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THESE

Pour l’obtention de titre de Doctorat en


Analyse et Evaluation des Systèmes d’Education et de Formation

Spécialité
MANAGEMENT, ENVIRONNEMENT, EDUCATION, ET RESPONSABILITE
SOCIETALES DES ORGANISATIONS

Les Pratiques de la Responsabilité Sociétale


des Etablissements Publics au Maroc
Thèse réalisée par :
Oum Kaltoum ABDELHADI

Thèse dirigée par :


Pr. Mohammed GUEDIRA

Membres du jury :
Pr. Hafida MDERSSI
Pr. Abdelhanine BELHAJ
Pr. Mohammed KAACH
Pr. Bouarfa EL FECH

Thèse soutenue à rabat le Mai 2018


« L’Université n’entend donner aucune approbation ni improbation
aux opinions émises dans les thèses ; ces opinions doivent être
considérées comme propres à leurs auteurs »

2
Remerciements
De nombreuses personnes m’ont apporté un précieux soutien tout au long de la
réalisation de cette thèse de doctorat. Je voudrais en tout premier exprimer mes
sincères remerciements à mon directeur de thèse, le professeur Mohammed
Guedira directeur de la structure : Analyse et Evaluation des systèmes
d’Education et de Formation, pour l’encadrement de ma recherche, ses conseils
et son implication tout au long de mon travail de thèse. Sa rigueur, sa confiance,
son intérêt, sa disponibilité m’ont été d’une aide inestimable pour l’amélioration
de la qualité de mon travail. Qu’il voit dans ce travail l’expression de ma
reconnaissance.
Je tiens également à remercier les membres du jury qui ont accepté de consacrer
une partie de leur temps précieux pour évaluer ce modeste travail.
Je ne peux clore ces remerciements sans exprimer toute ma reconnaissance et
toute ma gratitude et mon amour à mes parents, mes sœurs et frères, ainsi qu’à
toute la famille, sans leur affection, leur amour et leur soutien, je n’aurai pas
parvenue à achevé cette thèse.
Ma sincère gratitude à tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à
l’élaboration de ce travail.
A vous tous MERCI BEAUCOUP !
Oum Kaltoum ABDELHADI
3
Résumé
Au cours des dernières années, le Maroc s’est engagé dans d’importants efforts de
modernisation du secteur public et des institutions du pays. La nouvelle constitution de 2011
déclare des principes comme la protection des droits de l’Homme, la participation
démocratique, l’accès à l’information, les libertés de la presse et d’association, la gouvernance
publique, la transparence et l’intégrité. La mise de l’accent sur les organisations et pas
seulement sur les entreprises tient du fait que la responsabilité sociétale exige l’implication de
tous les acteurs de la société dont l’Etat, les territoires, les organisations publiques ou privées
et la société civile.
La Responsabilité Sociétale des organisations (RSO) peut aujourd’hui être considérée comme
un thème de management qui prend tout son sens dans le management opérationnel des
entreprises et des organisations. C’est pourquoi, il semble nécessaire d’éclairer le concept de
RSO, notamment parce qu’il ne concerne pas uniquement la sphère privée ou les entreprises
privées. Notre recherche consiste à appréhender ce phénomène en étudiant les pratiques RSO
exercées par les établissements publics étudiés.
Notre étude porte sur le contexte Marocain, dans lequel le secteur public fait l’objet de critiques
tant de la part de ses usagers que de la part de la société civile. Nous avons montré à travers une
étude empirique que les pratiques RSO au sein de certains établissements publics revêtent avant
tout un caractère législatif marqué par une faible intégration de la RSO à la stratégie globale
des établissements publics. Compte tenu de ces enjeux, le manque d’informations dans la
littérature académique ainsi que l’absence d’études empiriques relatives aux pratiques RSO au
sein des établissements publics nous ont conduits à formuler notre problématique de recherche
générale. Ce travail de recherche a pour objectif d’apporter des contributions significatives dans
ce domaine de recherche émergent.

Mots clès : Responsabilité sociétale des organisations ; établissement public, pratiques, Maroc

4
Abstract
In recent times, Morocco has embarked on major efforts to modernize the country's public
sector and its institutions. The new constitution of 2011 states key principles such as the
protection of human rights, democratic participation, access to information, freedom of the
press and association, public governance, transparency and integrity. The emphasis on
organizations, not just on private companies, stands on the fact that social responsibility
requires the involvement of all actors of society, including the state, the territories, public and
private organizations, and civil society. .
Corporate Social Responsibility (CSR) can today be considered as particularly relevant as far
as the operational management of companies and organizations are concerned. Therefore, it
seems necessary to clarify the concept of CSR, especially because it does not only concern the
private sphere or private companies. Accordingly, our research consists in understanding this
phenomenon by studying the CSR practices exercised by the investigated public institutions.
Our study focuses on the Moroccan context, in which the public sector is criticized both by its
users and by civil society. We have shown through an empirical study that CSR practices in
some public institutions are above all of a legislative nature, marked by a weak integration of
the CSR into the global strategy of public institutions. Given these challenges, the lack of
information in the academic literature and the lack of empirical studies on CSR practices in
public institutions have led us to formulate our overall research problem. This research work
aims to make significant contributions in this emerging area of research

Key words: Corporate social responsibility; public institutions; practices; Morocco.

5
‫ملخص‬
‫لقد انخرط المغرب في السنوات األخيرة في عملية تحديث القطاع العام ومختلف مؤسسات الدولة‪ ,‬وذلك‬
‫طبقا لمقتضيات الوثيقة الدستورية لسنة ‪ , 2011‬حيث أقرت هذه األخيرة مجموعة من المبادئ‪ ,‬ترتبط في‬
‫مجملها بحماية حقوق االنسان و المشاركة الديموقراطية‪ ,‬و حق الولوج الى المعلومة‪ ,‬و ترسيخ حرية‬
‫الصحافة و تأسيس الجمعيات‪ ,‬و الحكامة العمومية و الشفافية و االندماج‪ ,‬كلها قضايا تستوجب االهتمام‬
‫بالمؤسسات في عالقتها بالمسؤولية المجتمعية بل أن االمر يقتضي حتما ادماج مختلف الفاعلين في هذا‬
‫المنحى التدبيري‪ ,‬سواء تعلق األمر بالدولة أو الجماعات الترابية أو المؤسسات العمومية و الخاصة أو‬
‫المجتمع المدني ‪.‬‬
‫وفي هذا الصدد تجدر االشارة الى أن المسؤولية المجتمعية للمؤسسات يمكن اعتبارها اليوم محورا أساسيا‬
‫ضمن منظومة التدبير‪ ,‬يتحدد مضمونها من خالل االجراءات التدبيرية للشركات والمؤسسات و من هنا‬
‫يبدو من الضروري تسليط الضوء على هدا المفهوم‪ ,‬السيما و أنه ال يرتبط فقط بالفضاء الخاص او الشركات‬
‫الخاصة‪ ,‬بل يمتد الى المؤسسات العمومية‪ ,‬لذلك سنسعى من خالل هدا البحث تعميق النظر حول هذا المفهوم‬
‫من خالل التركيز على االجراءات العملية المعتمدة من طرف المؤسسات العمومية في هذا الصدد ‪.‬‬
‫و لإلشارة فان محاور هذه الدراسة ستنصب حول النموذج المغربي الذي شكل القطاع العام ضمن منظومته‬
‫التدبيرية مجاال خصبا لعدة انتقادات من طرف المرتفقين و المجتمع المدني على حد سواء‪ ,‬وقد أثبتنا من‬
‫خالل هده الدراسة العملية ان محدودية التدابير المعتمدة من طرف المؤسسات العمومية بشان المسؤولية‬
‫المجتمعية ترجع باألساس الى الطابع التشريعي الذي يتسم بضعف ادماج هذا االجراء ضمن االستراتيجية‬
‫الشاملة للمؤسسات العمومية‪ ,‬اضافة الى الظروف المحيطة بوضعيتها وندرة الدراسات االكاديمية في هذا‬
‫الشأن و كذا غياب دراسات تطبيقية حول أجرأة هذا المفهوم على المؤسسات العمومية‪ ,‬كلها قضايا شكلت‬
‫العناصر المؤسسة لإلشكالية الرئيسة لهذه الدراسة التي سنحاول من خاللها االسهام في النقاش الدائر حول‬
‫هذه المسالة ذات االهمية البالغة ‪.‬‬
‫الكلمات المفتاحية ‪ :‬المسؤولية المجتمعية للمؤسسات – المؤسسة العمومية – التدابير‪ -‬السياق المغربي‬

‫‪Liste des abréviations‬‬


‫‪RSE: Responsabilité sociétale de l’Entreprise‬‬

‫‪6‬‬
RSO: Responsabilité Sociétale des organisations
COP: Conférence des Etats Signataires
EEP: Etablissements et Entreprises publiques
DD : Développement Durable
ISR : Investissement Socialement Responsable
CSR : Corporate Social Responsibility
PSE : Performance Sociale de l’Entreprise
SIM : Social Issue Management
TPP : Théorie des Parties Prenantes
SHT : Stakeholder’s theory
TBG: Good Management Theory
PF: Performance Financière
TNI: Théorie Néo-Institutionnelle
CDE: Committee for Economic Development
ONU: Organisation des Nations Unies
PNUD: Programme des Nations Unies pour le Développement
PBSP: Philoppine Business for Social Progress
OIT: Organisation Internationale du Travail
ISO : Organisation Internationale de Normalisation
GIZ : Agence Allemande de Coopération Internationale
ONUDI : Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel
ONG : Organisation Non Gouvernementale
INDH : Initiative Nationale pour le Développement Humain
CGEM : Confédération Générale des Entreprises du Maroc
BIT : Bureau Internationale du Travail
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques
SAI : Social Accountability International
EPIC : Etablissements Publics à caractère Industriel et Commercial
EPA : Etablissements Publics à caractère Administratif
EPSCP : Etablissements Publics à caractère Scientifique Culturel et Professionnel
OCP : Office Chérifien des Phosphates
SNDD : Stratégie Nationale de Développement Durable
AFNOR : Association Française de Normalisation

7
ODD : Objectifs de Développement Durable
IMANOR : Institut Marocain de Normalisation

8
Sommaire
Introduction générale ............................................................................................................11

Chapitre 1: Responsabilité sociétale de l’entreprises : Approches théoriques………….…...19

Section 1 : Exploration et mise en perspective théorique.…………………………………....21

1. Historique et définition de la RSE…………………………………………………………21

2. Fondements théoriques et épistémologiques de la RSE……………………………………40

Section 2 : Modélisation théoriques et évolution des conceptions…………………………...72

1. Evolution des conceptions de la RSE……………………………………………………...72

2. Modèles théoriques de la RSE……………………………………………………………..79

3. Critiques de la RSE………………………………………………………………………...97

Chapitre 2 : Dissémination géographique, Opérationnalisation et état des lieux de la RSE


dans les établissements publics marocains……………………………………........................99

Section 1 : Apparition de la RSE dans les différents continents …………...........................101

1. RSE aux Etats-Unis (Un concept d’origine américaine d’inspiration religieuse et


paternaliste)………………………………………………………………………………….101

2. RSE en Europe……………………………………………………………………………108

3. RSE en Asie………………………………………………………………………………113

4. Le RSE en Afrique………………………………………………………………………..119

5. La RSE au Maghreb………………………………………………………………………124

Section 2 : L’opérationnalisation de la RSE : les pratiques et l’outillage existants………...138

1. Lignes directrices de la RSE……………………………………………………………...138

2. Pratiques et Outillage existants …………………………………………………………..140

Section 3 : Implémentation de la RSO : cas des établissements publics marocains………..159

1. Le concept d’Etablissement public...……………………………………………………..159

2. l’Etablissement public marocain et la RSO ……………………………………………..163


9
Chapitre 3 : La RSO dans les établissements publics marocains : approche empirique …..168

Section 1 : Le cadre méthodologique de la recherche…...………………………………….170

1. Positionnement épistémologique de la recherche…………………….…………………..170

2. Méthodologie de recherche adoptée ………..……………………………………………180

Section 2 : Exploitation et analyse des données ……………………………………..……..187

1. Problématique et questions de recherche ………………………………………………...187

2. Objectifs de la recherche …………………………………………………………………188

3. Phase exploratoire………………………………………………………………………...192

4. Présentation des établissements étudiés…………………………………………………..195

5. Analyse des données……………………………………………………………………...200

Section 3 : Résultats de l’étude, recommandations et perspectives de recherche futures…..218

1. Synthèse des résultats et conclusion sur les objectifs ……………………………………218

2. limites, recommandations et perspectives de recherche futures …………………………226

Conclusion générale………………………………………………………………………..230

Bibliographie……………………………………………………………………………….237

Liste des figures ……………………………………………………………………………256

Liste des tableaux ………………………………………………………………………….257

Annexes ……………………………………………………………………………………………..259

10
Introduction
générale

Le Maroc a consenti d’importants efforts pour favoriser la modernisation de son secteur public,
soutenue au cours des dernières années et concrétisée d’importantes réformes. De ce fait, suite
à la réforme constitutionnelle adoptée en juillet 2011, le Maroc a ouvert une nouvelle page dans
la gouvernance du pays, s’appuyant sur l’instauration des principes de transparence, de partage
du pouvoir, de renforcement des mécanismes institutionnels et consultatifs, la mise à niveau
des services publics et de l’administration, l’évaluation des politiques et la redevabilité sociale.

Le Maroc se trouve désormais confronté à la mondialisation qui lui impose l’ouverture de son
économie. La concurrence internationale croissante nécessite la recherche de facteurs de
différenciation permettant de créer, maintenir et développer la compétitive des entreprises et la
qualité des services dans les deux sphères (publique et privé). De même, le Maroc s’est engagé
à atteindre les objectifs de l’agenda 2030 des Nations Unies pour le développement durable qui
exhorte les états membres à mettre en place des modèles de développement plus respectueux
de l’humanité, de la planète et de la gouvernance1.

La responsabilité sociétale des organisations (RSO) est devenue un sujet populaire car les
préoccupations des sphères économiques, politiques et sociétales mondiales rejoignent
aujourd’hui les discussions académiques. Au Maroc, la participation active du secteur public et
privé à la dernière conférence des états signataires (COP22) à Marrakech sur le climat confirme
l’importance de cette pratique.

L’instauration, et même l’expansion de la RSO dans les discours des organisations, mais aussi
dans les travaux de recherche notamment en sciences de gestion montrent, si besoin est, qu’il
ne s’agit pas d’un « effet de mode » 2 . L’ensemble des organisations sont et doivent être

1
Conseil Economique, Sociale et Environnemental: Responsabilité sociétale des organisations : Mécanismes de 11
transition vers un développement durable, 2016, Auto-Saisine n°26, p, 11.
2
Pastore-Chaverot Manuela : Les stratégies RSE des grandes entreprises : les facteurs d’influence, analyse des
discours des entreprises du CAC 40, 2011, UFR études supérieure de management, Paul Verlaine de Metz, p, 14.
impliquées dans la responsabilité sociétale pour le bien-être de l’Homme et pour une économie
durable.

Dans le cadre de la modernisation du secteur public, le Maroc s’inscrit dans une stratégie de
gouvernance et de développement durable de plus en plus exigée par les parties prenantes des
services publics : les usagers, les donneurs d’ordre, les employés, les institutions juridiques…
La RSE apparaît comme une condition nécessaire pour instaurer les bonnes pratiques de
management, renforcées par un comportement éthique et des investissements citoyens, dans ce
vaste projet de réforme.

La RSO est une démarche stratégique qui contribue au changement organisationnel, son
intégration dans la stratégie des établissements publics, permet de changer la conception
traditionnelle et convient pour insuffler un nouvel élan aux réformes du secteur public. La
gestion publique fait aujourd’hui l’objet d’une remise en cause profonde et durable. Sous la
pression de l’opinion publique, les médias…, l’Etat marocain commence à prendre en compte
les questions de fonctionnement des administrations publiques. Les pouvoirs publics n’ont eu
cesse de mettre en œuvre des actions de réformes pour consolider davantage leurs
performances, améliorer leur transparence et renforcer leur contribution au développement du
pays.

Pour consolider cette trajectoire de progrès, et compte tenu du rôle des établissements et
entreprises publics (EEP), le code marocain de bonnes pratiques de gouvernance des entreprises
et établissements publics est une bonne entrée en la matière de RSO. Ce code a été publié par
le ministère des affaires générales et de la gouvernance en mars 2012, suite à l’adoption de la
nouvelle constitution. La RSO peut se traduire au niveau des EEP comme suit3 :

 La définition d’une charte d’éthique de l’EEP ;


 La mise en place de programmes d’actions ;
 Une surveillance accrue des principes de sécurité (gestion des risques) ;
 Des programmes d’assurance qualité, avec la mise en œuvre de nouvelles normes ;
 Une communication interne et externe ;
 Une veille sociétale et environnementale.

3 12
Commission Nationale ‘gouvernance d’entreprise’ : Code Marocain de Bonnes Pratiques de Gouvernance des
Entreprises et Etablissements Publics, 2013, Ministère de l’économie et des finances, Royaume du Maroc.
Les établissements et les entreprises publiques et la RSO sont étroitement liés par leur finalité :
servir l’intérêt général. Selon cette vision, les établissements publics sont doublement concernés
par la RSO. La promotion de l’intérêt général nécessite l’intégration de la RSO, favorisant des
pratiques et des outils responsables et durables. En effet, si nous retenons uniquement la notion
de responsabilité théoriquement elle ne fait plus de doute et pratiquement elle est absolument
liée aux entités publiques plus que privées.

Au Maroc, les établissements publics interviennent dans un contexte marqué par des réformes
institutionnelles renforçant les droits sociaux et environnementaux, des engagements pris
envers le citoyen marocain et toutes ses parties prenantes, dans le cadre de la gestion de la chose
publique. Dans le contexte du secteur public, l’Etat n’est plus une entité ‘abstraite, lointaine et
supérieure, mais l’administrateur du quotidien’4.

Rares sont les études qui abordent la RSO dans le secteur public, notamment au Maroc. Par
ailleurs, le statut juridique, le mode de fonctionnement ainsi que la culture de l’établissement
public marocain, comme une opportunité de faire évoluer les mentalités en interne, sont des
majeurs facteurs qui caractérisent la nature complexe de cette articulation.

La Maroc s’inscrit dans une logique d’évolution visant l’alignement sur les meilleurs pratiques
et standards internationaux en matière du développement et de recherche d’efficacité et
d’amélioration des performances de ses organismes. A cet effet, l’établissement public est un
terrain propice pour instaurer une pratique RSO capable de renforcer sa gouvernance et
rehausser davantage la qualité de ses prestations et des services rendus aux citoyens.

1. L’intérêt du sujet

Pourquoi réaliser une recherche en management sur la Responsabilité sociétale des


organisations ?

Motivés par des objectifs d’efficacité et d’efficience, nous nous sommes intéressée à la manière
dont la RSE était mise en place dans les organisations privés. La mise en place de cette politique
permet de respecter simultanément la dimension économique, la dimension sociale et la
dimension environnementale. Nous nous sommes donc intéressée, aux établissements publics
du Maroc qui assurent des missions précises et spécifiques de secteur public.

4
Chevallier Jacques : Le service public, 2008, Broché, Paris, p, 24 13
Ainsi, l’établissement public représente l’appareil de l’Etat, donc il est fermement
‘responsabilisé’ dans la société. Il paraît intéressant, dans ce contexte, d’explorer et de mettre
en lumière le pilier réglementaire et normatif de cette entité par rapport au comportement
socialement attendu.

Il est difficile de mettre en lumière cette pratique RSO (relevant de l’initiative volontaire) dans
des établissements appartenant au service public (dépendant du cadre légal). Les missions des
établissements publics sont définies par son texte de création, faisant l’objet d’un contrôle et
d’une exigence de transparence, seule la mise en place d’actions d’intérêt général ciblée
orientées vers les générations présentes. En outre, la RSO dépasse le niveau des exigences
légales et vise des actions viables sur le plan économique et à destination des générations
présentes et futures.

2. L’objet de la recherche

L’objet de cette thèse n’est pas ici de confirmer ou d’infirmer des hypothèses sur la RSO mais
de répondre et satisfaire aux objectifs définis par ce travail de recherche. En effet, construire un
objet de recherche constitue de dresser une question qui articule des objets théoriques,
empiriques ou méthodologiques. Notre objet de recherche étant la Responsabilité sociétale des
établissements publics marocains, nous délimitons son étude dans les développements suivants.

Le contexte général de cette recherche est la perspective de réforme et de modernisation du


secteur public, notamment après l’adoption par le Maroc d’une nouvelle constitution visant la
consolidation de l’Etat de droit, le renforcement de la bonne gouvernance et la corrélation entre
la responsabilité et la reddition des comptes. C’est dans cette perspective que s’inscrit notre
recherche, afin de mettre en lumière les pratiques réelles qui existent dans l’établissement public
marocain.

Actuellement, l’Etat du marocain veille à assumer sont rôle de stratège à travers la définition
des grandes orientations et des choix stratégiques et la conduite de politiques publiques
susceptibles de créer un climat propice à la confiance et de mettre en place les conditions
propres à favoriser le progrès économique, social et environnemental 5 . A travers, cette
recherche nous voulons, au moyen d’un guide d’entretien, explorer et vérifier l’engagement

5
Commission nationale ‘gouvernance d’entreprise’ : Code marocain de bonnes pratiques de gouvernance des 14
Entreprise et Etablissements publics, 2013, Ministère de l’Economie et des Finances, Rabat, p, 11
sociétal des établissements public marocains à la lumière de certaines pratiques de la
responsabilité sociétale. La littérature montre que ces pratiques aideront certes les organisations
qui les adoptent à faire progresser leur performance et leur croissance, tout en améliorant leur
image auprès de leurs parties prenantes.

Compte tenu de la prédominance de la RSE dans le champ de la recherche en Sciences de


management surtout dans la sphère privée, la littérature académique relative à la RSO au secteur
public marque un retard. A partir de là, nous nous proposons d’explorer les pratiques RSO
exercées dans les établissements publics du Maroc.

Notre problématique est donc la suivante : Evaluer les pratiques de la responsabilité


sociétale des établissements publics au Maroc

Cette problématique sera déclinée en quatre objectifs de recherche :

 Explorer et étudier l’étendue et l’orientation de l’implication en matière de la


Responsabilité Sociétale des établissements publics, et parallèlement identifier les
freins qui perturbent son intégration.
 Décrire le mode de fonctionnement des établissements publics marocains et leur
contribution à la mise en place d’une politique efficace et efficiente de la responsabilité
sociétale, prenant en compte les besoins de l’ensemble des ses parties prenantes’
 Saisir le degré d’ancrage de la RSO et étudier l’intensité de la présence des
préoccupations environnementales dans les activités des établissements publics
 Vérifier la prise en considération de l’aspect juridique de la RSO surtout dans une
entité publique

La formulation de nos objectifs de recherche vise à mieux cerner les contours des pratiques de
RSO existantes dans certains établissements publics du Maroc, en essayant de comprendre
davantage les influences exercées par les acteurs externes et internes à l’établissement.

Notre recherche vise à débattre de l’état du savoir dans le domaine de la RSO, d’explorer un
terrain insuffisamment connu à ce sujet et de formuler des orientations favorisant son
intégration dans les établissements publics au Maroc. La revue de littérature liée à la
problématique nous permet de formuler également les questions de recherche suivantes :

1- Quel est l’intérêt pour les établissements publics de mettre en place une pratique de
Responsabilité sociétale ?

15
2- Quelles sont les pratiques pertinentes, adéquates et prioritaires pour l’établissement public
marocain ?

3- Quels sont les lois et les règlements adoptés par l’établissement public en ce qui concerne la
responsabilité sociétale des organisations?

4- Comment expliquer la dynamique d’appropriation de la RSO par les établissements publics


marocains ?

Bien qu’au cœur des crises socio-économiques que nous traversons – de nombreux auteurs
s’interrogent sur l’engagement sociétal des entreprises en matière de RSE – il ne s’agit pas pour
nous de participer au débat sur la RSE dans les entreprises privées marocaines, même si nous
espérons pouvoir par nos résultats en éclairer certains éléments. Il s’agit plus modestement dans
un premier temps d’explorer et de décrire les pratiques réelles de RSO dans les établissements
publics du Maroc pour ensuite, évaluer la responsabilité sociétale au Maroc eu égard aux
enseignements de la théorie d’un côté et aux enseignements tirés des expériences de l’autre.

Compte tenu de cette vision réformiste le Maroc, comme pays émergent, s’inscrit dans les
mêmes perspectives de développement durable. Depuis une dizaine d’années, le gouvernement
marocain a mis en place un programme vaste de mise à niveau pour atteindre les objectifs qui
sont assignés aux établissements publics. Le développement durable est devenu au centre des
préoccupations stratégiques du pays, favorisant une démarche de RSO. En effet, de nombreux
EEP ont enregistré des avancées notables en la matière.

3. Les enjeux de la recherche

L’objectif ‘ambitieux’ visé dans la présente recherche est d’essayer d’enrichir le champ de la
RSO dans un pays émergent comme le Maroc. Nous proposons une contribution à la recherche
en sciences de management dans le domaine de la responsabilité sociétale des organisations à
statut public.

 Le premier est de recueillir des informations sur le concept RSO auprès des employés
des établissements publics afin de dresser un portrait global des établissements publics
marocains. La population étudiée a été constituée pour assurer une représentativité
sectorielle et géographique. Nous avons visée toutes les catégories des établissements

16
publics, à caractère industriel, scientifique et administratif. L’enquête a été réalisée dans
plusieurs villes du Royaume : Rabat, Fès, Meknès, Casablanca, Missour…
 Le second enjeu consiste à explorer et décrire les pratiques réelles au sein des
établissements publics marocains. De manière précise, nous cherchons à mettre en
lumière les pratiques sociétales exercées par les établissements publics marocains afin
d’évaluer leurs engagement social et environnemental.

4. Méthodologie de la recherche

En se basant sur l’abondante littérature de la RSE, nous avons élaboré une revue généalogique
de l’évolution de la RSE et de ses définitions sur toutes les pratiques et l’outillage existants
pour opérationnaliser la RSO. Ce cadre théorique a pour objectif d’étudier le concept sous
différents angles pour nous aider à produire une contribution intéressante pour la recherche en
RSO au Maroc.

Pour répondre à notre problématique de recherche, nous avons opté dans cette étude pour une
approche suivant le courant du ‘positivisme aménagé’ en se référant à deux postures
épistémologiques, à savoir : le positivisme et l’interprétativisme. Ce choix est justifie par
l’objectif de notre recherche qui consiste, dans un premier temps, à explorer et décrire les
pratiques de RSO exercées dans les établissements publics marocains ; et dans un deuxième
temps, les évaluer afin de répondre à nos objectifs de recherches.

5. Structure de la recherche

Afin de satisfaire aux objectifs et de répondre à notre question de recherche, notre recherche
comporte trois chapitres. Ci-après une courte description du contenu de chaque chapitre.

Introduction générale : Elle fournit les objectifs et les fondements de notre recherche.
L’introduction commence par une brève description du contexte marocain, notamment la
réforme et la modernisation de la fonction publique suivie d’une présentation des motifs et des
enjeux de la recherche, de la problématique, des objectifs de la recherche.

Le premier chapitre est consacré à la revue de littérature sur le concept sociétal de l’entreprise
(RSE), ainsi que la présentation du développement du concept. Il se décompose en deux

17
sections afin de mieux comprendre ce concept au cœur de notre problématique, ce premier
chapitre propose une étude des origines et des modèles théoriques mobilisables en matière de
RSE.

Le deuxième chapitre est construit autour de trois sections. Il nous permet d’exposer
l’émergence du concept RSE sur chaque continent. Ainsi, nous abordons l’objet de notre
recherche qu’est les pratiques de la RSE. Nous étudions ensuite la pratique de la RSE dans les
établissements publics précisément marocains.

Dans le dernier chapitre, nous évoquerons le cadre théorique et méthodologique de la


recherche. Nous présentons à ce niveau, notre positionnement épistémologique, notre
méthodologie de recherche, les objectifs de notre recherche, l’analyse et les résultats de notre
étude. Les trois dernières sections exposent la pratique RSO dans les établissements publics du
Maroc. Nous présentons, ainsi les limites et les perspectives de recherche futures de notre
travail de recherche.

Dans une conclusion générale, nous présentons les contributions théoriques, méthodologiques
et managériales de notre travail de recherche.

18
Chapitre 1 :
Responsabilité Sociétale de
L’Entreprise : Approche théorique

19
Introduction du premier chapitre

La RSO suscite un vif intérêt dans le monde socio-économique. La notion de responsabilité est
en de nombreux égards ambigus. Les difficultés liées à sa définition et à ses postulats de base
résultent d’une rupture entre la conception juridique et morale de la responsabilité et son
utilisation managériale. Même si cette notion ne fait pas toujours l’unanimité, la RSO reste un
champ multidimensionnel offrant de multiples perspectives de recherche en Sciences de
Gestion.

L’objectif de ce premier chapitre est de définir le cadre conceptuel de la recherche. Il revient


ainsi logiquement sur l’histoire de la RSO dans la littérature, ainsi que dans les sphères
managériales, politique, et parfois aussi religieuses. De manière précise, nous mobilisons les
multiples approches théoriques ainsi que les différents modèles théoriques élaborés, afin de
définir le concept de la RSO. Il se propose de dresser une mise en perspective théorique et
conceptuelle, permettant une compréhension approfondie des mécanismes qui régissent son
processus de construction. Ce chapitre se décompose en deux sections reprenant chacune les
axes saillants de la littérature sur la RSO.

La première section du chapitre 1 revient aux origines de la RSO, les fondements


épistémologiques, ainsi qu’il dresse une vue d’ensemble sur le processus de construction
théorique du concept, afin de comprendre en profondeur les modes de production de
connaissance autour du concept.

La deuxième section, a comme objectif, d’une part mobiliser les approches théoriques, afin
d’expliquer l’engagement des entreprises dans la RSE, et d’autre part, de mettre en perspective
les modélisations théoriques en vue d’un éclairage conceptuel de la RSO, tout en présentant les
différents modèles multi-niveaux les plus utilisés dans la littérature.

20
Section 1.

Exploration et mise en perspective théoriques

1. Historique et définition de la RSE

1.1 Historique de la RSE

Autant de questions se posent quand on déclenche un travail sur la responsabilité sociétale


notamment : qu’est ce que la responsabilité sociétale ? 6 D’où vient-elle ? Quelle a été son
évolution ?...

« La responsabilité sociétale des entreprises est un thème à la fois ancien et récent »7.

Bien que la formalisation de la RSE soit relativement nouvelle, la réflexion est déjà ancienne8.
La notion de responsabilité a été discutée tout au long de l’histoire de la philosophie occidentale
et à travers les âges, de différentes façons et dans différents contextes. Par exemple, il a été
utilisé dans le cadre de l’explication des phénomènes naturels, ou comme une évaluation du
comportement blâmable d’un personnage, ou comme un concept juridique dans la procédure
d’une cour de justice. Au XXe siècle, cependant, ce concept prend une signification éthique
particulière tant dans la philosophie de Levinas et dans la pensée religieuse de Bonhoeffer9.

« L’étymologie latine du mot responsabilité : responsabilité (res-pondere-abilitas), nous


indique que « prendre des responsabilités » consiste, à développer d’abord sa « capacité à peser
la chose », puis, d’agir en conséquence »10.

Venant du latin –de respondere, répondre, se porter garant- il s’agit d’une obligation morale,
puisque c’est la capacité de prendre une décision sans en référer préalablement à une autorité

6
El Malki Tarik: la Responsabilité sociale des entreprises : le cas du Maroc, Afrique Orient, Maroc, Casablanca,
21
2014, p : 34
7
Bouyoud Floriane: Le management stratégique de la responsabilité sociale des entreprises, 2010, Conservatoire
national des arts et métiers, Paris, p, 13.
8
Robaa Guillaume: Le décalage entre la communication sociétale et les pratiques de l’entreprise: le cas de
l’intérim, 2015, Institut d’administration des entreprise de Toulon, p, 26.
9
Yinya Liu, M. Phil : From response to responsibility : a study of the other and language in the ethical structure
of responsibility in the writings of Bonhoeffer and Levinas, 2010, the department of philosophy National
University of Irland, Maynooth, p, 6.
10
Commenne Vincent : Responsabilité sociale et environnementale : l’engagement des acteurs économiques :
mode d’emploi pour plus d’éthique et de développement durable, 2006, Editions Charles Léopold Mayer, Paris,
p, 17.
supérieure. En effet, la notion de ‘responsabilité’ porte en elle-même aussi celle de liberté, de
libre choix, lorsque l’on agit. Or, ce mot présente, selon Michel Capron, une forte acception
juridique qui, à son origine, ne s’applique qu’aux personnes : la responsabilité se définit par
l’obligation de réparer un dommage causé par son fait, ce qui implique un châtiment, une
sanction11. Autrement dit, la personne doit être capable de reconnaître le dommage ou le bienfait
qui en résulte.

Le sens du mot ‘responsabilité’ est l’un des plus fuyants et des plus instables dans tous les
domaines, cela est dû au fait que les auteurs et les acteurs anglo-saxons substituent de plus en
plus souvent le terme ‘accountability’ au terme ‘responsabilité’12. En sorte que, Thomas Bivins
qui affirme que le terme responsabilité est composé d'un devoir à accomplir non seulement les
obligations fonctionnelles, mais aussi les obligations morales. En outre, les considérations
téléologiques ont tendance à exiger un accord entre les deux concepts : accountability et
responsabilité. D’ailleurs, ils sont souvent confondus. Ils sont certes fortement liés, mais ils ne
sont pas identiques, par définition, ou par implication morale. Selon l'éthique militant Geoff
Hunt, ‘accountability’13: désigne la disposition à tout moment, du responsable de donner des
explications aux parties prenantes pour ses jugements, ses intentions, ses actes et omissions.
Selon la philosophie du ‘vivre ensemble’14, Accountability est le devoir de rendre des comptes
au citoyen, en ce sens la responsabilité est une obligation, une dette morale envers la société.

Le concept de responsabilité connaît un essor considérable depuis l’antiquité avec le


code d’Hammourabi (de 1792 à 175 avant notre ère)15. Ce roi de Babylone qui renferme les
premières dispositions sur plusieurs facettes de la responsabilité. Cette œuvre est une source
exceptionnelle pour notre connaissance de la société, de la religion, de l’économie, et toutes
procédures à prendre afin de proclamer la justice en ce pays, de régler les disputes et réparer les
torts. Cette stèle de basalte représente le plus ancien code complet connu, qui s’inspira lui même
de textes plus anciens. Parmi ses 282 articles, un grand nombre concerne ce que l’on appellerait
aujourd’hui le droit commercial, c’est-à-dire les droits et (surtout) les devoirs des différentes «
parties prenantes» économiques de l’époque. De même, il a constitué une base de référence

11
Capron Michel: Le concept de redevabilité au cœur de la relation entreprises-société, 2016, RIODD, Université 22
Paris 8.
12
Capron Michel: la responsabilité sociale d’entreprise entre l’Un et Multiple, 2009, Presses Universitaires du
Septentrion, p, 89.
13
Thomas Bivins : Responsability and Accountability, 2006, SAGE Publications, Inc, California, p, 21.
14
Capron Michel : Le concept de redevabilité au cœur de la relation entreprises-société, 2016, RIODD, Université
Paris 8, p, 8.
15
Jean Pasquero : La Responsabilité sociale de l’entreprise comme objet des sciences de gestion, Presses de
l’Université du Québec, 2005, p : 82.
pour une société complexe de se donner des règles communes de bon comportement
économique.

Historiquement, les pratiques de la Responsabilité sociétale des entreprises ont été toujours
liées à des disparités issues du monde des affaires ou des réponses individuelles aux besoins de
la société16. Progressivement, la légitimité de la RSE sur la permanence historique consiste à
définir le rôle et les responsabilités des acteurs de la vie économique.

Dès 1916, J. M. Clark écrit dans le journal de ‘Political Economy’, que ‘if men are
responsible for the known results of their actions, business responsabilities must include the
knwon results of business dealings, whether these have been recognized by law or not’ 17 .
Autrement dit, pour cet auteur la responsabilité économique ne doit pas être traitée à partir
d’une seule perspective au risque de tomber dans l’anachronisme. De manière précise, la
responsabilité économique nécessite l’inclusion des résultats connus des actions économiques,
si ils ont été reconnues par la loi ou non’.

Le Professeur Theodore Kreps, dans ‘the conscience of business school’, a introduit le


cours de ‘Business activity and public Welfare’ à Stanford’18 en 1931 et utilisé le terme ‘audit
social’ pour la première fois en ce qui concerne les entreprises déclarant leurs responsabilités
sociales 19 ; mais la RSE n’a pas été systématiquement ou largement soutenue par les
gouvernements, les acteurs du secteur privé ou des organisations de la société civile au cours
de cette période.

Kreps 20 a été préoccupé de trouver des moyens pour mesurer la contribution des
entreprises aux objectifs globaux de notre système économique, car il a vu que la norme
comptable de profits et pertes était inadéquate. Les buts envisagés par Kreps pour le système
économique incluent : l’amélioration de la santé et de l’éducation des compétences et de
l’éducation, des compétences accrues pour les individus, les innovations, la paix internationale,
et la démocratisation des entreprises.

16
Taleb Baderddine: Les motivations d’engagement des entreprises dans la responsabilité sociale: le cas du secteur 23
industriel algérien, 2013, AIX-MARSEILLE UNIVERSITE, p, 15.
17
J. Maurice Clark : The Changing Basis of Economic Responsibility, 1916, Univestity of Chicago Press, p, 223.
18
https://www.gsb.stanford.edu/stanford-gsb-experience/leadership/history/theodore-kreps.
19
ISO Advisory Group on Social Responsibility: Working Report on Social Responsibility, 2004, The ISO
Technical Broad, Japanese standards association, Tokyo, p, 8.
20
David Hess: Three Pillars of Corporate Social Reporting as New Governance Regulation: Disclosure, Dialogue
and development, 2008, Ross School of Business Working Paper, p, 18.
Un peu plus tard Peter Drucker’ 21 fait valoir que les entreprises ont une dimension
sociale ainsi que dans un but économique dans son deuxième livre, ‘the Future of Industrial
Man’, en 1942. A travers ce livre, il a essayé de développer une théorie sociale. En fait, il tente
de développer non pas une mais deux théories sociales. La première, pourrait être appelée une
théorie générale de la société, Elle présente les exigences pour toute société d’être en
fonctionnement et légitime. La seconde, pourrait être appelée la théorie de la société
industrielle, puis applique ces concepts généraux au cas particulier de la société industrielle
telle qu’elle a émergé au vingtième siècle et est devenue dominante avec la première guerre
mondiale22.

En 1949, les comités d’entreprise allemands ont été établis en Allemagne de l’Ouest,
avec la représentation des travailleurs dans les conseils d’entreprise et leur participation à la
prise de décision. Rappelant que la loi sur la protection des travailleurs (Arbeiterschutzesetz)
de 1891 a prévu des ‘Comités des travailleurs’ (Arbeiterausschuss) institués volontairement.
Ils deviendront obligatoires en 1916 dans l'entreprise de 50 employés ou plus. Plus tard, certains
droits de participation ont été accordés à ces comités, leur base juridique étant la loi sur les
comités d'entreprise (Betriebsraitegesetz) du 9 février 1920. Pendant le régime nazi et la
dictature (1933-1945) lesdits conseils ont été complètement abolis. Puis, après la Seconde
Guerre mondiale, le conseil des forces alliées a créé la possibilité de ressusciter les comités
d'entreprise23.

Les premières écritures de Drucker affirment la finalité sociale de l’entreprise et, par le
biais de son examen des motifs de la légitimité de l’entreprise, les responsabilités sociales du
management. Ses deux premiers livres en anglais, ‘the End of Econimic Man’ (initialement
publié en 1939) et ‘The Future of Industrail Man’ (publié en 1942) confirment ensemble que la
performance économique et la responsabilité sociale doivent être prises en compte dans
l’établissement des fins économiques’.

Drucker a toujours affirmé sa croyance en la responsabilité sociale dans le business (et


d’autres institutions). Dans son ouvrage ‘the practice of management’ (1955), après avoir
conclu son avant-dernier chapitre en observant que l’intégrité sera toujours au cœur de ce que

21
Fredmund Malik: 100 Year of Peter F. Drucker, The Father of Management, 2009, Malik management, St.gallen, 24
Switzerland.
22
Peter F. Drucker : The Future of Industrial Man, with a New Introduction by the Author, Fourth Printing 2009,
Routledge, New York, p, 9.
23
Bernd Waas : Employee Representation at the Enterprise in Germany, 2012, Aspen publishers, Central and
South America, p, 15.
cela signifie d’être un manager, il consacre son chapitre de conclusion aux responsabilités de
management. Drucker écrit que, l’entreprise même ‘privée’ est un organe de la société et elle
remplit une fonction sociale, de plus sa nature moderne impose des responsabilités sur le
manager.

“[But] society is not just the environment of the enterprise. Even the most private
of business enterprise is an organ of society and serves a social function… the very
nature of the modern business enterprise imposes responsibilities on the
manager”24.

Plus tard, il observe que le management doit tenir compte de l’impact de la politique et de
l’action de l’entreprise sur la société. Il doit examiner si l'action est susceptible de promouvoir
le bien public, pour faire avancer les croyances fondamentales de notre société, de contribuer à
sa stabilité, sa force et son harmonie.

[But] what is most important is that management realize that it must consider the
impact of every business policy and business action upon society. It has to consider
whether the action is likely to promote the public good, to advance the basic beliefs
of our society, to contribute to its stability, strength and harmony25.

Les auteurs japonais, à leur tour, font remonter l’origine de la RSE à l’époque d’Edo26 (1600-
1868), c’est-à-dire que pour certains colporteurs itinérants d’Ômi à cette époque, l’acte de
vente doit être conforme au principe de ‘l’avantage trilatéral’ (sanpô-yoshi) : il doit être « bon
pour le vendeur » (write yoshi), « bon pour l’acheteur » (kaite yochi) et « bon pour la
communauté » (seken yoshi)27. Par exemple, les marchandes d’Omi, produisent des colorants
et des cosmétiques pour les geishas tout en contribuant ainsi à l’agrément de leurs clients : ‘tout
le monde y trouvait son compte et le souci de chacun de ces intérêts multiples était mis en
avant’.

Dans le même ordre d’idées, la RSE trouve ses racines dans l’émergence d’une critique du
système de régulation fondé sur le marché autorégulateur ; avec lequel selon Karl POLANYI,

24
N. Craig Smith : Bounded Goodnes : Marketing Implications of Drucker on Corporate responsibility, 2007, 25
London Business School, p, 4.
25
N. Craig Smith : Bounded Goodnes : Marketing Implications of Drucker on Corporate responsibility, 2007,
London Business School, p, 4.
26
L’époque d’Edo correspond au règne du shogunat Tokugawa, qui choisit Edo (aujourd’hui Tokyo) comme
capitale du Japon ;
27
Etienne Rolland-Piègue : La responsabilité sociale des entreprises au Japon, de l’époque d’EDO à la norme ISO
26 000 et à l’accident nucléaire de Fukushima, 2011, Revue Réalités industrielles, p, 34.
il y avait certes des prix et des marchés, mais il s’agissait de prix administrés (ou socialement
régulés) et de marchés spécifiques et hétérogènes, ne permettant pas aux régulations
sociopolitiques et susceptibles d’extraversion’28. L’existence de ce type de marché consiste à
établir une division institutionnelle de la société en une sphère économique et une sphère
politique29. A cet effet, la RSE s’est ensuite développée avec la montée en puissance de la
thématique du développement durable ou sustainable development 30 , qui est une nouvelle
conception de l’intérêt public, appliquée à la croissance économique et reconsidérée à l’échelle
mondiale afin de prendre en compte les aspects environnementaux et sociaux d’une planète
globalisée et plus strictement une dimension centrale d’une nouvelle gouvernance d’entreprise.
Cette dernière, réaffirme que la RSE ne se limite pas uniquement aux obligations en matière
d’environnement, mais elle s’étend aussi aux questions de gouvernance d’entreprise qui
façonne les enjeux de la nouvelle firme.

