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Les Annales

De l’Université d’Alger 1
N° 27/ Tome I
Juillet 2015
Son premier numéro en 1986
PRESIDENT D’HONNEUR:
Pr.HAMID BEN CHENITI,
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SOMMAIRE

Docteur Ghassane HADJAR


Le partenariat public-privé: vers un nouveau dirigisme du secteur
public?...................................................................................................... 05

Docteur Farid OUABRI


La réglementation de la vidéosurveillance en Algérie : une myopie
juridique aux conséquences indésirables ................................................. 16

Professeur Mohamed Lamine BEN ZINE / Dr MOULAY Asma


Université: Participation active des différends acteurs dans la stratégie
et la prise de décision .............................................................................. 44

Dr Nadia OUCHENE
L’ecoefficacite dans une perspective de marketing integre……………. 5 53

Mohammed KECHEROUD
Régime et modes de détermination de la pension de retraite en Algérie.... 67
Le partenariat public-privé: vers un
nouveau dirigisme du secteur public ?
Docteur Ghassane HADJAR

Le PPP est une notion complexe à cerner en raison de la


place qu’il occupe dans l’intervalle des projets entre le « tout
public » et le « tout privé », c’est-à-dire dans un espace dont les
frontières ne sont pas, à ce jour, tracées de manière définitive.
Selon Grimsey, D. & Lewis, M.K. (2005 : 346), le PPP « …occupe
un espace situé entre les projets exécutés de façon traditionnelle
par l’Etat et la privatisation intégrale ». Le PPP occupe donc une
place intermédiaire interprétée par les Etats souvent selon le besoin
et l’intérêt de leur utilisation qui est propre à chacun. Par ailleurs,
selon le guide de la Banque Mondiale (2009 : 7), l’appellation PPP
est floue en raison de son aspect juridique : « le terme de
partenariat public-privé (PPP) n’a pas de signification juridique et
peut être employé pour décrire des dispositifs très divers mettant en
jeu une certaine forme de collaboration entre secteur public et
privé. À l’échelon des pays, les dirigeants ont inventé une
ingénieuse série d’appellations pour schématiser ce qu’ils ont en
vue »1. Au demeurant, si le PPP et ses variantes font l’objet de
différentes réglementations, le champ de ces collaborations apparaît
comme un champ divisé, marqué par différentes perceptions, à la
fois dans le domaine de la recherche2 comme par les instances
politiques.
L’expression PPP est donc une notion polysémique qui
implique forcément différents axes de recherche et d’analyse
souvent liés (la stratégie, le new management public, la gestion de
projets, les coopérations, les contrats, etc.).


Institut d’Administration des entreprises (IAE)Université de Nice
Sophia-Antipolis
5
Malgré cette riche différence, les critères ne sont pas nécessairement
contradictoires, c’est-à-dire que chaque personne en tant qu’acteur ou chercheur
se base certainement sur des axes de définition correspondant à ses propres
intérêts et selon ce qu’il considère et perçoit comme important dans un cadre de
partenariat. Dans ce sens, les partenariats peuvent prendre diverses formes selon
leurs utilisations et objectifs. En pratique, un PPP ne présente pas un modèle de
collaboration structurellement fixe entre le partenaire public et le partenaire
privé, mais une forme d’organisation basée sur des principes, des arrangements
culturels-cognitifs, juridiques, stratégiques et structurels (Hafsi, T. 2009) ainsi
que sur des objectifs définis dans un projet commun par deux ou plusieurs
partenaires dans un contrat à durée déterminée.
Malgré ce caractère complexe, le PPP trouve sa source au sein de
plusieurs courants de pensées tels que la Nouvelle Economie Institutionnelle, la
théorie du New Management Public (NMP) ou encore la théorie des Ressources
et Compétences, etc. Son ancrage théorique dans l’organisation publique
devient donc incontournable et impose une réflexion plus approfondie sur ce
concept, notamment sur les fondements théoriques de ces partenariats.
1. Concept et fondements théoriques des partenariats public-privé:
Les coopérations et particulièrement les partenariats entre les secteurs
public et privé représentent une nécessité dans le contexte actuel car, depuis
2008, plusieurs pays ont été touchés par une crise financière mondiale sans
précédent qui a accru la compétition entre les Etats et leurs entreprises. Le
besoin de financement des services publics et la nécessité de satisfaire les
populations auxquelles ils sont destinés se font plus fortement sentir. C’est
pourquoi, depuis plusieurs décennies, on assiste à l’émergence d’un nouveau
concept de partenariat au sein des Etats et principalement entre le secteur public
et les entreprises privées. Son développement, fréquent dans la littérature,
relève d’une réalité variée et s’entoure de manifestations diverses, tant chez les
responsables et les acteurs qu’au sein de la communauté des chercheurs. Ce
rapprochement entre les secteurs public-privé est principalement employé pour
qualifier les relations aussi diverses que la sous-traitance, les accords entre les
entreprises et les collectivités locales ou les entreprises publiques, et entre les
entreprises privées et les organismes publics... Cependant, la réalité de ces PPP,
demeure difficile à cerner de manière précise devant les choix qu’ils offrent au
secteur public et devant la complexité des montages contractuels. Sans pour
autant oublier le manque de consensus juridique sur la définition du partenariat
6 Les annales N°27-T 01/2015
public-privé au niveau des Etats. C’est pour ces raisons que nous nous
proposons de retracer les réalités de ce concept en commençant par une
proposition de définition d’un PPP et en soulignant son ampleur.
2. Le PPP entre l'ampleur du concept et son utilisation:

Historiquement, c’est en Grande Bretagne que cette initiative de PPP a


vu le jour sous l’expression de « Private Finance Initiative (PFI) » à travers
plusieurs montages contractuels proposés. L’HM Treasury (2003) synthétise,
sous l’appellation PPP, diverses initiatives classées en trois catégories :
- Dans la première catégorie, l’initiative concerne l’introduction de la
propriété privée et de son savoir-faire dans les entreprises publiques
selon l’émission d’actions ou la création d’un partenariat stratégique.
- Dans la deuxième catégorie, le projet en partenariat (PFI) est basé sur le
financement privé avec le choix contractuel qu’il propose comme dans le
cadre de l’achat de services à long terme par un organisme public garanti
par l’acteur privé qui accepte les risques liés au projet.
- Dans la troisième catégorie, le partenariat est basé sur la vente des
services gouvernementaux. Dans ce cadre, l’initiative privée se résume
au seul financement et à l’expertise dans l’exploitation des actifs sur des
marchés élargis.
Les PPP ne sont-ils pas le fruit du hasard : leur émergence est
l’aboutissement d’une longue évolution à travers une série d’étapes de
transformation (Bezançon, X. 2004). Or, si cette évolution a acquis une certaine
légitimité aux yeux des pouvoirs publics et satisfait les besoins des populations
en manque d’infrastructures et de services publics de base, des interrogations
demeurent tant sur les enjeux de cette émergence que sur le cadre d’intervention
et les limites de ces partenariats ainsi que sur les intérêts des acteurs qui y
participent.

La littérature propose plusieurs axes afin de cerner ce concept et ces


modalités. L’expression PPP se réfère à des formules dans lesquelles le secteur
privé fournit des infrastructures et des services qui étaient traditionnellement
assurés par l’Etat. Outre l’exécution et le financement privé d’investissements
publics, les PPP ont deux autres caractéristiques importantes qui sont:
- l’accent mis sur la prestation de services et l’investissement par le
secteur privé;
7 Les annales N°27-T 01/2015
- selon le type de contrat choisi, le transfert d’une part significative du
risque de l’Etat au secteur privé, c’est-à-dire à une entreprise privée, à un
consortium d’entreprises privées ou encore à une co-entreprise.
Aux prises avec la concurrence et la rareté des ressources financières,
managériales et humaines de plusieurs pays, les responsables publics cherchent
de plus en plus des objectifs en adéquation avec les situations rencontrées à
long terme. Mais ils doivent aussi faire face à des demandes plus immédiates en
termes d’équipements d’infrastructures et d’amélioration de la qualité des
services publics dans différents secteurs3. Pour atteindre ces objectifs, les
responsables publics peuvent choisir d’avoir recours à des partenaires privés
nationaux ou internationaux à travers des contrats de PPP. Selon Aubert, A.B.
&Patry, M. (2004) « il s’agit, pour la personne publique, de démontrer que le
recours au partenariat présente un bilan entre les avantages et les
inconvénients plus favorable que ceux d’autres contrats de la commande
publique »4. Ce mode de « faire-faire » ensemble entre les deux secteurs public
et privé, offre donc un choix de solution pour le secteur public par les modalités
contractuelles qu’il propose.
Le PPP est une notion de caractère complexe, polysémique et ambigüe
mais qui n’en demeure pas moins encore attirante5. Skander, D. & Préfontaine,
L. (2006 : 3) soulignent que « malgré la multiplication des écrits sur les PPP,
ces nouveaux modes de prestations des services publics -demeurent un
phénomène nouveau-, et font l’objet de diverses polémiques ». Souvent, dans la
littérature, l’expression des partenariats public-privé ou (P3) selon Aubert, A.B.
& Party, M. (2004) est prise comme une seule entité et non comme trois
concepts séparés (partenariat, public et privé) et englobe différentes modalités
comme : les PPP contractuels (délégation de service public, contrat de gestion,
concession, affermage, etc.) et les PPP institutionnels (la société d’économie
mixte, les Joint-ventures ou encore les co-entreprises).
D’une façon large, le PPP est une forme d’association souvent entre un
acteur public et un acteur privé dans le cadre d’un projet déterminé et qui
répond à des conditions, notamment de durée spécifiée par un contrat. Selon
Alvarez-Roblès, O. et al., (2009 : 7) « les partenariats public-privé sont des
contrats entre des partenaires du secteur public et du secteur privé ayant pour
objet la mise en place ou la gestion d’un projet visant à assurer un service
public et pour lequel une part importante de l’investissement initial, du
8 Les annales N°27-T 01/2015
financement et des risques est partagée entre les partenaires du secteur public
et privé ».
Pour la Banque Européenne d’Investissement (BEI) ces PPP sont
considérés comme « un mode de rapport entre le secteur privé et les
organismes publics qui a souvent pour but d’introduire les ressources et/ou
l’expertise du secteur privé pour permettre d’obtenir et de fournir des actifs et
des services publics » (2004 : 2). Le PPP, pour la BEI, est un terme appliqué
aux relations qui s’établissent entre les deux secteurs, pour faire appel à des
ressources soit à des capacités des entreprises privées, afin de contribuer au
changement voulu par la personne publique concernée. Son usage permet de
retracer un processus de collaboration, allant d’une alliance souple et
stratégique jusqu’à une co-entreprise6. Cependant, Grimsy, D. & Lewis, M.K.
(2005 : 346) expliquent que le flou relatif à la définition des PPP est dû en
partie à la place occupée de ces projets entre le tout Etat (les projets exécutés
uniquement par ce dernier) et le tout privé (la privatisation totale). Une
éventuelle ambiguïté peut apparaître donc sur la question des relations
contractuelles entre les deux secteurs public et privé.
Pour dissiper cette ambiguïté, l’apport d’informations complémentaires
est nécessaire afin de mieux cerner ce phénomène. Selon la BEI, plusieurs
raisons peuvent exister pour lancer des PPP dans un pays. Certaines raisons
sont plus légitimes que d’autres, mais parmi les raisons invoquées pour le
recours aux PPP, il en est une qui revient souvent : c’est l’obtention d’un
rendement supérieur des fonds de dépenses, afin d’optimiser la dépense
publique ; cela contrairement à une situation où l’Etat est le seul fournisseur de
la prestation de service public. En effet, le livre vert7 sur les PPP, le droit
communautaire des marchés publics et des concessions publié par la
commission européenne le 30 avril 2004, évoque-t-il le recours accru à ces
montages contractuels pour plusieurs raisons : « il s’agit d’abord des
contraintes budgétaires auxquelles doivent faire face les Etats, ensuite de la
capacité de ces contrats à répondre à un besoin d’apport de financement privé
pour le secteur public, et enfin de l’intérêt des contrats de partenariats pour
bénéficier davantage du savoir-faire et des méthodes de fonctionnement du
secteur privé dans le cadre de la vie publique » (Del zangles, H.
&Chamming’s, G. 2013 : 2). Dans le même sens, LotoyIlango-Ganga, J.P.
(2012 : 228) estime que le PPP est : « globalement une stratégie qui permet au
secteur public de remédier à ses insuffisances pour assurer, par des biens et
9 Les annales N°27-T 01/2015
services ainsi produits, la pleine satisfaction de la population. Il suppose que
l’Etat ne se désengage pas ; mais il reste un partenaire qui s’ouvre à un autre
ou à d’autres pour plus d’efficacité, voire d’efficience ».
Le fait de confier à un partenaire privé, la conception d’un projet donne
à ce dernier une marge de manœuvre pour améliorer la qualité et l’efficacité du
service et être novateur dans son domaine. En revanche, l’Etat veut obtenir de
son côté un avantage en provenance du partenaire privé. Il recherche, par
exemple, une prestation de service de qualité et/ou une infrastructure moderne
ayant ses propres caractéristiques, c’est-à-dire, la meilleure offre possible à
moindre coût possible. Par contre, le partenaire privé se base dans son ensemble
sur des gains, des objectifs économiques et lucratifs. C'est ainsi que Savas, E.S.
(2002 : 365) souligne, que le PPP permet « de faire appel au secteur privé
d’une manière qui protège l’intérêt public tout en permettant aux entreprises de
rentabiliser raisonnablement leurs investissements ». Dans ce vaste champ
d’objectifs recherchés par les organismes publics d’un côté et par les entreprises
privées, de l’autre, les divergences entre les deux acteurs seront considérées
comme un continuum et non comme une dichotomie entre le tout public et le
tout privé. Le tableau (1) ci-dessous résume de manière générale les principales
divergences entre les deux secteurs public et privé:
Tableau 1 : Les principales divergences entre les organismes publics
et les entreprises privées

Principales
sources de Secteur public Secteur privé
divergence

Raison d’être Bien-être des citoyens Rentabilité (but lucratif)

Objectifs Social visant le bien-être Economique visant la réalisation


collectif de profits

Droit de propriété « Contrat social » Actionnaires

Principale sources Taxes : contribution Actionnaires et profits :


de financement obligatoire contribution délibérée

Environnement Principalement politique Principalement concurrentiel basé


basé sur les lois politiques sur les lois économiques

10 Les annales N°27-T 01/2015


Respect des règles Flexibilité des règles et
impersonnelles, procédures, aversion et gestion
Principales prudence (moins du risque, anticipation des
valeurs d’aversion aux risques), changements du marché et des
importance de la variables économiques,
prévisibilité, de confidentialité et protection des
l’équité, la loyauté informations.
impersonnelle, la
responsabilité, la
transparence et
l’imputabilité.
Source: Skander, D., (2010 : 23), L’évolution de la confiance et du contrôle
dans le cadre des partenariats public-privé conclus à l’échelle internationale :
le cas de l’aéroport international de Malte, Thèse de l’Université du Québec à
Montréal, août.
3. Une proposition de définition du PPP :
Nous considérons, qu’un PPP est un contrat de coopération sous la
forme d’un accord formel entre au moins deux partenaires l’un public8, l’autre
privé9, conclu dans le cadre d’un projet (collaboration/engagement) en
partenariat. Il implique nécessairement un partage des expertises en termes de
ressources et compétences, des objectifs - notamment au niveau des bénéfices -
et des risques différemment répartis entre les partenaires selon la négociation de
l’accord. De plus, il s’aligne au mieux sur les besoins du partenaire public
(infrastructures, prestations de services publics, acquisition de savoir-faire,
etc.), et du partenaire privé (gain, pénétration de nouveaux marchés, transfert de
nouveaux savoir-faire, etc.) dans un principe de gain mutuel. La réussite d’un
PPP dépend aussi de la compatibilité des objectifs et des intérêts des acteurs du
partenariat, qui doivent se marier dans un projet « gagnant-gagnant »
permettant de satisfaire chacun d’eux et le citoyen. En réalité, chaque projets de
PPP a ses propres spécificités, ses critères, ses besoins et son succès exige
forcément des critères solides et une volonté mutuelle. Giauque, D. (2008 : 393)
explique que « …certains facteurs doivent être réunis pour que les PPP
deviennent des histoires à succès. Il est nécessaire d’avoir une vision partagée ;
un engagement de la part de tous les participants; une définition du temps
commune ; une communication transparente et ouverte fondée sur la confiance;
11 Les annales N°27-T 01/2015
une volonté de faire des compromis; un respect mutuel ; un soutien politique ;
un apport de conseils externes; une acceptation d’une reprise de risque et,
finalement, une claire distinction des rôles et responsabilités»10.
Conclusion:
Le PPP est une solution novatrice pour les Etats, certes, mais, il ne faut
pas aussi croire à une solution miraculeuse compte tenu de tous les critères de
réussite nécessaires pour ces montages contractuels complexes. Tout d’abord, le
succès d’un PPP est lié à la présence de critères solides afin de réussir le projet.
La participation du secteur privé contribue souvent à augmenter l’efficience et
l'efficacité des projets, mais elle ne suffit pas à elle seule à garantir
l’amélioration totale et rapide des services publics ou/et des capacités
managériales du secteur public en général ou d’une entreprise publique en
particulier. Ceci dépend d’une part, d’un transfert du risque au partenaire privé,
et d’autre part, de la capacité d’adaptation des acteurs du secteur public dans
une relation de coopération profonde pour qu’un projet voit le jour. Les PPP
peuvent être la source de plusieurs avantages et/ou inconvénients en même
temps ou encore une source d’opportunité et/ou de conflits pour les partenaires.
Mais, cela n’empêche pas non plus de penser que le fait d’associer un partenaire
privé doté d’une réputation et d'une grande expérience dans un projet par
exemple d’intérêt public ne constitue pas forcément à une solution réussite. Il
n’y a pas de solution universelle, ni une formule gagnante à 100%, mais il y a
des critères de réussite mutuelle. Ce type de projet demande aux acteurs des
efforts mutuels, de la confiance, de la transparence et d’un financement. Ainsi,
une bonne volonté politico-économique de la part des autorités publiques est
nécessaire, voire importante. Mais la recherche d'un équilibre entre le gain et le
résultat attendu des entreprises privées ne doit pas être négligée afin de définir
les caractéristiques réussies dès le début du projet de PPP. Ceci s’explique
aussi, par le besoin d’un arsenal juridique comme critère important, d’un
environnement financier et réglementaire stable et parfaitement maitrisé basé
sur une bonne intention stratégique des partenaires. D’ailleurs, un projet de
PPP peut réussir dans un pays quelconque ou dans un cas particulier comme il
peut échouer dans un autre. En résumé, une relation de coopération équitable
doit remplir les conditions nécessaires et les critères propices à la réussite du
partenariat, sachant que les PPP demeurent des montages contractuels
complexes à mettre en œuvre.

