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RÉSUMÉ

Dans notre thèse nous croyons avoir relevé les problèmes qui freinent l’action
missionnaire dans l’EMUCI. Au nombre ceux-ci, figurent d’abord les circonstances
historiques. En 1964, la Mission Britannique a officiellement mis fin à l’époque missionnaire.
C’est seulement au lendemain de son autonomie en 1984 que l’EMUCI a décidé de repartir en
mission. La naissance des nouveaux champs de mission demandait des ouvriers
missionnaires. Ainsi l’EMUCI se retrouve à nouveau en mission.

Pour soutenir l’action missionnaire elle a pris des décisions en assemblées générales
annuelles : la création du département de l’évangélisation, du département de la Mission, des
Districts missionnaires, la reconnaissance du ministère de missionnaire et surtout
l’instauration de partenariats entre Districts ordinaires et Districts missionnaires en Mars
2008. Il ressort des enquêtes, des entretiens, des interviews que toutes ces bonnes mesures
n’ont pas donné les résultats escomptés.

Le choix de notre thème vient à point nommé. Voir les définitions…Notre objectif
n’est pas tant de créer quelque chose de nouveau que de donner une nouvelle orientation à ce
qui existe déjà. Cela demande de dresser d’abord le bilan du travail accompli, puis de tirer les
leçons pour un nouveau départ en mission.

Nous faisons donc les propositions suivantes : la sensibilisation du peuple méthodiste


et la remobilisation des fonds-la création d’une fondation-la revalorisation de la communauté
Bambara et des « migrants » méthodistes-la préparation, la formation et la création d’une
école missionnaire-la relance d’un nouveau partenariat.

La Methodist Church of Ghana en sera une grande source d’inspiration.


2

ABSTRACT

In our thesis we believe we have identified the problems that hinder missionary action
in the EMUCI. Among the problems, there are first of all the historical circumstances. In 1964
the British Mission officially ended the missionary era. It was only after its autonomy en 1984
that EMUCI decided to go back on a mission fields. The birth of new mission fields required
missionary workers. Thus EMUCI finds itself once again on a mission. To support missionary
action, it took some decisions at annual general assemblies :

The creation of the Department of Evangelism, the Department of Mission, the


missionary districts, the recognition of the ministry of missionary and especially the creation
of the partnership in March 2008.

It appears from surveys, interviews, interviews that all these good measures have not
given the expected results.

The choice of our theme comes at the right time. It is not for us to create something
new. Far from it, it is rather to give a new orientation to what exists. This requires first taking
stock of the work that has been done. Thereafter, lessons must be learned for a new start on
the mission.

We therefore make the following proposals: sensitization of the Methodist people and
the remobilization of funds-the creation of a foundation-the revaluation of the Bambara
community and Methodist "migrants"-the preparation, training and creation of a missionary
school -the relaunch of a new partnership.

The Methodist Church of Ghana will be a great source of inspiration.


3

INTRODUCTION GENERALE

D’un côté nous avons les déclarations du Christ ressuscité : « Allez, faites de toutes les
nations des disciples… et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la
Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » Mat. 28 : 19 et Ac. 1 : 8, des paroles qui
résonnent encore comme si c’était aujourd’hui, malheureusement pas assez audibles pour
tous.
Et de l’autre côté d’autres paroles qui disent « La mission, c'est fini ! », et que les extrémités
de la terre ont toutes entendu parler de Jésus-Christ.

La mission serait-elle une survivance d'un temps révolu ? Eh bien, non ! répond
Jacques Matthey1 dans Et pourtant la mission, un petit livre solide, court et bien écrit. Il nous
replace au cœur de ce problème à partir d'une lecture stimulante et renouvelante du livre des
Actes. Stimulante parce qu'elle nous entraîne à la découverte des situations concrètes de
l'expansion de l'Évangile et de l'activité missionnaire du premier siècle, ainsi que de la vie des
églises à l'époque où Luc écrit son récit. Renouvelante, car cette découverte nous replace au
cœur de notre responsabilité missionnaire actuelle.

L’Évangile est certes connu dans les principales régions du monde, et des églises
autonomes y sont établies un peu partout. Pourtant, d'autres barrières sont là qui empêchent
plus d'un milliard d'hommes d'entrer en contact avec les communautés chrétiennes
existantes ... C'est donc un nouveau défi qui nous est posé aujourd'hui, à la lecture de cet
ouvrage. Voici comment Jacques Matthey résume la responsabilité missionnaire au temps de
Luc :
Chaque chrétien est missionnaire dans sa marche à la suite de Jésus ; c'est ce
que dit l'Évangile de Luc. Chaque communauté est missionnaire par le
rayonnement tranquille de sa louange, du partage des biens en son sein, de son
enseignement ; c'est ce que décrivent les fameux sommaires lucaniens sur la
croissance de l'église dans le livre des Actes2.
Aujourd'hui, où en sommes-nous ? Dans un sens, notre situation est assez semblable.
Les Églises chrétiennes des diverses confessions existent un peu partout dans le monde.
Chaque Église locale est pleinement responsable de la mission dans sa région.
1
Jacques Matthey, est théologien réformé. Ses fonctions de Secrétaire général à la tête du
Département missionnaire des Eglises protestantes de la Suisse romande lui permettent de joindre à
ses compétences bibliques un précieux engagement personnel sur le terrain.
2
Jacques Matthey, Et pourtant la mission, Perspectives actuelles selon les Actes des Apôtres,
Aubonne, Ed. du Moulin, 1985, p.39.
4

Et pourtant, ce que nous connaissons de la situation actuelle du monde nous permet


d'estimer à plus d'un milliard le nombre de personnes qui n'ont aucune possibilité d'être
touchées par le rayonnement des communautés chrétiennes existantes - à cause de barrières
géographiques, sociales, culturelles, religieuses ou politiques.

C'est dire que les Eglises d'aujourd'hui sont également appelées à imaginer des
moyens, en structures et en personnes, qui permettront à l'Évangile d'être proclamé et vécu
jusqu'aux extrémités de la terre.

Nous nous réjouissons de tout ce qui a été accompli dans le passé : des centaines de
sociétés missionnaires, des milliers de jeunes Églises, l'Église solidement dressée dans
presque tous les États-nations, la Bible ou des extraits de celle-ci traduits dans plus de 2000
langues, de nouvelles sociétés missionnaires qui se créent dans des pays non-occidentaux,
plus d'un milliard de personnes qui se réclament du christianisme ; et l'on pourrait citer bien
d'autres exemples.

Nous louons Dieu pour toutes ces grandes victoires de la croix. Cependant, il nous faut
également noter que l'évangélisation du monde est loin d'avoir atteint l'objectif que le Dieu
éternel a fixé (Romains 16, 25et ss.).

En Côte d’Ivoire, tous les chrétiens réunis représentent 39,8%, derrière l’Islam avec
42,53% (RGPH, 2021). La part des chrétiens méthodistes est passée de 6,6% en 1998 à 2,2%
en 2021. Au regard de ces statistiques, la Côte d’Ivoire doit être considérée comme un grand
champ de mission.

Le graphique ci-dessous présente le poids (en %) des différentes religions en 1998 et 2021 en
Côte d’Ivoire.
5

Source : Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH, 2021)

L'Eglise doit chercher à comprendre pourquoi elle occupe cette place après un siècle
de mission chrétienne en Côte d’Ivoire derrière l’Islam et encore talonnée par les religions
traditionnelles africaines. L'Eglise doit aussi s’interroger par rapport au progrès de ses
concurrents tel que l’Islam. En effet, cette religion a surpris le monde par son expansion ces
années dernières. L’Islam est devenu une religion qui est pratiquée publiquement et par tous
dans la société. En tant que chrétien, puis en tant que Pasteur, nous sommes particulièrement
préoccupés par la problématique de la mission. La nécessité de créer de nouvelles
communautés pour les nouveaux convertis s’est imposée à nous. C’est ce que nous avons
essentiellement fait pendant notre parcours pastoral, ayant dirigé la Société des Missions
Méthodistes de 2007 à 2013, puis le Département de la Mission de 2013 à 2016. C’est pour
cette raison que nous avons choisi de réfléchir sur le sujet : Réorientation de la vision
missionnaire de l’Eglise Méthodiste Unie Côte d’Ivoire : enjeux et stratégies pour un
réveil missionnaire.
Sujet de la thèse :

Dans le cadre de notre étude en thèse, nous avons choisi de mener nos recherches sur
le sujet suivant : Réorientation de la vision missionnaire de l’Eglise Méthodiste Unie Côte
d’Ivoire : enjeux et stratégies pour un réveil missionnaire. Cette étude conduira à la
présentation de nos motivations.
6

1. Motivation

Le choix de travailler sur les questions de la mission repose sur notre vie d’hier à
aujourd’hui. En effet, notre « naissance » à la foi et dans la foi chrétienne a été enregistrée
dans l’environnement de la mission. Les premiers chrétiens qui ont porté nos pas dans le
Seigneur étaient des missionnaires, évangélistes itinérants, qui allaient de village en village
pour porter le message de l’Evangile de Jésus-Christ. Cet environnement a inscrit dans nos
« gènes » spirituels les inclinations naturelles à la propagation de l’Evangile dans l’optique
d’implanter des églises de Jésus-Christ jusqu’aux extrémités de la terre. Cette démarche vise à
rendre l’image du Christ pérenne et présente du point de vue de sa visibilité, à travers des
lieux de culte installés au cœur des zones antérieurement non-chrétiennes. Elle correspond à
la vie et à la poursuite de l’œuvre de notre Seigneur Jésus-Christ, notre modèle par excellence,
et dont l’ultime instruction est pour chaque chrétien un ordre de mission 3. Il en découle un
engagement personnel au départ balbutiant et à l’aveuglette, mais avec les yeux de la foi et le
soutien du Saint-Esprit qui encadrait l’élan de notre obéissance dans cette œuvre. Il était
également fondé sur les premiers jets de formation de base pour l’action de terrain que nous
avions reçus à l’époque.

La conviction de notre engagement missionnaire se confortera davantage avec


l’exercice du ministère pastoral. Le ministère, en effet, a permis d’éprouver le fardeau de
notre vocation missionnaire à la réalité de terrains divers où nous avions été envoyé. La
somme de ces expériences nous a conforté dans notre conviction : la mission est le cœur de
l’héritage de Christ que nous sommes appelés à poursuivre. Dans cette perspective, la
nécessité de renforcer notre pratique par une formation de pointe s’est avérée plus
qu’impérieuse.

Ainsi, nous avons été en formation de missiologie en Afrique du Sud. Les richesses
acquises dans le monde anglo-saxon et le fossé que nous avons perçu entre ces zones
sociologiques et le monde francophone en matière de missiologie permettent de mesurer
l’urgence de combler un vide, celui du cœur de l’église pour la mission. La nécessité de créer
de nouvelles communautés pour les nouveaux convertis s’est donc imposée à nous. Ayant
dirigé la Société des Missions Méthodistes de 2007 à 2013, puis le Département de la Mission
de 2013 à 2016, nous sommes particulièrement préoccupé par la problématique de la mission
dans l’EMU-CI. C’est donc pour apporter notre pierre à l’édifice que nous avons choisi de
3
Au sens professionnel du terme. La Grande Commission est une feuille de route pour la poursuite de l’œuvre
initiée par Christ sur terre. Le chrétien étant employé de Christ, reçoit de sa part cet ordre pour la mission où il
l’engage, comme un responsable administratif le fait pour son agent qu’il envoie en mission munie d’un ordre.
7

mener, dans le cadre nos études supérieures du troisième cycle, notre recherche sur la
missiologie. A n’en point douter, le sujet représente un intérêt certain pour l’église.

2. Contexte de l’étude

« La conscience missionnaire »


L’on dit souvent que la nature a horreur du vide. Le vide ici, c’est quand l'Eglise cesse
d’être en mission. Ce qui la plonge quelquefois dans la tiédeur spirituelle. La mission est
l'appel de Dieu pour toute église. La vraie nature de toute église est la mission. La mission est
une tâche qui ne finira qu’avec le retour de Jésus-Christ. L'Eglise est ainsi constamment et
continuellement en mission. Toute vraie église de Jésus-Christ est missionnaire ou est en
mission, mieux toute vraie église de Jésus-Christ est mission. La mission est la raison de son
existence, sa raison d’être. C'est la vraie nature telle que Christ l’a voulue, telle que les
apôtres l'ont comprise ; les chrétiens l'ont expérimentée dans l'histoire de l'Eglise. Toute église
doit être présente sur le champ de mission en ayant des correspondants comme étant sa
réponse à l'appel de Dieu.

En regardant la statistique religieuse en Côte d’Ivoire selon le dernier recensement


validé par la Direction des Cultes (sous couvert le Ministère de l’Intérieur), tous les chrétiens
réunis représentent 39%, derrière l’Islam avec 42.5%.
Avec ce tableau, la Côte d’Ivoire doit être considérée comme un grand champ de
mission. La tâche est immense et difficile.

L'Eglise doit chercher à comprendre pourquoi elle occupe cette place après un siècle
de mission chrétienne en Côte d’Ivoire derrière l’Islam et encore talonnée par les religions
traditionnelles africaines. L'Eglise doit aussi s’interroger par rapport au progrès de ses
« concurrents » tel que l’Islam. En effet, cette religion (Islam) a surpris tout le monde par son
expansion ces années dernières.
L’Islam contrairement au passé, est devenu une religion qui est pratiquée
publiquement par tous dans la société et qui fait du prosélytisme.
Il y a de plus en plus de jeunes gens et de jeunes femmes qui affichent, sans embarras,
leur foi musulmane.
8

La Côte d’Ivoire et la fenêtre 10/40

C’est un immense rectangle virtuel, la fenêtre 10/40, appelée aussi la « ceinture de la


résistance ». Elle est située entre le 10° et 40° degré de latitude nord, allant de l’Afrique de
l’Ouest à l’Asie de l’Est.
En observant la carte ci-dessous, on se rend compte que c'est dans cette fenêtre que se
situe la plus grande opposition à l'Evangile de Jésus-Christ. Cette fenêtre est d’une importance
stratégique pour la mission car dans cette zone géographique se trouvent, entre autres, la
majorité (85%) des groupes ethniques non atteints par le message de l’Evangile. C’est aussi la
zone des grandes religions qui font la guerre à l’Evangile. Il s’agit de l’Islam, de l’Indouisme,
du Bouddhisme…
Nous pouvons faire remarquer que le Nord de la Cote d’Ivoire se retrouve dans la
« ceinture de la résistance ». Tout le Nord de la Cote d’Ivoire est à majorité musulmane.

Carte n°1 : La Côte d’Ivoire et la fenêtre 10/40

Source : Nadège Mézié, « Les évangéliques cartographient le monde », Archives de sciences


sociales des religions, 142 | 2008, 63-85. La carte, Source : Time Magazine 30 juin 2003
Issue.
9

3. L’importance de la pratique missionnaire

Pendant le grand mouvement missionnaire des XIX e et XXe siècle, la motivation


missionnaire première est venue de l’obéissance au mandat missionnaire de Jésus, surtout
dans l’Evangile selon Matthieu 28 : 18-20. Hannes Wiher4 cite, dans un article5, le
missiologue Allemand Peter BEYERHAUS, dans une brillante présentation. BEYERHAUS
dans son œuvre6 « Er sandte sein Wort. Theologie der christlichen Mission » a identifié quatre
motifs missionnaires majeurs en dehors de l’ordre de Mission.
A chaque motif correspond un but de la Mission, et à partir de ces buts on peut
construire des modèles missionnaires qui mettent l’accent sur un aspect de la Mission et
servent d’orientation.

Premièrement, BEYERHAUS relève le motif sotériologique : Dieu veut que tous les
hommes soient sauvés (1Tim 2 : 4 ; Jn. 3 : 16.). Le but de la Mission qui correspond à ce
motif sotériologique est de voir des êtres humains sauvés, transformés et rassemblés dans des
communautés. Cette démarche conduit à deux modèles sotériologiques de la Mission.
On peut d’abord penser la « Mission comme bénédiction ». En effet, l’idée d’être béni
et l’appel à être une bénédiction pour les peuples revient plusieurs fois dans la Bible. A partir
de ce modèle, certains missiologues construisent une « théologie de l’hospitalité » en
s’appuyant sur les paraboles du grand banquet.
On peut aussi penser la Mission comme poursuite et partage « proactifs » du salut. La
théologie qui fait logiquement suite à ce modèle est une « théologie de l’évangélisation ».
Le deuxième motif cité par BEYERHAUS est le motif antagonique. En effet, Dieu
veut détruire le mal (Gen. 3 : 15 ; Exo 4-15 ; 1Rois 17-18 ; 1 Jn 3 :8). Le but de la Mission
selon cette logique, est l’engagement dans le combat contre le mal et pour le salut. Le modèle
missionnaire que l’on peut construire est le suivant : Dieu est vainqueur des puissances des
ténèbres.

4
Hannes Wiher, Qu’est-ce que la mission ? ThE vol. 9, n°2, 2010 pages 138-139
5
L’article est un extrait entièrement révisé d’un exposé présenté à l’Institut Biblique et Missionnaire Emmaüs, à
St-Légier, le 15 décembre 2008, dans le cadre de la semaine interdisciplinaire de missiologie. Hannes Wiher
enseigne la missiologie à la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine
6
Peter BAYERHAUS, Er sandte sein Wort. Theologie der christlichen Mission, SCM-Verlag 1996. p. 395-444
10

Pour les Pères de l’Eglise tout comme pour beaucoup d’Eglises du Sud opérant dans
des milieux animistes, le Christus Victor (Christ vainqueur) était et reste un motif important.
On arrive ainsi, à une « théologie de combat spirituel ».

Le troisième motif que le missiologue énumère, est eschatologique : Dieu veut régner
sur le monde entier (Ps 96-99 ; 103 : 19 ; Mt24 : 14).
Le But de la Mission qui découle de la logique eschatologique est le règne de Dieu
dans les cœurs des individus, de l’Eglise et dans le monde. On peut donc penser la « Mission
comme édification du règne de Dieu », comme implantation d’Eglises et ainsi formuler « une
théologie du règne de Dieu ».
R. S. GREENWAY7 voit dans ce motif eschatologique, le but ultime de la Mission :
constituer la foule immense qui sera rassemblée un jour devant le trône de Jésus-Christ, et qui
fait monter une louange et une adoration incessante à Dieu (Ap. 5 : 9)

Et le quatrième motif que cite BEYERHAUS est le motif doxologique : Dieu veut être
adoré par tous les peuples (Ap 5 : 9; 7: 9). Le but de la Mission qui en découle est que Dieu
soit glorifié (sanctifié) par des gens qui l’adorent, lui obéissent et le suivent. On arrive au
modèle de la « Mission comme adoration ».
Sur cette base, l’Eglise orthodoxe conçoit la Mission comme « liturgie après
liturgie » : les chrétiens sortent du culte plein de joie et en font part à leurs prochains. Ainsi,
elle formule une « théologie de liturgie ».

En plus de ces quatre modèles missionnaires, la Mission peut être vue bibliquement et
étymologiquement comme « envoi ». David Bosch cite à ce propos d’autre modèles dans son
œuvre intitulée « Dynamique de la Mission »8: la Mission comme « Eglise-avec-les-autres »,
Mission comme quête de justice, Mission comme libération, Mission comme communication,
inculturation et contextualisation pour ne nommer que les plus importants »9.

La Mission de Dieu et celle de l’Eglise ont plusieurs facettes qui sont difficiles à
cerner. Au fond, c’est le Dieu trinitaire et Missionnaire qui est souverainement à l’œuvre.
Qu’en est-il des motifs de la Mission chez le Missionnaire ? Dans le mouvement missionnaire
7
R. S. GREENWAY, op. cit, p. 26.
8

9
D. BOSCH, op. cit, pp.499-682.
11

des XIXe et XXe siècle issus des réveils anglo-saxons, les deux motifs principaux étaient
l’obéissance à l’ordre de Mission et le souci de « sauver les âmes perdues ».10

R. S. Greenway, cite une autre motivation chez les Missionnaires : le sentiment


d’urgence. Ils sont conscients du temps précieux qui passe et se perd. Poussés par le Saint-
Esprit, les Missionnaires ne s’arrêteront pas avant que ne soit accompli le plan missionnaire
de Dieu pour le monde.

La motivation proposée par la Bible dépasse ces mobiles. En effet, la Bible présente
un « Dieu en mission, qui veut intégrer son peuple dans sa Mission. Le but de cette Mission
est que Dieu règne, qu’il soit adoré et glorifié dans la vie de tous humains.11

« Réorientation de la vision missionnaire de l’Église Méthodiste Unie Côte d’Ivoire :


enjeux et stratégies pour un réveil missionnaire ».

3. Délimitation du sujet

Nous évoluerons en Missiologie, en Histoire du Christianisme et en théologie pratique.


Notre travail couvrira les Districts Missionnaires de l’EMU-CI. Il faut aussi ajouter à
cette liste la Communauté Méthodiste Unie Bambara, les Champs de Mission de la Guinée-
Conakry et de la Guinée Bissau.
Outre ces espaces, nous nous ouvrirons notre champ de recherche aux Districts
Ordinaires.
10
J. VERKUYL, Contemporary Missiology, pp. 163-204.
11
J. -F. ZORN, « Mission (Missio Dei) », Dictionnaire œcuménique de Missiologie, pp. 216-218.
12

Nous ouvrirons également notre recherche aux membres des autres communautés
(CMA, Assemblée de Dieu, etc.) pour mesurer l’intérêt de la question missionnaire à leur
niveau.

L’aperçu Historique nous amènera au Ghana, au Togo, au Benin, au DEFAP et à la CEEVA

4. Intérêt du sujet
4.1. Intérêt institutionnel

L’Eglise de Jésus-Christ en général, et particulièrement l’Eglise Méthodiste Unie Côte


d’Ivoire (EMU-CI), a toujours eu une vocation expansionniste. L’expansionnisme est
l’essence-même de l’église, suivant Matthieu 28 : 19-20. L’expression la plus évidente en la
matière réside dans les actes témoins de l’action de terrain. Les premiers Evangélistes étaient
pour la plupart des itinérants dont les actions sont fondamentalement temporaires. Le fruit de
leurs œuvres a besoin non seulement d’affermissement et de consolidation mais aussi et
surtout de continuité sous un autre prisme, celui de l’Apôtre ou Missionnaire ou
d’implantation d’église. Ainsi, le missionnaire trouve toute sa place dans la politique de
« reconquête » du pays sous l’orientation stratégique de 2009 : la Vision missionnaire.

Cette orientation décidée par la Conférence de l’EMU-CI en 2009, replace au centre


de la vocation de l’Eglise Méthodiste l’action missionnaire. Cette nouvelle politique a besoin,
pour sa mise en œuvre, de ressources humaines : les Missionnaires. La création de la Société
des Missions Méthodistes dont les premiers agents ont été formés à l’Action Missionnaire
Interconfessionnelle (A.M.I.) répondait à cet objectif.

Elle s’est aussi engagée dans la formation de quelques pasteurs en exercice, ceux dont
la vocation répondait à l’action missionnaire, afin de les spécialiser en la matière. Cette
politique est clairement exprimée par la création du Département de la mission, dans
l’organisation fonctionnelle de l’EMU-CI.

Par ailleurs, à l’occasion du Centenaire de l’EMU-CI (1914-2014), la campagne


communicationnelle s’est appuyée sur un nouveau logo : la carte de la Côte d’Ivoire en
couleur verte incrustée du logo officiel de l’EMU-CI et l’inscription « Eglise Méthodiste
Unie, 100 ans », en couleur or. On y voit également sur le Sud, deux poissons dans des vagues
d’eau, ainsi que six points rouges indiquant le Sud, l’Ouest, le Centre, le Nord et l’Est de la
Côte d’Ivoire. Ce logo est l’expression théorique d’une Côte d’Ivoire couverte par l’EMU-
CI ; il indique le vœu de l’EMU-CI d’implanter l’église dans tout le pays. Dès cet instant,
13

notre étude apparaît comme une aubaine pour traduire les mécanismes de mise en œuvre du
projet missionnaire de l’église. L’intérêt de notre étude est donc à trouver dans les effets
bénéfiques qu’elle pourrait apporter dans le cadre des actions stratégiques à mener pour
couvrir le territoire national, voire au-delà, l’église ayant des champs de mission dans
quelques pays voisins (Guinée, Mali). Prise comme un bréviaire, notre étude pourrait indiquer
les pistes pour une meilleure couverture nationale de l’EMU-CI.

4.2. Intérêt scientifique

La présente étude est une contribution à l’épistémologie théologique sur les procédés
d’accomplissement de la Grande Commission. Prenant appui sur des théories existant en la
matière, elle se veut empirique. Elle se propose surtout d’ouvrir les réflexions sur le cas
particulier de l’EMU-CI dans sa politique de reconquête du pays.

Dans cette perspective, il s’agit d’intéresser le monde scientifique théologique aux


questions missiologiques de l’EMU-CI. En effet, la missiologie en tant que domaine
scientifique spécifique, ne nous paraît pas assez explorée par les chercheurs francophones, en
dehors de Jean François Zorn et quelques-uns. C’est cette carence que notre étude veut
soulever afin de susciter l’intérêt de la communauté scientifique francophone sur ce domaine.
La question est d’autant plus importante que notre recherche dans ce domaine constitue pour
l’EMU-CI un des résultats attendus.

Elle constitue pour l’église une réponse au besoin de spécialistes de la Mission. Sa


richesse évangélique et culturelle en dépend. Elle constitue pour elle un atout dans la
perspective de l’ouverture de la chaire de missiologie dans son institut supérieur de formation,
ISTHA.

L’attente est aussi orientée vers la volonté de distinguer la missiologie en tant que
domaine spécifique de la théologie pratique. Il s’agira d’amener à la communauté scientifique
à forger davantage les consciences contre les théories de la fin de la mission dans le monde
avec l’arrivée des colons en Afrique supposée avoir accompli toute l’œuvre missionnaire.
L’établissement de la vérité scientifique sur la question aiderait à souligner la nécessité de
poursuivre l’œuvre qui ne prendrait fin qu’au retour du Seigneur Jésus-Christ.

Telles sont les motivations qui ont guidé notre volonté d’aborder le sujet dans notre
recherche.
14

5. Revue de littérature

La recherche est un domaine où il existe rarement de forêt vierge. Très souvent, le


champ thématique que l'on explore est déjà balisé par des études antérieures. Il n'existe pas de
recherche ex nihilo, c'est- à- dire spontanée. Nous nous sommes appuyé sur les œuvres de
l’inévitable David BOSCH (Transforming Mission 12), de Chandler H Im, & Amos Yong
(Global Diasporas and Mission13), de Paul E. PIERSON (the Dynamics of Christian
Mission14).

Les cours de missiologie que nous avons suivis à l’Africa School of Missions 15, ont été
un déclic. Il s’agit essentiellement du cours sur « la conscience missionnaire » (« Missionary
Awarness).
David BOSCH « La Dynamique de la Mission Chrétienne). C’est un livre qui devra
entrer dans le panthéon de la Mission chrétienne, tellement il est presque complet. C’est une
œuvre de 775 pages qui redonne à la mission la place qui est la sienne.

Cecil M. Robeck16, dans son œuvre « the azusa street mission and revival », montre
comment il y a un lien entre le réveil et la mission, comment ce réveil a été le fer de lance de
la mission chrétienne au XXe siècle. Il souligne également l’engagement, la détermination et
la persévérance d’un homme convaincue pour la cause missionnaire, le Pasteur Joseph
William Seymour.

Hannes WIHER17. Bible et Mission a mis un accent particulier sur la place


fondamentale de la Bible dans la mission, la « sola scriptura ». Cet ouvrage développe les
grands traits d’une théologie biblique de la mission, en se demandant ce que dit la Bible sur la
mission. Il aborde par la suite l’aspect systématique de la mission. Il termine en ouvrant la
mission au monde entier. Cet ouvrage est un passage obligé, une boussole pour tous les futurs
missionnaires.

12
David Bosch, Transforming Mission
13
Chandler H Im, & Amos Yong, Global Diasporas and Mission
14
Paul E. PIERSON, the Dynamics of Christian Mission
15
Africa School of Missions (South Africa), Année Académique 2006-2007
16
Cecil M. ROBECK, JR, The AZUSA Street Mission Revival, The Birth of the Global Pentecostal Movement.
Nashville, Emanate Book. 2006
17
Hannes WIHER. Bible et Mission, vers une théologique Evangélique de la Mission. Charols, Excelsis 2011
15

Le livre de Gabriel MONET18, « Vous serez mes témoins » est un encouragement à


considérer à frais nouveaux la situation des chrétiens d’aujourd’hui en tant que témoins. Il
propose un parcours à partir des textes-clés de la mission dans la Bible et de ses figures
missionnaires. Non seulement le témoignage est prioritairement de l'ordre de la relation avec
notre prochain, mais plus encore, il ne peut qu'être le fruit d'une relation privilégiée avec
Dieu.

Le caractère urgent de la Mission est mis en exergue dans ce livre. Il importe dès lors
de revisiter les textes bibliques pour y discerner le Dieu missionnaire, et son approche
radicale, mais pleine de grâce ; un Dieu dont la mission est de réconcilier le monde avec lui.

Le Dictionnaire de John VICKERS19 est une vraie Bibliothèque de référence


historique et missionnaire pour l’Eglise Méthodiste. Tout y a été conservé. Il demeure donc
une base pour réécrire l’Histoire de la Mission Méthodiste.

Jean PIROTTE20, dans les « stratégies missionnaires du XIXe au début du XXe


siècle », est une mise en perspective générale de l'intérêt pour les missions du grand nord
canadien.

MARCOUILLER21 G., dans sa thèse de Doctorat ; « Repenser les fondements missiologiques


du mouvement protestant évangélique francophone du Québec pour le contexte québécois du
XXIe siècle », est à ne point douter une piste essentielle même si les contextes sont différents.

Andrew BUCKLER22, (Jean Calvin et la mission de l’Eglise) et Thomas Schirrmacher23 (Ed.)


(Calvin and World Mission) sont deux autres auteurs qui ont essayé de réhabiliter dans le sens
missionnaire Jean Calvin.
Thomas Schirrmacher, à l’occasion de la célébration par les chrétiens du monde entier de la
mort de Calvin (cinq centième anniversaire), a dans son livre mis l'accent sur le rôle de Calvin
dans l'établissement d'une mission protestante théologie qui a conduit plus tard à une
expansion mondiale du christianisme protestant. Le livre présente des articles majeurs sur le
sujet à travers 125 ans d'histoire et de différents points de vue de 1882 à 2002.

18
Gabriel MONET, Vous serez mes témoins, une invitation à participer à la mission de Dieu (2015 Dammarie-
les-Lys, Éditions Vie et Santé.
19
John A. VICKERS, A Dictionary of Methodism in Britain and Ireland. Epworth Press. 2000
20
Jean PIROTTE, les stratégies missionnaires du XIXe au début du XXe siècle SCHEC, Études d'histoire religieuse,
1996
21
MARCOUILLER G., Thèse de Doctorat, Université Laval, Québec, Canada, 2017
22
Andrew BUCKLER, Jean Calvin et la mission de l’Eglise Lyon, éditions Olivetan 2008
23
Thomas Schirrmacher (Ed.) Calvin and World Mission Hambourg édition afem – mission classics 2009
16

D’autres auteurs de plus en plus nombreux semblent aller plus loin en étant plus exigeants vis-
à-vis de l’Eglise aujourd’hui. Ils revendiquent un caractère nouveau de l’Eglise : l’Eglise doit
être plutôt « missionnelle » que missionnaire. La mission, pour eux n’est pas réservée à un
groupe de personnes dans l’Eglise ou encore moins une activité parmi tant d’autres activités
de l’Eglise. Ce sont :

- Rob Wegner & Jack Magruder, Missional Moves, Grand Rapids Michigan, Zondervan
2012
- Michael FROST, The road to Missional, Journey to the center of the Church, Grand
Rapids Michigan, Baker Books, 2011
- Alan J. Roxburgh and M. Scott Boren, Introducing the Missional Church (Allelon
Missional Series): What It Is, Why It Matters, How to Become One, Grand Rapids
Michigan, Baker Books, 2009
- Ed Stetzer and Daniel Im, Planting Missional Churches: Your Guide to Starting
Churches That Multiply Nashville, Tennessee, B&H Academic 2016

Des Etudiants de l’EMU-CI tels que Célestin AKAFFOU ont écrit des mémoires qui
abordent la question de l’urgence de la mission et de l’évangélisation.

6. Problématique

Trois dates importantes nous aident à forger la problématique de notre travail. 1924, 1964
et 1984.

1924 : cette date marque le début de la Mission méthodiste Britannique en Côte d’Ivoire.

1964 : les Missionnaires Britanniques ont déclaré la fin de l’époque missionnaire. Une
cérémonie officielle a marqué le départ du territoire Ivoirien, de tous les missionnaires
(Britanniques, Français, Dahoméens, Ghanéens, Togolais, Camerounais…).

1984 : c’est l’accession à l’autonomie le 30 Juin 1984 et le départ à nouveau en mission de


l’Eglise Méthodiste après plus de soixante (60 ans) d’absence sur le terrain missionnaire.

Ce nouveau départ en mission soulève de sérieux problèmes : en amont (pour ceux qui
doivent partir en mission), c’est le manque de sensibilisation, de préparation et de formation
17

de l’EMUCI dans cette aventure. Comment peut-on lancer des expéditions missionnaires avec
une église où les ouvriers sont tous (100%) des pasteurs d’église formés pour administrer des
églises. C’est comme remettre des treillis (tenue de combat militaires) et des armes aux civils
et les envoyer aux fronts. Ce serait inévitable des chairs à canon, de pauvres soldats
considérés comme inutiles face aux tirs d'artillerie.

En aval (ceux qui sont déjà sur les champs de mission), les champs de mission qui se sont
créés d’eux-mêmes pour certains et pour d’autres qui ont été créés ne peuvent pas relever les
défis qui se dressent devant eux. Il est bon de préciser que ces chrétiens méthodistes dans ces
zones ne sont pas des missionnaires attitrés, mais plutôt, des migrants, fonctionnaires,
commerçants et autres de professions libérales, presque tous sont de passage dans ces zones.
Ils ne sont donc pas suffisamment outillés pour entrer pleinement dans la Vision
Missionnaire.

Ces derniers n’ont ni les moyens humains et matériels, ni les compétences missionnaires
pour engager une quelconque action missionnaire. Ils se retrouvent du coup abandonné par la
base comme des soldats sur le front des combats sans munitions. Ce serait inévitable un
suicide.

La problématique qui se présente sous la forme de questions est la suivante : L’EMUCI


était-elle prête pour l’action missionnaire d’envergure ? Ou devrait-elle continuer au le
lendemain de son autonomie à consolider ses acquis en ne bougeant pas, donnant ainsi raison
aux missionnaires britanniques qui avaient décrété la fin de l’époque missionnaire ?

Quelles réponses devrait-elle donner aux champs de mission qui se créaient ici et là et même
au-delà des frontières ivoiriennes au nom de l’EMUCI ?

Il en découle dès lors, les préoccupations suivantes : comment élaborer des


stratégies en vue de donner une nouvelle orientation, un réveil à l’élan missionnaire de
l’Église Méthodiste Unie Côte d’Ivoire pour l’accomplissement de sa vision missionnaire
?

7. Question de recherche

De cette question centrale découle une série de questions secondaires :

Comment comprendre qu’il y ait peu de communications sur l’œuvre missionnaire dans
les cultes dominicaux et les assemblées ? Qu’est-ce qui justifie la contribution financière de
l’EMU-CI si infime dans les budgets de l’Eglise, pour la mission par rapport à la vision
18

missionnaire ? Pourquoi l’envoi et le soutien aux Missionnaires sur les champs se font-ils
timidement ? Quelle est la place du Missionnaire dans l’œuvre de développement de l’EMU-
CI ? Quelle est l’importance de la Mission pour la survie de l’Eglise ? Dans quelle mesure la
nécessité de donner une nouvelle orientation à la Mission au sein de l’EMU-CI s’impose-t-
elle aujourd’hui ? En quoi les enjeux d’une telle orientation sont-ils en faveur de la Mission ?

Telles sont les questions fondamentales que soulèvent notre thème. Dans cette
perspective, l’EMU-CI, en tant qu’église en mouvement, doit pouvoir percevoir l’urgence de
repenser la Mission dans sa politique de reconquête du territoire national.

Pour répondre à ces questions de recherche, nous sommes partis des hypothèses de
recherche, celles-ci étant la réponse présumée à la question qui oriente une recherche. Cette
étude part de l’hypothèse principale selon laquelle l’EMUCI a le potentiel humain, stratégique
et spirituel pour un nouveau départ en mission

8. Hypothèse de travail
8.1. Hypothèses de la recherche

Nos hypothèses seront aussi bien principales que secondaires.

8.2. Hypothèse principale

La volonté politique missionnaire de l’EMUCI (vision missionnaire) et la libéralité des


fidèles Méthodistes d’une part, et d’autre part l’existence des champs de missionnaires et des
volontaires missionnaires d’autre part, représentent essentiel pour la relance étudiée de
l’action missionnaire (?).

La définition d’une nouvelle orientation de la Mission méthodiste est la clé du succès


de l’action missionnaire de l’Eglise Méthodiste Unie Côte d’Ivoire dans sa vision de
couverture nationale.
19

8.3. Hypothèses spécifiques


- La mobilisation à l’œuvre missionnaire dans l’EMU-CI, passe par la valorisation des
Districts missionnaires, des Communautés Méthodistes Bambara et des champs de
missions à l’étranger
- Définir clairement le statut et le cahier de charges des volontaires « missionnaires ». 
- Faire le bilan et les états généraux des stratégies déjà expérimentés
- La dynamique et le succès de la Mission méthodiste en Côte d’Ivoire reposent sur la
mise en œuvre de stratégies appropriées et innovantes face aux nouveaux défis et
contextes national et international.
- Le déplacement de populations qui passent d'un pays à un autre ou d'un endroit à un
autre pour s'y établir est un atout essentiel pour faire avancer l'œuvre Missionnaire.
- La détermination des enjeux fondateurs de la nouvelle proposition d’orientation de la
Mission en Côte d’Ivoire constituera une source de motivation et d’adhésion générale
à la politique missionnaire de l’EMU-CI.

9. Objectifs du travail
9.1. Objectifs de la recherche

Les objectifs de cette recherche se déclinent en objectifs principal et secondaires.

9.2. Objectif principal

Ce travail permettra aux responsables de l’EMUCI de comprendre que la


mission ne peut pas être négligée. Au contraire, elle doit être soutenue. Par ailleurs, cette
étude permettra à l’EMUCI :

- de répondre fidèlement à la vocation de Dieu qui envoie toujours en Mission ;


- d’ouvrir la chaire de Missiologie dans ses Instituts de formation ;
- d’ouvrir efficacement une école missionnaire ;
20

- d’ouvrir une Mission auprès des immigrés.

A travers cette étude, nous entendons donc construire et proposer une réflexion
missiologique au sein de l’EMUCI. Au moment où l’Eglise entame sa marche vers le
deuxième centenaire, le temps est peut-être bien choisi pour stimuler la réflexion
missiologique.

La présente étude vise à proposer de nouvelles orientations susceptibles


d’impulser un nouveau souffle à l’élan missionnaire de l’Eglise Méthodiste Unie Côte
d’Ivoire en vue de la couverture nationale.

Que toute l’EMUCI, du Bishop au candidat au baptême soit imprégné,


mobilisé, engagé pour la cause de la mission…

9.3. Objectifs spécifiques


D’une façon spécifique, il s’agira de :
donner les raisons qui fondent la nécessité de donner un élan nouveau à l’action
missionnaire de l’EMU-CI ;
identifier les enjeux qui sous-tendent la nouvelle proposition d’orientation de la Mission
en Côte d’Ivoire ;
déterminer les stratégies adéquates susceptibles de dynamiser l’action missionnaire de
l’EMU-CI.

10. Position de la thèse

Répondant à la préoccupation principale forgée plus haut, la présente étude adopte la


thèse suivante : la mission est le fer de lance du réveil méthodiste et de l’expansion nationale
voire internationale de l’EMU-CI. Son succès repose sur l’urgence de définir de nouvelles
orientations susceptibles de dynamiser l’action missionnaire de l’Eglise méthodiste en Côte
d’Ivoire. Ces orientations doivent impérativement mesurer les enjeux en présence et sous-
tendre les actions qu’elle devra impulser, ainsi que les stratégies novatrices à employer pour
l’atteinte de l’objectif globale de la mission méthodiste en Côte d’Ivoire.

11. Méthodologie
21

11.1. Cadre méthodologique : méthodes empirique et documentaire.

Prenant appui sur des théories existant en la matière, la méthodologie se veut


empirique et documentaire. Il s’agira d’aller à la rencontre de personnes qui ont fait des
expériences missionnaires avec des fortunes diverses. Ce qui nécessitera des enquêtes, des
entretiens, des échantillons, des interviews et des voyages.

11.2. Recherche documentaire

Nous consulterons des écrits sur la Mission et autres ouvrages sur le sujet. Nous
parcourrons les bibliothèques. Les expériences empiriques contenues dans les ouvrages
constitueront une source de culture pour la formulation de stratégies à mettre en œuvre pour
atteindre les objectifs fixés.

Outre ces points d’accès physique, nos recherches seront étendues à Internet en
consultant des mémoires et thèses surtout sur les sites Academia, Erudits, papyrus de
Montréal....

1.1. Les enquêtes


Nous avons lancé plus de 3000 fiches d’enquêtes. Nous n’avons malheureusement
recueilli que moins de 1200 fiches. Il y avait des questions propres aux districts ordinaires,
aux districts missionnaires, aux communautés Bambara et la mission méthodiste de la Guinée
Conakry.

1.2. Les interviews et entretiens


Nous avons interrogé et interviewé les Pasteurs, les Surintendants des Districts
missionnaires et les laïcs.

1.3. Les voyages


Nous avons pu effectuer trois voyages : au Benin, au Togo et au Ghana. Le voyage en
France au niveau DEFAP n’a pas pu être possible sans explication de la part de la CEEVA à
qui nous avons adressé la demande de bourse.

8.2.3. Observation directe


22

Les responsabilités que nous avons occupées nous mis ont mis en contacts avec
certaines réalités. Ces observations seront renouvelées pour mieux recueillir et actualiser les
données nécessaires à notre étude.

Cela nous permettra de dégager une analyse comparative entre différentes zones de la
même église.

Annonce du plan
1. Le Plan

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE
Aperçu Biblique et Historique de la Mission
Chapitre I : Aperçu Biblique la Mission (Mission Dei)
Chapitre II : La Reforme et la Mission
Chapitre III : Les Réveils religieux du XVIIIe siècle
Chapitre IV : Le Réveil d’Azusa et la Mission

DEUXIEME PARTIE
Etats des lieux
Chapitre I : Sur les champs Méthodistes du Bénin, du Ghana et du Togo
Chapitre II : L’EMUCI et la mission
Chapitre III : Sur les champs de certaines communautés Chrétiennes en Côte d’Ivoire
Chapitre IV : Sur le champ de l’EMUCI à l’extérieur : Guinée-Conakry, Guinée-
Bissau)

TROISIEME PARTIE
Propositions de quelques stratégies
Chapitre I : : La voie du Partenariat
Chapitre II : La voie des Migrants
Chapitre III : La voie de la formation
Chapitre IV : La voie Intégrale ou Holistique et l’Investissement

CONCLUSION GENERALE.
23

Approche définitionnelle

« Réorientation de la vision missionnaire de l’Église Méthodiste Unie Côte d’Ivoire :


enjeux et stratégies pour un réveil missionnaire ».

Certains termes, et expressions importantes de notre travail méritent d’être définis et


compris.

Mission

Étymologiquement, le terme « mission » vient du latin missio qui signifie « envoi ».


Sa base biblique se trouve dans le verbe hébreu shalah, « envoyer », qui a 847 (?) apparait
dans l’Ancien Testament, et sa traduction grecque apostellô, qui apparaît 700 (?) dans la
24

Septante (LXX) et 131 dans le Nouveau Testament. (!!! Relire la phrase)

Quand il s’agit de l’envoi par Dieu, les mots utilisés pour « envoyer » expriment un
mandat particulier, une « mission ». La personne ainsi chargée d’un message de Dieu, l’«
envoyé de Dieu », le missionnaire (en hébreu shaliahet en grec apostolos), est donc en
quelque sorte le «plénipotentiaire» de Dieu.

David J. Bosch24 explique que « la mission est ainsi vue comme un mouvement de
Dieu vers le monde ; l'église est considérée comme un instrument pour cette mission. Il y a
église parce qu'il y a mission, et non l'inverse. Participer à la mission, c'est participer au
mouvement de l'amour de Dieu envers les hommes, puisque Dieu est une source d'envoi
d'amour ».

S'exprimant au nom de The Gospel and Our Culture Network, Darrell Guder 25 écrit
ceci : « Nous en sommes venus à voir que la mission n'est pas simplement une activité de
l'église. Au contraire, la mission est le résultat de l'initiative de Dieu, enracinée dans les
desseins de Dieu de restaurer et de guérir ».

La missio Dei :

La base théologique de la mission peut ainsi se décrire : l’envoi du Fils par le Père, et celui de
l’Esprit par le Père et le Fils, c’est-à-dire la « mission de Dieu » (missio Dei).

Le concept théologique sur la Missio Dei s’étend désormais à l’Eglise. Initialement, c’était
Dieu le Père envoie le Fils, et Dieu le Père et le Fils envoient l'Esprit. Maintenant il faut
ajouter le Père, le Fils et le Saint-Esprit envoient l'église dans le monde.

La mission de l’Eglise n'a pas de vie propre : ce n'est qu'entre les mains du Dieu l’envoie
qu'elle peut vraiment être appelée mission. D'autant plus que l'initiative missionnaire vient de
Dieu seul...

L’objectif final d'une telle Missio Dei est la glorification du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Missionnaire

24
David J. Bosch, Transforming Mission, Maryknoll: Orbis Books, 1991, Pp.389–390.
25
Darrell L. Guder, ed., Missional Church: A Vision for the Sending of the Church in North America (Grand
Rapids, MI: Eerdmans, 1998), P.4
25

Le missionnaire selon le Maxi poche26 « est un prêtre, pasteur, religieux envoyé pour prêcher
une religion, pour évangéliser un peuple ».

Encyclopedia27 of World History abonde dans ce même sens : « Un missionnaire est un
croyant qui partage ses croyances religieuses avec quelqu’un qui n’a pas les mêmes
croyances ».

Michael W. Goheen28 situe l’origine de ce ministère à l’Eglise primitive : « l’origine du travail


missionnaire chrétien peut être situé dans la mission donnée par Jésus-Christ à ses apôtres
après la Résurrection dans l'évangile de Matthieu : « Allez, faites de toutes les nations des
disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et enseignez-leur à observer
tout ce que je vous ai prescrit ».

Il est certes vrai que le mot n’apparait pas dans le Nouveau Testament, mais il selon Patrick
Johnstone29, « le terme grec « apôtre » et ses dérivés, sont très fréquents dans les évangiles et
autres écrits néo-testamentaires, a la même signification (« envoyé ») que le mot «
missionnaire ».

Eglise missionnaire

Alan Hirsch30 croit que le mot missionnaire va au cœur de la nature même et du but de l'église
elle-même. Il poursuit : « …l'église missionnaire est une communauté du peuple de Dieu qui
se définit et organise sa vie autour de son véritable objectif d'être un agent de la mission de
Dieu dans le monde ».

L’Eglise doit donc sortir de ses quatre murs pour être sur la terre de mission. C’est ce qui
glorifiera Dieu.

26
Maxipoche 2014 © Larousse 2013
27
(William H. McNeill, Jerry Bentley et Christian, Berkshire Encyclopedia of World History, USA, Berkshire
Publishing Group, 2010, 2e éd., p. 1718.)
28
Michael W. Goheen, Introducing Christian Mission Today: Scripture, History and Issues, InterVarsity Press,
USA, 2014, p. 61)
29
Patrick Johnstone, The Future of the Global Church: History, Trends and Possibilities, InterVarsity Press, USA,
2014, p. 226
30
Alan Hirsch, The Forgotten Ways, Grand Rapids, MI: Brazos Press, 2006, 82.
26

Alan Hirsch31 poursuit son idée en ces termes : « Quand l'église est en mission, c'est la vraie
église. L'Église elle-même n'est pas seulement un produit de cette mission, mais elle est
obligée et destinée à l'étendre par tous les moyens possibles ».

Mission et Evangélisation

Pour Gabriel MONET32 les deux mots, mission et évangélisation (du grec biblique
« euangelizo », signifiant « annoncer la Bonne Nouvelle), ont des rapports complexes…Ils ont
souvent été accolés pour signifier une même dynamique de communication et de partage de
l’Evangile.

Dans la pensée populaire, la mission était associée à une action lointaine en terre non
chrétienne et assumée par quelques volontaires appelés missionnaires ; alors que
l’évangélisation était son corollaire en chrétienté. Une complémentarité existe entre les deux
notions.
Pour nous, la mission est donc plus large que l’évangélisation qui pourrait être
considérée comme une sous-partie de la mission.
L’encyclopédie du protestantisme33 souligne que la Mission est souvent synonyme
d’évangélisation.

Missiologie

La Missiologie, ou Théologie de la mission est une réflexion systématique sur la dimension de


‘mission’ — c’est-à-dire le fait ‘d’être envoyé’ — de la foi et vie chrétienne.

31

32
Gabriel MONET, Vous serez mes témoins, une invitation à participer à la mission de Dieu,
Dammarie-les-Lys, Editions vie et santé 2015. P12 et 13
33
Pierre GISEL et Lucie KAENNEL, Encyclopédie du Protestantisme, Quadrige/PUF Paris Labor et Fides,
2006. p. 907.
27

La missiologie a une dimension biblique, mais aussi linguistique, historique, systématique,


pratique, stratégique, anthropologique, etc.

Les missiologues francophones ont tenté plusieurs définitions de la missiologie.

Marc Spindler, longtemps directeur de l’Institut œcuménique de missiologie de Leyde, définit


la missiologie comme « l’étude scientifique raisonnée du phénomène missionnaire »34.

Revenant au sens étymologique du terme, Klauspeter Blaser, professeur de théologie


systématique et de missiologie à Lausanne pendant la deuxième moitié du XXe s. définit la
missiologie comme « la science de l’envoi de l’Église et du chrétien dans le monde »35.

Dans son ouvrage La missiologie. Émergence d’une discipline théologique (2004), Jean-
François Zorn, historien et missiologue, définit la missiologie comme «la théorie et la pratique
de l’apostolè biblique »36.

Réorientation

Orientation

Le dictionnaire Maxi37 poche, définit orientation comme : « Action de déterminer, à partir du


lieu où l'on se trouve, la direction des points cardinaux : savoir où l'on se situe et retrouver
son chemin »

C’est « l’art de reconnaître l'endroit où l'on est, en déterminant les points cardinaux »38

Réorientation

Kernerman39 la définit comme étant l’action d'orienter, de diriger quelqu’un ou quelque chose
dans une nouvelle direction

34
Marc SPINDLER, « Missiologie anonyme ou missiologie responsable », La Revue Réformée 34/1, 133, 1983, p.
2536
35
Klauspeter BLASER, « À quoi sert la missiologie ? », Journal des Missions Évangéliques 160/1,1985, p.21-28
36
Jean-François ZORN, La missiologie. Émergence d’une discipline théologique, Genève, Labor et Fides, 2004, p.
101 (titre du chapitre 4 dans lapartie III).
37
Maxi poche 2014 Larousse 2013
38
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877
39
Kernerman English Multilingual Dictionary © 2006-2013 K Dictionaries Ltd.
28

Vision

En termes de physiologie, selon Émile Littré's Dictionnaire 40, la vision est une fonction
sensoriale par laquelle les yeux mettent l'homme et les animaux en rapport avec le monde
extérieur, par l'intermédiaire de la lumière.

Dans le cadre d’une entreprise, la vision, est un énoncé qui sera utilisé principalement en
interne avec vos employés et partenaires.

La vision permettra de définir où vous voulez aller, de communiquer clairement ce que vous
désirez atteindre comme objectifs, de mobiliser et de motiver les gens pour vous suivre dans
cette vision.

La vision définit un idéal à atteindre ou à vivre dans 10 ans ou 50 ans.

Enjeux

Kernerman41 Dictionary definit « enjeux » comme étant l’argent mis en jeu au début d'une
partie, ce qu'on peut gagner ou perdre. Par exemple, les enjeux d'une élection.

Stratégies

Maxi poche Larousse42 dit de la stratégie qu’elle est l’art de coordonner l'action de forces
militaires pour la défense d'une nation. L’art de manœuvrer habilement pour atteindre un but.

Émile Littré's Dictionnaire43 complète la définition en ajoutant que c’est l'art de préparer un
plan de campagne, de diriger une armée sur les points décisifs ou stratégiques, et de
reconnaître les points sur lesquels il faut, dans les batailles, porter les plus grandes masses de
troupes pour assurer le succès.
Réveil

Émile Littré's Dictionnaire44 définit le réveil comme l’action de se réveiller : passage de l'état


de sommeil à l'état de veille. Ici le réveil vient par opposition à l’endormissement. C’est aussi
le retour à l'activité : le réveil a ici le sens du renouveau, de la renaissance.
40
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877
41
Kernerman English Multilingual Dictionary © 2006-2013 K Dictionaries Ltd.
42
Maxi poche 2014 © Larousse 2013
43
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877
44
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877
29

C’est l’action de sortir de l'engourdissement moral : le réveil ici implique résurrection.

Le réveil selon le Grand Larousse45 est Cessation de sommeil. Un doux réveil. C’est un retour
à l’activité : regain, renaissance, renouveau, retour - résurrection, revivification, reviviscence.

Compréhension du thème (« Réorientation de la vision missionnaire de l’Église Méthodiste


Unie Côte d’Ivoire : enjeux et stratégies pour un réveil missionnaire »).

Après ces définitions, comment comprendre le thème : « Réorientation de la vision


missionnaire de l’Eglise Méthodiste Unie Côte d’Ivoire : enjeux et stratégies pour un réveil
missionnaire ? »

Réorientation : quand nous disons « réorientation », cela veut dire qu’il y a déjà une
orientation. Il faut seulement proposer ou donner la bonne orientation. Ce n’est donc pas un
véritable recommencement.

Réveil : Dans notre contexte nous n’abordons par le réveil par rapport l’actualité de
l’EMUCI, mais nous voudrions plutôt parler de réveil par rapport à l’Histoire du méthodisme
en Côte d’Ivoire qui s’est faite dans le réveil.

Enjeux : Une Eglise en mission est une Eglise qui est naturellement réveillée. Elle est donc
dans les dispositions d’accroitre son effectif. Les dernières statiques donnent une nette
régression à l’EMUCI : de 6,6% à 2,3%. Le risque est grand. L’effectivité de la mission peut
aider à arrêter cette hémorragie humaine.

Stratégique : c’est un art. Nous voudrions dire qu’il faut confier la mission aux artistes, aux
spécialistes de la mission.

La vision : elle est déterminante : que veut-on concrètement dans 10, 20, 30...50 ans ? Où va-
t-on ?

Comment se présentent les engagements de la « vision missionnaire » de l’EMUCI en termes


d’actions à entreprendre ? Ces engagements sont-ils spécifiques, mesurables, réalisables,
réalistes et d’une durée déterminée ?

45
Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
30

Première partie : Repères Bibliques et Historiques de la Mission

Chapitre I : Fondements Bibliques

I. La Mission et l’Ancien Testament


31

Introduction

L’Ancien Testament et la Mission ? Voici une question que se posent de nombreux


théologiens. Peut-on réellement parler de la Mission dans l’Ancien Testament. Ils sont
nombreux à répondre de façon catégorique par la négation.

Elisha KWABENA46 MARFO, dans son article « Who Said, No Mission In The Old
Testament » a essayé de répondre à ces préoccupations.

Il cite Eckhard J. Schnabel47 qui soutient qu'il n'y a pas d’ordre qui envoie des gens en mission
dans l'Ancien Testament, contrairement à ce que l'on trouve dans le NT. Pour lui, Dieu n'a pas
tracé un plan sérieux pour propager son message ».

Pour ceux-ci l’on ne peut parler de mission dans l’Ancient Testament.

La difficulté ici est que l’on veut entendre et comprendre la Mission sous l’angle du Nouveau
Testament.

Sinon, si la Mission se définit aussi par l’envoi par YHWH, de personnes pour accomplir des
tâches particulières, les exemples ne manquent pas.

Le Patriarche Abraham lui-même a dû quitter sa terre pour une destination inconnue. Le


prophète Amos est remonté dans le royaume du Nord (Israël) pour les avertir : « C’est
pourquoi je te traiterai de la même manière, Israël ; Et puisque je te traiterai de la même
manière, Prépare-toi à la rencontre de ton Dieu, O Israël !» Amos 4 : 12.

Sinon, si la Mission équivaut à appeler des peuples étrangers à la repentance et à la


reconnaissance du Dieu d’Israël, le seul vrai Dieu, les exemples ne manquent non plus. Le
prophète Jonas s’est retrouvé à Ninive.

C’est pourquoi Rzepkowski48 fera une approche plus fondamentale : « la différence décisive
entre l'Ancien Testament et le Nouveau Testament est la Mission. Le Nouveau Testament est
essentiellement un livre sur la mission. Même ainsi, l'Ancien Testament est fondamental pour
la compréhension de la mission dans le Nouveau Testament ».

46
Elisha Kwabena Marfo, PhD is a Lecturer of Old Testament Languages, Exegesis, and Theology at Valley View
University, Oyibi-Accra, Ghana.
47
Eckhard J. Schnabel, Early Christian Mission, 2 vols. (Downers Grove, Illinois: InterVarsity, 2004).
48
Rzepkowski, Horst. “The Theology of Mission.” Verbum SVD 15 (1974) : 79-91
32

Pour notre part, nous estimons que Dieu avait prévu dans son plan de ne pas abandonner
l’Homme.

La volonté de YHWH de sauver le monde, l’homme déchu…n’a pas varié d’un iota depuis la
chute. YHWH va se mettre en Mission lequel concept est appelé aujourd’hui la Mission Dei.
En fin stratège, YHWH va utiliser des stratégies pour atteindre cette vision.

Dieu va se choisir des voies telles que l’Alliance, un Peuple, une Terre et un Messie pour la
réalisation de ce projet. L’Alliance en sera le principal fil conducteur de cette stratégie.

L’Alliance

Qu’est-ce que l’Alliance ?

« Hébreu berit, grec diathèkè = pacte au moyen duquel des personnes ou des sociétés unissent
leurs intérêts ou stipulent les conditions de leur activité commune. Le mot diathèkè signifie
aussi Testament49 ».

Les caractéristiques d’une alliance :

a. La Condition
b. La Promesse
c. Le signe
Aussitôt que Adam a péché, Dieu a promis un Sauveur, et a tout de suite pourvu à un moyen
temporaire de venir à lui par le biais de sacrifices. Toutes les alliances de YHWH avec
l’homme sont conclues par du sang

Et au cœur de la Nouvelle Alliance se trouve bien sûr le sacrifice parfait de Jésus, offert sur la
croix une fois pour toutes pour tous les hommes de tous les temps.

Les alliances du salut


Compte tenu de cette importance de l'alliance dans les Écritures, nous ne devrions pas être
surpris que toute l'histoire du salut soit tissée avec le thème de l'alliance.

49
Dictionnaire Biblique Westphal
33

Pour saisir toutes les dimensions du salut, nous devons observer la séquence des quatre
principales alliances qui préparent la voie à la Nouvelle Alliance en Jésus-Christ.

Genèse 3 raconte comment Adam et Eve ont rompu l'alliance avec Yahweh et donc entre eux
et avec la terre. Cela a amené le jugement et la séquence d'alliances qui structurent en grande
partie toute l'histoire de la Bible.

Alliance avec Noé et la Terre


Après le jugement du déluge, Dieu dit à Noé : « J'établis mon alliance avec toi et ta postérité
après toi, et avec tout être vivant qui est avec toi » (Gn 9, 9-10). Genèse 9 marque donc un
nouveau départ. L'histoire de la rédemption commence ici.

Bernard Renaud50 fait remarquer que « cette alliance met en quelque sorte le sceau au projet
créationnel de YHWH... Ce que montre du reste la table des peuples qui suit (Gn 10) où
s'épanouit le processus d'engendrement qui donnera naissance à l'humanité »

Le verset 13 emploie l'expression "l'alliance entre moi et la terre" (verset 13). C'est donc une
alliance entre YHWH, tous les peuples et toute la terre, avec toutes ses créatures.

Nous remarquons une évolution dans cette alliance surtout avec des références de plus en plus
larges : "toute créature vivante qui est avec vous" (versets 10, 12) "tout animal de la terre avec
vous" (verset 10) "toute créature vivante de toute chair qui est sur la terre" (verset 16) "toute
chair qui est sur la terre" (verset 17).

Cette alliance promet que Dieu « ne détruira plus jamais » la terre par le déluge. Dieu promet
dans cette alliance de préserver la terre. Il prépare ainsi avec les peuples de la terre la voie au
plan de salut de Dieu.

Dieu précise que c'est une alliance éternelle et continue.

Alliance avec Abraham et sa descendance

Bernard Renaud51 dit qu’avec Abraham, l’Alliance se précise : « Avec le passage à l'époque
patriarcale, l'amplitude de l'alliance se réduit de façon très significative. D'une alliance avec
50
Bernard Renaud, L'alliance au cœur de la Torah. Cahiers Evangile N° 143. Paris Les Editions du Cerf. 2008.
Page 8
51
Bernard Renaud 12
34

l'humanité on passe à une alliance avec un individu, Abram/Abraham. Autrement dit, Dieu
opère désormais une sélection qui sera de plus en plus rigoureuse jusqu'à la fin de la Genèse
». 

Genèse 12 :1 L'Éternel dit à Abram : « Va de ton pays, de ta parenté et de la maison de ton


père, vers le pays que je te montrerai ; 2 et je ferai de toi une grande nation, et je te bénisse, Et
rends ton nom grand ; Et ainsi tu seras une bénédiction ; 3 Et je bénirai ceux qui te béniront,
Et je maudirai celui qui te maudira Et en toi toutes les familles de la terre seront bénies."

Dans cette alliance abrahamique il y a eu des étapes importantes :

La promesse d‘une descendance

Dieu lui promet alors que « ce sera quelqu’un issu de ses entrailles », un fils appelé à devenir
une multitude.

La promesse de la terre

En Gn 15 : 7-21 ; la promesse de la terre suit immédiatement celle de la descendance.

La finale de cette section mentionne le « don » de la terre, comme troisième composante des
biens de l’alliance.

En Gn 15, la terre constituait, avec la descendance, l’objet de la promesse (15 ; 18). Ici, elle
ne vient qu’en dernier lieu, après l’annonce d’une fécondité.

« C'est la terre que Dieu donne en gage à son élu. C'est pourquoi, l'alliance perpétuelle fera de
cette terre « une propriété perpétuelle ». L'essentiel est d’« être avec » Dieu sur cette terre où
le patriarche ne fait que pérégriner (v. 8) »52.

« L’alliance dans la chair » (17 : 9-14)

Par la circoncision ; Abraham et ses descendants reconnaissent cette appropriation par Dieu ;
et puisque l’alliance est « perpétuelle » ; le signe de cette alliance le sera aussi : « mon
alliance deviendra dans votre chair une alliance perpétuelle » (Gn 17 : 13b)

52
Bernard Renaud. Page 19
35

Les versets suivants précisent ce qui est requis d’Abraham : « voici mon alliance que vous
garderez entre moi et vous…tous vos mâles seront circoncis » (v 10).

Dieu a choisi une personne qui est finalement devenue une nation élue, Israël. C’est à travers
cette personne, puis le peuple qui naitra d’elle, que Dieu a ouvert la voie à l'histoire
salvifique.

Lorsque Dieu appelle Abram et fait alliance avec lui, c'est mille ans avant l'émergence du
royaume d'Israël.

L'alliance abrahamique a joué un rôle important dans la compréhension de la mission de Dieu.

John H. Walton53 souligne la nature missionnaire de l'alliance abrahamique.

Pour être une bénédiction pour la nation, Abraham doit d'abord partir. C'est la nature
missionnaire même de Dieu.

Depuis Genèse 1-11, la mission de Dieu a été rendue perplexe par les péchés humains, mais
ici un nouveau départ commence par l'obéissance d'Abraham. Il a été béni d'être une
bénédiction.

C'est une étape clé du plan rédempteur de Dieu pour toute la famille humaine et la terre
entière.

Dieu va suivre son fil conducteur, un plan spécifique pour sauver le monde à travers l'alliance
spécifique avec Abraham.

Isaac et Jacob seront cohéritiers de la même promesse. C’est pourquoi Jacob a dû quitter l’exil
(Laban) pour regagner sa terre natale pour perpétuer l’alliance.

Schmid, Konrad54, cité par des rédacteurs, ne fait que corroborer. Parlant du refugié Jacob, il
dit ceci : « …Il (Jacob) devait revenir parce qu’il porte en lui la Mission Dei. C’est lui qui a
reçu les paroles de l’Alliance. Il est comme en athlétisme, le porteur du témoin. Il doit le
passer. Une fois de retour il ne pouvait qu’occuper la terre parce qu’il est le propriétaire

53
John H. Walton, Genesis Zondervan, Grand Rapids, Michigan 2001. Page 509
54
Oded Lipschits, Yuval Gadot, Matthew J. Adams, Rethinking Israel: Studies in the History and Archaeology of
Ancient Israel in Honor of Israel Finkelstein. Pennsylvania State University Press, 2017. Page 356
36

terrien. Dans le livre de la Genèse, la terminologie « Israël » est bien ancrée pour les douze
tribus, y compris Juda et Benjamin »

L’idée de sélection mentionnée plus haut par Bernard Renaud, sera toujours présente : « Au
cours du récit patriarcal, des peuples seront progressivement écartés, telles les tribus nomades
de l'Arabie du Nord avec Ismaël fils d'Abraham ou les Édomites avec Ésaü fils d'Isaac. Jacob,
appelé Israël sera, seul, l'ancêtre des « fils d'Israël ». C'est uniquement avec ces derniers que
l'alliance sera renouvelée »55.

Alliance avec Moïse et Israël


Le reste de la Genèse raconte l'expansion de la famille d'Abraham sur trois générations, la
continuation de l'alliance de Dieu avec le fils et le petit-fils d'Abraham, Isaac et Jacob, et leurs
descendants, et le voyage de la famille en Égypte.