Un point de vue anticipé assez longtemps sur la RSE soutient que la: «responsabilité
sociale des entreprises envisage sérieusement l'impact des actions de l'entreprise sur la
société"31. Une autre définition était que «la responsabilité sociale ... nécessite que l'individu
considère ses actes en fonction d'un système social global et le rend responsable des effets de
ses actes dans n’importe quelle partie de ce système '. En d’autres termes, les entreprises
existent pour servir la société. Pour ce faire, elles doivent exercer ces fonctions en tenant compte
des changements sociaux et aux valeurs correspondantes, comme celles concernant le respect
de l’environnement.

28
Nicolas Postel et Richard Sobel, la RSE : nouvelle forme de dé-marchandisation du monde ? Une lecture
institutionnaliste à partir de K arl Polanyi, 2010, Développement durable et territoires, Vol. 1, n°3, p : 3. 26
29
Un marché autorégulateur n’exige rien de moins que la division institutionnelle de la société en une sphère
économique et une sphère politique. Cette dichotomie n’est en fait que la simple réaffirmation, du point de vue de
la société dans son ensemble, de l’existence d’un marché autorégulateur. On pourrait avancer que cette séparation
en deux sphères prévaut à toutes les époques et dans tous les types de société. Mais cet ensemble, de l’existence
d’un marché autorégulateur. On pourrait avancer que cette séparation en deux sphères prévaut à toutes les époques
et dans tous les types de société. Mais cette inférence se fonderait sur une erreur. Aucune société, c’est vrai, ne
peut exister sans qu’un système d’un type ou d’un autre assure l’ordre dans la production et la distribution des
biens. Mais cela n’implique pas l’existence d’institutions économiques séparées ; normalement, l’ordre
économique est simplement fonction de l’ordre social, qui le contient. Nous l’avons montré : ni dans les conditions
du tribalisme, ni dans celles de la féodalité, ni dans celles du mercantilisme, il n’a existé dans la société de système
économique séparé. La société du XIXe siècle, dans laquelle l’activité économique était isolée et attribuée à un
mobile économique distinct, fut en vérité une nouveauté singulière.
https://sniadecki.wordpress.com/2012/03/01/polanyi-ch6/.
30
Marc Dupuis, léna Quer-Richel, William Bourdon et Yann Queinnec avec la collaboration de Carine Doganis :
La Responsabilité sociale et sociétale des entreprises : un enjeu majeur du 21e siecle, Terra Nova, France, 2010.
31
Archie B. Carroll & Ann K. Buchholtz: Business & society, ethics and stakeholders management 7e, 2008,
South-Western Cengage Learning, p, 35.
Les deux définitions fournissent des indications utiles sur les concepts de responsabilité
sociale qui nous aidera à apprécier une brève histoire. La figure suivant illustre comment le
concept RSE augmente le souci de l'environnement social et le contrat social a changé

Facteurs dans l’environnemental sociétal


sociétal
On conduit à

Criticisme de business

(Qui a aboutit à)

Souci accru de
Un contrat social
l’environnement social
changé

Hypothèse de business de la
RSE

Réceptivité social, performance sociale,


et citoyenneté d’entreprise

Une société plus satisfais

Moins de facteurs Attentes accrues ont


conduits à business conduit à plus de critiques
critiques

Figure 1: Business Criticism/ Social response Cycle32

1.2 Définition de la RSE:

Issue du concept d’origine anglo-saxonne de Corporate Social Responsibility, la RSE consolide


l’idée que l’entreprise n’est pas seulement de ‘faire du profit’, mais elle doit aussi se montrer
responsable de l’environnement dans lequel elle évolue. Plus précisément, elle doit assumer
ses responsabilité envers ses parties prenantes directes (salariés, actionnaires, fournisseurs,

32 27
Archie B. Carroll & Ann K. Buchholtz: Business & society, ethics and stakeholders management 7e, 2008,
South-Western Cengage Learning, p, 35.
clients) et également sa responsabilité à l’égard de la société dans son ensemble
(environnement, territoires, consommateurs, santé publique)33.

Plusieurs définitions ont été apportées à ce concept dans divers domaines. A ce propos,
notre recherche consiste dans un premier temps à dresser un panorama aussi complet que
possible, des définitions de la RSE.

En commençant par le travail fait par le chercheur norvégien Alexander DAHLSURD


qui comptabilise, en 2008, les 37 définitions académiques de la RSE, entre 1980 et 2003, se
basant sur des articles de journaux et aussi des pages web. Ce travail a d’ailleurs adopté un
système de codage pour analyser les définitions qui renvoient selon lui aux mêmes
dimensions34.

Un tableau qui résume le système de codage adopté par Dahlsurd, identifiant les cinq
dimensions : environnementale, sociale, économique, parties prenantes et volontaires :

La définition codée à Exemple des phrases


Dimensions la dimension si elle
l’énonce

 ‘un environnement propre’


 ‘Stewardship environnemental’
La dimension L’environnement  ‘Les préoccupations
environnementale naturel environnementales dans les
activités des entreprises’

 ‘Contribue à une meilleure société’


La dimension La relation entre le  ‘Intègre les préoccupations
sociale business et la société sociales dans les activités de
l’entreprise’
 ‘Considère l’entendue de leurs
activités commerciales sur tous les
aspects’

33
Marc Dupuis, léna Quer-Richel, William Bourdon et Yann Queinnec avec la collaboration de Carine Doganis : 28
La Responsabilité sociale et sociétale des entreprises : un enjeu majeur du 21e siecle, Terra Nova, France, 2010.
34
Alexander Dahlsrud: How corporate social responsibility is defined: an analysis of 37 definitions, Corporate
Social Responsibility and Environmental Management, janvier-février 2008, vol. 15, n°1, p.1-13
Les aspects socio-  ‘Contribue au développement
économiques ou économique’
Financiers, y compris  ‘Conservant la profitabilité’
La dimension la description de la  ‘Les activités commerciales’
économique responsabilité sociale
des entreprises en
termes des activités
commerciales

 ‘Interaction avec leurs parties


prenantes’
La dimension des Partie ou parties  ‘Comment les organisations
parties prenantes prenantes interagissent avec leurs employés,
fournisseurs, consommateurs et
communautés’
 ‘Traitement les parties prenantes’

 ‘Basé sur l’éthique’


La dimension Des activités non  ‘Au-delà des obligations et des
volontaire décrétées par la loi attentes légales’
 ‘Volontaire’

Un tableau 1 : les cinq dimensions de la RSE et le système de codage proposé par


Dahlsurd35
Ainsi, il serait nécessaire de présenter les principales définitions citées à ce propos. Tout
d’abord, ce concept a été évoqué la première fois dans le rapport émanant de la Commission
Mondiale sur l’Environnement et le Développement dit « Rapport de Bruntland », Our
Common Future (Notre avenir à tous), qui le définit comme suit :

« Développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures à répondre aux leurs. Cela permet de soulever deux concepts fondamentaux:

 Le concept de besoin et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis,
à qui il convient d’apporter la plus grande priorité,

35
Dahlsurd Alexander : How corporate social responsibility is defined : an analysis of 37 definitions, 2008, Wiley 29
InterScience, p, 4.
 Et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale
impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. »36

Par ailleurs la publication du livre vert « promouvoir un cadre européen pour la


responsabilité sociale des entreprises » le 18 juillet 2001 est aussi une étape majeure : il
constitue l’un des grands textes de références de la RSE. Selon cette référence, La RSE peut
être définie comme étant « l’intégration volontaire des préoccupations sociales et écologiques
des entreprises à leurs activités commerciales et à leurs relations avec leurs parties prenantes.
Etre socialement responsable signifie non seulement satisfaire pleinement aux obligations
juridiques applicables, mais aussi aller au-delà et investir « davantage » dans le capital humain,
l’environnement et les relations avec les parties prenantes »37.

Sur ce plan aussi, l’observatoire sur la responsabilité sociétale des entreprises, résume la
RSE sous trois angles en termes d’évaluation de la performance de l’entreprise :

 L’angle environnemental : assurer une comptabilité entre l’activité de l’entreprise et le


maintien des écosystèmes, à travers notamment l’analyse des impacts de l’entreprise et
ses produits sur l’environnement ;
 L’angle social : les conséquences sociales de l’activité de l’entreprise pour l’ensemble
des parties prenantes (employés, fournisseurs, clients, communauté, etc.) ;
 L’angle économique : la performance financière « classique », en veillant notamment
à respecter les principes de concurrence et la capacité à contribuer au développement
économique de la zone d’implantation.

La RSE est par nature un concept multidimensionnel, car elle capture les intérêts des
différentes parties prenantes. En ce sens, le concept le plus complet de la RSE est défini et
mesuré par l’engagement et le respect de l’entreprise des questions environnementales, sociales
et de gouvernance. Elle aborde les préoccupations de l’environnement (tels que le changement
climatique, les déchets dangereux, l’énergie nucléaire, l’équilibre écologique, etc…), de la
société (la diversité sociale, les droits humaines, la protection des consommateurs, la conscience
des consommateurs, etc.), et de la gouvernance d’entreprise (y compris la gestion/ structures de

36
Dictionnaire critique de la RSE, Nicolas Postel, Richerd Sobel (dir.) avec la collabration de Frédéric Chavy, 30
2013, Presses universitaires du Septentrion, Villeneuve d’Adcq, p :9
37
Nicolas POUSSING : La responsabilité sociale des entreprises Luxembourg : Quelles avancées, quels
résultats ?, 2011, Academia Eds, p : 11.
conseil et de représentation, relations de travail, la rémunération des cadres, mesures anti-
corruption, etc.)38

1.2.1 Social ou sociétal : clarifications sémantiques

Le petit Larousse définit les deux mots de la façon suivante: ‘Ce qui est social, est relatif
aux rapports entre un individu et les autres membres de la collectivité. Au cœur du social se
trouvent les relations humaines’. Le mot sociétal fait quant à lui référence aux ‘divers aspects
de la vie sociale des individus, en ce qu’ils constituent une société organisée’.

Selon plusieurs chercheurs français39, le terme sociétal est utilisé de préférence à social ;
ceci peut être expliqué par le fait que le premier désigne les responsabilités de l’entreprise à
l’égard de multiples stakeholders, au-delà des relations employeurs/employés. En plus, la
dimension sociétale répond mieux à l’élargissement du concept aux impacts non plus seulement
sociaux et environnementaux mais aussi économiques d’une entreprise40. Selon eux, ne parler
que de responsabilité sociale en réduirait la portée.

Par ailleurs, l’absence de consensus sur ce que le concept signifie réellement est l’un
des facteurs contribuant à son ambiguïté ces dernières années. Pour le cas de notre recherche,
nous souhaitons privilégier celui de ‘Responsabilité sociétale des organisations’ car il porte en
lui le sens d’un réel impact sur la société, le terme de social nous apparait plus limitatif voire
péjoratif41.

Pour plus de précision; il convient de souligner qu’en anglais, le terme « social » inclut
les deux dimensions, ce qui n’est pas le cas en français. Tout d’abord, la responsabilité sociale
traduite directement de l’anglo-américain « corporate social responsibility » ; dans son
acception française, le terme social renvoie plus aux relations spécifiques entre le monde du

38
Hao Liang, Luc Renneboog : On the Foundations of corporate social responsibility, 2017, Journal of finance, V, 31
72, p, 3.
39
Peeters Anne : La responsabilité sociale des entreprises, 2004, Centre de Recherche et d’Information socio-
politique, Bruxelles.
40
Frédérique Dejean et Jean-Pascal Gond : La Responsabilité sociétale des entreprises : enjeux stratégiques et
méthodologies de recherche, finance contrôle stratégie-Volume 7, N°1, 2004, p.6.
41
Traon Christelle : La RSE est-elle applicable dans les établissements publics comme dans n’importe quelle autre
organisation ? un exemple : les Universités, 2015, QUALITA, Nancy, France, p, 1.
travail et celui du capital. C’est la raison pour laquelle certains auteurs militent pour le recours
au terme ‘sociétal’ afin d’exprimer une dimension plus large et éviter ainsi toute confusion42.
Malgré plusieurs efforts fournis pour faire sortir une définition commune et unique de
la RSE, cette définition du concept ne veut pas dire la même chose, tout le temps et pour tout
le monde (the term (CSR) is a brilliant one ; it means something, but not always the same thing,
to everybody (Votaw, 1973) ‘caméléon’43.

1.2.2 Concepts en relation directe avec la RSE :

1.2.2.1 La RSE et le développement durable (DD)


La RSE et le développement durable sont indissociables. Dans le sens que, le DD, à tout le
moins l’intégration de sa philosophie et ses pratiques, peut être considéré comme une
manifestation de responsabilité sociale et environnementale. « Sustainable development » est
cité pour la première fois par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature dans la
stratégie mondiale de la conservation 44 . Pour certains auteurs 45 le mouvement de la RSE
constitue une tentative d’appropriation par des entreprises, d’une dynamique de plus large
portée dans les thématiques (notamment environnementales) du DD.
La définition la plus connue, du DD précise que : réaliser ‘le développement durable,
c’est s’efforcer de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité de satisfaire
ceux des générations futures’46. Dans le sens où l’entreprise est incitée à respecter les modes
durables de production, de consommation, de transport et d’urbanisation, la capacité des
écosystèmes et préserver ainsi les chances des générations futures seraient même de son devoir.
Cette notion suppose un équilibre entre l’économique, le social et l’environnemental.
La RSE se concrétise par une contribution positive de l’entreprise aux efforts de la société, dans
ses projets, et ce, par des actions concrètes qui correspondent aux attentes des différents acteurs
de la société.

42
Amadieu, J.F : La responsabilité sociale de l’entreprise, in Le Duff (Dir.) Encyclopédie de la gestion et du 32
management, 1999, Dalloz, pp 1080-1083
43
Logossah Kinwi, Hervieux Chantal et M’zali Bouchra : La Responsabilité sociale des entreprises : pratiques et
impacts, 2013, Publibook, p, 33
44
Aude Porcedda, Musées et développement durable : les muséums nature de Montréal, 2009, l’Harmattan, p, 17
45
Schafer Philippe : La dynamique d’appropriation de la responsabilité sociale à travers le prisme du déploiement
de la norme ISO 26000, 2016, Sup de Co la Rochelle.
46
Jean-Yves Martin : Développement durable? : Doctrine, pratiques, évaluations, 2002, Institut de recherche pour
le développement, Paris, RD, p, 51.
Ainsi, le développement durable se base sur un agencement hiérarchisé de ses trois axes,
environnemental, économique et social, dont l’objectif principal de développement consiste en
le respect de l'intégrité de l'environnement tout en préservant les grandes régulations
écologiques (climat, biodiversité, eau, etc.), la contribution effective au bien-être des personnes
et des sociétés, et l’instrumentalisation de l'économie à cette fin. Bref, « l'intégrité écologique
est une condition, l'économie un moyen, et le développement social et individuel une fin du
développement durable, alors que l'équité en est à la fois une condition, un moyen et une fin.
La mise en œuvre du développement durable suppose par ailleurs un système de gouvernance
qui assume la participation de tous aux processus de décision et permet l'expression d'une
éthique du futur grâce à laquelle sont prises en compte les générations futures » (GendrDn et
al. 2005 : p. 21-22)47.

Figure 2: Schéma du développement durable48

Cette approche recouvre ces trois aspects qui sont les trois sur un pied d’égalité ; c’est-à-dire si
elle à la fois équitable (interface entre les piliers économique et social), vivable interface entre
les piliers social et environnemental) et viable (interface entre les piliers environnemental et

47
Patrick Laprise : L a RSE et les discours de développement durable du groupe royal Dutch/Shell : remplir le 33
fossé de légitimité, 2009, Université du Québec à Montréal, p, 23.
48
Traon Christelle : La RSE est-elle applicable dans les établissements publics comme dans n’importe quelle autre
organisation ? un exemple : les Universités, 2015, QUALITA, Nancy France, p, 2.
économique) ; aucun pilier ne peut donc être pris isolément49. La compréhension de ces trois
dimensions du développement durable peut constituer une démarche RSE réussie.
L’Union Européenne considère la RSE comme le corollaire du DD. Du fait que, la RSE est la
pratique qui permet l’introduction, au niveau de l’entreprise, des principes du développement
durable, qui sont au nombre de 16, dont : la santé, la qualité de vie, l’équité, la solidarité sociale,
la protection de l’environnement, l’efficacité économique…etc. Par conséquent, ce macro
concept a donné naissance à la RSE qui est de facto, l’application du DD à l’échelle de
l’entreprise.
Dans une communication de la Commission Européenne de juillet 2002 intitulée ‘la
responsabilité sociale des entreprises, une contribution des entreprises au développement
durable’ 50 , selon laquelle ‘la RSE est intrinsèquement liée au concept de développement
durable’. La RSE semble un élément indispensable de stratégie de développement durable.
Bien évidemment, la RSE est un concept très ancien, mais il devient désormais mieux
connu à cause de l’émancipation du concept de DD. Parler de nos jours d’une entreprise
socialement responsable revient à parler d’une entreprise qui prend en compte le DD selon ses
trois aspects sans privilégier aucun.
Cependant, la RSE se distingue du DD par son aspect volontaire, à proprement parler la
RSE désigne ‘l’intégration volontaire des préoccupations sociales, environnementales des
entreprises à leurs activités commerciales et leurs relations avec toutes les parties prenantes
internes et externes (actionnaires, personnels, clients, fournisseurs et partenaires, collectivités
locales, associations…) et ce, afin de satisfaire pleinement aux obligations juridiques
applicables, investir dans le capital humain et respecter son environnement (écologie et
territoire)’51. Bien plus, la RSE concerne directement l’entreprise, permettant une approche plus
opérationnelle du concept.

1.2.2.2 La RSE et la gouvernance d’entreprise :


L’ambigüité est un caractère qui marque la plupart des concepts. La notion de gouvernance
correspond à des interprétations différentes, son analyse implique également diverses

49
Nicolas Postel , Richard Sobel : Dictionnaire critique de la RSE, 2013, Presses universitaires du Septentrion, 34
Villeneuve d’Ascq, p, 122.
50
Communication de la commission : La responsabilité sociale des entreprises : une contribution des entreprises
au développement durable, 2002, Commission des communautés européennes, Bruxelles.
51
Fabrice Mauléon et François Silva : Etats des lieux de la RSE et du développement durable en France, 2009,
Management Prospective ED, p, 24.
disciplines et approches52. Elle fut utilisée pour la première fois de façon métaphorique par
Platon pour désigner le fait de gouverner les hommes53. Elle est apparue en 1930 en Angleterre
et aux-Etats-Unis Suite à des affaires de fraude et de mauvaise gouvernance. Dans le contexte
d’entreprise il fut utilisé dans le cadre de la recherche menée pour savoir comment la direction
de l’entreprise est constituée et de quelle manière elle est contrôlée.
La gouvernance désigne selon le rapport de Vienot 199554, l’ensemble des principes et
des règles qui commandent et limitent les actions des dirigeants, aussi bien que le respect des
principes de transparence propre à améliorer le management de l’entreprise tout en gardant son
image auprès du public et des investisseurs.
De plus ce terme recouvre ‘l’ensemble de dispositions légales, réglementaires ou
pratiques qui délimitent l’étendue du pouvoir et des responsabilités de ceux qui sont chargés
d’orienter durablement l’entreprise’55.
Selon Gomez56 il existe trois pouvoirs constituant la gouvernance des entreprises :
Le pouvoir exécutif (les dirigeants): définit les stratégies et met en œuvre les décisions
opérationnelles orientant l’entreprise
Le pouvoir de surveillance (les administrateurs) : assure que l’exercice du pouvoir exécutif
est compatible avec l’intérêt général de l’entreprise, sa pérennité et sa performance durable.
Le pouvoir souverain (les actionnaires): assume la continuité de l’entreprise en validant, en
dernier ressort, son orientation et en légitimant ceux qui en décident.
Le pouvoir acquis par l’entreprise réclame à juste titre une plus grande clarification des
règles de gouvernance pour s’assurer de leur responsabilité vis-à-vis de leur environnement.
L’application et le suivi des décisions prises, c’est le point central de la RSE.
La gouvernance est une matérialisation de la RSE dans le sens où elle insiste sur
l’application des règles afin d’atteindre les objectifs de l’organisation,
La gouvernance de l’organisation constitue le système à travers lequel une organisation
prend des décisions et les applique dans le but d’atteindre ses objectifs. Ce système ‘innovant’57
est dirigé par une personne ou par un groupe de personnes (propriétaires, membres, mandataires

52
Amghar Malika et Boukrif Moussa : La gouvernance d’entreprise : un concept ambivalent, quelle application 35
pour le contexte algérien?, 2017, Université de Bejaia, Algérie.
53
Joumard Robert : Le concept de gouvernance, 2010, laboratoire Transport et Environnement.
54
Bilgo Vincent : Analyse du dispositif RSE dans le projet minier Tanlouka, 2O14, Université OUAGA II, p, 29.
55
Gilles Cavalli : La responsabilité sociétale au sein des entreprises de taille intermédiaire, D’une nécessité
contraignante à une vision stratégique : un changement salvateur, 2013, Epoyme, p, 23.
56
Gomez Pierre-Yves : Référentiel pour une gouvernance raisonnable des entreprises, 2009, EM Lyon business
school, p, 12-13.
57
Gilles Cavalli : La responsabilité sociétale au sein des entreprises de taille intermédiaire, D’une nécessité
contraignante à une vision stratégique : un changement salvateur, 2013, Epoyme, p, 24.
sociaux ou autres) détenant le pouvoir et ayant la responsabilité d’atteindre les objectifs de
l’organisation.
Ce concept de gouvernance dans un contexte de responsabilité sociale présente une
question et un moyen d’augmenter la capacité de l’organisation et respecter les intérêts des
parties prenantes tout en adoptant un comportement socialement responsable :
« Dans le contexte de la responsabilité sociétale, la gouvernance de l’organisation
présente la particularité d’être à la fois, une question centrale à propos de laquelle il convient
que les organisations agissent, et un moyen d’augmenter la capacité de l’organisation à mettre
en œuvre un comportement socialement responsable sur les autres questions centrales » 58 .
En effet, une gouvernance efficace nécessite l’intégration des principes et des pratiques
retenus en matière de transparence, de redevabilité, de respect des intérêts des parties prenantes,
de comportement éthique, et du principe de légalité dans les processus de prise de décision et
de mise en œuvre. L’obligation de vigilance peut également être une approche utile permettant
à l’organisation de traiter les domaines d’action de la responsabilité sociétale.

1.2.2.3 La RSE et l’entreprise citoyenne


La question de la citoyenneté d’entreprise est débattue depuis plusieurs années dans la
littérature managériale. Elle vise à réhabiliter le monde de l’entreprise non seulement comme
le cœur de l’activité économique mais aussi comme porteur de préoccupations et d’actions
qualifiées.
Selon Jeffrey Hollender 59 , être une entreprise responsable et une bonne entreprise
citoyenne n’est pas une lubie du marketing ou un instrument de relations publiques. Dans la
mesure où ce concept repose sur l’idée que l’entreprise doit répondre aux préoccupations de
toutes les parties prenantes :
‘Etre une entreprise citoyenne, c’est ne pas se contenter de répondre aux seules
préoccupations financières des actionnaires, mais répondre aussi aux préoccupations de toutes
les parties prenantes (…) Ce souci doit s’inscrire dans la culture de l’entreprise (…) car au bout
du compte il peut faire la différence entre succès et échec commercial. Que signifie la
responsabilité citoyenne pour les entreprises ?
 Avoir des pratiques éthiques

58
Gilles Cavalli : La responsabilité sociétale au sein des entreprises de taille intermédiaire, D’une nécessité 36
contraignante à une vision stratégique : un changement salvateur, 2013, Epoyme, p, 24.
59
Batelier Pierre, Raufflet Emmanuel B : Responsabilité sociale de l’entreprise : enjeux de gestion et cas
pédagogiques, 2008, Presses inter Polytechnique, Québec, p, 51.
 Bien traiter son personnel
 Faire des bénéfices, payer ses impôts, offrir de l’emploi
 Fournir des produits et services sûrs et fiables
 Avoir un bon bilan écologique
 Œuvrer à l’amélioration des conditions de vie de la collectivité’60
L’entreprise citoyenne vient pour résoudre les problèmes de la société et comme une
nouvelle voie de légitimation. L’entreprise selon ce concept est considérée comme personne
morale à travers la notion de citoyen.
La citoyenneté d’entreprise est un terme américain, vient de l’idée de l’entreprise ‘good
citizen’, abordé dans les années 1970 outre-Atlantique et importé en Europe vingt ans plus tard.
Cette idée est développée par des firmes multinationales dans les années soixante-dix
lorsqu’elles commençaient à être la cible de critiques. A cet effet, ces entreprises participent-
directement ou indirectement- aux activités culturelles, sociales et sportives des contrées où
elles sont implantées61.

Auteur(s) Définition

Est citoyenne toute entreprise qui agit dans un esprit de co


CJD (1996) développement avec son environnement et se reconnaît coresponsable
de son devenir

C.Forthomme Dans le cadre d’une perception claire de son intérêt à long terme, c’est
et C. Habbard la volonté de l’entreprise d’agir de la manière la plus responsable
(1996) possible dans ses interactions avec l’environnement au sens large

Par sa citoyenneté, l’entreprise s’engage à un comportement intègre qui


B.Lamon assure le développement économique et social pour ses collaborateurs
(2001) comme pour son milieu opérationnel. L’entreprise entend ainsi
démontrer par diverses initiatives son utilité organisationnelle et sa
légitimité institutionnelle et par là son ancrage social

60
Chantal Gravel, Martin Gravel : Nouveau management du capital humain, 2012, Presses Université du Québec, 37
p, 8.
61
Emmanuelle Champion, Corinne Gendron : De la responsabilité sociale à la citoyenneté corporative :
l’entreprise privée et sa nécessaire quête de légitimité, 2005, Revue Nouvelles pratiques sociales, Québec, p, 94.
I.Maignan, La mesure dans laquelle l’entreprise assume les responsabilités
O.C.Ferrel et économiques, légales, éthiques et discrétionnaires qui lui sont imposés
G.T.M Hult par ses stakeholders.
(1999)

Tableau 2: Quelques définitions de la citoyenneté d’entreprise62

La littérature sur ce concept fait apparaître une profusion de termes plus au moins proches. En
particulier, les concepts de responsabilité sociale et de citoyenneté d’entreprise sont souvent
utilisés de manière interchangeable ; du fait que la citoyenneté d’entreprise comme concept flou
est une des filiations des démarches RSE63.
En effet les partisans de ce nouveau concept prétendent redéfinir le rôle de l’entreprise en
priorisant les questions sociales. Alors que le champ de la responsabilité sociale tentait de
définir les rapports entreprise-société, d’encadrer l’action des entreprises pas des références
morales, ou encore de prendre en compte les attentes sociales dans un but stratégique 64. De
plus, cette dernière se référerait à l’aspect théorique et représenterait un ensemble de principes
tandis que l’entreprise citoyenne désignerait un ensemble de comportements qui démontrent
ces responsabilités65.

1.2.2.4 Investissement socialement responsable (ISR)


Les Quakers 66 sont les premiers à la création d’un tel mouvement d’investissements
socialement responsable au XVIIe. Il prend véritablement racine entre 1870 et 1917 à l’âge de
la réforme. Les changements qui dominent la vie politique durant l’âge de ’Croisades’ marquent
l’avènement d’un nouvel ordre social67 et mobilise les investisseurs socialement responsables :

62
Emna Gara, Bach Ouerdian et Chiha Gala : La Citoyenneté d’entreprise : un déterminant de l’engagement
organisationnel, 2009, Revue des sciences de gestion, p, 56 38
63
Patrice de la Broise, Thomas Lamarche : Responsabilité sociale : nouvelle communication des entreprises ?
2006, Septentrion, p, 53
64
Emna Gara, Bach Ouerdian et Chiha Gala : La Citoyenneté d’entreprise : un déterminant de l’engagement
organisationnel, 2009, Revue des sciences de gestion, p, 56
65
Emmanuelle Champion et Corinne Gendron : De la responsabilité sociale à la citoyenneté corporative :
l’entreprise privée et sa nécessaire quête de légitimité, 2005, Revue Nouvelles pratiques sociales, Québec, p, 96
66
Les Quakers en Grande-Bretagne1 sont les membres d’une communauté protestante créée en 1747 par George
Fox en Angleterre. (…) Leurs préoccupations sociales s’illustrent par l’attention portée à la formation, la santé et
les conditions de vie de leurs employés. Cette définition rejoint aujourd’hui parfaitement la description d’une
attitude paternaliste. Les Quakers américains2 (…) ils étaient riches mais exclus des débats et des carrières
politiques en raison de leurs croyances. Ce faisant, ils consacrèrent leur argent à des vastes campagnes sociales,
comme l’abolition de l’esclavage, l’amélioration des conditions de vie en prison, l’éducation et la salubrité du
développement urbain.
67
L’origine et le développement de l’investissement socialement responsable, Editions d’Organisation, p, 11.
 Champ personnel : la moralisation de la conduite des individus passe par un combat
contre l’alcool, le tabac et autres formes de drogues,
 Social Welfare : la protection sociale des personnes plus défavorisées, qui ne peuvent
se défendre seuls (les plus démunis, les femmes, les enfants, les ouvriers)
 Changements institutionnels : redéfinition des relations entre le gouvernement et les
gouvernés, ainsi que des relations entre les grands empires industriels et la société
Ce phénomène rencontre un intérêt croissant notamment avec l’émergence du concept de
développement durable.
Le processus de l’ISR consiste à intégrer des critères extra-financiers censés révéler la
responsabilité sociale des entreprises68.
La question de l’ISR a progressivement occupé une bonne partie des réflexions des chercheurs
pour son enjeu sociétal et économique. Afin de mieux saisir ce concept plusieurs critères entrent
en jeu. Comme la note Diane-Laure69deux principaux référentiels conceptuels dans lesquels
l’ISR prend place, à savoir deux référentiels, l’un sociétal, l’autre économique. -- Pour le
premier l’ISR – (valeurs morales regroupés sous les termes de ‘fonds éthiques’) - a pour objectif
de rendre la société plus morale en modifiant les comportements des entreprises. Le
développement des théories sociales exige que les entreprises, de par le pouvoir dont elles
disposent, doivent assumer des responsabilités qui vont au-delà de leurs sphères d’activités
directes. Autrement dit l’ISR consiste à mettre en cause un référentiel sociétal, au nom de la
diversité du système de valeurs, porté par une multiplicité d’acteurs auxquels ces entreprises
doivent répondre (parties prenantes)
-Le deuxième référentiel focalise l’intérêt de la recherche sur la prise en compte d’éléments
extra-financiers comme des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (critères
connus sous le nom ‘ESG’) en plus des critères financiers. Les pratiques sociales ainsi adoptées
produiraient plus de valeurs actionnariales et permettraient de valoriser l’image et la réputation
de l’entreprise. De plus ce référentiel aidera à éviter les entreprises les plus risquées en termes
d’impact RSE (notamment de réputation) car ces critères extra-financières s’appuient en grande
partie sur l’évaluation faite par les Agences de Notation Sociétale.
En résume, Jean-Pascal Gond70 considère que l’ISR est plus restreint que la RSE car il se base
seulement sur des raisons éthiques et/ou religieuses. De plus il est difficile de cerner les

68
Dianle-Laure Arjaliès : Qu’est-ce que l’Investissement socialement responsable, 2010, Ecole polytechnique, 39
Paris.
69
Dianle-Laure Arjaliès : Qu’est-ce que l’Investissement socialement responsable, 2010, CNRS, Palaiseau, p, 4.
70
Mardam Fadoie et Bey Mansour : La responsabilité sociale de l’entreprise : définitions, théories et concepts,
2017, Studylib, p, 5.
industries socialement responsables. Celles-ci, tout comme pour toutes les activités humaines,
peuvent avoir de bons impacts dans certains domaines et de mauvais impacts dans d’autres.
2. Fondements théoriques et épistémologiques de la RSE

2.1 Fondements théoriques de la RSE

Le développement de la RSE depuis les années 5071, montre très bien qu’approcher ce
concept de manière théorique n’est pas une chose aisée. D’ailleurs, ses différents ‘dérivés’ et
les visions idéologiques différentes qui en découlent n’empêchent pas les académiciens de
renforcer les bases conceptuelles de la RSE. Cet effort de cerner le concept va même permettre
d’avancer plusieurs définitions, proposer différentes approches et orientations, sans pour autant
qu’un consensus ne se dégage « the corporate social responsibility fields not only a landscape
of theories but also a proliferation of approaches, which are controversial, complex and
unclear’72.

2.1.1 Evolution de la construction théorique de la RSE


Pour ce faire, nous allons distinguer les trois grandes phases d’élaboration théorique du
concept de RSE.
La première phase -RSE1- commence au début des années 1950 lorsque pour la
première fois apparaît le terme « social reponsibility » dans l’ouvrage de Bowen ‘Social
Responsibilities of the Businessman’ (1953), au régime ‘associatif’ où la RSE était encadrée.
Cette phase s’intéresse aux questions liées aux fondements éthiques et économiques de la
notion. En effet, RSE1 est caractérisée par une approche normative et philosophique de la RSE
de sorte que le terme ‘responsabilité’ « devient synonyme d’obligation, ou d’engagement
comme par exemple chez Jonas (1990) pour lequel le « principe responsabilité » consiste à agir
de façon à ce que les actions ne soient destructrices à l’égard des possibilités de vie future sur
notre planète »73.
La deuxième étape (CSR2)74 « corporate social responsiveness », (années 1970-1980,)
est marquée par des mouvements sociaux et environnementaux prenant pour cible les

71
Rodic Ivana : Responsabilité sociale des entreprises, le développement d’un cadre européen, 2007, Institut 40
européen de l’université de GENEVE, p, 10
72
Garriga Elisabet et Melé Domènec: Corporate social responsibility, theories: mapping the territory, 2004,
Journal of business ethics, p, 51.
73
Boidin Bruno, Postel Nicolas et Rousseau Sandrine : La responsabilité sociale des entreprises : Une perspective
institutionnaliste, 2009, Presses Uni. Septentrion, p, 88.
74
Aurélien François : Les pratiques de RSE des clubs sportifs professionnels français : vers un nouveau modèle
de légitimation ?, 2012, Université de Bourgogne, p, 50.
entreprises. Elle s’intéresse à la façon dont les entreprises agissent afin de répondre aux
pressions sociales auxquelles elles sont soumises.
La troisième phase (PSE, années 80 et 90)75, voit l’émergence de la PSE «performance
sociale de l’entreprise » qui constitue une tentative de synthèse des deux approches antérieures
et comme une nouvelle perspective englobant les capacités de management de la RSE, les
impactes des politiques et la mesure de ces impactes.

Responsabilité Sensibilité Performance


Sociale de Sociale de Sociale de
l’Entreprise l’Entreprise l’Entreprise
Prise
RSEen compte
-1 Processus
RSE - 2de Principes/Valeurs
PSE +
des valeurs et gestion des PB Processus de
des principes sociaux auxquels gestion +
dans la gestion
Orientation lesOrientation
entreprises sont Amélioration
Orientationdes
philosophiq confrontées
pragmatiqu résultats sociétaux
synthétique et
ue et e et intégratrice
normative managérial (1980/90)
(1950/60) e (1970’s)
Figure 3 : La construction théorique de la RSE, tirée de Gond et Igalens (2010, p. 39)

Une autre manière de monter l’évolution de cette notion. Nous pouvons le faire à travers
trois âges : le premier consiste dans l’obligation de réparer le dommageable ; le deuxième,
permet de mettre en cause les accidents, les menaces et les dangers ou tout simplement le situer
face au risque ; enfin le troisième, exige la sécurité dans un monde où ‘l’évolution échappe à la
maîtrise de l’humanité’76.
Depuis une cinquantaine d’années, l’intérêt que porte les chercheurs sur la définition
des principes de RSE ou sur les réponses managériales permettant de faire face aux
problématiques des sociétés rencontrées. Cet exercice nous incite à mettre en avant les

75
Frimousse Soufyane : La performance sociétale et la légitimité institutionnelle, 2006, ATER à l’Université de 41
Corse.
76
Capron Michel: La responsabilité sociale de l’entreprise entre l’Un et le Multiple, 2009, Presses Universitaires
du Septentrion, p, 89.
différentes représentations et la ‘diversité sémantique’ incarnée par la RSE 77 , ainsi que les
différentes théories sous lesquelles le concept à été appréhendé.
Donner à la RSE une définition exacte est un exercice aussi complexe car nombreuses
définitions ont été avancées, multiples orientations et approches sont adoptées par les
chercheurs pour cerner le concept, sans pour autant qu’un consensus ne se dégage. Aussi, le
tableau suivant présente les différentes approches existantes de la RSE.

1-La RSE va au-delà de l’intérêt économique direct de la firme

La RSE renvoie à l'obligation, pour les hommes d'affaires, de mettre en


Bowen
oeuvre les politiques, de prendre les décisions et de suivre les lignes de
(1953) conduite qui répondent aux objectifs et aux valeurs considérées comme
désirables par notre société.

La RSE est la considération de la firme et sa réponse à des problèmes qui


Davis
vont au-delà de ses engagements économiques, techniques et légaux pour
(1960) atteindre le « social benefit ».

L'idée de responsabilité sociétale suppose que l'entreprise n'a pas


McGuire
seulement des obligations légales ou économiques, mais qu'elle a
(1963) également des responsabilités envers la société, lesquelles vont au-delà de
ses obligations.

La RSE renvoie aux objectifs ou aux raisons qui donnent une âme aux
Backman
affaires plutôt qu'à la recherche de la performance économique.
(1975)

La responsabilité sociétale est [l'idée] selon laquelle les entreprises, au-


Jones
delà des prescriptions légales ou contractuelles ont une obligation envers
(1980) les acteurs sociétaux.

La RSE est l’ensemble des actions répondant aux attentes de la société et


McWilliams
qui vont au delà des intérêts économiques de la firme dans le respect les
et Siegel lois.
(2001)

2-La RSE consiste à maximiser le profit pour les actionnaires

77
Tarik EL MALKI, La Responsabilité sociale des entreprises le cas du Maroc, 2014, Afrique Orient, Casablanca. 42
Friedman Rien n'est plus dangereux pour les fondements de notre société que
l'idée d'une responsabilité sociétale des entreprises autre que de générer
(1962)
un profit maximum pour leurs actionnaires.

La responsabilité sociétale de l'entreprise est d'accroître ses profits. Elle


Friedman
consiste, à utiliser ses ressources et à s'engager dans des activités
(1970) destinées à accroître ses profits, pour autant qu'elle respecte les règles
du jeu c'est-à-dire celles d'une concurrence ouverte et libre sans duperie
ou fraude.
3-La RSE vue comme une simple responsabilité publique

La responsabilité publique des entreprises (RPE) est meilleure que la


Preston et Post
RSE puisqu’elle met l’accent sur «The importance of the public policy
(1975) process. » (p. 102). La RPE serait alors un ensemble de principes et
d’engagements que l’entreprise est tenue de respecter.
4-La RSE consiste à répondre aux attentes de la société de façon volontaire

La responsabilité sociétale est [l'idée] selon laquelle les entreprises


Manne (1972)
répondent aux demandes de la société de façon volontaire.

La responsabilité sociétale est ce que la société attend des organisations


Carroll (1979)
en matière économique, légale, éthique et volontaire, à un moment
donné.

La RSE n’est en aucun cas une obligation de nature coercitive.


Jones (1980)
L’entreprise est tenue d’adopter un comportement responsable, mais
toute action sociale influencée par une contrainte légale n’est en aucun
cas volontaire.

L’acceptation volontaire des principes de responsabilité est toujours


Frederik
préférable à la réglementation ou à l’intervention contraignante.
(1994)

5-La PSE se compose d’un ensemble de principes se déclinant aux niveaux


institutionnel, organisationnel et managérial

La responsabilité sociétale ne peut être appréhendée qu'à travers


Wood (1991)
l'interaction de trois principes : la légitimité, la responsabilité publique
et la discrétion managériale, ces principes résultant de trois niveaux
d'analyse, institutionnel, organisationnel et
individuel.
Swanson La RSE intègre une double perspective de contrôle social de la société
sur l'entreprise et de respect volontaire par l'entreprise d'un ensemble de
(1995)
devoirs. Ces deux orientations se déclinent au niveau de macro-

43
principes institutionnels et organisationnels et de micro-principes mis
en oeuvre dans les processus de prise de décision.
6-La PSE comme intégration des multiples approches de la responsabilité sociétale
(principes, processus, etc.)

La PSE est l'articulation et l'interaction entre (a) différentes catégories de


Carroll
responsabilités sociétales, (b) des problèmes spécifiques liés à ces
(1979) responsabilités et (c) des philosophies de réponse à ces problèmes.

La PSE est l'interaction sous-jacente entre les principes de responsabilité


Watrick et
sociétale, le processus de réceptivité sociétale et les politiques mises en
Cochran œuvre pour faire face aux problèmes sociaux.
(1985)

La PSE est une configuration organisationnelle de principes de


Wood
responsabilité sociétale, de processus de réceptivité sociétale et de
(1991) programmes/politiques/résultats observables liée aux relations sociétales
de l'entreprise.

La PSE est une configuration résultant d’une interaction entre macro-


Swanson
principes, microprincipes de la RSE, d’une part, et culture
(1995) organisationnelle et impact social, d’autre part.

7-La PSE comme capacité à satisfaire les ‘stakeholders’

La PSE peut se définir comme la capacité à gérer et à satisfaire les


Clarkson
différentes parties prenantes de l'entreprise. Rajouter d’autres auteurs
(1995

la RSE est un « ensemble d’activités, volontaires par définition, prenant


VanMarrwijk
en compte les préoccupations sociales et environnementales dans
(2003) l’activité de l’entreprise ainsi que dans son interaction avec ses
«Stakeholders ».
8-La PSE vue comme système ‘guidé’

La PSE est une sous système d’un système entier de performance guidé
Mitnick
par un des normes. Il se décompose en un ensemble d’inputs
(1993) transformés par un processus de conversion en des outputs véhiculés
vers l’environnement. L’enjeu étant d’optimiser le fonctionnement du
système
9-La PSE, un concept contingent
Husted (2000) La PSE incarne la logique de la contingence, elle serait donc une
fonction d’interaction entre d’une part, les problèmes sociaux, et

44
d’autre part la stratégie et la structure organisationnelle qui sont
inhérentes à ces problèmes.
Tableau 3: les différentes approches qui sous-tendent l’évolution du construit RSE
(Typologie inspirée de Gond et Mullenbach, 2004 & Carroll, 1999)78

2.1.2 Courants de pensée :


Dans la littérature en management, le débat contemporain sur la responsabilité des
entreprises a pris son origine dans un article de Bowen s’appuyant sur l’idée que les entreprises
doivent revoir leurs stratégies en intégrant les dimensions sociales et environnementales pour
répondre aux diverses pressions de la société. Parmi le grand nombre d’articles consacrés à la
RSE, notamment aux Etats-Unis, il est possible de distinguer trois courants de pensées : le
courant de ‘Business Ethics’ (l’éthique des affaires), le courant de ‘Business and society’
(l’entreprise et la société) et finalement le courant de ‘social issue management’ (management
des questions sociales)79.