12 Les annales N°27-T 01/2015


Bibliographie:

Alvarez-Robles, O., Sigrubjörnsdottir, & K., Leenderste, W., (2009), Conférence


Européenne des Directeurs de Routes : Rapport sur les partenariats public-privé, Mai.
Aubert, B.A., & Party, M., (2004), Les partenariats public-privé : Une option à
considérer, Revue International de Gestion, vol. 29, n° 2, pp. 74-85, In, guide
méthodologique : les contrats de partenariat (2011 :13).
http://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/ppp/GuideContratPartenari
at.pdf.
Besançon, X., (2004), 2000 ans d’histoire de partenariat public-privé. Pour la
réalisation des équipements et services collectifs. Ponts et Chaussées (presses).
Carole, J., & Sang-Ok, S., (2008), Success factors : public works and public-private
partnerships, International Journal of Public Sector Management, vol. 12, n° 6, pp.
637-657.
Charih, M., &Rouillard, L., (1997), The New Public Management, inCharih, M., &
Daniels, A., (Eds), Nouveau management public et administration publique au
Canada, Les Editions de l’Institut d’Administration Publique du Canada, pp. 27-45.
Delzangles, H., & Chamming’s, G., (2013), Le contrat de partenariat en France : Sujet
de controverses et objet de paradoxes, XIIème Symposium international, MDI Business
School, « Partenariat-Public-Privé : Entre nécessité publique et expertise privée »,
Alger, 26 Mai, pp. 1-15.
Giauque, D., (2008), Les difficultés de gestion des partenariats public-privé en Europe
pour une lecture institutionnelle, Revue française d’administration publique, n° 130,
pp. 383-394.
Guesmi, A., &Guesmi, A., (2011), Patriotisme économique, investissements étrangers
et sécurité juridique, in L’exigence et le droit, Mélanges en l’Honneur du Professeur
Mohand Issad, AJED Edition, pp. 263-294.
Guide de la BM pour les PPP en Afrique: « Promotion des partenariats public-privé
africains auprès des investisseurs: Guide de préparations de projets »,
www.worldbank.org.
Hafsi, T., (1990), Gérer l'entreprise publique, O.P.U, Alger.
Hafsi, T., (2009), Partenariats public-privé et management de la complexité : Les
nouveaux défis de l'Etat, Revue Française d'Administration publique, n°130, pp. 337-
348.
Le livre vert sur les partenariats public-privé et le droit communautaire des marchés
publics et des concessions, Bruxelles, le 30/04/2004, édition Com (2004) 327 final.
http://www.marché-public.fr/Marches-publics/Textes/Documents/livre-vert-ppp.pdf.
13 Les annales N°27-T 01/2015
Lotoy-Ilango-Banga, J.P., (2012), Partenariats entre les multinationales et l’Etat :
L’exemple de la RD Congo, Paris, L’Harmattan.

Marty, F., & Voisin, A., (2006a), Les partenariats public-privé dans les pays en
développement : Déterminants, Risques et Difficultés d’exécution, 2ème journées du
développement du GRES.

Marty, F., & Voisin, A., (2006b), Le contrat de partenariat constitue-t-il une Private
Finance Initiative à la française, Revue International du Droit Economique, pp. 131-
150.

Marty, F., (2011), Le nouveau management public et la transformation des


compétences dans la sphère publique : Quelques réflexions à partir du cas des
partenariats public-privé, inSolis-Potvin, L., (ed), Vers un modèle européen de fonction
publique ? Actes des neuvièmes journées d’études du Pôle européen Jean Monnet,
Bruylant, Bruxelles, novembre, pp. 193-222.

Marty, F., Trosa, S., & Voisin., A., (2006), Les Partenariats Public-Privé, Paris,
Editions, La Découverte.

Mazouz, B., &Belhocine, N., (2011), Les formes d’ouvertures et de rapprochement


public-privé (ORPP) et le développement économique national : Dynamique et
conditions de réussite, inHafsi, T., Le développement économique de l’Algérie :
Expériences et perspectives, Editions, Casbah, 2011.

Mazouz, B., (2008), Le partenariat public-privé : Une configuration organisationnelle


propice aux projets technologiques, 7ème Symposuim MDI- Pôles de Compétitivité,
Alger, 22 et 23 Juin.

Skander, D., (2010), L’évolution de la confiance et du contrôle dans le cadre des


partenariats public-privé conclus à l’échelle internationale : le cas de l’aéroport
international de Malte, Thèse de doctorat, Université du Québec à Montréal, aôut.
Skander, D., Prefontaine, L., (2006), La collaboration dans le cadre des PPP : une
perspective constructiviste, Les actes de la XVème Conférence Internationale de
Management Stratégique(AIMS).

14 Les annales N°27-T 01/2015


Notes:

1-Guide de la BM pour les PPP en Afrique : « Promotion des partenariats public-privé


africains auprès des investisseurs : Guide de préparations de projets »,
www.worldbank.org.
2-L’utilisation de l’expression « partenariat public-privé » mobilise la littérature entre
les défenseurs et les détracteurs du phénomène « de faire-ensemble ».
3-Ces demandes peuvent être liées au projet en prenant en compte, d’un côté, la
complexité et l’urgence de ce dernier lorsque la personne publique rencontre des
difficultés pour définir seule les moyens techniques, financiers et juridiques nécessaires
du projet en cause et, de l’autre côté, les besoins en construction ou en rénovation par
exemple.
4- In, guide méthodologique : les contrats de partenariat (2011 : 13).
http://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/ppp/GuideContratPartenari
at.pdf.
5- Ces montages contractuels appelés aussi « dérogatoires », sont désignés souvent
comme des contrats complexes.
6-Cette dernière peut prendre la forme d’une Joint-venture comme dans la typologie
des partenariats à l’anglo-saxon ou d’une société d’économie mixte (S.E.M) comme
dans la typologie des partenariats à la française, etc.
7-Pour plus de détails, voir « Le livre vert sur les partenariats public-privé et le droit
communautaire des marchés publics et des concessions », Bruxelles, le 30/04/2004,
édition Com (2004) 327 final. http://www.marché-public.fr/Marches-
publics/Textes/Documents/livre-vert-ppp.pdf.

8- Une autorité publique peut être : un ministère, une administration publique, une
collectivité territoriale, ou locale, une entreprise publique étatique…
9- Des entités du secteur privé et/ou associatif. Les OBNL (organismes à but non
lucratif) peuvent aussi rentrer dans le cadre des PPP, etc.
10- Ces facteurs de succès cités par Giauque, D. (2008 : 393) sont inspirés des travaux
de Carol, J. & Sang-Ok, S. (2008).

15 Les annales N°27-T 01/2015


La réglementation de la vidéosurveillance en
Algérie : une myopie juridique aux
conséquences indésirables.

Farid OUABRI
Introduction

Depuis ces dernières années en Algérie, un dispositif


intrusif se généralise sur la voie publique, dans les lieux et
établissements publics, surtout dans les lieux privés ouverts au
public.Qu’elle soit appelée par euphémisme « vidéoprotection1»,
« bonne à tout faire2»,« regard sans visage3», ou encore
« vidéoflicage4» pour exprimer les craintes vis-à-vis des libertés et
droits des individus filmés, la vidéosurveillance fait désormais
partie intégrante des activités de police en Algérie. Loin de
systématiquement étudier son efficacité en termes de lutte contre la
délinquance, les autorités concernées la diffusent ou la laissent se
diffuser sans se soucier des risques qu’elle peut générer. Et, qui dit
risque, dit aussi nécessité de trouver des moyens pour éliminer,
sinon réduire ces risques. Mais, que l’on s’intéresse à la
réglementation lacunaire qui la régit, ou à son utilisation dans la
pratique, la vidéosurveillance demeure en Algérie un dispositif
menaçant plus que protecteur. Pour bien comprendre les enjeux et
les risques qui menacent les libertés et les droits individuels par
l’utilisation de ce dispositif, il est nécessaire dans un premier temps
de donner un aperçu sur l’état des lieux de cette technologie de
surveillance (I).

Dans un second temps, on essayera par un regard juridique et


criminologique critique, d’identifier les failles de cette réglementation,
son impact mitigé sur la délinquance, sur tout du législateur algérien

Docteur en Droit privé et sciences criminelles - Université d’Alger 1.
16
soucieux de préserver la sécurité nationale et l’ordre public, et eux seuls, au
mépris de la nécessité de garantir la protection des droits et libertés
individuelles (II).
I. État des lieux
Dans la plupart des pays occidentaux et depuis plusieurs années, une
littérature abondante existe au sujet de la vidéosurveillance. Cette technologie
de surveillance intéresse aussi bien les juristes, les criminologues mais aussi les
sociologues. Or, en Algérie, aucune étude ne lui est consacrée jusqu’à ce jour.
Tout au plus, on ne trouve que quelques articles de presse au demeurant très
complaisants, faisant de la vidéosurveillance la panacée à tous les maux
criminels. Pourtant, le recours à ce dispositif et sa fiabilité préventive ou
répressive à l’égard de la criminalité ne peut se mesurer qu’à l’aune du verdict
de l’évaluation scientifique, seul critère permettant de statuer sur efficacité.
Rien de tout cela n’est vraiment pris en considération par la réglementation
actuelle. Mais, pour bien comprendre l’enjeu de cette technologie de
surveillance, il est nécessaire dans un premier temps d’établir les débuts de son
apparition dans le paysage urbain algérien et son rôle comme un moyen de lutte
contre la délinquance (A). Ce n’est que par la suite que l’on peut grâce aux
résultats des évaluations scientifiques, avoir une idée assez précise sur impact
sur la délinquance (B).

A. Origine historique et rôle de la vidéosurveillance


Avant de fixer l’origine et le rôle de la vidéosurveillance, quelques
précisions terminologiques s’imposent. En effet, dans le langage courant, les
termes « vidéosurveillance » et « télésurveillance » sont considérés comme des
synonymes et employés indifféremment l’un pour l’autre. Or, ces deux
technologies présentent des caractères différents tant sur la nature des
équipements utilisés que sur leur statut juridique et leur mode d’intervention5.
Pour faciliter la compréhension de cette différence, on peut dire que la
vidéosurveillance consiste à installer des camérasqui permettent de visionner,
transmettre, parfois enregistrer des images sur écran, qui sont ensuite traitées
sur place par un poste de contrôle situé à l’intérieur des locaux à protéger. En
revanche, la télésurveillance permet pour un opérateur de « garder un œil » sur
une propriété ou un site en maintenant une veille active sur les données qui lui
sont relayées par une alarme. En cas de déclenchement de celle-ci, l’opérateur
engage une procédure de vérification (levée de doute), le cas échéant, demande
17 Les annales N°27-T 01/2015
à la police d’intervenir sur place. Nous précisions toutefois que la
télésurveillance peut aussi filmer des images tout comme la vidéosurveillance,
mais lorsque ces images ne sont pas traitées sur place, on parle alors de « télé
vidéosurveillance6».Malgré les différences subtiles qui caractérisent ces deux
dispositifs, deux éléments communs permettent de les réunir : ils passent par
des systèmes de télécommunication et supposent une présence humaine capable
de les utiliser. Enfin, quant à la « télé sécurité », un autre terme utilisé pour
désigner une activité de surveillance, elle désigne l’utilisation d’une
surveillance électronique quelconque (système d'alarme, vidéosurveillance,
système de détection d'incendie ou de contrôle d'accès, télésurveillance) reliée à
un poste de contrôlequi aura en charge le traitement des informations, c’est-à-
dire, traiter l'alarme reçue pour prendre toutes dispositions utiles en cas de
sinistre.

La vidéosurveillance étant distinguée des autres dispositifs auxquels elle


peut y être assimilée, il convient maintenant de situer l’origine de son
apparition. Mais, cette entreprise se heurte d’emblée à des différents problèmes
liés aux contextes et à la situation de chaque pays. En Suisse par exemple, les
premiers usagers de ce dispositif furent les établissements bancaires pour
contenir le phénomène de braquage à main armée. En Angleterre, c’est dans les
années 1970 que les caméras de surveillance furent utilisées pour prévenir les
attaques terroristes de l’IRA (Armée Républicaine Irlandaise). Aux États-Unis,
même si elles existaient plusieurs années avant les attentats terroristes du 11
septembre 2001, ces mêmes attentats qui ont cependant accéléré leur
généralisation dans l’espace urbain, au niveau des entrées et des sorties du
territoire de ce même pays. En France, c’est dans les grandes villes au début des
années 1970 où fut introduit l’usage des caméras de surveillance avant de se
diffuser dans les réseaux de transport publics (RATP, SNCF) et les
établissements d’une certaine importance (collèges, lycées, musées) mais aussi
dans les commerces7. Ce n’est qu’en 1993 suite à l’installationpar Monsieur
Patrick BALKANY, maire actuel dela ville de Levallois-Perret, de tout un
réseau de vidéosurveillance pour sécuriser sa commune, qu’est apparue deux
ans plus tardla première loi encadrant la vidéosurveillance8.

Pour ce qui est de l’Algérie, il est très difficile de fixer le point de départ
de l’apparition de ce dispositif. On peut seulement avancer l’idée selon laquelle,
son implantation fut au départ dans les établissements publics, les
18 Les annales N°27-T 01/2015
représentations diplomatiques ou encore dans les établissements bancaires, puis
dans la sphère privée par des individus soucieux de préserver leur sécurité
personnelle. Toutefois, si l’on croit certains médias, le dispositif fait son
apparition au milieu des années 19909. Sur l’espace public, cette même
technologie fut utilisée pour la première fois par les services de police le 22
juillet 200410, lorsque la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN)
octroyait à la sûreté de la wilaya d’Alger 16 caméras à titre d’expérimentation11.
Le dispositif visait à assurer la surveillance du trajet menant de la cité Concorde
de Bir Mourad Raïs à la Place Mohamed Nouri12. Peu après cette première
initiative, d’autres caméras de surveillance furent également installées dans les
endroits « sensibles » de la capitale. Aujourd’hui, il est impossible de recenser
le nombre exact de caméras de surveillance installées dans l’espace public ou
dans les espaces privés ouverts ou non ouverts au public.

Quoi qu’il en soit, l’engouement actuel pour cette forme modernisée de


la surveillance classique, se justifie essentiellement par le rôle qu’elle « peut »
jouer dans la lutte contre la délinquance. En effet, la surveillance a toujours été
indissociablement liée à la sécurité des personnes et des biens, et l’idée que le
crime n’est pas seulement le résultat des motivations des délinquants mais aussi
du rôle de la « situation » ne date pas d’aujourd’hui. Elle remonte en effet aux
temps les plus immémoriaux. On en trouve les premières traces dès les
philosophes de la Grèce antique. Ainsi, au IVème siècle avant notre ère, le
philosophe Aristote concevait déjà dans son ouvrage sur l’Art rhétorique et art
poétique que le crime se commet plus facilement lorsqu’il y a rapprochement
entre l’auteur et la victime, de même que si celle-ci manque de précaution13. Il
affirmait aussi que l’on vole plus facilement les objets que l’on peut aisément
faire disparaître, consommer ou transporter14. Pour ce philosophe, la tentation
au crime naît justement lorsque les objets existant en grand nombre et qui sont
difficilement identifiables permettent aux délinquants de se les approprier sans
grand risque15. C’est cette même idée de tentation que l’on retrouve également
dans la prière du Notre-Père, contre laquelle les théologiens et les moralistes
n’ont cessé de mettre en garde pour prévenir la commission des pêchés.Au
Moyen Âge, avec le développement des techniques de construction, les
bâtisseurs des châteaux forts vont eux aussi se servir des moyens de
surveillance pour offrir une meilleure protection à leurs fortifications16. Ainsi,
le plus souvent construits en pierre, ces châteaux étaient entourés par de
nombreux obstacles dont le but est non seulement de défendre la demeure
19 Les annales N°27-T 01/2015
seigneuriale mais aussi de lui offrir une meilleure surveillance afin de
décourager l’ennemi en cas d’attaques. Pour mieux faciliter la surveillance des
lieux, ces châteaux bénéficiaient aussi de plusieurs postes d’observation situés
sur des hauteurs inaccessibles aux agresseurs. De même, les palissades, les
murailles, les mottes et les élévations étaient fréquemment utilisés pour les
rendre plus sûrs. Tous ces dispositifs n’étaient toutefois pas sans inconvénients.
Même si elles offraient un bon refuge, elles obligeaient cependant à se fermer
au monde extérieur, sacrifiaient la liberté des gens, et parfois servaient même de
repaire aux brigands d’où partaient leurs opérations de pillages17.

Aujourd’hui, on est passé d’une surveillance classique et rudimentaire à


une surveillance moderne, sophistiquée, et de plus en plus complexe. La
vidéosurveillance s’inscrit pleinement dans cette évolution, notamment par la
diversification des rôles qu’on lui accorde. Elle est un dispositif phare de la
prévention situationnelle qui vise non pas le délinquant lui-même, mais son acte
et les situations pré criminelles qui favorisent le passage à l’acte. Or, pour que
ce dernier se réalise, il faut en effet que trois conditions soient réunies : La
motivation (des valeurs à voler, un revenu de trafic), la facilité (des endroits
déserts, une échappatoire aisée), et l’anonymat (effet de masse, absence de
photos). Le passage à l’acte est aussi conditionné par d’autres éléments de la
situation pré criminelle : un délinquant potentiel, une cible intéressante, et
l’absence de protection18. La convergence de ces trois conditions dans le temps
et dans l’espace crée alors une « occasion criminelle » susceptible de déboucher
sur la commission d’un crime. Selon le cas, la vidéosurveillance peut agir sur
l’anonymat, et dans une certaine mesure sur la facilité. Elle peut avoir un rôle
« préventif », c’est-à-dire agir avant le passage l’acte, comme elle peut jouer un
rôle « répressif » après que l’acte délinquant ait été commis.Ainsi, la
vidéosurveillance peut ajouter de la difficulté dans le passage à l’acte criminel
et augmenter ses risques, en ce sens qu’elle dissuade son auteur et lui nécessite
un effort supplémentaireen l’obligeant à se déplacer vers un endroit non équipé
du dispositif. La vidéosurveillance peut aussi aider à l’identification des auteurs
d’infractions, soit par une identification formelle assimilable à une photo, soit
au travers d’indices (couleur de vêtements, de cheveux, sacs portés, etc19).

D’autre part, la vidéosurveillance peut atteindre des objectifs différents


selon qu’elle s’exerce avant, pendant, ou après la commission du délit20. Ainsi,
avant même qu’une infraction ne soit commise, la présence d’une caméra de
20 Les annales N°27-T 01/2015
surveillance en elle-même et sans autre intervention peut la prévenir. Son
« œil » dissuade et fait augmenter les risques d’appréhension. La
vidéosurveillance peut aussi aider à découvrir un complot que l’on peut ensuite
faire avorter. Elle peut aussi mettre en lumière la vulnérabilité d’un dispositif de
protection. Egalement, la vidéosurveillance fournit aux services de
renseignements les informations utiles à la compréhension des organisations
criminelles et à la planification de leurs opérations. Pendant les faits, la caméra
de surveillance révèle le début de l’exécution d’un crime, ce qui conduit au
déclenchement d’une intervention rapide pour empêcher que le criminel ne
consomme son acte. Enfin, après la commission d’un crime, la caméra de
surveillance permet l’obtention des preuves de la culpabilité d’un suspect, ce
qui facilitera son arrestation.