L'Exode est donc l'histoire de l'esclavage d'Israël en Égypte et de sa délivrance par Moïse.

Careth Crossley56 annonce ainsi l’entrée en scène de Moïse : « Si Dieu suscita Joseph comme
libérateur des enfants d’Israël à leur entrée En Egypte, Il suscita Moïse quatre cents ans plus
tard comme leur libérateur à leur sortie d’Egypte »

Moïse sera désormais le fidèle médiateur entre Dieu et son peuple.

Après avoir délivré le peuple d'Égypte, Moïse est conduit Israël au Sinaï. Là, Dieu établit une
alliance nouvelle et décisive, comme nous le lisons notamment dans Exode 19 et 20. Yahweh
dit à son peuple : « …Maintenant donc, si vous obéissez à ma voix et gardez mon alliance,
vous serez mon bien-aimé parmi tous les peuples. Certes, toute la terre est à moi, mais vous
serez pour moi un royaume sacerdotal et une nation sainte" (Ex 19 :4-6)

Dans le renouvellement de l’Alliance avec Moïse des informations nouvelles et importantes


sont à souligner : « vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte… ».
Dieu va leur attribuer un nouveau cahier de charges. Son peuple est désormais un royaume, un
royaume de sacrificateurs, prêtres et une nation sainte.

Royaume de sacrificateurs, de prêtres


55
Bernard Renaud. Page 13
56
Careth Crossley, Survol de l’Ancien Testament à la recherche de Christ et de son Eglise. Europresse Chalon-
sur-Saône. 2004 pages 96 ».
37

La fonction d'un prêtre est d'amener les autres dans la présence de Dieu.

Israël est désigné comme un type particulier de royaume. Ce sera un royaume marqué par le
sacerdoce. Ce sera un royaume dirigé par des prêtres dépendant de la foi en Yahweh, une
nation servante.

Israël appartiendra à Dieu en passant du temps dans l'adoration et en amenant également les
nations dans la présence divine.

Une nation sainte


Une nation sainte est donc une nation préparée et consacrée à la communion avec Dieu et une
nation unie dévouée entièrement à Lui.

L'expression qui suit « royaume des prêtres » est « nation sainte ». C'est la Cité de Dieu, le
Royaume de Dieu.

Dieu va par la suite doter son peuple de moyens pour renforcer leur relation. Moise va ainsi
bénéficier d'une théophanie particulière, « au cours d'un face-à-face avec Dieu, dans un
dialogue intime entre YHWH et son élu, Moïse va recevoir le décalogue »57.

Le médiateur Moïse recevra par la suite d’autres consignes, entre autres le sabbat.

Comme une armée, Dieu venait ainsi de la former et de l’équiper pour les prochaines
échéances en suivant toujours le même fil conducteur : sauver l’humanité.

Les hommes changent, les générations passent mais la réalité est toujours la même. C’est la
volonté de Dieu de sauver l’humanité qui a fui devant la face de Yahweh, son Créateur,
depuis la chute dans le jardin d’Eden.

Dieu qui est en mission pour sauver l’humanité va se doter de nouveaux instruments. Ainsi
Après Abraham, Dieu va se créer désormais une nation sainte et un royaume de prêtres. Ce
couple sacerdoce royal et nation sainte sera balisé par un code, le décalogue, une présence
pour la rencontre avec Dieu, un sanctuaire, le Tabernacle, un jour de commémoration, le
sabbat et une marque distinctive, la circoncision.

57
Bernard Renaud. Page 33
38

Bernard Renaud58 pouvait conclure en ces termes : « …c’est un peuple organisé autour du
sanctuaire, le peuple de Dieu en ordre de marche, qui se met en route pour prendre possession
de la terre, ultime composante de la promesse ».

L’Alliance Davidique qui sera conclue plus tard dotera le peuple d’un roi emblématique :
David avec Jérusalem comme capitale. John Bergsma et Brant Pitre disent ceci : « Le but
principal de l'alliance davidique est qu'il établit « le roi davidique comme fils de Dieu ».

Ses descendants bâtiront après lui le premier temple en remplacement du Tabernacle mobile.

Le prophète Jonas, un précurseur de la mission chrétienne


Comme le titre l’indique, l’on est tenté de se demander si le prophète Jonas ne peut pas être
considéré comme un précurseur de la mission chrétienne.

N’est-il une personne qui, par son action, a plus ou moins tracé les sillons pour les différentes
missions chrétiennes dans la Bible et à travers l’Histoire du christianisme ?

58
Bernard Renaud. Page 30
39

Sa vocation
« Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et crie contre elle ! car sa méchanceté est montée
jusqu’à moi » Jonas1 : 1.

Sa vocation n’est pas différente de celles des disciples et apôtres du nouveau Testament,
principalement celle de l’apôtre Paul sur la route de Damas.

La vocation de Jonas est un véritable envoi en mission.

Son refus

« Et Jonas se leva pour s’enfuir à Tarsis, loin de la face de l’Eternel. Il descendit à Japho, et il
trouva un navire qui allait à Tarsis ; il paya le prix du transport, et s’embarqua pour aller avec
les passagers à Tarsis, loin de la face de l’Eternel » Jn.1 : 2.

A la différence de Moïse qui au début de son appel, hésita, mais finit par dire oui, « Jonas
s’avère être le seul prophète de toute la Bible hébraïque à refuser catégoriquement un ordre de
YHWH et à faire le contraire » selon Habib59.

C’est un cas d’école à prendre en compte pour la formation des futurs missionnaires. Ce ne fut
pas un refus définitif comme dans le cas du jeune homme riche.

Ninive
Quel était le péché de Ninive ?

« …car sa méchanceté est montée jusqu’à moi… » Jonas1 : 2

Dieu reproche à Ninive son caractère méchant : « Comme pour Babylone, Ninive n'est jamais
mentionnée favorablement dans les récits bibliques »60.
59
Habib, S. (2014), « Who Converts Whom? A Narrative-Critical Exegesis of the Book of Jonah », Biblical
Theology Bulletin, 44/2, p. 67-75.
60
Mark, Joshua J. "Ninive." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. World History
Encyclopedia, 06 mars 2011.
40

Ninive était comme Sodome et Jonas devait annoncer le prochain châtiment de la nouvelle
Sodome.

C'est dans cette ville que Jonas n'a d'abord pas voulu aller. Maintenant, il obéit à la parole du
Seigneur et va à Ninive.

Cela peut nous rappeler l’Apôtre à Athènes, ou les autres apôtres dans les nombreuses villes
hostiles à l’évangile.

L’Éternel voulait enseigner à Jonas de nouvelles leçons sur son plan universel pour ce monde,
sur l'étendue de son amour pour toutes les nations.

Ninive qui est une ville étrangère rappelle à l’Eglise et aux missionnaires où les terres de
mission se trouvent réellement : c’est parfois des terres agressives, ennemies, hostiles…des
terres à risque.

Ninive qui est une ville étrangère, une ville méchante rappelle aux missionnaires qu’il n’y a
pas de missions impossibles.

La seconde vocation montre que Dieu ne lâche pas prise.

Le plan de Dieu n'a pas changé. Jonas doit se rendre à Ninive. Dieu fait preuve d'une grande
patience envers Jonas. Il utilise un serviteur têtu et rebelle pour accomplir son plan.

La mission ne se fait pas selon le propre modèle de Jonas, encore moins par sa propre
compréhension, mais selon celui de Dieu !

Son message
Jonas marche pendant une journée dans Ninive et fait une prédiction – sa seule – qui,
historiquement, aurait été suicidaire : « encore 40 jours et Ninive sera renversée » (Jon 3, 4).

C’est un message est sec, dur et dur que Jonas prêche. Laffitte 61 ne dira pas le contraire : «
C'est non seulement une catastrophe en soi, mais aussi et avant tout une véritable
condamnation à mort qui est prononcée…Jonas le fait, et le fait bien, avec une telle éloquence

61
Jacques Laffitte Jonas, le pardon, mode d’emploi. Perche en Nocé Orne 2012. Page 15
41

que les "gens de Ninive crurent à Dieu, ils publièrent un jeûne, et se revêtirent de sacs, depuis
les plus grands jusqu'aux plus petits." (J 3-5 S). »

Son message nous rappelle celui Jean-Baptiste. C’était un message sans compassion ni
espoir. Jonas est un messager de la colère de Dieu.

Le bilan de sa mission
La réponse des Ninivites à ce message de destruction est tout simplement incroyable. Le
message est un succès instantané.

Ils ont cru Dieu. Les habitants de Ninive ont revêtu un sac en signe de deuil. C'est ainsi que
Ninive se repent.

Le fier roi de Ninive donne l'exemple approprié. Il descend de son trône et enlève ses robes
royales. Devant le Seigneur, il abandonne sa dignité royale. Il s'humilie et demande à tous de
suivre son exemple.

L'activité missionnaire la plus évidente est enregistrée dans le livre de Jonas. Ce prophète
n'était pas disposé à aller accomplir la commission de Dieu. À la fin, il s'est demandé ce qui
n'allait pas avec Dieu lorsqu'il a sauvé les cruels Ninivites. Jonas a vu le salut des Ninivites
comme un mal, et il a refusé d'être d'accord avec cette compassion sans précédent de Dieu
(Jean 3 :10 ; 4 :1) 22. D'une manière dramatique, Dieu a enseigné à Son disciple l'universalité
du salut de Dieu (Jonas 4 :6-11). Le Seigneur a démontré son amour désintéressé pour tous,
même pour les ennemis de son peuple.

Le ministère de Jonas peut être considéré comme une expédition missionnaire. Les auteurs et
théologiens qui s’opposent à cette assertion se contredisent parfois. Kaiser62 en cite deux :
« Leslie Allen a nié que Jonah était un tract missionnaire, mais curieusement, il a, dans le
même souffle, soutenu qu'il fournissait une base solide sur laquelle la mission du Nouveau
Testament pourrait s'appuyer ».

Mais comment cela pourrait-il être si le livre ne fournissait pas à l'origine la base pour une
telle fondation ?

62
Walter C. Kaiser Jr. Israel as a Light to the Nations Grand Rapid Baker Academic. 2012. Page 68
42

Une conclusion tout aussi mitigée est venue de « Robert Martin-Achard63, qui a également nié
que Jonas ait illustré une mission active auprès des Gentils, mais qui a néanmoins trouvé
étrangement une mission pour l'église chrétienne ».

Le témoignage du Christ lui-même est plus éloquent en la matière :

Matthieu 12 :39 Il leur répondit : Une génération méchante et adultère demande un miracle ; il
ne lui sera donné d'autre miracle que celui du prophète Jonas.

Matthieu 12 :40 Car, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d'un grand
poisson, de même le Fils de l'homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre.

Matthieu 12 :41 Les hommes de Ninive se lèveront, au jour du jugement, avec cette
génération et la condamneront, parce qu'ils se repentirent à la prédication de Jonas ; et voici, il
y a ici plus que Jonas.
Le Christ cite Jonas afin de dépeindre le péché de son peuple à cette époque.

Conclusion

Le livre de Jonas est donc un modèle, un appel missionnaire, mieux un appel missionnaire à
risque. Il a reçu son appel pour aller prêcher dans un pays étranger. Son message était un
appel à la repentance, à la conversion.

Malgré des débuts difficiles, le prophète a quitté Ninive en mission accomplie.

Israël en tant que peuple de Dieu pour être une lumière pour les nations

Dieu avait stratégiquement placé Israël pour qu'il soit « une lumière pour les nations » par la
sélection des terres qu'ils devaient habiter.

63
Walter C. Kaiser Jr. Page 68
43

Christophe J.H. Wright64 souligne qu’« Israël ne vivait pas dans un isolement hermétique du
reste du monde. Au contraire, ils n'auraient pas pu vivre sur une scène internationale plus
encombrée ».

Michael Bird65 affirme que « le prophète Isaïe, tout au long de son livre, démontre qu'Israël
avait une mission mondiale auprès des nations et qu'il est possible de tracer une progression
en termes de partage des nations dans le salut à venir avec la restauration d'Israël ».

Dans Esaïe 40-55, les nations sont appelées à adorer le Seigneur qui est justice pour tous les
peuples (par exemple 40 : 5 ; 42 : 1-4, 10-12).

Esaïe 45 : 20-25 "invite le reste des nations à se tourner vers YHWH pour le salut.

Le prophète Esaïe, tout au long de son livre, démontre qu'Israël avait une mission mondiale
envers les nations.

Les chapitres 42 et 49 sont très expressifs. On discerne mieux la nature de la mission du


serviteur de l’Eternel. Israël, comme le Serviteur, devait être "une lumière pour les Gentils.

« Il annoncera la justice aux nations… » Esaïe 42 : 1

« Moi, l’Eternel, je t’ai appelé pour le salut, Et je te prendrai par la main, Je te garderai, et je
t’établirai pour traiter alliance avec le peuple, Pour être la lumière des nations » Esaïe 42 : 6

Dans la mission du Serviteur en Isa 42, le Messie est appelé à servir d'alliance avec le peuple
et de lumière aux nations. Au v. 6, YHWH annonce qu'il « t'a appelé dans la justice, je t'ai pris
par la main et vous a gardé ; Je t'ai établi comme une alliance avec le peuple, une lumière
pour les nations.

Il devient un lien entre YHWH et son peuple, ainsi qu'une lumière pour les nations. En ce
sens, on voit que le salut de YHWH n'est pas réservé uniquement à Israël, mais aux peuples
de toutes les nations. Le mandat du Messie est d'amener les nations à partager le salut de
Dieu.

« Et pour ramener les restes d’Israël : Je t’établis pour être la lumière des nations, Pour porter
mon salut jusqu’aux extrémités de la terre » Esaïe 49 : 6.

64
Christopher J.H. Wright’s, The Mission of God, 467.
65
Michael F. Bird, “’A Light to the Nations’ (Isaiah 42 :6 and 49:6): Inter-textuality and Mission Theology in the
Early Church,” The Reformed Theological Review 65:3 (December 2006): 123.
44

Pendant que le Serviteur Messianique sert en tant que lumière de YHWH pour les nations, Il
atteint les extrémités du monde avec le salut de YHWH. Ici, le mouvement de la mission du
Serviteur de YHWH est souligné là où le Messie cherche à apporter le message salvifique de
YHWH aux nations.

Bird66 ajoute, concernant ce salut universel ceci : « Le Dieu qui a créé le monde s'est engagé à
son bien-être ; il y a une « alliance » entre Dieu et la race humaine implicite dans l'acte de
création lui-même. Et le Serviteur, en tant qu'alliance pour le peuple et lumière pour les
Gentils, doit être l'incarnation même de cette alliance ». C'est par lui que les desseins de Dieu
pour ce monde seront réalisés.

Israël devient un lien entre YHWH et son peuple, ainsi qu'une lumière pour les nations. En ce
sens, on voit que le salut de YHWH n'est pas réservé uniquement à Israël, mais aux peuples
de toutes les nations. Le mandat du Messie est d'amener les nations à partager le salut de
Dieu.

Dieu s'engage dans une mission universelle qui cherche à réconcilier l'humanité avec Lui-
même. Le but ultime de la mission universelle est d'offrir son salut à l'humanité. Le salut est
le centre de la mission de YHWH.

Dieu a nommé Israël comme une nation sainte et distincte qui sert de lumière à toutes les
nations et de véhicule qui apporte Son salut au monde des Gentils.

Son amour, sa miséricorde comme tous les attributs de Dieu, montrent la bonté et grandeur de
YHWH en Israël, parmi les nations et dans l'univers tout entier. Ainsi cela permet de mieux
comprendre YHWH par rapport à sa mission envers l’humanité.

Dieu ne fait preuve d'aucun favoritisme dans ses relations avec Israël ou les nations de la
terre, tous les peuples sont sous le jugement de YHWH et tous peuvent se tourner vers
YHWH pour la miséricorde et la réconciliation.

Conclusion

66
Michael F. Bird, “’A Light to the Nations’ (Isaiah 42:6 and 49:6)
45

La volonté de Yahweh de sauver l’humanité a toujours été effective et visible. Yahweh était
toujours en mission, au cours de l’humanité : la Missio Dei67.

Pour ce faire, Il a donc eu recours à des stratégies : l’alliance-Noé-Abraham-Jacob-Moïse-


Israël-David. Yahweh a par la suite élu un peuple qui est une nation sainte et un sacerdoce
royal. Pour matérialiser et pérenniser cette relation avec son peuple élu, Yahweh va lui
octroyer une terre, Canaan. Un temple sera également construit avec un jour fixe, le sabbat.

C’est au sein de majestueux décor que Yahweh va poursuivre sa mission de salut en


véhiculant son message d’amour, de réconciliation non seulement avec Israël, mais aussi avec
tous les peuples de la terre.

Christophe Wright68, déclare à juste titre que «la mission de Dieu est de bénir toutes les
nations sur Terre. . .. Israël dans l'Ancien Testament n'a pas été choisi contre le reste des
nations, mais à cause du reste des nations. Le plan de Dieu (missio Dei) pour l'humanité peut
être exprimé par l'énoncé trouvé dans Isaïe : « Tournez-vous vers moi et soyez sauvés, vous
toutes extrémités de la terre ; car je suis Dieu, et il n'y en a pas d'autre (Isa 45 :22) ».

Yahweh a toujours manifesté son amour et sa miséricorde pour les peuples de terre. C’est
ainsi que le Prophète Jonas a été envoyé à Ninive, une terre étrangère pour prêcher la
repentance, afin d’éviter une catastrophe similaire à celle de Sodome et Gomorrhe.

Kaiser a compté dans les Psaumes 175 références universalistes. La bénédiction de Dieu sur
Israël devait être une démonstration de sa volonté pour bénir toutes les nations.

Il est clair que la mission de Dieu n'était pas exclusivement pour Israel seul dans l'Ancien
Testament. Yahweh est le Seigneur de toutes les nations même à l'époque de l'Ancien
Testament.

Il met en évidence des exemples de Gentils croyants tels que Melchisédek, Jéthro, Rahab et
traite en détail des implications missiologiques de la guérison de Naaman, une histoire qu'il
raconte bien. Yahweh a utilisé la petite fille comme précurseur de la diaspora qui répandrait la
Bonne Nouvelle du plan de promesse de Yahweh.

67
Missio Dei est un terme théologique chrétien latin qui peut être traduit par la « mission de Dieu » ou « l'envoi
de Dieu ».
68
Christopher J. H. Wright, Knowing the Holy Spirit through the Old Testament (Downers Grove: InterVarsity,
2006), 99–100
46

Kaiser fait référence à d'autres prophètes de l'Ancien Testament dont le ministère s'est étendu
au-delà d'Israël.

Naaman est le premier à mentionner (2 Rois 5) le nom « Yahweh », à la fois avant (v. 11) et
après (v. 15) sa guérison.

Naaman avait confessé qu’il n'y a de Dieu sur toute la terre qu'en Israël" (V. 15), mais il n'a
pas encore réalisé que Yahweh est le Dieu de toute la terre, et pas seulement en Israël.

L’un des plus grands et des plus puissants monarques, Nebucadnetsar roi de Babylone a
publiquement confessé en ces termes : « …qui parlera mal du Dieu de Schadrac, de Méschac
et d’Abed-Nego, sera mis en pièces, et sa maison sera réduite en un tas d’immondices, parce
qu’il n’y a aucun autre dieu qui puisse délivrer comme lui » Dn. 3 :30.

Malgré toute sa gloire terrestre, Nebucadnetsar n'était qu'un jouet entre les mains du grand
Dieu des cieux, une terrible verge dans la main de Dieu contre les derniers rois idolâtres de
Juda. Bosch69 mentionne que « des histoires de païens comme Ruth et Naaman qui ont
accepté la foi d'Israël » indique la nature missionnaire de l'Ancien Testament.

Yahweh était le Seigneur de toutes les nations, même à l'époque de l'Ancien Testament.
Israël, en tant que lumière, a été appelé à être le témoin de Dieu auprès des nations. Elle
devait le faire par sa vie et son comportement.

Ce serait par le peuple d'Israël que les nations de la terre entendraient la Bonne Nouvelle de
l'Homme de promesse à venir et la bénédiction que Dieu voulait que tous entendent.

Tout ceci exprime une globalisation de l'évangile en vue.

II. La Mission dans le Nouveau Testament

69
David J. Bosch, “Reflection on Biblical Models of Mission,” in Towards the 21 st Century in Christian Mission,
ed. James M. Phillips and Robert T. Coote (Grand Rapids: Eerdmans, 1993), 175–176
47

Si l’on est obligé de multiplier les arguments pour justifier l’idée de mission et l’envoi en
Mission dans l’Ancien Testament, tel n’est pas le cas du Nouveau Testament. Commentant le
livre « Dynamique de la mission chrétienne. Histoire et avenir des modèles missionnaires »,
de David J. Bosch, Cheza Maurice70 dit que le Nouveau Testament est un document
missionnaire : « La première partie prend le Nouveau Testament comme un document
missionnaire et s'arrête sur la notion de mission dans Matthieu, Luc et les Actes, et enfin chez
Paul. Pour Bosch en effet, "le Nouveau Testament ne présente pas de vue uniforme de la
mission, mais plutôt une variété de théologies missionnaires ».

Il y a deux mots qui traduisent mieux l’idée d’envoi ou envoyer :


Apostello (ἀποστέλλω) : il veut dire, envoyer, laisser aller, laisser....
Il a aussi le sens d’ordonner à quelqu'un d'aller vers un endroit déterminé, envoyer au loin,
congédier-autoriser quelqu'un à partir, lui donner sa liberté-commander à quelqu'un de partir,
congédier-conduire au loin.

Apostello apparait dans le Nouveau Testament, 131 fois dans 129 versets de 13 livres
bibliques selon les répartitions suivantes :

Matthieu (21), Marc (20), Luc (26), Jean (28), Actes (24), Romains (1), 1 Corinthiens (1), 2
Corinthiens (1), 2 Timothée (1), Hébreux (1), 1 Pierre (1), 1 Jean (3), Apocalypse (3)

Le deuxième mot c’est pempo (πέμπω) : qui veut dire « envoyer », dans le sens de « faire
qu’une chose soit transportée vers quelqu’un », « pousser ou insérer) une chose dans une
autre »

Pempo apparait dans le Nouveau Testament, 80 fois dans 80 versets de 15 livres bibliques
selon les répartitions suivantes :

Matthieu (3), Marc (1), Luc (10), Jean (31), Actes (12), Romains (1), 1 Corinthiens (2), 2
Corinthiens (3), Ephésiens (1), Philippiens (5), Colossiens (1), 1Thessaloniciens (2)
2Thessaloniciens (1), Tite (1), Hébreux (1), 1 Pierre (1), Apocalypse (5)

70
Cheza Maurice, Dynamique de la mission chrétienne. Histoire et avenir des modèles missionnaires, Revue
Théologique de Louvain Année 1996 27-3 pp. 396-397
48

Le Nouveau Testament est le document de la Mission. Nous verrons l’idée de Mission et


l’envoi en Mission

La Mission dans l’Evangile selon Matthieu

1. Mt 4
Il s'agit de l'appel des premiers. Le travail qu'ils faisaient est très éloquent : des pêcheurs,
ceux-là mêmes qui jettent le filet. Et dans cette vocation adressée aux disciples, est clairement
défini le cahier de charges : "Il leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes"
Mat 4.19

1. Mt 5 à 7 : le sermon sur la montagne


Les disciples sont présentés comme le sel et la lumière du monde. Ils ont donc l’engagement
de donner un bon goût au monde et de briller dans le monde

2. Mt 9.35-38
Matthieu présente Jésus-Christ lui-même en mission : parcourant toutes les villes et les
villages, enseignant, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant.
Ici, Jésus-Christ se présente comme le Bon Berger qui regarde les brebis languissantes sans
Berger. Il compare donc le monde à une grande moisson sans ouvriers. Il demande de prier
pour que le Maître de la moisson envoie les ouvriers dans la moisson.

3. Mt 10.1ss
Dès le début il y a un jeu de mots. De disciples comme nommés au verset 1, l'on les voit être
nommés au verset 2 apôtres. Sont-ils disciples, c'est-à-dire des personnes qui sont appelées à
suivre leur Maître ou sont-ils des apôtres, c'est-à-dire des personnes appelées à être envoyées
pour...la suite nous situera là-dessus. 
Gabriel MONET71 regarde ce qui vient de se passer comme une transition : « Ce que Jésus
vint d'accomplir ne devient ni plus ni moins que le projet qu'il propose aux douze ».
Ils sont effectivement envoyés par la suite en mission avec un cahier de charges
précis : chasser les esprits impurs, et de guérir toute maladie et toute infirmité...Allez, prêchez, guérissez les
malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. 

La suite du chapitre 10 est consacrée aux dispositions qu'ils doivent prendre avant d'aller
accomplir cette tâche ainsi que les défis et autres obstacles auxquels ils doivent s'attendre...
71
Gabriel MONET Page 54.
49

Le chapitre 10 n'est rien d'autre qu'un discours d'envoi en mission adressé aux disciples.

Mt 28
Nous sommes ici au cœur de la résurrection de Jésus-Christ. Jésus-Christ apparaît aux
disciples deux fois. C'est à la deuxième apparition en Galilée qu'Il leur signifie clairement leur
mission : "Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et
du Saint Esprit, et enseignez-leur..."v19 et 20

Sur les quatre verbes utilisés dans cette finale des paroles de Jésus-Christ, à savoir aller-faire-
des disciples-baptiser-enseigner, seul le verbe « faire » est (dans l'original grec) à
l'impératif. Les trois autres sont des participes. Le verbe « aller » est un participe passé, alors
que « baptiser » et « enseigner » sont des participes présents. Ce qui pourrait se traduire ainsi :
« étant allés, faites des disciples... »

Du coup « faire des disciples » devient le verbe principal, mais qui demeure la conséquence
du verbe « aller ».
Il faut d'abord accepter l'appel d'être d'abord envoyé. Et une fois sur le champ de mission,
c'est alors que tu accompliras l'objectif principal qui est de « faire des disciples ».

Nous pouvons remarquer dans cette finale la répétition du pronom « tout » dans les dernières
paroles de Jésus-Christ :

« Tout pouvoir...Allez, faites de toutes...à observer tout...je suis avec vous tous les jours... »
Mt 28 :19-20. Une manière de dire certainement que sans lui, sans son autorité, son pouvoir,
sa puissance rien ne sera possible.

Gabriel MONET72 fait ressortir la présence du Christ dans la Mission des disciples : " le
mandat missionnaire des croyants ne prend place qu'au cœur de l'action première et dernière
de Jésus". Certes il y a une part humaine dans la mission, mais celle-ci est soutenue et
accompagnée par la puissance et présence du Christ ressuscité."

la Mission dans l’Evangile selon Marc

72
Gabriel MONET. Page 68
50

La plupart des théologiens exégètes ne retiennent pas l’Evangile selon Marc comme un
Evangile missionnaire. Certes il semble très bref sur la Mission et la finale du chapitre 16 est
contestée par la critique textuelle. Néanmoins il y a des faits relatifs à la mission que nous ne
pouvons pas ignorer :

Mc 1 : 1-3
Commencement de l’Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu.
Comme une sorte de titre, Marc commence son évangile en donnant à Jésus Christ son titre
éternel de Fils de Dieu.
Evangile : La bonne nouvelle de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ.
L'Évangile de Marc présente ainsi le ministère public du Sauveur, annoncé par Jean-Baptiste,
le héraut de cette bonne nouvelle. Marc s’appuie sur des citations de Mal 3 :1 et Es 40 :3, qui
relient la venue de Jésus à la promesse eschatologique de l'Ancien Testament.

L’envoi en Mission

Mc 1 : 17
« Suivez-moi, et je vous ferai devenir pêcheurs d'hommes ». Ses paroles étaient une
invitation à l'évangélisation.

Mc 3.13-15, au moment du choix des douze, l’idée de l’envoi en mission est précisée chez
Marc : «  …Il en établit douze, pour les avoir avec lui, et pour les envoyer prêcher avec le
pouvoir de chasser les démons ».

Mc 6 : 6-13
Marc décrit le premier envoi en mission des Douze tout seuls. Les disciples apprirent de cette
expérience que même si Jésus n’était pas avec eux, ils avaient son autorité sur les mauvais
esprits et sur toutes sortes de maladies

Marc précise que Jésus les envoya deux à deux.


Les disciples apprirent également que Dieu pourvoirait à tous leurs besoins.
Jésus a donné des instructions particulières pour cette mission : les disciples eurent le droit
d’emporter un bâton et des sandales.
51

Les disciples partirent et firent comme Christ Lui-même avait fait précédemment. Ils
prêchèrent la repentance, appuyés par des miracles. Marc précise qu’ils oignaient d’huile
beaucoup de malades.
Entre le départ des douze et leur retour de leur mission Marc semble avoir incrusté la mort
tragique de Jean-Baptiste.

Jésus-Christ et les gentils


Mc 7 : 24-30
L’épisode de la femme syro-phénicienne est le premier contact de Jésus avec les Gentils. Il
accède à sa requête en guérissant sa fille.

Mc 16 : 9-20
Cette péricope où L’évangile selon Marc est prolixe sur la mission pose un problème de texte.
En effet elle est absente dans plusieurs manuscrits. S’appuyant sur le fait que Matthieu et Luc
ont construit leurs évangiles sur celui de Marc, certains érudits soutiennent que ces versets
représentent au moins une tradition fiable, cohérente avec le récit d'autres enseignements
faisant autorité dans le Nouveau Testament. Ainsi Ott Craig 73, dans son livre Encountering
Theology of Mission, a repris le parallélisme de Lucien Legrand, entre Mc 1 et la finale de Mc
16.9-16.

1.14 : Jésus alla en Galilée, annonçant la bonne nouvelle de 16.15 : Allez par tout le monde et prêchez la bonne
Dieu nouvelle à toute la création
1.15 : Le royaume de Dieu est proche. Se repentir et croyez 16.16 : Celui qui croira et sera baptisé être sauvé, mais
la bonne nouvelle celui qui ne le sera pas
1.23-28 : exorcismes 16.17b : en mon nom, ils chasseront les démons 
1.29-34 : guérisons 16.18b : ils imposeront les mains aux malades, et les
malades, seront guéris.
1.38 : Allons ailleurs, dans les bourgades voisines, afin que 16.20 : Et ils s’en allèrent prêcher partout.
j’y prêche aussi ; car c’est pour cela que je suis sorti

Ce parallélisme est comme une forme de ceinture qui encadre si bien tout l’évangile selon
Marc. Il indique « une correspondance fondamentale entre la mission assumée par Jésus et
celle confiée par le Ressuscité aux siens.
Dans la finale de Mc 16,9-20 qui est comme une conclusion de l’évangile, Jésus envoie les
disciples en mission et il leur dit : Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à
toute la création.

73
Craig Ott. Encountering Theology of Mission. Grand Rapids, Baker Publishing group 2010. Page125
52

Hannes WIHER74 abonde dans ce sens lorsqu’il dit que : « La puissance du Christ ressuscité,
malgré l’incrédulité récurrente de ses disciples (16.11, 13, 14), allait accompagner la mission.
Même monté au ciel, Jésus demeure sur le terrain de la mission. Il en est le Seigneur, il la
conduit, mais il est aussi l’ouvrier, celui qui travaille avec ses disciples ».

Cette mission a un caractère universel. Il donne des explications sur les signes qui permettront
aux disciples de constater l’efficacité de leur mission.

L’Evangile selon Luc et la Mission

74
Hannes WIHER. Bible et Mission, vers une théologique Evangélique de la Mission. Charols, Excelsis 2011. Page 85
53

La Mission chez Luc


Luc n'est pas cité parmi les douze. Il n'est pas disciple de Jésus pendant son ministère. Il a
néanmoins accompagné Paul dans une partie de ses voyages missionnaires. Il peut être
considéré comme missionnaire.

A. La dimension universelle du salut


1. Prophétie de Siméon
2. Généalogie 
3. Lc 7.1-10

B. La dimension universelle du salut renforcée


1. La promotion des marginalisés
a. La femme pécheresse 
b. Les samaritains (10.25-37/ 17.11-19)
c. Zachée

2. La promotion des pauvres

D. Le discours programme
E. Deux envois en Mission
F. Le discours final d'envoi en Mission

A. L'Evangéliste Luc met l'accent sur l'universalisme du salut ouvrant largement le champ
de la Mission.
Ainsi quand il cite la prophétie de Siméon, il dit : « Car mes yeux ont vu ton salut,  Salut que
tu as préparé devant tous les peuples, Lumière pour éclairer les nations..." Lc. 2.30-32.
Luc fait remonter la généalogie jusqu'à Adam pour montrer que c'est toute l'humanité qui est
concernée par cette naissance de Jésus.

B. Le discours programme de Jésus en Lc 4.6-21 annonce des couleurs de son œuvre


hautement missionnaire.
On peut déceler quelques éléments :
L'annonce de la bonne nouvelle aux pauvres, une dimension sociale de la mission
La délivrance des captifs, la raison d'être de la mission de Jésus est la délivrance, la guérison,
le pardon, la réconciliation...
54

Gabriel MONET75 souligne que cette péricope (Lc 4.6-21) est le fondement de sa mission.
Cela pourrait ou devrait aussi être celui de ceux qui après Jésus cherchent à poursuivre la
mission de Dieu qui est à l'évidence une œuvre de libération.

C. Luc va continuer son discours missionnaire et universaliste en faisant en quelques


sortes la promotion des marginalisés. Nous citerons entre autres...
C'est un centenier Romain qui est félicité pour sa foi (Lc 7.1-10).
C'est une femme de mauvaise vie, une pécheresse qui est citée en exemple à la limite au
détriment du Pharisien.
C'est un Samaritain qui fait plus preuve de miséricorde qu'un Lévite et un docteur de la Loi,
dans la parabole du bon Samaritain.
C'est encore un autre Samaritain sur dix lépreux qui fait preuve de reconnaissance. 

L'Evangile selon Luc et les pauvres 


Sans vouloir écrire un évangile des pauvres, Luc réserve un espace aux pauvres. Ainsi à ceux-
ci et autres marginalisés, la bonne nouvelle de l'évangile est une promesse d'espérance. 
Le vocable "pauvre" est employé dix fois par Luc.

La ligne éditoriale du ministère de Jésus est assez claire, elle est hautement révolutionnaire. Il
apporte quelque chose de nouveau avec plus d'espoir pour ceux qui semblaient être loin.

D. Il y a deux envois en mission :


Au risque de répéter ce qui a été avec l'Evangéliste Matthieu nous nous contenterons de
rappeler ici qu'il y a eu deux envois en mission
- La mission des douze : Lc 9.1-6/10
- La mission des soixante-douze Lc 10.1-16/17-20
Parlant du retour après leur mission Jésus dit qu'il voyait Satan tombé du ciel comme un
éclair (10.18).  
Joel GREEN76 souligne à ce niveau « les défis qui attendent la mission sur le terrain. C'est un
conflit avec les puissances diaboliques ». 

75
Gabriel MONET. Page 113
76
Joel B. GREEN, The Gospel of Luke, NICNT, Grand Rapids, Eerdmans, 1997, p.441
55

E. Les dernières paroles de Jésus (Lc 24.46-49)


Le rapport de l'Evangéliste Luc est laconique. Il se réserve certainement pour le second Tome
(Le livre des Actes des Apôtres). 
Néanmoins Luc présente le Christ, le ressuscité qui parle de sa résurrection et ses
conséquences : "...et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom
à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. Vous êtes témoins de ces choses" (Lc
24 :47-48).
Il rassure ses disciples par la promesse du Saint-Esprit.
Par son accent universaliste, Luc a préparé le terrain pour ouvrir le champ de Mission aux
autres Nations, au monde entier.
56

La Mission dans l’Evangile selon Jean

Il y a quatre grandes articulations 

1. L'Evangélisation relationnelle
La femme Samaritaine
Nicodème

2. Les références à la Mission


Envoi, envoyé, envoyer

3. Les miracles toujours interprétés comme des signes


Il y a 7 miracles

4. Les discours post-résurrection 


Deux apparitions

L'évangile selon Jean apporte-t-il quelques éclairages concernant l'évangélisation et la


Mission ? Voici une question que l'on serait tenté de se poser.
Certes il n'est pas très éloquent et affirmatif comme l'Evangéliste Matthieu mais il y a des faits
qui parlent d'eux-mêmes.

Il y a l'évangélisation relationnelle ou individuelle. Nicodème et la femme Samaritaine. Même


s’il n'est pas allé à leur rencontre l'opportunité d'échanges avec ces personnes s'est offerte à
lui.

Nicodème : il est docteur de la Loi du parti des pharisiens, un opposant originel de Jésus-
Christ.
De la thématique "naître de nouveau" ils sont parvenus à naître d'eau et d'Esprit. Même
si Nicodème n'est pas mentionné parmi les cent vingt 120 (Ac 1:), où les soixante-dix 70,
encore moins les douze, il a toujours été présent du côté de Jésus-Christ. Tel fut le cas lors de
la polémique avec les pharisiens (Jn 7.50). Il était le Vendredi de la crucifixion : "Nicodème,
57

qui auparavant était allé de nuit vers Jésus, vint aussi, apportant un mélange d'environ cent
livres de myrrhe et d'aloès" Jn 19.39.
La femme Samaritaine
Dans le cas de Nicodème les conditions étaient favorables, il est venu de lui-même. Alors que
la femme Samaritaine n'est pas venue d'elle-même. C'est une rencontre fortuite imbibée de
barrières socio-culturelles : 
il est un homme et elle est une femme
Il est Juif et elle est Samaritaine 
Il adore sur le mont Sion (Jérusalem) et elle adore sur le mont Garizim.
Malgré ce fossé, Jésus prend l'initiative en créant le contact par un angle d'approche spécial...
De Juif comme elle a appelé au début, elle dit par la suite Seigneur, ensuite prophète et
enfin Messie.

Dans l'un comme dans l'autre cas, Jésus-Christ utilise l'évangélisation relationnelle.  Par une
méthodologie progressive, Jésus-Christ a amené des personnes à la conversion. On y voit ici
un fondement biblique de l'évangélisation, de ce que l'on appelle aujourd'hui l'évangélisation
relationnelle ou le contact individuel.
Ce sont des modèles qui sont aujourd'hui enseignés dans des écoles d'évangélisation et de
mission.

2. Les références 

Il y a des expressions dans l'Evangile selon Jean qui font référence à l'Evangélisation et à la
Mission. 
L'Evangéliste n'emploie pas le mot évangile ou évangéliser. Gabriel MONET fait remarquer
que Jean utilise plus le verbe "apostello" (vingt-huit fois) qui veut dire celui qui est envoyé.
Jean utilise également le verbe "pempo" (trente-trois fois).

L'autre expression forte chez l'Evangéliste Jean est le "témoignage" ou "rendre témoignage" et
cela quarante-sept fois. Gabriel Monet77 précisé la raison : " Jean choisit donc ce terme bien
connu de ses lecteurs probablement pour la richesse de son sens, ajoutant au concept juridique
une dimension missiologique".

L'Evangéliste donne la signification du mot "Siloé" qui veut dire "envoyé" Jn 9.27.
77
Gabriel Monet P89
58

3. Les miracles

L'Evangéliste présente peu de miracles : il en a sélectionné sept pour illustrer un


enseignement sur la foi, la foi qui mène à la vie de Christ.
La plupart des miracles sont présentés chez l'Evangéliste comme des signes :
"Jésus leur répondit : L'œuvre de Dieu, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé". Jn
6.29. C'est donc pour amener les hommes à croire en Dieu. Après le miracle de Cana, le texte
biblique dit ceci : "Tel fut, à Cana en Galilée, le premier des miracles que fit Jésus. Il
manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui" Jn 2.12

Yves-Marie Blanchard78 soutient que « la notion des signes tient une place importante dans le
quatrième évangile. Il souligne que l'Evangéliste n'a jamais utilisé l'expression miracles... »

La prière sacerdotale 

Dans la deuxième partie de la prière Jésus dit : "'Sanctifie-les par ta vérité : ta parole est la
vérité. Comme tu m'as envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde. Jn
17.17et 18
Sanctifier ici a aussi le même sens que consacrer, de les mettre à part. C'est donc une prière
d'envoi officiel et de consécration des disciples.
Dans la troisième partie cette même prière est élargie ou s'étend à tous les Chrétiens.

4. Le discours post-Résurrection

Le mandat missionnaire est clair. 


Au cours de sa deuxième apparition, Jésus-Christ atteste la vocation missionnaire des
disciples : « Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie » Jn 20.21. Cette formule
rappelle ce qui a été dit dans la prière sacerdotale.

Par la suite, « Jésus-Christ souffla sur eux, et leur dit : Recevez le Saint Esprit » Jn 20.22. 
Après trois années de formation soutenues par un ministère hautement puissant, empirique et
prophétique, après avoir vu leur Maître payer le prix de la rédemption de l'humanité sur la
78
Yves-Marie Blanchard Signes et sacrements dans le quatrième évangile, Paris, Éditions Artège-Lethielleux,
2018, 234 p.,
59

croix et enfin après avoir été témoins de la résurrection triomphale de Jésus-Christ, les
disciples sont maintenant prêts à recevoir le mandat missionnaire pour être envoyés. 

La mission dans le livre des Actes des apôtres

Le livre des Actes des apôtres éclaire suffisamment sur la mission chrétienne en livrant des
informations sur la vie des premiers chrétiens et la naissance de leurs communautés

Les Actes forment le lien entre les évangiles et les épîtres. Le livre des Apôtres est considéré
comme un livre missionnaire ou le livre par excellence de la mission.

Le récit des Actes peut se scinder en trois parties principales


A - Chapitre 1-5 L’église Apostolique rend compte de sa naissance. Le personnage principal à
ce moment est Pierre et Jérusalem est le quartier général.

B - Chapitre 5-12 L'Église Persécutée se répand progressivement.


Les personnages principaux de cette période sont toujours Pierre, Étienne, le premier martyr,
Philippe l’évangéliste en Samarie et un certain Saul de Tarse.

C - Chapitre 13-28 L'Église Missionnaire révèle comment l’Evangile fut répandu à travers le
monde. Le personnage principal est ici l’apôtre Paul et Antioche en est centre géographique.

Nous nous intéresserons à certains faits déterminants pour la mission des disciples. :
L’envoi en mission, le témoignage, la Pentecôte, le plan de la mission et le Concile de
Jérusalem, occuperont la première partie. Nous consacrerons la deuxième partie à la vie de
l’intrépide missionnaire Paul.

L'envoi en Mission

Ac1 :8
En répondant à une question des disciples sur la fin des temps, le Ressuscité dit ceci : « …Ce
n'est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre
autorité. Mais vous recevrez une puissance, le Saint Esprit survenant sur vous, et vous serez
60

mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la
terre ».

Toutes ces déclarations ne sont que des promesses. Et quand nous remontons au verset 4 : "il
leur recommanda de ne pas s'éloigner de Jérusalem, mais d'attendre ce que le Père avait
promis". Nous pouvons y déceler l'imminence dans ces propos. Les disciples sont arrivés de
la Galilée nous ne le croyons pas avec assez de provisions. Donc s'il leur demande
d'attendre...c'est que cela va se produire dans très peu de temps.

Le témoignage

Témoin : il prend ici la définition de la personne qui a vu, entendu une chose, et qui pourrait
attester sa réalité, en faire le rapport. Un témoignage est un compte rendu de premier plan.
Μάρτυς (témoin) apparaît plus 13 fois dans le livre des Apôtres.
Selon l’Evangéliste Luc, les Apôtres sont témoins non seulement des événements extérieurs
de la vie, de la mort et de la Résurrection de Jésus, mais également de leur signification
salvatrice selon les Écritures.
Ainsi, en tant que témoin oculaire, la mission des Apôtres a une connotation d’engagement
personnel.

La notion de témoignage est au cœur de l'activité missionnaire de l'Église.


"Vous serez mes témoins". Même s'il n'y a pas d'impératif formel (soyez mes témoins), les
disciples n'ont pas le choix. 
"Vous serez mes témoins" ne sonne pas comme un commandement (vous devrez être mes
témoins). C'est plutôt comme une grâce, un privilège.

Le sujet de ce témoignage apostolique était en particulier la résurrection de Jésus.

La Pentecôte : la puissance missionnaire par excellence

Ebranlés d’abord par sa mort, puis illuminés par sa résurrection, les disciples de Jésus avaient
repris coutume de se réunir. Mais ils restaient sagement entre eux, évitant surtout de se faire
remarquer. Ils étaient dans l’attente de ce que leur Maître avait promis : « Mais vous recevrez
une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous… » (Ac 1 : 8).
61

Le matin du jour de la Pentecôte (fête juive), le Saint-Esprit vint sur eux par trois
signes remarquables : le vent, le feu, les langues.

Les disciples semblaient être sous l’effet d’une explosion irrésistible d’enthousiasme
et d’allégresse ; ils étaient devenus des hommes nouveaux, inspirés et saisis par l’Esprit Saint
qui anima les prophètes.

Pierre se fit le porte-parole de tous, il se mit à prêcher la repentance aux auditeurs


venus pour la fête.

Ignorant ordres et menaces, les disciples proclamèrent partout le nom de Jésus.

L’Esprit Saint apparut comme une force de propulsion des disciples sur les routes de
Jérusalem, de Judée et au-delà. Il leur donna la dimension missionnaire.

Car à la Pentecôte est surtout liée la notion de puissance pour le témoignage.

L’Esprit Saint est le véritable héros des Actes. C’est lui qui prend toujours l’initiative et force
les disciples de Jésus à aller là où il veut.
Comme un feu dévorant, cette puissance gagna en force conquérante : « le nombre de
ceux qui croyaient au Seigneur, hommes et femmes s’augmentaient de plus en plus » ‘Ac
5 : 14).

Le Saint-Esprit a été présent à chacune des articulations au début de l’église et de sa


propagation.

Le don de l’Esprit
Notons que la venue du Saint – Esprit est liée à la puissance et au témoignage. Gabriel
MONET souligne que : « Jésus promet le Saint-Esprit et son corollaire, le statut de témoins…
Jésus annonce que ce n’est qu’après avoir reçu le Saint-Esprit que les disciples seront
pleinement témoins »79

L’expansion missionnaire

Le plan de la mission
Par où les disciples devaient-ils commencer le témoignage ? « … à Jérusalem et dans toute la
Judée et la Samarie, et jusqu’au bout de la terre » (1 :8b).

79
Gabriel MONET page 125
62

En Lc 24 :47 le Seigneur Jésus dit des paroles très semblables à celles-ci : « … à toutes les
nations, en commençant par Jérusalem ».
Aux yeux de Dieu Jérusalem était la ville la plus coupable sur toute la terre. C’est là que son
Fils a été crucifié.

Ils devaient commencer à Jérusalem, et non pas au pôle nord. Mais ensuite ils devaient aller
en Judée, aux environs de Jérusalem.

“Jérusalem. . . Judée. . . Samarie . . . extrémités de la terre” Il s’agit du profil géographique du


livre des Actes : Jérusalem (chapitres 1-7) ; Judée et Samarie (chapitres 8-12); extrémités de
la terre (Rome), (chapitres 13-28).

Ce qu’explique Daniel MARGUERAT80 : « …il trace pour leur mission un arc géographique
qui va de Jérusalem aux extrémités de la terre. Tout le programme des Actes est présent là,
sous forme condensée.

L’auteur des Actes est un historien, il décrit donc comment, par étapes successives, la Parole a
acquis son envergure universelle.

Les disciples devaient témoigner tout d’abord à Jérusalem, puis en Judée, à Samarie et
jusqu’aux extrémités de la terre. C’était un plan progressif. Jérusalem était le centre de la vie
religieuse juive, l’endroit où Jésus avait été condamné et crucifié.

Jérusalem était encore le centre, mais au lieu de rester et d’y construire les bases, les
disciples devaient aller jusqu’aux extrémités les plus lointaines de la terre.

Judée et Samarie étaient des régions voisines où Jésus avait également travaillé, cependant,
les disciples ne devaient pas se limiter à ces seuls lieux. Leur mission s’étendrait au monde
entier.
Gabriel MONET81 remarque « qu’Il y a clairement un élargissement progressif de la mission
qui invite au déplacement, à l’envoi ».
80
Daniel MARGUERAT, le Dieu des premiers chrétiens. Genève, Labor et Fidès 1997. Page 168
81
Gabriel MONET. Page 129
63

La Samarie était un peuple mélangé, comprenant des éléments juifs et païens. Les Juifs se
tenaient à l’écart de la Samarie comme étant un lieu impur pour eux. Mais là aussi ils devaient
annoncer l’évangile et être Ses témoins.
Finalement ils devaient aller jusqu’au bout du monde. La mission chrétienne n’est pas limitée
à Israël, mais elle s’adresse à tous les hommes.

Daniel MARGUERAT82 présente la progression du plan : « le livre raconte en effet comment, à
commencer par Jérusalem, l’Evangile se déploie en sortant de son espace originaire « il gagne
la Judée, la Samarie (Ac 8), puis la partie orientale l’Empire jusqu’à Rome (Ac 28). Atteindre
la capitale impériale est une promesse que la Parole parviendra aux confins ; la conversion
d’un officiel de la cour d’Ethiopie préfigure cet horizon (Ac 8 : 26-40) »

C’est le mandat missionnaire que le Ressuscité laisse à ses disciples, mandat adressé à tous les
disciples, de tous les temps. Ce mandat a une dimension universelle, les disciples sont
envoyés « à toutes les nations » (Mt 28, 19), « dans le monde entier » (Mc 16, 15), «
jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8).

Gabriel MONET83 fait cette précision importante : « C’est une invitation à participer à la
mission, à être engagé dans l’évangélisation. C’est un art de vivre. Trop souvent pourtant, la
mission et l’évangélisation sont considérées comme l’affaire de spécialistes ou de quelques
volontaires courageux ».

Le Concile de Jérusalem : la « légalisation » de l’universalisme du salut

L’Evangile est de plus en plus prêché. L’œuvre Missionnaire permet de fonder plusieurs
communautés dans le monde païen. Le nombre de convertis non-Juifs est devenu plus
important. Des polémiques d’ordre culturel éclatent. Il y avait entre autres la circoncision et
des viandes interdites par la Loi de Moïse.

En vue de trouver des réponses consensuelles à la situation, une rencontre est convoquée à
Jérusalem par les Apôtres et les Anciens.

82
Daniel MARGUERAT, le livre des Actes des Apôtres (1-12). Genève, Labor et Fidès 2015. Page 20
83
Gabriel MONET, Vous serez mes témoins, une invitation à participer à la mission de Dieu (2015 Dammarie-
les-Lys, Éditions Vie et Santé. Page 147
64

Paul a amené avec lui Tite. Un Antiochien, un Gentil récemment devenu chrétien. Il était né
d'une famille païenne et non circoncis.
L’attitude qu'on allait adopter à l'égard de Tite serait d'une importance capitale pour l'avenir
de l'Évangile.
S’il était accepté sans conditions, comme frère à part entière, ce serait une décision
applicable à tous les chrétiens non-Juifs des nouvelles communautés.
Les résolutions sont très attendues car elles sont déterminantes dans l'histoire du
christianisme.
Pierre, Jacques et Jean acceptèrent le point de vue de Paul. L’Église naissante évita ainsi un
conflit.

Après la réunion, deux délégués, Judas et Silas, furent choisis pour accompagner Paul et
Barnabé à Antioche. Ils étaient munis d’une lettre : « L’Esprit Saint et nous avons décidé de
ne vous imposer aucune autre charge que ces exigences inévitables : vous abstenir des viandes
des sacrifices païens, du sang des animaux étouffés et de l'immoralité. Si vous évitez tout cela
avec soin, vous aurez bien agi. Adieu !» (Ac 15, 28-29)

Conclusion

Nous nous interrogeons encore sur l'opportunité sur le livre des Actes. Que serait l'Histoire
chrétienne, particulièrement la mission chrétienne, sans le livre des Actes des Apôtres ? 
Le livre des Actes offre les signes de la réalité et de la présence du Saint-Esprit, montrant que
l'Eglise est l’œuvre surnaturelle de Dieu et qu'elle doit son existence, sa force à l'Esprit de
Dieu lui-même par lequel elle est aussi guidée et soutenue. Nul ne peut expliquer autrement
son succès et son endurance alors qu'elle dut faire face à une telle opposition et à des
persécutions aussi sévères.
65

L’Apôtre Paul, l’intrépide missionnaire

Une conversion spectaculaire

Paul n'était pas un disciple de Jésus et ne le connaissait pas avant sa crucifixion. La


conversion de Paul a eu lieu après la crucifixion de Jésus.

Paul, également connu sous le nom de Saul, était « un pharisien des pharisiens », qui «
persécutait intensément » les disciples de Jésus. Paul l’affirme dans son épitre aux
Philippiens : « …moi, circoncis le huitième jour, de la race d’Israël, de la tribu de Benjamin,
Hébreu né d’Hébreux ; quant à la loi, pharisien ; quant au zèle, persécuteur de l’Eglise ;
irréprochable, à l’égard de la justice de la loi » Phil. 3 : 5 et 6

Les récits de l'expérience de conversion de Paul la décrivent comme étant de nature


miraculeuse, surnaturelle ou autrement révélatrice.

C’était une véritable traque : il respire menace et meurtre

Le voyage est interrompu lorsque Paul voit une lumière aveuglante et communique
directement avec une voix divine.

Alors qu'il approchait de Damas au cours de son voyage, une lumière qui vient du ciel,
enveloppe Saul, qui en tombe par terre ; une voix insiste et le nomme, « Saul, Saul ! », elle
s’adresse à lui en un « pourquoi » qui vient comme se ficher au cœur de sa pratique et s’y
révèle concernée – « Pourquoi me persécutes-tu ? » (V. 4).

"Je suis Jésus que vous persécutez", répondit-il. "Maintenant, lève-toi et va dans la ville, et on
te dira ce que tu dois faire."

Paul se leva du sol, mais quand il ouvrit les yeux, il ne put rien voir. Alors ils le conduisirent
par la main à Damas. Pendant trois jours, il était aveugle et ne mangeait ni ne buvait rien.

Dieu, dans une révélation, donne des instructions concernant Paul. Il alla dans la maison de
Judas où était Paul et fit tout juste ce que Dieu lui a dit : « Frère Saül, le Seigneur, Jésus, qui
t'est apparu sur la route alors que tu venais ici, m'a envoyé pour que tu revois et que tu sois
rempli du Saint-Esprit ».
66

Immédiatement, quelque chose comme des écailles tomba des yeux de Saul, et il put à
nouveau voir. Il se leva et se fit baptiser, et après avoir pris de la nourriture, il reprit des
forces.

Une conversion en vue de la Mission

Répondant à la réticence d’Ananias vis-à-vis de Saul, le Seigneur dit à Ananias ceci : « Va,
car cet homme est un instrument que j’ai choisi, pour porter mon nom devant les nations,
devant les rois, et devant les fils d’Israël ; et je lui montrerai tout ce qu’il doit souffrir pour
mon nom ».
L’appel de Dieu, manifesté par le Christ sur le chemin de Damas, transforme et bouleverse sa
vie ; il a été empoigné par le Christ, nous dit-il (Phil 3.12) : de persécuteur de la religion de
Jésus, il en devient l'apôtre.

La conversion de Saul est doublée de sa vocation. Il est le choix de Dieu, devant les nations,
devant les rois et devant les fils d’Israël.
Dieu « a mis à part » l'apôtre Paul, tout exprès pour l'envoyer prêcher aux païens la bonne
nouvelle de Dieu que les prophètes de l'A.T. avaient annoncée dans les Ecritures. Il l’exprime
dans son Epitre aux Galates : « car celui qui a fait de Pierre l’apôtre des circoncis a aussi fait
de moi l’apôtre des païens » Gal 2 : 8. Lui, Paul, est un appelé du Christ pour inaugurer la
prédication de la bonne nouvelle du salut auprès des Gentils, comme Pierre présidait au
développement de l'Eglise judéo-chrétienne.

Une véritable volte-face

« .... Saul resta quelques jours avec les disciples qui étaient à Damas. Et aussitôt il prêcha
dans les synagogues que Jésus est le Fils de Dieu » Ac 9 : 19 et 20. Seuls les yeux de la foi
peuvent accepter de voir ce qui se passe, ce que certains commentateurs ont appelé le voyage
contrarié. La feuille de route a été brusquement et brutalement remplacée. Le persécuteur de
l’Eglise en est devenu le défenseur, le protecteur, l’apologète. L’étonnement est général.
67

La stratégie de Paul
D’autant plus que Paul dans l’exposé de leurs aventures n’a sans doute pas négligé de
mentionner comment il s’est depuis toujours d’abord soucié de s’adresser à des Juifs de la
Diaspora.

Rappelons brièvement quelques cas : A Damas « Il se mit immédiatement à prêcher dans les
synagogues » - Ac 9 :20. A Jérusalem « Il s’entretenait [discutait] avec les Juifs parlant grec
[Hellénistes] » - Ac 9 :29 A Salamine (Chypre) « Ils commencèrent (lui et Barnabas)
d’annoncer la parole de Dieu dans les synagogues des Juifs » - Ac 13 :5 A Antioche (de
Pisidie) « le jour du sabbat, ils entrèrent dans la synagogue » - Ac 13 :14

A Iconium « Paul et Barnabas entrèrent dans la synagogue des Juifs » - Ac 14 :1 « Paul et


Barnabas demeurèrent, assez longtemps avec les croyants.

Paul et ses voyages missionnaires

Les voyages missionnaires de Paul riment avec la ville d’Antioche de Syrie. Ville phare, après
Jérusalem dans l’expansion du christianisme, Antioche est devenue le foyer majeur de
rayonnement de l’église primitive. Elle a été la base de départ pour ses trois grands voyages
missionnaires de Paul.

Le premier voyage missionnaire - Ac 13, 1 - 14, 28

Paul et Barnabas sont envoyés en mission chez les païens au printemps de l'année 45 de notre
ère. Barnabas et Paul, et Jean-Marc évangélisent toute l'île de Chypre jusqu'à Paphos.

Départ au port de Séleucie (Antioche de Syrie)


CHYPRE : Salamine, Paphos
PAMPHYLIE : Pergé
PISIDIE : Antioche (de Pisidie)
GALATIE (La Phrygie Galate) : Iconium
LYCAONIE : Lystres
Derbé
Attalia

Au printemps 49 de notre ère Paul et Barnabas rentrent à Antioche.


Distance parcourue aller/retour : 2000-2100 km dont plus de la moitié à pied.
68

Le deuxième voyage missionnaire - Ac 15, 36 – 18, 22.


À la suite d’un désaccord avec Barnabas, à propos de son neveu Marc, Paul se sépare d’eux et
repart avec Silas visiter les églises fondées lors du premier voyage. Ils partent renforcer les
Églises à travers la Syrie et la Cilicie. À Lystre, Paul choisit le jeune Timothée pour
l'accompagner. "Les Églises s'affermissaient dans la foi et le nombre de leurs fidèles
augmentait chaque jour." (Ac 16, 5)

Paul décide alors d'étendre sa mission et se rend en Phrygie et en Galatie


À Troas Macédoine et évangélise Philippes
Thessalonique il y reste pendant trois mois et proclame la bonne nouvelle aux Juifs et aux
païens
Paul et ses compagnons, contraints de quitter Thessalonique, se rendent à Bérée.
À Athènes : À Athènes, Paul essaie d’adapter sa prédication aux universitaires qui l’écoutent,
mais il aura peu de succès car la foi en la résurrection paraît absurde aux philosophes grecs
(Ac 17,16-34).

À Corinthe Paul demeura un an et demi à Corinthe


Puis il s’embarque pour Éphèse et Césarée, il passe par Macédoine et en Achaïe et il regagne
Antioche.
Nous sommes en hiver de l'an 52

Le troisième voyage missionnaire – Ac 18, 23 – 20, 38

Nous sommes au printemps de l'an 53, Paul entame son troisième voyage missionnaire pour
visiter et raffermir les communautés chrétiennes.
Galatie et de Phrygie.
En effet le point focal du voyage était Éphèse où Paul a passé plus de temps que dans toute
autre ville au cours de ses voyages. Il y demeure deux années entières.
C’est probablement à cette époque que les églises de Colosse, Laodicée et Hiérapolis furent
créées.

Le troisième voyage missionnaire de Paul était semé d’obstacles et des pressentiments des
futures afflictions, mais Paul a exécuté sa mission avec constance et montré que même la mort
ne pouvait pas l’en dissuader.
69

Ces chiffres selon ECHKARD84, conduisent aux totaux suivants : Paul a parcouru environ 25
000 kilomètres (15 000 milles) en tant que missionnaire, environ 14 000 kilomètres (8 700
milles) par voie terrestre.

Les Epitres de Paul

Si l’apôtre peut être considéré comme un intrépide et grand missionnaire, c’est grâce à ses
nombreux voyages missionnaires, sa capacité à fonder les communautés chrétiennes mais
c’est aussi par ses lettres ou épitres adressées aux églises naissantes, ainsi qu'à des proches de
Paul de Tarse.

Les lettres sont un trésor et un dialogue ouvert entre l'apôtre et ses églises. Ce sont de
véritables exhortations, enseignements, des formations, des cours de théologie…à travers
lesquelles l’apôtre a réussi à faire un travail de suivi afin de maintenir la flamme au sein de
ces jeunes communautés, la flamme spirituelle.

Elles sont au nombre de treize lettres attribuées à l'apôtre Paul de Tarse. Seules sept de ces
treize épîtres attribuées à Paul seraient jugées authentiques. On les appelle « épîtres proto-
pauliniennes » :

Épître aux Romains


Première épître aux Corinthiens
Deuxième épître aux Corinthiens
Épître aux Galates
Épître aux Philippiens
Première épître aux Thessaloniciens
Épître à Philémon

Il y a aussi les trois « épîtres deutéro-pauliniennes », qui seraient rédigées par des disciples
directs de Paul :

Épître aux Éphésiens


Épître aux Colossiens
Deuxième épître aux Thessaloniciens

84
ECHKARD J SCHNABEL, Paul, Missionnaire, Réalités, Stratégies Et Méthodes. Illinois, InterVarsity Press 2008.
P.111
70

Et enfin trois autres Épîtres trito-pauliniennes, dites pastorales qui seraient elles aussi rédigées
par d’autres disciples de l’apôtre Paul :

Première épître à Timothée


Deuxième épître à Timothée
Épître à Tite

ECHKARD85 soutient que « la lettre de Paul aux chrétiens de la ville de Rome peut être lue
comme un document missionnaire ».

Paul a été appelé par Dieu et il a tout donné à Dieu ; il a été empoigné par le Christ
Dans ce travail apostolique, il a consacré toutes les ressources de sa riche personnalité pour
gagner les hommes au Christ. Il s’agit d’annoncer l’Evangile aux païens et d’affermir et
d’organiser les communautés.
Au soir de sa vie il pouvait dire : « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai
gardé la foi ». 2 Tim.2.8 

85
ECHKARD J SCHNABEL, Paul, Missionnaire, Réalités, Stratégies Et Méthodes. Illinois, InterVarsity Press 2008
P.132
71

Chapitre II : La Reforme et la Mission

La Reforme et la Mission

Introduction

L’empereur Constantin

L’empereur Constantin, promulgue l'édit de tolérance de Milan par lequel il légalise le


christianisme le 13 juin 313,

L'édit de Milan introduit un élément nouveau dans la société romaine, à savoir la liberté
religieuse.

L'édit de Milan lève par ailleurs les interdits qui pèsent sur la communauté des chrétiens. Les
Églises locales se voient restituer les biens qui leur ont été confisqués, même lorsqu'ils ont été
vendus à des particuliers.

Le christianisme qui ne représente que 10% de la population de l'empire romain et fort de la


protection impériale, va prendre son essor et s'imposer en quelques décennies comme la seule
religion officielle de l'empire...

L’empereur veille à exclure des grandes villes toute présence du paganisme. Seul le
christianisme y a droit de cité. À Rome même, Constantin engage la construction des
basiliques de Saint-Pierre, du Latran et de Saint-Paul-hors-les-murs.

Ainsi la religion chrétienne devient-elle la référence dominante autour de la Méditerranée, au


IVe siècle. Le Christianisme va ainsi évoluer dans la paix jusqu’en 1054.

Le Schisme

En effet le 16 juillet 1054, le représentant du pape à la basilique Sainte Sophie excommunie le


patriarche de Constantinople. Ce fut la première grande secousse qui ébranla et affecta tout le
corps de Christ. Malheureusement l’Eglise ne s’en remit pas jusqu’à la naissance de deux :
l’Eglise Catholique Romaine et l’Eglise Orthodoxe d’Orient.

Dès cet instant l’Eglise Catholique Romaine, en cavalier seul, va faire son chemin en
Occident jusqu’aux alentours de 1500. L’Eglise est à nouveau menacée et doit faire face à des
défis inévitables, entre autres l'invention de l'imprimerie qui met dédormais la lecture à la
portée du plus grand nombre et l'on prend goût à lire dans le texte et commenter les écrits
72

évangéliques. Le mécontentement et les critiques de façon souterraine font jour contre


l’église.

Contre toute attente, le 31 octobre 1517, un moine affiche sur la porte de l'église de
Wittenberg (Saxe) 95 thèses où il dénonce les scandales de l'Église de son temps.

Sans s'en douter, Martin Luther jette ainsi les bases d'une nouvelle confession chrétienne, le
protestantisme : la Reforme.

Que s’est-il passé entre-temps ?

Qui sont les principaux acteurs de la réforme et quelles ont été l’évolution de leurs idées
réformatrices et leurs conséquences ?

Qui est Martin LUTHER86 ?

Martin Luther est né à Eisleben, en Thuringe, le 10 novembre 1483. Il est le fils d'un mineur
qui s'est enrichi à force de travail. Il étudie à l'Université d'Erfurt pour satisfaire son père qui
veut l'engager dans la magistrature.

Il fut reçu bachelier des arts en 1502 et maître en philosophie en 1505. Il allait commencer ses
études de droit lorsque, selon son témoignage, il est, un jour d'été, du 02 juillet 1505, surpris
par un orage violent qui foudroie un arbre à côté de lui. Pris de frayeur, il s'écrie : « Sainte
Anne, secourez-moi. Je me ferai moine ! » Sitôt dit, sitôt fait, il entre au couvent des
Augustins au désespoir de son père.