2.1.2.1 RSE et Business Ethics: Qu’est ce que l’éthique des affaires ?


Le bon et le mauvais sont deux notions qui marquent le concept ‘Ethique’. D’abord,
L’Ethique est une discipline de la philosophie qui vise à élaborer un certain nombre de règles
et tracer des pistes pour guider les choix humains. L’éthique des affaires est un champ
disciplinaire appliqué dont l’enjeu primordial est de séparer ce qu’est acceptable de ce qui ne
l’est pas. A ce niveau plusieurs questions fondamentales qui se posent :
Qu’entendons-nous par acceptabilité ? Quelle est la nature des principes qui la
définissent ? Quelle est leur valeur ? Comment déterminer ces principes ? Qui peut les
déterminer ? A qui s’adressent-ils ? Qui doit les faire appliquer ? Quelle est leur efficacité ?
Quelles sanctions faut-il imposer en cas de manquements? Quelles sont les relations entre les
principes éthiques et ceux d’autres systèmes normatifs, comme le droit, la coutume, la religion ?
Quels sont les liens entre éthique, pouvoir, et marché ?80
Dans le cadre de l’éthique, le mot ‘Responsabilité’ est apparu la première fois en
Allemand, puis en Anglais puis en Français au XVIIe siècle 81 . En effet, la notion de

78
Ben Mlouka Menel et Boussoura Ezzedine : la théorie néo-institutionnelle contribue t- elle à l’éclairage du 45
concept de responsabilité sociétale ? Institut des Hautes Etudes Commerciales à Carthage, p, 5
79
Fontaine Charles, Haarman Antoine et Schmid Stefan : The stakeholder theory, 2006, Semantic Scholar, p, 26.
80
Postel Nicolas et Sobel Richard: Dictionnaire critique de la RSE, 2013, Presses universitaires Septentrion,
Villeneuve d’Ascq, p, 196.
81
Yinya Liu et M.Phil : From response to responsibility : a study of the other and language in the ethical structure
of responsibility in the writings of bonhoeffer and levinas, 2010, national university of Ireland, Maynooth, p, 7.
Responsabilité Sociale des entreprises émane en grande partie du monde des affaires. A cet
effet, plusieurs colloques, séminaires ont été organisés et publications faites, relatifs à l’éthique
des affaires82. Mieux encore certains auteurs de la RSE localise dans la continuité d’une histoire
de l’éthique des affaires qui trouverait ses origines des l’Antiquité avec le code de Hammourabi
au XVIIe siècle.

L’éthique et la morale :
« Je me propose de distinguer éthique et morale, de réserver le terme ‘éthique’ pour
tout le questionnement qui précède l’introduction de l’idée de loi morale, et de
désigner par morale tout ce qui, dans l’ordre du bien et du mal se rapport à des lois,
des normes et des impératifs »83.
Cette confusion la plus courante affirmée par Paul Ricoeur 84 , nous oblige de clarifier la
différence. La première notion, ‘se place au-delà de la morale, des mœurs et des lois, qui toutes
trois ont pour objet de diriger les acteurs vers des comportements déterminés’85 ; de telle façon
que, la ‘morale’ –au-delà de son sens direct- concerne le côté psychologique de la sanction
comme le sentiment de culpabilité. La notion de mœurs désigne un ensemble de règles
généralement imposées par une autorité extérieure (religion, pouvoir politique, famille) qui vise
l’intériorisation de modes d’action considérés comme supérieurs’86. Améliorer la compétence
éthique dans le monde des organisations peut sûrement préserver sa survie à travers le contrôle
direct des dirigeants : ceux-ci doivent donner l’exemple, par les priorités, les critères de
promotion, mais aussi par les systèmes de récompense qui favorisent les entreprises
respectueuses des mœurs.
Les fondateurs du capitalisme Nippon 87 étaient également animés par une réflexion
éthique. Depuis Eiichi Shibusawa, « père du capitalisme japonais », qui réclame que
l’entrepreneur doit à la fois cultiver la vertu (symbolisée par les Analectes de Confucius, ou
Rongô) et développer son sens des affaires (symbolisé par le boulier, ou Sorbon)

82
Gond Jean-Pascal: Gérer la performance sociétale de l’entreprise, 2010, Vuibert, Paris, p, 16. 46
83
Boidin Bruno, Postel Nicolas et Rousseau Sandrine : La responsabilité sociale des entreprises, une perspective
institutionnaliste, 2009, Presses Universitaires du Septentrion, Première édition, p, 120.
84
Svandra Philippe : Repenser l’éthique avec Paul Ricoeur, le soin : entre responsabilité, sollicitude et justice,
2016, Association de recherche en soin infirmiers
85
Postel Nicolas et Sobel Richard : Dictionnaire critique de la RSE, 2013, Presses universitaires Septentrion,
Villeneuve d’Ascq, p, 197.
86
Postel Nicolas et Sobel Richard : Dictionnaire critique de la RSE, 2013, Presses universitaires Septentrion,
Villeneuve d’Ascq, p, 197.
87
Etienne Rolland-Piègue : La responsabilité sociale des entreprises au Japon de l’époque d’EDO à la norme ISO
26 000 et à l’accident nucléaire de Fukushima, 2011, ISKA, p, 34.
Les entreprises engagées dans les démarches de RSE font-elles de l’éthique ?88 pour
répondre à cette question, il serait utile de pencher sur les trois mécanismes fondamentaux qui
expliquent les choix que font les acteurs dans les entreprises à savoir : le marché, le pouvoir, et
les valeurs. Suivant cette logique, le premier comprend la question de rentabilité, alors que le
deuxième correspond aux lois et aux groupes de pression enfin le troisième exige le respect de
principes89. Dans le même contexte, les dirigeants adoptent une réflexion sur l’orientation des
comportements des individus via un ‘code d’éthique’ intériorisé dans les pratiques de
l’entreprise.
Durant les années 197090 l’entreprise s’est focalisée sur la détection et la gestion des
questions qui vont permettre de donner des réponses aux nombreux problèmes, y compris les
principes « éthiques » et comment l’entreprise met concrètement en application ses principes ?
Pour cette fin, le Business for social responsibility définit la RSE ‘comme des pratiques
d’affaires qui renforcent la responsabilisation et respectent les valeurs sur le plan de l’éthique
dans l’intérêt de tous les intervenants’91. L’apport de ce courant sur la RSE consiste à mettre
l’accent sur la réalisation ‘éclairée’ des intérêts de l’entreprise. En d’autres termes, la RSE
devient alors une démarche permettant ‘d’atteindre le succès commercial en faisant bonheur
aux valeurs éthiques, au respect des personnes, des communautés, et de l’environnement’92. A
vrai dire que l’entreprise pour atteindre la satisfaction aspirée doit adopter une démarche
éthique comme outil de moralisation. Dans se sens, Archie B. Carroll, a proposé un classement
à la responsabilité selon sa nature. Il a construit le modèle pyramidal de la RSE en quatre
niveaux93 :

1er niveau : la responsabilité économique ;


2ème niveau : la responsabilité légale
3ème niveau : la responsabilité éthique
4ème niveau : la responsabilité philanthropique ou discrétionnaire

88
Boidin Bruno, Postel Nocolas et Rousseau Sandrine: La responsabilité sociale des entreprises, une perspective 47
institutionnaliste, 2009, Presses Universitaires Septentrion, p, 119.
89
Postel Nicolas et Sobel Richard : Dictionnaire critique de la RSE, 2013, Presses universitaires Septentrion,
Villeneuve d’Ascq, P, 197
90
Rodic Ivana : Responsabilité sociale des entreprises-le développement d’un cadre européen, 2007, Institut
européen de l’Université de GENEVE, P, 11
91
Ivana Rodic : la responsabilité sociale des entreprises-le développement d’un cadre européen, 2007, Institut
Européen de l’université de Genève, p. 13
92
Rubinstein Marianne: Approche stratégique de la Responsabilité Sociale des Entreprises, rentes de monopole et
nouvelle gouvernance d’entreprise, 2008, Université Paris 7 & CEPN, p, 3.
93
Rodic Ivana : la responsabilité sociale des entreprises-le développement d’un cadre européen, 2007, Institut
Européen de l’université de Genève, p.20.
La pyramide suivante résume ces quatre niveaux, c’est un modèle qui fait référence dans le
monde anglo-saxon :

la responsabilité
philanthropique
être un bon citoyen
corporatif.
fournir des ressources
pour la communauté; améliorer
la qualité de vie

responsabilités éthiques
être éthique. obligation de faire ce qui
est juste et équitable. éviter de nuire

responsabilités juridiques
la loi est la codification de la société du bien et du
mal. jouer selon les règles du jeu

responsabilités économiques
être rentable. le fondement sur lequel reposent tous les autres

Figure 4 : La pyramide de Carroll de la RSE94


‘Le courant « Business Ethics » ou courant moraliste-éthique propose une réflexion moraliste
défendant l’idée que l’entreprise doit agir de manière socialement responsable, du fait qu’il est
de son devoir moral de le faire. De plus, il attribue à la firme un statut d’agent moral par analogie
avec une personne humaine ; mais cette morale est celle des intérêts bien compris de la firme,
Gélinier le résume très bien en disant : « pas de réussite durable pour une entreprise sans éthique
ni pour une économie de marché sans éthique »’95.
Malgré son apport positif, l’éthique des affaires ‘reste une construction partagée, marquée par
le souci du compromis entre parties prenantes, autour de valeurs et du respect de principes à

94
Carrol Archie. B et Buchholtz Ann K.: Business and Society, ethics and stakeholders management, 7e, 2008, 48
South-Westren, Cengage Learning, p, 45.
95
Annie Najim, Elisabeth Hofman et Kamala Marius-Gnanou : Les entreprises face aux enjeux du développement
durable, 2003, Karthala, p, 114 .
définir en commun’96. Les points de repères fournit par ce courant de pensée constituent un
outil efficace pour combler le déficit moral de toute société. Tout au plus, ce concept est avant
tout une forme de respect de soi et d’autrui, et donc une forme de responsabilité envers soi-
même et les autres. A ce propos Keith Davis un des plus importants acteurs de cette époque a
affirmé dans un article que :
‘The substance of social responsibility arises from concern for the ethical
consequences of one’s acts as they might affect the interests of others’97
Bref, ce courant propose une approche moraliste axe sur les valeurs et les jugements normatifs98
Dans une optique de causalité ‘Good Ethics = Good Business’ , Davis suggère que la RSE
transcende les intérêts techniques et économiques de l’Hommes des affaires, dans le sens où la
responsabilité sociale de ce dernier doit être proportionnelle au pouvoir qu’il détient, sinon la
société qui lui accorde ce pouvoir le lui retirera. C’est dans ce cadre qu’il a avancé ce concept
Iron Law of responsibility99 qui repose sur le fait que le pouvoir ne devrait par être considérée
isolément de la responsabilité, et cette dichotomie constitue le fondement de la RSE.
2.1.2.2 Business and society :
Tout d'abord, laissez-nous définir brièvement et expliquer ces deux termes clés:
Business:
‘may be defined as the collection of private, commercially oriented (profit-oriented)
organizations, ranging in size from one-person proprietorships (such as Sons of
Italy Pizzeria, Gibson’s Men’s Wear, and Zim’s Bagels) to corporate giants (such
as Johnson & Johnson, GE, Coca-Cola, Dell Inc., and UPS). Between these
extremes, of course, are many medium-sized proprietorships, partnerships, and
corporations’100;
En d’autres termes, l’entreprise peut être définie, selon Carroll, comme la collection des
organisations privées et à vocation commerciales (à but lucratif), allant de la taille des entreprise
individuelle (tels que Sons of Italy Pizzeria, Gibson’s Men’s Wear, and Zim’s Bagels) à celles

96
Postel Nicolas et Sobel Richard: Dictionnaire critique de la RSE, 2013, Presses universitaires Septentrion, 49
Villeneuve d’Ascq, P, 201.
97
Carroll Archie B: Corporate Social Responsibility, evaluation of a definitional construct, 1999, Business &
Society, p. 272
98
Corinne Gendron : Le questionnement éthique et social de l’entreprise dans la littérature managériales, 2000,
Bibliothèque nationale du Canada, p, 9
99
Carrol Archie B et Ann K. Buchholtz: Business and Society, ethics and stakeholders management, 7e, 2008,
South-Westren, Cengage Learning, p, 22.
100
Carrol Archie B. et Buchholtz Ann K.: Business and Society, ethics and stakeholders management, 7e, 2008,
South-Westren, Cengage Learning, p, 5.
géantes (comme Johnson & Johnson, GE, Coca-Cola, Dell Inc., and UPS). Entre ces deux
extrêmes, bien sur, il existe plusieurs entreprises moyennes, partenariats et corporations.
Grandes, petites et moyennes entreprises sont toutes inclue dans notre discussion, mais en
réalité les grandes sont les plus visibles. Ces produits et la publicité sont plus connus. Par
conséquent, les grandes entreprises sont fréquemment dans l’œil critique du public, car les gens
dans toute société associent souvent la taille avec le pouvoir, et les puissantes sont donnés un
examen plus approfondi. Egalement pour la raison que ce sont, tout simplement, plus propice à
la création de problèmes sociaux visibles que d’autres. Par exemple, les entreprises de
fabrication sont plus susceptibles d’être l’objet de critiques de la société pour la nature de ses
activités (la pollution de l’air, de l’eau et les changements climatiques…etc.)101.
Toujours quand on parle de ‘business and society’ nous focalisons notre attention
particulièrement sur les grandes entreprises sans oublier les moyennes et les petites du fait que
elles en disposent pas des ressources nécessaires pour répondre aux exigences d’une
responsabilisation accrue sur la plupart des fronts sociaux.
Society:
‘Society may be defined as a community, a nation, or a broad grouping of people
having common traditions, values, institutions, and collective activities and
interests. As such, when we speak of business and society relationships, we may in
fact be referring to business and the local community (business and Atlanta),
business and the country as a whole, business and the global community, or
business and a specific group of people (consumers, investors, minorities)’102
Selon le même auteur (Carroll), la société peut être définie comme une communauté, une
nation, ou d’un grand groupe de personnes ayant des traditions, des valeurs, des institutions,
des activités collectives et des intérêts communs. Ainsi, lorsque nous parlons des relations de
Business and Society, nous pouvons faire référence à l’entreprise et la communauté locale
(entreprise et Atlanta), les entreprises et les pays dans son ensemble, les entreprises et la
communauté internationale, ou d’une entreprise et un groupe spécifique de personnes
(consommateur, les investisseurs, les minorités).

101
Carrol Archie B et Buchholtz Ann K: Business and Society, ethics and stakeholders management, 7e, 2008, 50
South-Westren, Cengage Learning, p, 6
102
Carrol Archie B et Buchholtz Ann K: Business and Society, ethics and stakeholders management, 7e, 2008,
South-Westren, Cengage Learning, p, 6
Cette relation entre l’entreprise et la société peut être résumée sous le terme
‘macroenvironnement’, qui comprend l’environnement global en dehors d’elle. Le
‘macroenvironnenment’ est le contexte sociétal complet dans lequel réside l’organisation.
La conceptualisation convenable du ‘macroenvironnement’ est de le raisonner comme étant
composé de quatre segments : sociaux, économiques, politiques et technologiques103.
L’environnement social met l’accent sur la démographie, les modes de vie et les valeurs
sociales de la société.
L’environnement économique focalise sur la nature et la direction de l’économie dans lequel
fonctionnent les entreprises. Les variables d’intérêt pourraient inclure des indices tels que le
national brut, l’inflation, les taux d’intérêt, les taux de chômage,…etc.
L’environnement politique est axé sur les processus par lesquels les lois sont passées et les
fonctionnaires d’être élus et tous les autres aspects de l’entreprise, les processus politiques et le
gouvernement.
L’environnement technologique représente l’ensemble total des avancées technologiques qui
ont lieu dans la société. Ce segment comprend les nouveaux produits, procédés et matériaux,
ainsi que les états de la connaissance et le progrès scientifique.
Concevoir cette relation nous fournit un moyen utile de comprendre la responsabilité de
l’entreprise envers la société ou il est.

Business and Society : l’objectif central de ce courant est la réconciliation entre l’intérêt privé
et l’intérêt général. Pour cette raison, la RSE venu pour réaliser cette compatibilité, et pour
défendre l’idée que ce nouveau mode de management constitue un élément clé de la stratégie
de l’entreprise.
Dès 1916, l’économiste américain John Morice Clark évoque, dans un article, intitulé the
Changing Basis of Economic Responsbility, le glissement progressif d’une responsabilité
économique des entreprises vers une responsabilité sociale, de manière plus précise,
l’élargissement des responsabilités de l’entreprise dans le volet social104 . Ainsi, l’intérêt porté
à ce sujet était et le restera si grand en raison de la prise de conscience citoyenne et politique
des risques liés à l’activité productive.
Un autre contributeur majeur à la définition de la responsabilité sociale durant les 1960s était
Josef W .McGuire. Dans son ouvrage Business ans Society (1963), il a déclaré :

103
Carrol Archie B et Buchholtz Ann K: Business and Society, ethics and stakeholders management, 7e, 2008, 51
South-Westren, Cengage Learning, p, 7
104
Gond Jean-Pascal : Gérer la performance sociétale de l’entreprise, 2010, Vuibert, Paris, p, 16.
‘The idea of social responsibilities supposes that corporation has not only economic
and legal obligations but also certain responsibilities to society which extend
beyond these obligations’105
C’est-à-dire que l’entreprise n’a pas seulement des obligations économiques et juridiques mais
aussi d’autres responsabilités envers la société qui vont au-delà des ces obligations.
La prise en compte de l’intérêt général dont les décisions relatives aux actions sociales et
environnementales constitué l’objectif de ‘business and society’ ; du fait que, ‘l’approche
consensuelle du courant est présente chez presque tous les auteurs ; ils partent d’une
représentation du rôle de l’entreprise dans la société qui a comme postulat la convergence entre
l’intérêt économique de l’entreprise et l’intérêt social commun des parties prenantes ; ils
gomment tous les dilemmes et les conflits’106. De surcroît, l’entreprise est une institution sociale
qui concerne l’intérêt collectif car c’est l’analyse du courant ‘Business and Society’ pour lequel
« l’entreprise est une institution sociale créée par la société, envers laquelle elle est redevable
et qui est en mesure de lui retirer ses privilèges si elle se révèle inadéquate »107
‘Le courant « business and society », ou courant contractuel sociétal dont l’auteur le plus connu
est Archie B. Carroll (1979), estime qu’il n’existe pas de cloison étanche entre l’entreprise et la
société et que les deux sont en permanente interrelation ; il en résulte un courant social entre
l’entreprise et la société, impliquant un contrôle social de la part de la société qui peut
éventuellement sanctionner une entreprise ‘désobéissante’’108
Business & Society se préoccupe de la cohésion sociale et analyse les différentes modalités de
l’interface entreprise/société109

2.1.2.3 Courant du ‘social issue management’(SIM)


Initialement il semble utile d’expliquer ces ‘Social issues’, car les problèmes d’aujourd’hui, et
les circonstances dans lesquelles les acteurs doivent remédier, sont différents de ce qu’ils étaient
il y a des décennies. Même les acteurs de politiques publiques commencent à utiliser le terme
‘des problèmes pernicieux’ pour désigner les questions sociales complexes et à aider les

105
Carroll Archie B: Corporate Social Responsibility, evaluation of a definitional construct, 1999, Business & 52
Society, p.271.
106
Postel Nicolas et Sobel Richard : Dictionnaire critique de la RSE, 2013, Presses universitaires Septentrion, p,
71.
107
Rubinstein Marianne: Le développement de la responsabilité sociale de l’entreprise, une analyse en termes
d’isomorphisme institutionnel, 2006, Revue d’économie industrielle, p,8.
108
Najim Annie, Hofman Elisabeth et Marius-Gnanou Kamala: Les entreprises face aux enjeux du développement
durable, 2003, Karthala, p, 114.
109
Gendron Corinne : le questionnement éthique et social de l’entreprise dans la littérature managériales,2000,
Bibliothèque nationale du Canada, p,9
gestionnaires à apprivoiser leurs problèmes pernicieux ; aussi les sociologues les considèrent
comme des questions sociales lorsque celles-ci se réfèrent à des situations qui sont
incompatibles avec les valeurs d’un nombre important de personnes qui considèrent que
l’action est nécessaire pour modifier la situation. Mais la question qui se pose à ce niveau est
comment ces questions sociales (ou problèmes sociaux comme : la pauvreté, le chômage,
l’inégalité des chances, le racisme, la malnutrition…etc.) devraient être managées110.
‘Issue management is an inexact science; generally speaking, it concerns the
assessment, analysis, and management of the inputs into managerial decision
making, both strategic and tactical. There are even some who argue that some of
the best outcomes are produced by approaching issues management as an intuitive
art rather than a methodical science’111.
Selon Robert Boutilier, Issue Management est une science inexacte ; de manière
générale, elle concerne l’évaluation, l’analyse et la gestion des entrées dans la prise de décisions
de gestion, à la fois stratégique et tactique. Il y a même certains qui affirment que des meilleurs
résultats sont produits en abordant la gestion des questions comme un art intuitif plutôt qu’une
science méthodique.
‘Le courant du « Social Issue Management » ou courant utilitaire stratégique, prétend
fournir aux gestionnaires des outils pour améliorer la performance des entreprises, en tenant
compte des revendications sociales. Il propose une nouvelle approche de l’environnement qui
n’est plus seulement économique, mais aussi sociopolitique et vient asseoir sur le plan théorique
une nouvelle dimension de la stratégie de l’entreprise : la gestion des questions sociales et
politiques dans le cadre des finalités traditionnelles de l’entreprise’112.
Des auteurs tels que Wood, identifient spécifiquement le courant de la Social Issue
Management comme distinct de ceux du Business & Society ou du Business Ethics. De plus,
le courant traite les questions sociales comme des paramètres dont il faut tenir compte dans le
cadre de la gestion stratégique113.
Bien évidemment, ce dernier courant traite les questions de RSE comme des enjeux
stratégiques au service de l’amélioration de la performance de l’entreprise. Il propose même
des outils aux administrateurs pour cette finalité, tenant compte des attentes exprimées par les

110
Leisink Peter, Boselie Paul, hosking Dian Marie et van bottenburg Maarten: Managing Social Issues, A public 53
values perspective, 2013, Edward Elgar Publishing, Inc, p, 2.
111
Boutilier Robert: A Stakeholder Approach to Issues Management, 2011, Business expert press, prefaces (IX).
112
Najim Annie, Hofman Elisabeth et Marius-Gnanou Kamala: Les entreprises face aux enjeux du développement
durable, 2003, Karthala, p, 114.
113
Gendron Corinne : le questionnement éthique et social de l’entreprise dans la littérature managériale, 2000,
Bibliothèque nationale du Canada, p, 10.
différents acteurs de la société ; il restaure la complexité de la gestion en élargissant le champ
des acteurs et en élevant l’horizon des décisions ; les attentes des parties prenantes sont
intégrées dans les méthodes stratégiques114.

2.1.3 Théories de la RSE :

La multidimensionalité des travaux dans le courant théorique de la RSE contribue à


mettre en avant ‘la logique d’accumulation de connaissances autour du construit qui s’opère à
travers les gisements sémantiques renvoyant chacun à une étape précise de sa construction
théorique’ 115 . Dans ce cadre, nous allons aborder toutes les théories, à savoir la théorie
classique, la théorie des parties prenantes, la théorie néo-institutionnelle, qui contribuent à la
construction de ce concept philosophique, managérial, social, environnemental et culturel.

2.1.3.1 La Théorie des Parties Prenantes (Stakeholder Theory)


‘Stakeholder theory’ a été proposé comme une théorie alternative du capitalisme et de
la grande entreprise ; aussi pour remettre en cause le modèle de shareholder exposé par
Friedmann, c’est-à-dire ‘Actionnaire’. Le terme de ‘stakeholder is a variant of the more familiar
and traditional concept of stockholders—the investors in or owners of businesses’ 116 .
Aujourd’hui, la notion de parties prenantes est privilégiée car elle ainsi une généralisation de
celle d’actionnaires. En effet, les actionnaires ne sont qu'un groupe de nombreuses parties
prenantes légitimes que les entreprises et les organisations doivent considérer aujourd'hui pour
être efficace. Pour plus de précision, John Boatright117 stipule que ‘littéralement, on pourrait
traduire Shareholder par détenteur d’actions et stakeholder par détenteur d’intérêts’.
De plus, un ‘stake’ est un intérêt ou une part dans une entreprise. Il peut également être
une réclamation, sous forme de demande pour quelque chose qui est dû ou que nous croyons
être dû. Bref, nous pouvons voir clairement qu’un propriétaire ou un actionnaire a un intérêt ou
une propriété d'une entreprise.
L'idée de ‘stake’ peut aller du simple intérêt dans une entreprise à une extrême
réclamation juridique de la propriété. Entre ces deux, un stake pourrait être un «droit» à quelque

114
Fontaine Charles, Haarman Antoine et Schmid Stefan: The stakeholder theory, 2006, Semantic Scholar, p, 27. 54
115
Essid Moez : Les mécanismes de contrôle de la performance globale : le cas des indicateurs non financiers de
la RSE, 2007. Université Paris-Sud- Faculté Jean Monnet.
116
Carroll Archie et B, Buchholtz Ann K : Business & Society: ethics and stakeholder management, 2009, South-
Western, p, 83
117
Boatright John : Quel avenir pour la gestion des parties prenantes?, 2006, les ateliers de l’éthique, vol1, no. 1,
p. 56.
chose. Un tel droit pourrait être un droit légal à un certain traitement plutôt que d'une
réclamation juridique de la propriété, telle que celle d'un actionnaire. Les droits juridiques
pourraient inclure le droit à un traitement équitable (par exemple, de ne pas être discriminé) ou
le droit à la vie privée (à ne pas avoir sa vie privée envahie ou abrégée). Un droit aussi pourrait
être considéré comme un droit moral, comme celui exprimé par un employé: «J'ai obtenu un
droit de ne pas être congédié parce que je travaille ici depuis trente ans, et j’ai donné à cette
entreprise les meilleures années de ma vie. ", ou un consommateur pourrait dire, « Je dois droit
à un produit sûr, après tout j’ai payé pour ça. "
Comme nous l'avons vu, il existe plusieurs types de ‘stake’. Le tableau ci-dessous résume les
différentes catégories ou types de ‘stakes’.

Un intérêt Un droit Propriété

Definitions Quand une personne ou un Droit légal : quand une Quand une
groupe seront affectés par personne ou un groupe a personne ou un
une décision, il a un intérêt un droit légal à être groupe a un titre
dans cette décision ; traité d'une certaine légal sur un bien
Cette fermeture de l'usine façon ou d'avoir un droit ou une
affectera la communauté. particulier protégée ; propriété ;
Cette publicité télévisée Les employés «cette société est
commerciale rabaisse les s’attendent à une la mienne. Je l'ai
femmes, et je suis une procédure régulière, à la fondée, et je
femme ; confidentialité ; les l’avoue », ou« Je
Je suis préoccupé par clients ou les créanciers possède 1000
l'environnement pour les ont certain droits légaux actions de cette
générations futures. société.

Definitions Droit moral: quand une


personne ou un groupe
pense qu'il a un droit
moral ou éthique à être
traité d'une certaine
façon ou d'avoir un
droit particulier protégé

55
Exemples la justice, l'équité.

Tableau 4: types de ‘stakes’118

Il en résulte donc que la partie prenante est un individu ou un groupe qui a un ou


plusieurs des différents types de ‘stakes’ dans l'organisation. Tout comme les parties prenantes
peuvent être affectées par les actions, les décisions, les politiques ou les pratiques de
l'entreprise, ces parties prenantes peuvent également affecter les actions, les décisions, les
politiques ou les pratiques de l'organisation. Avec les parties prenantes, par conséquent, il existe
un potentiel d'interaction ou d'échange de l'influence dans les deux sens. En bref, un stakeholder
peut être considéré comme «tout individu ou groupe qui peut affecter ou être affecté par les
actions, les décisions, les politiques, les pratiques, ou les objectifs de l'organisation."119. Cette
définition est assez large, mais dans ce vaste concept, l'organisation ou le décideur est plus
susceptible d'explorer ses responsabilités sociales et éthiques que d’utiliser une définition plus
étroite.
Suivant cette logique, l’entreprise doit prendre en compte les attentes de ses divers
partenaires internes et externes dans ses décisions. Au delà de la sphère traditionnelle de ce
dernier –à savoir les clients, les employés et les fournisseurs-, l’entreprise doit être gérée dans
l’intérêt de l’ensemble des parties prenantes tenant compte des parties prenantes
‘silencieuses’120 telles que les communautés locales et l’environnement.
Aux origines de la notion, une ‘partie prenante’ était une personne à qui l’on confiait
une somme d’argent ou un bien en attendant de déterminer son propriétaire légitime.
Dans les dernières décennies du XXe siècle, la notion de ‘partie prenante’ a évolué pour
désigner une personne ou une organisation qui a un intérêt légitime dans un projet ou
une entité’121
Selon Freeman122, le terme de ‘parties prenantes’ a été utilisé pour la première fois lors
d’une communication de l’institut de recherche de Stanford (SRI) en 1963, afin d’être
véritablement imposé en 1984, par le même auteur dans son ouvrage ‘Strategic Management :

118
Carrol Archie B et Buchholtz Ann K.: Business and Society, ethics and stakeholders management, 7e, 2008, 56
South-Westren, Cengage Learning, p, 84.
119
Carrol Archie B et Buchholtz Ann K.: Business and Society, ethics and stakeholders management, 7e, 2008,
South-Westren, Cengage Learning, p, 84.
120
Mardam-Bey Mansour Fadoie: La responsabilité sociale de l’entreprise : définitions, théories et concepts,
Centre d’Etudes Bancaires, p, 11.
121
Rodic Ivana : La responsabilité sociale des entreprises- de développement d’un cadre européen, 2007, Institut
Européen de l’Université de Genève, P. 15.
122
Mercier Samuel: L’apport de la théorie des parties prenantes au management stratégique: une synthèse de la
literature, 2001, Faculté des sciences de l’administration, Université Laval, Québec.
A stakeholder Approach. Il les définit comme ‘ces groupes sans le soutien desquels
l’organisation cesserait d’exister’123. Freeman (2004) a continué à utiliser cette définition sous
une forme modifiée : ‘les groupes qui sont vitaux pour la survie et le succès de l’organisation’
Cependant, les milieux universitaires préfèrent la définition proposée par le père du
concept (Freeman) des parties prenantes, où il la définit comme :
‘Any group or individual who ca, affect or is affected by the achievement of the
organization’s objectives’124
A vrai dire, cette notion comprend tout groupe ou individu susceptible d’affecter ou
d’être affecté par l’atteinte des objectifs organisationnels. Donc, l’idée centrale de la théorie
formalisée par Freeman (1984) est que l’entreprise doit tenir compte des attentes des différentes
parties prenantes et non pas exclusivement de celles de ses actionnaires.
La typologie marquante des parties prenantes réalisées dans ce cadre est celle de
Clarkson en 1995, qui a introduit une distinction entre parties prenantes selon qu’elles sont de
premier ou de second rang (primary and secondary) : Sont de premier rang les acteurs qui ont
un intérêt direct dans l’entreprise et son succès125 -Primary stakeholders are those stakeholders
that have a direct stake in the organization and its success- : ils comprennent les salariés, clients,
actionnaires et fournisseurs

Fournisseurs

Salariés Entreprise Clients

Propriétaires

Figure 5: les parties prenantes de premier rang126

123
Acquier Aurélien: La théorie des parties prenantes et le renouvellement de la théorie de la firme, une synthèse 57
critique, 2010, Collège de Bernardins, p, 4
124
Fontaine Charles, Haarman Antonie, Schmid Stefan: the Stakehoder theory, 2006, Semantic Scholar, p, 3.
125
Fontaine Charles, Haarman Antoine, Schmid Stefan: The stakeholder theory, 2006, Semantic Scholar, p, 21.
126
Cazal Didier: RSE et parties prenantes : quels fondements conceptuels ?, 2005, IAE-Université des sciences et
technologies de Lille, p, 5.
Les parties prenantes du second rang sont celles qui ont un intérêt public ou particulier dans
l’organisation127 -secondary stakeholders are those that have a public or special interest stake
in the organization-. La relation entre ce dernier et ce groupe est indirecte, liée par des
transactions, des relations continues, systématique ou formelles.

Pouvoirs publics Pouvoirs publics étrangers


nationaux
Défense consrs et enviremt Fournisseurs Médias

Salariés Entreprise Clients

Associations professionnelles Collectivités territoriales


Propriétaires
Analystes financiers Communautés locales

Institutions financiers Organisation non gouv


Figure 6: les parties prenantes de premier et de second rang128

La liste des typologies est longue, elle s’allonge encore. Une autre catégorisation faite
dans ce cadre, vient de Mitchel, Agle, et Wood en 1997. Ils ont essayé de trouver un modèle
pour expliquer logiquement pourquoi les gestionnaires devraient envisager certaines catégories
d’entités comme des parties prenantes et comment prioriser les relations avec les intervenants.
129
Mitchel, Agle, et Wood mettent en avant trois critères objectifs afin d’organiser
hiérarchiquement les parties prenantes d’une entreprise :
Le pouvoir des parties prenantes d’influencer l’entreprise et la capacité d’exercer la
volonté d’acteur au-delà de celle des autres, dont il existe trois types de pouvoir :
• Le pouvoir coercitif: basé sur les ressources physiques de force, violence, ou restreindre
• La puissance utilitaire: en fonction des ressources financières ou matérielles

127
Fontaine Charles, Haarman Antoine, Schmid Stefan : The stakeholder theory, 2006, Semantic Scholar, p, 21 58
128
Cazal Didier: RSE et parties prenantes : quels fondements conceptuels ?, 2005, IAE-Université des sciences
et technologies de Lille, p, 6.
129
Fontaine Charles, Haarman Antoin et Schmid Stefan : Stakeholder theory, 2006, Semantic Scholar, p, 21
• Le pouvoir normatif: basé sur les ressources symboliques comme la capacité de commander
l’attention des médias
La légitimité de la relation des parties prenantes avec l’entreprise : ce critère favorise
les actions des acteurs qui sont désirables et appropriées dans un système de valeurs, de normes,
de croyance…
L’urgence des revendications des parties prenantes de l’entreprise, tout en désignant le
degré de priorité des demandes des stakeholders.
Le schéma suivant illustre ces trois critères qui permettront à leur tour de définir quatre
familles130 distinctes d’instances :
Les parties prenantes qui font autorité –sont les groupes qui joignent les trois critères,
les parties prenantes en position d’attente –qui possèdent deux critères (dominantes,
dépendantes ou dangereuses),
Les parties prenantes latentes – sont les parties prenantes qui ont un seul attribut
(demandeuses, en sommeil ou discrétionnaires),
Les parties Non-prenantes –pour ce groupe nous marquons l’absence de tous les critères.

LEGITIMITE
POUVOIR
1 4

En sommeil Dominantes
2

Discrétionnaire
7 s
5
Décisif
Dangereuses
6

Dépendantes
3 8

URGENCE Demandeuse Non-


s parties
prenantes

130
Cazal Didier: RSE et parties prenantes : quels fondements conceptuels ?, 2005, IAE-Université des sciences et 59
technologies de Lille, p, 8.
Figure 7: typologie des parties prenantes selon leurs attributs131

Pourtant, ce n’est pas la seule manière d’approcher les stakeholders de l’entreprise, Donaldson
et Preston (1995) 132 ont proposé une catégorisation de trois voies d’approches des parties
prenantes :
 La première appelée La théorie normative des parties prenantes (Normative
stakeholder theory) qui constitue le cœur et le socle sans lequel les deux autres
approches perdent leur sens. Elle contient des théories de la façon dont les gestionnaires
ou les parties prenantes doivent agir et devraient voir le but de l'organisation, basée sur
un principe éthique. L'objectif de cette théorie est de répondre aux questions suivantes:
«Quelles sont les responsabilités de l'entreprise à l'égard des parties prenantes?» Et
«pourquoi les entreprises doivent prendre soin d'autres intérêts que les intérêts des
actionnaires?".
 Une autre approche à la notion de parties prenantes est la théorie dite descriptive des
parties prenantes (descriptive stakeholder theory). Cette théorie est préoccupée par la
façon dont les gestionnaires et les parties prenantes se comportent réellement et
comment ils perçoivent leurs actions et leurs rôles.
 La théorie instrumentale des parties prenantes (The instrumental stakeholder
theory) traite la façon dont les gestionnaires doivent agir si elles veulent mettre en
valeur et travailler pour leurs propres intérêts.
Dans le tableau suivant nous présentons ces différentes approches selon les définitions
avancées par un certain nombre d’auteurs pour ce concept, car cette notion n’a pas le même
sens pour tous les auteurs :

Approches Auteurs Définitions proposée


Stanford Research « les groupes sans le support desquels
l’organisation cesserait d’exister » (cité par
Institute
Freeman, 1984, p. 31)

131
Cazal Didier: RSE et parties prenantes : quels fondements conceptuels ?, 2005, IAE-Université des sciences et 60
technologies de Lille, p,8.
132
Fontaine Charles, Haarman Antoin et Schmid Stefan: Stakeholder theory, 2006, Semantic Scholar, p, 13.
Rhenman et Stymne « groupe qui dépend de l’entreprise pour réaliser
(1965) ses buts propres et dont cette dernière dépend
pour assurer son existence (cité par Carroll & Näsi,
1997, p. 50)
PP, un groupe plus
- « groupes qui ont un intérêt direct dans les
ou moins actions de l’entreprise » (p. 89)
Freeman et Reed
- sens restreint (voir SRI) : « groupe ou individu
indispensable à la
(1983) dont l’entreprise dépend pour assurer sa survie »
survie de (p. 91) - sens large (p. 91) : voir Freeman, 1984, p.
46
l’entreprise
Groupe d’acteurs qui « apportent des ressources
Kochan et Rubinstein critiques, placent quelque chose de valeur en jeu et
(2000, p. 373) ont suffisamment de pouvoir pour affecter la
performance de l’entreprise »

« individu ou groupe d’individus qui peut affecter


Freeman (1984, p. 46) ou être affecté par la réalisation des objectifs
organisationnels »

Charreaux et « agents dont l’utilité est affectée par les décisions


PP, un groupe Desbrières (1998, p. de la firme »
affecté ou affectant 58)
l’activité de
Post, Preston et Sachs «individus et éléments constitutifs qui contribuent
l’entreprise
(2002, p. 8) de façon volontaire ou non à la capacité de la firme
à créer de la valeur et à ses activités et qui en sont
les principaux bénéficiaires et/ou en supportent les
risques »

Hill et Jones (1992, p. « les participants possédant un droit légitime sur


l’entreprise »
133)

Evan et Freeman « groupes qui ont un intérêt ou un droit sur


l’entreprise »
(1993, p. 392)

Clarkson (1994, p. Groupes d’acteurs qui « encourent un risque en


ayant investi une forme de capital humain ou
856)
financier dans une firme » (cité par Mitchellet al.,
1997)

61
PP, un groupe «personnes ou groupes qui ont, ou revendiquent,
disposant d’un droit Clarkson (1995, p. une part de propriété, des droits ou des intérêts
sur l’entreprise 106) dans l’entreprise et dans ses activités »

PP, un groupe doté Mitchell, Agle et Groupe d’acteurs « disposant d’au moins l’un des
d’attributs trois attributs suivants : le pouvoir, la légitimité et
Wood (1997)
l’urgence »
Tableau 5: les approches en matière de la SHT (Inspiré de Mercier et Gond, 2005)133

La convergence entre cette théorie et la RSE d’abord réside dans la proximité sémantique car
les deux partagent des origines communes des concepts notamment celle de l’éthique.la TPP
est également devenue l’une des références théoriques dominantes dans littérature portant sur
l’éthique organisationnelle et la RSE. Comme le souligne la majorité des auteurs la TPP est
omniprésente dans toute la littérature sur la RSE. Capron et Quairel-Lanoizelée 134 relèvent
ainsi :
‘Les parties prenantes servent de base aux critères d’évaluation de la performance
sociétale et constituent les publics cibles de la diffusion d’informations sociétales. Les divers
référentiels de management de la RSE sont fondés sur la théorie des parties prenantes’
Le rôle de l’entreprise, et la nature de son activité font l’objet d’un débat ancien.
L’entreprise est-elle responsable ? Envers qui ? C’est La question qui associe la RSE et la TPP.
Cette dernière incite l’entreprise à chercher à savoir auprès de qui elle est socialement
responsable.
La favorisation de diversification des acteurs consolide d’une certaine manière la
légitimité de la notion (RSE).
La notion de parties prenantes résume l’originalité de ‘la troisième voie’ (the Third
Way) car cette voie, définie par le New Labour et théorisée par Anthony Giddens, devient la
source d’inspiration des nouveaux démocrates américains, comme Tony Blair, le président
Clinton et le vice président Gore. Elle reflète la déclinaison contemporaine du socialisme
libéral- pour établir cette passerelle entre l’entreprise et la société135.

133
Boussoura Ezzeddine : La Stakeholder theory permet-elle d’appréhender le concept de RSE, institut des hautes 62
commerciales à Carthage, p,6.
134
Cazal Didier: La RSE ses parties prenantes : enjeux socioplitiques et contrats, 2006, Lille Economie &
Management, p, 8.
135
Lengaigne Benoît : Les usages contemporains de la notion ‘parties prenantes’, 2009, Presses Universitaires du
Septentrion, p, 100.
Donc l’enjeu primordial de la RSE réside dans sa capacité à répondre aux demandes de
l’ensemble de ses parties prenantes. Cet engagement qui s’accomplit au-delà des obligations
légales et économiques que l’entreprise qu’elle cerne ses intervenants à la fois internes et
externes.
Ce concept constitue une référence de tous les discours promouvant la RSE ; elle a fait
cependant l’objet de nombreuses critiques. La première d’entre elles, est celle de Milton
Friedman. Depuis la première articulation formelle de la théorie des parties prenantes il ya plus
de vingt-cinq ans, il ya eu beaucoup de débats sur la différence entre les points de vue des
entreprises qui sont centrées sur les actionnaires et celles qui sont centrées sur les parties
prenantes. L'article publié en 1970 dans le New-York Times, intitulé ‘the social Responsibility
of Business is to increase its profits’ 136 par Milton Friedman. Ce représentant de l’école
classique a longtemps été juxtaposé à la théorie des parties prenantes ; Friedman affirme que :
‘Social issues are not the concern of business people and that these problems should be
resolved by the unfettered workings of the free-market system. Further, this view holds
that if the free market cannot solve the social problem, then it falls upon government
and legislation to do the job’‘
Il défend l’idée que, les questions sociales ne sont pas les préoccupations des entreprises, et que
ces problèmes devraient être résolus dans le cadre du système de libre marché. En outre, si le
marché ne peut résoudre le problème social, il incombe au gouvernement et à la législation de
faire le travail. Plus précisément, le but de l'entreprise, selon Friedman, est « d’utiliser ses
ressources et de participer à des activités destinées à accroître ses bénéfices, tant qu'il reste dans
les règles du jeu, ce qui veut dire, se livre à une concurrence ouverte et libre, sans tromperie ou
fraude »137.
La position de Milton Friedman à propos de la responsabilité sociale des entreprises
est ferme et claire. Selon ce dernier138 :
‘The sole constituency of business management is the stockholers, and the sole concern
of the stochholders if financial return. If through socially responsible acts (e.g. urban
investiments, philanthropy, or minority purchasing programs), managers reduce the
return to stochholders, then they are, in effect, levying taxes en the corporation by

136
Bernad Girard : Responsabilité sociale des entreprises retour sur un article de Milton Friedman, 2013, les 63
cahiers de la CRSDD. ESG UQAM, p, 1.
137
Friedman Milton: The social responsibility of business is to increase its profits, 1970, The New York Times
Magazine, p, 6.
138 Labelle François: La PSO (performance sociétale organisationnelle) comme convention sociale entre
l’entreprise et son milieu : le cas d’Alcan au Sanuenay-Lac-Saint-Jean, 2005, Université du Québec à Montréal,
p, 10.
determining how these self-imposed taxes will be spent, managers undermine the
market mechanism for allocating resources and they appoint themselves as nonelected
public policymakers. In short, social responsibility is a subversive doctrine in the social
contract of business in a free society’139.
Friedman défend l’idée que les gestionnaires des entreprises ne sont pas nécessairement les plus
compétents en termes de gestion d’enjeux sociopolitiques, autres leur tache consiste
principalement à examiner les aspects techniques et économiques des entreprises. Alors, confier
aux gestionnaires des responsabilités d’enjeux sociaux est une forme d’entrave à la démocratie :
les gestionnaires n’ont pas été élus par les citoyens pour représenter leurs revendications.
Dans la même veine, Williamson (1993) fondateurs de l’économie néo-institutionnelle, tenant
de la théorie des coûts de transaction, partage avec Friedman l’idée que ‘l’entreprise n’a de
compte à rendre qu’à ses actionnaires’140. Il est pareil pour Jensen (2000) qui considère ‘qu’un
dirigeant d’entreprise ne peut réaliser qu’un objectif à la fois’. Même l’auteur est convaincu
que ‘Tout objectif autre que celui de la création de profit doit y être aligné dans un ordre de
priorité hiérarchiquement inférieur ‘141
Egalement Hetherington (1973) affirme que :
‘There is no reason to think shareholders are willing to tolerate an amount of
corporate non-profit activity which appreciably reduces either dividends or the
market performance of the stock”142
C’est-à-dire qu’il n'y a aucune raison de penser que les actionnaires sont prêts à tolérer un
montant de l'activité des entreprises à but non lucratif qui réduit sensiblement des dividendes
ou la performance du marché des actions.

