Par pass education

Chap 1
Cette année, il y a trois nouveaux élèves. On pourrait penser que trois ce n’est pas beaucoup mais
ici, ça change tout ! Il n’y a qu’une seule classe, on appelle ça une classe unique. Nos parents, ils
étaient tous super contents, car notre école a failli fermer l’an dernier. Alors, ils ont demandé à tous
les enfants du village de faire un petit dessin et ils ont accroché une immense affiche sur le portail.
Ils ont écrit : « Merci aux nouvelles familles qui ont choisi de s’installer à Hautecour t ; grâce à vous,
le village garde son école ! »
Notre maître s’appelle Monsieur Martin, c’est aussi lui le directeur et en plus, il est maire du village !
Elodie, c’est ma sœur, elle fait l’intello et elle dit que Monsieur Martin est comme l’hydre à trois têtes.
Moi je l’imagine avec trois casquettes !
Mardi, c’était la rentrée et monsieur Martin nous a présenté les nouveaux. Il y a Mathis, c’est un
petit, il va s’installer à gauche dans la classe. Il a l’air rigolo aves ses lunettes à la Harry Potter. En
tout cas, ça n’a pas l’air de l’intimider d’arriver dans une nouvelle école.
Après, le maitre nous a présenté Héloïse.
Oh là là, elle est trop jolie et elle a l’air timide,
elle ! Pas de chance, Héloïse sera dans le
coin des CM2, et comme ils sont déjà trois,
elle va s’assoir à côté de Victor. Et puis, il y
a le dernier nouveau, Frédéric, chez les
CM1. Il est très sympa mais peu bavard...ce
n’est pas grave : avec mes copains, on va
vite briser la glace et le mettre à l’aise !
Monsieur Martin nous a demandé de sortir
une feuille et j’ai soufflé à mon voisin, Théo :
« Je parie qu’il va nous faire le coup des vacances….
- Trop facile, a répondu Théo, même mon frère qui est en cinquième avait le même exercice le jour
de la rentrée ! »
Le maitre a continué :
« On va faire un exercice réparti sur la semaine. Lundi, premier jet, mardi on vérifie l’orthographe,
jeudi la ponctuation et la syntaxe et vendredi, on présente son texte devant la classe. Les petits, je
viendrai vous voir après. Comme thème, j’ai choisi, votre meilleur souvenir de vacances ».
Théo et moi on a pouffé….
Tout le monde s’est mis au travail en silence. Moi, j’ai plein de supers souvenirs de mes vacances
et je ne sais pas encore lequel je vais choisir. Je sais que Théo va parler de la visite d’une grotte
qu’il a adorée !
Monsieur Martin a fini avec le groupe des petits. Il a commencé à ramasser nos feuilles et là, il y a
eu comme un problème : le nouveau, Frédéric, n’avait rien écrit du tout !

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Le maitre a froncé les sourcils, il n’avait pas l’air ravi.
« Eh bien Frédéric, tu n’as pas eu d’inspiration on dirait. Tu as bien un souvenir de tes vacances,
ce n’est pas si difficile que ça ».
Frédéric a haussé les épaules et n’a rien répondu. Il cherche les ennuis, on dirait...
Théo m’a soufflé :
« Il ne sait peut-être pas écrire.
- N’importe quoi, monsieur Martin l’aurait mis avec les petits ! » j’ai répondu.
Nous, on le connait bien notre enseignant, il ne faut pas le chercher, sinon, il commence à
ressembler à un taureau avec de la fumée qui sort de ses narines. Mais là, rien ne se passe, à mon
avis, c’est parce que Frédéric vient d’arriver dans l’école.

Chap 2

Le lendemain c’était mercredi, Elodie est partie passer l’après-midi chez la voisine, Tiphaine, qui
est aussi sa voisine de classe et sa meilleure amie. Et comme mon copain Théo est chez son père,
maman m’a proposé d’aller au village à vélo. Ça c’est trop cool, on prend une petite route à travers
les bois, on fait le tour du lac et on arrive pile poil devant la boulangerie. Madame Jolin fait les plus
grosses meringues du monde !
« On va aller jusqu’à l’épicerie, j’ai deux trois bricoles à acheter, a fait maman.
- Je croyais qu’elle était fermée, ai-je fait.
- Mais non, elle a été reprise par des nouveaux gérants, a dit maman enthousiaste, d’ailleurs, leur
fils est dans votre école, il s’appelle Frédéric. »
On a laissé nos vélos et on est entré dans le
magasin. Les nouveaux propriétaires ont fait
plein de changements, il y a plus de choses
qu’avant, heureusement il y a encore les
grands bocaux de bonbons à côté de la caisse.
Maman a fait tout le tour de la superette, et,
pendant qu’elle discutait avec les parents de
Frédéric, je l’ai aperçu. Il était en train de
mettre des conserves dans les rayons. Il a eu
l’air un peu embêté de me voir et je lui ai juste
fait un petit salut de la main.
Pendant qu’on pédalait sur la route du retour, maman m’a expliqué :
« Ils sont vraiment courageux et charmants ces gens ! Imagine, ils ont préparé la reprise de
l’épicerie depuis plus de 6 mois, tous les jours de la semaine. Le pauvre Frédéric n’a pas eu de
vacances, j’ai bien vu que ses parents étaient vraiment désolés pour lui ! »
Je n’ai rien répondu mais soudain j’ai tout compris, vite il fallait que je parle à Elodie.
J’ai pédalé de toutes mes forces, tellement j’avais hâte de rentrer à la maison, maman était à la
traine derrière moi.

