoire romaine, Carthage doit évacuer la Sicile et payer une amende  la
Sicile devient une province romaine en 241 sauf Syracuse, allié fidèle des romains.
En 236, la Sardaigne est ajoutée à la province de Sicile
Les carthaginois se dirige vers l’Espagne et fondent Carthagène

La deuxième guerre punique dit « guerre d’Hannibal »


Guerre mondiale  4 théâtres d’opération :
Italie : 217 : Lac Trasimène 216 : Cannes  défection d’alliés
Sicile : reprise en main romaine  récupérée en 212, y compris Syracuse passée à
Carthage
Espagne : « royaume » de Carthagène  en 209 Scipion s’en empare

Afrique : en 205, Scipion reçoit la province de Sicile et la mission de passer en Afrique


 victoire de Scipion à Zama en 202  fin de la 2e guerre punique
Prise de Sagonte, cité alliée de Rome par Hannibal = casus belli
Hannibal lance son offensive à travers la Gaule, Alpes, pour arriver en Italie en 218.
Plusieurs défaites importantes pour les romains :

 Défaite du lac Trasimène en juin 217


 Défaite d’aout 216 à Cannes en Italie
Les romains arrivent peu à peu à redresser la situation en 209 en reprenant la Sicile et
Syracuse (qui avait trahi les romains) et aussi en Espagne. En Italie, Hannibal n’obtient pas de
renfort et doit retourner à Carthage et Scipion (l’africain) a obtenu l’autorisation de porter la
guerre en Afrique  Les Carthaginois rappellent Hannibal pour venir défendre son propre
pays.
Bataille finale à Zama (Tunisie actuelle) en 202, victoire romaine, de Scipion grâce à l’aide
des numides de Massinissa, qui disposait d’une bonne cavalerie.
Hannibal fuit chez les Grecs où il se donnera la mort en 183/182
Conséquences :

 Énormes pertes humaines


 Appareil militaire important
 Renforcement des institutions (surtout le Sénat)
 Puissance personnelle de généraux de grande valeur

Troisième guerre punique (149-146)


• Rupture d’une clause du traité de 202 par Carthage
 (Expédition punitive de Carthage contre le prince numide Massinissa, allié des Romains)
 146 : Scipion Emilien détruit la ville de Carthage
 Création de la province d’Afrique, indépendance du royaume Numide.
La guerre se finit par la destruction de Carthage par les romains

L’impérialisme romain (201-31 ACN)


Étymologiquement : imperium, degré supérieur de la potestas des magistrats romains,
« souveraineté » du peuple romain
OR première tentative de domination universelle
Cet impérialisme fut-il ou non sciemment conçu et élaboré ?
1. Thèse de la « légitime défense » (ex. Theodor Mommsen)
2. Thèse de « l’avidité collective » et de la compétition entre aristocrates romains
Les citoyens pouvaient être favorables grâce aux butins à ramener.

 Jusqu’à 201, guère de politique « pro-active » de ce point de vue


 Au début du IIe s., Rome commence à regarder vers la Grèce
 Dans la 2e moitié du IIe s., développement de conquêtes suivies d’annexions
 Formation de l’empire romain

Les étapes
1. 200-196 : deuxième guerre de Macédoine, Phillipe voulait étendre son territoire mais
Rome soutien la Grèce.
Rome contre Phillipe V (roi hellénistique), l’Antigonide
Victoire de Flamininus à Cynocéphales en 197, paix signée en 196.

2. 192-188 : guerre de Syrie, première fois que les troupes romaines vont en Asie
Mineure
Rome contre Antiochos III, Séleucide
Victoire romaine et paix d’Apamée en 188, paix synonyme de défaite pour Antiochos III, le
territoire va être partagée entre 2 alliés des romains : le royaume hellénistique de Pergame
et l’île de Rhodes.
Les romains gardent juste Zante et Céphalonie

3. 171-168 : troisième guerre de Macédoine


Rome contre Persée, fils de Phillipe V
Victoire de Paul Emile à Pydna en 169, Polybe part à Rome et Délos est donné à Athènes

Des négociants vont s’installer à Délos, trafic d’esclaves

4. 148-133 : l’impérialisme devient conscient


150-146 : Guerre d’Achaïe, de Grèce
 147 : annexion de la Macédoine
 146 : prise et mise à sac de Corinthe
 Les cités-états grecques passent sous la dépendance de Rome et paient un tribut
133 : dévolution de l’héritage de Pergame (legs d’Attale III), Attale III meurt sans successeur
et décide de donner son territoire à Rome par testament royal.