2.1.3.2 La théorie de la bonne gestion 143 : Good management theory


(TBG)

139
Bauer Kathrin : The use of Corporate Social Responsibility as a public relations strategy condidering latin 64
America as an example, 2004, Unabridged, p, 7.
140
Ben Yedder Moez et Zaddem Férid : La responsabilité sociale de l’entreprise (RSE), voie de conciliation ou
terrain d’affrontements? 2009, Revue multidisciplinaire sur l’emploi, le syndicalisme et le travail (REMEST), p,
90.
141
Ben Yedder Moez et Zaddem Férid : La Responsabilité Sociale de l’Enterprise (RSE), voie de conciliation ou
terrien d’affrontements ? , Revue multidisciplinaire sur l’emploi, le syndicalisme et le travail (REMEST), 2009,
p : 90-91.
142
Crowther David et Gûler Aras : Corporate Social Responsibility : part I, principles, stakeholders &
sustainability, Ventus Publishing Aps, 2010, p, 8.
143
Fauzi Hassan et Kamil M. Idris: the relationship of CSR and Financial performance: new evidence from
Indonesian Companies, 2009, Issues in social and environmental accounting, vol. 3, No. 1. p, 5, 6.
Y a-t-il une relation positive entre la performance sociale et la performance financière de
l’entreprise ? C’est la question clé, à laquelle cette théorie tente de répondre.
La théorie de la bonne gestion a été prise par Waddock et Grave en 1997 pour expliquer l lien
eentre la performance sociale de l’entreprise (PSE) et la performance financière (PF), de plus
cette théorie constitue une articulation plus poussée de la théorie des parties prenantes. La
proposition développée sous la Théorie de la Bonne Gestion est qu’une entreprise doit essayer
de satisfaire ses parties prenantes sans présupposer sa situation financière ; ce faisant,
l’entreprise aura une bonne image et réputation. H. Itami144 (1987) appelle ce dernier type de
ressources ‘actif invisible’, c’est un composant qui contribue à l'avantage concurrentiel de
l'entreprise ; à travers les perceptions positives des clients par rapport à la qualité et la nature
du produit commercialisé par une firme, sa conscience environnementale, ses bonnes relations
avec le gouvernement, sa communauté-hôte…etc.
Essentiellement, la théorie encourage les gestionnaires d'une entreprise à rechercher en
permanence de meilleures façons d'améliorer l'avantage concurrentiel de l'entreprise, qui peut
finalement améliorer la performance financière de l'entreprise. Selon Miles et Covin145 (2000),
la performance environnementale est une autre façon de satisfaire les intervenants et peut être
une couche distincte de l'avantage qui intensifie le pouvoir concurrentiel.
Le regroupement de ces trois catégories de performance donne la performance globale
qui se définit comme « l’agrégation des performances économiques, sociales et
environnementales’ »146. La figure suivante représente de manière générale les composantes de
la performance globale.

144
Logossah Kinvi, Hervieux Chantal et M’Zali Bouchra: La responsabilité sociale des entreprises : pratiques et 65
impacts, 2014, Editions Publibook, Paris, p, 96.
145
Fauzi Hassan et Kamil M. Idris : the relationship of CSR and Financial performance : new evidence from
Indonesian Companies, 2009, Issues in social and environmental accounting, vol. 3, No.1,p, 8.
146
Lagaditis Charlotte : L’utilisation du tableau de bord prospectif comme outil de mesure des performances de la
stratégie sociale des entreprises : étude de cas du Groupe GDF SUEZ, Business management school, Bruxelles, p,
26
Figure 8: les composantes de la performance globale147
La théorie de la bonne gestion estime que la performance sociale vient en premier, de telle façon
qu’une entreprise perçue par ses parties prenantes comme ayant une bonne réputation faciliter
l’obtention d’une bonne performance financière.

2.1.3.3 La Théorie des Ressources Financières : Slack Ressource


Theory148
La théorie des ressources financières est une autre théorie de la principale explication de la
relation positive entre la PSE et PF de l’entreprise dans le cadre de la RSE. Cette théorie est
développée sur le fait que l'entreprise est en mesure de mener ses activités en raison des
ressources détenues par la société, qui ont normalement été consacrées aux activités prédéfinies.
La disponibilité des ressources financières suffisantes donnera la capacité à l’entreprise
d’investir dans des matières à caractère social, tels que les relations avec les employés, ou la
protection de l’environnement. La fonction de la ressource est de permettre à l'entreprise de
s'adapter avec succès à la pression interne pour l'ajustement ou à des pressions externes pour le
changement. La ressource nécessaire à l'entreprise est définie comme toute ressource disponible
ou libre (financières et autres ressources de l'organisation) utilisée pour atteindre certains

147
Lagaditis Charlotte : L’utilisation du tableau de bord prospectif comme outil de mesure des performances de la 66
stratégie sociale des entreprises : étude de cas du Groupe GDF SUEZ, Business management school, Bruxelles, p,
27.
148
Fauzi Hassan Kamil M. Idris : the relationship of CSR and Financial performance : new evidence from
Indonesian Companies, 2009, Issues in social and environmental accounting, vol. 3, No.1, p, 6.
objectifs de l'entreprise. Donc, dans ce cas de figure, c’est la PFE qui exerce une influence sur
la PSE149.

2.1.3.4 La théorie néo-institutionnelle :


Comme son nom l’indique, la théorie néo-institutionnelle s’est constituée et s’articule
autour de la question des institutions. Tirant ses origines dans divers champs disciplinaires,
cette théorie est apparue au milieu des années 1970150. Elle constitue un renouveau de la pensée
managériale née des travaux fondateurs de Selznick (1949)151, qui a étudié l’implantation d’un
établissement fédéral dans la communauté d’une région rural des Etats-Unis et du phénomène
de leadership institutionnel dans les organisations. Meyer et Rowan (1977) –ont approfondi les
travaux pionniers de Selznick- ainsi que ceux de DiMaggio et Powel (1983). Les académiciens
essayent de distinguer entre « old institutionalism » et « new institutionalism » pour mieux
appréhender le second à partir du premier (pour ne pas faire de confusion). Cette approche
comparative met en évidence deux principaux points de divergence, entre les deux théories,
notamment l’analyse de l’environnement beaucoup plus rigoureuse faite par les auteurs néo-
institutionnalisme et l’inexistence d’études empiriques réalisées sur les organisations de le part
du courant institutionnel, ce qui engendre un manque patent de liens entre la notion d’institution
et celle d’organisation.
Pour notre cadre, la théorie TNI contribue, à son tour à l’émergence des pratiques de RSE au
sein des organisations. Les auteurs de cette théorie tentent à travers plusieurs écrits de justifier
par un cadre institutionnel le comportement social de l’entreprise. Du fait que cette dernière est
vue selon cette approche comme une organisation insérée dans la société.
La légitimité organisationnelle y apparaît notamment comme une notion centrale permettant
d’affirmer ces liens. Cette légitimité vient comme une conséquence de l’institutionnalisation
qui signifie selon Tolbert et Zucker : « se référer au processus par lequel les éléments d’une
structure formelle deviennent largement acceptés, et à la fois appropriés et nécessaires, servant
à légitimer les organisations »’152. De ce fait, cette théorie explique que l’environnement de

149
Logossah Kinvi, Hervieux Chantal, M’Zali Bouchra: La responsabilité sociale des entreprises : pratiques et 67
impacts, 2014, Editions Publibook, Paris, p, 96.
150
Mardam-BEY Mansour Fadoie: la Responsabilité sociale de l’entreprise : définitions, théories et concepts,
Centre d’Etudes Bancaires, p, 9.
151
Aurélien François : les pratiques de RSE des clubs sportifs professionnels français : vers un nouveau modèle
de légitimation ?, 2012, Université de Bourgogne, p, 82.
152
Aurélien François : Les pratiques de RSE des clubs sportifs professionnels français : vers un nouveau de
légitimation, 2012, Université de Bourgogne, p, 85.
l’entreprise est caractérisé par des règles et des exigences sociales et culturelles auxquelles
celle-ci doit se conformer afin de recevoir cette légitimité et le support de son environnement.
Les auteurs nèo-institutionnels ont progressivement pris en compte l’influence du contexte
social dans lequel les entreprises évoluaient. Sous ce cadre général, Scott (1995)153 distingue
six niveaux d’analyse des organisations à savoir :- Le système mondial, le système sociétal, la
population d’organisations, l’organisation, le sous-système organisationnel, et le champ
organisationnel. Cette catégorisation permet d’établir des liens entre le degré d’isomorphisme
–signifiant selon DiMaggio et Powel : un processus contraignant qui force une unité dans une
population à ressembler à d’autres unités, lesquelles font face à une série de conditions
environnementales identiques154- des organisations et du champ organisationnel dans lequel
sont encastrées les organisations. Selon l’approche néo-institutionnelle, l’isomorphisme –qui
représente une notion importante dans ce cadre- institutionnel peut se résumer en trois types155(
selon toujours DiMaggion et Powel (1983) se déclinant ainsi : les pressions en contraintes
mimétiques, normatives et coercitives) : mimétique - correspond à l’imitation des entreprises
entre elles-, noramtif –l’entreprise doit faire ce qui est bon pour elle-, et finalement coercitif –
correspond au cadre légal qui influence le comportement des entreprises.
Dans le cadre de cette théorie institutionnelle, Scott (1995) suggère une typologie qui repose
sur trois piliers constitutifs des institutions :
 le pilier de la régulation ou régulateur qui se concentre sur l’étude des comportements
d’individus ou organisations. Ce pilier s’appuie sur les lois et règlements explicites,
élaborés par des entités légitimes disposant de mécanismes coercitifs de contrôle et de
sanction156.
 Le pilier normatif : qui se place au cœur de l’ordre institutionnel et qui renvoie aussi à
des règles mais ces dernières tirent leur autorité de la morale, des valeurs partagées par
un groupe. DiMaggio et Powel (1983) ‘prévoient qu’il existe une ‘obligation sociale’
forte exercée sur les acteurs en vue de respecter et suivre les prescriptions incluses

153
Buisson Marie-Laure : La gestion de la légitimité organisationnelle ; un outil pour faire face à la 68
complexification de l’environnement, 2005, Revue Management prospective.
154
Aurélien François: Les pratiques de RSE des clubs sportifs professionnels français : vers un nouveau de
légitimation, 2012, Université de Bourgogne, p, 87.
155
Mardam-Bey Mansour Fadoie: la Responsabilité sociale de l’entreprise : définitions, théories et concepts,
Centre d’Etudes Bancaires, p, 10.
156
Boussoura Ezzeddine: Dimension institutionelle et finalité de la performance sociétale de l’entreprise en tunisie,
2012, Université de Bourgogne, p, 225.
dans les valeurs et normes moralement légitimes au sien de leur structure
d’appartenance’157.
 Le pilier culturel-cognitif : ce plier désigne l’ensemble des éléments cognitifs et
culturels qui organisent la vie sociale dans un champ. Meyer et Rowan (1977)
expliquent que les conceptions culturelles telles que les croyances et connaissances
partagées influencent les schémas interprétatifs des acteurs et, de ce fait, modèlent
indirectement l’action des individus et organisations ainsi que le sens qu’ils leur
donnent158.
Le tableau suivant permet de synthétiser les caractéristiques de ces trois piliers institutionnels :

Régulateur Normatif Culturel-Cognitif

Base de respect Convenance Obligation sociale Commun entendement

Base de l’ordre Règles Attente engageante Schéma constitutif

Mécanisme Coercitif Normatif Mimétique

Logique Instrumentalité Pertinence Orthodoxie

Indicateurs Règles, Lois, Croyance et Logique Accréditation s’action


Certifications de sanctions partagée

Base de Légale Morale Reconnaissable et


légitimité culturellement acceptée

Tableau 6: Les trois piliers de l’institutionnalisme (Scott, 1995, p. 35)159

Dans le programme néo-institutionnel il faut distinguer environnement institutionnel et


arrangements institutionnels. L'environnement renvoie aux règles du jeu, notamment celles
d’ordre politiques, sociales, légales, qui encadrent et soutiennent l'activité transactionnelle des

157
Boussoura Ezzeddine: Dimension institutionelle et finalité de la performance sociétale de l’entreprise en tunisie, 69
2012, Université de Bourgogne, p, 225.
158
Lounnas Rezki: Théorie des institutions et applications aux organisations, 2004, HEC Montréal, p, 12-13.
159
Boussoura Ezzeddine: Dimension institutionelle et finalité de la performance sociétale de l’entreprise en tunisie,
2013, Université de Bourgogne, p, 226.
acteurs, alors que les arrangements renvoient aux modes d'utilisation de ces règles par les
acteurs, ou, plus exactement, aux modes d'organisation des transactions dans le cadre de ces
règles160
La théorie (TNI) se focalise sur l’environnement institutionnel et pour ce fait la RSE se présente
ainsi comme une innovation institutionnelle. Donc il devient nécessaire pour l’entreprise de
rechercher la conformité aux exigences de la société environnante pour gagner sa légitimité
sociale et pour acquérir une licence d’opérer.
A ce propos la RSE est considérée comme une réponse aux pressions institutionnelles exercées
par l’environnement et les parties prenantes qui entourent les organisations. Cet environnement
institutionnel exige que les acteurs actuels et aussi nouveaux doivent porter des valeurs
humanitaires et des inquiétudes sociales et environnementales. Le rôle des ces acteurs consiste
à exercer ‘des pressions sur les entreprises les incitant à suivre les règles institutionnelles et
donnant lieu à de nouvelles formes de pratiques en matière de RSE, combinant à la fois des
obligations contraignantes et des démarches volontaires’161.
A la lumière de la TNI, la RSE est diffusée ou adoptée comme réponse aux pressions
institutionnelles. De plus la RSE –dans le même cadre- ‘peut être donc étudiée comme un
processus mimétique, normatif, qui mène à l’élaboration de normes, référentiels, labels, qui se
diffusent de manière volontaire ou imposée’.
En d’autres termes, les entreprises peuvent construire leur légitimité ou la maintenir en
élaborant des rapports, faisant appel à des consultants extérieurs, sur leurs activités, en adoptant
non seulement des règles mais aussi de valeurs culturelles.
La RSE se présente ainsi comme une innovation institutionnelle notamment dans le but
d’affronter les pressions imposées par l’environnement. A cet effet, Oliver 162 propose une
batterie de facteurs qui conditionnent les réponses stratégiques aux pressions institutionnelles.
L’auteur s’interroge sur les déterminants institutionnels qui conditionnent ces réponses en
matière de RSE.
 Premièrement, la cause : le rôle de la RSE consiste à ‘justifier par la quête de
la légitimité, la sauvegarde ou le maintien de la réputation de l’entreprise même
sous des pressions fortes.

160
Ménard Claude: L’approche néo-institutionnelle : des concepts, une méthode, des résultats, 2003, L’Harmattan, 70
p, 105.
161
Ben Mlouka Menel et Boussoura Ezzedine: La théorie néo-institutionnelle contribue t- elle à l’éclairage du
concept de responsabilité sociétale, UREMO, IHEC Carthage, p, 13.
162
Ben Mlouka Menel, Boussoura Ezzedine : La théorie néo-institutionnelle contribue t- elle à l’éclairage du
concept de responsabilité sociétale ?, UREMO, IHEC Carthage, p, 16.
 Les constituants : pour la RSE ils incluent tous les acteurs institutionnels qui
exercent des pressions sur l’entreprise et qui peuvent avoir des attentes en
termes de respect des valeurs sociales ou environnementales.
 Le contenu : renvoie au degré de cohérence entre les pressions institutionnelles
et les objectifs organisationnels, qui s’avèrent parfois contradictoires.
 Le contrôle : comporte les moyens et les mécanismes de contrôle qui se
déclinent en coercition légale et diffusion volontaire. Dans la première, les
conséquences de non-conformité seront plus tangibles. Par contre dans la
deuxième l’étendue de la diffusion des pratiques sociétales volontaires tendra à
prédire la probabilité de conformité aux attentes institutionnelles. Ces pratiques
en matière de RSE sont diffusées à travers le rôle important des associations
professionnelles, des cabinets d’audit, de conseil….
 Le contexte : concerne les conditions sous lesquelles les pressions
institutionnelles sont exercées sur les organisations. Il renvoie aux deux
attributs. Le premier consiste en l’incertitude environnementale qui montre que
dans le cas d’incertitude, les organisations sont plus susceptibles d’imiter
d’autres organisations. Alors que le deuxième renvoie à l’interconnexion ou la
densité des relations organisationnelles. Cet attribut facilite la diffusion des
pratiques sociétales.

Bref, nous pouvons conclure de l’étude des différentes théories de la RSE, que la plupart d’entre
elles se concentrent sur les principaux aspects suivants : 1- atteindre des objectifs qui produisent
des bénéfices à long terme, 2- utiliser le pouvoir des entreprises de manière responsable, 3-
intégrer les demandes sociales et 4- contribuer à une bonne société en faisant ce qui est
éthiquement correct

71
Section 2.

Modélisation théoriques et évolution des conceptions de la RSE

1. Evolution des conceptions de la RSE

1.1 Trilogie « Responsabilité », « réceptivité » et « performance »


Les débats des années 1960 et 1970 sur la RSE1 qui la fait apparaitre tout simplement comme
un concept relativement vague et philosophique, sensibilisent les managers à la RSE2 pour
faire évoluer cet état de fait et privilégier cette fois l’analyse des stratégies que les entreprises
peuvent faire face aux demandes sociétales qui surviennent.

‘Corporate Sociale Responsiveness’ (RSE2) traduit ‘la capacité de l’entreprise à répondre aux
pressions sociétales’. Cette nouvelle perspective vient ainsi pour pallier les insuffisances
managériales de la responsabilité sociale (RSE1). C’est Frederick qui a fait la distinction entre
l’ancienne RSE-1 (corporate sociale responsibility) et la nouvelle RSE-2 (corporate social
responsiveness)

Le tableau qui suit résume cette opposition et marque le passage de la RSE-1 à la RSE-2

72
Responsabilité sociale de Responsabilité sociale de
l’entreprise –RSE-1 l’entreprise –RSE-2 (corporate
(corporate social social responsiveness)
responsibility)
Considérations Ethique Pragmatique
principales
Unité d’analyse Société Entreprise
Focalisation Fins Moyens
Objet ‘ouverture sur l’extérieur’ ‘ouverture sur l’intérieur’
Aspects mis en avant Obligations (devoirs) Réponses
Rôle de la firme Agent moral Producteur de biens et services
Horizon décisionnel Long terme Moyen terme et court terme
Tableau 7 : construit d’après Wartick et Cochran163

En ce sens, c’est la distinction entre la sphère normative et la sphère pragmatique qui permet
de marquer le passage de la première à la deuxième. Tandis que les chercheurs de la première
RSE ont tenté de justifier la prise en compte de responsabilités sociales autres qu’économiques,
les auteurs de la deuxième RSE ont cherché à rendre plus opérationnelle la notion de
responsabilité sociale.

Une étude intéressante sur la réceptivité sociale chez les entreprises forestières canadiennes et
finlandaises164, les chercheurs ont conclu que la réceptivité sociale d’une entreprise passerait
par une série prévisible de phase et que les gestionnaires auront tendance à répondre aux parties
prenantes les plus puissantes. Cette étude démontre que la réceptivité sociale est un processus
et que le pouvoir des parties prenantes, en plus d’un sens de responsabilité, peut parfois
conduire le processus.

163
Gond Jean- Pascal: Gérer la performance sociétale de l’entreprise, 2010, Vuibert, Paris, p, 37. 73
164
Carrol Archie B et Buchholtz Ann K.: Business and Society, ethics and stakeholders management, 7e, 2008,
South-Westren, Cengage Learning, p, 56.
Schéma de trois-stades de Sethi

Sethi propose un schéma en trois étapes pour classer le comportement des entreprises:
obligation sociale, la responsabilité sociale, et la réceptivité sociale. La réceptivité sociale
suggère que ce qui est important c’est que les entreprises soient «anticipatrices» et
«préventive». Cette troisième étape concerne le rôle à long terme de l'entreprise dans un
système social dynamique

La RSE1 de Frederick, RSE, et RSE3

CSR1 se réfère aux concepts de reddition de comptes traditionnels de la RSE. RSE2 est axée sur
la réceptivité. Il se réfère à la capacité d'une entreprise à répondre aux pressions sociales. Il
implique l'acte littéral de rapports de parvenir à une posture réactive à la société. Il aborde les
mécanismes, procédures, arrangements, et des motifs par lesquels l’entreprise répond à des
pressions sociales. RSE1 se réfère à la rectitude sociale des entreprises, qui sont préoccupés
par la rectitude morale des actions ou politiques prises

Processus de point de vue d’Epstien

La réceptivité est une partie du processus de la politique sociale de l'entreprise. L’accent est
mis sur l'aspect du processus de la réceptivité sociale. Il se concentre sur les deux processus
individuel et organisationnel ‘pour déterminer’, la mise en œuvre et l'évaluation de la capacité
de l'entreprise à anticiper, réagir et de gérer les questions et les problèmes découlant de la
diversité des demandes et attentes des parties prenantes internes et externes

74
Figure 9: Autres points de vue de la réceptivité sociale des entreprises165

C’est dans ce contexte de fortes tensions entre les adeptes et les détracteurs de la notion de RSE,
qu’est née la notion de performance sociétale de l’entreprise (PSE). Le processus de
développement théorique de la RSE se déploie en effet des années 1980 aux années 1990, avec
un foisonnement de nombreux cadres théoriques et de nouveaux concepts, qui se posent tantôt
comme alternatives, tantôt comme complémentaires à la notion de responsabilité sociale de
l’entreprise. Pour une claire vision, la figure suivante illustre l’accumulation des concepts et
des cadres théoriques liés à la RSE :

Figure 10: l’accumulation des concepts liés à la RSE

1.2 De la RSE à la performance sociale

L'objectif de performance166 est destiné à suggérer que ce qui importe vraiment et ce


que les entreprises sont en mesure d'accomplir, les conséquences ou les résultats de leur

165
Carrol Archie B et Buchholtz Ann K.: Business and Society, ethics and stakeholders management, 7e, 2008, 75
South-Westren, Cengage Learning, p, 56.
166
Carroll Archie B et Buchholtz Ann K: Business & society, ethics and stakeholders management 7e, 2008, South-
Western Cengage Learning, p, 57.
acceptation de la responsabilité sociale et l'adoption d'une philosophie de la réceptivité. Dans
l'élaboration d'un cadre conceptuel pour les PSE, il est utile non seulement de préciser la nature
(économique, juridique, éthique, philanthropique) de la responsabilité, mais aussi identifier une
philosophie particulière, un modèle, ou un mode, de la stratégie de la réceptivité. Enfin, il est
impératif d’identifier les problématiques des parties prenantes ou des domaines d'actualité
auxquels ces responsabilités sont manifestées. Les questions, et surtout le degré d'intérêt pour
les questions d'organisation, sont toujours dans un état de flux. Comme le temps change, il en
va de l'accent mis sur la gamme de problèmes sociaux / parties prenantes auxquels les
entreprises doivent faire face.

Corporate Citizenship Concepts167

Coporate social responsibility (RSE1) – met l’accent sur l’obligation, la responsabilité

Coporate social responsiveness (RSE2) –met l’accent sur l’action, l’activité

Coporate social performance (PSE) – met l’accent sur les conséquences, les résultats

Cette dernière, «performance sociale des entreprises» (PSE) a été avancée pendant plusieurs
années dans La littérature de Business & Society. Dans la plupart des cas, le concept de PSE
n'a pas été défini avec précision. Il a été utilisé comme synonyme de la responsabilité sociale
des entreprises, de la réceptivité sociale de l'entreprise, ou toute autre interaction entre les
entreprises et l'environnement social. Plus récemment, toutefois, PSE a commencé à prendre
un sens plus précis168. Pendant les années 1980, le concept de performance sociale s’impose
progressivement dans la littérature. Plusieurs extensions, reformulations, ou réorientations du
modèle RSE sont apparues. Les définitions ci-dessous résument de manière assez complète la
PSE :

 La contribution capitale est celle de Carroll. Selon lui, la PSE signifie « l’articulation
et l’interaction entre a) différentes catégories de RSE, b) des problèmes pour lesquels

167
Carroll Archie B et Buchholtz Ann K.: Business & society, ethics and stakeholders management 7e, 2008, 76
South-Western Cengage Learning, p, 36.
168
Wartick Steven L et Cochran Philip L : The Evolution of the Corporate Social Performance Model, 1985, the
Academey of Management Review, p, 758.
s’exercent des politiques RSE (problèmes sociétaux) et c) des philosophies de réponse
à ces problèmes (processus de sensibilité sociétale). »169

 Selon Clarkson (1995), « la PSE est la capacité à satisfaire ses parties prenantes et à les
gérer de manière proactive» 170 . Cette dimension complémentaire, de Clarkson est
fondée sur les résultats, favorisant la focalisation plus sur l’évaluation de la performance
sociale et environnementale que sur la performance financière. Ces deux types de
performance ont longtemps été présentés comme incompatibles. La performance sociale
provient uniquement d’une gestion effective des parties prenantes tandis que la
performance financière est liée aux ressources, à la stratégie et à la structure de
l’industrie.

 Selon Wartick et Cochran, la PSE est aussi ‘l’interaction sous-jacente entre les
principes de responsabilité sociale, le processus de sensibilité sociale et les politiques
mises en œuvre pour faire face aux problèmes sociaux’171

 Selon Wood (1991), il s’agit d’ « une configuration organisationnelle de principes de


Responsabilité Sociale, de processus de sensibilité sociale et de programmes, de
politiques et de résultats observables qui sont liés aux relations sociétales de
l’entreprise»172. Wood vient compléter la définition de Carroll avec la question d’impact
de politique RSE en termes de résultats. Il s’agit d’une approche fondée sur les
processus.

 Selon Swanson et comme c’est noté dans le tableau (p, 24), la PSE est une configuration
résultant d’une interaction entre macro-principes et micro-principes de la PSE, d’une
part, et culture organisationnelle et impact social, d’autre part.

169
Lagadits Charlotte : L’utilisation du tableau de bord prospectif comme outil de mesure des performances de la 77
stratégie sociale des entreprises : étude de cas du Groupe GDF SUEZ, 2011, Groupe ICHEC- ISC ST-Louis-
ISFSC, p, 27.
170
Semaoune Khalissa : Un référentiel d’indicateurs de performance intégrant la démarche RSE : cas du groupe
FERTIAL, 2015, Université d’Oran, p, 64.
171
Proposition de communication lors de la 20ème : performance sociale et performance financière : Etat de l’art,
2011, Conférence de l’AIMS, p, 7.
172
Taoukif Fatima Az-Zahra: Analyse perceptuelle des determinants de l’engagement societal des enterprises
marocaines labéllisées RSE: de la performance au développement durable-cas du Maroc, 2014, Université de
Toulon, p, 10.
Extensions de Wartick & Cochran de la PSE

Wartick et Cochran ont proposé plusieurs modifications/extensions au modèle PSE. Ils ont
proposé que la dimension des ‘questions sociales’ avait mûri dans un nouveau domaine de
management connu sous le nom de « management des questions sociales ». Ils ont étendu le
modèle de PSE plus loin en proposant que les trois dimensions doivent être considérées comme
des principes dépeignant (responsabilité sociale des entreprises, ce qui reflète une orientation
philosophique), les processus (la réceptivité sociale des entreprises, ce qui reflète une
orientation institutionnelle), et les politiques (management des questions sociales, reflétant une
orientation organisationnelle)

Le modèle reformulé de la PSE de Wood

Wood a élaboré et reformulé le modèle de Carroll et les extensions de wartick et Cochran et a


présenté un modèle reformulé. Sa nouvelle définition de performance sociale des entreprises
était «la configuration des principes de la responsabilité sociale, des processus de la réceptivité
sociale, et des politiques, programmes et autres résultats observables liés aux relations
sociétales de l’entreprise'. Cette définition a été reprise plus loin sous forme de proposition
que chacune des trois composantes : principes, processus et résultats- soit composée d'éléments
spécifiques.

La réorientation de Swanson de la PSE

Swanson a développé la nature dynamique des principes, processus et des résultats reformulés
par Wood. S’appuyant sur la recherche de la culture d'entreprise, son modèle réorienté relie la78
PSE aux valeurs personnelles et o l’éthique des cadres dirigeants et des autres employés. Elle
a proposé que le sens morale d’exécution influe grandement sur les politiques et programmes
Figure 11: la performance sociale des entreprises : extensions, reformulations,
réorientations173

Dans une perspective conceptuelle, plusieurs auteurs ont essayé de modéliser la performance
sociale

2. Modèles théoriques de la RSE

2.1 Le modèle de Carroll : le contexte : les Etats Unis d’Amérique

L’évolution conceptuelle de la RSE a été largement décrite par une profusion de


contributions. Des auteurs ont tenté d’introduise ainsi des modèles de la RSE. Parmi les
différents modèles de RSE mis en œuvre nous citons celui de Carroll –soulignons que Carroll
a repris la façon de présentation de modèle du ‘Committee for Economic Development’
(CDE)174- qui constitue un apport incontournable du champ de la RSE. Dans la lignée des
travaux de Carroll, est née la notion de Performance sociétale de l’Entreprise (PSE).

Carroll rend plus opérationnel le concept de PSE qui date des années 1970 dans les tentatives
de réconciliation entre les notions de RSE1 et de RSE2. Comme nous avons mentionnés
auparavant, la première (RSE1), dans les années 50 et 60, cherche à définir la responsabilité
sociale des entreprises, en se basant sur l’approche dite normative et philosophique. Alors que

173
Carroll Archie B et Buchholtz Ann K: Business & society, ethics and stakeholders management 7e, 2008, South- 79
Western Cengage Learning, p, 59.
174
Depuis sa creation en 1942, CDE a abordé les priorités nationales qui favorisent la croissance économique
soutenue et de développement au profit de tous les Américains. Ces activités ont contribué à façonner l’avenir sur
des questions allant du Plan Marshall à la fin des années 1940, à la réforme de l’éducation au cours des trois
dernières décennies, et la réforme du financement des campagnes électorales depuis 2000. Résultats de recherche
de CDE sont couplés avec de multiples efforts de sensibilisation fronts à travers le pays et à l’étranger, la réalisation
des effets tangibles au niveau local, étatique, et au niveau national.
la deuxième notion (Corporate social responsiveness), dite aussi : sensibilité sociale de
l’entreprise (les années 70 et 80 = une phase critique), vue qu’elle s’intéresse aux processus de
management de la RSE. Frederick175 estime que la RSE2 ‘rejette la philosophie en faveur d’une
approche managériale’. Autrement dit, le passage de la responsabilité sociale, où l’entreprise
a l’obligation de travailler au ‘social sans méthode’, à la réceptivité sociale, où l’entreprise se
donne la capacité de répondre aux pressions sociales, marque aussi le passage d’une conception
philosophique et éthique de la relation entre l’entreprise et la société à une conception beaucoup
plus managériale et orientée vers l’action. En effet, le modèle de Carroll (1979) représente le
cadre théorique fédérateur de ces deux notions, il tisse aussi les premiers liens entre RSE et
performance financière.

Selon cet auteur, la RSE peut être définie comme étant une façon de gérer l’entreprise ‘de telle
façon qu’elle soit profitable économiquement, qu’elle respecte la loi et qu’elle respecte
l’éthique’176. Cette définition permet de comprendre la relation entre l’entreprise et la société
dans laquelle elle opère. Carroll estime que la performance sociale de l’entreprise doit être
abordée selon trois dimensions177, à savoir : la réceptivité organisationnelle (philosophie (ou
mode) de la réceptivité sociale- ex, réaction, défense, accommodation et proactivité), les
différentes catégories de la RSE (catégories de la responsabilité sociale- économique, légal,
éthique, et discrétionnaire (philanthropie) et les préoccupations sociales de l’organisation
(social (ou parties prenantes) parties concernée-consommateur, environnent, employées, etc.).
Nous détaillons dans les paragraphes suivants, ces différentes responsabilités avancées par
Carroll.

La RSE rejoint la responsabilité juridique (l’aspect obligatoire de la RSE); la question qui se


pose à ce niveau est la suivante : est-ce que la RSE est un engagement volontaire ou une
obligation juridique ? 178 si la RSE reste une démarche fondamentalement empreinte de
volontarisme, il faut noter que nous avons identifié dans la RSE des obligations résultant d’une
part, de textes internationaux qui viennent cadrer les démarches de RSE, d’autre part, de la loi,

175
Frederick William C: Corporate social responsibility: deep roots, flourishing growth, promising future, 2008, 80
Oxford handbooks online
176
Golli Adel et Yahiaoui Dorra: Responsabilité sociale des enterprises : analyse du modèle de Carrol (1991) et
application au cas Tunisien, 2009, Management & Avenir, p, 140.
177
Carroll Archie B et Buchholtz Ann K: Business & Society, ethics and stakeholders management 7e, 2008,
South-Western Cengage Learning, p, 57.
178
Cuzacq Nicolas : Le cadre normatif de la RSE, entre soft law et hard law, 2012, Communication présentée au
colloque du RIODD.
puisque certaines démarches volontaires d’initiation législative sont venues renforcer ou
compléter des dispositions légales déjà existantes.

Hard Law or Soft Law constituent deux catégories qui ne sont en effet pas étanches. A ce
propos, la Commission de l’Union européenne qui en 2001 déclarait : « être socialement
responsable signifie non seulement satisfaire pleinement aux obligations juridiques applicables
mais aller au-delà et investir davantage dans le capital humain, l’environnement et les relations
avec les parties prenantes » 179 . Nous constatons donc bien que, dans la RSE sociale, les
démarches volontaires prises par les entreprises pour compléter ou renforcer la loi créent, elles
aussi, des obligations juridiques »180.
La RSE se rapporte à la gouvernance éthique : le mot éthique constitue « la réflexion qui
intervient en amont de l’action (…) qui a pour ambition de distinguer la bonne et la mauvaise
façon d’agir »181. Donc pour certains penseurs et académiciens la RSE tire ses origines dans le
champ du ‘Business Ethics’ aux Etats-Unis dans les années 1950, car cette conception est
héritée du paternalisme d’entreprise du XIXème siècle 182 Fondé sur des valeurs morales et
religieuses 183 . Ainsi, Les auteurs de ce champ ont tenté d’appréhender la performance de
l’entreprise non plus uniquement par sa capacité à maximiser les profits pour ses actionnaires,
mais plutôt comme celle permettant de maximiser les intérêts de l’ensemble de ses acteurs.
La RSE s’associe aux actions de charité (obligation morale).La plupart des entreprises
identifient la pratique RSE comme étant des actions de charité, de mécénat ou de simples
actions de sponsoring. Ainsi, durant le 19ème siècle, les fondements religieux protestants ont
largement contribués à l’arrivée de pratiques philanthropiques. A ce propos, Weber a mis en
évidence que chez les protestants, ‘ceux qui gagnent tout ce qu’ils peuvent et épargnent tout ce
qu’ils peuvent donnent aussi tout ce qu’ils peuvent, afin de se fortifier dans la grâce et d’amasser
un trésor au ciel’184.

179
Cuzacq Nicolas : Le cadre normatif de la RSE, entre soft law et hard law, 2012, Communication présentée au 81
colloque du Riodd, p, 3.
180
Daoud Emmanuel, devoir de vigilance : un outil de prévention du risque judiciaire pour les entreprises ?, 2015,
Journal des sociétés, N°135.
181
Mercier Samuel : L’éthique dans les entreprises, 2004, la Découverte, p, 34
182
CAPRON Michel : la responsabilité sociale d’entreprise, institut de recherche en gestion, 2009, éditions des
Récollets, N°99.
183
Aurélien François: les pratiques de RSE des clubs sportifs professionnels français : vers un nouveau modèle de
légitimation ?, 2012, Université de Bourgogne.
184
Aurélien François: thèse sur les pratiques de RSE des clubs sportifs professionnels français : vers un nouveau
modèle de légitimation ?, 2012, Université de Bourgogne.
Dans le même esprit philanthropique, plusieurs hommes d’affaires se sont engagés dans des
actions de charité et de mécénat qui ont influencé leurs décisions managériales dans le pilotage
de leurs entreprises

La RSE est un produit de la conscience sociale : l’entreprise est soumise de nos jours
à de grandes pressions de la part de la société. Depuis une dizaine d’années, on ne cesse de
proclamer qu’au-delà de leurs obligations économiques, les entreprises se doivent d’assumer
des obligations morales envers la société et de loyauté envers les politiques publiques. En outre,
cette conscience motive un nombre grandissant d’entreprises à redéfinir leurs valeurs
organisationnelles tout en les harmonisant avec leur mission et leur vision.

Le tableau en bas résume ces quatre composantes de la RSE élaborée sur la base des typologies
respectives de A.B. Carroll (1979) et de D.J. Wood (1991).

Tableau 8: Niveau et nature des responsabilités sociales de l’entreprise185

Autrement dit, l’entreprise a des obligations envers la société et toutes les parties prenantes
concernées, en ce sens elle doit satisfaire non seulement celles juridiques, mais elle va au-delà.

185
Attarça Mourad et Jacquot Thierry: La représentation de la responsabilité sociale des entreprises: une 82
confrontation entre les approches théoriques et les visions managériales, 2005, AIMS, XIV ème Conférence
internationale de management stratégique, pays de la Loire, Angers, p, 6
De manière plus précise, elle investit davantage dans le capital humain, dans ses relations avec
les parties prenantes et dans la protection de l’environnement186. L’idée de la responsabilité
sociale « suppose que l’entreprise n’a pas seulement des obligations économiques et légales
mais aussi certaines responsabilités envers la société qui s’étendent au-delà de ces obligations
»187.
Dans cette catégorisation, Carroll précise que les proportions de chaque catégorie
donnent une indication sur l’importance de la responsabilité les catégories sont indépendantes
l’une de l’autre mais ne sont pas pour autant égales. Dans le même ordre de cette hiérarchie, et
comme c’est déjà introduit, Carroll a établi une pyramide de la RSE dans laquelle les
responsabilités économiques forment la base de la responsabilité, suivies des responsabilités,
légales, éthiques et au sommet nous trouvons les responsabilités philanthropiques. Tout au plus,
la figure suivante illustre bien cette conception:

Responsabilités discrétionnaires

Responsabilités éthiques

Responsabilités juridiques

Responsabilités économiques

Figure 12: Les 4 catégories de la responsabilité sociale (Carroll, 1979)

Suivant la logique de ce modèle, Carroll intègre le travail de Wilson qui porte sur l’étude des
stratégies de réponses de l’entreprise face aux attentes que la société lui porte. Cet auteur précise

186 83
Revue d’économie industrielle p, 3.
187
Aggeri Franck: Organiser le développement durable, 2005, Vuibert, Paris, p, 54.
quatre types de réponses sociales à savoir : Réactive, Défensive, Accommodante et Proactive.
La ‘RDAP Scale’ synthétise les comportements d’entreprises constatés, comme suit :

Wilson Réactive Défensive Accommodante Proactive


(1975)

McAdam Se battre en Faire Etre progressiste Diriger


(1973) toutes seulement l’industrie
circonstances ce qui est
demandé

Davis et Retrait Approche Approche Négociation Résolution


Blomstrom par les légales de
(1975) relations problèmes
publiques

Ne Rien En fait
faire beaucoup

Tableau 9: les différents catégories de CSR2, tiré et traduit par Carroll (1979, p. 502)

Selon Carroll, cet exposé s’étale sur les grandes préoccupations de l’entreprise qui se divisent
en six catégories : les consommateurs, les discriminations, l’environnement, la sécurité des
produits, la sécurité au travail et les actionnaires. En fonction des attentes accordées par la
société à ces sujets et selon le secteur dans lequel la performance sociale d’une entreprise est
étudiée, chacun de ces six domaines est susceptible d’être redéfini dans le temps.

Le croisement des trois dimensions du modèle de Carroll aboutit à l’établissement d’un


modèle tridimensionnel qui construit une grille opérationnelle et managériale depuis laquelle il
est possible de cerner le niveau de performance atteint au regard des catégories de responsabilité
sociale, de la manière de répondre aux pressions sociales et des domaines d’activité concernés.

84
Figure 13: Le modèle de performance sociale de l’entreprise de Carroll188

2.2 Le modèle de Wartick et Cochran :

Les travaux de Wartick et Cochran représentent le prolongement d’une conceptualisation qui


est commencée par Carroll. Ses auteurs reprennent la conception de la RSE formulée par Carroll
tout en signalant certains détails très important à travers la figure suivante :

Principes Processus Politiques

Responsabilités sociales de La réceptivité sociétale de Management des problèmes


l’entreprise l’entreprise sociaux
1) Economique 1) Réactive 1) Identification des enjeux
2) Légale 2) Défensive 2) Analyse des enjeux
3) Ethique 3) Accommodative 3) Développement d’une
4) Discrétionnaire 4) Proactive réponse

Conduire à Conduire à Conduire à

188 85
Carroll Archie B et Buchholtz Ann K: Business & Society, ethics and stakeholders management 7e, 2008,
South-Western Cengage Learning, p, 58.
1) Contrat social de 1) Capacité de répondre 1) Minimisation de l’effet de
l’entreprise au changement surprise
2) Entreprise en tant 2) conditions socials 2) Déterminer les politiques
qu’agent moral efficaces des entreprises

Orientation philosophique Orientation institutionnelle Orientation organsiationnelle


Figure 14: les extensions du modèle de la performance sociale de l’entreprise Wartick et
Cochran189

Steven Wartick et Philip Cochran ont pris et élargis les trios dimensions de Carroll en concepts
plus englobant. Wartick et Cochran ont proposé que la dimension des problèmes sociaux avait
mûri dans un nouveau domaine de management connu comme le management des problèmes
sociaux. Ils ont étendu le modèle plus loin en proposant que les trois dimensions être
considérées comme des principes dépeignant (responsabilités sociales des entreprises, ce qui
reflète une orientation philosophique), les processus (réceptivité sociale de l’entreprise, ce qui
reflète une orientation institutionnelle) et les politiques (management des problèmes sociaux,
reflétant une dimension organisationnelle). En bref, Wartick et Cochran mis à jour et étendu les
trois dimensions du modèle190.

