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RÉSUMÉ
Dans notre thèse nous croyons avoir relevé les problèmes qui freinent l’action
missionnaire dans l’EMUCI. Au nombre ceux-ci, figurent d’abord les circonstances
historiques. En 1964, la Mission Britannique a officiellement mis fin à l’époque missionnaire.
C’est seulement au lendemain de son autonomie en 1984 que l’EMUCI a décidé de repartir en
mission. La naissance des nouveaux champs de mission demandait des ouvriers
missionnaires. Ainsi l’EMUCI se retrouve à nouveau en mission.
Pour soutenir l’action missionnaire elle a pris des décisions en assemblées générales
annuelles : la création du département de l’évangélisation, du département de la Mission, des
Districts missionnaires, la reconnaissance du ministère de missionnaire et surtout
l’instauration de partenariats entre Districts ordinaires et Districts missionnaires en Mars
2008. Il ressort des enquêtes, des entretiens, des interviews que toutes ces bonnes mesures
n’ont pas donné les résultats escomptés.
Le choix de notre thème vient à point nommé. Voir les définitions…Notre objectif
n’est pas tant de créer quelque chose de nouveau que de donner une nouvelle orientation à ce
qui existe déjà. Cela demande de dresser d’abord le bilan du travail accompli, puis de tirer les
leçons pour un nouveau départ en mission.
ABSTRACT
In our thesis we believe we have identified the problems that hinder missionary action
in the EMUCI. Among the problems, there are first of all the historical circumstances. In 1964
the British Mission officially ended the missionary era. It was only after its autonomy en 1984
that EMUCI decided to go back on a mission fields. The birth of new mission fields required
missionary workers. Thus EMUCI finds itself once again on a mission. To support missionary
action, it took some decisions at annual general assemblies :
It appears from surveys, interviews, interviews that all these good measures have not
given the expected results.
The choice of our theme comes at the right time. It is not for us to create something
new. Far from it, it is rather to give a new orientation to what exists. This requires first taking
stock of the work that has been done. Thereafter, lessons must be learned for a new start on
the mission.
We therefore make the following proposals: sensitization of the Methodist people and
the remobilization of funds-the creation of a foundation-the revaluation of the Bambara
community and Methodist "migrants"-the preparation, training and creation of a missionary
school -the relaunch of a new partnership.
INTRODUCTION GENERALE
D’un côté nous avons les déclarations du Christ ressuscité : « Allez, faites de toutes les
nations des disciples… et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la
Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » Mat. 28 : 19 et Ac. 1 : 8, des paroles qui
résonnent encore comme si c’était aujourd’hui, malheureusement pas assez audibles pour
tous.
Et de l’autre côté d’autres paroles qui disent « La mission, c'est fini ! », et que les extrémités
de la terre ont toutes entendu parler de Jésus-Christ.
La mission serait-elle une survivance d'un temps révolu ? Eh bien, non ! répond
Jacques Matthey1 dans Et pourtant la mission, un petit livre solide, court et bien écrit. Il nous
replace au cœur de ce problème à partir d'une lecture stimulante et renouvelante du livre des
Actes. Stimulante parce qu'elle nous entraîne à la découverte des situations concrètes de
l'expansion de l'Évangile et de l'activité missionnaire du premier siècle, ainsi que de la vie des
églises à l'époque où Luc écrit son récit. Renouvelante, car cette découverte nous replace au
cœur de notre responsabilité missionnaire actuelle.
L’Évangile est certes connu dans les principales régions du monde, et des églises
autonomes y sont établies un peu partout. Pourtant, d'autres barrières sont là qui empêchent
plus d'un milliard d'hommes d'entrer en contact avec les communautés chrétiennes
existantes ... C'est donc un nouveau défi qui nous est posé aujourd'hui, à la lecture de cet
ouvrage. Voici comment Jacques Matthey résume la responsabilité missionnaire au temps de
Luc :
Chaque chrétien est missionnaire dans sa marche à la suite de Jésus ; c'est ce
que dit l'Évangile de Luc. Chaque communauté est missionnaire par le
rayonnement tranquille de sa louange, du partage des biens en son sein, de son
enseignement ; c'est ce que décrivent les fameux sommaires lucaniens sur la
croissance de l'église dans le livre des Actes2.
Aujourd'hui, où en sommes-nous ? Dans un sens, notre situation est assez semblable.
Les Églises chrétiennes des diverses confessions existent un peu partout dans le monde.
Chaque Église locale est pleinement responsable de la mission dans sa région.
1
Jacques Matthey, est théologien réformé. Ses fonctions de Secrétaire général à la tête du
Département missionnaire des Eglises protestantes de la Suisse romande lui permettent de joindre à
ses compétences bibliques un précieux engagement personnel sur le terrain.
2
Jacques Matthey, Et pourtant la mission, Perspectives actuelles selon les Actes des Apôtres,
Aubonne, Ed. du Moulin, 1985, p.39.
4
C'est dire que les Eglises d'aujourd'hui sont également appelées à imaginer des
moyens, en structures et en personnes, qui permettront à l'Évangile d'être proclamé et vécu
jusqu'aux extrémités de la terre.
Nous nous réjouissons de tout ce qui a été accompli dans le passé : des centaines de
sociétés missionnaires, des milliers de jeunes Églises, l'Église solidement dressée dans
presque tous les États-nations, la Bible ou des extraits de celle-ci traduits dans plus de 2000
langues, de nouvelles sociétés missionnaires qui se créent dans des pays non-occidentaux,
plus d'un milliard de personnes qui se réclament du christianisme ; et l'on pourrait citer bien
d'autres exemples.
Nous louons Dieu pour toutes ces grandes victoires de la croix. Cependant, il nous faut
également noter que l'évangélisation du monde est loin d'avoir atteint l'objectif que le Dieu
éternel a fixé (Romains 16, 25et ss.).
En Côte d’Ivoire, tous les chrétiens réunis représentent 39,8%, derrière l’Islam avec
42,53% (RGPH, 2021). La part des chrétiens méthodistes est passée de 6,6% en 1998 à 2,2%
en 2021. Au regard de ces statistiques, la Côte d’Ivoire doit être considérée comme un grand
champ de mission.
Le graphique ci-dessous présente le poids (en %) des différentes religions en 1998 et 2021 en
Côte d’Ivoire.
5
L'Eglise doit chercher à comprendre pourquoi elle occupe cette place après un siècle
de mission chrétienne en Côte d’Ivoire derrière l’Islam et encore talonnée par les religions
traditionnelles africaines. L'Eglise doit aussi s’interroger par rapport au progrès de ses
concurrents tel que l’Islam. En effet, cette religion a surpris le monde par son expansion ces
années dernières. L’Islam est devenu une religion qui est pratiquée publiquement et par tous
dans la société. En tant que chrétien, puis en tant que Pasteur, nous sommes particulièrement
préoccupés par la problématique de la mission. La nécessité de créer de nouvelles
communautés pour les nouveaux convertis s’est imposée à nous. C’est ce que nous avons
essentiellement fait pendant notre parcours pastoral, ayant dirigé la Société des Missions
Méthodistes de 2007 à 2013, puis le Département de la Mission de 2013 à 2016. C’est pour
cette raison que nous avons choisi de réfléchir sur le sujet : Réorientation de la vision
missionnaire de l’Eglise Méthodiste Unie Côte d’Ivoire : enjeux et stratégies pour un
réveil missionnaire.
Sujet de la thèse :
Dans le cadre de notre étude en thèse, nous avons choisi de mener nos recherches sur
le sujet suivant : Réorientation de la vision missionnaire de l’Eglise Méthodiste Unie Côte
d’Ivoire : enjeux et stratégies pour un réveil missionnaire. Cette étude conduira à la
présentation de nos motivations.
6
1. Motivation
Le choix de travailler sur les questions de la mission repose sur notre vie d’hier à
aujourd’hui. En effet, notre « naissance » à la foi et dans la foi chrétienne a été enregistrée
dans l’environnement de la mission. Les premiers chrétiens qui ont porté nos pas dans le
Seigneur étaient des missionnaires, évangélistes itinérants, qui allaient de village en village
pour porter le message de l’Evangile de Jésus-Christ. Cet environnement a inscrit dans nos
« gènes » spirituels les inclinations naturelles à la propagation de l’Evangile dans l’optique
d’implanter des églises de Jésus-Christ jusqu’aux extrémités de la terre. Cette démarche vise à
rendre l’image du Christ pérenne et présente du point de vue de sa visibilité, à travers des
lieux de culte installés au cœur des zones antérieurement non-chrétiennes. Elle correspond à
la vie et à la poursuite de l’œuvre de notre Seigneur Jésus-Christ, notre modèle par excellence,
et dont l’ultime instruction est pour chaque chrétien un ordre de mission 3. Il en découle un
engagement personnel au départ balbutiant et à l’aveuglette, mais avec les yeux de la foi et le
soutien du Saint-Esprit qui encadrait l’élan de notre obéissance dans cette œuvre. Il était
également fondé sur les premiers jets de formation de base pour l’action de terrain que nous
avions reçus à l’époque.
Ainsi, nous avons été en formation de missiologie en Afrique du Sud. Les richesses
acquises dans le monde anglo-saxon et le fossé que nous avons perçu entre ces zones
sociologiques et le monde francophone en matière de missiologie permettent de mesurer
l’urgence de combler un vide, celui du cœur de l’église pour la mission. La nécessité de créer
de nouvelles communautés pour les nouveaux convertis s’est donc imposée à nous. Ayant
dirigé la Société des Missions Méthodistes de 2007 à 2013, puis le Département de la Mission
de 2013 à 2016, nous sommes particulièrement préoccupé par la problématique de la mission
dans l’EMU-CI. C’est donc pour apporter notre pierre à l’édifice que nous avons choisi de
3
Au sens professionnel du terme. La Grande Commission est une feuille de route pour la poursuite de l’œuvre
initiée par Christ sur terre. Le chrétien étant employé de Christ, reçoit de sa part cet ordre pour la mission où il
l’engage, comme un responsable administratif le fait pour son agent qu’il envoie en mission munie d’un ordre.
7
mener, dans le cadre nos études supérieures du troisième cycle, notre recherche sur la
missiologie. A n’en point douter, le sujet représente un intérêt certain pour l’église.
2. Contexte de l’étude
L'Eglise doit chercher à comprendre pourquoi elle occupe cette place après un siècle
de mission chrétienne en Côte d’Ivoire derrière l’Islam et encore talonnée par les religions
traditionnelles africaines. L'Eglise doit aussi s’interroger par rapport au progrès de ses
« concurrents » tel que l’Islam. En effet, cette religion (Islam) a surpris tout le monde par son
expansion ces années dernières.
L’Islam contrairement au passé, est devenu une religion qui est pratiquée
publiquement par tous dans la société et qui fait du prosélytisme.
Il y a de plus en plus de jeunes gens et de jeunes femmes qui affichent, sans embarras,
leur foi musulmane.
8
Premièrement, BEYERHAUS relève le motif sotériologique : Dieu veut que tous les
hommes soient sauvés (1Tim 2 : 4 ; Jn. 3 : 16.). Le but de la Mission qui correspond à ce
motif sotériologique est de voir des êtres humains sauvés, transformés et rassemblés dans des
communautés. Cette démarche conduit à deux modèles sotériologiques de la Mission.
On peut d’abord penser la « Mission comme bénédiction ». En effet, l’idée d’être béni
et l’appel à être une bénédiction pour les peuples revient plusieurs fois dans la Bible. A partir
de ce modèle, certains missiologues construisent une « théologie de l’hospitalité » en
s’appuyant sur les paraboles du grand banquet.
On peut aussi penser la Mission comme poursuite et partage « proactifs » du salut. La
théologie qui fait logiquement suite à ce modèle est une « théologie de l’évangélisation ».
Le deuxième motif cité par BEYERHAUS est le motif antagonique. En effet, Dieu
veut détruire le mal (Gen. 3 : 15 ; Exo 4-15 ; 1Rois 17-18 ; 1 Jn 3 :8). Le but de la Mission
selon cette logique, est l’engagement dans le combat contre le mal et pour le salut. Le modèle
missionnaire que l’on peut construire est le suivant : Dieu est vainqueur des puissances des
ténèbres.
4
Hannes Wiher, Qu’est-ce que la mission ? ThE vol. 9, n°2, 2010 pages 138-139
5
L’article est un extrait entièrement révisé d’un exposé présenté à l’Institut Biblique et Missionnaire Emmaüs, à
St-Légier, le 15 décembre 2008, dans le cadre de la semaine interdisciplinaire de missiologie. Hannes Wiher
enseigne la missiologie à la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine
6
Peter BAYERHAUS, Er sandte sein Wort. Theologie der christlichen Mission, SCM-Verlag 1996. p. 395-444
10
Pour les Pères de l’Eglise tout comme pour beaucoup d’Eglises du Sud opérant dans
des milieux animistes, le Christus Victor (Christ vainqueur) était et reste un motif important.
On arrive ainsi, à une « théologie de combat spirituel ».
Le troisième motif que le missiologue énumère, est eschatologique : Dieu veut régner
sur le monde entier (Ps 96-99 ; 103 : 19 ; Mt24 : 14).
Le But de la Mission qui découle de la logique eschatologique est le règne de Dieu
dans les cœurs des individus, de l’Eglise et dans le monde. On peut donc penser la « Mission
comme édification du règne de Dieu », comme implantation d’Eglises et ainsi formuler « une
théologie du règne de Dieu ».
R. S. GREENWAY7 voit dans ce motif eschatologique, le but ultime de la Mission :
constituer la foule immense qui sera rassemblée un jour devant le trône de Jésus-Christ, et qui
fait monter une louange et une adoration incessante à Dieu (Ap. 5 : 9)
Et le quatrième motif que cite BEYERHAUS est le motif doxologique : Dieu veut être
adoré par tous les peuples (Ap 5 : 9; 7: 9). Le but de la Mission qui en découle est que Dieu
soit glorifié (sanctifié) par des gens qui l’adorent, lui obéissent et le suivent. On arrive au
modèle de la « Mission comme adoration ».
Sur cette base, l’Eglise orthodoxe conçoit la Mission comme « liturgie après
liturgie » : les chrétiens sortent du culte plein de joie et en font part à leurs prochains. Ainsi,
elle formule une « théologie de liturgie ».
En plus de ces quatre modèles missionnaires, la Mission peut être vue bibliquement et
étymologiquement comme « envoi ». David Bosch cite à ce propos d’autre modèles dans son
œuvre intitulée « Dynamique de la Mission »8: la Mission comme « Eglise-avec-les-autres »,
Mission comme quête de justice, Mission comme libération, Mission comme communication,
inculturation et contextualisation pour ne nommer que les plus importants »9.
La Mission de Dieu et celle de l’Eglise ont plusieurs facettes qui sont difficiles à
cerner. Au fond, c’est le Dieu trinitaire et Missionnaire qui est souverainement à l’œuvre.
Qu’en est-il des motifs de la Mission chez le Missionnaire ? Dans le mouvement missionnaire
7
R. S. GREENWAY, op. cit, p. 26.
8
9
D. BOSCH, op. cit, pp.499-682.
11
des XIXe et XXe siècle issus des réveils anglo-saxons, les deux motifs principaux étaient
l’obéissance à l’ordre de Mission et le souci de « sauver les âmes perdues ».10
La motivation proposée par la Bible dépasse ces mobiles. En effet, la Bible présente
un « Dieu en mission, qui veut intégrer son peuple dans sa Mission. Le but de cette Mission
est que Dieu règne, qu’il soit adoré et glorifié dans la vie de tous humains.11
3. Délimitation du sujet
Nous ouvrirons également notre recherche aux membres des autres communautés
(CMA, Assemblée de Dieu, etc.) pour mesurer l’intérêt de la question missionnaire à leur
niveau.
4. Intérêt du sujet
4.1. Intérêt institutionnel
Elle s’est aussi engagée dans la formation de quelques pasteurs en exercice, ceux dont
la vocation répondait à l’action missionnaire, afin de les spécialiser en la matière. Cette
politique est clairement exprimée par la création du Département de la mission, dans
l’organisation fonctionnelle de l’EMU-CI.
notre étude apparaît comme une aubaine pour traduire les mécanismes de mise en œuvre du
projet missionnaire de l’église. L’intérêt de notre étude est donc à trouver dans les effets
bénéfiques qu’elle pourrait apporter dans le cadre des actions stratégiques à mener pour
couvrir le territoire national, voire au-delà, l’église ayant des champs de mission dans
quelques pays voisins (Guinée, Mali). Prise comme un bréviaire, notre étude pourrait indiquer
les pistes pour une meilleure couverture nationale de l’EMU-CI.
La présente étude est une contribution à l’épistémologie théologique sur les procédés
d’accomplissement de la Grande Commission. Prenant appui sur des théories existant en la
matière, elle se veut empirique. Elle se propose surtout d’ouvrir les réflexions sur le cas
particulier de l’EMU-CI dans sa politique de reconquête du pays.
L’attente est aussi orientée vers la volonté de distinguer la missiologie en tant que
domaine spécifique de la théologie pratique. Il s’agira d’amener à la communauté scientifique
à forger davantage les consciences contre les théories de la fin de la mission dans le monde
avec l’arrivée des colons en Afrique supposée avoir accompli toute l’œuvre missionnaire.
L’établissement de la vérité scientifique sur la question aiderait à souligner la nécessité de
poursuivre l’œuvre qui ne prendrait fin qu’au retour du Seigneur Jésus-Christ.
Telles sont les motivations qui ont guidé notre volonté d’aborder le sujet dans notre
recherche.
14
5. Revue de littérature
Les cours de missiologie que nous avons suivis à l’Africa School of Missions 15, ont été
un déclic. Il s’agit essentiellement du cours sur « la conscience missionnaire » (« Missionary
Awarness).
David BOSCH « La Dynamique de la Mission Chrétienne). C’est un livre qui devra
entrer dans le panthéon de la Mission chrétienne, tellement il est presque complet. C’est une
œuvre de 775 pages qui redonne à la mission la place qui est la sienne.
Cecil M. Robeck16, dans son œuvre « the azusa street mission and revival », montre
comment il y a un lien entre le réveil et la mission, comment ce réveil a été le fer de lance de
la mission chrétienne au XXe siècle. Il souligne également l’engagement, la détermination et
la persévérance d’un homme convaincue pour la cause missionnaire, le Pasteur Joseph
William Seymour.
12
David Bosch, Transforming Mission
13
Chandler H Im, & Amos Yong, Global Diasporas and Mission
14
Paul E. PIERSON, the Dynamics of Christian Mission
15
Africa School of Missions (South Africa), Année Académique 2006-2007
16
Cecil M. ROBECK, JR, The AZUSA Street Mission Revival, The Birth of the Global Pentecostal Movement.
Nashville, Emanate Book. 2006
17
Hannes WIHER. Bible et Mission, vers une théologique Evangélique de la Mission. Charols, Excelsis 2011
15
Le caractère urgent de la Mission est mis en exergue dans ce livre. Il importe dès lors
de revisiter les textes bibliques pour y discerner le Dieu missionnaire, et son approche
radicale, mais pleine de grâce ; un Dieu dont la mission est de réconcilier le monde avec lui.
18
Gabriel MONET, Vous serez mes témoins, une invitation à participer à la mission de Dieu (2015 Dammarie-
les-Lys, Éditions Vie et Santé.
19
John A. VICKERS, A Dictionary of Methodism in Britain and Ireland. Epworth Press. 2000
20
Jean PIROTTE, les stratégies missionnaires du XIXe au début du XXe siècle SCHEC, Études d'histoire religieuse,
1996
21
MARCOUILLER G., Thèse de Doctorat, Université Laval, Québec, Canada, 2017
22
Andrew BUCKLER, Jean Calvin et la mission de l’Eglise Lyon, éditions Olivetan 2008
23
Thomas Schirrmacher (Ed.) Calvin and World Mission Hambourg édition afem – mission classics 2009
16
D’autres auteurs de plus en plus nombreux semblent aller plus loin en étant plus exigeants vis-
à-vis de l’Eglise aujourd’hui. Ils revendiquent un caractère nouveau de l’Eglise : l’Eglise doit
être plutôt « missionnelle » que missionnaire. La mission, pour eux n’est pas réservée à un
groupe de personnes dans l’Eglise ou encore moins une activité parmi tant d’autres activités
de l’Eglise. Ce sont :
- Rob Wegner & Jack Magruder, Missional Moves, Grand Rapids Michigan, Zondervan
2012
- Michael FROST, The road to Missional, Journey to the center of the Church, Grand
Rapids Michigan, Baker Books, 2011
- Alan J. Roxburgh and M. Scott Boren, Introducing the Missional Church (Allelon
Missional Series): What It Is, Why It Matters, How to Become One, Grand Rapids
Michigan, Baker Books, 2009
- Ed Stetzer and Daniel Im, Planting Missional Churches: Your Guide to Starting
Churches That Multiply Nashville, Tennessee, B&H Academic 2016
Des Etudiants de l’EMU-CI tels que Célestin AKAFFOU ont écrit des mémoires qui
abordent la question de l’urgence de la mission et de l’évangélisation.
6. Problématique
Trois dates importantes nous aident à forger la problématique de notre travail. 1924, 1964
et 1984.
1924 : cette date marque le début de la Mission méthodiste Britannique en Côte d’Ivoire.
1964 : les Missionnaires Britanniques ont déclaré la fin de l’époque missionnaire. Une
cérémonie officielle a marqué le départ du territoire Ivoirien, de tous les missionnaires
(Britanniques, Français, Dahoméens, Ghanéens, Togolais, Camerounais…).
Ce nouveau départ en mission soulève de sérieux problèmes : en amont (pour ceux qui
doivent partir en mission), c’est le manque de sensibilisation, de préparation et de formation
17
de l’EMUCI dans cette aventure. Comment peut-on lancer des expéditions missionnaires avec
une église où les ouvriers sont tous (100%) des pasteurs d’église formés pour administrer des
églises. C’est comme remettre des treillis (tenue de combat militaires) et des armes aux civils
et les envoyer aux fronts. Ce serait inévitable des chairs à canon, de pauvres soldats
considérés comme inutiles face aux tirs d'artillerie.
En aval (ceux qui sont déjà sur les champs de mission), les champs de mission qui se sont
créés d’eux-mêmes pour certains et pour d’autres qui ont été créés ne peuvent pas relever les
défis qui se dressent devant eux. Il est bon de préciser que ces chrétiens méthodistes dans ces
zones ne sont pas des missionnaires attitrés, mais plutôt, des migrants, fonctionnaires,
commerçants et autres de professions libérales, presque tous sont de passage dans ces zones.
Ils ne sont donc pas suffisamment outillés pour entrer pleinement dans la Vision
Missionnaire.
Ces derniers n’ont ni les moyens humains et matériels, ni les compétences missionnaires
pour engager une quelconque action missionnaire. Ils se retrouvent du coup abandonné par la
base comme des soldats sur le front des combats sans munitions. Ce serait inévitable un
suicide.
Quelles réponses devrait-elle donner aux champs de mission qui se créaient ici et là et même
au-delà des frontières ivoiriennes au nom de l’EMUCI ?
7. Question de recherche
Comment comprendre qu’il y ait peu de communications sur l’œuvre missionnaire dans
les cultes dominicaux et les assemblées ? Qu’est-ce qui justifie la contribution financière de
l’EMU-CI si infime dans les budgets de l’Eglise, pour la mission par rapport à la vision
18
missionnaire ? Pourquoi l’envoi et le soutien aux Missionnaires sur les champs se font-ils
timidement ? Quelle est la place du Missionnaire dans l’œuvre de développement de l’EMU-
CI ? Quelle est l’importance de la Mission pour la survie de l’Eglise ? Dans quelle mesure la
nécessité de donner une nouvelle orientation à la Mission au sein de l’EMU-CI s’impose-t-
elle aujourd’hui ? En quoi les enjeux d’une telle orientation sont-ils en faveur de la Mission ?
Telles sont les questions fondamentales que soulèvent notre thème. Dans cette
perspective, l’EMU-CI, en tant qu’église en mouvement, doit pouvoir percevoir l’urgence de
repenser la Mission dans sa politique de reconquête du territoire national.
Pour répondre à ces questions de recherche, nous sommes partis des hypothèses de
recherche, celles-ci étant la réponse présumée à la question qui oriente une recherche. Cette
étude part de l’hypothèse principale selon laquelle l’EMUCI a le potentiel humain, stratégique
et spirituel pour un nouveau départ en mission
8. Hypothèse de travail
8.1. Hypothèses de la recherche
9. Objectifs du travail
9.1. Objectifs de la recherche
A travers cette étude, nous entendons donc construire et proposer une réflexion
missiologique au sein de l’EMUCI. Au moment où l’Eglise entame sa marche vers le
deuxième centenaire, le temps est peut-être bien choisi pour stimuler la réflexion
missiologique.
11. Méthodologie
21
Nous consulterons des écrits sur la Mission et autres ouvrages sur le sujet. Nous
parcourrons les bibliothèques. Les expériences empiriques contenues dans les ouvrages
constitueront une source de culture pour la formulation de stratégies à mettre en œuvre pour
atteindre les objectifs fixés.
Outre ces points d’accès physique, nos recherches seront étendues à Internet en
consultant des mémoires et thèses surtout sur les sites Academia, Erudits, papyrus de
Montréal....
Les responsabilités que nous avons occupées nous mis ont mis en contacts avec
certaines réalités. Ces observations seront renouvelées pour mieux recueillir et actualiser les
données nécessaires à notre étude.
Cela nous permettra de dégager une analyse comparative entre différentes zones de la
même église.
Annonce du plan
1. Le Plan
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE
Aperçu Biblique et Historique de la Mission
Chapitre I : Aperçu Biblique la Mission (Mission Dei)
Chapitre II : La Reforme et la Mission
Chapitre III : Les Réveils religieux du XVIIIe siècle
Chapitre IV : Le Réveil d’Azusa et la Mission
DEUXIEME PARTIE
Etats des lieux
Chapitre I : Sur les champs Méthodistes du Bénin, du Ghana et du Togo
Chapitre II : L’EMUCI et la mission
Chapitre III : Sur les champs de certaines communautés Chrétiennes en Côte d’Ivoire
Chapitre IV : Sur le champ de l’EMUCI à l’extérieur : Guinée-Conakry, Guinée-
Bissau)
TROISIEME PARTIE
Propositions de quelques stratégies
Chapitre I : : La voie du Partenariat
Chapitre II : La voie des Migrants
Chapitre III : La voie de la formation
Chapitre IV : La voie Intégrale ou Holistique et l’Investissement
CONCLUSION GENERALE.
23
Approche définitionnelle
Mission
Quand il s’agit de l’envoi par Dieu, les mots utilisés pour « envoyer » expriment un
mandat particulier, une « mission ». La personne ainsi chargée d’un message de Dieu, l’«
envoyé de Dieu », le missionnaire (en hébreu shaliahet en grec apostolos), est donc en
quelque sorte le «plénipotentiaire» de Dieu.
David J. Bosch24 explique que « la mission est ainsi vue comme un mouvement de
Dieu vers le monde ; l'église est considérée comme un instrument pour cette mission. Il y a
église parce qu'il y a mission, et non l'inverse. Participer à la mission, c'est participer au
mouvement de l'amour de Dieu envers les hommes, puisque Dieu est une source d'envoi
d'amour ».
S'exprimant au nom de The Gospel and Our Culture Network, Darrell Guder 25 écrit
ceci : « Nous en sommes venus à voir que la mission n'est pas simplement une activité de
l'église. Au contraire, la mission est le résultat de l'initiative de Dieu, enracinée dans les
desseins de Dieu de restaurer et de guérir ».
La missio Dei :
La base théologique de la mission peut ainsi se décrire : l’envoi du Fils par le Père, et celui de
l’Esprit par le Père et le Fils, c’est-à-dire la « mission de Dieu » (missio Dei).
Le concept théologique sur la Missio Dei s’étend désormais à l’Eglise. Initialement, c’était
Dieu le Père envoie le Fils, et Dieu le Père et le Fils envoient l'Esprit. Maintenant il faut
ajouter le Père, le Fils et le Saint-Esprit envoient l'église dans le monde.
La mission de l’Eglise n'a pas de vie propre : ce n'est qu'entre les mains du Dieu l’envoie
qu'elle peut vraiment être appelée mission. D'autant plus que l'initiative missionnaire vient de
Dieu seul...
L’objectif final d'une telle Missio Dei est la glorification du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Missionnaire
24
David J. Bosch, Transforming Mission, Maryknoll: Orbis Books, 1991, Pp.389–390.
25
Darrell L. Guder, ed., Missional Church: A Vision for the Sending of the Church in North America (Grand
Rapids, MI: Eerdmans, 1998), P.4
25
Le missionnaire selon le Maxi poche26 « est un prêtre, pasteur, religieux envoyé pour prêcher
une religion, pour évangéliser un peuple ».
Encyclopedia27 of World History abonde dans ce même sens : « Un missionnaire est un
croyant qui partage ses croyances religieuses avec quelqu’un qui n’a pas les mêmes
croyances ».
Il est certes vrai que le mot n’apparait pas dans le Nouveau Testament, mais il selon Patrick
Johnstone29, « le terme grec « apôtre » et ses dérivés, sont très fréquents dans les évangiles et
autres écrits néo-testamentaires, a la même signification (« envoyé ») que le mot «
missionnaire ».
Eglise missionnaire
Alan Hirsch30 croit que le mot missionnaire va au cœur de la nature même et du but de l'église
elle-même. Il poursuit : « …l'église missionnaire est une communauté du peuple de Dieu qui
se définit et organise sa vie autour de son véritable objectif d'être un agent de la mission de
Dieu dans le monde ».
L’Eglise doit donc sortir de ses quatre murs pour être sur la terre de mission. C’est ce qui
glorifiera Dieu.
26
Maxipoche 2014 © Larousse 2013
27
(William H. McNeill, Jerry Bentley et Christian, Berkshire Encyclopedia of World History, USA, Berkshire
Publishing Group, 2010, 2e éd., p. 1718.)
28
Michael W. Goheen, Introducing Christian Mission Today: Scripture, History and Issues, InterVarsity Press,
USA, 2014, p. 61)
29
Patrick Johnstone, The Future of the Global Church: History, Trends and Possibilities, InterVarsity Press, USA,
2014, p. 226
30
Alan Hirsch, The Forgotten Ways, Grand Rapids, MI: Brazos Press, 2006, 82.
26
Alan Hirsch31 poursuit son idée en ces termes : « Quand l'église est en mission, c'est la vraie
église. L'Église elle-même n'est pas seulement un produit de cette mission, mais elle est
obligée et destinée à l'étendre par tous les moyens possibles ».
Mission et Evangélisation
Pour Gabriel MONET32 les deux mots, mission et évangélisation (du grec biblique
« euangelizo », signifiant « annoncer la Bonne Nouvelle), ont des rapports complexes…Ils ont
souvent été accolés pour signifier une même dynamique de communication et de partage de
l’Evangile.
Dans la pensée populaire, la mission était associée à une action lointaine en terre non
chrétienne et assumée par quelques volontaires appelés missionnaires ; alors que
l’évangélisation était son corollaire en chrétienté. Une complémentarité existe entre les deux
notions.
Pour nous, la mission est donc plus large que l’évangélisation qui pourrait être
considérée comme une sous-partie de la mission.
L’encyclopédie du protestantisme33 souligne que la Mission est souvent synonyme
d’évangélisation.
Missiologie
31
32
Gabriel MONET, Vous serez mes témoins, une invitation à participer à la mission de Dieu,
Dammarie-les-Lys, Editions vie et santé 2015. P12 et 13
33
Pierre GISEL et Lucie KAENNEL, Encyclopédie du Protestantisme, Quadrige/PUF Paris Labor et Fides,
2006. p. 907.
27
Dans son ouvrage La missiologie. Émergence d’une discipline théologique (2004), Jean-
François Zorn, historien et missiologue, définit la missiologie comme «la théorie et la pratique
de l’apostolè biblique »36.
Réorientation
Orientation
C’est « l’art de reconnaître l'endroit où l'on est, en déterminant les points cardinaux »38
Réorientation
Kernerman39 la définit comme étant l’action d'orienter, de diriger quelqu’un ou quelque chose
dans une nouvelle direction
34
Marc SPINDLER, « Missiologie anonyme ou missiologie responsable », La Revue Réformée 34/1, 133, 1983, p.
2536
35
Klauspeter BLASER, « À quoi sert la missiologie ? », Journal des Missions Évangéliques 160/1,1985, p.21-28
36
Jean-François ZORN, La missiologie. Émergence d’une discipline théologique, Genève, Labor et Fides, 2004, p.
101 (titre du chapitre 4 dans lapartie III).
37
Maxi poche 2014 Larousse 2013
38
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877
39
Kernerman English Multilingual Dictionary © 2006-2013 K Dictionaries Ltd.
28
Vision
En termes de physiologie, selon Émile Littré's Dictionnaire 40, la vision est une fonction
sensoriale par laquelle les yeux mettent l'homme et les animaux en rapport avec le monde
extérieur, par l'intermédiaire de la lumière.
Dans le cadre d’une entreprise, la vision, est un énoncé qui sera utilisé principalement en
interne avec vos employés et partenaires.
La vision permettra de définir où vous voulez aller, de communiquer clairement ce que vous
désirez atteindre comme objectifs, de mobiliser et de motiver les gens pour vous suivre dans
cette vision.
Enjeux
Kernerman41 Dictionary definit « enjeux » comme étant l’argent mis en jeu au début d'une
partie, ce qu'on peut gagner ou perdre. Par exemple, les enjeux d'une élection.
Stratégies
Maxi poche Larousse42 dit de la stratégie qu’elle est l’art de coordonner l'action de forces
militaires pour la défense d'une nation. L’art de manœuvrer habilement pour atteindre un but.
Émile Littré's Dictionnaire43 complète la définition en ajoutant que c’est l'art de préparer un
plan de campagne, de diriger une armée sur les points décisifs ou stratégiques, et de
reconnaître les points sur lesquels il faut, dans les batailles, porter les plus grandes masses de
troupes pour assurer le succès.
Réveil
Le réveil selon le Grand Larousse45 est Cessation de sommeil. Un doux réveil. C’est un retour
à l’activité : regain, renaissance, renouveau, retour - résurrection, revivification, reviviscence.
Réorientation : quand nous disons « réorientation », cela veut dire qu’il y a déjà une
orientation. Il faut seulement proposer ou donner la bonne orientation. Ce n’est donc pas un
véritable recommencement.
Réveil : Dans notre contexte nous n’abordons par le réveil par rapport l’actualité de
l’EMUCI, mais nous voudrions plutôt parler de réveil par rapport à l’Histoire du méthodisme
en Côte d’Ivoire qui s’est faite dans le réveil.
Enjeux : Une Eglise en mission est une Eglise qui est naturellement réveillée. Elle est donc
dans les dispositions d’accroitre son effectif. Les dernières statiques donnent une nette
régression à l’EMUCI : de 6,6% à 2,3%. Le risque est grand. L’effectivité de la mission peut
aider à arrêter cette hémorragie humaine.
Stratégique : c’est un art. Nous voudrions dire qu’il faut confier la mission aux artistes, aux
spécialistes de la mission.
La vision : elle est déterminante : que veut-on concrètement dans 10, 20, 30...50 ans ? Où va-
t-on ?
45
Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
30
Introduction
Elisha KWABENA46 MARFO, dans son article « Who Said, No Mission In The Old
Testament » a essayé de répondre à ces préoccupations.
Il cite Eckhard J. Schnabel47 qui soutient qu'il n'y a pas d’ordre qui envoie des gens en mission
dans l'Ancien Testament, contrairement à ce que l'on trouve dans le NT. Pour lui, Dieu n'a pas
tracé un plan sérieux pour propager son message ».
La difficulté ici est que l’on veut entendre et comprendre la Mission sous l’angle du Nouveau
Testament.
Sinon, si la Mission se définit aussi par l’envoi par YHWH, de personnes pour accomplir des
tâches particulières, les exemples ne manquent pas.
C’est pourquoi Rzepkowski48 fera une approche plus fondamentale : « la différence décisive
entre l'Ancien Testament et le Nouveau Testament est la Mission. Le Nouveau Testament est
essentiellement un livre sur la mission. Même ainsi, l'Ancien Testament est fondamental pour
la compréhension de la mission dans le Nouveau Testament ».
46
Elisha Kwabena Marfo, PhD is a Lecturer of Old Testament Languages, Exegesis, and Theology at Valley View
University, Oyibi-Accra, Ghana.
47
Eckhard J. Schnabel, Early Christian Mission, 2 vols. (Downers Grove, Illinois: InterVarsity, 2004).
48
Rzepkowski, Horst. “The Theology of Mission.” Verbum SVD 15 (1974) : 79-91
32
Pour notre part, nous estimons que Dieu avait prévu dans son plan de ne pas abandonner
l’Homme.
La volonté de YHWH de sauver le monde, l’homme déchu…n’a pas varié d’un iota depuis la
chute. YHWH va se mettre en Mission lequel concept est appelé aujourd’hui la Mission Dei.
En fin stratège, YHWH va utiliser des stratégies pour atteindre cette vision.
Dieu va se choisir des voies telles que l’Alliance, un Peuple, une Terre et un Messie pour la
réalisation de ce projet. L’Alliance en sera le principal fil conducteur de cette stratégie.
L’Alliance
« Hébreu berit, grec diathèkè = pacte au moyen duquel des personnes ou des sociétés unissent
leurs intérêts ou stipulent les conditions de leur activité commune. Le mot diathèkè signifie
aussi Testament49 ».
a. La Condition
b. La Promesse
c. Le signe
Aussitôt que Adam a péché, Dieu a promis un Sauveur, et a tout de suite pourvu à un moyen
temporaire de venir à lui par le biais de sacrifices. Toutes les alliances de YHWH avec
l’homme sont conclues par du sang
Et au cœur de la Nouvelle Alliance se trouve bien sûr le sacrifice parfait de Jésus, offert sur la
croix une fois pour toutes pour tous les hommes de tous les temps.
49
Dictionnaire Biblique Westphal
33
Pour saisir toutes les dimensions du salut, nous devons observer la séquence des quatre
principales alliances qui préparent la voie à la Nouvelle Alliance en Jésus-Christ.
Genèse 3 raconte comment Adam et Eve ont rompu l'alliance avec Yahweh et donc entre eux
et avec la terre. Cela a amené le jugement et la séquence d'alliances qui structurent en grande
partie toute l'histoire de la Bible.
Bernard Renaud50 fait remarquer que « cette alliance met en quelque sorte le sceau au projet
créationnel de YHWH... Ce que montre du reste la table des peuples qui suit (Gn 10) où
s'épanouit le processus d'engendrement qui donnera naissance à l'humanité »
Le verset 13 emploie l'expression "l'alliance entre moi et la terre" (verset 13). C'est donc une
alliance entre YHWH, tous les peuples et toute la terre, avec toutes ses créatures.
Nous remarquons une évolution dans cette alliance surtout avec des références de plus en plus
larges : "toute créature vivante qui est avec vous" (versets 10, 12) "tout animal de la terre avec
vous" (verset 10) "toute créature vivante de toute chair qui est sur la terre" (verset 16) "toute
chair qui est sur la terre" (verset 17).
Cette alliance promet que Dieu « ne détruira plus jamais » la terre par le déluge. Dieu promet
dans cette alliance de préserver la terre. Il prépare ainsi avec les peuples de la terre la voie au
plan de salut de Dieu.
Bernard Renaud51 dit qu’avec Abraham, l’Alliance se précise : « Avec le passage à l'époque
patriarcale, l'amplitude de l'alliance se réduit de façon très significative. D'une alliance avec
50
Bernard Renaud, L'alliance au cœur de la Torah. Cahiers Evangile N° 143. Paris Les Editions du Cerf. 2008.
Page 8
51
Bernard Renaud 12
34
l'humanité on passe à une alliance avec un individu, Abram/Abraham. Autrement dit, Dieu
opère désormais une sélection qui sera de plus en plus rigoureuse jusqu'à la fin de la Genèse
».
Dieu lui promet alors que « ce sera quelqu’un issu de ses entrailles », un fils appelé à devenir
une multitude.
La promesse de la terre
La finale de cette section mentionne le « don » de la terre, comme troisième composante des
biens de l’alliance.
En Gn 15, la terre constituait, avec la descendance, l’objet de la promesse (15 ; 18). Ici, elle
ne vient qu’en dernier lieu, après l’annonce d’une fécondité.
« C'est la terre que Dieu donne en gage à son élu. C'est pourquoi, l'alliance perpétuelle fera de
cette terre « une propriété perpétuelle ». L'essentiel est d’« être avec » Dieu sur cette terre où
le patriarche ne fait que pérégriner (v. 8) »52.
Par la circoncision ; Abraham et ses descendants reconnaissent cette appropriation par Dieu ;
et puisque l’alliance est « perpétuelle » ; le signe de cette alliance le sera aussi : « mon
alliance deviendra dans votre chair une alliance perpétuelle » (Gn 17 : 13b)
52
Bernard Renaud. Page 19
35
Les versets suivants précisent ce qui est requis d’Abraham : « voici mon alliance que vous
garderez entre moi et vous…tous vos mâles seront circoncis » (v 10).
Dieu a choisi une personne qui est finalement devenue une nation élue, Israël. C’est à travers
cette personne, puis le peuple qui naitra d’elle, que Dieu a ouvert la voie à l'histoire
salvifique.
Lorsque Dieu appelle Abram et fait alliance avec lui, c'est mille ans avant l'émergence du
royaume d'Israël.
Pour être une bénédiction pour la nation, Abraham doit d'abord partir. C'est la nature
missionnaire même de Dieu.
Depuis Genèse 1-11, la mission de Dieu a été rendue perplexe par les péchés humains, mais
ici un nouveau départ commence par l'obéissance d'Abraham. Il a été béni d'être une
bénédiction.
C'est une étape clé du plan rédempteur de Dieu pour toute la famille humaine et la terre
entière.
Dieu va suivre son fil conducteur, un plan spécifique pour sauver le monde à travers l'alliance
spécifique avec Abraham.
Isaac et Jacob seront cohéritiers de la même promesse. C’est pourquoi Jacob a dû quitter l’exil
(Laban) pour regagner sa terre natale pour perpétuer l’alliance.
Schmid, Konrad54, cité par des rédacteurs, ne fait que corroborer. Parlant du refugié Jacob, il
dit ceci : « …Il (Jacob) devait revenir parce qu’il porte en lui la Mission Dei. C’est lui qui a
reçu les paroles de l’Alliance. Il est comme en athlétisme, le porteur du témoin. Il doit le
passer. Une fois de retour il ne pouvait qu’occuper la terre parce qu’il est le propriétaire
53
John H. Walton, Genesis Zondervan, Grand Rapids, Michigan 2001. Page 509
54
Oded Lipschits, Yuval Gadot, Matthew J. Adams, Rethinking Israel: Studies in the History and Archaeology of
Ancient Israel in Honor of Israel Finkelstein. Pennsylvania State University Press, 2017. Page 356
36
terrien. Dans le livre de la Genèse, la terminologie « Israël » est bien ancrée pour les douze
tribus, y compris Juda et Benjamin »
L’idée de sélection mentionnée plus haut par Bernard Renaud, sera toujours présente : « Au
cours du récit patriarcal, des peuples seront progressivement écartés, telles les tribus nomades
de l'Arabie du Nord avec Ismaël fils d'Abraham ou les Édomites avec Ésaü fils d'Isaac. Jacob,
appelé Israël sera, seul, l'ancêtre des « fils d'Israël ». C'est uniquement avec ces derniers que
l'alliance sera renouvelée »55.
L'Exode est donc l'histoire de l'esclavage d'Israël en Égypte et de sa délivrance par Moïse.
Careth Crossley56 annonce ainsi l’entrée en scène de Moïse : « Si Dieu suscita Joseph comme
libérateur des enfants d’Israël à leur entrée En Egypte, Il suscita Moïse quatre cents ans plus
tard comme leur libérateur à leur sortie d’Egypte »
Après avoir délivré le peuple d'Égypte, Moïse est conduit Israël au Sinaï. Là, Dieu établit une
alliance nouvelle et décisive, comme nous le lisons notamment dans Exode 19 et 20. Yahweh
dit à son peuple : « …Maintenant donc, si vous obéissez à ma voix et gardez mon alliance,
vous serez mon bien-aimé parmi tous les peuples. Certes, toute la terre est à moi, mais vous
serez pour moi un royaume sacerdotal et une nation sainte" (Ex 19 :4-6)
La fonction d'un prêtre est d'amener les autres dans la présence de Dieu.