Devenu prêtre, Luther commence à enseigner la théologie à Wittenberg, en Saxe. Mais il ne


tarde pas à s'interroger sur la grâce divine et les moyens d'accéder à la vie éternelle.

À l'hiver 1513, étudiant l'épître aux Romains de saint Paul, il est frappé par l'expression : « Le
juste vivra par la foi ». Par cette révélation, le théologien arrive à la certitude que l'homme ne
peut être sauvé que par sa foi et non par ses œuvres.

Il puise son inspiration dans l'enseignement de Jan Hus, un réformateur tchèque brûlé à
Prague un siècle plus tôt (en 1415).

Ses réflexions sur la théologie conduisent Luther à s'interroger sur le comportement de la


hiérarchie catholique. Celle-ci lui apparaît divisée et profondément corrompue.

86
James M. Kittelson, Luther the Reformer, the Story of the Man and his Career. Minneapolis Augsbourg
Publishing House 1989
73

Luther n'entend pas se séparer de l'Église catholique. Il voudrait seulement la ramener dans le
droit chemin.

La Réforme de Luther

Le 31 octobre 1517, la vie de Luther et la chrétienté occidentale basculent. Ce jour-là, le


moine publie 95 thèses qui sont autant de dénonciations des abus du clergé romain. C’est une
liste des propositions que Luther a affichées. Placardé à la porte de l'église de la Toussaint à
Wittenberg.

Le premier des scandales que dénonce Luther est l'abus qui est fait des indulgences. Il s'agit
des aumônes que le clergé catholique a pris l'habitude de récolter contre la promesse d'un
allègement des peines qui attendent les pécheurs au Purgatoire, antichambre du Paradis.

Au début de l'année 1520, Luther entre résolument en dissidence contre Rome qu'il présente
comme la « rouge prostituée de Babylone ».

Il dénie à l'Église le pouvoir d'effacer les peines dans l'au-delà et formule une doctrine
de la grâce divine en rupture avec la pratique catholique. Il conteste les sacrements, à
l'exception du baptême, de l'eucharistie (la communion) et de la pénitence.

Entre autres choses, Martin Luther réclame pour l'ensemble des fidèles et pas seulement pour
les prêtres le droit de communier sous les deux espèces, le pain et le vin.

Le sacerdoce universel

Un autre point novateur introduit par la révolution luthérienne était celui concernant le
sacerdoce universel des croyants. Tout homme, au moment où il est baptisé, entre en
possession du droit de lire et d'interpréter les Saintes Écritures, et ce droit n'est pas configuré
comme exclusif aux prêtres. Sa formule fait mouche : « Nous sommes tous prêtres ».

Tout homme est prêtre dès le moment où il reçoit le baptême. De plus, l'église est une autorité
simplement terrestre et le christianisme n'a pas d'autre tête que Christ.
74

Chaque fidèle est encouragé à découvrir par lui-même les Écritures saintes.

Sans s'en douter, Martin Luther, a brisé l'unité de l'Église catholique et a jeté les bases
du protestantisme.

Aux alentours de 1500, la chrétienté occidentale est en pleine ébullition.

L'invention de l'imprimerie met la lecture à la portée du plus grand nombre et l'on prend goût
à lire dans le texte et commenter les écrits évangéliques sur lesquels se fonde l'enseignement
de la religion chrétienne.

Aussi le geste de Luther a-t-il immédiatement un profond retentissement en Allemagne...

L'enchaînement des passions va entraîner une scission religieuse sans précédent en


Europe et la constitution d'Églises rivales de Rome, les Églises dites protestantes ou
réformées.

Victoire de Luther

Travaillant avec frénésie, Luther publie, rien que dans l'année 1520 cinq ouvrages majeurs qui
dessinent les contours de sa doctrine.

Viennent ensuite Des bonnes œuvres (mai), De la papauté de Rome (juin), De la liberté du
chrétien (octobre) et Prélude sur la captivité babylonienne de l’Église (octobre).

Lorsque le 15 juin 1520, le pape Léon X le condamne par la bulle (dico) Exsurge Domine et
fait brûler ses 95 thèses, Luther est en mesure de résister. Il défie même le pape en brûlant la
bulle à Wittenberg.

Il est excommunié le 3 janvier 1521


75

Pour éviter à Luther d'être arrêté, l'Électeur le fait enlever sur la route de Wittenberg et
l'amène dans sa forteresse de la Wartburg, en Saxe, près d'Eisenach, où il va se cacher
pendant un an sous le nom de « chevalier Georges », abandonnant ses habits monastiques et
se laissant pousser la barbe.

Il profite de cette retraite forcée pour réaliser son chef-d’œuvre littéraire, la traduction du
Nouveau Testament en Allemand.

Une nouvelle confession chrétienne

Pendant ce temps, les idées luthériennes se répandent comme une traînée de poudre dans le
peuple et l'élite de l'Allemagne.

Les prêtres se marient, les moines et les religieuses abandonnent leur couvent.

Luther quitte le 1er mars 1522 son repaire de la Wartburg et se rend à Wittenberg en vue de
prendre les choses en main et d'organiser le cadre d'un christianisme rénové.

Il abolit les jeûnes, les confessions, les messes privées...

Il meurt le 18 février 1546 à Eisleben et sera inhumé dans son église de Wittenberg.

La théologie de Luther
Luther avait réduit le nombre de sacrements, qui de sept devinrent deux, baptême et
eucharistie, alors ils étaient les seuls qui, selon lui, étaient fondés sur les Saintes Écritures et
institué par le Christ.

La théologie de Luther se résume dans ses trois87 principes de sa Réforme, qui sont :

(1) Sola scriptura (par l'Écriture seulement),

(2) Sola fide (sauvé par la foi seulement et non par les œuvres),

(3) Sola gratia (sauvé par la grâce seule),

87
Immanuel David, La Vie et la Pensée de Martin Luther Yaoundé speedyprint 1993
76

Qui est Jean Calvin ?

L’autre figure emblématique de la Reforme est Jean Calvin. Né à Noyon, en Picardie, en


1509, Jean Calvin étudie d’abord le droit, puis la théologie. Il voyage pour ses études à
Orléans et à Bourges et fréquente les milieux humanistes. Ces milieux sont favorables à une
réforme de l’Église. Calvin est à Paris, en 1534, quand éclate l’affaire des placards88.

Des affiches (appelées placards) contre la messe, le pape et les prêtres sont posées à Paris, à
Orléans, à Amboise et à Blois, jusque devant la porte de la chambre du roi. La répression est
sévère.

En 1534, il rompt définitivement avec l’Église catholique.

La même année il quitte définitivement la France et se réfugie à Bâle. Son premier texte
dogmatique est l’introduction à la traduction en français de la Bible par son cousin Olivetan.
Son second ouvrage est un résumé de l’essentiel de la foi chrétienne : L’Institution de la
religion chrétienne, qui est éditée en 1536 en latin.

Genève vient d’adopter la Réforme, sous l’influence du réformateur Guillaume Farel. Il y


rencontre Guillaume Farel, qui est le pasteur de la ville, passée à la Réforme protestante.
Farel demande à Calvin de rester à Genève pour l’aider à instaurer l’Église protestante, Calvin
y reste de 1536 à 1538. Puis, s’étant opposé au gouvernement de la ville, il est expulsé avec
Farel.

et s’installe à Strasbourg, ville protestante, où il est pasteur.

À l’appel du réformateur Martin Bucer, Calvin s’établit à Strasbourg, c’est là qu’il se marie,
en 1540, avec Idelette de Bure, une jeune veuve. Il y exerce les fonctions de pasteur et de
professeur de 1538 à 1541.

En 1540, vingt-cinq ans après Luther, Calvin rédige son Commentaire de l’Épître aux
Romains.

88
D Fabienne Manière.Herodote.net. Le Media de l’Histoire du 22-Octobre 2022 : dans la nuit du 18 octobre
1534, des protestants français placardent des proclamations contre la messe en différents lieux du pays et
jusque sur la porte de la chambre de François Ier, à Amboise.
C'est la première manifestation d'hostilité entre protestants et catholiques en France. Elle mènera vingt-cinq
ans plus tard aux guerres de religion.
77

En 1541, il fait paraître son Petit traité de la Cène. La même année paraît la première édition
en français de l’Institution Chrétienne.

Calvin reviendra à Genève en septembre 1541, pensant ne rester que six mois. Il y reste vingt-
trois ans, jusqu’à la fin de sa vie.

Dès les six premiers mois, trois textes de Calvin structurent l’Église : Les ordonnances
ecclésiastiques, Le catéchisme, La forme des prières c’est-à-dire la liturgie.

Il fait adopter, pendant le culte, le chant des psaumes.

Genève est attaché au nom de Calvin.

En 1559, où il obtient le statut de bourgeois de la ville. À son retour à Genève, Calvin reprend
la prédication. Il prêche deux sermons par dimanche et il prêche quotidiennement une
semaine sur deux.

Les écrits de Calvin en français sont très nombreux : commentaires bibliques, ouvrages de
théologies, lettres, etc. C’est un des écrivains français les plus féconds du XVIe siècle.

Calvin et la France

Calvin exhorte ses compatriotes à fuir vers des pays passés à la Réforme. Ils arrivent
massivement à Genève et la population de Genève double entre 1545 et 1560. Ils apportent à
Calvin un soutien non négligeable.

À partir de 1555, de nombreuses communautés se sont constituées en France, Calvin les


appelle des Églises plantées. Il les encourage en leur envoyant des pasteurs formés à
l’Académie de Genève dirigée par le Français Théodore de Bèze

Pour le premier synode de Paris en 1559, il leur envoie un projet de confession de foi et de
discipline. Par la suite il leur envoie de nombreuses lettres pastorales.

De santé fragile, ce travail intense et soutenu l’épuise. Il meurt le 27 mai 1564 à l’âge de
cinquante-cinq ans. Théodore de Bèze continue son œuvre.
78

Martin Luther et la Mission

Le réformateur allemand avait-il une politique, un programme de vision missionnaire ? La


réponse à une telle n’est pas aisée et les avis partagés. D’un côté, ceux ou celles qui
répondront tout de suite par l’affirmative et de l’autre côté ceux ou celles qui émettront
toujours des réserves.

Nous nous appuierons sur une récente publication faite à l’occasion du 500e anniversaire du
Réformateur Allemand : « Martin Luther and Evangelical Mission : Father or Failure ? »89
par 90Thorsten Prill.

C’est une question qui est posée : MARTIN LUTHER ET LA MISSION ÉVANGÉLIQUE :
PÈRE OU ÉCHEC ?

Il fait déjà remarquer en introduction que les critiques de Luther semblent ignorer le fait que
Wittenberg, dans lequel le réformateur a vécu, étudié et enseigné, a servi de plaque tournante
d'une immense entreprise missionnaire. Wittenberg, a été par suite le centre de formation de
plusieurs prédicateurs, évangélistes et autres Missionnaires… c’est encore à Wittenberg que la
Bible a été mise à la portée de tous parce qu’elle y été traduite.

2017 marquait le 500e anniversaire de la Réforme de Martin Luther. Et beaucoup de


missiologues et historiens de l'Église en ont profité pour soutenir que Luther n'était pas
intéressé par la mission et, en fait, a ignoré le mandat de mission que le Christ avait donné à
son Église.

Pour les défenseurs de Luther sur la question, c’est simplement parce que ces derniers
manquent à la fois de se pencher sur l’influence de Luther sur le travail missionnaire pratique
et ses contributions missiologiques.

Que disent les détracteurs de Martin Luther et les autres réformateurs sur la question ?
L'historien américain William R. Hogg, dans son livre Ecumenical Foundations91, soutient
qu'au sein de l'Occident l'intérêt du christianisme protestant pour le travail missionnaire s'est
développé très lentement.

89
Thorsten Prill : Martin Luther and Evangelical Mission : Father or Failure Foundations: An International
Journal of Evangelical Theology. No 73 AUTUMN 2017
90
Thorsten Prill est le vice-principal & le Doyen Academic Dean, de Edinburgh Bible College
91
W.R. Hogg, Ecumenical Foundations: A History of the International Missionary Council and its Nineteenth-
century Background (Eugene: Wipf & Stock, 2002), 1-2
79

Le point de vue de Hogg est partagé par Stephen Neill92 qui a servi comme Dans son livre A
History of Christian Missions93, Neill soutient que « dans le monde protestant, pendant la
période de la Réforme, il y avait peu de temps pour penser aux missions ».

Dans ces critiques des Réformateurs il y a érudit évangélique Herbert Kane 94. Selon lui « les
forces spirituelles libérées par la Réforme devaient naturellement inciter les églises
protestantes d'Europe à porter l'évangile jusqu'aux extrémités de la terre pendant la période
d'exploration du monde et de colonisation qui a commencé vers 1500 »95.

Il ajoute que pendant cette même période l'Église catholique romaine entre 1500 et 1700 a
gagné plus de convertis dans le monde païen qu'il n’en a perdu face au protestantisme en
Europe.

Ils sont encore nombreux, ceux qui ont suggéré que Luther et les réformateurs ont refusé de
considérer la mission comme un sujet théologique à part entière et montraient donc une
remarquable indifférence à la tâche missionnaire de l'Église.

Dans «  What in the World Is God Doing ?», C. Gordon Olson96 parle de la « Grande
Omission » dont Luther et ses compagnons réformateurs se sont rendus coupables.

La raison de leur échec, croit Olson, était d'ordre spirituel. La Réforme qu'ils avaient
commencée manquaient de profondes racines spirituelles.

Olson poursuit en expliquant ce qu'il veut dire par là : La Réforme n'a pas été un grand réveil
au cours duquel des dizaines de millions de personnes sont nées de nouveau.

Les critiques des Réformateurs font remarquer l’absence non seulement de l'action
missionnaire, mais même de l'idée de mission, au sens où nous les entendons aujourd'hui.

La question qu'il faut se poser est de savoir si une telle critique sur Luther est justifiée. Luther
était-il vraiment indifférent à la mission ? Y a-t-il vraiment un manque de l'accent mis sur la
mission dans sa théologie ?

92
Stephen Neill a été Professeur de missions et de théologie œcuménique à l'Université allemande de
Hambourg.
93
S. Neill, A History of Christian Missions (Harmondsworth: Penguin Books, 1973), 220.
94
Herbert Kane a enseigné à la Trinity Evangelical Divinity School
95
J.H. Kane, A Concise History of the Christian World Mission (Grand Rapids: Baker Book
House, 1982), 73.
96
C.G. Olson, what in the World Is God Doing? (Cedar Knolls: Global Gospel, 1998), 120
80

Quelle est la définition du terme « Mission » chez les détracteurs de Luther ? La Mission,
selon Warneck et Olson, se définit comme « l'envoi régulier de messagers de l'Evangile aux
nations non chrétiennes, en vue de les christianiser » ou encore, « toute la tâche, l'effort et le
programme de l'Église de Jésus-Christ pour atteindre à travers les frontières géographiques
et/ou culturelles en envoyant des missionnaires pour évangéliser les personnes qui n’ont
jamais entendu ou qui ont peu d'occasions d'entendre l'évangile salvateur »

Jean CALVIN et la Mission

Tout comme son prédécesseur, Jean Calvin ne va pas échapper aux critiques et autres
détracteurs.

« Ce n’est pas « outre-mer », mais à Genève son pays d’accueil, et en France son pays natal,
que Calvin développe entre 1555 et 1564, les grandes lignes d’une théologie missionnaire
pour l’Europe toute entière »97.

L’on est tenté de se demander si la théologie de Calvin ne l’a pas éloigné des réalités
missionnaires.

Dans ce sens, Jean-Berthoud98 ne dit pas le contraire : « Une affirmation courante …que les
doctrines développées par jean Calvin sur la souveraineté divine, la dépravation de l’homme
et la prédestination ne peuvent qu’étouffer, chez ceux qui les adoptent, tout vrai zèle pour la
proclamation de l’évangile et pour cet accroissement du Royaume de Dieu que nous appelons
évangélisation »

BUCKER se l’explique sous l’angle de l’eschatologie et de la restauration : « Pour Jean


Calvin comme pour Luther, le mandat d’annoncer l’évangile sur toute la terre a été donné aux
apôtres pour établir la foi suite à la mort et à la résurrection de Jésus. Théologiquement, ce
mandat a donc été accompli par eux. Calvin reconnait que Dieu peut donner à certains l’office
« extraordinaire » d’apôtre, mais ce sont des cas rares et ne constituent pas un mandat pour
l’église entière »99.

97
Andrew BLUCKER, Jean Calvin et la mission de l’Eglise. Lyon Olivetan. 2008 p11
98
Jean-Berthoud, Calvin et la France, Genève et le développement de la Réforme au XVIe siècle. Lausanne l’Age
d’homme, 1999, p7
99
Andrew BLUCKER, Jean Calvin et la mission de l’Eglise. Lyon Olivetan. 2008 Page 26
81

A entendre ou lire les critiques des détracteurs de Luther, l’on est tenté de se demander si les
Réformateurs ne peuvent pas bénéficier de circonstances atténuantes ? Nous ne pouvons
occulter la Mission au Brésil.

La Mission au Brésil

Le Brésil fut la seule véritable entreprise missionnaire vers une terre qui n’avait aucune
connaissance ni de l’évangile ni de l’Eglise. Et Calvin s’est impliqué dans cette mission.

Cette mission fait suite aux lettres de l’Amiral Nicolas Villegagnon, « demandant de l’aide
pour l’établissement de la nouvelle colonie au Brésil, dans le but de faire avancer le Règne du
Christ »100. L’expédition eut lieu dans l’actuelle baie de Rio de Janeiro.

Suite donc à l’appel du chevalier Villegagnon, le Pasteur Jean de Léry avec douze autres «
Genevois », des ministres protestants furent envoyés au Brésil par Jean Calvin en personne en
1557.

Cette mission ne dura que trois ans. La colonie fut entraînée dans de folles polémiques
théologiques. La discorde éclata à la Pentecôte : Villegagnon rompit avec les calvinistes à
l’issue d’un débat sur l’eucharistie. Le chevalier défendit fermement le dogme alors que les
réformés rejetèrent « ce méchant hérétique ».

Les objectifs de l’opération étaient multiples, entre autres, instaurer dans le nouveau monde
une communauté refuge pour les protestants. Mais tout se solda par l’échec. La déconvenue
fut cruelle. Pour échapper à la cruauté de Villegagnon, les protestants trouvèrent asile chez les
Indiens, une tribu sauvage brésilienne.

Rentrés en France en 1558, non sans peine, les Protestants relatèrent aussitôt les cruautés
infligées aux indigènes et aux colons.

100
Andrew BLUCKER, Jean Calvin et la mission de l’Eglise. Lyon Olivetan. 2008 Page 39
82

Alain Joblin101 dans son livre L'idée de mission chez les protestants (XVIe siècle-début XXe
siècle), semble avoir bien résumé la position des Réformateurs par rapport à la Mission : «
Luther expliquant par ailleurs dans les propos de table que la seule puissance de la « Parole de
Dieu » devait suffire à faire naitre de nouvelles Eglises chez les païens. Un débat portant sur
l’opportunité d’organiser des missions au lointain s’ouvrit cependant à cette époque.

Zwingli fut le premier à poser la question du « salut » des païens. Calvin insista pour sa part
sur la nécessité de diffuser l’Evangile mais écartant l’idée de créer un ministère
spécifiquement consacré aux missions lointaines : seule l’évangélisation de populations mal
christianisées lui importait. Théodore de Bèze fut encore plus réservé sur cette question des
missions au loin. En s’appuyant sur l’Epitre de Paul aux Romains 10/18, il expliqua que la
parole de Dieu avait été portée aux quatre coins du monde par l’Eglise primitive et tant pis si
des peuples ainsi éduqués laissèrent s’étioler le Message. C’était la preuve qu’ils n’étaient pas
parmi les « élus » … »

Les critiques semblent ignorer le fait qu'il existe plusieurs raisons valables selon lesquelles
Luther et les réformateurs protestants n'étaient pas plus concentrés sur le monde mission. Les
circonstances Historiques, par exemple, peuvent plaider en leur faveur.

Circonstances historiques

Nous nous appuierons ici sur la Conférence102 récente du Professeur missiologue Jean
François ZORN, publiée par « Esprit de liberté103 » du pasteur James Woody pour expliquer
cette abstention missionnaire des réformateurs.

On peine à trouver dans la littérature missionnaire des références aux réformateurs

Entre le 16e et la moitié du 17e siècle, il n’y a pas eu de Mission Protestante


Pourquoi cette abstention des premiers protestants sur le champ missionnaire alors que les
missionnaires catholiques se multipliaient à l’Est, à l’ouest de l’Europe sous l’impulsion
conjointe des congrégations missionnaires et de la papauté ?

Les réformateurs n’ont pas fondé d’organisations missionnaires pour l’extérieur même pour
l’intérieur analogue aux ordres et aux congrégations qui existaient alors dans l’église.

101
Joblin Alain. L'idée de mission chez les protestants (XVIe siècle-début XXe siècle). In: Outre-mers, tome 92,
n°348-349, 2e semestre 2005. La loi de 1905 et les colonies, sous la direction de Jean-Marc Regnault. pp. 203-
220
102
Jean-François Zorn : La réforme protestante était-elle ouverte au monde ? Esprit et liberté. Avril 2017
103
« Esprit de liberté » est le blog de James Woody, pasteur de l'Eglise protestante unie de Montpellier. Des
articles, prédications et études bibliques alimentent son blog.
83

A cette époque du 16e siècle, l’évangélisation du monde reposait sur une alliance, une
alliance de la papauté et des gouvernements catholiques, très catholiques, espagnols et
portugais.

Luther avec sa doctrine des deux règnes séparant le domaine temporel de l’Etat, du domaine
spirituel de l’église et Calvin avec sa dénonciation constante de l’alliance des évêques et des
princes, les deux réformateurs n’étaient pas en mesure de lancer un mouvement missionnaire
outre-mer sur les bases institutionnelles et politiques de l’église.

1. La priorité n’est pas de porter l’évangile loin mais de réformer l’église en Europe.
Pour ceux-ci, la première cible puisée dans la parole de Dieu c’était la réformation de l’église
elle-même. Les réformateurs ne suivent pas la théologie de l’église catholique dans son
évolution, vers la Mission de l’église, vers la Mission des prêtres, vers la Mission des
missionnaires. Oui c’est l’église selon les réformateurs qui doit être elle-même réformée. Et si
Mission il y avait elle devait être inspirée par une réformation.

2. La connotation conquérante de la Mission de l’église catholique heurtait la théologie


tant de Luther que de Calvin,

3. Chez Calvin on trouve exprimer autrement la…que c’est Dieu et Dieu seul qui conduit
son action et non l’homme.

Et Calvin conclut de ce récit que c’est Dieu lui-même qui donne les occasions pour entrer
dans un pays, où dans un milieu pour s’y introduire et introduire le Christ. C’est Dieu encore
qui ferme les portes.

C’est ce que les Missiologues, Ecclésiologues, Historiens appelleront l’occasionnalisme


missiologique de Calvin. Cette attitude, cette attitude d’occasionnalisme missionnaire ne
produit ni stratégie, ni organisation missionnaire.

4. Les réformateurs ne se trouvaient pas dans une situation politique analogue à celle de
la papauté. Il faut dire que les réformateurs ne se trouvaient pas dans la même situation
internationale analogue à celle de la papauté.

Malgré cette conception très théocentrique de l’action apostolique des réformateurs, il faut
rappeler que les réformateurs ne se trouvaient pas dans la même situation internationale
analogue à celle de la papauté qu’ils critiquaient et combattaient.
84

En effet aucun des gouvernements ralliés à la Réforme à l’époque de Luther et Calvin, des
générations plus tard, aucun de ces souverains n’a de responsabilité dans les pays lointains
contrairement aux souverains catholiques, souverains portugais, espagnols.

Les seules expériences étaient celles conduites par les chefs de partis protestants au Brésil en
1557, et en Floride en 1564. Ces actions des protestants n’étaient en fait que des refuges dans
le nouveau monde pour les protestants persécutés.

Conclusion

En 2017, à l’occasion du cinq centièmes anniversaires de la Reforme de Luther, certains


parlaient en termes de symphonie inachevée et d’autres ont déclaré l’échec de la Reforme.
Pourtant la plupart des Eglises ou organisations d’églises, tout en critiquant la Réforme,
miment en même temps l’attitude des Réformateurs d’autrefois. Elles ne sont plus présentes
sur les terres de mission, mais elles se concentrent plutôt sur la consolidation de leurs acquis.

Martin Luther, Jean Calvin et tous les autres réformateurs n’ont certainement pas abordé leurs
ministères sous l’angle missionnaire avec des bateaux sur les mers. Ils ne se sont visiblement
pas souciés des territoires lointains…les extrémités de la terre. Sans toutefois les dédouaner,
ils ont du mérite. Ils ont affronté la grande Rome pour lui arracher des mains, la Réforme, le
Protestantisme, la Bible traduite, le sacerdoce universel…ils tout simplement été des
précurseurs pour préparer le terrain pour d’autres qui viendront beaucoup plus tard…Jonathan
Edwards, Georges Whitefield, John Wesley, Joseph William Seymour pour emprunter les
chemins, la mer...pour ranimer le flambeau de l’évangélisation et de la mission.

Chapitre III : Les Réveils religieux du XVIIIe siècle et la Mission

Introduction

Qu’est-ce qu’un réveil ? C’est, selon le dictionnaire Larousse, le fait de se réveiller, de passer
du sommeil à l'état de veille. Il a pour synonymes : regain, renaissance, renouveau, retour,
résurrection, revivification, reviviscence.
85

Jean-Louis KLEIN104 dit que le réveil « désigne des mouvements qui, à partir du XVIII e
siècle, dans certaines confessions protestantes, notamment des pays anglo-saxons, suscitent en
peu de temps des conversions subites et souvent collectives, un regain de vie religieuse,
l'apparition de nouvelles communautés et d'œuvres diverses. Bien que de tels renouvellements
puissent se produire dans toutes les religions, le phénomène « revivaliste » est surtout une
caractéristique des Églises et sectes issues de la Réforme ».

Le Réveil est rattaché aux XVIIIe et XIXe siècles. L’encyclopédie catholique 105 « THÉO »
l’affirme : « Le Réveil religieux est une expression des XVIIIe et XIXe siècles et qu’elle est
étroitement liée au protestantisme. C’est ce que confirme ‘’THEO’’ en déclarant que ce sont
de grands sursauts spirituels réagissant contre la sécheresse dogmatique ou le conformisme
d’Eglises protestantes d’Europe et d’Amérique aux XVIIIe et XIXe siècles ».

Le Réveil religieux désigne donc, un renouveau ou un sursaut spirituel. Il rejette le


conformisme, le formalisme religieux. ; Il revendique l’orthodoxie chrétienne : un retour au
christianisme primitif, caractérisé par une religion biblique, spirituelle et missionnaire.

Les témoignages de ces mouvements religieux sont éloquents : « beaucoup se sont


effectivement traduits par l’authentique conversion d’un grand nombre de chrétiens retrouvant
la fraîcheur de l’Eglise décrite dans les Actes des Apôtres »106.

Au sens large, le Réveil religieux peut se définir comme un mouvement pouvant stimuler le
retour à l’obéissance envers Dieu, après un moment de déclin dans la piété. Il implique une
conviction de péché et une repentance nouvelle suivies d’un désir intense de vivre dans
l’obéissance à Dieu.
Vu sous cet angle, la mission de Moïse, des prophètes et le ministère de Jésus Christ sont des
actes concrets de réveil : leur objectif principal était de réconcilier Israël à Yahvé, le monde à
Dieu.
Cette logique fut respectée par le message de l ‘Eglise primitive :
« Repentez-vous… » (Ac 2 : 38).
Toujours, vu sous cet angle la Pentecôte à Jérusalem fut un réveil inégalé et référentiel.

104
(Jean-Louis KLEIN, « RÉVEILS, religion », Encyclopædia Universalis : https://www.universalis.fr/encyclopedie/reveils-
religion/)
105
THEO : Encyclopédie Catholique pour tous Paris, Droguet-Ardent Fayard, 1992, p 158
106
THEO : Encyclopédie Catholique pour tous Paris, Droguet-Ardent Fayard Ibid, p 751 ; THEO, Ibid, p 752
86

L’histoire de l’Eglise est jalonnée de mouvements de réveils avec des formes diverses :
certains se sont transformés en des ordres monastiques : Cluny (Xe siècles), la réforme
grégorienne (XIe siècles), la réforme franciscaine (XIIIe siècles). D’autres ont tout
simplement été étouffés : les Vaudois, les Albigeois.

Le XVIe siècle est marqué par le mouvement initié par Martin Luther, la Réforme ou la
naissance du Protestantisme : « Un mouvement qui a rejeté l’autorité papale de Rome ».
Le Protestantisme a réclamé un retour à l'évangile qui s'opposât aux ajouts de la tradition et à
la hiérarchisation de la société ecclésiastique.

Ces feux de réveils religieux vont aussi connaître le déclin avec l’apparition du siècle des
lumières. C’est dans ce contexte que le Méthodisme marquera la première manifestation du
Réveil protestant à partir de 1739, un souffle nouveau qui s’étendra de l’Angleterre en
Amérique du Nord.

Plusieurs autres réveils eurent lieu sur le nouveau continent : le revivalisme américain ;
d’abord sous la direction du Pasteur réformé Jonathan Edwards (1734-1735), puis au XIXe
siècle, grâce aux ministères des Evangélistes Dwight Moody, R. Torrey, Charles FINNEY.

Ces réveils connurent à leur tour le déclin, ce qui suscita la naissance de plusieurs
groupes du type « Eglises de Sainteté ». Leurs dirigeants accusèrent les Eglises méthodistes
établies de négliger la doctrine de John Wesley sur la sanctification parfaite.
C’est au sein de ces groupes, qu’eut lieu au début du XXe siècle (1906), à Los Angeles, le
grand mouvement religieux sous la conduite du Pasteur Noir William Seymour. Ce
mouvement rencontra un succès phénoménal. Il y eut des effets dégénérés sous la forme
d’exaltation hystérique et de glossolalies. Ce mouvement fut appelé « réveil pentecôtiste ».
(Voir document AZUZA.

Nous présenterons ici ces trois réveils religieux : en Amérique avec Jonathan Edwards et
George Whitefield, en Angleterre avec John Wesley et aux USA avec Joseph William
Seymour.
87

I. Le Réveil religieux du XVIIIe siècle en Amérique

L’état spirituel avant le réveil

Au début des années 1700, la foi de la Nouvelle-Angleterre dans son héritage de la réforme
avait commencé à décliner.

Au cours des décennies précédant le premier et le deuxième réveil, il y avait eu une baisse
constante de la fréquentation de l'église et de l'engagement envers les valeurs chrétiennes dans
tout le pays.
88

Le climat spirituel à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle était loin d'être pieux. Les
idéaux spirituels des pèlerins d'origine avaient été oubliés et "un grave déclin théologique et
moral s'était installé"107.

Un ministre presbytérien dénonçant l'état déplorable de la religion dans les colonies avant la
renaissance, a écrit que la religion était comme mourante et prête à expirer son dernier souffle
de vie dans cette partie de l'Église visible.

Vers le milieu du XVIIIe siècle, un raz-de-marée de ferveur religieuse et de zèle réformateur


déferla sur les colonies américaines. Ce n'est qu'après que la vague fut passée, et que
l'extraordinaire expérience chrétienne eut cédé la place à l'ordinaire, que le réveil devint
connu sous le nom de Grand Réveil.

Comme instruments, Dieu a utilisé des personnes qui aujourd’hui sont devenues des
Personnages emblématiques : EDWARDS Jonathan et Georges Whitefield. Qui sont-ils ?

EDWARDS JONATHAN (1703-1758)108

Jonathan Edwards, fils du révérend Timothy Edwards, est né en 1703 à East Windsor,
Connecticut dans une période de déclin et de décadence pour les puritains. On note à cette
époque « que les affaires du pays étaient davantage dominées par la vie de taverne que par la
vie d'église ».

Le père de Jonathan avait commencé à établir une église dans cette ville et cherchait à
racheter les puritains de leur déclin spirituel et de leur décadence.

107
John F. Thornbury. “Another Look at the First Great Awakening.” RAR 04:3 (Summer 1995), 16.
108
Wainwright, William. "Jonathan Edwards." The Stanford Encyclopedia of Philosophy. Fall 2009 Edition.
Edward N. Zalta ed. http://plato.stanford.edu/archives/fall2009/entries/edwards/ (Accessed April 16, 2012).
89

Le ministère était dans la famille d'Edwards, car son grand-père était le célèbre ministre
Solomon Stoddard.

Edwards, bien que plus intense et poétique que son père, a montré les marques du piétisme
puritain, de la théologie réformée et d'une formation digne de fréquenter Harvard ou Yale.
En 1716 Edwards est parti pour Yale College où il recevrait son B.A. diplôme en 1720.
Edwards resta au Yale College deux ans de plus pour étudier la théologie.
Après un bref pastorat à New York en 1722 et à Bolton, Connecticut en 1723, Edwards
retourna au Yale College en 1724.
Deux ans plus tard, il démissionna de Yale pour accepter un poste avec son grand-père
maternel, Solomon Stoddard, dans son église de North Hampton, Massachusetts.

Edwards a été ordonné au début de 1727 et était marié à Sarah Pierrepont. Malheureusement,
en février 1729, Solomon Stoddard mourut.
Le jeune Jonathan Edwards entreprit alors la tâche ardue de diriger l'une des églises les plus
importantes de la Nouvelle-Angleterre.

Dans les années qui ont suivi, Edwards a continuellement exhorté sa congrégation à s'efforcer
d'atteindre de plus hauts niveaux de vertu chrétienne.
Edwards a passé de nombreuses heures à se pencher sur les détails de ses sermons, mais est
devenu frustré par ses fidèles pour ne pas avoir répondu à ses sermons avec le même zèle qu'il
ressentait envers l'Évangile.

Cherchant à lutter contre la présence croissante de l'arminianisme, Edwards prêcha une série
de sermons à l'hiver 1734-1735 sur la « justification par la foi seule ». Ces sermons
déclenchèrent une expression extraordinaire de ferveur religieuse conduisant à un grand
renouveau dans son église.
Edwards se forgea rapidement la réputation d'être un défenseur des doctrines réformées.

Le Réveil s'est répandu dans les communautés environnantes et lui a valu un respect
important tant au niveau local qu'international. Il est apparu qu'Edwards avait atteint le niveau
d'autorité de son grand-père sans les conflits qui ont secoué le ministère de son père.
90

Sa prédication, dans laquelle il s'opposa aux tendances arminiennes qui furent à l'œuvre dans
son Église, conduisit d'abord au Réveil au sein de sa communauté locale, puis au Grand
Réveil de 1740-1742, auquel prit part aussi George Whitefield.
Il mourut au moment où la présidence de Princeton College (N.J.) lui est confiée.

Whitefield, George 1714-1770109

Pasteur anglican et prédicateur méthodiste, il est né à Gloucester le 16 décembre 1714,


il fut le septième enfant de Thomas et Elizabeth Whitefield. La rougeole de son enfance l'a
défiguré.
Après son passage au Pembroke College d'Oxford il fut présenté au Holy Club par
Charles Wesley.
En 1735, il trouva l'assurance personnelle du salut lors d'un jeûne de carême en lisant
la vie de Dieu dans l'âme de l'homme de Scougal.
Ordonné en 1736, il commença à prêcher à Londres avec un succès presque instantané
et fut fréquenté partout par des congrégations bondées. Il en fut de même lorsqu'il commença
à prêcher à Bristol en janvier 1737.
De retour à Bristol après sa première visite en Amérique, il commença à prêcher à en
plein air en février 1739. Il encouragea John et Charles Wesley à faire de même la même
année.
Le 29 avril 1739, désormais exclu des églises londoniennes qui l'avaient autrefois
accueilli, il prit position dans l'espace ouvert de Lower Moorfields.
L'immense foule qui assistait à ses séances était un signe avant-coureur des vastes
congrégations qui ont afflué à sa prédication en Angleterre, en Écosse et en Amérique pendant
les trente années suivantes.
En 1741, il épousa Mme Elizabeth James, une veuve d'Abergavenny, malgré ses
fiançailles avec Howell Harris.
Contrairement à Edwards, George Whitefield était un prédicateur fougueux et théâtral. Il
n'avait aucun désir d'être un pasteur comme Edwards, mais était connu pour son ministère
itinérant.110

109
John A. VICKERS, A Dictionary of Methodism in Britain and Ireland. Epworth Press. 200 P392
110
Thomas S. Kidd. The Great Awakening: The Roots of Evangelical Christianity in Colonial America. (New
Haven: Yale University Press, 2007), 2019, Light Magazine
91

Surnommé “le grand réveilleur”, le révérend anglais rassemble des foules de plusieurs milliers
de personnes lors de ses prêches en Amérique dans les années 1740.
Whitefield, a brisé les normes des prédicateurs du 17 e siècle. Il était charismatique et
extrêmement passionné dans sa prédication.

« En raison de sa voix forte et claire qui s'entendait à grande distance, il préférait le plus
souvent prêcher en plein air et dans des champs pouvant accueillir les quelques dizaines de
milliers de personnes qui venaient l'entendre prêcher »111.

Whitefield a effectué sept visites en Amérique, a ouvert un orphelinat près de


Savannah et a été témoin de scènes étonnantes de ferveur spirituelle lors de sa prédication de
réveil en Nouvelle-Angleterre. Là, il se lie d'amitié avec Jonathan Edwards, ce qui renforça
considérablement ses convictions calvinistes.
Lorsque Whitefield mourut à Newburyport, Mass., le 30 septembre 1770, John Wesley
prêcha son sermon funéraire dans son Tottenham Court Road Tabernacle, à Londres.

Whitefield était un chrétien humble et sincère, totalement dévoué à son Seigneur et à


sa vocation. Évangéliste flamboyant avec une passion inextinguible pour amener les hommes
et les femmes au Christ, il possédait des dons extraordinaires de puissance oratoire.
Tout au long de sa vie, c'était lui, plutôt que les Wesley, qui était l'archétype du
méthodiste dans l'esprit du public, et c'était lui, plutôt que les Wesley, qui était la cible
principale des satiristes et des critiques du méthodisme du XVIIIe siècle.

Thomas Kidd, historien estimé du Premier Grand Réveil soutient qu’« un lien entre ces deux
mouvements (le Premier Grand Réveil et le deuxième) reste insaisissable112.

Le début du Réveil

Le Grand Réveil a balayé les jeunes colonies avec les feux de la ferveur évangélique. Le
renouveau ébranla les fondements mêmes de la société coloniale. Dans son sillage, une
renaissance de la philosophie et de la théologie réformées a planté les graines de l'autonomie
gouvernementale et de l'autonomie politique dans le sol fertile des Amériques.
111
Dr Ed Hird The Great Awakening 2019, Light Magazine
112
Thomas S. Kidd, Le Grand Réveil : les racines du christianisme évangélique dans l’Amérique coloniale, New
Haven, CT : Yale University Press, p.288 (2007)
92

En 1776, cette graine s'était épanouie en un mouvement révolutionnaire dynamique qui


remettait en question le tissu même de la société de l'Ancien Monde

Ces pasteurs prêchaient devant des foules de plus en plus importantes, que ce soit dans des
églises où ils sont invités mais aussi dans les campagnes. Le mouvement se répandit comme
une traînée de poudre ; rapidement, les pasteurs en poste se mirent eux aussi à prêcher le
réveil, à dénoncer l’apathie spirituelle au sein de leur congrégation.

Ils touchaient d’abord la Nouvelle-Angleterre de 1735 à 1745, puis les provinces de New
York, du New Jersey et de Pennsylvanie dans les années 1740, avant de gagner les colonies
du Sud dans les décennies qui suivent.

Les fruits du premier Réveil

S’il prend sa source en Europe, le premier Grand Réveil eu un retentissement considérable


dans l’Amérique britannique.
Les colonies britanniques, sont alors “balayées par un tsunami de ferveur religieuse”.

Les réveils sont un élément constitutif de l’histoire religieuse de l’Amérique puis des États-
Unis, dont les effets se font encore sentir aujourd’hui. “Puissance et enthousiasme sont les
mots-clés de la notion de réveil.

La théologie du Premier Grand Réveil a eu un impact direct sur la guerre d’indépendance


américaine.

Les Réveils ont réformé la théologie.

La conversion personnelle : le chrétien converti fait, à une date et un endroit donné –


dont il se souviendra toujours - une expérience spirituelle qui transforme sa vie.
• La joie et l’enthousiasme : les chants, danses parfois, parfois des phénomènes
de transes
• La Bible seule : un retour sur l’un des points forts de la Reforme : la référence
à la Bible et l’activité importante de diffusion, d’évangélisation, d’étude et de lecture soutenue
par les sociétés bibliques, est une des principales caractéristiques.
93

• Le salut et le rachat des pécheurs par le sacrifice du Christ sur la croix : une
grande importance est accordée à la repentance et la régénération personnelle individuelle, en
insistant sur l'expérience du péché et de la régénération.
• La "grâce de l'unité" : l’accent est mis sur la communion fraternelle : le réveil
est communiqué aux autres familles chrétiennes.
• Une action concrète pour les plus défavorisés : les réveils ont une action
sociale importante dans les domaines de l'éducation, la santé, la pauvreté.

Les réveils sont à l'origine de la création de nombreuses œuvres missionnaires.

Thomas Kidd, historien estimé du Premier Grand Réveil soutient qu’« un lien entre ces deux
mouvements (le Premier Grand Réveil et le Révolution) reste insaisissable113.

Dans la revue114 « Cahiers d’études du religieux. Recherches interdisciplinaires », le


Professeur Yves Krumenacker115 dresse un bilan comparatif entre les missions Protestantes et
les missions Catholiques

Si, au début du XVIIIe siècle, les missions catholiques ont paru faire preuve de plus de
dynamisme que les missions protestantes, tel n’est pas le cas, en revanche à la fin du même
siècle qui présente aux yeux de l’observateur une situation inverse.

Le protestantisme semble commencer à être touché par le désir missionnaire. L’état des lieux
des missions effectuées au XVIIIe siècle

L’essor des missions protestantes au XVIIIe siècle

Les principaux lieux de mission viennent d’être énumérés. On peut revenir brièvement sur
chacun d’entre eux, pour mieux les définir.

113
Thomas S. Kidd, Le Grand Réveil : les racines du christianisme évangélique dans l’Amérique coloniale, New
Haven, CT : Yale University Press, p.288 (2007)
114
Yves Krumenacker, « Le XVIIIe siècle : éveil protestant et déclin catholique ? », Cahiers d’études du religieux.
Recherches interdisciplinaires. 2008/http://journals.openedition.org/cerri/242 ; DOI :
https://doi.org/10.4000/cerri.242
115
Yves Krumenacker est Professeur d’Histoire moderne, Université Jean Moulin Lyon 3, Équipe RESEA, UMR
5190 LARHRA
94

La terre de mission qui fut défrichée au XVIIIe, siècle sans doute la plus surprenante fut le
Groenland. Le premier baptême a lieu en 1724. À la mission luthérienne s’est ajoutée une
mission morave qui y débarqua en 1733.

L’Amérique fut un champ de mission bien plus important. Des Moraves purent néanmoins
s’établir au Surinam (1742).
Aux Antilles, la première place fut également prise par les Moraves qui y débarquèrent en
décembre 1732. Les Moraves pénétrèrent aux Antilles anglaises à partir de 1755. Ils étaient en
Jamaïque et dans les îles voisines.

En Jamaïque, en 1769 sept mille quatre cents personnes furent baptisées.


À la Barbade, des frères arrivèrent en 1765
À Tobago, la mission commença en 1790.

Dans ces îles, l’événement décisif fut en réalité la venue en Jamaïque, en 1783, de George
Liele (1750-1828), un esclave noir de Virginie baptisé dix ans auparavant par un pasteur
baptiste ; ce fut le début, aux Antilles, de l’évangélisation des Noirs par les Noirs. D’autres
églises noires furent fondées par des missionnaires méthodistes.

L’Amérique du Nord fut la seule région où il y a vraiment eu des missions protestantes au


XVIIe siècle, grâce à John Eliot. La Society for the Propagation of the Gospel in Foreign
Parts (SPG), fondée en 1701, envoya trois cents missionnaires en 75 ans dans les treize
colonies américaines, auprès des Amérindiens comme auprès des esclaves noirs.

Jonathan Edwards (1703-1758), le principal artisan du Grand Réveil, eut une activité
importante auprès des Indiens Housatonic.
On trouve également des missionnaires méthodistes : Richard Boardman et Joseph Pilmoor
furent missionnaires en Amérique du Nord à partir de 1769 à l’initiative de John Wesley. Ils
furent rejoints par Francis Asbury (1745-1816) qui devint le véritable chef des missions
méthodistes.
En 1784, arriva Thomas Coke (1747-1814), qui fonda la Mission méthodiste des Indes
Occidentales, à l’origine de l’African Methodist Episcopal Church (1787) et de l’African
Methodist Episcopal Zion Church (1796).
95

Les baptistes furent également actifs, et fondèrent la première église noire à Bluestone River
(1758).
George Liele fonda des communautés baptistes noires en Caroline du Sud (1773) et à
Savannah (1777.
Les Moraves s’installèrent en Pennsylvanie en milieu Indien en 1734.
Le premier missionnaire arriva à New York en 1740. Zinzendorf lui- même fit une tournée
chez les Schawanoses (1742-1744).
Le principal acteur des missions moraves, à partir de 1749, est David Zeisberger (1721-1808),
qui vécut parmi les Indiens Mohawks, Iroquois et Delaware.

Les tentatives missionnaires furent également rares en Afrique. Georg Schmid (1709-1785)
arriva au Cap en juillet 1737.
Sur la Côte de l’Or (Ghana), Thomas Thompson, prêcha auprès des indigènes de 1751 à 1756.
En Guinée, la mission fut surtout le fait des Moraves, En 1737, Protten et un Morave,
Heinrich Huckoff, débarquent à Al-Mina.

La mission protestante la plus célèbre du XVIIIe siècle est celle de Tranquebar, comptoir
danois en Inde. Deux piétistes débarquèrent en mai 1706.
Un premier pasteur tamoul fut ordonné en 1733. On compta jusqu’à cinquante-six
missionnaires royaux danois. En 1800, la mission enregistrait vingt mille convertis.

L’ère moderne des missions protestantes en Inde débuta avec l’arrivée, en 1793, du baptiste
anglais William Carey.
Il proclama la nécessité du devoir missionnaire. Son exemple suscita la naissance de
nombreuses sociétés missionnaires.

En Indonésie, on recensa quarante-trois mille sept cent quarante-huit (43748) baptêmes


d’indigènes de 1708 à 1771
À ce vaste tour d’horizon des missions protestantes, on peut ajouter quelques autres
entreprises des frères moraves, à Alger (1740), en Perse (1747-1750), en Égypte (1752-1783).
96

II : Le Réveil Méthodiste et La Mission

Une Angleterre corrompue

Ce renouveau spirituel a bouleversé la vie de tout un peuple à tel point qu’on a pu dire que
Wesley a sauvé l’Angleterre d’une véritable faillite spirituelle et morale !

Paul Ranc116 fait remarquer qu’au début du l8e siècle, le Royaume d’Angleterre vit des
moments effroyables. La corruption et la dégradation des mœurs ont atteints des sommets
inimaginables et la spiritualité est quasi nulle.

Le clergé de l'Église anglicane se montrait assez souvent apathique et mondain ; il formait la


clientèle d'évêques dont la nomination comportait presque toujours une composante politique.
En maintenant l'Eglise anglicane dans une situation d'absolue dépendance à l'égard de l'Etat,
elles l'empêchèrent de conquérir la puissance religieuse qui lui avait manqué à l'origine. Et, en
faisant du puritanisme un parti politique, elles tarirent presque en lui cette sève spirituelle qui
l'avait distingué à ses débuts.

Paul Ranc donne les raisons de cette déchéance spirituelle : « l’Eglise anglicane a été
emportée par la vague de fond du déisme lequel croit certes à l’existence de Dieu, mais il
n’interviendrait plus dans les affaires des hommes. Et aussi à la raison humaine qui
s’émancipe et devient autonome par rapport à Dieu et à sa Parole ».

L'ivrognerie faisait des ravages effrayants dans les basses classes. "Le gin avait été inventé en
1684, et un demi-siècle après, l'Angleterre en consommait sept millions de gallons.

116
Par Paul Ranc. Wesley, l’homme qui sauva l’Angleterre : Grâce, Histoire Publié dans Promesses n° 103,
Janvier-mars 1993
97

Les marchands, sur leurs enseignes, invitaient les gens à venir s'enivrer pour 2 sous ; pour 4
sous, on avait de quoi tomber ivre mort.
L’âge nouveau apportait avec lui des bouleversements dans la vie publique. Si une minorité
profitait largement de ce développement, les classes laborieuses vivaient dans la misère.

Claude Jean BERTRAND117 dit que : « plus de 80% des Anglais appartiennent aux classes
subalternes : artisans et petits commerçants, fermiers et métayers, domestiques, ouvriers et
mineurs et puis ceux qu’on appelle les « pauvres… ».
On ne pouvait traverser les rues de Londres sans rencontrer des misérables, inertes,
insensibles, gisant sur le pavé, et que la charité des passants pouvait seule empêcher d'être
étouffés dans la boue ou écrasés sous les voitures. Une maison sur six, dans Londres, servait
de cabaret en 1736.

Comme un coup de semonce au Christianisme Voltaire pouvait dire : « On est si tiède en


Angleterre qu'il n'y a plus guère de fortune à faire pour une religion nouvelle ou
renouvelée »118 

C’est dans ce contexte hostile à la foi Chrétienne que naquit le Réveil Méthodiste. Il a été
lancé au XVIIIe siècle par le prédicateur anglais George Whitefield, mais c'est John Wesley
qui fut l'organisateur du méthodisme.

Qui est John Wesley119 ?

L’enfance de Wesley

John Wesley est né en 1703 dans une famille pastorale anglicane. Il était le quinzième des
dix-neuf enfants de Samuel et Suzanne Wesley. Son enfance fut marquée à jamais par l’amour
et l’abnégation de sa mère. Son éducation classique à la Charterhouse de Londres (1713-
1720) s'appuya sur les fondations que sa mère avait posées et le prépara à ses années à Christ
Church, Oxford (1720-1724).

117
Claude Jean BERTRAND : Le Méthodisme Paris, Librairie Armand Colin 1971, p 15
118
Jean BAUBÉROT, « MÉTHODISME », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 1 février 2023. URL:
https://www.universalis.fr/encyclopedie/methodisme/
119
John A. Vickers. A Dictionary Of Methodsim in Britain an Ireland. Page 379
98

Cette femme admirable, fille de pasteur se consacra tout entière à l’éducation de ses enfants.
A l’âge de cinq ans, chaque enfant devait apprendre l’alphabet. Une fois l’alphabet appris, et
dès le lendemain, l’enfant apprenait à lire la Bible ! Chaque semaine, Suzanne Wesley avait
un entretien spirituel avec chacun des enfants.

L'influence d'un "ami religieux" et sa lecture de Thomas à Kempis et Jeremy Taylor, ainsi que
la perspective d'entrer dans les ordres sacrés, amènent John Wesley en 1725 à devenir plus
sérieux dans sa vie religieuse et dans le cadre de son autodiscipline. Il a commencé à tenir un
journal dans lequel il a tracé sa santé spirituelle.

Étudiant

Après des contacts avec des ouvrages de piété, il décida en 1725 de réformer sa vie. La même
année, il fut ordonné diacre de l’Eglise anglicane. En 1726, il faisait déjà partie du corps
enseignant. Lorsque le père Samuel, malade et avancé en âge eut besoin d’un vicaire, ce fut
John qui le seconda pendant quatorze mois (1727-1729). Il fut entre temps ordonné pasteur en
Septembre 1728. Son frère Charles rentra à Oxford (1726), où il fonda un club religieux :
‘’Holy club’’. Dès son retour à Oxford, John s’unit à eux. Plus âgé et expérimenté, il devint le
chef du club. Outre la prière et l’étude de la Bible, les membres de ‘’Holy club’’ rendaient des
services aux paroisses, visitant les malades, les prisonniers, les pauvres.

Ils reçurent par la suite le sobriquet de « Méthodistes », parce qu’ils avaient d’abord conçu la
rénovation religieuse sous forme d’exercices religieux à heure et à forme fixes : un
programme méthodique et rigoureux.

Il retourna à Oxford en 1729 pour trouver son frère Charles impliqué avec d'autres étudiants
enclins à la religion dans les activités de ce qui devint connu sous le nom de « Holy Club » et,
par ancienneté et capacité naturelle, en devint le chef.

Il a été influencé à cette époque par les écrits de William Law, en particulier son œuvre
Christian Perfection (1726) et Serious Call (1729).
99

Cela l’a éloigné de plus en plus des poursuites et des plaisirs "mondains". Il a ainsi commencé
dans son propre esprit et dans ses prédications à faire la distinction entre la simple religion «
formelle » et la dévotion sans réserve à Dieu.
Mais sa propre relation avec Dieu était, comme il le dirait plus tard, toujours celle d'un
serviteur plutôt que d'un fils.

La Géorgie

L’expédition Missionnaire aux Etats-Unis

Après le décès de leur père, les frères Wesley s’embarquaient pour le sud des Etats-Unis, sous
le patronage de la « « Société pour la Propagation de l’Evangile’’.
Dès leur arrivée, les deux frères missionnaires travaillèrent avec courage et détermination
mais sans grand succès. Matthieu LELIEVRE résume ce ministère en ces termes, « ainsi se
terminait par un échec humiliant, cette campane missionnaire entreprise sous de si favorables
auspices ».

Bien qu'il ait trouvé des raisons de refuser un plaidoyer pour qu'il quitte Oxford en faveur des
habitants du Lincolnshire, peu de temps après la mort de son père en 1735, il accepta de sortir
avec James Oglethorpe dans la nouvelle colonie de Géorgie en tant que missionnaire
volontaire pour évangéliser les Indiens.

Wesley est allé en Géorgie en tant que membre de la High Church, déterminé à restaurer le
christianisme primitif dans un environnement primitif.
Il connut un certain succès avec une augmentation de la fréquentation des services de l'Église
et de la communion et avec un certain nombre de sociétés religieuses qui prospéraient à l'été
1737.

Son ministère fut interrompu et se termina finalement par une déception au milieu de
poursuites judiciaires contre lui dans la controverse qui suivit son refus de communion à
Sophia Williamson, une jeune femme dont il était tombé amoureux.
100

Aldersgate

De retour en Angleterre, les Wesley firent la connaissance des frères moraves dont le brillant
prédicateur Peter Bohler, fondateur d’un club spirituel. John devint membre de ce nouveau
groupe. Il éprouvait toujours une grande frayeur à la pensée de mourir. Cette crise spirituelle
prit fin le mercredi 24 mai 1738, au cours d’une réunion des moraves à Londres.

John y découvrit la grâce de Dieu. Il donna plus tard le récit détaillé de cette journée
mémorable : à Nettleton Court, Aldersgate Street. Il sentit son cœur « étrangement réchauffé »
par la prise de conscience que l'amour de Christ, centré sur la Croix, était pour lui
personnellement : « … j’entendis lire la préface de Luther à l’épître aux Romains.

Vers neuf heures moins un quart, en entendant la description qu’il fait du changement que
Dieu opère dans le cœur par la foi en Christ, je sentis que mon cœur se réchauffait
étrangement, je sentis que je me confiais en Christ, en Christ seul pour mon salut, je reçus
l’assurance qu’il avait ôté mes péchés, et qu’il me sauvait de la loi du péché et de la mort ».

John Wesley se convertit le 24 mai 1738, quatre mois après son retour d’Amérique.
Son frère Charles fit aussi l’expérience de la nouvelle naissance, trois jours avant.

Cela n'a pas mis fin immédiatement à sa recherche, mais a marqué un tournant important et
peut-être considéré comme une expérience de 'conversion'.
101

Le background du Réveil Méthodiste

Nous proposons ici, de présenter des personnages, des groupes religieux qui ont joué
un rôle déterminant dans la vie de John Wesley et du Réveil Méthodiste.

* Jeremy Taylor (1613-1667) : Evêque, puis vice chancelier de l’université de Dublin,


il est l’auteur d’un grand nombre d’ouvrages de dévotion dont ‘’les règles pour mourir et
vivre saintement’’ que John Wesley lut en 1725.
* La même année, il étudia ‘’l’imitation de Jésus-Christ’’ de Thomas Kempis.
Ces deux ouvrages lui permirent de comprendre que « la vraie religion a son siège
dans le cœur et que la loi de Dieu doit régler les pensées aussi bien que les paroles et les
actions d’un homme ». (Référence ?)
* William Law (1686-1761) : enseignant, il fut connu pour ses ouvrages de piété dont
‘’la perfection chrétienne’’ et ‘’sérieux appel à la dévotion et à la vie de sainteté’’ qui eurent
une influence considérable sur Wesley. Il rencontra personnellement Law en 1732 à Londres.
Celui-ci lui conseilla les auteurs mystiques.
* Le piétisme : c’est un courant religieux apparu au XVIIIe siècle en Hollande, puis en
Allemagne. C’est une réaction de caractère spirituel contre la théologie desséchante : « le
piétisme, dit Olson120, insista sur la conversion et sur une vie chrétienne sincère. Il fut créé par
une prédication ardente et par la formation de cellules de prière, d’étude biblique et
d’encouragement mutuel ». C’est un mouvement très engagé dans les œuvres sociales.

Le piétisme tomba souvent dans l’excès contraire : en privilégiant l’aspect émotif et


pratique de la foi, en réclamant une religion ascétique, en soulignant le devoir du renoncement
à tout ce qui est ‘’mondain ‘’ (théâtre, danse, jeux du hasard…). Il attacha peu d’importance à
l’enseignement doctrinal.
* Le Pasteur Alsacien Philip Jacques SPENER (1635-1705) est le père du piétisme. Il
fut influencé par les auteurs mystiques Allemands et par les ouvrages des puritains anglais.
120
Jeannine OLSON : Histoire de l’Eglise vingt siècles et continents Yaoundé les éditions clé 1972, p 131
102

Sa célèbre œuvre ‘’les Pia desidera’’ traduit sa préoccupation majeure : une piété
individuelle profonde.
L’Université de la ville de Halle fut le centre d’instruction et de formation du piétisme
sous l’instigation du professeur Herman Auguste Franck.
* ZINZENDORF et les frères Moraves : grand Comte saxon, Louis Nicolas de
ZINZENDORF (1700-1760) eut pour parrain Philip SPENER. Il fréquenta l’école piétiste de
Franck Herman à Halle. Il découvrit les pratiques et les principes des frères Moraves à travers
l’ouvrage du dernier évêque hussite.
Les frères Moraves étaient les disciples de Jean Huss qui avaient fui l’administration
catholique de la Moravie (alentours de Prague)
Le comte de ZINZENDORF établit ces réfugiés dans ses domaines. Ceux-ci
baptisèrent ces maisons communautaires ‘’Herrnhute » » (logis du Seigneur). Peu après
ZINZENDORF démissionna de sa fonction officielle et devint le chef de la nouvelle
communauté religieuse, l’une des premières nées du piétisme : ‘Unité des Frères.

A la suite ‘’d’une manifestation de l’Esprit Saint’’ en Août 1727, les Moraves


s’organisèrent en église séparée avec des évêques, des anciens et des diacres. Eglise
évangélique, l’Unité des Frères est la pionnière de la mission protestante au XVIIIe siècle.
Bien que piétiste, Louis de ZINZENDORF demeura attaché à l’Eglise Luthérienne.

Il avait une vision universelle, œcuménique de l’église. Il représentait l’église comme une
communauté en permanente accession à la maturité spirituelle et non en croissance numérique
inexorable. Il pouvait dire dans ses « Maximes » : « notre tâche première n’est pas
d’augmenter les connaissances ou le nombre de chrétiens d’une confession ou d’une autre, ni
de corriger leur règle de vie, mais de raviver devant eux l’image de Jésus »26.

Le 11 Juin 1738, John Wesley visita les établissements moraves en Allemagne et en


Hollande. Il rencontra l’évêque Nicolas de ZINZENDORF.
Au terme de ce voyage, il écrivit : « j’ai rencontré ce que je cherchais, des preuves vivantes de
la puissance de la foi, des personnes… affranchies des doutes et des craintes par le
témoignage du Saint Esprit ».
C’est à la suite de ce ‘’pèlerinage religieux’’ que Wesley se mit à prêcher en plein air.
103

Le Réveil Méthodiste

a- Les années 1737 et 1738 furent marquées par le ministère du fougueux prédicateur
méthodiste George Whitefield. Il acquit une immense popularité. Dès lors, ses succès et sa
doctrine lui firent de nombreux ennemis dans le clergé. Ne pouvant plus prêcher dans les
Eglises anglicanes, il s’adressa en plein air à de vastes auditoires. Il fut considéré comme le
précurseur du Réveil méthodiste. À son retour de Saxe, John Wesley se heurta également à
l’hostilité de l’église. Les chefs ecclésiastiques l’accusèrent d’annoncer des doctrines
nouvelles l’une après l’autre, les chapelles officielles lui furent fermées. Son frère Charles et
lui furent obligés d’emboîter le pas à George Whitefield dans le ministère itinérant.

b- Le premier jour de l’an 1739, les trois prédicateurs itinérants et des amis du ‘’Holy Club’’
se réunirent avec la société Morave (de Moravie, dans l’actuelle République Tchèque). Ils
vécurent une expérience qualifiée de « vraie pentecôte » au dire de Whitefield.

c- À partir de cette date, les frères Wesley s’adressèrent régulièrement aux foules en plein air.
Ils allèrent à la rencontre des paysans, des mineurs, des ouvriers et des pauvres. Ces gens
simples, négligés par l’Eglise officielle, étaient à présent saisis par des prédications
contextuelles et par des cantiques émouvants.

d- John Wesley parcourait Londres, Bristol, les villes et les villages environnants, prêchant en
moyenne trois fois par jour.
e- Les foules s’amassaient autour de lui. Il se produisait pendant ces rassemblements des
conversions instantanées, souvent accompagnées de manifestations hystériques.
A son frère aîné, Samuel, révolté par ces phénomènes, il répondit : « vous niez que Dieu
produise de pareils effets. Moi je l’affirme, et cela parce que je l’ai entendu de mes oreilles et
vu de mes yeux… Je pouvais vous montrer le lion devenu agneau ; l’ivrogne devenu sobre,
l’impur ayant en horreur même le vêtement souillé par la chair. Ce sont là mes arguments. »
Plusieurs ecclésiastiques émirent de sérieuses réserves sur le ministère de John Wesley. Il fut
accusé d’hypnotiseur dangereux.
104

f- L’évêque de Bristol lui interdit la prédication en plein air dans son diocèse. Il rétorqua par
une expression qui devint sa devise : « je considère le monde entier comme ma paroisse. Je
veux dire que, en quelque partie du monde que je me trouve, je considère que c’est mon droit
et mon devoir strict d’annoncer à tous ceux qui veulent m’entendre la Bonne Nouvelle du
Salut. » Pendant que John était à Bristol, Charles était l’organisateur des autres sections à
Londres. Il fut surtout connu pour ses nombreux cantiques : environ six mille.

g- Tous les convertis méthodistes furent groupés en société d’étude biblique, de prière et
d’encouragement mutuel. Wesley délivrait des cartes d’adhésion aux membres. Il subdivisa
les groupes en petites « classes » de douze avec un « conducteur » à leur tête. Il recruta dans
la masse de nombreux prédicateurs : les laïcs. Wesley ne permettait pas à ceux, n’ayant pas de
formation théologique adéquate, de demeurer plus de six mois dans le même lieu.

Les laïcs devinrent la cheville ouvrière du Réveil, très actifs dans la prédication,
l’enseignement, la pastorale et la diaconie.

h- Le mouvement prit rapidement de l’ampleur, Wesley fonda des chapelles à Bristol, puis à
Londres où eut lieu la première « Conférence » annuelle Méthodiste du 25 au 30 juin 1744.
Le mouvement gagna les Etats-Unis et pénétra aux Antilles.

i- Le Pasteur ‘méthodiste Thomas Coke atteint Gibraltar, la Sierra Léone, le Cap de Bonne
Espérance, l’Inde. Le Pasteur William Booth créa la version sociale du Méthodisme : l’armée
du Salut avec cette devise : soupe, Savon, Salut. On voyait souvent ses membres dans la rue
demandant l’aumône pour les pauvres.

j- Durant près de cinquante ans, Wesley traversa l’Angleterre, l’Ecosse et l’Irlande à dos de
cheval, affrontant toutes les intempéries afin de prêcher l’Evangile. A sa mort on recensa les
membres de toutes les confréries qu’il avait suscitées. Plus de cent trente-quatre mille
(134.000) furent enregistrés dont cinquante-sept mille (57.000) en Amérique. Nous pouvons
conclure avec l’historien Lecky121 que « si la valeur des hommes peut être mesurée par
121
William Henri Guton : John Wesley esquisse de sa vie et son œuvre, Nime P.E.M., 1989 p 93
105

l’œuvre qu’ils ont accomplie, John Wesley ne saurait être considéré autrement que comme la
plus grande figure qui ait apparu dans l’histoire religieuse du monde depuis les jours de la
Réformation. »

Malgré l’opposition farouche des chefs ecclésiastiques, malgré la pression des Méthodistes
séparatistes, John Wesley n’a jamais voulu quitter l’Eglise Anglicane. Il ne cessait de rappeler
à ses disciples son idéal : la réforme, non pas le schisme : « notre force, leur répétait-il, c’est
de ne pas former un groupe séparé… Ne rejetez pas la mission particulière que Dieu vous a
confiée… Si les Méthodistes abandonnent l’Eglise d’Angleterre, Dieu les abandonnera ».

Malheureusement, cette unité ne fut pas favorisée par l’Eglise Anglicane ; elle demeura ferme
dans sa politique d’hostilité, se refusant à reconnaître les ministres méthodistes. Elle
repoussait leurs fidèles à la table de la sainte-cène. Ces gestes malveillants marquèrent la
rupture totale : l’Eglise Méthodiste venait ainsi de naître.

La Théologie Méthodiste

Le Méthodisme n’avait pas de prétention d’élaborer un système dogmatique. C’était un Réveil


de piété et un mouvement missionnaire. Wesley lui-même, ne cessait de clamer qu’il
n’enseigna rien qui ne fut Anglican. La confession de foi qu’il rédigea pour l’Eglise
Méthodiste Américaine était un abrégé des ‘’trente-neuf articles’’ de l’Eglise Anglicane.