Dans leur modèle de PSE, la réceptivité complète la responsabilité, sans toutefois la


remplacer. Ce modèle de PSE de Wartick et Cochran (1985) suggère que l’implication sociale
des entreprises repose sur les principes de responsabilité sociale, le processus de la réceptivité
sociétale et les politiques mises en œuvre pour faire face aux problèmes sociaux 191. Ces trois
dimensions se fondent sur la conceptualisation de la PSE de Carroll. Notons que la première
n’est autre que les principes de Carroll. La réceptivité sociétale, comme une deuxième
dimension, renvoie aux stratégies de réponse aux demandes sociétales. Alors que la dernière
dimension cherche à manager les problèmes sociaux. De telles politiques ont aidé les entreprises
à éviter les surprises et déterminent celles qui sont les plus efficaces.

Dans le même ordre d’idées, le modèle de Carroll dépeint la réceptivité comme moyen
par lequel les entreprises peuvent répondre aux questions sociales identifiables. Cette

189
Carroll Archie B et Buchholtz Ann k: Business & Society ethics and stakeholder management 7e, 2008, South- 86
Western Cengage Learning, p, 60.
190
Sage Publications : SAGE brief guide to corporate social responsibiliy, 2011, SAGE, p, 193
191
StachowiczStanusch Agata : Corporate social performance : reflecting on the past and investing in the future,
2016, IAP, p, 150-151.
illustration représente le diagnostic des problèmes résolus, ou d’une approche axée sur les
résultats pragmatiques impliquant l’identification, l’analyse, la capacité, le changement et le
développement. Cette approche a été reprise par Wartick et Cochran en 1985 qui ont associé
des moyens de réponse aux politiques de management des enjeux sociaux axés sur les buts192.

Wartick et Cochran (1985) 193 élargissent cette approche en mettant en exergue la


spécificité de la RSE comme une résultante de l’interaction de trois dimensions : les principes,
les processus et les politiques. Ils ajoutent que la RSE est une approche microéconomique de la
relation entre l’entreprise et son environnement et non une vision institutionnelle des liens entre
les entreprises-institutions et la société dans son ensemble.

Ils soutiennent que, d’une part le fait d’être réceptive ne signifie pas nécessairement la
même chose qu’être responsable, et d’autre part que la responsabilité sociale se réfère aux
résultats, alors que la réceptivité sociale se réfère aux processus194. Bien que la littérature du
management général a clarifié les principes de la responsabilité sociale des entreprises, il a
fourni peu d’indications pour leur mise en œuvre. Depuis la fin des années 1970, de nombreux
chercheurs se sont tournés vers le concept le plus prometteur de la réceptivité sociétale des
entreprises, pour attirer l’attention sur les processus que les organisations peuvent utiliser pour
identifier, hiérarchiser et développer des réponses appropriées à leurs obligations sociales

De même, la définition du modèle de la PSE de Wartick et Cochran représentait une


avancée conceptuelle dans la pensée des chercheurs sur le business et la société, mais il laissé
quelques problèmes sans réponse195. Tout d'abord, le terme ‘performance’ parle d’actions et de
résultats, pas d'interaction ou d'intégration. Ainsi, la définition du modèle de PSE, qui intègre
ces différents concepts, ne peut se définir que si un composant d'action a été ajouté. D'autre
part, il y a un problème, qui portait sur la réceptivité sociétale comme un processus unique
plutôt que d'un ensemble de processus. Plus encore, la dernière composante du modèle de PSE
est trop restrictive. Pour Wartick et Cochran les politiques pour résoudre les problèmes sociaux
ne sont qu’un résultat possible par lequel la performance sociale d’une entreprise peut être

192
Swanson L. Diane, Connect Palgrave: Embedding CSR into corporate culture: Challenging the executive mind, 87
2014, Palgrave Macmillan UK, p, 87.
193
Saulquin Jean-Yves et Schier Guillaume : Responsabilité sociale des entreprises et performance,
complémentaire ou substituabilité?, 2007, la Revue des sciences de gestion, France, p, 58.
194
Hing Nerilee : Principles, processes and practices in responsible provision of Gambling : a conceptual
discussion, UNLV Gaming Research & Review Journal, southern cross university, Australia, Volume 7, issue 1,
p, 35.
195
Osadiya T T: Reflecting on corporate social responsibility discourse, 2016, ResearchGate, Anglia Ruskin
University, London, p, 18.
jugée. Si une politique n’existe pas, il ne peut être déduit qu’aucune performance sociale
n’existe. De plus, les politiques formelles peuvent ne pas se refléter dans des comportements
ou des programmes régis par des politiques informelles et non écrites. En revanche, les
comportements et les programmes susceptibles d’avoir une performance sociale élevée peuvent
exister et même être institutionnalisés sans aucun soutien politique formel. S’appuyer sur les
politiques, alors, pour refléter les résultats de la performance sociale est une activité risquée.
Bien que Watrick et Cochran (1985) ne puissent imputer la responsabilité de ces problèmes non
résolus, l’ensemble du concept PSE a pris des connotations subtiles et binaires, comme si la
performance sociale des entreprises était quelque chose que les entreprises responsables font
mais que les irresponsables ne font pas. En effet, chaque entreprise peut être évaluée sur sa
performance sociale et la performance sociale d'une entreprise peut être négativement ou
positivement évaluée.

2.3 Le modèle de Wood :

Si les limites avancées en haut sont prises en compte, les trois facettes du modèle de Wartick et
Cochran sont destinées à traiter selon Wood a) les principes motivants, b) les processus
comportementaux, et c) les résultats observables des actions managériales de l’entreprise
relatives aux relations de cette dernière avec son environnement extérieur. Ainsi, la définition
de Wartick et Cochran peut être prise en compte pour une étape ou deux autres en vue de
produire une définition de PSE comme :

« La configuration organisationnelle de principes de la responsabilité sociale, de


processus de réceptivité sociétale ainsi que de politiques, programmes et de résultats
observables qui sont liés aux relations sociétales de l’entreprises »196.

Cette définition est à la base de l’amélioration du cadre proposé par Wood, qui présente
l’avantage de répondre sans équivoque aux multiples problèmes (dont beaucoup d’entre eux ne
sont pas soulevés par les contributions précédentes), tout en conjuguant les performances
commerciales et sociales, et une ‘une grande variété de motifs, de comportements et de résultats
réellement trouvés dans les entreprises commerciales’. Wood197 souligne que, la justification

196
Wood J Donna: Corporate social performance revisited, 1991, the Academy of management Review, University 88
of Pittsburg, p, 693
197
Orrego Sergio Castrillon: Rethinking the performance of management education, some elements for a more
socially responsible field, 2007, Revista Universidad Eafit, Colombia, p, 30.
du cadre conceptuel prend en considération : « (a) l’évolution historique de Business & Society
en tant que domaine d’étude, (b) la pertinence du nouveau modèle de PSE avec la littérature
existante, et (c) la qualité et la nature des questions de recherche qui peuvent être posées à cause
de cette nouvelle façon de penser à propos de la performance sociale des entreprises.

Selon Wood198, pour évaluer la performance sociale de l’entreprise le chercheur doit examiner
les éléments suivants :

1. A quel degré les principes de la RSE motivent les actions sociétales ;


2. A quel degré l’entreprise mobilise sa réceptivité sociétale ;
3. L’existence et la nature des programmes et politiques mis en place pour gérer les
relations sociétales ;
4. Et enfin les impacts sociétaux de ces programmes et stratégies

C’est à Wood (1991) que l’on doit l’approfondissement de la réflexion sur la PSE. Afin de
proposer son modèle, Donna Wood s’appuie sur la définition de la PSE proposée par Wartick
et Cochran (1985) et sur les travaux antérieurs de Carroll (1979). En effet, la catégorisation
proposée par ce dernier peut être considérée comme domaines dans lesquels les principes sont
promulgués, mais pas en tant que principes eux-mêmes. Par exemple dans le domaine
économique, une organisation de l'entreprise peut agir sur un principe de l'intérêt personnel, en
essayant de maximiser les profits, ou sur un principe de l'intérêt mutuel, en essayant d'équilibrer
les intérêts de l'entreprise avec ceux des parties prenantes, ou même sur un principe d’intérêt
social, en cherchant à maximiser l'emploi, la production, ou quelque autre objectif fixé par l'état.

Le modèle de Wood résume bien le lien qui existe entre les principes de la responsabilité
sociale de l’entreprise, à savoir, le principe institutionnel lié à la légitimité de l’entreprise à
l’égard de ses parties prenantes, le principe organisationnel basé sur les spécificités publiques
de chaque entreprise en lien avec son environnement et reprenant le concept de responsabilité
publique de l’entreprise de Preston et Post, et enfin, le principe individuel lié à la discrétion
managériale dans le sens où les managers sont invités à exercer cette discrétion, en vue d’aboutir
à des résultats socialement responsables.

Wood décompose la mise en œuvre de la RSE en trois sous composantes : l’analyse de


l’environnement, le management des parties prenantes et le mangement des problèmes sociaux

198 89
Wood J. Donna: Corporate social performance revisited, 1991, the Academy of Management Review,
University of Pittsburg, p, 693.
et des effets des comportements de l’entreprise, qui se déclinent en impacts sociétaux,
programmes et politiques sociétales.

L’idée de base de la RSE est que les entreprises et la société sont des entités reliées entre
elles plutôt que des entités distinctes ; par conséquent, la société a certaines attentes en matière
de comportements et de résultats appropriés de la part de l’entreprise. Donc, pour Wood199 il
faut distinguer trois niveaux d’analyse (institutionnel, organisationnel et individuel) dont
découlent trois principes à savoir la légitimité, la responsabilité et la discrétion managériale :

 Niveau institutionnel : la légitimité

La definition originale, fournie par Davis (1973) 200 dans son ouvrage ‘Iron Law of
Responsibility’, et rappelée par Wood (1991) stipule que : ‘society grants legitimacy and power
to business. In the long run, those who do not use power in a manner which society consider
responsible will tend to lose it’.

En d’autres termes, la société accorde la légitimité et le pouvoir aux entreprises. A long terme,
ceux qui n’utilisent pas leur pouvoir de la manière que la société considère comme étant
responsable, aura tendance à le perdre.

Wood, selon ce principe, en tant que concept au niveau sociétal, décrit la responsabilité
de l’entreprise comme une institution sociale qui doit éviter d’abuser de son pouvoir. Ainsi, la
légitimité exprime une interdiction plutôt que l’obligation positive, et elle s’applique également
à toutes les entreprises, indépendamment de leurs situations particulières. Dans le cadre de la
légitimité organisationnelle, le tableau suivant regroupe les composantes d’une perception
généralisée de la désirabilité et de l’acceptabilité des actions d’une entité, il récapitule aussi les
différentes dimensions énumérées par Suchman (1995) pour définir la légitimité.

199
Orrego Sergio Castrillon: Rethinking the performance of management education, some elements for a more 90
socially responsible field, 2007, Revista Universidad Eafit, Colombia, p, 29.
200
Kashyap Rajiv, Mir Raza et Mir Ali: Coporate social responsibility: A call for multidisciplinary inquiry, Journal
of business & economics research, Volume 2, Number 7, p, 54.
Figure 15: les sources de légitimité201

 Niveau organisationnel : le principe de la responsabilité publique

« Les entreprises sont responsables des conséquences liées à leurs engagements


primaires et secondaires envers la société »202.

Ce principe se réfère à des ‘fonctions de management organisationnel dans le contexte


spécifique de la politique publique’ qui est défini au sens large comme l’ensemble des
‘principes qui guident l’action relative à la société dans son ensemble’. Deux domaines
d’intervention organisationnelle/ managériale avec la société ont été définis : (a) la zone
d’intervention primaire, les comportements et les transactions ‘qui découlent directement du
rôle fonctionnel spécialisé’ (de l’entreprise) et (b) de la zone d’engagement secondaire, y

201
Laifi Amira: De la légitimité d’un business model innovant. Cas de la bibliothèque numérique cyberlibris, 2012, 91
Revue française de gestion, p, 8.
202
Wood J. Donna: Corporate social performance revisited, 1991, the Academy of Management Review,
University of Pittsburg, p, 697.
compris ‘les impacts et les effets….. générés par les activités de participation primaires de
l’entreprise’

‘La responsabilité publique précise que les entreprises ne sont pas responsables de la
résolution de tous les problèmes sociaux. Elles sont responsables de résoudre les problèmes
qu’elles ont causés et d’aider à résoudre des problèmes et des enjeux sociaux liés à leurs intérêts
et leurs opérations commerciales’203.

 Niveau individuel : le principe de la discrétion managériale

« Les managers sont des acteurs moraux. Au sein de chaque domaine de la RSE, ils
sont obligés d’exercer un tel pouvoir discrétionnaire qui leur est offert, vers des
résultats socialement responsables »204

À ce jour, le champ de ‘business & society’ n'a pas établi de concept


de discrétion, ou de responsabilité sociale discrétionnaire, qui est lié au concept standard de
discrétion managériale. Cependant, l’accent mise depuis les années 1980, sur l'éthique des
affaires, la prise de décision, les conflits de valeurs, etc., souligne clairement la nécessité
d’articuler un principe d’action humaine socialement responsable 205 . Les responsabilités
sociales d'une entreprise ne sont pas respectées par certains acteurs organisationnels abstraits;
ils sont accueillis par les acteurs humains individuels qui font constamment des décisions et des
choix, dont certains grands et certains petits, certains mineurs et d'autres de grande importance.

Donc, le tableau suivant résume l’ensemble des composantes du modèle de Wood de la


performance sociale :

Dimensions Implications
Niveau institutionnel : (obligations, sanctions
légitimité sociales)
Principes de Responsabilité Niveau organisationnel : Engagement primaire et
motivation sociale responsabilités publiques secondaire de l’entreprise

203
Marhfor Ahmed: Evaluation de la performance financière des fonds mutuels américains socialement et 92
environnementalement responsables, 2006, Université du Québec à Montréal, p, 10
204
Wood J. Donna: Corporate social performance revisited, 1991, the Academy of Management Review,
University of Pittsburg, p, 698.
205
Wood J. Donna: Corporate social performance revisited, 1991, the Academy of Management Review,
University of Pittsburg, p, 699.
Niveau individuel : Responsabilité personnelle
discrétion managériale du gestionnaire pour ses
propres choix
Analyse Suivi de l’état de
environnementale l’environnement
Processus de Réceptivité Gestion des parties Réponse aux exigences des
gestion sociale prenantes parties prenantes
Gestion des enjeux Plans et politiques pour
faire face à l’évolution de
l’environnement
Résultats Impacts sociaux Indicateurs sociaux,
divulgation, bilan social
Programmes sociaux Programmes sociaux ou
Résultats philanthropiques
observables
Politiques sociales Degré
d’institutionnalisation de
politiques de responsabilité
sociale dans toute
l’entreprise favorisant la
réceptivité et la culture
éthique
Tableau 10: le modèle de performance sociale de Wood206

2.4 Le modèle de Clarkson :

Le modèle de Clarkson marque l’importance de la théorie des parties prenantes dans la


modélisation de la PSE. Du fait qu’il semble avoir eu lieu avec la publication de son article
(1995) dans lequel il a plutôt courageusement décrit sa propre confusion conceptuelle pendant
le temps que lui et ses collègues de l’université de Toronto ont effectué plus de soixante-dix
études sur le terrain de PSE de 1983 à 1993 207 . Sa position est qu’un cadre fondé sur le
management des relations avec les parties prenantes permettrait une analyse et évaluation plus

206
El Malki Tarik: environnement des entreprises, responsabilité sociale et performance : analyse empirique dans 93
le cas du Maroc, 2010, centre de recherche en développement économique et finance internationale, Aix-
Marseille, France, p, 253
207
Rais Sofyan, Goedegebuure Robert V: Corporate social performance and financial performance. The case of
Indonesian firms in the manufacturing industry, 2009, problems and perspectives in management, Volume 7, Issue
1, p, 226.
efficace de la PSE que les modèles basés sur les concepts de PSE et de la réceptivité 208. Une
grande partie du travail de Clarkson a été guidé par le modèle de Carroll de PSE, qui constitue
la base de son échelle réactive-accommodative-défensive- et proactive.

Clarkson a noté que le modèle de Carroll était global et intégratif et qu’il avait une forte
influence, à en juger par sa ‘longévité et sa descendance’. Cependant, quand il est venu à
identifier et à mesurer les dimensions du modèle de Carroll, Clarkson a conclu que l’analyse
PSE en fonction des catégories de la responsabilité sociale, les questions sociales, et les
philosophies ou les stratégies de la réceptivité de l’entreprise n’a pas abouti à des résultats
satisfaisants. Clarkson a noté qu’il n’était pas seul dans ses préoccupations.

Selon lui, le problème fondamental était, et reste, qu’aucune définition des concepts de
PSE, de RSE1 et de RSE2 ne fournit un cadre d’analyse adéquat susceptible d’expliquer le
fondement et l’articulation entre ces trois notions. Le terme ne portait pas de signification claire
pour les managers, les étudiants ou les universitaires et les chercheurs. Par conséquent,
beaucoup de temps, d’énergie et de papier ont été consommés dans les tentatives pour expliquer
le terme. Mais il reste une construction insaisissable, manquant à la fois de logique et de rigueur,
ce qui limite sérieusement son utilité dans la recherche empirique…Les données ont montré
que, dans le cours normal de leur entreprise, les managers de l’entreprise ne pensent pas ou
agissent en fonction des concepts des responsabilités sociales de l’entreprise et la réceptivité,
ni des questions sociales et de la performance…ce sont des concepts qui ont été générés en
dehors de l’entreprise. Ils ont des connotations normatives qui manquent de clarté et de
spécificité et présentent l’inconvénient de manque de précision. ‘Socialement responsable
devant qui ?’ ‘Socialement responsable de quoi ?’ ‘Performances socialement jugé par qui et
quelles normes ?’

Evaluation Posture ou stratégie Performance

Proactive Anticiper la responsibility Faire plus que ce qui est


nécessaire
Accommodative Accepter la responsibility Faire tout ce qui est
nécessaire
Défensive

208 94
Jamali Dima: A stakeholder approach to corporate social responsibility: a fresh perspective into theory and
practice, 2008, Journal of Business Ethics, Volume 82, Issue 1, p, 213, 214.
Admettre la responsabilité Faire le minimum
Réactive mais la combattre nécessaire.
Denier la responsabilité
Faire moins que le
nécessaire

Tableau 11 : L’échelle réactive-défensive-accommodative-proactive (RDAP)209

Clarkson a constaté que les managers comprennent les obligations et les responsabilités vis à
vis des parties prenantes, même s’ils n’avaient reçu aucune formation sur ces questions.
Clarkson a mis l’accent sur une distinction pratique mais pas toujours valide210

1- Une société particulière (municipale, régionale ou nationale) détermine, généralement


sur une longue période de temps, ce qui est un problème social, et quand il est jugé
nécessaire, la politique pertinente édicte les lois et règlements
2- Quand il n’y a pas de législation ou de réglementation, un problème peut-être un
problème avec les parties prenantes, mais il n’est pas nécessairement un problème
social. Un test de savoir si un problème est devenu un problème social, dépend de la
présence ou l’absence de législation ou de réglementation

2.5 Le modèle de Swanson211 :

Dès le début de sa carrière universitaire, Diane Swanson, adopte une vision qui vient rompre
avec les préconisations théoriques jusque-là prépondérantes dans la littérature. La théorie
antérieure souffre, croit-elle, de trop compter sur les contrôles sociaux qui manquent de
justification morale suffisante, basés sur des droits contradictoires, l’un axé sur l’économique,
l’autre sur l’éthique. Les dirigeants d’entreprises se sentent tirés par des nécessités économiques
de leur entreprise tout en étant critiqués pour son manque d’attention à leurs devoirs moraux en
tant que citoyens des communautés d’accueil de l’entreprise. Face à un compromis des
bénéfices et de l’éthique, leurs décisions priorités favorisent la première sur la seconde. Pire,
les lois de contrôle social -la politique publique, même les traditions éthiques- peuvent être
largement influencées ou affaiblies par des entreprises à travers le lobbying, l’influence

209
Clarkson Max B.E: A stakeholder framework for analyzing and evaluating corporate social performance, 1995, 95
the Academdy of management Review, Vol 20, No 1, p, 109.
210
Friedman Andrew. L et Miles Samantha: Stakeholders: theory and practice: theory and practice, 2006, OUP
Oxford, p, 90.
211
Orlitzky Mark et Swanson Duane L: Toward integrative corporate citizenship research advances in corporate
social performance, 2008, Palgrave Macmillan, New York.
politique, et les relations publiques. Même lorsque les entreprises prennent en charge les formes
légères de la philanthropie qui améliorent leur réputation, ils peuvent faire face à de vives
critiques par les actionnaires qui ressentent de tels gestes ‘faire-du bien’.

Swanson propose une approche différente, plus sophistiquée théoriquement et inclusive. Son
modèle de PSE accepte le fait que la décision organisationnelle est un mélange inévitable des
éléments économiques et normatifs, des bénéfices et des valeurs ; la pièce doit être trouvée pour
les deux. La création de profits se produit au sein des systèmes sociaux et est affectée par les
coutumes et les traditions de la communauté d’accueil; le défaut de reconnaître et de respecter
ces prescriptions éthiques est risqué, au mieux, et désastreux dans le pire des cas. En outre, les
problèmes éthiques s’insinuent dans tous les niveaux de la hiérarchie de l’entreprise, de haut en
bas, affectant les opérations, les incitations au travail et l’efficacité organisationnelle. Des
orientations normatives sont nécessaires pour l’ensemble des travailleurs. Cela provoque la
question du rôle de leadership exécutif.

Le modèle de PSE de Swanson reconnaît que la prise de décision de direction est un


mélange d’éléments économiques et normatifs ; que les actions économiques de l’entreprise
sont aussi une forme de processus social, et que les éléments de valeur sont au centre des
opérations de l’entreprise. Cela revient à dire que les valeurs-les principes normatifs de la
société du bien et du mal- sont la clé de succès de la performance sociale de l’entreprise. Les
valeurs et l’éthique ne peuvent être ni déléguées ni aiguillés aux autres, mais doivent être au
centre des réflexions dans l’esprit des décideurs de l’entreprise. L’introduction de la PSE est
de servir les besoins entrelacés de l’entreprise et de la communauté. Donc, le choix ne peut pas
être opéré entre le devoir économique et le devoir éthique de la société, mais plutôt inclure deux
simultanément.

Pour atteindre cette posture souhaitée, Swanson, via son modèle, reprend la réflexion de Wood
en mettant en relief le rôle prépondérant de la culture organisationnelle dans toute démarche
d’adoption d’une RSE212. En se fondant sur la recherche de la culture d’entreprise, le modèle
réorienté de Swanson lie la PSE aux valeurs et éthiques personnellement détenues par les
managers « exécutives » et d’autres employés. Elle a proposé que le sens exécutif de la moralité
influence fortement au même titre les politiques et programmes de l’évaluation
environnementale, le management des parties prenantes, et la gestion des émissions réalisées

212
SAGE Publications: SAGE Brief Guide to Corporate Social Responsibility, 2011, SAGE, p, 193. 96
par les employés. Une des contributions majeures de Swanson était donc d’intégrer l’éthique
des affaires dans la mise en œuvre de la PSE.

Swanson 213 identifie deux ‘types idéaux’ de la réceptivité sociale de l’entreprise : une
organisation insensible aux valeurs ‘Value neglect’ et une organisation perméable aux valeurs
‘Value attunement’. Le premier type implique : ‘la myopie normative’, une attitude défensive
de l’organisation à l’égard de la PSE, un manque de prise de conscience de valeur dans la culture
de l’entreprise, et une perspective publique étroite. Alors que le deuxième, présente ‘la
réceptivité normative’ exécutive, une sensibilité organisationnelle à des valeurs internes et
externes, une culture exploratoire des valeurs, et d’une vue dégagée sur les valeurs sociales
externes. En effet, la modélisation de la réceptivité sociale de l’entreprise en deux types ouvre
des nouvelles voies exploratoires sur la PSE. L’une consiste à intégrer les composantes
normatives et économiques de la prise de décision exécutive, échappant ainsi au problème de
compromis. L’autre consiste à réaliser que la PSE d’une entreprise est une fonction des facteurs
sociaux, organisationnels et individuels combinés, qui ne reposent pas sur les valeurs
personnelles des dirigeants de haut niveau. C’est donc dans ce mélange économico-sociétal
complexe que l’on pourrait trouver la véritable source et la justification des activités PSE/CC
d’une entreprise.

En effet, plusieurs modèles théoriques ont été avancés en vue de fournir une configuration
synthétique et fédératrice des connaissances produites autour de la RSE. Ces modèles
représentent certes des tentatives intéressantes pour examiner de plus près les différents
éléments formant la RSE, mais demeurent majoritairement très abstraits et s’accommodent très
peu à la réalité organisationnelle.

3. Critiques de la RSE:

En effet, la RSE faisait l’objet de nombreuses critiques des milieux d’affaires, à ce propos le
concept est critiqué par trois courants de pensées : les partisans de la théorie économique
classique (Friedman, 1962, 1970), le courant de pensée représenté par Preston et Post (1975) et
un troisième courant de pensée représenté par Ackerman et Bauer.

213 97
Frederick C. William: ‘CC theory and CC data find each other’ toward integrative corporate citizenship:
research advances in corporate social performance, 2009, Palgrave Macmillan, New York, p, 2.
La personne la plus connue pour son rejet du concept de RSE, est l’économiste néoclassique
Milton Friedman (1970). Pour lui la seule responsabilité de l’entreprise est de maximiser ses
profits, en déclarant : ‘la responsabilité sociale des entreprises est d’accroitre ses profits’214. Ce
courant de pensée préconise la responsabilité économique comme l’unique et la seule
responsabilité de l’entreprise. De plus, si les entreprises choisissent de se concentrer sur la RSE
plutôt que d’augmenter l’efficacité, les entreprises deviendront moins productives (Henderson
2005). La croissance économique va décliner, et la société dans son ensemble aura moins de
ressources pour répondre à ses besoins.

Le deuxième courant de pensée considère la RSE comme étant un terme trop ‘élusif, vague et
mal défini’ car il ne fournit aucune base pour traiter concrètement les conflits possibles entre
les objectifs traditionnels de l’entreprise et les objectifs sociaux. A la lumière des contributions
fournies par Preston et Post (1975), il devient possible d’avancer un cadre d’analyse pour saisir
le principe de responsabilité publique. Ce principe de responsabilité publique suggère que les
entreprises seront responsables de leurs actions qui affectent la société, directement ou
indirectement. La responsabilité publique se matérialise par deux niveaux d’implications avec
la société. Un engagement primaire au niveau des comportements et des transactions qui
résultent directement du rôle fonctionnel spécialisé de l’entreprise (la responsabilité
économique), et un engagement secondaire relatif aux impacts et effets non intrinsèques au
caractère de l’organisation mais produits par ses activités primaires215.

Enfin et suite aux critiques formulées à l’encontre de la RSE, quelques auteurs comme
Ackerman & Bauer (1976) et Frederick (1994) vont s’intéresser à la réceptivité sociale
(Corporate social responsiveness). Les partisans de ce courant considèrent que la réceptivité
sociale est plus tangible et représente un objectif réalisable contrairement à celui de la
responsabilité sociale. Frederick définisse la réceptivité sociale comme étant ‘la capacité d’une
entreprise à répondre aux pressions sociales’216. Si la réceptivité sociale pourrait se substituer à
la responsabilité sociale, alors nous pouvons affirmer qu’une entreprise réceptive à son
environnement socio-politique constitue en soi un comportement socialement responsable. La

214
Taleb Baderddine: Les motivations d’engagement des enterprises dans la responsabilité sociale : le cas du 98
secteur industriel algérien, 2013, Faculté d’Economie et de gestion, Aix-Marseille, France, p, 62.
215
El Malki Tarik: Environnement des entreprises, responsabilité sociale et performance: analyse empirique dans
le cas du Maroc, 2010, Faculté des sciences Economiques et de gestion, Aix-Marseille, France, p, 254.
216
Aurélien François: Les pratiques de RSE des clubs sportifs professionnels français: vers un nouveau modèle de
légitimation, 2012, UFR des Sciences et techniques des activités physique et sportives, Université de Bourgogne,
p, 53.
réceptivité s’avère ainsi une approche à vocation managériale puisqu’elle accorde une attention
particulière au management des relations avec la société.

Chapitre 2 :
Dissémination géographique,
opérationnalisation et état des lieux
de la RSO dans les établissements
publics marocains

99
« Il est indispensable d’adapter les
pratiques de la RSE aux réalités
Introduction du Chapitre :
socioculturelles africaines et aux
caractéristiques propres à
l’environnement des affaires »1

Le contexte, à savoir institutionnel, économique, social… ; joue un rôle non négligeable dans
le développement de la RSO217. La base historique de la RSE est assez similaire dans la plupart
des continents ; par contre il existe une grande disparité dans la manière de comprendre et de
mettre en pratique la RSE. En appartenant au contexte africain, le Maroc commence à percevoir
l’intérêt d’instaurer et d’adopter une démarche RSE.

Si les principes fondamentaux de la RSO sont universels, les pratiques en doivent


nécessairement être adaptées aux coutumes et à l’environnement des pays. Il est indispensable
de s’adapter aux contextes économiques et aux spécificités culturelles locales.

Ce deuxième chapitre nous permettra d’étudier l’émergence et l’essence du concept de RSO,


en présentant son émergence et son apparition dans les différents continents surtout africain.
La première section sera consacrée à la dissémination géographique du concept, en étudiant son
émergence dans les différents continents, surtout africain. Dans la deuxième section, nous
dressons les caractéristiques du secteur public, notamment les établissements publics
marocains.

217
Commenne Vincent: Responsabilité sociétale des acteurs économiques, le rôle des entreprises et de leurs parties 100
prenantes, 2005, chantier RSAE, p, 4.
Section 1 :

Apparition de la Responsabilité sociétale dans les différents continents

1. RSE aux Etats-Unis (un concept d’origine américaine d’inspiration


religieuse et paternaliste)

Nonobstant l’existence de longue date des traditions d’éthique des affaires dans le
monde entier, les Etats-Unis sont généralement considérés comme la maison de la RSE. Ceci
parce la RSE semble intrinsèquement liée à celle de la grande entreprise Nord-Américaine,
reflétant des thèmes culturels, économiques, et politiques liés218.

1.1 Facteurs culturels :

Un certain nombre de facteurs culturels ont distingué les relations business/société aux
Etats-Unis, même depuis des systèmes capitalistes démocratiques. Après la révolution
Américaine (1763-1787) les sociologues ont observé une culture américaine distinctive, 219
combinant l’individualisme et l’esprit communautaire. Cela confirme un scepticisme américain
historique de l'Etat. Il confirme également le point de vue que la gestion du gouvernement des
affaires publiques doit être entièrement distincte de la responsabilité de l'entreprise en tant que
créateur de richesse.

Par ailleurs, il ya eu un engagement américain de longue date au précepte de


Stewardship220, de telle sorte que les individus se sont attribués la responsabilité (souvent pour
des raisons religieuses) de faire le meilleur et le plus responsable de l'utilisation des ressources
dont ils ont été dotés. Cet ethos a deux visages: d'une part, une volonté de voir faire des profits,

218
Moon Jeremy: Corporate Social Responsibility: a very short introduction, 2014, Oxford University Press, p, 101
46.
219
En 1991, une enquête internationale a trouvé que 72 pour cent des Américains donnaient plus de valeur à la
liberté individuelle qu’à l’égalité et à la responsabilité sociale. Dans la plupart des pays européens, les chiffres
étaient plus proches de la moyenne. (Robin Alexander : Comparer c’est Comprendre : vision et versions de l’école
élémentaire, 2003, la Revue Française de Pédagogie, p, 7
220
Selon the Merriam-Wenster, Stewardship signifie la réalisation, la supervision, ou la gestion de quelque
chose; en particulier: la gestion prudente et responsable de quelque chose confiée à quelqu’un <par exemple : la
gestion des ressources naturelles>. Peel Bill propose quatre principes importants de ‘Stewardship Biblique’ à
savoir : le principe de l’appropriation, le principe de la responsabilité, le principe de la Reddition des comptes, et
finalement le principe de la récompense.
comme sociable et comme un service à la société, en vue de renforcer par la contribution des
grandes entreprises à l'édification de la nation du 19e siècle; d'autre part, le Stewardship a un
corollaire philanthropique tels que ceux qui sont bénis par la richesse sont censés les utiliser
pour des avantages communautaires. On retrouve la forme la plus extrême de ce système dans
l'Evangile de la richesse, de Andrew Carnegie221: ‘faire de l'argent est seulement la moitié de la
tâche, l'autre moitié est de bien l'utiliser’. Alors que, le Stewardship d'abord imprégné de penser
à des propriétaires d'entreprises individuelles comme Carnegie, est transposé plus tard dans les
attentes concernant les sociétés modernes.

1.2 La croissance économique et les nouvelles sociétés

A la fin du 19e siècle, une nouvelle catégorie de sociétés a émergé aux Etats-Unis. Cela
reflète l'assouplissement des exigences de constitution précédentes et les consolidations. La
croissance économique a été traduite avant tout dans la taille de quelques nouvelles entreprises,
en particulier les Chemins de Fer, Fer et Acier, et les entreprises de télécommunications,
informant de leur rôle dans l'échelle continentale de la construction de la nation. George
Perkins222 d'Acier des États-Unis a déclaré en 1908, que «plus l’entreprise devient importante,
plus grandes deviennent ses responsabilités envers l’entière communauté223».

Une deuxième phase de l'expansion de l'entreprise est apparue dans le mouvement de la


production de masse des années 1920, le plus célèbre associés à Henry Ford224. Cela permet
non seulement d’apporter de nouveaux produits de consommation aux familles des travailleurs,
mais également une nouvelle compréhension de la responsabilité de l'entreprise. Henry
Laurence Gantt, mieux connu pour ses tableaux éponymes, a retenu une opinion, largement

221
Carnegie Andrew: est l'un des principaux acteurs de l’essor de l’industrie de l'acier aux États-Unis à la fin
du XIXe siècle. Andrew est souvenue en tant que bienfaiteur et philanthrope, il a laissé 350 millions USD à 102
diverses fondations, il a créé aux Etats-Unis environ 2500 bibliothèques gratuites portant son nom, les Carnegie
Librairies, Carnegie Hall, Carnegie Museum of Arts,…etc. pour ce fait, Andrew Carnegie est resté célèbre pour
avoir fondé une philosophie célèbre pour avoir fondé une philosophie de la philanthropie, plus connue sous le nom
de « Gospel of Wealth »
222
Perkins George je Walbridge (1862, 1920) était un homme politique et homme d'affaires américain. Il était un
chef de file du Mouvement progressiste, en particulier Parti progressif de Theodore Roosevelt en 1912. Il croyait
en la Bonne Trust. Son biographe, John A. Garraty résume la philosophie d'entreprise de Perkins comme suit: Le
principe fondamental de la vie est la coopération plutôt que la concurrence ... La concurrence est cruelle, inutile,
destructeur, dépassée; coopération, inhérente à toute théorie d'un univers bien ordonné, est humain, efficace,
inévitable et moderne
223
David Vogel : le Marche de la Vertu, N° Auditeur : 08674337, p, 8.
224
Ford Henry (1863-1947) est le fondateur du construction automobile Ford, son nom est attaché au Fordisme
qui se base sur un modèle économique ayant recours à des salaires élevés. Il est l’un des pionniers du ‘Welfare
capitalism’ car Ford a annoncé en 1914 l’augmentation des salaires journaliers minimum de 2,34$ à 5$ pour les
ouvriers en apprentissage (the five dollarday) ainsi qu’une nouvelle réduction du temps de travail journalier de 9h
à 8h. il s’est qualifié de ‘grande humaniste’ ou de ‘socialiste fou’.
répandue, que ‘le système de l'entreprise doit accepter sa responsabilité sociale et se consacre
principalement au service, sinon la communauté essaiera finalement de le prendre en charge
pour l’exploiter dans son propre intérêt’225.

Suivant la succession des événements, la Crise de 1929 amena les premières


interventions publiques dans l’économie aux Etats-Unis, et avec elles, une réaction des milieux
patronaux soucieux pour éviter le New Deal 226 qui va trop loin dans la ‘socialisation de
l’économie’. Puis, lorsque l’essor soviétique des années 1945-50 donna naissance à une vague
de nationalisations dans le monde entier, l’entreprise paternaliste tint à souligner que ses
solutions étaient, au plan social, au moins égale à celles des entreprises d’Etat. Ainsi, Jamsetji
Tata227 s’enorgueillit d’avoir échappé à la nationalisation, dans les années 1950, grâce à une
grève de ses ouvriers, qui craignaient de perdre les avantages acquis dans le domaine social228.

D’ailleurs, les risques sociaux des nouvelles entreprises ont également été identifiés. Dans ce
sens, le père fondateur de la gouvernance d’entreprise, J. Maurice Clarke, explique dans un
article paru en 1916, que ‘nous avons hérité d’une économie d’irresponsabilité (…) Nous avons
besoin d’une économie de la responsabilité, développée et intégrée dans notre éthique des
affaires’229. Les inquiétudes dans ce cadre, ont conduit d'autres à conclure que les gestionnaires
ont des responsabilités pour équilibrer les considérations communautaires avec celles de
l’entreprise et ses actionnaires. Cela reflète une préoccupation plus large, et que les
gestionnaires des entreprises respectent l'Ethos de ‘Trusteeship’230 (Après la Seconde Guerre

225
Moon Jeremy: Corporate Social Responsibility: a very short introduction, 2014, Oxford University Press, p,
103
48.
226
Il constitue une série de programmes nationaux adoptés en réponse à la Grande Dépression, et axée sur ce que
les historiens appellent les ‘3R’, ‘Relief, Relèvement et Réforme’ : Relief pour les chômeurs et les pauvres,
Récupération de l’économie à des niveaux normaux, et Réforme du système financier pour prévenir une dépression
à répétition
227
Nusserwanji Tata Jamsetji (3 Mars 1839-1819 mai 1904) était un industriel pionnier indien, qui a fondé le
Groupe Tata, la plus grande société de conglomérat de l'Inde
228
Maurel Olivier : la responsabilité sociale des entreprises plébiscitée par les pays émergents (malgré ses
ambiguïtés),Private Sector Opinion, Issue 24, global corporate governance forum, p, 4.
229
Laperche Blandine, Crétiéneau Anne-Marie et Uzunidis Dimitri : Développement durbale : pour une nouvelle
économie, 2009, Peter Lang, p, 153.
230
Pour ce propos, Mahatma Gandhi a dit dans ‘Speeches and writings of Mahatma Gandhi’ : Supposons que je
suis venu d'un montant équitable de la richesse - soit par voie d'héritage ou par le biais du commerce et de l'industrie
- Je dois savoir que toute cette richesse ne fait pas partie de moi; ce qui est à moi est le droit à une vie honorable,
pas meilleure que celle dont jouissent les millions d'autres. Le reste de ma richesse appartient à la communauté et
doit être utilisé pour le bien-être de la communauté. Je n’ai énoncé cette théorie quand la théorie socialiste a été
placée devant le pays en ce qui concerne les biens détenus par zamindars et les chefs au pouvoir. Ils feraient
disparaître ces classes privilégiées. Je veux qu'ils se débarrassent de leur cupidité et de sens de la possession et de
descendre en dépit de leur richesse au niveau de ceux qui gagnent leur pain à la main-d'œuvre. Le travailleur doit
se rendre compte que l'homme riche est moins propriétaire de sa richesse que l'ouvrier est propriétaire de sa propre,
à savoir, Le pouvoir de travailler. La question combien peut être fiduciaires réels Selon cette définition est à côté
du point. Si la théorie est vraie, il est indifférent que beaucoup vivent à la hauteur ou un seul homme vit à la
mondiale, le territoire (dit aussi trust territory) administré par un pays sous contrôle
international (O.N.U.) jusqu'à ce qu'il soit capable de déterminer par lui-même son futur
statut)231. Pour certains, ce devoir de confiance revenait aux propriétaires seuls. D'autres, dont
John D. Rockefeller (créateur de l’industrie pétrolière de Standard Oil, et H.J Heinz), ont adopté
ce que l’on pourrait appeler une ‘vision première des parties prenantes’, à savoir que les
dirigeants avaient des obligations envers les propriétaires, les clients, les employés et les
communautés. D’autres encore les considéraient comme des managers fiduciaires pour le grand
public (par exemple Frank Abrams, président plus tard, de la Standard Oil). Même le
mouvement de gestion scientifique, associé à l'amélioration de la productivité des entreprises,
a développé une dimension «relations humaines». Cette portée dans les arguments sur les
avantages sociaux de la responsabilité sociale de l’entreprise de bien-être des employés.
Malgré l'engagement des universitaires dans les débats à propos de la responsabilité des
entreprises et de la préoccupation de certaines écoles d'affaires avec la question de déontologie
et responsabilité, la RSE n'a pas vraiment émergé comme un concept théorique jusqu'à la
période d'après-guerre. Cela a été le plus manifestement articulé en 1953 par H. R. Bowen, dans
son livre de ‘The Responsibilities of the Businessman’, dont il propose un nouveau modèle de
responsabilité fondé sur deux piliers232: De la religion (il est apparu dans une série intitulée
«l’éthique chrétienne et la vie économique») et de la philanthropie (la série a été financée par
la Fondation Rockefeller). Bowen définit les responsabilités sociales des entreprises comme:

‘Les obligations des affaires à poursuivre ses politiques, de prendre ses décisions
ou à suivre les lignes d'action qui sont souhaitables en termes d'objectifs et aux
valeurs de notre société’233.

Bowen qualifie le système économique américain des années 1950 de ‘mixed economy’, pour
la raison qu’il constitue une voie médiane entre le socialisme et le ‘laissez-faire’ du Capitalisme.
Justifiant que :

‘Il est une chose sur laquelle on peut s’appuyer. La liberté unique de prise de
décision économique dont bénéficient des millions d’hommes d’affaires privés, qui

hauteur. La question est de conviction. Si vous acceptez le principe d'Ahimsa, vous devez vous efforcer de vivre 104
à la hauteur, peu importe si vous réussir ou échouer. Il n'y a rien dans cette théorie qui peut être dit d'être au-delà
de la portée de l'intellect, mais vous pouvez dire qu'il est difficile de la pratique.
231
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/trusteeship/80083
232
Barbat Guillaum: L’appropriation de l’enjeu environnemental par les salaries: une recherché-action dans le
secteur de la grande distribution, 2013, Université de Pau et des pays de l’Adour, p, 36.
233
Aluchna Maria et Idowu Samuel O: The dynamics of corporate social responsibility: a critical approach to
theory and practice, 2016, Springer, p, 72.
caractérise notre système de libre entreprise, est injustifiable si elle est uniquement
favorable aux managers et aux propriétaires de l’entreprise ; elle ne peut être
justifiée que sil elle est bonne pour l’ensemble de la société (…) lorsqu’il est
ressenti que les pouvoirs exercés par les hommes d’affaires et les choix qu’ils
effectuent ne contribuent pas au bien-être global, les hommes d’affaires soit réviser
volontairement leur comportement, soit être l’objet de contrôles. (…)’234

L'attention portée aux questions de responsabilité par les dirigeants américains


d'entreprises, des universitaires et des commentateurs, ne signifie pas qu'il est incontestable, ce
qui nous amène à la politisation de la RSE dans les États-Unis.