Israël est désigné comme un type particulier de royaume. Ce sera un royaume marqué par le
sacerdoce. Ce sera un royaume dirigé par des prêtres dépendant de la foi en Yahweh, une
nation servante.
Israël appartiendra à Dieu en passant du temps dans l'adoration et en amenant également les
nations dans la présence divine.
L'expression qui suit « royaume des prêtres » est « nation sainte ». C'est la Cité de Dieu, le
Royaume de Dieu.
Dieu va par la suite doter son peuple de moyens pour renforcer leur relation. Moise va ainsi
bénéficier d'une théophanie particulière, « au cours d'un face-à-face avec Dieu, dans un
dialogue intime entre YHWH et son élu, Moïse va recevoir le décalogue »57.
Le médiateur Moïse recevra par la suite d’autres consignes, entre autres le sabbat.
Comme une armée, Dieu venait ainsi de la former et de l’équiper pour les prochaines
échéances en suivant toujours le même fil conducteur : sauver l’humanité.
Les hommes changent, les générations passent mais la réalité est toujours la même. C’est la
volonté de Dieu de sauver l’humanité qui a fui devant la face de Yahweh, son Créateur,
depuis la chute dans le jardin d’Eden.
Dieu qui est en mission pour sauver l’humanité va se doter de nouveaux instruments. Ainsi
Après Abraham, Dieu va se créer désormais une nation sainte et un royaume de prêtres. Ce
couple sacerdoce royal et nation sainte sera balisé par un code, le décalogue, une présence
pour la rencontre avec Dieu, un sanctuaire, le Tabernacle, un jour de commémoration, le
sabbat et une marque distinctive, la circoncision.
57
Bernard Renaud. Page 33
38
Bernard Renaud58 pouvait conclure en ces termes : « …c’est un peuple organisé autour du
sanctuaire, le peuple de Dieu en ordre de marche, qui se met en route pour prendre possession
de la terre, ultime composante de la promesse ».
L’Alliance Davidique qui sera conclue plus tard dotera le peuple d’un roi emblématique :
David avec Jérusalem comme capitale. John Bergsma et Brant Pitre disent ceci : « Le but
principal de l'alliance davidique est qu'il établit « le roi davidique comme fils de Dieu ».
Ses descendants bâtiront après lui le premier temple en remplacement du Tabernacle mobile.
N’est-il une personne qui, par son action, a plus ou moins tracé les sillons pour les différentes
missions chrétiennes dans la Bible et à travers l’Histoire du christianisme ?
58
Bernard Renaud. Page 30
39
Sa vocation
« Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et crie contre elle ! car sa méchanceté est montée
jusqu’à moi » Jonas1 : 1.
Sa vocation n’est pas différente de celles des disciples et apôtres du nouveau Testament,
principalement celle de l’apôtre Paul sur la route de Damas.
Son refus
« Et Jonas se leva pour s’enfuir à Tarsis, loin de la face de l’Eternel. Il descendit à Japho, et il
trouva un navire qui allait à Tarsis ; il paya le prix du transport, et s’embarqua pour aller avec
les passagers à Tarsis, loin de la face de l’Eternel » Jn.1 : 2.
A la différence de Moïse qui au début de son appel, hésita, mais finit par dire oui, « Jonas
s’avère être le seul prophète de toute la Bible hébraïque à refuser catégoriquement un ordre de
YHWH et à faire le contraire » selon Habib59.
C’est un cas d’école à prendre en compte pour la formation des futurs missionnaires. Ce ne fut
pas un refus définitif comme dans le cas du jeune homme riche.
Ninive
Quel était le péché de Ninive ?
Dieu reproche à Ninive son caractère méchant : « Comme pour Babylone, Ninive n'est jamais
mentionnée favorablement dans les récits bibliques »60.
59
Habib, S. (2014), « Who Converts Whom? A Narrative-Critical Exegesis of the Book of Jonah », Biblical
Theology Bulletin, 44/2, p. 67-75.
60
Mark, Joshua J. "Ninive." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. World History
Encyclopedia, 06 mars 2011.
40
Ninive était comme Sodome et Jonas devait annoncer le prochain châtiment de la nouvelle
Sodome.
C'est dans cette ville que Jonas n'a d'abord pas voulu aller. Maintenant, il obéit à la parole du
Seigneur et va à Ninive.
Cela peut nous rappeler l’Apôtre à Athènes, ou les autres apôtres dans les nombreuses villes
hostiles à l’évangile.
L’Éternel voulait enseigner à Jonas de nouvelles leçons sur son plan universel pour ce monde,
sur l'étendue de son amour pour toutes les nations.
Ninive qui est une ville étrangère rappelle à l’Eglise et aux missionnaires où les terres de
mission se trouvent réellement : c’est parfois des terres agressives, ennemies, hostiles…des
terres à risque.
Ninive qui est une ville étrangère, une ville méchante rappelle aux missionnaires qu’il n’y a
pas de missions impossibles.
Le plan de Dieu n'a pas changé. Jonas doit se rendre à Ninive. Dieu fait preuve d'une grande
patience envers Jonas. Il utilise un serviteur têtu et rebelle pour accomplir son plan.
La mission ne se fait pas selon le propre modèle de Jonas, encore moins par sa propre
compréhension, mais selon celui de Dieu !
Son message
Jonas marche pendant une journée dans Ninive et fait une prédiction – sa seule – qui,
historiquement, aurait été suicidaire : « encore 40 jours et Ninive sera renversée » (Jon 3, 4).
C’est un message est sec, dur et dur que Jonas prêche. Laffitte 61 ne dira pas le contraire : «
C'est non seulement une catastrophe en soi, mais aussi et avant tout une véritable
condamnation à mort qui est prononcée…Jonas le fait, et le fait bien, avec une telle éloquence
61
Jacques Laffitte Jonas, le pardon, mode d’emploi. Perche en Nocé Orne 2012. Page 15
41
que les "gens de Ninive crurent à Dieu, ils publièrent un jeûne, et se revêtirent de sacs, depuis
les plus grands jusqu'aux plus petits." (J 3-5 S). »
Son message nous rappelle celui Jean-Baptiste. C’était un message sans compassion ni
espoir. Jonas est un messager de la colère de Dieu.
Le bilan de sa mission
La réponse des Ninivites à ce message de destruction est tout simplement incroyable. Le
message est un succès instantané.
Ils ont cru Dieu. Les habitants de Ninive ont revêtu un sac en signe de deuil. C'est ainsi que
Ninive se repent.
Le fier roi de Ninive donne l'exemple approprié. Il descend de son trône et enlève ses robes
royales. Devant le Seigneur, il abandonne sa dignité royale. Il s'humilie et demande à tous de
suivre son exemple.
L'activité missionnaire la plus évidente est enregistrée dans le livre de Jonas. Ce prophète
n'était pas disposé à aller accomplir la commission de Dieu. À la fin, il s'est demandé ce qui
n'allait pas avec Dieu lorsqu'il a sauvé les cruels Ninivites. Jonas a vu le salut des Ninivites
comme un mal, et il a refusé d'être d'accord avec cette compassion sans précédent de Dieu
(Jean 3 :10 ; 4 :1) 22. D'une manière dramatique, Dieu a enseigné à Son disciple l'universalité
du salut de Dieu (Jonas 4 :6-11). Le Seigneur a démontré son amour désintéressé pour tous,
même pour les ennemis de son peuple.
Le ministère de Jonas peut être considéré comme une expédition missionnaire. Les auteurs et
théologiens qui s’opposent à cette assertion se contredisent parfois. Kaiser62 en cite deux :
« Leslie Allen a nié que Jonah était un tract missionnaire, mais curieusement, il a, dans le
même souffle, soutenu qu'il fournissait une base solide sur laquelle la mission du Nouveau
Testament pourrait s'appuyer ».
Mais comment cela pourrait-il être si le livre ne fournissait pas à l'origine la base pour une
telle fondation ?
62
Walter C. Kaiser Jr. Israel as a Light to the Nations Grand Rapid Baker Academic. 2012. Page 68
42
Une conclusion tout aussi mitigée est venue de « Robert Martin-Achard63, qui a également nié
que Jonas ait illustré une mission active auprès des Gentils, mais qui a néanmoins trouvé
étrangement une mission pour l'église chrétienne ».
Matthieu 12 :39 Il leur répondit : Une génération méchante et adultère demande un miracle ; il
ne lui sera donné d'autre miracle que celui du prophète Jonas.
Matthieu 12 :40 Car, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d'un grand
poisson, de même le Fils de l'homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre.
Matthieu 12 :41 Les hommes de Ninive se lèveront, au jour du jugement, avec cette
génération et la condamneront, parce qu'ils se repentirent à la prédication de Jonas ; et voici, il
y a ici plus que Jonas.
Le Christ cite Jonas afin de dépeindre le péché de son peuple à cette époque.
Conclusion
Le livre de Jonas est donc un modèle, un appel missionnaire, mieux un appel missionnaire à
risque. Il a reçu son appel pour aller prêcher dans un pays étranger. Son message était un
appel à la repentance, à la conversion.
Israël en tant que peuple de Dieu pour être une lumière pour les nations
Dieu avait stratégiquement placé Israël pour qu'il soit « une lumière pour les nations » par la
sélection des terres qu'ils devaient habiter.
63
Walter C. Kaiser Jr. Page 68
43
Christophe J.H. Wright64 souligne qu’« Israël ne vivait pas dans un isolement hermétique du
reste du monde. Au contraire, ils n'auraient pas pu vivre sur une scène internationale plus
encombrée ».
Michael Bird65 affirme que « le prophète Isaïe, tout au long de son livre, démontre qu'Israël
avait une mission mondiale auprès des nations et qu'il est possible de tracer une progression
en termes de partage des nations dans le salut à venir avec la restauration d'Israël ».
Dans Esaïe 40-55, les nations sont appelées à adorer le Seigneur qui est justice pour tous les
peuples (par exemple 40 : 5 ; 42 : 1-4, 10-12).
Esaïe 45 : 20-25 "invite le reste des nations à se tourner vers YHWH pour le salut.
Le prophète Esaïe, tout au long de son livre, démontre qu'Israël avait une mission mondiale
envers les nations.
« Moi, l’Eternel, je t’ai appelé pour le salut, Et je te prendrai par la main, Je te garderai, et je
t’établirai pour traiter alliance avec le peuple, Pour être la lumière des nations » Esaïe 42 : 6
Dans la mission du Serviteur en Isa 42, le Messie est appelé à servir d'alliance avec le peuple
et de lumière aux nations. Au v. 6, YHWH annonce qu'il « t'a appelé dans la justice, je t'ai pris
par la main et vous a gardé ; Je t'ai établi comme une alliance avec le peuple, une lumière
pour les nations.
Il devient un lien entre YHWH et son peuple, ainsi qu'une lumière pour les nations. En ce
sens, on voit que le salut de YHWH n'est pas réservé uniquement à Israël, mais aux peuples
de toutes les nations. Le mandat du Messie est d'amener les nations à partager le salut de
Dieu.
« Et pour ramener les restes d’Israël : Je t’établis pour être la lumière des nations, Pour porter
mon salut jusqu’aux extrémités de la terre » Esaïe 49 : 6.
64
Christopher J.H. Wright’s, The Mission of God, 467.
65
Michael F. Bird, “’A Light to the Nations’ (Isaiah 42 :6 and 49:6): Inter-textuality and Mission Theology in the
Early Church,” The Reformed Theological Review 65:3 (December 2006): 123.
44
Pendant que le Serviteur Messianique sert en tant que lumière de YHWH pour les nations, Il
atteint les extrémités du monde avec le salut de YHWH. Ici, le mouvement de la mission du
Serviteur de YHWH est souligné là où le Messie cherche à apporter le message salvifique de
YHWH aux nations.
Bird66 ajoute, concernant ce salut universel ceci : « Le Dieu qui a créé le monde s'est engagé à
son bien-être ; il y a une « alliance » entre Dieu et la race humaine implicite dans l'acte de
création lui-même. Et le Serviteur, en tant qu'alliance pour le peuple et lumière pour les
Gentils, doit être l'incarnation même de cette alliance ». C'est par lui que les desseins de Dieu
pour ce monde seront réalisés.
Israël devient un lien entre YHWH et son peuple, ainsi qu'une lumière pour les nations. En ce
sens, on voit que le salut de YHWH n'est pas réservé uniquement à Israël, mais aux peuples
de toutes les nations. Le mandat du Messie est d'amener les nations à partager le salut de
Dieu.
Dieu s'engage dans une mission universelle qui cherche à réconcilier l'humanité avec Lui-
même. Le but ultime de la mission universelle est d'offrir son salut à l'humanité. Le salut est
le centre de la mission de YHWH.
Dieu a nommé Israël comme une nation sainte et distincte qui sert de lumière à toutes les
nations et de véhicule qui apporte Son salut au monde des Gentils.
Son amour, sa miséricorde comme tous les attributs de Dieu, montrent la bonté et grandeur de
YHWH en Israël, parmi les nations et dans l'univers tout entier. Ainsi cela permet de mieux
comprendre YHWH par rapport à sa mission envers l’humanité.
Dieu ne fait preuve d'aucun favoritisme dans ses relations avec Israël ou les nations de la
terre, tous les peuples sont sous le jugement de YHWH et tous peuvent se tourner vers
YHWH pour la miséricorde et la réconciliation.
Conclusion
66
Michael F. Bird, “’A Light to the Nations’ (Isaiah 42:6 and 49:6)
45
La volonté de Yahweh de sauver l’humanité a toujours été effective et visible. Yahweh était
toujours en mission, au cours de l’humanité : la Missio Dei67.
Christophe Wright68, déclare à juste titre que «la mission de Dieu est de bénir toutes les
nations sur Terre. . .. Israël dans l'Ancien Testament n'a pas été choisi contre le reste des
nations, mais à cause du reste des nations. Le plan de Dieu (missio Dei) pour l'humanité peut
être exprimé par l'énoncé trouvé dans Isaïe : « Tournez-vous vers moi et soyez sauvés, vous
toutes extrémités de la terre ; car je suis Dieu, et il n'y en a pas d'autre (Isa 45 :22) ».
Yahweh a toujours manifesté son amour et sa miséricorde pour les peuples de terre. C’est
ainsi que le Prophète Jonas a été envoyé à Ninive, une terre étrangère pour prêcher la
repentance, afin d’éviter une catastrophe similaire à celle de Sodome et Gomorrhe.
Kaiser a compté dans les Psaumes 175 références universalistes. La bénédiction de Dieu sur
Israël devait être une démonstration de sa volonté pour bénir toutes les nations.
Il est clair que la mission de Dieu n'était pas exclusivement pour Israel seul dans l'Ancien
Testament. Yahweh est le Seigneur de toutes les nations même à l'époque de l'Ancien
Testament.
Il met en évidence des exemples de Gentils croyants tels que Melchisédek, Jéthro, Rahab et
traite en détail des implications missiologiques de la guérison de Naaman, une histoire qu'il
raconte bien. Yahweh a utilisé la petite fille comme précurseur de la diaspora qui répandrait la
Bonne Nouvelle du plan de promesse de Yahweh.
67
Missio Dei est un terme théologique chrétien latin qui peut être traduit par la « mission de Dieu » ou « l'envoi
de Dieu ».
68
Christopher J. H. Wright, Knowing the Holy Spirit through the Old Testament (Downers Grove: InterVarsity,
2006), 99–100
46
Kaiser fait référence à d'autres prophètes de l'Ancien Testament dont le ministère s'est étendu
au-delà d'Israël.
Naaman est le premier à mentionner (2 Rois 5) le nom « Yahweh », à la fois avant (v. 11) et
après (v. 15) sa guérison.
Naaman avait confessé qu’il n'y a de Dieu sur toute la terre qu'en Israël" (V. 15), mais il n'a
pas encore réalisé que Yahweh est le Dieu de toute la terre, et pas seulement en Israël.
L’un des plus grands et des plus puissants monarques, Nebucadnetsar roi de Babylone a
publiquement confessé en ces termes : « …qui parlera mal du Dieu de Schadrac, de Méschac
et d’Abed-Nego, sera mis en pièces, et sa maison sera réduite en un tas d’immondices, parce
qu’il n’y a aucun autre dieu qui puisse délivrer comme lui » Dn. 3 :30.
Malgré toute sa gloire terrestre, Nebucadnetsar n'était qu'un jouet entre les mains du grand
Dieu des cieux, une terrible verge dans la main de Dieu contre les derniers rois idolâtres de
Juda. Bosch69 mentionne que « des histoires de païens comme Ruth et Naaman qui ont
accepté la foi d'Israël » indique la nature missionnaire de l'Ancien Testament.
Yahweh était le Seigneur de toutes les nations, même à l'époque de l'Ancien Testament.
Israël, en tant que lumière, a été appelé à être le témoin de Dieu auprès des nations. Elle
devait le faire par sa vie et son comportement.
Ce serait par le peuple d'Israël que les nations de la terre entendraient la Bonne Nouvelle de
l'Homme de promesse à venir et la bénédiction que Dieu voulait que tous entendent.
69
David J. Bosch, “Reflection on Biblical Models of Mission,” in Towards the 21 st Century in Christian Mission,
ed. James M. Phillips and Robert T. Coote (Grand Rapids: Eerdmans, 1993), 175–176
47
Si l’on est obligé de multiplier les arguments pour justifier l’idée de mission et l’envoi en
Mission dans l’Ancien Testament, tel n’est pas le cas du Nouveau Testament. Commentant le
livre « Dynamique de la mission chrétienne. Histoire et avenir des modèles missionnaires »,
de David J. Bosch, Cheza Maurice70 dit que le Nouveau Testament est un document
missionnaire : « La première partie prend le Nouveau Testament comme un document
missionnaire et s'arrête sur la notion de mission dans Matthieu, Luc et les Actes, et enfin chez
Paul. Pour Bosch en effet, "le Nouveau Testament ne présente pas de vue uniforme de la
mission, mais plutôt une variété de théologies missionnaires ».
Apostello apparait dans le Nouveau Testament, 131 fois dans 129 versets de 13 livres
bibliques selon les répartitions suivantes :
Matthieu (21), Marc (20), Luc (26), Jean (28), Actes (24), Romains (1), 1 Corinthiens (1), 2
Corinthiens (1), 2 Timothée (1), Hébreux (1), 1 Pierre (1), 1 Jean (3), Apocalypse (3)
Le deuxième mot c’est pempo (πέμπω) : qui veut dire « envoyer », dans le sens de « faire
qu’une chose soit transportée vers quelqu’un », « pousser ou insérer) une chose dans une
autre »
Pempo apparait dans le Nouveau Testament, 80 fois dans 80 versets de 15 livres bibliques
selon les répartitions suivantes :
Matthieu (3), Marc (1), Luc (10), Jean (31), Actes (12), Romains (1), 1 Corinthiens (2), 2
Corinthiens (3), Ephésiens (1), Philippiens (5), Colossiens (1), 1Thessaloniciens (2)
2Thessaloniciens (1), Tite (1), Hébreux (1), 1 Pierre (1), Apocalypse (5)
70
Cheza Maurice, Dynamique de la mission chrétienne. Histoire et avenir des modèles missionnaires, Revue
Théologique de Louvain Année 1996 27-3 pp. 396-397
48
1. Mt 4
Il s'agit de l'appel des premiers. Le travail qu'ils faisaient est très éloquent : des pêcheurs,
ceux-là mêmes qui jettent le filet. Et dans cette vocation adressée aux disciples, est clairement
défini le cahier de charges : "Il leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes"
Mat 4.19
2. Mt 9.35-38
Matthieu présente Jésus-Christ lui-même en mission : parcourant toutes les villes et les
villages, enseignant, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant.
Ici, Jésus-Christ se présente comme le Bon Berger qui regarde les brebis languissantes sans
Berger. Il compare donc le monde à une grande moisson sans ouvriers. Il demande de prier
pour que le Maître de la moisson envoie les ouvriers dans la moisson.
3. Mt 10.1ss
Dès le début il y a un jeu de mots. De disciples comme nommés au verset 1, l'on les voit être
nommés au verset 2 apôtres. Sont-ils disciples, c'est-à-dire des personnes qui sont appelées à
suivre leur Maître ou sont-ils des apôtres, c'est-à-dire des personnes appelées à être envoyées
pour...la suite nous situera là-dessus.
Gabriel MONET71 regarde ce qui vient de se passer comme une transition : « Ce que Jésus
vint d'accomplir ne devient ni plus ni moins que le projet qu'il propose aux douze ».
Ils sont effectivement envoyés par la suite en mission avec un cahier de charges
précis : chasser les esprits impurs, et de guérir toute maladie et toute infirmité...Allez, prêchez, guérissez les
malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons.
La suite du chapitre 10 est consacrée aux dispositions qu'ils doivent prendre avant d'aller
accomplir cette tâche ainsi que les défis et autres obstacles auxquels ils doivent s'attendre...
71
Gabriel MONET Page 54.
49
Le chapitre 10 n'est rien d'autre qu'un discours d'envoi en mission adressé aux disciples.
Mt 28
Nous sommes ici au cœur de la résurrection de Jésus-Christ. Jésus-Christ apparaît aux
disciples deux fois. C'est à la deuxième apparition en Galilée qu'Il leur signifie clairement leur
mission : "Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et
du Saint Esprit, et enseignez-leur..."v19 et 20
Sur les quatre verbes utilisés dans cette finale des paroles de Jésus-Christ, à savoir aller-faire-
des disciples-baptiser-enseigner, seul le verbe « faire » est (dans l'original grec) à
l'impératif. Les trois autres sont des participes. Le verbe « aller » est un participe passé, alors
que « baptiser » et « enseigner » sont des participes présents. Ce qui pourrait se traduire ainsi :
« étant allés, faites des disciples... »
Du coup « faire des disciples » devient le verbe principal, mais qui demeure la conséquence
du verbe « aller ».
Il faut d'abord accepter l'appel d'être d'abord envoyé. Et une fois sur le champ de mission,
c'est alors que tu accompliras l'objectif principal qui est de « faire des disciples ».
Nous pouvons remarquer dans cette finale la répétition du pronom « tout » dans les dernières
paroles de Jésus-Christ :
« Tout pouvoir...Allez, faites de toutes...à observer tout...je suis avec vous tous les jours... »
Mt 28 :19-20. Une manière de dire certainement que sans lui, sans son autorité, son pouvoir,
sa puissance rien ne sera possible.
Gabriel MONET72 fait ressortir la présence du Christ dans la Mission des disciples : " le
mandat missionnaire des croyants ne prend place qu'au cœur de l'action première et dernière
de Jésus". Certes il y a une part humaine dans la mission, mais celle-ci est soutenue et
accompagnée par la puissance et présence du Christ ressuscité."
72
Gabriel MONET. Page 68
50
La plupart des théologiens exégètes ne retiennent pas l’Evangile selon Marc comme un
Evangile missionnaire. Certes il semble très bref sur la Mission et la finale du chapitre 16 est
contestée par la critique textuelle. Néanmoins il y a des faits relatifs à la mission que nous ne
pouvons pas ignorer :
Mc 1 : 1-3
Commencement de l’Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu.
Comme une sorte de titre, Marc commence son évangile en donnant à Jésus Christ son titre
éternel de Fils de Dieu.
Evangile : La bonne nouvelle de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ.
L'Évangile de Marc présente ainsi le ministère public du Sauveur, annoncé par Jean-Baptiste,
le héraut de cette bonne nouvelle. Marc s’appuie sur des citations de Mal 3 :1 et Es 40 :3, qui
relient la venue de Jésus à la promesse eschatologique de l'Ancien Testament.
L’envoi en Mission
Mc 1 : 17
« Suivez-moi, et je vous ferai devenir pêcheurs d'hommes ». Ses paroles étaient une
invitation à l'évangélisation.
Mc 3.13-15, au moment du choix des douze, l’idée de l’envoi en mission est précisée chez
Marc : « …Il en établit douze, pour les avoir avec lui, et pour les envoyer prêcher avec le
pouvoir de chasser les démons ».
Mc 6 : 6-13
Marc décrit le premier envoi en mission des Douze tout seuls. Les disciples apprirent de cette
expérience que même si Jésus n’était pas avec eux, ils avaient son autorité sur les mauvais
esprits et sur toutes sortes de maladies
Les disciples partirent et firent comme Christ Lui-même avait fait précédemment. Ils
prêchèrent la repentance, appuyés par des miracles. Marc précise qu’ils oignaient d’huile
beaucoup de malades.
Entre le départ des douze et leur retour de leur mission Marc semble avoir incrusté la mort
tragique de Jean-Baptiste.
Mc 16 : 9-20
Cette péricope où L’évangile selon Marc est prolixe sur la mission pose un problème de texte.
En effet elle est absente dans plusieurs manuscrits. S’appuyant sur le fait que Matthieu et Luc
ont construit leurs évangiles sur celui de Marc, certains érudits soutiennent que ces versets
représentent au moins une tradition fiable, cohérente avec le récit d'autres enseignements
faisant autorité dans le Nouveau Testament. Ainsi Ott Craig 73, dans son livre Encountering
Theology of Mission, a repris le parallélisme de Lucien Legrand, entre Mc 1 et la finale de Mc
16.9-16.
1.14 : Jésus alla en Galilée, annonçant la bonne nouvelle de 16.15 : Allez par tout le monde et prêchez la bonne
Dieu nouvelle à toute la création
1.15 : Le royaume de Dieu est proche. Se repentir et croyez 16.16 : Celui qui croira et sera baptisé être sauvé, mais
la bonne nouvelle celui qui ne le sera pas
1.23-28 : exorcismes 16.17b : en mon nom, ils chasseront les démons
1.29-34 : guérisons 16.18b : ils imposeront les mains aux malades, et les
malades, seront guéris.
1.38 : Allons ailleurs, dans les bourgades voisines, afin que 16.20 : Et ils s’en allèrent prêcher partout.
j’y prêche aussi ; car c’est pour cela que je suis sorti
Ce parallélisme est comme une forme de ceinture qui encadre si bien tout l’évangile selon
Marc. Il indique « une correspondance fondamentale entre la mission assumée par Jésus et
celle confiée par le Ressuscité aux siens.
Dans la finale de Mc 16,9-20 qui est comme une conclusion de l’évangile, Jésus envoie les
disciples en mission et il leur dit : Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à
toute la création.
73
Craig Ott. Encountering Theology of Mission. Grand Rapids, Baker Publishing group 2010. Page125
52
Hannes WIHER74 abonde dans ce sens lorsqu’il dit que : « La puissance du Christ ressuscité,
malgré l’incrédulité récurrente de ses disciples (16.11, 13, 14), allait accompagner la mission.
Même monté au ciel, Jésus demeure sur le terrain de la mission. Il en est le Seigneur, il la
conduit, mais il est aussi l’ouvrier, celui qui travaille avec ses disciples ».
Cette mission a un caractère universel. Il donne des explications sur les signes qui permettront
aux disciples de constater l’efficacité de leur mission.
74
Hannes WIHER. Bible et Mission, vers une théologique Evangélique de la Mission. Charols, Excelsis 2011. Page 85
53
D. Le discours programme
E. Deux envois en Mission
F. Le discours final d'envoi en Mission
A. L'Evangéliste Luc met l'accent sur l'universalisme du salut ouvrant largement le champ
de la Mission.
Ainsi quand il cite la prophétie de Siméon, il dit : « Car mes yeux ont vu ton salut, Salut que
tu as préparé devant tous les peuples, Lumière pour éclairer les nations..." Lc. 2.30-32.
Luc fait remonter la généalogie jusqu'à Adam pour montrer que c'est toute l'humanité qui est
concernée par cette naissance de Jésus.
Gabriel MONET75 souligne que cette péricope (Lc 4.6-21) est le fondement de sa mission.
Cela pourrait ou devrait aussi être celui de ceux qui après Jésus cherchent à poursuivre la
mission de Dieu qui est à l'évidence une œuvre de libération.
La ligne éditoriale du ministère de Jésus est assez claire, elle est hautement révolutionnaire. Il
apporte quelque chose de nouveau avec plus d'espoir pour ceux qui semblaient être loin.
75
Gabriel MONET. Page 113
76
Joel B. GREEN, The Gospel of Luke, NICNT, Grand Rapids, Eerdmans, 1997, p.441
55
1. L'Evangélisation relationnelle
La femme Samaritaine
Nicodème
Nicodème : il est docteur de la Loi du parti des pharisiens, un opposant originel de Jésus-
Christ.
De la thématique "naître de nouveau" ils sont parvenus à naître d'eau et d'Esprit. Même
si Nicodème n'est pas mentionné parmi les cent vingt 120 (Ac 1:), où les soixante-dix 70,
encore moins les douze, il a toujours été présent du côté de Jésus-Christ. Tel fut le cas lors de
la polémique avec les pharisiens (Jn 7.50). Il était le Vendredi de la crucifixion : "Nicodème,
57
qui auparavant était allé de nuit vers Jésus, vint aussi, apportant un mélange d'environ cent
livres de myrrhe et d'aloès" Jn 19.39.
La femme Samaritaine
Dans le cas de Nicodème les conditions étaient favorables, il est venu de lui-même. Alors que
la femme Samaritaine n'est pas venue d'elle-même. C'est une rencontre fortuite imbibée de
barrières socio-culturelles :
il est un homme et elle est une femme
Il est Juif et elle est Samaritaine
Il adore sur le mont Sion (Jérusalem) et elle adore sur le mont Garizim.
Malgré ce fossé, Jésus prend l'initiative en créant le contact par un angle d'approche spécial...
De Juif comme elle a appelé au début, elle dit par la suite Seigneur, ensuite prophète et
enfin Messie.
Dans l'un comme dans l'autre cas, Jésus-Christ utilise l'évangélisation relationnelle. Par une
méthodologie progressive, Jésus-Christ a amené des personnes à la conversion. On y voit ici
un fondement biblique de l'évangélisation, de ce que l'on appelle aujourd'hui l'évangélisation
relationnelle ou le contact individuel.
Ce sont des modèles qui sont aujourd'hui enseignés dans des écoles d'évangélisation et de
mission.
2. Les références
Il y a des expressions dans l'Evangile selon Jean qui font référence à l'Evangélisation et à la
Mission.
L'Evangéliste n'emploie pas le mot évangile ou évangéliser. Gabriel MONET fait remarquer
que Jean utilise plus le verbe "apostello" (vingt-huit fois) qui veut dire celui qui est envoyé.
Jean utilise également le verbe "pempo" (trente-trois fois).
L'autre expression forte chez l'Evangéliste Jean est le "témoignage" ou "rendre témoignage" et
cela quarante-sept fois. Gabriel Monet77 précisé la raison : " Jean choisit donc ce terme bien
connu de ses lecteurs probablement pour la richesse de son sens, ajoutant au concept juridique
une dimension missiologique".
L'Evangéliste donne la signification du mot "Siloé" qui veut dire "envoyé" Jn 9.27.
77
Gabriel Monet P89
58
3. Les miracles
Yves-Marie Blanchard78 soutient que « la notion des signes tient une place importante dans le
quatrième évangile. Il souligne que l'Evangéliste n'a jamais utilisé l'expression miracles... »
La prière sacerdotale
Dans la deuxième partie de la prière Jésus dit : "'Sanctifie-les par ta vérité : ta parole est la
vérité. Comme tu m'as envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde. Jn
17.17et 18
Sanctifier ici a aussi le même sens que consacrer, de les mettre à part. C'est donc une prière
d'envoi officiel et de consécration des disciples.
Dans la troisième partie cette même prière est élargie ou s'étend à tous les Chrétiens.
4. Le discours post-Résurrection
Par la suite, « Jésus-Christ souffla sur eux, et leur dit : Recevez le Saint Esprit » Jn 20.22.
Après trois années de formation soutenues par un ministère hautement puissant, empirique et
prophétique, après avoir vu leur Maître payer le prix de la rédemption de l'humanité sur la
78
Yves-Marie Blanchard Signes et sacrements dans le quatrième évangile, Paris, Éditions Artège-Lethielleux,
2018, 234 p.,
59
croix et enfin après avoir été témoins de la résurrection triomphale de Jésus-Christ, les
disciples sont maintenant prêts à recevoir le mandat missionnaire pour être envoyés.
Le livre des Actes des apôtres éclaire suffisamment sur la mission chrétienne en livrant des
informations sur la vie des premiers chrétiens et la naissance de leurs communautés
Les Actes forment le lien entre les évangiles et les épîtres. Le livre des Apôtres est considéré
comme un livre missionnaire ou le livre par excellence de la mission.
C - Chapitre 13-28 L'Église Missionnaire révèle comment l’Evangile fut répandu à travers le
monde. Le personnage principal est ici l’apôtre Paul et Antioche en est centre géographique.
Nous nous intéresserons à certains faits déterminants pour la mission des disciples. :
L’envoi en mission, le témoignage, la Pentecôte, le plan de la mission et le Concile de
Jérusalem, occuperont la première partie. Nous consacrerons la deuxième partie à la vie de
l’intrépide missionnaire Paul.
L'envoi en Mission
Ac1 :8
En répondant à une question des disciples sur la fin des temps, le Ressuscité dit ceci : « …Ce
n'est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre
autorité. Mais vous recevrez une puissance, le Saint Esprit survenant sur vous, et vous serez
60
mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la
terre ».
Toutes ces déclarations ne sont que des promesses. Et quand nous remontons au verset 4 : "il
leur recommanda de ne pas s'éloigner de Jérusalem, mais d'attendre ce que le Père avait
promis". Nous pouvons y déceler l'imminence dans ces propos. Les disciples sont arrivés de
la Galilée nous ne le croyons pas avec assez de provisions. Donc s'il leur demande
d'attendre...c'est que cela va se produire dans très peu de temps.
Le témoignage
Témoin : il prend ici la définition de la personne qui a vu, entendu une chose, et qui pourrait
attester sa réalité, en faire le rapport. Un témoignage est un compte rendu de premier plan.
Μάρτυς (témoin) apparaît plus 13 fois dans le livre des Apôtres.
Selon l’Evangéliste Luc, les Apôtres sont témoins non seulement des événements extérieurs
de la vie, de la mort et de la Résurrection de Jésus, mais également de leur signification
salvatrice selon les Écritures.
Ainsi, en tant que témoin oculaire, la mission des Apôtres a une connotation d’engagement
personnel.
Ebranlés d’abord par sa mort, puis illuminés par sa résurrection, les disciples de Jésus avaient
repris coutume de se réunir. Mais ils restaient sagement entre eux, évitant surtout de se faire
remarquer. Ils étaient dans l’attente de ce que leur Maître avait promis : « Mais vous recevrez
une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous… » (Ac 1 : 8).
61
Le matin du jour de la Pentecôte (fête juive), le Saint-Esprit vint sur eux par trois
signes remarquables : le vent, le feu, les langues.
Les disciples semblaient être sous l’effet d’une explosion irrésistible d’enthousiasme
et d’allégresse ; ils étaient devenus des hommes nouveaux, inspirés et saisis par l’Esprit Saint
qui anima les prophètes.
L’Esprit Saint apparut comme une force de propulsion des disciples sur les routes de
Jérusalem, de Judée et au-delà. Il leur donna la dimension missionnaire.
L’Esprit Saint est le véritable héros des Actes. C’est lui qui prend toujours l’initiative et force
les disciples de Jésus à aller là où il veut.
Comme un feu dévorant, cette puissance gagna en force conquérante : « le nombre de
ceux qui croyaient au Seigneur, hommes et femmes s’augmentaient de plus en plus » ‘Ac
5 : 14).
Le don de l’Esprit
Notons que la venue du Saint – Esprit est liée à la puissance et au témoignage. Gabriel
MONET souligne que : « Jésus promet le Saint-Esprit et son corollaire, le statut de témoins…
Jésus annonce que ce n’est qu’après avoir reçu le Saint-Esprit que les disciples seront
pleinement témoins »79
L’expansion missionnaire
Le plan de la mission
Par où les disciples devaient-ils commencer le témoignage ? « … à Jérusalem et dans toute la
Judée et la Samarie, et jusqu’au bout de la terre » (1 :8b).
79
Gabriel MONET page 125
62
En Lc 24 :47 le Seigneur Jésus dit des paroles très semblables à celles-ci : « … à toutes les
nations, en commençant par Jérusalem ».
Aux yeux de Dieu Jérusalem était la ville la plus coupable sur toute la terre. C’est là que son
Fils a été crucifié.
Ils devaient commencer à Jérusalem, et non pas au pôle nord. Mais ensuite ils devaient aller
en Judée, aux environs de Jérusalem.
Ce qu’explique Daniel MARGUERAT80 : « …il trace pour leur mission un arc géographique
qui va de Jérusalem aux extrémités de la terre. Tout le programme des Actes est présent là,
sous forme condensée.
L’auteur des Actes est un historien, il décrit donc comment, par étapes successives, la Parole a
acquis son envergure universelle.
Les disciples devaient témoigner tout d’abord à Jérusalem, puis en Judée, à Samarie et
jusqu’aux extrémités de la terre. C’était un plan progressif. Jérusalem était le centre de la vie
religieuse juive, l’endroit où Jésus avait été condamné et crucifié.
Jérusalem était encore le centre, mais au lieu de rester et d’y construire les bases, les
disciples devaient aller jusqu’aux extrémités les plus lointaines de la terre.
Judée et Samarie étaient des régions voisines où Jésus avait également travaillé, cependant,
les disciples ne devaient pas se limiter à ces seuls lieux. Leur mission s’étendrait au monde
entier.
Gabriel MONET81 remarque « qu’Il y a clairement un élargissement progressif de la mission
qui invite au déplacement, à l’envoi ».
80
Daniel MARGUERAT, le Dieu des premiers chrétiens. Genève, Labor et Fidès 1997. Page 168
81
Gabriel MONET. Page 129
63
La Samarie était un peuple mélangé, comprenant des éléments juifs et païens. Les Juifs se
tenaient à l’écart de la Samarie comme étant un lieu impur pour eux. Mais là aussi ils devaient
annoncer l’évangile et être Ses témoins.
Finalement ils devaient aller jusqu’au bout du monde. La mission chrétienne n’est pas limitée
à Israël, mais elle s’adresse à tous les hommes.
Daniel MARGUERAT82 présente la progression du plan : « le livre raconte en effet comment, à
commencer par Jérusalem, l’Evangile se déploie en sortant de son espace originaire « il gagne
la Judée, la Samarie (Ac 8), puis la partie orientale l’Empire jusqu’à Rome (Ac 28). Atteindre
la capitale impériale est une promesse que la Parole parviendra aux confins ; la conversion
d’un officiel de la cour d’Ethiopie préfigure cet horizon (Ac 8 : 26-40) »
C’est le mandat missionnaire que le Ressuscité laisse à ses disciples, mandat adressé à tous les
disciples, de tous les temps. Ce mandat a une dimension universelle, les disciples sont
envoyés « à toutes les nations » (Mt 28, 19), « dans le monde entier » (Mc 16, 15), «
jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8).
Gabriel MONET83 fait cette précision importante : « C’est une invitation à participer à la
mission, à être engagé dans l’évangélisation. C’est un art de vivre. Trop souvent pourtant, la
mission et l’évangélisation sont considérées comme l’affaire de spécialistes ou de quelques
volontaires courageux ».
L’Evangile est de plus en plus prêché. L’œuvre Missionnaire permet de fonder plusieurs
communautés dans le monde païen. Le nombre de convertis non-Juifs est devenu plus
important. Des polémiques d’ordre culturel éclatent. Il y avait entre autres la circoncision et
des viandes interdites par la Loi de Moïse.
En vue de trouver des réponses consensuelles à la situation, une rencontre est convoquée à
Jérusalem par les Apôtres et les Anciens.
82
Daniel MARGUERAT, le livre des Actes des Apôtres (1-12). Genève, Labor et Fidès 2015. Page 20
83
Gabriel MONET, Vous serez mes témoins, une invitation à participer à la mission de Dieu (2015 Dammarie-
les-Lys, Éditions Vie et Santé. Page 147
64
Paul a amené avec lui Tite. Un Antiochien, un Gentil récemment devenu chrétien. Il était né
d'une famille païenne et non circoncis.
L’attitude qu'on allait adopter à l'égard de Tite serait d'une importance capitale pour l'avenir
de l'Évangile.
S’il était accepté sans conditions, comme frère à part entière, ce serait une décision
applicable à tous les chrétiens non-Juifs des nouvelles communautés.
Les résolutions sont très attendues car elles sont déterminantes dans l'histoire du
christianisme.
Pierre, Jacques et Jean acceptèrent le point de vue de Paul. L’Église naissante évita ainsi un
conflit.
Après la réunion, deux délégués, Judas et Silas, furent choisis pour accompagner Paul et
Barnabé à Antioche. Ils étaient munis d’une lettre : « L’Esprit Saint et nous avons décidé de
ne vous imposer aucune autre charge que ces exigences inévitables : vous abstenir des viandes
des sacrifices païens, du sang des animaux étouffés et de l'immoralité. Si vous évitez tout cela
avec soin, vous aurez bien agi. Adieu !» (Ac 15, 28-29)
Conclusion
Nous nous interrogeons encore sur l'opportunité sur le livre des Actes. Que serait l'Histoire
chrétienne, particulièrement la mission chrétienne, sans le livre des Actes des Apôtres ?
Le livre des Actes offre les signes de la réalité et de la présence du Saint-Esprit, montrant que
l'Eglise est l’œuvre surnaturelle de Dieu et qu'elle doit son existence, sa force à l'Esprit de
Dieu lui-même par lequel elle est aussi guidée et soutenue. Nul ne peut expliquer autrement
son succès et son endurance alors qu'elle dut faire face à une telle opposition et à des
persécutions aussi sévères.
65
Paul, également connu sous le nom de Saul, était « un pharisien des pharisiens », qui «
persécutait intensément » les disciples de Jésus. Paul l’affirme dans son épitre aux
Philippiens : « …moi, circoncis le huitième jour, de la race d’Israël, de la tribu de Benjamin,
Hébreu né d’Hébreux ; quant à la loi, pharisien ; quant au zèle, persécuteur de l’Eglise ;
irréprochable, à l’égard de la justice de la loi » Phil. 3 : 5 et 6
Le voyage est interrompu lorsque Paul voit une lumière aveuglante et communique
directement avec une voix divine.
Alors qu'il approchait de Damas au cours de son voyage, une lumière qui vient du ciel,
enveloppe Saul, qui en tombe par terre ; une voix insiste et le nomme, « Saul, Saul ! », elle
s’adresse à lui en un « pourquoi » qui vient comme se ficher au cœur de sa pratique et s’y
révèle concernée – « Pourquoi me persécutes-tu ? » (V. 4).
"Je suis Jésus que vous persécutez", répondit-il. "Maintenant, lève-toi et va dans la ville, et on
te dira ce que tu dois faire."
Paul se leva du sol, mais quand il ouvrit les yeux, il ne put rien voir. Alors ils le conduisirent
par la main à Damas. Pendant trois jours, il était aveugle et ne mangeait ni ne buvait rien.
Dieu, dans une révélation, donne des instructions concernant Paul. Il alla dans la maison de
Judas où était Paul et fit tout juste ce que Dieu lui a dit : « Frère Saül, le Seigneur, Jésus, qui
t'est apparu sur la route alors que tu venais ici, m'a envoyé pour que tu revois et que tu sois
rempli du Saint-Esprit ».
66
Immédiatement, quelque chose comme des écailles tomba des yeux de Saul, et il put à
nouveau voir. Il se leva et se fit baptiser, et après avoir pris de la nourriture, il reprit des
forces.
Répondant à la réticence d’Ananias vis-à-vis de Saul, le Seigneur dit à Ananias ceci : « Va,
car cet homme est un instrument que j’ai choisi, pour porter mon nom devant les nations,
devant les rois, et devant les fils d’Israël ; et je lui montrerai tout ce qu’il doit souffrir pour
mon nom ».