Ainsi, à travers tous ces rôles, on voit bien que la vidéosurveillance peut
jouer un rôle polyvalent selon les objectifs qu’on lui assigne. Elle est donc
tantôt un outil de prévention, tantôt de répression. Elle sert tout autant à
renseigner, qu’à intervenir. Elle peut être visible, et c’est le principe, que
cachée. Lorsque l’on cherche à exposer délibérément les délinquants potentiels
à être vus s’ils passent à l’acte, on leur fait signaler par des affiches ou une
forme quelconque de publicité la présence de caméras. En revanche, si le but
recherché par les professionnels de sécurité est celui de filtrer une organisation
criminelle, de découvrir les projets et les agissements d’un suspect, on recourt
volontiers à des caméras de surveillance cachées. Toutefois, malgré tout ce
potentiel technologique, la vidéosurveillance ne peut être considérée comme la
solution miracle pour résoudre les problèmes de délinquance. Comme nous le
montrent les évaluations scientifiques sur son impact sur la délinquance, elle
n’en est qu’une partie de La solution et non pas Toute la solution.

B. Que nous renseignent les évaluations scientifiques sur l’impact de la


vidéosurveillance sur la délinquance ?
Depuis son apparition dans le paysage urbain, la vidéosurveillance a
donné lieu à une littérature pléthorique sur ses effets en termes de lutte contre la
délinquance. Il ne nous est pas permis dans le cadre de cette étude de faire
l’inventaire de toutes ces recherches. Nous nous contenterons donc seulement
de souligner les principaux résultats des évaluations scientifiques à son sujet.
Principalement menées dans les pays étrangers, notamment au Canada, aux
États-Unis et en Angleterre, ces recherches évaluatives montrent deux points
21 Les annales N°27-T 01/2015
importants. Le premier est que l’efficacité « mitigée » de la vidéosurveillance
dépend principalement du type du délit que l’on veut contrer et des lieux de son
implantation. Le second, est que malgré son potentiel préventif, la
vidéosurveillance doit pour augmenter son efficacité obéir à des conditions
d’utilisation bien définies.

En effet, dans une méta-analyse sur l’effet de 18 projets de


vidéosurveillance en circuit fermé, les chercheurs du Home Office britannique
WELSH et FARRINGTON, constatent que 9 projets avaient fait baisser la
délinquance ciblée alors que les 9 autres étaient restés sans effet. Ces mêmes
chercheurs soulignent que c’est dans les parkings que la vidéosurveillance
obtient les meilleurs résultats où ils ont trouvé que quatre projets sur cinq ont
fait baisser la fréquence des vols de véhicules et dans les véhicules21. D’autres
évaluations scientifiques relèvent des résultats similaires. Ainsi, à la suite d’une
installation de ce dispositif, on a constaté une baisse du nombre de vols dans les
parkings de deux universités anglaises22, divers délits dans le centre des villes
anglaises23, les vols qualifiés dans le métro de Londres24, le vandalisme dans les
autobus anglais25, et une réduction des vols qualifiés dans des dépanneurs
américains26. En Australie également, plusieurs mesures de surveillance
intégrant l’usage des caméras de surveillance ont fait diminuer plusieurs types
de délits27. Toutefois, d’autres évaluations scientifiques sur le même dispositif
apportent des résultats nuancés, voire négatifs. C’est le cas des chercheurs
canadiens GRANDMAISON et TREMBLAY qui, dans une étude sur l’impact
des caméras de surveillance dans 13 stations du métro de Montréal, nous
apprennent que celles-ci avaient échoué à y faire reculer la délinquance28. Bien
plus, des recherches évaluatives soulignent que l’installation de caméras de
surveillance produit un phénomène de « déplacement » de la délinquance vers
les endroits non surveillés. C’est ainsi que dans la ville de Devonport en
Australie, on a constaté que le nombre de cambriolage a baissé dans les rues
balayées par la vidéosurveillance alors qu’il a dans le même temps augmenté
dans les rues avoisinantes non surveillées29. Dans cette même ville aussi, on a
observé que si les cambrioleurs après l’installation des caméras ne
s’introduisaient plus par l’entrée principale des maisons sous observation des
caméras, réussissait tout de même à y pénétrer par l’arrière de ces mêmes
maisons démunies de cette observation30. Mais là encore, il faut être prudent si
l’on veut émettre un jugement définitif sur le phénomène de déplacement de la
délinquance, car celui-cine se produit pas de manière systématique suite à
22 Les annales N°27-T 01/2015
l’installation des caméras de surveillance. Il arrive même de relever ce que les
chercheurs appellent par le concept de « diffusion des bénéfices31»de la
prévention situationnelle qui survient justement après l’introduction d’un
dispositif de vidéo surveillance. C’est ce que nous démontrent les travaux de
recherche réalisés par POYNER, HESSELING, CLARKE et WEISBURD sur
ce nouveau phénomène. Ainsi, lors d’une étude sur les effets du dispositif de
vidéosurveillance dans deux parcs de stationnement de l’Université de Surrey à
Guildford, ces chercheurs ont observé une baisse du nombre de vols de voitures
qui est passé de 138 en 1985 à seulement 65 après l’installation de ce dispositif.
Les résultats indiquèrent surtout que cette baisse avait aussi touché un troisième
parc de voiture, pourtant démuni de vidéosurveillance32.

Maintenant, si l’on s’intéresse à l’état des lieux sur l’impact de la


vidéosurveillance en Algérie, point n’est besoin de rappeler que notre pays n’est
pas encore initié à la culture de l’évaluation scientifique des moyens de lutte
contre la délinquance, a fortiori de la vidéosurveillance. Tout au plus, on ne
possède que des bilans administratifs démunis de tout caractère scientifique.
Ainsi, selon la police, rien que pour la période de juillet 2004 à février 2005 par
exemple, l’installation des caméras de surveillance dans les rues d’Alger, a
permis l’interpellation de 72 personnes pour vol de portables, d’argent, de
bijoux, agressions, détention ou vente de stupéfiants33. De même, selon la
même source, les actes de délinquance ont grâce à ce dispositif baissé d’environ
70 % dans les endroits où ces caméras ont été implantées34. Ce chiffre
« magique » ne précise cependant ni les méthodes ni les critères de cette
évaluation. À proprement dit, il n’est même pas sérieux de parler d’évaluation
scientifique en Algérie puisqu’il s’agit d’un simple rapport administratif ne
reflétant que les activités des services de police et rien d’autre. Cette situation
se trouve davantage aggravée lorsqu’il s’agit d’apprécier les actions de
prévention, et où les interprétations subjectives semblent poser problème
récurrent. Ainsi, entre le « cœur » et la « raison », il apparaît que le premier
l’emporte souvent sur le second. D’ailleurs, il est possible que la plupart des
évaluations qui existent soient des évaluations « de procédure »décrivant
simplement ce qui a été réalisé (les relations entre les partenaires, la description
des dispositifs, etc.), plus que des évaluations « d’effet».De même, il est
quasiment impossible de construire une évaluation scientifique rigoureuse sur
l’impact de la vidéosurveillance en l’absence d’objectifs précis, clairement
affichés et dénués de contradictions internes. En toute hypothèse, il n’est pas
23 Les annales N°27-T 01/2015
excessif d’affirmer qu’en Algérie, les exercices en vue de l’évaluation
scientifique sont pour l’instant, hélas, plus bureaucratiques que de fonds, ou que
souvent, le rapport d’activité se substitue à l’évaluation. Or, toute évaluation
scientifique, digne de ce nom, doit être soigneusement distinguée du bilan
administratif généralement dressé par les administrations intéressées, et obéir à
des critères méthodologiques bien précis35. À défaut, il serait impossible de
connaître les effets réels du dispositif de vidéosurveillance en matière de lutte
contre la délinquance.

En toute hypothèse, si l’on espère réellement que la vidéosurveillance


fasse son plein effet sur la délinquance, il faut au préalable établir une étude
minutieuse du site à protéger, identifier les points chaux de la délinquance, et
choisir des dispositifs de bonne qualité. Il faut en outre que les opérateurs
postés devant les écrans soient vigilants, et la détection d’incidents doit être
suivie d’intervention rapide par des policiers sur le terrain. La visibilité de
l’espace balayé par les caméras et l’élimination des obstacles obstruant leur
champ de vision doivent aussi être assurées. À tous cela, s’ajoute, et cela
concerne les sites fermés, la nécessité d’associer la vidéosurveillance à d’autres
systèmes de sécurité comme les systèmes d’alarme, les contrôles d’accès et de
sorties et les détecteurs de mouvements. Si de telles conditions ne sont pas
réunies, la vidéosurveillance restera sans effet.

Enfin, il n’est pas inutile de rappeler que même si elle réussit à faire
diminuer les vols liés à l’automobile commis dans les parcs de stationnements
et réduire le phénomène de cambriolage dans les maisons et les lieux fermés, la
vidéosurveillance reste impuissante face à la délinquance liée à la drogue et aux
délits de voie publique et des espaces ouverts. Ce dernier type de délits lui
échappe précisément à cause de son caractère opportuniste, furtif et difficile à
détecter par les opérateurs vidéo, caractère accru par l’ingéniosité des
délinquants et leur capacité à repérer facilement l’emplacement des caméras36.

II. Une réglementation lacunaire, floue et peu adaptée


Décidemment, le législateur algérien est un être juridique obnubilé par
l’idée de protection de la sécurité nationale et l’ordre public. Pour bien ancrer
cette idée, certains leitmotivs reviennent régulièrement sur les lèvres des
responsables politiques « La sécurité avant tout », ou « La sécurité est l’affaire
de tous ». Oui ! Mais, à quel prix ? C’est là où réside la vraie question. Tout le
24 Les annales N°27-T 01/2015
monde est d’accord sur la nécessité d’être en sécurité, à la maison, au travail,
sur les lieux publics, etc, mais personne ne se demande en échange de quoi et au
risque de quoi cette sécurité peut être assurée. Une telle question ne semble pas
troubler le législateur algérien. La nécessité de protéger les droits et libertés
individuelles notamment le droit au respect de la vie privée ou encore le droit à
l’image est foncièrement absente dans la réglementation actuelle relative à la
vidéosurveillance. C’est pourquoi il n’est pas excessif de considérer aujourd’hui
ces droits et libertés fondamentales comme des enfants orphelins en quête de
paternité juridique.

En effet, un survol historique sur l’ensemble de la réglementation


algérienne en matière de vidéosurveillance, montre que le législateur algérien
ne s’est que récemment intéressé à ce dispositif. Le premier texte qui concerne
directement celui-ci, a été consacré pour la première fois par le décret
présidentiel du 21 octobre 2009 portant création de l’établissement de
réalisation de systèmes de vidéosurveillance37. Avant ce décret, aucune
référence, du moins explicite, n’est faite à la vidéosurveillance, ni dans les
textes relatifs aux activités privées de sécurité, ni dans ceux qui concernent les
équipements sensibles. Seul l’article 109 du décret exécutif du 18 mars 199838,
mentionne le terme « télésurveillance », dont la signification est au demeurant
différente de celle de « vidéosurveillance » comme on l’a expliqué
précédemment. Les autres textes qui ont trait à la vidéosurveillance concernent
le décret exécutif du 10 décembre 200939, et l’arrêté interministériel du 13
octobre 201140. Mais, pour bien comprendre en quoi cette réglementation est la
cunaire, floue et peu adaptée, eu égard aux risques que représente l’utilisation
de la vidéosurveillance sur les droits et les libertés individuelles, il est
nécessaire de l’examiner dans un ordre chronologique.

D’abord, en ce qui concerne le décret présidentiel du 21 octobre 2009,


celui-ci confie en effet les opérations portant sur la vidéosurveillance à un
organisme spécialement créé à cet effet. Il s’agit de l’« Établissement de
réalisation de systèmes de vidéosurveillance », un établissement public à
caractère industriel et commercial relevant du secteur économique de l’Armée
nationale populaire et placé sous la tutelle du ministère de la défense
nationale41. À ce titre, il est chargé de la conception, du développement, et de
l’installation de systèmes de vidéosurveillance, mais aussi du service après-
vente de ces systèmes, des formations qualifiantes et des mises à niveau au
25 Les annales N°27-T 01/2015
profit des secteurs utilisateurs42. En outre, ce même établissement, se voit
octroyé le pouvoir d’entreprendre toute opération commerciale se rattachant à
son objet, de même l’évaluation pour le compte des pouvoirs publics des
dispositifs de vidéosurveillance déployés par les opérateurs publics et privés
dans l’espace public urbain43. Enfin, il lui est également dévolu les missions
d’expertise et de réalisation de ces dispositifs au niveau des sièges des
institutions, des sites et points sensibles44. Toutes ces opérations sont menées au
sein d’un conseil d’administration présidé par le ministre de la défense
nationale ou son représentant45.

Mais, lorsque l’on porte un regard critique sur cette réglementation


rudimentaire, il est très intéressant de constater d’emblée combien elle manque
de rigueur terminologique et d’indifférence face à la nécessité de protéger les
droits et les libertés individuelles. Ainsi, cette réglementation ne donne aucune
précision sur les lieux d’implantation des systèmes de vidéosurveillance, se
bornant uniquement à énoncer qu’il s’agit de l’« ensemble du territoire
national46». Le seul lieu d’implantation retenu est celui de l’« espace public
urbain47», comme si la vidéosurveillance ne peut être installée dans les lieux
purement privés, ou privés ouverts au public combien même ce dispositif tend à
se généraliser dans ces lieux sans aucune garantie pour la protection des droits
et des libertés individuelles. Ensuite, lorsque cette réglementation énonce que :
« L’Établissement évalue pour le compte des pouvoirs publics, les dispositifs de
vidéosurveillance déployés par les opérateurs publics et privés dans l’espace
public urbain48», on peut se demander de quelle évaluation s’agit-il ? S’agit-il
de l’évaluation scientifique qui détermine l’efficacité ou l’absence d’efficacité
des systèmes de vidéosurveillance installées, ou de simple opération de
recensement de ces systèmes ? Enfin, ce texte réglementaire ne donne aucune
précision sur les « finalités » qui justifient l’installation de la vidéosurveillance,
alors qu’une lecture des textes juridiques de ce même dispositif déployé dans
d’autres pays, montre clairement affiché le souci du législateur de déterminer
les buts assignés à la vidéosurveillance afin d’en circonscrire les possibilités
d’installation et d’éviter tout recours abusif à ce dispositif.

Toutefois, conscients des lacunes de cette première réglementation, les


pouvoirs publics ont essayé de rattraper le « coup » en la modifiant par une
réforme intervenue plus de deux ans après, soit le 13 juin 201249. Mais, là
encore, la seule évolution que l’on peut observer dans ce nouveau texte par
26 Les annales N°27-T 01/2015
rapport à celui du 21 octobre 2009, réside dans la possibilité pour
l’établissement de réalisation de systèmes de vidéosurveillance d’effectuer des
opérations « d’importation de commercialisation » de ces systèmes, « dont
l’emploi contribue à la préservation de la sécurité des biens et des
personnes50».Officiellement, cette réforme est motivée selon un rapport du
ministre de la défense nationale par « la protection du patrimoine public et de
la sécurité des personnes qui lui sont liées51».Selon l’article 2 de l’ordonnance
n° 95-24 du 25 septembre 1995 relative à la protection du patrimoine public et à
la sécurité des personnes qui lui sont liées52,la notion de « patrimoine public »
comprend les « infrastructures, installations, ouvrages et moyens, les biens
publics meubles et immeubles exploités dans le cadre d’activités
administratives, économiques, sociales, culturelles, éducatives, sportives et
religieuses ».Toutefois, selon certains observateurs, cette nouvelle
réglementation est intervenue concomitamment aux évènements liés à ce que
l’on appelle euphémiquement le Printemps arabe53. Plus concrètement, les
autorités publiques en Algérie, voyant la diffusion massive grâce aux caméras
de surveillance par des amateurs d’images de révoltes populaires avec leur lot
de violences et de massacres, considèrent qu’il est dangereux de laisser l’usage
de ce dispositif se généraliser sur les réseaux sociaux. Il y avait donc un risque
de contagion, dont le pays peut en être la victime, sinon un facteur de
déstabilisation politique et sécuritaire. D’autre part, si cette même réforme fut
réellement introduite pour « la préservation de la sécurité des biens et des
personnes54», on peut se demander par quel moyen et dans quelles conditions
pratiques les pouvoirs publics envisagent de préserver cette sécurité ? Au
demeurant, plusieurs lacunes entachent cette première réglementation vu les
risques que génèrent l’utilisation des systèmes de vidéosurveillance et leurs
conséquences sur les droits et les libertés individuelles.

L’insuffisance de la réglementation encadrant la vidéosurveillance en


Algérie ne s’arrête malheureusement pas là. Elle s’observe aussi à la lecture du
décret exécutif du 10 décembre 200955 et de l’arrêté interministériel du 13
octobre 201156. Cette insuffisance résulte d’abord de la difficulté de
compréhension de ces textes qui restent très techniques et très complexes. Elle
l’est ensuite par son caractère répétitif, contradictoire sinon flou ce qui la rend
encore une fois peu adaptée face aux nécessités de protection des droits et
libertés individuelles. Enfin, il ne faut oublier les vides juridiques qui
l’entachent, accentuant par ce fait même son aspect lacunaire.
27 Les annales N°27-T 01/2015
En effet, depuis l’entrée en vigueur de ces textes, les activités de
commercialisation et de prestation57 des opérateurs portant sur les équipements
de vidéosurveillance sont soumises à une procédure administrative. Rappelons
que la vidéosurveillance est considérée comme un équipement sensible, classé
dans la section C de l’annexe I du décret exécutif du 10 décembre 2009.La
notion d’« équipements sensibles » est entendue par l’article 2 dudit décret
comme «tous matériels dont l’utilisation illicite peut porter atteinte à la
sécurité nationale et à l’ordre public ».Ainsi, selon le type d’activités, les
opérateurs de vidéosurveillance, personnes physiques ou morales, doivent donc
avoir un agrément délivré par « les services du ministère chargés de l’intérieur »
après avis du ministère de la défense nationale58. De plus, l’acquisition,
l’exploitation, la vente, l’installation, la maintenance et la réparation des
équipements de vidéosurveillance nécessitent aussi une autorisation du wali
territorialement compétent après avis de la commission de sécurité de la
wilaya59. Toutefois, comme le précise l’arrêté interministériel du 13 octobre
2011,la procédure d’agrément ne concerne que les opérateurs, personnes
physiques ou morales qui exercent les activités de commercialisation et de
prestation de ces équipements. L’acquisition des équipements de
vidéosurveillance par les personnes physiques ou morales (sociétés civiles et
simples particuliers) aux fins de détention et d’utilisation nécessite seulement
une autorisation de la part du wali territorialement compétent après avis de la
commission de sécurité de la wilaya60. C’est le cas par exemple des sociétés
civiles qui exercent des activités de nature agricole, intellectuelle, libérale ou
immobilière. C’est le cas aussi de simples individus soucieux d’assurer leur
propre sécurité, ou même les institutions ou administrations publiques à gestion
centralisée61. Pour le cas des demandes d’acquisition des équipements de
vidéosurveillance émanant des représentations et agents diplomatiques, la
réglementation leur impose une procédure très particulière62. Enfin, dans tous
les cas, le délai de traitement des demandes d’autorisation d’acquisition, de
détention, d’utilisation ou d’exploitation des équipements de vidéosurveillance
ne devant pas excéder 60 jours à compter de la date de leur dépôt63.