Sur plusieurs points donc, le Méthodisme resta attaché à la théologie orthodoxe. Cependant,
un vrai Réveil religieux ne peut pas se passer d’une théologie. Wesley se voulait simple à
travers ses sermons, exposant des vérités évangéliques compréhensibles : « c’est aux gens
simples dit-il que j’essaie de dire la vérité dans sa plus grande simplicité… je m’abstiens
donc… de toute subtile spéculation philosophique… de toute argumentation compliquée, et
autant que possible de tout appareil d’érudition… ».
Mais il fut bien obligé de bâtir une théologie

- La théologie méthodiste établie par John Wesley appartient au courant arminien de la


théologie protestante et s'oppose donc à la doctrine calviniste de la prédestination, bien
que, selon John Wesley, la grâce divine doive toujours précéder la décision libre de
l'Homme. Whitefield étant quant à lui fidèle à la tradition calvinienne, il y eut un
106

schisme qui donna lieu à la création d'églises méthodistes calvinistes ; elles sont
notamment présentes au Pays de Galles.

- Un autre point marquant de la théologie de Wesley — comme de Whitefield — est


son insistance sur la sanctification au plus profond des actes quotidiens de la vie du
chrétien. Cette doctrine de la perfection chrétienne donnera lieu, en Grande-Bretagne
et aux États-Unis, à plusieurs mouvements religieux issus du méthodisme tels que
celui du mouvement de sanctification (Holiness movement), avec en particulier le
mouvement évangélique dit « Mouvement pour une vie supérieure » (Higher Life
movement).
Leur idée maîtresse découle en grande partie de la conviction mise en exergue par le
méthodisme : la sanctification personnelle est la manifestation concrète de la grâce de
Dieu au travers du Saint-Esprit agissant directement dans les vies des chrétiens et dans
le monde.
- Wesley s’attaqua à l’antinomianisme, qui se basait sur le salut par la foi, et considérait
le péché comme la conséquence de la faiblesse de la chair. Ce qui donc, ne pouvait en
aucun cas compromettre le salut final des élus. Wesley répondit « Sainteté » aux
antinomiens, et « Liberté » aux calvinistes, car l’homme est certes libre, mais il doit
être aussi saint.
- Wesley repoussa également les mouvements mystiques à tendance dualiste (corps #
âme), qui font fi de l’intelligence et de la morale ou encore, qui nient carrément
l’action et l’effort humains.
- Les méthodistes acceptent les deux sacrements reconnus par la réforme : le Baptême
et la Sainte-Cène. Ils épousent l’idée de l’Alliance nouvelle » de Jean CALVIN dans
le baptême et insistent comme lui, sur la grâce prévenante de Dieu. C’est pourquoi le
baptême des enfants est reconnu et accepté. Cependant, ils rejettent l’idée qu’une
personne reçoive la régénération au moment de son baptême.
- En ce qui concerne le sacrement de la Sainte-Cène, C.J. Bertrand 122 dans son livre ‘’le
Méthodisme’’ dit : « … il (Wesley) communiait près de cent fois par an. Il s’opposa à
Calvin et à Zwingli et se distingua de Luther et des catholiques en voyant une relation
« mystique » entre le corps du Christ et les éléments…. La communion apparaît
comme un rite de conversion qui par la foi engendre une grâce intérieure… les
premiers méthodistes y trouvent la confirmation sacramentelle de leur réunion avec
122
BERTRAND CLAUDE-JEAN, Le méthodisme. Paris, les éditions Armand Colin 2018. Page
107

Dieu et le symbole de leur intégration ». Avec Wesley, la présence de Jésus-Christ


dans la Sainte-Cène ne dépend pas de la foi et de la vie du Clergé ni de celles croyants,
mais de Dieu qui l’ordonne.
- Il n’admit pas également la doctrine catholique du purgatoire, du culte des saints, du
salut par les œuvres et de la transsubstantiation. La pensée eschatologique ne prime
pas chez Wesley : « il n’insiste jamais sur les flammes de l’enfer, enseigne que
l’homme n’est pas contraint d’attendre le jugement dernier, ni d’espérer une proche
parousie ».

Le méthodisme s'est répandu rapidement dans les classes populaires des pays anglophones en
partie grâce aux nombreux cantiques écrits par Charles Wesley, le frère de John Wesley. Si le
chant d'assemblée entraînant ou émouvant a été important dès l'origine de la réforme
protestante, il a été l'un des facteurs importants dans l'enracinement des croyances
méthodistes 9,10, en particulier dans la communauté afro- américaine, encore en partie
constituée d'esclaves lors du développement du méthodisme aux États-Unis.

Le Mouvement Méthodiste et la Mission : la Wesleyan Methodist Mission Society


(WMMS)

C’est en 1784 que le Dr. Thomas COKE, publia son: « A plan for the Society for the
establishment of Missions amongst the heathen ».
En 1786, il fait circuler un pamphlet : « An Address to Pious and Benevolent ». Dans cette
adresse, il plaide pour un soutien plus engagé et plus effectif pour le mouvement et l’œuvre
missionnaire. Il avait déjà demandé des souscriptions en faveur de fondations missionnaires
en vue de l’évangélisation des terres lointaines.

En 1813, fut fondée officiellement la Wesleyan Methodist Missions Society (WMMS), la


Société des Missions Méthodistes Wesleyennes.
Elle regroupait en son sein plusieurs autres sociétés auxiliaires telle que la Société pour la
propagation de l’évangile.
108

Qui est le Dr. Thomas Coke123 ?

Thomas Coke est né le 9 septembre 1747 à Brecon, Brecknockshire, Pays de Galles. Il est
diplômé de l'Université d'Oxford en 1768 et a été ordonné ministre de l'Église d'Angleterre en
1772.
Il été a été vicaire à South Petherton, Somerset, de 1772 à 1776. Cependant, il a été démis de
ses fonctions de curé pour avoir dirigé les services de plein air et de chalet recommandés par
Wesley.
Il a rencontré John Wesley, le fondateur du méthodisme en 1776 et a officiellement rejoint les
méthodistes un an plus tard (1777). Il est devenu le "bras droit" de John Wesley. Il devint le
premier président de la Conférence irlandaise des méthodistes en 1782.

En 1784, Wesley le nomma surintendant des nouvelles missions en Amérique du Nord.


Bien que l'on se souvienne principalement de lui comme du "père des missions méthodistes",
il s'est toujours profondément intéressé au travail missionnaire dans son pays et à l'étranger.

Coke a épousé Penelope Smith, une femme riche qui a heureusement dépensé sa fortune
personnelle pour faire avancer les missions.
Il a établi une mission à Gibraltar en 1803, puis a passé cinq ans à voyager pour la cause des
missions méthodistes, notamment en Sierra Leone. Il en encouragea d'autres à établir des
missions au Canada et en Écosse.
En tout, Coke a fait neuf voyages aux États-Unis, le dernier en 1803. Missionnaire dévoué,
Coke a travaillé aux Antilles, a établi une mission en Afrique.

En 1787, lors de l'une des neuf visites de Coke en Amérique, il fut désigné « évêque » malgré
les protestations de Wesley. En tant que président de la Conférence anglaise en 1797 et 1805,
il chercha à introduire le titre d’évêque parmi les méthodistes anglais. Repoussé, il demanda
au premier ministre, Lord Liverpool, de le nommer évêque de l'église anglicane en Inde. Cette
demande refusée, Coke a levé des fonds pour sa propre mission méthodiste. Il était en voyage
missionnaire de Liverpool à Ceylan, en Inde où il trouva la mort en mer le 3 mai 1814,

La Wesleyan Methodist Missions Society (WMMS)

123
John A. Vickers, A dictionary of Methodsim in Britain and Ireland Peterborough Epworth Press 200. P72-73
109

Le vrai père des missions méthodistes mondiales était donc le Dr. Thomas Coke (1747-1814).
Wesley et Coke avaient des stratégies différentes, bien que de la même mission globale. 

Wesley a dit avec ironie des entreprises missionnaires de globe-trotter de Coke ceci : "Dr. 
Coke et moi sommes comme les Français et les Hollandais.  Les Français ont été comparés à
une puce, les Hollandais à un pou.  Je rampe comme un pou, et le terrain que j'obtiens, je le
garde ; mais le Docteur bondit comme une puce et est parfois obligé de bondir en arrière. »

Sous l'influence de Wesley et Coke et d'autres, une étonnante entreprise missionnaire


méthodiste s'est développée dans les années 1800 (comme documenté récemment dans le
perceptif Methodism : Empire of the Spirit de David Hempton).  Il était à double volet,
atteignant des branches distinctes du méthodisme britannique et américain. 

La Société Missionnaire WM avait été formellement constituée par la Conférence de 1818,


mais des Sociétés de District, fruit d'initiatives locales (et fortement laïques), existaient depuis
1813, la première d'entre elles à Leeds, si bien que la WMMS célébrait son jubilé en 1863 et
son centenaire en 1913.

Une société missionnaire méthodiste calviniste a été formée en 1840 avec l'Inde comme
champ de mission.

Aux États-Unis, les missions méthodistes ont commencé par des missions auprès des Indiens
d'Amérique, des esclaves et des nouveaux territoires le long de la côte ouest.

La WMMS avait des districts d'outre-mer dans les Caraïbes, une grande partie de l'Afrique de
l'Ouest, la Rhodésie (maintenant la Zambie et le Zimbabwe), l'Inde, Ceylan (maintenant le Sri
Lanka), la Birmanie et la Chine, ainsi qu'en France, en Italie, Espagne et Portugal.

Un comité spécial a été nommé à la Conférence de 1911 pour examiner la gestion du


WMMS ; celui-ci a fait rapport l'année suivante et a fait un certain nombre de
recommandations sur sa réorganisation.

Une nouvelle révision de la constitution du MMS en 1942 stipulait explicitement que «


chaque membre de l'Église méthodiste en tant que tel est membre de la Société
missionnaire méthodiste », et de 1973 à 1996, le MMS coïncidait avec la division d'outre-
mer.
110

Les célébrations du bicentenaire ont eu lieu en 1986, 200 ans après que les premiers
missionnaires ont été nommés par la Conférence dans des stations d'outre-mer.

L'envoi et le soutien des missionnaires et l'octroi de subventions et de bourses faisaient


alors partie d'une stratégie de partenariat dans la mission avec les Églises autonomes.

La vie et la théologie de John Wesley sont cependant la source de l'entreprise missionnaire


méthodiste.  Et ils fournissent des apprentissages très significatifs qui peuvent et doivent
guider notre pratique de la mission aujourd’hui.

La théologie de la Mission

Cette réflexion sur une théologie wesleyenne de la mission suppose plusieurs choses
fondamentales : que Dieu appelle l’église en mission ; que l'église est essentiellement
missionnaire, ou missionnaire ; que l'évangile de Jésus-Christ est puissant pour franchir les
barrières culturelles et attirer les gens à lui malgré le péché humain.  Cela suppose également
que toute théologie saine de la mission, y compris toute théologie prétendument wesleyenne,
doit être entièrement biblique ; que l'autorité biblique a préséance sur l'autorité de Wesley ou
de toute tradition d'église.

John Wesley avait une compréhension exceptionnellement perspicace de l'Évangile et de sa


mission.  La perspective wesleyenne est très pertinente pour la théologie de la mission
aujourd'hui. 

Une grande partie de cette pertinence vient du fait que Wesley était constamment engagé dans
la pratique de la mission : prêchant l'évangile aux pauvres et à tous ceux qui voulaient
l'entendre ; formant des classes et des sociétés méthodistes ; écrivant des lettres, des sermons
et des brochures ; conseillant et envoyant des prédicateurs ; et réfléchissant constamment
théologiquement sur ce qu'il faisait. 

Wesley était étonnamment bien informé de ce qui se passait à son époque intellectuellement,
philosophiquement et scientifiquement, ainsi que dans l'église et dans la vie des méthodistes
qui étaient sa préoccupation particulière.

L'objectif missionnaire de Wesley, bien sûr, était principalement la Grande-Bretagne et les


colonies américaines.  Il croyait en l'établissement d'une base vitale, puis en s'éloignant
111

progressivement de cette base, il étendit ainsi le témoignage méthodiste à travers l'Angleterre


et jusqu'en Écosse, en Irlande et en Amérique. 

Conclusion

Évangéliste exceptionnel par son charisme et sa puissance de travail, John Wesley a


littéralement réveillé la foi chrétienne en Angleterre au dix-huitième siècle, tandis que le reste
de l'Europe, et en particulier la France, sombrait dans l'incrédulité et le rationalisme.

On estime à dix fois le tour de la terre la distance parcourue à cheval, et à quarante mille le
nombre de sermons prêchés durant la cinquantaine d'années de son ministère itinérant ; perché
sur sa monture, le cavalier lisait ou composait, sans perdre une minute.
Ajoutant à cela d'innombrables visites pastorales, deux centaines d'ouvrages composés ou
rédigés par lui, dont le produit était donné aux nécessiteux.
L’on comptait à sa mort plus de soixante-dix mille membres.
Samuel Samouélian124, dans son extrait de la préface de la biographie John Wesley, sa vie et
son œuvre, de Matthieu Lelièvre (janvier 1992) disait : « Aucun historien, voulant étudier le
développement de l'Eglise de Jésus-Christ dans le monde, ne peut ignorer le puissant
mouvement de Réveil religieux que fut le Méthodisme et auquel le nom de Wesley est
attaché. Au cours des ans, des témoins du Seigneur ont marqué d'une empreinte indélébile
l'histoire de l'Eglise, tels Martin Luther, Jean Calvin, John Wesley et bien d'autres…On ne
saurait contester l'actualité de Wesley, cet homme que Dieu a suscité pour renouveler
l'Angleterre décadente au 18e siècle ».

124
John Wesley, sa vie et son œuvre. Matthieu Lelièvre, Éditions ThéoTeX. 2019
112

Chapitre IV : Le Réveil d'Azusa Street ou le Réveil Pentecôtiste


Nous nous inspirerons ici du livre écrit par Cecil M. ROBECK, JR., intitulé « the AZUSA
Street Mission Revival, The Birth of the Global Pentecostal Movement »125

« L’histoire du Réveil d'Azusa Street doit commencer par l’histoire de son Pasteur William
Joseph Seymour, le fils d'esclave noir »126.

Qui est William Seymour ?

William Joseph Seymour est n é le 02 mai 1870 de Simon et Phyllis Seymour, en Louisiane,
anciens esclaves affranchis. Il était un parfait autodidacte. Son principal livre d’étude était la
Bible.

A l'âge de 25 ans il quitta la Louisiane. Il travaille comme serveur dans plusieurs États. Élevé
dans la croyance baptiste, Joseph Il s’engagea par la suite dans l’église méthodiste, devenant
un fidèle disciple de Wesley, qui croyait qu’il n’y avait aucune discrimination en Jésus.

La maladie

Peu de temps après, Seymour contracta la variole, une maladie souvent fatale à cette époque.
Après trois semaines de grandes souffrances, il se releva avec l'œil gauche aveugle et des
cicatrices au visage.

Il comprit certainement que c’était un appel de Dieu. Il se soumit au plan de Dieu et devint
évangéliste itinérant, sans support financier extérieur. Il croyait que celui qui l’avait appelé
était aussi son pourvoyeur et qu’il allait le soutenir.

Il se rendit au Texas et s’arrêta à Houston, où il fera la connaissance d’une personne assez


déterminante pour son ministère : Charles Parham.

125
Cecil M. ROBECK, JR, The AZUSA Street Mission Revival, The Birth of the Global Pentecostal Movement.
Nashville, Emanate Book. 2006
126
Op.cit. Page 14
113

Parham, Charles Fox (1873-1929)

Fondateur du mouvement la Foi Apostolique, Parham a servi comme pasteur suppléant pour
l'Église méthodiste (1893-1895)

Il devint indépendant après parce fortement influencé par des enseignements sur la sainteté et
le don des langues dans l'église pour l'évangélisation missionnaire (Actes 2).

Apres avoir été baptisé du Saint-Esprit, ils formèrent avec ses Etudiants un groupe d'élite de
missionnaires de la fin des temps pour évangéliser le monde avant le retour pré millénaire
imminent de Christ.

A la tête du mouvement « Foi apostolique », il ouvrit une école biblique à Houston, au Texas,
en 1905. Là, il influença William J. Seymour, futur chef de l'important renouveau d'Azusa
Street en 1906 à Los Angeles, en Californie.

Lucy Farrow127
Lucy F. Farrow est née en esclavage en Virginie. En 1905, elle travailla pour Charles Fox
Parham lors de sa croisade à Houston, au Texas, en tant que cuisinière, alors qu'elle était
pasteur d'une petite église de la Sainteté au Texas.

Au moment où elle est revenue à Houston, elle avait fait l'expérience du baptême du Saint-
Esprit avec le parler en langues et avait partagé ses rencontres spirituelles avec Seymour.

Parham a invité Farrow à les accompagner au Kansas en tant que gouvernante de ses enfants.

Pendant ce temps, elle a demandé à son ami William J. Seymour de s'occuper de son église en
son absence. Grâce à ses interactions avec Parham, Farrow a connu la glossolalie. À son
retour, elle encouragea Seymour à s'inscrire au Bible College Parham commencé en janvier
1906, où il finira par être convaincu de nombreux enseignements de Parham. Plus tard en
1906, lorsque William Seymour devint le pasteur d'une église de la Sainteté à Los Angeles, il
envoya Farrow pour le rejoindre dans ce qui allait devenir connu sous le nom d'Azusa Street
Revival.

127
C. M. Robeck Jr, art. Ed. Stanley M. Burgess “Lucy F. Farrow,” The New International Dictionary of
Pentecostal and Charismatic Movements. Grand Rapids, Michigan Zondervan Publishers, 2002.
114

Elle serait connue comme la "servante ointe" qui a imposé les mains à beaucoup de ceux qui
ont reçu le Saint-Esprit et le don de glossolalie.

En décembre 1906, Farrow était convaincue de sa vocation urgente. Elle sentait qu’elle devait
se rendre, en tant que missionnaire à Monrovia, au Libéria.

Elle sera rejointe par d'autres personnes qui avait reçu le même appel pour l’Afrique.

Farrow Lucy s'est installé à Johnsonville, au Libéria, à environ 40 km de Monrovia, où elle a


prêché et exercé son ministère jusqu'en août 1907, soutenue en grande partie par les saints
d'Azusa. Pendant ce temps, elle aurait amené beaucoup de personnes dans la foi. Beaucoup
ont été sanctifiés et guéris, et 20 ont reçu leur Pentecôte.

Elle parlait la langue Kru, prêchant au peuple Kru et diffusant le message pentecôtiste en
Afrique. Elle a été la première personne noire à être enregistrée comme ayant parlé en
langues. Après être finalement retournée à Los Angeles, puis plus tard à Houston, Farrow
contracta la tuberculose et mourut en 1911.

La formation de Seymour

William Seymour entend parler pour la première fois du mouvement pentecôtiste en 1905 lors
d’un séjour à Texas où il visite cette école de Charles Parham.

Il s’inscrivit dans cette école, assista aux cours de l’Ecole Biblique de Houston pendant une
courte période. Puisqu’il était Noir, on ne lui permit pas de s’asseoir dans la salle de cours
principale où seuls les Blancs étaient autorisés à s’asseoir, à cause des lois très sévères sur la
ségrégation des races aux Etats-Unis. Seymour écoutait donc les cours à travers la porte
ouverte.

William Seymour quitte le Texas en Janvier 1906 pour Los Angeles dans le but de répandre le
message pentecôtiste.

A son arrivée, William Seymour ne perdit pas de temps. Il prêcha la guérison divine, le retour
imminent de Jésus-Christ et le parler en langues, selon le livre des Actes des Apôtres. Des
personnes assoiffées du Saint-Esprit se réunirent alors. Elles priaient des heures durant pour
recevoir le baptême dans le Saint-Esprit.
115

Une nouvelle Pentecôte

La nouvelle se répandit le soir même : des personnes se précipitèrent dehors, prêchant et


prophétisant, d’autres coururent dans la rue pour que tout le voisinage les entende parler en
langues. C’était une explosion de joie dans l’Esprit ! Ils célébrèrent trois jours durant le «
rétablissement de la première Pentecôte »

Le Jour du Réveil

C’était un soir. La salle qui abritait la réunion était archicomble : James R. Goff128 dans son
article «  Fields White Unto Harvest » décrit l’ambiance : « Au cours des trois jours suivants,
la maison (Asberry) était remplie de véritables chercheurs et de curieux. Les gens se
rassemblaient à l'extérieur, s'efforçant d'entendre par les fenêtres ouvertes ceux qui recevaient
maintenant leur baptême dans l'Esprit et parlaient en langues ».

Apres un de temps de cantiques, prières et de témoignages…Joseph Seymour en s’appuyant


sur le texte du livre des Actes des Apôtres (2 :4), donna des témoignages de l’effusion du
Saint-Esprit. A peine avait-il fini de parler qu'un membre du groupe commença à parler en
langues. Toute la compagnie a été immédiatement mise à genoux comme par une puissance
invisible. Ils commencèrent à prier, et avant la fin de la soirée, plusieurs autres avaient
également parlé en langues.

Sébastien Fath a décrit ainsi la scène : « …ils crient et font d’étranges bruits en hurlant à
longueur de journée et tard dans la nuit. Ils courent, sautent, se secouent de tout le long, crient
à plein gosier… en se secouant, tapant des pieds et en se roulant par terre. Certains d’entre
eux perdent connaissance et ne bougent pas pendant des heures comme s’ils étaient morts.
Ces gens semblent être fous, mentalement dérangés ou sous l’effet d’un envoûtement. Ils
prétendent être remplis de l’Esprit. Ils ont un Nègre borgne, illettré comme prédicateur, qui
reste sur ses genoux la plupart du temps…Il ne parle pas beaucoup mais de temps en temps,
on peut l’entendre hurler : " Repentez-vous ", et il est supposé prendre en main la chose… Ils
chantent indéfiniment le même chant : " Le Consolateur est Venu »129.

128
Goff, James R. Fields White unto Harvest: Charles F. Parham and the Missionary Origins of Pentecostalism
(Series) Paperback – December 1, 1988
129
Sébastien Fath. Les protestants, des dissidents aux « réveils. Dans La Grande Histoire du christianisme
Éditions Sciences Humaines, Auxerre. 2019 Page 238
116

Il y avait tellement de monde qu’une partie de la pièce s’est effondrée, sans heureusement
faire de blessés…c’est ainsi que le mouvement va déménager à la rue 312 Azusa, le vendredi
saint 13 avril 1906.

Il est intéressant de remarquer qu’à l’époque où le pasteur Seymour prêchait sur le baptême
du Saint-Esprit, lui-même n’avait pas été encore expérimenté le baptême du Saint-Esprit.
Dieu lui accorda cette grâce tant recherchée le 12 avril 1906, la veille du déménagement à la
rue 312 Azusa.

La nouvelle Pentecôte de la Azusa Street se répand partout dans le monde

Au cours de l'été 1906, la Azusa Street Mission a étendu son influence au-delà de la ville de
Los Angeles. À Calcutta, en Inde130,

Des demandes

Des lettres demandant le baptême du Saint-Esprit venaient de la Chine, d'Allemagne, de


Suisse, de Norvège, de Suède, d'Angleterre, d'Irlande, d'Australie et d'autres pays… 

Le Réveil d’Azusa et la Mission : l’envoi en Mission


130
Cecil M. ROBECK, JR, Page 160
117

« SI LE PASTEUR William J. Seymour et les gens de la mission de la rue Azusa voulaient


répandre le message de salut, de sainteté et d'autonomisation spirituelle à travers l'Amérique
du Nord, ils voulaient encore plus le porter à travers le monde. Ils croyaient que Dieu
restituait à l'église quelque chose qui manquait depuis des siècles »131.

« Nommer des missionnaires

Il est important de noter que les dirigeants du renouveau d'Azusa Street étaient des gens
d’action.

Qui étaient les premiers missionnaires du Réveil Azusa ?

Beaucoup de missionnaires qui sont sortis de la mission de la rue Azusa n'avaient jamais eu
de formation missionnaire ni même de formation théologique. Ils ne connaissaient ni les
langues ni les coutumes des pays auxquels ils se croyaient appelés. Ces simples croyants ont
pris la Bible et leur expérience au pied de la lettre et avaient l'intention de les partager avec
d’autres.

Ils ont béni les missionnaires en délivrant des lettres de créance et ils leur ont fourni
suffisamment d'argent pour les amener là où ils croyaient que Dieu les avait appelés.

L’on a recruté tous les volontaires sans les avoir préparés, ni formés d’où les sérieuses
réserves émises par le Révérend Charles Parham…il n'était pas d'accord avec la stratégie de
Seymour. « Il a accusé Seymour d'avoir envoyé des évangélistes et des missionnaires dans le
monde entier qui étaient mal préparés et mal équipés pour mener à bien un tel ministère »132.

Pour les fidèles de la rue Azusa qui étaient prêts à relever le défi missionnaire, cependant, peu
importait ce que pensait Charles Parham. Ils croyaient fermement que Dieu subviendrait à
leurs besoins s'ils étaient fidèles au commandement de Jésus « d'aller faire des disciples »
(Matthieu 28 :19).

131
Cecil M. ROBECK, JR, Page 160
132
Cecil M. ROBECK, JR, Page 164
118

Un autre groupe de missionnaires

« Un groupe de personnes qui sont allés en tant que missionnaires pourrait être décrits comme
des évangélistes missionnaires itinérants, en Inde, à Ceylan (aujourd'hui Sri Lanka), à Hong
Kong Macao, à, en Chine et au Japon.

Le groupe des Missionnaires vétérans

La rue d’Azusa a semblé tenir compte des critiques. C’est pourquoi le mouvement a été un
peu plus regardant pour les futures vocations missionnaires : « Une deuxième catégorie de
missionnaires de la rue Azusa comprenait des missionnaires vétérans qui, jusqu'au réveil,
avaient travaillé pour un éventail de dénominations et d'agences missionnaires. Ces
missionnaires ont entendu les histoires de ce que Dieu faisait à la mission d'Azusa Street et
sont venus à Los Angeles pour le voir par eux-mêmes. À leur arrivée à la mission de la rue
Azusa, ils ont été baptisés du Saint-Esprit. Ils sont retournés dans leurs champs de mission
pour continuer à servir, cette fois en tant que missionnaires de la foi apostolique ou
pentecôtistes »
119

Bref aperçu de l’AZUSA Street 312 Mission Revival

Le Pasteur William a compris dès les débuts du Réveil, la vocation missionnaire qui consistait
dans un premier temps à aller partager l’expérience du baptême du Saint-Esprit avec comme
signe initial, le parler en langues.

Dans un deuxième temps et c’est le plus important, il s’agissait d’étendre le règne de Dieu par
l’envoi de missionnaires aux extrémités de la terre : aller prêcher la Bonne Nouvelle de Jésus-
Christ dans le monde entier. Ainsi, au cours de la première année d'existence de la mission,
près de deux douzaines de missionnaires quittèrent la rue Azusa à destination de champs
étrangers.

Missionnaires de la rue 312 Azusa en Inde133

Au cours des deux années suivantes, ceux-ci seront rejoints par autant d'autres. Les premiers
à partir furent Alfred G. et Lillian Garr. Ils ont quitté Los Angeles en juillet 1906 et ont
voyagé vers l'est pour mener à bien des affaires personnelles. Accompagnés d'une femme
afro-américaine, Maria Gardener, qui avait accepté de servir de nourrice à leur fille de trois
ans, ils ont navigué vers l'Inde en janvier 1907.

Missionnaires de la rue 312 Azusa en Chine

Le Sud de la Chine134

Début octobre, alors que les Garr étaient encore en Inde, ils ont reçu une invitation de
plusieurs femmes missionnaires célibataires à parler à Hong Kong. Ils arrivèrent à Hong
Kong le 09 octobre 1907.

Garr a immédiatement embauché un homme du nom de Mok Lai Chi pour lui servir de
135

traducteur. Le traducteur a été lui-même influencé par le message. Moins d'un mois plus tard,
Mok était baptisé par le Saint-Esprit et s’est mis à parler en langues. Il deviendra un puissant
leader de la foi apostolique dans la région de Hong Kong pour les années à venir. «

133
Cecil M. ROBECK, JR, Page 159
134
Cecil M. ROBECK, JR, Page 162
135
Cecil M. ROBECK, JR, Page 162
120

Le Nord de la Chine

Plusieurs autres missionnaires de la rue Azusa exerçaient leur ministère dans le nord de la
Chine.

Thomas Junk136 a commencé à étudier la langue, estimant qu'il lui faudrait deux ans pour
l'apprendre. Entre-temps, il avait ouvert une œuvre dans la région ravagée par la famine du
nord de la Chine, et il tenta de devenir « un Chinois parmi les Chinois », mangeant de la
nourriture chinoise, apprenant la langue chinoise et se rendant dans des régions que d'autres
missionnaires avaient rejetées à cause des conditions primitives.

Junk se considérait comme un simple prédicateur qui était grandement aidé par les guérisons
et les exorcismes provoqués par ses prières.

L’Ouest de la Chine

Sigrid Bengsten137 s'est rendue dans le nord de la Chine où elle a commencé son travail.
Hector a terminé sa formation linguistique, et après deux ans en Chine, »

Elle a entamé l’œuvre missionnaire dans la province de Szechwan, dans l'ouest de la Chine.

Les Mc Leans138 repartirent en tant que missionnaires indépendants, arrivant à Shanghai le 1er
janvier 1910.

Là, ils commencèrent leur période de travail "pentecôtiste » avant de s'installer sur la côte
nord de la Chine.

Missionnaires de la rue 312 Azusa en Afrique

Cecil M. ROBECK, JR précise que « de loin, le plus grand nombre des premiers
missionnaires qui sont sortis en 1906 de la mission de la rue Azusa sont allés en Afrique »139.
136
Page 164
137
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138
Page 167
139
Page 169
121

L’Angola, l’Afrique du Sud et le Liberia seront visités par les Missionnaires. Mais la cible
principale sera le Liberia.

Le Liberia

En janvier 1907, les douze Afro-Américains exerçaient leur ministère autour de Monrovia, au
Libéria. Le Libéria était unique parmi les pays africains.

Au XIXe siècle, plusieurs milliers d'Afro-Américains, pour la plupart d'anciens esclaves,


avaient profité de l'aide de l'American Colonization Society pour les renvoyer en Afrique. »

Lucy Farrow avait pu communiquer avec les indigènes en langue Kru. Elle semble avoir eu
un petit mais efficace ministère parmi le peuple Kru, y compris un roi local, près de
Johnsonville.

À son retour aux États-Unis au milieu de 1907, Farrow a affirmé que vingt membres de la
tribu Kru avaient "reçu leur Pentecôte" tandis que d'autres avaient été "sauvés, sanctifiés et
guéris", par son ministère.

À deux reprises, a-t-elle affirmé, le Seigneur lui avait fait « le don de la langue kru » et lui
avait permis « de prêcher deux sermons au peuple dans sa propre langue ».

Elle a témoigné du fait que les « païens » du Libéria avaient été baptisés dans l'Esprit
lorsqu'ils « parlaient en anglais et certains dans d'autres langues ».

Conclusion

L’AZUSA Street 312 Mission Revival est une œuvre inédite à tout point de vue.
122

Le fondateur, le meneur Joseph William Seymour est le fils d’esclaves affranchis, un véritable
autodidacte. Il trainait aussi un sérieux handicap parce que la maladie lui a fait perdre un œil,
le rendant ainsi borgne.

De par la couleur de sa peau (noire) dans une Amérique ségrégationniste, c’était difficile de
lui imaginer un avenir avec un pronostic positif. Comme dit l’Evangile « Peut-il venir de
Nazareth quelque chose de bon ? » Jean 1 :46. La preuve il a dû prendre ses cours en étant
dehors et écoutant par la fenêtre.

La personne qui lui servait de mentor, le Pasteur Lucy Farrow était elle aussi Afro-
Américaine et servante chez un Pasteur blanc.

Compte tenu des moyens financiers il n’a pas une grande éducation théologique. C’est à juste
titre que Sébastien Fath140 pouvait dire : «« A l'origine de ce nouveau courant, un fils d'esclave
noir, pauvre, mystique et antiraciste : William Seymour « Dans l'histoire du christianisme,
c'est d'abord aux prêtres, aux théologiens, voire aux juristes qu'il appartient habituellement de
fonder de nouveaux courants. William Joseph Seymour n'était ni fonctionnaire de Dieu, ni
bénéficiaire d'une éducation supérieure. » 

Il avait également et constamment la pression et la contrariété de son formateur le pasteur


Parham, Charles Fox.

Il a souvent été débordé par le mouvement.

En ce qui concerne l’envoi en mission, il a été reproché l’impréparation et l’improvisation. La


plupart de ses missionnaires n’avaient pas de solides bases théologiques.

Pour cette gigantesque œuvre missionnaire, Joseph William Seymour et ses néo-missionnaires
n’avaient pas le soutien des pouvoirs politiques, des compagnies maritimes comme ce fut le
cas pour les missionnaires issus du Réveil religieux du XVIIIe siècle.

Joseph William Seymour et ses néo-missionnaires comptaient sur la providence divine et sur
des dons volontaires. Cela ressemblait à un saut dans le vide, de véritables aventures.

140
Sébastien Fath, Fields White Unto Harvest : Charles F. Parham and the Missionary Origins of Pentecostalism
(Series) Paperback – December 1, 1988
123

Cette nouvelle méthode d’envoi en Mission, Jean François ZORN141 en parle dans une de ses
Conférences : « la nouvelle doctrine missionnaire protestante » : elle ne procède ni des
institutions ecclésiales ni des instances universitaires…le Réveil missionnaire protestant ou le
Réveil revivalisme ne s’exprime pas dans des livres de théologie, ni d’instruction d’églises, ni
des références à des docteurs mais dans des textes pratiques, des textes de pratiques qui vont
être à la source du lancement de nombreuses sociétés missionnaires ».

Cette vague, ce raz-de-marée n'est autre que le pentecôtisme, christianisme protestant marqué
par l'accent sur l'efficacité miraculeuse du Saint-Esprit.

S'il représente actuellement au moins 200 millions de chrétiens, c'est en partie parce qu'un
jour William Joseph Seymour a endossé l'habit du prophète pour imprimer à son temps la
marque d'une Pentecôte réactualisée ».

Conclusion partielle générale de la première partie

En parcourant les repères bibliques et Historiques de la Mission, l’on peut faire les constats
suivants : YHWH a été, est encore et sera toujours en Mission, MISSIO DEI. Comme une
ligne éditoriale d’un media, comme un ordre d’opération dans une armée et en général comme
un cahier de charges, YHWH n’a pas changé d’un iota de sa vision. Il s’est fixé un cadre de
développement en suivant des normes fixes, et les étapes de la réalisation de cette vision.
La vision est claire et elle n’a pas changé, c’est le salut de l’humanité, après la chute, le salut
du monde. YHWH va donc se fixer des objectifs qui vont mener à cette vision. Comme en
bon manager d’une entreprise, le plan de YHWH va suivre le principe d'une stratégie
d'entreprise selon cette pyramide :

141
Jean François ZORN
124

Chaque niveau amène la réflexion vers le niveau inférieur.

De la vision de YHWH découle la mission de son intermédiaire ;

De la mission découlent les objectifs stratégiques ;

Pour chaque objectif stratégique découle les actions qui seront mises en place.

Comme un bon leader, YHWH s’engage lui-même dans cette mission. Il s’associe des
intermédiaires à qui il remet soit un ordre de Mission, soit une feuille de route. Ces feuilles de
route ou ordre de Mission vont les conduire aux différents objectifs.

Et chaque intermédiaire, en fidèle dispensateur, doit mener les actions contenues dans le
cahier de charges général.

Voici de façon imagée, avec des métaphores, des comparaisons ce qui s’est passé avec
YHWH, ce qui se passe avec lui et ce qui se passera avec YHWH.

Dans l’Ancien Testament, YHWH s’est servi des Alliances comme stratégies : Noé-Abraham-
Isaac-Jacob-Moïse-Israël-David. Comme autres stratégies YHWH a utilisé des symboles
forts, le Tabernacle-le décalogue-le sabbat-la circoncision-le Temple.

Comme d’autres stratégies encore YHWH a eu recours à des messagers : les juges-les rois-les
prophètes.

Comme une maison qui s’est préparée pour accueillir son époux, l’Elue, l’Oint, le Messie,
Jésus-Christ a fait son entrée dans ce monde pour rendre effective la MISSIO DEI afin
d’accomplir sa Mission, le salut de l’humanité : « En effet, Dieu a tant aimé le monde qu'il a
125

donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle »
Jn.3:16.

Comme un Maître, Il a enseigné ses disciples par la parole, par les actes, par des expériences
authentiques telles que les miracles et autres signes.

Comme des stagiaires, Il les a par la suite mis sur le terrain de l’évangélisation et de la
Mission.

En Mission accomplie Il a accepté le sacrifice suprême sur La Croix. Il est ressuscité le


troisième jour.

Tous ces récits sont consignés dans les quatre évangiles reconnus par le canon.

Après avoir passé quarante jours d’enseignements complémentaires avec ses disciples, Il est
monté au ciel, leur laissant des instructions précises : « Mais vous recevrez une puissance
lorsque le Saint-Esprit viendra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la
Judée, dans la Samarie et jusqu'aux extrémités de la terre.» Actes des apôtres 1 :8.

Après l’effusion du Saint-Esprit, selon le livre des Actes Apôtres, la Mission a été
brillamment entamée par les Apôtres, les disciples. La relève a également été assurée de façon
professionnelle par l’apôtre Paul. Il a ainsi passé le témoin, le flambeau de l’évangélisation et
la Mission à ses enfants spirituels (Timothée, Tite…) et ensuite aux églises qu’il a implantées.

Les disciples ont assuré au cours de l’Historie la pérennité de l’œuvre, aux prix de
persécutions, sacrifices, martyrs…

YHWH a par la suite accordé la victoire à l’Eglise en l’imposant comme la religion de


l’Empire romain.

Cela permit à l’Eglise de se répandre considérablement dans le monde.

Un peu plus tard après le schisme (1054), la lumière du flambeau a semblé ne pas briller…
c’est alors qu’un moine du nom de Martin Luther fit irruption sur la scène ecclésiale et
religieuse avec ses 95 thèses dénonçant tous azimuts les pratiques de la grande Eglise
Catholique Romaine. La gestion mal maîtrisée de cette crise créa la deuxième grande division
de l’Eglise, donna ainsi naissance à l’Eglise Protestante.

Les attentes des uns et des autres étaient de voir à nouveau le flambeau de l’évangélisation et
de la Mission.
126

Les circonstances et les préoccupations de l’heure n’ont pas permis aux réformateurs de
répondre à ces attentes.

Néanmoins ils ont à leur actif, la libération de l’église, la traduction de la Bible, le sacerdoce
universel mais surtout les 5 solas : Sola Scriptura (l’Écriture seule) -Sola Gratia (la grâce
seule) -Solus Christus (Christ seul) -Sola Fide (la foi seule) -Soli Deo Gloria (A Dieu Seul la
Gloire).

Il faut également noter que, grâce à la réforme, les églises protestantes ont poussé comme des
champignons en Suisse, en France principalement dans le monde anglo-saxon.

Pour ranimer le flambeau de l’Evangélisation et de la Mission YHWH suscita par Edwards-


Whitfield-Wesley le grand Réveil religieux du XVIIIe siècle aux USA et Angleterre. Ce fut
un grand bouleversement dans le paysage religieux. Les missionnaires se lancèrent à la
conquête du monde ; sur les routes, en mer jusqu’aux Amériques, en Asie, en Afrique.

Le Réveil du XVIIIe a hissé le flambeau de l’Evangélisation et de la Mission.

!!! Il y a une rupture dans le narratif.

C’est ce constat de tiédeur, de léthargie, d’immobilisme…qui va pousser un fils d’anciens


esclaves, Joseph William Seymour à rechercher une intimité plus vivante avec Dieu. Cette
soif va le ramener aux fondamentaux de l’expérience de la Pentecôte avec comme signe initial
du baptême du Saint-Esprit, la glossolalie.

Ainsi en Avril 1906, au cours d’une séance de prière la rue Azusa a « explosé » un réveil,
apparemment plus sismique que celui du XVIIIe siècle : le revivalisme Américain, le Réveil
pentecôtiste.

Azusa provoqua de nombreuses conversions, une remobilisation spirituelle individuelle et


collective avec la création d’Eglises nouvelles.

Comme un déclic revoilà le flambeau de l’évangélisation et de la Mission. Cette fois-ci avec


beaucoup plus de zèle et d’enthousiasme, ils ont inondé le monde avec le réveil pentecôtiste.
Les initiateurs de ce nouveau mouvement missionnaire ne dépendaient d’aucune église
établie, ni d’un pouvoir politique. Le Réveil pentecôtiste revendique aujourd’hui plus de deux
cents millions de membres à travers le monde.

Les lampions se sont éteints, voici un peu plus d’un siècle, la situation n’a guère évolué par
rapport au flambeau de l’évangélisation et de la Mission.
127

L’on a plutôt eu droit à la création de nouvelles sociétés de missions très sectaires et à dix-
sept conférences missionnaires, en un siècle dont nous avons la présentation142 ci-dessus :

Premières conférences informelles

Liverpool (Angleterre – Royaume-Uni), 19-23 mars 1860, « Conference on Missions »

Londres Midmay-Park (Angleterre – Royaume-Uni), octobre 1878, « Protestant foreign


Missions. Their Present State »

Londres Exeter-Hall (Angleterre – Royaume-Uni), 9-19 juin 1888, « Centenary


Conference on the protestant Missions of the World »

New-York Carnegie Hall (USA), 21 avril-1er mai 1900, « Ecumenical Missionary


Conference »

Édimbourg (Écosse – Royaume-Uni), 14-23 juin 1910, « Considérer les problèmes


missionnaires en relation avec le monde non chrétien »

Conférences organisées par le Conseil international des Missions (CIM)

Jérusalem (Palestine britannique), 24 mars-8 avril 1928, « Le message de l’Église dans sa


mission pour le monde ».

Madras (Inde), 12-29 décembre 1938, « L’Église agent suprême d’évangélisation ».

Whitby (Canada), 5-24 juillet 1947, « Témoignage chrétien dans un monde en révolution
».

Willingen (Allemagne), juillet 1952, « Le devoir missionnaire de l’Église ». Rapport « Les


missions sous la croix ».

Accra-Achimota (Ghana), 28 décembre 1957-8 janvier 1958, « La mission chrétienne à


l’heure présente ».

Conférences organisées par la Commission Mission-Évangélisation du Conseil


œcuménique des Églises (COE)

Mexico (Mexique), 8-19 décembre 1963, « Témoignage dans six continents ».

142
« Conférences missionnaires mondiales : Lieux, dates, thèmes », Histoire et missions chrétiennes, vol. 13, no.
1, 2010, pp. 155-156.
128

Bangkok (Thaïlande), 29 décembre 1972 - 29 janvier 1973), « Le salut aujourd’hui ».

Melbourne (Australie), 12-25 mai 1980, « Que ton règne vienne ! »

San Antonio (Texas-USA), 22 mai-1er juin 1989, « Que ta volonté soit faite, une mission
conforme au Christ ».

Salvador de Bahia (Brésil), 24 novembre-3 décembre 1996, « L’Évangile dans les


différentes cultures ».

Athènes (Grèce), 12-19 mai 2005, « Viens, Esprit saint, guéris et réconcilie ! »

Arusha (Tanzanie) 8 au 13 mars 2018 : «. Quelles formes de témoignage privilégier


aujourd'hui pour répondre aux changements et aux complexités du monde actuel ?» 

II faut aussi noter que l’Eglise a malheureusement connu de grandes divergences et divisions,
parfois doctrinales. Cette situation a rendu difficile le rêve de voir une Église de Jésus-Christ
unie, indivisible surtout dans l’idée de se mettre ensemble pour des programmes conjoints en
vue de maintenir le flambeau de l’évangélisation et de la Mission.

La plupart des grandes organisations chrétiennes semblent faire cavalier seul.

Certainement que YHWH va susciter un autre grand Réveil spirituel…pour rappeler à son
Église, sa vocation première, sa tâche principale, sa raison de vivre, la Mission, encore la
Mission, toujours la Mission jusqu’aux extrémités de la terre.
129

DEUXIEME PARTIE : ETAT DES LIEUX

Nous consacrons cette partie à présenter et à faire l’état des lieux de l’E.M.U.CI. Mais
bien avant, puisque nous parlons de l’EMUCI, il serait tout à fait indiqué de la présenter, avec
ses différentes composantes missionnaires qui font problème sous l’angle missionnaire, aussi
bien que la Côte d’Ivoire qui est son champ de mission principal.
Les composantes missionnaires sont les Districts missionnaires, au nombre de cinq, les
champs de mission à l’extérieur, la Guinée Conakry, la Guinée Bissau, le Mali et le Burkina.
Nous apprécierons également le partenariat entre les Districts ordinaires et les Districts
missionnaires en vue d’une relance si possible.
Ce qui retiendra particulièrement notre attention dans la deuxième partie notre travail
c’est inévitablement le résultat d’enquête sur les différents terrains : les Districts ordinaires,
les Districts missionnaires, les champs de missionnaire en Côte d’Ivoire, la Communauté
Bambara et les résultats de la Guinée Conakry.
Comme nous l’avons dit dans notre projet de nous rendre dans certains pays avec
lesquels l’EMUCI a en commun et en partie le même héritage méthodiste (!!! il manque la
proposition principale). Nous nous interrogerons surtout sur leur évolution missionnaire et
chercherons à savoir davantage sur les stratégies qu’ils ont utilisées. Il y a des sœurs églises
méthodistes sœurs de la Gold Coast (Ghana), du Benin (Dahomey) et du Togo.
Pour une question d’ordre chronologique nous nous proposons de commencer par ces
églises méthodistes sœurs.
130

CHAPITRE I : LA WESLEYAN METHODIST MISSIONARY SOCIETY (WMMS)


EN AFRIQUE DE L’OUEST : GHANA, DU BENIN ET DU TOGO

I. Methodist Church of Ghana


Nous nous sommes inspirés du document d’archives produit intitulé The History of the
Methodist Church of Ghana par Joseph M. Y. Edusa-Eyison (History Development and legal
statuts of the church)

Dans le cadre de notre travail nous avons choisi d’intégrer trois (3) églises Méthodistes
d’Afrique de l’ouest : ce sont les églises Méthodistes du Ghana (Gold Coast), du Benin
(Dahomey) et du Togo. L’Histoire de l’EMUCI ne peut s’écrire sans interroger ces trois
églises qui ont joué un rôle essentiel au début du Méthodisme en Côte d’Ivoire.
Le fait marquant c’est que ces trois communautés ont en commun, un même fondateur
missionnaire : Thomas B. Freeman, un missionnaire mulâtre de père esclave affranchi africain
et de mère européenne. Freeman, panafricaniste convaincu, a apporté une touche particulière à
son ouvre missionnaire et évangélisatrice.

I.1. Qui est Thomas Birch Freeman143 (1809-1890)?

Missionnaire WM, fils d'une mère anglaise et d'un père africain (un esclave
affranchi ?), il est né le 29 novembre 1809 à Twyford, Hants, Hampshire, Angleterre. Il a
travaillé comme jardinier à Orwell Park, près d'Ipswich, devenant jardinier en chef et
botaniste, mais a été licencié lorsqu'il a rejoint les Wesleyens et est devenu prédicateur local.

En 1837, il s'offrit comme missionnaire et fut envoyé sur la Gold Coast (aujourd'hui le
Ghana), où il découvrit que ses cinq prédécesseurs étaient morts dans les treize mois suivant
leur arrivée. Ses deux premières épouses moururent toutes deux peu après leur arrivée en
Afrique.

Freeman, avec son sang africain, a survécu. Il a non seulement implanté des églises
dans la zone côtière, mais a fait plusieurs expéditions difficiles à l'intérieur des terres et le
long de la côte. Dans la capitale Ashanti, Kumasi, où des sacrifices humains étaient offerts, il
était considéré avec suspicion. Mais son voyage de 1842 est considéré comme le début du
méthodisme au Nigeria, au Bénin et au Togo. Il fut au cœur de la lutte anti-esclavagiste.

143
John Vickers, A dictionary of Methodism in Britain and Ireland, Peterborough Epworth presse. P,128.
131

En 1857, il démissionna du ministère après avoir dépassé son budget et devint le


commandant civil du District d'Accra. Mais il continua à prêcher et fut réintégré par la
Conférence WM de 1873. Bien qu'il n'apprît jamais une langue africaine, il fut un pasteur
efficace et baptisa plus de 1 500 personnes en 1877. Il mourut à Accra le 12 août.

I.1.1. La Wesleyan Methodist Missionary Society (WMMS) en Gold Coast

Le révérend Joseph Rhodes Dunwell, le missionnaire méthodiste wesleyen pionnier


pour travailler dans la Gold Coast, est arrivé dans le pays le 1er janvier 1835. Il n’était pas le
premier missionnaire à la Gold Coast. Avant lui, un certain nombre de missionnaires d'autres
confessions y avaient travaillé dans la Gold Coast dans le but de propager l'Évangile.

Il faut dire que le Ghana est un cas particulier dans la mission chrétienne. C’était d’abord
l’affaire des missionnaires autochtones ou indigènes.

Le succès du christianisme en Afrique de l'Ouest ne dépendait pas tant des expatriés


que de l'initiative locale. John S. Pobee 144 a noté à juste titre « qu'en réécrivant l'histoire de
l'église en Afrique, une chose que le lecteur ne peut pas manquer est que le héros de l'histoire
de l'église africaine n'est pas le missionnaire mais le catéchiste ; le catéchiste africain local
modestement instruit qui est le héros méconnu de l'histoire de l'église africaine ».

Certains Africains de l'Ouest indigènes, qui avaient embrassé la foi étaient déjà sur le terrain
de l’évangélisation et de la mission. Les figures de proue étaient M. Joseph Smith, le
directeur, et William de Graft.

Le groupe dirigé par William de Graft, appelé aussi le groupe biblique sera plus tard le
fondement de la croissance du méthodisme dans la Gold Coast.

En fait, ce sont les chrétiens ghanéens qui ont invité le méthodisme au Ghana. Les
groupes de méditation biblique, de prière, d’évangélisation, ont demandé des bibles à la
Grande-Bretagne par l'intermédiaire de Potter, le capitaine d'un navire.

En plus des bibles demandées, la Wesleyan Methodist Missionary Society (WMMS)


envoya Joseph Rhodes Dunwell en Gold Coast en janvier 1835 parmi neuf autres
missionnaires pour travailler en Afrique et à l'étranger.

144
John S. Pobee, „Theological Trends in Africa Today‟ in Pobee, John. S., and Kudadjie, J. N., (eds.), Theological
Education in Africa: Quo Vadimus Asempa Publishers, Accra. 1990, p. 59
132

Malheureusement six mois après, il était mort des suites du paludisme. Il ne fut ni le
premier, ni le dernier, à tel point que la Gold Coast avait été surnommé la tombe des
missionnaires.

Avant sa mort, en bon pédagogue, Dunwell avait préparé quelques hommes instruits
comme de futurs piliers de l'église dans le sens du discipolat. Il a également réussi à
réconcilier les deux figures de proue qui s’étaient entre-temps brouillées : Smith et De-Graft.
Le dictionnaire du Methodisme dit ceci de lui : «il ne survécut au climat que six mois, mais
encouragea la « bande biblique » africaine et posa les fondations sur lesquelles T.B. Freeman
et d'autres devaient construire à partir de 1838 »145 

Peu de temps après sa mort on pouvait dénombrer plus de cinquante contributeurs


réguliers qui payaient le ticket de classe méthodiste. Les disciples de Joseph Rhodes Dunwell
pouvaient ainsi se prendre en charge.

La Gold Coast était si meurtrière pour les missionnaires européens, qu’il est devenu de
plus en plus clair que les chefs Fantis étaient sans doute les mieux placés pour superviser le
mouvement méthodiste. La Wesleyan Methodist Missionary Society (WMMS) voulait
reposer la mission sur les épaules des indigènes ghanéens. C’est donc entre crainte, doute et
embarras qu’elle tentait une autre expédition. La solution toute trouvée est dans la personne
du jardinier Thomas Birch Freeman qui s'était porté volontaire et avait été recruté.

I.1.2. Thomas Birch Freeman et la Gold Coast Mission

En 1838, il arriva à Cape Coast, Gold Coast (Ghana), avec son épouse, une
Européenne.

À leur arrivée, ils ont été attristés d'apprendre que George Wrigley était décédé deux
mois plus tôt. Six semaines après, Elizabeth Freeman contracta elle-même la fièvre et mourut
le 20 février 1838. Ce fut des moments de grandes épreuves pour le missionnaire Freeman. Il
décida de ne pas abandonner mais de continuer l’œuvre.

Le 10 juin 1838, la congrégation consacra la première chapelle, la Cape Coast Wesley


"cathédrale". Le programme de consécration reflétait le programme missionnaire de Freeman.

Trois mois plus tard, le 3 septembre 1838, Freeman organisa la première réunion missionnaire
présidée par le gouverneur George Maclean.

145
John Vickers, A dictionary of Methodism in Britain and Ireland. Peterborough Epworth presse. Page 102
133

À la suite de cette réunion, Freeman et les méthodistes de Cape Coast ont reçu et ont
accepté un appel d'un groupe de méthodistes Fante réunis à Accra pour y étendre le ministère.
A Winneba, où servait alors un élève de de Graft, une vingtaine de personnes se rassemblaient
régulièrement pour le culte.

I.1.3. Les voyages de Freeman à Kumasi et ailleurs

Kumasi, alors décrite comme une ville « hostile », fut l'un des premiers royaumes
évangélisés par Freeman. Célèbre pour ses menaces d'invasion qui avaient effrayé les tribus
côtières, incarnation de l'horreur et de la cruauté, Kumasi fut néanmoins un champ
missionnaire réussi pour Freeman. Il y entra le 1er avril 1839, fonda une église et ouvrit
quatorze autres stations.

Il faut déjà noter qu’il y a été précédé par deux pionniers, John Mills et James
Hayford, deux chrétiens Fante commerçants à Kumasi. Ils avaient conduit des cultes chrétiens
pour les Fante vivant à Kumasi et pour les Ashantis qui voulaient y assister, sous la
supervision du roi à son palais.

Le roi d'Ashanti Nana Kwaku Dua I (1838-1867), a invité Freeman à y ouvrir une
école.

Des tensions survinrent malheureusement entre l’administration coloniale britannique


et le roi Ashanti. Elles entrainèrent la méfiance du royaume Ashanti qui ferma ses portes. En
1841, emmenant de Graft avec lui, Freeman se rendit en Grande-Bretagne pour demander des
fonds et des recrues pour l'expansion des travaux.

Lorsque les demandes de Freeman pour commencer une église ou construire une école
furent tous deux rejetées par le roi, il retourna sur la côte pour se concentrer sur son travail.
Son champ de mission était : Dixcove, Komenda, Elmina, Cape Coast, Anomabu, Egyaa,
Saltpond et Winneba à l'ouest, et Accra à l'est avec l'aide d'une équipe de méthodistes
indigènes Fante.

Le groupe était composé de de Graft, puis d'un stagiaire ; cinq prédicateurs locaux,
Joseph Smith, John Hagan, John Mills, John Martin, et George Blankson ; et quinze
exhorteurs. Des chapelles successives ont été ouvertes et dédicacées à Anomabu, et Winneba,
et d'autres entamées à Saltpond, Abaasa, et Comenda.
134

Certains Yorubas qui étaient devenus chrétiens en Sierra Leone ont regagné leur
patrie, le Nigeria. Ils demandèrent de l'aide à la mission wesleyenne. C’est en réponse à ces
appels que d'autres parties de la côte ouest de l'Afrique ont bénéficié du zèle évangélique de
Freeman : Badagry, Dahomey et le Nigeria, où des écoles ont été ouvertes pour former la
jeunesse Africaine, et améliorer l'agriculture, que Freeman considérait comme une condition
de la croissance de chaque pays.

Cependant, il n'a jamais obtenu les ressources pour la mission à grande échelle qu'il
envisageait. Il rencontra plusieurs fois Ghezo, le puissant roi du Dahomey, et plaça un
prédicateur à Ouidah, mais il ne put ni persuader le Dahomey d'abandonner une économie
esclavagiste, ni persuader sa mission d'y soutenir les efforts d'évangélisation.

Sans assistants financiers, il s’est retrouvé seul à tout faire. Il ne pouvait donc ni suivre
les dépenses, ni avoir de vérifications formelles de ses projets d'expansion. Freeman a été jugé
par la WMMS incompétent dans sa responsabilité financière et, en 1857, il fut démis de ses
fonctions de chef du WMMS ministère dans le méthodisme Ghanéen.

Conclusion

La distinction « fondateur du méthodisme ghanéen » revient à un Anglais, fils d’un


père africain et une mère anglaise qui ont travaillé au Ghana de 1838 à 1890.

Freeman est honoré non seulement pour la durée de son service au Ghana, mais aussi pour
l'étendue et la portée de son zèle missionnaire. Il a contribué à étendre le travail du
méthodisme dans le redoutable royaume Ashanti et au Dahomey.

Il fut également le premier à introduire le méthodisme au Togo, au Dahomey et au


Nigeria. En tant que personne de race mixte, et donc avec quelques sympathies pour l'Afrique
et les Africains, il a utilisé son origine raciale à son avantage et à celui de l'église, et était un
bâtisseur de ponts dans tous les aspects de son travail.

Son œuvre missionnaire ne se concentrait pas seulement sur l’évangélisation, mais


comprenait des projets de développement dans les domaines de l'éducation, de l'agriculture et
de l’industrie.
135

Freeman a toujours placé les intérêts des populations locales au-dessus de ceux de ses
compatriotes européens. Il a également prêché le sermon du Jubilé lors des célébrations de la
mission en 1885. Il est décédé à Accra le 12 août 1890.

Être mulâtre était pour Freeman à la fois un handicap et une bénédiction. Avec les
Africains, il était connu comme un ami qui comprenait leur culture et respectait leurs
coutumes. Avec les Anglais et les autres Européens, il était méprisé comme trop proche de la
sympathie des Africains.

Au cours de la période qui a suivi le licenciement de Freeman par la WMMS, il a été


recruté et employé par l'administration coloniale et chargé d'une division financière.

I.2. L’Église Méthodiste du Ghana et la mission

Nous nous sommes rendus au Ghana du 02 au 09 Août 2022. Nous avons d’abord été
reçus par le Very Révérend William A. Mpere-Gyekye, directeur général des ministères et le
Very Révérend Kwame Amoah Mensah, le directeur de l ’évangélisation, missions et du
renouveau. Nous avons eu des échanges très fructueux autour de l’Église Méthodiste au
Ghana en général et en particulier sur la question de la mission et précisément la mission au
Nord musulman. Nous avons eu les réponses à toutes nos questions. Des livres 146 et d’autres
documents attestant tout ce que nous avons entendu au cours de notre entretien nous ont été
remis. C’est ce que nous résumons ici :
Ce que nous retenons de l’entretien, c’est que l’évangélisation et la mission ont été une
préoccupation constante dans l’Histoire de l’Église méthodiste du Ghana. L’histoire de
l'Église méthodiste du Ghana ne révèle aucun modèle particulier en termes de méthodes et de
stratégies de sensibilisation, de mobilisation au cours des années , en ce qui concerne
l'évangélisation.

I.2.1. La région de la Volta 1846-1922

La mission méthodiste s’est appuyée sur les régions côtières et d'Ashanti, pour faire
son incursion dans la région de la Volta (la partie orientale de la Gold Coast) avant de
s’attaquer au nord.

146
Joseph M. Y. Edusa-Eyison, The History of the Methodist Church Ghana, Published 15 April, 2011.
136

Après Accra en 1846, c’est la société Pampram avec 20 membres conduits par le
révérend John Plange comme premier ouvrier missionnaire. Une chapelle y a été construite en
1873, et quatre ans plus tard, en 1877, c’est le début des travaux de l'église de Ningo.
En 1885, la mission atteint Dodowa. Le méthodisme ouvre une église dans la Volta en
1890 et y prend effectivement racine avec l’érection de la zone en Circuit en 1897.

La stratégie consistait à utiliser les membres laïcs, les hommes d'affaires, surtout pour
propager la foi de manière responsable et compétente dans tous les centres commerciaux
dans lesquels ils commerçaient.
L'église de Ho n’est devenue une société méthodiste à part entière qu'en 1953.

I.2.1.1. Sensibilisation et mobilisation missionnaire pour le nord du Ghana 1911-1950

Les régions du nord du pays ont été les moins touchées par cette première campagne
missionnaire des méthodistes.
Du sud où s'était concentré le gros du travail, les méthodistes tentèrent en 1911
d'évangéliser le nord du pays, ce qui ne se réalisa qu'au bout de deux ans. La raison en était
que l’administration a imposé des restrictions préjudiciables aux mouvements des
missionnaires méthodistes envoyés dans le nord. Le gouverneur pensait que les protestants
seraient plus difficiles à contrôler que les catholiques qualifiés de dociles et respectueux des
lois. Armitage, c’est de lui qu’il s’agit, aurait également jugé bon de ne pas déranger la région
Wa, un bastion musulman.
Ainsi, les méthodistes abandonnèrent l'œuvre dans les Territoires du Nord en 1915
pour n’y revenir en Ce n'est que dans les années 1950. En 1952, six volontaires y sont
affectés.
Le révérend Paul Adu l’un des volontaires a commencé des services de culte à Tamale,
région encrée dans l’Islam, ce qui a abouti à la création de l'Église unie de Tamale avec des
personnes locales de langue akan. Il a eu quelques succès. Il apprit leurs langues maternelles,
traduisit la prière du Seigneur, le Credo des Apôtres et quelques hymnes et chœurs en walla,
fonda des écoles et s'occupa de certains de leurs besoins économiques.

La stratégie ici a consisté à apprendre la langue locale, à traduire des documents


essentiels dans la langue locale, et en mission holistique, à les prendre en charge.
137

I.2.1.2. L'accession à l'autonomie (1961)


Une fois l'autonomie obtenue, le personnel autochtone de l'Église avait la
responsabilité de planifier efficacement, de regarder vers l'avenir en s’appuyant sur ses
prédécesseurs. Après la Conférence de 1961, des plans et concrets ont été élaborés et mis en
place pour la consolidation, la croissance et l'expansion de l'Église.

I.2.2. Sensibilisation et mobilisation missionnaire pour le nord du Ghana 1952-1966


Phase II
Dès 1962, la conférence de l'église, réalisant la grandeur de la tâche, a décidé de
s’associer à l'Église presbytérienne du Ghana dans une christianisation conjointe de la région.
Cette idée louable a subi des revers rendant impossible l'atteinte du but recherché. Certains
des problèmes rencontrés étaient le manque de personnel et de financement. Ainsi, entre
1962 et 1965, des mesures concrètes ont été prises par l'Église méthodiste pour fournir du
personnel pour le travail dans le nord.
En 1963, d'autres catéchistes ont été envoyés dans le nord en plus des volontaires de
l'église qui ont choisi d'y servir.
En 1964, la Conférence a autorisé l'emploi comme catéchistes stagiaires dans le nord,
des autochtones du Nord. Certes ils n’ont pas de bons niveaux d’études, mais ils savent lire et
écrire. Cela a eu un impact positif sur les populations qui voyaient leurs propres frères leur
annoncer la parole de Dieu dans les villages
Entre temps, le problème du financement de la Mission du Nord a été partiellement
résolu de diverses manières en mettant à contribution les Circuits du sud pour l'entretien de la
Mission.
En 1966, divers programmes ont été organisés pour accroître l'efficacité des
travailleurs dans le nord en réduisant la barrière linguistique. Dans le cadre de ce programme,
les travailleurs destinés à être détachés au Nord ont appris la langue à utiliser comme moyen
de communication avant leur affectation. La Conférence méthodiste a aussi construit des
écoles dans le Nord.
Malheureusement, tous ces objectifs n'ont pas été atteints car les futurs enseignants
méthodistes n'étaient pas intéressés par l'enseignement dans les écoles du Nord.
Malgré cela, l'Eglise méthodiste était déterminée à faire fonctionner la mission dans le nord
du Ghana.
138

En 1980, la Conférence, dans une tentative d'élaborer une stratégie plus dynamique
pour l'Eglise, a nommé un comité pour examiner les stratégies missionnaires passées et
actuelles dans les églises du nord.

I.3. La deuxième phase dans le nord a employé plusieurs stratégies :

- L’association avec une église sœur, l’église presbytérienne. La question du


financement a paralysé l’œuvre missionnaire.
- L’envoi de nouveaux catéchistes volontaires afin de résoudre la question de
l’insuffisance en ressources humaines. Cela a commencé à donner de bons résultats.
- Le recrutement de catéchistes stagiaires autochtones dans le nord, peu importe le
niveau. Cette décision a été salutaire.
- Les nouveaux candidats travailleurs pour le Nord ont appris la langue du Nord. Une
autre grande stratégie qui devrait changer le rapport de force sur le terrain. Mais les
candidats se sont désistés, n’étant pas prêts à aller vivre dans le nord.
139

La mission Méthodiste du Ghana et le partenariat

Au fil du temps, le besoin s'est fait sentir à nouveau pour les églises du nord d'être
adoptées par leurs homologues du sud, un point réitéré par M. Andrew Crakye Denteh, alors
vice-président de la Conférence en 1981 dans une allocution à la Conférence.
S'exprimant sur le thème "Jumelage d'églises et adoption d'enfants par la mission",
il a noté la place importante que l'Eglise du nord occupait au cœur des méthodistes du Ghana
et a proposé deux suggestions sur la manière de l’aider.

La première suggestion était l'adoption147 des Églises du Nord par les Congrégations
du Sud. La deuxième suggestion était l'adoption de garçons et de filles qui, pourvus des
conseils nécessaires, étaient susceptibles d'évoluer vers des postes à responsabilité.
²L'évangélisation des années 1980 s'est concentrée sur la diffusion de l'Évangile dans le nord,
qui a enregistré du succès. Afin de pérenniser le soutien à l’œuvre missionnaire dans le nord
du Ghana, une vaste tournée a été autorisée par la Conférence dans toutes les églises du sud.

Les ouvriers de l’église exerçant au nord ont sillonné les églises du sud afin de leur
présenter les réalités du terrain.