L’appel de Dieu, manifesté par le Christ sur le chemin de Damas, transforme et bouleverse sa
vie ; il a été empoigné par le Christ, nous dit-il (Phil 3.12) : de persécuteur de la religion de
Jésus, il en devient l'apôtre.
La conversion de Saul est doublée de sa vocation. Il est le choix de Dieu, devant les nations,
devant les rois et devant les fils d’Israël.
Dieu « a mis à part » l'apôtre Paul, tout exprès pour l'envoyer prêcher aux païens la bonne
nouvelle de Dieu que les prophètes de l'A.T. avaient annoncée dans les Ecritures. Il l’exprime
dans son Epitre aux Galates : « car celui qui a fait de Pierre l’apôtre des circoncis a aussi fait
de moi l’apôtre des païens » Gal 2 : 8. Lui, Paul, est un appelé du Christ pour inaugurer la
prédication de la bonne nouvelle du salut auprès des Gentils, comme Pierre présidait au
développement de l'Eglise judéo-chrétienne.
« .... Saul resta quelques jours avec les disciples qui étaient à Damas. Et aussitôt il prêcha
dans les synagogues que Jésus est le Fils de Dieu » Ac 9 : 19 et 20. Seuls les yeux de la foi
peuvent accepter de voir ce qui se passe, ce que certains commentateurs ont appelé le voyage
contrarié. La feuille de route a été brusquement et brutalement remplacée. Le persécuteur de
l’Eglise en est devenu le défenseur, le protecteur, l’apologète. L’étonnement est général.
67
La stratégie de Paul
D’autant plus que Paul dans l’exposé de leurs aventures n’a sans doute pas négligé de
mentionner comment il s’est depuis toujours d’abord soucié de s’adresser à des Juifs de la
Diaspora.
Rappelons brièvement quelques cas : A Damas « Il se mit immédiatement à prêcher dans les
synagogues » - Ac 9 :20. A Jérusalem « Il s’entretenait [discutait] avec les Juifs parlant grec
[Hellénistes] » - Ac 9 :29 A Salamine (Chypre) « Ils commencèrent (lui et Barnabas)
d’annoncer la parole de Dieu dans les synagogues des Juifs » - Ac 13 :5 A Antioche (de
Pisidie) « le jour du sabbat, ils entrèrent dans la synagogue » - Ac 13 :14
Les voyages missionnaires de Paul riment avec la ville d’Antioche de Syrie. Ville phare, après
Jérusalem dans l’expansion du christianisme, Antioche est devenue le foyer majeur de
rayonnement de l’église primitive. Elle a été la base de départ pour ses trois grands voyages
missionnaires de Paul.
Paul et Barnabas sont envoyés en mission chez les païens au printemps de l'année 45 de notre
ère. Barnabas et Paul, et Jean-Marc évangélisent toute l'île de Chypre jusqu'à Paphos.
Nous sommes au printemps de l'an 53, Paul entame son troisième voyage missionnaire pour
visiter et raffermir les communautés chrétiennes.
Galatie et de Phrygie.
En effet le point focal du voyage était Éphèse où Paul a passé plus de temps que dans toute
autre ville au cours de ses voyages. Il y demeure deux années entières.
C’est probablement à cette époque que les églises de Colosse, Laodicée et Hiérapolis furent
créées.
Le troisième voyage missionnaire de Paul était semé d’obstacles et des pressentiments des
futures afflictions, mais Paul a exécuté sa mission avec constance et montré que même la mort
ne pouvait pas l’en dissuader.
69
Ces chiffres selon ECHKARD84, conduisent aux totaux suivants : Paul a parcouru environ 25
000 kilomètres (15 000 milles) en tant que missionnaire, environ 14 000 kilomètres (8 700
milles) par voie terrestre.
Si l’apôtre peut être considéré comme un intrépide et grand missionnaire, c’est grâce à ses
nombreux voyages missionnaires, sa capacité à fonder les communautés chrétiennes mais
c’est aussi par ses lettres ou épitres adressées aux églises naissantes, ainsi qu'à des proches de
Paul de Tarse.
Les lettres sont un trésor et un dialogue ouvert entre l'apôtre et ses églises. Ce sont de
véritables exhortations, enseignements, des formations, des cours de théologie…à travers
lesquelles l’apôtre a réussi à faire un travail de suivi afin de maintenir la flamme au sein de
ces jeunes communautés, la flamme spirituelle.
Elles sont au nombre de treize lettres attribuées à l'apôtre Paul de Tarse. Seules sept de ces
treize épîtres attribuées à Paul seraient jugées authentiques. On les appelle « épîtres proto-
pauliniennes » :
Il y a aussi les trois « épîtres deutéro-pauliniennes », qui seraient rédigées par des disciples
directs de Paul :
84
ECHKARD J SCHNABEL, Paul, Missionnaire, Réalités, Stratégies Et Méthodes. Illinois, InterVarsity Press 2008.
P.111
70
Et enfin trois autres Épîtres trito-pauliniennes, dites pastorales qui seraient elles aussi rédigées
par d’autres disciples de l’apôtre Paul :
ECHKARD85 soutient que « la lettre de Paul aux chrétiens de la ville de Rome peut être lue
comme un document missionnaire ».
Paul a été appelé par Dieu et il a tout donné à Dieu ; il a été empoigné par le Christ
Dans ce travail apostolique, il a consacré toutes les ressources de sa riche personnalité pour
gagner les hommes au Christ. Il s’agit d’annoncer l’Evangile aux païens et d’affermir et
d’organiser les communautés.
Au soir de sa vie il pouvait dire : « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai
gardé la foi ». 2 Tim.2.8
85
ECHKARD J SCHNABEL, Paul, Missionnaire, Réalités, Stratégies Et Méthodes. Illinois, InterVarsity Press 2008
P.132
71
La Reforme et la Mission
Introduction
L’empereur Constantin
L'édit de Milan introduit un élément nouveau dans la société romaine, à savoir la liberté
religieuse.
L'édit de Milan lève par ailleurs les interdits qui pèsent sur la communauté des chrétiens. Les
Églises locales se voient restituer les biens qui leur ont été confisqués, même lorsqu'ils ont été
vendus à des particuliers.
L’empereur veille à exclure des grandes villes toute présence du paganisme. Seul le
christianisme y a droit de cité. À Rome même, Constantin engage la construction des
basiliques de Saint-Pierre, du Latran et de Saint-Paul-hors-les-murs.
Le Schisme
Dès cet instant l’Eglise Catholique Romaine, en cavalier seul, va faire son chemin en
Occident jusqu’aux alentours de 1500. L’Eglise est à nouveau menacée et doit faire face à des
défis inévitables, entre autres l'invention de l'imprimerie qui met dédormais la lecture à la
portée du plus grand nombre et l'on prend goût à lire dans le texte et commenter les écrits
72
Contre toute attente, le 31 octobre 1517, un moine affiche sur la porte de l'église de
Wittenberg (Saxe) 95 thèses où il dénonce les scandales de l'Église de son temps.
Sans s'en douter, Martin Luther jette ainsi les bases d'une nouvelle confession chrétienne, le
protestantisme : la Reforme.
Qui sont les principaux acteurs de la réforme et quelles ont été l’évolution de leurs idées
réformatrices et leurs conséquences ?
Martin Luther est né à Eisleben, en Thuringe, le 10 novembre 1483. Il est le fils d'un mineur
qui s'est enrichi à force de travail. Il étudie à l'Université d'Erfurt pour satisfaire son père qui
veut l'engager dans la magistrature.
Il fut reçu bachelier des arts en 1502 et maître en philosophie en 1505. Il allait commencer ses
études de droit lorsque, selon son témoignage, il est, un jour d'été, du 02 juillet 1505, surpris
par un orage violent qui foudroie un arbre à côté de lui. Pris de frayeur, il s'écrie : « Sainte
Anne, secourez-moi. Je me ferai moine ! » Sitôt dit, sitôt fait, il entre au couvent des
Augustins au désespoir de son père.
À l'hiver 1513, étudiant l'épître aux Romains de saint Paul, il est frappé par l'expression : « Le
juste vivra par la foi ». Par cette révélation, le théologien arrive à la certitude que l'homme ne
peut être sauvé que par sa foi et non par ses œuvres.
Il puise son inspiration dans l'enseignement de Jan Hus, un réformateur tchèque brûlé à
Prague un siècle plus tôt (en 1415).
86
James M. Kittelson, Luther the Reformer, the Story of the Man and his Career. Minneapolis Augsbourg
Publishing House 1989
73
Luther n'entend pas se séparer de l'Église catholique. Il voudrait seulement la ramener dans le
droit chemin.
La Réforme de Luther
Le premier des scandales que dénonce Luther est l'abus qui est fait des indulgences. Il s'agit
des aumônes que le clergé catholique a pris l'habitude de récolter contre la promesse d'un
allègement des peines qui attendent les pécheurs au Purgatoire, antichambre du Paradis.
Au début de l'année 1520, Luther entre résolument en dissidence contre Rome qu'il présente
comme la « rouge prostituée de Babylone ».
Il dénie à l'Église le pouvoir d'effacer les peines dans l'au-delà et formule une doctrine
de la grâce divine en rupture avec la pratique catholique. Il conteste les sacrements, à
l'exception du baptême, de l'eucharistie (la communion) et de la pénitence.
Entre autres choses, Martin Luther réclame pour l'ensemble des fidèles et pas seulement pour
les prêtres le droit de communier sous les deux espèces, le pain et le vin.
Le sacerdoce universel
Un autre point novateur introduit par la révolution luthérienne était celui concernant le
sacerdoce universel des croyants. Tout homme, au moment où il est baptisé, entre en
possession du droit de lire et d'interpréter les Saintes Écritures, et ce droit n'est pas configuré
comme exclusif aux prêtres. Sa formule fait mouche : « Nous sommes tous prêtres ».
Tout homme est prêtre dès le moment où il reçoit le baptême. De plus, l'église est une autorité
simplement terrestre et le christianisme n'a pas d'autre tête que Christ.
74
Chaque fidèle est encouragé à découvrir par lui-même les Écritures saintes.
Sans s'en douter, Martin Luther, a brisé l'unité de l'Église catholique et a jeté les bases
du protestantisme.
L'invention de l'imprimerie met la lecture à la portée du plus grand nombre et l'on prend goût
à lire dans le texte et commenter les écrits évangéliques sur lesquels se fonde l'enseignement
de la religion chrétienne.
Victoire de Luther
Travaillant avec frénésie, Luther publie, rien que dans l'année 1520 cinq ouvrages majeurs qui
dessinent les contours de sa doctrine.
Viennent ensuite Des bonnes œuvres (mai), De la papauté de Rome (juin), De la liberté du
chrétien (octobre) et Prélude sur la captivité babylonienne de l’Église (octobre).
Lorsque le 15 juin 1520, le pape Léon X le condamne par la bulle (dico) Exsurge Domine et
fait brûler ses 95 thèses, Luther est en mesure de résister. Il défie même le pape en brûlant la
bulle à Wittenberg.
Pour éviter à Luther d'être arrêté, l'Électeur le fait enlever sur la route de Wittenberg et
l'amène dans sa forteresse de la Wartburg, en Saxe, près d'Eisenach, où il va se cacher
pendant un an sous le nom de « chevalier Georges », abandonnant ses habits monastiques et
se laissant pousser la barbe.
Il profite de cette retraite forcée pour réaliser son chef-d’œuvre littéraire, la traduction du
Nouveau Testament en Allemand.
Pendant ce temps, les idées luthériennes se répandent comme une traînée de poudre dans le
peuple et l'élite de l'Allemagne.
Les prêtres se marient, les moines et les religieuses abandonnent leur couvent.
Luther quitte le 1er mars 1522 son repaire de la Wartburg et se rend à Wittenberg en vue de
prendre les choses en main et d'organiser le cadre d'un christianisme rénové.
Il meurt le 18 février 1546 à Eisleben et sera inhumé dans son église de Wittenberg.
La théologie de Luther
Luther avait réduit le nombre de sacrements, qui de sept devinrent deux, baptême et
eucharistie, alors ils étaient les seuls qui, selon lui, étaient fondés sur les Saintes Écritures et
institué par le Christ.
La théologie de Luther se résume dans ses trois87 principes de sa Réforme, qui sont :
(2) Sola fide (sauvé par la foi seulement et non par les œuvres),
87
Immanuel David, La Vie et la Pensée de Martin Luther Yaoundé speedyprint 1993
76
Des affiches (appelées placards) contre la messe, le pape et les prêtres sont posées à Paris, à
Orléans, à Amboise et à Blois, jusque devant la porte de la chambre du roi. La répression est
sévère.
La même année il quitte définitivement la France et se réfugie à Bâle. Son premier texte
dogmatique est l’introduction à la traduction en français de la Bible par son cousin Olivetan.
Son second ouvrage est un résumé de l’essentiel de la foi chrétienne : L’Institution de la
religion chrétienne, qui est éditée en 1536 en latin.
À l’appel du réformateur Martin Bucer, Calvin s’établit à Strasbourg, c’est là qu’il se marie,
en 1540, avec Idelette de Bure, une jeune veuve. Il y exerce les fonctions de pasteur et de
professeur de 1538 à 1541.
En 1540, vingt-cinq ans après Luther, Calvin rédige son Commentaire de l’Épître aux
Romains.
88
D Fabienne Manière.Herodote.net. Le Media de l’Histoire du 22-Octobre 2022 : dans la nuit du 18 octobre
1534, des protestants français placardent des proclamations contre la messe en différents lieux du pays et
jusque sur la porte de la chambre de François Ier, à Amboise.
C'est la première manifestation d'hostilité entre protestants et catholiques en France. Elle mènera vingt-cinq
ans plus tard aux guerres de religion.
77
En 1541, il fait paraître son Petit traité de la Cène. La même année paraît la première édition
en français de l’Institution Chrétienne.
Calvin reviendra à Genève en septembre 1541, pensant ne rester que six mois. Il y reste vingt-
trois ans, jusqu’à la fin de sa vie.
Dès les six premiers mois, trois textes de Calvin structurent l’Église : Les ordonnances
ecclésiastiques, Le catéchisme, La forme des prières c’est-à-dire la liturgie.
En 1559, où il obtient le statut de bourgeois de la ville. À son retour à Genève, Calvin reprend
la prédication. Il prêche deux sermons par dimanche et il prêche quotidiennement une
semaine sur deux.
Les écrits de Calvin en français sont très nombreux : commentaires bibliques, ouvrages de
théologies, lettres, etc. C’est un des écrivains français les plus féconds du XVIe siècle.
Calvin et la France
Calvin exhorte ses compatriotes à fuir vers des pays passés à la Réforme. Ils arrivent
massivement à Genève et la population de Genève double entre 1545 et 1560. Ils apportent à
Calvin un soutien non négligeable.
Pour le premier synode de Paris en 1559, il leur envoie un projet de confession de foi et de
discipline. Par la suite il leur envoie de nombreuses lettres pastorales.
De santé fragile, ce travail intense et soutenu l’épuise. Il meurt le 27 mai 1564 à l’âge de
cinquante-cinq ans. Théodore de Bèze continue son œuvre.
78
Nous nous appuierons sur une récente publication faite à l’occasion du 500e anniversaire du
Réformateur Allemand : « Martin Luther and Evangelical Mission : Father or Failure ? »89
par 90Thorsten Prill.
C’est une question qui est posée : MARTIN LUTHER ET LA MISSION ÉVANGÉLIQUE :
PÈRE OU ÉCHEC ?
Il fait déjà remarquer en introduction que les critiques de Luther semblent ignorer le fait que
Wittenberg, dans lequel le réformateur a vécu, étudié et enseigné, a servi de plaque tournante
d'une immense entreprise missionnaire. Wittenberg, a été par suite le centre de formation de
plusieurs prédicateurs, évangélistes et autres Missionnaires… c’est encore à Wittenberg que la
Bible a été mise à la portée de tous parce qu’elle y été traduite.
Pour les défenseurs de Luther sur la question, c’est simplement parce que ces derniers
manquent à la fois de se pencher sur l’influence de Luther sur le travail missionnaire pratique
et ses contributions missiologiques.
Que disent les détracteurs de Martin Luther et les autres réformateurs sur la question ?
L'historien américain William R. Hogg, dans son livre Ecumenical Foundations91, soutient
qu'au sein de l'Occident l'intérêt du christianisme protestant pour le travail missionnaire s'est
développé très lentement.
89
Thorsten Prill : Martin Luther and Evangelical Mission : Father or Failure Foundations: An International
Journal of Evangelical Theology. No 73 AUTUMN 2017
90
Thorsten Prill est le vice-principal & le Doyen Academic Dean, de Edinburgh Bible College
91
W.R. Hogg, Ecumenical Foundations: A History of the International Missionary Council and its Nineteenth-
century Background (Eugene: Wipf & Stock, 2002), 1-2
79
Le point de vue de Hogg est partagé par Stephen Neill92 qui a servi comme Dans son livre A
History of Christian Missions93, Neill soutient que « dans le monde protestant, pendant la
période de la Réforme, il y avait peu de temps pour penser aux missions ».
Dans ces critiques des Réformateurs il y a érudit évangélique Herbert Kane 94. Selon lui « les
forces spirituelles libérées par la Réforme devaient naturellement inciter les églises
protestantes d'Europe à porter l'évangile jusqu'aux extrémités de la terre pendant la période
d'exploration du monde et de colonisation qui a commencé vers 1500 »95.
Il ajoute que pendant cette même période l'Église catholique romaine entre 1500 et 1700 a
gagné plus de convertis dans le monde païen qu'il n’en a perdu face au protestantisme en
Europe.
Ils sont encore nombreux, ceux qui ont suggéré que Luther et les réformateurs ont refusé de
considérer la mission comme un sujet théologique à part entière et montraient donc une
remarquable indifférence à la tâche missionnaire de l'Église.
Dans « What in the World Is God Doing ?», C. Gordon Olson96 parle de la « Grande
Omission » dont Luther et ses compagnons réformateurs se sont rendus coupables.
La raison de leur échec, croit Olson, était d'ordre spirituel. La Réforme qu'ils avaient
commencée manquaient de profondes racines spirituelles.
Olson poursuit en expliquant ce qu'il veut dire par là : La Réforme n'a pas été un grand réveil
au cours duquel des dizaines de millions de personnes sont nées de nouveau.
Les critiques des Réformateurs font remarquer l’absence non seulement de l'action
missionnaire, mais même de l'idée de mission, au sens où nous les entendons aujourd'hui.
La question qu'il faut se poser est de savoir si une telle critique sur Luther est justifiée. Luther
était-il vraiment indifférent à la mission ? Y a-t-il vraiment un manque de l'accent mis sur la
mission dans sa théologie ?
92
Stephen Neill a été Professeur de missions et de théologie œcuménique à l'Université allemande de
Hambourg.
93
S. Neill, A History of Christian Missions (Harmondsworth: Penguin Books, 1973), 220.
94
Herbert Kane a enseigné à la Trinity Evangelical Divinity School
95
J.H. Kane, A Concise History of the Christian World Mission (Grand Rapids: Baker Book
House, 1982), 73.
96
C.G. Olson, what in the World Is God Doing? (Cedar Knolls: Global Gospel, 1998), 120
80
Quelle est la définition du terme « Mission » chez les détracteurs de Luther ? La Mission,
selon Warneck et Olson, se définit comme « l'envoi régulier de messagers de l'Evangile aux
nations non chrétiennes, en vue de les christianiser » ou encore, « toute la tâche, l'effort et le
programme de l'Église de Jésus-Christ pour atteindre à travers les frontières géographiques
et/ou culturelles en envoyant des missionnaires pour évangéliser les personnes qui n’ont
jamais entendu ou qui ont peu d'occasions d'entendre l'évangile salvateur »
Tout comme son prédécesseur, Jean Calvin ne va pas échapper aux critiques et autres
détracteurs.
« Ce n’est pas « outre-mer », mais à Genève son pays d’accueil, et en France son pays natal,
que Calvin développe entre 1555 et 1564, les grandes lignes d’une théologie missionnaire
pour l’Europe toute entière »97.
L’on est tenté de se demander si la théologie de Calvin ne l’a pas éloigné des réalités
missionnaires.
Dans ce sens, Jean-Berthoud98 ne dit pas le contraire : « Une affirmation courante …que les
doctrines développées par jean Calvin sur la souveraineté divine, la dépravation de l’homme
et la prédestination ne peuvent qu’étouffer, chez ceux qui les adoptent, tout vrai zèle pour la
proclamation de l’évangile et pour cet accroissement du Royaume de Dieu que nous appelons
évangélisation »
97
Andrew BLUCKER, Jean Calvin et la mission de l’Eglise. Lyon Olivetan. 2008 p11
98
Jean-Berthoud, Calvin et la France, Genève et le développement de la Réforme au XVIe siècle. Lausanne l’Age
d’homme, 1999, p7
99
Andrew BLUCKER, Jean Calvin et la mission de l’Eglise. Lyon Olivetan. 2008 Page 26
81
A entendre ou lire les critiques des détracteurs de Luther, l’on est tenté de se demander si les
Réformateurs ne peuvent pas bénéficier de circonstances atténuantes ? Nous ne pouvons
occulter la Mission au Brésil.
La Mission au Brésil
Le Brésil fut la seule véritable entreprise missionnaire vers une terre qui n’avait aucune
connaissance ni de l’évangile ni de l’Eglise. Et Calvin s’est impliqué dans cette mission.
Cette mission fait suite aux lettres de l’Amiral Nicolas Villegagnon, « demandant de l’aide
pour l’établissement de la nouvelle colonie au Brésil, dans le but de faire avancer le Règne du
Christ »100. L’expédition eut lieu dans l’actuelle baie de Rio de Janeiro.
Suite donc à l’appel du chevalier Villegagnon, le Pasteur Jean de Léry avec douze autres «
Genevois », des ministres protestants furent envoyés au Brésil par Jean Calvin en personne en
1557.
Cette mission ne dura que trois ans. La colonie fut entraînée dans de folles polémiques
théologiques. La discorde éclata à la Pentecôte : Villegagnon rompit avec les calvinistes à
l’issue d’un débat sur l’eucharistie. Le chevalier défendit fermement le dogme alors que les
réformés rejetèrent « ce méchant hérétique ».
Les objectifs de l’opération étaient multiples, entre autres, instaurer dans le nouveau monde
une communauté refuge pour les protestants. Mais tout se solda par l’échec. La déconvenue
fut cruelle. Pour échapper à la cruauté de Villegagnon, les protestants trouvèrent asile chez les
Indiens, une tribu sauvage brésilienne.
Rentrés en France en 1558, non sans peine, les Protestants relatèrent aussitôt les cruautés
infligées aux indigènes et aux colons.
100
Andrew BLUCKER, Jean Calvin et la mission de l’Eglise. Lyon Olivetan. 2008 Page 39
82
Alain Joblin101 dans son livre L'idée de mission chez les protestants (XVIe siècle-début XXe
siècle), semble avoir bien résumé la position des Réformateurs par rapport à la Mission : «
Luther expliquant par ailleurs dans les propos de table que la seule puissance de la « Parole de
Dieu » devait suffire à faire naitre de nouvelles Eglises chez les païens. Un débat portant sur
l’opportunité d’organiser des missions au lointain s’ouvrit cependant à cette époque.
Zwingli fut le premier à poser la question du « salut » des païens. Calvin insista pour sa part
sur la nécessité de diffuser l’Evangile mais écartant l’idée de créer un ministère
spécifiquement consacré aux missions lointaines : seule l’évangélisation de populations mal
christianisées lui importait. Théodore de Bèze fut encore plus réservé sur cette question des
missions au loin. En s’appuyant sur l’Epitre de Paul aux Romains 10/18, il expliqua que la
parole de Dieu avait été portée aux quatre coins du monde par l’Eglise primitive et tant pis si
des peuples ainsi éduqués laissèrent s’étioler le Message. C’était la preuve qu’ils n’étaient pas
parmi les « élus » … »
Les critiques semblent ignorer le fait qu'il existe plusieurs raisons valables selon lesquelles
Luther et les réformateurs protestants n'étaient pas plus concentrés sur le monde mission. Les
circonstances Historiques, par exemple, peuvent plaider en leur faveur.
Circonstances historiques
Nous nous appuierons ici sur la Conférence102 récente du Professeur missiologue Jean
François ZORN, publiée par « Esprit de liberté103 » du pasteur James Woody pour expliquer
cette abstention missionnaire des réformateurs.
Les réformateurs n’ont pas fondé d’organisations missionnaires pour l’extérieur même pour
l’intérieur analogue aux ordres et aux congrégations qui existaient alors dans l’église.
101
Joblin Alain. L'idée de mission chez les protestants (XVIe siècle-début XXe siècle). In: Outre-mers, tome 92,
n°348-349, 2e semestre 2005. La loi de 1905 et les colonies, sous la direction de Jean-Marc Regnault. pp. 203-
220
102
Jean-François Zorn : La réforme protestante était-elle ouverte au monde ? Esprit et liberté. Avril 2017
103
« Esprit de liberté » est le blog de James Woody, pasteur de l'Eglise protestante unie de Montpellier. Des
articles, prédications et études bibliques alimentent son blog.
83
A cette époque du 16e siècle, l’évangélisation du monde reposait sur une alliance, une
alliance de la papauté et des gouvernements catholiques, très catholiques, espagnols et
portugais.
Luther avec sa doctrine des deux règnes séparant le domaine temporel de l’Etat, du domaine
spirituel de l’église et Calvin avec sa dénonciation constante de l’alliance des évêques et des
princes, les deux réformateurs n’étaient pas en mesure de lancer un mouvement missionnaire
outre-mer sur les bases institutionnelles et politiques de l’église.
1. La priorité n’est pas de porter l’évangile loin mais de réformer l’église en Europe.
Pour ceux-ci, la première cible puisée dans la parole de Dieu c’était la réformation de l’église
elle-même. Les réformateurs ne suivent pas la théologie de l’église catholique dans son
évolution, vers la Mission de l’église, vers la Mission des prêtres, vers la Mission des
missionnaires. Oui c’est l’église selon les réformateurs qui doit être elle-même réformée. Et si
Mission il y avait elle devait être inspirée par une réformation.
3. Chez Calvin on trouve exprimer autrement la…que c’est Dieu et Dieu seul qui conduit
son action et non l’homme.
Et Calvin conclut de ce récit que c’est Dieu lui-même qui donne les occasions pour entrer
dans un pays, où dans un milieu pour s’y introduire et introduire le Christ. C’est Dieu encore
qui ferme les portes.
4. Les réformateurs ne se trouvaient pas dans une situation politique analogue à celle de
la papauté. Il faut dire que les réformateurs ne se trouvaient pas dans la même situation
internationale analogue à celle de la papauté.
Malgré cette conception très théocentrique de l’action apostolique des réformateurs, il faut
rappeler que les réformateurs ne se trouvaient pas dans la même situation internationale
analogue à celle de la papauté qu’ils critiquaient et combattaient.
84
En effet aucun des gouvernements ralliés à la Réforme à l’époque de Luther et Calvin, des
générations plus tard, aucun de ces souverains n’a de responsabilité dans les pays lointains
contrairement aux souverains catholiques, souverains portugais, espagnols.
Les seules expériences étaient celles conduites par les chefs de partis protestants au Brésil en
1557, et en Floride en 1564. Ces actions des protestants n’étaient en fait que des refuges dans
le nouveau monde pour les protestants persécutés.
Conclusion
Martin Luther, Jean Calvin et tous les autres réformateurs n’ont certainement pas abordé leurs
ministères sous l’angle missionnaire avec des bateaux sur les mers. Ils ne se sont visiblement
pas souciés des territoires lointains…les extrémités de la terre. Sans toutefois les dédouaner,
ils ont du mérite. Ils ont affronté la grande Rome pour lui arracher des mains, la Réforme, le
Protestantisme, la Bible traduite, le sacerdoce universel…ils tout simplement été des
précurseurs pour préparer le terrain pour d’autres qui viendront beaucoup plus tard…Jonathan
Edwards, Georges Whitefield, John Wesley, Joseph William Seymour pour emprunter les
chemins, la mer...pour ranimer le flambeau de l’évangélisation et de la mission.
Introduction
Qu’est-ce qu’un réveil ? C’est, selon le dictionnaire Larousse, le fait de se réveiller, de passer
du sommeil à l'état de veille. Il a pour synonymes : regain, renaissance, renouveau, retour,
résurrection, revivification, reviviscence.
85
Jean-Louis KLEIN104 dit que le réveil « désigne des mouvements qui, à partir du XVIII e
siècle, dans certaines confessions protestantes, notamment des pays anglo-saxons, suscitent en
peu de temps des conversions subites et souvent collectives, un regain de vie religieuse,
l'apparition de nouvelles communautés et d'œuvres diverses. Bien que de tels renouvellements
puissent se produire dans toutes les religions, le phénomène « revivaliste » est surtout une
caractéristique des Églises et sectes issues de la Réforme ».
Le Réveil est rattaché aux XVIIIe et XIXe siècles. L’encyclopédie catholique 105 « THÉO »
l’affirme : « Le Réveil religieux est une expression des XVIIIe et XIXe siècles et qu’elle est
étroitement liée au protestantisme. C’est ce que confirme ‘’THEO’’ en déclarant que ce sont
de grands sursauts spirituels réagissant contre la sécheresse dogmatique ou le conformisme
d’Eglises protestantes d’Europe et d’Amérique aux XVIIIe et XIXe siècles ».
Au sens large, le Réveil religieux peut se définir comme un mouvement pouvant stimuler le
retour à l’obéissance envers Dieu, après un moment de déclin dans la piété. Il implique une
conviction de péché et une repentance nouvelle suivies d’un désir intense de vivre dans
l’obéissance à Dieu.
Vu sous cet angle, la mission de Moïse, des prophètes et le ministère de Jésus Christ sont des
actes concrets de réveil : leur objectif principal était de réconcilier Israël à Yahvé, le monde à
Dieu.
Cette logique fut respectée par le message de l ‘Eglise primitive :
« Repentez-vous… » (Ac 2 : 38).
Toujours, vu sous cet angle la Pentecôte à Jérusalem fut un réveil inégalé et référentiel.
104
(Jean-Louis KLEIN, « RÉVEILS, religion », Encyclopædia Universalis : https://www.universalis.fr/encyclopedie/reveils-
religion/)
105
THEO : Encyclopédie Catholique pour tous Paris, Droguet-Ardent Fayard, 1992, p 158
106
THEO : Encyclopédie Catholique pour tous Paris, Droguet-Ardent Fayard Ibid, p 751 ; THEO, Ibid, p 752
86
L’histoire de l’Eglise est jalonnée de mouvements de réveils avec des formes diverses :
certains se sont transformés en des ordres monastiques : Cluny (Xe siècles), la réforme
grégorienne (XIe siècles), la réforme franciscaine (XIIIe siècles). D’autres ont tout
simplement été étouffés : les Vaudois, les Albigeois.
Le XVIe siècle est marqué par le mouvement initié par Martin Luther, la Réforme ou la
naissance du Protestantisme : « Un mouvement qui a rejeté l’autorité papale de Rome ».
Le Protestantisme a réclamé un retour à l'évangile qui s'opposât aux ajouts de la tradition et à
la hiérarchisation de la société ecclésiastique.
Ces feux de réveils religieux vont aussi connaître le déclin avec l’apparition du siècle des
lumières. C’est dans ce contexte que le Méthodisme marquera la première manifestation du
Réveil protestant à partir de 1739, un souffle nouveau qui s’étendra de l’Angleterre en
Amérique du Nord.
Plusieurs autres réveils eurent lieu sur le nouveau continent : le revivalisme américain ;
d’abord sous la direction du Pasteur réformé Jonathan Edwards (1734-1735), puis au XIXe
siècle, grâce aux ministères des Evangélistes Dwight Moody, R. Torrey, Charles FINNEY.
Ces réveils connurent à leur tour le déclin, ce qui suscita la naissance de plusieurs
groupes du type « Eglises de Sainteté ». Leurs dirigeants accusèrent les Eglises méthodistes
établies de négliger la doctrine de John Wesley sur la sanctification parfaite.
C’est au sein de ces groupes, qu’eut lieu au début du XXe siècle (1906), à Los Angeles, le
grand mouvement religieux sous la conduite du Pasteur Noir William Seymour. Ce
mouvement rencontra un succès phénoménal. Il y eut des effets dégénérés sous la forme
d’exaltation hystérique et de glossolalies. Ce mouvement fut appelé « réveil pentecôtiste ».
(Voir document AZUZA.
Nous présenterons ici ces trois réveils religieux : en Amérique avec Jonathan Edwards et
George Whitefield, en Angleterre avec John Wesley et aux USA avec Joseph William
Seymour.
87
Au début des années 1700, la foi de la Nouvelle-Angleterre dans son héritage de la réforme
avait commencé à décliner.
Au cours des décennies précédant le premier et le deuxième réveil, il y avait eu une baisse
constante de la fréquentation de l'église et de l'engagement envers les valeurs chrétiennes dans
tout le pays.
88
Le climat spirituel à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle était loin d'être pieux. Les
idéaux spirituels des pèlerins d'origine avaient été oubliés et "un grave déclin théologique et
moral s'était installé"107.
Un ministre presbytérien dénonçant l'état déplorable de la religion dans les colonies avant la
renaissance, a écrit que la religion était comme mourante et prête à expirer son dernier souffle
de vie dans cette partie de l'Église visible.
Comme instruments, Dieu a utilisé des personnes qui aujourd’hui sont devenues des
Personnages emblématiques : EDWARDS Jonathan et Georges Whitefield. Qui sont-ils ?
Jonathan Edwards, fils du révérend Timothy Edwards, est né en 1703 à East Windsor,
Connecticut dans une période de déclin et de décadence pour les puritains. On note à cette
époque « que les affaires du pays étaient davantage dominées par la vie de taverne que par la
vie d'église ».
Le père de Jonathan avait commencé à établir une église dans cette ville et cherchait à
racheter les puritains de leur déclin spirituel et de leur décadence.
107
John F. Thornbury. “Another Look at the First Great Awakening.” RAR 04:3 (Summer 1995), 16.
108
Wainwright, William. "Jonathan Edwards." The Stanford Encyclopedia of Philosophy. Fall 2009 Edition.
Edward N. Zalta ed. http://plato.stanford.edu/archives/fall2009/entries/edwards/ (Accessed April 16, 2012).
89
Le ministère était dans la famille d'Edwards, car son grand-père était le célèbre ministre
Solomon Stoddard.
Edwards, bien que plus intense et poétique que son père, a montré les marques du piétisme
puritain, de la théologie réformée et d'une formation digne de fréquenter Harvard ou Yale.
En 1716 Edwards est parti pour Yale College où il recevrait son B.A. diplôme en 1720.
Edwards resta au Yale College deux ans de plus pour étudier la théologie.
Après un bref pastorat à New York en 1722 et à Bolton, Connecticut en 1723, Edwards
retourna au Yale College en 1724.
Deux ans plus tard, il démissionna de Yale pour accepter un poste avec son grand-père
maternel, Solomon Stoddard, dans son église de North Hampton, Massachusetts.
Edwards a été ordonné au début de 1727 et était marié à Sarah Pierrepont. Malheureusement,
en février 1729, Solomon Stoddard mourut.
Le jeune Jonathan Edwards entreprit alors la tâche ardue de diriger l'une des églises les plus
importantes de la Nouvelle-Angleterre.
Dans les années qui ont suivi, Edwards a continuellement exhorté sa congrégation à s'efforcer
d'atteindre de plus hauts niveaux de vertu chrétienne.
Edwards a passé de nombreuses heures à se pencher sur les détails de ses sermons, mais est
devenu frustré par ses fidèles pour ne pas avoir répondu à ses sermons avec le même zèle qu'il
ressentait envers l'Évangile.
Cherchant à lutter contre la présence croissante de l'arminianisme, Edwards prêcha une série
de sermons à l'hiver 1734-1735 sur la « justification par la foi seule ». Ces sermons
déclenchèrent une expression extraordinaire de ferveur religieuse conduisant à un grand
renouveau dans son église.
Edwards se forgea rapidement la réputation d'être un défenseur des doctrines réformées.
Le Réveil s'est répandu dans les communautés environnantes et lui a valu un respect
important tant au niveau local qu'international. Il est apparu qu'Edwards avait atteint le niveau
d'autorité de son grand-père sans les conflits qui ont secoué le ministère de son père.
90
Sa prédication, dans laquelle il s'opposa aux tendances arminiennes qui furent à l'œuvre dans
son Église, conduisit d'abord au Réveil au sein de sa communauté locale, puis au Grand
Réveil de 1740-1742, auquel prit part aussi George Whitefield.
Il mourut au moment où la présidence de Princeton College (N.J.) lui est confiée.
109
John A. VICKERS, A Dictionary of Methodism in Britain and Ireland. Epworth Press. 200 P392
110
Thomas S. Kidd. The Great Awakening: The Roots of Evangelical Christianity in Colonial America. (New
Haven: Yale University Press, 2007), 2019, Light Magazine
91
Surnommé “le grand réveilleur”, le révérend anglais rassemble des foules de plusieurs milliers
de personnes lors de ses prêches en Amérique dans les années 1740.
Whitefield, a brisé les normes des prédicateurs du 17 e siècle. Il était charismatique et
extrêmement passionné dans sa prédication.
« En raison de sa voix forte et claire qui s'entendait à grande distance, il préférait le plus
souvent prêcher en plein air et dans des champs pouvant accueillir les quelques dizaines de
milliers de personnes qui venaient l'entendre prêcher »111.
Thomas Kidd, historien estimé du Premier Grand Réveil soutient qu’« un lien entre ces deux
mouvements (le Premier Grand Réveil et le deuxième) reste insaisissable112.
Le début du Réveil
Le Grand Réveil a balayé les jeunes colonies avec les feux de la ferveur évangélique. Le
renouveau ébranla les fondements mêmes de la société coloniale. Dans son sillage, une
renaissance de la philosophie et de la théologie réformées a planté les graines de l'autonomie
gouvernementale et de l'autonomie politique dans le sol fertile des Amériques.
111
Dr Ed Hird The Great Awakening 2019, Light Magazine
112
Thomas S. Kidd, Le Grand Réveil : les racines du christianisme évangélique dans l’Amérique coloniale, New
Haven, CT : Yale University Press, p.288 (2007)
92
Ces pasteurs prêchaient devant des foules de plus en plus importantes, que ce soit dans des
églises où ils sont invités mais aussi dans les campagnes. Le mouvement se répandit comme
une traînée de poudre ; rapidement, les pasteurs en poste se mirent eux aussi à prêcher le
réveil, à dénoncer l’apathie spirituelle au sein de leur congrégation.
Ils touchaient d’abord la Nouvelle-Angleterre de 1735 à 1745, puis les provinces de New
York, du New Jersey et de Pennsylvanie dans les années 1740, avant de gagner les colonies
du Sud dans les décennies qui suivent.
Les réveils sont un élément constitutif de l’histoire religieuse de l’Amérique puis des États-
Unis, dont les effets se font encore sentir aujourd’hui. “Puissance et enthousiasme sont les
mots-clés de la notion de réveil.
• Le salut et le rachat des pécheurs par le sacrifice du Christ sur la croix : une
grande importance est accordée à la repentance et la régénération personnelle individuelle, en
insistant sur l'expérience du péché et de la régénération.
• La "grâce de l'unité" : l’accent est mis sur la communion fraternelle : le réveil
est communiqué aux autres familles chrétiennes.
• Une action concrète pour les plus défavorisés : les réveils ont une action
sociale importante dans les domaines de l'éducation, la santé, la pauvreté.
Thomas Kidd, historien estimé du Premier Grand Réveil soutient qu’« un lien entre ces deux
mouvements (le Premier Grand Réveil et le Révolution) reste insaisissable113.
Si, au début du XVIIIe siècle, les missions catholiques ont paru faire preuve de plus de
dynamisme que les missions protestantes, tel n’est pas le cas, en revanche à la fin du même
siècle qui présente aux yeux de l’observateur une situation inverse.
Le protestantisme semble commencer à être touché par le désir missionnaire. L’état des lieux
des missions effectuées au XVIIIe siècle
Les principaux lieux de mission viennent d’être énumérés. On peut revenir brièvement sur
chacun d’entre eux, pour mieux les définir.
113
Thomas S. Kidd, Le Grand Réveil : les racines du christianisme évangélique dans l’Amérique coloniale, New
Haven, CT : Yale University Press, p.288 (2007)
114
Yves Krumenacker, « Le XVIIIe siècle : éveil protestant et déclin catholique ? », Cahiers d’études du religieux.
Recherches interdisciplinaires. 2008/http://journals.openedition.org/cerri/242 ; DOI :
https://doi.org/10.4000/cerri.242
115
Yves Krumenacker est Professeur d’Histoire moderne, Université Jean Moulin Lyon 3, Équipe RESEA, UMR
5190 LARHRA
94
La terre de mission qui fut défrichée au XVIIIe, siècle sans doute la plus surprenante fut le
Groenland. Le premier baptême a lieu en 1724. À la mission luthérienne s’est ajoutée une
mission morave qui y débarqua en 1733.
L’Amérique fut un champ de mission bien plus important. Des Moraves purent néanmoins
s’établir au Surinam (1742).
Aux Antilles, la première place fut également prise par les Moraves qui y débarquèrent en
décembre 1732. Les Moraves pénétrèrent aux Antilles anglaises à partir de 1755. Ils étaient en
Jamaïque et dans les îles voisines.
Dans ces îles, l’événement décisif fut en réalité la venue en Jamaïque, en 1783, de George
Liele (1750-1828), un esclave noir de Virginie baptisé dix ans auparavant par un pasteur
baptiste ; ce fut le début, aux Antilles, de l’évangélisation des Noirs par les Noirs. D’autres
églises noires furent fondées par des missionnaires méthodistes.
Jonathan Edwards (1703-1758), le principal artisan du Grand Réveil, eut une activité
importante auprès des Indiens Housatonic.
On trouve également des missionnaires méthodistes : Richard Boardman et Joseph Pilmoor
furent missionnaires en Amérique du Nord à partir de 1769 à l’initiative de John Wesley. Ils
furent rejoints par Francis Asbury (1745-1816) qui devint le véritable chef des missions
méthodistes.
En 1784, arriva Thomas Coke (1747-1814), qui fonda la Mission méthodiste des Indes
Occidentales, à l’origine de l’African Methodist Episcopal Church (1787) et de l’African
Methodist Episcopal Zion Church (1796).
95
Les baptistes furent également actifs, et fondèrent la première église noire à Bluestone River
(1758).
George Liele fonda des communautés baptistes noires en Caroline du Sud (1773) et à
Savannah (1777.
Les Moraves s’installèrent en Pennsylvanie en milieu Indien en 1734.
Le premier missionnaire arriva à New York en 1740. Zinzendorf lui- même fit une tournée
chez les Schawanoses (1742-1744).
Le principal acteur des missions moraves, à partir de 1749, est David Zeisberger (1721-1808),
qui vécut parmi les Indiens Mohawks, Iroquois et Delaware.
Les tentatives missionnaires furent également rares en Afrique. Georg Schmid (1709-1785)
arriva au Cap en juillet 1737.
Sur la Côte de l’Or (Ghana), Thomas Thompson, prêcha auprès des indigènes de 1751 à 1756.
En Guinée, la mission fut surtout le fait des Moraves, En 1737, Protten et un Morave,
Heinrich Huckoff, débarquent à Al-Mina.
La mission protestante la plus célèbre du XVIIIe siècle est celle de Tranquebar, comptoir
danois en Inde. Deux piétistes débarquèrent en mai 1706.
Un premier pasteur tamoul fut ordonné en 1733. On compta jusqu’à cinquante-six
missionnaires royaux danois. En 1800, la mission enregistrait vingt mille convertis.
L’ère moderne des missions protestantes en Inde débuta avec l’arrivée, en 1793, du baptiste
anglais William Carey.
Il proclama la nécessité du devoir missionnaire. Son exemple suscita la naissance de
nombreuses sociétés missionnaires.
Ce renouveau spirituel a bouleversé la vie de tout un peuple à tel point qu’on a pu dire que
Wesley a sauvé l’Angleterre d’une véritable faillite spirituelle et morale !