Ainsi, si en apparence et au vu de toutes ces dispositions, il apparaît que


la réglementation actuelle de la vidéosurveillance envisage toutes les
possibilités d’exploitation de ce dispositif, plusieurs « zones d’ombre »
persistent ce qui la rend encore une fois ambigüe et lacunaire. Cette ambigüité
résulte d’abord de la comparaison des deux textes, à savoir le décret exécutif du
28 Les annales N°27-T 01/2015
10 décembre 2009 et de l’arrêté interministériel du 13 octobre 2011 où l’on peut
relever un phénomène de contradiction. Ainsi, s’agissant de la procédure
d’autorisation à suivre par les personnes physiques ou morales aux fins de
détention et d’utilisation de la vidéosurveillance, l’article 9 de l’arrêté
interministériel du 13 octobre 2011 dispose que « l’acquisition des équipements
sensibles aux fins de détention et d’utilisation est subordonnée à l’obtention de
l’autorisation prévue à l’article 17 du décret exécutif n° 09-410 du 10
décembre 2009 », c’est-à-dire, d’une autorisation du « wali du lieu
d’implantation du domicile ou du siège de la personne sollicitant l’autorisation
après avis de la commission de sécurité de la wilaya64». Mais, selon l’article 11
du même arrêté, cette même demande d’autorisation est « traitée par la
direction de la réglementation de la wilaya » territorialement compétente dans
un délai n’excédant pas 60 jours ouvrables à compter de la date de son dépôt.
Puis, en cas d’autorisation d’acquisition, celle-ci est « transmise sans délai au
wali territorialement compétent ». Par cette « contradiction procédurale »,
même si l’acceptation ou le refus d’autorisation revient au wali, il n’empêche
que l’on se trouve de fait en présence de deux autorités de consultation ou de
traitement se situant dans la même wilaya. Doit-on comprendre si l’on veut
résoudre cette contradiction que la demande d’autorisation en question doit
d’abord passer parla commission de sécurité de la wilaya, puis par la direction
de la réglementation, avant d’être transmise au wali ? De plus, on peut aussi se
demander quelle est la nature du type d’avis prévu dans l’article17 du décret
exécutif du 10 décembre 2009 ? S’agit-il d’un avis facultatif, obligatoire ou
conforme ? Les deux textes restent muets sur toutes ces questions !

D’autre part, il faut relever les lacunes liées au champ d’application de


l’actuelle réglementation. En effet, que l’on se réfère au décret présidentiel du
21 octobre 2009 modifié, au décret exécutif du 10 décembre 2009 ou à l’arrêté
interministériel du 13 octobre 2011, aucune précision n’est faite sur les lieux
d’implantation des caméras de surveillance. Le seul critère retenu est celui de
l’« espace public urbain65», ou de « niveau national 66». Or ces deux notions
très vastes peuvent concerner aussi bien la voie publique, les lieux purement
publics, privés, ou même privés ouverts au public à l’image des grandes
surfaces de vente qui commencent à proliférer timidement en Algérie. À titre de
comparaison avec la législation française qui paraît plus précise sur cette
question, l’espace géographique concerné par la vidéosurveillance y est
découpé en trois composantes : public, privé, privé ouvert au public, faisant
29 Les annales N°27-T 01/2015
entrer dans le champ d’application de l’article L. 251-2 du Code de la sécurité
intérieure : les lieux situés sur« la voie publique » (définition large), les « lieux
particulièrement exposés à des risques d’agression, de vol ou de trafic de
stupéfiants », et, les « lieux et établissements ouverts au
public »particulièrement exposés aux mêmes risques, aux fins d’y assurer la
sécurité des personnes et des biens.

Certes, la demande d’autorisation prévue dans la réglementation


algérienne, doit non seulement mentionner l’origine des équipements, leurs
caractéristiques techniques, mais aussi et surtout le type d’usage (personnel ou
professionnel) et le lieu d’utilisation de la vidéosurveillance67. Plus
particulièrement, lorsqu’il s’agit de vidéosurveillance « fixe », le demandeur
d’autorisation d’exploitation doit fournir « 1. Un plan de masse des bâtiments
de l’exploitant et du périmètre immédiat avec indication de la localisation des
caméras » et, « 2. L’identification de la (ou des) personne(s) responsable(s) du
système, de son exploitation et de sa maintenance68».Par ces dispositions, la
réglementation reconnait donc bien l’usage « personnel » de la
vidéosurveillance, mais ne précise aucune condition particulière pour ce même
usage. D’autre part, et s’agissant de la nature des activités liées à la
vidéosurveillance, tout demandeur, en l’occurrence les simples particuliers non
opérateurs, peut préciser dans sa demande d’autorisation qu’il s’agit bien de
sécuriser son domicile ou son commerce, ce qui est en soi légitime, mais en
même temps cette sécurisation par vidéosurveillance peut s’effectuer sur la voie
publique, sur le voisinage ou même sur des bâtiments qui se trouvent en face de
son domicile ou de son commerce. Dans tous ces exemples, il n’est pas rare de
voir des caméras de surveillance « domestiques » balayer les rues ou même les
surfaces, fenêtres et entrées des immeubles, ce qui porte atteinte au droit au
respect de la vie privée. À tous ces exemples, aucune garantie pour la protection
des droits et libertés individuelles n’est prévue par la réglementation actuelle.

Toutefois, il faut noter que l’exploitation des caméras de surveillance de


la « voie publique » reste une prérogative régalienne confiée aux services de
sûreté nationale, police et gendarmerie. À ce titre, les « cibles » de surveillance
sont bien connues : les arrêts de bus, les déplacements des délégations
officielles nationales ou étrangères, les alentours des gares, les places publiques,
les marchés, les dealers et contrevenants au Code de la route, mais aussi et
surtout la régulation du trafic routier. Les autres catégories de cible intéressant
30 Les annales N°27-T 01/2015
les caméras de surveillance, sont aussi les endroits qui posent des
préoccupations d’« ordre moral ».À ce titre, les jardins publics sont
particulièrement visés où les couples qui les fréquentent peuvent y être
responsables d’outrage à la pudeur. S’agissant de ces lieux, même si les
policiers se dédouanent d’être les « gardiens des mœurs69», il n’est pas rare de
les voir débarquer dans ces jardins pour s’assurer du maintien de l’ordre public
et moral. D’ailleurs, il faut relever quela spécificité algérienne tient dans un
modèle policier centralisé, accordant une priorité absolue au maintien de
l’ordre, et donc très peu sensible à la protection des droits et libertés
individuelles. De même, et en guise d’avertissement de leur présence sur la voie
publique, les caméras de surveillance font même l’objet depuis quelques années
de « tribunes journalistiques » dans la presse algérienne, mais sans
véritablement s’inquiéter sur les dérives de ce dispositif. Ainsi, peut-on lire
dans l’un des quotidiens, que si la vidéosurveillance se propage dans les lieux
publics c’est uniquement « Pour le plus grand bien des Algérois70», comme si,
ce dispositif est exempt de méfaits ou de risques d’atteinte aux droits et libertés
individuels. Il est même étonnant de voir la presse algérienne souligner avec
une ironie maladive la présence de « Big Brother71» dans les rues d’Alger.
Ainsi, d’une menace pour les libertés individuelles et publiques prophétisée et
dénoncée par l’écrivain Georges ORWELL, la vidéosurveillance se drape
désormais dans le langage de la presse algérienne des habits d’un protecteur
bienveillant ! Plus dangereux encore, cette presse s’évertue à souligner sans
avoir conscience des dangers de ces dispositifs de surveillance installés sur la
voie publique, qu’« ils sont très discrets, presque insoupçonnables72».
Puisqu’ils sont capables de balayer de grandes surfaces, y compris les
immeubles d’habitation qui se trouvent en face d’eux, ils permettent donc
d’accéder à l’« infime détail73» de la vie des gens qui y habitent ! Seule garantie
possible pour le respect de la vie privée et de l’intimité des gens, la « parole »
des policiers a-t-on souligné74 !

À tous ces risques, s’ajoutent malheureusement d’autres conséquences


perverses. Il s’agit en effet des pratiques que l’on peut juger douteuses et pas
toujours déontologiques de ce type de surveillance. Le droit à l’image et les
libertés individuelles semblent de ce fait menacées par cette « culture du secret,
et de l’impunité75», où le principe de« voir sans être vu76» est partout présent. Il
faut noter que toutes ces craintes ne relèvent pas d’une vision complotiste ou
fantasmatique de la vidéosurveillance. Plusieurs recherches montrent qu’en
31 Les annales N°27-T 01/2015
effet, l’utilisation de cette technologie de surveillance peut être détournée à des
fins illégales. C’est ainsi qu’une étude anglaise a pu révéler que les centres
d’intérêt de ceux qui observent les caméras dans les grands centres
commerciauxsont dans l’ordre : les jolies femmes, les jeunes d’origine
étrangère car de couleur, puis les marginaux, les mendiants et les SDF,
essentiellement repérés par leurs vêtements ou leur comportement77. En France,
Eric HEILMANN et André VITALIS rapportent de leur part un autre exemple
encore plus troublant d’une installation de vidéosurveillance dans un endroit
que répugnent profondément l’éthique et la morale78. Ainsi, ce détournement de
l’utilisation des moyens de surveillance par des agents, pourtant censés garantir
la sécurité des personnes et des biens à des fins illégales touchant au respect de
leur intimité et à leur liberté, renforce donc solidement la formulation
foucaldienne qui considère « la perfection de la surveillance [comme] la somme
de la malveillance79». Comme le souligne aussi à juste titre REISS, « le
paradoxe auquel serait soumis le citoyen contemporainrésiderait désormais
dans sa prévention contre l’emprise des intrusions multiformes des
polices80».Toutes ces craintes ne font donc qu’actualiser une question qu’avait
posée le poète romain JUVÉNAL il y a plusieurs siècles déjà : « Quis custodiet
ipsos custodes?81», question à laquelle la réglementation algérienne de la
vidéosurveillance fait encore la sourde oreille.

Sur un autre plan, il est aussi important de s’interroger sur les


« finalités » qui justifient l’installation d’un dispositif de vidéosurveillance.
Ainsi, au regard du décret exécutif du 10 décembre 2009, l’exploitation des
« équipements sensibles », dont font partie les systèmes de vidéosurveillance,
ne se justifie que par les nécessités de « préservation de la sécurité publique82»,
et de la « sécurité nationale et l’ordre public83». Dans ce même décret, on
trouve six occurrences à ces deux critères, mais aucune référence à la protection
des droits et libertés individuelles ? En cas d’atteinte à ces droits et libertés,
seules sont applicables les dispositions du droit commun, droit civil et droit
pénal notamment84. Ainsi, aux yeux de la réglementation actuelle, les caméras
de surveillance ne sont donc considérées comme « sensibles » qu’à l’égard de la
sécurité nationale, et non à celle des droits des personnes qui peuvent en être
l’objet, notamment le droit à l’image et au respect de la vie privée. Sommes-
nous en présence d’une injustice juridique ? Contrairement à d’autres
législations étrangères où les finalités assignées à la vidéosurveillance sont
strictement limitées85, en Algérie, seuls comptent la sécurité et l’ordre publics86.
32 Les annales N°27-T 01/2015
Enfin, il faut rappeler qu’aucune disposition réglementaire ou législative
n’est prévue pour garantir le droit à l’information du public sur la présence des
caméras, le délai de conservation des enregistrements des personnes filmées et
leur gestion par les opérateurs vidéo, ni le droit d’accès à ces
enregistrements,surtout lorsque l’on sait qu’il est très facile d’enregistrer des
images de personnes vidéosurveillées puis les diffuser sur les réseaux sociaux,
ce qui porte encore une fois atteinte au droit à l’image et à la vie privée. Certes,
la réglementation actuelle prévoit un contrôle a posteriori de l’utilisation des
équipements sensibles. L’article 36 du décret exécutif du 10 décembre 2009
précise en effet que« L’opérateur est soumis au contrôle des services de
sécurité ainsi qu’à tout autre organisme dûment habilité. À cet effet, il est tenu
de présenter aux agents chargés du contrôle tous les documents, et de leur
fournir toutes les facilités nécessaires pour l’accomplissement de leur
mission ». Mais, ce type de contrôle demeure insuffisant du moment qu’il n’est
pas confié à une autorité « indépendante » à l’image de la Commission
nationale de l’informatique et des libertés en France87. D’ailleurs, en scrutant
attentivement les dispositions de l’article 36 du décret exécutif du 10 décembre
2009, on peut se poser quelques interrogations. D’abord, quels « services de
sécurité » s’agissent-ils ? Le texte ne le précise pas. Ensuite, quels sont
les« organismes dûment habilités » à effectuer ce type de contrôle ? Là aussi,
on n’y trouve aucune précision. En réalité, il s’agit dans la réglementation
actuellede « sanctions » plus que de « contrôle », sanctions allant de l’arrêt
immédiat et la mise en sécurité des équipements sensibles, jusqu’à leur retrait
définitif en passant par leur suspension temporaire si nécessaire88.

33 Les annales N°27-T 01/2015


Conclusion
À l’issue de cette étude du cadre juridique de la vidéosurveillance en
Algérie, une impression négative peut s’en dégager. Mais, lorsque l’on élargit
notre champ de vision critique pour rendre compte à titre comparatif du contenu
des législations étrangères sur ce même dispositif, on s’aperçoit très vite que la
réglementation algérienne n’est pas si lacunaire qu’on le pense, même s’il faut
attendre qu’elle soit bien mûrie. Or, il est très connu que le droit est toujours à
la traîne sur ce qui se pratique dans la société. Les phénomènes technologiques
favorisés par le développement des moyens d’information et de communication
contraignent régulièrement le législateur à intervenir souvent a posteriori, pour
assurer leur encadrement. C’est précisément le cas de la vidéosurveillance qui,
désormais fait partie intégrante de l’espace urbain algérien. Pourtant, les
capacités de cette technologie de surveillance qui présente des particularités
« inquiétantes », notamment par son caractère « intrusif », ne doit être ni
surestimées ni sous-estimées. Et, le législateur doit s’il veut éviter toutes
dérives prendre en considération la nécessité de garantir les droits et les libertés
individuelles, afin de rétablir l’équation fondamentale de l’échange liberté
contre sécurité, une équation qui malheureusement aujourd’hui, non seulement
s’est généralisée, mais surtout rationalisée. De même, il ne faut se bercer
d’illusions. La vidéosurveillance peut tout aussi faire partie du problème que de
la solution aux phénomènes de délinquance. Il est donc souhaitable sinon
nécessaire de « guérir » la réglementation algérienne de la vidéosurveillance de
sa myopie qui la rend aveugle à toutes ces considérations.

34 Les annales N°27-T 01/2015


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38 Les annales N°27-T 01/2015


Notes:

1- Le remplacement du terme « vidéosurveillance » par celui de « vidéoprotection » a


été l’œuvre de la loi française n°2011-267du 14 mars 2011 d’orientation et de
programmation pour la performance de la sécurité intérieure (JOde la République
française du 15 mars 2011, n° 0062, p. 4582 et s.), pour donner un sens « positif » à ce
dispositif et rassurer l’opinion publique contre les dérives sécuritaires liées à son
utilisation.
2-Roché S., (ss. dir.), Les usages techniques et politiques de la vidéosurveillance : une
comparaison entre Lyon, Saint-Etienne et Grenoble, Rapport de recherche réalisé pour
le compte de l’INHES, décembre, 2007.
3- Foucault M., Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, éd. Gallimard, 1975,
p. 249.
4-« La vidéosurveillance est au ¾… illégale », Transfert. net n° 15, juin 2001.
5- Puisqu’il n’existe en Algérie aucun cadre législatif propre à faire une distinction
juridique de ces deux dispositifs, nous ne retenons ici que la différence en termes
d’équipement et d’intervention. Voir par exemple nos travaux sur ce thème en ce qui
concerne le cas de la France in Ouabri F., La limitation des occasions criminelles :
l’impact de la prévention situationnelle sur la protection des victimes éventuelles,
Thèse de doctorat en droit privé et sciences criminelles, Uni. Paris, 8 Vincennes-Saint-
Denis, 2014, p. 76 et s ; et, p. 165.
6-Pour plus de précisions cf.Akrich M., Méadel C., Anthropologie de la
télésurveillance en milieu privé, rapport pour le Pirvilles-CNRS et l’Institut des Hautes
Études sur la Sécurité Intérieure, Centre de sociologie de l’innovation, École des Mines
de Paris, décembre 1996, pp. 8-10.
7-Ory M., « La vidéosurveillance : une technologie inédite de gestion des risques
urbains ? », Revue des Sciences Sociales de la France de l’Est, Strasbourg, n° 38,
2007, p. 76.
8- Forst D., Le vidéosurveillance dans les lieux publics et ouverts au public : dispositif
et application de la loi du 21 janvier 1995, Mémoire de D.E.S.S., Univ. de Pris XI,
1999.
9- « Les algériens accros à la vidéosurveillance, Souriez, vous êtes filmés ! », Le Soir
d’Algérie, 11 septembre 2008, Consulté le 12 janvier 2015.
10- « Attention la police vous regarde ! Caméras de surveillance dans les rues
d’Alger », journal Liberté, 20 février 2005. Consulté le 12 janvier 2015.
11-« Après Alger, une centaine de caméras pour Oran, La télésurveillance en renfort »,
journal Le Quotidien d’Oran, 26 août 2007. Consulté le 12 janvier 2015.
12-Op. cit.
13-Aristote, Art rhétorique et art poétique, traduction et note par Voliquin J., Capelle
J., Paris, Garnier, 1996, chap. XII.
14-Ibid.
15-Ibid.
16-Cusson M., Prévenir la délinquance. Les méthodes efficaces, Paris, PUF, 1er éd.
2002, pp. 33-34.
17-Ibid.

39 Les annales N°27-T 01/2015


18-Cohen L.-E., Felson M., « Social and crime rate trends. A routine activity approach
», American Sociological Review, 1979, pp. 588-608.
19-Bauer A., Freynet F., Vidéosurveillance et vidéoprotection, Paris, PUF, 2008, p. 36.
20-Sur ce point voir par exemple, Cusson M., « La surveillance et la contre-
surveillance », in Cusson M., Dupont B., Lemieux F., Traité de sécurité intérieure,
Presses polytechniques et universitaires romandes, 2008, pp. 429-430.
21-Welsh B. C., Farrington D. P., « Crime prevention effects of closed circuit
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22-Poyner B., « Situational crime prevention in two car parks », Security Journal, n° 2,
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23- Brown R., Billing N., « CCTV in three town centers in England, inClarke R. V.,
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24-Mayhew P. M., et al. Crime as opportunity, Research Unit, Her Majesty’s
Stationary Office, Londres, Home Office, 1979 ; Burrows J. N., « Closed circuit
television and crime on the London underground », in Clarke R. V., Mayhew P. M.,
(ss. dir.), Designing out crime,Londres, HMSO, 1980 ; Webb J., Laycock G.,
« Reducing crime on the London underground : An evaluation of three pilot projects »,
Crime Prevention Unit Series, n° 30, Londres, Home Office, 1992.
25-Poyner B., « Video cameras and bus vandalism», in Clarke R. V., (ss. dir.),
Situational crime prevention. Successful case studies, New York, Harrow &Heston,
1992, pp. 185-193.
26-Eck J. E., « Preventing crime at places», in Sherman L., et al. Preventing crime :
What works, what doesn’t, what promising, Washington (DC), Office of Justice
Programs Research Report, 1997.
27-Carr K., Spring G., « Public transport safety : A community right and a communal
responsibility », in Clarke R. V., (ss. dir.), Crime prevention studies, vol. 1, Monsey,
New York, Criminal Justice Press, 1993.
28-Grandmaison R., Tremblay P., « Évaluation des effets de la télésurveillance sur la
criminalité commise dans 13 stations du métro de Montréal », Criminologie, n° 40,
1997, pp. 93-110.
29-Goodwin V., Evaluation of the Devonport CCTV scheme, Tasmania Police, Crime
Prevention and Community Safety Council, 2002.Voir aussi, Ouabri F., La limitation
des occasions criminelles : l’impact de la prévention situationnelle sur la protection
des victimes éventuelles, op. cit., p. 250 et s.
30-Op. cit.
31- Sur tous ces points, voir par exemple Cusson M., Prévenir la délinquance. Les
méthodes efficaces, op. cit., pp. 49-53. ; même auteur, « La prévention : les principes et
la prévention policière », inCusson M., Dupont B., Lemieux F., (ss. dir.), Traité de
sécurité intérieure, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2008, pp. 407-
408.
32-Poyner B., « Situational crime prevention in two car parks », op. cit.
33-« Attention la police vous regarde ! Caméras de surveillance dans les rues
d’Alger », journal Liberté, 20 février 2005. Consulté le 12 janvier 2015.