Les églises du sud ont favorablement réagi : après l’approbation par la Conférence
d’un plan de développement en 1985, un bloc de 10 salles de classe a été achevé à Tamale et
la chapelle du Béthel a été restaurée. Une voiture a été offerte au Surintendant de Tamale.
Des travaux ont été engagés pour les églises du nord. À Wa, le presbytère du surintendant a
été refait. D’autres moyens de transport et des motos ont été offerts au Nord.

Des salles de classe achevées et des chapelles en construction, autant d’élan de


solidarité suscité par la tournée des missionnaires du Nord.

Depuis lors, les églises du Sud et les particuliers ont continué à soutenir
financièrement et matériellement les églises du Nord.

147
The Methodist Church Ghana, Nineteenth Annual Conference, Winneba, 1980, Representative Session
Agenda, p. 22.
140

Les résultats ne se sont pas fait attendre. En 1989, des églises ont été implantées à
Yakut, Bako, Navrongo dans la région de Bawku. A Wa, quatre musulmans se sont convertis
et deux chefs locaux ont également reçu le Seigneur lors d'un service funèbre, qui a invité
l'Eglise méthodiste à implanter des églises dans leurs villages, Gogo et Nyagli. A Tamale,
Gbalahi, tout un village, s'est rendu à l'Évangile.

Les années 1990 ont été la décennie d'une plus grande croissance évangélique dans
l'église. La conférence était préoccupée par la croissance de l'église par rapport à la
croissance démographique du pays. L'église a décidé cette même année de sortir un plan
annuel pour atteindre les peuples non-atteints.

L'objectif en 1995 était d'atteindre une croissance modeste d'au moins 5 %. Ainsi,
l'année 1995 a été déclarée "Une année d'évangélisation", et le programme baptisé "5 en 95" a
été lancé lors de la Conférence de 1995.

Chaque membre d'église devait prier et annoncer Jésus-Christ à cinq (5) personnes
cette année.

Chaque congrégation méthodiste devait augmenter le nombre de ses membres à au


moins 5% d'ici la fin de 1995.

Chaque circuit devait ouvrir au moins cinq (5) nouveaux lieux de culte avant la fin de
l’année 1995.

Enfin, chaque District devait identifier cinq (5) groupes non atteints et y commencer
une œuvre missionnaire avant la fin de l’année 1995. Le programme a continué après 1995.

Cette grande inspiration a été saluée lors de la Consultation mondiale sur l'évangélisation
(GCOWE '95 à Séoul, Corée.

La stratégie ici parle plutôt de jumelage que de partenariat. Il s’agissait de


jumeler les communautés du nord à celles du sud. Le concept est plus fort que le
partenariat et non loin du communisme.

La deuxième stratégie est l’adoption d'enfants par la mission, des jeunes filles et
des jeunes garçons seraient adoptés au sud. En retour ils seraient plus tard de meilleurs
ambassadeurs de la mission méthodiste au nord. C’est une stratégie inédite.
141

La troisième stratégie est le concept 5% 95. C’est un concept avec un défi que
chacun devait relever. Il a même été salué à la Consultation mondiale sur
l'évangélisation (GCOWE '95 à Séoul, Corée.

I.3.1. Sensibilisation et mobilisation missionnaire pour le nord du Ghana Phase III


Une fois de plus, le travail dans le nord a attiré l'attention de lEglise qui a suggéré la
mobilisation d'un soutien logistique pour la mission dans le nord, ainsi que la formation
d'indigènes du nord pour évangéliser le nord. Comme il y avait le besoin de nouvelles
stratégies pour la mission au nord, un comité d'examen du nord du Ghana composé de onze
hommes a été mis en place pour examiner l'évangélisation et le travail missionnaire dans cette
contrée.

L'année 1997 a été baptisée EXPANSION 10% DE CROISSANCE EN 1997 en se


concentrant à la fois sur la croissance quantitative et qualitative de la vie individuelle et de
l'église.

La même année, davantage de personnes du nord ont été encouragées à entrer dans le
ministère, en plus de mobiliser des personnes du nord pour y travailler comme missionnaires
locaux. La nécessité d'utiliser la langue maternelle dans le culte afin d'attirer les gens a été
encouragée. La pénétration méthodiste et l'impact sur le Nord demeuraient encore
superficiels.

L’année 1999 a vu le début d’un nouveau projet : l'implantation de 500 nouvelles


églises locales. La région de la Volta a été ciblée pour cette grande campagne
d’évangélisation et mission.

Le thème de la conférence pour les cinq prochaines années à partir de 2000 était «
Consolidation et expansion », afin de mettre l'accent sur l'évangélisation.

Dans les années 2002 et 2003, dans le cadre de l'effort missionnaire de l'Église,
l'Église méthodiste du Ghana a organisé avec succès une sensibilisation/croisade qui s'est
tenue sur la place de l'Indépendance des nations à Accra. Cette activité a ensuite été reprise
dans les Diocèses et les Circuits à l'échelle nationale.

L'intérêt pour le ministère rural a également été ravivé. Au cours de l'année 2004,
l'Église méthodiste du Togo a demandé l'aide de l'Église méthodiste du Ghana pour
évangéliser et aussi pour implanter des églises dans ce pays.
142

I.3.2. Une mission du Ghana invitée au Togo

Le succès du programme a été le résultat de la signature d'un accord entre les deux
églises dans la formation des évangélistes, l'implantation d'églises, la formation du personnel,
ainsi que l'envoi de missionnaires au Togo.

Le personnel et la logistique, c'est-à-dire la fourniture de moyens de transport pour le


président par intérim du District, ont été les premiers défis.

Conclusion

Nous ne nous sommes pas trompés en inscrivant le Ghana dans le cadre de nos travaux
de recherches. Nous avons été personnellement édifiés. Comme une entreprise sans répit,
l’Église méthodiste du Ghana a compris ce qui est la vraie nature de l’Église, la mission ; elle
a compris ce qui fait la vie de l’église, l’évangélisation.

Elle est constamment à la tâche. Elle ne s’avoue jamais vaincue malgré certains revers
dans le nord du pays. Elle innove souvent des stratégies pour la conquête du nord. Elle y serait
presque parvenue si les enseignants des écoles méthodistes n’avaient pas fait défection.

La mission méthodiste du Ghana est experte en stratégies missionnaire. Elle développe


des concepts, même des concepts inédits, allant jusqu’à l’adoption des enfants du nord pour
que plus tard ceux-ci convainquent leurs familles pour la cause de la mission chrétienne
méthodiste. C’est une stratégie révolutionnaire.

Le Very Révérend Kwame Amoah Mensah, le directeur de l’évangélisation, missions


et du renouveau, notre interlocuteur du jour nous disait que l’église méthodiste du Ghana
n’hésite pas à mettre souvent à contribution les étudiants de ses universités méthodistes dans
les grandes campagnes d’évangélisation et de programmes missionnaires.

L’église méthodiste du Ghana accorde une place importante à la langue locale du


peuple non atteint. Elle privilégie l’intégration des autochtones dans sa stratégie.

Au moment où tout le monde parle aujourd’hui de partenariat, l’église méthodiste du


Ghana est allée plus loin que le partenariat ; elle parle carrément de jumelage. Deux
communautés locales en une seule rendant la connexion plus forte, plus intime.
143

L’église méthodiste reste et demeure constante par rapport à la grande commission :


« Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du
Saint-Esprit » Ma 28 : 19.

Le Very Révérend William A. Mpere-Gyekye, directeur général des ministères nous a


révélé qu’ils ont des communautés en Belgique, en France, en Angleterre, aux Etats Unis…
L’église méthodiste est tout simplement une église missionnaire.
144

I.4. L’Église Protestante Méthodiste du Benin

Comme nous le disions déjà, l’Histoire de l’Eglise Méthodiste de la Gold Coast, du


Togo, du Benin (Dahomey) et du Nigeria est l’œuvre d’une personne : Thomas B. Freeman.
Installé depuis le mois de Janvier 1838 en Gold Coast, Freeman a enregistré de bons
résultats qui ont eu des échos favorables au-delà des frontières. C’est ainsi que d’anciens
esclaves Egbas revenus chez eux au Nigeria l’invitèrent. Freeman se rendit à Abeokuta en
Septembre 1842, et y installa son homme de main du Ghana, le Pasteur Graft.
Mais cette ville vivait sous la menace constante de l'armée du Dahomey. Sur son
chemin de retour, Freeman avait décidé de se rendre à Abomey en vue d'obtenir la confiance
du Roi Guezo pour la sécurité de son œuvre au Nigéria.
Après deux mois d'attente à Ouidah, il avait été enfin reçu par le Roi, successivement à
Cana et à Abomey du 13 au 20 Mars 1843. Ayant obtenu de Guezo l'autorisation d'évangéliser
dans le royaume, il retourna en Gold Coast.
Il rendit plus tard d'autres visites aux royaumes d'Abomey, de Porto-Novo et d'Agoué.
A Ouidah il installa le missionnaire catéchiste africain Joseph Dawson en 1854 à qui
succèdera Peter Bernasko en 1857.
Par la suite la plupart des activités de Freeman se sont limitées en Gold Coast où,
admis à la retraite en 1886, il mourut le 12 Août 1890 à Accra.
S’il est vrai que l'œuvre accomplie par Freeman et ses collaborateurs à Ouidah est d'une
importance indéniable, il ne faut pas oublier qu'elle a été fondée sur des éléments favorables
qui y existaient déjà.
La présence certaine des esclaves affranchis disséminés dans la ville et celle d'une
petite communauté protestante dans le Fort anglais (1841) en étaient le ferment.

I.4.1. Ouidah
A Ouidah, l’œuvre missionnaire prit un essor. Dawson et Bernasko firent librement
leur travail jusqu’en 1804, année où le roi Glélé persécuta la Mission qui dut interrompre
alors ses activités.
Les chrétiens se réfugièrent à Grand Popo et Agoué où se trouvaient des groupements
méthodistes.
Après la conquête du Dahomey par la France, le pasteur W. Johnson vint rétablir le
culte à Ouidah par des séances et offices tenus à Fonsarame, au quartier Sogbadi, encore à
Fonsarame à Kéodan. Plus tard, la Mission construisit en 1905 et en banco un temple "Zion
145

Méthodiste" qui, atteint de vétusté vient d'être remplacé par un autre de cachet moderne et en
matériaux durables. Au milieu d'une grande fête il a été inauguré le dimanche 13 Décembre
1953 et consacré au Saint-Esprit.
C'est le troisième temple érigé à l'emplacement même du premier. Les activités de la
station de Ouidah rayonnèrent très tôt à l'ouest, en région Popo et mina.
On peut affirmer que la station d'Agoué existait déjà depuis 1854. De Y Ouidah,
Dawson y allait en effet prêcher tous les quinze jours. Vers 1856, une école y ouvrit ses portes
pour l'instruction religieuse et l'enseignement de l'Anglais.
Le missionnaire West remplaça Freeman à la tête du District de Lagos et visita
Anecho et Agoué en 1859. Il fut reçu dans cette localité par le roi King John de Thomas
Hutton, et Mademoiselle Ilavie.

Il prêcha dans la maison de Thomas Hutton, un négociant en produit de palmier à


huile.
A la mort de ce dernier, sa concession fut vendue à la mission qui la transforma en
chapelle et école.
Mais une guerre civile éclata en 1860 à Agoué. Le quartier anglais fut incendié. Cette
guerre mit à mal la présence méthodiste à Ouidah, Agoué et Anecho.

I.4.2. Thomas Joseph Marshall et la Station de Porto-Novo

Thomas Joseph Marshall naquit à Gbadagri en 1830. Ses parents étaient gun,
descendants des Houeda originaires de la région Popo. Il avait douze ans quand Freeman et
Graft débarquèrent dans sa ville natale.
C'est cette compagnie d'amis qui lui permit de fréquenter en 1843 à l'insu de son père,
l'école de la Mission. Le contact permanent avec les maitres, leur enseignement et la lecture
de ses livres préférés : un Nouveau Testament de poche et "le voyage du pèlerin aboutirent en
1846 à sa conversion définitive. Il fut baptisé et il prit désormais le nom de Thomas Joseph
Marshall. Il s'entraîna d'abord à être interprète.
En 1849, il devint le premier maître à l'école des externes de sa ville natale. Ainsi
commençait la vie de Marshall comme missionnaire Wesleyen.
En 1860, il fut élevé au rang de catéchiste et sa candidature fut acceptée en 1862 pour
le ministère pastoral. Marshall fut immédiatement envoyé à Porto-Novo pour ouvrir une
146

nouvelle Mission. Sa tâche devait être facilitée par sa connaissance des deux langues
principales de la ville : le gun et le Yoruba.
Marshall accomplit un excellent travail : il assura les cultes le dimanche, les visites et
les enseignements bibliques en semaine. Il était aidé par son épouse. Madame Marshall
consacrait chaque jour deux heures d’enseignement de couture aux femmes.
Dès 1863, l'Église comptait 120 personnes.
Marshall connut un grand succès malgré la persécution que les chrétiens connurent
sous Mikpon encouragés par les prêtres Vaudous.
D’autres serviteurs autochtones ont par la suite connu le même succès.
Le 10 Avril 1876, Marshall sollicita et obtint un rendez-vous auprès du roi. Il en
profita pour lui présenter des projets d'évangélisation de tout le pays. La protection et l'aide du
roi lui furent garantis pour son travail. L'œuvre missionnaire fut ouverte au peuple.

Il faut noter le rôle combien grand qu’ont joué » les missionnaires Européens. Leur
contribution à l'œuvre d'évangélisation au Dahomey s’est souvent réalisée au prix de leur vie.
Ils ont eu à affronter des obstacles de toutes sortes et subir de mauvais traitements en tant que
sujets britanniques de la part de l'Administration coloniale française.
Au nombre de ceux-ci, nous pouvons nommer : les pasteurs Ernest Taylor, William
James Platt, Paul Wood Lainé et Edwards Geoffroy Parrainder.
La note triste est que l’administration a accusé le pasteur Ernest Taylor de subversion
politique. Il fut condamné et transféré à Dakar où il mourut en prison.
Il y avait aussi des missionnaires Africains, les pasteurs Togolais Gaba A, John
Kpomegbe, François Agbomina, Mathias Lassey, James Lawson, Gaspard Mensah, Silouvi
Creppy et le laïque Louis Monor Lawson.
L’EPMB compte 320 pasteurs, plus de 4 000 prédicateurs, 980 temples et elle
revendique aujourd’hui 1000.000 de fidèles.

I.5. L’Eglise Protestante Méthodiste du Benin et la Mission aujourd’hui


147

C’est la question que nous avons posé à la classe dirigeante avec sa tête le président de
l’EPMB, le révérend pasteur Kponjesu Amos Hounsa. Nous vous proposons leur réponse ci-
après : l’EPMB est en phase avec cette question parce que le nouveau thème de l’église le
stipule si bien : «la mission de partout vers partout »

I.5.1. Que veut dire concrètement ce thème ? 


Révéler l’Eglise Méthodiste comme la première église au Benin parce que nous
sommes arrivés au Benin depuis le 06 Mars 1843, avant l’église catholique. Nous devons
affirmer notre identité Méthodiste, affirmer que le Méthodisme est une valeur, c’est une vertu
et que nous devons pérenniser cela donc nous voulons rendre plus
visible l’église Méthodiste au Benin : « la mission de partout vers partout ».
- Pour consolider la foi de nos fidèles, c’est-à-dire qu’il faut aussi renforcer leur foi, les
doter des armes spirituelles pour répondre efficacement à la mission
- Nous avons l’obligation d’aller gagner des âmes pour Christ. c’est le sens de la
mission de partout vers partout. Nous devons aller partout pour gagner des âmes pour Christ
- Et quand on gagne des âmes pour Christ, nous devons les entretenir, faire le
discipolat, les former et garder pour qu’elles soient efficaces sur le terrain.
I.5.2. Pourquoi voulez-vous un partenariat avec le Ghana ? Pourquoi pensez-vous qu’ils
ont une expérience à la matière ?

Parce qu’après la réconciliation de notre église, nous avons connu des difficultés
pendant 20 ans. L’église de Ghana s’est investie et a dépensé des énergies pour venir nous
parler de la réconciliation, et lorsque le processus a abouti, nous sommes allés donc les
remercier. . C’est donc dans ce cadre que nous avons échangé avec eux par rapport à
leur expérience dans le domaine de la mission et de l’évangélisation. Ils nous ont
communiqué des stratégies missionnaires qu’ils ont utilisées pour que l’église Méthodiste
puisse gagner tout le Ghana.
Les fidèles allaient dans les hameaux pour créer des églises. Quand les fidèles
sortaient pour une évangélisation porte à porte ou plein air, ils installaient une communauté.
Ils nous ont donné des stratégies que cette église a utilisées pour s’étendre un peu partout.
C’est pourquoi dans le document nous avons parlé de l’expérience du Ghana.
Vous avez choisi le grand thème « la mission de partout vers partout ». C’est cette première
partie que je veux comprendre, pourquoi est-ce que vous avez choisi ce thème ?
148

Nous avons choisi comme thème « la mission de partout vers partout » parce qu’on a
compris qu’aujourd’hui la mission ne doit pas se limiter seulement à la grande ville.

La mission doit descendre partout parce que l’église a l’habitude de se contenter à un


certain moment des grandes métropoles, des grandes villes et de rester là, à développer des
activités. Alors que les coins et les recoins, les bouts et les rebout, les petits villages ont
besoin d’être évangélisés, on besoin d’avoir la bonne nouvelle. Si Freeman n’avait pas quitté
Badaville pour venir au Benin pour évangéliser, l’évangile serait seulement au Nigéria.
Si les Béninois n’avaient pas quitté le Benin pour aller en Côte d’Ivoire pour implanter
l’église méthodiste, l’évangile serait seulement au Benin. Donc nous avons pensé que l’église
doit partir de partout vers partout. Autrement dit, il ne faut pas faire de restriction lorsqu’on,
veut apporter la bonne nouvelle.

La bonne nouvelle s’adresse à tout le monde. Jésus a dit dans Matthieu 28 :16-20 «
allez partout, faites de toutes les nations mes disciples… ».
C’est à partir de toutes les nations là, que nous avons pensé que la mission c’est de
partout vers partout. Cela veut dire encore que ceux qui sont au Sud doivent aller évangéliser
ceux qui sont au Nord ; et ceux qui sont au Nord doivent évangéliser ceux qui sont au Sud ; et
ceux qui sont au village aussi doivent venir apporter leur créance ; et ceux qui sont dans les
villes doivent aussi aller dans les confins pour aussi annoncer l’évangile et partager leur
expérience.
Donc La mission ne doit pas être centrique. La mission doit sortir de partout vers
partout, c’est-à-dire tout le monde est missionnaire. Pasteur missionnaire, laïcs missionnaires,
anciens missionnaires, quel que soit le rôle ou la responsabilité que chacun a dans l’église,
nous sommes tous missionnaires.

Donc la mission doit partir de partout vers partout. Il ne faut pas qu’il y ait de localités
qui ne reçoivent pas l’évangile. Il ne faut pas qu’il y ait une localité enclavée. L’enclavement
d’une localité ne doit pas être un prétexte pour ne pas y aller, parce que l’évangile doit être
perçu comme une lumière et quand la lumière vient, elle dissipe les ténèbres, elle apporte la
joie, elle réchauffe, elle apporte la paix.
La lumière contribue au développement ; donc l’évangile en tant que vecteur, en tant
que moteur de développement doit atteindre tout le monde.
Conclusion
149

Toutes ces personnes ont été des instruments entre les mains de Dieu pour maintenir
allumé haut le flambeau de l’évangélisation et la mission dans ce Dahomey profondément
ancré dans le fétichisme, le Vaudou et l’adoration de python. Cette Histoire de la mission ne
sera jamais complète si elle ne s’écrit pas avec la plume de la figure emblématique Thomas B.
Freeman et d’un autre Thomas Joseph Marshall, un autochtone recruté sur le tas dont l’œuvre
missionnaire a laissé des traces.
La crise que l’EPMB a connu ne lui a certainement pas permis de regarder en face les
défis originels de l’Église à savoir l’Évangélisation et la Mission.
Le choix du thème hautement missionnaire : « la mission de partout vers partout »
va certainement va fouetter l’orgueil de toute l’EPMB qui revendique sa place de première
Église au Benin, l’Église de Thomas B. Freeman.

I.6. L’Église Méthodiste du TOGO


150

Nous étions au Togo du 07 au 08 Juillet pour rencontrer les responsables de l’Église


Méthodiste du Togo. C’est le président qui nous a reçu : Le Révérend Pasteur Godson
Dogbeda Teyi Lawson Kpavuvu. Pour l’Historique, il nous a remis le document 148 à
l’occasion du 170e anniversaire de leur église intitulé : 1843-2013, 170 ans d’évangélisation
au Togo : Réveil Méthodiste aujourd’hui, Michée 6 :6 l’Église Brève présentation de l’Église
Méthodiste du Togo (EMT).
Que retenir ?
I.6.1. Le début de l'ère chrétienne et du Méthodisme au Togo

De Ouidah pour rejoindre la Gold Coast, l'infatigable Thomas Birch FREEMAN, avait
marqué un arrêt à Aného en Mars 1843.
Le Révérend FREEMAN a rendu visite au Roi Georges Akuété ZANKLI LAWSON
1er.
Suite à leur entrevue, le Roi s'est converti et a donné l'accord à Freeman d'ouvrir un
lieu de culte dans son palais royal à Aného.
Le tout premier culte chrétien et méthodiste au Dieu Trinitaire, le Père, le Fils et le
Saint-Esprit, a été célébré le 28 Mars 1843. Cette date marque le début de l'ère chrétienne et
du méthodisme au Togo.
Pendant son séjour à Aného, il avait aussi rendu visite au Roi des Adjigos, KWAO
ADADE Nutepe (1832-1848) et avait organisé plusieurs campagnes d'évangélisation en plein
air.
Par la suite, la plupart des activités de FREEMAN s'étaient limitées en Gold Coast où,
admis à la retraite en 1886, il décède le 12 Août 1890 à Accra.
En 1918, le pasteur O. J. CHEFFING avait remplacé le pasteur PLATT à la tête du
District.
Bien que de courte durée, l'œuvre de PLATT en qualité de Surintendant du District a
été remarquable.

Sous sa direction, une équipe de Togolais, menée par Anani Walter Chrysostom
JOHNSON et James Ben LAWSON (surnommé pasteur Ahonévi) ont traduit en langue «
148
Charles KLAGBA, 1843-2013, 170 ans d’évangélisation au Togo : Réveil Méthodiste aujourd’hui, Michée 6 :6.
Lomé 2013.,Pp.10-28
151

guin », de nombreux passages du Nouveau Testament et quelques hymnes méthodistes qui


forment le recueil de chant « Zion be Mamla », toujours utilisé par la communauté méthodiste
du Togo et du Bénin.
Ainsi au Togo, le méthodisme s'était affermi et avait connu un essor.

I.6.2. Evolution missionnaire de l’Église méthodiste du Togo


Il s'agit là de relever ici des zones qui ont servi de base pour l'expansion de l'Eglise
Méthodiste au Togo et des lieux qui avaient été touchés par cette mission avant de devenir
District.
Ces champs d'actions missionnaires étaient, en dehors d'Aného, Agbodrafo, Glidji,
Agouégan Attitogon, Tabligbo, Aklakou et ses environs, Grand-Popo, Agoué, Atiémé et ses
environs. Toutes ces localités faisaient partie du Circuit d'Aného de 1884 à 1930.
L'Église Méthodiste du Togo (EMT) est la plus ancienne des Églises du Togo. Dès son
implantation, l'Église Méthodiste au Togo (telle était son appellation), était rattachée de 1843
à 1978 à de vastes régions ecclésiastiques dénommées Districts, qui faisaient partie de l'Église
mère, Église Méthodiste de Grande Bretagne.
Il y avait :
- Le District Gold Coast-Nigeria-Dahomey-Togo,
- Le District Dahomey-Togo-Côte d'Ivoire
- Le District Dahomey-Togo.
Le 28 Mars 2000, l'Église Méthodiste du Togo (EMT) a changé son statut. De District
qu'elle était depuis sa séparation du Dahomey en 1978, elle est devenue une Église autonome
vis-à-vis de l'Église mère (Église Méthodiste Bretagne).
Elle est désormais érigée en Conférence qui est l'organe suprême (Assemblée Générale)
de l'Église.
L'Église dispose aujourd'hui d'une Constitution et d'un Règlement Intérieur qui régulent le
fonctionnement de tous les organes centraux et décentralisés, ainsi que les commissions et
institutions spécialisées. Le Conseil de la Conférence est l'organe d'exécution et de décisions
de l'Église entre deux Conférences biennales.
L'Église Méthodiste du Togo (EMT) dispose d'une Administration Centrale, de (S)
Districts (Lomé las Tabligbo Attitogon, Missionnaire) dirigés par des Surintendants Généraux
; de (10) Circuits dirigés par des Sites Circuits, des Paroisses, des Départements. Les Pasteurs
et les Évangélistes sont les principaux ouvriers.
152

Les Pasteurs et les Évangélistes sont les principaux officiants de l’Église et sont assistés
dans leurs tâches par des Prédicateurs laïcs de plein droit.
Une Constitution et un Règlement Intérieur régulent l'Organisation et le fonctionnement
de l'Église.
La Conférence est l'organe suprême de l'EMT, en d'autres termes, l'Assemblée Générale
qui se réunit tous les deux (2) ans.
Le Conseil de la Conférence, un organe restreint entre deux biennales, régit les affaires de
l'Église et veille aux décisions de la Conférence.

Elle compte selon les dernières statistiques de 2013 plus de 100.000 membres répartis
dans six (6) Districts : Lomé, Lacs, Bas-Mono, Yoto, Missionnaires de Tsévié et d'Atakpamé
dirigés par des Surintendants Généraux de Districts et des Surintendants de Circuits.

I.6.3. L’Eglise Méthodiste du TOGO et la Mission

L’EMT : Nous avons été reçus par le président de l’Eglise à la date du…
Il a rappelé que l’EMT a toujours été un district rattaché au Nigeria, puis au Benin
(Dahomey).
Donc c’est maintenant, depuis le 28 Mars 2000, que l’EMT prend ses marques en vue
d’élaborer un programme pour la mission au Togo.
Néanmoins là où le besoin s’est fait sentir, l’EMT n’a pas hésité à implanter des
églises pour y encadrer les fidèles Méthodistes.
Grâce à la nouvelle politique d'expansion mise en place par les dirigeants de l'Eglise
depuis 2004 à nos jours, de nouvelles paroisses et de nouveaux lieux de cultes s'étendent de
Tsévié jusqu'à Dapaong.
Il faut noter que l’EMT travaille en association avec l’Eglise méthodiste du Ghana
pour la formation de ses pasteurs dans le domaine de l’évangélisation et de la mission. Le
Ghana a déjà des missionnaires sur le territoire Togolais dans le cadre de cette nouvelle
collaboration.
Conclusion
C’est le 28 Mars 2000 que l’EMT est officiellement autonome vis-à-vis de la
Conférence Britannique de Londres. Qu’elle fasse de l’évangélisation et de la mission sa
priorité parce que les défis missionnaires au Togo sont réels.
153

CHAPITRE II : LA MISSION MÉTHODISTE EN CÔTE D’IVOIRE

II.1. Les pionniers


Ce que nous voudrions faire remarquer ici est que la Mission en Côte d’Ivoire a
essentiellement été une œuvre volontaire de migrants, ou encore des étrangers.
« La pénétration protestante dans ce territoire date d’ailleurs d’avant la colonisation
car on fixe à 1870 la date d’arrivée des premiers chrétiens méthodistes dans l’espace qui
sera appelé plus tard la Côte d’Ivoire. A partir de 1890, Grand-Bassam était considérée par
les méthodistes comme un poste d’émigrés avec un pasteur africain et un temple »149.
Même si nous n’avons aucune preuve officielle de leur engagement sur le terrain
encore moins leur implication dans l’Evangélisation protestante de la future Côte d’Ivoire,
mais l’Histoire a la trace d’autres protestants et non des moindres, Louis Gustave Binger
Gouverneur lui-même le premier Gouverneur de la colonie.

II.1.1. Deux pionniers étrangers : Ghanéen et Libérien


II.1.1.1. Le prophète William Wade Harris
William Wade Harris est né vers 1860 en pays Grebo au littoral est de Cap Palmas, au
Libéria.
Il a passé six ans chez son oncle maternel, le Rév. John C. Lowrie, qui l’a pris comme
apprenti et écolier dans sa maison de pasteur-maître d’école méthodiste à Sinoe, parmi les
Libériens immigrés, en dehors du territoire Grebo et loin des influences de la vie
traditionnelle.
Lowrie était un ancien esclave, converti et éduqué à Freetown, et était un prédicateur
et un enseignant remarquable.
Il a baptisé Wadé, et lui a sans doute donné le nom William Harris. Il lui a aussi appris
à lire et à écrire en anglais et en Grebo.
Harris a été marqué définitivement par la foi, la piété, la discipline, et la culture
biblique de Lowrie, ainsi que par son rôle d’homme de la Bible dans la société.

149
Célestin KOUASSI, La pénétration Protestante en Côte d’Ivoire 1893-1964, Diathèkè. P. 91
154

Lors d’une période de renouveau spirituel à Harper et à Cap Palmas, quand il avait à
peu près vingt-et-un an, Harris a été converti dans l’église méthodiste par la prédication du
pasteur libérien, le Rév. Thompson.
Cette nouvelle période chrétienne a été marquée par son mariage chrétien en 1885. Il a
épousé Rose Farr, la fille d’un enseignant du catéchisme épiscopalien John Farr.
En 1888, il a été confirmé dans l’église épiscopalienne par le premier évêque libérien,
Samuel D. Ferguson.
Harris a été nommé enseignant adjoint et catéchiste pour son village natal.
II.1.1.2. Son arrière-plan
Théologiquement, l'église épiscopale a fait de lui un enseignant scolaire et un
enseignant de la Bible de 1892 à 1908.
Idéologiquement, dans sa période il est entré en contact avec les idées du millénariste
américain Charles Russell, le message de la Tour de garde. Le Mouvement de Charles Russell
a donné naissance au Groupe des Témoins de Jéhovah.

L'intense conflit entre indigènes Libériens et les Noirs Américanisés immigrés a éclaté
pendant cette période.

Politiquement, comme Grebo, il a été impliqué dans une rébellion contre l'Etat
Libérien.
Harris va payer de sa loyauté à la cause indigène. Il a été suspendu de toutes ses
charges en 1903. Il sera par la suite arrêté et emprisonné.
Harris était en prison, déprimé par le cours des événements, et c’est là, vers juin 1910,
que son avenir prophétique a été déterminé. Il a reçu en vision son appel missionnaire.

II.1.1.3. L’œuvre missionnaire du prophète Harris


Quand Harris apparait à pied en Côte d'Ivoire en 1913, il avait déjà soixante ans. Il
portait une longue robe blanche et un turban. Il avait une croix en bambou, une petite Bible et
une calebasse d'eau.
Il était accompagné par deux disciples femmes, chanteuses. Il allait de villages en
villages, appelant à la repentance, à abandonner et détruire les fétiches, à revenir au vrai Dieu,
à être baptisé et pardonné par le Sauveur. Il apprenait au peuple à suivre les commandements
de Dieu et à vivre dans la paix.
155

Les convertis du Prophète Harris se comptent par milliers. À sa suite de petits


bâtiments d'église en bambou se sont levés d'un bond dans beaucoup de villages. Dans chaque
église, il y avait un prédicateur laïc pour le service du culte. Il a aussi choisi douze apôtres
pour l'administration de l'église.
En 1915 le gouverneur français de la Côte d'Ivoire l'a fait arrêter et l'a expulsé dans
son Liberia natal. Craignant des troubles parmi les gens, le gouverneur a fait mettre le feu à
leurs églises. Cependant, le mouvement était si fort que la persécution ne pouvait pas le
détruire. Les fidèles ont construit de nouvelles églises de pierre et de béton pour remplacer les
structures en bambou qui avaient été brûlées.
Frederick A. Price a parlé d’un « vrai raz-de-marée d’enthousiasme religieux qui a
poussé des centaines de gens à rentrer dans l’église chrétienne… ce n’était rien de moins que
la Pentecôte en Afrique »150.
Un point saillant de ce grand mouvement, c’était le fait que les tribus qui semblaient
être les plus difficiles à aborder sont devenues les plus ouvertes à la prédication de
l’évangile… Le feu du renouveau s’est vite répandu d’une extrémité de la côte à l’autre, et
certaines parties de l’intérieur ont partagé la merveilleuse expérience de prise de contact avec
le Christ.
Le père Jean Ogé151, a écrit en 1920 du prophète africain que : « les missions avancent
à grands sauts…grâce à l’ancien enseignement du fameux prophète Harris. Les païens, privés
de leurs vieux dieux, viennent en masse à nos églises pour demander l’instruction religieuse ».
Tous les représentants des confessions chrétiennes ont reconnu, pour la plupart par
écrit que Harris le prophète drainait du monde et que son ministère produisait des effets
tangibles sur les populations.
Parlant des résultats du pionnier Libérien, John PRITCHARD écrit : « Dans le cadre
de ses visites, Platt va s’entendre dire à propos du mouvement Harris ceci : « ce sont des
dizaines de milliers dans des centaines de villages tout le long des lagunes et à l’intérieur qui
sont entrain de prier… »152.
II.1.2. Mark Christian HAYFORD

Mark Christian HAYFORD naquit le 18 août 1864 à Anamabu en Gold Coast


(Ghana). A Anamabu, la ville natale de Mark Christian HAYFORD, la première Église

150
Frederick A. Price, Liberian Odyssey [Odyssée du Libéria] (New York: Pageant Press, 1954), pp. 142-48.
151
Cité dans E. M. Hogan, Catholic Missionaries and Liberia [Les missionnaires catholiques et le Libéria] (Cork,
Ireland : Cork Univ. Press, 1981), p.103.
152
John PRITCHARD, Methodists and their Missionary Societies 1900-1996. Ashgate Publishing, London 2014.P.
75.
156

méthodiste fut inaugurée déjà en 1839. De nombreux parents de Mark HAYFORD, comme
son père, devinrent pasteurs de la Mission Méthodiste. Mark C. HAYFORD lui-même fut le
premier pasteur méthodiste dans les mines d’or de Prestea et Tarkwa à environ 60 km au Nord
d’Axim. Le Synode de Cape Coast refusa sa consécration pour indiscipline. Il fut plutôt
suspendu pour deux ans. Suite à cette décision Mark Christian HAYFORD annonça sa
démission de la Mission Méthodiste et devint prédicateur indépendant. Il créa sa propre
mission, la Baptist and Church Mission.
Sa vision était d’étendre sa mission en Côte d’Ivoire. En 1906 et 1908, avant Harris, il
séjourna en Côte d’Ivoire. Il rendit visite aux communautés Fantis venues de la Côte d’or et
travaillant dans les maisons de commerce.
En 1919, après Harris, Mark Hayford revint Côte d’Ivoire où il accomplit une grande
tournée. Il créa des postes missionnaires dans la région de Dabou et de Sassandra. Cette
dernière visite lui a permis d’y apprécier l’œuvre d’Harris. « D’innombrables villages
érigèrent de grandes cases de prière en attendant les « Blancs de Dieu »153.
Mark Hayford parvint à rallier quatorze de ces Églises à sa Mission, la Baptist and
Church Mission (B.C.M).
Les nombreuses restrictions et exactions de l’administration coloniale avaient fini par
freiner les actions du pasteur Mark HAYFORD. Celui-ci, soucieux du suivi de ses fidèles,
décida alors d’aller chercher des missionnaires français pour s’occuper des Églises qu’il a
établies dans la Basse Côte d’Ivoire.
Le Pasteur Jacques BLOCHER rendant compte de cet évènement en écrivant ces
lignes :
« Daniel et Laure répondent alors à l'appel d'un leader évangélique africain que l'on
avait invité à l'Institut pour présenter les besoins de son œuvre. Cet homme s'appelle Mark C.
Hayford, il explique avoir sous sa responsabilité des Églises en Côte d'Ivoire, organisées
parmi des convertis du ministère-éclair et extraordinairement béni de l'évangéliste William
Wadé Harris… Daniel et Laure débarquent dans le port de Grand-Bassam le 21 mars 1927.
Mais une fois sur place, ni les contacts locaux ni les Églises de Hayford n'ont laissé la
moindre trace... »154.
La MBCI ne serait pas née en 1927 si le pasteur Mark Christian HAYFORD ne s’était
pas soucié du salut et du suivi des convertis d’HARRIS pour se rendre à Paris à la recherche
de missionnaires français.

153
Célestin KOUASSI, Op.cit. Page
154
Jacques Blocher, https://ibnogent.org/files/Cahier_10_2011.pdf
157

II.1.2.1. Les peuples de langue Anglaise

La Mission de la Côte d'Ivoire a été créée en 1893. C'était une mission qui travaillait
essentiellement dans les zones urbaines. Le Père TRICHE fait remarquer que,
« Le 30 Mars 1907, six protestants d’Aboisso adressent à l’administration une
demande d’autorisation d’ouvrir un temple protestant dans leur localité. Ces documents
officiels montrent que, à cette époque, existaient des groupes de protestants désireux
d’entretenir leur foi par le culte du dimanche »155 .

La mission de la Gold Coast avait déjà les communautés de Méthodiste en Côte


d'Ivoire. Avant 1908, les fidèles protestants résidaient surtout au Sud du pays. Ils étaient pour
la plupart originaires de colonies anglaises : des employés de bureau, des vendeurs et des
commerçants. D’autres étaient des exploitants forestiers, pêcheurs… On peut parler de ceux
venus de Sierra Leone et de la Gold Coast à Assinie en 1893. Dès cette date à 1908, ce fut un
déferlement : Grand-Bassam (1895) en majorité Fanti et son catéchiste Ghanéen John
BONNY ; Yocoboué (1905) encore des Fanti ; Aboisso (1907) avec un missionnaire Ghanéen
John Watson en 1912, Grand-Lahou (1908) en majorité des Fanti et des Sierra-léonais.

Deux décisions ont été prises par la Mission Méthodiste de la Gold Coast :
- En 1897 elle a érigé la Côte d'Ivoire en champ de mission rattachée au Circuit d'Axim.
- En 1914, le champ Mission Méthodiste de la Côte d'Ivoire a été érigé en Circuit par le
District de la Gold Coast. Un Missionnaire européen, Révérend Martin a été nommé
comme le surintendant.

II.1.2.2. Une Eglise naissante persécutée mais vivante


Les Méthodistes en Côte d’Ivoire connurent la persécution de l’Administration coloniale.
Jusqu’à l’arrivée du premier Missionnaire en 1924, les communautés Méthodistes
étaient en lutte avec L’Autorité coloniale. Celle-ci reprochait officiellement aux premières
leur utilisation de l’Anglais comme la langue du culte.

155
LE PERE TRICHE, op.cit, P. 163
158

C’est ainsi qu’elle fit appel aux Missionnaires Catholiques pour refréner l’expansion
missionnaire protestante ; Malgré cette hostilité, la présence des Protestants sur le terrain était
incontestable.
L’Autorité coloniale animée par la ferme intention de faire de la colonie un Etat de
Confession Catholique surtout Française, opta en 1917 pour la voie de la répression : la
plupart des chapelles Méthodistes furent détruites ainsi que celles des partisans du
« prophète » Harris.
Les cultes furent interdits tout comme les Bibles en version Anglaise. Les prédicateurs
‘’récidivistes’’ furent pourchassés, arrêtés et emprisonnés.
La Colonie à cette époque vivait au rythme des décrets. Le pasteur Edmond De BILLY
rapporte « qu’en 1923, un nouveau décret régissant l’exercice des cultes fut mis en vigueur,
autorisant seulement l’emploi du Français, des langues parlées par les tribus des territoires
français, ou du latin pour les cérémonies religieuses.
L’Eglise de Grand-Bassam fut fermée par ordre du gouverneur pour n’avoir pas tenu
compte du décret.
Malgré l’hostilité, la persécution et la répression, les Méthodistes demeurèrent fermes
dans la foi et attendirent ce qu’avait promis Harris, le prophète : « l’arrivée des Missionnaires
Blancs ».
En 1924, c’était une Eglise certes meurtrie, mais vivante qui accueillit dans une joie
immense, le Rév Pasteur John Platt.
A côté des communautés Méthodistes Anglophones, il existait donc des Communautés
Méthodistes originaires du Dahomey (aujourd’hui Benin). Ces Communautés seraient à
l’origine de l’arrivée du Pasteur Britannique William John PLATT, qui est aujourd’hui le père
de la Mission Méthodiste en Côte d’Ivoire.

Ype SCHAFF dans son livre « L’HISTOIRE ET LE ROLE DE LA BIBLE EN


AFRIQUE »156 met plus l’accent sur ces communautés étrangères de langue Française : « En
1924, ces travailleurs étrangers voulurent construire une chapelle à Abidjan, afin d’y célébrer
Dieu dans leur langue maternelle. Ils connurent des difficultés de la part de l’administration
coloniale française à propos de la reconnaissance officielle de leur Eglise et de l’achat d’un
bout de terrain…un de leurs missionnaires vint du Dahomey à Abidjan pour tâcher de régler
l’affaire. Ce missionnaire s’appelait Platt et il prit comme conseiller Juridique un avocat
français, qui lui demanda pour quels protestants il était venu en Côte d’Ivoire. Le
156
Ype SCHAFF, L’HISTOIRE ET LE ROLE DE LA BIBLE EN AFRIQUE ; il poursuit sa route avec joie…pp. 193-194
159

missionnaire lui répondit : pour les seuls protestants d’Abidjan, c’est-à-dire le groupe des
petits fonctionnaires venant du Dahomey.
Alors l’avocat français lui raconta qu’il y avait en Côte d’Ivoire des milliers de
protestants, auquel aucun missionnaire n’enseignait la Bible. Des représentants de ce groupe
étaient passés peu auparavant à son bureau avec un gros tas de papier-monnaie pour lui
demander d’aller pour eux en Europe chercher des missionnaires pour eux. Ce qu’il avait
refusé.
Platt régla alors les problèmes juridiques de ses frères chrétiens du Dahomey, et se mit
ensuite à la recherche de ces autres « protestants »

II.1.3. Qui est John Platt ?


De son vrai Platt William James157 et non John, le Révérend Dr. Platt est né à
Horwich, Lancs le 2 mai 1893. En quittant Didsbury College à 23 ans, il fut nommé dans le
District de Lagos, qui couvrait alors une vaste région du Nigeria, du Dahomey (aujourd'hui
Bénin) et du Togo. Parlant couramment le français, il était en poste au Dahomey.
En 1923, il se rendit en Côte d'Ivoire (aujourd'hui Côte d'Ivoire) pour intercéder
auprès des autorités françaises en faveur de la petite communauté méthodiste. Il est alerté du
mouvement de masse initié en 1913-15 par le « prophète » libérien William Wadé Harris,
mouvement jusque-là inconnu hors de Côte d'Ivoire, dont il écrira plus tard le récit.
Il convainquit la WMMS de se charger de son suivi et devint en 1924 Président du
nouveau District de l'Afrique Occidentale Française Dahomey Togo et Côte d’Ivoire).
Il était un organisateur efficace en Afrique et un puissant défenseur en Grande-
Bretagne.
En 1930, frustré par les divergences politiques, il quitta la Société missionnaire et
servit pendant plus de 30 ans au sein de la Société biblique, dont il devint finalement le
secrétaire général.
Il est décédé à Windsor le 05 juillet 1993, à l'âge de 100 ans.

157
John A. Vickers, A Dictionary of Methodism in Britain an Ireland, « Platt William James » Peterborough
Epworth 200. Page 273
160

II.1.4. L’Eglise Méthodiste en Côte d’Ivoire

Le Pasteur Philippe ADJOBI158, (résume la présence des Méthodistes en Côte d’Ivoire en cinq
étapes :
Première étape : de 1870 à 1924 : L’étape pré-missionnaire : Etape de contact (

L’Église était en gestation, disséminée à Assinie, Grand-Bassam, Grand-Lahou, puis à


Dabou et à Abidjan qui étaient les ports principaux d’une des époques florissantes de la Côte
d’Ivoire qui avaient exercé beaucoup d’attrait sur les peuples des pays limitrophes
d’obédience anglophones. On notait alors la présence remarquée de Ghanéens, de Sierra-
Léonais, de Libériens et de Nigérians.
Certains étaient des Méthodistes marqués qui ne purent s’empêcher d’organiser leur
foi en terre étrangère : c’était le coup de fouet pour l’Eglise Méthodiste inattendue dans un
pays d’obédience francophone, et donc réfractaire à toute infiltration par ces temps de lutte
d’occupation.
C’était sans compter avec la bravoure du Missionnaire John Platt. Il ouvrit
officiellement l’étape missionnaire, dix ans après le passage fulgurant du Prophète William
Wadé Harris qui a rendu propice la mission en Côte d’Ivoire.

Deuxième étape : de 1924 à 1964 : Epoque missionnaire : Etape de la création d’une


Eglise Nationale

C’est l’étape de l’identification et du regroupement des localités gagnées à l’Evangile


et de la création de l’Eglise en tant qu’Eglise nationale avec la participation de plusieurs
missionnaires aussi bien Africains qu’Européens. On assiste à l’ouverture officielle de
plusieurs stations dès 1926 regroupées autour des principales villes portuaires pour la plupart.
Ainsi, on note :

 Autour d’Assinie et de Grand-Bassam : les stations de Bonoua, d’Alépé et


d’Aboisso.

158
Le très Révérend Philippe ADJOBI est Directeur du Département Editions, Histoire, Archives et littératures de
l’EMUCI
161

 Autour d’Abidjan : les stations de la Lagune Ebrié, d’Anyama et du fleuve Agnéby


avec Agboville.
 Autour de Dabou : les stations de Jacqueville, de Sikensi et de Tiassalé.
 Autour de Grand-Lahou : les stations de Guitry, de Fresco, de Divo et de Lakota.
 Autour d’Adzopé : les stations d’Akoupé, de Bongouanou, et un peu plus tard
d’Abengourou.

Cette étape a pris fin en 1964 par le Jubilé de l’Eglise (50 ans de présence à partir de
1914) au cours duquel a été installé le Premier Président Ivoirien de l’Eglise en la personne du
Rév. Samson NANDJUI.
L’époque missionnaire demeure une référence et un défi pour les Méthodistes
d’aujourd‘hui.

Troisième étape : de 1964 à 1985 : Etape d’installation et d’affirmation

Cette étape est marquée par l’implantation effective de l’Eglise avec la réalisation de
quelques infrastructures (Foyer de Treichville, MAPE, Hôpital Protestant de Dabou,
Immeuble Alliance) et l’ouverture de nouveaux champs de mission : San-Pédro, Gagnoa,
Yamoussoukro, Bouaké, Korhogo, Daloa. C’est aussi l’étape de l’ivoirisation du personnel
(Pasteurs et Laïcs) de l’Eglise avec le retrait progressif des Missionnaires. Cette étape
d’installation et d’affirmation a pris fin par l’Autonomie de l’Eglise vis-à-vis de la Conférence
Britannique célébrée solennellement le 9 Février 1985.

Quatrième étape : de 1985 à Octobre 2002 : Etape de consolidation des acquis et


d’ouverture au monde

Marquée par le désir de diversifier les relations extérieures de l’Eglise, cette étape a
pris fin par la décision de l’Eglise à la 9 ème Conférence, tenue du 18 au 23 Décembre 2001 au
Jubilé de Cocody, d’intégrer l’Eglise Méthodiste Unie du monde et d’opérer une mutation de
nom pour se faire appeler désormais « Eglise Méthodiste Unie – Côte d’Ivoire ». La
cérémonie marquant l’intégration de l’Eglise Protestante Méthodiste à l’Eglise Méthodiste
Unie a été célébrée solennellement le 4 Octobre 2003 au Stade Félix Houphouët Boigny
ouvrant ainsi une nouvelle ère à l’Eglise avec l’adoption d’une Vision Missionnaire.
162

Cinquième étape : A partir d’Octobre 2002 : Etape d’institutionnalisation et de mise en


œuvre de la Vision Missionnaire

Depuis 2002, s’est ouverte une nouvelle étape qui est celle de l’institutionnalisation de
l’Eglise et de la Vision Missionnaire soutenue par l’adoption de nouveaux textes constitutifs
organiques suivie de la mise en œuvre de nouvelles structures d’administration et de gestion
de l’EMU-CI.
L’histoire de notre Eglise continue, et nous qui sommes de la génération présente et
des générations à venir, devons tâcher d’agir en toute responsabilité et foi quant à l’avenir que
le Seigneur nous aide à forger, en ne perdant rien de notre passé. Nous sommes une Eglise
Méthodiste et nous entendons le rester quelles que soient les mutations rendues nécessaires
pour davantage d’efficacité. C’est là tout le sens de notre intégration à l’Eglise Méthodiste
Unie.

L’EMUCI compte aujourd’hui 260 pasteurs, plus de mille 1054 églises locales.

Les autres de Missions de l’EMUCI

Les Méthodistes des Champs de Missions en Côte d’Ivoire

Depuis l’autonomie de 1985, les Méthodistes se sont organisées en communautés


locales à l’intérieur. Ce sont des fonctionnaires, des commerçants, des personnes de
professions libérales pour la plupart originaires du sud de la Côte d’Ivoire. Ainsi à Bouaké,
Yamoussoukro, Daloa, Man, Abengourou, Korhogo, Gagnoa, San-Pedro, dans toutes les
villes environnantes des communautés méthodistes virent le jour.
La stratégie et le schéma étaient les mêmes : faire le recensement des fidèles, trouver
un lieu de rassemblement soit dans une école ou au domicile d’un fidèle. Se choisir un leader
puis tenir le premier culte.
163

A l’issue de ce premier culte l’on met une organisation en place. Un peu plus tard il
s’agissait d’acquérir un terrain pour la construction du futur temple. Comme une trainée, les
communautés Méthodistes ont poussé ici et là loin des terres originellement méthodistes.
C’est le cas de la Communauté Méthodiste de Danané.

Cette Communauté est un héritage des réfugiés Méthodistes Libériens159. Venus du


Libéria dès l’éclatement de la guerre dans le pays, les réfugiés libériens trouveront un lieu
d’asile sur l’actuel site méthodiste sis à Moribadougou (Kadhaffipleu) dans la ville de
Danané. En 1994, un accord financier a été conclu entre l’Eglise Protestante Méthodiste de
Côte d’Ivoire et le propriétaire des lieux (M. DIAMPLEON Tro Denis) en vue de céder son
terrain (2.60ha) aux Libériens. Ces réfugiés méthodistes y érigèrent un temple, des écoles
(primaire et secondaire), des fermes agricoles et des maisons d’habitation…
Avec l’éclatement de la guerre civile en CI en 2002, ces réfugiés libériens méthodistes
retournèrent dans leur pays, confiant la gestion du patrimoine aux méthodistes ivoiriens.
Depuis 2003, le champ de mission de Danané est devenu un secteur missionnaire rattaché au
District Missionnaire de Daloa.

La Communauté Méthodiste Unie Bambara

Nous nous appuierons ici sur les témoignages des chrétiens Méthodistes Bambara
(Pasteurs et laïcs) ainsi que sur la publication du Dr. Akabla Florentine AGOH Epouse
KOUASSI, dans la revue le « Diathèkè » N°5 2018/1 : « la communauté Bambara d’Abidjan :
naissance et expansion de1961 à 1986 »160.

Les Bambaras font partie du groupe Mandé et se retrouvent principalement au Mali, au


Sénégal, en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso. Ce peuple est caractérisé par sa résistance à
l'islamisation.

159
Révérend Pasteur Léon AKRE Djro, en charge de la communauté Méthodiste Unie de Danané (2015-2019)

160
Dr. Akabla Florentine AGOH Epouse KOUASSI, la communauté Bambara d’Abidjan : naissance et expansion
de 1961 à 1986. Diathèkè 2018. Pages 59-78
164

L’Histoire de ces communautés chrétiennes Bambara, en Côte d’Ivoire se confond à


celle d’une personne, Bakary DEMBELE. Né vers 1918 Mali, il fut comme plusieurs
habitants Bambara, converti au christianisme dans l’Eglise CMA, laquelle était présente dans
la région depuis 1932.
C'est en 1943 que Bakary Dembélé débuta son périple vers la basse côte. Il s’installa à
Attécoubé. Bakary Dembélé rejoint l'Eglise Protestante Méthodiste Ebénézer d'Abidjan
Adjamé. Son objectif était de permettre aux chrétiens CMA et protestants qui avaient en
commun la langue bambara de ne pas abandonner le christianisme au profit de l'Islam.
L'Eglise Protestante Méthodiste leur octroya une salle au sein de l'école protestante
méthodiste d'Adjamé. Elle leur affecta régulièrement un pasteur à l'encadrement de la
communauté.
A partir de 1978, l’Eglise CMA de Côte d’Ivoire adressa un courrier à l’Eglise
protestante méthodiste pour l’informer de la prochaine installation de l’Eglise évangélique
CMA à Abidjan.
Dès 1979, des contacts furent pris avec les communautés protestantes bambaras
présentes à Abidjan et aux alentours. « La collaboration des chrétiens protestants Bambara
avec les missionnaires CMA emmena en 1985, les autorités méthodistes à s’interroger sur
leur identité dénominationnelle. Les actions menées de part et d’autre provoquèrent au sein
de la communauté protestante bambara une crise qui aboutira en 1986 au rattachement d'une
communauté bambara à l'église méthodiste et une autre à l'église CMA »161.

Depuis l'intégration de l'Eglise Protestante Méthodiste à l'Eglise Méthodiste Unie


Mondiale 2004, les Communautés Bambara ont eux aussi décidé librement de devenir, en
2012, Communauté Méthodiste Unie Bambara.

Elle compte aujourd’hui neuf (9) communautés à Abidjan, Dabou et Jacqueville et


quatre (4) Pasteurs. Pour des raisons culturelles ces communautés évoluent parallèlement aux
autres communautés Méthodistes Unies.

161
Dr. Akabla Florentine AGOH Epouse KOUASSI, Op.cit. P. 76
165

Historique de la Mission de l’EMU-CI en Guinée Bissau

L’Histoire de l’EMU-CI en Guinée Bissau remonte aux années de 80. Un réfugié


politique en est à l’origine : Dominique LOPES, Professeur d’Université, polyglotte et
conseiller personnel interprète du premier Président du pays, Luis Lopes CABRAL à
l’indépendance du pays en 1974.
A la chute du régime de Luis Lopes CABRAL le 14 Novembre 1980 par le général
Joao Bernardo Vieira, le Professeur Dominique LOPES se réfugia au Sénégal. Activement
recherché par le nouveau pouvoir militaire, il s’enfuit par la suite au Mali, avant de venir
s’installer en 1983 en Côte d’Ivoire.

Il se convertit au christianisme et adhéra à l’Eglise Méthodiste de Yopougon Kouté. A


la faveur d’une nouvelle constitution en Guinée Bissau en 1984, les conditions d’une accalmie
sont créées. Le Professeur Dominique LOPES mit fin à son exil et regagna son pays en 1985,
cette fois avec sa nouvelle foi chrétienne.
Il partagea avec toute sa famille, son témoignage de conversion et comment il a
bénéficié de l’hospitalité Ivoirienne en général mais surtout celle de l’Eglise Méthodiste en
particulier.

Il engagea, par la suite, tous les siens dans sa nouvelle foi chrétienne Méthodiste. Le
Professeur Dominique LOPES fut arrêté peu après son retour au pays. Avant sa mort en
prison, il recommanda à son seul garçon de garder la foi chrétienne et de faire progresser
l’Eglise Méthodiste en Guinée Bissau.
Il lui a aussi demandé de tout faire pour que ce témoignage soit rendu à l’Eglise Méthodiste
de Côte d’Ivoire, ses pères dans la foi. Son fils Gomes LOPES prit donc la relève de l’œuvre.
Après une formation biblique, il exerce comme Pasteur en Guinée Bissau. Sur invitation de
l’EMU-CI, le Pasteur Gomes LOPES séjourna en Côte d’Ivoire du 11 au 31 Mai 2010 en vue
d’une collaboration. L’Eglise Méthodiste Unie en Guinée Bissau compte aujourd’hui 18
Communautés pour 700 fidèles
166

NB : Nous n’avons pas pu contacter le pasteur missionnaire Gomes LOPES depuis plus
d’année afin de nous faire sa présentation et ses propositions.

La Mission Méthodiste Unie au Mali

Cette présentation est faite par le pasteur missionnaire Claude KAMBOU162

Grâce soit rendu à Dieu qui dans son amour a bien voulu l’ouverture de la mission du Mali.

L’ouverture de cette mission a été initiée par certains membres de l’Eglise Méthodiste
Unie Côte d’Ivoire communauté bambara. Cette inspiration est partie d’un constat.

D’abord la plupart des personnes qui ont vécu en Côte d’Ivoire, rentraient dans leurs pays
d’origine avec leurs familles lorsque celles-ci sentaient le poids de l’âge ou prenaient leur
retraite. En outre, même ceux qui continuent de vivre en Côte d’Ivoire, amenaient leurs
enfants au Mali pour y continuer leurs études secondaires.

Et cette situation ne fait que réduire l’effectif de la Communauté, tandis que les églises au
Mali augmentent en nombre avec nos fidèles. Plusieurs parmi eux sont des responsables des
dites communautés en places, parce que l’EMUCI n’était pas représentée dans ce pays frère
de la Côte d’Ivoire.

C’est donc la source de motivation de ces frères qui dans la discrétion ont ouvert une
cellule de prière en accord avec un fonctionnaire international à la retraite qui a accueilli cette
initiative à son domicile. Ce dernier fréquentait l’Eglise Méthodiste les béatitudes du plateau
durant son séjour à Abidjan. La cellule a démarré en 2016 chez Isaac TOGO, à qui la
Conférence a donné le mandat en 2018, en vue de l’implantation à proprement parler après
plusieurs missions de prospections.

De nos jours, la mission du Mali a trois lieux de cultes et une Classe méthodiste.

Ce sont :

- Bamako Kalabancoura-ACI avec une dizaine de fidèles

162
Révérend Pasteur Claude KAMBOU EMUCI, Mission du Mali, Bamako Kalabancoura. Janvier 2023
(+2237491415)
167

- Kalabancoro-ADKEN (la classe méthodiste) avec une trentaine de méthodistes rentrés de


la Côte d’Ivoire, qui pour le moment n’ont pas déclarés leur retour, à cause de ce qu’ils
ont déjà intégré les églises en places. Il s’agir pour eux de s’assurer d’abord de la présence
permanente de l’EMUCI au Mali.
- Bamba avec 67 membres tout âge confondu.
- Badani (à 40km) de Bamba, avec un effectif de 73 membres tout âge confondu.
- Ouagona (15km) de Bamba avec 12 membres
- Fakola (45km) de Bamba, nombre de fidèles non parvenu.
Donc, nous avons un effectif de 162 membres ce qui est connu officiellement.

Dans la région de Bamba, nous pouvons affirmer que la moisson sera plus abondante si nous
y mettons les moyens. Car on y trouve des villages sans églises.

En outre, le pasteur Ouoba Joseph m’a parlé d’autres annexes dans certaines villes à savoir
- Wéléssébougou à 75km de Bamako, avec environ plus d’une trentaine de membres.
- Sikasso plus 400km de Bamako, avec une dizaine de membres
- Koutiala environ 450km de Bamako avec plus d’une trentaine de fidèles.
-
Les champs de mission annexes qui n’existent plus :

Ségou, 240km de Bamako, Tinzanabougou 500km de Bamak, Loubilasso, Louloni, Zégoua

Selon Ouoba Joseph (le missionnaire en poste au Mali), ces différentes annexes ne
fonctionnent plus faute de moyens pour faire face à la location des lieux de cultes et intéresser
les missionnaires qui y exercent

Comme perspectives :

1) Visiter les champs de mission existant en vue de la réorganisation celles-ci.


2) Rechercher les moyens financiers pour leurs équipements
3) Mobiliser les fonds pour la réouverture des champs de missions fermés.
4) Doter chaque annexe de missionnaire ou Catéchiste après avoir recruté et formés ceux-ci.
5) L’acquisition des terrains en vue de bâtir des lieux de cultes.
6) Construction des écoles et centre de santés.
168

7) La mise en place des projets générateurs de revenus après études de faisabilité, afin de
financer les activités de la mission.
8) La mise en place d’une équipe d’évangélisation.
Promouvoir l’EMUCI, par la louange assurée par des chorales invitées depuis la Côte
d’Ivoire.

Historique de la Mission de l’EMU-CI en Guinée Conakry

La Mission de l’EMU-CI en Guinée Conakry fut initiée par GRAH Lazare, un Ivoirien
méthodiste venu en Guinée dans le cadre professionnel. Il contacta d’autres frères méthodistes
résidant à Conakry afin de commencer l’œuvre par une cellule hebdomadaire qui débuta en
Août 1995. L’arrivée en 1998, de YAPI Jonas, un diplomate Ivoirien nouvellement affecté à
l’Ambassade de Côte d’Ivoire en République de Guinée donna un souffle nouveau à l’œuvre.
Son domicile servait de lieu de culte.

Il faut attendre l’année 2002 avec la visite du Révérend Marcel SACHOU pour voir la
Mission méthodiste de la Guinée-Conakry prendre forme. Le dimanche 10 mars 2010, au
domicile d’ESSIS Emmanuel, eut lieu le premier culte de l’Eglise Méthodiste Unie de Guinée
officié par le Révérend Marcel SACHOU. Etaient présents à ce culte, environ 35 fidèles.
Dans le but d’avoir un serviteur à plein temps, la Mission de la Guinée-Conakry envoya le 02
novembre 2006, un des membres fondateur GRAH Lazare en formation pastorale à l’ISTHA.
La Mission Guinéenne de l’EMU-CI compte aujourd’hui 09 communautés avec plus de 500
fidèles.

Nous voulons ici au terme de nos propos saluer la mémoire de l’illustre disparu, le pionnier de
la mission de Guinée, le révérend Pasteur Lazare GRAH, décédé des suites d’un tragique
accident de circulation à Faranah en Guinée forestière.

Dans nos recherches, nous avons rencontré le Pasteur missionnaire, Révérend François
AKE163, en poste en Guinée et ce en Octobre 2022 à Abidjan. Nous lui avons demandé de
nous présenter la mission de la Guinée aujourd’hui et ses propositions pour la relance de la
mission. Nous avons ci-joint sa présentation et ses propositions.

163
Révérend François AKE, pasteur missionnaire en Guinée Conakry depuis 2016. Rapport reçu en Décembre
2022
169

Eglise Méthodiste Unie Mission de Guinée et les perspectives d’avenir

Réflexion sur les pistes à explorer pour le développement de la mission méthodiste en


Guinée

I) Présentation de la mission

Découpage de la Mission en 3 Secteurs lors de l’Assemblée Générale du 18


Février 2018 : Secteur de la Guinée Maritime ou Basse Guinée composé des communautés de
Kaporo (Responsable : Rév AKE), Ansoumania village (Cimenterie) et Dubréka-Firèma, dans
la commune urbaine de Dubréka, sous la responsabilité de l’agent missionnaire AGNERO
Lath Claude Joël. Aujourd’hui, le nouveau responsable est le pasteur David Pérélé
NINAMOU.

NB : Ansoumania village (Cimenterie) était une cellule au sein de laquelle nous faisions des
cultes tous les dimanches. Aujourd’hui elle a disparu, parce que le couple a connu le divorce
et la femme qui était notre membre a quitté le foyer.

Quant à l’Eglise de Kaporo-Cité, elle a été délocalisée à Kobayah, un quartier de la commune


de Ratoma, parce qu’elle se réunissait dans une maison louée que son propriétaire a donnée en
location à d’autres personnes dont les offres étaient plus alléchantes.

Aujourd’hui, l’agent missionnaire AGNERO est en poste à Nzérékoré où il a fondé une


communauté qui a deux ans d’existence.

Secteur de Kissidougou (avec Kissidougou et les villages environnants en voie de conquête


par l’Evangile) ; Responsable : couple Missionnaire Thérèse et Jacob KOPA ;
170

Secteur Nzérékoré (Nzérékoré, Lola, Gaah, et Gbata). Les communautés étaient dirigées
respectivement par M. Kouessi Amédée DJEBRE, le colonel Lah Abel KPOULOMOU et le
Catéchiste Philippe NINAMOU. Soulignons que le frère DJEBRE et le Colonel Abel ne sont
plus de ce monde depuis 2021.
NB : La communauté de Nzérékoré avait existé, mais elle avait disparu bien avant l’arrivée
du Révérend AKE pasteur Principal de la Mission en sept 2017. Dans l’espoir de la voir
renaître, nous avons jugé bon de conserver le nom de la ville comme chef- lieu de secteur,
étant donné que la famille DJEBRE Amédée résidait dans ladite ville dans leur propre maison
même si elle ne tenait plus de culte.

En dépit de l’existence du couple missionnaire KOPA, l’Eglise de Kissidougou n’a pas pu se


multiplier ; elle est restée la seule Eglise.

II) Propositions
► Que la Conférence assure de la formation des autochtones guinéens aussi bien à l’école
missionnaire qu’à l’école (?)

Commentaire :
En dehors des Missions et des Eglises qui déboursent de grands moyens pour la politique de
leur insertion et développement sur la terre guinéenne, il est démontré que le guinéen est un
patriote et un nationaliste régional et ethnique. C’est-à-dire que généralement il ne va que
dans l’église de son frère guinéen, mieux, dans celle dont le pasteur est de sa région ou de son
ethnie.

D’ailleurs toutes les missions qui ont construit des infrastructures sanitaires ou des
établissements scolaires, ont avec elles des pasteurs, missionnaires ou des laïcs leur servant
d’interprètes. Un exemple : A Kissidougou, le couple missionnaire KOPA fait souvent des
projections de films chrétiens ; le peuple accourt et à la fin le missionnaire lance l’appel pour
que ceux qui ont été touchés, reçoivent le Seigneur Jésus. Mais il se trouve que l’interprète est
membre d’une autre église. Et c’est dans l’église de ce dernier que vont spontanément ou par
reflexe, les convertis. Mais lorsqu’il s’agit de demander une prière, ils connaissent le chemin
de la maison du serviteur de DIEU, peu importe l’heure.
171

► Que la Conférence affecte un missionnaire dans la zone de BOFA (en basse Guinée), et
dans les autres régions, en vue de l’expansion de l’Eglise.