Paul Ranc116 fait remarquer qu’au début du l8e siècle, le Royaume d’Angleterre vit des
moments effroyables. La corruption et la dégradation des mœurs ont atteints des sommets
inimaginables et la spiritualité est quasi nulle.
Paul Ranc donne les raisons de cette déchéance spirituelle : « l’Eglise anglicane a été
emportée par la vague de fond du déisme lequel croit certes à l’existence de Dieu, mais il
n’interviendrait plus dans les affaires des hommes. Et aussi à la raison humaine qui
s’émancipe et devient autonome par rapport à Dieu et à sa Parole ».
L'ivrognerie faisait des ravages effrayants dans les basses classes. "Le gin avait été inventé en
1684, et un demi-siècle après, l'Angleterre en consommait sept millions de gallons.
116
Par Paul Ranc. Wesley, l’homme qui sauva l’Angleterre : Grâce, Histoire Publié dans Promesses n° 103,
Janvier-mars 1993
97
Les marchands, sur leurs enseignes, invitaient les gens à venir s'enivrer pour 2 sous ; pour 4
sous, on avait de quoi tomber ivre mort.
L’âge nouveau apportait avec lui des bouleversements dans la vie publique. Si une minorité
profitait largement de ce développement, les classes laborieuses vivaient dans la misère.
Claude Jean BERTRAND117 dit que : « plus de 80% des Anglais appartiennent aux classes
subalternes : artisans et petits commerçants, fermiers et métayers, domestiques, ouvriers et
mineurs et puis ceux qu’on appelle les « pauvres… ».
On ne pouvait traverser les rues de Londres sans rencontrer des misérables, inertes,
insensibles, gisant sur le pavé, et que la charité des passants pouvait seule empêcher d'être
étouffés dans la boue ou écrasés sous les voitures. Une maison sur six, dans Londres, servait
de cabaret en 1736.
C’est dans ce contexte hostile à la foi Chrétienne que naquit le Réveil Méthodiste. Il a été
lancé au XVIIIe siècle par le prédicateur anglais George Whitefield, mais c'est John Wesley
qui fut l'organisateur du méthodisme.
L’enfance de Wesley
John Wesley est né en 1703 dans une famille pastorale anglicane. Il était le quinzième des
dix-neuf enfants de Samuel et Suzanne Wesley. Son enfance fut marquée à jamais par l’amour
et l’abnégation de sa mère. Son éducation classique à la Charterhouse de Londres (1713-
1720) s'appuya sur les fondations que sa mère avait posées et le prépara à ses années à Christ
Church, Oxford (1720-1724).
117
Claude Jean BERTRAND : Le Méthodisme Paris, Librairie Armand Colin 1971, p 15
118
Jean BAUBÉROT, « MÉTHODISME », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 1 février 2023. URL:
https://www.universalis.fr/encyclopedie/methodisme/
119
John A. Vickers. A Dictionary Of Methodsim in Britain an Ireland. Page 379
98
Cette femme admirable, fille de pasteur se consacra tout entière à l’éducation de ses enfants.
A l’âge de cinq ans, chaque enfant devait apprendre l’alphabet. Une fois l’alphabet appris, et
dès le lendemain, l’enfant apprenait à lire la Bible ! Chaque semaine, Suzanne Wesley avait
un entretien spirituel avec chacun des enfants.
L'influence d'un "ami religieux" et sa lecture de Thomas à Kempis et Jeremy Taylor, ainsi que
la perspective d'entrer dans les ordres sacrés, amènent John Wesley en 1725 à devenir plus
sérieux dans sa vie religieuse et dans le cadre de son autodiscipline. Il a commencé à tenir un
journal dans lequel il a tracé sa santé spirituelle.
Étudiant
Après des contacts avec des ouvrages de piété, il décida en 1725 de réformer sa vie. La même
année, il fut ordonné diacre de l’Eglise anglicane. En 1726, il faisait déjà partie du corps
enseignant. Lorsque le père Samuel, malade et avancé en âge eut besoin d’un vicaire, ce fut
John qui le seconda pendant quatorze mois (1727-1729). Il fut entre temps ordonné pasteur en
Septembre 1728. Son frère Charles rentra à Oxford (1726), où il fonda un club religieux :
‘’Holy club’’. Dès son retour à Oxford, John s’unit à eux. Plus âgé et expérimenté, il devint le
chef du club. Outre la prière et l’étude de la Bible, les membres de ‘’Holy club’’ rendaient des
services aux paroisses, visitant les malades, les prisonniers, les pauvres.
Ils reçurent par la suite le sobriquet de « Méthodistes », parce qu’ils avaient d’abord conçu la
rénovation religieuse sous forme d’exercices religieux à heure et à forme fixes : un
programme méthodique et rigoureux.
Il retourna à Oxford en 1729 pour trouver son frère Charles impliqué avec d'autres étudiants
enclins à la religion dans les activités de ce qui devint connu sous le nom de « Holy Club » et,
par ancienneté et capacité naturelle, en devint le chef.
Il a été influencé à cette époque par les écrits de William Law, en particulier son œuvre
Christian Perfection (1726) et Serious Call (1729).
99
Cela l’a éloigné de plus en plus des poursuites et des plaisirs "mondains". Il a ainsi commencé
dans son propre esprit et dans ses prédications à faire la distinction entre la simple religion «
formelle » et la dévotion sans réserve à Dieu.
Mais sa propre relation avec Dieu était, comme il le dirait plus tard, toujours celle d'un
serviteur plutôt que d'un fils.
La Géorgie
Après le décès de leur père, les frères Wesley s’embarquaient pour le sud des Etats-Unis, sous
le patronage de la « « Société pour la Propagation de l’Evangile’’.
Dès leur arrivée, les deux frères missionnaires travaillèrent avec courage et détermination
mais sans grand succès. Matthieu LELIEVRE résume ce ministère en ces termes, « ainsi se
terminait par un échec humiliant, cette campane missionnaire entreprise sous de si favorables
auspices ».
Bien qu'il ait trouvé des raisons de refuser un plaidoyer pour qu'il quitte Oxford en faveur des
habitants du Lincolnshire, peu de temps après la mort de son père en 1735, il accepta de sortir
avec James Oglethorpe dans la nouvelle colonie de Géorgie en tant que missionnaire
volontaire pour évangéliser les Indiens.
Wesley est allé en Géorgie en tant que membre de la High Church, déterminé à restaurer le
christianisme primitif dans un environnement primitif.
Il connut un certain succès avec une augmentation de la fréquentation des services de l'Église
et de la communion et avec un certain nombre de sociétés religieuses qui prospéraient à l'été
1737.
Son ministère fut interrompu et se termina finalement par une déception au milieu de
poursuites judiciaires contre lui dans la controverse qui suivit son refus de communion à
Sophia Williamson, une jeune femme dont il était tombé amoureux.
100
Aldersgate
De retour en Angleterre, les Wesley firent la connaissance des frères moraves dont le brillant
prédicateur Peter Bohler, fondateur d’un club spirituel. John devint membre de ce nouveau
groupe. Il éprouvait toujours une grande frayeur à la pensée de mourir. Cette crise spirituelle
prit fin le mercredi 24 mai 1738, au cours d’une réunion des moraves à Londres.
John y découvrit la grâce de Dieu. Il donna plus tard le récit détaillé de cette journée
mémorable : à Nettleton Court, Aldersgate Street. Il sentit son cœur « étrangement réchauffé »
par la prise de conscience que l'amour de Christ, centré sur la Croix, était pour lui
personnellement : « … j’entendis lire la préface de Luther à l’épître aux Romains.
Vers neuf heures moins un quart, en entendant la description qu’il fait du changement que
Dieu opère dans le cœur par la foi en Christ, je sentis que mon cœur se réchauffait
étrangement, je sentis que je me confiais en Christ, en Christ seul pour mon salut, je reçus
l’assurance qu’il avait ôté mes péchés, et qu’il me sauvait de la loi du péché et de la mort ».
John Wesley se convertit le 24 mai 1738, quatre mois après son retour d’Amérique.
Son frère Charles fit aussi l’expérience de la nouvelle naissance, trois jours avant.
Cela n'a pas mis fin immédiatement à sa recherche, mais a marqué un tournant important et
peut-être considéré comme une expérience de 'conversion'.
101
Nous proposons ici, de présenter des personnages, des groupes religieux qui ont joué
un rôle déterminant dans la vie de John Wesley et du Réveil Méthodiste.
Sa célèbre œuvre ‘’les Pia desidera’’ traduit sa préoccupation majeure : une piété
individuelle profonde.
L’Université de la ville de Halle fut le centre d’instruction et de formation du piétisme
sous l’instigation du professeur Herman Auguste Franck.
* ZINZENDORF et les frères Moraves : grand Comte saxon, Louis Nicolas de
ZINZENDORF (1700-1760) eut pour parrain Philip SPENER. Il fréquenta l’école piétiste de
Franck Herman à Halle. Il découvrit les pratiques et les principes des frères Moraves à travers
l’ouvrage du dernier évêque hussite.
Les frères Moraves étaient les disciples de Jean Huss qui avaient fui l’administration
catholique de la Moravie (alentours de Prague)
Le comte de ZINZENDORF établit ces réfugiés dans ses domaines. Ceux-ci
baptisèrent ces maisons communautaires ‘’Herrnhute » » (logis du Seigneur). Peu après
ZINZENDORF démissionna de sa fonction officielle et devint le chef de la nouvelle
communauté religieuse, l’une des premières nées du piétisme : ‘Unité des Frères.
Il avait une vision universelle, œcuménique de l’église. Il représentait l’église comme une
communauté en permanente accession à la maturité spirituelle et non en croissance numérique
inexorable. Il pouvait dire dans ses « Maximes » : « notre tâche première n’est pas
d’augmenter les connaissances ou le nombre de chrétiens d’une confession ou d’une autre, ni
de corriger leur règle de vie, mais de raviver devant eux l’image de Jésus »26.
Le Réveil Méthodiste
a- Les années 1737 et 1738 furent marquées par le ministère du fougueux prédicateur
méthodiste George Whitefield. Il acquit une immense popularité. Dès lors, ses succès et sa
doctrine lui firent de nombreux ennemis dans le clergé. Ne pouvant plus prêcher dans les
Eglises anglicanes, il s’adressa en plein air à de vastes auditoires. Il fut considéré comme le
précurseur du Réveil méthodiste. À son retour de Saxe, John Wesley se heurta également à
l’hostilité de l’église. Les chefs ecclésiastiques l’accusèrent d’annoncer des doctrines
nouvelles l’une après l’autre, les chapelles officielles lui furent fermées. Son frère Charles et
lui furent obligés d’emboîter le pas à George Whitefield dans le ministère itinérant.
b- Le premier jour de l’an 1739, les trois prédicateurs itinérants et des amis du ‘’Holy Club’’
se réunirent avec la société Morave (de Moravie, dans l’actuelle République Tchèque). Ils
vécurent une expérience qualifiée de « vraie pentecôte » au dire de Whitefield.
c- À partir de cette date, les frères Wesley s’adressèrent régulièrement aux foules en plein air.
Ils allèrent à la rencontre des paysans, des mineurs, des ouvriers et des pauvres. Ces gens
simples, négligés par l’Eglise officielle, étaient à présent saisis par des prédications
contextuelles et par des cantiques émouvants.
d- John Wesley parcourait Londres, Bristol, les villes et les villages environnants, prêchant en
moyenne trois fois par jour.
e- Les foules s’amassaient autour de lui. Il se produisait pendant ces rassemblements des
conversions instantanées, souvent accompagnées de manifestations hystériques.
A son frère aîné, Samuel, révolté par ces phénomènes, il répondit : « vous niez que Dieu
produise de pareils effets. Moi je l’affirme, et cela parce que je l’ai entendu de mes oreilles et
vu de mes yeux… Je pouvais vous montrer le lion devenu agneau ; l’ivrogne devenu sobre,
l’impur ayant en horreur même le vêtement souillé par la chair. Ce sont là mes arguments. »
Plusieurs ecclésiastiques émirent de sérieuses réserves sur le ministère de John Wesley. Il fut
accusé d’hypnotiseur dangereux.
104
f- L’évêque de Bristol lui interdit la prédication en plein air dans son diocèse. Il rétorqua par
une expression qui devint sa devise : « je considère le monde entier comme ma paroisse. Je
veux dire que, en quelque partie du monde que je me trouve, je considère que c’est mon droit
et mon devoir strict d’annoncer à tous ceux qui veulent m’entendre la Bonne Nouvelle du
Salut. » Pendant que John était à Bristol, Charles était l’organisateur des autres sections à
Londres. Il fut surtout connu pour ses nombreux cantiques : environ six mille.
g- Tous les convertis méthodistes furent groupés en société d’étude biblique, de prière et
d’encouragement mutuel. Wesley délivrait des cartes d’adhésion aux membres. Il subdivisa
les groupes en petites « classes » de douze avec un « conducteur » à leur tête. Il recruta dans
la masse de nombreux prédicateurs : les laïcs. Wesley ne permettait pas à ceux, n’ayant pas de
formation théologique adéquate, de demeurer plus de six mois dans le même lieu.
Les laïcs devinrent la cheville ouvrière du Réveil, très actifs dans la prédication,
l’enseignement, la pastorale et la diaconie.
h- Le mouvement prit rapidement de l’ampleur, Wesley fonda des chapelles à Bristol, puis à
Londres où eut lieu la première « Conférence » annuelle Méthodiste du 25 au 30 juin 1744.
Le mouvement gagna les Etats-Unis et pénétra aux Antilles.
i- Le Pasteur ‘méthodiste Thomas Coke atteint Gibraltar, la Sierra Léone, le Cap de Bonne
Espérance, l’Inde. Le Pasteur William Booth créa la version sociale du Méthodisme : l’armée
du Salut avec cette devise : soupe, Savon, Salut. On voyait souvent ses membres dans la rue
demandant l’aumône pour les pauvres.
j- Durant près de cinquante ans, Wesley traversa l’Angleterre, l’Ecosse et l’Irlande à dos de
cheval, affrontant toutes les intempéries afin de prêcher l’Evangile. A sa mort on recensa les
membres de toutes les confréries qu’il avait suscitées. Plus de cent trente-quatre mille
(134.000) furent enregistrés dont cinquante-sept mille (57.000) en Amérique. Nous pouvons
conclure avec l’historien Lecky121 que « si la valeur des hommes peut être mesurée par
121
William Henri Guton : John Wesley esquisse de sa vie et son œuvre, Nime P.E.M., 1989 p 93
105
l’œuvre qu’ils ont accomplie, John Wesley ne saurait être considéré autrement que comme la
plus grande figure qui ait apparu dans l’histoire religieuse du monde depuis les jours de la
Réformation. »
Malgré l’opposition farouche des chefs ecclésiastiques, malgré la pression des Méthodistes
séparatistes, John Wesley n’a jamais voulu quitter l’Eglise Anglicane. Il ne cessait de rappeler
à ses disciples son idéal : la réforme, non pas le schisme : « notre force, leur répétait-il, c’est
de ne pas former un groupe séparé… Ne rejetez pas la mission particulière que Dieu vous a
confiée… Si les Méthodistes abandonnent l’Eglise d’Angleterre, Dieu les abandonnera ».
Malheureusement, cette unité ne fut pas favorisée par l’Eglise Anglicane ; elle demeura ferme
dans sa politique d’hostilité, se refusant à reconnaître les ministres méthodistes. Elle
repoussait leurs fidèles à la table de la sainte-cène. Ces gestes malveillants marquèrent la
rupture totale : l’Eglise Méthodiste venait ainsi de naître.
La Théologie Méthodiste
Sur plusieurs points donc, le Méthodisme resta attaché à la théologie orthodoxe. Cependant,
un vrai Réveil religieux ne peut pas se passer d’une théologie. Wesley se voulait simple à
travers ses sermons, exposant des vérités évangéliques compréhensibles : « c’est aux gens
simples dit-il que j’essaie de dire la vérité dans sa plus grande simplicité… je m’abstiens
donc… de toute subtile spéculation philosophique… de toute argumentation compliquée, et
autant que possible de tout appareil d’érudition… ».
Mais il fut bien obligé de bâtir une théologie
schisme qui donna lieu à la création d'églises méthodistes calvinistes ; elles sont
notamment présentes au Pays de Galles.
Le méthodisme s'est répandu rapidement dans les classes populaires des pays anglophones en
partie grâce aux nombreux cantiques écrits par Charles Wesley, le frère de John Wesley. Si le
chant d'assemblée entraînant ou émouvant a été important dès l'origine de la réforme
protestante, il a été l'un des facteurs importants dans l'enracinement des croyances
méthodistes 9,10, en particulier dans la communauté afro- américaine, encore en partie
constituée d'esclaves lors du développement du méthodisme aux États-Unis.
C’est en 1784 que le Dr. Thomas COKE, publia son: « A plan for the Society for the
establishment of Missions amongst the heathen ».
En 1786, il fait circuler un pamphlet : « An Address to Pious and Benevolent ». Dans cette
adresse, il plaide pour un soutien plus engagé et plus effectif pour le mouvement et l’œuvre
missionnaire. Il avait déjà demandé des souscriptions en faveur de fondations missionnaires
en vue de l’évangélisation des terres lointaines.
Thomas Coke est né le 9 septembre 1747 à Brecon, Brecknockshire, Pays de Galles. Il est
diplômé de l'Université d'Oxford en 1768 et a été ordonné ministre de l'Église d'Angleterre en
1772.
Il été a été vicaire à South Petherton, Somerset, de 1772 à 1776. Cependant, il a été démis de
ses fonctions de curé pour avoir dirigé les services de plein air et de chalet recommandés par
Wesley.
Il a rencontré John Wesley, le fondateur du méthodisme en 1776 et a officiellement rejoint les
méthodistes un an plus tard (1777). Il est devenu le "bras droit" de John Wesley. Il devint le
premier président de la Conférence irlandaise des méthodistes en 1782.
Coke a épousé Penelope Smith, une femme riche qui a heureusement dépensé sa fortune
personnelle pour faire avancer les missions.
Il a établi une mission à Gibraltar en 1803, puis a passé cinq ans à voyager pour la cause des
missions méthodistes, notamment en Sierra Leone. Il en encouragea d'autres à établir des
missions au Canada et en Écosse.
En tout, Coke a fait neuf voyages aux États-Unis, le dernier en 1803. Missionnaire dévoué,
Coke a travaillé aux Antilles, a établi une mission en Afrique.
En 1787, lors de l'une des neuf visites de Coke en Amérique, il fut désigné « évêque » malgré
les protestations de Wesley. En tant que président de la Conférence anglaise en 1797 et 1805,
il chercha à introduire le titre d’évêque parmi les méthodistes anglais. Repoussé, il demanda
au premier ministre, Lord Liverpool, de le nommer évêque de l'église anglicane en Inde. Cette
demande refusée, Coke a levé des fonds pour sa propre mission méthodiste. Il était en voyage
missionnaire de Liverpool à Ceylan, en Inde où il trouva la mort en mer le 3 mai 1814,
123
John A. Vickers, A dictionary of Methodsim in Britain and Ireland Peterborough Epworth Press 200. P72-73
109
Le vrai père des missions méthodistes mondiales était donc le Dr. Thomas Coke (1747-1814).
Wesley et Coke avaient des stratégies différentes, bien que de la même mission globale.
Wesley a dit avec ironie des entreprises missionnaires de globe-trotter de Coke ceci : "Dr.
Coke et moi sommes comme les Français et les Hollandais. Les Français ont été comparés à
une puce, les Hollandais à un pou. Je rampe comme un pou, et le terrain que j'obtiens, je le
garde ; mais le Docteur bondit comme une puce et est parfois obligé de bondir en arrière. »
Une société missionnaire méthodiste calviniste a été formée en 1840 avec l'Inde comme
champ de mission.
Aux États-Unis, les missions méthodistes ont commencé par des missions auprès des Indiens
d'Amérique, des esclaves et des nouveaux territoires le long de la côte ouest.
La WMMS avait des districts d'outre-mer dans les Caraïbes, une grande partie de l'Afrique de
l'Ouest, la Rhodésie (maintenant la Zambie et le Zimbabwe), l'Inde, Ceylan (maintenant le Sri
Lanka), la Birmanie et la Chine, ainsi qu'en France, en Italie, Espagne et Portugal.
Les célébrations du bicentenaire ont eu lieu en 1986, 200 ans après que les premiers
missionnaires ont été nommés par la Conférence dans des stations d'outre-mer.
La théologie de la Mission
Cette réflexion sur une théologie wesleyenne de la mission suppose plusieurs choses
fondamentales : que Dieu appelle l’église en mission ; que l'église est essentiellement
missionnaire, ou missionnaire ; que l'évangile de Jésus-Christ est puissant pour franchir les
barrières culturelles et attirer les gens à lui malgré le péché humain. Cela suppose également
que toute théologie saine de la mission, y compris toute théologie prétendument wesleyenne,
doit être entièrement biblique ; que l'autorité biblique a préséance sur l'autorité de Wesley ou
de toute tradition d'église.
Une grande partie de cette pertinence vient du fait que Wesley était constamment engagé dans
la pratique de la mission : prêchant l'évangile aux pauvres et à tous ceux qui voulaient
l'entendre ; formant des classes et des sociétés méthodistes ; écrivant des lettres, des sermons
et des brochures ; conseillant et envoyant des prédicateurs ; et réfléchissant constamment
théologiquement sur ce qu'il faisait.
Wesley était étonnamment bien informé de ce qui se passait à son époque intellectuellement,
philosophiquement et scientifiquement, ainsi que dans l'église et dans la vie des méthodistes
qui étaient sa préoccupation particulière.
Conclusion
On estime à dix fois le tour de la terre la distance parcourue à cheval, et à quarante mille le
nombre de sermons prêchés durant la cinquantaine d'années de son ministère itinérant ; perché
sur sa monture, le cavalier lisait ou composait, sans perdre une minute.
Ajoutant à cela d'innombrables visites pastorales, deux centaines d'ouvrages composés ou
rédigés par lui, dont le produit était donné aux nécessiteux.
L’on comptait à sa mort plus de soixante-dix mille membres.
Samuel Samouélian124, dans son extrait de la préface de la biographie John Wesley, sa vie et
son œuvre, de Matthieu Lelièvre (janvier 1992) disait : « Aucun historien, voulant étudier le
développement de l'Eglise de Jésus-Christ dans le monde, ne peut ignorer le puissant
mouvement de Réveil religieux que fut le Méthodisme et auquel le nom de Wesley est
attaché. Au cours des ans, des témoins du Seigneur ont marqué d'une empreinte indélébile
l'histoire de l'Eglise, tels Martin Luther, Jean Calvin, John Wesley et bien d'autres…On ne
saurait contester l'actualité de Wesley, cet homme que Dieu a suscité pour renouveler
l'Angleterre décadente au 18e siècle ».
124
John Wesley, sa vie et son œuvre. Matthieu Lelièvre, Éditions ThéoTeX. 2019
112
« L’histoire du Réveil d'Azusa Street doit commencer par l’histoire de son Pasteur William
Joseph Seymour, le fils d'esclave noir »126.
William Joseph Seymour est n é le 02 mai 1870 de Simon et Phyllis Seymour, en Louisiane,
anciens esclaves affranchis. Il était un parfait autodidacte. Son principal livre d’étude était la
Bible.
A l'âge de 25 ans il quitta la Louisiane. Il travaille comme serveur dans plusieurs États. Élevé
dans la croyance baptiste, Joseph Il s’engagea par la suite dans l’église méthodiste, devenant
un fidèle disciple de Wesley, qui croyait qu’il n’y avait aucune discrimination en Jésus.
La maladie
Peu de temps après, Seymour contracta la variole, une maladie souvent fatale à cette époque.
Après trois semaines de grandes souffrances, il se releva avec l'œil gauche aveugle et des
cicatrices au visage.
Il comprit certainement que c’était un appel de Dieu. Il se soumit au plan de Dieu et devint
évangéliste itinérant, sans support financier extérieur. Il croyait que celui qui l’avait appelé
était aussi son pourvoyeur et qu’il allait le soutenir.
125
Cecil M. ROBECK, JR, The AZUSA Street Mission Revival, The Birth of the Global Pentecostal Movement.
Nashville, Emanate Book. 2006
126
Op.cit. Page 14
113
Fondateur du mouvement la Foi Apostolique, Parham a servi comme pasteur suppléant pour
l'Église méthodiste (1893-1895)
Il devint indépendant après parce fortement influencé par des enseignements sur la sainteté et
le don des langues dans l'église pour l'évangélisation missionnaire (Actes 2).
Apres avoir été baptisé du Saint-Esprit, ils formèrent avec ses Etudiants un groupe d'élite de
missionnaires de la fin des temps pour évangéliser le monde avant le retour pré millénaire
imminent de Christ.
A la tête du mouvement « Foi apostolique », il ouvrit une école biblique à Houston, au Texas,
en 1905. Là, il influença William J. Seymour, futur chef de l'important renouveau d'Azusa
Street en 1906 à Los Angeles, en Californie.
Lucy Farrow127
Lucy F. Farrow est née en esclavage en Virginie. En 1905, elle travailla pour Charles Fox
Parham lors de sa croisade à Houston, au Texas, en tant que cuisinière, alors qu'elle était
pasteur d'une petite église de la Sainteté au Texas.
Au moment où elle est revenue à Houston, elle avait fait l'expérience du baptême du Saint-
Esprit avec le parler en langues et avait partagé ses rencontres spirituelles avec Seymour.
Parham a invité Farrow à les accompagner au Kansas en tant que gouvernante de ses enfants.
Pendant ce temps, elle a demandé à son ami William J. Seymour de s'occuper de son église en
son absence. Grâce à ses interactions avec Parham, Farrow a connu la glossolalie. À son
retour, elle encouragea Seymour à s'inscrire au Bible College Parham commencé en janvier
1906, où il finira par être convaincu de nombreux enseignements de Parham. Plus tard en
1906, lorsque William Seymour devint le pasteur d'une église de la Sainteté à Los Angeles, il
envoya Farrow pour le rejoindre dans ce qui allait devenir connu sous le nom d'Azusa Street
Revival.
127
C. M. Robeck Jr, art. Ed. Stanley M. Burgess “Lucy F. Farrow,” The New International Dictionary of
Pentecostal and Charismatic Movements. Grand Rapids, Michigan Zondervan Publishers, 2002.
114
Elle serait connue comme la "servante ointe" qui a imposé les mains à beaucoup de ceux qui
ont reçu le Saint-Esprit et le don de glossolalie.
En décembre 1906, Farrow était convaincue de sa vocation urgente. Elle sentait qu’elle devait
se rendre, en tant que missionnaire à Monrovia, au Libéria.
Elle sera rejointe par d'autres personnes qui avait reçu le même appel pour l’Afrique.
Elle parlait la langue Kru, prêchant au peuple Kru et diffusant le message pentecôtiste en
Afrique. Elle a été la première personne noire à être enregistrée comme ayant parlé en
langues. Après être finalement retournée à Los Angeles, puis plus tard à Houston, Farrow
contracta la tuberculose et mourut en 1911.
La formation de Seymour
William Seymour entend parler pour la première fois du mouvement pentecôtiste en 1905 lors
d’un séjour à Texas où il visite cette école de Charles Parham.
Il s’inscrivit dans cette école, assista aux cours de l’Ecole Biblique de Houston pendant une
courte période. Puisqu’il était Noir, on ne lui permit pas de s’asseoir dans la salle de cours
principale où seuls les Blancs étaient autorisés à s’asseoir, à cause des lois très sévères sur la
ségrégation des races aux Etats-Unis. Seymour écoutait donc les cours à travers la porte
ouverte.
William Seymour quitte le Texas en Janvier 1906 pour Los Angeles dans le but de répandre le
message pentecôtiste.
A son arrivée, William Seymour ne perdit pas de temps. Il prêcha la guérison divine, le retour
imminent de Jésus-Christ et le parler en langues, selon le livre des Actes des Apôtres. Des
personnes assoiffées du Saint-Esprit se réunirent alors. Elles priaient des heures durant pour
recevoir le baptême dans le Saint-Esprit.
115
Le Jour du Réveil
C’était un soir. La salle qui abritait la réunion était archicomble : James R. Goff128 dans son
article « Fields White Unto Harvest » décrit l’ambiance : « Au cours des trois jours suivants,
la maison (Asberry) était remplie de véritables chercheurs et de curieux. Les gens se
rassemblaient à l'extérieur, s'efforçant d'entendre par les fenêtres ouvertes ceux qui recevaient
maintenant leur baptême dans l'Esprit et parlaient en langues ».
Sébastien Fath a décrit ainsi la scène : « …ils crient et font d’étranges bruits en hurlant à
longueur de journée et tard dans la nuit. Ils courent, sautent, se secouent de tout le long, crient
à plein gosier… en se secouant, tapant des pieds et en se roulant par terre. Certains d’entre
eux perdent connaissance et ne bougent pas pendant des heures comme s’ils étaient morts.
Ces gens semblent être fous, mentalement dérangés ou sous l’effet d’un envoûtement. Ils
prétendent être remplis de l’Esprit. Ils ont un Nègre borgne, illettré comme prédicateur, qui
reste sur ses genoux la plupart du temps…Il ne parle pas beaucoup mais de temps en temps,
on peut l’entendre hurler : " Repentez-vous ", et il est supposé prendre en main la chose… Ils
chantent indéfiniment le même chant : " Le Consolateur est Venu »129.
128
Goff, James R. Fields White unto Harvest: Charles F. Parham and the Missionary Origins of Pentecostalism
(Series) Paperback – December 1, 1988
129
Sébastien Fath. Les protestants, des dissidents aux « réveils. Dans La Grande Histoire du christianisme
Éditions Sciences Humaines, Auxerre. 2019 Page 238
116
Il y avait tellement de monde qu’une partie de la pièce s’est effondrée, sans heureusement
faire de blessés…c’est ainsi que le mouvement va déménager à la rue 312 Azusa, le vendredi
saint 13 avril 1906.
Il est intéressant de remarquer qu’à l’époque où le pasteur Seymour prêchait sur le baptême
du Saint-Esprit, lui-même n’avait pas été encore expérimenté le baptême du Saint-Esprit.
Dieu lui accorda cette grâce tant recherchée le 12 avril 1906, la veille du déménagement à la
rue 312 Azusa.
Au cours de l'été 1906, la Azusa Street Mission a étendu son influence au-delà de la ville de
Los Angeles. À Calcutta, en Inde130,
Des demandes
Il est important de noter que les dirigeants du renouveau d'Azusa Street étaient des gens
d’action.
Beaucoup de missionnaires qui sont sortis de la mission de la rue Azusa n'avaient jamais eu
de formation missionnaire ni même de formation théologique. Ils ne connaissaient ni les
langues ni les coutumes des pays auxquels ils se croyaient appelés. Ces simples croyants ont
pris la Bible et leur expérience au pied de la lettre et avaient l'intention de les partager avec
d’autres.
Ils ont béni les missionnaires en délivrant des lettres de créance et ils leur ont fourni
suffisamment d'argent pour les amener là où ils croyaient que Dieu les avait appelés.
L’on a recruté tous les volontaires sans les avoir préparés, ni formés d’où les sérieuses
réserves émises par le Révérend Charles Parham…il n'était pas d'accord avec la stratégie de
Seymour. « Il a accusé Seymour d'avoir envoyé des évangélistes et des missionnaires dans le
monde entier qui étaient mal préparés et mal équipés pour mener à bien un tel ministère »132.
Pour les fidèles de la rue Azusa qui étaient prêts à relever le défi missionnaire, cependant, peu
importait ce que pensait Charles Parham. Ils croyaient fermement que Dieu subviendrait à
leurs besoins s'ils étaient fidèles au commandement de Jésus « d'aller faire des disciples »
(Matthieu 28 :19).
131
Cecil M. ROBECK, JR, Page 160
132
Cecil M. ROBECK, JR, Page 164
118
« Un groupe de personnes qui sont allés en tant que missionnaires pourrait être décrits comme
des évangélistes missionnaires itinérants, en Inde, à Ceylan (aujourd'hui Sri Lanka), à Hong
Kong Macao, à, en Chine et au Japon.
La rue d’Azusa a semblé tenir compte des critiques. C’est pourquoi le mouvement a été un
peu plus regardant pour les futures vocations missionnaires : « Une deuxième catégorie de
missionnaires de la rue Azusa comprenait des missionnaires vétérans qui, jusqu'au réveil,
avaient travaillé pour un éventail de dénominations et d'agences missionnaires. Ces
missionnaires ont entendu les histoires de ce que Dieu faisait à la mission d'Azusa Street et
sont venus à Los Angeles pour le voir par eux-mêmes. À leur arrivée à la mission de la rue
Azusa, ils ont été baptisés du Saint-Esprit. Ils sont retournés dans leurs champs de mission
pour continuer à servir, cette fois en tant que missionnaires de la foi apostolique ou
pentecôtistes »
119
Le Pasteur William a compris dès les débuts du Réveil, la vocation missionnaire qui consistait
dans un premier temps à aller partager l’expérience du baptême du Saint-Esprit avec comme
signe initial, le parler en langues.
Dans un deuxième temps et c’est le plus important, il s’agissait d’étendre le règne de Dieu par
l’envoi de missionnaires aux extrémités de la terre : aller prêcher la Bonne Nouvelle de Jésus-
Christ dans le monde entier. Ainsi, au cours de la première année d'existence de la mission,
près de deux douzaines de missionnaires quittèrent la rue Azusa à destination de champs
étrangers.
Au cours des deux années suivantes, ceux-ci seront rejoints par autant d'autres. Les premiers
à partir furent Alfred G. et Lillian Garr. Ils ont quitté Los Angeles en juillet 1906 et ont
voyagé vers l'est pour mener à bien des affaires personnelles. Accompagnés d'une femme
afro-américaine, Maria Gardener, qui avait accepté de servir de nourrice à leur fille de trois
ans, ils ont navigué vers l'Inde en janvier 1907.
Le Sud de la Chine134
Début octobre, alors que les Garr étaient encore en Inde, ils ont reçu une invitation de
plusieurs femmes missionnaires célibataires à parler à Hong Kong. Ils arrivèrent à Hong
Kong le 09 octobre 1907.
Garr a immédiatement embauché un homme du nom de Mok Lai Chi pour lui servir de
135
traducteur. Le traducteur a été lui-même influencé par le message. Moins d'un mois plus tard,
Mok était baptisé par le Saint-Esprit et s’est mis à parler en langues. Il deviendra un puissant
leader de la foi apostolique dans la région de Hong Kong pour les années à venir. «
133
Cecil M. ROBECK, JR, Page 159
134
Cecil M. ROBECK, JR, Page 162
135
Cecil M. ROBECK, JR, Page 162
120
Le Nord de la Chine
Plusieurs autres missionnaires de la rue Azusa exerçaient leur ministère dans le nord de la
Chine.
Thomas Junk136 a commencé à étudier la langue, estimant qu'il lui faudrait deux ans pour
l'apprendre. Entre-temps, il avait ouvert une œuvre dans la région ravagée par la famine du
nord de la Chine, et il tenta de devenir « un Chinois parmi les Chinois », mangeant de la
nourriture chinoise, apprenant la langue chinoise et se rendant dans des régions que d'autres
missionnaires avaient rejetées à cause des conditions primitives.
Junk se considérait comme un simple prédicateur qui était grandement aidé par les guérisons
et les exorcismes provoqués par ses prières.
L’Ouest de la Chine
Sigrid Bengsten137 s'est rendue dans le nord de la Chine où elle a commencé son travail.
Hector a terminé sa formation linguistique, et après deux ans en Chine, »
Elle a entamé l’œuvre missionnaire dans la province de Szechwan, dans l'ouest de la Chine.
Les Mc Leans138 repartirent en tant que missionnaires indépendants, arrivant à Shanghai le 1er
janvier 1910.
Là, ils commencèrent leur période de travail "pentecôtiste » avant de s'installer sur la côte
nord de la Chine.
Cecil M. ROBECK, JR précise que « de loin, le plus grand nombre des premiers
missionnaires qui sont sortis en 1906 de la mission de la rue Azusa sont allés en Afrique »139.
136
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139
Page 169
121
L’Angola, l’Afrique du Sud et le Liberia seront visités par les Missionnaires. Mais la cible
principale sera le Liberia.
Le Liberia
En janvier 1907, les douze Afro-Américains exerçaient leur ministère autour de Monrovia, au
Libéria. Le Libéria était unique parmi les pays africains.
Lucy Farrow avait pu communiquer avec les indigènes en langue Kru. Elle semble avoir eu
un petit mais efficace ministère parmi le peuple Kru, y compris un roi local, près de
Johnsonville.
À son retour aux États-Unis au milieu de 1907, Farrow a affirmé que vingt membres de la
tribu Kru avaient "reçu leur Pentecôte" tandis que d'autres avaient été "sauvés, sanctifiés et
guéris", par son ministère.
À deux reprises, a-t-elle affirmé, le Seigneur lui avait fait « le don de la langue kru » et lui
avait permis « de prêcher deux sermons au peuple dans sa propre langue ».
Elle a témoigné du fait que les « païens » du Libéria avaient été baptisés dans l'Esprit
lorsqu'ils « parlaient en anglais et certains dans d'autres langues ».
Conclusion
L’AZUSA Street 312 Mission Revival est une œuvre inédite à tout point de vue.
122
Le fondateur, le meneur Joseph William Seymour est le fils d’esclaves affranchis, un véritable
autodidacte. Il trainait aussi un sérieux handicap parce que la maladie lui a fait perdre un œil,
le rendant ainsi borgne.
De par la couleur de sa peau (noire) dans une Amérique ségrégationniste, c’était difficile de
lui imaginer un avenir avec un pronostic positif. Comme dit l’Evangile « Peut-il venir de
Nazareth quelque chose de bon ? » Jean 1 :46. La preuve il a dû prendre ses cours en étant
dehors et écoutant par la fenêtre.
La personne qui lui servait de mentor, le Pasteur Lucy Farrow était elle aussi Afro-
Américaine et servante chez un Pasteur blanc.
Compte tenu des moyens financiers il n’a pas une grande éducation théologique. C’est à juste
titre que Sébastien Fath140 pouvait dire : «« A l'origine de ce nouveau courant, un fils d'esclave
noir, pauvre, mystique et antiraciste : William Seymour « Dans l'histoire du christianisme,
c'est d'abord aux prêtres, aux théologiens, voire aux juristes qu'il appartient habituellement de
fonder de nouveaux courants. William Joseph Seymour n'était ni fonctionnaire de Dieu, ni
bénéficiaire d'une éducation supérieure. »
Pour cette gigantesque œuvre missionnaire, Joseph William Seymour et ses néo-missionnaires
n’avaient pas le soutien des pouvoirs politiques, des compagnies maritimes comme ce fut le
cas pour les missionnaires issus du Réveil religieux du XVIIIe siècle.
Joseph William Seymour et ses néo-missionnaires comptaient sur la providence divine et sur
des dons volontaires. Cela ressemblait à un saut dans le vide, de véritables aventures.
140
Sébastien Fath, Fields White Unto Harvest : Charles F. Parham and the Missionary Origins of Pentecostalism
(Series) Paperback – December 1, 1988
123
Cette nouvelle méthode d’envoi en Mission, Jean François ZORN141 en parle dans une de ses
Conférences : « la nouvelle doctrine missionnaire protestante » : elle ne procède ni des
institutions ecclésiales ni des instances universitaires…le Réveil missionnaire protestant ou le
Réveil revivalisme ne s’exprime pas dans des livres de théologie, ni d’instruction d’églises, ni
des références à des docteurs mais dans des textes pratiques, des textes de pratiques qui vont
être à la source du lancement de nombreuses sociétés missionnaires ».
Cette vague, ce raz-de-marée n'est autre que le pentecôtisme, christianisme protestant marqué
par l'accent sur l'efficacité miraculeuse du Saint-Esprit.
S'il représente actuellement au moins 200 millions de chrétiens, c'est en partie parce qu'un
jour William Joseph Seymour a endossé l'habit du prophète pour imprimer à son temps la
marque d'une Pentecôte réactualisée ».
En parcourant les repères bibliques et Historiques de la Mission, l’on peut faire les constats
suivants : YHWH a été, est encore et sera toujours en Mission, MISSIO DEI. Comme une
ligne éditoriale d’un media, comme un ordre d’opération dans une armée et en général comme
un cahier de charges, YHWH n’a pas changé d’un iota de sa vision. Il s’est fixé un cadre de
développement en suivant des normes fixes, et les étapes de la réalisation de cette vision.
La vision est claire et elle n’a pas changé, c’est le salut de l’humanité, après la chute, le salut
du monde. YHWH va donc se fixer des objectifs qui vont mener à cette vision. Comme en
bon manager d’une entreprise, le plan de YHWH va suivre le principe d'une stratégie
d'entreprise selon cette pyramide :
141
Jean François ZORN
124
Pour chaque objectif stratégique découle les actions qui seront mises en place.
Comme un bon leader, YHWH s’engage lui-même dans cette mission. Il s’associe des
intermédiaires à qui il remet soit un ordre de Mission, soit une feuille de route. Ces feuilles de
route ou ordre de Mission vont les conduire aux différents objectifs.
Et chaque intermédiaire, en fidèle dispensateur, doit mener les actions contenues dans le
cahier de charges général.
Voici de façon imagée, avec des métaphores, des comparaisons ce qui s’est passé avec
YHWH, ce qui se passe avec lui et ce qui se passera avec YHWH.
Dans l’Ancien Testament, YHWH s’est servi des Alliances comme stratégies : Noé-Abraham-
Isaac-Jacob-Moïse-Israël-David. Comme autres stratégies YHWH a utilisé des symboles
forts, le Tabernacle-le décalogue-le sabbat-la circoncision-le Temple.
Comme d’autres stratégies encore YHWH a eu recours à des messagers : les juges-les rois-les
prophètes.
Comme une maison qui s’est préparée pour accueillir son époux, l’Elue, l’Oint, le Messie,
Jésus-Christ a fait son entrée dans ce monde pour rendre effective la MISSIO DEI afin
d’accomplir sa Mission, le salut de l’humanité : « En effet, Dieu a tant aimé le monde qu'il a
125
donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle »
Jn.3:16.
Comme un Maître, Il a enseigné ses disciples par la parole, par les actes, par des expériences
authentiques telles que les miracles et autres signes.
Comme des stagiaires, Il les a par la suite mis sur le terrain de l’évangélisation et de la
Mission.
Tous ces récits sont consignés dans les quatre évangiles reconnus par le canon.
Après avoir passé quarante jours d’enseignements complémentaires avec ses disciples, Il est
monté au ciel, leur laissant des instructions précises : « Mais vous recevrez une puissance
lorsque le Saint-Esprit viendra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la
Judée, dans la Samarie et jusqu'aux extrémités de la terre.» Actes des apôtres 1 :8.
Après l’effusion du Saint-Esprit, selon le livre des Actes Apôtres, la Mission a été
brillamment entamée par les Apôtres, les disciples. La relève a également été assurée de façon
professionnelle par l’apôtre Paul. Il a ainsi passé le témoin, le flambeau de l’évangélisation et
la Mission à ses enfants spirituels (Timothée, Tite…) et ensuite aux églises qu’il a implantées.
Les disciples ont assuré au cours de l’Historie la pérennité de l’œuvre, aux prix de
persécutions, sacrifices, martyrs…
Un peu plus tard après le schisme (1054), la lumière du flambeau a semblé ne pas briller…
c’est alors qu’un moine du nom de Martin Luther fit irruption sur la scène ecclésiale et
religieuse avec ses 95 thèses dénonçant tous azimuts les pratiques de la grande Eglise
Catholique Romaine. La gestion mal maîtrisée de cette crise créa la deuxième grande division
de l’Eglise, donna ainsi naissance à l’Eglise Protestante.
Les attentes des uns et des autres étaient de voir à nouveau le flambeau de l’évangélisation et
de la Mission.
126
Les circonstances et les préoccupations de l’heure n’ont pas permis aux réformateurs de
répondre à ces attentes.
Néanmoins ils ont à leur actif, la libération de l’église, la traduction de la Bible, le sacerdoce
universel mais surtout les 5 solas : Sola Scriptura (l’Écriture seule) -Sola Gratia (la grâce
seule) -Solus Christus (Christ seul) -Sola Fide (la foi seule) -Soli Deo Gloria (A Dieu Seul la
Gloire).