40 Les annales N°27-T 01/2015


34-Op. cit.
35-Sur ces critères voir par exemple, Cusson M., Prévenir la délinquance. Les
méthodes efficaces, op. cit. pp. 15-18.
36- Sur ce point, voir par exemple, Cusson M., « La télésurveillance », inCusson M.,
Dupont B., Lemieux F., (ss. dir.), Traité de sécurité intérieure, op. cit.,pp. 455-459.
37-Décret présidentiel n° 09-337 du 21 octobre 2009 portant création de
l’établissement de réalisation de systèmes de vidéosurveillance, JO de la République
algérienne démocratique et populaire, n° 61, 25 octobre 2009, pp. 3-4.
38-Décret exécutif n° 98-96 du 18 mars 1998 modifiés, complétés, fixant les modalités
d’application de l’ordonnance n° 97-06 du 21 janvier 1997 relative aux matériels de
guerre, armes et munitions,JOde la République algérienne démocratique et populaire,
n° 17, 25 mars 1998, pp. 3-27.
39-Décret exécutif n° 09-410 du 10 décembre 2009 fixant les règles de sécurité
applicables aux activités portant sur les équipements sensibles, JO de la République
algérienne démocratique et populaire, n° 73, 13 décembre 2009, pp. 4-14.
40- Arrêté interministériel du 13 octobre 2011 fixant les conditions et les modalités
d’acquisition, de détention, d’exploitation, d’utilisation et de cession des équipements
sensibles, JO de la République algérienne démocratique et populaire, n° 63, 23
novembre 2011, pp. 22-29.
41- Art. 1 et 2 du décret présidentiel du 21 octobre 2009 portant création de
l’établissement de réalisation de systèmes de vidéosurveillance.
42- Art. 4 du même décret.
43- Art. 4 et 5 du même décret.
44-Ibid.
45-Les membres composant ce conseil sont déterminés dans l’article 8 du même
décret. Il s’agit des membres représentant « L’état-major de l’Armée nationale
populaire ; Le département du renseignement et de la sécurité ; La direction des
fabrications militaires ; La direction des services financiers ; Le ministère chargé de
l’intérieur et des collectivités locales ; Le ministère chargé des finances ; Le ministère
chargé des technologies de l’information et de la communication ; La direction
générale de la sûreté nationale ».
46- Art. 4 du même décret.
47-Art. 5 du même décret.
48-Ibid.
49-Il s’agit en effet du décret présidentiel n° 12-263 du 13 juin 2012 modifiant et
complétant le décret présidentiel n° 09-337 du 21 octobre 2009 portant création de
l’établissement de réalisation de systèmes de vidéosurveillance, JO de la République
algérienne démocratique et populaire, n° 38, 24 juin 2012, p. 5.
50-Art. 1er du même décret.
51- « Bouteflika met les algériens sous sa vidéosurveillance », journal Le Matin, 01
août 2012, Consulté le 12 janvier 2015.
52-JO de la République algérienne démocratique et populaire, n° 55, 27 septembre
1995, pp. 3-5.
53-« Bouteflika met les algériens sous sa vidéosurveillance »,op. cit.

41 Les annales N°27-T 01/2015


54- Art. 1er du décret présidentiel n° 12-263 du 13 juin 2012 modifiant et complétant
le décret présidentiel n° 09-337 du 21 octobre 2009 portant création de l’établissement
de réalisation de systèmes de vidéosurveillance, JO de la République algérienne
démocratique et populaire,op. cit.
55-Décret exécutif n° 09-410 du 10 décembre 2009 fixant les règles de sécurité
applicables aux activités portant sur les équipements sensibles, op. cit.
56-Arrêté interministériel du 13 octobre 2011 fixant les conditions et les modalités
d’acquisition, de détention, d’exploitation, d’utilisation et de cession des équipements
sensibles, op. cit.
57- Selon l’article 4 du décret exécutif du 10 décembre 2009, les activités de
commercialisation comportent l’importation, l’exportation, la fabrication et la vente
des équipements sensibles, tandis que les activités de prestation, elles concernent
l’installation, la maintenance et la réparation de ces mêmes équipements.
58- Art. 7 du décret exécutif du 10 décembre 2009. La demande d’agrément auprès des
autorités concernées devant être traitée dans un délai n’excédant pas 65 jours à compter
de la date de dépôt (art. 10). Toutefois, s’il est question d’une acquisition sur le marché
extérieur, un visa doit être établi par le ministère chargé de l’intérieur après « accord
préalable » des services du ministère de la défense nationale, Art. 14 du même décret.
59-Voir les articles 13, 15, 16, et 17-5 dudécret exécutif du 10 décembre 2009.
60-Art. 5 de l’arrêté interministériel du 13 octobre 2011 fixant les conditions et les
modalités d’acquisition, de détention, d’exploitation, d’utilisation et de cession des
équipements sensibles, op. cit.
61-Art. 11 du même arrêté.
62- Sur cette procédure, voir l’article 12 du même arrêté.
63- Art. 4 et 11 du même arrêté.
64-Art. 17 du décret exécutif du 10 décembre 2009.
65-Art. 5 du décret présidentiel du 21 octobre 2009.
66-Art. 13 du décret exécutif du 10 décembre 2009, et art. 2 de l’arrêté interministériel
du 13 octobre 2013.
67-Art. 17 de l’arrêté interministériel du 13 octobre 2013.
68-Art. 18 du même arrêté.
69-« Attention, la police vous regarde ! Caméras de surveillance dans les rues
d’Alger », op. cit.
70-Ibid.
71-Ibid.
72-Ibid.
73-Ibid.
74-Ibid.
75-« La vidéosurveillance est au ¾… illégale »,Transfert.net, n° 15, juin 2001.
76-Bentham J., Le panoptique, Paris, Belfond, 1977, p. 109.
77- « La vidéosurveillance est au ¾… illégale »,op. cit.
78- Heilmann E., Vitalis A., « La vidéosurveillance : un moyen de contrôle à
surveiller », op. cit.

42 Les annales N°27-T 01/2015


79-Foucault M., « L’œil du pouvoir », in Bentham J., Le panoptique, éd. Belfond,
1977, pp. 9-31.
80-Reiss A., « The legitimacy of intrusion into private space », in Shearing C.,
Stenning Ph., (ss. dir.), Private Policing, Beverly Hills, London, sage, 1987, cote (12).
81-Locution latine que l’on peut traduire en français par « Qui gardera nos
gardiens ? ».
82-Art. 37, 39, 41, 43 du même décret.
83-Art. 2 et 45 du même décret.
84-À titre d’exemple, en droit civil, on peut citer le principe général énoncé dans
l’article 124 du Code civil qui dispose que : « Tout acte quelconque de la personne qui
cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le
réparer ».En droit pénal on peut mentionner l’article 303 bis du Code pénal qui punit
« d’un emprisonnement de six (6) mois à trois (3) ans et d’une amende de cinquante
milles (50 000) DA, quiconque, au moyen d’un procédé quelconque, porte
volontairement atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui : 1. En captant,
enregistrant ou transmettant sans l’autorisation ou le consentement de leur auteur, des
communications, des paroles prononcées à titre privé ou professionnel ; 2. En prenant,
enregistrant ou transmettant sans l’autorisation ou le consentement de celui-ci,
l’image d’une personne se trouvant dans un lieu privé ».
85- Sur ces finalités, voir par exemple l’article L-251-2 du Code français de la sécurité
intérieure. Pour plus de précisions, cf.,Ouabri F., La limitation des occasions
criminelles : l’impact de la prévention situationnelle sur la protection des victimes
éventuelles, op. cit.,p. 74 et s.
86-Se pose également le problème des caméras de surveillance intégrées dans des
drones pour filmer les espaces publics ou même privés et qui ne répondent pas aux
finalités originelles de l’utilisation de la vidéosurveillance. Ce phénomène qui,
actuellement menace la sécurité intérieure de certains pays occidentaux est appelé à
« immigrer » en Algérie dans quelques années !
87- Sur les activités de cette commission, voir par exemple le site : http://www.cnil.fr
88-Sur toutes ces sanctions, voir l’article 37 et s. du décret exécutif du 10 décembre 2009.

43 Les annales N°27-T 01/2015


Université: Participation active des différends
acteurs dans la stratégie et la prise de décision ()

Professeur Mohamed Lamine BEN ZINE

Dr MOULAY Asma

Il est indéniable que la vie universitaire dans les


établissements de l’enseignement supérieur regroupe différends
acteurs qui participent tous a un effort commun dans le cadre des
missions de l’université : promouvoir un enseignement de qualité et
assurer le développement de la recherche scientifique
multidisciplinaire.
Ils ont pour seul objectif : concrétiser sur le terrain les
missions et la stratégie de l’université selon les outils de la
gouvernance. Néanmoins cette tache n’est pas facile, elle doit être
accompagnée par un assouplissement des textes en vigueur avec un
esprit de travail solidaire, de groupe.
Les principaux acteurs sont:

- Les étudiants
- Le personnel académique et administratif.
- Des représentants du monde socio professionnel et les
utilisateurs de l’université.
I / Etat des lieux :

Juridiquement l’université d’Alger 1 comme tous les


établissements universitaires algériens est régie dans son
organisation et son fonctionnement par le décret exécutif 03-279 du
23 aout 2003 fixant les missions et les règles particulières
d’organisation et de fonctionnement de l’université.

Université d'Alger 1
44
L’article2 stipule que l’université est un établissement public à caractère
scientifique culturel et professionnel doté de la personnalité morale et de
l’autonomie financière.
L’article 4 précise les missions de l’université « dans le cadre des
missions de service public de l’enseignement supérieur l’université assure des
missions de formation supérieure, des missions de recherche scientifique et de
développement technologique ».
La représentation et la participation des différends acteurs, elle se fait au
niveau des organes suivants:
A/ Organes de l’université:
1/ conseil d’administration:
Il regroupe plusieurs membres de l’université des facultés ainsi que des
représentants externes des administrations des utilisateurs de l’université, du secteur
économique et socioprofessionnel.
Il est à noter la représentation des étudiants dans ce conseil (deux étudiants
élus).
Les membres du conseil d’administration sont désignées ou élus pour un
mandat de trois ans renouvelable une seule fois.
2/ le conseil scientifique :
Il se compose essentiellement des responsables de l’université, des facultés (les
doyens) et les représentants des enseignants (2 par faculté).

B/ Organes des facultés


1/ Le conseil de la faculté :
Il regroupe : le doyen, le président du conseil scientifique, les chefs de
département.
- Les directeurs de laboratoire et des équipes de recherche.
- Un représentant élu des étudiants.
- 2 représentants du personnel administratif.
- 2 représentants des enseignants.

On peut observer que dans la réalité, dans la pratique la composition de


cet organe n’est pas respectée par exemple les étudiants et les enseignants ne
sont pas représentes et ce en contradiction avec l’article 37 du décret exécutif.
45 Les annales N°27-T 01/2015
2/ Le conseil scientifique:
Il regroupe principalement les enseignants élus par leurs pairs et les
responsables de l’administration de la faculté (vices doyens et chefs de
département).
Les étudiants ne sont pas représentés, le conseil n’émet que des avis
consultatifs.
3/ Les comités scientifiques:
Leur mission principale : préparer les travaux de conseil scientifique. Ils
se composent uniquement des représentants élus des enseignants par grades.
Néanmoins on peut observer que cette participation dans les différends
conseil d’université et de facultés reste inégale au niveau du nombre et de la
nature des représentants ainsi qu’au niveau de la prise de décision (le vote).
A cela il faut ajouter la faible participation des étudiants à la vie active
de l’université au niveau interne et externe.
- Faible représentation des étudiants dans les conseils collégiaux.
- La participation et la représentation du personnel administratif reste
faible et limité.
- La participation parait beaucoup plus importante pour les personnes
académiques (enseignants chercheurs).
II / Propositions:
La gouvernance de l’université d’Alger 1 repose sur un modèle
bicaméral ou les questions administratives sont traitées par un conseil
administratif. Alors que les questions touchant l’enseignement et la recherche
sont traitées par une instance académique, le conseil scientifique.
En l’état actuel des textes législatifs et pour palier aux insuffisances
constatées au niveau de la représentation et la participation active et dynamique
des différents acteurs de l’université, nous formulons les propositions suivantes:
Premièrement : améliorer la participation dans les organes de l’université
- Améliorer le fonctionnement des organes de gouvernance des
établissements publics en veillant à l’application des textes les régissant.

- Préciser clairement les responsabilités du conseil d’administration, pour


qu’il garantit le respect de la mission et des valeurs de l’institution,
46 Les annales N°27-T 01/2015
vérifier si la mission et les valeurs servent à guider et orienter les choix
des dirigeants de l’établissement universitaire.
- S’assurer que le dirigeant formule et met en place une démarche
participative de développement et de définition de la stratégie, suivre
régulièrement la situation financière de l’établissement universitaire et
vérifier que les contrôles appropriés sont en place afin de préserver sa
santé financière à court et à long terme.
- Création d’un conseil d’administration diversifié, représentatif et
composé majoritairement de membres indépendant c'est-à-dire non lies
personnellement ou professionnellement à la tutelle.
- La participation des membres observateurs externes, mais sans doit de
vote n’est pas compatible avec une saine gouvernance. En effet cette
pratique contrevient au principe de la responsabilité et risque d’alourdir
le fonctionnement du conseil ; il est admis qu’un conseil
d’administration peut inviter toutes personnes à se joindre à ses travaux
selon les sujets traités ; mais il est entendu que ces personnes se retirent
au moment de la décision et ne jouissent pas d'un statut.
- Concernant les conseils scientifiques des facultés nous proposons
l’élargissement de la participation aux représentants des étudiants à
travers leurs conseils élus, les représentants du monde socio-
économique impliqués. Les équipes de recherches, agrées par le
ministère de l’enseignement supérieur, doivent être représentés aussi
dans le conseil. Cette élargissement de la représentation doit concerner
aussi les comités scientifiques institues par le décret exécutif 2003.
- Confier des mandats à des comités tout en protégeant les responsabilités
du conseil. Ils font rapport au conseil et lui soumettent des propositions.
C’est le conseil dans son ensemble qui prend les décisions (adopter le
modèle canadien : 3 comités : comité de vérification – comité de
gouvernance et d’éthique – comité des ressources humaines).
- Donner aux représentants du secteur socio-économique une voix
décisive au lieu d’une vois consultative.
On constate par ailleurs que la participation aux différents organes de
l’université : conseils d’administration, conseil scientifique des établissements
universitaires repose sur le bénévolat des membres, une pratique qui soulève
certaines interrogations ??? Notamment celles ayant trait à la motivation.
47 Les annales N°27-T 01/2015
Deuxièmement : Propositions pour impliquer les parties prenantes dans la
prise de décision (qui, quoi et comment)
Qui :

Les parties prenantes sont constituées des étudiants, des enseignants


et/ou chercheurs (y compris les doctorants), des personnels administratifs et
techniques, des maitres de stages en entreprise, des anciens diplômés.

Quoi :
Les étudiants et les doctorants évaluent les enseignements et donnent
leur avis sur l’université, leur composante et leur département ou laboratoire de
rattachement ; les diplômés évaluent leur insertion et leur compétence
professionnelle, ainsi que la contribution de l’institution à celle-ci ;

Les enseignants, les chercheurs (doctorants compris) et les personnels


administratifs donnent leur avis sur l’institution, les autres parties prenantes,
ainsi que sur leur composante, département, laboratoire ou service de
rattachement ; les employeurs évaluent leurs attentes et leur degré de
satisfaction à l’égard de la formation (contenus et modalités) dispensée aux
étudiants.

Comment:

- Vu les dispositions de décret exécutif 03/279 de 2003 on propose


d’élargir la représentation des étudiants aux différends conseils
d’universités ; notamment le conseil scientifique et les comités
scientifiques ;
- Création d’un conseil d’anciens étudiants (CAE) au sein de l’université,
qui aura pour but de renforcer les liens entre l’université et le monde
socio-professionnel par le biais des anciens étudiants.
- Renforcer la tripartite étudiants-anciens diplômés-travail et aider les
étudiants dans leurs stages, les jeunes diplômés à l’insertion
professionnelle, de participer à l’évolution des formations et contribuer
au partenariat dans la recherche

Cela permettrait de conserver les liens avec eux, et également une manière de
leur montrer que l’université dont ils sont issus se soucie d’eux, même après
leurs études.
48 Les annales N°27-T 01/2015
- Représenter les anciens élèves au conseil d’administration (université
facultés).
- S’assurer de la présence dans les organes de gouvernance des personnes
qualifiées et compétentes pour de meilleures performances (cadre
pédagogique- cadre administratif-étudiants)
- Exploiter la position des anciens diplômés pour faciliter l’insertion de
nouveaux diplômés sortis de leurs établissements d’enseignements
supérieurs d’origine.
- Faire participer les étudiants dans le choix du type et du nombre de
cours ; par des propositions aux instances concernés ;
- Le personnel académique et administratif doit être impliqué dans la
concrétisation des missions de l’université et la mise en œuvre de sa
stratégie a travers une représentation plus forte et plus adaptée a la prise
de décision au niveau du conseil d’administration.

L’élargissement de la participation doit concerner le nombre des représentants


et la prise de décisions.

Troisièmement : industrie/ secteur privé: impact du rôle participatif au


sein de la gouvernance universitaire

- Pour la plupart des établissements les fonds privés des partenariats avec
le monde des entreprises (industrie/ secteur privé) sont un aspect
important de l’élargissement des possibilités de financement, ces
partenariats s’avèrent extrêmement précieux pour le transfert et la
commercialisation des résultats de la recherche scientifique
universitaire.

- Il faut impliquer d’avantage le secteur privé dans les organes de


gouvernance des établissements d’enseignement supérieur et saisir cette
opportunité pour diversifier les sources de financement.
- Encourager le partenariat entre les établissements supérieur et
l’environnement socio-économique.