Commentaire : la Guinée est divisée en quatre régions naturelles : La guinée maritime ou la


basse guinée (peuplée de Soussou, de Baga…), la moyenne Guinée (ethnie Peuls …), la haute
guinée (Malinké…) et la guinée forestière (Kissi ; Toma ; Manon Kpèlè : Guerzé, Konon).
Chaque région a besoin d’être gagnée à Christ. La Guinée compte 13 millions d’habitants
mais les chrétiens évangéliques ne représentent que 0,7%. L’EMU a aussi sa place en Guinée.
Or aujourd’hui, elle n’est présente qu’à Conakry et à Dubréka (Bassa Guinée) et dans une
partie de la Guinée forestière, mais de façon très insignifiante. Il ne faut pas oublier la
distance qui sépare les deux régions. Elle ne facilite pas le travail étant donné le coût des
dépenses à effectuer pour réussir une visite pastorale en forêt.

► Que de bonnes volontés achètent et offrent à la Mission des engins à deux roues (3 motos
pour l’heure), et un véhicule tout terrain, afin de faciliter le travail des ouvriers (pasteurs et
missionnaires). En clair on ne peut pas envoyer un ouvrier sans l’équiper de moyens de
locomotion ; c’est le minimum.

Aujourd’hui, nous n’avons pas pu conquérir Boké région de Bofa, où attendent des convertis
gagnés par le biais de Christ de Maison en Maison (CMM), parce que la nouvelle moto du
proposant David Pérélé NINAMOU a été volée. Les premières démarches vers cette zone
inconnue, pour minimiser les frais de transport, sont plus faciles avec la moto.
Malheureusement, la moto a été volée.

► Que des moyens soient dégagés en vue de doter Conakry d’un temple et d’un presbytère. Il
en est de même des autres régions du pays où se trouve un ouvrier de l’Eglise. Ceci permettra
à la Mission de faire des économies et réaliser d’autres projets.

Soulignons qu’à ce jour, la Mission ne dispose d’aucun presbytère qui lui soit propre, alors
que les deux pasteurs, le couple missionnaire et l’agent missionnaire sont dans des maisons
louées, dont la charge incombe uniquement à l’Église mère de Conakry qui, elle-même n’a
pas encore de terrain. Elle tient ses cultes sur un terrain qui lui a été prêté. En effet, la
communauté de Conakry attend depuis belle lurette son permis de construire, où à défaut,
d’être recasée.
172

S’agissant des presbytères, disons que c’est ainsi que procède l’Eglise Méthodiste du Ghana.
Nous avions rendu en 2010 visite à l’Eglise d’Elubo, première ville du Ghana après la sous-
préfecture de Noé dans le sud-est de la Côte d’Ivoire. Les méthodistes étaient en train de bâtir
un grand temple. Ayant interrogé le pasteur sur leur secret, ce dernier a répondu que chez eux,
c’est le presbytère qu’ils construisent d’abord ; quand le pasteur est bien logé il peut mobiliser
les fidèles à contribuer à la construction du temple.

Revenons à Conakry pour dire que beaucoup de cellules de prière ont disparu, telles que
Kaloum, Sangoya, Ansoumania village… pour la simple raison que les responsables de ces
cellules ne sont pas propriétaires des maisons qui leur servaient d’abris. Dès qu’il y a une
affectation ou un déménagement, la cellule en question disparait. D’où la nécessité d’avoir
son propre terrain et ses propres infrastructures.

► Qu’un missionnaire soit affecté à l’EMUGUI dans le secteur de Nzérékoré (Guinée


forestière) pour renforcer et développer l’œuvre évangélisatrice.
Décision prise : Mutation : Nous avons décidé d’envoyer le pasteur David Pérélé NINAMOU
à Kissidougou (en zone forestière 600 km de Conakry). Il pourra aller selon son programme
dans le Secteur de Nzérékoré pour administrer les sacrements régulièrement

► Qu’une Eglise partenaire soit trouvée pour appuyer financièrement l’œuvre dans la
Mission de Guinée.
Commentaire : comme cela se fait dans l’EMUCI, les églises ou les Districts un peu plus
nantis soutiennent les jeunes communautés ou Districts, afin de les aider à croître.
Et cela est bibliquement prouvé que le plus fort doit soutenir le plus faible. Sur ce point,
l’exemple du District Abidjan Nord mérite d’être suivi. Etant partenaire avec le District
Missionnaire de Bouaké, une église locale d’Abidjan Nord devait soutenir au moins une
église locale de la zone missionnaire. Et le fruit est palpable.

Mais en ce qui concerne la Mission de Guinée, son statut n’est pas défini. De quel District
dépend –t-elle ? Ce que nous savons c’est qu’elle est rattachée à la Conférence. Une dotation
est donnée chaque année par la Conférence pour son fonctionnement, mais cette dotation ne
peut rien faire d’autre.
173

►Que des visites annuelles régulières des autorités au sommet de l’Eglise ou de personnes
Laïcs et pasteurs envoyées par la haute instance, soient effectuées, afin de voir et toucher du
doigt les réalités de la Mission. Ainsi, nous saurons exactement ce qu’il faut pour développer
et rendre autonome la Mission de Guinée.

►Qu’un cahier de charge soit donné au responsable de la Mission et à ses collaborateurs avec
des accompagnements, et qu’un suivi soit fait chaque année pour l’évolution des choses. Ainsi
pourrons-nous conclure si nous pouvons continuer ou pas la Mission.

►Que des moyens soient trouvés et dégagés afin de doter la Mission d’infrastructures
génératrices de revenus consistants (Ecoles, centre de santé … dans les grandes zones du
pays). Ces choses permettront à la Mission de se prendre en charge et d’être autonome.

Recettes du mois de CONAKRY :


Dépenses du mois :
Le solde est toujours négatif. Pour dire que les dépenses sont supérieures aux recettes. Nous
puisons dans la réserve générée par les dons ponctuels de certaines églises et certaines
personnes de bonne volonté et la fête des moissons.

►Travailler à réunir les deux communautés méthodistes d’obédience anglophone et


francophone et redéfinir la gestion et l’organisation de l’EMUGUI réunifiée.

►Former les responsables et les fidèles à la connaissance de l’Eglise, à son organisation ; les
former à l’œuvre de DIEU.

Que l’Eternel notre avec qui ses fidèles font des exploits, nous vienne toujours en aide, nous
inspire et nous révèle tout ce que nous devons faire, à afin que nous puissions réussir la
mission que lui Dieu nous a confiée.
174

La Côte d’Ivoire

Présentation de la République de Côte d’Ivoire

Nous ferons ici une présentation sommaire de la Côte d’Ivoire. Nous mettrons l’accent sur la
religion, la population et la culture. Nous rendons grâce à Dieu de ce que nous avons pu entrer
en possession des données du dernier recensement de 2021.

Historique

Située en Afrique de l’ouest, la Côte d’Ivoire s’étend sur une superficie de 322 362 Km2 et
abrite une population estimée à 26 000 000 d’habitants. Ce pays est limité au nord par la
Burkina Faso, et le Mali. L’Est par le Ghana ; à l’ouest par le Libéria et la Guinée enfin au
sud par le Golfe du Guinée.

Ce pays est traversé par un climat tropical humide et couvert par une végétation de forêt dense
Sud et Ouest et de Savane arborée au Centre et au Nord sur un sol ferralitique très riche. Ce
qui favorise une densité de production de cultures d’exportation : café, cacao, Hévéa, palmier
à huile, coton. Toutefois dans le sud on a observé un sol hydro morphe et on développe des
cultures comme l’ananas, la banane, des cultures maraîchères et principalement une industrie
légère et sur le secteur tertiaire (transport, tourisme).

La CI est le premier pays producteur mondial de cacao. Le développement de la CI s’appuie


aussi sur l’industrialisation.
175

Aujourd’hui malgré les différences crises politico-militaires, les fondamentaux restent intacts
pour permettre à la CI de poursuivre son développement économique.
C’est le 10 mars 1893 que la Côte d’ivoire devient colonie française. La période de la
colonisation se subdivise en 2 étapes :

Première phase : De 1893 à 1908 : phase de la conquête avec les gouverneurs Clozel et
Angoulvant.
Deuxième phase : De 1908 à 1920 : phase de l’exploitation

Mais c’est avec la conférence de Brazzaville tenue le 30 janvier 1944 au 08 février 1944 qui
avec ses recommandations que s’ouvre la marche de la CI à l’indépendance avec 3
périodes :la période de l’espoir 1944 à 1947, la lutte 1947 à 1950, la collaboration et à
l’indépendance 1950 à 1960.

Au cours des années 1940 et 1950, les revendications autonomistes de ce territoire français
d'outre-mer sont exprimées par le Parti démocratique de Côte-d'Ivoire (PDCI). Son leader,
Félix Houphouët-Boigny, devient le premier président de la République lorsqu'elle accède à
l'indépendance, le 07 aout 1960.

La Politique

Dans la décennie qui suit, l'économie ivoirienne connaît une croissance économique qui en
fait un modèle de prospérité pour les jeunes nations d'Afrique. Sous Houphouët-Boigny et le
PDCA, qui est parti unique, le pays est également stable politiquement. La contestation qui
gronde au cours des années 1980 entraîne l'adoption du multipartisme, en 1990, avec la
candidature de Laurent Gbagbo candidat du Front Population Ivoirien (FPI). Depuis lors, de
nombreux autres partis vont être créés : RDR, UDPCI, PIT…

La mort du président, en 1993, et l'accession au pouvoir de Henri Konan Bédié, est cependant
suivie par une période chaotique, marquée par des tensions entre les communautés, une
détérioration de l'économie et des conflits armés. Des troupes extérieures sont dépêchées
(France, Nations unies) afin de séparer les belligérants, mais la situation ivoirienne demeure
instable, particulièrement entre le Sud et le Nord. Les différents accords calment
temporairement le jeu, rassurant que les élections générales de 2010 vont résoudre tous les
problèmes. Ce fut malheureusement le contraire.
176

La contestation des résultats de l’élections présidentielle de 2010 entrainèrent le pays dans le


chaos. La guerre civile qui s’en est suivie fit officiellement plus de trois mille morts.

Les élections présidentielles de 2020 sous Alassane Ouattara et son parti, le RHDP ont encore
été émaillées de violences avec son lot de morts.

Entretemps le président de la république d’alors (2010) Laurent GBAGBO, arrêté, transféré et


jugé devant la cour pénale internationale a été acquitté de toutes charges, lui et son co-accusé,
Charles BLE Goudé, après plus de dix ans de procès.

Espérons que les prochaines échéances électorales de 2025 se déroulent sans violences.

La Population

Depuis son accession à l’indépendance en 1960 sa prospérité économique et sa stabilité


politique ont fait de la CI une oasis de paix et de prospérité. Ce qu’on a qualifié de «  miracle
économique ivoirien » dans la décennie 1970-1980.
Cette situation va provoquer une très forte immigration profitant de l’hospitalité légendaire
des Ivoiriens, qualité inscrite dans l’hymne national : « Ce qui fait de la CI le pays le plus
hospitalier d’Afrique, comme le stipule le début son hymne national ;

« Salut Ô terre d’espérance !


Pays de l’hospitalité.

Ces populations sont issues des pays frontières : Mali, Ghana, Burkina Faso, Libéria,
Guinée… mais aussi de la sous-région : Niger, Mauritanie, Cameroun, Sénégal et enfin du
Liban, la Syrie, le Maroc et la France…
Toutefois ces populations venues pour diverses raisons surtout (Sociale-politique-
économique) vivent en bonne intelligence avec les Ivoiriens.

La population non ivoirienne est caractérisée par une prédominance de ressortissants des pays
de la sous-région ouest-Africaine, notamment de la CEDEAO qui représente à elle seule, plus
de 98% du total des non-nationaux. A l'intérieur de ce grand ensemble, les pays ayant les
poids les plus importants sont le Burkina Faso (62,8%), le Mali (17,2%) et la Guinée (4,7%).
177

Les étrangers originaires des autres pays africains ne représentent que 0,8% de la population
étrangère. Les ressortissants des pays européens représentent 0,4% des non nationaux et ceux
des autres continents (Amériques, Asie et Océanie) 0,5%.

En s'intéressant au rythme de croissance des non nationaux, on peut noter une perceptible
évolution des différentes nationalités sur la période 1998-2021.Ainsi, il ressort que la
population non-nationale s'est accrue de 2,1% ; une valeur tirée par la CEDEAO. Malgré tout,
entre 1998 et 2021, six pays de la CEDEAO ont eu une croissance négative par rapport à
!'immigration. En revanche, on note une augmentation de la croissance des Bissau-Guinéens
(5,9%), des Nigériens (3,4%) et des togolais (4,2%). On constate également que le taux de
croissance des ressortissants de pays hors de la CEDEAO est globalement négatif.

Nous avons une meilleure appréciation de la situation actuelle avec le recensement 2021 à
travers le tableau ci-joint :

Tableau 8 : Répartition de la population non ivoirienne par nationalité en 1998 et 2021
et taux d’accroissement
RGPH 2021 RGPH 1998 Taux
Nationalité Effectif % Effectif % d’accroissement
1998-2021 (%)
CEDEAO 6 336 560 98,1 3 873 693 96,8 2,1
Benin 165 017 2,6 107 499 2,7 1,9
Burkina Faso 4 056 444 62,8 2 238 548 56 2,6
Mali 1 108 628 17,2 792 258 19,8 1,5
Sénégal 42 409 0,7 43 213 1,1 -0,1
Togo 190 660 2,9 72 892 1,8 4,2
Niger 221 338 3,4 102 220 2,6 3,4
Guinée 301 163 4,7 230 387 5,8 1,2
Nigéria 99 250 1,5 71 355 1,8 1,4
Ghana 122 758 1,9 133 221 3,3 -0,4
Gambie 637 0 1 389 0 -3,3
Cap-Vert 290 0 578 0 -3
Guinée- 2 456 0 650 0 5,9
Bissau
Libéria 24 522 0,4 78 177 2 -4,9
Sierra Leone 988 0 1306 0 -1,2
Autres 52 066 0,8 17 488 0,4 4,9
Afrique
Europe 24 291 0,4 16 028 0,4 1,8
178

Autres pays 35 227 0,5 34 823 0,9 0,1


(Asie,
Amérique et
Océanie)
Autres 11 918 0,2 58 015 1,5 -7,3
nationalités/
ND
Total 6 460 062 100 4 000 047 100 2,1
Source : recensement général de la population et de l’habitat 2021
Les Burkinabés représentent à eux seuls 62, 8% soit une proportion de 4 056 444 hbts, suivis
de loin par les Maliens : 1 108 628

Ce qui fait dire aux spécialistes que la Côte d’Ivoire est l’un des pays qui a le plus grand taux
d’immigration : « Le poids de l’immigration est important en Côte d’Ivoire… Elle représente
néanmoins le taux le plus élevé parmi les pays partenaires de l’IPPMD… »164

La culture

La Ci est un pays qui compte plus d’une soixantaine d’ethnies et chacune d’elle développe une activité
culturelle extraordinaire et diverses.

Ethnie et population de nationalité ivoirienne


La Cote d'Ivoire compte une soixantaine d'ethnies regroupées en cinq (5) grands groupes que
sont les Akan, les Mande nord, les Mande sud, les Krou, les Gurs. Les Akan demeurent les
plus nombreux (38%) en 2021, devant les Mande du Nord et les Gurs (22% respectivement).
Les Krou et les Mande du Sud représentent respectivement9,1%et8,6% de la population.

Par rapport à 1998, on constate une proportion en baisse chez les Akans, les Krou, les Mande
du Sud au contraire des Mande du Nord et des Gurs dont les parts augmentent. Les naturalises
représentent 0,3% de la population de nationalité ivoirienne ; leur proportion est en baisse par
rapport à 1998 (0,8%).
Le tableau ci-dessous est assez éloquent :

Tableau 7 : Répartition de la population résidente de nationalité ivoirienne par grands


groupes ethniques en 1998 et 2021
Groupes RGPH 2021 RGPH 1998
Ethniques Effectif % Effectif %
164
OCDE/CIRES (2017), Interactions entre politiques publiques, migrations et développement en Côte d’Ivoire,
Les voies de développement, Paris Éditions OCDE. Page 27 http://dx.doi.org/10.1787/9789264277090-fr
179

Akan 8 719 232 38,0 4 780 797 42,1


Krou 2 092 097 9,1 1 446 790 12,7
Mande du nord 5 036 063 22,0 1 873 200 16,5
Mande du sud 1 979 228 8,6 1 142 336 10,0
Gur ou 5 028 720 22,0 2 002 625 17,6
Voltaïque
Naturalises 58 138 0,3 88 714 0,8
ivoiriens
Ivoiriens sans 11 037 0,0 32 163 0,3
précision
Total 22 924 530 100 11 366 625 100

Source : Recensement General de la Population et de / Habitat 2021


La religion

La CI est un pays laïc où chaque citoyen est libre d’exprimer et exercer son appartenance
religieuse. Toutefois en CI il existe différentes religions chrétiennes : les catholiques, les
protestants, les évangélistes et autres.
Mais il existe aussi une forte communauté de musulmans et des animistes en grande majorité.
La liberté de croyance religieuse est un fait même si à certaines occasions des frictions
existent pour des raisons politiques.
Nous avons ci-joint la présentation de la Côte religieuse sur le tableau

Tableau 6 : Répartition de la population résidente des ménages ordinaires par religion


en 1998 et 2021
RGPH 2021 RGPH 1998
Religion
Effectif % Effectif %
Musulmans 12 453 840 42,5 5 931 958 38,6
Ensemble 11 649 405 39,8 3 446 518 22,4
chrétiens
Catholique 4 984 388 17,0 2 976 023 19,4
Protestante/ 678 962 2,3 1 018 402 6,6
Méthodiste
Harriste 140 482 0,5 197 515 1,3
Autres chrétiens 5 845 573 20,0 470 495 3,1
Autres religions 212 259 0,7 266 924 1,7
Animiste 629 938 2,2 1 827 675 11,9
Sans religion 3 685 173 12,6 2 569 032 16,7
ND 646 045 2,2 108 648 0,7
Total 29 276 660 100 15 366 672 100

Source : Recensement General de la Population et de/ Habitat 2021


180

Selon les résultats du recensement de 2021, les religions prédominantes en Côte d'Ivoire sont
les religions musulmane (42,5%) et chrétienne (39,8%). Parmi les chrétiens, on compte 17%
de catholiques, de protestants/méthodistes (2,3%), de harristes (0,5%) et de 20% d'autres
chrétiens, composés principalement des évangéliques (18,6%).

Entre 1998 et 2021, le poids des chrétiens d'autres obédiences a été multiplié par sept, celui
des musulmans a augmenté de 4 points. En outre les autres religions ont connu une baisse de
leur poids. Les catholiques ont perdu 2 points en pourcentage, les animistes 10 points et les «
sans-religion » 4 points.

L’Eglise Catholique : aujourd’hui la Côte d’Ivoire compte près de 17% des Catholiques. C’est
une régression nette surtout qu’elle comptait 30% en 1995 avec 9% dont 9% de sympathisants
et 19, 4% en 1998.
Elle est la seule communauté représentée sur toute l’étendue du territoire ivoirien.
C’est une Eglise engagée dans l’enseignement, dans les œuvres sociales et médicales. Depuis
1991, elle dispose d’une chaîne privée : ‘’Radio Espoir’’.
Les Protestants/ Méthodistes : La régression des Méthodistes est alarmante de 6,6% à 2,3%.
Les non atteints : Les peuples que nous considérons non atteints, matérialisés ici par la
couleur jaune représentent 5173415 personnes, soit 17,7% de la population. C’est un autre de
champ de mission à identifier sans oublier les 42,5% de musulmans.
Les Musulmans : ils sont les seuls avec les « Ensemble chrétiens » certainement les
Evangéliques à avoir connu une progression notable. L’Islam est passé de 38,6% en 1998 à
42,5.
Cantonné au départ au Nord-Ouest du pays, l’Islam a connu ces dernières années un succès
important. Il représente 38,7% de la population : sunnites Africains et Chiites Libanais.
Regroupés au sein des coordinations communales, régionales, les musulmans «
quadrillent" aujourd’hui le pays. Grâce au soutien de la Banque Arabe pour le Développement
Economique en Afrique (B.A.D.E.A.), de nombreuses mosquées, des écoles coraniques, des
centres de formation islamique ont vu le jour.
Depuis 1993, les Autorités politiques ont fait de l’anniversaire du prophète Mahomet, un jour
férié.
Secouée par des convictions politico-religieuses, la communauté musulmane en Côte
d’Ivoire, est aujourd’hui représentée par deux groupes : le C.S.I (Conseil Supérieur Islamique)
et le C.N.I (Conseil National Islamique).
181

Chapitre III : Les résultats d’enquête

I. ETAT DES LIEUX DE L’ACTIVITES MISSIONNAIRES

1. Analyse générale de la situation au niveau des Districts ordinaires

1.1. Statistiques des ouvriers et lieux de cultes

Graphique 1 : Effectif des lieux de cultes et des Ouvriers du Seigneur

31

25
24

12
8 8

3 4
0
Nombre de Pasteurs et de missionnaires

Nombre de Pasteurs et de missionnaires

Nombre de Pasteurs et de missionnaires


Nombre d’églises locales

Nombre de Champs de mission

Nombre d’églises locales

Nombre de Champs de mission

Nombre d’églises locales

Nombre de Champs de mission

ABIDJAN NORD ABIDJAN-SUD ABOBO


182

Nous constatons que le nombre d’églises locales est plus élevé que celui des champs de
missions avec un effectif relativement faible de champs de missions quel que soit le District
ordinaire. Le Dstrict ordinaire ayant le plus grand nombre de champs de mission est celui
d’Abidjan-nord (8 champs de missions), suivi du district d’abobo (4 champs de missions), et
d’Abidjan-sud (3 champs de missions).

Nous notons également que le nombre de champs de mission croit positivement avec
nombre d’églises locales, ce qui pourrait s’expliquer le fait que plus il y a d’églises locales,
plus il y a des moyens voire des dispositions favorables à l’appui de l’œuvre missionnaire.

Graphique 2 : Représentation de L’EMU-CI dans toutes les localités (communes ou villages)


de votre District

79%

60%
55%
49%
42%
38%
35%

14%
10%
7% 8%
5%

ABIDJAN NORD ABIDJAN-SUD ABOBO GLOBAL

NON OUI NE SAIT PAS

En ce qui concerne la représentativité de l’EMUCI dans les localités Des districts ordinaires,
55% des chrétiens estiment qu’elle n’est pas représentée dans toutes les localités. Ce
constat est plus accentué au niveau du District d’Abidjan-Nord où 79% des chrétiens
estiment qu’il n’y a pas de représentation de l’EMUCI dans toutes les localités.
183

Cependant Abidjan-Sud est le District où nous constatons qu’il y a le plus de chrétiens (60%)
qui estiment que l’église est représentée dans toutes les localités, suivi de 42% au niveau de
d’Abobo et de 14% au niveau d’Abidjan-Nord.

Nous percevons donc une relation inverse entre le niveau de représentativité de l’EMU-CI
dans toutes les localités et le nombre des champs de mission, car nous constatons par
exemple que le District d’Abidjan-Nord où il y une plus faible représentativité de l’EMU-CI
dans les localités regorge le plus grand nombre de champs de mission.

Les raisons évoquées par les répondants pour le fait que l’EMUCI ne soit pas représentée
dans toutes les localités sont les suivantes :

 Au niveau du District d’ABIDJAN NORD


- Refus de certains villages de l'EMUCI en leur sein par une réticence et une hostilité ;
- Difficulté de se procurer un site, manque de terrain ;
- Manque d'évangélisation ;
- Début de la mise en place de la politique d'implantation des champs de missions ;
- Insuffisance de personnes ressources et de missionnaires ;
- Moyens limités des missionnaires ;
- Programme d'évangélisation missionnaire peu efficace

 Au niveau du District d’ABIDJAN-SUD


- Pas encore d’achat des terrains dans toutes les localités ;
- Pas de politique de l'église en vue d’implémenter de nouvelles communautés ;
- Les églises locales ne s'adonnent pas à l'évangélisation et la mission ;
- L'église ne met pas l'accent sur la mission et elle n’en fait pas sa priorité ;
- La nécessité de nouvelle communauté doit être plus accentuée à l'intérieur du pays où il
faut investir assez de moyens pour l'évangélisation ;
- Méconnaissance de l’œuvre missionnaire.

 Au niveau du District d’ABOBO

- Problème de terrains ;
184

- Faiblesse des actions de la SMM dans le District et les missionnaires méthodistes n'ont
pas connu de succès dans ces lieux ;
- Léthargie de notre église locale concernant l'évangélisation, Difficulté d'évangélisation et
nombre insuffisant d’activités d’évangélisation ;
- Manque de moyen financier, de formation et de politique du District ;
- Insuffisance dans la compréhension de la notion d'évangélisation ;
- Nombre insuffisant de missionnaire ;
- Certains villages n’ont pas adopté le méthodisme ;
- Les missionnaires n’effectuent pas leur travail ;
- L'EMUCI ne développe pas véritablement des opérations ou politique d'occupation de
sites neutres ;
- Manque de structures bien outillés pour l'évangélisation.

1.2. Perception de l’œuvre missionnaires


Graphique 3 : Niveau d'importance d’implantation de nouvelles communautés

85%

75% 74%

60%

33%

21%
18%
15%

7% 7% 5%
0%
ABIDJAN NORD ABIDJAN-SUD ABOBO GLOBAL

PEU IMPORTANT IMPORTANT TRES IMPORTANT

Dans l’ensemble des Districts ordinaires, nous avons près de 3 chrétiens sur 4 (74%) qui
trouvent très importants l’implémentation de nouvelles communautés dans le District et
21% qui la trouvent importante, contre 5% des chrétiens qui estiment que l’implémentation
de nouvelle communauté est peu importante. Ce résultat nous montre que dans l’ensemble
185

un grand nombre de chrétiens (95%) accordent une bonne importance à l’implémentation


de nouvelles communautés, particulièrement le District d’Abidjan-Nord où tous les chrétiens
trouvent importants voire très importants d’implémenter de nouvelle communauté. A la
suite du District d’Abidjan-Nord nous avons le District d’Abobo où 75% des chrétiens
accordent un niveau très important au fait d’implanter de nouvelles communautés contre
seulement 60% au niveau d’Abidjan-Sud.

Ces résultats pourraient aussi expliquer le fait que l’on trouve un plus grand nombre de
champs de mission dans le district d’Abidjan-Nord (8), puis d’Abobo (4) et d’Abidjan-Sud (3).
En effet nous constatons que les Districts où le niveau d’importance est très élevé
regroupent plus de champs de mission. De même, il est important de constater que le
niveau de représentativité de l’église dans toutes les localités est inversement lié au niveau
d’importance que les Districts accordent à l’implémentation de nouvelles communautés.
Ainsi le faible niveau d’importance pour créer de nouvelles communautés au niveau
d’Abidjan-Sud pourrait être le fait que ce District a relativement le plus grand nombre de
chrétiens (60%) qui disent que l’EMUCI est représentée dans toutes leurs localités.

1.1. Perception Engagement ou implication dans l’œuvre missionnaire des


chrétiens méthodistes du District

Graphique 4 : Engagement dans l’œuvre missionnaire

84%

62%

54%
52%
48%
46%

38%

16%

ABIDJAN NORD ABIDJAN-SUD ABOBO GLOBAL

NON OUI
186

A la question de savoir si les chrétiens méthodistes de votre District sont engagés ou


impliqués dans l’œuvre missionnaire, nous constatons un niveau d’engagent de 62% dans
l’ensemble des Districts. Le niveau d’engagement est plus élevé au niveau du District
d’Abidjan-Nord où 84% des chrétiens estiment que le District est impliqué dans l’œuvre
missionnaire. En revanche à Abidjan-Sud et à Abobo nous notons respectivement que
seulement 54% et 52% des chrétiens ont signifié que les Districts sont engagés dans l’œuvre
missionnaire.

Ainsi dans ces deux Districts, près de la moitié des chrétiens disent que le District n’est pas
engagé dans l’œuvre missionnaire.

Les chrétiens méthodistes qui ont marqué leur implication dans l’œuvre missionnaire, ont
mentionné que leur engagement est perçu à travers :

 Au niveau du District d’ABIDJAN NORD

- Le financement des activités des missionnaires ;


- L’évangélisation pour créer des missions ;
- L’existence de projets tel le festival des missions ;
- L’existence d'une structure pour piloter l'acquisition de terrain pour l'ouverture des
champs de missions ;
- L’objectif de création des champs missionnaires au moins tous les 3 ans dans le
District
- Les offrandes organisées chaque année pour collecter des fonds en vue de l'installation
des champs de missions ;
- Le partenariat avec des églises des Districts missionnaires ;

 Au niveau du District d’ABIDJAN SUD


- A l'occasion de la journée des missionnaires ;
- A travers les offrandes de soutien au District missionnaire de Korhogo et des
campagnes d'évangélisation ;
- A travers leurs soutiens financiers, matériels, spirituels ;
- Par des campagnes d'évangélisation.
187

 Au niveau du District d’ABOBO


- Apports financiers et matériels
- A travers les campagnes d'évangélisation organisées par le mouvement de réveil ;
- Participation aux collectes au niveau des structures nationales et des dons volontaires ;
- Les conseils d’églises locales envoient tout ce qui a été recueilli (l'argent et les vivres)
dans les champs de mission.

Cependant les répondants ayant signifié que les chrétiens méthodistes ne sont pas impliqués
dans l’œuvre missionnaire, ont justifié leur affirmation à travers les propos suivants :

 Au niveau du District d’ABIDJAN NORD


- La mission est le travail d'une catégorie de personnes ;
- Les fidèles se limitent juste à une contribution financière ;
- Manque de motivation et d’enseignements ;
- Pas trop une priorité pour le District.

 Au niveau du District d’ABIDJAN SUD


- Le financement des activités des missionnaires ;
- Abandon de la SMM ;
- Négligence et non connaissance de l'importance de l'œuvre missionnaire ;
- L'accent est mis sur l'évangélisation.

 Au niveau du District d’ABOBO


- Les missionnaires ne sont pas aidés dans leurs tâches ;
- L’ignorance et le manque de compréhension de l’œuvre missionnaire ;
- La méconnaissance de l'importance de la mission ;
- La mission est coûteuse et demande beaucoup de sacrifices ;
- Les chrétiens ne pensent qu'au développement de leurs églises locales ;
- Les règles de l'église rendent difficiles l’accompagnement missionnaire ;
188

- L'œuvre missionnaire n'est pas enseignée dans nos églises ;


- La formation des missionnaires a baissé ;
- L'église n'a pas de vision dans ce sens ;
- Les problèmes de terrains.

44%

34%
29% 29% 28%
27% 25%
21% 21% 22%
19%
14% 13%11%
7% 7% 9%
6% 5% 5% 6% 6%
4%
1% 1% 3% 2%
0%
ABIDJAN NORD ABIDJAN-SUD ABOBO GLOBAL

Construire de nouveaux lieux de culte Créer de nouveaux champs de mission


Developper l’esprit missionnaire Financer des projets
Former des missionnaires Renforcer le partenariat
Pas de projet prevu

Nous constatons que quel que soit le District ordinaire, les chrétiens méthodistes qui
connaissent la différence entre District ordinaire et missionnaire sont en plus en grand
nombre. En effet 62% des chrétiens ont notifié connaitre la différence fondamentale entre les
deux types de District. Ce constat est plus accentué au niveau du District d’Abidjan-nord
(73%) et Abidjan-sud (71%). Par contre nous notons une proportion non négligente (32%) de
chrétiens qui stipulent ne pas connaitre la différence fondamentale entre District ordinaire et
District missionnaire. Ainsi 44% des chrétiens méthodistes du District d’ABOBO contre 19%
à Abidjan-nord ne savent pas la différence fondamentale entre les deux District. Par ailleurs il
est important de noter qu’un petit nombre de chrétiens (6%) a signifié qu’il n’y a pas de
différence fondamentale entre les deux types de District.

Les différences fondamentales entre le District ordinaire et le District missionnaire relevés par
les chrétiens sont :

- Le niveau spirituel des District missionnaire est relativement bas ;


- Le faible effectif des communautés dans les District missionnaires ;
- Le faible niveau financier dans les District missionnaires ;
189

- Le District missionnaire est orienté vers l'évangélisation alors que le District ordinaire
est orienté vers l'édification des chrétiens ;
- Dans le District missionnaire il y a plus de localités qui ne sont pas exposées à
l'évangile ;
- La différence est que le District missionnaire est un vaste champ d'implantation des
églises locales ;
- Le District missionnaire demande plus d'action missionnaire du fait de la fragilité des
communautés qui ont besoin d'être affermies et agrandies ;
- Le rôle du District missionnaire est d'ouvrir et d'entretenir les champs de missions,
déployée l'église méthodiste dans les zones où elle n’existe ;
- Le District missionnaire est plus impliqué dans l'œuvre missionnaire et dans
l’évangélisation, mais le District ordinaire est beaucoup plus administratif ;
- Le District ordinaire a toutes les structures de l'église alors que le District missionnaire
n'a pas encore de structures en place ;
- L'objectif du District missionnaire est d'implanter les églises dans les missions
- Un District missionnaire est une zone où il y a moins d'églises méthodistes.

A la lecture du graphique, près de 2 chrétiens méthodistes sur 5 (38%) estiment que les
rapports avec les District partenaires sont peu satisfaisants, la moitié a trouvé le partenariat
satisfaisant et 12% l’a trouvé très satisfaisant. Le District d’abobo est le District qui regorge le
plus de chrétiens (41%) qui estiment un niveau de relation peu satisfaisant avec les districts
partenaires, suivi du district d’Abidjan-sud (40%) et d’Abidjan-nord (32%).

Le District d’Abidjan-Nord est le District où les chrétiens méthodistes estiment un meilleur


niveau de satisfaction dans la relation avec leurs districts partenaires, suivi du District
d’Abidjan-sud.
190

1.3. Soutien apporté à la vision missionnaire de l’EMUCI

Dans la définition de ses visions, l’EMUCI a défini une vision missionnaire en vue de gagner
des territoires à Christ et implémenter des communautés. Dans cette optique, l’EMUCI a
besoin du soutien de toutes ses structures, en particulier des District ordinaires, pour la
réalisation de cette vision.
A l’issue de la collecte nous pouvons noter que la vision missionnaire de l’EMUCI est
soutenue par les District à travers :

 Au niveau du District d’ABIDJAN NORD


- L’envoi des missionnaires dans les autres Districts ;
- La mobilisation des ressources et l’ouverture de nouveaux champs de mission ;
- Le financement de l'action missionnaire ;
- L’existence d’un partenariat entre les anciennes communautés et les champs de
missions ;
- La participation à l’organisation des festivals de mission ;
- Le soutien du District par l'organisation des cultes d'offrandes pour l'acquisition de
terrain ;
- La création d'un comité chargé de la mission qui anime toutes les activités relatives à
la mission telles que le festival des missions.

 Au niveau du District d’ABIDJAN SUD


- La collette de fonds qui se tient lors de la journée de la mission ;
- La formation de missionnaires ;
- Le soutien financier, moral et spirituel aux missionnaires ;
- La mise à disposition des moyens en faveur des Districts missionnaires pour
l'installation de nouveaux lieux de cultes ;
191

- Le paiement intégral des contributions (FIMECO, moissons et autres) à la conférence


de l'EMU-CI.

 Au niveau du District d’ABOBO


- La collette de fonds qui se tient lors de la journée de la mission ;
- La contribution financière ;
- La mise en place d'une aumônerie ;
- La subdivision du District en 06 circuits.

1.4. Connaissance de l’installation de la Société de Mission Méthodiste


(SMM) dans votre District et de son rôle par chrétiens méthodistes du
District

a- Connaissance de l’installation de la SMM par les chrétiens méthodistes


Graphique 5 : Répartition des chrétiens méthodistes selon la connaissance ou non de la
SMM

93%
83% 85%
79%

21%
17% 15%
7%

ABIDJAN NORD ABIDJAN-SUD ABOBO GLOBAL

NON OUI

Nous constatons que la majorité des chrétiens méthodistes (85%) ont mentionné que la SMM
est installée dans leurs Districts. Le District d’Abidjan-Nord est celui où près de la totalité des
chrétiens, soit 93%, a déclaré que la SMM est installée dans le District. Ce District est suivi du
District d’ABOBO (83%) puis du District d’Abidjan-Sud (79%). Toutefois nous constatons
que certains chrétiens (15%) ont déclaré que la SMM n’est pas installée dans leur District.
192

Cela nous interpelle sur le fait que l’information sur la SMM n’est pas totalement connue par
l’ensemble des chrétiens.

b- Evaluation de la connaissance du rôle de la SMM par les chrétiens méthodistes des


différents districts
La SMM à sa création a eu des rôles qui lui ont été attribuées afin de répondre à la vision de
sa création. Toutefois tous les chrétiens méthodistes ne sont pas totalement informés des rôles
qui lui sont assignés. Dans notre étude, nous avons recueilli les rôles que les chrétiens
savaient de la SMM. Les rôles sont cités dans les points suivants :

 Au niveau du District d’ABIDJAN NORD


- Aide les champs de mission à être véritablement implantés et fonctionne comme une
église indépendante ;
- Aide les communautés missionnaires à se développer ;
- Coordonne les activités des missionnaires dans le district et encourage les missions ;
- Chargée de toutes actions missionnaires dans le District et soutien tous les champs de
missions ;
- Chargée de l’implantation des nouvelles communautés et affermir ces communautés ;
- Exhorte les fidèles à soutenir les missionnaires par les finances et la prière ;
- Formation des missionnaires sur l'évangélisation et la création de champs de
missions ;
- Soutien les missionnaires spirituellement, moralement et financièrement ;
- Fait des dons aux indigents, des campagnes d'évangélisation extérieur pour gagner des
âmes à christ ;
- Faire des sensibilisations sur l’œuvre missionnaire ;
- Faire la supervision dans les églises naissantes ;

 Au niveau du District d’ABIDJAN-SUD


- Apport d'aide au district missionnaire ;
- Création des champs de missions ;
- Travail avec les champs de mission ;
- Collaborer avec le mouvement de réveil pour gagner des âmes à Christ ;
- Faire grandir l'œuvre de Dieu ;
193

- Faire des collectes de biens et de fonds.

 Au niveau du District d’ABOBO


- Aide les Districts à se souvenir des missionnaires et de l’œuvre missionnaire ;
- Organise les aides affectées aux missionnaires ;
- Prospection des quartiers non encore gagnés à Christ ;
- Organisation de campagnes d'évangélisation et accueil de nouveaux convertis ;
- Installation de nouvelles communautés ;
- Apporte l'évangélisation aux peuples, de l'aide aux désœuvrés et aux orphelins ;
- Contribue au développement spirituel des églises ;
- Assistance au missionnaire ;
- Recherche des âmes pour constituer une église ;
- Secourt l'église méthodiste lorsqu’elle est en défaillance ;
- Encadrement des nouvelles âmes ;
- Apporter une redynamisation à l'œuvre missionnaire.

1.5. Les projets missionnaires planifiés par les Districts et les difficultés
rencontrés

a- Planification des projets missionnaires pour les prochaines années


Graphique 6 : Répartition des chrétiens méthodistes selon les projets missionnaires pour les
prochaines années

44%

34%
29% 29% 28%
27% 25%
21% 21% 22%
19%
14% 13%11%
7% 7% 9%
6% 5% 5% 6% 6%
4%
1% 1% 3% 2%
0%
ABIDJAN NORD ABIDJAN-SUD ABOBO GLOBAL

Construire de nouveaux lieux de culte Créer de nouveaux champs de mission


Developper l’esprit missionnaire Financer des projets
Former des missionnaires Renforcer le partenariat
Pas de projet prevu
194

Dans l’ensemble le projet de création de nouveaux champs de mission est celui qui est plus
copté pour les chrétiens méthodistes pour leur District. En effet 29% des chrétiens
méthodistes ont mentionné la création de nouveaux champs de missions comme le projet
missionnaire du District pour les prochaines années. Par la suite, nous notons la formation des
missionnaires (28%) comme le second projet missionnaire pour les prochaines années, suivi
par la construction de nouveaux lieux de culte où 22% des chrétiens méthodistes l’ont signifié
comme projet missionnaire à venir. Ce sont les 03 principaux projets qui ont retenu le plus de
choix favorables de la part des chrétiens méthodistes des Districts ordinaires. Toutefois 4%
des chrétiens ont signifié que leur District n’avait pas prévu de projet missionnaire pour les
prochaines années.

Au niveau du District d’Abidjan-Nord, nous constatons que tous les chrétiens ne sont pas
unanimes sur le projet missionnaire de leur District pour les prochaines années, de même que
dans les autres Districts ordinaires. Tout laisse à croire que les chrétiens méthodistes des
Districts ne sont pas au même niveau d’information, ce qui pourrait être la conséquence du
manque de communication des projets du District aux chrétiens qui y sont.

En effet nous constatons que 44% des chrétiens méthodistes du District d’Abidjan-Nord ont
signifié le projet « Former les missionnaires » comme le projet missionnaire du District pour
les prochaines années tandis que 29% et 28% des chrétiens méthodistes du District ont
signifié respectivement les projets « Créer de nouveaux champs de missions », « Construire
de nouveaux lieux de culte » comme les projets missionnaires du District pour les prochaines
années. Il est important de relever qu’aucun chrétien n’a dit que le District n’avait pas prévu
de projet missionnaire pour les prochaines années.

Dans le District d’Abidjan-Sud, c’est sur le projet « Construire de nouveaux lieux de culte »
que le choix des chrétiens (23%) s’est le plus porté. Après ce projet vient celui de « Création
de champs de mission » mentionné par 21% des chrétiens, de « développer l’esprit
missionnaire » mentionné par 14% des chrétiens, de « Former les missionnaires » mentionné
par 13% des chrétiens. Le projet qui a retenu le moins d’attention est celui de « Financer des
projets » mentionné seulement par 7% des chrétiens.
195

Au niveau du District d’Abobo, c’est sur le projet « Créer de nouveaux champs de mission »
qui a fait objet de choix de plus de chrétiens, soit 34%. Après ce projet suit celui de « Former
les missionnaires » mentionné par 25% des chrétiens, de « Construire de nouveaux lieux de
culte » mentionné par 19% des chrétiens, de « Financer des projets » mentionné par 9% des
chrétiens. Cependant au niveau de ce District le projet qui a retenu le moins d’attention est
celui de « « développer l’esprit missionnaire » mentionné seulement par 2% des chrétiens.

b- Les difficultés rencontrées dans la croissance de la mission des Districts

Plusieurs difficultés ont été relevés au niveau des différents Districts dans la croissance de la
mission.

 Au niveau du District d’ABIDJAN-NORD


- Absence de formation des dirigeants des cellules missionnaires locales ;
- Difficultés à acquérir des terrains pour la construction de nouveaux lieux de cultes ;
- Manque de moyens de déplacement des agents missionnaire ;
- Peu de sensibilisation à l'œuvre missionnaire ;
- Manque d'ouvriers missionnaires ;
- Réticences des Ebriés à l'installation des églises méthodistes ;
- Des volontaires pour la mission sont difficiles à trouver.

 Au niveau du District d’ABIDJAN-SUD


- Absence de moyens financiers ;
- Vision non prioritaire pour les responsables du District ;
- Désintérêt de nombreux fidèles pour l'œuvre missionnaire ;
- Difficultés d’'acquisition de terrains pour la construction de lieux de cultes ;
- Manque de financement et d'ouvriers prêts à vivre comme missionnaires ;
- L'ignorance de l'œuvre missionnaire ;
196

- L'irrégularité des campagnes d'évangélisation ;


- Manque de formation appropriée.

 Au niveau du District d’ABOBO


- Absence de communication et de terrains ;
- Manque de moyens financiers pour l’activité missionnaire ;
- Timidité de l'esprit missionnaire ;
- Manque de sonorisations et d’instruments d'animation ;
- La méconnaissance de la mission et le désintérêt ;
- Insuffisance de missionnaires et faiblesse de l’aide des églises locales ;
- Le manque d'objectivité véritable rendant le fonctionnement inefficace ;
- Les conflits autour des postes de responsabilité ;
- Le manque d'implication de toutes les structures du District ;
- Pas d'installation de la SMM dans toutes les églises locales et le budget alloué à la
mission n'est pas consistant dans les églises locales ;
- Le manque de formation missionnaire.

1.6. Besoin de redynamisation de l’œuvre missionnaire

Graphique 7 : Répartition des chrétiens méthodistes selon le besoin de redynamisation de


l’œuvre missionnaire

100% 98% 97%


94%

6%
2% 3%
0%
ABIDJAN-NORD ABIDJAN-SUD ABOBO GLOBAL

NON OUI
197

Près de la totalité des chrétiens (97%) ont signifié que l’œuvre missionnaire a besoin d’une
redynamisation. Au District d’Abobo nous observons 94% des chrétiens qui préconisent un
besoin de redynamisation de l’œuvre missionnaire contre 98% au District d’Abidjan-Sud.

Par ailleurs au District d’Abidjan-Nord, nous notons que tous les chrétiens ont émis le besoin
de redynamisation de l’œuvre missionnaire par l’EMUCI.

Les raisons données par les chrétiens pour justifier l’expression du besoin de redynamisation
sont les suivants :

- L'avancement de l'œuvre de Dieu ;


- L’affermissement des ouvriers ;
- L’absence de formation des fidèles ;
- La mission comme un défi quotidien de la vie du chrétien ;
- Le besoin d'user de nouvelles stratégies et de renforcer les actions ;
- Mobiliser plus de ressources humaines, matérielles, spirituelles et financières
- Beaucoup reste à faire tant au niveau social que religieux ;
- Il y va de la survie de l'Eglise en général et de l’EMUCI en particulier ;
- Permettre la participation de tout méthodiste ;
- Pour en faire une priorité pour l’EMUCI et exhorter les méthodistes à soutenir la
mission ;
- Pour gagner toute la côte d'ivoire à Christ quel que soit le lieu ;
- Les églises locales restent encore en marge de l’œuvre missionnaire ;
- Créer un cadre reconnu par l'église pour la formation des missionnaires ;
- Donner un cahier de charge aux missionnaires pour plus d'efficacité ;
- La croissance et l'extension de l'église dans certaines zones et secteurs du pays ne sont
pas atteintes ;
- Mettre les moyens financiers à la disposition de la SMM afin qu'elle puisse
véritablement former des missionnaires ;
- Redonner vie à l'œuvre missionnaire pour amener les fidèles à épouser la vision
missionnaire.

2. Analyse générale de la situation au niveau des Districts missionnaires


198

2.1. Statistiques sur les Districts missionnaires de notre étude


Tableau 1 : Effectif du clergé, des communautés créées, des membres de l’église et des
autochtones convertis

Nombre Nombre de Nombre de Statistiques Nombre


de missionnaire communauté des membres d’autochtones
DISTRICT Pasteurs s s crées convertis
ABENGOUROU 11 7 36 4492 1887
GAGNOA 6 3 45 3100 1100
GUINÉE CONAKRY 2 4 8 400 100
KORHOGO 3 6
MAN 6 5 54 3374 1218
Total général 28 25 143 11366 3087

Notre étude a concerné cinq (05) Districts missionnaires de la Côte d’Ivoire : le District
missionnaire d’Abengourou à l’Est, les Districts missionnaires de Gagnoa et de Man à
l’Ouest, le District missionnaire de Korhogo au Nord, et le District missionnaire de Guinée
Conakry. Les 05 Districts missionnaires sont couverts par 25 pasteurs et 25 missionnaires, et
ont permis depuis leur création l’implantation de 143 nouvelles communautés. Le District
missionnaire d’Abengourou est celui qui regorge le plus de pasteurs (11) et de missionnaires
(07) par rapport aux autres districts de notre étude. Il est suivi du District missionnaire de
Gagnoa et de Man qui ont 6 pasteurs chacun. Cependant, ils ont respectivement 3
missionnaires et 5 missionnaires. Dans les Districts missionnaires de Korhogo et de Guinée
Conakry, nous observons plus de missionnaires que de pasteurs (2 pasteurs dans le District de
la Guinée Conakry et 3 pasteurs dans le District de Korhogo).

L’ensemble des District contient approximativement 11366 membres et l’œuvre missionnaire


a permis la conversion de 3087 autochtones. Nous constatons que plus il y a de fidèles dans
l’église, plus il y a d’autochtones convertis. En effet le District missionnaire d’Abengourou
qui regorge plus de fidèles (4492) a le plus d’autochtones convertis (1187). Il est suivi du
District missionnaire de Man rassemblant près de 3374 membres et 1218 autochtones
convertis puis du District missionnaire de Gagnoa qui dénombre 3100 membres et 1100
199

autochtones convertis. Le District missionnaire de Guinée Conakry est celui qui dénombre le
moins de membres (400) et d’autochtones convertis (100).

TROISIEME PARTIE : Stratégies et propositions pour la relance missionnaire

Chapitre :
I. Sensibilisation

« Chaque fois que le Méthodisme a eu un sens clair de la mission, Dieu a utilisé notre
Église pour sauver des personnes, guérir les relations, transformer les structures sociales et
répandre la sainteté biblique, changeant ainsi le monde. »165

Nous voudrions dire ici que le concept de la Mission ou sa réalité est ignorée par
beaucoup de Méthodistes. Ils sont encore nombreux à ne pas comprendre la nécessité d’ouvrir
de nouveaux champs de missions. Cette situation demande une vraie sensibilisation afin
d’informer les Chrétiens des réalités missionnaires.

165
Livre de Discipline, 2016, Paragraphe 121.
200

Il s’agira d’informer les chrétiens méthodistes qu’il existe bel et bien des frères et
sœurs dans les champs de mission. Par conséquent il y a également des missionnaires et des
champs de mission qui dépendent de l’EMUCI. Il faut leur faire comprendre leur
responsabilité et leur engagement pour la mission.

Les frères et sœurs des champs de mission ne doivent pas être les seuls concernés par
l’appel missionnaire. Ils ne sont pas « obligés » de s’engager à évangéliser et à implanter des
églises là où il n’y a pas d’Église.

Ils peuvent déjà se contenter de leur communauté locale urbaine pour entretenir et
maintenir leur foi. Mais les frères et sœurs ont vu le besoin spirituel, missionnaire des régions
où ils se trouvent. Ils répondent donc à la vocation missionnaire que Dieu leur adresse. Ils
veulent la faire partager avec leurs autres frères et sœurs afin qu’ils ne soient pas seuls dans
cette œuvre missionnaire noble.

L’objectif donc de la sensibilisation n’est pas seulement d’informer mais d’enseigner,


de former et d’engager le chrétien méthodiste à la Mission afin que l’EMUCI (re)devienne
une Église Missionnaire.

Nous voudrions ici rappeler simplement les méthodes utilisées au tout début de la
Mission Méthodiste en Côte d’Ivoire. Confrontés aux défis linguistique, humain et financier,
les Missionnaires ont opté pour la grande sensibilisation en Angleterre, en France et en
Afrique francophone :

… C’est une lettre cosignée à Grand-Bassam par William Platt, Antoine Léthel et Paul Wood-
Laine au nom de trente mille protestants de la Côte d’Ivoire et adressée  aux pasteurs et étudiants
de France. C’est à la fois un appel et un avertissement au protestantisme français tout entier 166.

Les étudiants de France n’ont malheureusement pas répondu à cet appel pressant. Ce


sont plutôt des familles de façon individuelle qui ont répondu en soutenant l’envoi de
nouveaux ouvriers sur le champ missionnaire en Côte d’Ivoire.

Cette grande sensibilisation concerne un vaste programme qui utilisera toutes les
réunions ecclésiales (Conférences, Synodes, Assemblées trimestrielles, Conseils d’Églises
locales, cultes dominicaux…).

Toutes les couches et les autres structures de l’Église sont concernées : Organisation
des femmes, Organisation des hommes, la jeunesse, l’École du Dimanche, le Département de

166
La pénétration Protestante en Côte d’Ivoire Célestin KOUASSI 1893-1964, Diathèkè p.100
201

l’Évangélisation, le Département de la Mission, le Mouvement de Réveil, l’Organisation des


Prédicateurs, l’Organisation des Conducteurs, le Directoire Musical, le Conseil Église et
Société, le Conseil de Communication (COCOM), les Médias Méthodistes : Radio
Méthodiste, ‘‘la Voix de l’Esperance’’, la presse écrite, ‘‘l’Échos de l’Esperance’’, l’Émission
télévisée ‘‘Dieu Avec Nous’’.

Nous aurons à réexpliquer à tous et à toutes, la Vision Missionnaire et ses implications


aujourd’hui. Nous devons réussir par la grâce de Dieu à engager toute l’EMU-CI dans la
Mission.

Cette sensibilisation aboutira à un changement de mentalité et fera de chaque chrétien


méthodiste un missionnaire et de toute l’Église Méthodiste une Église missionnaire. Ce
changement de mentalité amènera désormais le fidèle Méthodiste à ne plus se recroqueviller
sur son Église locale. Il comprendra que la Mission l’appelle au-delà des quatre murs de son
église locale pour aller œuvrer avec son frère et sa sœur dans les champs de mission.

La sensibilisation ne doit jamais cesser parce que le peuple de Dieu a besoin de savoir
comment les champs de mission se comportent. Il a besoin d’avoir des informations régulières
sur la vie des missionnaires et sur leur ministère.

Si le Département de la Mission de l’EMUCI veut rendre régulière et permanente sa


sensibilisation et ses informations, il doit inévitablement s’associer les médias : la presse
écrite, la presse audiovisuelle, les réseaux sociaux…Le Département de la Mission doit
investir, voire inonder le marché de la Communication

John Wesley tenait un agenda et un journal.

La presse écrite : Il faut publier régulièrement un bulletin d’information trimestriel


qui va relayer largement les informations sur la vie de la Mission, des missionnaires, les
informations sur les champs de mission, l’École missionnaire, les besoins. Le bulletin
d’information sera également une plateforme pour partager les témoignages des missionnaires
à travers le monde.

La presse audiovisuelle : l’EMUCI dispose d’une chaine de Radiodiffusion et bientôt


d’une chaine de télévision. C’est une opportunité pour de la Département de la Mission de
mieux se faire connaitre. Il doit obtenir des temps d’antenne réguliers et hebdomadaires. Ces
temps d’antenne garderont la même ligne éditoriale que la presse écrite.
202

Les réseaux sociaux : même s’il s’apparente à un effet de mode, il serait juste de
reconnaitre son efficacité et sa rapidité à relayer les informations.

Comme une personne, les réseaux sociaux par leur exposition médiatique, ont un
grand pouvoir d’influence sur l’opinion publique, voire sur les décideurs. Ils s’imposent
comme le partenaire par excellence du Département de la Mission. Les réseaux sociaux seront
utiles par leurs plateformes (Internet, WhatsApp, Facebook, Instagram, Tweet…), leurs
annonces, leurs groupes d’amis, leur réseau de souscripteurs, leurs affiches publicitaires, leurs
publications, ses émissions audiovisuelles…

Le rôle premier des médias est et reste, effectivement, de transmettre les informations.
La consommation médiatique a un effet positif d’ouverture au monde et d’apports de
connaissances. Cependant, il faut rester attentif à l’usage que l’on en fait. C’est pourquoi, les
médias doivent être gérés par les professionnels.

L’EMUC et le budget alloué à la Mission


Nous voudrions ici regarder le financement de la Mission par l’EMUCI au cours des
trois dernières années.

Nous présentons bien avant les différentes composantes qui emmargent au budget de
l’EMUCI.
II.1. Présentation des composantes de la Mission dans l’EMUCI
II.1.1. En Côte d’Ivoire
Le Département de la Mission
La Société des Missions Méthodistes (SMM)
Les Districts missionnaires
22 Missions extérieures

II.1.2. En Guinée-Conakry
Langue officielle : Français, Malinké
02 pasteurs dont un pasteur Guinéen
02 missionnaires
12 communautés locales
Tous les lieux de culte sont en location
203

La Mission n’est propriétaire d’aucun site (terrain)

II.1.3. En Guinée Bissau


Langue officielle : Portugais
18 communautés
01 Pasteur autochtone
Tous les lieux de culte sont en location
La Mission n’est propriétaire d’aucun site (terrain)

II.1.4. Au Mali
Langue officielle : Français, Bambara
02 communautés
01 Pasteur autochtone
Un étudiant originaire du champ de Mission du Mali en formation en Côte d’Ivoire.
Tous les deux lieux de culte sont en location
La Mission n’est propriétaire d’aucun site (terrain).

Au Burkina Faso : le Burkina reste encore un projet missionnaire imminent.


Toutes ces structures y compris les Districts missionnaires et tout le personnel sont pris en
charge soit directement ou en partie par la direction de l’EMUCI.
Nous avons ci-joint (le tableau) le financement de l’EMUCI

Année
% par
% par
Libelles % par rapport rapport
rapport au
2020 au budget 2021 2022 au
budget
global budget
global
global
18 583 4 18 583
Société des missions 18 583 444 0,41% 44 0,41%  444 0,73%
District missionnaire 6 000 0 6 000
de Korhogo 6 000 000 0,13% 00 0,13%  000 0,24%
District missionnaire 6 000 000 0,13% 6 000 0 0,13% 6 000 0,24%
204

de man 00  000
District missionnaire 2 000 0 2 000
de Bouake 2 000 000 0,04% 00 0,04%  000 0,08%
District missionnaire 1 000 0 1 000
de Daloa 1 000 000 0,02% 00 0,02%  000 0,04%
District missionnaire 1 000 0 1 000
de Gagnoa 1 000 000 0,02% 00 0,02%  000 0,04%
District mission de la 2 000 0 2 000
Guinée 2 000 000 0,04% 00 0,04%  000 0,08%
District mission du 1 000 0 1 000
Sénégal 1 000 000 0,02% 00 0,02%  000 0,04%
District mission du 3 000 0 3 000
mali 3 000 000 0,07% 00 0,07%  000 0,12%
District mission du 1 000 0 1 000
Cameroun 1 000 000 0,02% 00 0,02%  000 0,04%
Total montant de la 41 583 4 41 583
mission 41 583 444 0,92% 44 0,91%  444 1,63%
4 567 089 8
Montant budget global 4 528 948 295 100,00% 58 100,00% 2 551 603 206 100,00%

Nous tenons ces chiffres de la Direction Générale, Financière et administrative


(DGFA) de l’EMUCI, chiffres à nous communiqués par la Directrice par mail à la date du 20
Février 2023.

Nous remarquons que la Mission de la Guinée Bissau ne figure plus sur le tableau. A-
t-elle été abandonnée ?

Voici la somme des rémunérations brutes et des primes versées par la direction de
l’EMUCI au cours des trois années aux composantes de la Mission :

En 2020, elle a contribué à hauteur de 41 583 444FCFA (environ $7000 USA). Cela


représente seulement 0,92%.

En 2021 elle a contribué à hauteur de 41 583 444FCFA (environ $7000 USA). Cela
représente seulement 0,91%

En 2022 elle a contribué à hauteur de 41 583 444FCFA (environ $7000 USA)

Sur la période de 2020 à 2022, l’EMUCI a soutenu la Mission à hauteur de 1,63%. Le


budget alloué à la Mission n’a pas changé. Il a toujours été de 41 583 444FCFA.

L’observation des dépenses exécutées au titre de la Mission nous amène à faire


deux constats :
205

- Le montant réalisé les trois dernières années tant par structure individuelle de la Mission
que pour le total général, est resté inchangé soit quarante et un millions cinq cent quatre-
vingt-trois mille quatre cent quarante-quatre francs CFA (41 583 444 Frs) ;

- Le montant alloué à la Mission n'atteint même pas 2% du budget global.

Ces constats nous poussent à dire que l’EMUCI sur ces trois dernières années est
restée stagnante.

De ce qui précède, plusieurs questions peuvent être posées :

- quelle place la mission occupe-t-elle dans la vision globale d'une EMUCI qui se veut
dynamique et vivante ?

- l’évangélisation étant la dernière recommandation du Seigneur Jésus et au regard de


l’affirmation de notre fondateur John Wesley qui proclamait que le monde est sa paroisse,
l’EMUCI ne devrait-elle pas revoir sa politique missionnaire en vue d’en faire sa priorité ?

Des efforts sont faits mais beaucoup reste encore à faire et une réelle prise de conscience
s’impose.

La situation ne pouvant demeurer en l’état, il appartient à l’EMUCI, d’un côté puis au


département de la Mission de l’autre, de réfléchir profondément à la situation et faire des
propositions constructives pouvant permettre à la Mission de relever le défi qui est le sien.

Le budget est essentiellement englouti par la masse salariale et l’assurance maladie qui
n’apparait pas ici sur le tableau.

Il n’est nulle part mentionné de budget alloué aux campagnes d’évangélisation, à la


construction de nouveaux lieux de culte, ni l’achat des sites abritant les futurs lieux de culte,
de presbytères, d’écoles, d’hôpitaux et autres œuvres sociales.

Nous voudrions rendre grâces à Dieu de ce que les ouvriers de l’EMUCI sont pris en
charges (salaires, assurances maladies).

Mais nous sommes obligés de nous interroger sur la question du financement de la


Mission elle-même. L’œuvre missionnaire sur le terrain existe-t-elle ? Comment est-elle
financée ?
206

La plupart de ces communautés se retrouvent dans les domiciles pour toutes réunions
d’église (cultes, enseignements, réunions de conseil, école de dimanche, répétitions de
chorales…).

Certes tout a commencé dans les Églises-maison selon les témoignages bibliques, mais
les églises-maison ne sont qu’une étape provisoire, parfois très brève et non un état définitif.

D’autres communautés sont quasiment en location, le loyer du pasteur, le lieu de culte,


l’école de dimanche, les instruments de musique, la sonorisation, les instrumentistes…

C’est ce que les enquêtes sur le terrain nous ont révélé. Les demandes de Bibles, de
traités bibliques, d’achats de site pour de futurs projets de constructions, d’implantations de
lieux de culte, des demandes de la présence du règne de Dieu dans telles ou telles autres
régions affluent constamment…

Malheureusement les fidèles des champs de mission n’ont pas les moyens pour faire à
ces nombreuses attentes.

Certains tentent de façon sporadique de faire de leur mieux, en matière


d’évangélisation ce qui donne inévitablement de très maigres résultats.

D’autres ont décidé de ne pas aller faire de nouvelles conquêtes. Ils attendent sur place
que les âmes assoiffées et les brebis perdues viennent à eux. Ils les reconnaissent le plus
souvent le dimanche à la question de l’annonceur : « y a-t-il de nouvelles personnes qui nous
visitent ce matin…nous sommes heureux de faire votre connaissance…dites-nous si vous êtes
de passage ou si vous êtes venus pour rester ».

Face au manque de moyens, d’autres encore ont choisi la « voix » des pères
réformateurs, la consolidation de leurs acquis.

À cette allure, l’EMUCI n'aura jamais lancé ce projet missionnaire. La vision


missionnaire ne serait qu’un slogan.

Nous pouvons nous interroger avec Roger S. Greenway : « Ils ont besoin d'argent
comme tout le monde pour subvenir à l'ensemble de leurs besoins et des besoins de leur
famille. De plus, les dépenses générées par leur ministère sont plus élevées que celles des
pasteurs en général…En outre, il leur faut de l'argent pour acheter des Bibles, de la littérature
et tout autre matériel qui leur sert à proclamer l'Évangile »167.
167
Roger S. Greenway, INTRODUCTION À LA MISSION CHRÉTIENNE, Cléon d'Andran, Éditions Excelsis. 2000,
P.127
207

Comment organiser le soutien financier des missionnaires ?

La situation stagnante ne doit pas demeurer ainsi. Il faut absolument mener d’autres
réflexions afin de trouver les moyens pour relancer la mission. Il faut absolument changer de
cap afin de donner une orientation à l’action au sein de l’EMUCI. Cela passe par la une
nouvelle sensibilisation et une remobilisation de l’ensemble du peuple de Dieu, du clergé aux
laïcs.

II.2.1. Mobilisation
- La mobilisation des fonds

Il s’agira de mobiliser les ressources (matérielles et humaines) pour la Mission. L’EMU-CI a


cet avantage d’avoir des fidèles qui sont déjà habitués à donner de leur temps, argent et autres
biens pour l’œuvre de Dieu. Cela peut se vérifier à travers les Moissons.

Elles sont de plus en plus nombreuses les Églises locales qui sont au-dessus des 50
Millions de CFA aux fêtes annuelles des moissons.

D’autres ont déjà franchi la barre des 100 Millions de CFA. Les plus fortes sont à plus
de 200 Millions de CFA à la fête annuelle des Moissons.

La mobilisation des ressources financières ne doit pas apparemment poser des


problèmes. Il s’agit de bien expliquer le bien-fondé de cette mobilisation. Les fidèles
Méthodistes sont capables de se surpasser.
208

Nous avons encore cet avantage d’avoir fidèles Méthodistes et des communautés
locales qui font preuve de libéralités, à l’image des Chrétiens Macédoniens du Nouveau
Testament :

Nous vous faisons connaître, frères, la grâce de Dieu qui s’est manifestée dans les Églises de
la Macédoine. Au milieu de beaucoup de tribulations qui les ont éprouvées, leur joie débordante
et leur pauvreté profonde ont produit avec abondance de riches libéralités de leur part. Ils ont, je
l’atteste, donné volontairement selon leurs moyens, et même au-delà de leurs moyens…nous
demandant avec de grandes instances la grâce de prendre part à l’assistance destinée aux saints.
Et non seulement ils ont contribué comme nous l’espérions, mais ils se sont d’abord donnés eux-
mêmes au Seigneur, puis à nous, par la volonté de Dieu .2 Cor. 8 : 1-5.

Nous soutenons cette mobilisation parce que nous sommes convaincus que les fonds
recueillis vont permettre de changer considérablement les données sur le terrain. Les Districts
missionnaires ont besoin de moyens pour :

 Organiser les communautés naissantes ;


 Construire les nouveaux lieux de culte ;
 Loger leurs ouvriers de l’Église ;
 Se déplacer.

La mobilisation des hommes et des femmes

Au niveau des ressources humaines, nous pouvons saluer l’excellent engouement des
jeunes hommes et femmes qui frappent de plus en plus à la porte du Saint-Ministère. Les
Candidatures au concours d’entrée à l’ISTHA et l’Institut de Formation Missionnaire (IFM)
en sont une expression éloquente.