Il faut également noter que, grâce à la réforme, les églises protestantes ont poussé comme des
champignons en Suisse, en France principalement dans le monde anglo-saxon.
Ainsi en Avril 1906, au cours d’une séance de prière la rue Azusa a « explosé » un réveil,
apparemment plus sismique que celui du XVIIIe siècle : le revivalisme Américain, le Réveil
pentecôtiste.
Les lampions se sont éteints, voici un peu plus d’un siècle, la situation n’a guère évolué par
rapport au flambeau de l’évangélisation et de la Mission.
127
L’on a plutôt eu droit à la création de nouvelles sociétés de missions très sectaires et à dix-
sept conférences missionnaires, en un siècle dont nous avons la présentation142 ci-dessus :
Whitby (Canada), 5-24 juillet 1947, « Témoignage chrétien dans un monde en révolution
».
142
« Conférences missionnaires mondiales : Lieux, dates, thèmes », Histoire et missions chrétiennes, vol. 13, no.
1, 2010, pp. 155-156.
128
San Antonio (Texas-USA), 22 mai-1er juin 1989, « Que ta volonté soit faite, une mission
conforme au Christ ».
Athènes (Grèce), 12-19 mai 2005, « Viens, Esprit saint, guéris et réconcilie ! »
II faut aussi noter que l’Eglise a malheureusement connu de grandes divergences et divisions,
parfois doctrinales. Cette situation a rendu difficile le rêve de voir une Église de Jésus-Christ
unie, indivisible surtout dans l’idée de se mettre ensemble pour des programmes conjoints en
vue de maintenir le flambeau de l’évangélisation et de la Mission.
Certainement que YHWH va susciter un autre grand Réveil spirituel…pour rappeler à son
Église, sa vocation première, sa tâche principale, sa raison de vivre, la Mission, encore la
Mission, toujours la Mission jusqu’aux extrémités de la terre.
129
Nous consacrons cette partie à présenter et à faire l’état des lieux de l’E.M.U.CI. Mais
bien avant, puisque nous parlons de l’EMUCI, il serait tout à fait indiqué de la présenter, avec
ses différentes composantes missionnaires qui font problème sous l’angle missionnaire, aussi
bien que la Côte d’Ivoire qui est son champ de mission principal.
Les composantes missionnaires sont les Districts missionnaires, au nombre de cinq, les
champs de mission à l’extérieur, la Guinée Conakry, la Guinée Bissau, le Mali et le Burkina.
Nous apprécierons également le partenariat entre les Districts ordinaires et les Districts
missionnaires en vue d’une relance si possible.
Ce qui retiendra particulièrement notre attention dans la deuxième partie notre travail
c’est inévitablement le résultat d’enquête sur les différents terrains : les Districts ordinaires,
les Districts missionnaires, les champs de missionnaire en Côte d’Ivoire, la Communauté
Bambara et les résultats de la Guinée Conakry.
Comme nous l’avons dit dans notre projet de nous rendre dans certains pays avec
lesquels l’EMUCI a en commun et en partie le même héritage méthodiste (!!! il manque la
proposition principale). Nous nous interrogerons surtout sur leur évolution missionnaire et
chercherons à savoir davantage sur les stratégies qu’ils ont utilisées. Il y a des sœurs églises
méthodistes sœurs de la Gold Coast (Ghana), du Benin (Dahomey) et du Togo.
Pour une question d’ordre chronologique nous nous proposons de commencer par ces
églises méthodistes sœurs.
130
Dans le cadre de notre travail nous avons choisi d’intégrer trois (3) églises Méthodistes
d’Afrique de l’ouest : ce sont les églises Méthodistes du Ghana (Gold Coast), du Benin
(Dahomey) et du Togo. L’Histoire de l’EMUCI ne peut s’écrire sans interroger ces trois
églises qui ont joué un rôle essentiel au début du Méthodisme en Côte d’Ivoire.
Le fait marquant c’est que ces trois communautés ont en commun, un même fondateur
missionnaire : Thomas B. Freeman, un missionnaire mulâtre de père esclave affranchi africain
et de mère européenne. Freeman, panafricaniste convaincu, a apporté une touche particulière à
son ouvre missionnaire et évangélisatrice.
Missionnaire WM, fils d'une mère anglaise et d'un père africain (un esclave
affranchi ?), il est né le 29 novembre 1809 à Twyford, Hants, Hampshire, Angleterre. Il a
travaillé comme jardinier à Orwell Park, près d'Ipswich, devenant jardinier en chef et
botaniste, mais a été licencié lorsqu'il a rejoint les Wesleyens et est devenu prédicateur local.
En 1837, il s'offrit comme missionnaire et fut envoyé sur la Gold Coast (aujourd'hui le
Ghana), où il découvrit que ses cinq prédécesseurs étaient morts dans les treize mois suivant
leur arrivée. Ses deux premières épouses moururent toutes deux peu après leur arrivée en
Afrique.
Freeman, avec son sang africain, a survécu. Il a non seulement implanté des églises
dans la zone côtière, mais a fait plusieurs expéditions difficiles à l'intérieur des terres et le
long de la côte. Dans la capitale Ashanti, Kumasi, où des sacrifices humains étaient offerts, il
était considéré avec suspicion. Mais son voyage de 1842 est considéré comme le début du
méthodisme au Nigeria, au Bénin et au Togo. Il fut au cœur de la lutte anti-esclavagiste.
143
John Vickers, A dictionary of Methodism in Britain and Ireland, Peterborough Epworth presse. P,128.
131
Il faut dire que le Ghana est un cas particulier dans la mission chrétienne. C’était d’abord
l’affaire des missionnaires autochtones ou indigènes.
Certains Africains de l'Ouest indigènes, qui avaient embrassé la foi étaient déjà sur le terrain
de l’évangélisation et de la mission. Les figures de proue étaient M. Joseph Smith, le
directeur, et William de Graft.
Le groupe dirigé par William de Graft, appelé aussi le groupe biblique sera plus tard le
fondement de la croissance du méthodisme dans la Gold Coast.
En fait, ce sont les chrétiens ghanéens qui ont invité le méthodisme au Ghana. Les
groupes de méditation biblique, de prière, d’évangélisation, ont demandé des bibles à la
Grande-Bretagne par l'intermédiaire de Potter, le capitaine d'un navire.
144
John S. Pobee, „Theological Trends in Africa Today‟ in Pobee, John. S., and Kudadjie, J. N., (eds.), Theological
Education in Africa: Quo Vadimus Asempa Publishers, Accra. 1990, p. 59
132
Malheureusement six mois après, il était mort des suites du paludisme. Il ne fut ni le
premier, ni le dernier, à tel point que la Gold Coast avait été surnommé la tombe des
missionnaires.
Avant sa mort, en bon pédagogue, Dunwell avait préparé quelques hommes instruits
comme de futurs piliers de l'église dans le sens du discipolat. Il a également réussi à
réconcilier les deux figures de proue qui s’étaient entre-temps brouillées : Smith et De-Graft.
Le dictionnaire du Methodisme dit ceci de lui : «il ne survécut au climat que six mois, mais
encouragea la « bande biblique » africaine et posa les fondations sur lesquelles T.B. Freeman
et d'autres devaient construire à partir de 1838 »145
La Gold Coast était si meurtrière pour les missionnaires européens, qu’il est devenu de
plus en plus clair que les chefs Fantis étaient sans doute les mieux placés pour superviser le
mouvement méthodiste. La Wesleyan Methodist Missionary Society (WMMS) voulait
reposer la mission sur les épaules des indigènes ghanéens. C’est donc entre crainte, doute et
embarras qu’elle tentait une autre expédition. La solution toute trouvée est dans la personne
du jardinier Thomas Birch Freeman qui s'était porté volontaire et avait été recruté.
En 1838, il arriva à Cape Coast, Gold Coast (Ghana), avec son épouse, une
Européenne.
À leur arrivée, ils ont été attristés d'apprendre que George Wrigley était décédé deux
mois plus tôt. Six semaines après, Elizabeth Freeman contracta elle-même la fièvre et mourut
le 20 février 1838. Ce fut des moments de grandes épreuves pour le missionnaire Freeman. Il
décida de ne pas abandonner mais de continuer l’œuvre.
Trois mois plus tard, le 3 septembre 1838, Freeman organisa la première réunion missionnaire
présidée par le gouverneur George Maclean.
145
John Vickers, A dictionary of Methodism in Britain and Ireland. Peterborough Epworth presse. Page 102
133
À la suite de cette réunion, Freeman et les méthodistes de Cape Coast ont reçu et ont
accepté un appel d'un groupe de méthodistes Fante réunis à Accra pour y étendre le ministère.
A Winneba, où servait alors un élève de de Graft, une vingtaine de personnes se rassemblaient
régulièrement pour le culte.
Kumasi, alors décrite comme une ville « hostile », fut l'un des premiers royaumes
évangélisés par Freeman. Célèbre pour ses menaces d'invasion qui avaient effrayé les tribus
côtières, incarnation de l'horreur et de la cruauté, Kumasi fut néanmoins un champ
missionnaire réussi pour Freeman. Il y entra le 1er avril 1839, fonda une église et ouvrit
quatorze autres stations.
Il faut déjà noter qu’il y a été précédé par deux pionniers, John Mills et James
Hayford, deux chrétiens Fante commerçants à Kumasi. Ils avaient conduit des cultes chrétiens
pour les Fante vivant à Kumasi et pour les Ashantis qui voulaient y assister, sous la
supervision du roi à son palais.
Le roi d'Ashanti Nana Kwaku Dua I (1838-1867), a invité Freeman à y ouvrir une
école.
Lorsque les demandes de Freeman pour commencer une église ou construire une école
furent tous deux rejetées par le roi, il retourna sur la côte pour se concentrer sur son travail.
Son champ de mission était : Dixcove, Komenda, Elmina, Cape Coast, Anomabu, Egyaa,
Saltpond et Winneba à l'ouest, et Accra à l'est avec l'aide d'une équipe de méthodistes
indigènes Fante.
Le groupe était composé de de Graft, puis d'un stagiaire ; cinq prédicateurs locaux,
Joseph Smith, John Hagan, John Mills, John Martin, et George Blankson ; et quinze
exhorteurs. Des chapelles successives ont été ouvertes et dédicacées à Anomabu, et Winneba,
et d'autres entamées à Saltpond, Abaasa, et Comenda.
134
Certains Yorubas qui étaient devenus chrétiens en Sierra Leone ont regagné leur
patrie, le Nigeria. Ils demandèrent de l'aide à la mission wesleyenne. C’est en réponse à ces
appels que d'autres parties de la côte ouest de l'Afrique ont bénéficié du zèle évangélique de
Freeman : Badagry, Dahomey et le Nigeria, où des écoles ont été ouvertes pour former la
jeunesse Africaine, et améliorer l'agriculture, que Freeman considérait comme une condition
de la croissance de chaque pays.
Cependant, il n'a jamais obtenu les ressources pour la mission à grande échelle qu'il
envisageait. Il rencontra plusieurs fois Ghezo, le puissant roi du Dahomey, et plaça un
prédicateur à Ouidah, mais il ne put ni persuader le Dahomey d'abandonner une économie
esclavagiste, ni persuader sa mission d'y soutenir les efforts d'évangélisation.
Sans assistants financiers, il s’est retrouvé seul à tout faire. Il ne pouvait donc ni suivre
les dépenses, ni avoir de vérifications formelles de ses projets d'expansion. Freeman a été jugé
par la WMMS incompétent dans sa responsabilité financière et, en 1857, il fut démis de ses
fonctions de chef du WMMS ministère dans le méthodisme Ghanéen.
Conclusion
Freeman est honoré non seulement pour la durée de son service au Ghana, mais aussi pour
l'étendue et la portée de son zèle missionnaire. Il a contribué à étendre le travail du
méthodisme dans le redoutable royaume Ashanti et au Dahomey.
Freeman a toujours placé les intérêts des populations locales au-dessus de ceux de ses
compatriotes européens. Il a également prêché le sermon du Jubilé lors des célébrations de la
mission en 1885. Il est décédé à Accra le 12 août 1890.
Être mulâtre était pour Freeman à la fois un handicap et une bénédiction. Avec les
Africains, il était connu comme un ami qui comprenait leur culture et respectait leurs
coutumes. Avec les Anglais et les autres Européens, il était méprisé comme trop proche de la
sympathie des Africains.
Nous nous sommes rendus au Ghana du 02 au 09 Août 2022. Nous avons d’abord été
reçus par le Very Révérend William A. Mpere-Gyekye, directeur général des ministères et le
Very Révérend Kwame Amoah Mensah, le directeur de l ’évangélisation, missions et du
renouveau. Nous avons eu des échanges très fructueux autour de l’Église Méthodiste au
Ghana en général et en particulier sur la question de la mission et précisément la mission au
Nord musulman. Nous avons eu les réponses à toutes nos questions. Des livres 146 et d’autres
documents attestant tout ce que nous avons entendu au cours de notre entretien nous ont été
remis. C’est ce que nous résumons ici :
Ce que nous retenons de l’entretien, c’est que l’évangélisation et la mission ont été une
préoccupation constante dans l’Histoire de l’Église méthodiste du Ghana. L’histoire de
l'Église méthodiste du Ghana ne révèle aucun modèle particulier en termes de méthodes et de
stratégies de sensibilisation, de mobilisation au cours des années , en ce qui concerne
l'évangélisation.
La mission méthodiste s’est appuyée sur les régions côtières et d'Ashanti, pour faire
son incursion dans la région de la Volta (la partie orientale de la Gold Coast) avant de
s’attaquer au nord.
146
Joseph M. Y. Edusa-Eyison, The History of the Methodist Church Ghana, Published 15 April, 2011.
136
Après Accra en 1846, c’est la société Pampram avec 20 membres conduits par le
révérend John Plange comme premier ouvrier missionnaire. Une chapelle y a été construite en
1873, et quatre ans plus tard, en 1877, c’est le début des travaux de l'église de Ningo.
En 1885, la mission atteint Dodowa. Le méthodisme ouvre une église dans la Volta en
1890 et y prend effectivement racine avec l’érection de la zone en Circuit en 1897.
La stratégie consistait à utiliser les membres laïcs, les hommes d'affaires, surtout pour
propager la foi de manière responsable et compétente dans tous les centres commerciaux
dans lesquels ils commerçaient.
L'église de Ho n’est devenue une société méthodiste à part entière qu'en 1953.
Les régions du nord du pays ont été les moins touchées par cette première campagne
missionnaire des méthodistes.
Du sud où s'était concentré le gros du travail, les méthodistes tentèrent en 1911
d'évangéliser le nord du pays, ce qui ne se réalisa qu'au bout de deux ans. La raison en était
que l’administration a imposé des restrictions préjudiciables aux mouvements des
missionnaires méthodistes envoyés dans le nord. Le gouverneur pensait que les protestants
seraient plus difficiles à contrôler que les catholiques qualifiés de dociles et respectueux des
lois. Armitage, c’est de lui qu’il s’agit, aurait également jugé bon de ne pas déranger la région
Wa, un bastion musulman.
Ainsi, les méthodistes abandonnèrent l'œuvre dans les Territoires du Nord en 1915
pour n’y revenir en Ce n'est que dans les années 1950. En 1952, six volontaires y sont
affectés.
Le révérend Paul Adu l’un des volontaires a commencé des services de culte à Tamale,
région encrée dans l’Islam, ce qui a abouti à la création de l'Église unie de Tamale avec des
personnes locales de langue akan. Il a eu quelques succès. Il apprit leurs langues maternelles,
traduisit la prière du Seigneur, le Credo des Apôtres et quelques hymnes et chœurs en walla,
fonda des écoles et s'occupa de certains de leurs besoins économiques.
En 1980, la Conférence, dans une tentative d'élaborer une stratégie plus dynamique
pour l'Eglise, a nommé un comité pour examiner les stratégies missionnaires passées et
actuelles dans les églises du nord.
Au fil du temps, le besoin s'est fait sentir à nouveau pour les églises du nord d'être
adoptées par leurs homologues du sud, un point réitéré par M. Andrew Crakye Denteh, alors
vice-président de la Conférence en 1981 dans une allocution à la Conférence.
S'exprimant sur le thème "Jumelage d'églises et adoption d'enfants par la mission",
il a noté la place importante que l'Eglise du nord occupait au cœur des méthodistes du Ghana
et a proposé deux suggestions sur la manière de l’aider.
La première suggestion était l'adoption147 des Églises du Nord par les Congrégations
du Sud. La deuxième suggestion était l'adoption de garçons et de filles qui, pourvus des
conseils nécessaires, étaient susceptibles d'évoluer vers des postes à responsabilité.
²L'évangélisation des années 1980 s'est concentrée sur la diffusion de l'Évangile dans le nord,
qui a enregistré du succès. Afin de pérenniser le soutien à l’œuvre missionnaire dans le nord
du Ghana, une vaste tournée a été autorisée par la Conférence dans toutes les églises du sud.
Les ouvriers de l’église exerçant au nord ont sillonné les églises du sud afin de leur
présenter les réalités du terrain.
Les églises du sud ont favorablement réagi : après l’approbation par la Conférence
d’un plan de développement en 1985, un bloc de 10 salles de classe a été achevé à Tamale et
la chapelle du Béthel a été restaurée. Une voiture a été offerte au Surintendant de Tamale.
Des travaux ont été engagés pour les églises du nord. À Wa, le presbytère du surintendant a
été refait. D’autres moyens de transport et des motos ont été offerts au Nord.
Depuis lors, les églises du Sud et les particuliers ont continué à soutenir
financièrement et matériellement les églises du Nord.
147
The Methodist Church Ghana, Nineteenth Annual Conference, Winneba, 1980, Representative Session
Agenda, p. 22.
140
Les résultats ne se sont pas fait attendre. En 1989, des églises ont été implantées à
Yakut, Bako, Navrongo dans la région de Bawku. A Wa, quatre musulmans se sont convertis
et deux chefs locaux ont également reçu le Seigneur lors d'un service funèbre, qui a invité
l'Eglise méthodiste à implanter des églises dans leurs villages, Gogo et Nyagli. A Tamale,
Gbalahi, tout un village, s'est rendu à l'Évangile.
Les années 1990 ont été la décennie d'une plus grande croissance évangélique dans
l'église. La conférence était préoccupée par la croissance de l'église par rapport à la
croissance démographique du pays. L'église a décidé cette même année de sortir un plan
annuel pour atteindre les peuples non-atteints.
L'objectif en 1995 était d'atteindre une croissance modeste d'au moins 5 %. Ainsi,
l'année 1995 a été déclarée "Une année d'évangélisation", et le programme baptisé "5 en 95" a
été lancé lors de la Conférence de 1995.
Chaque membre d'église devait prier et annoncer Jésus-Christ à cinq (5) personnes
cette année.
Chaque circuit devait ouvrir au moins cinq (5) nouveaux lieux de culte avant la fin de
l’année 1995.
Enfin, chaque District devait identifier cinq (5) groupes non atteints et y commencer
une œuvre missionnaire avant la fin de l’année 1995. Le programme a continué après 1995.
Cette grande inspiration a été saluée lors de la Consultation mondiale sur l'évangélisation
(GCOWE '95 à Séoul, Corée.
La deuxième stratégie est l’adoption d'enfants par la mission, des jeunes filles et
des jeunes garçons seraient adoptés au sud. En retour ils seraient plus tard de meilleurs
ambassadeurs de la mission méthodiste au nord. C’est une stratégie inédite.
141
La troisième stratégie est le concept 5% 95. C’est un concept avec un défi que
chacun devait relever. Il a même été salué à la Consultation mondiale sur
l'évangélisation (GCOWE '95 à Séoul, Corée.
La même année, davantage de personnes du nord ont été encouragées à entrer dans le
ministère, en plus de mobiliser des personnes du nord pour y travailler comme missionnaires
locaux. La nécessité d'utiliser la langue maternelle dans le culte afin d'attirer les gens a été
encouragée. La pénétration méthodiste et l'impact sur le Nord demeuraient encore
superficiels.
Le thème de la conférence pour les cinq prochaines années à partir de 2000 était «
Consolidation et expansion », afin de mettre l'accent sur l'évangélisation.
Dans les années 2002 et 2003, dans le cadre de l'effort missionnaire de l'Église,
l'Église méthodiste du Ghana a organisé avec succès une sensibilisation/croisade qui s'est
tenue sur la place de l'Indépendance des nations à Accra. Cette activité a ensuite été reprise
dans les Diocèses et les Circuits à l'échelle nationale.
L'intérêt pour le ministère rural a également été ravivé. Au cours de l'année 2004,
l'Église méthodiste du Togo a demandé l'aide de l'Église méthodiste du Ghana pour
évangéliser et aussi pour implanter des églises dans ce pays.
142
Le succès du programme a été le résultat de la signature d'un accord entre les deux
églises dans la formation des évangélistes, l'implantation d'églises, la formation du personnel,
ainsi que l'envoi de missionnaires au Togo.
Conclusion
Nous ne nous sommes pas trompés en inscrivant le Ghana dans le cadre de nos travaux
de recherches. Nous avons été personnellement édifiés. Comme une entreprise sans répit,
l’Église méthodiste du Ghana a compris ce qui est la vraie nature de l’Église, la mission ; elle
a compris ce qui fait la vie de l’église, l’évangélisation.
Elle est constamment à la tâche. Elle ne s’avoue jamais vaincue malgré certains revers
dans le nord du pays. Elle innove souvent des stratégies pour la conquête du nord. Elle y serait
presque parvenue si les enseignants des écoles méthodistes n’avaient pas fait défection.
I.4.1. Ouidah
A Ouidah, l’œuvre missionnaire prit un essor. Dawson et Bernasko firent librement
leur travail jusqu’en 1804, année où le roi Glélé persécuta la Mission qui dut interrompre
alors ses activités.
Les chrétiens se réfugièrent à Grand Popo et Agoué où se trouvaient des groupements
méthodistes.
Après la conquête du Dahomey par la France, le pasteur W. Johnson vint rétablir le
culte à Ouidah par des séances et offices tenus à Fonsarame, au quartier Sogbadi, encore à
Fonsarame à Kéodan. Plus tard, la Mission construisit en 1905 et en banco un temple "Zion
145
Méthodiste" qui, atteint de vétusté vient d'être remplacé par un autre de cachet moderne et en
matériaux durables. Au milieu d'une grande fête il a été inauguré le dimanche 13 Décembre
1953 et consacré au Saint-Esprit.
C'est le troisième temple érigé à l'emplacement même du premier. Les activités de la
station de Ouidah rayonnèrent très tôt à l'ouest, en région Popo et mina.
On peut affirmer que la station d'Agoué existait déjà depuis 1854. De Y Ouidah,
Dawson y allait en effet prêcher tous les quinze jours. Vers 1856, une école y ouvrit ses portes
pour l'instruction religieuse et l'enseignement de l'Anglais.
Le missionnaire West remplaça Freeman à la tête du District de Lagos et visita
Anecho et Agoué en 1859. Il fut reçu dans cette localité par le roi King John de Thomas
Hutton, et Mademoiselle Ilavie.
Thomas Joseph Marshall naquit à Gbadagri en 1830. Ses parents étaient gun,
descendants des Houeda originaires de la région Popo. Il avait douze ans quand Freeman et
Graft débarquèrent dans sa ville natale.
C'est cette compagnie d'amis qui lui permit de fréquenter en 1843 à l'insu de son père,
l'école de la Mission. Le contact permanent avec les maitres, leur enseignement et la lecture
de ses livres préférés : un Nouveau Testament de poche et "le voyage du pèlerin aboutirent en
1846 à sa conversion définitive. Il fut baptisé et il prit désormais le nom de Thomas Joseph
Marshall. Il s'entraîna d'abord à être interprète.
En 1849, il devint le premier maître à l'école des externes de sa ville natale. Ainsi
commençait la vie de Marshall comme missionnaire Wesleyen.
En 1860, il fut élevé au rang de catéchiste et sa candidature fut acceptée en 1862 pour
le ministère pastoral. Marshall fut immédiatement envoyé à Porto-Novo pour ouvrir une
146
nouvelle Mission. Sa tâche devait être facilitée par sa connaissance des deux langues
principales de la ville : le gun et le Yoruba.
Marshall accomplit un excellent travail : il assura les cultes le dimanche, les visites et
les enseignements bibliques en semaine. Il était aidé par son épouse. Madame Marshall
consacrait chaque jour deux heures d’enseignement de couture aux femmes.
Dès 1863, l'Église comptait 120 personnes.
Marshall connut un grand succès malgré la persécution que les chrétiens connurent
sous Mikpon encouragés par les prêtres Vaudous.
D’autres serviteurs autochtones ont par la suite connu le même succès.
Le 10 Avril 1876, Marshall sollicita et obtint un rendez-vous auprès du roi. Il en
profita pour lui présenter des projets d'évangélisation de tout le pays. La protection et l'aide du
roi lui furent garantis pour son travail. L'œuvre missionnaire fut ouverte au peuple.
Il faut noter le rôle combien grand qu’ont joué » les missionnaires Européens. Leur
contribution à l'œuvre d'évangélisation au Dahomey s’est souvent réalisée au prix de leur vie.
Ils ont eu à affronter des obstacles de toutes sortes et subir de mauvais traitements en tant que
sujets britanniques de la part de l'Administration coloniale française.
Au nombre de ceux-ci, nous pouvons nommer : les pasteurs Ernest Taylor, William
James Platt, Paul Wood Lainé et Edwards Geoffroy Parrainder.
La note triste est que l’administration a accusé le pasteur Ernest Taylor de subversion
politique. Il fut condamné et transféré à Dakar où il mourut en prison.
Il y avait aussi des missionnaires Africains, les pasteurs Togolais Gaba A, John
Kpomegbe, François Agbomina, Mathias Lassey, James Lawson, Gaspard Mensah, Silouvi
Creppy et le laïque Louis Monor Lawson.
L’EPMB compte 320 pasteurs, plus de 4 000 prédicateurs, 980 temples et elle
revendique aujourd’hui 1000.000 de fidèles.
C’est la question que nous avons posé à la classe dirigeante avec sa tête le président de
l’EPMB, le révérend pasteur Kponjesu Amos Hounsa. Nous vous proposons leur réponse ci-
après : l’EPMB est en phase avec cette question parce que le nouveau thème de l’église le
stipule si bien : «la mission de partout vers partout »
Parce qu’après la réconciliation de notre église, nous avons connu des difficultés
pendant 20 ans. L’église de Ghana s’est investie et a dépensé des énergies pour venir nous
parler de la réconciliation, et lorsque le processus a abouti, nous sommes allés donc les
remercier. . C’est donc dans ce cadre que nous avons échangé avec eux par rapport à
leur expérience dans le domaine de la mission et de l’évangélisation. Ils nous ont
communiqué des stratégies missionnaires qu’ils ont utilisées pour que l’église Méthodiste
puisse gagner tout le Ghana.
Les fidèles allaient dans les hameaux pour créer des églises. Quand les fidèles
sortaient pour une évangélisation porte à porte ou plein air, ils installaient une communauté.
Ils nous ont donné des stratégies que cette église a utilisées pour s’étendre un peu partout.
C’est pourquoi dans le document nous avons parlé de l’expérience du Ghana.
Vous avez choisi le grand thème « la mission de partout vers partout ». C’est cette première
partie que je veux comprendre, pourquoi est-ce que vous avez choisi ce thème ?
148
Nous avons choisi comme thème « la mission de partout vers partout » parce qu’on a
compris qu’aujourd’hui la mission ne doit pas se limiter seulement à la grande ville.
La bonne nouvelle s’adresse à tout le monde. Jésus a dit dans Matthieu 28 :16-20 «
allez partout, faites de toutes les nations mes disciples… ».
C’est à partir de toutes les nations là, que nous avons pensé que la mission c’est de
partout vers partout. Cela veut dire encore que ceux qui sont au Sud doivent aller évangéliser
ceux qui sont au Nord ; et ceux qui sont au Nord doivent évangéliser ceux qui sont au Sud ; et
ceux qui sont au village aussi doivent venir apporter leur créance ; et ceux qui sont dans les
villes doivent aussi aller dans les confins pour aussi annoncer l’évangile et partager leur
expérience.
Donc La mission ne doit pas être centrique. La mission doit sortir de partout vers
partout, c’est-à-dire tout le monde est missionnaire. Pasteur missionnaire, laïcs missionnaires,
anciens missionnaires, quel que soit le rôle ou la responsabilité que chacun a dans l’église,
nous sommes tous missionnaires.
Donc la mission doit partir de partout vers partout. Il ne faut pas qu’il y ait de localités
qui ne reçoivent pas l’évangile. Il ne faut pas qu’il y ait une localité enclavée. L’enclavement
d’une localité ne doit pas être un prétexte pour ne pas y aller, parce que l’évangile doit être
perçu comme une lumière et quand la lumière vient, elle dissipe les ténèbres, elle apporte la
joie, elle réchauffe, elle apporte la paix.
La lumière contribue au développement ; donc l’évangile en tant que vecteur, en tant
que moteur de développement doit atteindre tout le monde.
Conclusion
149
Toutes ces personnes ont été des instruments entre les mains de Dieu pour maintenir
allumé haut le flambeau de l’évangélisation et la mission dans ce Dahomey profondément
ancré dans le fétichisme, le Vaudou et l’adoration de python. Cette Histoire de la mission ne
sera jamais complète si elle ne s’écrit pas avec la plume de la figure emblématique Thomas B.
Freeman et d’un autre Thomas Joseph Marshall, un autochtone recruté sur le tas dont l’œuvre
missionnaire a laissé des traces.
La crise que l’EPMB a connu ne lui a certainement pas permis de regarder en face les
défis originels de l’Église à savoir l’Évangélisation et la Mission.
Le choix du thème hautement missionnaire : « la mission de partout vers partout »
va certainement va fouetter l’orgueil de toute l’EPMB qui revendique sa place de première
Église au Benin, l’Église de Thomas B. Freeman.
De Ouidah pour rejoindre la Gold Coast, l'infatigable Thomas Birch FREEMAN, avait
marqué un arrêt à Aného en Mars 1843.
Le Révérend FREEMAN a rendu visite au Roi Georges Akuété ZANKLI LAWSON
1er.
Suite à leur entrevue, le Roi s'est converti et a donné l'accord à Freeman d'ouvrir un
lieu de culte dans son palais royal à Aného.
Le tout premier culte chrétien et méthodiste au Dieu Trinitaire, le Père, le Fils et le
Saint-Esprit, a été célébré le 28 Mars 1843. Cette date marque le début de l'ère chrétienne et
du méthodisme au Togo.
Pendant son séjour à Aného, il avait aussi rendu visite au Roi des Adjigos, KWAO
ADADE Nutepe (1832-1848) et avait organisé plusieurs campagnes d'évangélisation en plein
air.
Par la suite, la plupart des activités de FREEMAN s'étaient limitées en Gold Coast où,
admis à la retraite en 1886, il décède le 12 Août 1890 à Accra.
En 1918, le pasteur O. J. CHEFFING avait remplacé le pasteur PLATT à la tête du
District.
Bien que de courte durée, l'œuvre de PLATT en qualité de Surintendant du District a
été remarquable.
Sous sa direction, une équipe de Togolais, menée par Anani Walter Chrysostom
JOHNSON et James Ben LAWSON (surnommé pasteur Ahonévi) ont traduit en langue «
148
Charles KLAGBA, 1843-2013, 170 ans d’évangélisation au Togo : Réveil Méthodiste aujourd’hui, Michée 6 :6.
Lomé 2013.,Pp.10-28
151
Les Pasteurs et les Évangélistes sont les principaux officiants de l’Église et sont assistés
dans leurs tâches par des Prédicateurs laïcs de plein droit.
Une Constitution et un Règlement Intérieur régulent l'Organisation et le fonctionnement
de l'Église.
La Conférence est l'organe suprême de l'EMT, en d'autres termes, l'Assemblée Générale
qui se réunit tous les deux (2) ans.
Le Conseil de la Conférence, un organe restreint entre deux biennales, régit les affaires de
l'Église et veille aux décisions de la Conférence.
Elle compte selon les dernières statistiques de 2013 plus de 100.000 membres répartis
dans six (6) Districts : Lomé, Lacs, Bas-Mono, Yoto, Missionnaires de Tsévié et d'Atakpamé
dirigés par des Surintendants Généraux de Districts et des Surintendants de Circuits.
L’EMT : Nous avons été reçus par le président de l’Eglise à la date du…
Il a rappelé que l’EMT a toujours été un district rattaché au Nigeria, puis au Benin
(Dahomey).
Donc c’est maintenant, depuis le 28 Mars 2000, que l’EMT prend ses marques en vue
d’élaborer un programme pour la mission au Togo.
Néanmoins là où le besoin s’est fait sentir, l’EMT n’a pas hésité à implanter des
églises pour y encadrer les fidèles Méthodistes.
Grâce à la nouvelle politique d'expansion mise en place par les dirigeants de l'Eglise
depuis 2004 à nos jours, de nouvelles paroisses et de nouveaux lieux de cultes s'étendent de
Tsévié jusqu'à Dapaong.
Il faut noter que l’EMT travaille en association avec l’Eglise méthodiste du Ghana
pour la formation de ses pasteurs dans le domaine de l’évangélisation et de la mission. Le
Ghana a déjà des missionnaires sur le territoire Togolais dans le cadre de cette nouvelle
collaboration.
Conclusion
C’est le 28 Mars 2000 que l’EMT est officiellement autonome vis-à-vis de la
Conférence Britannique de Londres. Qu’elle fasse de l’évangélisation et de la mission sa
priorité parce que les défis missionnaires au Togo sont réels.
153
149
Célestin KOUASSI, La pénétration Protestante en Côte d’Ivoire 1893-1964, Diathèkè. P. 91
154
Lors d’une période de renouveau spirituel à Harper et à Cap Palmas, quand il avait à
peu près vingt-et-un an, Harris a été converti dans l’église méthodiste par la prédication du
pasteur libérien, le Rév. Thompson.
Cette nouvelle période chrétienne a été marquée par son mariage chrétien en 1885. Il a
épousé Rose Farr, la fille d’un enseignant du catéchisme épiscopalien John Farr.
En 1888, il a été confirmé dans l’église épiscopalienne par le premier évêque libérien,
Samuel D. Ferguson.
Harris a été nommé enseignant adjoint et catéchiste pour son village natal.
II.1.1.2. Son arrière-plan
Théologiquement, l'église épiscopale a fait de lui un enseignant scolaire et un
enseignant de la Bible de 1892 à 1908.
Idéologiquement, dans sa période il est entré en contact avec les idées du millénariste
américain Charles Russell, le message de la Tour de garde. Le Mouvement de Charles Russell
a donné naissance au Groupe des Témoins de Jéhovah.
L'intense conflit entre indigènes Libériens et les Noirs Américanisés immigrés a éclaté
pendant cette période.
Politiquement, comme Grebo, il a été impliqué dans une rébellion contre l'Etat
Libérien.
Harris va payer de sa loyauté à la cause indigène. Il a été suspendu de toutes ses
charges en 1903. Il sera par la suite arrêté et emprisonné.
Harris était en prison, déprimé par le cours des événements, et c’est là, vers juin 1910,
que son avenir prophétique a été déterminé. Il a reçu en vision son appel missionnaire.
150
Frederick A. Price, Liberian Odyssey [Odyssée du Libéria] (New York: Pageant Press, 1954), pp. 142-48.
151
Cité dans E. M. Hogan, Catholic Missionaries and Liberia [Les missionnaires catholiques et le Libéria] (Cork,
Ireland : Cork Univ. Press, 1981), p.103.
152
John PRITCHARD, Methodists and their Missionary Societies 1900-1996. Ashgate Publishing, London 2014.P.
75.
156
méthodiste fut inaugurée déjà en 1839. De nombreux parents de Mark HAYFORD, comme
son père, devinrent pasteurs de la Mission Méthodiste. Mark C. HAYFORD lui-même fut le
premier pasteur méthodiste dans les mines d’or de Prestea et Tarkwa à environ 60 km au Nord
d’Axim. Le Synode de Cape Coast refusa sa consécration pour indiscipline. Il fut plutôt
suspendu pour deux ans. Suite à cette décision Mark Christian HAYFORD annonça sa
démission de la Mission Méthodiste et devint prédicateur indépendant. Il créa sa propre
mission, la Baptist and Church Mission.
Sa vision était d’étendre sa mission en Côte d’Ivoire. En 1906 et 1908, avant Harris, il
séjourna en Côte d’Ivoire. Il rendit visite aux communautés Fantis venues de la Côte d’or et
travaillant dans les maisons de commerce.
En 1919, après Harris, Mark Hayford revint Côte d’Ivoire où il accomplit une grande
tournée. Il créa des postes missionnaires dans la région de Dabou et de Sassandra. Cette
dernière visite lui a permis d’y apprécier l’œuvre d’Harris. « D’innombrables villages
érigèrent de grandes cases de prière en attendant les « Blancs de Dieu »153.
Mark Hayford parvint à rallier quatorze de ces Églises à sa Mission, la Baptist and
Church Mission (B.C.M).
Les nombreuses restrictions et exactions de l’administration coloniale avaient fini par
freiner les actions du pasteur Mark HAYFORD. Celui-ci, soucieux du suivi de ses fidèles,
décida alors d’aller chercher des missionnaires français pour s’occuper des Églises qu’il a
établies dans la Basse Côte d’Ivoire.
Le Pasteur Jacques BLOCHER rendant compte de cet évènement en écrivant ces
lignes :
« Daniel et Laure répondent alors à l'appel d'un leader évangélique africain que l'on
avait invité à l'Institut pour présenter les besoins de son œuvre. Cet homme s'appelle Mark C.
Hayford, il explique avoir sous sa responsabilité des Églises en Côte d'Ivoire, organisées
parmi des convertis du ministère-éclair et extraordinairement béni de l'évangéliste William
Wadé Harris… Daniel et Laure débarquent dans le port de Grand-Bassam le 21 mars 1927.
Mais une fois sur place, ni les contacts locaux ni les Églises de Hayford n'ont laissé la
moindre trace... »154.
La MBCI ne serait pas née en 1927 si le pasteur Mark Christian HAYFORD ne s’était
pas soucié du salut et du suivi des convertis d’HARRIS pour se rendre à Paris à la recherche
de missionnaires français.
153
Célestin KOUASSI, Op.cit. Page
154
Jacques Blocher, https://ibnogent.org/files/Cahier_10_2011.pdf
157
La Mission de la Côte d'Ivoire a été créée en 1893. C'était une mission qui travaillait
essentiellement dans les zones urbaines. Le Père TRICHE fait remarquer que,
« Le 30 Mars 1907, six protestants d’Aboisso adressent à l’administration une
demande d’autorisation d’ouvrir un temple protestant dans leur localité. Ces documents
officiels montrent que, à cette époque, existaient des groupes de protestants désireux
d’entretenir leur foi par le culte du dimanche »155 .
Deux décisions ont été prises par la Mission Méthodiste de la Gold Coast :
- En 1897 elle a érigé la Côte d'Ivoire en champ de mission rattachée au Circuit d'Axim.
- En 1914, le champ Mission Méthodiste de la Côte d'Ivoire a été érigé en Circuit par le
District de la Gold Coast. Un Missionnaire européen, Révérend Martin a été nommé
comme le surintendant.
155
LE PERE TRICHE, op.cit, P. 163
158
C’est ainsi qu’elle fit appel aux Missionnaires Catholiques pour refréner l’expansion
missionnaire protestante ; Malgré cette hostilité, la présence des Protestants sur le terrain était
incontestable.
L’Autorité coloniale animée par la ferme intention de faire de la colonie un Etat de
Confession Catholique surtout Française, opta en 1917 pour la voie de la répression : la
plupart des chapelles Méthodistes furent détruites ainsi que celles des partisans du
« prophète » Harris.
Les cultes furent interdits tout comme les Bibles en version Anglaise. Les prédicateurs
‘’récidivistes’’ furent pourchassés, arrêtés et emprisonnés.
La Colonie à cette époque vivait au rythme des décrets. Le pasteur Edmond De BILLY
rapporte « qu’en 1923, un nouveau décret régissant l’exercice des cultes fut mis en vigueur,
autorisant seulement l’emploi du Français, des langues parlées par les tribus des territoires
français, ou du latin pour les cérémonies religieuses.
L’Eglise de Grand-Bassam fut fermée par ordre du gouverneur pour n’avoir pas tenu
compte du décret.
Malgré l’hostilité, la persécution et la répression, les Méthodistes demeurèrent fermes
dans la foi et attendirent ce qu’avait promis Harris, le prophète : « l’arrivée des Missionnaires
Blancs ».
En 1924, c’était une Eglise certes meurtrie, mais vivante qui accueillit dans une joie
immense, le Rév Pasteur John Platt.
A côté des communautés Méthodistes Anglophones, il existait donc des Communautés
Méthodistes originaires du Dahomey (aujourd’hui Benin). Ces Communautés seraient à
l’origine de l’arrivée du Pasteur Britannique William John PLATT, qui est aujourd’hui le père
de la Mission Méthodiste en Côte d’Ivoire.
missionnaire lui répondit : pour les seuls protestants d’Abidjan, c’est-à-dire le groupe des
petits fonctionnaires venant du Dahomey.
Alors l’avocat français lui raconta qu’il y avait en Côte d’Ivoire des milliers de
protestants, auquel aucun missionnaire n’enseignait la Bible. Des représentants de ce groupe
étaient passés peu auparavant à son bureau avec un gros tas de papier-monnaie pour lui
demander d’aller pour eux en Europe chercher des missionnaires pour eux. Ce qu’il avait
refusé.
Platt régla alors les problèmes juridiques de ses frères chrétiens du Dahomey, et se mit
ensuite à la recherche de ces autres « protestants »
157
John A. Vickers, A Dictionary of Methodism in Britain an Ireland, « Platt William James » Peterborough
Epworth 200. Page 273
160
Le Pasteur Philippe ADJOBI158, (résume la présence des Méthodistes en Côte d’Ivoire en cinq
étapes :
Première étape : de 1870 à 1924 : L’étape pré-missionnaire : Etape de contact (
158
Le très Révérend Philippe ADJOBI est Directeur du Département Editions, Histoire, Archives et littératures de
l’EMUCI
161
Cette étape a pris fin en 1964 par le Jubilé de l’Eglise (50 ans de présence à partir de
1914) au cours duquel a été installé le Premier Président Ivoirien de l’Eglise en la personne du
Rév. Samson NANDJUI.
L’époque missionnaire demeure une référence et un défi pour les Méthodistes
d’aujourd‘hui.
Cette étape est marquée par l’implantation effective de l’Eglise avec la réalisation de
quelques infrastructures (Foyer de Treichville, MAPE, Hôpital Protestant de Dabou,
Immeuble Alliance) et l’ouverture de nouveaux champs de mission : San-Pédro, Gagnoa,
Yamoussoukro, Bouaké, Korhogo, Daloa. C’est aussi l’étape de l’ivoirisation du personnel
(Pasteurs et Laïcs) de l’Eglise avec le retrait progressif des Missionnaires. Cette étape
d’installation et d’affirmation a pris fin par l’Autonomie de l’Eglise vis-à-vis de la Conférence
Britannique célébrée solennellement le 9 Février 1985.
Marquée par le désir de diversifier les relations extérieures de l’Eglise, cette étape a
pris fin par la décision de l’Eglise à la 9 ème Conférence, tenue du 18 au 23 Décembre 2001 au
Jubilé de Cocody, d’intégrer l’Eglise Méthodiste Unie du monde et d’opérer une mutation de
nom pour se faire appeler désormais « Eglise Méthodiste Unie – Côte d’Ivoire ». La
cérémonie marquant l’intégration de l’Eglise Protestante Méthodiste à l’Eglise Méthodiste
Unie a été célébrée solennellement le 4 Octobre 2003 au Stade Félix Houphouët Boigny
ouvrant ainsi une nouvelle ère à l’Eglise avec l’adoption d’une Vision Missionnaire.
162
Depuis 2002, s’est ouverte une nouvelle étape qui est celle de l’institutionnalisation de
l’Eglise et de la Vision Missionnaire soutenue par l’adoption de nouveaux textes constitutifs
organiques suivie de la mise en œuvre de nouvelles structures d’administration et de gestion
de l’EMU-CI.