- Etablir et développer un partenariat durable entre institution de


formation et secteur productif (cadre formel d’échange et de
propositions soutenu par une volonté politique et une forte implication
des partenaires au développement).
49 Les annales N°27-T 01/2015
- Impliquer les partenaires clés du secteur de l’industrie/ secteur privé
dans la définition, l’élaboration et la mise en œuvre des formations et
l’actualisation des programmes afin de répondre en permanence aux
besoins et aux exigences des économies nationales et internationales.
- Représenter le secteur privé au conseil d’administration de l’université
et de la faculté.
- Encourager la création et le développement d’association des anciens
diplômés.

- Faciliter l’apprentissage en alternance et les visites d’entreprises pour


créer les conditions d’interactions entre la conaissance et le savoir faire.

- Participer activement à travers leurs associations professionnelles à la


définition à l’élaboration et à la mise en œuvre des formations, et à
l’actualisation des programmes afin de réponde en permanence aux
besoins et aux exigences des économies nationales.
- La création d’un bureau de liaison université entreprises (BLUE),
qu’aura pour but de renforcer l’ouverture de l’université sur son
environnement socio-économique, et permet d’ajuster les offres de
formations ou proposer des compléments.
- Orienter le concept interface université/entreprise vers plus d’innovation
et de transfert de technologie.

- L’élargissement de la participation des différends acteurs de l’université


peut se concrétiser a travers les différentes structures ou organes de la
gouvernance crées a cet effet notamment :

1- Comité de la gouvernance à l’université élargie aux


représentants des enseignants, représentants du secteur socio
économique et secteur privé (un règlement intérieur de la
gouvernance à l’université précisera le mode de composition
ainsi que les missions de ces organes)
2- Le conseil des étudiants élus
3- Le conseil des anciens diplômés de l’université
50 Les annales N°27-T 01/2015
Conclusion :
Les impératifs de la gouvernance doivent inciter les pouvoirs publics, a
envisager et concevoir de nouvelles règles pour une meilleure représentation,
une meilleure participation des différents acteurs, pour assurer le
développement d’une université moderne en parfaite harmonie avec les
exigences de la société et les contours de la mondialisation.

51 Les annales N°27-T 01/2015


Notes:

()
communication faite a l’occasion de la conférence régionale de la banque
mondiale tenue a Beyrouth le 14-16 avril 2015 sur la gouvernance a
l’université.

52 Les annales N°27-T 01/2015


L’ECOEFFICACITE DANS UNE
PERSPECTIVE DE MARKETING INTEGRE

Dr Nadia OUCHENE

I/ L’ENTREPRISE FACE AUX EXIGENCES DU MANAGEMENT


INTEGRE

La nécessité du progrès continu devient une préoccupation


certaine dès qu’on parle de politique de développement durable, ce qui se
traduit par un mode de management orienté vers le processus de
l’amélioration continue. (1)

Le système de management se voit donc élargi aux trois


dimensions du développement durable (3D) et s’appelle donc « système
de management global. (2)

Il n’est pas évident bien sûr que la pratique d’un pareil système se
voit confronté à des obstacles de grande envergure-même, tels que les
répercussions des enjeux sociaux sur l’activité économique : en effet, la
satisfaction des besoins n’en est pas au même niveau, tant chez les pays
développés que chez les pays en voie de développement (de même pour
l’emploi !).

Les conditions sociales se doivent d’être améliorées, ce qui


impose des exigences de performance en matière de prix, de packaging,
de recyclabilité etc. (3), et ce, au vue des conditions spécifiques de
chaque région et de chaque pays.

L’entreprise pour sa part, ne pourra assurer sa pérennité si la


politique de développement durable ne représente pas une préoccupation
pour elle d’autant plus que le consommateur est de plus en plus actif sur
le marché.

53
Deux types d’entreprise s’avèrent plus fragiles que d’autre via les risques
sociaux et environnementaux issus de la politique de développement durable :(4)
- Celles qui emploient un personnel nombreux et peu qualifié (menace de suppression
d’emploi le plus souvent devant la forte concurrence) ;

- Celles qui utilisent des procédés dangereux ou des matières dangereuses


(contraintes diverses dues à la réglementation par exemple imposant des mesures en
faveur de l’environnement).
Les entreprises multinationales par exemple sont souvent sujettes à de pareils
risques.
En 1992, la CEE a défini le concept de développement durable comme :(5)
« Une politique et une stratégie visant à assurer la continuité dans le temps du
développement économique et social, dans le respect de l’environnement et sans
compromettre les ressources naturelles indispensable à l’activité humaine »
Cette définition renvoie automatiquement à la notion de système de
management conforme à une normalisation en matière de qualité (ISO 9001, ISO
9014) en imposant à la fois à l’organisation d’adopter une politique en la matière, et
donc une stratégie.
D’autres normes ou règlements vont forcément accompagner le développement
durable ; certains proposent déjà un guide d’application du concept de développement
durable dont les étapes suivent(6) :
- Une volonté concrétisée par une charte, une politique, une stratégie ;
- Une analyse de la situation ou un état des lieux : en considérant cette démarche
comme une opportunité ou source de progrès pour l’entreprise ;
- Un plan d’action et sa mise en œuvre grâce à un plan de management ;(7)
- Une vérification ou une évaluation suivie d’une communication matérialisée par un
rapport d’activité pour démontrer les avancées réalisées.
II/ ROLE DE L’ENTREPRISE POUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE

Hormis les différents rôles des pouvoirs publics nationaux et internationaux


dans le développement durable, on reconnaît à l’entreprise une grande part de
responsabilité : celle- ci doit néanmoins la reconnaître à son tour et de posséder la
volonté suffisante pour l’exercer de la meilleure façon possible.
Il s’agit d’abord pour chacun des acteurs (de l’entreprise) de veiller sur le
respect des principes du développement durable, exprimés comme suit :(8) (ceux
institués à Rio Janeiro en 1992).
54 Les annales N°27-T 01/2015
- De précaution (prise en compte des aléas) ;
- De prévention (prudence active anticipative) ;
- De responsabilité (« pollueur/payeur » etc.) ;
- De participation (des parties prenantes internes/externes) ;
- De solidarité (en faveur des plus démunis) ;
- De gestion économe (car les ressources sont limitées) ; et aussi…
- De subsidiarité (car il y a beaucoup à faire sur le terrain) ;
- D’amélioration continue et d’innovation (pour la création de la valeur qui finance
une action durable).
Face à tous ces principes donc, l’entreprise doit adopter un système de
management global dans le sens de l’intégration d’une politique réelle en matière de
développement durable.
Cette politique (traduite ensuite en stratégie) n’a d’autres objectifs plus
prioritaires que la création de la valeur. La spécificité de la dite création de la valeur-
cette fois-ci- réside dans le fait que la création-même doit être au service de la société.
Pour ce faire, ce sont les entreprises les plus attentives à la question du
développement durable qui sont favorables à ce type de création ; d’autant plus que
celles- ci s’intéressent à de nouvelles voies de développement liées à la question de la
qualité (de façon complète, méthodique et contrôlée), et ce, e, mêlant (en cas de
nécessité) les pouvoirs publics tout en incitant au travail conjoint par rapport à leur
profession ou à leur région.
Par ailleurs, certaines réserves ont été soulignées par les entreprises, à
savoir :(9)
- première réserve : des discours bien intentionnés sans effets pratiques ;
- deuxième réserve : par ses contraintes, le développement durable viole le principe
d’une société libre, d’un marché libre ;
- troisième réserve : les coûts et contraintes du développement durable compromettent
la compétitivité des entreprises.
Par ailleurs, insistons sur les relations existantes chez le développement
durable créateur de la valeur : l’harmonie étant le principe majeur de ce dernier, il
s’agit des relations entre l’environnement humain et naturel qui créent de la valeur
d’autant plus chez les entreprises qui inspirent confiance découlant du comportement
éthique de ses dirigeants, ce qui favorise ses relations avec ses partenaires (clients,
fournisseurs, collaborateurs, société civile, société politique, actionnaires etc.).

Toutefois, de tels résultats sont encore insuffisants devant les perspectives


stratégiques des entreprises revendiquant des atouts exemplaires comme celui de la
dynamique humaine.
55 Les annales N°27-T 01/2015
Le rôle de l’entreprise dans le développement durable se voit donc à travers
quatre éléments essentiels, à savoir que celle- ci possède des répercussions sur la
société en ce sens qu’elle :(10)
-emploie et licencie ;
-offre au salarié un lieu de travail, mais aussi de vie ;
- elle est à l’origine des pollutions diverses (transports, rejets dus à la production etc.) ;
- elle participe à l’attractivité économique d’un territoire etc.
Sa responsabilité sociétale/sociale l’incite à reconsidérer son mode de gestion
en fonction des acteurs socio-économiques concernés par son activité.
S’engager dans une démarche de développement durable pour celle- ci, c’est
avant tout rendre compte de ses impacts sociaux et environnementaux dans le rapport
annuel de gestion.
Toutefois, de plus en plus d’entreprises optent aujourd’hui pour une démarche
du développement durable, et ce, suite :(11)

- Aux diverses pressions et sollicitations extérieures (les consommateurs, les leaders


d’opinion, les investisseurs et les gouvernements) ;
- A leur volonté d’anticiper l’avenir (en guise de prévision des risques) ;
- A leur souci de réduire les coûts (économie d’argent et amélioration de la
productivité) ;
- A la détention d’un avantage concurrentiel (par le biais de l’innovation) ;
- A l’amélioration de leur image de marque (en fidélisant ses partenaires et en
améliorant ses relations commerciales) ;
- A l’assainissement des relations in ternes ;
- Au respect de la réglementation.

III/ LE MARKETING INTEGRE EN FAVEUR DE L’ECOEFFICACITE


Le développement durable engage l’entreprise à une activité économique de
plus en plus distinguée et conditionnée à la fois par un certain nombre d’enjeux tels
que :(12)

- La gouvernance et les pratiques managériales,


- Les enjeux transversaux du développement durable,
- La responsabilité sociale,
- La responsabilité environnementale et
- La performance économique.

Le dernier enjeu que nous sus- citons revendique que l’entreprise réalise son
but primordial à savoir sa pérennité tout en assurant son efficacité économique.
56 Les annales N°27-T 01/2015
Cette performance ne peut avoir lieu sans l’entretien de la consommation à
savoir que celle- ci passe de son statut classique à celui de la consommation durable.
« Une consommation durable se définit comme responsable et raisonnable » (13)
Parmi les enjeux sociaux de l’activité économique, on compte donc :
- L’efficacité du produit/service et de là, sa durabilité,
- L’innovation conduisant l’entreprise à la création d’avantages concurrentiels et
donc à la réussite de la compétitivité.
La question de l’efficacité du marketing se voit alors reformuler dans la mesure
où la consommation durable impose un certain nombre d’innovations sociales et
techniques.
Plusieurs changements viennent alors imposer l’intégration de l’entreprise, à
savoir que par rapport :
- A la production : il s’agit de limiter les impacts sur l’environnement avec la
politique des produits intégrés (PIP) lancée par la commission européenne. Ceci,
grâce à la mesure de l’impact environnemental des produits en gardant en vue la
perspective du cycle de vie des produits ;
- A la consommation : il s’agit de procéder par la réforme des schémas de
consommation incluant ainsi les acteurs, les infrastructures, les techniques et les
systèmes réglementaires.
La consommation durable sous- entend alors la nécessité d’un changement
radical des modes de consommation et s’oppose à le surconsommation laquelle
implique la multiplication de l’usage des ressources naturelles.(14)
Il s’agit en consommation durable de concilier les valeurs des citoyens et leur
mode de consommation à la fois.
Le marketing pour sa part (étant un lien entre la production et la
consommation) joue son plein rôle de levier important dans la mesure où il confronte
l’offre à la demande et considère de ce fait aussi bien les préoccupations en matière
d’évolution sociale, de compétitivité que celles d’anticipations réglementaires.
Le marketing étant défini par l’institut de marketing anglais comme :
« processus de management responsable de la mise en adéquation des ressources et des
opportunités, permettant de réaliser un profit, en identifiant, en anticipant, en
influençant et en satisfaisant la demande du consommateur (15)
Une pareille définition suppose que le consommateur est responsable et est
rationnel et se base sur l’information et sur le prix dans son processus décisionnel.
Toutefois, plusieurs menaces éloignent le consommateur du producteur.
A cet effet, il s’avère indispensable en parlant de marketing dans un contexte
de développement durable de réfléchir à un certain nombre de questions, à savoir(16) :
57 Les annales N°27-T 01/2015
Le marketing étant une composante de l’économie relève de la dimension du marché
et de la production en économie classique ; celle-ci s’axe sur trois champs essentiels :
le champs naturel, le champs de la production et le champs humain ; or que le
marketing ne s’est axé que sur la production, on lui reproche alors que
« malheureusement, l’homme devient instrument et l’économie finalité et non
l’inverse »(17).

En économie classique, on parle de paradigme du consommateur : la liberté du


consommateur devrait créer le niveau optimal de la consommation, or que, ce dernier
s’avère mal informé surtout concernant les enjeux environnementaux &sociaux. Par
ailleurs, la satisfaction matérielle l’emporte sur d’autres dimensions telles que
l’affectif, le spirituel etc.
Comment passer alors d’un marketing classique à un marketing
environnemental ?
Vu les critiques ayant été formulées à l’encontre du marketing, il a été préconisé
d’encadrer son fonctionnement par des instruments relatifs aux mesures
suivantes(18):

- La protection du consommateur : des réglementations (codes éthiques ou de


déontologie des associations ou des chambres de commerce internationales) sont
prévues ;
- Le marketing se doit de considérer l’Homme, l’entreprise et son environnement ;
- La consommation n’étant plus un acte individuel mais plutôt social ;
- La prise en compte de l’environnement devient un facteur limitant ;
- Le marketing environnemental introduit forcément la notion de circularité propre
aux écosystèmes i.e. : cycle de vie de la naissance à la mort produit nécessitant alors
une approche plutôt intégrée que linéaire imposant comme finalité la consommation
environnementale.
Par ailleurs, les modèles de consommation et de production actuels se voient
menacés par l’option de la «frugalité » dite « déconsumérisme » (19) imposant un style
de vie plus simple et orienté vers la consommation.

S’inscrivant dans les lois du marché, le marketing influence les comportements


des usagers, de ce fait, l’entreprise devrait(20):

- Intégrer la dimension environnementale dans le produit & le prix ;


- Fixer des prix incitateurs au consommateur dans le respect de la loi et de la
concurrence ;

58 Les annales N°27-T 01/2015


- Mettre au point des produits innovants intégrant la dimension environnementale par
le marketing de la durabilité.

Plusieurs approches seront alors revues dans le domaine : du produit/service,


du prix, de la communication, de la marque et de la responsabilisation de l’usager.(21)
Ci- dessous, nous caractérisons les éléments essentiels du marketing intégré comme
suit:
 L’approche produit/service :
Tout dépend de ce que l’on entend par écoproduit car celui- ci recouvre
diverses réalités : un écoproduit peut être:
- Un produit vert ou un produit écologique par nature,
- Un produit bio ou un produit issu de la filière alimentaire,
- Un écoproduit usuel issu de l’éco conception.
L’éco conception implique la réduction des ressources et la capacité de récupération
des déchets et des composantes du produit éco ; ceci, concernant particulièrement le
processus de fabrication.
L’éco conception d’un pareil produit présente à la fois plusieurs avantages, à savoir :
+ La diminution des matériaux et de l’énergie utilisés,
+ L’allongement de la durée de vie tout en repensant le système de présentation du
produit (par exemple son packaging).

Exemple 1 :(22) La réduction de 2cm d’un paquet de purée Auchan a permis à


l’entreprise d’économiser chaque année 5 Tonnes de pétrole, 2500m3 d’eau et de
réduire les émissions de CO2 de 4 Tonnes (ADEME).

Exemple2 : BMW, Peugeot & Renault fabriquent des véhicules qui peuvent être
totalement désossés en fin de vie.
(Idem pour les bouteilles d’Evian, pour les micros Apple, pour les produits Tetrapack
etc.).
D’autre part, il est possible d’intégrer l’environnement dans l’innovation au
travers de l’analyse de la valeur et de l’analyse fonctionnelle du produit. Ceci est
d’autant plus facilité par l’optimisation des coûts, par le choix des critères
environnementaux poussés par le respect des normes ou la mise en cohérence avec le
positionnement de l’entreprise.
Dans ce cas, une entreprise qui se veut efficiente concilie à la fois (grâce à la
fabrication des produits dits ciblés) entre un produit stratégique, la réduction des coûts,
l’intégration des critères environnementaux de l’ADEM et les besoins bien identifiés
de la clientèle. (23)

59 Les annales N°27-T 01/2015


Quant à la durée de vie du produit, l’entreprise s’arrange toujours por vaincre
les contraintes liées à la réutilisation.
Ainsi, il est très possible de concilier l’innovation et la durée.
Exemple 3 :(24) Stahel cite le cas de Chrysler qui garantit les moteurs pendant sept ans
(soit 112000km) et 160000 pour les carrosseries.
 Le prix :
D’habitude le prix obéit à plusieurs facteurs à savoir : le prix classique du
produit, la rentabilité (basée sur l’analyse du coût unitaire du produit), la concurrence
(entraînant des prix discount et du dumping), la dimension psychologique (ou la
perception du consommateur).
Il se trouve que les sources d’éco coûts sont liées à trois facteurs : le processus,
le produit, la réglementation.
Certains de ces facteurs se répercutent en hausse sur les coûts des produits (tels
que la mise en place d’un système de management environnemental) et d’autres, bien
au contraire, introduisent la baisse évidente de ces coûts (tels que l’utilisation de
nouveaux matériaux comme dans le cas des économies d’énergie).
En marketing environnemental, les coûts sont internationalisés dans la mesure
où l’on considère l’impact sur l’environnement.
A cet effet, est apparue la démarche PPP dite « Pollueur-Payeur » (Hawken 1993), de
même, le prix doit être lié à un bénéfice consommateur reconnu.
Vu le fait que dans la plupart des temps, les stratégies des entreprises dominent
l’approche par les coûts, les entreprises mettent en place de nos jours des stratégies
environnementales par différents biais : (25)
- Relever l’image du produit comme dans le cas de la marque,
- Respecter les prix en jouant sur les quantités,
- Utiliser d’autres techniques de réduction.