Nous pouvons rappeler le témoignage des débuts de la Mission Méthodiste en Côte


d’Ivoire. Grâce aux soutiens de la Mission Britannique, les Missionnaires étaient équipés et
progressaient quantitativement et qualitativement sur le terrain. Ce qui a fait dire au
Missionnaire Catholique de l’époque ceci :

Le Père P. Hamon, supérieur de la mission Catholique de cette localité écrit : que la


propagande protestante s’intensifie. Le Pasteur B. est d’une activité prodigieuse. Avec le secours
de sa pétrolette ‘‘Ne crains point !’’, la bien nommée, il atteint presque tous les villages de la
lagune. Il dirige en ce moment ses attaques presque exclusivement contre le pays Dida. Je me suis
laissé dire qu’il veut construire prochainement un temple à Lahou. Une société protestante
anglaise lui aurait fait, dans cette intention, un don princier de 300, 000 francs ». Et il ajoute «
nous retrouverons très souvent cette mentalité qui suppose, chez l’adversaire, des moyens
pécuniaires illimités168.

168
Pierre TRICHET, COTE D’IVOIRE : Les premiers pas d’une Eglise. TOME 2 : 1914-1940. Abidjan, les
Éditions La Nouvelle 1995. Page 169
209

Si les ressources humaines attendues ont fait défaut (à cause de la défection des
étudiants de France), la mobilisation a connu un retour positif sur le plan financier. Et ce sont
les Missionnaires Catholiques qui en faisaient la remarque. Le Père MOLY, lui est
catégorique : « Il faudrait disposer, comme eux, de millions de dollars ou de livres anglaises,
pour fonder de nouveaux postes et de nombreuses écoles. C’est en effet à coups de millions
que se fait ici la propagande protestante »169

La Mission a besoin de moyens et assez de moyens pour que les rendements soient
évidents sur le terrain. Elle ne peut pas être l’œuvre de fonctionnaires et autres personnes de
petits métiers qui pour la plupart sont de passage. Ce sera une des tâches de la mobilisation.

Face aux résultats de la grande mobilisation des Missionnaires Protestants, comme un


Capitaine au front où les combats font rage, Monseigneur MOURY réclamant des renforts a
déclaré :
C’est vous dire que notre situation est intenable. Et pourtant il ne s’agit pas seulement pour
nous de tenir les positions déjà acquises, il nous faut, et d’urgence, aller de l’avant. Il ne faut pas
oublier que les protestants font autour de nous une propagande des plus actives ; qu’ils se
lancent, avec un zèle digne d’une noble cause, à l’assaut de ces multitudes d’âmes avides de vérité
chrétienne après l’abandon de leurs fétiches, et il est bien certain que les conquêtes que nous ne
ferons pas, eux les réaliseront en notre lieu et place. Il importe donc, au plus haut degré, de ne
pas se laisser devancer par les fils de la Reforme170.

La sensibilisation et la mobilisation seraient renforcées par la création d’une fondation


pour la Mission.
II.3. La création d’une Fondation pour la Mission
Quelle est la définition de fondation ?

Une fondation est un organisme de mécénat créé par un ou plusieurs donateurs, issus
du secteur privé, au service d'une cause d'intérêt général et à but non lucratif.

Il s’agira ici de sécuriser les premiers dons en investissant par exemple dans
l’immobilier qui aujourd’hui est rassurant en Côte d’Ivoire. L’immeuble ainsi réalisé pourra
se nommer « Résidence Missio Dei ».
169
Pierre TRICHET, op.cit. p.171
170
Ibid. p.173
210

C’est un nom hautement prophétique. Il veut dire que Dieu est toujours en Mission.
Nous devons par conséquent être toujours en Mission.

Ce premier investissement doit être considéré comme le grain de sénevé qui ouvrira la
porte à d’autres projets d’investissements tels que l’agriculture.

Le père fondateur du pays Felix Houphouët Boigny a dit une parole qui résonne
encore comme une alliance : « le succès de ce pays repose sur l’agriculture ».

Malgré les fluctuations des prix des matières premières, les investissements
champêtres donnent dans l’ensemble des résultats probants. Un investissement en la matière
est à encourager. La plupart des champs de Mission et les Missions étrangères disposent
encore des terres arables.

Encourager les champs de Mission à l’investissement

La Mission encourage les champs de mission à aller le plutôt possible à l’autonomie.


Pour ce faire il est demandé aux missionnaires dès les débuts de leur présence, d’identifier un
projet d’investissement rentable à court ou à moyen terme. Ainsi la Mission pourra
s’autofinancer.

Exemple :

Dans toutes nos tournées missionnaires nous sommes arrivé en Guinée Bissau. Après
renseignement, les secteurs d’activités les plus rentables et les plus sûrs sont d’abord
l’anacarde, puis le transport (taxi).

Au niveau du transport, le pays bénéficiait à l’époque d’une subvention de la


République sur les véhicules Mercédès de seconde main. Ce sont ces véhicules qui
essentiellement assuraient le transport.

Un véhicule coutait trois millions de francs CFA, 3.000.000FCFA, soit $5000 USA. Il
était indiqué, par exemple, de faire un prêt à cette jeune mission de quatre (4) véhicules soit
$20.000 USA. Cette mission serait aujourd’hui à l’abri de toutes ces zones de turbulences
financières.
211

La culture de l’anacarde dont le fruit l’acajou est raffolée en Asie, plus


particulièrement en Inde.

Les terres qui peuvent être labourées ou cultivées ne manquent pas. Les premières
récoltes sont attendues à la troisième année.

Voici un projet qui intéresserait le département de la Mission et l’EMUCI en accord avec les
autochtones.

Ces deux projets (Taxi-Mercedes et l’anacarde) ainsi réalisés, assureront l’effectivité,


l’efficacité de et le développement de l’œuvre missionnaire.

La Mission pourra acquérir ces sites pour les lieux de culte, ses instruments de
musique, tout le support électronique…Elle pourra également construire les logements des
ouvriers de l’église, construire ses lieux de culte…doter ses ouvriers de moyens de travail…
ouvrir de nouveaux champs de Mission.

La Mission pourra aussi s’engager dans la « Holistique » mission ou la mission


intégrale en y intégrant ainsi le volet social (l’éducation, la santé, la lutte contre pauvreté, la
délinquance juvénile…).

Le fait de les responsabiliser, éviterait les appels incessants, parfois stressants de fonds
de la Mission de la Guinée Bissau. Le proverbe chinois ne dit-il pas : « si tu donnes un
poisson à un homme, il se nourrit une fois. Si tu lui apprends à pêcher, il se nourrira toute sa
vie ».

Apprenons à nos champs de mission à pêcher, alors ils se nourriront toute leur vie.
Hier comme aujourd’hui, les réalités sont les mêmes. C’est le terrain qui dicte le
programme. Et le terrain coute cher.

Les missionnaires ont besoin d’argent et il faut en parler même parfois cela peut
choquer. Ce que reconnait Roland Allen171 :

Il peut sembler à première vue étrange de parler des finances comme l'un des
accompagnements extérieurs de la prédication, plutôt que comme faisant partie de l'organisation
de l'Église. Mais c'est en fonction de l'approche de saint Paul envers ses auditeurs que les
finances prennent leur véritable signification et jette leur lumière la plus intéressante sur le
travail missionnaire aujourd'hui. 

171
Roland Allen » « Missionary Methods: St. Paul’s or Ours? « Dallas, Gideon House Books »2016 P.41
212

Nous ne sommes pas en train de faire la promotion de la course à l’argent. Mais les
réalités sont là et perceptibles à l’œil nu. Soit on décide d’aller en mission et on se donne les
moyens de cette décision ou alors on n’y va pas.

Là où les organisations missionnaires ont tergiversé, les missionnaires se sont


retrouvés abandonnés sur les champs de mission. Certains se sont reconvertis en « faiseurs de
tentes », un métier qui leur était propre. D’autres se sont faits embaucher au sein de la
communauté. La conséquence est inévitable :

« Les « faiseurs de tentes » rencontrent également certaines difficultés. Leur emploi absorbe
la majorité de leur temps et de leur énergie. Leurs employeurs risquent de leur interdire toute
activité religieuse »172.

Se sentant abandonnés comme des soldats au front sans munition, les fidèles
méthodistes des champs de mission n’ont plus d’autres choix que de se replier sur leurs
communautés locales.

Il faut à tout prix les moyens avant de se lancer dans l’ouverture d’un nouveau champ
de mission. C’est ce que rappelle Roland Allen173 :

C’est pourquoi l'ouverture d'une nouvelle station missionnaire est devenue avant tout une
opération financière, et nous entendons constamment nos missionnaires se lamenter de ne pas
pouvoir ouvrir de nouvelles stations là où elles sont cruellement nécessaires, car ils n'ont pas les
fonds nécessaires pour acheter et équiper le plus petit établissement missionnaire.

II.4. Le prélèvement sur les fêtes des Moissons


Nous supposons que la « vision missionnaire » est notre devise depuis de vingt ans. La
vision de cette devise est que toute l’EMUCI soit missionnaire en s’engageant sur le champ de
la mission.

C’est pourquoi nous croyons qu’aucun sacrifice ne sera trop grand pour chaque fidèle
méthodiste, chaque église locale, chaque District et pour la Conférence. Il s’agira de
convaincre chaque église locale à consentir pour son soutien à la Mission 2% seulement des
recettes de sa fête annuelle des Moissons.

Si les responsables pasteurs et laïcs adhèrent à cette idée et ne font pas d’obstacle ce
serait le début d’une vraie révolution missionnaire.

II.4.1. Les amis de la Mission


172
Roger S. Greenway, INTRODUCTION À LA MISSION CHRÉTIENNE Cléon d'Andran, Éditions Excelsis, 2000, P.12
173
Roland Allen
213

Cette idée « d’amis souscripteurs » n’est pas nouvelle dans l’EMUCI. Il existe déjà les
amis de l’Association Chrétienne des Elèves et Etudiants Protestants Côte Ivoire (ACEEPCI),
les Anciens du groupe de Jeunes.

En dehors il y a également des associations calquées sur ce format : les Anciennes du


Lycée Sainte Marie. Les Anciens du Lycée Classique d’Abidjan…

L’objectif est le même : comment sur la base de notre présence, notre unité, fédérer
nos énergies, nos prières, moyens, nos dons pour soutenir telles ou telles autres activités.

L’avantage et la particularité de ces associations, c’est que les éventuels souscripteurs


ont en commun leur passé chargé de souvenirs et d’émotions. Tel n’est pas le cas des Amis
Souscripteurs pour la Mission. Il va falloir une sensibilisation et mobilisation afin que leurs
cœurs battent au rythme de la Mission. Ce n’est certes pas facile mais pas impossible.

Il y a dans nos communautés des vocations missionnaires cachées en tout genre. Nous
comptons calquer cette association sur le modèle de l’organisme « Mission Chrétienne174 » :

Ceux qui prient : devenez un missionnaire de prière :

Si d'une part nous admettons que l'argent est nécessaire pour aller de l'avant, d'autre part
nous croyons que sans la prière tout l'argent du monde ne serait pas suffisant pour porter en
avant une œuvre spirituelle. La prière fait bouger la main de Dieu. Et la bénédiction vient de
Dieu. Pour cette raison, nous vous invitons à devenir missionnaire de prière .  

Ceux qui restent : Dieu n'a qu'un fils et il en a fait un missionnaire, un gagneur
d'âmes. Nous sommes fils et filles de Dieu et nous sommes appelés à chercher ceux qui sont
perdus. Jésus est notre modèle et comme Lui, nous avons à chercher les perdus et nous donner
pour eux. Le désir du cœur de Dieu c'est que nous soyons tous missionnaires.

Tout le monde n'est pas appelé à partir. Vous êtes peut-être appelés à rester dans votre
pays, dans votre village. Mais cela ne signifie pas que vous devez rester tranquillement dans
votre église, en chantant "Alléluia" pendant que les personnes se perdent. Ce serait une bien
lourde responsabilité.

Même chez vous il y a du travail à accomplir et un témoignage à donner. Lorsque


Mission Chrétienne a fait ses premiers pas, elle a travaillé avec des ouvriers autochtones. Ils
étaient chez eux et ils servaient le Seigneur de la moisson. Et le Seigneur a béni leur travail.

Même si vous restez chez vous, vous pouvez commencer un partenariat avec Mission
Chrétienne. Une simple lettre, un simple fax, un coup de fil ou un mail. N'hésitez pas à vous
174
Pasteur Vincent SALVATO, Mission Chrétienne (Parole de Vie), Bonne Nouvelle, Monteux, 2018.
214

mettre en contact. De nouvelles possibilités s'ouvriront sur votre chemin et... votre aventure
de foi commencera.

Ceux qui souffrent : « Venez à Moi vous tous qui êtes fatigués et aggravés et je vous
donnerai du repos. »

L’amour d'un vrai christianisme amène obligatoirement à des actes concrets. Ne pas
aimer seulement en paroles, est la base du christianisme de Mission Chrétienne. C'est cela qui
nous a conduits dans les divers endroits du monde où nous sommes. Que ce soit pour des
facteurs spirituels ou non, nous n'avons pas fermé nos entrailles à ceux qui crient : "Viens !
Secours-nous !"

Notre amour en action se manifeste de différentes manières selon l'endroit et le besoin


qui s'y rattache. Parfois, faute de moyens, nous sommes obligés de refuser un geste d'amour,
mais cela est pour nous très pénible. Nous vous disons très franchement : « Aidez-nous à les
aider ».

Ceux qui donnent : il y a plus de joie à donner qu’à recevoir. Il faut entretenir une
relation fraternelle avec tous ceux qui donnent. Nous leur soumettrons une fiche de
souscription dont nous avons le modèle ci-dessous :

Bulletin de souscription volontaire

Oui, à l’occasion de la souscription pour la Mission Méthodiste Unie, je souhaite faire un geste de
soutien.

NOM : ______________________________________________________
Prénom : ____________________________________________________
ADRESSE : __________________________________________________
Téléphone : __________________________________________________
E-mail : ____________________________________________________

Je vous fais parvenir ci-joint un don de : CFA


□ En Espèces
□ Par un chèque libelléé à : « Département de la Mission-EMUCI - souscription FONDATION

Je demande un reçu fiscal (*) : OUI NON (entourez la bonne réponse)


Merci d’envoyer votre don à l’adresse suivante :
• RIB Banque …….
• Mobile Money….
• Wave……...
• Ou alors s’adresser aux représentants du Département de la Mission de votre Eglise locale.

« …la moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le maître de la moisson
d’envoyer des ouvriers dans sa moisson ». Mat. 9 :37-38.
215

L’Achat et la sécurisation des domaines (terres ou propriétés)


Nous nous interrogeons parfois sur la difficulté à localiser les temples Méthodistes. Ils
sont de moins en moins loin des bordures des grandes voies. L’autre difficulté à laquelle sont
confrontés les champs de Mission est l’acquisition et la sécurisation des domaines (terres).

Ils sont constamment délogés parce que les sites non sécurisés sont contestés par
d’autres acquéreurs détenant des titres de propriétés officiels. Nous avons par exemple le site
actuel (3ha) du groupe scolaire Méthodiste de la ville de Gagnoa qui est contesté.

Une des récentes enquêtes a prouvé que la situation est générale. La plupart des
domaines de l’EMUCI, même dans les Districts ordinaires tels qu’Abidjan ne disposent
d’aucun document officiel (titre foncier).

Cela demande qu’il faille mettre officiellement sur pied une équipe ou un comité du
patrimoine s’il n’en existe pas encore. S’il existe, il faut revoir son cahier de charges et lui
donner plus de pouvoir autour des points suivants : sécurisation des domaines existants, achat
de domaines, achat de nouveaux domaines.

Cette équipe doit être une unité mobile, en contact et travaillant avec tous les Districts
et les champs de Mission. C’est une équipe qui doit être composée de spécialistes de la
construction et de l’urbanisme.

Elle doit fournir annuellement son rapport à l’Assemblée Générale de la Conférence.

La sécurisation des domaines existants : cette équipe doit s’engager au niveau du


ministère de la construction et de l’urbanisme afin de régulariser (foncier) la situation des
domaines appartenant à l’église.

L’achat des domaines : cette équipe doit suivre, encourager et accompagner l’achat
des domaines, cette fois-ci des domaines plus grands par nos communautés ecclésiales. Nous
le disons « cette fois-ci des domaines plus grands » parce qu’il est souvent donné de voir les
domaines de l’EMUCI, de plus en plus petits (…600, 500, 400 et même 300 m2).

L’achat de nouveaux domaines : cette équipe doit se commuer en éclaireurs. En


accord avec les champs de Mission, elle doit anticiper l’acquisition de nouveaux domaines
pour les futures communautés à venir. Ici nous voudrions parler des endroits où il n’y a pas
encore de Méthodistes. C’est pourquoi nous disons « il faut anticiper ». Les Athéniens
216

n’avaient-ils pas un temple réservé à un dieu inconnu ? : « Car, en parcourant votre ville et
en considérant les objets de votre dévotion, j’ai même découvert un autel avec cette
inscription : A un dieu inconnu ! » Ac.17 : 23.

C’est une méthode d’évangélisation utilisée par les Missionnaires Portugais qui
consistaient à installer des « padroes ». Les « Padroes » étaient des croix en béton. Une
manière de dire que ce domaine, ce territoire appartient au Dieu de Jésus-Christ, aux
Portugais : « Les padrões ont été plantés sur le rivage et ont servi de repères aux précédentes
explorations portugaises de la côte.

À Kwaaihoek, dans l'actuelle province du Cap oriental, ils ont planté un padrão le 12
mars 1488, qui marquait le point le plus à l'est de l'exploration portugaise »175.

175
Bartolomeu Dias, History, com Editors, https://www.history.com/topics/exploration/bartolomeu-dias,2009
217

II.5. Les migrants, une semence stratégique pour la mission


II.5.1. Des exemples dans l’Ancien Testament
Au niveau de l’Ancien Testament, nous avons choisi le témoignage de l’esclave juive
chez le général Naaman, la foi persévérante de Daniel et ses amis (Juifs), tous exilés en terre
Babylonienne.
Il est ici question des personnes qui sont contraints au voyage. C’est le cas des réfugiés
et des exilés. Comment est-il possible de pouvoir témoigner dans ces conditions ?

II.5.2. Le témoignage de la jeune esclave juive (2 Rois 5 : 1-27)

L'histoire qui nous est contée est celle de l’officier syrien, Naaman. Il y a cette petite
fille juive qui avait été enlevée pendant la guerre par des troupes de soldats syriens et donnée
comme servante à la femme de Naaman. Or, cette petite fille est une jeune messagère de
bonnes nouvelles. La petite voit que l'époux de sa patronne est malade, et elle dit à celle-ci :
« En Samarie, il y a un prophète qui saurait aider ... ». Sans attendre, Naaman va voir le roi de
Syrie son maître et lui répète les paroles de la petite fille. Naaman se rend donc en Samarie. Il
obtient sa guérison miraculeuse. Le lépreux est guéri de sa maladie après s’être plongé dans le
Jourdain. Naaman en est venu à reconnaître : « Voici, je reconnais qu'il n'y a pas de Dieu sur
toute la terre, si ce n'est en Israël ».
La jeune fille esclave a apparemment pris un gros risque. Elle n’avait pas préparé le
terrain auparavant. Elle n’avait aucun moyen de le faire. Pour preuve, le courrier adressé au
218

roi a créé la panique et la confusion. Le roi a compris en cela une manière insidieuse pour lui
déclarer la guerre puisque l’on lui demande l’impossible : redonner la guérison à un lépreux.

La jeune fille esclave avait-elle déjà été témoin des miracles opérés par le prophète
Élisée ? Ou s’appuie-t-elle sur les témoignages véhiculés par la croyance populaire ?

Dans les tous les cas elle a parlé avec une telle assurance, une telle perspicacité, une
telle foi que le général Naaman s’est vu obligé d’effectuer le voyage. Et pour un voyage, c’en
fut un. Les commentaires bibliques disent que le général s’est déplacé avec une infanterie.

La jeune fille esclave a fait le pari de la foi, et cela a payé.

Ce qui est demandé à tout chrétien partout où il se trouve, c’est de vivre pleinement et
sincèrement sa foi. Et cela est une vérité biblique. L’apôtre Pierre a conseillé les femmes dans
ce sens : « Vous de même, femmes, soumettez-vous à votre mari. Ainsi, ceux qui refusent de
croire à la parole pourront être gagnés sans parole par la conduite de leur femme, en observant
votre manière de vivre pure et respectueuse » 1 P. 1 :1 et 2.

Dans sa conclusion sur la guérison de l’officier Syrien, Walter KAISER disait ceci :
Yahweh était le Seigneur de toutes les nations, même à l'époque de l'Ancien Testament. Non
seulement avait-il eu recours à un général païen pour mener les combats avec les résultats qu'il
avait souhaités, mais il utilisait également le témoin de la petite fille qui, après avoir été mise dans
des circonstances extrêmement éprouvantes, a été utilisée comme précurseur de la diaspora qui
répandrait la Bonne Nouvelle du plan de promesse de Dieu 176.

Cette enfant est une vraie évangéliste. L’évangéliste ne peut sauver un pécheur, mais il
peut lui montrer le chemin du salut. On n'est jamais trop jeune pour être un témoin du
Seigneur. C’est pourquoi, nous pouvons dire que la guérison de Naaman annonce aussi
l’ouverture des païens au ministère de la grâce, comme le souligne Jésus-Christ : « II y avait
aussi plusieurs lépreux en Israël du temps d’Elisée, le prophète ; et cependant aucun d’eux ne
fut purifié, si ce n’est Naaman le Syrien » (Lc 4 : 27). La jeune fille captive est aussi une
missionnaire de Dieu. Elle a témoigné en terre étrangère. C’est ce que fait remarquer David
BOSCH (Perspectives177) : « Dieu n’a pas non plus utilisé que les grands dans ce rôle de faire
entendre son message. C’était une petite esclave Israélite qui a annoncé son pouvoir de
guérison à Naaman, le puissant mais lépreux capitaine de l'armée Syrienne ... ». 
176
Walter C KAISER JR., Mission in the Old Testament: Israel as a Light to the Nations, Baker Books,
Michigan 2012 pp. 49-50.
177
Ralph D. Winter, Steven C. Hawthorne, Perspectives on the World Christian Movement, Pasadena, William
Carey Library 2004. P.59.
219

II.6. La foi persévérante de Daniel et ses amis (Juifs) en terre Babylonienne

En 606 av. J.-C, Nebucadnetsar, roi de Babylone, déporte une partie de la population de Juda
dont quatre jeunes gens : Daniel, Hanania, Mishaël et Azaria. Babylone devient le symbole du
monde civilisé, mais méchant, immoral et sur le plan religieux, révolté contre Dieu. Le roi de
Babylone convoqua tous les grands de son empire à l’inauguration de l’immense statue d’or
qu’il fit fabriquer. Il ordonna qu’à un signal donné tous se prosternent devant la statue pour
l’adorer (Daniel 3 : 1-30). Trois hommes et trois seulement, ne se prosternèrent pas : ceux-là
ne plièrent le genou que devant Dieu. Ils refusèrent d’adorer l’idole ne serait-ce qu’une
minute au risque de leur vie.

Cette détermination les amène dans la fournaise par obéissance à Dieu, qui, d’une façon
miraculeuse et souveraine, devient leur compagnon et les en délivre. Dans la fournaise, les
trois hommes font une expérience unique : ils ne sont pas seuls car un compagnon d’origine
divine vient les retrouver. La gloire de Dieu éclate devant tous : Schadrac, Méschac et Abed-
Nego sortent indemnes du milieu du feu, à la vue de tous les conseillers du roi et de toutes les
délégations nationales présentes à la dédicace de la statue.

Il ne reste sur eux aucune trace de l’épreuve, même pas l’odeur du feu. À ce propos,
DELCOR affirma ceci : « Le premier mot du roi est pour bénir le Dieu de Schadrac, Méschac
et Abed-Nego...il conclut qu'il n'y a pas d'autre dieu qui puisse délivrer ainsi et donne l'ordre
de mettre à mort quiconque parlerait mal du Dieu des Juifs... »178.
Daniel et ses amis n’ont pas totalement coupé avec leur origine religieuse. Marti J.
STEUSSY soutient cette idée : « Ces Juifs de la diaspora semblent avoir maintenu un contact
assez étroit avec la patrie. Ceux qui en avaient les moyens ont fait des pèlerinages à
Jérusalem et un certain nombre de communautés de la diaspora y ont établi des
synagogues »179. Cela était le secret de la force de leur foi.

Daniel, cible de l’envie et de la haine des plus hautes autorités de Babylone, fut piégé
par ses ennemis qui firent donc promulguer une loi disant que pendant trente jours aucune
prière ne devait être adressée à qui que ce soit sinon au roi Darius (Daniel 6 : 1-28).

178
DELCOR, Le livre de Daniel, Paris, J. Gabalda et Clé. 1971. P. 106.
179
Marti J. STEUSSY, Gardens in Babylon Narrative and Faith in the Greek Legends of Daniel, p. 179.
220

Daniel ne change pas pour autant ses habitudes et continue à adresser à l’Éternel trois
fois par jour sa prière pour le rétablissement de Jérusalem. Il contrevient ainsi aux ordres
royaux ; il est donc jeté dans la fosse aux lions. La foi de Darius qui connaît la puissance du
Dieu de son collaborateur lui donne la certitude que l’Éternel délivrerait Daniel de la gueule
des lions. C’est ce qui arriva.
Daniel en sortit indemne et vit ses ennemis y disparaître. Cet autre miracle conduisit le
roi Darius à proclamer la grandeur du Dieu qui a sauvé son serviteur Daniel.

La foi prévenante de Daniel et le résultat qui s’en est suivi, provoqua une réaction
bouleversante du roi Darius et de ses sujets :
Ainsi, tous, le roi en premier, sont capables de quitter l'idolâtrie et la violence pour proclamer
par la parole et leur engagement la foi au Dieu unique... Et c'est non pas Daniel, mais le roi païen
qui le proclame, lorsqu'il constate que Dieu a préservé Daniel de la gueule des lions. Alors il
s’écria : "Tu es grand, Seigneur, Dieu de Daniel, et il n'est pas d'autre que toi ! 180, affirmait
Paulin POUCOUTA.

De l’esclave Juive en Syrie, à Daniel en passant par ses trois amis à Babylone, ils ont
témoigné plus ou moins de leur foi en terre lointaine, étrangère et cela dans des conditions
difficiles. Les résultats sont éloquents ; on a assisté à des conversions les plus inattendues, des
retournements de situations spectaculaires.

II.6.1. Des exemples dans le Nouveau Testament


Il est ici question des personnes qui sont appelées à voyager pour annoncer pour
annoncer l’évangile. Il s’agit ici d’un ministère ou aussi d’une aventure. Il est toujours
question d’itinérance.

Dans le livre des Actes des Apôtres, nous remarquons deux versets comme un
anagramme : Actes 1 : 8 et Actes 8 : 1

Actes 1 : 8 : «  Mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous,
et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux
extrémités de la terre ». 

Ici Jésus-Christ annonce à ses disciples qu’ils seront des migrants par leur témoignage
et pour la cause de l’évangile et ce jusqu’aux extrémités de la terre.

180
Paulin POUCOUTA, Apprendre à lire le livre de Daniel, Kinshasa Mediaspaul, Bible pour tous, 2003, p. 39.
221

Actes 8 : 1 : « Saul avait approuvé le meurtre d’Etienne. Il y eut, ce jour-là, une grande
persécution contre l’Église de Jérusalem ; et tous, excepté les apôtres, se dispersèrent dans les
contrées de la Judée et de la Samarie ».

La mort d’Etienne sonne comme le signal de départ. C’est le grand départ en mission.

La Pentecôte marque un tournant décisif dans l’Histoire de la Mission Chrétienne. Ces


Juifs de la diaspora venaient d’être des témoins d’un évènement qui va sans doute les engager
indirectement. Ce que confirme Philippe BOSSUYT181 :

La mission d'Israël n'est-elle pas de proclamer à la face du monde la grandeur du Dieu unique
et sa miséricorde envers ses serviteurs ? Cette mission n'a pas cessé avec la Pentecôte ; Israël de
la diaspora est en train de vivre, à Jérusalem, son rassemblement autour du petit Reste, habilité
désormais par l'Esprit Saint à porter aux confins de la terre la parole de Dieu . 

L’on est tenté de se poser la question sur les deux groupes de personnes témoins
oculaires : il y avait les Juifs de la Diaspora :
Or, il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs, hommes pieux, de toutes les nations qui sont
sous le ciel… Parthes, Mèdes, Elamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la
Cappadoce, le Pont, l’Asie, la Phrygie, la Pamphylie, l’Egypte, le territoire de la Libye voisine de
Cyrène, et ceux qui sont venus de Rome, Juifs et prosélytes, Crétois et Arabes…  Ac.2 : 5, 9-11

Que sont devenus ces juifs de la Diaspora, des victimes indirectes de la Pentecôte ?
Même si les avis étaient partagés au début, il y a quand même, qui ont pris au sérieux (?) ce
qui se passait contrairement aux moqueurs. Que sont-ils venus par la suite par rapport à
l’évangile ? Christophe PAYA croit savoir que « la dispersion des croyants est aussi
dispersion de la Parole, qui est transmise comme une bonne nouvelle, « là où ils passaient »182.
Même s’il n’y a pas de preuves, ne pouvons-nous pas supposer qu’ils seraient devenus des
éclaireurs, des précurseurs, des pionniers ? N’ont-ils pas ouvert la voie à l’évangile ? Ils ne
peuvent tous se fondre si facilement dans la nature.

Le deuxième groupe de personnes sont les authentiques convertis : « …Ceux qui


acceptèrent sa parole furent baptisés ; et, en ce jour-là, le nombre des disciples s’augmenta
d’environ trois mille âmes ». Ac.2 : 41 

²Où sont passées ces trois mille âmes après ces évènements ? Ils ont même été baptisés. Tous
ne sont certainement pas restés à Jérusalem ?
181
Philippe BOSSUYT S.J. ET JEAN RADERMAKERS S. J., Témoins de la parole de la grâce, Actes des
Apôtres,Éditions de l'Institut d'Etudes Théologiques Bruxelles /1995. P. 147
182
Christophe PAYA, La mission de l’Église dans une société multiculturelle Théologie évangélique, ThEv vol. 8.3.
Institut Biblique de Nogent. Nogent sur Marne2009. P. 270.
222

C’est à cette interrogation que répond Robert : « Cette liste représentait pour le peuple juif
du premier siècle le monde entier connu d’alors. Ces Juifs avaient entendu parler de Jésus
dans leur dialecte maternel. Parlant de cette foule, Marie-Hélène ROBERT Etal soutient
« qu’après le discours de Pierre, trois mille d’entre eux se convertissent. Ils se font baptiser et
reçoivent l’Esprit Saint. Ils rejoignirent les disciples dans l’aventure universaliste et plurielle
qu’il suscite »183.

II.6.2. L'Eunuque Éthiopien, le fruit Missionnaire d'une semence migratoire


Jusqu’à présent, nous parlons de ceux qui s’en vont et de ceux qui seraient partis à
travers le monde pour répandre la bonne nouvelle concernant Jésus-Christ. Mais il y a un cas
qui sort de l’ordinaire. Pendant que les autres vont à travers le monde, lui il a fait le trajet
inverse, en quête du salut : l’eunuque Ethiopien.

L'Eunuque Éthiopien est un homme influent dans son pays. Il était un ministre
détenteur du pouvoir de la reine Candace184. L'Eunuque Éthiopien se serait rendu à Jérusalem
pour adorer. Mais son séjour dans cette ville n’a pas apporté la lumière à son âme.
Philippe fait partie du groupe des Sept, dont Étienne. Ici Philippe joue le rôle d’un
Évangéliste auprès de l’Ethiopien. Sur son chemin de retour, Philippe vint à la rencontre de
l’Ethiopien et lui adressa la parole : « Comprends-tu ce que tu lis ? … » Un dialogue
s’engage : « Comment donc pourrais-je, si personne ne me guide ? … De qui le prophète dit-
il cela ? De lui-même, ou de quelqu’un d’autre ?
Alors Philippe ouvrit la bouche et commençant par ce passage, lui annonça la bonne
nouvelle de Jésus » (Actes 8 : 31-35).
L'Éthiopien apprend par lui à connaître Jésus. Il peut être baptisé.
L’Évangéliste Philippe disparaîtra, mais l'Eunuque Éthiopien peut continuer son
chemin « tout joyeux » pour devenir, certainement, un messager de la grâce dans son lointain
pays.

Paul DE MEESTER peut s’interroger en ces termes :


 Dans quelle mesure l'auteur des Actes voit-il dans la conversion du Trésorier éthiopien un
représentant du Tiers-Monde... En tout cas il est certain que dans le processus de l'évangélisation
et de l'extension du Royaume de Dieu, Luc laisse le haut fonctionnaire nubien poursuivre sa route
plein de joie et dans un char égyptien galopant vers l'Afrique... 185
183
Marie-Hélène ROBERT Etal, Figures bibliques de la mission Paris, les Editions du Cerf, 2010. P203.  
184
Candace : Titre que portaient les reines de Méroé (capitale du royaume de Kusch, en Nubie, qui disparut au
IVème siècle après Jésus-Christ).
185
Paul DE MEESTER, Philippe et l'Eunuque Ethiopien ou le baptême d'un pèlerin de Nubie, (Lubumbashi,
Maison Loyola Université Nationale. 1971, P.374.
223

Le récit de l'Eunuque Éthiopien nous fait connaître un nouveau progrès de l’Évangile


en dehors du Judaïsme.
Cette conversion, comme celle de Corneille, marque une étape importante pour
l'admission des païens dans l'Église primitive.

Le texte Biblique du livre des Actes des Apôtres (Actes 1 : 8) donne le top départ de la
Mission avec un programme par étapes. La Pentecôte nous fait remarquer la présence de la
Diaspora qui a certainement été utilisée comme précurseurs des Apôtres et autres
Missionnaires sur les champs de Mission. Et enfin, avec l'Eunuque Éthiopien, il va donc se
passer quelque chose de tout neuf. Pour la première fois, l’Église va s’ouvrir vers un étranger,
vers l’Afrique.

Daniel Marguerat interprète l’épisode de l’eunuque Ethiopien comme un itinéraire,


obéissant au plan géographique de la grande commission : « L’auteur des Actes est un
historien, il décrit donc comment, par étapes successives, la Parole a acquis son envergure
universelle :

À commencer par Jérusalem, l’Évangile se déploie en sortant de son espace originaire : il


gagne la Judée, la Samarie (Ac. 8), puis la partie orientale l’Empire jusqu’à Rome (Ac.28).
Atteindre la capitale impériale est une promesse que la Parole parviendra aux confins ; la
conversion d’un officiel de la cour d’Éthiopie préfigure cet horizon (Ac. 8 : 26-40).

II.7. L’apôtre Paul, le plus grand voyageur du Nouveau Testament.

Le Nouveau Testament mentionne que Paul a fait trois voyages missionnaires durant
lesquels il a répandu le message de Christ en Asie mineure et en Europe.

Notons que les trois voyages missionnaires de l’Apôtre Paul se sont globalement
déroulés en Turquie et en Grèce qui à l’époque étaient des provinces romaines (Galatie,
Pamphylie, Lycie, Cilicie, Asie, Macédoine, Achaïe…). Il a évidemment bien traversé les
zones classiques d’Israël, du Liban et de la Syrie.

Lors de trois voyages missionnaires différents – chacun d’une durée de plusieurs


années—Paul prêcha la bonne nouvelle de Jésus dans beaucoup de villes côtières et des axes
commerciaux urbains.

Entre son premier et son second voyage missionnaire, Paul participa à une conférence
à Jérusalem au cours de laquelle, l’Église arriva au consensus final que les Gentils (païens)
pouvaient recevoir Jésus sans pour autant se soumettre aux traditions juives.
224

Certains experts bibliques pensent qu’il y aurait eu un quatrième voyage missionnaire,


et l’histoire chrétienne du premier siècle semble l’attester. En même temps, il n’existe pas de
preuves explicites dans la Bible d’un quatrième voyage, puisqu’il aurait eu lieu après la
clôture du livre des Actes.

L’on a l’impression que le livre des Actes est un reportage sur les voyages des
Apôtres. Daniel Marguerat186 en donne l’explication : « Le livre des Actes n'est pas un « récit
de voyage », mais le récit des praxeis apostoliques dont le témoignage au Christ passe par la
médiation incontournable de l'itinérance. Le lecteur des Actes sait que le Maître, entre Galilée
et Judée, a fourni le modèle de cette pérégrination »

Le but de tous les voyages missionnaires de Paul était le même : proclamer la grâce de
Dieu qui offre le pardon des péchés par Jésus-Christ. Bien qu’il ait tout sacrifié, les voyages
missionnaires de Paul valurent bien les sacrifices qu’il fit.

Si les chrétiens d’aujourd’hui, migrants, exilés, réfugiés, employés, servantes, boys, gardiens,
chauffeurs, manœuvres, ouvriers…pouvaient s’appuyer sur les référents missionnaires que
sont la jeune fille esclave de Naaman, le général et Daniel, le règne de Dieu aurait déjà
précédé les missionnaires officiels que sont les missionnaires, les pasteurs, les prédicateurs et
dans les endroits inaccessibles.

II. Une Communauté Bambara Méthodiste Missionnaire : une semence


stratégique

Nous savons que la vraie Évangélisation ou la vraie Mission doit prendre en compte la culture
des peuples cibles. Il faut apprendre et parler leur langue, porter si possible leur nom, manger
ce qu’ils mangent, s’habiller comme ils s’habillent, habiter où ils habitent, en résumé, faire
comme ils font.
L’Apôtre Paul ne disait-il pas :
Avec les Juifs, j’ai été comme Juif, afin de gagner les Juifs ; avec ceux qui sont sous la loi,
comme sous la loi quoique je ne sois pas moi-même sous la loi, afin de gagner ceux qui sont sous
la loi ; avec ceux qui sont sans loi, comme sans loi quoique je ne sois point sans la loi de Dieu,
étant sous la loi de Christ, afin de gagner ceux qui sont sans loi. J’ai été faible avec les faibles,
afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver de toute manière quelques-
uns  (1 Corinthiens 9 : 20-22).

La Communauté Bambara Méthodiste, dans ce cas, est un atout essentiel et stratégique


pour l’EMU-CI. Elle est une semence sur le terrain de ces migrants d’origine Guinéenne,
186
DANIEL MARGUERAT, La première Histoire du christianisme (Les Actes des apôtres), PARIS, Les Éditions du
Cerf 2007. Page 352
225

Malienne, Burkinabé, Nigérienne, Sénégalaise… vivant en Côte d’Ivoire et même pour les
Ivoiriens originaires du Nord.
Elle n’a pas quitté ses frères et sœurs d’origine pour vivre dans d’autres quartiers. Ils
vivent toujours ensemble, partageant les mêmes réalités quotidiennes. Ils ont donc en
commun la langue et le cadre de vie.
Ils ont conservé leur culture qu’elle soit Guinéenne, Malienne, Burkinabé, Nigérienne
ou Sénégalaise… La Communauté Bambara Méthodiste est donc pleinement une semence qui
attend d’être ensemencée. Leurs frères et sœurs non Chrétiens sont stratégiquement à portée
de main ; l’on peut facilement les atteindre par l’Évangile.
Depuis que la communauté existe, elle a connu une croissance quantitative très
limitée. Le nombre des communautés locales n’a pas évolué depuis plus de 30 ans. Il faut
préciser qu’initialement, leur Mission a consisté à accompagner et à encadrer les fidèles
Bambaras Méthodistes là où ils sont. Il est grand temps qu’une nouvelle Mission lui soit
assignée.

Il faut changer le statut actuel de la Communauté Bambara Méthodiste, en faisant


d’elle un District missionnaire avec des nouveaux objectifs précis. Comme sa nouvelle
identité l’indique, elle sera désormais un District pour la Mission.

Son champ d’action est vaste et se présente comme suit :

- Le lieu de résidence
- Le Nord de la Côte d’Ivoire
- Leurs pays d’origine
- Le lieu de résidence : les Chrétiens Bambara habitent principalement les quartiers
appelés « Diouladougou ».
Dioula veut dire « commerçant ». Il est aussi le synonyme abusif de Bambara.
Dioula représente aujourd’hui les populations du Nord, les ressortissants migrants du
Mali, Burkina-Faso, et de la Guinée-Conakry.
« Dougou » veut dire le village, le quartier, la ville…le lieu d’habitation.
Donc Diouladougou est le lieu d’habitation privilégié des ressortissants du Nord, des
Maliens, des Burkinabés, des Guinées, à une expression près des Sénégalais.
Les Chrétiens Bambara vivent en général à Diouladougou, dans les mêmes quartiers
que leurs frères et sœurs Bambara ou Dioula. Il est rare de voir une famille Bambara vivre en
dehors de ces milieux, encore moins se retrouver avec les Ivoiriens.
226

C’est un fait culturel : ils ont en commun avec leurs frères et sœurs non Chrétiens, la
langue, les préparations culinaires, l’accoutrement, les rites funéraires, et toute autre
cérémonie.
Les Bambaras développent et protègent certaines valeurs qu’ils risquent de perdre en
vivant hors des Diouladougou. Ces valeurs sont par exemple la soumission de la femme dans
le foyer, la virginité de la jeune fille jusqu’au mariage, l’entre-aide mutuel dans le commerce
(prêts)…
De par sa position de semence stratégique, la Communauté Bambara Méthodiste se
retrouve au milieu des peuples non atteints. C’est une position idéale qu’un Chrétien non
Bambara est très loin d’avoir. Il va falloir pour ce Chrétien non Bambara ou non Dioula
apprendre d’abord la langue, manger ce qu’eux mangent, s’habiller comme eux…le chemin
serait encore long.

Si les chrétiens Bambara à Diouladougou, à l’instar de la jeune fille esclave du général


Naaman, peuvent vivre pleinement et sincèrement leur foi avec des témoignages ou comme
Daniel et ses amis, peuvent manifester une foi inébranlable, ils seront des missionnaires
efficaces dans ces milieux majoritairement musulmans. Et les généraux et les rois des
Diouladougou confesseront que YHWH est le véritable Dieu qui mérite Gloire, honneur et
adoration.

Cela demande une préparation et une formation. Les Chrétiens Bambara à


Diouladougou ont donc besoin d’être suffisamment formés pour un tel ministère : quel type
de message, quel langage, quelle méthode, que proposons-nous d’extraordinaire…il ne suffit
pas de prendre des mégaphones et crier : « vous foncez tout droit dans le mur de l’enfer…
Revenez ». L’École missionnaire tiendra compte de ces aspects particuliers dans la formation.

- Le Nord de la Côte d’Ivoire : L’évangélisation et la Mission marquent le pas dans


la région Nord de la Côte d’Ivoire. C’est une région essentiellement musulmane et
animiste. C’est la copie conforme en miniature des Diouladougou décrits plus haut.
Ce serait plus avantageux d’envoyer des missionnaires Bambara dans ces régions.
De par sa position de semence stratégique, la Communauté Bambara Méthodiste,
ayant en commun la culture, surtout la langue sera efficace.
- Leurs pays d’origine : Comme nous le disions plus haut, les Chrétiens Bambara
sont principalement originaires du Mali et du Burkina-Faso. Ce sont des migrants
227

qui ont toujours une pensée spéciale pour leur pays d’origine. Pour certains, quand
ils sont atteints par la limite d’âge à la retraite, ils y retournent.
D’autres, surtout les plus jeunes, retournent dans leur pays d’origine après le
Baccalauréat. Ils n’ont pas la nationalité ivoirienne, ni les parents les moyens pour faire aux
frais scolaires universitaires de plus en plus chers.
D’autres encore, sont obligés de repartir, soit pour des droits de succession, ou soit
pour le mariage (les jeunes filles).
Que deviennent-ils quand ils retournent dans leur pays d’origine ? Nous croyons que
ce sont des semences stratégiques pour la Mission qu’il faut à tout prix protéger. Il ne faut
surtout les perdre, les laisser fondre dans la nature. Ils représentent déjà une base, un repère,
une semence stratégique pour la Mission au Mali qui vient de recevoir son premier
missionnaire officiel et pour le Burkina-Faso qui s’apprête à faire de même dans un avenir
très proche.
Ils ont besoin d’être suivis et organisés. Ils ont besoin d’être formés avant leur départ.
Les réseaux sociaux (plate-forme) représenteront un atout considérable.

Et si ces chrétiens Bambara au départ décident de faire comme la jeune fille esclave,
comme Daniel et ses amis en vivant pleinement et sincèrement leur foi inébranlable, avec des
témoignages, alors les Missions du Mali et du Burkina-Faso pourront être considérées comme
de vrais semences stratégiques missionnaires.

De par sa position de semence stratégique, la Communauté Bambara Méthodiste doit


aller au-delà de son fonctionnement actuel et habituel, en tant que Église et aumônerie. Elle
doit relever le défi missionnaire qui est le sien. Pour atteindre cet objectif, il va falloir lui
redéfinir un nouveau cahier de charges, un cahier de charges missionnaire.

Un Séminaire de formation, d’explication et de sensibilisation s’impose à tout prix.


Ceci permettra au peuple Bambara Méthodiste de comprendre qu’il a vraiment besoin de
changer de cap, de direction. Désormais, il faut que l’on chante, prie, parle, pense, agit en
termes d’Évangélisation et de Mission.

NB : Dispositions particulières :

La tâche missionnaire qui sera confiée à la Communauté Bambara nécessite certaines


dispositions particulières. La conversion des musulmans n’est pas sans conséquences. Cela
impose le plus souvent une prise en charge.
228

III.1. La prise en charge des convertis, transfuges musulmans…

Il faut ici faire une précision importante concernant la conversion des musulmans
pratiquants ou pas. Quand un Musulman se convertit, il s’expose automatiquement à des
menaces et à des gros risques de la part de ses parents et de toute la communauté musulmane
du quartier.

Il peut être banni par sa famille. Il est du coup déshérité. Son nom est également retiré
de la liste de tous les potentiels candidats aux prêts d’argent. Et le comble, c’est qu’il peut
être sommé de se mettre immédiatement en règle avec ses créanciers avant de partir dans sa
nouvelle famille chrétienne.

Le nouveau converti peut voir sa fiancée lui être retirée par ses futurs beaux-parents,
qui eux-mêmes, sont musulmans engagés (Imams, Muezzins…).

Le pire qui peut se produire pour ce transfuge musulman c’est qu’il peut être victime
de tentatives d’empoisonnements.

Cette situation va demander une prise en charge des nouveaux convertis. Le


département de la Mission de l’EMUCI doit prévoir une cellule de prise en charge des
transfuges musulmans. Cela va nécessiter beaucoup de moyens.

L’autre disposition particulière qu’il faut prendre concerne les vocations des jeunes
chrétiens Bambara.

III.2. Favoriser des vocations missionnaires des Chrétiens Méthodistes Bambara

Considérant les besoins, les attentes, la tâche énumérés plus haut, nous pouvons
affirmer que la moisson est grande mais peu sont les ouvriers du côté de la Communauté
Bambara.

Si dans un premier temps, la tâche première consiste à recycler les ouvriers déjà
présents sur le terrain, il va falloir par la suite former rapidement de nouveaux ouvriers
(Pasteurs et Missionnaires) pour la Communauté Bambara Méthodiste.

Il faut alors utiliser toutes les occasions possibles pour susciter des vocations au sein
des jeunes chrétiens Bambara. Ces occasions favorables seront les cultes dominicaux, les
séances de prière, les séminaires, les retraites spirituelles, les autres réunions ecclésiales, mais
surtout les camps bibliques annuels afin de trouver des candidats au Saint-Ministère.
229

Il faut réorienter la (nouvelle) formation en mettant plus l’accent sur le volet


Missionnaire.

La Communauté Bambara représente réellement une semence stratégique, non


seulement de par son lieu d’habitation (vivant à Diouladougou au milieu des musulmans),
mais aussi au regard de son immense cahier de charges (les musulmans en Côte d’Ivoire, le
Nord de la Côte d’Ivoire, leurs pays d’origines que sont le Mali, le Burkina-Faso).

Cette Communauté a besoin d’une attention particulière de l’EMUCI et du


département de la Mission. Pour lui permettre de répondre efficacement à sa vocation
missionnaire, il faut lui conférer officiellement et en Conférence annuelle le statut de District
Missionnaire.

Il faut par la suite l’aider à acquérir des domaines pour une meilleure représentation
sur le terrain.

Il faut faciliter la formation des appelés issus des communautés Bambara. Si les
propositions ci-dessus mentionnées sont prises en compte, nous croyons que la Communauté
Bambara Méthodiste Unie pourra répondre valablement à sa vocation missionnaire. Elle
pourra connaître ainsi une croissance qualitative et quantitative.

La Côte d’Ivoire compte plus 26% migrants sur son territoire. Ils sont essentiellement
originaires du Burkina-Faso, du Mali, de la Guinée Conakry, du Niger, du Sénégal, de la
Mauritanie…C’est une opportunité missionnaire pour l’Eglise en général et pour l’EMUCI en
particulier qui a en son sein une communauté chrétienne Bambara dont les fidèles sont eux-
mêmes originaires de ces pays.

C’est le lieu de créer avec la communauté Bambara un ministère pour l’évangélisation des
Burkinabés, des Maliens, des Guinéens, des Nigériens, des Sénégalais, des Mauritaniens…

Que l’EMUCI fasse de la Communauté Méthodiste Bambara, un District missionnaire


afin qu’elle soit officiellement et directement concernée par cette vocation missionnaire.

La communauté Méthodiste Bambara et la diaspora Méthodiste sont deux voies


missionnaires sûres qui ont besoin d’être suffisamment exploitées par la volonté missionnaire
de l’EMUCI.

III.2.1. La fédération des « Diasporas »


230

La Diaspora est la dispersion hors de Palestine des Juifs exilés ; l’ensemble des
communautés juives dispersées à travers le monde.

La Diaspora a commencé lors de l'Exil, au VIe siècle avant J.-C. et elle s'est accentuée
après la deuxième destruction du Temple en 70 après J.-C.

Au sens général, la diaspora est la dispersion d'un peuple, d'une ethnie à travers le
monde.

La particularité des diasporas c’est l’unité, la solidarité, la communion la fraternelle, le


zèle et l’enthousiasme autour de leur cause. Telles sont les qualités à exploiter quand l’on veut
créer des organisations de ce type d’association.

III.2.2. De quelle « diaspora » parlons-nous ?

Nous entendons par diaspora, les ressortissants des Districts Missionnaires qui vivent
loin de leurs régions mais qui sont devenus des chrétiens confessant et pratiquant leur foi au
sein des communautés Méthodistes. Ils sont originaires du Centre, de l’Ouest, de l’Est, du
grand Nord.

Nous parlons des ressortissants Ivoiriens Méthodistes vivant sur le sol Ivoirien, mais
loin de leurs régions natales ou d’origine, ils sont aussi considérés par notre comme des
migrants.

Leurs dites régions sont peu atteintes ou mal atteintes. Ces hommes et femmes que
nous appelons « diaspora » souhaiteraient voir l’évangile prêché dans leurs régions.

Il faut faire remarquer qu’elles sont de plus en plus présentes, ces personnes
(originaires des Districts Missionnaires) qui par l’évangélisation, par le mariage ou autres
moyens sont devenues chrétiennes au sein de l’Église Méthodiste Unie.

Ils occupent des postes importantes au sein de l’EMUCI. Ils représentent une vingtaine
de pasteurs au niveau du clergé.

C’est un véritable fardeau pour ces personnes de voir leurs villages, leurs régions
d’origines être évangélisés et que des temples y soient bâtis, si possible une école ou un
dispensaire.
231

Il y a déjà sur le terrain, des actions qui sont menées tous azimuts dans ce sens de la
part des différentes diasporas. Ces ressortissants consentent souvent assez d’efforts, de
moyens pour des résultats minimes parce qu’ils se retrouvent pratiquement seuls.

C’est pour les encourager que nous proposons une réorganisation que nous appelons la
fédération des diasporas.

Il s’agira de les considérer comme une semence sur laquelle le département doit
s’appuyer pour ouvrir des champs de mission dans leurs régions d’origine.

C’est déjà un atout essentiel non négligeable qu’il faut exploiter en les réorganisant
tout simplement en des équipes d’appui à leur région d’origine.

Nous aurons par exemple les Diasporas :


- Baoulé pour le District Missionnaire de Bouaké ;
- Baoulé pour le District Missionnaire de Yamoussoukro ;
- Bété pour le District Missionnaire de Daloa ;
- Bété pour le District Missionnaire de Gagnoa ;
- Kroumen et Bakoué pour le District Missionnaire de San-Pedro ;
- Agni et Abron pour le District Missionnaire d’Abengourou ;
- Senoufo, Koyaka, pour le District Missionnaire de Korhogo ;
- Guéré, Wobè et Yacouba pour le District Missionnaire de Man.
Loin de nous une quelconque idée tribaliste de l’EMU-CI. Cette réorganisation que nous
appelons de tous nos vœux servira d’appui en termes de sensibilisation, de mobilisation, de
soutien, de suscitation de vocations pour les Districts Missionnaires. Ces diasporas sont mieux
indiquées pour porter le fardeau de l’œuvre missionnaire dans leurs régions d’origine. Il faut
donc les mettre à contribution.

Ceux que nous appelons « la diaspora » mérite également une attention particulière. Les
efforts que chacun fait à son niveau pour sa région mérite d’être salués à leur juste valeur par
des encouragements. Mieux, la diaspora a besoin d’être épaulée par le département de la
mission et toute l’EMUCI.

III.2.3. La décentralisation des œuvres sociales


232

Pour éviter que notre évangélisation et notre mission ne soient stériles, il faut les faire
précéder ou les accompagner par des œuvres sociales, ce que le monde de la missiologie
appelle l’Holistique Mission ou la Mission intégrale.

À l’image de l’Armée du Salut, la Mission intégrale prend en compte l’Homme dans


toute sa dimension.

Si nous devons mentionner les facteurs positifs de la présence de la Mission


Méthodiste dans les régions de Dabou et d’Abidjan, c’est en grande partie grâce aux œuvres
sociales : Ecoles, centres de santé, orphelinats…

Nous avons fait remarquer dans « l’état des lieux » que la plupart des œuvres sociales
s’est concentrée dans les Districts ordinaires. Il est grand temps de décentraliser la réalisation
de ces œuvres en visant les Districts missionnaires. Ce qui sera une expression beaucoup plus
éloquente et un appui considérable à l’action missionnaire parce que le faisant, l’EMUCI
devient un acteur de développement de la Nation Ivoirienne.

Nous avons pu rencontrer et recueillir le témoignage d’une telle action : le cas de


Monogaga.

III.3. L’Ecole Primaire Méthodiste de Monogaga

Monogaga est un village au Sud-ouest de la Cote d’Ivoire.

Nous tenons ce témoignage du Directeur de l’Ecole, Jean MALLO187.

III.3.1. La présentation de Monogaga

Les habitants de Monogaga sont appelés les « Winnins ». Les Winnins étaient un
peuple longtemps enclavé. Aujourd’hui, le peuple ne vit pas seul, il vit avec les Baoulés, les
Fantis, les Libériens et les Lobis…

Le peuple vivait de la pêche, de la cueillette et de la culture du café. C’est en 1990,


que la culture du cacao et de l’hévéa culture voit le jour dans cette région.

Les premiers missionnaires et prophètes ne les ont pas visités. Le peuple adorait les
idoles, les forêts sacrées, des bois, des rivières, des rochers…avec comme animal de sacrifice,
le bouc.

187
Jean MALLO LOBOGNON est un enseignant des Écoles Primaires Méthodistes, Il a été affecté avec d’autres
enseignants et des missionnaires pour entamer ce projet.
233

Monogaga est situé sur le littoral de l’océan atlantique. Il est fait partie de la région de
San-Pedro. Monogaga est distant de son chef-lieu San-Pedro de 39 km.

La situation géographique a fait de ce village un lieu touristique, de loisir et de repos qui attire
tous les weekends des Ivoiriens, des Libanais, des Européens qui viennent contempler la belle
nature : la mer. Monogaga a une superficie d’au moins 25 km2 avec une population
avoisinant 500 habitants.

III.3.2. L’exode rural

Le sol n’est pas trop favorable à l’agriculture. Ils n’ont ni les ressources financières
pour s’acheter des filets de pêche ni des pirogues motorisées pour pratiquer la pêche en mer.

Les jeunes winnins quittent donc leur village (les parents) à la recherche d’un emploi
soit à San-Pedro, soit à Abidjan, laissant derrière eux une population vieillissante.

Le peuple de Monogaga a été oublié dans l’évangélisation et est toujours resté dans la
tradition.

III.3.3. Le début de la Mission Méthodiste

L’EMUCI va affecter des missionnaires à Monogaga pour évangéliser Monogaga afin


de désenclaver la région. En 2007 une campagne d’évangélisation est menée dans le Victory
(Monogaga, Madié, Doulayéko et Kounouko), région toujours coupée de tout développement
socio-économique et de l’évangile.

 Il y eut des campagnes d’évangélisation, et l’envoi de missionnaires sur le terrain.


Mais l’église locale la Cité de San-Pedro, a décidé de changer de cap en optant pour
l’évangélisation par les œuvres. Ainsi, plusieurs projets ont été envisagés au grand
bonheur du peuple winnins :
 Un temple à Madié (réalisé et dédicacé)
 Une école à Doulayéko (réalisé et inaugurée)
 Un dispensaire à Monogaga (non réalisé)
 Un complexe hôtelier à Kounouko (non réalisé)
Grâce à la coopération Ivoiro-Allemande, la Direction Générale des Écoles Méthodistes
(DGEM) va bénéficier d’un fond octroyé par la K.F. W188, Kreditanstalt für Wiederaufbau,
pour la construction de cette école primaire méthodiste. C’est un joyau architectural de deux
188
La KfW Développement Bank aide le gouvernement fédéral allemand à atteindre ses objectifs en matière de
politique de développement et de coopération internationale au développement.
234

bâtiments de trois classes chacun, avec un bureau administratif, de huit toilettes modernes,
une cantine moderne non fonctionnel cause de moyens financiers, de trois logements maîtres,
le tout bâti sur une superficie de 12000 m2.

L’école a été reconnue et autorisée par le Ministère de l’Éducation Nationale, sous le


numéro : 1150 MEN/CAB/SAEEP du 17-10-2011 et reconnue sur le code 021413. Date de
création 2010.

Aujourd’hui, la majorité de la population de Monogaga est devenue chrétienne et s’est fait


baptiser, grâce à la présence de l’école. Par cet acte l’EMUCI participe au développement et
profite pour annoncer l’évangile.

L’œuvre missionnaire réalisée à Monogaga est une expérience à copier et à reproduire


pour participer au développent du peuple d’une part et d’autre part pour faire avancer le règne
de Dieu.

III.4. Un Nouveau cahier de charges pour les Districts Missionnaires


Les Districts missionnaires ont été créés dans la foulée de la ‘‘Vision Missionnaire’’
en 1996, puis complétés en 2017. Sont dits Districts Missionnaires, les Districts qui sont en
dehors du territoire concédé à la Mission Méthodiste. Cette concession a obéi à la Répartition
des Missions Protestantes en Côte d’Ivoire, selon la Conférence 189 missionnaire d’Edimbourg
en 1910.
Ainsi la Mission Méthodiste a hérité la région du Sud et le Sud-Ouest.
Les Districts Missionnaires créés en 1996, sont aujourd’hui au nombre de ce cinq :
Bouaké, Daloa, Korhogo, Man et Gagnoa.
Ces Districts Missionnaires avaient pour vocation d’être des points de départ, fers de
lance de la Vision Missionnaire. Mais, force est de constater selon l’État des lieux de notre
travail que les choses ont difficilement évolué.
Les résultats sont largement en deçà des espérances. Entre autres raisons évoquées,
nous pouvons parler du cahier de charges des Districts Missionnaires qui n’est pas assez
précis.

189
La Conférence missionnaire mondiale de 1910 s'est tenue du 14 au 23 juin 1910 à Édimbourg en Ecosse. Au
nombre des commissions, la huitième (coopération et promotion de l'unité (21 juin 1910) a été un appel à
l'unité parmi les missionnaires protestants, une coordination d’actions sur les terres de missions.
235

Nous constatons que ces Districts dits Missionnaires évoluent étrangement comme les
Districts dits ordinaires.
Ils ont le même programme de travail que les Districts Ordinaires. Ils tiennent
annuellement leurs Synodes avec le même canevas de rapport à la Conférence Annuelle. Il en
est de même des Assemblées de Missions ou de Circuits.
Dans le vocabulaire chrétien ou selon le dictionnaire l’adjectif « missionnaire » est
relatif aux missions, à la propagation de la foi.
Il est temps après vingt-cinq années de faire les états généraux des Districts
missionnaires. Il s’agira de rappeler quelle était la vision, les objectifs au départ. Combien de
nouvelles communautés, de nouveaux champs de Mission avons-nous créés ? Combien de
périmètres avons-nous gagnés géographiquement parlant ? Combien de nouveaux convertis la
statistique peut certifier après vingt-cinq ans de vision missionnaire ? Combien d’écoles, de
centre de santé…l’EMUCI a-t-elle ouverts dans les Districts missionnaires ? Quel est le bilan
de la vision missionnaire ?
Vivement que ces états généraux voient le jour afin de remettre en question la
politique de la mission et de tirer les conclusions en envisageant les perspectives d’avenir.
L’état des lieux amène à comprendre l’inquiétude des Surintendants, des pasteurs et
les fidèles de ces zones, qui se sentent abandonnés au front de la bataille, sans munitions.
Nous croyons que les états généraux vont permettre de redéfinir un nouveau cahier de
charges purement missionnaire pour les Districts Missionnaires. L’on se penchera également
sur le vocabulaire. On parlerait par exemple de Synode missionnaire ou d’Assemblée
missionnaire avec un contenu beaucoup plus missionnaire.
Au cours de ces rencontres dites « missionnaires » les rapports présentés mettraient
l’accent sur le nombre de nouveaux convertis, le nombre de nouveaux champs de mission, le
nombre de nouveaux lieux de cultes ouverts, le nombre de nouveaux temples construits, l’état
des projets d’investissement, le nombre d’œuvres sociales réalisées, les perspectives d’avenir,
etc.
Il va de soi que ce cahier de charges soit largement partagé avec les ouvriers affectés
dans ces Districts. Il faut simplement rappeler à chacun que la vision est essentiellement
missionnaire dans les Districts Missionnaires. Il va sans dire que les ouvriers affectés dans les
Districts Missionnaires ont besoin d’une formation complémentaire en la matière, de peur
d’être déconnectés ou dépassés par les réalités du terrain.
236

Les états généraux aborderont également d’autres aspects non moins importants tels
que la liturgie, le lectionnaire, les réunions et autres activités habituelles qui devront tenir
compte de la nouvelle donne missionnaire.

II.5. Méthodistes des Champs de Missions : Fonctionnaires ou Missionnaires


Les Chrétiens méthodistes des champs de Mission ne sont pas officiellement les
envoyés de l’Église. Ils y sont pour des raisons professionnelles. Certains sont des
fonctionnaires de l’État, d’autres exerçant des professions libérales, d’autres encore comme
des élèves et étudiants. Ils sont pour la plupart des migrants, de passage.
Ne pouvant pas restés inactifs, ils ont décidé de vivre leur foi en s’organisant en
communauté locale : Prédicateurs, Conducteurs, Choristes, Moniteurs d’école du Dimanche,
Membres des Organisations des femmes, des hommes, des jeunes, etc.

Le plus souvent c’est par la suite, qu’ils se rendent compte qu’ils ont une autre
vocation, celle de partager l’Évangile avec les peuples autochtones d’accueil. Cette nouvelle
réalité missionnaire demande des dispositions particulières. De simples fonctionnaires qu’ils
sont au départ, ils doivent maintenant devenir des missionnaires.

Ils ont donc besoin de formation, de moyens et même de ressources humaines


appropriées.

L’EMUCI a de très bonnes initiatives missionnaires que l’on retrouve rarement


ailleurs où tout le monde semble avoir démissioné prétextant l’absence de moyens financiers.
Ces églises ont choisi de consolider leurs acquis.

Aujourd’hui l’EMUCI est en train de se redéployer dans toute la Côte d’Ivoire, dans
toutes les grandes villes (déjà fait) et les petites villes. Ces villes seront les bases sur
lesquelles elle s’appuiera pour atteindre le pays profond.
237

L’EMUCI est également présente en Guinée-Conakry, en Guinée-Bissau, au Mali et


bientôt au Burkina-Faso.

C’est une œuvre noble et louable qui est à encourager. Tout semble tellement beau que
l’EMUCI et le département de la Mission devraient joindre l’utile à l’agréable en engageant
pleinement sa volonté politique à la Mission.

Lénine disait : « il est plus agréable et plus utile de faire l'expérience d'une révolution
que d'en écrire ». Tout ne sera probablement jamais acquis. Mais nous devons essayer pour
que cela le soit.

L’EMU-CI doit être sensible à cette situation afin de donner une réponse pour soutenir
et appuyer les efforts que ces « missionnaires involontaires » font sur le terrain.

Le Partenariat

Qu’est-ce que le partenariat ?

Selon le dictionnaire encyclopédique Larousse190, le partenariat est un système associant des


partenaires sociaux ou économiques, et qui vise à établir des relations d'étroite collaboration.

« Le partenariat est une aventure commune dans laquelle s’engagent, librement et sans
renoncer à leur identité, au moins deux entités humaines (personnes ou groupes) ».
Le partenariat permet aux partenaires de mettre en commun leurs efforts en vue de réaliser un
objectif commun relié à un problème ou à un besoin clairement identifié.
Nous savons qu’à l’origine des missions chrétiennes il y a des élans de mobilisations et de
soutiens pour les missionnaires sur les terres de mission.

Ce système d’entre aide a toujours existé et a un fondement biblique. Selon Micheline


Laguë191 « la spécificité du partenariat en Église trouve son fondement dans le Christ qui fait
sourdre une communauté de sœurs et de frères ».
Nous pouvons citer l’exemple du Nouveau Testament d’où la collecte des fonds des
Macédoniens a été appréciée par l’Apôtre Paul : « Car la Macédoine et l’Achaïe ont bien
voulu s’imposer une contribution en faveur des pauvres parmi les saints de Jérusalem. » Rom.
190
Maxipoche 2014@ Larousse 2013
191
Micheline Laguë, une communauté de partenaires. Cahiers de spiritualité ignatienne 2006. P. 15-28.
238

15 :26

Par partenariat nous entendons la création et le développement d'une communion entre les
champs de Mission et les Districts ordinaires ou toute personne ou groupement ayant la même
vision de répandre l'Évangile dans toutes les nations, d’implanter des nouvelles communautés
et qui, comme Mission Chrétienne, croit que les buts se réalisent plus facilement dans l'unité.