L’histoire de notre Eglise continue, et nous qui sommes de la génération présente et
des générations à venir, devons tâcher d’agir en toute responsabilité et foi quant à l’avenir que
le Seigneur nous aide à forger, en ne perdant rien de notre passé. Nous sommes une Eglise
Méthodiste et nous entendons le rester quelles que soient les mutations rendues nécessaires
pour davantage d’efficacité. C’est là tout le sens de notre intégration à l’Eglise Méthodiste
Unie.
L’EMUCI compte aujourd’hui 260 pasteurs, plus de mille 1054 églises locales.
A l’issue de ce premier culte l’on met une organisation en place. Un peu plus tard il
s’agissait d’acquérir un terrain pour la construction du futur temple. Comme une trainée, les
communautés Méthodistes ont poussé ici et là loin des terres originellement méthodistes.
C’est le cas de la Communauté Méthodiste de Danané.
Nous nous appuierons ici sur les témoignages des chrétiens Méthodistes Bambara
(Pasteurs et laïcs) ainsi que sur la publication du Dr. Akabla Florentine AGOH Epouse
KOUASSI, dans la revue le « Diathèkè » N°5 2018/1 : « la communauté Bambara d’Abidjan :
naissance et expansion de1961 à 1986 »160.
159
Révérend Pasteur Léon AKRE Djro, en charge de la communauté Méthodiste Unie de Danané (2015-2019)
160
Dr. Akabla Florentine AGOH Epouse KOUASSI, la communauté Bambara d’Abidjan : naissance et expansion
de 1961 à 1986. Diathèkè 2018. Pages 59-78
164
161
Dr. Akabla Florentine AGOH Epouse KOUASSI, Op.cit. P. 76
165
Il engagea, par la suite, tous les siens dans sa nouvelle foi chrétienne Méthodiste. Le
Professeur Dominique LOPES fut arrêté peu après son retour au pays. Avant sa mort en
prison, il recommanda à son seul garçon de garder la foi chrétienne et de faire progresser
l’Eglise Méthodiste en Guinée Bissau.
Il lui a aussi demandé de tout faire pour que ce témoignage soit rendu à l’Eglise Méthodiste
de Côte d’Ivoire, ses pères dans la foi. Son fils Gomes LOPES prit donc la relève de l’œuvre.
Après une formation biblique, il exerce comme Pasteur en Guinée Bissau. Sur invitation de
l’EMU-CI, le Pasteur Gomes LOPES séjourna en Côte d’Ivoire du 11 au 31 Mai 2010 en vue
d’une collaboration. L’Eglise Méthodiste Unie en Guinée Bissau compte aujourd’hui 18
Communautés pour 700 fidèles
166
NB : Nous n’avons pas pu contacter le pasteur missionnaire Gomes LOPES depuis plus
d’année afin de nous faire sa présentation et ses propositions.
Grâce soit rendu à Dieu qui dans son amour a bien voulu l’ouverture de la mission du Mali.
L’ouverture de cette mission a été initiée par certains membres de l’Eglise Méthodiste
Unie Côte d’Ivoire communauté bambara. Cette inspiration est partie d’un constat.
D’abord la plupart des personnes qui ont vécu en Côte d’Ivoire, rentraient dans leurs pays
d’origine avec leurs familles lorsque celles-ci sentaient le poids de l’âge ou prenaient leur
retraite. En outre, même ceux qui continuent de vivre en Côte d’Ivoire, amenaient leurs
enfants au Mali pour y continuer leurs études secondaires.
Et cette situation ne fait que réduire l’effectif de la Communauté, tandis que les églises au
Mali augmentent en nombre avec nos fidèles. Plusieurs parmi eux sont des responsables des
dites communautés en places, parce que l’EMUCI n’était pas représentée dans ce pays frère
de la Côte d’Ivoire.
C’est donc la source de motivation de ces frères qui dans la discrétion ont ouvert une
cellule de prière en accord avec un fonctionnaire international à la retraite qui a accueilli cette
initiative à son domicile. Ce dernier fréquentait l’Eglise Méthodiste les béatitudes du plateau
durant son séjour à Abidjan. La cellule a démarré en 2016 chez Isaac TOGO, à qui la
Conférence a donné le mandat en 2018, en vue de l’implantation à proprement parler après
plusieurs missions de prospections.
De nos jours, la mission du Mali a trois lieux de cultes et une Classe méthodiste.
Ce sont :
162
Révérend Pasteur Claude KAMBOU EMUCI, Mission du Mali, Bamako Kalabancoura. Janvier 2023
(+2237491415)
167
Dans la région de Bamba, nous pouvons affirmer que la moisson sera plus abondante si nous
y mettons les moyens. Car on y trouve des villages sans églises.
En outre, le pasteur Ouoba Joseph m’a parlé d’autres annexes dans certaines villes à savoir
- Wéléssébougou à 75km de Bamako, avec environ plus d’une trentaine de membres.
- Sikasso plus 400km de Bamako, avec une dizaine de membres
- Koutiala environ 450km de Bamako avec plus d’une trentaine de fidèles.
-
Les champs de mission annexes qui n’existent plus :
Selon Ouoba Joseph (le missionnaire en poste au Mali), ces différentes annexes ne
fonctionnent plus faute de moyens pour faire face à la location des lieux de cultes et intéresser
les missionnaires qui y exercent
Comme perspectives :
7) La mise en place des projets générateurs de revenus après études de faisabilité, afin de
financer les activités de la mission.
8) La mise en place d’une équipe d’évangélisation.
Promouvoir l’EMUCI, par la louange assurée par des chorales invitées depuis la Côte
d’Ivoire.
La Mission de l’EMU-CI en Guinée Conakry fut initiée par GRAH Lazare, un Ivoirien
méthodiste venu en Guinée dans le cadre professionnel. Il contacta d’autres frères méthodistes
résidant à Conakry afin de commencer l’œuvre par une cellule hebdomadaire qui débuta en
Août 1995. L’arrivée en 1998, de YAPI Jonas, un diplomate Ivoirien nouvellement affecté à
l’Ambassade de Côte d’Ivoire en République de Guinée donna un souffle nouveau à l’œuvre.
Son domicile servait de lieu de culte.
Il faut attendre l’année 2002 avec la visite du Révérend Marcel SACHOU pour voir la
Mission méthodiste de la Guinée-Conakry prendre forme. Le dimanche 10 mars 2010, au
domicile d’ESSIS Emmanuel, eut lieu le premier culte de l’Eglise Méthodiste Unie de Guinée
officié par le Révérend Marcel SACHOU. Etaient présents à ce culte, environ 35 fidèles.
Dans le but d’avoir un serviteur à plein temps, la Mission de la Guinée-Conakry envoya le 02
novembre 2006, un des membres fondateur GRAH Lazare en formation pastorale à l’ISTHA.
La Mission Guinéenne de l’EMU-CI compte aujourd’hui 09 communautés avec plus de 500
fidèles.
Nous voulons ici au terme de nos propos saluer la mémoire de l’illustre disparu, le pionnier de
la mission de Guinée, le révérend Pasteur Lazare GRAH, décédé des suites d’un tragique
accident de circulation à Faranah en Guinée forestière.
Dans nos recherches, nous avons rencontré le Pasteur missionnaire, Révérend François
AKE163, en poste en Guinée et ce en Octobre 2022 à Abidjan. Nous lui avons demandé de
nous présenter la mission de la Guinée aujourd’hui et ses propositions pour la relance de la
mission. Nous avons ci-joint sa présentation et ses propositions.
163
Révérend François AKE, pasteur missionnaire en Guinée Conakry depuis 2016. Rapport reçu en Décembre
2022
169
I) Présentation de la mission
NB : Ansoumania village (Cimenterie) était une cellule au sein de laquelle nous faisions des
cultes tous les dimanches. Aujourd’hui elle a disparu, parce que le couple a connu le divorce
et la femme qui était notre membre a quitté le foyer.
Secteur Nzérékoré (Nzérékoré, Lola, Gaah, et Gbata). Les communautés étaient dirigées
respectivement par M. Kouessi Amédée DJEBRE, le colonel Lah Abel KPOULOMOU et le
Catéchiste Philippe NINAMOU. Soulignons que le frère DJEBRE et le Colonel Abel ne sont
plus de ce monde depuis 2021.
NB : La communauté de Nzérékoré avait existé, mais elle avait disparu bien avant l’arrivée
du Révérend AKE pasteur Principal de la Mission en sept 2017. Dans l’espoir de la voir
renaître, nous avons jugé bon de conserver le nom de la ville comme chef- lieu de secteur,
étant donné que la famille DJEBRE Amédée résidait dans ladite ville dans leur propre maison
même si elle ne tenait plus de culte.
II) Propositions
► Que la Conférence assure de la formation des autochtones guinéens aussi bien à l’école
missionnaire qu’à l’école (?)
Commentaire :
En dehors des Missions et des Eglises qui déboursent de grands moyens pour la politique de
leur insertion et développement sur la terre guinéenne, il est démontré que le guinéen est un
patriote et un nationaliste régional et ethnique. C’est-à-dire que généralement il ne va que
dans l’église de son frère guinéen, mieux, dans celle dont le pasteur est de sa région ou de son
ethnie.
D’ailleurs toutes les missions qui ont construit des infrastructures sanitaires ou des
établissements scolaires, ont avec elles des pasteurs, missionnaires ou des laïcs leur servant
d’interprètes. Un exemple : A Kissidougou, le couple missionnaire KOPA fait souvent des
projections de films chrétiens ; le peuple accourt et à la fin le missionnaire lance l’appel pour
que ceux qui ont été touchés, reçoivent le Seigneur Jésus. Mais il se trouve que l’interprète est
membre d’une autre église. Et c’est dans l’église de ce dernier que vont spontanément ou par
reflexe, les convertis. Mais lorsqu’il s’agit de demander une prière, ils connaissent le chemin
de la maison du serviteur de DIEU, peu importe l’heure.
171
► Que la Conférence affecte un missionnaire dans la zone de BOFA (en basse Guinée), et
dans les autres régions, en vue de l’expansion de l’Eglise.
► Que de bonnes volontés achètent et offrent à la Mission des engins à deux roues (3 motos
pour l’heure), et un véhicule tout terrain, afin de faciliter le travail des ouvriers (pasteurs et
missionnaires). En clair on ne peut pas envoyer un ouvrier sans l’équiper de moyens de
locomotion ; c’est le minimum.
Aujourd’hui, nous n’avons pas pu conquérir Boké région de Bofa, où attendent des convertis
gagnés par le biais de Christ de Maison en Maison (CMM), parce que la nouvelle moto du
proposant David Pérélé NINAMOU a été volée. Les premières démarches vers cette zone
inconnue, pour minimiser les frais de transport, sont plus faciles avec la moto.
Malheureusement, la moto a été volée.
► Que des moyens soient dégagés en vue de doter Conakry d’un temple et d’un presbytère. Il
en est de même des autres régions du pays où se trouve un ouvrier de l’Eglise. Ceci permettra
à la Mission de faire des économies et réaliser d’autres projets.
Soulignons qu’à ce jour, la Mission ne dispose d’aucun presbytère qui lui soit propre, alors
que les deux pasteurs, le couple missionnaire et l’agent missionnaire sont dans des maisons
louées, dont la charge incombe uniquement à l’Église mère de Conakry qui, elle-même n’a
pas encore de terrain. Elle tient ses cultes sur un terrain qui lui a été prêté. En effet, la
communauté de Conakry attend depuis belle lurette son permis de construire, où à défaut,
d’être recasée.
172
S’agissant des presbytères, disons que c’est ainsi que procède l’Eglise Méthodiste du Ghana.
Nous avions rendu en 2010 visite à l’Eglise d’Elubo, première ville du Ghana après la sous-
préfecture de Noé dans le sud-est de la Côte d’Ivoire. Les méthodistes étaient en train de bâtir
un grand temple. Ayant interrogé le pasteur sur leur secret, ce dernier a répondu que chez eux,
c’est le presbytère qu’ils construisent d’abord ; quand le pasteur est bien logé il peut mobiliser
les fidèles à contribuer à la construction du temple.
Revenons à Conakry pour dire que beaucoup de cellules de prière ont disparu, telles que
Kaloum, Sangoya, Ansoumania village… pour la simple raison que les responsables de ces
cellules ne sont pas propriétaires des maisons qui leur servaient d’abris. Dès qu’il y a une
affectation ou un déménagement, la cellule en question disparait. D’où la nécessité d’avoir
son propre terrain et ses propres infrastructures.
► Qu’une Eglise partenaire soit trouvée pour appuyer financièrement l’œuvre dans la
Mission de Guinée.
Commentaire : comme cela se fait dans l’EMUCI, les églises ou les Districts un peu plus
nantis soutiennent les jeunes communautés ou Districts, afin de les aider à croître.
Et cela est bibliquement prouvé que le plus fort doit soutenir le plus faible. Sur ce point,
l’exemple du District Abidjan Nord mérite d’être suivi. Etant partenaire avec le District
Missionnaire de Bouaké, une église locale d’Abidjan Nord devait soutenir au moins une
église locale de la zone missionnaire. Et le fruit est palpable.
Mais en ce qui concerne la Mission de Guinée, son statut n’est pas défini. De quel District
dépend –t-elle ? Ce que nous savons c’est qu’elle est rattachée à la Conférence. Une dotation
est donnée chaque année par la Conférence pour son fonctionnement, mais cette dotation ne
peut rien faire d’autre.
173
►Que des visites annuelles régulières des autorités au sommet de l’Eglise ou de personnes
Laïcs et pasteurs envoyées par la haute instance, soient effectuées, afin de voir et toucher du
doigt les réalités de la Mission. Ainsi, nous saurons exactement ce qu’il faut pour développer
et rendre autonome la Mission de Guinée.
►Qu’un cahier de charge soit donné au responsable de la Mission et à ses collaborateurs avec
des accompagnements, et qu’un suivi soit fait chaque année pour l’évolution des choses. Ainsi
pourrons-nous conclure si nous pouvons continuer ou pas la Mission.
►Que des moyens soient trouvés et dégagés afin de doter la Mission d’infrastructures
génératrices de revenus consistants (Ecoles, centre de santé … dans les grandes zones du
pays). Ces choses permettront à la Mission de se prendre en charge et d’être autonome.
►Former les responsables et les fidèles à la connaissance de l’Eglise, à son organisation ; les
former à l’œuvre de DIEU.
Que l’Eternel notre avec qui ses fidèles font des exploits, nous vienne toujours en aide, nous
inspire et nous révèle tout ce que nous devons faire, à afin que nous puissions réussir la
mission que lui Dieu nous a confiée.
174
La Côte d’Ivoire
Nous ferons ici une présentation sommaire de la Côte d’Ivoire. Nous mettrons l’accent sur la
religion, la population et la culture. Nous rendons grâce à Dieu de ce que nous avons pu entrer
en possession des données du dernier recensement de 2021.
Historique
Située en Afrique de l’ouest, la Côte d’Ivoire s’étend sur une superficie de 322 362 Km2 et
abrite une population estimée à 26 000 000 d’habitants. Ce pays est limité au nord par la
Burkina Faso, et le Mali. L’Est par le Ghana ; à l’ouest par le Libéria et la Guinée enfin au
sud par le Golfe du Guinée.
Ce pays est traversé par un climat tropical humide et couvert par une végétation de forêt dense
Sud et Ouest et de Savane arborée au Centre et au Nord sur un sol ferralitique très riche. Ce
qui favorise une densité de production de cultures d’exportation : café, cacao, Hévéa, palmier
à huile, coton. Toutefois dans le sud on a observé un sol hydro morphe et on développe des
cultures comme l’ananas, la banane, des cultures maraîchères et principalement une industrie
légère et sur le secteur tertiaire (transport, tourisme).
Aujourd’hui malgré les différences crises politico-militaires, les fondamentaux restent intacts
pour permettre à la CI de poursuivre son développement économique.
C’est le 10 mars 1893 que la Côte d’ivoire devient colonie française. La période de la
colonisation se subdivise en 2 étapes :
Première phase : De 1893 à 1908 : phase de la conquête avec les gouverneurs Clozel et
Angoulvant.
Deuxième phase : De 1908 à 1920 : phase de l’exploitation
Mais c’est avec la conférence de Brazzaville tenue le 30 janvier 1944 au 08 février 1944 qui
avec ses recommandations que s’ouvre la marche de la CI à l’indépendance avec 3
périodes :la période de l’espoir 1944 à 1947, la lutte 1947 à 1950, la collaboration et à
l’indépendance 1950 à 1960.
Au cours des années 1940 et 1950, les revendications autonomistes de ce territoire français
d'outre-mer sont exprimées par le Parti démocratique de Côte-d'Ivoire (PDCI). Son leader,
Félix Houphouët-Boigny, devient le premier président de la République lorsqu'elle accède à
l'indépendance, le 07 aout 1960.
La Politique
Dans la décennie qui suit, l'économie ivoirienne connaît une croissance économique qui en
fait un modèle de prospérité pour les jeunes nations d'Afrique. Sous Houphouët-Boigny et le
PDCA, qui est parti unique, le pays est également stable politiquement. La contestation qui
gronde au cours des années 1980 entraîne l'adoption du multipartisme, en 1990, avec la
candidature de Laurent Gbagbo candidat du Front Population Ivoirien (FPI). Depuis lors, de
nombreux autres partis vont être créés : RDR, UDPCI, PIT…
La mort du président, en 1993, et l'accession au pouvoir de Henri Konan Bédié, est cependant
suivie par une période chaotique, marquée par des tensions entre les communautés, une
détérioration de l'économie et des conflits armés. Des troupes extérieures sont dépêchées
(France, Nations unies) afin de séparer les belligérants, mais la situation ivoirienne demeure
instable, particulièrement entre le Sud et le Nord. Les différents accords calment
temporairement le jeu, rassurant que les élections générales de 2010 vont résoudre tous les
problèmes. Ce fut malheureusement le contraire.
176
Les élections présidentielles de 2020 sous Alassane Ouattara et son parti, le RHDP ont encore
été émaillées de violences avec son lot de morts.
Espérons que les prochaines échéances électorales de 2025 se déroulent sans violences.
La Population
Ces populations sont issues des pays frontières : Mali, Ghana, Burkina Faso, Libéria,
Guinée… mais aussi de la sous-région : Niger, Mauritanie, Cameroun, Sénégal et enfin du
Liban, la Syrie, le Maroc et la France…
Toutefois ces populations venues pour diverses raisons surtout (Sociale-politique-
économique) vivent en bonne intelligence avec les Ivoiriens.
La population non ivoirienne est caractérisée par une prédominance de ressortissants des pays
de la sous-région ouest-Africaine, notamment de la CEDEAO qui représente à elle seule, plus
de 98% du total des non-nationaux. A l'intérieur de ce grand ensemble, les pays ayant les
poids les plus importants sont le Burkina Faso (62,8%), le Mali (17,2%) et la Guinée (4,7%).
177
Les étrangers originaires des autres pays africains ne représentent que 0,8% de la population
étrangère. Les ressortissants des pays européens représentent 0,4% des non nationaux et ceux
des autres continents (Amériques, Asie et Océanie) 0,5%.
En s'intéressant au rythme de croissance des non nationaux, on peut noter une perceptible
évolution des différentes nationalités sur la période 1998-2021.Ainsi, il ressort que la
population non-nationale s'est accrue de 2,1% ; une valeur tirée par la CEDEAO. Malgré tout,
entre 1998 et 2021, six pays de la CEDEAO ont eu une croissance négative par rapport à
!'immigration. En revanche, on note une augmentation de la croissance des Bissau-Guinéens
(5,9%), des Nigériens (3,4%) et des togolais (4,2%). On constate également que le taux de
croissance des ressortissants de pays hors de la CEDEAO est globalement négatif.
Nous avons une meilleure appréciation de la situation actuelle avec le recensement 2021 à
travers le tableau ci-joint :
Tableau 8 : Répartition de la population non ivoirienne par nationalité en 1998 et 2021
et taux d’accroissement
RGPH 2021 RGPH 1998 Taux
Nationalité Effectif % Effectif % d’accroissement
1998-2021 (%)
CEDEAO 6 336 560 98,1 3 873 693 96,8 2,1
Benin 165 017 2,6 107 499 2,7 1,9
Burkina Faso 4 056 444 62,8 2 238 548 56 2,6
Mali 1 108 628 17,2 792 258 19,8 1,5
Sénégal 42 409 0,7 43 213 1,1 -0,1
Togo 190 660 2,9 72 892 1,8 4,2
Niger 221 338 3,4 102 220 2,6 3,4
Guinée 301 163 4,7 230 387 5,8 1,2
Nigéria 99 250 1,5 71 355 1,8 1,4
Ghana 122 758 1,9 133 221 3,3 -0,4
Gambie 637 0 1 389 0 -3,3
Cap-Vert 290 0 578 0 -3
Guinée- 2 456 0 650 0 5,9
Bissau
Libéria 24 522 0,4 78 177 2 -4,9
Sierra Leone 988 0 1306 0 -1,2
Autres 52 066 0,8 17 488 0,4 4,9
Afrique
Europe 24 291 0,4 16 028 0,4 1,8
178
Ce qui fait dire aux spécialistes que la Côte d’Ivoire est l’un des pays qui a le plus grand taux
d’immigration : « Le poids de l’immigration est important en Côte d’Ivoire… Elle représente
néanmoins le taux le plus élevé parmi les pays partenaires de l’IPPMD… »164
La culture
La Ci est un pays qui compte plus d’une soixantaine d’ethnies et chacune d’elle développe une activité
culturelle extraordinaire et diverses.
Par rapport à 1998, on constate une proportion en baisse chez les Akans, les Krou, les Mande
du Sud au contraire des Mande du Nord et des Gurs dont les parts augmentent. Les naturalises
représentent 0,3% de la population de nationalité ivoirienne ; leur proportion est en baisse par
rapport à 1998 (0,8%).
Le tableau ci-dessous est assez éloquent :
La CI est un pays laïc où chaque citoyen est libre d’exprimer et exercer son appartenance
religieuse. Toutefois en CI il existe différentes religions chrétiennes : les catholiques, les
protestants, les évangélistes et autres.
Mais il existe aussi une forte communauté de musulmans et des animistes en grande majorité.
La liberté de croyance religieuse est un fait même si à certaines occasions des frictions
existent pour des raisons politiques.
Nous avons ci-joint la présentation de la Côte religieuse sur le tableau
Selon les résultats du recensement de 2021, les religions prédominantes en Côte d'Ivoire sont
les religions musulmane (42,5%) et chrétienne (39,8%). Parmi les chrétiens, on compte 17%
de catholiques, de protestants/méthodistes (2,3%), de harristes (0,5%) et de 20% d'autres
chrétiens, composés principalement des évangéliques (18,6%).
Entre 1998 et 2021, le poids des chrétiens d'autres obédiences a été multiplié par sept, celui
des musulmans a augmenté de 4 points. En outre les autres religions ont connu une baisse de
leur poids. Les catholiques ont perdu 2 points en pourcentage, les animistes 10 points et les «
sans-religion » 4 points.
L’Eglise Catholique : aujourd’hui la Côte d’Ivoire compte près de 17% des Catholiques. C’est
une régression nette surtout qu’elle comptait 30% en 1995 avec 9% dont 9% de sympathisants
et 19, 4% en 1998.
Elle est la seule communauté représentée sur toute l’étendue du territoire ivoirien.
C’est une Eglise engagée dans l’enseignement, dans les œuvres sociales et médicales. Depuis
1991, elle dispose d’une chaîne privée : ‘’Radio Espoir’’.
Les Protestants/ Méthodistes : La régression des Méthodistes est alarmante de 6,6% à 2,3%.
Les non atteints : Les peuples que nous considérons non atteints, matérialisés ici par la
couleur jaune représentent 5173415 personnes, soit 17,7% de la population. C’est un autre de
champ de mission à identifier sans oublier les 42,5% de musulmans.
Les Musulmans : ils sont les seuls avec les « Ensemble chrétiens » certainement les
Evangéliques à avoir connu une progression notable. L’Islam est passé de 38,6% en 1998 à
42,5.
Cantonné au départ au Nord-Ouest du pays, l’Islam a connu ces dernières années un succès
important. Il représente 38,7% de la population : sunnites Africains et Chiites Libanais.
Regroupés au sein des coordinations communales, régionales, les musulmans «
quadrillent" aujourd’hui le pays. Grâce au soutien de la Banque Arabe pour le Développement
Economique en Afrique (B.A.D.E.A.), de nombreuses mosquées, des écoles coraniques, des
centres de formation islamique ont vu le jour.
Depuis 1993, les Autorités politiques ont fait de l’anniversaire du prophète Mahomet, un jour
férié.
Secouée par des convictions politico-religieuses, la communauté musulmane en Côte
d’Ivoire, est aujourd’hui représentée par deux groupes : le C.S.I (Conseil Supérieur Islamique)
et le C.N.I (Conseil National Islamique).
181
31
25
24
12
8 8
3 4
0
Nombre de Pasteurs et de missionnaires
Nous constatons que le nombre d’églises locales est plus élevé que celui des champs de
missions avec un effectif relativement faible de champs de missions quel que soit le District
ordinaire. Le Dstrict ordinaire ayant le plus grand nombre de champs de mission est celui
d’Abidjan-nord (8 champs de missions), suivi du district d’abobo (4 champs de missions), et
d’Abidjan-sud (3 champs de missions).
Nous notons également que le nombre de champs de mission croit positivement avec
nombre d’églises locales, ce qui pourrait s’expliquer le fait que plus il y a d’églises locales,
plus il y a des moyens voire des dispositions favorables à l’appui de l’œuvre missionnaire.
79%
60%
55%
49%
42%
38%
35%
14%
10%
7% 8%
5%
En ce qui concerne la représentativité de l’EMUCI dans les localités Des districts ordinaires,
55% des chrétiens estiment qu’elle n’est pas représentée dans toutes les localités. Ce
constat est plus accentué au niveau du District d’Abidjan-Nord où 79% des chrétiens
estiment qu’il n’y a pas de représentation de l’EMUCI dans toutes les localités.
183
Cependant Abidjan-Sud est le District où nous constatons qu’il y a le plus de chrétiens (60%)
qui estiment que l’église est représentée dans toutes les localités, suivi de 42% au niveau de
d’Abobo et de 14% au niveau d’Abidjan-Nord.
Nous percevons donc une relation inverse entre le niveau de représentativité de l’EMU-CI
dans toutes les localités et le nombre des champs de mission, car nous constatons par
exemple que le District d’Abidjan-Nord où il y une plus faible représentativité de l’EMU-CI
dans les localités regorge le plus grand nombre de champs de mission.
Les raisons évoquées par les répondants pour le fait que l’EMUCI ne soit pas représentée
dans toutes les localités sont les suivantes :
- Problème de terrains ;
184
- Faiblesse des actions de la SMM dans le District et les missionnaires méthodistes n'ont
pas connu de succès dans ces lieux ;
- Léthargie de notre église locale concernant l'évangélisation, Difficulté d'évangélisation et
nombre insuffisant d’activités d’évangélisation ;
- Manque de moyen financier, de formation et de politique du District ;
- Insuffisance dans la compréhension de la notion d'évangélisation ;
- Nombre insuffisant de missionnaire ;
- Certains villages n’ont pas adopté le méthodisme ;
- Les missionnaires n’effectuent pas leur travail ;
- L'EMUCI ne développe pas véritablement des opérations ou politique d'occupation de
sites neutres ;
- Manque de structures bien outillés pour l'évangélisation.
85%
75% 74%
60%
33%
21%
18%
15%
7% 7% 5%
0%
ABIDJAN NORD ABIDJAN-SUD ABOBO GLOBAL
Dans l’ensemble des Districts ordinaires, nous avons près de 3 chrétiens sur 4 (74%) qui
trouvent très importants l’implémentation de nouvelles communautés dans le District et
21% qui la trouvent importante, contre 5% des chrétiens qui estiment que l’implémentation
de nouvelle communauté est peu importante. Ce résultat nous montre que dans l’ensemble
185
Ces résultats pourraient aussi expliquer le fait que l’on trouve un plus grand nombre de
champs de mission dans le district d’Abidjan-Nord (8), puis d’Abobo (4) et d’Abidjan-Sud (3).
En effet nous constatons que les Districts où le niveau d’importance est très élevé
regroupent plus de champs de mission. De même, il est important de constater que le
niveau de représentativité de l’église dans toutes les localités est inversement lié au niveau
d’importance que les Districts accordent à l’implémentation de nouvelles communautés.
Ainsi le faible niveau d’importance pour créer de nouvelles communautés au niveau
d’Abidjan-Sud pourrait être le fait que ce District a relativement le plus grand nombre de
chrétiens (60%) qui disent que l’EMUCI est représentée dans toutes leurs localités.
84%
62%
54%
52%
48%
46%
38%
16%
NON OUI
186
Ainsi dans ces deux Districts, près de la moitié des chrétiens disent que le District n’est pas
engagé dans l’œuvre missionnaire.
Les chrétiens méthodistes qui ont marqué leur implication dans l’œuvre missionnaire, ont
mentionné que leur engagement est perçu à travers :
Cependant les répondants ayant signifié que les chrétiens méthodistes ne sont pas impliqués
dans l’œuvre missionnaire, ont justifié leur affirmation à travers les propos suivants :
44%
34%
29% 29% 28%
27% 25%
21% 21% 22%
19%
14% 13%11%
7% 7% 9%
6% 5% 5% 6% 6%
4%
1% 1% 3% 2%
0%
ABIDJAN NORD ABIDJAN-SUD ABOBO GLOBAL
Nous constatons que quel que soit le District ordinaire, les chrétiens méthodistes qui
connaissent la différence entre District ordinaire et missionnaire sont en plus en grand
nombre. En effet 62% des chrétiens ont notifié connaitre la différence fondamentale entre les
deux types de District. Ce constat est plus accentué au niveau du District d’Abidjan-nord
(73%) et Abidjan-sud (71%). Par contre nous notons une proportion non négligente (32%) de
chrétiens qui stipulent ne pas connaitre la différence fondamentale entre District ordinaire et
District missionnaire. Ainsi 44% des chrétiens méthodistes du District d’ABOBO contre 19%
à Abidjan-nord ne savent pas la différence fondamentale entre les deux District. Par ailleurs il
est important de noter qu’un petit nombre de chrétiens (6%) a signifié qu’il n’y a pas de
différence fondamentale entre les deux types de District.
Les différences fondamentales entre le District ordinaire et le District missionnaire relevés par
les chrétiens sont :
- Le District missionnaire est orienté vers l'évangélisation alors que le District ordinaire
est orienté vers l'édification des chrétiens ;
- Dans le District missionnaire il y a plus de localités qui ne sont pas exposées à
l'évangile ;
- La différence est que le District missionnaire est un vaste champ d'implantation des
églises locales ;
- Le District missionnaire demande plus d'action missionnaire du fait de la fragilité des
communautés qui ont besoin d'être affermies et agrandies ;
- Le rôle du District missionnaire est d'ouvrir et d'entretenir les champs de missions,
déployée l'église méthodiste dans les zones où elle n’existe ;
- Le District missionnaire est plus impliqué dans l'œuvre missionnaire et dans
l’évangélisation, mais le District ordinaire est beaucoup plus administratif ;
- Le District ordinaire a toutes les structures de l'église alors que le District missionnaire
n'a pas encore de structures en place ;
- L'objectif du District missionnaire est d'implanter les églises dans les missions
- Un District missionnaire est une zone où il y a moins d'églises méthodistes.
A la lecture du graphique, près de 2 chrétiens méthodistes sur 5 (38%) estiment que les
rapports avec les District partenaires sont peu satisfaisants, la moitié a trouvé le partenariat
satisfaisant et 12% l’a trouvé très satisfaisant. Le District d’abobo est le District qui regorge le
plus de chrétiens (41%) qui estiment un niveau de relation peu satisfaisant avec les districts
partenaires, suivi du district d’Abidjan-sud (40%) et d’Abidjan-nord (32%).
Dans la définition de ses visions, l’EMUCI a défini une vision missionnaire en vue de gagner
des territoires à Christ et implémenter des communautés. Dans cette optique, l’EMUCI a
besoin du soutien de toutes ses structures, en particulier des District ordinaires, pour la
réalisation de cette vision.
A l’issue de la collecte nous pouvons noter que la vision missionnaire de l’EMUCI est
soutenue par les District à travers :
93%
83% 85%
79%
21%
17% 15%
7%
NON OUI
Nous constatons que la majorité des chrétiens méthodistes (85%) ont mentionné que la SMM
est installée dans leurs Districts. Le District d’Abidjan-Nord est celui où près de la totalité des
chrétiens, soit 93%, a déclaré que la SMM est installée dans le District. Ce District est suivi du
District d’ABOBO (83%) puis du District d’Abidjan-Sud (79%). Toutefois nous constatons
que certains chrétiens (15%) ont déclaré que la SMM n’est pas installée dans leur District.
192
Cela nous interpelle sur le fait que l’information sur la SMM n’est pas totalement connue par
l’ensemble des chrétiens.
1.5. Les projets missionnaires planifiés par les Districts et les difficultés
rencontrés
44%
34%
29% 29% 28%
27% 25%
21% 21% 22%
19%
14% 13%11%
7% 7% 9%
6% 5% 5% 6% 6%
4%
1% 1% 3% 2%
0%
ABIDJAN NORD ABIDJAN-SUD ABOBO GLOBAL
Dans l’ensemble le projet de création de nouveaux champs de mission est celui qui est plus
copté pour les chrétiens méthodistes pour leur District. En effet 29% des chrétiens
méthodistes ont mentionné la création de nouveaux champs de missions comme le projet
missionnaire du District pour les prochaines années. Par la suite, nous notons la formation des
missionnaires (28%) comme le second projet missionnaire pour les prochaines années, suivi
par la construction de nouveaux lieux de culte où 22% des chrétiens méthodistes l’ont signifié
comme projet missionnaire à venir. Ce sont les 03 principaux projets qui ont retenu le plus de
choix favorables de la part des chrétiens méthodistes des Districts ordinaires. Toutefois 4%
des chrétiens ont signifié que leur District n’avait pas prévu de projet missionnaire pour les
prochaines années.
Au niveau du District d’Abidjan-Nord, nous constatons que tous les chrétiens ne sont pas
unanimes sur le projet missionnaire de leur District pour les prochaines années, de même que
dans les autres Districts ordinaires. Tout laisse à croire que les chrétiens méthodistes des
Districts ne sont pas au même niveau d’information, ce qui pourrait être la conséquence du
manque de communication des projets du District aux chrétiens qui y sont.
En effet nous constatons que 44% des chrétiens méthodistes du District d’Abidjan-Nord ont
signifié le projet « Former les missionnaires » comme le projet missionnaire du District pour
les prochaines années tandis que 29% et 28% des chrétiens méthodistes du District ont
signifié respectivement les projets « Créer de nouveaux champs de missions », « Construire
de nouveaux lieux de culte » comme les projets missionnaires du District pour les prochaines
années. Il est important de relever qu’aucun chrétien n’a dit que le District n’avait pas prévu
de projet missionnaire pour les prochaines années.
Dans le District d’Abidjan-Sud, c’est sur le projet « Construire de nouveaux lieux de culte »
que le choix des chrétiens (23%) s’est le plus porté. Après ce projet vient celui de « Création
de champs de mission » mentionné par 21% des chrétiens, de « développer l’esprit
missionnaire » mentionné par 14% des chrétiens, de « Former les missionnaires » mentionné
par 13% des chrétiens. Le projet qui a retenu le moins d’attention est celui de « Financer des
projets » mentionné seulement par 7% des chrétiens.
195
Au niveau du District d’Abobo, c’est sur le projet « Créer de nouveaux champs de mission »
qui a fait objet de choix de plus de chrétiens, soit 34%. Après ce projet suit celui de « Former
les missionnaires » mentionné par 25% des chrétiens, de « Construire de nouveaux lieux de
culte » mentionné par 19% des chrétiens, de « Financer des projets » mentionné par 9% des
chrétiens. Cependant au niveau de ce District le projet qui a retenu le moins d’attention est
celui de « « développer l’esprit missionnaire » mentionné seulement par 2% des chrétiens.
Plusieurs difficultés ont été relevés au niveau des différents Districts dans la croissance de la
mission.
6%
2% 3%
0%
ABIDJAN-NORD ABIDJAN-SUD ABOBO GLOBAL
NON OUI
197
Près de la totalité des chrétiens (97%) ont signifié que l’œuvre missionnaire a besoin d’une
redynamisation. Au District d’Abobo nous observons 94% des chrétiens qui préconisent un
besoin de redynamisation de l’œuvre missionnaire contre 98% au District d’Abidjan-Sud.
Par ailleurs au District d’Abidjan-Nord, nous notons que tous les chrétiens ont émis le besoin
de redynamisation de l’œuvre missionnaire par l’EMUCI.
Les raisons données par les chrétiens pour justifier l’expression du besoin de redynamisation
sont les suivants :
Notre étude a concerné cinq (05) Districts missionnaires de la Côte d’Ivoire : le District
missionnaire d’Abengourou à l’Est, les Districts missionnaires de Gagnoa et de Man à
l’Ouest, le District missionnaire de Korhogo au Nord, et le District missionnaire de Guinée
Conakry. Les 05 Districts missionnaires sont couverts par 25 pasteurs et 25 missionnaires, et
ont permis depuis leur création l’implantation de 143 nouvelles communautés. Le District
missionnaire d’Abengourou est celui qui regorge le plus de pasteurs (11) et de missionnaires
(07) par rapport aux autres districts de notre étude. Il est suivi du District missionnaire de
Gagnoa et de Man qui ont 6 pasteurs chacun. Cependant, ils ont respectivement 3
missionnaires et 5 missionnaires. Dans les Districts missionnaires de Korhogo et de Guinée
Conakry, nous observons plus de missionnaires que de pasteurs (2 pasteurs dans le District de
la Guinée Conakry et 3 pasteurs dans le District de Korhogo).
autochtones convertis. Le District missionnaire de Guinée Conakry est celui qui dénombre le
moins de membres (400) et d’autochtones convertis (100).
Chapitre :
I. Sensibilisation
« Chaque fois que le Méthodisme a eu un sens clair de la mission, Dieu a utilisé notre
Église pour sauver des personnes, guérir les relations, transformer les structures sociales et
répandre la sainteté biblique, changeant ainsi le monde. »165
Nous voudrions dire ici que le concept de la Mission ou sa réalité est ignorée par
beaucoup de Méthodistes. Ils sont encore nombreux à ne pas comprendre la nécessité d’ouvrir
de nouveaux champs de missions. Cette situation demande une vraie sensibilisation afin
d’informer les Chrétiens des réalités missionnaires.
165
Livre de Discipline, 2016, Paragraphe 121.
200
Il s’agira d’informer les chrétiens méthodistes qu’il existe bel et bien des frères et
sœurs dans les champs de mission. Par conséquent il y a également des missionnaires et des
champs de mission qui dépendent de l’EMUCI. Il faut leur faire comprendre leur
responsabilité et leur engagement pour la mission.
Les frères et sœurs des champs de mission ne doivent pas être les seuls concernés par
l’appel missionnaire. Ils ne sont pas « obligés » de s’engager à évangéliser et à implanter des
églises là où il n’y a pas d’Église.
Ils peuvent déjà se contenter de leur communauté locale urbaine pour entretenir et
maintenir leur foi. Mais les frères et sœurs ont vu le besoin spirituel, missionnaire des régions
où ils se trouvent. Ils répondent donc à la vocation missionnaire que Dieu leur adresse. Ils
veulent la faire partager avec leurs autres frères et sœurs afin qu’ils ne soient pas seuls dans
cette œuvre missionnaire noble.
Nous voudrions ici rappeler simplement les méthodes utilisées au tout début de la
Mission Méthodiste en Côte d’Ivoire. Confrontés aux défis linguistique, humain et financier,
les Missionnaires ont opté pour la grande sensibilisation en Angleterre, en France et en
Afrique francophone :
… C’est une lettre cosignée à Grand-Bassam par William Platt, Antoine Léthel et Paul Wood-
Laine au nom de trente mille protestants de la Côte d’Ivoire et adressée aux pasteurs et étudiants
de France. C’est à la fois un appel et un avertissement au protestantisme français tout entier 166.
Cette grande sensibilisation concerne un vaste programme qui utilisera toutes les
réunions ecclésiales (Conférences, Synodes, Assemblées trimestrielles, Conseils d’Églises
locales, cultes dominicaux…).
Toutes les couches et les autres structures de l’Église sont concernées : Organisation
des femmes, Organisation des hommes, la jeunesse, l’École du Dimanche, le Département de
166
La pénétration Protestante en Côte d’Ivoire Célestin KOUASSI 1893-1964, Diathèkè p.100
201
La sensibilisation ne doit jamais cesser parce que le peuple de Dieu a besoin de savoir
comment les champs de mission se comportent. Il a besoin d’avoir des informations régulières
sur la vie des missionnaires et sur leur ministère.
Les réseaux sociaux : même s’il s’apparente à un effet de mode, il serait juste de
reconnaitre son efficacité et sa rapidité à relayer les informations.
Comme une personne, les réseaux sociaux par leur exposition médiatique, ont un
grand pouvoir d’influence sur l’opinion publique, voire sur les décideurs. Ils s’imposent
comme le partenaire par excellence du Département de la Mission. Les réseaux sociaux seront
utiles par leurs plateformes (Internet, WhatsApp, Facebook, Instagram, Tweet…), leurs
annonces, leurs groupes d’amis, leur réseau de souscripteurs, leurs affiches publicitaires, leurs
publications, ses émissions audiovisuelles…
Le rôle premier des médias est et reste, effectivement, de transmettre les informations.
La consommation médiatique a un effet positif d’ouverture au monde et d’apports de
connaissances. Cependant, il faut rester attentif à l’usage que l’on en fait. C’est pourquoi, les
médias doivent être gérés par les professionnels.
Nous présentons bien avant les différentes composantes qui emmargent au budget de
l’EMUCI.
II.1. Présentation des composantes de la Mission dans l’EMUCI
II.1.1. En Côte d’Ivoire
Le Département de la Mission
La Société des Missions Méthodistes (SMM)
Les Districts missionnaires
22 Missions extérieures
II.1.2. En Guinée-Conakry
Langue officielle : Français, Malinké
02 pasteurs dont un pasteur Guinéen
02 missionnaires
12 communautés locales
Tous les lieux de culte sont en location
203
II.1.4. Au Mali
Langue officielle : Français, Bambara
02 communautés
01 Pasteur autochtone
Un étudiant originaire du champ de Mission du Mali en formation en Côte d’Ivoire.
Tous les deux lieux de culte sont en location
La Mission n’est propriétaire d’aucun site (terrain).
Année
% par
% par
Libelles % par rapport rapport
rapport au
2020 au budget 2021 2022 au
budget
global budget
global
global
18 583 4 18 583
Société des missions 18 583 444 0,41% 44 0,41% 444 0,73%
District missionnaire 6 000 0 6 000
de Korhogo 6 000 000 0,13% 00 0,13% 000 0,24%
District missionnaire 6 000 000 0,13% 6 000 0 0,13% 6 000 0,24%
204
de man 00 000
District missionnaire 2 000 0 2 000
de Bouake 2 000 000 0,04% 00 0,04% 000 0,08%
District missionnaire 1 000 0 1 000
de Daloa 1 000 000 0,02% 00 0,02% 000 0,04%
District missionnaire 1 000 0 1 000
de Gagnoa 1 000 000 0,02% 00 0,02% 000 0,04%
District mission de la 2 000 0 2 000
Guinée 2 000 000 0,04% 00 0,04% 000 0,08%
District mission du 1 000 0 1 000
Sénégal 1 000 000 0,02% 00 0,02% 000 0,04%
District mission du 3 000 0 3 000
mali 3 000 000 0,07% 00 0,07% 000 0,12%
District mission du 1 000 0 1 000
Cameroun 1 000 000 0,02% 00 0,02% 000 0,04%
Total montant de la 41 583 4 41 583
mission 41 583 444 0,92% 44 0,91% 444 1,63%
4 567 089 8
Montant budget global 4 528 948 295 100,00% 58 100,00% 2 551 603 206 100,00%
Nous remarquons que la Mission de la Guinée Bissau ne figure plus sur le tableau. A-
t-elle été abandonnée ?