1.3 La politisation de la RSE

L'essor de la société moderne a incité de vastes débats et annoncé la vocation de la revue


à être un lieu de création artistique aussi bien que de réflexion politique. Les ‘années lyriques’235
au tournant du 20e siècle sont marquées par une ferveur politique extrême, ainsi que
l’augmentation du scepticisme sur les impacts sociaux de la grande entreprise. Par le biais de
l’écriture, une nouvelle génération de journalistes, appelait ‘Muckrakers’ comme Upton
Sinclair, Ida Tarbell M. et Linclon Steffens236, poursuivaient un agenda pour la responsabilité
démocratique et l'égalité. Dans ce contexte, ils ont attiré l'attention sur la corruption des milieux
politiques et industriels américains, dénonçant le fossé qui se creuse entre les idéaux américains
et la réalité des institutions et s’engageant dans des mouvements réformistes pour essayer d’y
remédier.

Ainsi, malgré le point de vue relativement positif de l'entreprise aux Etats-Unis, la RSE
a été soumise à un examen très minutieux, non seulement durant cette période, mais aussi lors
de la crise mondiale de (1929) et le temps de New Deal (de 1933 à 1936), et plus tard dans les
années 1960 et 1970, comme en témoigne le «consumérisme» de Ralph Nader. Plus récemment,

234
Gond Jean-Pascal : Aux sources de la responsabilité sociale de l’entreprise. (Re) lecture et analyse d’un ouvrage 105
fondateur : social responsibilities of the businessman d’Howard Bowen (1953), 2005, AIMS, p, 10.
235
Floyd Dell, qui fait partie avec Max Eastman du comité de rédaction de New Masses à partir de 1913 qualifie
l’année 1912 de « Lyric Year ». L’adjectif sera ensuite repris par John Patrick Diggins dans The Rise and Fall of
the American Left (New York: W.W. Norton, 1993) pour qualifier la gauche américaine avant la Première Guerre
mondiale (« Lyrical Left »). Lyric Year est également le titre d’une anthologie de poésie qui paraît en 1912 (voir
« The Lyric Year : The Great Symposium of Modern American Verse », New York Times, Dec 1, 1912).
236
Béja Alice : Une écriture de combat : Fiction et politique dans l’entre-deux-guerres aux Etats-Unis : John Dos
Passos (1920-1938), 2012, Université de la Sorbonne nouvelle, p, 34.
les ONG américaines et les militants tels que Micheal Moore 237 ont continué le travail des
‘Muckrakers’.

L’émergence d’une déontologie des dirigeants et de nouvelles normes professionnelles


reflètent une doctrine qui s’enracine aux Etats-Unis dans une tradition d’actions
philanthropiques et de paternalisme des grands industriels que le nous pouvons faire remonter,
à la suite de l’historien Heald (1961, 1970), à la fin du XIXe siècle238.

Aussi et selon la même source, il y a un tableau qui montre en détail la construction de la


doctrine précitée qui se présente comme suit aux les Etats-Unis,

Concepts clefs
Période Stade de développement et dans la Formation Logique de Principales
Diffusion de la Doctrine de légitimation Motivations
la RS

1880- Embryonnaire Concerne les Philanthropie, Peu importe Religieux (éthique


1900 plus grands industriels ancrage religieux actions répondant à protestante) et
fort, paternalisme des motifs intérêt bien
individuels compris

1900- Emergente la philanthropie Notions de L’entreprise fait Cultiver des


1920 se développe Stewardship et de l’objet de relations publiques
service (au public) nombreuses et avoir la faveur de
critiques sur l’opinion publique
plusieurs fronts

1920- Socle permettant de penser Rôle de la notion Période de Renforcement des


1929 la RS Encore limité aux de Trusteeship qui prospérité mais relations publiques
plus grandes entreprises permet de visibilité accrue des Affirmation de
construire une entreprises volonté l’idée que good
vision partenariale des ‘managers’ ethics is good
de l’organisation d’accroitre leur business
prestige social Mode
d’autorégulation

1929- Effondrement des discours Actions de RS L’entreprise Répondre aux


1945 dans un contexte de crise encadrées par le comme institution injonctions
puis éclipse New Deal, mais gouvernementales

237
Micheal Moore est u réalisateur qui combats a travers ses filmes et ses documentaires des violations, des 106
guerres…etc, citant par exemple son show : the Big One qui brocarde les firmes multinationales affichant des
bénéfices records, mais où le travail est de plus en plus précaire.
238
Gond Jean Pascal : Gérer la performance sociétale de l’entreprise, Vuibert, Paris, 2010.
absence de est décrédibilisée
nouveaux aux yeux du public
concepts

1945- Résurgence et affirmation Reprise du L’entreprise Auto-socialisation


1960 de la doctrine de la RS des concept de retrouve son pour éviter la
hommes d’affaires Trusteeship mais prestige grâce à la régulation publique
extension avec la victoire et Renforcer le
notion de symbolise la lutte soutien du public
responsabilité contre les forces au système
sociale du monde antidémocratiques capitaliste
des affaires Elle cherche à
légitimer un
pouvoir
s’accroissant

Tableau 12: la formation d’une doctrine de la Responsabilité Sociale aux Etats-Unis239

Donc, ce ne sont pas les théoriciens ni les universitaires qui ont élaboré le concept de
responsabilité sociale. Ce sont plutôt les hommes d’affaires de l’époque par leurs propos au
sujet du service public et du paternalisme.

Le ‘paternalisme de l’entreprise’ avec ses fondements religieux protestants est fortement


marqué pour l‘importante raison de préserver le capitalisme du fléau du socialisme et du
syndicalisme240. Les fondements de cette religion étaient la source d’inspiration de Howard
BOWEN, père fondateur de ce concept car ils servent l’intérêt public et accroissent le bien être
de la société.

Apparue au début des années cinquante aux Etats-Unis, la notion de responsabilité des
entreprises a pour origine une commande des églises chrétiennes. L’histoire de la RSE
accompagne depuis le XIXe siècle, celle des grandes crises politiques et économiques de la
société. C’est en 1953 que Bowen, un pasteur protestant, a publié son ouvrage intitulé «The
Responsibilities of the Businessman ».

Bowen est le premier à utiliser le terme « Corporate Social Responsibility », traduit par la suite
en langue française par la « responsabilité sociale (ou sociétale) de l’entreprise ». Dans son
ouvrage, Bowen insiste sur la contribution essentielle de l’entreprise au renforcement des

239
Gond Jean-Pascal : Gérer la Performance Sociétale de l’Eentreprise, Vuibert, Paris, p, 21. 107
240
Mardam-Bey Mansour Fadoie: La Responsabilité Sociale de l’Entreprise : Définitions, théories et Concepts,
Centre d’Etudes Bancaires, p, 7.
valeurs portées par le rêve américain. Il rejoint ainsi l’éthique protestante du travail qui veut
que le bon entrepreneur se comporte en père de famille, gérant ses profits de manière
responsable, économe et sans ostentation. L’entreprise est alors perçue comme un acteur social
à part entière, investi d’une mission envers la société au sens large241. A travers ce livre Bowen
a élaboré tous les détails relatifs à ce concept. Dans une voie de continuation, de nouveaux
auteurs contribuent à la construction de ce concept, citons par exemple Carroll, Davis k,
Frederick W.C, Bollstron, Freeman et parmi ses adversaires Friedman et Levitt.

2. RSE en Europe :

La RSE est apparue plus tardivement en Europe qu’aux Etats Unis, malgré la base morale du
christianisme des normes commerciales, les rôles sociaux des guildes médiévales, de la
philanthropie et du paternalisme de certaines des plus grandes entreprises du 19ème siècle.
Pourtant, au tournant du 21ème siècle, il est apparu comme un élément clé, au moins au
Royaume-Uni, Scandinavie, et l’Europe du Nord ; ainsi qu’un thème de gouvernance sociétale.
Par la suite, la RSE en Europe a reflété quelques thèmes distinctifs ainsi que certains points
communs avec son homologue américain.

Avec l'industrialisation, la philanthropie d'entreprise et le paternalisme sont devenus


associés aux propriétaires de grandes entreprises, souvent inspirés par la religion catholique,
protestante, Quaker, ou croyances juives. En effet, les dirigeants de ces entreprises assuraient
le salaire minimum, les retraites, les congés, les écoles; le logement; et d'autres équipements
collectifs242. De plus, pendant la révolution industrielle, les entreprises européennes ont cherché
à consolider leurs relations avec certains groupes, ya compris les travailleurs. Il était
moralement souhaitable qu’un agent privé ou public puisse décider à la place d’un autre pour
son bien propre : le patron avait une « responsabilité sociale »243.

241
Dupuis Marc, Quer-Richel léna, Bourdon William et Queinnec Yann avec la collaboration de Doganis Carine: 108
La Responsabilité sociale et sociétale des entreprises : un enjeu majeur du 21e siècle, 2010, Terra Nova.
242
Dans le cadre de ses origines religieuses, tout musulman qui en a les moyens doit donner une partie de ses biens
aux pauvres de la communauté, en donnant une priorité à la proximité. Sur le plan économique cela correspond à
une taxe sociale purificatrice. Les musulmans aident les pauvres par le biais de la Zakat, l’aumône qui est annuelle.
C’est le troisième pilier de l’islam et qu’il s’agit d’un acte obligatoire. Le nom Zakat signifie accroissement. Ceci
veut dire que le don n’est pas vécu comme un appauvrissement mais comme enrichissement par purification de
l’âme humaine de l’avarice.
243
Morice-Morand Marie: la responsabilité sociale des entreprises : un concept qui s’adapte aux contextes sociaux,
économiques et culturels, 2013, Institut d’Etudes Politiques, Toulouse, p, 15.
2.1 RSE Implicite et explicite244

La conclusion des discussions à ce jour est que la RSE, en tant que politique d'engagement
volontaire visant à remplir les obligations de l’entreprise envers la société, n'a pas été une
caractéristique manifeste des économies européennes. Néanmoins, les entreprises en Europe
ont participé à des activités et des politiques ayant une orientation similaire, non pas sur une
base volontaire, mais en raison des exigences de leur environnement social, imposées par le
cadre institutionnel des entreprises. De plus, en Europe, les associations professionnelles ont
normalement participé avec d'autres acteurs sociaux et politiques à la conception, à la révision
et à la redéfinition de ces systèmes. Cela légitime les obligations aux yeux de la plupart des
entreprises.

Nous pourrions se demander pourquoi la conformité à la loi serait considérée comme une
responsabilité sociale des entreprises ? Une grande partie de la littérature sur la RSE soutient
que cela ne peut pas être considéré comme une RSE car ce n’est pas une activité discrétionnaire
au niveau de l’entreprise (ex : Friedman, 1970, McWillimas & Siegel, 2001), malgré le fait que
les entreprises font partie du système, qui est responsable de la société. D’autres auteurs (ex :
Carroll) reconnaitraient que la participation des entreprises à tel système de réglementation
pourrait être considérée comme une responsabilité sociale des entreprises car elle implique
l’obéissance à la loi.

Qu'est-ce qui explique la différence de l'histoire américaine ? La réponse réside dans les
développements distinctifs du travail organisé, des entreprises et du gouvernement du côté
européen de l’Atlantique.

La RSE implicite désigne les institutions formelles et informelles d'un pays, à travers lesquelles
la responsabilité des entreprises, dans les intérêts de la société est convenue et attribuée aux
entreprises. La RSE implicite consiste normalement en des valeurs, des normes et des règles,
qui imposent (essentiellement) des obligations aux entreprises pour résoudre les problèmes, que
les intérêts sociaux, politiques et économiques considèrent comme une obligation appropriée et
raisonnable pour les entreprises.

La RSE explicite fait référence aux politiques d'entreprise qui amènent les entreprises à
assumer la responsabilité de certains intérêts de la société. La RSE explicite impliquerait

244
Habisch André, Jonker Jan, Wegner Martina et Schmidpter René: Corporate social responsibility across Europe, 109
2005, Springer Science & Business Media, p, 341.
normalement des politiques, des programmes et des stratégies volontaires et motivés par
l'intérêt personnel pour répondre aux problèmes perçus par l'entreprise et/ou ses parties
prenantes dans le cadre de leur responsabilité sociale.

La figure suivante montre comment la RSE implicite et explicite se rapporte l’un avec l’autre.
Cette corrélation entre les deux permet de traiter le même type de problèmes, à savoir les
questions sociales dans les relations entre les entreprises et les parties prenantes au sens plus
large. Les deux types de RSE représentent des approches concurrentes et –comme l’indique la
figure- présents dans la plupart des sociétés en même temps. La différence significative réside,
cependant dans l’approche qui suppose la domination. Ainsi, par exemple aux Etats-Unis,
l’approche générale montre que la majorité des questions sociales sont traitées sous forme de
politiques de RSE explicites, pourtant il existe encore des éléments significatifs des
responsabilités sociales (implicites) des entreprises réglementées par le cadre légal, tels que :
les questions de droits des travailleurs et le rôle des syndicats. De même, en Europe, en dépit
d’une forte insistance sur la RSE implicite, il existe, et a toujours eu, une quantité assez
importante de RSE explicite sous forme de la philanthropie.

Figure 16: la RSE implicite et explicite245

En effet, la RSE en tant que concept distinct et pratique élaborée est apparue bien plus
tard en Europe occidentale. Ceci reste vrai tant que nous parlons de RSE explicite (renvoie au

245
Habisch André, Jonker Jan, Wegner Martina et Schmidpeter René: Corporate social responsibility across 110
Euope, 2005, Springer Sciences & Business Media, p, 342.
dispositif institutionnel légal et réglementaire) car la RSE implicite a existé depuis le début du
20ème siècle en Europe.

2.2 L’Europe et les Etats-Unis : deux logiques d’approche de la RSE

Bien que de nombreuses entreprises européennes de premier plan ont adopté le langage
et les pratiques de la RSE, elles recèlent également des caractéristiques distinctives des
entreprises de la RSE aux États-Unis et apportent une nouvelle dynamique à la RSE en
Europe246. Rifkin (2005) traduit le choc des valeurs entre les deux ensembles :

‘le rêve européen passer les relations communautaires avant l’autonomie individuelle,
la diversité culturelle avant l’assimilation, la qualité de vie avant l’accumulation de richesses,
le développement durable avant la croissance matérielle illimitée, l’épanouissement personnel
avant le laboure acharné, les droits universels de l’homme et les droits de la nature avant les
droits de propriété, et la coopération mondiale avant l’exercice unilatéral du pouvoir’247.

Tout d'abord, RSE des Etats-Unis tend à souligner les valeurs sous-jacentes de la RSE,
alors qu'en Europe l'accent est davantage mis sur les relations avec les parties prenantes et
l'intégration à la stratégie. La RSE aux Etats-Unis donne relativement plus d'importance à la
sphère de la communauté qu’en Europe, qui accorde plus d'attention au lieu de travail, le
marché, et les sphères de l'environnement. RSE aux Etats-Unis tend à être plus préoccupée par
les questions nationales plutôt qu’internationales. Là où il ya une préoccupation internationale
cela tend à être autour des droits humains, plutôt que le changement climatique et la
transparence, par exemple.

Le tableau suivant résume les caractéristiques clés comparatives des systèmes de RSE
européennes, États-Unis et en particulier ceux du Royaume-Uni, en Scandinavie et en Europe
du Nord.

246
Gal Graham, Akisik Orhan et Wooldridge William: Sustainability and social responsibility, governance & raud: 111
theory and application, 2017, Springer.
247
Capron Micheal: Une vision européenne des différences USA/Europe continentale en matière de RSE: pourquoi
la RSE en Europe est un politique et non pas éthique, 2006, Université du Québec, p, 4.
USA Europe

Histoire Un siècle d’une RSE Passage récent de la RSE implicite à


explicite la RSE explicite

Ethos Valeurs Relations des parties prenantes,


stratégie

Organisations clef Standards de l’entreprise Entreprise, associations, partenariat,


standards

Questions clés Communauté Communauté, lieu du travail,


marché, environnement

Sphères Surtout domestique Domestique et international

Gouvernement Ecarter de la RSE Engagé dans la RSE

Tableau 13: Comparaison de la RSE Américaine et la RSE Européenne248

Les différentes définitions et interprétations de la RSE permettraient encore de distinguer une


compréhension européenne d’une compréhension américaine 249 . Du côté anglo-saxon ce
concept est perçu comme un engagement éthique, transparent et volontaire alors qu’une
approche plutôt latine prévaut en Europe laquelle met en valeur la démarche contraignante
induite par le concept de ‘responsabilité sociale’.

Perspective américaine Perspective européenne

Partie intégrante de la ‘philosophie’


Eviter les impacts dommageables à la valeur managériale au regard d’une culture
actionnariale et à la réputation organisationnelle et d’un management basé
sur la référence à des valeurs

Demande ‘externe’ ayant induit les codes Le management ne peut ignorer la


d’éthique démocratie sur le lieu de travail

Tradition du républicanisme civique (en Les perspectives ‘éthiques’ émanant des


particulier de la vertu civique d’honnêteté) partenaires sociaux

Importance accordée au training formel sur Importance accordée à la compréhension


les valeurs des valeurs

248
Jeremy Moon: Corporate Social Responsibility: a very short introduction, 2014, Oxford University Press, p, 112
55.
249
Vallaeys François : Les fondements éthiques de la responsabilité sociale, 2011, Université Paris-Est, p, 143.
Tradition juridique de la Common Law où Tradition juridique des codes napoléoniens,
une place est laissée au conflit et à du droit du travail
l’interprétation

Importance des lois sur la corruption Aspect volontaires (et non légal)

Les codes d’éthique sont des quasi lois Les codes d’éthique sont des guides sans
caractère obligatoire

Federal sentencing guidelines Partenariat employeurs employés (dont les


syndicats)

Cours d’éthique des affaires dans les cursus Cours sur les implications économiques de
de management la vie des affaires, compte tenu de
perspective éthique

Tableau 14: la perspective américaine et la perspective européenne de la RSE250

3. RSE en Asie :

La diversification de perception de la RSE dans la région Asiatique présente une grande


variation des niveaux de prospérité et de développement des différents pays et cultures locales.
« Dans le contexte asiatique, il est sans doute pertinent de se demander : « pourquoi la RS ? »
la motivation des entreprises à adopter les pratiques de RSE varie selon les pays et les
cultures »251.

En Asie, la RSE est interprétée de nombreuses façons différentes car les questions
importantes dans le contexte local dépendent d’un ensemble de problématiques locales. A titre
d’exemple, la corruption est omniprésente dans toute la région et pour la mettre en lumière il
semble utile de se pencher sur les questions de gouvernance comme composant majeur de la
RSE. Le tableau suivant montre bien cette articulation qui nous conduira à la fin, à constater
que les pays asiatiques qui affichent la plus grande pénétration de RSE sont aussi ceux qui sont
classés les premiers en termes de corruption.

250
Pesqueux Yvon: Un modèle « européen » de la R.S.E., 2005, Congrès Heraclite, Louvain la Neuve, Belgique, 113
p, 1 et 2.
251
Commenne Vincent: Responsabilité Sociale et environnementale: l’engagement des acteurs économiques,
2006, Editions Charles Léopold Mayer, France, p, 77.
% de Classement en Perception de Index
pénétration de termes de la nécessité de d’opacité +
la RSE corruption pots-de-vin

Inde 72 71 - 64

Corée du Sud 52 42 3,4 73

Thaïlande 42 61 - 67

Singapour 38 4 5,7 29

Malaisie 32 36 3,9 -

Philippines 30 65 - -

Indonésie 24 88 - 75

Tableau 15 : La RSE et la gouvernance252

Selon le PNUD (2001), il s’agit de la partie du monde la plus peuplée. Elle comporte 3
milliards d’habitants. Les économies varient de pays très pauvres tels que Pakistan, l’Inde et le
Bangladesh à des pays très riches tels que le Japon et Singapour ; de petites nations telles que
les Maldives à de grands pays tels que la Chine et l’Inde253.

En revanche, cette région du monde est en voie d’industrialisation accélérée, car il s’agit
d’économies qui sont très vite passées à travers les différentes étapes de l’industrialisation, des
industries lourdes primaires dans les années 1960 et 1970 aux technologies de l’information
dans les années 1990, les niveaux de consommation des populations locales y augmentent
rapidement, dynamisés par la croissance démographique, une prospérité, et des aspirations
grandissantes.

Japon et Singapour L’Asie développée

Chine En voie de développement rapide et la seule grande nation


communiste dans la région (toutes les autres ont une forme
de démocratie, hormis la Corée du Nord)

Malaisie et Indonésie Les pays relativement plus prospères/ ANSE islamiques (de
développement moyen)

252
Commenne Vincent: Responsabilité sociale et environnementale : l’engagement des acteurs économiques, 114
2006, Etudes Charles Léopold Mayer, France, p, 198.
253
El Malik Tarik: La Responsabilité Sociale des Entreprises : le cas du Maroc, 2014, Afrique Orient, Maroc,
Casablanca, p, 135.
Philippines et Thaïlande Les pays ANASE en voie de développement rapide et à
grande densité de population

Sri Lanka et Maldives Les petites îles-nations

Inde, Pakistan, Bangladesh Le sous-continent indien ou l’Asie du Sud

Moyen-Orient Principalement des pays arabes islamiques riches en pétrole

Tableau 16: La région en secteurs d’étude254

La Responsabilité Sociale a émergé en Asie au début des années 1990. Ce concept est
apparu grâce à l’implantation des entreprises occidentales, soucieuses de questions d’éthiques.
Cette dernière, constitue aussi une source de motivation pour des entreprises asiatiques qui
désirent commercer avec l’Ouest. La grande volonté de grandes, moyennes et même petites
entreprises dans cette partie du monde pose l’adaptation de la Responsabilité sociale très
rapidement.

Pour mieux saisir cette perception et implication sociale différentes de la RSE dans les
pays asiatiques nous allons présenter un certain nombre d’exemples : l’Inde, le Bangladesh, la
Chine, le Pakistan, le Malaisie et Indonésie, le Philippines et Thaïlande, le Sri- Lanka et
Maldives, et enfin le Moyen-Orient.

3.1 L’Inde, Pakistan et Bangladesh


Selon, le PNUD « il est ainsi presque contradictoire de lire que l’Inde est la plus grande
démocratie du monde, alors que ce pays fait partie de ceux qui ont une incidence de la pauvreté
parmi les plus élevées »255. En effet, ce pays a une langue histoire de charité d’entreprises due
au fait que ces dernières, contribuent traditionnellement aux causes sociales telles que
l’éducation, la santé et la religion. Cependant, ce concept de RSE est relativement nouveau, car
les entreprises indiennes viennent de prendre conscience des concepts de gouvernance
d’entreprises et de responsabilité sociale des entreprises. Dans l’attente d’institutionnalisation
de la RSE, la Confédération de l’Industrie indienne, la principale institution qui regroupe en
tant que membres la plupart des grandes entreprises, suit les activités de RSE des entreprises et
en diffuse des rapports sur leurs activités liées au social.

254
Commenne Vincent: Responsabilité sociale et environnementale : l’engagement des acteurs économiques, 115
2006, Etudes Charles Léopold Mayer, France, p, 204.
255
Benicourt Emmanuelle: La pauvreté selon le PNUD et la Banque Mondiale, 2001, Editions de l’EHESS, p, 9.
Selon le Rapport de la fédération des employeurs du Pakistan : « le Pakistan, malgré son
grand nombre d’entreprises multinationales, est encore en retard en matière de responsabilité
sociétale d’entreprise, notamment quant à l’amélioration sociale, la croissance économique, la
création d’emplois et la réduction de la pauvreté. Il ne semble y avoir que quelques initiatives
ci et là, qui méritent néanmoins qu’on les étudie. Le CPLC Pakistan (Comité de liaison
citoyens-police) est un bon exemple de participation des entreprises à un aspect important de la
vie de Karachi : le système des activités policières »256.

Comme l’Inde, le Bangladesh est l’un des pays les plus pauvres et surpeuplés en Asie.
Récemment, le pays se lance dans une industrialisation rapide, pourtant le secteur industriel du
Bangladesh ne semble pas avoir un grand intérêt pour la RSE à l’exception de quelques
initiatives égarées comme l’entreprise SAHCO International limites, qui a ouvert une unité de
développement social pour gérer les activités menées dans l’intérêt de la communauté tels que,
l’éducation, le développement de compétences professionnelles et les secours d’urgence en
situation de catastrophe.

La perception de la RSE au Bangladesh selon Vincent257 semble se traduire pour les


entreprises par leur implication dans des programmes non liés à l’activité commerciale
habituelle de l’entreprise.

3.2 La Chine et le Japon

Celles-ci sont en passe de devenir ‘l’atelier du monde’, la chose qui oblige les
entreprises multinationales chinoises et leurs fournisseurs pour qu’ils appliquent une
performance éthique. La réponse à cette pression extérieure se traduit par l’élaboration des
codes de conduite pour améliorer les conditions de travail en Chine. Comme finalité, la
perception de la RSE en Chine semble se concentrer sur les conditions de travail, la santé
professionnelle et les droits des salariés258.

Ce pays constitue une force économique assez importante sur l’échelle internationale, il
est le siège de certaines des plus grandes entreprises multinationales du monde. Dans le cas
d’espèce, les entreprises doivent adopter une vision planétaire, fonctionnant dans de

256
Commenne Vincent: Responsabilité sociale et environnementale : l’engagement des acteurs économiques, 116
2006, Etudes Charles Léopold Mayer, France, p, 210.
257
Commenne Vincent: Responsabilité sociale et environnementale : l’engagement des acteurs économiques,
2006, Etudes Charles Léopold Mayer, France, p, 210.
258
El Malki Tarik: La Responsabilité Sociale des Entreprises, le cas du Maroc, 2014, Afrique Orient, Casablanca,
Maroc, p, 135.
nombreuses parties du monde, elles tiennent à avoir des normes de conscience sociétale
élaborées et exigeantes. Leurs présences dans les marchés les plus importants comme
l’Amérique du Nord et l’Europe, les obligent d’être conformes à des conduites et des normes
de RSE sociales internationales. A titre d’exemple, le programme de RSE d’une entreprise
comme Sony est parmi les meilleurs du monde et serait universellement perçue comme
acceptable.

3.3 Philippines et Thaïlande :

Comme c’est déjà mentionné dans le tableau au dessus, les deux pays, très peuplés, sont
en voie de développement accéléré. Les Philippines et la Thaïlande ressentent le besoin
d’intervenir dans de nombreuses questions sociales.

Le Philippine Business for Social Progress (PBSP) est fondé par cinquante entreprises
leaders dans les années 1970, pendant la période des troubles sociaux aux Philippines en vue
de ‘faire quelque chose pour le développement,’ face à une situation politique et économique
qui se dégradait. Dans le même esprit de développement, à travers cette initiative il était
possible de réserver 1% de leurs revenus nets avant déduction fiscale259 (et de placer 60% de
ce montant en gestion, par un organisme professionnel de travailleurs, du développement
social) pour aider les Philippines pauvres.

Pour la Thaïlande, les entreprises ont créé un Club ouvert à toutes les entreprises qui
s’intéressent au travail de la WWF (World Wildlife Fund). Les projets du WWF ne sont en rien
liés aux activités commerciales des entreprises qui soutiennent ces programmes260.

Bref, le concept de la RSE aux Philippines et en Thaïlande gagne rapidement de


l’importance dans les milieux des affaires.

259
Commenne Vincent: Responsabilité sociale et environnementale : l’engagement des acteurs économiques, 117
2006, Etudes Charles Léopold Mayer, France, p, 207.
260
Commence Vincent : Responsabilité sociale et environnementale : l’engagement des acteurs économiques :
mode d’emploi pour plus d’éthique et de développement durable, 2006, ECLM, France, p, 208.
3.4 Malaisie et Indonésie261 :

‘Le développement de la communauté’ est un terme renforcé ces dernières années par
les entreprises en Indonésie dans le but de s’intéresser à la communauté qui constitue une
extrême importance pour leur propre survie. Pour ce fait, le pays encourage les entreprises en
Indonésie à devenir des petits entrepreneurs accordant une assistance financière et technique
pour alléger le fardeau des pauvres. D’ailleurs, la chambre de commerce et d’industrie
Indonésienne a lancé des campagnes pour combattre la corruption.

Une fois de plus, la perception de la RSE s’élargit aux préoccupations de communauté


bien au-delà des conditions de travail et des autres aspects directement liés aux activités des
entreprises.

3.5 Sri Lanka, Maldives et Singapour262

Cette partie du monde est connue par les catastrophes naturelles notamment l’érosion
du sol et l’augmentation des niveaux de la mer, donc il semble évident que la communauté a
cherché de l’aide auprès des entreprises et celles-ci ont répondu à l’appel. Elles ont mis en
œuvre des projets qui endiguent la détérioration de l’environnement local dans ces Etats-îles.
Citons par exemple Banyan œuvre qui forme une chaîne de stations touristiques, citons aussi
l’effort qui a été fourni pour aider les victimes de Tsunami.

La RSE dans le Singapour -relativement riche- peut se comparer à celle que l’on trouve
en Europe et aux Etats-Unis. Une étude faite par l’université de Hong-Kong, montre que
l’intérêt pour la RSE et sa reconnaissance y ont augmenté ces dernières années.

Par exemple cette étude marque que 57% des entreprises de Singapour ont un code de
conduite déontologique avec des dispositions concernant les pots-de-vin et la corruption, alors
que 100% des entreprises de ce même pays ont des politiques de contrôle des installations des
fournisseurs en matière de santé, de sécurité et des aspects liés à l’environnement.

261
Commence Vincent : Responsabilité sociale et environnementale : l’engagement des acteurs économiques : 118
mode d’emploi pour plus d’éthique et de développement durable, 2006, ECLM, p, 208.
262
Commenne Vincent: Responsabilité sociale et environnementale : l’engagement des acteurs économiques,
2006, Etudes Charles Léopold Mayer, France, p, 206.
50% d’entre les pays cités ont des politiques relatives au commerce équitable et de
vérification du prix de détail. Enfin, 85% prétend avoir une politique concernant les normes de
travail appliquées par leurs fournisseurs dans les pays en voie de développement.

Les facteurs qui motivent le Singapour à s’intéresser à la RSE sont multiples et variables à
savoir :

 Le mouvement du gouvernement Remake Singapour (refaire Singapour) qui réveille ce


souci envers la société.
 Le gouvernement a approuvé quatre conventions fondamentales de l’OIT en rapport
avec la RSE
 La reconnaissance du gouvernement de la protection du consommateur contre les
entreprises
 L’organisation des forums commerciaux auprès des associations de consommateurs
telles que la CASE en collaboration avec la communauté des affaires sur la loi
imminente, la Faire Trading Act ;
 La naissance du centre pour la RSE et un réseau RSE à but non lucratif par des
professionnels pour sensibiliser la société et encourager la réflexion sur les questions
liés à la RSE

4. La RSE en Afrique263 :

Pour l’Afrique, c’est très connu que la plupart des Etats et des institutions légales sont
hérités de la colonisation. La raison pour laquelle, il y a un retard dans l’élaboration de l’arsenal
juridique (lorsqu’il n’est pas caduc ou inexistant) indispensable pour réguler le fonctionnement
des entreprises. Jusqu’à la fin des années 1970, les différentes législations nationales se
contentent de reconnaître qu’il existe des droits généraux souvent éparpillés dans plusieurs
textes inaccessibles.

La présence des multinationales, les stratégies de développement, la stratégie de l’Union


africaine pour assurer un développement durable durant les années 1960, constituent des
éléments de pression sur les entreprises africaines. De nombreuses initiatives ont été prises au

263
Forstater Maya, Zadek Simon, Guang Yang, Yu Kelly, Xiao Hong Chen et Mark George: Corporate 119
responsibility in African development: insights from an emerging dialogue, 2010, Harvard University, John F.
Kennedy school of government.
niveau international, pour ambition de mettre en place un cadre institutionnel approprié pour
adopter la Responsabilité sociale dans le contexte africain.

Au cours de ces dernières années 264 , les investisseurs traditionnels en Afrique ont été
rejoints par des investisseurs des économies émergentes. Reliance Industries de l'Inde, Tata, le
pétrole et le gaz naturel Corp et Hindustan Petroleum, Companhia Vale du Brésil do Rio Doce,
et Petronas de la Malaisie, sont quelques-unes des multinationales de l'économie émergentes
qui étendent leurs activités dans le secteur des ressources naturelles de l'Afrique, tandis que
d'autres achètent des terres agricoles pour accroître la production dans la région.

Dans cette région du monde, les entreprises transnationales s’implantent pour la richesse en
produits et en matières premières de l’Afrique, comme il est montré dans la carte suivante.

Les obligations auxquelles ces grandes entreprises, en ce sens, sont soumises dans le cadre
des législations en vigueur dans leurs pays d’origine (Europe, Etats-Unis, Japon, etc.). A cet
effet, la question de la responsabilité sociale des acteurs économiques se pose de plus en plus,
notamment avec la naissance des organisations de la société civile.

264
Forstater Maya, Zadek Simon, Guang Yang, Yu Kelly, Xiao Hong Chen et Mark George: Corporate 120
responsibility in African development: insights from an emerging dialogue, 2010, Harvard University, John F.
Kennedy school of government, p, 7.
Figure 17 : Les ressources de l’Afrique265

L’une des particularités du continent africain est que la quasi-totalité des entreprises
locales sont de taille petite à moyenne et la prédominance du secteur non formel, ce qui laisse
à croire que la question de la RSE n’a de sens que lorsqu’elle s’inscrit dans une logique
d’amélioration des conditions de vie et de travail des personnes concernées. Ce qui explique les
préoccupations majeures de ces types d’entreprises. Très peu d’entre elles sont engagées dans
la démarche de certification, de normalisation et d’accréditation en référence aux normes ISO.

En revanche, plusieurs obstacles doivent être surmontés dans le continent le plus pauvre
de la planète comme : la marginalisation économique, l’illégalité, l’opacité, la corruption, le
travail des enfants, la limitation des droits sociaux, la déforestation et la désertification, les
déchets, la mauvaise qualité des produits, le manque de dialogue avec les communautés locales,
le besoin d’accès aux marchés, le développement local…etc. Tous ces défis entravent
l’implication de cette stratégie dans le contexte africain, par rapport aux pays du Nord. Par

265
Royal Holloway: Corporate social responsibility in Africa: definition, issues and processes, 2012, International 121
centre for Corporate social responsibility, p, 7.
conséquent, la Responsabilité sociale est une notion peu connue et insuffisamment abordée en
Afrique.

L’Afrique a besoin d’une dynamique entrepreneuriale responsable pour relever les


principaux défis. Par la sensibilisation ou même la pression des gouvernements sur les
entreprises afin qu’elles tiennent compte des principes de développement durable. De plus, la
décentralisation et la considération des spécificités et des réalités des pays africains en matière
de normes et codes internationaux de RSAE. Comme l’affirme De Chen Xiao hong, Directeur
général, DRC-ERI :

‘CSR is a universal concept. Companies need to build awareness of issues and learn
from experience. We need more international exchanges and summarizing and
dissemination of cases. We can open up the door and listen to experience from all
other countries’266.

Le principe de la RSE est récemment apparu en Afrique, avec l’adoption des normes
comme la norme ISO 9000 sur la qualité, la norme ISO 14000 sur l’environnement, HACCP
sur l’hygiène, la norme sur la responsabilité sociale des acteurs économiques (SA 8000).
Portant, elle est encore, dans sa toute grande majorité, le fait des très grandes entreprises.

L’économie en Afrique, et en particulier en Afrique sub-saharienne, a augmenté plus


rapidement au cours de ces dernières années 267 . Les économies africaines ont évolué à un
rythme croissant, avec une moyenne de plus de 6% pour la période 2001 et 2008. En 2010, le
taux moyen de croissance économique à travers le continent a dépassé le Brésil et l'Inde. Ce
taux de croissance et le développement sont sans précédents dans l'histoire récente, évolution
qui constituerait un potentiel pour sortir des millions à travers le continent,- qui souffrent de la
pauvreté et le déplacement des communautés et des nations,- vers l'autonomie durable des
conditions de vie et les économies.

Selon une enquête268 annuelle sur 1200 entreprises, effectuant dans 33 pays ‘Price water
house Coopers’ pour sa cinquième enquête annuelle ‘Global CEO Survey, Uncertain Times,

266
Forstater Maya, Zadek Simon, Guang Yang, Yu Kelly, Xiao Hong Chen et George Mark : Corporate 122
responsibility in African development: insights from an emerging dialogue, 2010, Harvard University, John F.
Kennedy school of government, p,4.
267
Forstater Maya, Zadek Simon, Guang Yang, Yu Kelly, Xiao Hong Chen et George Mark: Corporate
responsibility in African development: insights from an emerging dialogue, 2010, Harvard University, John F.
Kennedy school of government, p,6.
268
http://www.socialfunds.com/news/article.cgi?sfArticleId=769, SRI World Group, Inc, 2017
Abundant Opportunities’, en répondant à la question principale : comment les principaux
dirigeants du monde entier définissent et évaluent la responsabilité sociale des entreprises ?
donc, comme résultats l’enquête montre que la plupart des PDG déclarent que la RSE ne se
résume pas à une manipulation en termes de relations publiques (51%), que la RSE est vitale
pour la rentabilité (68%) et que la RSE doit rester une priorité, même dans l’actuel
ralentissement économique (60%). Le rapport conclut sur l’importance de la publication de
rapports sur la performance de la RSE. Pratiquement la moitié des entreprises interrogées (48%)
produisent un rapport RSE ou de durabilité en plus de leur rapport d’activités annuel.

Evidemment, le passage du Nord au Sud au sujet de la RSE marque un décalage assez


grand, car les critères de la RSE sont généralement établis par le premier, alors que pour les
pays du Sud cette notion est encore naissante. Cette divergence due au fait que les mesures, les
enjeux et les manières de définir et d’adopter la RSE par les pays du Nord, sont différents
sensiblement d’un bloc à l’autre, eu égard au niveau de développement des pays269.

Le concept de la RSE dans les pays émergents270 est marqué par beaucoup de confusion
dans le sens où ses activités dans la plupart des pays du Sud n’ont quasiment aucun rapport
avec l’activité commerciale principale de l’entreprise, et le plus souvent liées au rôle social de
l’entreprise dans la communauté qui a toujours été une dimension importante des structures
sociales. Dans ce cadre et pour confirmer le lien traditionnel entre le secteur des affaires et la
société, Datuk, Dr. Sayed Othman Alhabshi271, directeur général adjoint de l’institut pour la
compréhension de l’Islam (IKIM) en Malaisie, explore dans son exposé ‘Responsabilité
Sociétale du Secteur d’Entreprise’ (Social Responsibility of the Coporate Sector), le rapport
dans les écritures religieuses, entre les entreprises et la communauté. Encore les entreprises
dans les pays du Nord disposent de solides structures gouvernementales disposées et capables
d’agir en tant que régulateurs.

Cette dichotomie entre les payes du Nord et les payes du Sud s’illustre également dans
la volonté et la capacité de la société civile à contrôler de près les activités des entreprises aux

269
Graham Gal, Akisik Orhan et Wooldridge William: Sustainability and social responsibility, governance & 123
fraud: theory and application, 2017, Springer, p, 11.
270
Wayne Visser: Corporate social responsibility in developing countries, 2008, The Oxford Handbook of
coporate social responsibility.
271
Commenne Vincent: Responsabilité Sociale et environnementale: l’engagement des acteurs économiques,
2006, Editions Charles Léopold Mayer, France, p, 190.
niveaux national et international, chose qui manque dans les pays du Sud. Citant par exemple
l’absence d’un pouvoir significatif chez les consommateurs des pays du Sud.

Finalement, plusieurs facteurs comme la pauvreté, l’ignorance, les inégalités sociales,


les faibles développements des services publics de pauvre qualité, des problèmes écologiques,
l’implantation de nombreuses entreprises occidentales, la conscience sociale dans certains des
pays les plus pauvres est faible272… tout cela appelle instamment l’introduction et l’adoption
d’une démarche RSE.

5. La RSE au Maghreb

5.1 L’Algérie

L’Algérie273 est un pays en voie de développement selon les caractéristiques suivantes :


il possède une économie dominée par un secteur majeur, celui des hydrocarbures, et un faible
taux d’alphabétisation, mais avec un taux de chômage élevé notamment chez les jeunes, une
situation économique fragile, et t un système légal qui manque de contrainte et de transparence,
etc.

A la suite des réformes mondiales, l’Algérie intègre depuis 1988 des préoccupations
sociales et environnementales au niveau du management des entreprises publiques et à leurs
relations avec les parties prenantes. Les efforts fournis par le pays exigent l’adoption des
conventions internationales pour faire face à de nombreux défis écologiques et sociaux, les
changements climatiques, la dégradation de la diversité biologique et la désertification, et équité
sociale274.

Dans l’objectif de promouvoir un développement durable respectueux de


l’environnement, le gouvernement algérien a nécessité une action coordonnée au niveau
national et régional, privilégiant une synergie entre toutes les chartes et les conventions dans ce
cadre. La politique du pays et son engagement se traduit par un renforcement du cadre législatif
et institutionnel et par les nombreux programmes lancés en matière d’éducation

272
Commenne Vincent: Responsabilité Sociale et environnementale: l’engagement des acteurs économiques, 124
2006, Editions Charles Léopold Mayer, France, p, 204.
273
Commission économique pour l’Afrique : Profil de pays, 2016, Nations Unies.
274
Colloque international : les comportements des entreprises économiques, face aux enjeux du développement
durable et de l’équité sociale, 2012, Université Kasdi Marbah-Ouargla.
environnementale, et intégrée dans une approche tridimensionnelle alliant à la fois
considérations économiques, sociales et environnementales275.

Sur le plan législatif, l’Algérie, depuis le sommet de Johannesburg en 2002276 a intensifié ses
actions dans le domaine de l’environnement, social et écologique. Donc pour la finalité
souhaitée, l’Etat algérien a mis en place une stratégie nationale de l’environnement et un plan
national d’actions pour l’environnement et le développement durable (PNAE-DD). Ladite
stratégie vise la réalisation des objectifs suivants :

 L’amélioration de la santé et de la qualité de vie ;


 La conservation et l’amélioration de la productivité du capital naturel ;
 La réduction des pertes économiques et l’amélioration de la compétitive;
 La protection de l’environnement régional et global ;

C’est dans le cadre de réformes fondamentales visant à faciliter la mise en œuvre de la RSE
dans le pays, que le gouvernement algérien a mis en place plusieurs textes législatifs et
réglementaires, en vue d’assurer la santé et la sécurité au travail, notant que son code de travail
s’inscrit dans le prolongement des textes ratifiés, de la déclaration tripartite de l’OIT relative
aux principes et droits fondamentaux au travail et à son suivi.

De plus, l’Algérie marque un progrès au sujet des droits de l’Homme d’après sa


première participation depuis son élection pour un nouveau mandat en novembre 2013, en tant
que membre du conseil des droits de l’Homme de l’ONU. Soulignant, la réalisation des objectifs
du millénaire sur le développement avant 2015277, l’Algérie était parmi les 189 pays qui avaient
adopté la déclaration du millénaire en septembre 2000, à l’issue du sommet du millénaire et
allant de pair avec l’approfondissement du processus démocratique et de l’Etat de droit.

Parmi les initiatives lancées, dans le cadre de réalisation des objectifs du millénaire pour le
développement, nous pouvons citer la coopération entre le ministère fédéral Allemand de la
coopération économique et du développement et le GIZ Algérie qui ont produit un guide des
dispositifs d’appui à l’entrepreneuriat vert pour promouvoir l’emploi des jeunes. Ce guide a été

275
Ayad Sidi Mohammed et Hadji Slimane-Kheroua Hind : la Réalité de la responsabilité sociale de l’entreprise 125
(RSE) en Algérie: Cas de NCA ROUIBA, International Journal of Business & Economic Strategy, Université
Abou Bakr Belkaid-Tlemcen-Algérie, p, 4.
276
Nations Unies : Sommet de Jahannesburg, profil d l’Algérie, 2002,
277
Commission économique pour l’Afrique : Evaluation des progrès accomplis en Afrique dans la réalisation des
objectifs du Millénaire pour le développement, Analyse de la position commune africaine sur le programme de
développement pour l’après-2015, 2014, Nations Unies.
conçu comme un outil de vulgarisation et d’orientation pour les jeunes porteurs de projets en
économie verte.