En Suède par exemple, le consumérisme vert s’affirme avec la croissance des


produits labélisés et la concurrence environnementale.
*La distribution :
Elle recouvre en général : l’accessibilité, le service au consommateur et la
distribution physique. Carrefour par exemple a recours aux transports fluviaux afin de
faire baisser ses émissions de CO2. Plusieurs grandes surfaces utilisent en guise
d’emballage des caisses (emballage récupérable). (26)
*La communication :
Elle peut se faire au travers de plusieurs techniques :(27)
60 Les annales N°27-T 01/2015
- L’étiquetage de type ISO 14024, NF environnement et éco label ;
- L’étiquetage technique de type éco profil (S80 (type III- ISO 14025)) exemple,
Volvo S80 ;
- L’écotiquette autoproclamée : les informations ne sont pas vérifiées même s’il
existe un cahier de charges strict 14021, des directives officielles FTC VS et un
bureau de vérification de la publicité (en France).
Généralement, les annonceurs préfèrent recourir aux écolabels, ce qui permet
de lier la communication de l’entreprise à une image de marque forte et préservée.
Le marketing d’aujourd’hui ne se contente plus de « vendre à tout prix », il
revendique un partenariat entre producteur- consommateur & environnement. Ainsi,
les clients peuvent être responsabilisés grâce à un partenariat gagnant- gagnant entre
producteur & consommateur. C’est bien le rôle du marketing actuel.
Exemple 4 : (28) Dow Chemical propose à ses clients une assistance dans l’utilisation
d’un produit contenant des solvants chlorés jugés dangereux tout en s’assurant de son
efficacité. Le résultat a été jugé positif par l’entreprise cliente qui a réduit sa facture,
pour Dow Chemical qui a fidélisé ses clients et pour l’environnement grâce à une
réduction des impacts.
D’autre part, le consommateur n’est plus le même : on parle aujourd’hui d’alter
consommateurs dits « créatifs culturels »(29) qui sont des consommateurs différents
par le fait qu’ils désirent consommer éthique et environnemental.
Ce sont des individus qui rejettent le packaging inutile, qui refusent la
nouveauté pour la nouveauté et qui sollicitent des valeurs éthiques de l’entreprise. On
assiste alors à une « politisation de la consommation ».
Le consommateur est alors de plus en plus méfiant de la publicité pendant qu’il
favorise plutôt les hors médias et les outils alternatifs par exemple (en France, c’est
deux fois l’investissement des médias).
IV/ UNE DEMARCHE ECO EN FAVEUR DE L’ECOEFFICACITE :

Soulignons que 20% de la population du nord consomment 80% des ressources


(30) en raison des ventes de substitution qui sont dues à la saturation des marchés
laquelle entraîne des ventes entretenues par l’effet de mode et par les politiques de prix
des entreprises. A cet effet, il a été relevé par W. R. Stahel (auteur de l’ouvrage « les
limites du certain ») que 90% des ventes automobiles sont des ventes de substitution
dans les pays du nord.
On préfère de ce fait penser aujourd’hui en termes d’alternatives. Il s’agit
d’une politique dite « politique de produits intégrés (PIP) »(31) laquelle propose une

61 Les annales N°27-T 01/2015


stratégie de limitation des impacts sur l’environnement tout en considérant la
perspective du cycle de vie des produits et ce, afin de rendre les marchés plus
écologiques.
A partir de quel moment le marketing devient- il en faveur des écosystèmes ?
C’est en fait lorsqu’il adopte les nouvelles méthodes du principe de
l’écoefficacité en adoptant de nouvelles méthodes d’analyse ou de vente des produits
éco, une démarche éco en faveur des couplages économique, environnemental, social-
environnemental, économique- social (32).
Il s’agit pour le marketing d’adopter une démarche illustrée à la fois par les
techniques d’éco efficacité, d’écologie industrielle et d’économie de service.
En fait, les produit/services non impactant issus des processus adéquats ne
font que correspondre à la demande sociale.
Ceci consiste à un découplage entre développement économique et énergie ou matières
premières : c’est le concept de la dématérialisation diffusé à Johannesburg 2002. (33)
En même temps, ces procédés constituent la réponse aux textes et à la
réglementation européenne concernant les produits en fin de vie.
Cette démarche- très respectueuse des cycle de la nature- est appelée éco conception
(une fois appliquée aux produits et aux services).
Celle- ci repose sur une méthode scientifique, environnementale et économique
maîtrisée. (34)
Exemple5 (35): le tourisme durable aujourd’hui a l’avantage de lier les 3D (Dimension
environnementale, Ethique et Economie) en veillant à préserver les ressources
naturelles tout en assurant un équilibre aux acteurs implantés.
Cependant, l’écotourisme ne peut se transformer en « tourisme de masse » vu
les effets contraires à ses objectifs qu’il risquerait d’entrainer (en termes d’éthique par
exemple).
V/ UN NOUVEAU RAISONNEMENT : L’ECOCONCEPTION

Un nouveau raisonnement est apparu aujourd’hui et concerne la notion de


l’écoconception: elle concerne les acteurs économiques dans le secteur du bâtiment:
une démarche globale intégrant les objectifs économiques, environnementaux,
industriels et sociaux dans la prise de décision. (36)
Il s’agit de parfaire l’optimisation produit/service en passant par des choix
fondés sur des alternatives conscientes et choisies à la fois.

62 Les annales N°27-T 01/2015


Exemple6: Mobility + propose la location de voitures à ses clients en fonction du
critère économique et de celui environnemental. (37)
L’essentiel dans la démarche éco conception, c’est de ne rien réaliser au
détriment de l’aspect économique, sinon on devra justifier l’augmentation du prix et
risquer son acceptation auprès du marché.
Exemple7 : ampoules fluo compactes qui durent plus longtemps mais qui sont plus
chères.
La démarche écoconception repose de ce fait sur le principe de l’ « analyse
fonctionnelle » consistant à prendre une référence commune.
Exemple8 : louer une voiture au lieu de la vendre renvoie à comparer le produit au
service rendu.
Ainsi, on doit passer par une optimisation produit/service dans la mesure où on
procède à la mesure des progrès environnementaux en rapport avec l’unité
fonctionnelle et non avec le produit en question. On mesure donc le bénéfice en termes
de service rendu et non en terme de réponse à un besoin.
Exemple 9 : (38) Cas de l’emballage : choix des matériaux biodégradables faciles à
recycler ou des caisses de livraison récupérables : ce n’est pas l’emballage qui importe
mais plutôt la précaution et la sécurité engendrées lors du transport.
De même, l’éco conception repose sur l’optimisation environnementale des
produits en empruntant l’analyse du cycle de vie ; ceci, grâce à l’utilisation des
logiciels et des bases de données capables de présenter des bilans écologiques avec
impacts et contributions aux instabilités planétaires. (39)
Toutefois, certaines difficultés s’opposent à cette démarche principalement due
à la diversité des univers à envisager et à l’expertise à effectuer à l’occasion de
l’analyse de chaque univers.
On peut alors dire que la démarche éco conception repose à la fois sur une
analyse multicritère et multiétape, car elle considère à la fois plusieurs critères et étapes
du cycle de vie des produits et ce, depuis l’extraction jusqu’au traitement en fin de vie.
Pour ce faire, l’entreprise recourt à plusieurs outils en tentant d’améliorer ses
performances d’analyse de cycle de vie, nous en retenons principalement :(40)
- L’évaluation simplifiée qualitative du cycle de vie ;
- L’ESQCV ;
- Des outils simplifiés (guides et /ou questionnaires).

Par ailleurs, l’ACV (méthode normalisée internationale de la série qu’elle


permet ISO normes 14040 à 14043) demeure la plus précise en ce sens qu’elle permet
63 Les annales N°27-T 01/2015
l’évitement des transferts de pollution d’une phase à une autre et de donner par la
même une note globale des flux de matière et des impacts sur l’environnement.

De son côté, l’ESQCV introduit une dimension d’interprétation et de choix


entre les problèmes écologiques.
Quant aux outils globaux, ils ne prennent pas en compte les données de
l’environnement et reposent sur une note unique.
Les check- List par contre sont utilisées sans connaissance en permettant de
réaliser des retours d’expérience en entreprise.
CONCLUSION
Les procédés éco correspondent au concept de dématérialisation et ont pour fin
d’accroître la productivité et de réduire l’énergie, ceci, par rapport aussi bien aux pays
les plus impactants et qui sont les pays développés.
Quant aux pays en voie de développement, ils doivent nécessairement anticiper
les risques futurs et éviter les écueils d’une forte industrialisation se traduisant souvent
par la baisse de la croissance.
Toutefois, la modification des schémas de la consommation connaît plusieurs
entraves dont principalement la résistance (en l’occurrence celle des agences de
communication de masse).
Ce qui renvoie à la nécessité d’une révolution incitant à une sensibilisation
massive de l’opinion publique dans la perspective de son intégration du paradigme
écosystèmique au détriment de celui classique et ce, en délégant la responsabilité à
chaque individu de la société, en l’occurrence, le consommateur, les institutions
éducatives et les collectivités.
Cette approche ne concerne plus que la production, elle concerne également
les formations, tant au niveau de l’entreprise qu’au sein des programmes scolaires.
La démarche éco exige donc une responsabilisation écocitoyenne en plus des
diverses activités de reporting et des diverses déclarations faites par les organisations
du même environnement.

64 Les annales N°27-T 01/2015


REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

- (1), (2) Octave Gélinier & collaborateurs, 2005. « Le développement durable-


Pour une entreprise compétitive et responsable » ESF éditeur collection essais de la
CEGOS-Issy- les- Moulineaux. 3°éd°2005.P 101.
- (3) STRATEGOR, 2005. « Politique générale de l’entreprise ». Ed°DUNOD. 4éme
éd°. Paris.2005. P370.
- (4) Octave Gélinier & collaborateurs. « Le développement durable- Pour une
entreprise compétitive et responsable ». Op cit. P85.
- (5), (6) Octave Gélinier & collaborateurs, « Le développement durable- Pour une
entreprise compétitive et responsable ». Op cit. P86.
- (7) Octave Gélinier & collaborateurs. Consulter annexes n°1&2. « Le
développement durable- Pour une entreprise compétitive et responsable ». Op cit.P103
&106et 115.
- (8) Octave Gélinier & collaborateurs « Le développement durable- Pour une
entreprise compétitive et responsable ». Op cit. P28.
- (9) Octave Gélinier & collaborateurs « Le développement durable- Pour une
entreprise compétitive et responsable ». Op cit.P29-30.
- (10) AFNOR, 2005. « Guide pratique du développement durable - Un savoir- faire à
l’usage de tous –Saint-Denis La Plaine cedex. P10-11
- (11) AFNOR, 2005. « Guide pratique du développement durable - Un savoir- faire à
l’usage de tous –Saint-Denis La Plaine cedex.P 9-10.
- (12) AFNOR, 2005. « Guide pratique du développement durable - Un savoir- faire à
l’usage de tous –Saint-Denis La Plaine cedex. P26-27.
- (13) Chantal Bonnet, 2005 « Marché et développement durable- Un modèle
gagnant-». Ed° AIpha.Alger. P73.
- (14) Chantal Bonnet, 2006 « Marché et développement durable- Un modèle
gagnant-». Ed° AIpha.Alger. P75.
- (15) à (20) consécutivement : Chantal Bonnet, 2006. « Marché et développement
durable- Un modèle gagnant-». Ed° AIpha.Alger. Pages : 77, 78, 79, 79 à 80, 81, 81.
- (21)(22)Chantal Bonnet, 2006. «Marché et développement durable-Un modèle
gagnant-» Ed° AIpha.Alger. P82 à 92,82.
- (23)(24)(25) Chantal Bonnet, 2006. «Marché et développement durable- Un modèle
gagnant-Ed° AIpha.Alger.P82 à83, 83&84.
65 Les annales N°27-T 01/2015
- (26)(27)(28)(29) Chantal Bonnet, 2006. «Marché et développement durable- Un
modèle gagnant-» Ed° AIpha.Alger.P85, 85, 89&93.
- (30)à (34) Chantal Bonnet, 2006. «Marché et développement durable- Un modèle
gagnant-» Ed° AIpha.Alger. P97, 98, 98, 99.
- Jean-Louis CACOMMO, 2007. « Fondements d’économie du tourisme-acteurs,
marchés, stratégies-». Ed° de boeck. Bruxelles. P12-13.
- (36)à(40) Chantal Bonnet, 2006. «Marché et développement durable- Un modèle
gagnant-» Ed° AIpha.Alger. P109, 109, 110, 110,111.

66 Les annales N°27-T 01/2015


Régime et modes de détermination de la pension
de retraite en Algérie
Mohammed KECHEROUD

Le système national de retraite en Algérie découle


directement des lois relatives à la sécurité sociale, adoptées durant
l’année 19831 sous le régime de la constitution de 1976. Dès lors,
durant l’ère socialiste le législateur algérien a opté globalement
pour un régime de sécurité sociale qui traduit le système de
répartition d’inspiration libérale, hérité du système français. La
refonte de 1983 mise en œuvre par le législateur algérien a
répondu à un objectif précis; il s’agissait, en effet, d’unifier dans
un cadre juridique unique les différents régimes qui existaient
auparavant. La diversité des régimes en vigueur avant 1983 été le
plus souvent accentuée par des modalités de financement et de
gestion complexes. Les axes essentiels de la refonte de 1983
peuvent être présentés sommairement à travers l’uniformisation
des avantages et des conditions d’accès aux prestations sociales,
l’unicité de financement selon un taux global et unique,2 le
relèvement des niveaux des prestations et enfin à travers une
tutelle unique.3

La mise en œuvre de ces textes n’a pas empêché les


citoyens algériens, différentes catégories de salariés, de se poser
légitimement la question lancinante de la pension de retraite et de
son mode de détermination. En fait, en dépit de la refonte
intervenue et des clarifications juridiques apportées en matière de
retraite, la majeure partie des salariés ignorent la part ou la
proportion de pension qui leur revient de droit après le départ à la
retraite. En conséquence, cette modeste contribution est élaborée
pour faciliter la compréhension du régime de retraite selon les
textes en vigueur (I), appuyé d’exemples pratiques et concrets des
67
différents modes de détermination des pensions de retraites exigibles ( II).
I PRESENTATION DU REGIME
Successivement, nous présenterons dans cette partie les différents
éléments qui concernent le régime de la retraire et qui méritent d’être précisés.
Mise en vigueur
La pension de retraite en application en Algérie est entrée en vigueur
dès le 1er Janvier 1984, en vertu de la loi n° 83-12 du 02 Juillet 1983, relative à
la retraite.
Conditions d’octroi
Pour pouvoir bénéficier d'une pension de retraite, le travailleur, quel que
soit son secteur d’activité, à quelque titre ou à quelque lieu au niveau du
territoire national, pour un ou plusieurs employeurs doit remplir les deux
conditions:
 être âgé de soixante (60) ans au moins pour l'homme, et de cinquante-cinq
(55) ans pour la femme, à sa le demande exclusive;
 avoir travaillé pendant au moins quinze (15) années.
Cependant certaines dérogations ou bonifications sont accordées pour certaines
catégories et la condition d’âge n’est plus requise:
 Les travailleurs du sexe féminin qui ont élevé un ou plusieurs enfants
pendant au moins neuf ans, bénéficient d'une réduction d'âge d'un an par
enfant, dans la limite de trois années.
 le travailleur atteint d'une incapacité totale et permanente de travail,
lorsqu'il ne remplit pas les conditions pour bénéficier d'une pension
d'invalidité au titre des assurances sociales.
 Le Moudjahid (à sa demande), bénéficie d’une réduction d’âge d’un an
(01) pour chaque tranche d’invalidité de 10%. Toute tranche de 5% est
comptée pour six (06) mois.
 Le mineur, bénéficie d'une réduction de cinq (05) ans.
Dans tous ces cas, le nombre d'annuités servant de base au calcul de la
pension ne peut être inférieur à 15, et la jouissance est alors immédiate. Cette
durée minimale doit avoir donné lieu à un travail effectif et à un versement de
cotisations pendant une période au moins de sept ans et six mois.
Périodes assimilées à des périodes d’activité
Les périodes assimilées à des périodes d’activité sont les périodes:
68 Les annales N°27-T 01/2015
 Indemnisées au titre des assurances maladie, maternité, accident de travail
ou maladies professionnelles.
 De congé payé, de service national, de mobilisation générale…
La retraite proportionnelle ou sans conditions d’âge
Elle a été instituée par l’ordonnance 97-13 du 31 mai 1977. Elle permet au
travailleur et exclusivement à sa demande:
 De partir en retraite sans condition d'âge, s’il a accompli une période
d’activité effective et à un versement de cotisations pendant une période
au moins trente-deux (32) ans
 De partir en retraite proportionnelle sous réserve de remplir la double
condition avoir l’âge de cinquante (50) ans et d’une période d’activité
effective ayant donné lieu à un versement de cotisations d’au moins vingt
(20) ans. S’agissant d’un travailleur de sexe féminin, l’âge et la durée de
travail dont réduits de cinq (05) ans.
 Dans tous ces cas, les pensions liquidées définitivement et ne sont plus
révisables en cas de reprise d’activité rémunérée postérieurement à
l'admission en retraite. Elles n’ouvrent pas également droit au
complément différentiel dans le cadre du seuil minimum de retraite.
La retraite proportionnelle est nulle et sans effet si elle est prononcée
unilatéralement par l'employeur.
La retraite anticipée
Elle est fixée par le décret 94-10 du 26 mai 1994, Les dispositions relatives à la
retraite anticipée ne sont applicables qu’aux salariés du secteur économiques
susceptibles de perdre leur travail de façon involontaire par suite de
compression d’effectifs ou cessation de l’activité de l’employeur. L’intéressé
doit avoir au minimum 50 ans d’âge -45 ans pour les femmes- et réunir 20
années d’activité -15 ans pour les femmes-, il doit remplir également certaines
conditions.
Le calcul de la retraite anticipée ne diffère par de la retraite normale, sauf
qu’elle sera affectée d’un taux de minoration de 1/% par année d’anticipation.
Montant brut de la pension
Le montant brut de la pension est calculé sur la base du produit du salaire
moyen des cinq (05) années de travail pris en considération par le taux global
de validation. Chaque année validée donne droit à 2,5% du salaire de référence.
69 Les annales N°27-T 01/2015
Le salaire de référence
De nombreux retraités ignorent comment est calculé le montant de
retraite et certains confondent entre le salaire net perçu à la veille de leur départ
en retraite et le salaire de référence servant de base au calcul du montant de la
pension.
Le salaire de référence est égal soit à la moyenne du salaire de poste
mensuel brut des cinq (05) dernières années précédant la mise à la retraite, soit,
si c'est plus favorable, au salaire de poste mensuel brut moyen des cinq (05)
années qui ont donné lieu à la rémunération la plus élevée au cours de la
carrière professionnelle de l'intéressé. Et ce à compter du 1er janvier 2000.
Eléments du salaire de référence
En application du décret exécutif n° 96-208 du 5 juin 1996, fixant les
modalités d’application de l'article 1er de l'ordonnance n° 95-01 du 21 janvier
1995, le salaire de référence est le salaire soumis à cotisation de la sécurité
sociale après exclusion 4 :

 des prestations à caractère familial :


− allocations familiales,
− primes de scolarité,
− l'indemnité pour salaire unique,
− les primes de naissance, de mariage et toutes les autres primes
versées à l'occasion d'un évènement familial.
 des indemnités compensatoires des frais engagés :
− prime de transport,
− prime de panier,
− les frais de mission, ainsi que les prestations en nature versées
en application des lois nos 83-11, 83-12 et 83-13 du 2 juillet
1983.
 Par primes et indemnités à caractère exceptionnel,
− les sommes réparant un préjudice, telle l'indemnité de
licenciement.
− les primes, indemnités ou gratifications à caractère
exceptionnel. telle l'indemnité de départ à la retraite.
 Les indemnités liées ù des conditions particulières de résidence et
d'isolement, notamment les primes versées à des travailleurs dans
70 Les annales N°27-T 01/2015
le lieu de travail est éloigné de tout centre urbain et difficile
d'accès.
Le montant de la pension
Le montant mensuel net de la pension, augmenté de la majoration pour
conjoint à charge, ne peut être supérieur à 80% du salaire de poste mensuel
brut duquel ont été préalablement déduits la cotisation de sécurité sociale et
l'impôt sur le revenu global (IRG).
Depuis le 1er janvier 2012, Le montant minimum de la pension de
retraite mensuel est porté à 15 000 DA .5Il ne peut pas être supérieur à 15 fois
le salaire national minimum garanti SNMG6.
Majoration pour conjoint
Le retraité qui a un ou plusieurs conjoints à charge, a droit au bénéfice
d'une majoration de pension dont le montant annuel est fixé par arrêté de
ministre chargé de la sécurité sociale. Actuellement il est de 30 000 DA par an,
soit 2 500 DA, par mois7.