Voici la somme des rémunérations brutes et des primes versées par la direction de
l’EMUCI au cours des trois années aux composantes de la Mission :
En 2021 elle a contribué à hauteur de 41 583 444FCFA (environ $7000 USA). Cela
représente seulement 0,91%
- Le montant réalisé les trois dernières années tant par structure individuelle de la Mission
que pour le total général, est resté inchangé soit quarante et un millions cinq cent quatre-
vingt-trois mille quatre cent quarante-quatre francs CFA (41 583 444 Frs) ;
Ces constats nous poussent à dire que l’EMUCI sur ces trois dernières années est
restée stagnante.
- quelle place la mission occupe-t-elle dans la vision globale d'une EMUCI qui se veut
dynamique et vivante ?
Des efforts sont faits mais beaucoup reste encore à faire et une réelle prise de conscience
s’impose.
Le budget est essentiellement englouti par la masse salariale et l’assurance maladie qui
n’apparait pas ici sur le tableau.
Nous voudrions rendre grâces à Dieu de ce que les ouvriers de l’EMUCI sont pris en
charges (salaires, assurances maladies).
La plupart de ces communautés se retrouvent dans les domiciles pour toutes réunions
d’église (cultes, enseignements, réunions de conseil, école de dimanche, répétitions de
chorales…).
Certes tout a commencé dans les Églises-maison selon les témoignages bibliques, mais
les églises-maison ne sont qu’une étape provisoire, parfois très brève et non un état définitif.
C’est ce que les enquêtes sur le terrain nous ont révélé. Les demandes de Bibles, de
traités bibliques, d’achats de site pour de futurs projets de constructions, d’implantations de
lieux de culte, des demandes de la présence du règne de Dieu dans telles ou telles autres
régions affluent constamment…
Malheureusement les fidèles des champs de mission n’ont pas les moyens pour faire à
ces nombreuses attentes.
D’autres ont décidé de ne pas aller faire de nouvelles conquêtes. Ils attendent sur place
que les âmes assoiffées et les brebis perdues viennent à eux. Ils les reconnaissent le plus
souvent le dimanche à la question de l’annonceur : « y a-t-il de nouvelles personnes qui nous
visitent ce matin…nous sommes heureux de faire votre connaissance…dites-nous si vous êtes
de passage ou si vous êtes venus pour rester ».
Face au manque de moyens, d’autres encore ont choisi la « voix » des pères
réformateurs, la consolidation de leurs acquis.
Nous pouvons nous interroger avec Roger S. Greenway : « Ils ont besoin d'argent
comme tout le monde pour subvenir à l'ensemble de leurs besoins et des besoins de leur
famille. De plus, les dépenses générées par leur ministère sont plus élevées que celles des
pasteurs en général…En outre, il leur faut de l'argent pour acheter des Bibles, de la littérature
et tout autre matériel qui leur sert à proclamer l'Évangile »167.
167
Roger S. Greenway, INTRODUCTION À LA MISSION CHRÉTIENNE, Cléon d'Andran, Éditions Excelsis. 2000,
P.127
207
La situation stagnante ne doit pas demeurer ainsi. Il faut absolument mener d’autres
réflexions afin de trouver les moyens pour relancer la mission. Il faut absolument changer de
cap afin de donner une orientation à l’action au sein de l’EMUCI. Cela passe par la une
nouvelle sensibilisation et une remobilisation de l’ensemble du peuple de Dieu, du clergé aux
laïcs.
II.2.1. Mobilisation
- La mobilisation des fonds
Elles sont de plus en plus nombreuses les Églises locales qui sont au-dessus des 50
Millions de CFA aux fêtes annuelles des moissons.
D’autres ont déjà franchi la barre des 100 Millions de CFA. Les plus fortes sont à plus
de 200 Millions de CFA à la fête annuelle des Moissons.
Nous avons encore cet avantage d’avoir fidèles Méthodistes et des communautés
locales qui font preuve de libéralités, à l’image des Chrétiens Macédoniens du Nouveau
Testament :
Nous vous faisons connaître, frères, la grâce de Dieu qui s’est manifestée dans les Églises de
la Macédoine. Au milieu de beaucoup de tribulations qui les ont éprouvées, leur joie débordante
et leur pauvreté profonde ont produit avec abondance de riches libéralités de leur part. Ils ont, je
l’atteste, donné volontairement selon leurs moyens, et même au-delà de leurs moyens…nous
demandant avec de grandes instances la grâce de prendre part à l’assistance destinée aux saints.
Et non seulement ils ont contribué comme nous l’espérions, mais ils se sont d’abord donnés eux-
mêmes au Seigneur, puis à nous, par la volonté de Dieu .2 Cor. 8 : 1-5.
Nous soutenons cette mobilisation parce que nous sommes convaincus que les fonds
recueillis vont permettre de changer considérablement les données sur le terrain. Les Districts
missionnaires ont besoin de moyens pour :
Au niveau des ressources humaines, nous pouvons saluer l’excellent engouement des
jeunes hommes et femmes qui frappent de plus en plus à la porte du Saint-Ministère. Les
Candidatures au concours d’entrée à l’ISTHA et l’Institut de Formation Missionnaire (IFM)
en sont une expression éloquente.
168
Pierre TRICHET, COTE D’IVOIRE : Les premiers pas d’une Eglise. TOME 2 : 1914-1940. Abidjan, les
Éditions La Nouvelle 1995. Page 169
209
Si les ressources humaines attendues ont fait défaut (à cause de la défection des
étudiants de France), la mobilisation a connu un retour positif sur le plan financier. Et ce sont
les Missionnaires Catholiques qui en faisaient la remarque. Le Père MOLY, lui est
catégorique : « Il faudrait disposer, comme eux, de millions de dollars ou de livres anglaises,
pour fonder de nouveaux postes et de nombreuses écoles. C’est en effet à coups de millions
que se fait ici la propagande protestante »169
La Mission a besoin de moyens et assez de moyens pour que les rendements soient
évidents sur le terrain. Elle ne peut pas être l’œuvre de fonctionnaires et autres personnes de
petits métiers qui pour la plupart sont de passage. Ce sera une des tâches de la mobilisation.
Une fondation est un organisme de mécénat créé par un ou plusieurs donateurs, issus
du secteur privé, au service d'une cause d'intérêt général et à but non lucratif.
Il s’agira ici de sécuriser les premiers dons en investissant par exemple dans
l’immobilier qui aujourd’hui est rassurant en Côte d’Ivoire. L’immeuble ainsi réalisé pourra
se nommer « Résidence Missio Dei ».
169
Pierre TRICHET, op.cit. p.171
170
Ibid. p.173
210
C’est un nom hautement prophétique. Il veut dire que Dieu est toujours en Mission.
Nous devons par conséquent être toujours en Mission.
Ce premier investissement doit être considéré comme le grain de sénevé qui ouvrira la
porte à d’autres projets d’investissements tels que l’agriculture.
Le père fondateur du pays Felix Houphouët Boigny a dit une parole qui résonne
encore comme une alliance : « le succès de ce pays repose sur l’agriculture ».
Malgré les fluctuations des prix des matières premières, les investissements
champêtres donnent dans l’ensemble des résultats probants. Un investissement en la matière
est à encourager. La plupart des champs de Mission et les Missions étrangères disposent
encore des terres arables.
Exemple :
Dans toutes nos tournées missionnaires nous sommes arrivé en Guinée Bissau. Après
renseignement, les secteurs d’activités les plus rentables et les plus sûrs sont d’abord
l’anacarde, puis le transport (taxi).
Un véhicule coutait trois millions de francs CFA, 3.000.000FCFA, soit $5000 USA. Il
était indiqué, par exemple, de faire un prêt à cette jeune mission de quatre (4) véhicules soit
$20.000 USA. Cette mission serait aujourd’hui à l’abri de toutes ces zones de turbulences
financières.
211
Les terres qui peuvent être labourées ou cultivées ne manquent pas. Les premières
récoltes sont attendues à la troisième année.
Voici un projet qui intéresserait le département de la Mission et l’EMUCI en accord avec les
autochtones.
La Mission pourra acquérir ces sites pour les lieux de culte, ses instruments de
musique, tout le support électronique…Elle pourra également construire les logements des
ouvriers de l’église, construire ses lieux de culte…doter ses ouvriers de moyens de travail…
ouvrir de nouveaux champs de Mission.
Le fait de les responsabiliser, éviterait les appels incessants, parfois stressants de fonds
de la Mission de la Guinée Bissau. Le proverbe chinois ne dit-il pas : « si tu donnes un
poisson à un homme, il se nourrit une fois. Si tu lui apprends à pêcher, il se nourrira toute sa
vie ».
Apprenons à nos champs de mission à pêcher, alors ils se nourriront toute leur vie.
Hier comme aujourd’hui, les réalités sont les mêmes. C’est le terrain qui dicte le
programme. Et le terrain coute cher.
Les missionnaires ont besoin d’argent et il faut en parler même parfois cela peut
choquer. Ce que reconnait Roland Allen171 :
Il peut sembler à première vue étrange de parler des finances comme l'un des
accompagnements extérieurs de la prédication, plutôt que comme faisant partie de l'organisation
de l'Église. Mais c'est en fonction de l'approche de saint Paul envers ses auditeurs que les
finances prennent leur véritable signification et jette leur lumière la plus intéressante sur le
travail missionnaire aujourd'hui.
171
Roland Allen » « Missionary Methods: St. Paul’s or Ours? « Dallas, Gideon House Books »2016 P.41
212
Nous ne sommes pas en train de faire la promotion de la course à l’argent. Mais les
réalités sont là et perceptibles à l’œil nu. Soit on décide d’aller en mission et on se donne les
moyens de cette décision ou alors on n’y va pas.
« Les « faiseurs de tentes » rencontrent également certaines difficultés. Leur emploi absorbe
la majorité de leur temps et de leur énergie. Leurs employeurs risquent de leur interdire toute
activité religieuse »172.
Se sentant abandonnés comme des soldats au front sans munition, les fidèles
méthodistes des champs de mission n’ont plus d’autres choix que de se replier sur leurs
communautés locales.
Il faut à tout prix les moyens avant de se lancer dans l’ouverture d’un nouveau champ
de mission. C’est ce que rappelle Roland Allen173 :
C’est pourquoi l'ouverture d'une nouvelle station missionnaire est devenue avant tout une
opération financière, et nous entendons constamment nos missionnaires se lamenter de ne pas
pouvoir ouvrir de nouvelles stations là où elles sont cruellement nécessaires, car ils n'ont pas les
fonds nécessaires pour acheter et équiper le plus petit établissement missionnaire.
C’est pourquoi nous croyons qu’aucun sacrifice ne sera trop grand pour chaque fidèle
méthodiste, chaque église locale, chaque District et pour la Conférence. Il s’agira de
convaincre chaque église locale à consentir pour son soutien à la Mission 2% seulement des
recettes de sa fête annuelle des Moissons.
Si les responsables pasteurs et laïcs adhèrent à cette idée et ne font pas d’obstacle ce
serait le début d’une vraie révolution missionnaire.
Cette idée « d’amis souscripteurs » n’est pas nouvelle dans l’EMUCI. Il existe déjà les
amis de l’Association Chrétienne des Elèves et Etudiants Protestants Côte Ivoire (ACEEPCI),
les Anciens du groupe de Jeunes.
L’objectif est le même : comment sur la base de notre présence, notre unité, fédérer
nos énergies, nos prières, moyens, nos dons pour soutenir telles ou telles autres activités.
Il y a dans nos communautés des vocations missionnaires cachées en tout genre. Nous
comptons calquer cette association sur le modèle de l’organisme « Mission Chrétienne174 » :
Si d'une part nous admettons que l'argent est nécessaire pour aller de l'avant, d'autre part
nous croyons que sans la prière tout l'argent du monde ne serait pas suffisant pour porter en
avant une œuvre spirituelle. La prière fait bouger la main de Dieu. Et la bénédiction vient de
Dieu. Pour cette raison, nous vous invitons à devenir missionnaire de prière .
Ceux qui restent : Dieu n'a qu'un fils et il en a fait un missionnaire, un gagneur
d'âmes. Nous sommes fils et filles de Dieu et nous sommes appelés à chercher ceux qui sont
perdus. Jésus est notre modèle et comme Lui, nous avons à chercher les perdus et nous donner
pour eux. Le désir du cœur de Dieu c'est que nous soyons tous missionnaires.
Tout le monde n'est pas appelé à partir. Vous êtes peut-être appelés à rester dans votre
pays, dans votre village. Mais cela ne signifie pas que vous devez rester tranquillement dans
votre église, en chantant "Alléluia" pendant que les personnes se perdent. Ce serait une bien
lourde responsabilité.
Même si vous restez chez vous, vous pouvez commencer un partenariat avec Mission
Chrétienne. Une simple lettre, un simple fax, un coup de fil ou un mail. N'hésitez pas à vous
174
Pasteur Vincent SALVATO, Mission Chrétienne (Parole de Vie), Bonne Nouvelle, Monteux, 2018.
214
mettre en contact. De nouvelles possibilités s'ouvriront sur votre chemin et... votre aventure
de foi commencera.
Ceux qui souffrent : « Venez à Moi vous tous qui êtes fatigués et aggravés et je vous
donnerai du repos. »
L’amour d'un vrai christianisme amène obligatoirement à des actes concrets. Ne pas
aimer seulement en paroles, est la base du christianisme de Mission Chrétienne. C'est cela qui
nous a conduits dans les divers endroits du monde où nous sommes. Que ce soit pour des
facteurs spirituels ou non, nous n'avons pas fermé nos entrailles à ceux qui crient : "Viens !
Secours-nous !"
Ceux qui donnent : il y a plus de joie à donner qu’à recevoir. Il faut entretenir une
relation fraternelle avec tous ceux qui donnent. Nous leur soumettrons une fiche de
souscription dont nous avons le modèle ci-dessous :
Oui, à l’occasion de la souscription pour la Mission Méthodiste Unie, je souhaite faire un geste de
soutien.
NOM : ______________________________________________________
Prénom : ____________________________________________________
ADRESSE : __________________________________________________
Téléphone : __________________________________________________
E-mail : ____________________________________________________
« …la moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le maître de la moisson
d’envoyer des ouvriers dans sa moisson ». Mat. 9 :37-38.
215
Ils sont constamment délogés parce que les sites non sécurisés sont contestés par
d’autres acquéreurs détenant des titres de propriétés officiels. Nous avons par exemple le site
actuel (3ha) du groupe scolaire Méthodiste de la ville de Gagnoa qui est contesté.
Une des récentes enquêtes a prouvé que la situation est générale. La plupart des
domaines de l’EMUCI, même dans les Districts ordinaires tels qu’Abidjan ne disposent
d’aucun document officiel (titre foncier).
Cela demande qu’il faille mettre officiellement sur pied une équipe ou un comité du
patrimoine s’il n’en existe pas encore. S’il existe, il faut revoir son cahier de charges et lui
donner plus de pouvoir autour des points suivants : sécurisation des domaines existants, achat
de domaines, achat de nouveaux domaines.
Cette équipe doit être une unité mobile, en contact et travaillant avec tous les Districts
et les champs de Mission. C’est une équipe qui doit être composée de spécialistes de la
construction et de l’urbanisme.
L’achat des domaines : cette équipe doit suivre, encourager et accompagner l’achat
des domaines, cette fois-ci des domaines plus grands par nos communautés ecclésiales. Nous
le disons « cette fois-ci des domaines plus grands » parce qu’il est souvent donné de voir les
domaines de l’EMUCI, de plus en plus petits (…600, 500, 400 et même 300 m2).
n’avaient-ils pas un temple réservé à un dieu inconnu ? : « Car, en parcourant votre ville et
en considérant les objets de votre dévotion, j’ai même découvert un autel avec cette
inscription : A un dieu inconnu ! » Ac.17 : 23.
C’est une méthode d’évangélisation utilisée par les Missionnaires Portugais qui
consistaient à installer des « padroes ». Les « Padroes » étaient des croix en béton. Une
manière de dire que ce domaine, ce territoire appartient au Dieu de Jésus-Christ, aux
Portugais : « Les padrões ont été plantés sur le rivage et ont servi de repères aux précédentes
explorations portugaises de la côte.
À Kwaaihoek, dans l'actuelle province du Cap oriental, ils ont planté un padrão le 12
mars 1488, qui marquait le point le plus à l'est de l'exploration portugaise »175.
175
Bartolomeu Dias, History, com Editors, https://www.history.com/topics/exploration/bartolomeu-dias,2009
217
L'histoire qui nous est contée est celle de l’officier syrien, Naaman. Il y a cette petite
fille juive qui avait été enlevée pendant la guerre par des troupes de soldats syriens et donnée
comme servante à la femme de Naaman. Or, cette petite fille est une jeune messagère de
bonnes nouvelles. La petite voit que l'époux de sa patronne est malade, et elle dit à celle-ci :
« En Samarie, il y a un prophète qui saurait aider ... ». Sans attendre, Naaman va voir le roi de
Syrie son maître et lui répète les paroles de la petite fille. Naaman se rend donc en Samarie. Il
obtient sa guérison miraculeuse. Le lépreux est guéri de sa maladie après s’être plongé dans le
Jourdain. Naaman en est venu à reconnaître : « Voici, je reconnais qu'il n'y a pas de Dieu sur
toute la terre, si ce n'est en Israël ».
La jeune fille esclave a apparemment pris un gros risque. Elle n’avait pas préparé le
terrain auparavant. Elle n’avait aucun moyen de le faire. Pour preuve, le courrier adressé au
218
roi a créé la panique et la confusion. Le roi a compris en cela une manière insidieuse pour lui
déclarer la guerre puisque l’on lui demande l’impossible : redonner la guérison à un lépreux.
La jeune fille esclave avait-elle déjà été témoin des miracles opérés par le prophète
Élisée ? Ou s’appuie-t-elle sur les témoignages véhiculés par la croyance populaire ?
Dans les tous les cas elle a parlé avec une telle assurance, une telle perspicacité, une
telle foi que le général Naaman s’est vu obligé d’effectuer le voyage. Et pour un voyage, c’en
fut un. Les commentaires bibliques disent que le général s’est déplacé avec une infanterie.
Ce qui est demandé à tout chrétien partout où il se trouve, c’est de vivre pleinement et
sincèrement sa foi. Et cela est une vérité biblique. L’apôtre Pierre a conseillé les femmes dans
ce sens : « Vous de même, femmes, soumettez-vous à votre mari. Ainsi, ceux qui refusent de
croire à la parole pourront être gagnés sans parole par la conduite de leur femme, en observant
votre manière de vivre pure et respectueuse » 1 P. 1 :1 et 2.
Dans sa conclusion sur la guérison de l’officier Syrien, Walter KAISER disait ceci :
Yahweh était le Seigneur de toutes les nations, même à l'époque de l'Ancien Testament. Non
seulement avait-il eu recours à un général païen pour mener les combats avec les résultats qu'il
avait souhaités, mais il utilisait également le témoin de la petite fille qui, après avoir été mise dans
des circonstances extrêmement éprouvantes, a été utilisée comme précurseur de la diaspora qui
répandrait la Bonne Nouvelle du plan de promesse de Dieu 176.
Cette enfant est une vraie évangéliste. L’évangéliste ne peut sauver un pécheur, mais il
peut lui montrer le chemin du salut. On n'est jamais trop jeune pour être un témoin du
Seigneur. C’est pourquoi, nous pouvons dire que la guérison de Naaman annonce aussi
l’ouverture des païens au ministère de la grâce, comme le souligne Jésus-Christ : « II y avait
aussi plusieurs lépreux en Israël du temps d’Elisée, le prophète ; et cependant aucun d’eux ne
fut purifié, si ce n’est Naaman le Syrien » (Lc 4 : 27). La jeune fille captive est aussi une
missionnaire de Dieu. Elle a témoigné en terre étrangère. C’est ce que fait remarquer David
BOSCH (Perspectives177) : « Dieu n’a pas non plus utilisé que les grands dans ce rôle de faire
entendre son message. C’était une petite esclave Israélite qui a annoncé son pouvoir de
guérison à Naaman, le puissant mais lépreux capitaine de l'armée Syrienne ... ».
176
Walter C KAISER JR., Mission in the Old Testament: Israel as a Light to the Nations, Baker Books,
Michigan 2012 pp. 49-50.
177
Ralph D. Winter, Steven C. Hawthorne, Perspectives on the World Christian Movement, Pasadena, William
Carey Library 2004. P.59.
219
En 606 av. J.-C, Nebucadnetsar, roi de Babylone, déporte une partie de la population de Juda
dont quatre jeunes gens : Daniel, Hanania, Mishaël et Azaria. Babylone devient le symbole du
monde civilisé, mais méchant, immoral et sur le plan religieux, révolté contre Dieu. Le roi de
Babylone convoqua tous les grands de son empire à l’inauguration de l’immense statue d’or
qu’il fit fabriquer. Il ordonna qu’à un signal donné tous se prosternent devant la statue pour
l’adorer (Daniel 3 : 1-30). Trois hommes et trois seulement, ne se prosternèrent pas : ceux-là
ne plièrent le genou que devant Dieu. Ils refusèrent d’adorer l’idole ne serait-ce qu’une
minute au risque de leur vie.
Cette détermination les amène dans la fournaise par obéissance à Dieu, qui, d’une façon
miraculeuse et souveraine, devient leur compagnon et les en délivre. Dans la fournaise, les
trois hommes font une expérience unique : ils ne sont pas seuls car un compagnon d’origine
divine vient les retrouver. La gloire de Dieu éclate devant tous : Schadrac, Méschac et Abed-
Nego sortent indemnes du milieu du feu, à la vue de tous les conseillers du roi et de toutes les
délégations nationales présentes à la dédicace de la statue.
Il ne reste sur eux aucune trace de l’épreuve, même pas l’odeur du feu. À ce propos,
DELCOR affirma ceci : « Le premier mot du roi est pour bénir le Dieu de Schadrac, Méschac
et Abed-Nego...il conclut qu'il n'y a pas d'autre dieu qui puisse délivrer ainsi et donne l'ordre
de mettre à mort quiconque parlerait mal du Dieu des Juifs... »178.
Daniel et ses amis n’ont pas totalement coupé avec leur origine religieuse. Marti J.
STEUSSY soutient cette idée : « Ces Juifs de la diaspora semblent avoir maintenu un contact
assez étroit avec la patrie. Ceux qui en avaient les moyens ont fait des pèlerinages à
Jérusalem et un certain nombre de communautés de la diaspora y ont établi des
synagogues »179. Cela était le secret de la force de leur foi.
Daniel, cible de l’envie et de la haine des plus hautes autorités de Babylone, fut piégé
par ses ennemis qui firent donc promulguer une loi disant que pendant trente jours aucune
prière ne devait être adressée à qui que ce soit sinon au roi Darius (Daniel 6 : 1-28).
178
DELCOR, Le livre de Daniel, Paris, J. Gabalda et Clé. 1971. P. 106.
179
Marti J. STEUSSY, Gardens in Babylon Narrative and Faith in the Greek Legends of Daniel, p. 179.
220
Daniel ne change pas pour autant ses habitudes et continue à adresser à l’Éternel trois
fois par jour sa prière pour le rétablissement de Jérusalem. Il contrevient ainsi aux ordres
royaux ; il est donc jeté dans la fosse aux lions. La foi de Darius qui connaît la puissance du
Dieu de son collaborateur lui donne la certitude que l’Éternel délivrerait Daniel de la gueule
des lions. C’est ce qui arriva.
Daniel en sortit indemne et vit ses ennemis y disparaître. Cet autre miracle conduisit le
roi Darius à proclamer la grandeur du Dieu qui a sauvé son serviteur Daniel.
La foi prévenante de Daniel et le résultat qui s’en est suivi, provoqua une réaction
bouleversante du roi Darius et de ses sujets :
Ainsi, tous, le roi en premier, sont capables de quitter l'idolâtrie et la violence pour proclamer
par la parole et leur engagement la foi au Dieu unique... Et c'est non pas Daniel, mais le roi païen
qui le proclame, lorsqu'il constate que Dieu a préservé Daniel de la gueule des lions. Alors il
s’écria : "Tu es grand, Seigneur, Dieu de Daniel, et il n'est pas d'autre que toi ! 180, affirmait
Paulin POUCOUTA.
De l’esclave Juive en Syrie, à Daniel en passant par ses trois amis à Babylone, ils ont
témoigné plus ou moins de leur foi en terre lointaine, étrangère et cela dans des conditions
difficiles. Les résultats sont éloquents ; on a assisté à des conversions les plus inattendues, des
retournements de situations spectaculaires.
Dans le livre des Actes des Apôtres, nous remarquons deux versets comme un
anagramme : Actes 1 : 8 et Actes 8 : 1
Actes 1 : 8 : « Mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous,
et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux
extrémités de la terre ».
Ici Jésus-Christ annonce à ses disciples qu’ils seront des migrants par leur témoignage
et pour la cause de l’évangile et ce jusqu’aux extrémités de la terre.
180
Paulin POUCOUTA, Apprendre à lire le livre de Daniel, Kinshasa Mediaspaul, Bible pour tous, 2003, p. 39.
221
Actes 8 : 1 : « Saul avait approuvé le meurtre d’Etienne. Il y eut, ce jour-là, une grande
persécution contre l’Église de Jérusalem ; et tous, excepté les apôtres, se dispersèrent dans les
contrées de la Judée et de la Samarie ».
La mort d’Etienne sonne comme le signal de départ. C’est le grand départ en mission.
La mission d'Israël n'est-elle pas de proclamer à la face du monde la grandeur du Dieu unique
et sa miséricorde envers ses serviteurs ? Cette mission n'a pas cessé avec la Pentecôte ; Israël de
la diaspora est en train de vivre, à Jérusalem, son rassemblement autour du petit Reste, habilité
désormais par l'Esprit Saint à porter aux confins de la terre la parole de Dieu .
L’on est tenté de se poser la question sur les deux groupes de personnes témoins
oculaires : il y avait les Juifs de la Diaspora :
Or, il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs, hommes pieux, de toutes les nations qui sont
sous le ciel… Parthes, Mèdes, Elamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la
Cappadoce, le Pont, l’Asie, la Phrygie, la Pamphylie, l’Egypte, le territoire de la Libye voisine de
Cyrène, et ceux qui sont venus de Rome, Juifs et prosélytes, Crétois et Arabes… Ac.2 : 5, 9-11
Que sont devenus ces juifs de la Diaspora, des victimes indirectes de la Pentecôte ?
Même si les avis étaient partagés au début, il y a quand même, qui ont pris au sérieux (?) ce
qui se passait contrairement aux moqueurs. Que sont-ils venus par la suite par rapport à
l’évangile ? Christophe PAYA croit savoir que « la dispersion des croyants est aussi
dispersion de la Parole, qui est transmise comme une bonne nouvelle, « là où ils passaient »182.
Même s’il n’y a pas de preuves, ne pouvons-nous pas supposer qu’ils seraient devenus des
éclaireurs, des précurseurs, des pionniers ? N’ont-ils pas ouvert la voie à l’évangile ? Ils ne
peuvent tous se fondre si facilement dans la nature.
²Où sont passées ces trois mille âmes après ces évènements ? Ils ont même été baptisés. Tous
ne sont certainement pas restés à Jérusalem ?
181
Philippe BOSSUYT S.J. ET JEAN RADERMAKERS S. J., Témoins de la parole de la grâce, Actes des
Apôtres,Éditions de l'Institut d'Etudes Théologiques Bruxelles /1995. P. 147
182
Christophe PAYA, La mission de l’Église dans une société multiculturelle Théologie évangélique, ThEv vol. 8.3.
Institut Biblique de Nogent. Nogent sur Marne2009. P. 270.
222
C’est à cette interrogation que répond Robert : « Cette liste représentait pour le peuple juif
du premier siècle le monde entier connu d’alors. Ces Juifs avaient entendu parler de Jésus
dans leur dialecte maternel. Parlant de cette foule, Marie-Hélène ROBERT Etal soutient
« qu’après le discours de Pierre, trois mille d’entre eux se convertissent. Ils se font baptiser et
reçoivent l’Esprit Saint. Ils rejoignirent les disciples dans l’aventure universaliste et plurielle
qu’il suscite »183.
L'Eunuque Éthiopien est un homme influent dans son pays. Il était un ministre
détenteur du pouvoir de la reine Candace184. L'Eunuque Éthiopien se serait rendu à Jérusalem
pour adorer. Mais son séjour dans cette ville n’a pas apporté la lumière à son âme.
Philippe fait partie du groupe des Sept, dont Étienne. Ici Philippe joue le rôle d’un
Évangéliste auprès de l’Ethiopien. Sur son chemin de retour, Philippe vint à la rencontre de
l’Ethiopien et lui adressa la parole : « Comprends-tu ce que tu lis ? … » Un dialogue
s’engage : « Comment donc pourrais-je, si personne ne me guide ? … De qui le prophète dit-
il cela ? De lui-même, ou de quelqu’un d’autre ?
Alors Philippe ouvrit la bouche et commençant par ce passage, lui annonça la bonne
nouvelle de Jésus » (Actes 8 : 31-35).
L'Éthiopien apprend par lui à connaître Jésus. Il peut être baptisé.
L’Évangéliste Philippe disparaîtra, mais l'Eunuque Éthiopien peut continuer son
chemin « tout joyeux » pour devenir, certainement, un messager de la grâce dans son lointain
pays.
Le texte Biblique du livre des Actes des Apôtres (Actes 1 : 8) donne le top départ de la
Mission avec un programme par étapes. La Pentecôte nous fait remarquer la présence de la
Diaspora qui a certainement été utilisée comme précurseurs des Apôtres et autres
Missionnaires sur les champs de Mission. Et enfin, avec l'Eunuque Éthiopien, il va donc se
passer quelque chose de tout neuf. Pour la première fois, l’Église va s’ouvrir vers un étranger,
vers l’Afrique.
Le Nouveau Testament mentionne que Paul a fait trois voyages missionnaires durant
lesquels il a répandu le message de Christ en Asie mineure et en Europe.
Notons que les trois voyages missionnaires de l’Apôtre Paul se sont globalement
déroulés en Turquie et en Grèce qui à l’époque étaient des provinces romaines (Galatie,
Pamphylie, Lycie, Cilicie, Asie, Macédoine, Achaïe…). Il a évidemment bien traversé les
zones classiques d’Israël, du Liban et de la Syrie.
Entre son premier et son second voyage missionnaire, Paul participa à une conférence
à Jérusalem au cours de laquelle, l’Église arriva au consensus final que les Gentils (païens)
pouvaient recevoir Jésus sans pour autant se soumettre aux traditions juives.
224
L’on a l’impression que le livre des Actes est un reportage sur les voyages des
Apôtres. Daniel Marguerat186 en donne l’explication : « Le livre des Actes n'est pas un « récit
de voyage », mais le récit des praxeis apostoliques dont le témoignage au Christ passe par la
médiation incontournable de l'itinérance. Le lecteur des Actes sait que le Maître, entre Galilée
et Judée, a fourni le modèle de cette pérégrination »
Le but de tous les voyages missionnaires de Paul était le même : proclamer la grâce de
Dieu qui offre le pardon des péchés par Jésus-Christ. Bien qu’il ait tout sacrifié, les voyages
missionnaires de Paul valurent bien les sacrifices qu’il fit.
Si les chrétiens d’aujourd’hui, migrants, exilés, réfugiés, employés, servantes, boys, gardiens,
chauffeurs, manœuvres, ouvriers…pouvaient s’appuyer sur les référents missionnaires que
sont la jeune fille esclave de Naaman, le général et Daniel, le règne de Dieu aurait déjà
précédé les missionnaires officiels que sont les missionnaires, les pasteurs, les prédicateurs et
dans les endroits inaccessibles.
Nous savons que la vraie Évangélisation ou la vraie Mission doit prendre en compte la culture
des peuples cibles. Il faut apprendre et parler leur langue, porter si possible leur nom, manger
ce qu’ils mangent, s’habiller comme ils s’habillent, habiter où ils habitent, en résumé, faire
comme ils font.
L’Apôtre Paul ne disait-il pas :
Avec les Juifs, j’ai été comme Juif, afin de gagner les Juifs ; avec ceux qui sont sous la loi,
comme sous la loi quoique je ne sois pas moi-même sous la loi, afin de gagner ceux qui sont sous
la loi ; avec ceux qui sont sans loi, comme sans loi quoique je ne sois point sans la loi de Dieu,
étant sous la loi de Christ, afin de gagner ceux qui sont sans loi. J’ai été faible avec les faibles,
afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver de toute manière quelques-
uns (1 Corinthiens 9 : 20-22).
Malienne, Burkinabé, Nigérienne, Sénégalaise… vivant en Côte d’Ivoire et même pour les
Ivoiriens originaires du Nord.
Elle n’a pas quitté ses frères et sœurs d’origine pour vivre dans d’autres quartiers. Ils
vivent toujours ensemble, partageant les mêmes réalités quotidiennes. Ils ont donc en
commun la langue et le cadre de vie.
Ils ont conservé leur culture qu’elle soit Guinéenne, Malienne, Burkinabé, Nigérienne
ou Sénégalaise… La Communauté Bambara Méthodiste est donc pleinement une semence qui
attend d’être ensemencée. Leurs frères et sœurs non Chrétiens sont stratégiquement à portée
de main ; l’on peut facilement les atteindre par l’Évangile.
Depuis que la communauté existe, elle a connu une croissance quantitative très
limitée. Le nombre des communautés locales n’a pas évolué depuis plus de 30 ans. Il faut
préciser qu’initialement, leur Mission a consisté à accompagner et à encadrer les fidèles
Bambaras Méthodistes là où ils sont. Il est grand temps qu’une nouvelle Mission lui soit
assignée.
- Le lieu de résidence
- Le Nord de la Côte d’Ivoire
- Leurs pays d’origine
- Le lieu de résidence : les Chrétiens Bambara habitent principalement les quartiers
appelés « Diouladougou ».
Dioula veut dire « commerçant ». Il est aussi le synonyme abusif de Bambara.
Dioula représente aujourd’hui les populations du Nord, les ressortissants migrants du
Mali, Burkina-Faso, et de la Guinée-Conakry.
« Dougou » veut dire le village, le quartier, la ville…le lieu d’habitation.
Donc Diouladougou est le lieu d’habitation privilégié des ressortissants du Nord, des
Maliens, des Burkinabés, des Guinées, à une expression près des Sénégalais.
Les Chrétiens Bambara vivent en général à Diouladougou, dans les mêmes quartiers
que leurs frères et sœurs Bambara ou Dioula. Il est rare de voir une famille Bambara vivre en
dehors de ces milieux, encore moins se retrouver avec les Ivoiriens.
226
C’est un fait culturel : ils ont en commun avec leurs frères et sœurs non Chrétiens, la
langue, les préparations culinaires, l’accoutrement, les rites funéraires, et toute autre
cérémonie.
Les Bambaras développent et protègent certaines valeurs qu’ils risquent de perdre en
vivant hors des Diouladougou. Ces valeurs sont par exemple la soumission de la femme dans
le foyer, la virginité de la jeune fille jusqu’au mariage, l’entre-aide mutuel dans le commerce
(prêts)…
De par sa position de semence stratégique, la Communauté Bambara Méthodiste se
retrouve au milieu des peuples non atteints. C’est une position idéale qu’un Chrétien non
Bambara est très loin d’avoir. Il va falloir pour ce Chrétien non Bambara ou non Dioula
apprendre d’abord la langue, manger ce qu’eux mangent, s’habiller comme eux…le chemin
serait encore long.
qui ont toujours une pensée spéciale pour leur pays d’origine. Pour certains, quand
ils sont atteints par la limite d’âge à la retraite, ils y retournent.
D’autres, surtout les plus jeunes, retournent dans leur pays d’origine après le
Baccalauréat. Ils n’ont pas la nationalité ivoirienne, ni les parents les moyens pour faire aux
frais scolaires universitaires de plus en plus chers.
D’autres encore, sont obligés de repartir, soit pour des droits de succession, ou soit
pour le mariage (les jeunes filles).
Que deviennent-ils quand ils retournent dans leur pays d’origine ? Nous croyons que
ce sont des semences stratégiques pour la Mission qu’il faut à tout prix protéger. Il ne faut
surtout les perdre, les laisser fondre dans la nature. Ils représentent déjà une base, un repère,
une semence stratégique pour la Mission au Mali qui vient de recevoir son premier
missionnaire officiel et pour le Burkina-Faso qui s’apprête à faire de même dans un avenir
très proche.
Ils ont besoin d’être suivis et organisés. Ils ont besoin d’être formés avant leur départ.
Les réseaux sociaux (plate-forme) représenteront un atout considérable.
Et si ces chrétiens Bambara au départ décident de faire comme la jeune fille esclave,
comme Daniel et ses amis en vivant pleinement et sincèrement leur foi inébranlable, avec des
témoignages, alors les Missions du Mali et du Burkina-Faso pourront être considérées comme
de vrais semences stratégiques missionnaires.
Il faut ici faire une précision importante concernant la conversion des musulmans
pratiquants ou pas. Quand un Musulman se convertit, il s’expose automatiquement à des
menaces et à des gros risques de la part de ses parents et de toute la communauté musulmane
du quartier.
Il peut être banni par sa famille. Il est du coup déshérité. Son nom est également retiré
de la liste de tous les potentiels candidats aux prêts d’argent. Et le comble, c’est qu’il peut
être sommé de se mettre immédiatement en règle avec ses créanciers avant de partir dans sa
nouvelle famille chrétienne.
Le nouveau converti peut voir sa fiancée lui être retirée par ses futurs beaux-parents,
qui eux-mêmes, sont musulmans engagés (Imams, Muezzins…).
Le pire qui peut se produire pour ce transfuge musulman c’est qu’il peut être victime
de tentatives d’empoisonnements.
L’autre disposition particulière qu’il faut prendre concerne les vocations des jeunes
chrétiens Bambara.
Considérant les besoins, les attentes, la tâche énumérés plus haut, nous pouvons
affirmer que la moisson est grande mais peu sont les ouvriers du côté de la Communauté
Bambara.
Si dans un premier temps, la tâche première consiste à recycler les ouvriers déjà
présents sur le terrain, il va falloir par la suite former rapidement de nouveaux ouvriers
(Pasteurs et Missionnaires) pour la Communauté Bambara Méthodiste.
Il faut alors utiliser toutes les occasions possibles pour susciter des vocations au sein
des jeunes chrétiens Bambara. Ces occasions favorables seront les cultes dominicaux, les
séances de prière, les séminaires, les retraites spirituelles, les autres réunions ecclésiales, mais
surtout les camps bibliques annuels afin de trouver des candidats au Saint-Ministère.
229
Il faut par la suite l’aider à acquérir des domaines pour une meilleure représentation
sur le terrain.
Il faut faciliter la formation des appelés issus des communautés Bambara. Si les
propositions ci-dessus mentionnées sont prises en compte, nous croyons que la Communauté
Bambara Méthodiste Unie pourra répondre valablement à sa vocation missionnaire. Elle
pourra connaître ainsi une croissance qualitative et quantitative.
La Côte d’Ivoire compte plus 26% migrants sur son territoire. Ils sont essentiellement
originaires du Burkina-Faso, du Mali, de la Guinée Conakry, du Niger, du Sénégal, de la
Mauritanie…C’est une opportunité missionnaire pour l’Eglise en général et pour l’EMUCI en
particulier qui a en son sein une communauté chrétienne Bambara dont les fidèles sont eux-
mêmes originaires de ces pays.
C’est le lieu de créer avec la communauté Bambara un ministère pour l’évangélisation des
Burkinabés, des Maliens, des Guinéens, des Nigériens, des Sénégalais, des Mauritaniens…
La Diaspora est la dispersion hors de Palestine des Juifs exilés ; l’ensemble des
communautés juives dispersées à travers le monde.
La Diaspora a commencé lors de l'Exil, au VIe siècle avant J.-C. et elle s'est accentuée
après la deuxième destruction du Temple en 70 après J.-C.
Au sens général, la diaspora est la dispersion d'un peuple, d'une ethnie à travers le
monde.
Nous entendons par diaspora, les ressortissants des Districts Missionnaires qui vivent
loin de leurs régions mais qui sont devenus des chrétiens confessant et pratiquant leur foi au
sein des communautés Méthodistes. Ils sont originaires du Centre, de l’Ouest, de l’Est, du
grand Nord.
Nous parlons des ressortissants Ivoiriens Méthodistes vivant sur le sol Ivoirien, mais
loin de leurs régions natales ou d’origine, ils sont aussi considérés par notre comme des
migrants.
Leurs dites régions sont peu atteintes ou mal atteintes. Ces hommes et femmes que
nous appelons « diaspora » souhaiteraient voir l’évangile prêché dans leurs régions.
Il faut faire remarquer qu’elles sont de plus en plus présentes, ces personnes
(originaires des Districts Missionnaires) qui par l’évangélisation, par le mariage ou autres
moyens sont devenues chrétiennes au sein de l’Église Méthodiste Unie.
Ils occupent des postes importantes au sein de l’EMUCI. Ils représentent une vingtaine
de pasteurs au niveau du clergé.
C’est un véritable fardeau pour ces personnes de voir leurs villages, leurs régions
d’origines être évangélisés et que des temples y soient bâtis, si possible une école ou un
dispensaire.
231
Il y a déjà sur le terrain, des actions qui sont menées tous azimuts dans ce sens de la
part des différentes diasporas. Ces ressortissants consentent souvent assez d’efforts, de
moyens pour des résultats minimes parce qu’ils se retrouvent pratiquement seuls.
C’est pour les encourager que nous proposons une réorganisation que nous appelons la
fédération des diasporas.
Il s’agira de les considérer comme une semence sur laquelle le département doit
s’appuyer pour ouvrir des champs de mission dans leurs régions d’origine.
C’est déjà un atout essentiel non négligeable qu’il faut exploiter en les réorganisant
tout simplement en des équipes d’appui à leur région d’origine.
Ceux que nous appelons « la diaspora » mérite également une attention particulière. Les
efforts que chacun fait à son niveau pour sa région mérite d’être salués à leur juste valeur par
des encouragements. Mieux, la diaspora a besoin d’être épaulée par le département de la
mission et toute l’EMUCI.
Pour éviter que notre évangélisation et notre mission ne soient stériles, il faut les faire
précéder ou les accompagner par des œuvres sociales, ce que le monde de la missiologie
appelle l’Holistique Mission ou la Mission intégrale.
Nous avons fait remarquer dans « l’état des lieux » que la plupart des œuvres sociales
s’est concentrée dans les Districts ordinaires. Il est grand temps de décentraliser la réalisation
de ces œuvres en visant les Districts missionnaires. Ce qui sera une expression beaucoup plus
éloquente et un appui considérable à l’action missionnaire parce que le faisant, l’EMUCI
devient un acteur de développement de la Nation Ivoirienne.
Les habitants de Monogaga sont appelés les « Winnins ». Les Winnins étaient un
peuple longtemps enclavé. Aujourd’hui, le peuple ne vit pas seul, il vit avec les Baoulés, les
Fantis, les Libériens et les Lobis…
Les premiers missionnaires et prophètes ne les ont pas visités. Le peuple adorait les
idoles, les forêts sacrées, des bois, des rivières, des rochers…avec comme animal de sacrifice,
le bouc.
187
Jean MALLO LOBOGNON est un enseignant des Écoles Primaires Méthodistes, Il a été affecté avec d’autres
enseignants et des missionnaires pour entamer ce projet.
233
Monogaga est situé sur le littoral de l’océan atlantique. Il est fait partie de la région de
San-Pedro. Monogaga est distant de son chef-lieu San-Pedro de 39 km.
La situation géographique a fait de ce village un lieu touristique, de loisir et de repos qui attire
tous les weekends des Ivoiriens, des Libanais, des Européens qui viennent contempler la belle
nature : la mer. Monogaga a une superficie d’au moins 25 km2 avec une population
avoisinant 500 habitants.
Le sol n’est pas trop favorable à l’agriculture. Ils n’ont ni les ressources financières
pour s’acheter des filets de pêche ni des pirogues motorisées pour pratiquer la pêche en mer.