5.2 La Tunisie

Après la révolution tunisienne du printemps arabe du 14 Janvier 2011, la Tunisie a vécu des
mutations et des changements à tous les niveaux : politique, économique et social. Cette période
de transformation278 ouvre de nouvelles perspectives pour la RSE, du fait que le pays a adopté
les conventions internationales des droits de l’homme, dispose d’un code de travail assez
avancé, a élaboré un cadre juridique de la protection de l’environnement et a encouragé la mise
en œuvre du Pacte Mondial des UN depuis 2005. Elle constitue aujourd’hui un autre facteur
déterminant du nouvel ordre politique, économique et social de la Tunisie.

Comme l’Algérie, la Tunisie s’engage dans plusieurs activités dans le champ de la RSE en
coopération avec la GIZ et l’ONUDI. Parmi Les facteurs déterminants de la RSE en Tunisie279,
nous citons :

 Facteurs politiques :

Une série d’initiatives lancées en Tunisie, telles que le programme de mise à niveau et
l’initiation à la certification dans les normes internationales, en vue de stimuler et de favoriser
la compétitivité des entreprises, suite à l’intégration de l’économie tunisienne dans le marché
mondial. De ce fait, la mondialisation constitue encore une contrainte et une opportunité pour
l’entreprise tunisienne, de nature à favoriser un comportement et un management socialement
responsable.

Ainsi, ‘la volonté politique du gouvernement de soutenir les entreprises, de stimuler leur
compétitivité et de favoriser leur engagement dans le développement durable est la conséquence
directe de son choix en faveur du libéralisme économique et de la mondialisation’280.

La Tunisie a adapté sa législation sociale et environnementale qui constitue un cadre


propice à la mise en œuvre de la RSE. Plusieurs textes législatifs et réglementaires du pays ont
été mis en place afin d’organiser les relations du travail, de protéger la santé des salariés, de

278
Lemdani Inès : La responsabilité sociétale de l’entreprise Tunisienne, 2013, Synergies. 126
279
Lemdani Inès : La responsabilité sociétale de l’entreprise Tunisienne, 2013, Synergies.
280
Lemdani Inès : La responsabilité sociétale de l’entreprise Tunisienne, 2013, Synergies, p, 26.
promouvoir le respect des droits humains, de protéger l’environnement et de lutter contre la
corruption.

 Facteurs sociaux :

Le contexte social post-révolution, comporte des éléments incitatifs à la prise de


conscience par le gouvernement de la priorité du bien être et de dignité du citoyen ; également
il anime les entreprises tunisiennes à promouvoir un comportement et un management
socialement responsable pour assurer la prospérité de l’entreprise et sa pérennité.

 Facteurs économiques :

Les entreprises tunisiennes et surtout celles qui s’opèrent dans les secteurs
d’exportations et les échanges commerciaux à l’étranger se font essentiellement avec l’UE qui
accorde une grande importance aux valeurs de la RSE, dont la mise en œuvre devient de plus
en plus une exigence de nombreux clients européens.

Le ralentissement de la production, de l’investissement et des exportations ainsi que la


multiplication de conflits sociaux sont autant de défis que la Tunisie doit surmonter après la
révolution. De ce fait, le pays s’intéresse à la gouvernance d’entreprises pour encadrer le
fonctionnement des entreprises, dans un souci majeur de justice, de transparence et de clarté.

 Facteurs écologiques :

Les entreprises tunisiennes souvent considèrent les aspects écologiques comme des
problématiques de deuxième importance, malgré les efforts de sensibilisation et de
réglementation dans le domaine de la protection de l’environnement de la part des institutions
publiques.

La maitrise des risques environnementaux exige que l’entreprise tunisienne engage des
plans d’action et utilise la certification ou l’engagement de la RSE pour contourner les situations
de non-conformité aux normes de rejets et de non respect de la réglementation ou accidents
environnementaux…etc.

127
Figure 18 : Les acteurs de la responsabilité sociétale de l’entreprise en
Tunisie281

5.3 Le Maroc

«Il y a eu des discussions depuis si longtemps sur la


responsabilité sociale des entreprises, sans vraiment
influencer le Maroc. Ce concept est devenu
soudainement important "

Mohammed Tamer, président de la commission éthique


de l'AMITH (Association marocaine des industries textiles
et de l'habillement)

En effet, face à un contexte marqué par des mutations profondes du nouvel


environnement économique international et afin de promouvoir la croissance économique
locale et à la suite de nombreuses prestations des ONG et des demandes de la société civile,
diverses réformes ont été émises au Maroc, depuis les années 80. Les entreprises marocaines

128
281
Lemdani Inès : La responsabilité sociétale de l’entreprise Tunisienne, 2013, Synergies, p, 29.
adoptent une démarche RSE pour renforcer la compétitivité l’économie marocaine et
développer son attractivité pour les investissements directs étrangers. Par ailleurs, influencée
par la mondialisation à travers le monde, les entreprises marocaines s’imposent de s’aligner ou
tout au moins se rapprocher des normes internationales.

Depuis une dizaine d’années, le Maroc vit au rythme de profondes mutations


économiques, sociales et environnementales 282 . Il s’est inscrit dans cette perspective de
développement ; citons à titre d’exemple, les plans sectoriels volontaristes (industrie,
agriculture, tourisme, etc.) ; signature d’accords de libre-échange régionaux avec les Etats-
Unis, l’Union Européenne, la Turquie, l’Egypte, et la Jordanie ; changements institutionnels ;
défis environnemental et écologique etc. Donc, les préoccupations d’ordre environnemental et
sociétal sont devenues au centre des préoccupations stratégiques du pays, surtout après le
discours de S.M le Roi Mohammed VI du 18 Mai 2005.

5.3.1 Cadre législatif et réglementaire de la RSE au Maroc :

La RSE constitue pour la plupart des académiciens, des managers et des organismes
concernés, comme la commission européenne, un concept qui se base principalement sur
« l’intégration volontaire des préoccupations sociales et écologiques des entreprises à leurs
activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes »283.

L’aspect juridique de la RSE reflète la nature des normes à mettre en œuvre, rôle
respectif du droit public et des engagements volontaires – « principe directeur », « code de
bonne conduite »- et les responsabilités des Etats et des acteurs privés284.

282
Commission économique pour l’Afrique : Profil de Pays, 2015, Nations Unies. 129
283
Ben Yedder Moez et Zaddem Férid : La responsabilité sociale de l’entreprise (RSE), voie de conciliation ou
terrain d’affrontements?, 2009, REMEST, p, 89.
284
Définition et enjeux du Séminaire sur la Responsabilité sociale des entreprises dans l’espace francophone, 2008,
Associations Francophone des Commissions Nationales des droits de l’Homme, Saint Dominique, Paris, p, 5.
Dans un contexte de pays émergents285 comme le Maroc, la RSE est à ses débuts car la
majorité des entreprises se soucient très peu de leur RSE, pour leurs dirigeants, elle se limite à
ces obligations réglementaires286.

 Le Code du travail a été révisé en 2004, suivi par des changements plus importants
dans les années suivantes. Ce code 287 se caractérise par son attachement aux droits
humains fondamentaux et sa conformité avec les normes internationales telles que
prévue dans les conventions des Nations Unies ; citons à titre d’exemple, les mesures
relatives à la santé, au licenciement, à la durée du travail et aux salaires ; ainsi que, les
instruments destinés à adapter ces dispositions à leurs propres pratiques et à les
promouvoir dans des secteurs voisins, tels que celui de l’environnement et des droits
humains.

Le tableau suivant regroupe les principaux textes internationaux ratifiés par les Maroc dans le
domaine du travail, suite à des réformes globales de l’Etat et d’ouverture économique corrélée
à la conclusion d’accords de libre échange.

Liste Date

La convention n°155 de l’OIT concernant la sécurité et la santé des travailleurs et 1950


le milieu du travail

La Convention n°161 sur les services de santé au travail étend la notion de service 1958
médical du travail au concept de santé au travail .

Convention sur le travail forcé du 28 juin 1930 1957

Convention sur l’abolition du travail forcé du 25 juin 1957 1966

Convention n°111 concernant la discrimination (emploi et profession) 1962

Convention n°100 sur l’égalité de rémunération entre la main d’œuvre masculine 1979
et la main d’œuvre féminine, ratifiée par dahir 9 novembre

285
Ce concept est apparu dans la littérature financière pour designer l’ouverture des marchés boursiers de certains 130
pays en développement qui a fait l’objet d’importantes spéculations boursières.
Généralement, ils sont évalués selon trois critères :
 Le niveau initial de développement
 La variance (la convergence ou la non convergence)
 La participation aux échanges mondiaux de produits transformés
286
Loubna Barmaki et Driss Aitcheikh: Responsabilité sociétale des entreprisses en Afrique : approche
comparative (Afrique du Sud, Maroc, Sénégal et Tunisie), 2014, Dossiers de recherche en économie et gestion, p,
164.
287
Bulletin Officiel n°5210 du Jeudi 6 Mai 2004, Dahir n°1-03-194 du 14 rejeb 1424 5(11spetmebre 2003) portrant
promulgation de la loi n°65-99 relative au Code du travail
Convention n°4 concernant le travail de nuit des femmes, ratifiée par dahir du 13 1956
juin

Convention n°45 concernant l’emploi des femmes aux travaux souterrains dans 1957
les mines de toutes catégories, ratifiée par dahir du 16 décembre

La recommandation n°195 exprimant la nouvelle problématique de la formation 2004


tout le long de la vie et ses effets sur les rôles classiques respectifs de l’Etat, de
l’entreprise et des travailleurs

Convention n°187 sur le code promotionnel pour la sécurité et la santé au travail 2006

Tableau 17: les principaux textes internationaux ratifiés par le Maroc dans le domaine
du travail288

 Le droit de l’environnement : Vers un ‘Statut Avancé’ 289 , ainsi que l’ouverture


économique grandissante du pays qui s’étend à des nouveaux domaines stratégiques tels
que la coopération énergétique, la recherche et l’innovation, l’environnement et le
développement durable, assurent que le Maroc est bien engagé dans la dynamique
européenne. La mise en conformité des firmes marocaines avec les normes et standards
internationaux sociaux et environnementaux devient une nécessité et une urgence pour
le pays.

Tout d’abord, il nous semble utile de définir le mot ‘environnement’. « Il est ce qui
constitue le voisinage, ou l’ensemble des éléments naturels et artificiels qui entourent un
individu humain, animal ou végétal ou une espèce, ou bien encore l’ensemble des éléments
objectifs et subjectifs qui constituent le cadre de vie des individus ». En anglais, le mot désigne
‘l’ensemble des phénomènes extérieurs à un organisme, et qui entretiennent avec lui des
relations’290.

Au sujet de l’environnement, le pacte mondial est lancé en 1999 par le Secrétaire Général des
Nations Unies M. Kofi Annan, en invitant les dirigeants d’entreprise à se joindre à une initiative

288
Daniel Labaronne et Emna Gana-Oueslati: Analyse comparative du cadre institutionnel de la RSE au Maroc et 131
en Tunisie, Revue management & avenir, N°43, p, 12.
289
Une association placée sous le haut patronage de la Commission européenne et des gouvernements de
l’Espagne, la France, du Portugal, de l’Allemagne (qui occupait à l’époque la présidence de l’UE) et du Maroc.
290
Cynthia-Yaoute Eid : Le droit et les pratiques de l’environnement dans les pays du Bassin Méditerranéen :
approche de droit environnemental comparé, 2009, Université René Descartes-Paris V, p, 12.
nationale. La phase opérationnelle de ce ‘Global Compact’ a été lancée en juillet 2005, porte
sur les valeurs fondamentales inspirées de quatre grands textes291 :

 La Déclaration universelle des droits de l’homme ;


 La Déclaration de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) relative aux principes
et droits fondamentaux au travail ;
 La Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement ;
 Convention des Nations Unies contre la corruption.

Le Maroc, de son côté, vise à travers des lois et des conventions à assurer un cadre législatif
et réglementaire de protection et de mise en valeur de l’environnement, conciliant les impératifs
de préservation de l’environnement et ceux du développement socio-économique durable, tout
en cherchant à atteindre une cohérence juridique du cadre de l’environnement tant au niveau
national qu’international. Le tableau qui suit présente les principaux textes internationaux
ratifiés par le Maroc, dans le domaine de l’environnement :

Date de
Lieu-Nom de l’accord Date de mise en
ratification vigueur

Alger-Convention africaine sur la convention de la nature et des 1968 1977


ressources

Ramsar-Convention relative aux zones humides d’importance 1971 1980


internationale particulièrement comme habitats de la sauvagine

Paris-Convention concernant la protection du patrimoine mondiale 1972 1975


culturel et naturel

Londres-Convention pour la prévention de la pollution des mers 1972 1977


résultant de l’immersion des déchets et de ses annexes

Washington-Convention sur le commerce international des espèces 1973 1977


de faune de flore sauvages menacées d’extinction

Barcelone-Convention pour la protection de la Méditerranée contre 1976 1980


la pollution

291
Mazuyer Emmanuelle : L’application des principes du travail du pacte mondial des Nations Unies par les 132
entreprises française, 2009, CNRS.
Londres-Convention internationale pour la prévention de la 1993 1993
pollution par les navires

Bonn-Convention relative à la conservation des espèces migratrices 1979 1993


appartenant à la faune sauvage

La Haye-Accord sur la conservation des oiseaux d’eaux migrateurs 1995 2012


d’Afrique-Eurasie

Montego Bay-Convention sur le droit de la mer 1982 2007

Vienne-Convention sur la protection de la couche d’ozone 1985 1995

Montréal-Protocole relatif à des substances qui appauvrissent la 1987 1995


couche d’ozone

Rio-Convention sur la diversité biologique 1992 1995

New York-Convention sur les changements climatiques 1992 1995

Paris-Convention des Nations Unies sur la lutte contre la 1994 1996


désertification

Kyoto-Protocole de Kyoto 1997 2002

Carthagène-Protocole sur la prévention des risques 2000 2011


biotechnologiques

Stockholm-Convention sur les polluants organiques persistants 2001 2004

Paris-Convention relative à la conservation de la protection du 2001 2011


patrimoine culturel subaquatique

Berne-Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du 2001 2001


milieu naturel de l’Europe

Paris-Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel 2003 2006


immatériel

Rotterdam-Convention sur la procédure de consentement préalable 2011 2011


en connaissance de cause applicable à certains produits chimiques
et pesticides dangereux qui font l’objet d’un commerce international
Tableau 18: Principaux traités, conventions, protocoles auxquels le Maroc a adhéré292

292
Le Bureau Indépendant d’Evaluation du FEM : Evaluation du portefeuille de pays : Maroc 1997-2015, 2016, 133
Global Environment Facility, Washington, p, 28.
La politique environnementale menée au Maroc, plus particulièrement depuis les deux
dernières décennies, a intensifié les pressions sur l’environnement et fait émerger une nouvelle
dynamique de la conscience écologique. Après l’adoption de la nouvelle Constitution de 2011,
qui a ancré le principe du développement durable et la protection des ressources naturelles, le
pays adopte une série de lois dans ce cadre, à savoir293 :

 La loi relative à la protection et à la mise en valeur de l’environnement (loi 11-03 du 19


juin 2003)
 13-03 sur la pollution de l’air
 12.03 sur les études d’impact sur l’environnement
 10-95 sur l’eau la loi
 08.01 sur l’exploitation des carrières
 28-00 sur la gestion des déchets et leur élimination.
 99-12 sur la charte nationale de l’environnement et du développement durable

5.3.2 INDH et CGEM

Ces changements des années suivantes concernent deux initiatives qui ont été entreprises.
La première est l'Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) qui donnera
lieu à la naissance d’une pléthore d'associations en plus de celles qui existaient déjà. Dans
son discours du 18 mai 2005, lors d'une conférence sur l'investissement socialement
responsable, le Roi Mohammed VI a annoncé le lancement de l'Initiative nationale pour le
développement humain.

« ma conviction première est que l’investissement constitue, d’abord et avant tout,


un moyen qui doit trouver sa finalité dans le progrès et la justice sociale, dans
l’émancipation et le bien-être des femmes et des hommes, dans la cohésion sociale,
la protection du milieu naturel, et le respect des droits et des intérêts des générations
(…) que le développement humain et la sauvegarde de l’environnement doivent être

293
Zeino-Mahmalat Ellinor et Bennis Abdelhadi: Environnement et changement climatique au Maroc –Diagnostic 134
et perspective-, 2012, Konrad-Adenauer-Stiftung e.V, Bureau au Maroc.
les critères cardinaux, tant des investissements que de nos politiques économiques
et de nos stratégies de croissance »294.

C’est à cette année -2005- que les autorités marocaines ont clairement exprimé leur
adhésion aux valeurs de la RSE. L'initiative est une étape importante dans la lutte contre
l'exclusion et la pauvreté dans le cadre d'un programme pluriannuel impliquant tous les acteurs
sociaux, soutenus par un compte d’affectation spécial dont l’ordonnateur est le chef du
gouvernement et autres sous ordonnateurs295.

Dans le même discours, le Roi souligne l’importance de l’engagement volontaire des


entreprises marocaines d’adopter une politique de RSE:

« … la responsabilité sociale des investisseurs a pour pendant et pour condition la


responsabilité sociale des entreprises. A cet égard, Nous suivons avec intérêt et
satisfaction l’action des entreprises marocaines qui se sont volontairement engagées
dans cette voie»

Cette initiative est un véhicule puissant pour encourager l'intégration des objectifs
sociaux plus larges dans les décisions d'investissement. Tel que mentionné ci-dessus, l’INDH
a pour but de lutter contre la pauvreté et soutenir le développement social. En ce sens, le Maroc
a enregistré le seuil de pauvreté le plus faible (9%) de la population nationale296.

La seconde concerne la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) qui


est un interlocuteur de poids vis-à-vis des pouvoirs publics et des autres parties prenantes est
très consciente de la RSE297. Cette organisation patronale, s’est dotée d’une charte RSE, tout
en veillant sur sa mise en œuvre, dont l'objectif est orienté vers davantage une responsabilité
éthique et la philanthropie plutôt que vers un profit économique en faveur des parties prenantes
(clients, consommateurs, fournisseurs, associations, employés …), ainsi qu’elle propose à ses
membres un label à ce titre. L’objectif étant d’élever les actions en matière de RSE à un rang
stratégique, et de faire connaître et reconnaître les entreprises socialement responsables.

294
Labaronne Daniel et Gana-Oueslati Emna: Analyse comparative du cadre institutionnel de la RSE au Maroc et 135
en Tunisie, 2011, Revue management & avenir, N° 43, p, 11.
295
Chouaib Jaouad : Initiative nationale pour le développement humain analyse et recommandations, 2013,
Conseil Economique, social et environnemental, p, 32.
296
Barmaki Loubna et Aitcheikh Driss: Responsabilité sociétale des entreprisses en Afrique : approche
comparative (Afrique du Sud, Maroc, Sénégal et Tunisie), 2014, Dossiers de recherche en économie et gestion, p,
159.
297
Aitcheikh Driss, Barmaki Loubna : Responsabilité sociétale des entreprises en Afrique : approche comparative
(Afrique du Sud, Maroc, Sénégal, et Tunisie), 2014, Dossiers de recherches en Economie et Gestion, p, 162.
L’encadré ci-dessous démontre l’initiative émanant de la CGEM dans la cadre de la
Responsabilité sociétale :

La CGEM a mis en place un label afin de promouvoir la responsabilité sociale auprès de ses membres. Ce label a pour
vocation de faire connaître les entreprises socialement responsable pour les valoriser auprès de leurs partenaires
institutionnels publics et privés et leurs permettre de tirer de ce label des avantages d’ordre financier et autre. E ce titre,
une commission ‘label’ a été créée au sein de la CGEM avec pour objectif de vulgariser les principes de responsabilité
sociale auprès des entreprises, de mettre en place les règles et les procédures d’attribution du label, et de négocier les
avantages en faveur des entreprises labellisées, la première étape a consisté à définir un référentiel d’objectifs pour
l’attribution du label. Cela a été rendu possible par l’adoption par la CGEM d’une charte de responsabilité sociale. Cette
charte RS est définie en conformité avec les principes fondamentaux de la constitution du Maroc et avec les conventions
et les recommandations internationales relatives au respect des droits fondamentaux de la personne humaine, de la
protection de l’environnement, de la saine gouvernance, du respect de la concurrence, du respect des intérets des clients
et des consommateurs, etc. elle est structurée autour de neuf engagements avec 35 objectifs précis et mesurables : le
respect des droits humains ; l’amélioration continue des conditions d’emploi et de travail et les relations professionnelles ;
la protection de l’environnement ; la prévention de la corruption ; le respect des règles de la saine concurrence ; le
renforcement de la transparence du gouvernement d’entreprise ; le respect des intérêts des clients et des consommateurs ;
la promotion de la responsabilité sociale des fournisseurs et sous-traitants ; le développement de l’engagement social.

Extraits de la charte RS de la CGEM

-‘nous souscrivons aux objectifs du développement durable. Nous nous engageons à agir de façon responsable et continue
pour leur réalisation dans nos activités économiques, nos relations sociales, et de façon générale, dans notre contribution
à la relation de valeur ;

- nous exerçons notre responsabilité sociale dans nos décisions stratégiques et nos opérations quotidiennes. Nous
acceptons d’en rendre compte par des informations sincères que nous communiquons de façon appropriée à nos parties
prenantes ;

- nous nous engageons à respecter, à prévenir les atteintes et, dans toute la mesure de nos moyens, à promouvoir les droits
fondamentaux et les attentes légitimes de nos parties prenantes (…)’.

La commission ‘label’ de la CGEM va ensuite évaluer les différentes demandes émanant d’organismes et institutions tant
publics que privés sur la base de la conformité des actions de la dite institution avec les objectifs définissant la charte de
RS de la CGEM. L’assurance raisonnable de conformité signifie que l’entreprise a d’une part ‘fourni des preuves tangibles
de non violation des obligations légales figurant parmi les objectifs de la charte RSE de la CGEM ‘, et, d’autres part,
‘adopté, au minimum, des engagements formalisés et publics, en faveur de la réalisation continue des objectifs de la charte
RS tels qu’ils découlent de sa taille et de la nature de ses produits ou services’. Il est à signaler, cependant, que l’absence
136
d’engagement à l’égard de certains objectifs, ne fera pas obstacle à l’attribution du label dans certains cas. Par exemple,
lorsque les objectifs en question sont hors de portée de l’entreprise soit en raison de sa taille, de son secteur d’activité, ou
encore en raison de la durée que nécessité leur déploiement. Ensuite, une fois le label octroyé, celui-ci va conférer à ses
Encadré- L’implication de la CGEM au plan de la RSE : le label CGEM et la charte de responsabilité
sociale298

Egalement, le Maroc s’engage dans la course de la recherche de la mise en conformité


sociale et de l’amélioration de la productivité. Dans ce cadre il a mis en place la norme
marocaine NM 00.5.601299. Cette norme a été publiée en 2009, et faisait partie du plan d'action
national pour la conformité sociale. Le but est d'encourager les organisations marocaines, quel
que soit leur domaine d'activité, de faire respecter les règles sociales en collaboration avec les
partenaires sociaux. Toute organisation qui a adopté un système de gestion sociale en
conformité avec les exigences fixées par la norme, peut donc demander la certification. Ceci
est accordé par le biais d'un audit effectué par des évaluateurs qualifiés.

Par ailleurs, le Pacte mondial Maroc300 est un projet multilatéral pour promouvoir la
RSE au Maroc. Cette promotion exige le respect des principes universels du Pacte mondial, la
Déclaration de l'OIT et les principes directeurs de l'OCDE pour les multinationales. Il est
principalement destiné aux PME opérant au Maroc et intéressées par l'application et la
promotion de ces principes. Les principaux syndicats (CDT, UTC, GMT, et PDT) et la CGEM
ont été parmi ses premiers membres. A titre d’exemple, Maroc Telecom a affirmé sa
responsabilité sociétale en adhérant au pacte mondial des Nations Unies en Novembre 2012301,

298
El Malki Tarik: La resposnabilité sociale des enterprises, 2014, Afrique Orient, Casablanca, Maroc, p, 169. 137
299
Ministère de l’industrie, du commerce et des nouvelles technologies: Circulaire relative à la certification de la
conformité sociale, 2009, SNIMA/CSMGS.
300
Mine Karata_Ezkan, Katerina Nicolopoulou, Mustafa F. Ezblgin: Corporate Social responsibility and Human
ressources management: a diversity perspective, 2014, Edawrd Elgar Publishing, p, 294.
301
Maroc Telecom: Document de référence 2012, AMF, p, 67.
démontrant ainsi son engagement à respecter les principes du Pacte dans le domaine des droits
de l'homme, le droit du travail, l'environnement et la lutte contre la corruption302.

Section 2 :

L’opérationnalisation de la RSE : Les pratiques et l’outillage existants

1. Lignes directrices de la responsabilité sociale de l’entreprise :

La définition des orientations normatives appropriées est la première étape que de nombreuses
entreprises mettent en place pour faire avancer la RSE. Dans ce sens, le milieu des affaires doit
relever le défi d’être plus novateur et plus compétitif, plus productif et plus rentable, et
davantage responsable et durable. Les différents dispositifs en matière de RSE orientent la
démarche de l’entreprise et ses ambitions.

Nous présentons dans ce qui suit, les lignes directrices et les instruments internationaux les plus
connus et les plus utilisés à travers le monde en matière de RSE.

1.1 La déclaration de l’OIT

Le Bureau International du Travail (B.I.T) a fourni des références majeures en matière de RSE.
Adoptée par le Bureau (B.I.T), la déclaration tripartite de l’Organisation Internationale du
Travail relative aux principes et aux droits fondamentaux représente une source de références

302
IBP, Inc: Investment Laws in Muslim Countries Handbook Volume 1 Investment Laws Regulations and 138
Opportunities in Selected Countries, 2015, Lulu. Com, p, 235.
fréquemment mobilisée. L’OIT a pour objet ‘d’encourager les entreprises multinationales à
contribuer positivement au progrès économique et social, ainsi que de minimiser et à résoudre
les difficultés que leurs diverses opérations peuvent soulever’303.

Cette déclaration a identifié huit conventions fondamentales pour le droit du travail, reflétant
les bonnes pratiques que toutes les entreprises –multinationales et nationales- devraient adopter.
Ces conventions procurent une plate-forme à partir de laquelle les travailleurs peuvent
s’efforcer d’améliorer leurs conditions de travail individuelles et collectives.

Toutes les entreprises devraient faire l’objet des mêmes attentes en ce qui concerne leur
conduite en général et leurs pratiques sociales en particulier. Les principes de l’O.I.T adoptés
en juin 1998, portent sur quatre aspects principaux, traduits dans les conventions suivantes304 :

 La convention (n°29) sur le travail forcé (1930) ;


 La convention (n°87) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical (1948) ;
 La convention (n°98) sur le droit d’organisation et de négociation collective (1949);
 La convention (n°100) sur l’égalité de rémunération (1951) ;
 La convention (n°105) sur l’abolition du travail forcé (1957) ;
 La convention (n°111) concernant la discrimination (1958) ;
 La convention (n°138) sur l’âge minimum (1973) ;
 La convention (n°182) sur les pires formes de travail des enfantes (1999).

1.2 Le pacte mondial

Le Global compact ou pacte mondial, comme nous l’avons déjà mentionné, a été lancé en
janvier 2000 lors du forum économique (World Economic forum) mondial par Kofi Annan qui
était le septième secrétaire général des Nations-Unies. Ce pacte invite les entreprises à adopter,
soutenir et appliquer dans leur sphère d’influence un ensemble de valeurs fondamentales, dans
les domaines des droits de l’homme, des normes de travail et de l’environnement et de lutte
contre la protection.

303
Bureau International du Travail : La déclaration de principes tripartite sur les entreprises multinationales et la 139
politique sociale’, 2006, BIT, Genève.
304
Bureau International du Travail : Les conventions fondamentales de l’organisation internationale du travail,
2002, Suisse.
Le pacte mondial n’est pas un instrument de réglementation, ‘il ne sert pas à sanctionner, à
dicter ou à évaluer le comportement ou les actions des sociétés’305, en fait, ce pacte vise à
encourager les entreprises volontaires à améliorer leurs pratiques. La participation au pacte
mondial offre aux entreprises plusieurs avantages, par exemple : trouver des solutions pratiques
aux problèmes contemporains relatifs à la mondialisation, à la responsabilité sociale des
entreprises et au développement durable.

Les organismes tels que les entreprises, les associations ou les collectivités locales qui adhèrent
au Pacte Mondial s’engagent à :

 Informer toutes les parties prenantes de l’adhésion et prendre des mesures pour modifier
son fonctionnement, de façon à intégrer le pacte mondial et ses principes à sa stratégie,
à sa culture et à ses activités quotidiennes ;
 Communiquer chaque année à leurs parties prenantes les progrès réalisés dans la mise
en œuvre des principes dans leurs rapports financiers, de développement durable ou
autre rapport semblable ou à travers leurs sites internet ou d’autres moyens de
communication.

1.3 Principes directeurs de l’OCDE

Les principes directeurs de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques


(O.C.D.E) sont précurseurs car ils ont été rédigés en 1976 et révisés en 2000. Ils constituent des
recommandations et lignes directrices émanant des gouvernements membres de l’O.C.D.E306 à
l’intention des entreprises multinationales en activité à l’étranger. Ils n’ont cependant pas de
pouvoir contraignant envers les entreprises ou organisations.

Ces principes directeurs vont au-delà des obligations légales des entreprises et se rapportent
ainsi à leur responsabilité sociale. Ces principes (2004) se résument comme suit :

 Les responsabilités de l’organe de gouvernance


 Les droits des actionnaires et des associés et leur traitement équitable ;

305
Mazuyer Emmanuelle : L’application des principes du travail du pacte mondial des Nations Unies par les 140
entreprises Françaises, 2009, CNRS.
306
L’Organisation de Coopération et de Développement économiques (O.C.D.E) est une organisation
intergouvernementale qui regroupe 35 pays tous attachés à la démocratie et à l’économie de marché. L’O.C.D.E
est reconnue et opère partout dans le monde, dans les domaines de l’économique, de l’éducation, du
développement, de l’environnement, de la science ainsi que sur le plan social. L’O.C.D.E joue aussi un grand rôle
dans l’aide à la bonne gouvernance des acteurs public et privé.
 La transparence et la diffusion de l’information financière
 Le rôle des parties prenantes et leur traitement équitable.

2. Les pratiques et l’outillage existants :

L’opérationnalisation de la RSE exige une multitude de pratiques et outils. Ces derniers jouent
un rôle structurant sur les comportements des acteurs et leurs décisions. Ils constituent des freins
aussi bien que des leviers.

2.1 La philanthropie

La philanthropie comme concept de base diffusée par les hommes d’affaires de l’époque au
sujet du service public et du paternalisme. Discours imprégnés par celui des religieux sur la
philanthropie et la distribution des richesses (des plus favorisés aux moins favorisés). Elle
représente la première phase de la RSE du 19éme siècle, manifestée dans les grandes entreprises
américaines.

Que ce soit en Asie, en Europe ou en Amérique latine, la philanthropie se développe un peu


partout dans le monde. Par contre, une étude menée par une doctorante marocaine auprès de 44
managers (top management) à la ville de Tanger- deuxième pole économique du royaume- afin
d’analyser les perceptions des managers sur la RSE par le biais du modèle bidimensionnel de
Quazi et O’brien, a dégagé que les visions philanthropiques et classiques n’ont pas émergé
dans le contexte marocain307.

Ayant déjà abordé ce concept, nous allons à ce stade dévoiler un autre aspect de la
philanthropie, dont nous citons des exemples connus dans ce cadre. Plusieurs exemples
s’inscrivent dans la version philanthropique de la RSE, tels que : Bill Gates. Il est l’exemple
idéal de la philanthropie individuelle, son action passe pour un véritable projet de celui qui fut
le fondateur de Microsoft à travers la donation totale qu’il a faite jusqu’à ce jour de 36 milliards
de dollars à sa fondation Bill & Melinda Gates308. Bill a lancé une campagne vers les plus
riches, intitulée ‘the Giving Pledge’ (Promesse de don) afin de destiner la moitié de leur fortune

307
AIT Mhamed Hind : la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) au Maroc : test du modèle bi dimensionnel 141
de la RSE, 2014, Université Cadi Ayyad, Marrakech, p, 7.
308
Charhon Francis : la philanthropie des entrepreneurs de solidarité, 2012, fondapol, p, 22.
à des causes de générosité ou à des fondations. Le philanthrope peut désormais s’identifier à un
Bill Gates efficace, professionnel, disposant de moyens puissants et agissant de par le monde,
porté par un élan de générosité et de devoir envers la société.

L’homme d’affaires Warren Buffet ‘s’est pour sa part engagé à abonder cet important
capital d’une donation d’actifs évaluée en 2006 à 31 milliards de dollars’309. Le milliardaire
George Soros (Open Society Institute), Richard Branson (Virgin Group), Ted Turner (fondation
Turner), John D. Rochefeller (Fondation Rockefeller et l’université Rockefeller), Henry Ford
(Ford Foundation) et Andrew Carnegie (Carnegie Corporation et The Innovative Philanthropic
Foundation)sont des hommes d’affaires connus pour leurs œuvres philanthropiques.

Pratiqu Type de Sous-divisions Exemples connus Bénéfices pour Litiges/enje


e pratique l’entreprise
ux
La Brammer et al. Bill Gates, Warren Bien qu’on aimerait Difficile
philanthropie (2006) divisent les Buffet, Richard imaginer une philanthropie
d’être contre
est l’acte de pratiques de Branson, George Soros, sans calculs, le bénéfice
la vertu.
donner, philanthropie de Ted Turner, Johne D. peut donc être avant tout
habituellemen cette manière : Rochefeller, Henry Ford financier (meilleure Peut servir
Philanthropie

t sans perspective et Andrew Carnegie sont visibilité, meilleure d’élément de


condition, de stratégique. 1. des hommes d’affaires réputation, meilleur compétitivité
petites ou ‘doing good in order célèbres pour leurs rendement).
stratégique
grandes to do well’. œuvres L’entreprise parce que ses
ou encore de
sommes Perspective RSE 2. philanthropiques. dirigeant considèrent
d’argent, ou ‘doing well obligates Hydro-Québec, Alcan, qu’elle fait partie de la
simple
du temps, doing good’. Bell sont régulièrement société, peut vouloir bien promotion,
pour une Perspective citées en tant faire autrement que ce qui
cause. Au institutionnelle, qu’entreprises financièrement. L’impact
dénature
Canada, elle ‘everyone’s doing donatrices. Au Québec, des dirigeants est important
l’idée de
est good’. Au centre de plusieurs athlètes, à ce niveau.
accompagnée celle-ci se trouve amateurs, hôpitaux, Enfin, dans une perspective
philanthropi
d’incitatifs l’idée de la troupes artistiques institutionnelle e en la
pour les légitimité. profitent des , l’entreprise peut ne pas rendant
individus et Perspective PDG – commandites vouloir être laissée en plan
utilitariste.
les entreprises ‘do good, look good, d’entreprises, pour ne par ses compétiteurs
qui la pratique feel good’. Autres prendre que quelques l’avantage peut aussi être
perspectives, dont la exemples. politique, pour se donner
perspective politique des appuis

309
Charhon Francis : La philanthropie des entreprises de solidarité, 2012, Fondapol, p, 22. 142
Tableau 19: Synthèse des pratiques de RSE-Philanthropie (commission européenne, 2004)310

2.2 Codes de conduite

Le débat sur la RSE devient de plus en plus prégnant surtout au sien des sociétés occidentales.
Ce concept renforce un certain nombre de valeurs sociales évidentes : respect de la loi en
vigueur, de la vie privée et de la non-discrimination, protection de l’environnement, qualité des
produits et services, satisfaction du client, intégrité professionnelle, loyauté et équité.

Le terme ‘code de conduite’ (code of conduct) est un ‘texte énonçant les règles générales qu’une
entreprise ou un organisme s’engage à observer et qui régissent la conduite de son personnel et
de ses dirigeants’ 311 . Ils se considèrent une manifestation de la soft law qui « désigne les
processus normatifs qui encadrent les relations entre acteurs sans pour autant faire appel à la
contrainte juridique assimilée, bien souvent encore dans l’opinion, à la sanction »312.

Cet outil privilégié de la RSE ‘vise à réguler les comportements au sein des grandes firmes et
dans leur environnement proche, de manière à assurer un fonctionnement socialement
responsable des chaînes globales de valeur’313. Ainsi, le caractère hétérogène314 de ces codes,
justifie la convergence, surtout ; autour des grandes principes de la déclaration de l’OIT puisque
les entreprises adoptent souvent des dispositions relatives à la santé et la sécurité des
travailleurs, aux horaires de travail, au salaire minimum- plutôt qu’un salaire minimum légal
pouvant lui être inférieur selon les pays- ainsi qu’à la non-discrimination des femmes315.

A ce propos l’Organisation internationale des employeurs donne la définition suivante du code


de conduite316 :

310
Laprise Patrick : La RSE et le discours de développement durable du groupe royal Dutch/Shell : remplir le
143
fossé de légitimité, 2009, université du Québec à Montréal, p, 337.
311
Croteau Clément et Riopel Diane : Dictionnaire illustré des activités de l’entreprise, français-anglais : industrie,
techniques et gestion, 2008, Presses inter Polytechnic, Québec, p, 118.
312
Etre Céline : Codes de conduite et responsabilité sociale de l’entreprise : soft law et droit, 2009, Villeneuse
d’Ascq, p, 73.
313
Charreire Petit Sandra, Palpacuer Florence et Vercher Corinne : Codes de conduite et système d’alerte éthique :
la RSE au sein des chaînes globales de valeur, 2011, Revue de la régulation.
314
Par exemple, chaque regroupement des entreprises de textile en France, établit son propre code de conduite et
système de vérification.
315
Charreire Petit Sandra, Palpacuer Florence et Vercher Corinne : Codes de conduite et systèmes d’alerte
éthique : la RSE au sein des chaînes globales de valeur, 2011, Maison des sciences de l’Homme, Paris Nord, p,
21.
316
La confédération mondiale du travail : la responsabilité sociale des entreprises et les codes de conduite,
nouveaux enjeux ou vieux débat, 2004, Willy Thys, Bruxelles, p, 16.
‘…est une déclaration opérationnelle de politique, de valeurs ou de principes qui oriente
le comportement d’une entreprise en fonction du développement de ses ressources
humaines, de la gestion de l’environnement et des interactions avec les consommateurs,
les clients, les gouvernements et la communauté, là où elles opèrent’.

Elle ajoute aussi que :

Les entreprises et leurs organisations sont libres de choisir ou de ne pas choisir de


développer, de mettre en place, d’adopter, de faire connaître et de suivre un code de
conduite. Elles sont aussi libres de décider ou de ne pas décider de développer un code
de conduite au sein de l’entreprise, elle-même en liaison avec un tiers »

La confédération mondiale du travail317 distingue ces codes de conduite en trois catégories :

 Les codes internes aux entreprises, aux associations patronales, ceux qui sont
élaborés à l’intérieur même de l’entreprise et sont mis en pratique sans
l’intervention de tiers ;
 Les codes qui sont conçus et rédigés par les entreprises avec la participation de
tiers (organisations syndicales, ONG) ;
 Les codes rédigés par des ONG, des fondations ou des organismes
indépendants, du type SA 8000 (Social Accountability) ou par des coalitions
d’ONG qui décernent des labels (y compris par des organisations syndicales) ;

Pratiqu Type de pratique Sous- Exemples connus Bénéfices pour Litiges/enj


e divisions l’entreprise eux

Type de formalisation Codes de Déclaration tripartite Facilitent l’adoption de Rarement


volontaire et libre des conduites de principes mesures de gestion en contrôlés
Codes de
conduite

principes extra-financièrs intergouver concernant la accord avec le ‘best Peu


(éthiques) de gestion des nance- politique sociale et es practice’. Encadrent le contraignan
entreprises. Définis ainsi par menteux entreprises multi- comportement des ts
la commission européenne : Codes de nationales dirigeants et des partenaires N’engagent
‘internal management tool to conduite Lignes directrices de de l’entreprise. à rien
state the values and ethical multi parties l’OCDE pour les Proviennent les erreurs et les formelleme
standars their business prenantes entreprises problèmes s’ensuivent. nt
subscribes to, to influence the multinationales Donne de la crédibilité aux Il existe des
pratices of thier global démarches de l’entreprise. codes de

317
La confédération mondiale du travail : la responsabilité sociale des entreprises et les codes de conduite, 144
nouveaux enjeux ou vieux débat, 2004, Willy Thys, Bruxelles, p, 19.
business partners and as a Codes de Ethical trading Certains codes facilitent la mauvaise
way to inform consumers conduite initiative communication avec les qualité
about the principles they modèles Principes des droits parties prenantes au sujet de Peu
follow in the production of Chartes humains d’Amnestie la gestion de l’entreprise d’uniformit
goods and services they d’entreprise international pour les (transparence) é
manufacture or sell (…) Business compagnies
statements

Tableau 20: Synthèse des pratiques de RSE-Codes de conduite (commission européenne, 2004)318

Egalement l’existence des labels et certifications permettant à l’entreprise


d’opérationnaliser et rendre concret son engagement en termes de RSE. Pour ce fait, il semble
nécessaire d’éclaircir ces deux outils. Les labels, également appelés ‘étiquettes’, sont ‘ des
symboles apposés sur des produits qui respectent certains critères préétablis, soit écologiques,
biologiques ou sociaux, afin qu’ils puissent être facilement identifiables par les
consommateurs’319.

La labellisation est un engagement volontaire garantissant le respect de certaines


caractéristiques d’un processus, d’un produit ou d’un service, définie dans un référentiel. Pour
ce fait, le tableau suivant comporte les types des démarches existantes:

Type de démarche Labels existants

Les démarches réglementairement ‘Reconnu Grenelle Environnement’


encadrées reposant sur l’intervention d’une Label de Diversité
tierce partie :
Egalité Professionnelle

Tourisme et Handicap

Entreprise du Patrimoine Vivant

Responsabilité Sociale pour les centres


d’appels et de relation clients

Certains labels relevant de cette catégorie Eco-label Européen


peuvent avoir une couverture supranationale Conformité Européenne

Gender Equality European Standard

Programme Greenlight

318
Laprise Patrick : La RSE et le discours de développement durable du groupe royal Dutch/Shell : remplir le 145
fossé de légitimité, 2009, université du Québec à Montréal, p, 339.
319
El Malki Tarik: la responsabilité sociale des entreprises, 2014, Afrique Orient, Casablanca, Maroc, p, 89
Les démarches reposant sur des labels privés Haute Qualité Environnementale
développés par des organisations BBC-Effinergie
professionnelles, des associations, des
FSC et PEFC
ONG, etc.
Max Haavelar

Tableau 21: Les types des démarches existantes320

Les labels sociaux et environnementaux sont des moyens de communiquer des


informations sur les conditions sociales et environnementales sur les prestations rendues ou les
produites fabriqués. Par le biais de la labellisation, les entreprises tentent d’influencer le
comportement des consommateurs et utilisateurs en matière d’achat321.