128-126 : formation de la province d’Asie


- interventions en Gaule  121 : Gaule transalpine province romaine
- 101 : province de Cilicie, Turquie actuelle
- 96 : annexion de la Cyrénaïque
- 64 : province du Pont-Bithynie après les guerres contre Mithridate
- 64-63 : annexion de la Syrie
- 59-51 : Guerre des Gaules
- 58 : annexion de Chypre
- 46 : annexion de la Numidie
- 30 : annexion de l’Égypte

Les conséquences de la conquête


1. Mutations économiques importantes
 Premier monnayage d’argent // guerres de Pyrrhos
 Afflux de capitaux dans la cité
 Afflux d’esclaves
 Éloignement des paysans de leur terre et afflux de blé étranger → profonde
mutation dans l’agriculture italienne (les paysans viennent en ville après avoir
vendu leurs terres)

2. Mutations sociales et politiques


 Extension de l’esclavage
 Formation d’élites municipales dans les villes d’Italie, qui fournira les futurs cadres
de l’aristocratie.
 Ascension de l’ordre équestre, les chevaliers sont socialement privilégiés et
prennent de plus en plus de place dans la société romaine
 Disparité entre la fortune et le poids politique
 Plèbe urbaine en croissance, problèmes d’ordre dans la cité
Foisonnement problématique (optimates >< populares) , les problèmes viennent
de l’intérieur
 Trois crises :

1. La crise agraire et les Gracques


Tiberius Gracchus, tribun de la plèbe en 133 av. J.-C.

 Volonté de réformes agraires, il considère qu’il faut trouver une solution pour la
concentration des terres dans les mains des plus riches. Il faut des terres publiques,
l’ager publicus. Ces terres étaient possédées par des aristocrates (en plus d’acheter
les terres des paysans).
Tiberius voulait fixer une limite de possession de terres  reconstituer une classe
paysanne moyenne. Il ne cherche pas à redistribuer les terres privées mais distribue les
terres publiques.
Une commission voit le jour pour arriver à cet objectif mais pour passer ceci il a dû
surpasser le droit de véto d’un plébéien, il s’agit d’une atteinte aux constitutions
romaines.
Tiberius tente de se représenter mais le Sénat voit ceci comme une tentative de pouvoir
tyrannique. Nasica crée une émeute qui mène à la mort de Tiberius.

 Assassiné en 133 (responsabilité de Scipion Nasica, son cousin germain et grand


pontife, agissant hors cadre légal)

Caius Gracchus, tribun de la plèbe en 123 et 122 av. J.-C.

 Reprend la loi agraire de son frère en l’amendant sur des points mineurs
 Fait voter la loi frumentaire en faveur du prolétariat de Rome
Réélu tribun pour 122 : anomalie  ses opposants l’accusent d’aspirer à une sorte de
monarchie tribunicienne

 Favorise les chevaliers par des lois : confie aux chevaliers les quaestiones de
repetundis (« jurys permanents pour les sommes réclamées », c.à.d. jugeant les
accusations d’extorsions de fonds par les gouverneurs de province), pour éviter que
les sénateurs soient juges et partie + leur confère la collecte de l'impôt de la riche
province d’Asie.
 Assassiné en 121 (intervention du consul L. Opimius, cadre « légal » du sénatus-
consulte ultime)

2. Les guerres serviles


Révoltes d’esclaves :

 En Sicile (135-132)
 En Campanie (103)
 Dans toute l’Italie (Spartacus, 73), matée par Crassus et Pompée

3. La guerre sociale (91-88)


Guerre entre Rome et ses alliés (beaucoup d’alliés sont restés fidèles)
Donner la citoyenneté aux alliés de droits latins (propositions de Caius Gracchus), repoussé
par le Sénat
En 91, accorder le droit de cité romaine aux italiens  refusé par l’oligarchie sénatoriale 
l’auteur de la proposition se fait assassiner  début de la guerre
Rome a peur car ceux qui se battent maitrisent les techniques romaines, Rome envoie ses
meilleurs généraux pour défendre la ville, Rome l’emporte mais doit céder à beaucoup de
revendications politiques des Italiens  Donner la citoyenneté aux alliés et aux italiens de
naissance libre et le droit de cité (le nombre de citoyens a doublé)

 Les lois agraires posent problème en Italie


 Dépossession de parcelles sans compensation
 Tentative d’instaurer une unité italienne sans Rome
 Vaincus mais reçoivent le droit de cité  « municipalisation » de l’Italie, on refonde
toutes les cités de la péninsule italienne pour en faire des municipes romains

3. Mutations culturelles
 Sens du grandiose, du luxe et du raffinement
 Développement d’une littérature nationale
 Tradition annalistique (cf. supra, cours sur les origines de Rome)
– Épopées (Naevius)
– Comédies (Plaute)
– Poésie (Ennius)
 Cercle des Scipions : foisonnement intellectuel notable
 Hellénisation (religion, morale, philosophie) de l’aristocratie romaine
 Évolution des mœurs qui rompt avec la tradition des Romains

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