Nous rappelons ici un proverbe burkinabé qui renforce l’idée du partenariat : « Quand les
bouches des fourmis se mettent ensemble, elles peuvent transporter un éléphant ».

Un partenariat interne

NB : Quand nous parlons de partenariat, nous voudrions préciser qu’il s’agit essentiellement
de collaboration entre les églises Méthodistes Unies locales en Côte d’Ivoire, c’est un
partenariat inter ecclésial.
Il va falloir peut-être l’envisager un plus tard avec les communautés Méthodistes unies hors
de la Côte d’Ivoire mais relevant de l’EMUCI.

Nous ne pouvons pas parler de partenariat au sens premier du terme, encore moins parler de
partenariat équilibré ou équitable. Il s’agit ici de soutenir et de participer au développement de
certaines communautés locales qui sont très limitées sur le plan financier et infrastructurel.
L’objectif de ce partenariat était d’établir des relations d'étroite collaboration entre ces deux
types de communautés.

La création du partenariat

Ayant fait le constat de l’inégalité existant entre ses communautés locales l’EMUCI a créé le
partenariat à la Conférence annuelle de 2008.
Nous avions l’impression de voir au sein de l’Eglise Méthodiste Unie de Cote d’Ivoire, une
église à deux vitesses. Chacune vivant dans l’indifférence et l’oubli de l’autre.
239

D’un côté nous avons des communautés qui ont des temples bâtis, des presbytères, des
moyens de déplacement pour leurs ouvriers, disposant de tout le minimum (ordinateurs,
instruments de musique, la sonorisation et autres supports didactiques…) pour le culte.
On peut aussi remarquer que ces dites communautés sont constamment en chantier :
agrandissement de temples, achats de nouveaux bancs, achats de nouveaux instruments de
musique, achats de nouveaux apparats liturgiques pour les chorales etc…

De l’autre côté nous nous retrouvons avec des communautés dépourvues du minimum. Le
temple n’existe pas. Certains font leur culte au domicile d’un fidèle, d’autres dans un local en
location. D’autres encore font leur culte sous des arbres. La sonorisation et les instruments de
musique sont loués. Le serviteur de Dieu n’a pas de moyens de déplacement.

C’est pour remédier à cette situation de manque de parité, de proportion, d'harmonie, d'égalité
entre ces communautés ecclésiales que l’EMUCI a accepté le concept du Partenariat entre les
Districts ordinaires et missionnaires.

Regard sur le Partenariat

Le temps ne sous a pas permis d’entrer en contact avec tous les Districts pour avoir un rapport
exhaustif du partenariat (2008-2022). Néanmoins nous avons pu en interroger des principaux
acteurs.

1 Le Partenariat entre le District missionnaire de San Pedro et le District ordinaire de


Grand Lahou

Nous avons ici le témoignage de M. Jean Louis LOUE192 : « On avait un partenariat avec
Grand Lahou mais ce partenariat n’a pas existé. Je ne sais pas la cause mais Grand Lahou qui
était censé être notre parrain ou notre soutien n’a pas pu vraiment répondre et cette situation
est restée en l’état. Nous avons eu un partenariat de nom mais qui n’a jamais fonctionner ».

2 Le partenariat entre le District Abidjan Sud et le District Missionnaire de Korhogo

192
M. Jean Louis LOUE est président des laïcs du district missionnaire de San-Pedro. Il est prédicateur laïc.
240

C’est le témoignage du Révérend Pasteur Turkson193 Christian KOBLAN :


Ce partenariat existe il y a un peu longtemps. Le District d’Abidjan Sud pour aider de manière
concrète le District Missionnaire de Korhogo pose plusieurs actions et parmi les actions, il y a
le partenariat circuit et secteur missionnaire. Comme le District missionnaire de Korhogo est
divisé en trois secteurs, donc chaque secteur avait pour partenaire direct un Circuit du District
d’Abidjan Sud.

Korhogo avait pour partenaire le Circuit de Treichville, le Secteur de Ferkessédougou avait


pour partenaire le Circuit de Koumassi et le Secteur de Boundiali avait pour partenaire les
circuits de Vridi et de Port-Bouët. C’est la première action que le District d’Abidjan Sud a
menée.

Ces partenariats secteurs-circuits permettaient aux différents circuits d’Abidjan Sud de


travailler directement avec les secteurs parce que par le passé, quand il y avait une action à
poser, cela se faisait par le District d’Abidjan Sud. Cela rendait l’action lourde et un peu
difficile parce qu’il y avait des protocoles administratifs à suivre. Le Surintendant d’Abidjan
Sud a trouvé cette stratégie de sorte que les secteurs pouvaient directement solliciter leur
circuit partenaire.

La deuxième action, c’est qu’au niveau d’Abidjan Sud, le dernier dimanche du mois de
Février est libéré pour permettre au pasteur et missionnaire Catéchiste du District
Missionnaire de Korhogo d’être accueillis par leur District partenaire d’Abidjan Sud. Toutes
les églises locales étaient ainsi visitées. Ils dirigeaient les cultes et faisaient la sensibilisation
et la mobilisation en ce jour. C’était une opportunité pour eux de présenter le travail qui se
faisait sur les champs de mission. Tous les fonds recueillis en ce jour, ainsi que le matériel le
roulant qu’étaient reversés au District missionnaire de Korhogo.

Chaque fois qu’il y avait le synode à Korhogo, le District Abidjan Sud se faisait représenter et
contribuait à l’organisation pratique.

3 Le Partenariat entre le District missionnaire de Daloa et le District ordinaire d’Abobo


Le partenariat – faut-il le rappeler— est une initiative prise par la Conférence de l’EMUCI
pour soutenir les églises de l’intérieur qui généralement manquent cruellement de moyens
pour fonctionner. Les Districts ont été reliés les uns aux autres pour corriger cet état de fait.

193
Révérend Christian Turkson a servi dans la région du pays, à Ferkessédougou dans le District de Korhogo
241

Ainsi, le District Ordinaire d’Abobo dans lequel était inclus celui d’Anyama a été relié au
District Missionnaire de Daloa au sein duquel l’on retrouvait le District Missionnaire de
Gagnoa.

Nous sommes à la tête du District Missionnaire de Daloa depuis six ans. Notre nomination
coïncide avec l’érection du Secteur de Gagnoa en District Missionnaire. Il y a quelques
années, l’Eglise a salué la naissance du District ordinaire d’Anyama.

Pour dire clairement les choses, le District Missionnaire de Daloa est directement rattaché au
District Ordinaire d’Abobo.

Que dire de notre partenariat ?

Hier il était marqué par une invitation mutuelle des deux Districts à leurs synodes respectifs.
Le District d’Abobo participait aux frais d’organisation à hauteur de cent mille francs (100
000 frs).

Aujourd’hui, les données ont changé. Depuis dix-huit mois, il y a à la tête du District
d’Abobo, le Très Révérend Pasteur Daniel KONAN qui a travaillé pendant plusieurs années
dans les Districts Missionnaires de Yamoussoukro et Bouaké, qui est plus sensible quant aux
attentes des Districts Missionnaires.

Concrètement, toutes les églises du District Missionnaire de Daloa sont rattachées aux églises
du District Ordinaire d’Abobo.

Pour éviter la lourdeur administrative, ces églises sont autorisées à travailler ensemble.

Le même ton a été donné aux structures. Ce faisant, les conducteurs ont déjà fait mouvement
ici à Daloa pour une séance de travail qui a duré trois jours.

Dès l’année prochaine, le canevas de rapport au synode ouvrira une brèche pour permettre aux
responsables de dire ce que le partenariat a produit.

Le Partenariat a permis à l’EMUCI temple Galilée du Plateau Dokui de se lever comme un


seul homme non seulement pour appuyer fortement la construction du temple à caractère
évolutif de la communauté méthodiste de Kani mais aussi de soutenir la construction de
l’Ecole Maternelle de Séguéla.
242

Enfin, pour soutenir l’organisation du synode, l’aide est passé de cent mille francs (100 000
frs) à deux cent mille francs (200 000 frs). Cette année, elle est montée à trois cent mille
francs (300 000 frs).

4 Le partenariat District Abidjan Nord et le District Missionnaire de Bouaké


Nous avons au cours de nos recherches, recueilli les témoignages du Révérend Pasteur Odilon
ADDOU, secrétaire du District Missionnaire de Bouaké et du Dr. Stéphane DJADAN,
responsable laïc en charge de la Mission, représentant le District ordinaire d’Abidjan Nord.

Le témoignage du Révérend Pasteur Odilon ADDOU194


Le partenariat District d’Abidjan Nord et le District Missionnaire de Bouaké est resté
pratiquement dans le même schéma depuis 2009 : certaines églises d’Abidjan Nord ont été
rattachées directement à des églises, voire certains secteurs missionnaire du District
Missionnaire de Bouaké.

Exemple : le Jubilé qui était en partenariat avec l’église Béthel de Katiola, n’est plus
seulement qu’avec Katiola mais les compétences, les actions du Jubilé se sont étendues sur
tout le secteur missionnaire de Katiola.

Il en est de même pour qui est partenaire avec l’église John Wesley, ce n’est plus seulement
avec M’Bahiakro mais avec tout le secteur missionnaire de N’Bayakro. C’est pareil avec
Bonoumè Nazareth qui est avec Bethesda de Béoumi ville, mais pratiquement c’est Béoumi
ville et certains nombres de village. Par contre, Jérusalem de 220 logements est aussi avec une
partie de Béoumi et une partie de Assingou qui fait officie de tête de file.

194
Révérend Odilon a servi comme pasteur proposant, puis comme Pasteur associé, dans le District
missionnaire de Bouaké de 2012 à 2022
243

Les deux directions de Districts d’Abidjan Nord et de Bouaké sont liées, ce qui fait que
chaque année au moins 700 000FCFA sont dégagés de la part du District d’Abidjan Nord
pour soutenir le Synode du District Missionnaire de Bouaké. Lors des synodes il y a des
délégations de part et d’autre qui assistent au synode du partenaire

A part le Jubilé de Cocody qui au moins, a mis sur pieds un plan directeur pour le suivi de ses
activités dans le secteur missionnaire de Katiola, Les partenaires se font de plus en plus
discrets. Les aides et les soutiens se font de façon sporadique et ne sont plus réguliers.

Les partenariats ne sont vraiment plus forts, ni très suivis, les gens font ce qu’ils
peuvent.
Donc Il y a pratiquement un désintérêt des Communauté d’Abidjan Nord.

Le témoignage du Dr. Stéphane DJADAN195


Le Partenariat entre le District d’Abidjan Nord et le District Missionnaire de Bouaké, même
s’il avait été décidé, n’existait que dans les annales de la Conférence. En effet, si sa mise en
œuvre était, elle n’était pas assez perceptible. Les communications et informations sur le
Partenariat étaient rares. Les résultats bénéfiques escomptés pour les 2 Districts ne l’ont pas
été.

C’est depuis le Synode de 2009 tenu à l’EMUCI Bethel d’Abidjan Agban et sur l’impulsion
du Surintendant d’alors du District d’Abidjan Nord, le Très Révérend Pasteur Josué AFFI,
que le Partenariat a été réactivé.

La création d’un Comité Partenarial


En 2009, le Synode a été mis sur pied la Société des Missions Méthodistes du District
d’Abidjan Nord et le Partenariat entre les deux Districts, lui a été confié.

Dès lors, un plan d’action est élaboré chaque année et soumis au Conseil du District.

195
Dr. Stéphane DJADAN est médecin, prédicateur ayant un cœur pour la mission. Il est le responsable du
partenariat entre les deux districts depuis 2009.
244

Visites de prospection en 2009


Les églises du District d’Abidjan Nord ont conduit chacune à son rythme des missions de
prospection dans leurs églises partenaires. Elles avaient pour objectif de faire l’état des lieux.
Il est ressorti de ces visites de façon générale que les églises du District Missionnaire de
Bouaké sont dans un état déplorable ; tant du point de vue des infrastructures que de la vie
spirituelle :

-les locaux sont délabrés du fait du manque d’entretien depuis le déclenchement de la guerre
de 2002 ;

-les principaux animateurs de ces communautés avant la guerre étaient des fonctionnaires
affectés dans ces zones.

Du fait de la guerre, ils ont tous rejoint Abidjan. L’animation spirituelle de ces communautés
est difficile du fait de la démobilisation et surtout par manque d’animateurs spirituels.

Recrutement et envoi de Missionnaires en 2010


Au regard de l’état des lieux fait en 2009, il a été décidé du recrutement et de l’envoi de «
Missionnaires »

Le travail sur le terrain a consisté à :

- organiser et à conduire des programmes d’édification, d’affermissement et des cultes dans


les églises partenaires sous la supervision des Surintendants de Bouaké et d’Abidjan Nord ;

- suivre les projets d’équipement et d’investissement élaborés et réalisés en collaboration avec


les églises partenaires ;

- servir de correspondant à l’église locale du partenaire ;

- établir des rapports mensuels des avancées de la mission à transmettre à l’église locale du
partenaire, aux deux Surintendants et, à la Coordination de la Société des Missions
Méthodistes du District d’Abidjan Nord.

Le bilan d’une année de mission

Après une année de mission, une séance de restitution a été organisée révélant que :
245

➔les églises locales du District Missionnaire de Bouaké renaissent à la vie. A en juger par la
tenue régulière des cultes, des Classes Méthodistes, des séances de prières, la remise sur pied
des structures laïques de l’église, l’organisation des programmes d’évangélisation avec à la
clé la manifestation de puissance du Saint Esprit ;

➔les églises du District Missionnaire de Bouaké souhaiteraient que cette Mission dure aussi
longtemps que possible ;

➔ outre les difficultés d’ordre spirituel lié à la réticence de certaines communautés


autochtones à l’évangile ou à l’implantation de nouvelles communautés chrétiennes, les «
Missionnaires » ont été confrontés à des difficultés d’ordre logistique et financier (problèmes
de déplacement pour certains, problème de logement pour d’autres, manque d’appareil photo
et caméra…) ;

➔si certaines églises du District d’Abidjan Nord ont été en relation régulière avec leur «
Missionnaire », d’autres malheureusement ne se sont souciées du quotidien des leurs ;

➔le soutien financier quoique insuffisant (au regard des charges importantes à Bouaké) a été
régulière. C’est tout à l’honneur des Présidents des Laïcs des églises du District d’Abidjan
Nord et de leurs Conseils respectifs.

Œuvres réalisées
La conduite du Partenariat a offert aux églises partenaires l’occasion de poser des actes :

L’accompagnement spirituel
Le maintien de Missionnaires dans certaines églises partenaires et l’organisation de
programmes d’évangélisation et d’édification. La création de nouveaux champs de mission
augmentant ainsi le nombre d’églises et de fidèles.

L’accompagnement financier
Il y a un accompagnement sur le plan financier de la part du District partenaire et des églises
locales partenaires. Les églises du District d’Abidjan Nord prennent en charge les
Missionnaires qu’elles envoient à Bouaké.
246

L’accompagnement infrastructurel

Le District d’Abidjan Nord a posé des actes importants : la réhabilitation de presbytères, de


temples et de lieux de culte, la construction et l’équipement de temples, l’achat de terrains,
l’équipement scolaire.

Forces

La volonté politique du District d’Abidjan Nord existe et est forte


L’existence de « plan d’action Partenariat »
Le management et la détermination de la Société des Missions Méthodistes du District
d’Abidjan Nord.
L’adhésion au Partenariat de certains Conseils d’églises locales du District d’Abidjan Nord

Faiblesses
L’absence d’un protocole de partenariat clair et formalisé entre les 2 surintendances
Le peu d’intérêt de certaines églises du District d’Abidjan Nord pour le Partenariat
La passivité de nombreuses églises du District Missionnaire de Bouaké dans le Partenariat
L’inexistence de Société des Missions Méthodistes locales ou de « Comité partenariat » dans
certaines églises du District d’Abidjan Nord

Le mauvais management de la SMM locale ou du Comité Partenariat quand il existe

L’absence d’un correspondant de la Société des Missions Méthodistes du District d’Abidjan


Nord du côté du District Missionnaire de Bouaké. Cela est aussi vrai pour les églises locales

L’absence d’un fond alloué exclusivement au Partenariat.

Recommandations
Que les objectifs du Partenariat soient clairement définis par la Conférence

Que soit créé au niveau national une structure en charge du Partenariat avec ses
correspondants au niveau des Districts et des églises locales

Que soit créé au niveau national et local un fond du Partenariat.

Que les clauses du Partenariat Interdistricts soient élaborées par les 2 Conseils de Districts
247

Que soient privilégiés les partenariats inter-églises

Que les clauses du partenariat inter-églises soient élaborées par les parties prenantes

Quelques remarques

- Cette bonne volonté de l’EMUCI de créer le partenariat n’est dotée d’aucun cahier de
charges, encore moins d’une feuille de route.
- Le critère de répartition n’est pas clairement et équitablement défini. Ce qui donne de
voir un District missionnaire qui s’attend à recevoir de l’aide de se retrouver avec un District
ordinaire partenaire moins nanti.
- Des responsables pas assez bien préparés, encore moins formés font de la résistance
dans le processus.
- Aucun chronogramme ni bilan afin d’évaluer l’œuvre accomplie, ne sont prévus.
- L’accent n’a-t-il été mis essentiellement que sur l’aspect financier ?

Voici dix-huit ans que le partenariat a été validé et mis en route. En principe dans ce cadre, la
relation entre les partenaires devrait être formalisée par un contrat ou un protocole de
collaboration dans lequel les responsabilités, rôles et contributions financières de chacune des
parties devraient être clairement définis.

Nous remarquons avec beaucoup de regret que chacun y est allé de son mieux. Pendant nos
recherches, nous avons interrogé quelques acteurs, partenaires des Districts ordinaires et
missionnaires.

D’après ce qui précède, le bilan n’est pas reluisant. Néanmoins il y a des raisons d’espérer
puisque les rapports ont nettement identifié les causes de la faillance.
Il faut accorder une chance au partenariat avec plus de moyens et surtout en étant beaucoup
plus regardant.

Nous faisons remarquer que l’EMUCI pratique au niveau des affectations, la rotation intégrale
des postes. Ce qui fait de chaque pasteur, une personne qui a déjà vécu les réalités des
Districts missionnaires. Il devrait normalement être le premier défenseur, le griot de la cause
des Districts missionnaires.
248

Le département de la mission doit et peut compter sur cet « ex pasteur missionnaire » qui
aujourd’hui exerce dans un District ordinaire.

Nous croyons donc que le partenariat est une très bonne semence stratégique qui a été mise en
terre. Le semeur n’a peut-être pas reçu la formation pour suivre et accompagner cette
semence. Ce qui explique le faible volume de la récolte rapporté à l'unité de surface.
Nous croyons cependant qu’il ne faut pas mettre le feu à la plantation.
Il faut peut-être accorder un autre délai au partenariat, tout « en creusant tout autour, et en y
mettant du fumier. Peut-être à l’avenir donnera-t-il du fruit » Lc 13 : 9.

En termes simples l’EMUCI doit éviter de commettre l’erreur de dire qu’elle abroge ici et
maintenant, le décret de création du partenariat.
Surtout que la direction de l’EMUCI n’a pas officiellement reçu un rapport exhaustif de ce qui
a été fait sur le terrain.

Sans oublier qu’autour du partenariat s’est fédérée et s’est enclenchée une dynamique de
sensibilisation et de mobilisation pour la cause de la mission. Il ne faut donc pas émousser les
ardeurs au risque de tuer carrément tout autre effort pour la cause de la mission. Ce sont des
choses qui sont difficilement rattrapables.

Il est grand temps que l’EMUCI en accord avec le département de la mission et les autres
partenaires de la mission engage les états généraux de la mission et en particulier du
partenariat. Ce sera certainement une grande réflexion particulière autour de la question du
partenariat. Les résolutions de travail seront soumises à la conférence annuelle qui à son tour
appréciera. L’Eglise aura ainsi fait œuvre utile pour la cause de la mission.

Nous reviendrons plus en détail sur cet aspect (partenariat) dans la troisième partie de notre
travail.
249

Pour un nouveau partenariat

Il est bon de rappeler la définition du partenariat. Dans la revue « Servir en


L’attendant » son article intitulé « Richesses et difficultés du partenariat : mission/Eglise »,
Paul Djideti196 dit que le partenariat est « une association active de différents intervenants qui,
tout en maintenant leur autonomie, acceptent de mettre ensemble leurs efforts en vue de
réaliser un objectif commun.

C’est donc un système qui présuppose au moins deux entités différentes, autonomes ».
Et il ajoute ceci : « Pourtant la particularité du partenariat mission/Église est que l’Église, par
son unicité en Jésus-Christ, demeure inséparable de la mission »197.

Qui sont les acteurs partenaires, les deux entités différentes qui acceptent de mettre
ensemble leurs efforts ?

Il y a l’église locale du District ordinaire. Sont dits Districts ordinaires, les Districts
qui dans la répartition des Missions Protestantes se retrouvent dans la zone Méthodiste (voir
la carte ci-dessous).

Les églises locales dans ces Districts sont organisées avec toutes les structures et les
corps constitués déjà en place : les organisations des femmes, des hommes, de la jeunesse, des
Éclaireurs Unionistes, les enfants. Il en est de même des prédicateurs laïcs, les conducteurs,
les chorales.

Au niveau des statistiques, l’affluence au culte varie entre cent (100) à trois cents
(300) pour les petites communautés et entre trois cents (300) à mille (1000), voire deux mille
(2000) fidèles.

Sur le plan financier nous avons été limité par le temps, ce qui ne nous a pas permis de
produire des chiffres proches des réalités. Néanmoins les résultats des fêtes annuelles des
moissons ou de récolte sont connus de tous. Elles partent de cinq (5) millions de francs CFA à
cinq cents (500) Millions annuellement. Il y aujourd’hui dans l’EMUCI, plus de dix églises
locales qui réalisent la somme de plus de cent (100) Millions chaque année.

Au niveau des ressources humaines, une seule église locale peut avoir au moins 10
prédicateurs laïcs et autant de conducteurs avec au moins deux chorales. Le District ordinaire
de Yopougon où nous sommes actuellement a plus de cinq cents (500) prédicateurs pour
196
Paul Djideti Richesses et difficultés du partenariat : mission/Eglise », Servir en L’attendant Revue de
réflexion biblique, N°4/2012 Octobre-décembre, P.30.
197
Paul Djideti Richesses et difficultés du partenariat
250

moins de cents (100) églises locales.

Le district d’Abidjan Nord compte 464 Prédicateurs issus de 34 Églises. (Tiré du


rapport du Synode de Janvier 2023). Soit une moyenne de 13 prédicateurs par église locale.

Le District d’Abobo a plus de cinq cents (500) prédicateurs pour moins de cents (100) églises
locales. Le District d’Abidjan Sud a plus de cinq cents (500) prédicateurs pour moins de cents
(100) églises locales.

Nous pouvons voir sur la carte où se trouve la zone de la mission méthodiste. Il est au
sud-est de la Cote d’Ivoire. Les Grandes villes sont Abidjan, Dabou, Aboisso, Adzopé,
Agboville, Grand Lahou, Sikensi, Tiassalé, Divo, Lakota, Abengourou et Bongouanou. Cette
zone compte vingt-deux districts ordinaires plus de 80% des fidèles Méthodistes.

Le second partenaire dans ce partenariat, l’église locale ou souvent le champ de


mission du District missionnaire sont en dehors de la zone « méthodiste ». Cette zone compte
cinq districts missionnaires (voir la carte ci-dessous). Ces cinq missionnaires.
251

Les églises locales ou les champs de mission dans ces Districts ne sont pas organisés.
À part les enfants et les femmes, les autres structures et groupes constitués n’existent pas
encore.

Au niveau des statistiques, l’affluence au culte varie entre vingt (20) et cinquante (50)
pour les petites communautés dans les zones rurales et dans les villes l’effectif peut atteindre
cent (100) voire deux cents (200) fidèles.

Sur le plan financier, les fêtes annuelles des moissons ou de récoltes ne dépassent pas
en moyenne la somme de deux (2) millions de francs CFA.

À part les églises locales des grandes villes dont la plupart des fidèles sont originaires
du sud, aucune église locale, encore moins un champ de mission ne peut réaliser la somme de
cinq (5) millions pendant les fêtes annuelles des moissons ou de récoltes.

Au niveau des ressources humaines, il y a des églises locales et des champs qui n’ont
pas de prédicateurs, encore moins de conducteurs. Il n’existe pas de chorale. L’on chante à
l’unisson. Avec cet effectif de vingt (20) à cinquante (50) fidèles, l’on ne se fait pas prier pour
la polyvalence. Ainsi la seule personne est chef d’église, prédicateur, chef de chœur de
252

chorale, trésorier, annonceur… Le seul fonctionnaire de la localité voit sa maison, à son corps
défendant, devenir le lieu de culte, le local de l’école du dimanche, le lieu de répétitions de la
chorale, le lieu de renions du conseil…

Nous le disions plus haut, faute de moyens financiers, l’église locale et le champ de
mission sont obligés de fonctionner par le système de location : la résidence de l’ouvrier de
Dieu, le lieu de culte, le local de l’école du dimanche, les instruments de musique, la
sonorisation, les chaises ou les bancs sont loués… Dans ces conditions, les fins de mois sont
des moments de grands stress à cause des créanciers de tout genre.

La régularité du culte dominical n’est pas garantie pour au moins trois raisons :

- Pendant la saison des pluies, le culte est suspendu parce qu’il est impossible de se
réunir pour ceux dont l’ombrage des arbres servent de lieux de culte. Et au nom de la
séparation entre l’Église et l’État, l’utilisation des écoles publiques comme lieux de
culte est interdite par la loi.
- Il arrive souvent que les églises locales des Districts missionnaires ne tiennent pas de
culte parce que le prédicateur qui y est programmé n’a pas pu faire le déplacement
faute de véhicule. Tout dépend des transporteurs dans ces régions aux routes
impraticables pendant les saisons pluvieuses.
- Si les loyers restent impayés pendant une bonne période, le propriétaire du local qui
sert de lieu de culte ferme carrément l’église jusqu’à nouvel ordre.
Voici ainsi présentés les deux partenaires : les deux églises locales qui acceptent de mettre
ensemble leurs efforts en vue de réaliser un objectif commun.

Paul Djideti198 s’écrie « Il y a eu trop d’écart entre la mission, cette institution qui envoie,
et l’Église qui reçoit !» et plaide en faveur du partenariat : « Si nous copions le monde dans
cette coopération, nous serons à mille lieues de la volonté de notre Maître... Il nous faut au
contraire réfléchir attentivement sous la conduite du Saint-Esprit, portant notre attention sur
ce qui nous réunit pour suivre ensemble un chemin qui mène à la gloire de Dieu ».

Le partenariat entre les Districts ordinaires et les Districts missionnaires n’ont peut-être
pas donné les résultats escomptés. Néanmoins nous croyons que nous ne pouvons pas parler
d’échec. Il faut considérer ces années comme une somme d’expériences et surtout une base
assez solide pour la relance.

198
Paul Djideti. P.32
253

Et puis les partenaires sont à féliciter parce que sans aucune formation et ni information,
ils se sont lancés comme à l’aventure dans le partenariat. Ils en ont obtenu un certain résultat
et ils ont acquis des expériences missionnaires non négligeables.

Ce partenariat ou cette collaboration entre les ces Districts présente déjà un atout principal
pour donner une nouvelle impulsion à l’élan missionnaire pour trois raisons essentielles :

- Les ressources humaines : l’église locale (District ordinaire) partenaire regorge des
hommes et des femmes qui se sentent appelés pour la mission soit à plein temps ou
soit à mi-temps (personnel de la santé, de l’agriculture, enseignants, maçons,
menuisiers…) Ils sont prêts et n’attendent que la formation qui leur donnera
l’abécédaire de l’œuvre missionnaire. C’est un atout qu’il ne faut donc pas perdre.
- Les ressources financières et matérielles : ensemble avec l’église locale partenaire,
l’on pourra définir les priorités, de façon rationnelle et en temps. Le partenaire
apportera les ressources pour la réalisation du programme. La mobilisation se fera
dans l’église locale partenaire du District ordinaire.

- Une solution aux disparités : Comment s’expliquer le fait suivant : d’un côté nous
avons une communauté qui n’a pas les moyens de se bâtir un temple et se retrouve
sous un arbre pour y faire le culte. Pendant la saison des pluies le culte est suspendu.
Et de l’autre nous avons une autre communauté qui toujours modifie, restaure son
temple, change constamment ses instruments de musique, les tenues vestimentaires
des choristes…
Cette situation d’une église à deux vitesses a de plus en plus un impact négatif sur les
ouvriers de l’église. Cela a malheureusement instauré une atmosphère délétère pendant les
mutations de fin d’années selon que l’ouvrier est affecté dans un District ordinaire ou dans un
district missionnaire.
Il peut certainement avoir d’autres raisons qui justifient le maintien du partenariat mais
ces trois déjà avancées, cela en vaut la peine. Les Districts missionnaires et ordinaires sont
conjointement missionnaires sur le terrain. Les ouvriers de l’église (de part et d’autre) se
sentent motivés.
Le partenariat peut donc être une solution pour réduire les disparités existantes au sein
de la même Église. Il faut simplement tirer les leçons des premières expériences pour rebâtir
sur du concret.
Dans le cadre de notre travail nous considérons le partenariat entre les églises locales
254

comme la stratégie principale. Nous n’inventons rien de nouveau en le disant. Ce que


confirme Craig199 Ott : « le partenariat dans les missions n'est pas un ministère nouvellement
découvert, mais son efficacité a été remarquablement louée par de volumineux ministères
synergiques pendant de nombreuses décennie ».

Nous avons plus haut donné les exemples dans le Nouveau Testament avec les églises
de la Macédoine.

L’église primitive a été bâtie et a vécu suivant ce modèle de communion fraternelle ou


de communauté de biens :

La foule de ceux qui avaient cru n'était qu'un cœur et qu'une âme. Personne ne disait que ses
biens lui appartenaient en propre, mais ils mettaient tout en commun…l n'y avait aucun
nécessiteux parmi eux : tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons les vendaient,
apportaient le prix de ce qu'ils avaient vendu. Ac.4 :32 et 34

Dans l’Histoire des missions chrétiennes, surtout l’essor des missions protestantes, le
partenariat a été l’atout principal sur lequel les sociétés se sont appuyées pour envoyer des
missionnaires, pour ouvrir des champs de mission, pour implanter de nouvelles communautés,
pour engager des œuvres sociales (écoles, centre de santé…), pour soutenir les missionnaires,
pour subventionner la traduction et l’achat des Bibles.

Ce n’est pas le vieux cantique tiré du recueil de chants Sur les Ailes de la Foi N°616,
3e strophe, qui dira le contraire :

Mais dans la mission lointaine


Tous ne peuvent s'engager ;
Ceux qui vont semer la graine,
Tu dois les encourager.
Ils ont besoin d'argent : donne,
De soutien : prie avec eux,
Pour que l'ouvrier moissonne
D'un cœur vaillant et joyeux.

« Entends-tu l'appel du Maître ?


Il te veut pour moissonneur ;
Réponds-Lui : "Oui, je veux être,
O Jésus, ton serviteur !" »

Quand nous considérons les différents témoignages sur le partenariat présentés dans la
deuxième partie de notre travail, et quand nous découvrons à travers la présentation de
l’identité d’un champ de mission ou d’une église locale dans les Districts missionnaires, nous
disons qu’il ne faut pas tout de suite s’avouer vaincu. L’icône emblématique Nelson Mandela
disait : « Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends » 
199
Craig Ott and Stephen J. Strauss. Encountering Theology of Mission: Biblical Foundations,
Historical Developments, and Contemporary Issues, Grand Rapids: Baker Academic, 2010, P.5
255

Il est certes vrai que le partenariat pendant ces années n’a pas donné les résultats
escomptés, mais il y a par endroit des résultats non négligeables, Ce qui veut dire que le
partenariat est très prometteur et il est donc à encourager.

D’ailleurs les communautés naissantes n’ont ni les moyens, ni la mentalité de tels


engagements financiers…il leur faut un peu de temps pour les amener progressivement à se
prendre en charge. Ils viennent tout juste pour adorer et prier le nouveau Dieu qu’ils viennent
de découvrir. Ils ne savent pas que les frais de cette nouvelle relation doivent leur incomber :
les chaises, les bibles, les lampes tempête… le sable, le ciment, la brique, les bois, les tôles
pour bâtir le nouveau lieu de culte…C’est un vieux paradigme qui consiste à assister les
nouveaux convertis. Il n’a pas encore changé.

Les nouveaux convertis ne peuvent pas comprendre que Dieu leur père « coûte si
cher financièrement ». C’est trop tôt et ils ne sont pas préparés à cela. N’oublions pas que tout
juste à côté il y a la concurrence avec la grosse artillerie : l’Islam nouveau offre un service
tout frais payé avec des éventuels voyages dans les pays du Golfe.

Quand nous analysons la définition du partenariat, nous comprenons qu’il y a un


travail fondamental préalable qu’il faut faire. Phill Butler200 définit le partenariat comme : «
l’association de tout groupe d'individus ou d'organisations, partageant un intérêt commun, qui
communiquent, planifient et travaillent régulièrement ensemble pour atteindre une vision
commune ». 

Partageant un intérêt commun : l’on est tenté de savoir si les deux partenaires ont
réellement partagé un intérêt commun. Est-ce que l’église locale du District ordinaire savait
qu’elle avait un intérêt commun avec celle du District missionnaire ?

Qui communiquent : les deux partenaires ont-ils communiqué ? L’état des lieux a
répondu par la négative.

Planifient et travaillent : les deux partenaires ont-ils planifié et travaillé ? L’état des
lieux a répondu par la négative. C’est plutôt un camp (celui qui a les moyens) qui réfléchit et
qui vient demander à son partenaire de s’exécuter.

Régulièrement ensemble : L’état des lieux a répondu par la négative.

200
Phill Butler, Well Connected: Releasing Power and Restoring Hope Through Kingdom Partnerships
(Waynesboro : Authentic Media, 2005 ), P34.
256

Pour atteindre une vision commune : d’après ce qui précède, la vision ne peut pas
être commune. À un moment le partenariat a pris l’allure de la pensée unique.

Il n’y a vraiment pas eu de précaution au départ, encore moins de cahier de charges. Il


faut tirer les leçons de ces premières expériences et repartir sur de nouvelles bases.

En matière de stratégie, ce partenariat ou cette collaboration entre les églises locales


est une bonne base à encourager. Et nous en avons fait notre cheval de bataille, notre
argument favori parce que c’est déjà un sérieux acquis. Il faut la maintenir en s’appuyant sur
de nouvelles bases.

III.5.2. Le partenariat sur quelles bases nouvelles ?


L’une des défaillances relevées tant par l’enquête sur le terrain que par les interviews
réalisées est l’absence d’un cahier de charges assez clair, définissant les objectifs détaillés et
la vision du partenariat. C’est un défaut à corriger pour permettre aux différents partenaires
d’être au même niveau d’informations.
Paul Djideti201 parle des conditions de respect pour un bon partenariat :
• Prioriser notre appartenance au corps de Christ par rapport à toute autre chose. Définir clairement les
domaines du partenariat : évangélisation, formation, projets de développement, secours d’urgence.

• Définir les apports (ressources humaines, matérielles, intellectuelles, financières, etc.) de chacun dans chaque
domaine. Chacun ne peut donner que ce qu’il a reçu du Seigneur.

• Se connaître réciproquement en termes d’arrière-plan culturel, de vision du monde, d’environnement socio-


économique et politique, d’aptitudes à y faire face, afin de s’encourager à privilégier et à appliquer les
principes de Christ.

• S’engager à poursuivre la vision communiquée par le Seigneur à l’Église et à soi, en toute connaissance de
cause.

• Se respecter, s’aimer comme frères et sœurs dans le Seigneur, malgré les différences apparentes.

• Se convaincre de l’importance de la valeur de chaque apport ou contribution.  


Parlant de cahier de charges, l’on peut être inspiré par les objectifs à atteindre et par la
vision missionnaire de l’EMUCI qui est clairement matérialisée par le logo du centenaire ;
une carte de la Côte d’Ivoire entièrement couverte par la présence de l’EMUCI.

Cette présence déborde les frontières et s’étend actuellement en Guinée-Conakry, la


Guinée Bissau, au Mali et bientôt au Burkina-Faso.

La vision est clairement exprimée : faire de l’EMUCI une église missionnaire qui va
d’abord remplir sa tâche en étendant le règne de Dieu dans toute la Côte d’Ivoire puis au-delà

201
Paul Djideti Page 33
257

des frontières du pays dans sa partie nord. Cette vision a été soutenue par de grandes décisions
au cours des différentes conférences :

- La création du Département de l’Évangélisation,


- La création des Districts missionnaires,
- L’enrôlement de missionnaires formés dans d’autres instituts de formation que celui de
l’EMUCI,
- L’intégration à l’EMUCI de la communauté chrétienne Bambara,
- La création du de département de la mission,
- La création du département de l’évangélisation et de la croissance de l’église,
- L’ouverture du champ de mission de la Guinée-Conakry,
- L’ouverture du champ de mission du Mali,
- La reconnaissance du champ de mission de la Guinée-Bissau et bientôt
- L’ouverture du champ de mission du Burkina-Faso.

Par ces décisions, l’EMUCI est précédée par sa vision. C’est une vision missionnaire qui
est ainsi exprimée. De là à déclarer officiellement qu’elle est désormais une église
missionnaire, il n’y a qu’un seul pas à poser.

Il faut effectivement ramener l’EMUCI à sa nature première qui est la mission et


l’évangélisation. Elle est elle-même le fruit des œuvres de missionnaires dont les pionniers
sont les « clarks » Ghanéens, Libériens et Sierra-léonais, le missionnaire Caseley Hayford et
du prophète William Wade Harris. Elle a par la suite baigné dans un accompagnement
missionnaire par la présence sur son sol de missionnaires Britanniques de la Wesleyan
Methodist Mission Society (WMMS), missionnaires Français de l’Eglise Reformée de France
sous le couvert de la Société des Missions Evangéliques de Paris (SMEP).

La réussite de cette mission méthodiste en Côte d’Ivoire a été essentiellement l’œuvre de


partenaires, de collaborateurs extérieurs. Les fruits sont aujourd’hui éloquents : un hôpital
General, une université, un établissement supérieur d’enseignement technique dix (10) écoles
secondaires d’enseignement général, quarante-six (46) écoles primaires et vingt-trois (23)
écoles maternelles.

Voici autant de raisons pour lesquelles nous plaidons en faveur du maintien du système de
partenariat entre les deux églises locales, pour la relance du partenariat.
258

III.5.3. Pour un séminaire sur le partenariat


Quand l’on sait que la gestion du partenariat pendant toutes ces années n’a pas encore
fait l’objet d’un bilan, il faut absolument obtenir un cadre soit un colloque, un séminaire, des
états généraux, un forum pour une réflexion profonde sur le partenariat.
Il va falloir donc s’appuyer sur du concret en organisant un séminaire dont les
résolutions seront soumises à la Conférence annuelle de l’EMUCI.
L’EMUCI et le département de la Mission doivent obtenir ce cadre d’échanges autour
du partenariat. Les thématiques qui seront abordés suggèrent que ce cadre de concertation
prenne un peu plus de temps, au moins trois jours. Il sera ouvert à toute l’Eglise et va réunir
les principaux responsables Pasteurs et Laïcs de l’EMUCI. C’est un séminaire qui va prendre
les allures de conférences missionnaires.

III.5.4. Les différents intervenants


Au cours de ce séminaire pourront intervenir :
- la Conférence de l’EMUCI pour rappeler les grandes articulations de « sa vision
missionnaire », ainsi que le bilan qu’elle en a tiré et évidemment ses perspectives d’avenir ;
- le Département de la Mission pour faire les états généraux de la Mission et les perspectives
d’avenir ;
- les Districts ordinaires (émetteurs) pour présenter les réalités du terrain par rapport au
partenariat ;
- les Districts missionnaires (récepteurs) pour rendre compte des effets du partenariat sur les
terres de mission ;
- les Missions de Guinée-Conakry, de la Guinée Bissau, du Mali et du Burkina Faso pour
présenter leurs Champs de Mission ainsi que leurs attentes ;
- comme personnes ressources extérieures, les spécialistes des sciences sociales (leadership et
management) pour présenter de façon scientifique et objective ce qu’est le partenariat.

III.5.5. Le partenariat et les finances


Des aspects importants feront l’objet d’attention particulière, entre autres les finances
qui ont toujours été à la base de la faillite de plusieurs partenariats des missions chrétiennes.
259

Russ Crosson202 prévient déjà dans ce sens : « Tant que la motivation d'une personne
n'est pas saine envers l'argent, cela entravera l'efficacité du ministère. De plus, lorsque des
conflits surviennent, cela provoque des tensions et si la résolution du problème échoue, ce
partenariat échouera également »

Cela va appeler à la vigilance des partenaires. Ce sont des sacrifices que les églises
partenaires vont consentir, en se privant de certaines choses essentielles à la vie de leur
communauté. Elles auront besoin en retour d’être encouragées en voyant le fruit de leurs
labeurs.

Il est vrai qu’en tant que chrétiens, nous ne ferons pas de l’argent la base du partenariat
mais l’argent est incontournable dans ce processus. Ce que semble si bien résumer Russ
Crosson203 :

Cependant, comme l'argent est une source que Dieu utilise dans les ministères, nous en
avons besoin. Il a été une source très utile tout au long de l'histoire des missions. Mais ce n'est
pas la ressource la plus importante. Dans le ministère de partenariat, si la relation est basée
sur le flux des finances, ce ministère de partenariat échouera .

À n’en point douter ce thème « Le partenariat et les finances » retiendra l’attention


des séminaristes.

L’autre reproche que l’on fait au système de partenaire entre les Districts est la
répartition dite déséquilibrée.

En tenant compte des témoignages nous proposons plutôt dans l’ensemble une période
d’essai sur cinq ans.

Au niveau de la répartition nous faisons les propositions suivantes :

III.5.6. Pour une répartition stratégique

Il faut une nouvelle grille de répartition qui va connaitre une légère modification par
rapport à la précédente. Nous parlons de légère modification parce que la répartition
précédente n’était pas le problème majeur pour justifier le rendement faible du partenariat. Il
faut aussi éviter de chambouler en bousculant certains automatismes qui se sont bien installés.
Cette nouvelle grille de répartitions que nous disons stratégique, tiendra compte des réalités
de chaque District, de chaque église locale.

202
Russ Crosson, Important Money Decisions for Every Couple: Discover Financial Harmony,
Communicate Through Your Differences, Build a Stronger Relationship (Harvest House Publishers, 2013). P34.
203
Russ Crosson, Important Money Decisions for Every Couple. P34.
260

NB : Nous suggérons que des communautés dites « grandes » sortent de cette grille de
répartition. Ce sont des communautés qui ont au moins cinq cents fidèles. Et elles ont budget
annuel qui varie entre 200 millions de FCFA (($60) Mille et 500 millions de FCFA ($150
Mille).
Ces communautés ont déjà fait leurs preuves suffisantes sur les terres de Mission. Il
sera mieux de les réserver pour des tâches plus importantes. Ce sont par exemple le Jubilé de
Cocody, Canaan d’Angré Cocody, John Wesley de Cocody et les Béatitudes du Plateau.

Nous proposons de relancer le partenariat pas de façon azimut, mais rationnel en


choisissant un échantillon de trente 30 communautés locales de part et d’autre des deux
Districts.
Les Districts retenus sont Abidjan Nord, Abobo, Abidjan Sud, Yopougon et
Anyama.

Sur la base des répartitions précédentes, voici les communautés.


Pour le District d’Abidjan Nord, nous proposons les communautés suivantes :
Jérusalem 220Lgts -Jérusalem Riviera -Nazareth Bonoumin -Israël Akwedo-Ebenezer Adjamé
-Bethesda Bingerville - Péniel Akwè Adjamé - Bethel d’Abidjan Agban- Emmanuel
Williamsville -La source du Salut.
Pour le District d’Abobo, nous proposons les communautés suivantes :
Espérance d’Abobo-Gare- Bethel d’Abobo-Baoulé- Galilée Plateau Dokui
Pour le District d’Abidjan Sud, nous proposons les communautés suivantes :
-Israël de Treichville-Le Jourdain de Marcory-Emmanuel Anoumabo-Cité de Grâces de
Koumassi-Béthanie de Prodomo de Koumassi-Emmanuel Port Bouët
Pour le District de Yopougon, nous proposons les communautés suivantes :
Exode Sicogi-Horeb des Toits rouges-Bethesda Niangon Sud -Trinité de Yopougon Kouté-
Emmanuel Gesco-Schekinaël Niangon Maroc-Jéhovah-Jireh de Niangon Adjamé-Péniel CIE
Pour le District d’Anyama, nous proposons les communautés suivantes :
Akoupé-Zeudji, Attinguié, Anyama Adjamé-Ebimpé
De l’autre côté, les Districts missionnaires doivent aussi lister 30 champs de
Mission…
Bouaké (6 partenaires)
Jérusalem 220Lgts-Jérusalem Riviera-Nazareth Bonoumin-Ebenezer Adjamé-
261

Bethesda Bingerville-Bethel d’Abidjan Agban


Korhogo (6 partenaires)
-1 Israël de Treichville-2 Jourdain de Marcory
-3 Emmanuel Anoumabo-4 Cité de Grâces de Koumassi-5 Emmanuel Port Bouët
-6 Béthanie de Prodomo de Koumassi
Daloa (6 partenaires)
-1 Espérance d’Abobo-Gare-2 Bethel d’Abobo-Baoulé-3 Galilée Plateau Dokui-4 Péniel
Akwè Adjamé.
Gagnoa (6 partenaires)
Akoupé-Zeudji, Attinguié, Anyama Adjamé-Ebimpé-Jéhovah -Jireh de Niangon
Adjamé-Péniel CIE
Man (6 partenaires)
Exode Sicogi-Horeb des Toits rouges-Bethesda Niangon Sud- Schekinaël Niangon
Maroc-Trinité de Yopougon Kouté-Emmanuel Gesco
Vous pouvez constater avec nous que la plupart des partenaires ont été maintenus.
Ainsi les anciens binômes sont maintenus avec quelques légères modifications.
Nous disions que certaines sortaient dans l’ancienne grille de répartition. Nous avons
une autre proposition de répartition. Ces communautés dites fortes peuvent efficacement aider
l’EMUCI dans sa vision missionnaire en soutenant dans un système de partenariat les champs
de mission. Ainsi nous aurons par exemple la répartition suivante :

Ces dites communautés auront comme binôme les Missions Méthodistes Unies de la Guinée-
Conakry, la Guinée Bissau, le Mali et le Burkina Faso.
La Guinée-Conakry et de Jubilé de Cocody
La Guinée Bissau et John Wesley de Cocody
Le Mali et les Béatitudes d’Abidjan Plateau
Le Burkina Faso et Canaan de Cocody Angré

Ce cadre d’échanges ou séminaire avec les partenaires des Districts ordinaires et


missionnaires aura pour objectif d’arrêter un cahier de charges précis, un comité d’évaluation
et un chronogramme suivant un plan quinquennal. Les résolutions de ce séminaire seront
soumises à la Conférence annuelle.
Nous faisons également la proposition de chronogramme qui pourra sanctionner ce
cadre d’échanges, seulement en sa première année.
262

III.6. Première année


III.6.1. Tournée d’explication
Chaque ( ?) va s’engager dans des tournées d’explication, de sensibilisation et de
mobilisation dans sa communauté afin de préparer les cœurs à accepter la nouvelle réalité
partenariale. Cela les amènera à accueillir leurs partenaires et à être également imprégnés de
l’idée de la Mission.
III.6.2. Les prises de contacts
La première année du partenariat peut être consacrée aux prises de contact entre les
partenaires. Ces prises de contact seront appuyées s par des séances de travail entre les
différents binômes : les Pasteurs, les conseils d’églises, le comité des ministères (prédicateurs,
conducteurs, choristes, le département de l’évangélisation, de la mission, du mouvement de
réveil…), le comité des laïcs (les hommes, les femmes, la jeunesse, les moniteurs de l’école
du dimanche), comité église et sociétés, comité finances et administrations)
Les séances de travail entre les différents binômes au cours de ces prises de contact
permettront de lister les besoins afin de les programmer par priorité.
III.6.3. Les tournées d’inspection
Il y en aura ensuite les tournées d’inspection sur les champs de mission en vue de voir
de façon concrète les réalités en face.
III.6.4. Échanges
En vue de renforcer les liens, il y aura de part et d’autre des échanges de chair, de
chorale ainsi que la participation aux fêtes annuelles de moisson.

III.6.5. Semaine du partenariat


En vue de toujours entretenir et réchauffer les liens il va falloir instituer la semaine du
partenariat dont le contenu reste à déterminer. Cette semaine se fera par alternance ou
tournante. Chaque District partenaire accueillera la semaine du partenariat.
- Identification du projet d’investissement : ces rencontres doivent permettre aussi
aux partenaires d’identifier un projet d’investissement.
- L’évaluation annuelle viendra couronner et sanctionner toutes les activités.
- À ce niveau les trois derniers points méritent des explications :
- Participation aux fêtes annuelles de moisson : les partenaires vont faire le
déplacement dans les deux sens pendant les fêtes annuelles de moisson, afin
d’apporter leurs dons.
263

- Semaine du partenariat : il faut une semaine du partenariat au cours de laquelle les


partenaires missionnaires viendront présenter le champ de mission à toute la
communauté sœur. Et le dernier jour, il y aura une offrande de soutien au champ de
Mission
- Identification du projet d’investissement : au cours de la première année les
partenaires doivent ensemble identifier un projet dont la réalisation représentera des
ressources additionnelles appropriées.
Nous croyons que cette nouvelle orientation du partenariat va rapidement corriger les
limites du premier, qui n’avait pas de cahier de charges précis, encore officiels.
Cette nouvelle orientation de ce partenariat « version révisée » donnera de meilleurs
rendements.
Le tout sera couronné par une évaluation annuelle qui sera faite en assemblée générale
missionnaire.
NB : nous précisons que ce ne sont que des propositions que nous faisons pour ce cadre
d’échanges qui se réunira au moins trois jours sur le partenariat. Le comité aura la latitude
d’apprécier à sa juste valeur nos propositions et il avisera.
À l’heure de la laïcité, Il n’y a pas de gouvernement qui a dans son budget une
prévision pour la mission chrétienne. Même les États Occidentaux dits pays chrétiens s’en
sont progressivement et totalement désengagés.

Il en est de même du partenariat Nord Sud qui n’existe pratiquement pas. Les
organismes chrétiens et les Sociétés des missions chrétiennes se sont retirés, comme si la
grande Commission avait déjà visité les peuples non atteints et les extrémités de la terre.

L’Islam, fort du soutien des États Islamiques pétrolifères avance à grand pas dans les
régions subsahariennes avec une concurrence déloyale proposant des conversions à coups de
pétrodollars.

Pourtant le partenariat s’est invité à toutes les conférences missionnaires depuis


Édimbourg en 1910. La conférence missionnaire de 1947 à Whitby au Canada « fut la
première conférence missionnaire mondiale à laquelle les représentants de la chrétienté
mondiale se faisait face en tant que partenaires ». C’était au lendemain de la deuxième guerre
mondiale.

Cette conférence a vu apparaitre le mécontentement des partenaires du sud qui


dénonçaient un « partenariat dans l'obéissance ». Un pasteur indonésien a crié son ras-
264

le-bol en faisant cette remarque avec insistance à un professeur néerlandais : « Oui, un


partenariat pour vous, mais obéissance pour nous »204.

C’est surtout la conférence mondiale missionnaire d’Achimota au Ghana, en 1958 qui


sonna le glas des relations de partenariat entre le nord et le sud.

Selon les conférenciers, les échanges ne se seraient bien passés entre les jeunes églises
du sud car de sérieuses divergences sont apparues concernant le sens du partenariat. Les
jeunes églises refusaient le partenariat dans le sens du dominé avec une certaine domination
des partenaires occidentaux.

Il ne faut surtout pas penser que ces choses sont très loin de nous. Bien au contraire ce
sont autant de paramètres qu’il faut intégrer dans la réflexion menant à la relance du
partenariat. Il faut éviter un quelconque rapport de force entre le dominant et le dominé. L’état
des lieux en a fait cas.

Nous disons oui pour le nouveau partenariat avec beaucoup de précautions et de


garanties, et en considérant certains paramètres essentiels. Warren 205 classe trois éléments
essentiels attentifs, qui consolident des partenariats tournés vers l'action. « Ces éléments sont :

1) une implication authentique : démontrée par un engagement de confiance,

2) l'acceptation de la responsabilité : démontrée par une volonté de servir l'objectif du


partenariat, et

3) l'acceptation de toutes les responsabilités : démontrée par une volonté de payer le prix du
partenariat ». 

Pour conclure nous citons Paul Djideti206 : « Lorsqu’une telle base est posée et
acceptée par les intervenants, le partenariat procure des richesses réciproques inestimables :
les besoins sont satisfaits dignement, le progrès du royaume est visible, les témoignages
glorifient Dieu, les serviteurs de Dieu se sentent soutenus dans le ministère et servent avec
zèle, les tensions entre individus ou groupes baissent… Cependant, tout cela n’ira pas toujours
sans difficulté. »
204
Bosch, D J 1991. Transforming mission : Paradigm shifts in the theology of mission.
Maryknoll, NY: Orbis. Page 466
205
Thang Deih Lian, Les caractéristiques Théoriques du partenariat dans les missions LAMBERT Academic
Publishing 2014. P.2 (Warren, M 1956. Partnership: The study of an idea. London: SCM.)
206
Paul Djideti
265

III.7. La charte du partenariat (Michel Silva Andrade207)

L'EGLISE, le Corps de Christ, est une Église Universelle, internationale et mondiale.


Nous appelons toutes les églises du monde occidental et du tiers monde à plus de solidarité et
d’entraide, quelle que soit la communauté ou la dénomination évangélique et à définir une
nouvelle stratégie et un Nouveau Partenariat pour la Mission (NEPAM). Les termes du
Nouveau Partenariat pour la Mission (NEPAM) seraient entre autres :
Rappeler que la tâche suprême de l’Église est l’Évangélisation du monde ;
Revenir à la Mission selon le modèle des apôtres et notamment selon le modèle
apostolique de Paul ;
Ressusciter l’esprit de sacrifice, d’engagement et de consécration des pionniers des
missions modernes et des premiers missionnaires envoyés dans le tiers monde ;

Combattre le sectarisme, la division, l’orgueil et l’égoïsme individualistes et


ecclésiaux (Sectarisme, orgueil et égoïsme de certains individus, églises, organisations,
dénominations, communautés…) ;
Ne pas donner ou soutenir que des missionnaires liés à son église, dénomination,
communauté ou organisation ;
L’envoi toujours croissant de plus de missionnaires étrangers car la tâche de
l’Évangélisation du monde est encore immense ;
L’envoi de beaucoup plus d’ouvriers nationaux pour la mission intérieure ;
Encourager les missionnaires expatriés et nationaux à aller là où le besoin est le plus
grand (manque d’églises et de témoignage) ;
Combattre le nationalisme, le racisme et le tribalisme dans le champ missionnaire.
L’Église n’a pas de frontières. Le Royaume de Dieu est universel ;
Là où un missionnaire national est plus efficace (qu’un expatrié), il ne faut ménager
aucun effort et aucun moyen spirituels, matériel et financier pour le soutenir ;
Réduire le nombre de missionnaires de « bureau » (dit « support missionaries ») non
nécessaires. Ceux-ci ne sont pas sur le front de l’évangélisation et ils ont souvent une
mentalité de « travailleurs expatriés privilégiés bénéficiant de tant d’avantages ». Ils coûtent
très chers et ne sont pas très productifs. Avec des trains de vie très élevés par rapport aux
populations locales. Ce genre de « missionnaires » n’ont souvent aucune implication réelle

207
Michel Silva Andrade, Annoncer et expliquer l’Évangile avec Puissance, Publié le 12 mars 2013, P.63
266

dans l’œuvre missionnaire. Il faut les remplacer (avec le même soutien financier) par des
missionnaires nationaux au front. Un missionnaire expatrié coûte toujours plus cher qu’un
missionnaire national. Le soutien financier d’un seul missionnaire expatrié peut soutenir
plusieurs nationaux.
Encourager les églises (et organismes chrétiens) des pays nantis (et les pays où il y a
beaucoup de chrétiens) à donner autant pour le soutien des missionnaires nationaux qu’ils
donnent aux missionnaires de leurs propre pays.
Reconnaître le rôle de l’Église d’Afrique dans l’Évangélisation du monde (c’est le
temps de l’Afrique) et soutenir les missionnaires africains pour les missions intérieures et
mondiales.
Combattre le gaspillage et les dépenses de prestige de la part des individus, des
organisations, ministères et églises. Il faut aussi décourager les activités, programmes et
constructions coûteuses inutiles ;

Investir dans la formation et le soutien financier des missionnaires nationaux et


l’implantation d’églises (le meilleur moyen d’évangélisation) au lieu de dépenser des sommes
colossales dans des séminaires, congrès, conférences, campagnes… sans fruits réels ;
Encourager les églises à donner pour la mission et contribuer à l’avancement du
Royaume de Dieu au lieu de construire « leur propre empire » ;
Partenariat entre qui ? Il s’agit d’un partenariat multilatéral entre les chrétiens, les
églises, les missions, les organisations chrétiennes du Nord et celles du Sud. Partenariat Sud-
Sud aussi.
267

CONCLUSION GÉNÉRALE

Notre préoccupation majeure dans cette recherche était : Quelles stratégies mettre en
place pour un réveil missionnaire au sein de l’EMU-CI ? Loin de nous le jugement selon
lequel, l’église a échoué dans sa mission sur le terrain ivoirien. Loin de nous le jugement
selon lequel la vision missionnaire lancée en 1999 a été étayée de lacunes. Par contre la
création de Districts missionnaires, la reconnaissance de volontaires missionnaires, et
l’ouverture de Champs de mission à l’extérieur de la Côte d’Ivoire sont autant de sujets pour
lesquels il convient de saluer l’effort et les sacrifices de l’EMU-CI.

Toutefois, il conviendrait aussi d’accepter de reconnaitre que l’EMU-CI est confrontée


à une stagnation missionnaire.

Elle est essentiellement confinée dans la partie Sud et Sud Est du pays. Sa présence en
dehors de ces zones de prédilection semble très limitée. En dehors de ces zones dites
Méthodistes, les fidèles Méthodistes présents au Nord, au Centre, à l’Ouest, au Nord Est, sont
en majorité originaires du Sud et du Sud Est de la Côte d’ivoire. La conséquence immédiate a
été la fermeture de tous ces temples dès les premières heures de la guerre civile de 2002.

Le constat général, c’est que les fidèles Méthodistes dans ces régions dites
missionnaires, semblent être abandonnés à eux-mêmes avec de faibles moyens. Ils ne sentent
pas l’engagement et le soutien de leurs autres frères dans l’action missionnaire où eux sont en
avant-poste.
268

C’est ce que nous avons tenté de relever dans la présente étude pour aider le chrétien
méthodiste, qui aujourd’hui, a la grande responsabilité de continuer cette grande œuvre et
grande bénédiction léguée par nos devanciers. C’est pour cette raison que nous avons choisi
de mener nos recherches sur le sujet suivant : « Réorientation de la vision missionnaire de
l’Eglise Méthodiste Unie Côte d’Ivoire : enjeux et stratégies pour un réveil
missionnaire ».

Pour soutenir notre position nous nous sommes appuyé sur les fondements bibliques
de la Mission afin de rappeler que la mission est toujours d’actualité. Nous avons par la suite
jeté un regard rétrospectif du côté de la Reforme et des mouvements de Réveil (Jonathan
Edwards et George Whitefield, John Wesley et le mouvement méthodiste et enfin Joseph
William Seymour et le Réveil Pentecôtiste). Nous avons compris que le Réveil religieux
semble être le levier qui a toujours propulsé l’action missionnaire.

Nos recherches dans les pays avec lesquels l’EMU-CI a en commun l’Histoire du
Méthodisme nous a permis de nous rendre compte que nous avons des modèles tels que celui
de la Methodist Church of Ghana, en matière de stratégies. Les Eglises méthodistes du Benin
et du Togo sont sur le point de relancer l’action missionnaire.

Partant de la question qui a constitué l’objet de cette d’étude, nous nous sommes fixé
un double objectif, celui d’établir un état des lieux de la mission, et celui de construire et
proposer une réflexion missiologique à l'intérieur de l’EMU-CI. Pour mener cette étude, nous
avons émis des hypothèses de départ, qui ont toutes été vérifiées à travers une étude
empirique.

L’hypothèse principale a été vérifiée et nous a permis de confirmer que l’EMU-CI a le


potentiel humain, stratégique et spirituel pour un nouveau départ en mission : la volonté de la
classe dirigeante, les vocations missionnaires et le zèle des fidèles des champs de mission.

La vérification de la deuxième hypothèse nous a permis d’affirmer que la valorisation


des Districts missionnaires et des communautés Bambara et des autres méthodistes migrants
permettra à l’EMU-CI de relancer son projet missionnaire.

De tout ce qui précède, nous croyons que le succès de l’œuvre missionnaire au sein de
l’EMU-CI passe par les quatre grandes stratégies que nous avons développées :
269

- La sensibilisation : que la conscience missionnaire soit communiquée à toute


l’EMU-CI
- La mobilisation et la recherche des fonds pour cette œuvre missionnaire s’impose
avec acuité. Le Département de la mission a nécessairement besoin d’une certaine
autonomie financière interne afin de mener régulièrement ses actions. Nous avons
dans notre travail, présenté quelques ébauches dans la mobilisation des fonds
- La formation : il faut des spécialistes, des missionnaires pour assurer
l’administration et l’organisation de l’action missionnaire. Il est ici question de la
formation du peuple, des missionnaires. Cela demande la production d’œuvres
littéraires missionnaires, la création d’une école missionnaire et l’introduction de la
discipline missiologique à l’ISTHA.
- La réforme du partenariat : cette réforme passe par les états généraux du
partenariat afin de tirer les leçons du passé et élaborer de nouvelles stratégies.

Dans cette perspective, notre rôle en tant que Chrétien est de changer le monde et non
de changer de monde. Le Chrétien est appelé à vivre dans ce monde déchu et influencer la
société par son mode de vie qui doit ressembler de plus en plus à celui de Jésus Christ.
L’EMU-CI a aujourd’hui le devoir de revoir son programme de discipolat pour arriver à faire
de ses fidèles de vrais disciples de Jésus-Christ. Dans ce programme, il conviendrait d’aborder
avec profondeur et acuité certaines questions propres à l’Afrique tels la sorcellerie, le
fétichisme, le tribalisme, la polygamie, la dictature, la pauvreté, les maladies dites
diaboliques, etc., et leur donner des réponses théologiques adéquates.

La finalité de toutes ces stratégies, c’est de ‘’provoquer’’ un changement de mentalité


qui fera de chaque chrétien Méthodiste un missionnaire et de toute l’Eglise Méthodiste une
Eglise Missionnaire. Ceci rejoint la pensée de Jacques Matthey lorsqu’il écrit : « C'est sur ces
épaules collectives que repose la mission du temps postapostolique qui est le nôtre également
».

Pour conclure, nous ne prétendons pas avoir cerné tout le contour de ce vaste sujet.
Nous sommes conscients que notre étude présente des limites certaines. Il serait nécessaire,
par exemple, de faire une étude sociologique approfondie et détaillée des facteurs culturels
pouvant favoriser ou au contraire constituer des obstacles au réveil missionnaire.

Notre risque est celui généralement reconnu à tout « pionnier » car, en fait, il n’est
jamais aisé d’initier. Mais, en même temps que nous assumons l’entière responsabilité des
270

imperfections de cette étude, il naît en nous un sentiment de satisfaction partielle pour avoir
osé et déblayé le terrain pour la postérité à qui reviendront les avantages, et nous avec, des
remarques constructives qui seront formulées à notre égard.

Tout cela sous-entend un département de la mission fort avec une autonomie interne. Il
aura les mains libres pour exécuter le cahier de charges en entrant en contact avec tous les
partenaires pour la recherche des fonds.

Notre choix de traiter la question de l’action missionnaire au sein de l’EMU-CI semble


être conforté par les dernières statistiques réalisées par le ministère du plan et du
développement avec l’institut national de la statistique et le recensement général de la
population et de l’habitat 2021. Ces statistiques propulsent l’Islam en tête et relèguent l’EMU-
CI de 6,6% en 1998 à 2, 3% en 2021. C’est un verdict dur, vexant qui mérite une remise en
cause de toute la politique générale de l’EMU-CI.

L’objectif est certes la relance de l’action missionnaire mais la vision c’est d’amener
l’EMU-CI à devenir une Eglise missionnaire, mieux à être pleinement et entièrement une
église en mission, une église Missionnelle. Selon Darrel Guder208, « l’Eglise doit passer d’une
Eglise dotée d’un programme missionnaire à une Eglise entièrement missionnaire ».

En d’autres termes, dira Camille Kursner209 : « La mission est plus qu’un simple
segment de l’Eglise pour les promoteurs du concept « missionnel ». Chaque département de
l’Eglise doit être tourné vers l’extérieur. Le budget d’une communauté constitue un bon
indicateur de la « missionalité ». Il démontre le taux que celle-ci destine à la mission ».

Que toute l’EMU-CI (pasteurs et Laïcs, hommes et femmes, jeunes et adultes, enfants
et vieux) soit animée et imprégnée d’une volonté politique sincère et réelle afin d’insuffler
une nouvelle dynamique à son action missionnaire.

208
Darrell L. Guder (éd.), Missional Church : A Vision for the Sending of the Church in North America, Michigan,
Eerdmans, 1998, 288 p.
209
Camille Kursner, Missionel: un concept qui lance un défi aux Eglises d’Occident, article est paru dans le
journal Vivre (lafree info) de janvier-février 2019.
271

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