Les jeunes winnins quittent donc leur village (les parents) à la recherche d’un emploi
soit à San-Pedro, soit à Abidjan, laissant derrière eux une population vieillissante.
Le peuple de Monogaga a été oublié dans l’évangélisation et est toujours resté dans la
tradition.
bâtiments de trois classes chacun, avec un bureau administratif, de huit toilettes modernes,
une cantine moderne non fonctionnel cause de moyens financiers, de trois logements maîtres,
le tout bâti sur une superficie de 12000 m2.
189
La Conférence missionnaire mondiale de 1910 s'est tenue du 14 au 23 juin 1910 à Édimbourg en Ecosse. Au
nombre des commissions, la huitième (coopération et promotion de l'unité (21 juin 1910) a été un appel à
l'unité parmi les missionnaires protestants, une coordination d’actions sur les terres de missions.
235
Nous constatons que ces Districts dits Missionnaires évoluent étrangement comme les
Districts dits ordinaires.
Ils ont le même programme de travail que les Districts Ordinaires. Ils tiennent
annuellement leurs Synodes avec le même canevas de rapport à la Conférence Annuelle. Il en
est de même des Assemblées de Missions ou de Circuits.
Dans le vocabulaire chrétien ou selon le dictionnaire l’adjectif « missionnaire » est
relatif aux missions, à la propagation de la foi.
Il est temps après vingt-cinq années de faire les états généraux des Districts
missionnaires. Il s’agira de rappeler quelle était la vision, les objectifs au départ. Combien de
nouvelles communautés, de nouveaux champs de Mission avons-nous créés ? Combien de
périmètres avons-nous gagnés géographiquement parlant ? Combien de nouveaux convertis la
statistique peut certifier après vingt-cinq ans de vision missionnaire ? Combien d’écoles, de
centre de santé…l’EMUCI a-t-elle ouverts dans les Districts missionnaires ? Quel est le bilan
de la vision missionnaire ?
Vivement que ces états généraux voient le jour afin de remettre en question la
politique de la mission et de tirer les conclusions en envisageant les perspectives d’avenir.
L’état des lieux amène à comprendre l’inquiétude des Surintendants, des pasteurs et
les fidèles de ces zones, qui se sentent abandonnés au front de la bataille, sans munitions.
Nous croyons que les états généraux vont permettre de redéfinir un nouveau cahier de
charges purement missionnaire pour les Districts Missionnaires. L’on se penchera également
sur le vocabulaire. On parlerait par exemple de Synode missionnaire ou d’Assemblée
missionnaire avec un contenu beaucoup plus missionnaire.
Au cours de ces rencontres dites « missionnaires » les rapports présentés mettraient
l’accent sur le nombre de nouveaux convertis, le nombre de nouveaux champs de mission, le
nombre de nouveaux lieux de cultes ouverts, le nombre de nouveaux temples construits, l’état
des projets d’investissement, le nombre d’œuvres sociales réalisées, les perspectives d’avenir,
etc.
Il va de soi que ce cahier de charges soit largement partagé avec les ouvriers affectés
dans ces Districts. Il faut simplement rappeler à chacun que la vision est essentiellement
missionnaire dans les Districts Missionnaires. Il va sans dire que les ouvriers affectés dans les
Districts Missionnaires ont besoin d’une formation complémentaire en la matière, de peur
d’être déconnectés ou dépassés par les réalités du terrain.
236
Les états généraux aborderont également d’autres aspects non moins importants tels
que la liturgie, le lectionnaire, les réunions et autres activités habituelles qui devront tenir
compte de la nouvelle donne missionnaire.
Le plus souvent c’est par la suite, qu’ils se rendent compte qu’ils ont une autre
vocation, celle de partager l’Évangile avec les peuples autochtones d’accueil. Cette nouvelle
réalité missionnaire demande des dispositions particulières. De simples fonctionnaires qu’ils
sont au départ, ils doivent maintenant devenir des missionnaires.
Aujourd’hui l’EMUCI est en train de se redéployer dans toute la Côte d’Ivoire, dans
toutes les grandes villes (déjà fait) et les petites villes. Ces villes seront les bases sur
lesquelles elle s’appuiera pour atteindre le pays profond.
237
C’est une œuvre noble et louable qui est à encourager. Tout semble tellement beau que
l’EMUCI et le département de la Mission devraient joindre l’utile à l’agréable en engageant
pleinement sa volonté politique à la Mission.
Lénine disait : « il est plus agréable et plus utile de faire l'expérience d'une révolution
que d'en écrire ». Tout ne sera probablement jamais acquis. Mais nous devons essayer pour
que cela le soit.
L’EMU-CI doit être sensible à cette situation afin de donner une réponse pour soutenir
et appuyer les efforts que ces « missionnaires involontaires » font sur le terrain.
Le Partenariat
« Le partenariat est une aventure commune dans laquelle s’engagent, librement et sans
renoncer à leur identité, au moins deux entités humaines (personnes ou groupes) ».
Le partenariat permet aux partenaires de mettre en commun leurs efforts en vue de réaliser un
objectif commun relié à un problème ou à un besoin clairement identifié.
Nous savons qu’à l’origine des missions chrétiennes il y a des élans de mobilisations et de
soutiens pour les missionnaires sur les terres de mission.
15 :26
Par partenariat nous entendons la création et le développement d'une communion entre les
champs de Mission et les Districts ordinaires ou toute personne ou groupement ayant la même
vision de répandre l'Évangile dans toutes les nations, d’implanter des nouvelles communautés
et qui, comme Mission Chrétienne, croit que les buts se réalisent plus facilement dans l'unité.
Nous rappelons ici un proverbe burkinabé qui renforce l’idée du partenariat : « Quand les
bouches des fourmis se mettent ensemble, elles peuvent transporter un éléphant ».
Un partenariat interne
NB : Quand nous parlons de partenariat, nous voudrions préciser qu’il s’agit essentiellement
de collaboration entre les églises Méthodistes Unies locales en Côte d’Ivoire, c’est un
partenariat inter ecclésial.
Il va falloir peut-être l’envisager un plus tard avec les communautés Méthodistes unies hors
de la Côte d’Ivoire mais relevant de l’EMUCI.
Nous ne pouvons pas parler de partenariat au sens premier du terme, encore moins parler de
partenariat équilibré ou équitable. Il s’agit ici de soutenir et de participer au développement de
certaines communautés locales qui sont très limitées sur le plan financier et infrastructurel.
L’objectif de ce partenariat était d’établir des relations d'étroite collaboration entre ces deux
types de communautés.
La création du partenariat
Ayant fait le constat de l’inégalité existant entre ses communautés locales l’EMUCI a créé le
partenariat à la Conférence annuelle de 2008.
Nous avions l’impression de voir au sein de l’Eglise Méthodiste Unie de Cote d’Ivoire, une
église à deux vitesses. Chacune vivant dans l’indifférence et l’oubli de l’autre.
239
D’un côté nous avons des communautés qui ont des temples bâtis, des presbytères, des
moyens de déplacement pour leurs ouvriers, disposant de tout le minimum (ordinateurs,
instruments de musique, la sonorisation et autres supports didactiques…) pour le culte.
On peut aussi remarquer que ces dites communautés sont constamment en chantier :
agrandissement de temples, achats de nouveaux bancs, achats de nouveaux instruments de
musique, achats de nouveaux apparats liturgiques pour les chorales etc…
De l’autre côté nous nous retrouvons avec des communautés dépourvues du minimum. Le
temple n’existe pas. Certains font leur culte au domicile d’un fidèle, d’autres dans un local en
location. D’autres encore font leur culte sous des arbres. La sonorisation et les instruments de
musique sont loués. Le serviteur de Dieu n’a pas de moyens de déplacement.
C’est pour remédier à cette situation de manque de parité, de proportion, d'harmonie, d'égalité
entre ces communautés ecclésiales que l’EMUCI a accepté le concept du Partenariat entre les
Districts ordinaires et missionnaires.
Le temps ne sous a pas permis d’entrer en contact avec tous les Districts pour avoir un rapport
exhaustif du partenariat (2008-2022). Néanmoins nous avons pu en interroger des principaux
acteurs.
Nous avons ici le témoignage de M. Jean Louis LOUE192 : « On avait un partenariat avec
Grand Lahou mais ce partenariat n’a pas existé. Je ne sais pas la cause mais Grand Lahou qui
était censé être notre parrain ou notre soutien n’a pas pu vraiment répondre et cette situation
est restée en l’état. Nous avons eu un partenariat de nom mais qui n’a jamais fonctionner ».
192
M. Jean Louis LOUE est président des laïcs du district missionnaire de San-Pedro. Il est prédicateur laïc.
240
La deuxième action, c’est qu’au niveau d’Abidjan Sud, le dernier dimanche du mois de
Février est libéré pour permettre au pasteur et missionnaire Catéchiste du District
Missionnaire de Korhogo d’être accueillis par leur District partenaire d’Abidjan Sud. Toutes
les églises locales étaient ainsi visitées. Ils dirigeaient les cultes et faisaient la sensibilisation
et la mobilisation en ce jour. C’était une opportunité pour eux de présenter le travail qui se
faisait sur les champs de mission. Tous les fonds recueillis en ce jour, ainsi que le matériel le
roulant qu’étaient reversés au District missionnaire de Korhogo.
Chaque fois qu’il y avait le synode à Korhogo, le District Abidjan Sud se faisait représenter et
contribuait à l’organisation pratique.
193
Révérend Christian Turkson a servi dans la région du pays, à Ferkessédougou dans le District de Korhogo
241
Ainsi, le District Ordinaire d’Abobo dans lequel était inclus celui d’Anyama a été relié au
District Missionnaire de Daloa au sein duquel l’on retrouvait le District Missionnaire de
Gagnoa.
Nous sommes à la tête du District Missionnaire de Daloa depuis six ans. Notre nomination
coïncide avec l’érection du Secteur de Gagnoa en District Missionnaire. Il y a quelques
années, l’Eglise a salué la naissance du District ordinaire d’Anyama.
Pour dire clairement les choses, le District Missionnaire de Daloa est directement rattaché au
District Ordinaire d’Abobo.
Hier il était marqué par une invitation mutuelle des deux Districts à leurs synodes respectifs.
Le District d’Abobo participait aux frais d’organisation à hauteur de cent mille francs (100
000 frs).
Aujourd’hui, les données ont changé. Depuis dix-huit mois, il y a à la tête du District
d’Abobo, le Très Révérend Pasteur Daniel KONAN qui a travaillé pendant plusieurs années
dans les Districts Missionnaires de Yamoussoukro et Bouaké, qui est plus sensible quant aux
attentes des Districts Missionnaires.
Concrètement, toutes les églises du District Missionnaire de Daloa sont rattachées aux églises
du District Ordinaire d’Abobo.
Pour éviter la lourdeur administrative, ces églises sont autorisées à travailler ensemble.
Le même ton a été donné aux structures. Ce faisant, les conducteurs ont déjà fait mouvement
ici à Daloa pour une séance de travail qui a duré trois jours.
Dès l’année prochaine, le canevas de rapport au synode ouvrira une brèche pour permettre aux
responsables de dire ce que le partenariat a produit.
Enfin, pour soutenir l’organisation du synode, l’aide est passé de cent mille francs (100 000
frs) à deux cent mille francs (200 000 frs). Cette année, elle est montée à trois cent mille
francs (300 000 frs).
Exemple : le Jubilé qui était en partenariat avec l’église Béthel de Katiola, n’est plus
seulement qu’avec Katiola mais les compétences, les actions du Jubilé se sont étendues sur
tout le secteur missionnaire de Katiola.
Il en est de même pour qui est partenaire avec l’église John Wesley, ce n’est plus seulement
avec M’Bahiakro mais avec tout le secteur missionnaire de N’Bayakro. C’est pareil avec
Bonoumè Nazareth qui est avec Bethesda de Béoumi ville, mais pratiquement c’est Béoumi
ville et certains nombres de village. Par contre, Jérusalem de 220 logements est aussi avec une
partie de Béoumi et une partie de Assingou qui fait officie de tête de file.
194
Révérend Odilon a servi comme pasteur proposant, puis comme Pasteur associé, dans le District
missionnaire de Bouaké de 2012 à 2022
243
Les deux directions de Districts d’Abidjan Nord et de Bouaké sont liées, ce qui fait que
chaque année au moins 700 000FCFA sont dégagés de la part du District d’Abidjan Nord
pour soutenir le Synode du District Missionnaire de Bouaké. Lors des synodes il y a des
délégations de part et d’autre qui assistent au synode du partenaire
A part le Jubilé de Cocody qui au moins, a mis sur pieds un plan directeur pour le suivi de ses
activités dans le secteur missionnaire de Katiola, Les partenaires se font de plus en plus
discrets. Les aides et les soutiens se font de façon sporadique et ne sont plus réguliers.
Les partenariats ne sont vraiment plus forts, ni très suivis, les gens font ce qu’ils
peuvent.
Donc Il y a pratiquement un désintérêt des Communauté d’Abidjan Nord.
C’est depuis le Synode de 2009 tenu à l’EMUCI Bethel d’Abidjan Agban et sur l’impulsion
du Surintendant d’alors du District d’Abidjan Nord, le Très Révérend Pasteur Josué AFFI,
que le Partenariat a été réactivé.
Dès lors, un plan d’action est élaboré chaque année et soumis au Conseil du District.
195
Dr. Stéphane DJADAN est médecin, prédicateur ayant un cœur pour la mission. Il est le responsable du
partenariat entre les deux districts depuis 2009.
244
-les locaux sont délabrés du fait du manque d’entretien depuis le déclenchement de la guerre
de 2002 ;
-les principaux animateurs de ces communautés avant la guerre étaient des fonctionnaires
affectés dans ces zones.
Du fait de la guerre, ils ont tous rejoint Abidjan. L’animation spirituelle de ces communautés
est difficile du fait de la démobilisation et surtout par manque d’animateurs spirituels.
- établir des rapports mensuels des avancées de la mission à transmettre à l’église locale du
partenaire, aux deux Surintendants et, à la Coordination de la Société des Missions
Méthodistes du District d’Abidjan Nord.
Après une année de mission, une séance de restitution a été organisée révélant que :
245
➔les églises locales du District Missionnaire de Bouaké renaissent à la vie. A en juger par la
tenue régulière des cultes, des Classes Méthodistes, des séances de prières, la remise sur pied
des structures laïques de l’église, l’organisation des programmes d’évangélisation avec à la
clé la manifestation de puissance du Saint Esprit ;
➔les églises du District Missionnaire de Bouaké souhaiteraient que cette Mission dure aussi
longtemps que possible ;
➔si certaines églises du District d’Abidjan Nord ont été en relation régulière avec leur «
Missionnaire », d’autres malheureusement ne se sont souciées du quotidien des leurs ;
➔le soutien financier quoique insuffisant (au regard des charges importantes à Bouaké) a été
régulière. C’est tout à l’honneur des Présidents des Laïcs des églises du District d’Abidjan
Nord et de leurs Conseils respectifs.
Œuvres réalisées
La conduite du Partenariat a offert aux églises partenaires l’occasion de poser des actes :
L’accompagnement spirituel
Le maintien de Missionnaires dans certaines églises partenaires et l’organisation de
programmes d’évangélisation et d’édification. La création de nouveaux champs de mission
augmentant ainsi le nombre d’églises et de fidèles.
L’accompagnement financier
Il y a un accompagnement sur le plan financier de la part du District partenaire et des églises
locales partenaires. Les églises du District d’Abidjan Nord prennent en charge les
Missionnaires qu’elles envoient à Bouaké.
246
L’accompagnement infrastructurel
Forces
Faiblesses
L’absence d’un protocole de partenariat clair et formalisé entre les 2 surintendances
Le peu d’intérêt de certaines églises du District d’Abidjan Nord pour le Partenariat
La passivité de nombreuses églises du District Missionnaire de Bouaké dans le Partenariat
L’inexistence de Société des Missions Méthodistes locales ou de « Comité partenariat » dans
certaines églises du District d’Abidjan Nord
Recommandations
Que les objectifs du Partenariat soient clairement définis par la Conférence
Que soit créé au niveau national une structure en charge du Partenariat avec ses
correspondants au niveau des Districts et des églises locales
Que les clauses du Partenariat Interdistricts soient élaborées par les 2 Conseils de Districts
247
Que les clauses du partenariat inter-églises soient élaborées par les parties prenantes
Quelques remarques
- Cette bonne volonté de l’EMUCI de créer le partenariat n’est dotée d’aucun cahier de
charges, encore moins d’une feuille de route.
- Le critère de répartition n’est pas clairement et équitablement défini. Ce qui donne de
voir un District missionnaire qui s’attend à recevoir de l’aide de se retrouver avec un District
ordinaire partenaire moins nanti.
- Des responsables pas assez bien préparés, encore moins formés font de la résistance
dans le processus.
- Aucun chronogramme ni bilan afin d’évaluer l’œuvre accomplie, ne sont prévus.
- L’accent n’a-t-il été mis essentiellement que sur l’aspect financier ?
Voici dix-huit ans que le partenariat a été validé et mis en route. En principe dans ce cadre, la
relation entre les partenaires devrait être formalisée par un contrat ou un protocole de
collaboration dans lequel les responsabilités, rôles et contributions financières de chacune des
parties devraient être clairement définis.
Nous remarquons avec beaucoup de regret que chacun y est allé de son mieux. Pendant nos
recherches, nous avons interrogé quelques acteurs, partenaires des Districts ordinaires et
missionnaires.
D’après ce qui précède, le bilan n’est pas reluisant. Néanmoins il y a des raisons d’espérer
puisque les rapports ont nettement identifié les causes de la faillance.
Il faut accorder une chance au partenariat avec plus de moyens et surtout en étant beaucoup
plus regardant.
Nous faisons remarquer que l’EMUCI pratique au niveau des affectations, la rotation intégrale
des postes. Ce qui fait de chaque pasteur, une personne qui a déjà vécu les réalités des
Districts missionnaires. Il devrait normalement être le premier défenseur, le griot de la cause
des Districts missionnaires.
248
Le département de la mission doit et peut compter sur cet « ex pasteur missionnaire » qui
aujourd’hui exerce dans un District ordinaire.
Nous croyons donc que le partenariat est une très bonne semence stratégique qui a été mise en
terre. Le semeur n’a peut-être pas reçu la formation pour suivre et accompagner cette
semence. Ce qui explique le faible volume de la récolte rapporté à l'unité de surface.
Nous croyons cependant qu’il ne faut pas mettre le feu à la plantation.
Il faut peut-être accorder un autre délai au partenariat, tout « en creusant tout autour, et en y
mettant du fumier. Peut-être à l’avenir donnera-t-il du fruit » Lc 13 : 9.
En termes simples l’EMUCI doit éviter de commettre l’erreur de dire qu’elle abroge ici et
maintenant, le décret de création du partenariat.
Surtout que la direction de l’EMUCI n’a pas officiellement reçu un rapport exhaustif de ce qui
a été fait sur le terrain.
Sans oublier qu’autour du partenariat s’est fédérée et s’est enclenchée une dynamique de
sensibilisation et de mobilisation pour la cause de la mission. Il ne faut donc pas émousser les
ardeurs au risque de tuer carrément tout autre effort pour la cause de la mission. Ce sont des
choses qui sont difficilement rattrapables.
Il est grand temps que l’EMUCI en accord avec le département de la mission et les autres
partenaires de la mission engage les états généraux de la mission et en particulier du
partenariat. Ce sera certainement une grande réflexion particulière autour de la question du
partenariat. Les résolutions de travail seront soumises à la conférence annuelle qui à son tour
appréciera. L’Eglise aura ainsi fait œuvre utile pour la cause de la mission.
Nous reviendrons plus en détail sur cet aspect (partenariat) dans la troisième partie de notre
travail.
249
C’est donc un système qui présuppose au moins deux entités différentes, autonomes ».
Et il ajoute ceci : « Pourtant la particularité du partenariat mission/Église est que l’Église, par
son unicité en Jésus-Christ, demeure inséparable de la mission »197.
Qui sont les acteurs partenaires, les deux entités différentes qui acceptent de mettre
ensemble leurs efforts ?
Il y a l’église locale du District ordinaire. Sont dits Districts ordinaires, les Districts
qui dans la répartition des Missions Protestantes se retrouvent dans la zone Méthodiste (voir
la carte ci-dessous).
Les églises locales dans ces Districts sont organisées avec toutes les structures et les
corps constitués déjà en place : les organisations des femmes, des hommes, de la jeunesse, des
Éclaireurs Unionistes, les enfants. Il en est de même des prédicateurs laïcs, les conducteurs,
les chorales.
Au niveau des statistiques, l’affluence au culte varie entre cent (100) à trois cents
(300) pour les petites communautés et entre trois cents (300) à mille (1000), voire deux mille
(2000) fidèles.
Sur le plan financier nous avons été limité par le temps, ce qui ne nous a pas permis de
produire des chiffres proches des réalités. Néanmoins les résultats des fêtes annuelles des
moissons ou de récolte sont connus de tous. Elles partent de cinq (5) millions de francs CFA à
cinq cents (500) Millions annuellement. Il y aujourd’hui dans l’EMUCI, plus de dix églises
locales qui réalisent la somme de plus de cent (100) Millions chaque année.
Au niveau des ressources humaines, une seule église locale peut avoir au moins 10
prédicateurs laïcs et autant de conducteurs avec au moins deux chorales. Le District ordinaire
de Yopougon où nous sommes actuellement a plus de cinq cents (500) prédicateurs pour
196
Paul Djideti Richesses et difficultés du partenariat : mission/Eglise », Servir en L’attendant Revue de
réflexion biblique, N°4/2012 Octobre-décembre, P.30.
197
Paul Djideti Richesses et difficultés du partenariat
250
Le District d’Abobo a plus de cinq cents (500) prédicateurs pour moins de cents (100) églises
locales. Le District d’Abidjan Sud a plus de cinq cents (500) prédicateurs pour moins de cents
(100) églises locales.
Nous pouvons voir sur la carte où se trouve la zone de la mission méthodiste. Il est au
sud-est de la Cote d’Ivoire. Les Grandes villes sont Abidjan, Dabou, Aboisso, Adzopé,
Agboville, Grand Lahou, Sikensi, Tiassalé, Divo, Lakota, Abengourou et Bongouanou. Cette
zone compte vingt-deux districts ordinaires plus de 80% des fidèles Méthodistes.
Les églises locales ou les champs de mission dans ces Districts ne sont pas organisés.
À part les enfants et les femmes, les autres structures et groupes constitués n’existent pas
encore.
Au niveau des statistiques, l’affluence au culte varie entre vingt (20) et cinquante (50)
pour les petites communautés dans les zones rurales et dans les villes l’effectif peut atteindre
cent (100) voire deux cents (200) fidèles.
Sur le plan financier, les fêtes annuelles des moissons ou de récoltes ne dépassent pas
en moyenne la somme de deux (2) millions de francs CFA.
À part les églises locales des grandes villes dont la plupart des fidèles sont originaires
du sud, aucune église locale, encore moins un champ de mission ne peut réaliser la somme de
cinq (5) millions pendant les fêtes annuelles des moissons ou de récoltes.
Au niveau des ressources humaines, il y a des églises locales et des champs qui n’ont
pas de prédicateurs, encore moins de conducteurs. Il n’existe pas de chorale. L’on chante à
l’unisson. Avec cet effectif de vingt (20) à cinquante (50) fidèles, l’on ne se fait pas prier pour
la polyvalence. Ainsi la seule personne est chef d’église, prédicateur, chef de chœur de
252
chorale, trésorier, annonceur… Le seul fonctionnaire de la localité voit sa maison, à son corps
défendant, devenir le lieu de culte, le local de l’école du dimanche, le lieu de répétitions de la
chorale, le lieu de renions du conseil…
Nous le disions plus haut, faute de moyens financiers, l’église locale et le champ de
mission sont obligés de fonctionner par le système de location : la résidence de l’ouvrier de
Dieu, le lieu de culte, le local de l’école du dimanche, les instruments de musique, la
sonorisation, les chaises ou les bancs sont loués… Dans ces conditions, les fins de mois sont
des moments de grands stress à cause des créanciers de tout genre.
La régularité du culte dominical n’est pas garantie pour au moins trois raisons :
- Pendant la saison des pluies, le culte est suspendu parce qu’il est impossible de se
réunir pour ceux dont l’ombrage des arbres servent de lieux de culte. Et au nom de la
séparation entre l’Église et l’État, l’utilisation des écoles publiques comme lieux de
culte est interdite par la loi.
- Il arrive souvent que les églises locales des Districts missionnaires ne tiennent pas de
culte parce que le prédicateur qui y est programmé n’a pas pu faire le déplacement
faute de véhicule. Tout dépend des transporteurs dans ces régions aux routes
impraticables pendant les saisons pluvieuses.
- Si les loyers restent impayés pendant une bonne période, le propriétaire du local qui
sert de lieu de culte ferme carrément l’église jusqu’à nouvel ordre.
Voici ainsi présentés les deux partenaires : les deux églises locales qui acceptent de mettre
ensemble leurs efforts en vue de réaliser un objectif commun.
Paul Djideti198 s’écrie « Il y a eu trop d’écart entre la mission, cette institution qui envoie,
et l’Église qui reçoit !» et plaide en faveur du partenariat : « Si nous copions le monde dans
cette coopération, nous serons à mille lieues de la volonté de notre Maître... Il nous faut au
contraire réfléchir attentivement sous la conduite du Saint-Esprit, portant notre attention sur
ce qui nous réunit pour suivre ensemble un chemin qui mène à la gloire de Dieu ».
Le partenariat entre les Districts ordinaires et les Districts missionnaires n’ont peut-être
pas donné les résultats escomptés. Néanmoins nous croyons que nous ne pouvons pas parler
d’échec. Il faut considérer ces années comme une somme d’expériences et surtout une base
assez solide pour la relance.
198
Paul Djideti. P.32
253
Et puis les partenaires sont à féliciter parce que sans aucune formation et ni information,
ils se sont lancés comme à l’aventure dans le partenariat. Ils en ont obtenu un certain résultat
et ils ont acquis des expériences missionnaires non négligeables.
Ce partenariat ou cette collaboration entre les ces Districts présente déjà un atout principal
pour donner une nouvelle impulsion à l’élan missionnaire pour trois raisons essentielles :
- Les ressources humaines : l’église locale (District ordinaire) partenaire regorge des
hommes et des femmes qui se sentent appelés pour la mission soit à plein temps ou
soit à mi-temps (personnel de la santé, de l’agriculture, enseignants, maçons,
menuisiers…) Ils sont prêts et n’attendent que la formation qui leur donnera
l’abécédaire de l’œuvre missionnaire. C’est un atout qu’il ne faut donc pas perdre.
- Les ressources financières et matérielles : ensemble avec l’église locale partenaire,
l’on pourra définir les priorités, de façon rationnelle et en temps. Le partenaire
apportera les ressources pour la réalisation du programme. La mobilisation se fera
dans l’église locale partenaire du District ordinaire.
- Une solution aux disparités : Comment s’expliquer le fait suivant : d’un côté nous
avons une communauté qui n’a pas les moyens de se bâtir un temple et se retrouve
sous un arbre pour y faire le culte. Pendant la saison des pluies le culte est suspendu.
Et de l’autre nous avons une autre communauté qui toujours modifie, restaure son
temple, change constamment ses instruments de musique, les tenues vestimentaires
des choristes…
Cette situation d’une église à deux vitesses a de plus en plus un impact négatif sur les
ouvriers de l’église. Cela a malheureusement instauré une atmosphère délétère pendant les
mutations de fin d’années selon que l’ouvrier est affecté dans un District ordinaire ou dans un
district missionnaire.
Il peut certainement avoir d’autres raisons qui justifient le maintien du partenariat mais
ces trois déjà avancées, cela en vaut la peine. Les Districts missionnaires et ordinaires sont
conjointement missionnaires sur le terrain. Les ouvriers de l’église (de part et d’autre) se
sentent motivés.
Le partenariat peut donc être une solution pour réduire les disparités existantes au sein
de la même Église. Il faut simplement tirer les leçons des premières expériences pour rebâtir
sur du concret.
Dans le cadre de notre travail nous considérons le partenariat entre les églises locales
254
Nous avons plus haut donné les exemples dans le Nouveau Testament avec les églises
de la Macédoine.
La foule de ceux qui avaient cru n'était qu'un cœur et qu'une âme. Personne ne disait que ses
biens lui appartenaient en propre, mais ils mettaient tout en commun…l n'y avait aucun
nécessiteux parmi eux : tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons les vendaient,
apportaient le prix de ce qu'ils avaient vendu. Ac.4 :32 et 34
Dans l’Histoire des missions chrétiennes, surtout l’essor des missions protestantes, le
partenariat a été l’atout principal sur lequel les sociétés se sont appuyées pour envoyer des
missionnaires, pour ouvrir des champs de mission, pour implanter de nouvelles communautés,
pour engager des œuvres sociales (écoles, centre de santé…), pour soutenir les missionnaires,
pour subventionner la traduction et l’achat des Bibles.
Ce n’est pas le vieux cantique tiré du recueil de chants Sur les Ailes de la Foi N°616,
3e strophe, qui dira le contraire :
Quand nous considérons les différents témoignages sur le partenariat présentés dans la
deuxième partie de notre travail, et quand nous découvrons à travers la présentation de
l’identité d’un champ de mission ou d’une église locale dans les Districts missionnaires, nous
disons qu’il ne faut pas tout de suite s’avouer vaincu. L’icône emblématique Nelson Mandela
disait : « Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends »
199
Craig Ott and Stephen J. Strauss. Encountering Theology of Mission: Biblical Foundations,
Historical Developments, and Contemporary Issues, Grand Rapids: Baker Academic, 2010, P.5
255
Il est certes vrai que le partenariat pendant ces années n’a pas donné les résultats
escomptés, mais il y a par endroit des résultats non négligeables, Ce qui veut dire que le
partenariat est très prometteur et il est donc à encourager.
Les nouveaux convertis ne peuvent pas comprendre que Dieu leur père « coûte si
cher financièrement ». C’est trop tôt et ils ne sont pas préparés à cela. N’oublions pas que tout
juste à côté il y a la concurrence avec la grosse artillerie : l’Islam nouveau offre un service
tout frais payé avec des éventuels voyages dans les pays du Golfe.
Partageant un intérêt commun : l’on est tenté de savoir si les deux partenaires ont
réellement partagé un intérêt commun. Est-ce que l’église locale du District ordinaire savait
qu’elle avait un intérêt commun avec celle du District missionnaire ?
Qui communiquent : les deux partenaires ont-ils communiqué ? L’état des lieux a
répondu par la négative.
Planifient et travaillent : les deux partenaires ont-ils planifié et travaillé ? L’état des
lieux a répondu par la négative. C’est plutôt un camp (celui qui a les moyens) qui réfléchit et
qui vient demander à son partenaire de s’exécuter.
200
Phill Butler, Well Connected: Releasing Power and Restoring Hope Through Kingdom Partnerships
(Waynesboro : Authentic Media, 2005 ), P34.
256
Pour atteindre une vision commune : d’après ce qui précède, la vision ne peut pas
être commune. À un moment le partenariat a pris l’allure de la pensée unique.
• Définir les apports (ressources humaines, matérielles, intellectuelles, financières, etc.) de chacun dans chaque
domaine. Chacun ne peut donner que ce qu’il a reçu du Seigneur.
• S’engager à poursuivre la vision communiquée par le Seigneur à l’Église et à soi, en toute connaissance de
cause.
• Se respecter, s’aimer comme frères et sœurs dans le Seigneur, malgré les différences apparentes.
La vision est clairement exprimée : faire de l’EMUCI une église missionnaire qui va
d’abord remplir sa tâche en étendant le règne de Dieu dans toute la Côte d’Ivoire puis au-delà
201
Paul Djideti Page 33
257
des frontières du pays dans sa partie nord. Cette vision a été soutenue par de grandes décisions
au cours des différentes conférences :
Par ces décisions, l’EMUCI est précédée par sa vision. C’est une vision missionnaire qui
est ainsi exprimée. De là à déclarer officiellement qu’elle est désormais une église
missionnaire, il n’y a qu’un seul pas à poser.
Voici autant de raisons pour lesquelles nous plaidons en faveur du maintien du système de
partenariat entre les deux églises locales, pour la relance du partenariat.
258
Russ Crosson202 prévient déjà dans ce sens : « Tant que la motivation d'une personne
n'est pas saine envers l'argent, cela entravera l'efficacité du ministère. De plus, lorsque des
conflits surviennent, cela provoque des tensions et si la résolution du problème échoue, ce
partenariat échouera également »
Cela va appeler à la vigilance des partenaires. Ce sont des sacrifices que les églises
partenaires vont consentir, en se privant de certaines choses essentielles à la vie de leur
communauté. Elles auront besoin en retour d’être encouragées en voyant le fruit de leurs
labeurs.
Il est vrai qu’en tant que chrétiens, nous ne ferons pas de l’argent la base du partenariat
mais l’argent est incontournable dans ce processus. Ce que semble si bien résumer Russ
Crosson203 :
Cependant, comme l'argent est une source que Dieu utilise dans les ministères, nous en
avons besoin. Il a été une source très utile tout au long de l'histoire des missions. Mais ce n'est
pas la ressource la plus importante. Dans le ministère de partenariat, si la relation est basée
sur le flux des finances, ce ministère de partenariat échouera .
L’autre reproche que l’on fait au système de partenaire entre les Districts est la
répartition dite déséquilibrée.
En tenant compte des témoignages nous proposons plutôt dans l’ensemble une période
d’essai sur cinq ans.
Il faut une nouvelle grille de répartition qui va connaitre une légère modification par
rapport à la précédente. Nous parlons de légère modification parce que la répartition
précédente n’était pas le problème majeur pour justifier le rendement faible du partenariat. Il
faut aussi éviter de chambouler en bousculant certains automatismes qui se sont bien installés.
Cette nouvelle grille de répartitions que nous disons stratégique, tiendra compte des réalités
de chaque District, de chaque église locale.
202
Russ Crosson, Important Money Decisions for Every Couple: Discover Financial Harmony,
Communicate Through Your Differences, Build a Stronger Relationship (Harvest House Publishers, 2013). P34.
203
Russ Crosson, Important Money Decisions for Every Couple. P34.
260
NB : Nous suggérons que des communautés dites « grandes » sortent de cette grille de
répartition. Ce sont des communautés qui ont au moins cinq cents fidèles. Et elles ont budget
annuel qui varie entre 200 millions de FCFA (($60) Mille et 500 millions de FCFA ($150
Mille).
Ces communautés ont déjà fait leurs preuves suffisantes sur les terres de Mission. Il
sera mieux de les réserver pour des tâches plus importantes. Ce sont par exemple le Jubilé de
Cocody, Canaan d’Angré Cocody, John Wesley de Cocody et les Béatitudes du Plateau.
Ces dites communautés auront comme binôme les Missions Méthodistes Unies de la Guinée-
Conakry, la Guinée Bissau, le Mali et le Burkina Faso.
La Guinée-Conakry et de Jubilé de Cocody
La Guinée Bissau et John Wesley de Cocody
Le Mali et les Béatitudes d’Abidjan Plateau
Le Burkina Faso et Canaan de Cocody Angré
Il en est de même du partenariat Nord Sud qui n’existe pratiquement pas. Les
organismes chrétiens et les Sociétés des missions chrétiennes se sont retirés, comme si la
grande Commission avait déjà visité les peuples non atteints et les extrémités de la terre.
L’Islam, fort du soutien des États Islamiques pétrolifères avance à grand pas dans les
régions subsahariennes avec une concurrence déloyale proposant des conversions à coups de
pétrodollars.
Selon les conférenciers, les échanges ne se seraient bien passés entre les jeunes églises
du sud car de sérieuses divergences sont apparues concernant le sens du partenariat. Les
jeunes églises refusaient le partenariat dans le sens du dominé avec une certaine domination
des partenaires occidentaux.
Il ne faut surtout pas penser que ces choses sont très loin de nous. Bien au contraire ce
sont autant de paramètres qu’il faut intégrer dans la réflexion menant à la relance du
partenariat. Il faut éviter un quelconque rapport de force entre le dominant et le dominé. L’état
des lieux en a fait cas.
3) l'acceptation de toutes les responsabilités : démontrée par une volonté de payer le prix du
partenariat ».
Pour conclure nous citons Paul Djideti206 : « Lorsqu’une telle base est posée et
acceptée par les intervenants, le partenariat procure des richesses réciproques inestimables :
les besoins sont satisfaits dignement, le progrès du royaume est visible, les témoignages
glorifient Dieu, les serviteurs de Dieu se sentent soutenus dans le ministère et servent avec
zèle, les tensions entre individus ou groupes baissent… Cependant, tout cela n’ira pas toujours
sans difficulté. »
204
Bosch, D J 1991. Transforming mission : Paradigm shifts in the theology of mission.
Maryknoll, NY: Orbis. Page 466
205
Thang Deih Lian, Les caractéristiques Théoriques du partenariat dans les missions LAMBERT Academic
Publishing 2014. P.2 (Warren, M 1956. Partnership: The study of an idea. London: SCM.)
206
Paul Djideti
265
207
Michel Silva Andrade, Annoncer et expliquer l’Évangile avec Puissance, Publié le 12 mars 2013, P.63
266
dans l’œuvre missionnaire. Il faut les remplacer (avec le même soutien financier) par des
missionnaires nationaux au front. Un missionnaire expatrié coûte toujours plus cher qu’un
missionnaire national. Le soutien financier d’un seul missionnaire expatrié peut soutenir
plusieurs nationaux.
Encourager les églises (et organismes chrétiens) des pays nantis (et les pays où il y a
beaucoup de chrétiens) à donner autant pour le soutien des missionnaires nationaux qu’ils
donnent aux missionnaires de leurs propre pays.
Reconnaître le rôle de l’Église d’Afrique dans l’Évangélisation du monde (c’est le
temps de l’Afrique) et soutenir les missionnaires africains pour les missions intérieures et
mondiales.
Combattre le gaspillage et les dépenses de prestige de la part des individus, des
organisations, ministères et églises. Il faut aussi décourager les activités, programmes et
constructions coûteuses inutiles ;
CONCLUSION GÉNÉRALE
Notre préoccupation majeure dans cette recherche était : Quelles stratégies mettre en
place pour un réveil missionnaire au sein de l’EMU-CI ? Loin de nous le jugement selon
lequel, l’église a échoué dans sa mission sur le terrain ivoirien. Loin de nous le jugement
selon lequel la vision missionnaire lancée en 1999 a été étayée de lacunes. Par contre la
création de Districts missionnaires, la reconnaissance de volontaires missionnaires, et
l’ouverture de Champs de mission à l’extérieur de la Côte d’Ivoire sont autant de sujets pour
lesquels il convient de saluer l’effort et les sacrifices de l’EMU-CI.
Elle est essentiellement confinée dans la partie Sud et Sud Est du pays. Sa présence en
dehors de ces zones de prédilection semble très limitée. En dehors de ces zones dites
Méthodistes, les fidèles Méthodistes présents au Nord, au Centre, à l’Ouest, au Nord Est, sont
en majorité originaires du Sud et du Sud Est de la Côte d’ivoire. La conséquence immédiate a
été la fermeture de tous ces temples dès les premières heures de la guerre civile de 2002.
Le constat général, c’est que les fidèles Méthodistes dans ces régions dites
missionnaires, semblent être abandonnés à eux-mêmes avec de faibles moyens. Ils ne sentent
pas l’engagement et le soutien de leurs autres frères dans l’action missionnaire où eux sont en
avant-poste.
268
C’est ce que nous avons tenté de relever dans la présente étude pour aider le chrétien
méthodiste, qui aujourd’hui, a la grande responsabilité de continuer cette grande œuvre et
grande bénédiction léguée par nos devanciers. C’est pour cette raison que nous avons choisi
de mener nos recherches sur le sujet suivant : « Réorientation de la vision missionnaire de
l’Eglise Méthodiste Unie Côte d’Ivoire : enjeux et stratégies pour un réveil
missionnaire ».
Pour soutenir notre position nous nous sommes appuyé sur les fondements bibliques
de la Mission afin de rappeler que la mission est toujours d’actualité. Nous avons par la suite
jeté un regard rétrospectif du côté de la Reforme et des mouvements de Réveil (Jonathan
Edwards et George Whitefield, John Wesley et le mouvement méthodiste et enfin Joseph
William Seymour et le Réveil Pentecôtiste). Nous avons compris que le Réveil religieux
semble être le levier qui a toujours propulsé l’action missionnaire.
Nos recherches dans les pays avec lesquels l’EMU-CI a en commun l’Histoire du
Méthodisme nous a permis de nous rendre compte que nous avons des modèles tels que celui
de la Methodist Church of Ghana, en matière de stratégies. Les Eglises méthodistes du Benin
et du Togo sont sur le point de relancer l’action missionnaire.
Partant de la question qui a constitué l’objet de cette d’étude, nous nous sommes fixé
un double objectif, celui d’établir un état des lieux de la mission, et celui de construire et
proposer une réflexion missiologique à l'intérieur de l’EMU-CI. Pour mener cette étude, nous
avons émis des hypothèses de départ, qui ont toutes été vérifiées à travers une étude
empirique.
De tout ce qui précède, nous croyons que le succès de l’œuvre missionnaire au sein de
l’EMU-CI passe par les quatre grandes stratégies que nous avons développées :
269
Dans cette perspective, notre rôle en tant que Chrétien est de changer le monde et non
de changer de monde. Le Chrétien est appelé à vivre dans ce monde déchu et influencer la
société par son mode de vie qui doit ressembler de plus en plus à celui de Jésus Christ.
L’EMU-CI a aujourd’hui le devoir de revoir son programme de discipolat pour arriver à faire
de ses fidèles de vrais disciples de Jésus-Christ. Dans ce programme, il conviendrait d’aborder
avec profondeur et acuité certaines questions propres à l’Afrique tels la sorcellerie, le
fétichisme, le tribalisme, la polygamie, la dictature, la pauvreté, les maladies dites
diaboliques, etc., et leur donner des réponses théologiques adéquates.
Pour conclure, nous ne prétendons pas avoir cerné tout le contour de ce vaste sujet.
Nous sommes conscients que notre étude présente des limites certaines. Il serait nécessaire,
par exemple, de faire une étude sociologique approfondie et détaillée des facteurs culturels
pouvant favoriser ou au contraire constituer des obstacles au réveil missionnaire.
Notre risque est celui généralement reconnu à tout « pionnier » car, en fait, il n’est
jamais aisé d’initier. Mais, en même temps que nous assumons l’entière responsabilité des
270
imperfections de cette étude, il naît en nous un sentiment de satisfaction partielle pour avoir
osé et déblayé le terrain pour la postérité à qui reviendront les avantages, et nous avec, des
remarques constructives qui seront formulées à notre égard.
Tout cela sous-entend un département de la mission fort avec une autonomie interne. Il
aura les mains libres pour exécuter le cahier de charges en entrant en contact avec tous les
partenaires pour la recherche des fonds.
L’objectif est certes la relance de l’action missionnaire mais la vision c’est d’amener
l’EMU-CI à devenir une Eglise missionnaire, mieux à être pleinement et entièrement une
église en mission, une église Missionnelle. Selon Darrel Guder208, « l’Eglise doit passer d’une
Eglise dotée d’un programme missionnaire à une Eglise entièrement missionnaire ».
En d’autres termes, dira Camille Kursner209 : « La mission est plus qu’un simple
segment de l’Eglise pour les promoteurs du concept « missionnel ». Chaque département de
l’Eglise doit être tourné vers l’extérieur. Le budget d’une communauté constitue un bon
indicateur de la « missionalité ». Il démontre le taux que celle-ci destine à la mission ».
Que toute l’EMU-CI (pasteurs et Laïcs, hommes et femmes, jeunes et adultes, enfants
et vieux) soit animée et imprégnée d’une volonté politique sincère et réelle afin d’insuffler
une nouvelle dynamique à son action missionnaire.
208
Darrell L. Guder (éd.), Missional Church : A Vision for the Sending of the Church in North America, Michigan,
Eerdmans, 1998, 288 p.
209
Camille Kursner, Missionel: un concept qui lance un défi aux Eglises d’Occident, article est paru dans le
journal Vivre (lafree info) de janvier-février 2019.
271