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Elodie et Tiphaine étaient dans notre jardin, chacune sur une balançoire.
« Vite, vite ! Venez avec moi il faut que je vous parle ».
Pour une fois, Elodie ne m’a pas pris de haut. Avec sa copine, elles m’ont écouté en silence et on
a mis notre plan en place. Il fallait que j’en parle à Théo et aux autres CM1 pendant qu’Elodie et
Tiphaine s’occuperaient des CM2 et CE2.
Le lendemain, j’attendais Théo devant le portail de l’école, Elodie et Tiphaine étaient là aussi. J’ai
tout expliqué à mon copain.
Monsieur Martin est passé devant nous et nous a lancé :
« Vous en avez des mines de conspirateurs les garçons !
- Non non...Monsieur on discute, c’est tout... »
Quand la classe a commencé, le maitre nous a expliqué que les grands allaient finir leur travail
d’expression écrite et les petits, les CP et les CE1 allaient faire de l’écriture.
J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai levé le doigt.
« Maitre, comment on peut faire ce travail si on n’est pas parti en
vacances ?
- Ben oui, a fait Théo et comment on fait si on part tout le temps en
vacances au même endroit ?
- Oui, a rajouté Victor, moi je passe tous mes étés chez mes grands-
parents donc je fais tout le temps les mêmes promenades ! J’ai déjà tout
raconté l’an dernier !
- Peut-être qu’on peut raconter des vacances rêvées » a chuchoté
Héloïse.
Je me suis tourné vers elle, elle avait l’air gênée que je l’aie entendue
mais moi, j’ai trouvé que c’était une super bonne idée. Alors j’ai dit :
« Ah oui, maitre, des vacances rêvées, c’est bien, comme ça on fait marcher notre imagination ! »
On a entendu la petite voix de Mathis :
« Moi je ne suis pas parti en vacances, mes parents ils ont dit qu’un déménagement ça coutait déjà
très cher alors j’ai fait le dessin de ma nouvelle maison et aussi du jardin avec la balançoire » !
Gaël, le meilleur élève de la classe, qui a toujours fini avant les autres a ajouté :
« Finalement, c’est vrai monsieur, ce n’est pas juste comme travail, car il y a des enfants qui ne
peuvent pas partir en vacances alors ils sont pénalisés. »
Bientôt ça a été un brouhaha, tout le monde parlait en même temps...

Chap 3

« Stop !» a soudain crié monsieur Martin.

Ça a été efficace, tout le monde s’est arrêté net ; j’ai jeté un œil vers notre professeur, c’était bizarre,
ses yeux souriaient alors qu’il aurait dû faire sa tête de taureau en colère.

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« Bon, a-t-il repris. Le débat, c’est d’accord, on peut tous s’exprimer mais pas n’importe comment,
on lève le doigt et on s’écoute les uns les autres ».
Alors on a tous repris la parole, chacun notre tour. Et puis c’est monsieur Martin qui a parlé :
« Je vous ai tous écoutés et je comprends bien ce que vous voulez dire. Mais, vous savez, les
vacances ce n’est pas forcément partir, voyager, on peut être en vacances et rester chez soi et en
profiter pour faire des choses différentes. Je vais aussi reprendre ce qu’a dit Héloïse, raconter des
vacances rêvées, imaginaires, eh bien pourquoi pas, je trouve l’idée intéressante. Alors c’est bon,
on peut se mettre au travail maintenant ? Et, comme j’ai vu que vous aviez tous de magnifiques
idées, je vous laisse jusqu’à la récréation pour écrire votre texte et demain chacun présentera son
travail ».
On s’est tous mis à rédiger. De temps en temps, je regardais Frédéric, penché sur son cahier, je
voyais qu’il écrivait sans lever la tête. Ouf ! J’étais rassuré qu’il ne rende pas encore une page
blanche.
Le lendemain, on a lu nos textes devant les autres. Chacun a raconté un
épisode vécu pendant les vacances ; puis le tour de Frédéric est arrivé et il a
commencé :
« Cette année, je ne suis pas parti en vacances ou plutôt si...J’ai imaginé
quelles seraient mes vacances de rêve pour pouvoir les réaliser un jour....
Alors voilà.... Nous sommes le 21 juin, le premier jour de l’été et la rencontre
que je fais, va complétement bouleverser mon existence ! Je rencontre pour
la première fois... [ ]
Son récit s’est terminé par un tonnerre d’applaudissements... Nous étions tous admiratifs de son
imagination et de son talent pour raconter les histoires.
Monsieur Martin l’a félicité pour son travail. Mathis a voulu savoir s’il pouvait inventer d’autres récits
qu’il nous raconterait pendant les récrés.
Le soir, Elodie est venue me voir dans ma chambre. Je lui ai raconté ma journée :
« Bravo frérot ! » elle m’a fait.
Oh là là, un compliment de ma sœur c’est bien la première fois !
« Grâce à toi, elle a continué, Frédéric a pu réaliser le travail demandé et trouver sa place parmi les
élèves. Vraiment, tu t’es bien débrouillé. »
Je me suis senti plutôt fier mais elle a rajouté :
« Ne prends pas la grosse tête, c’est toujours moi l’ainée ! ». Et au fait, pour toi, ce serait quoi des
vacances de rêve ?...

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