Il ne peut être accordé plus d'une majoration pour conjoint à charge, à


un même pensionné.
Majoration pour tierce personne
Le retraité titulaire d’une pension de retraite peut bénéficier
éventuellement d’une majoration pour tierce personne après contrôle médical
de la caisse, si son état ne lui permet pas d’effectuer les actes ordinaires de la
vie.

Cette majoration est égale à 40 % du salaire servant de base à la pension


d’invalidité.

Le taux annuel net de la pension


Le taux annuel de la pension, augmenté de la majoration pour conjoint à
8
charge , ne peut être supérieur à 80% du salaire de poste annuel brut duquel ont
été préalablement déduits la cotisation de sécurité sociale et l'impôt sur le
revenu global.
Il est porté à 100% pour le moudjahid, totalisant un certain nombre d'annuités
ouvrant droit au bénéfice d'une pension de retraite.
71 Les annales N°27-T 01/2015
Allocation de retraite
Lorsqu’un travailleur ne remplit pas la condition de travail requise, il
peut bénéficier d’une allocation de retraite s’il justifie d’au moins cinq (05)
années d’activité. Depuis le 1er Mai 1999, cette allocation est attribuée dès
l’âge de soixante (60) ans. Auparavant.
Elle obéit aux mêmes règles de détermination de la pension de retraite à
l’exception de la règle relative au minimum.
La pension et /ou l’allocation de retraite de reversion
Elle est reversée aux ayants droit de l’assuré décédé, à savoir le
conjoint, les enfants et les ascendants à charge9.

II QUELQUES EXEMPLES CONCRETS DE DETERMINATION DE


LA PENSION.
Sommairement, nous présenterons ci-après les différents modes de
calculs de la pension de retraire sous forme d’exemples pratiques et concrets
susceptibles d’informer et d’éclairer les citoyens salariés éligibles à une
pension de retraire…
Nous présenterons quatre (04) exemples concrets tout en espérant qu’ils
répondront aux préoccupations des lecteurs, des analystes et des différentes
catégories de salariés.

 Exemple 1 :
Pour un travailleur âgé de 60 ans, ayant à sa charge son conjoint et
ayant à son actif 32 ans d’activité avec un salaire de référence mensuel de
21 000 DA, et à sa charge deux (02) épouses, le taux de sa pension de retraite
sera de : 32 * 2,5 % = 80 % et le décompte de sa pension se présentera comme
suit:
Avantage principal: 21 000 *80 % = 16 800 DA
Retenue sécurité sociale: 16 800 *2 % = 336 DA
Revenu imposable: 16 800 – 336 = 16 464 DA
Retenue IRG: 0 DA (salaire imposable inférieur à 20 000
Majoration pour conjoint à charge: DA 2 500 DA (une seule majoration pour
Total mensuel de la pension: conjoint à charge est prise en compte)
18 964 DA

72 Les annales N°27-T 01/2015


Avantage principal : 35 000 *80 % = 28 000 DA
Retenue sécurité sociale : 560 DA (28 000 * 2/100)
Retenue IRG : 1 092,80 DA
Majoration pour conjoint à charge : 0 DA
Total mensuel de la pension : 26 347,20 DA

 Exemple 2 :
Pour un travailleur âgé de 60 ans, célibataire ayant à son actif 26 ans d’activité
avec un salaire de référence mensuel de 70 000 DA , le taux de sa pension de
retraite sera de : 26 * 2,5 % = 65 % et le décompte de sa pension sera comme
suit :

Avantage principal: 70 000 *65 % = 45 500 DA


Retenue sécurité sociale: 910 DA ( 45 000 * 2/100)
Retenue IRG: 6 877 DA
Majoration pour conjoint à charge: 0 DA
Total mensuel de la pension: 37 713 DA
 Exemple 3 :
Pour un travailleur âgé de 58 ans, célibataire ayant à son actif 36 ans
d’activité avec un salaire de référence mensuel de 35 000 DA , le taux de sa
pension de retraite sera de : 35 * 2,5 % = 87,5 %, ce taux sera ramené à 80 %
conformément à l’article 17 de la loi n° 83-12 du 02 juillet 1983, relative à la
retraite modifiée et complétée. Le décompte de sa pension sera comme suit, et
la jouissance de la retraite est immédiate (même si l’intéressé n’a pas atteint
l’âge légal de la retraite) :

 Exemple 4 :
Pour un travailleur âgé de 60 ans, célibataire ayant à son actif 32 ans
d’activité avec un salaire de référence mensuel de 15 900 DA , le taux de sa
pension de retraite sera de : 32 * 2,5 % = 80 %. Le décompte de sa pension sera
comme suit
Avantage principal : 15 900 *80 % = 12 720 DA
Retenue sécurité sociale : 0 DA (exonéré Avantage principal ≤ 15 000 DA)
Retenue IRG : 0 DA (salaire imposable inférieur à 20 000 DA)
Majoration pour conjoint à charge : 0 DA
2 280 DA (complément pour atteindre 15 000 DA)
Complément différentiel :
15 000 DA (le minimum)
Total mensuel de la pension :
73 Les annales N°27-T 01/2015
Rappel sommaire de Quelques dispositions :
- Le moudjahid

Le moudjahid, tel que défini par la législation en vigueur, bénéficie de


dispositions particulières, conformément aux dispositions de l'article 198 de la
loi n° 78-12 relative au statut général du travailleur. Les années de participation
effective à la guerre de libération nationale sont comptées pour leur durée
double, aussi bien pour la constitution du droit à la pension de retraite que pour
la liquidation de celle-ci.
Sont prises en compte comme années simples, au titre de ces dispositions, les
périodes effectuées, par le moudjahid, dans les rangs de l'Armée de Libération
Nationale, et non validées dans le cadre des textes qui régissent les pensions
militaires.
Les bonifications pour invalidité, ainsi que la période de participation à la
guerre de libération nationale, comptée double, sont calculées au taux de 3,5%
par an.
Le taux maximal, est porté à 100% pour le moudjahid. Il peut, sur sa demande,
être mis à la retraite avec jouissance immédiate, nonobstant les conditions
d'âge.
Le montant annuel des pensions de retraite concédées, au moudjahid, ne peut
être inférieur à deux fois et demie le montant du salaire national minimum
garanti. Actuellement, il est de 45 000 DA
Les pensions de retraite sont cumulables, sans limitation, avec les pensions
servies au titre de la législation particulière au moudjahid.
- Le service National
A propos des années accomplies au titre du service national dans le calcul de la
pension de retraite, la prise en compte n’est comptabilisée que si le départ en
retraite se fait à l’âge légal de 60 ans et non avant. L’article 6 bis de la Loi de
1983 sur la retraite (complété par l’ordonnance 97-13, et notamment son article
2) n’inclut pas le service national lors du bénéfice de la pension de retraite
avant 60 ans.
- Le Salaire National Minimum Garanti SNMG/
Depuis le 1er janvier 2012, le SNMG (servant de référence aux montants
minimums pour le versement des cotisations et le paiement des prestations
sociales), est passé de 15 000 dinars à 18 000 dinars, aussi la révision, de
74 Les annales N°27-T 01/2015
l’article 87 bis du code de travail et par la même l’augmentation du salaire de
base interviendra à partir du mois d’aout 2005.
Les titulaires de pension ou de rentes dont le montant de l’avantage est égal ou
inferieur au SNMG sont exonérés.
- Le Taux de la Sécurité Sociale :

Il est de 2% lorsque l’avantage principal est égal ou supérieur à 15 000 DA


Dans le cas contraire (inférieur à 15 000 DA) il est nul.
- La retenue IRG :
L’IRG est nulle lorsque le salaire imposable (avantage principale diminué de la
sécurité sociale) est inférieur à 20 000 DA et ce, en vertu de la Loi de finances
complémentaire 2008 ;
En vertu de l’Article 104 du code des impôts, l’impôt sur le revenu global est
calculé selon le barème progressif suivant:
Fraction du revenu mensuel imposable Taux
Tranche
(DA) d’imposition
T1 N’excédant pas 10.000 DA 0%
T2 de 10.001 DA à 30.000 DA 20%
T3 de 30.001 DA à 120.000 DA 30%
T4 Supérieure à 120.000 DA 35%

Aussi, les revenus bénéficient d’un abattement proportionnel sur


l’impôt global égal à 40%. Toutefois l’abattement ne peut être inférieur à
12.000 /an ou supérieur à 18.000DA/ an (soit entre 1000 et 1.500DA /mois).
Enfin, les revenus des travailleurs retraités du régime général
bénéficient d’un abattement supplémentaire sur le montant de l’impôt sur le
revenu global, pour les pensions dont le montant est compris entre 20 000 DA
et 40 000 DA, dans la limite de 1.000 DA par mois, égal à:

- 80%, pour un revenu supérieur ou égal à 20.000 DA et inférieur à


25.000 DA;
- 60%, pour un revenu supérieur ou égal à 25.000 DA et inférieur à
30.000 DA;
- 30%, pour un revenu supérieur ou égal à 30.000 DA et inférieur à
35.000 DA;
75 Les annales N°27-T 01/2015
- 10%, pour un revenu supérieur ou égal à 35.000 DA et inférieur à
40.000 DA

Méthode de calcul de l’IRG :

- Salaire imposable < 20 000 DA/mois : pas d’IRG


- Exemple 1 : salaire imposable = 22 000 DA/mois, soit 10 000 (T1) +
12 000 (T2)

− 10 000 DA * 0 % + 12 000 DA * 20 % = 2 400 DA


− 2 400 * 40 % = 960 DA, on prend 1000 DA (abattement minimum)

− IRG = 2 400 – 1 000 = 1 400 DA/mois


− 80 % * 1 400 = 1 120 DA, on prend 1000 DA (abattement
supplémentaire maximum)

− IRG = 1 400 – 1 000 = 400 DA/mois


- Exemple 2 : salaire imposable de 25 000 DA/mois, soit 10 000 (T1) +
15 000 (T2)

− 10 000 DA * 0 % + 15 000 DA * 20 % = 3 000 DA


− 3 000 * 40 % = 1 200 DA
− IRG = 3 000 – 1 200 = 1 800 DA/mois
− 80 % * 1 800 = 1 400 DA, on prend 1000 DA (abattement
supplémentaire maximum)

− IRG = 1 800 – 1 000 = 800 DA/mois


- Exemple 3: salaire imposable de 35 000 DA/mois, soit 10 000 (T1) + 20 000
(T2) + 5 000 (T2)

− 10 000 DA (T1) * 0 % + 20 000 DA (T2) * 20 % + 5 000 DA (T3) * 30


% = 5 500 DA
− 5 500 * 40 % = 2 200 DA, on prend 1500 DA (abattement maximum)

− IRG = 5 500 – 1 500 = 4 000 DA/mois


− 10 % * 4 000 = 400 DA (abattement supplémentaire)
76 Les annales N°27-T 01/2015
− IRG = 4 000 – 400 = 3 600 DA/mois
- Exemple 4 : salaire imposable de 150 000 DA/mois

− 10 000 DA (T1) * 0 % + 20 000 DA (T2) * 20 % + 90 000 DA (T3) *


30 % + 30 000 DA (T4) * 35 % = 41 500 DA
− 41 500 * 40 % = 16 600 DA, on prend 1500 DA

− IRG = 41 500 – 1 500 = 40 000 DA/mois


− Salaire imposable > 40 000 DA, (pas d’abattement supplémentaire)
− IRG = 40 000 DA/mois

En règle générale l’IRG est égale avant l’abattement supplémentaire :

- Salaire imposable < 20 000 DA/mois : pas d’IRG

- 20 000 DA/mois ≤ Salaire imposable ≤ 22 500 DA/mois :


IRG = (salaire – 10 000) * 20 % – 1 000

- 22 500 DA/mois < Salaire imposable ≤ 28 750 DA/mois :


IRG = (salaire – 10 000) * 20 % – (salaire – 10 000) * 20 % * 40 %

IRG = (salaire – 10 000) * 20 % * 60 %

- 28 750 DA/mois < Salaire imposable ≤ 30 000 DA/mois :


IRG = (salaire – 10 000) * 20 % – 1 500

- 30 000 DA/mois < Salaire imposable ≤ 120 000 DA/mois :


IRG = (20 000) * 20 % + (salaire – 30 000) * 30 % – 1 500

IRG = (salaire – 30 000) * 30 % + 2 500

- Salaire imposable > 120 000 DA/mois :

IRG = (20 000) * 20 % + (90 000) * 30 % + (salaire – 120 000) * 35 %


– 1 500
IRG = (salaire – 120 000) * 35 % + 29 500

77 Les annales N°27-T 01/2015


Constitution du dossier
- Une demande de pension

- Un extrait d’acte de naissance

- Une fiche familiale d’état civil

- Un extrait d’acte communal visé (pour le Moudjahid)

- Les justifications d’activité (attestations de travail de ou des


employeurs)

- Un relevé des salaires perçus durant les 60 mois précédant la date


de dépôt de la demande

Depuis Janvier 2012, au lendemain de la décision prise en Conseil des


ministres, de relever à 15 000 DA toutes les pensions et allocations de retraite
inférieures à ce montant à partir du 1er janvier 2012, au bénéfice des retraités
salariés et non-salariés.

Revalorisation de la retraire
La revalorisation des pensions de retraite est consacrée par l’article 43
de la Loi n° 83-12 du 02 Juillet 1983 relative à la retraite, modifiée et
complétée.
S’agissant de la revalorisation de l’année 2015, l’arrêté n° 080 du 28
avril, de Monsieur le Ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité Sociale,
fixe le taux à 5%. L’article 2 de cet arrêté précise que le taux de 5 % s’applique
au montant mensuel de la pension et allocation de retraite découlant des droits
contributifs.
L’application prend effet à compter du mois de mai 2015.

Exemple concret
En reprenant les données de l’exemple 2, pour une pension mensuelle nette
d’un retraité célibataire qui est égale à 37 713 dinars, l’augmentation
relative à la revalorisation 2015 au taux de 5%, ne va pas s’appliquer
directement à ce montant mais à l’avantage principal 45 500 dinars:

 45 500 * 105/100 = (47 775) dinars


78 Les annales N°27-T 01/2015
Auquel vont être déduits:

 Les 2 % de cotisations de sécurité sociale :


47 775 * 2/100 = 955,50 dinars

L’impôt sur le revenu global (47 775) selon le barème de l’IRG,


soit : 7 834 dinars

 Le retraité n’étant pas marié, la majoration por conjoint à charge


(2500,00 dinars) ne sera pas prise en compte, ce qui nous donne
une pension revalorisée à 5% de :
47 775 - 955,50 - 7 834 + (0) = 38 985,50 dinars

Le surplus net de la revalorisation de l’année 2015 est de :


38 985,50 - 37 713 =1 272, 50 dinars

Soit un taux net de 3,37%

Avant Après
Intitulé
revalorisation revalorisation

Avantage principal (45 000 x 1,05)


45 000
(70 000 x 2,5 26 ) / 100 47 775

Retenue Sécurité Sociale (2%) 910 955,50

Retenue IRG (selon barème) 6 877 7 834

Majoration pour conjoint à charge 0 0

Montant net de la pension 37 713 38 985,50

Dispositions à venir :
- Projet de régime de la retraite complémentaire
Le régime de la retraite complémentaire sera bientôt intégré dans le
système algérien de la sécurité sociale. La souscription d'un contrat "retraite
complémentaire" n'est pas obligatoire. C'est un contrat de prévoyance. Il s’agit
d’une «nouvelle option» qui sera mise à la disposition des salariés après sa
finalisation et l'approbation de toutes les mesures relatives à son application,
79 Les annales N°27-T 01/2015
dans le cadre d’un accord entre la Caisse nationale de l’assurance sociale
(CNAS) et les Caisses de mutualité, et sera alors soumis au gouvernement. Il
va ainsi permettre aux assurés sociaux de bénéficier d’une couverture à 100 %.
Fait nouveau, le texte offre la possibilité pour les assures sociaux d'adhérer
à la retraite complémentaire de plusieurs mutuelles sociales, à l'effet
d'augmenter leurs revenus à leur départ à la retraite.
- Facilitations pour les retraités:
A partir du mois de juillet 2015, un nouveau mode de versement des
pensions sera officialisé ; ils pourront percevoir leur dû au niveau des banques.
Aussi, Ils peuvent opter pour deux options : maintenir le versement de
leur pension et des allocations de retraie sur les comptes postaux CCP, ou par
le biais des banques publiques et privés.

Références juridiques:
- Loi n° 83-16 du 02 Juillet 1983 relative à la retraite.
- Ordonnance n° 95-01 du 21 janvier 1995 fixant l'assiette des cotisations
et des prestations de sécurité sociale.
- Ordonnance n°96-18 du 06 Juillet 1996 modifiant et complétant la loi
n°83-12 du 02 Juillet 1983 relative à la retraite.
- Ordonnance n°97-13 du 31 Mai 1997 modifiant et complétant la loi
n°83-12 du 202 Juillet 1983 relative à la retraite.
- Ordonnance n°99-03 du 22 Mars 1999 modifiant et complétant la loi
n°83-12 du 02 Juillet 1983 relative à la retraite.
- Ordonnance n°06-04 du 15 juillet 2006 portant loi de finances
complémentaire pour 2006.
- Ordonnance n°08-02 du 24 juillet 2008 portant loi de finances
complémentaire pour 2008.
- Décret législatif n°94-05 du 11 Avril 1994 modifiant la loi n°83-12 du
02 Juillet 1983 relative à la retraite.
- Décret législatif n°94-10 26 mai 1994 instituant la retraite anticipée.

80 Les annales N°27-T 01/2015


Notes:

1 -Loi n° 83-12 du 2 juillet 1983 relative à la retraite


2 -Ce taux global est réparti par fraction entre les différentes branches de la
sécurité sociale.
3-Secteur relevant du Ministère chargé de la sécurité sociale.
4 -Décret exécutif n° 96-208 du au 5 juin 1996 fixant les modalités
d'application des dispositions·de l'article 1e de l'ordonnance no 95-01 du 21
janvier 1995 fixant l'assiette des cotisations et des prestations de sécurité
sociale.
5 -Art 5 des dispositions diverses applicables aux opérations financières de
l’État, ordonnance n° 12-03 du 13 février 2012 portant loi de finances
complémentaire pour 2012
6 -Conformément aux dispositions de l'article 17 de la loi n°83-12 relative à la
retraite modifiée par la loi n° 99-03 du 22 mars999.
7 -Arrêté mu ministre de l'emploi et de la sécurité sociale du 11 novembre 2012
fixant le montant de la majoration du conjoint à charge à deux mille cinq cent
dinars 2 500 DA
8 -La majoration pour conjoint à charge n'est accordée que si les ressources du
conjoint sont inférieures au montant minimum de la pension de retraite.
9- Conformément à la Loi 83-11 du 02 juillet 1983, modifiée et complétée.
10 -Décret présidentiel n° 11-407 du 29 novembre 2011, fixant le salaire
national, minimum, garanti.

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