Afin d'habiliter les consommateurs, l'objectif des labels devrait être de fournir des
informations environnementales et sociales pour les aider à prendre des décisions en étant
mieux informés. Ainsi, les meilleures pratiques des labels devraient tenir compte des principes
suivants322:

 Simplicité: Les étiquettes doivent communiquer des messages clairs et courts ;


 Impact: Les étiquettes doivent présenter l'information facilement perceptible et
compréhensible, car les consommateurs ne sont souvent pas motivés à chercher
l'information ;
 Cohérence: les étiquettes doivent se compléter, éviter les chevauchements ;
 Preuve: les critères qui sous-tendent le système doivent refléter les preuves
scientifiques disponibles ;
 Indépendance: l'étiquetage doit être basé sur une vérification indépendante par un
tiers ;
 Transparence: la documentation à l'appui de la preuve doit être mise à la disposition
du public gratuitement.

Les labels sont généralement proposés par des ONG, des syndicats ou des pouvoirs
publics, dont l’objectif de conscientiser le consommateur sur l’impact que peuvent avoir leurs

320
Widloecher Patrick, Querne Isabelle, Durdilly Robert, et Laviale Michel: CAP vers la RSE : faire de la 146
responsabilité sociétale de l’entreprise un levier de performance, 2012, MEDEF, p, 26, 27.
321
Van Parys Guillaume: Panorama des pratiques vers la responsabilité sociale : codes de conduit, labels, normes
de management, rapports…, 2006, Antipodes.
322
Retail Forum for Sustainability: Labelling, 2011, Issue paper N°7, p, 1et 2.
achats sur les normes fondamentales. En effet, les labels constituent une réponse aux attentes
du consommateur (donneurs d’ordre) en ce qui concerne le produit323.

La certification doit être conforme à des caractéristiques prescrites dans un référentiel


ou une norme. De plus, elle nécessite l’intervention d’un organisme neutre appelé aussi tierce
partie. Selon l’organisme en charge de l’élaboration des normes internationales, ISO : la
certification (de conformité) :

‘Action ayant pour objet de certifier, au moyen d’un certificat ou d’une marque de
conformité, qu’un produit ou un service est conforme à des normes ou à des spécifications
techniques déterminées’324

L’entreprise choisit volontairement d’obtenir et de conserver une certification, de cette


manière elle peut se procurer un avantage concurrentiel vis-à-vis d’autres entreprises, de
manière à conserver sa réputation et ses clients325. Il s’agit d’une procédure par laquelle un
organisme indépendant des parties en cause donne une assurance écrit qu’un système
d’organisation, un processus, une personne, un produit ou un service est conforme aux
exigences spécifiées dans une norme ou un référentiel. Cette norme ou ce référentiel est
généralement rédigé et négocié lors de travaux associant les différentes parties prenantes. Le
plus souvent, la certification repose sur des normes nationales ou internationales développées
au sein d’organisme comme l’Afnor ou l’ISO.

Le tableau suivant est une manière de faire un parallèle entre la certification d’entreprise
ou de produit, et certification des comptes d’une entreprise.

323
Qadiri Aziz : Responsabilité sociale de l’entreprise : des idées et des actes, 2011, CGEM, p, 11. 147
324
Peyrat Olivier : La certification-qualité d’entreprise, 1992, I-Revues, INIST, p, 50.
325
Ministère de l’Economie des Finances et de l’Industrie Français: la certification des produits industriels et des
services en 7 questions, 2004, p, 2.
Tableau 22: Déclinaison de la certification326

2.3 Standards de gestion

Une norme est elle un standard ? Est-elle obligatoire ou facultative ?

 Une norme est un document de référence établi par un organisme national ou


international reconnu, en termes des règles, des lignes directrices ou des
caractéristiques, garantissant un niveau d’ordre optimal dans un contexte
donné327. L’ISO est le principal organisme mondial de normalisation. Au Maroc,
c’est l’institut marocain de normalisation (IMANOR) qui représente
l’organisation internationale de normalisation au Maroc.

326 148
Peyrat Olivier : La certification-qualité d’entreprise, 1992, I-Revues, INIST, p, 51.
327
Daher Sani & Maghni Farah: La normalization au Maroc: options d’assistance, 2006, USAID, p, 1.
Figure 19: Qu’est-ce qu’une norme ?328

 Un standard est un ‘référentiel publié par une entité privée autre qu’un organisme
de normalisation national ou international ou non approuvé par un de ces
organismes pour un usage national ou international’329.

En d’autres termes, le mot ‘norme’ est plus global que ‘standard’, cependant la différence est
faible car les anglo-saxons utilisent le terme de ‘standard’ pour désigner une norme. De plus, la
norme peut prendre un caractère obligatoire ou facultatif330, dans le sens où son adhésion est un
acte volontaire, mais certaines sont rendues obligatoires par un texte réglementaire ou décret de
loi.

Dans le cadre de la RSE, l’entreprise peut décider de s’imposer des standards allant au-
delà des dispositions prévues par la législation en vigueur, dans divers domaines comme par
exemple la protection de l’environnement, de l’assurance, de la non-discrimination, la
transparence…etc.

2.3.1 Au niveau mondial : Les normes du S.A.I et de l’I.S.O

La RSE a fait l’objet de plusieurs tentatives de normalisation afin d’assurer la conformité


des produits, des biens d’équipement ou des services. Sur le plan international, l’International

328
Ben Amara Mansour et Slama Sarra : L’innovation au service du développement durable : exploiter les atouts 149
des normes internationales ‘cas des entreprises algériennes’, 2015, Revues EcoNature, p, 2.
329
Krichen Moez: Normalisation, 2011, ENIS, p, 6
330
Ben Amara Mansour et Slama Sarra : L’innovation au service du développement durable : exploiter les atouts
des normes internationales ‘cas des entreprises algériennes’, 2015, Revues EcoNature, p, 2.
Organization for Standardisation (I.S.O), et le Social Accountability International (S.A.I) ont
tous deux publié des normes et référentiel ayant un lien direct avec la RSE.

L’organisation internationale de normalisation (I.S.O), constitue le premier producteur de


Normes internationale d’application volontaire dans le monde. Elle a produit une série de norme
qui concerne les trois volets de la RSE, à savoir des normes de management environnemental,
économique et social. Plusieurs normes de l’I.S.O ont une relation étroite avec la RSE, nous
pouvons citer :

 ISO 9001 : Management de la qualité ;


 ISO 14 001 : Management environnemental ;
 ISO 31 000 : Management du risque ;
 ISO 22 000 : Management de la sécurité des denrées alimentaires ;
 ISO 26 000 : Responsabilité sociétale ;
 ISO 5000 : Management de l’énergie.

Social Accountability International (S.A.I) 331 est une organisation non gouvernementale
multipartite créée pour améliorer les conditions de travail et les communautés en développant
et en appliquant des normes socialement responsables. Un ‘travail décent’ est l’objectif ultime
de la Norme SA 8000. Elle est fondée sur les conventions de l’OIT et de l’ONU et loi nationale
lancée en 1997. La norme SA 8000 est actuellement utilisée par les entreprises et les
gouvernements dans le monde entier comme référence.

La mission principale de l’organisation est de faire progresser les droits humains des travailleurs
et d’éliminer les ateliers clandestins en promouvant des conditions de travail éthiques, les droits
du travail, la responsabilité sociale des entreprises et le dialogue social. Il y a neuf éléments de
la norme qui sont notés sous les rubriques suivantes :

 Travail des enfants ;


 Travail forcé et obligatoire ;
 Santé et sécurité ;
 Liberté d’association et droit de négociation collective ;
 Discrimination ;
 Pratiques disciplinaires

331
Capaldi Nicholas, O. Idowu Samuel, S, Fifka Matthias, Schmidpeter René, Zu Liangrong: Dictionay of 150
corporate social responsibility: CSR, Sustainability, ethics and governance, 2015, Springer, p, 475.
 Heures de travail
 Rémunération
 Systèmes de management.

2.3.2 Au niveau national : Les standards de la RSE au Maroc

Le Maroc assure la procédure de normalisation 332 à travers l’Institut Marocain de


Normalisation qui est l’organisme officiel marocain chargé de la normalisation, créé par le
législateur marocain en 2010, dotant de l’autonomie administrative et financière. Cet
établissement public333 a pour but de :

 La production des normes marocaines ;


 La certification de conformité aux normes et aux référentiels normatifs ;
 L’édition et la diffusion des normes et des produits associés et des
informations s’y rapportant ;
 La formation sur les normes et les techniques de leur mise en œuvre.
 La représentation du Maroc auprès des organisations internationales et
régionales de normalisation.
334
Le Maroc est partie à diverses conventions prévues par les organisations
internationales de droit social au travail. De tels outils, en plus du code du travail marocain (loi
65-99) sont également la base de référence de la norme NM 00.5.600.

Cette norme se réfère aux principes définis dans la SA 8000 et aux onze conventions de
l’Organisation internationale du travail 335 . Elle «fournit des orientations sur le système de
gestion des aspects sociaux, afin d'aider les organisations à établir des objectifs et des politiques

332
Boumahdi Loubna et Ouhadi Said : Développement durable & Reseponsabilité sociétale des entreprises :
151
l’engagement du Maroc, 2015, FSJES, Marrakech, p, 9.
333
C’est un établissement public autonome administré par un conseil d’administration composé de représentants
de l’Etat, du secteur privé et des consommateurs. Il introduit des mesures de souplesse dans le processus de
l’homologation des normes pour disposer rapidement d’une collection des normes à jour avec un rythme de 1000
à 1200 nouvelles normes par an.
334
Convention OIT: n ° 29 et 105 (travail forcé et obligatoire); N ° 87 (Liberté syndicale); N ° 98 (Droit de
négociation collective); N ° 100 et 101 (salaires égaux pour les hommes et les femmes pour un travail de valeur
égale, discrimination); N ° 135 (sur les représentants des travailleurs) - Conventions n ° 138 et 182 et
recommandation n ° 146 de l'OIT (âge minimum et pires formes de travail); Convention n ° 159 (réadaptation
professionnelle et emploi des personnes handicapées); Convention n ° 177 (travail à domicile); Déclaration
universelle des droits de l'homme et protocoles d'alliance; Convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant
(CDE); Convention des Nations Unies sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des
femmes.
335
Royaume du Maroc: Projet du profil national pour la sécurité et la santé au travail, 2017.
déclarés, dans le domaine social et les moyens d'intégrer les questions sociales et
environnementales dans le système de gestion globale»336.

Par conséquent, elle définit les exigences de responsabilité sociale qui aident l'entreprise à:

 Développer son système de gestion des aspects sociaux;


 Montrer aux différentes parties que les politiques, les procédures et les pratiques sont
conformes aux exigences de la norme ;
 Effectuer volontairement une auto-évaluation par rapport aux exigences de la norme.

Egalement, la norme spécifie trois objectifs:

 Le premier concerne la satisfaction des besoins des parties intéressées, les contraintes
du marché, le respect de la réglementation, la concurrence et la compétitivité, et la
réputation de l'entreprise ;
 La seconde implique la construction d'une entreprise socialement responsable,
éducative et protectrice ;
 Le dernier a à voir avec l'image de l'entreprise.

Les principales normes marocaines337 en liaison avec la RSE, nous pouvons citer :

 La norme NM 00.5.800 : Systèmes de management de santé et de sécurité au


travail ;
 La norme : NM 00.5.801 : Syst7mes de management de santé de sécurité au travail ;
 La norme : NM 00.5.600 : Systèmes de management des aspects sociaux dans
l’entreprise ;
 La norme NM ISO 26000 : lignes directrices relatives à la responsabilité sociétale.

La figure suivante présente le processus de normalisation adopté par les organismes marocains :

336
Aboudrar Abdesselam et El Hasnaoui Anas: Corporate social responsibility in Morocco: practices & 152
PERSPECTIVES, 2006, Mediterranean Development Forum 5, Status of corporate social responsibility ins some
MENA countries, ECRC, p, 34.
337
Royaume du Maroc: Projet du profil national pour la sécurité et la santé au travail, 2017, p, 41.
Figure 20: processus de normalisation au Maroc338

Le tableau en dessous, présente de manière synthétique la pratique de ‘Standards de gestion’ de


la RSE :

Pratiqu Type de pratique Sous- Exempl Bénéfices pour Litiges/enjeux


e divisions es l’entreprise
connus

Outils formels, mais de Normes de SA8000 Meilleurs performance Objectifs et démarches fixés
de gestion
Standards

nature volontaire, conditions de ISO9000 extra-financière


par les participants,
développés pour travail AA1000 (sociale et
standards peuvent être peu
intégrer considérations Normes de EMAS environnementale.
environnementales et gestion ISO1400 Reconnaissance exigeants
intérêts des parties environneme 0 extérieure des efforts Evacuent les
prenantes dans les ntales AFNOR (crédibilité) questionnements éthiques de
processus internes de
la RSE en laissant tout la

338
Daher Sani et Maghni Farah: La normalisation au Maroc: options d’assistance, 2006, USAID, p, 6. 153
gestion des Initiative SIGMA Objectifs et démarches place à la systématisation de
entreprises. Ces nationales GORGE clairs, en accord avec
la performance
systèmes de gestion Initiative la philosophie
En général, mesure populaire
souvent de nature sectorielles managériale
commerciale, sont liés Gestion des risques
au sien du milieu de
à une poursuite de facilitée l’entreprise
procédés Engagement Evacue l’idée de contrainte
d’amélioration ou à ‘obligatoire’ envers la
et donne l’image que les
des objectifs de RSE
entreprises peuvent se passer
performance
des règlements
Tableau 23: Synthèse des pratiques de RSE-Standards de gestion (commission européenne, 2004)339

2.4 Consommation responsable

La consommation responsable est une nouvelle manifestation de la conscience citoyenne.


Suite à cette prise de conscience et depuis le début des années 2000, certaines ONG sont créées,
avec l’option de modifier les schémas de consommation tant sur le plan social
qu’environnemental, tels que le Réseau de Consommateurs Responsables en Belgique, Die
Verbraucher Initiatitive en Allemagne, ACU ONLUS en Italie, Active Consumers au
Danemark, Action Consommation en France, et le précurseur, Ethical Consumer en
Angleterre340.

Aurélie Adam-Lachèze341 définit la consommation responsable comme suit :

‘La consommation responsable est constituée par l’ensemble des actes volontaires, situés
dans la sphère de la consommation, réalisés suite à la prise de conscience de conséquences
jugées négatives de la consommation sur le monde extérieur à soi, ces conséquences ne relevant
donc, ni de la fonctionnalité des achats, ni de l’intérêt personnel immédiat’.

La promotion d’une consommation responsable considérée comme un levier important


pour que les entreprises commencent à modifier leurs pratiques dans tous les secteurs, à savoir:
l’alimentaire, l’énergie (les énergies renouvelables), les transports (la voiture électrique),

339
Laprise Patrick : La RSE et le discours de développement durable du groupe royal Dutch/Shell : remplir le 154
fossé de légitimité, 2009, université du Québec à Montréal, p, 339.
340
Commenne Vincent : Responsabilité sociale et environnementale : l’engagement des acteurs économiques :
mode d’emploi pour le plus d’éthique et de développement durable, 2006, ECLM, France, p, 126.
341
Blanchet Vivien et Carimentrand Aurélie : Dictionnaire du commerce équitable, 2012, Editions QUAE, France,
p, 74.

Comportements des
consommateurs
l’habitat (le chauffage), la finance (l’investissement socialement responsable)…etc. Par
conséquent, les actions de responsabilité sociale des entreprises peuvent inspirer les
consommateurs à changer leurs comportements d’achats (p.ex. acheter un produit différent), à
payer plus cher pour acheter des produits responsables ou même à punir délibérément les
entreprises qui ne répondent pas à leurs attentes.

Acheter

Actions Attitudes des Intentions des


Payer plus cher
responsables de consommateurs consommateurs
l’entreprise
Punir

Figure 21: Un modèle de consommation socialement responsable342

D’importants outils sont utilisés pour atteindre les objectifs d’une consommation
responsable; citant par exemple, le baromètre de la consommation responsable, les périodiques
des grandes organisations de consommateurs publient des tests comparatifs de produits incluant
quelques critères sociaux et écologiques, ainsi que des guides pour le consommateur
responsable. Le tableau suivant résume différents éléments de cette pratique :

Pratiqu Type de pratique Sous- Exemples Bénéfices pour Litiges/enjeux


e divisions connus l’entreprise

342
Trudel Remi: la consommation socialement responsable, 2012, Réseau entreprise et développement durable. 155
Pratique reposant en grande Côté FLO Rentable Coûts supplémentaires
partie, mais non consommateu Inetrnationa Façon d’obtenir une
font reculer les
exclusivement, sur r: l crédibilité à travers
consommateurs.
Consommation responsable

l’élaboration de labels et de Boycott/ « B OXFAM des ONG reconnues


certifications visant les uycott » TransFair Identification
Succès repose sur des
produits offerts par les certifications IFATEFTA facilitée des produits consommateurs
entreprises. Inverse la et labels issus Label belge verts ou équitables informés. Très peu de
relation à la RSE ; plutôt d’organisatio Labels et ou responsables
volume. Difficultés
que de transformer l’offre, ns dédiées au certification Niche commerciale
rencontrées du côté des
cette pratique repose sur commerce s exploitée
l’idée de transformer la équitable environnem Crédibilité, producteurs (loyauté,
demande. Les entreprises Labels entaux publicité, stabilité organisation des
sont incitées à offrir des sociaux (FSC) d’approvisionnemen coopératives).
produits plus équitable ou Certifications t et networking
Bénéfices pas toujours
ayant moins d’impact sur la privées Marché en
aussi grands
santé/l’environnement en croissance (20-25-
réponse aux pressions des %) qu’espérés.
consommateurs (et des Aide directe aux Intégration par grande
activités) producteurs ou à la entreprise de certains
région exploitée
labels remet en
question les
fondements du
mouvement
Tableau 24: Synthèse des pratiques de RSE-Consommation responsable (commission européenne, 2004)343

2.5 Reporting social et environnemental.

L’enjeu principal de la RSE consiste à mobiliser les entreprises à adopter les meilleures
pratiques possibles et contribuer ainsi à l’amélioration de la société et à la protection de
l’environnement. Le Reporting social et environnemental est l’une des préoccupations majeures
et volontaires de la RSE. De plus, il constitue pour une entreprise un outil de gestion interne et
un cadre à l’analyse des risques344.

343
Laprise Patrick : La RSE et le discours de développement durable du groupe royal Dutch/Shell : remplir le 156
fossé de légitimité, 2009, université du Québec à Montréal, p, 340.
344
Schum Caroline et Butt Verena: Reporting environnemental et social des sociétés suisses, 2006, Ethos, p, 7.
Le Reporting consiste à collecter et à traiter, périodiquement, tout type d’informations
permettant d’évaluer la performance globale de l’entreprise et ses impacts sur la société, de
façon claire et détaillée. Ces informations sont mises en forme dans des tableaux de bord, afin
de suivre l’évolution de certains indicateurs345. L’analyse de ces indicateurs permettra ensuite
de dégager des tendances et des axes de progrès. En effet, La réglementation soumet certaines
entreprises à l’obligation d’opérer un Reporting social et environnemental346.

L’évolution du cadre légal et l’émergence de normes de Reporting incite la SIRI


Company, le plus grand réseau de consultants en durabilité des entreprises, d’analyser
l’information publiée par quelques 1000 entreprises sur six thèmes : l’éthique des affaires, la
société civile, les clients, les collaborateurs et collaboratrices, les fournisseurs et
l’environnement 347 . Ce travail a conclu que 46% des sociétés publient des informations
exhaustives pour au moins cinq des six thèmes, seulement 26% le font pour la totalité des
thèmes, 17% des entreprises publiant des informations complètes et détaillées, pour au moins
cinq des six thèmes, font vérifier ces informations par un organisme externe. Les 13% qui
restent représentent des entreprises qui ne publient aucune information environnementale et
sociale. Bien évidement, certains secteurs démontrent plus de transparence que d’autres.

Selon la même source, le KPMG, International survey of corporate responsibility


reporting 2005, a réalisé une étude soulignant l’évolution radicale d’un Reporting à caractère
environnementale, dans le sens où 64% des 250 plus grandes entreprises du monde, publient un
Reporting environnemental et social; mentionnant également le bon niveau de Reporting des
entreprises des secteurs industriels à fort impact environnemental, tel le secteur des services
aux collectivités. KPMG signale que les entreprises financières commencent à publier un
Reporting sur leurs responsabilités.

Les critères analysés dans un Reporting social et environnemental concernent les


éléments suivants348 :

Cadre de référence du reporting :

345
Les indicateurs que contient un tableau de bord visent à donner des précisions sur la performance de l’entreprise 157
et sur son pilotage. Les indicateurs de performance consistent à mesurer le niveau de performance atteint par
l’entreprise par rapport aux objectifs qu’elle s’est fixée, alors que les indicateurs de pilotage déterminent l’état
d’avancement d’un ou plusieurs plan(s) d’actions et permettent de mettre en avant sa réalisation ou son absence
de mise en œuvre totale ou partielle.
346
Kloetzer Henri : Introduction au droit de l’environnement, 2011, Lavoisier, p, 37.
347
Schum Caroline et Butt Verena: Reporting environnemental et social des sociétés suisses, 2006, Ethos, p, 15
348
Schum Caroline et Butt Verena: Reporting environnemental et social des sociétés suisses, 2006, Ethos, p, 16
 Existence d’un « code de conduite » ou de « principes d’entreprise ».

Contenu du reporting :

 Description des responsabilités environnementale et sociale du conseil d’administration,


de la Direction et de la Direction générale.
 Description des principaux enjeux environnementaux et sociaux de l’entreprise.
 Description des systèmes de gestion en place pour faire face aux principaux enjeux
 Publication de données chiffrées sous forme d’indicateurs sur la performance
environnementale et sociale.
 Description et résultats des procédures de dialogue avec les principales parties prenantes
externes
 Communication des objectifs et discussion des résultats

Format du reporting

 Reproting environnemental et social intégré au rapport annuel ou publié séparément


 Prise en considération de standards tels le Global Reporting Initiative (GRI)
 Etendue de la couverture du reporting environnemental et social
 Audit et procédure de vérification des informations publiées

Focus thématique :

 Ex : Reporting sur les enjeux liés au changement climatique.

Pratiqu Type de pratique Sous- Exemples Bénéfices pour Litiges/enjeux


e divisions connus l’entreprise

158
Pratique corporative qui Reporting Rapports Transparence est Façade ou représentation du
consiste à publier et divulguer environne inspirés des un des grands
changement au sein de
publiquement des mental lignes enjeux
l’entreprise ? Canal à sens
informations non financières. Reporting directrices corporatifs.
Permet d’appréhender les social du GRI Rapports sont un
unique ? uniformité des
imapcts sociaux et Rapports Initiatives des piliers de rapports loin d’être atteinte
Reporting social et environnemental

environnementaux de ses développe nationales cette mouvance Mesure et suivi des


activités (Capron et ment de reporting visant à
informations difficiles
Lanoizelée) le reporting rend durable (ex, France, promouvoir la
Mouvement hétérogène :
compte des pratiques et de la Rapports proposé au légitimité des
performance RSE Québec par entreprises entreprises craignent la
environnementale et sociale Rapports les jeunes Favorise le Best divulgation et des
de l’entreprise, ainsi que de intégrés libéraux en Practice et le conséquences
leur évolution. Mesure aux 2006) Benchmarking
Parfois considéré comme un
volontaire, à quelques rapports CJDES Met de l’avant le
outil stratégique n’ayant rien
exceptions près (art 116, financiers « Bilan lien avec la
nouvelle loi française de ou non sociétam » performance à voir avec la protection de
l’entreprise). Issue du Rapports Assurance financière l’environnement. Quelques
mouvement de reporting vérifiés et AA Permet de exemples flagrants de
environnemental des années non 1000Rappor connaître l’avis
mauvaise foi : Enron et les
1970. Pratique de plus en plus vérifiés ts de la société et de
compagnies de Tabac en
encadrée par des normes Audit/ développem lire certaines
(Normes partculières, ONG, Assurance ent durable tendances
général
OI et normes consultants) Rapports Shell Rehausse la cote Contraintes réelles sont
basée à différends degrés sur avec Rapports environnemental inexistantes
la comptabilité extra mesures Body shop e de l’entreprise
Accords-cadres
financière et sur les audits de la Rapports auprès des
complaisants à l’égard des
externes. performan Lafarge investisseurs et
ce des autres entreprises.
stakeholders

Tableau 25: Synthèse des pratiques de RSE-Reporting social et environnemental (commission européenne,
2004)349

Section 3:

349
Laprise Patrick : La RSE et le discours de développement durable du groupe royal Dutch/Shell : remplir le 159
fossé de légitimité, 2009, université du Québec à Montréal, p, 341.
Implémentation de la RSO : cas des établissements publics marocains

RSO est-elle applicable aux établissements publics ?

Le concept de ‘partie prenante’ constitue le noyau de la RSE, de ce fait le service public


est sans nul doute une partie prenante des sociétés. D’ailleurs, la norme ISO 26 000350, qui a vu
le jour fin 2010, définit la ‘partie prenante’ comme ‘individu ou groupe ayant un intérêt dans
les activités ou décisions d’une organisation’, elle précise encore dans son article 1 son domaine
d’application comme : ‘lignes directrices pour tous types d’organisations, quelle que soit leur
taille’. De là, nous constatons le passage d’une RSE (Responsabilité sociétale des entreprises)
à une RSO (responsabilité sociétale d’une organisation ou d’un organisme).

Parallèlement, l’objectif de la RSE consiste à atteindre les buts souhaités, en interrogeant


la manière de faire dialoguer l’interne et l’externe et ce, quel que soit son type d’organisation.
La RSO, de son tour, interpelle le gouvernement sur la conformité du mode de fonctionnement
de leur service public avec la nouvelle gestion mondiale, dans le cadre de la modernisation et
de la révision générale des politiques publiques. Donc, une politique RSO effective nécessite
d’être portée que plus haut niveau hiérarchique afin de renforcer sa légitimité et d’assurer ainsi
sa pérennité au sein des organisations publiques.

1. Le concept d’établissement public :

L’établissement public est un acteur décisif dans l’économie nationale car il joue un rôle
majeur dans le développement économique et social du pays. Il constitue un outil de mise en
œuvre des politiques publiques. Le gouvernement à travers la tutelle exercée sur établissements
publics vise le renforcement de leur rôle dynamique économique et social en ce qui concerne
l’accélération de l’exécution de leurs programmes d’investissement ainsi que l’amélioration de
leurs performances et de la qualité de service rendu aux usagers.
Les établissements publics occupent une place importante dans le processus de
transformation économique et sociale du pays. Les pouvoirs publics réservent une attention
particulière du fait que le décollage et le dynamisme de certains secteurs d’activité ne pouvaient
se réaliser sans leurs interventions.

350
Traon Christelle : La RSE est-elle applicable dans les établissements publics dans n’importe quelle autre 160
organisation ? Un exemple : les Universités, 2015, QUALITA, Nancy, France, p, 2.
1.1 Définition de l’établissement public

La notion de l’établissement public a toujours suscité de vifs débats. Il s’agit d’abord de


déduire sa nature publique, dont en considérant les éléments suivants351 :
 L’origine de la personne : son créateur est nécessairement une personne publique ;
 L’exercice d’une mission de service public : l’objectif pour lequel cet
établissement est créé;
 La présence de prérogative de puissance publique : possibilité de prendre des
décisions exécutoires, monopole légal d’activité, perception de ressource à
caractère fiscal ;
 La densité des contrôles publics qui pèsent sur l’organisme : le principe de
rattachement est l’un des principes qui encadrent l’établissement public.

« L’établissement public est une institution administrative à caractère autonome, dotée


d’une personnalité propre et d’un patrimoine distinct, chargé d’assurer un service public ou un
ensemble de services publics. Dotés de la personnalité civile, les établissements publics
peuvent ester en justice et sont généralement investis de l’autonomie financière »352.

Autrement dit, chaque établissement public dispose d’une autonomie juridique et


financière, remplissant une mission d’intérêt générale, sous la tutelle de l’administration dont
il dépend. Il dispose ainsi de la capacité normative (dans les domaines de sa compétence), de la
capacité patrimoniale (propriété et disposition de son patrimoine), de la capacité délictuelle et
de celle d’ester en justice.

1.2 Les principes fondamentaux applicables aux établissements publics353 :

351
Poulet-Gibot Leclerc Nadine : Droit administratif : sources, moyens, contrôles, 2007, Editions Bréal, 3 e 161
éditions, p, 33
352
Descrichard Yves : Généralités de droit public, 2009, Cours d’administration des bibliothèques, p, 12.
353
Poulet Nadine, Leclerc Gibot : Droit administratif : source, moyens, contrôles, 2011, Bréal-Lexifac, p, 34.
L’autonomie : c’est une des raisons d’être de l’établissement public. Doté de la personnalité
morale, l’établissement public dispose des moyens d’exister juridiquement : il a des organes de
gestion (un conseil d’administration plus un exécutif), des biens (ce que nous nommons, en
droit public, un domaine), du personnel, un budget… Cette autonomie rencontre cependant
d’importantes limites pratiques.

La spécialité : ce deuxième principe signifie que les compétences des organes de


l’établissement public sont limitativement énumérées et sont des compétences d’attribution ;
c’est-à-dire strictement déterminées par ses statuts publics qui lui sont reconnue.

Le rattachement à une collectivité publique : nous distinguons ainsi les établissements


publics nationaux, régionaux, départementaux et communaux. Ce rattachement signifie que les
établissements publics sont soumis à un contrôle dit ‘de tutelle’ qui est exercé par la collectivité
dont ils dépendent. Ce contrôle (administratif et financier) est très variable tant dans son
intensité que dans ses modalités354.

Le secteur des établissements publics se caractérise par une grande diversité des organismes
qui le composent. Cette diversité se manifeste à différents niveaux355 :

- Statut juridique ;
- Niveau de la participation publique au capital ;
- Secteurs d’activité ;
- Domaines de service public ou activités purement marchandes ;
- Intervention en milieu concurrentiel ou en situation de monopole ;
- Degré de dépendance du budget de l’Etat ;
- Taille des organismes ;
- Système de gestion et style de management…

Les domaines d’intervention de l’établissement public sont variés, mais la plupart


remplissent une mission de nature économique ou sociale. Pour le cas du Maroc, 212
établissements publics, couvrant majoritairement sept groupes sectoriels opérant dans les
domaines clé de l’économie nationale ; à savoir l’agriculture (ADA, ORMVA, ONCA,
ONSSA, ONICL, SONACOS…), la santé ( CHU, IPM, ANAM…) , l’éducation (OFPPT,
ANLCA, AREF, BNRM, CNRST…), l’urbanisme et l’aménagement (AASLM, AAVBR,

354
Gazier Anne : les établissements publics, 2007, Fiche de niveau 2, Institutions administratives. 162
355
Le Conseil Suprême des Comptes : le secteur des établissements et entreprises publics au Maroc : Ancrage
stratégique et gouvernance, 2016, Cour des comptes, p, 3.
AUS, ), les infrastructures, ( ADM, CFR, TMSA, ONDA,…) l’énergie ( AEREE, CADETAF,
CNESTEN,…) et le secteur financier ( BM, CC, CCG, CDG…) .

1.3 Catégories d’établissements publics

Les établissements publics sont réparties en trois catégories :

- Etablissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC) : assure la


gestion d’une activité de service public industriel et commercial. Le régime des EPIC
est nettement marqué par le droit privé. Le personnel des EPIC est soumis aux règles du
droit du travail tout comme le personnel de structures privées.
- Etablissements publics à caractère administratif (EPA) : ce type d’établissement
public exerce une mission d’intérêt général autre qu’industriel et commercial. Le
personnel est constitué d’agents publics ; les décisions prises par les organes dirigeants
sont le plus souvent des actes administratifs ; avec l’application des règles de la
comptabilité publique.

Un nouveau type d’Etablissements public est nouvellement créé, il s’agit des :

- Etablissements publics à caractère scientifique culturel et professionnel


(EPSCP) 356 : Ce type d’établissement est nouvellement créé pour désigner les
établissements nationaux d’enseignement supérieur et de recherche jouissant de la
personnalité morale et de l’autonomie pédagogique et scientifique, administrative et
financière.

2. L’établissement public marocain et la RSO

356
Diaferia Catherine, Furon Xavier, Gavend Cathy, Hommet Isabelle, Lalanne Eric, Perrin Christine, Piston 163
Patricia, Rey Régine, Surre Martine, et Terrier Corinne : Les établissements d’enseignement supérieur-structure
et fonctionnement, 2013, PARFAIRE, p, 47.
2.1 L’établissement public, une entité comme une autre séduite par la RSO357 :

Une importance croissante accordée à la RSO, tant dans le milieu académique que dans
le milieu organisationnel 358 . Ces dernières années, la RSO s’est fortement imposée suite à
plusieurs scandales ‘ENRON’ en décembre 2001, la fraude de WordCom en 2002, le grenelle
II de l’environnement et autres qui ont fait de la gouvernance des entreprises une question
publique internationale359. Ce concept est amplement évoqué dans les organisations privées, et
dans celles du public.

La RS0, d’après plusieurs auteurs, invite à considérer la performance économique, sociale


et de même environnementale de l’organisation qu’elle soit privée ou publique. A ce propos, le
Livre Vert de la communauté européenne, dans son article 2O, définit la RSO comme « un
processus volontaire au moyen duquel des organisations intègrent des préoccupations sociales
et environnementales à leurs relations avec les parties intéressées »360.

Le principal objectif de la création des établissements publics est la mise en œuvre des
politiques publiques à différents échelles territoriales. A cet égard, ces organismes publics
consolident, sous une politique RSO, le respect de certains principes 361 comme la citoyenneté,
la solidarité, l’exemplarité, la responsabilité, la coopération, la collaboration et l’efficacité, ainsi
que les considèrent comme valeurs de références.

Les entreprises et les établissements publics (EEP) sont de plus en plus conscients des
responsabilités qu’ils doivent assumer pour améliorer son fonctionnement en tenant compte des
enjeux environnementaux, sociaux et financier. De plus, le nouveau management public362 est
un mouvement de réforme du secteur public, qui consiste à favoriser les principes suivants363 :

Le principe de stewardship: le manager public doit ‘être au service…’ dans les mêmes
catégories que celle des managers privés qui sont au service de la propriété des actionnaires.

357
Traon Christelle : La RSE est-elle applicable dans les établissements publics comme dans n’importe quelle
164
autre organisation ? Un exemple : les universités, 2015, QUALITA, Nancy, France.
358
Elhamdaoui Hassane : La responsabilité sociétale des collectivités territoriales : de la décentralisation à la
responsabilité sociale et environnementale des acteurs. Réflexion sur l’expérience d’une commune urbaine
Marocaine, Abdelmalek Essaadi Tanger-Maroc, p, 3.
359
Traon Christelle : la RSE est-elle applicable dans les établissements publics comme dans n’importe quelle autre
organisation ? un exemple : les universités, 2015, QUALITA, Nancy, France, p, 1.
360
Laport Danielle : la responsabilité sociétale des organisations, 2007, ARACT Martinique.
361
Les guides Gouvernance du Club DDEP : Mise en œuvre des principes visions et valeurs de la responsabilité
sociétales des organismes publics, ministère de l’Ecologie du Développement Durables et de l’Energie de France.
362
Mahboubeh Fatemi et Reza Behmanesh Mohammad: New Public Management Approach and Accountability,
2012, International Journal of Management, Economics and Social Sciences, Attar Institute of higher education,
Mashhad, Iran.
363
Pesqueux Yvon : Le ‘nouveau management public’ (ou New Public Mangement), 2006, CNAM, Paris, p, 5.
The New Public Management favorise l’application de méthodes managériales du secteur privé
permettrait aux organismes publics de devenir plus compétitives tout en garantissant un service
public de qualité.

Le principe de transparence : ce principe vise l’établissement d’un continuum entre le


contrôle interne et externe des citoyens de l’activité. Une ‘crise de légitimité’ qui pousse l’Etat
à mettre en place un système de justification de ses auprès de l’opinion publique.

Le principe d’accountability (reddition des comptes) L’organisme public doit adopter les
mêmes critères de mesure de la performance, devant être élaborés suivant un ensemble
d’actions dont l’instauration d’un système de contrôle de gestion. Une performance qui va
mesurée par des indicateurs doit aussi être communiquée et comparée (benchmarking).

2.2 Le cas de quelques établissements et entreprises publiques marocains:

La modernisation, le développement, la réglementation, la normalisation et aussi les


pressions sociales semblent constituer des moteurs d’intégration de la RSE dans les
établissements et entreprises marocaines.

2.2.1 Office chérifien des phosphates :

La RSO est devenue une question centrale dans le contexte actuel de la mondialisation.
La RSO demeure encore une notion qui est à la recherche de ses marques au Maroc. En effet,
selon une étude effectuée par Attouche et Nia sur les entreprises chimiques et para chimiques
cotées à la bourse de Casablanca, la majorité des firmes étudiées ont une démarche de RSE liée
à la réglementation, mais également inspirée des exigences prioritaires en termes de
développement durable du pays.

L’engagement des entreprises et établissements publics an matière de RSO se renforce de


plus en plus. Le premier exemple d’engagement sociétal et environnemental est celui du groupe
OCP, leader marocain des phosphates. Cette entreprise publique est un acteur majeur au sein
des entreprises et établissements publics marocains (EEP). Il a réalisé 17,8% de l’effort
d’investissement, 26,9% du chiffre d’affaires et 32,3% de la valeur ajouté 364. Le groupe se

364
Le Conseil Suprême des Comptes : le secteur des établissements et entreprises publics au Maroc : Ancrage 165
stratégique et gouvernance, 2016, Cours des comptes, p, 10.
préoccupe de l’impact environnemental et social de l’activité minière et chimique sur les
territoires d’implantation de l’OCP. Cette prise de conscience passe, notamment, par la mise en
œuvre d’une politique de Responsabilité sociale des entreprises (RSE) qui se traduit par un
comportement éthique et transparent, contribue au développement durable, prend en compte les
attentes des parties prenantes, respecte les lois en vigueur et s’accorde avec les normes
internationales de comportement.

2.2.2 Attijariwafa bank

Cette institution financière adopte une posture responsable et durable envers la société, le
citoyen marocain, ses collaborateurs et ses salaries. Les activités de ce domaine sont encadrées
par un corpus de lois et règlements, normes professionnelles et déontologiques. Le président
Directeur général365 de entreprise publique a expliqué que :

‘La démarche de responsabilité sociale et environnementale (RSE) d’Atijjariwafa bank est un


état d’esprit, une conscience collective, dépassant la seule capacité du manager ou de
l’administrateur’.

En réponse à ces enjeux, les axes prioritaires sur lesquels Attijariwafa bank s’appuie pour
exercer sa responsabilité d’entreprise sont les suivants :

 Assurer le respect de la conformité réglementaire, des règles déontologiques et


la qualité, bases de toute relation de confiance ;
 Accompagner le développement des collaborateurs ;
 Contribuer aux progrès de la société civile marocaine par la promotion de
l’éducation, de l’art et de la culture ;
 Accompagner le développement du Maroc par la contribution à l’essor de son
économie ;
 Etre acteur de l’intégration financière et économique du continent africain et de
ses sous-ensembles.

Dans le même état d’esprit, le groupe diffuse son code de bonne conduite qui contient
douze principes de base, sous forme de formation dédié à l’ensemble des collaborateurs. De

166
365
Attijariwafa Bank : Rapport de responsabilité sociale de l’entreprise, 2012.
plus, Attijariwafa bank cherche à concilier la performance économique et le développement
social et environnemental du Maroc.

2.2.3 Agence Nationale des ports366

Agence Nationale des Ports est un établissement public marocain en charge de la gestion des
infrastructures portuaires. Cette agence s’occupe de 33 ports du Maroc dont 12 ports ouverts au
commerce international. Sa nouvelle stratégie vise la sécurité, le renforcement et la
réhabilitation des infrastructures portuaires.

L’agence en coopération avec l’Agence française de développement s’engage à définir et à


mettre en œuvre sa propre politique de Responsabilité Sociale d’Entreprise. Cette démarche
RSE et à travers un plan d’action environnemental et social (PAES) permet d’améliorer la
capacité de l’agence afin de maîtriser les risques environnementaux et sociaux liés à son
activité.

Ce plan d’action mentionné en haut, s’articule autour de six enjeux majeurs du développement
durable qui permettra de structurer une démarche globale, cohérente et progressive :

 Réaliser un diagnostic environnemental et social ;


 Structurer le système de management de l’environnement (SME) ;
 Opérationnaliser le SME ;
 Mobiliser, former et responsabiliser les hommes ;
 Communiquer et développer les partenariats ;
 Développer les connaissances et contribuer à la recherche appliquée.

2.2.4 Office national des hydrocarbures et des mines367

L’ONHYM en tant qu’entreprise citoyenne, versée dans la gestion active des externalités
imputables à ses activités propres ou à celles de ses partenaires, s’est engagée dans la voie de
l’intégration volontaire des préoccupations sociales et environnementales. La mise en place
d’une stratégie RSE qui constitue une démarche de progrès, et un nouveau mode de gestion

366
Responsabilité Sociétale Groupe AFD : Maitrise des risques environnementaux et sociaux des projets : Maroc : 167
mise en place d’un plan d’actions RSE par l’Agence Nationale des Ports.
367
Office National des Hydrocarbures et des Mines : ONHYM : La RSE plus qu’une ambition.
incitent l’office à adopter des nouvelles pratiques managériales. Ceci peut se traduit à plusieurs
niveaux par :

 L’identification des enjeux extra financiers et la cartographie de ses parties


prenantes ;
 L’adoption des pratiques de consultation et la prise en compte des attentes des
parties prenantes ;
 La mise en place de programmes de gestion des risques ;
 La surveillance accrue des principes de sécurité ;
 La veille, notamment environnementale, sociale et sociétale ;
 L’appui à l’innovation.

L’ONHYM veille sur la mise en œuvre des pratiques RSE tout en respectant les normes
et les standards nationaux et internationaux, sur tous les plans :

Sur le plan environnemental : l’office élabore des études d’impact qui sont systématiquement
réalisées avant le démarrage des projets avec la mise en place d’un processus bien défini de
validation et d’acceptabilité des résultats. L’office a développé des initiatives lui permettant de
participer au développement durable,… ;

Sur le plan social : l’ONHYM développe des programmes sociaux au profit des salariés,
renforce le management de santé et sécurité au travail, favorise le dialogue social ;

Sur le plan sociétal : l’ONHYM s’engage dans la pratique ‘Investissement socialement


responsable’ de la RSO. Dans ce sens, il facilite l’accès à l’eau potable, la construction et
l’aménagement des routes, et la scolarisation de l’enfant en particulier.

168
Introduction du Chapitre :

Ce dernier chapitre vise à présenter notre posture épistémologique, de formuler de manière


détaillée notre problématique, ainsi que nos objectifs de recherche. Ce chapitre aura pour
objectif l’explication de la démarche méthodologique allant de la collecte des données aux
étapes de l’analyse et synthèse des résultats. Après un retour sur la question fondamentale de
l’épistémologie de la recherche, nous reviendrons sur les principaux positionnements

169
épistémologiques en sciences de gestion, avant de nous attarder sur celui que nous avons choisi
d’adopter dans le cadre de ce travail.

Ce chapitre est structuré en trois sections. La première section traite le contexte dans lequel
s’inscrit notre recherche, ainsi que les choix épistémologique et méthodologique présentés et
justifiés dans un second temps.

La deuxième section comporte la phase exploratoire de notre recherche, qui a été décisive dans
l’aboutissement de ce travail. Enfin, la dernière section permettra de répondre à notre
problématique en étudiant la pertinence de nos objectifs de recherche.

Section 1 :

Cadre méthodologique de la recherche

1. Positionnements épistémologique de la recherche

170
1.1 Contexte de la recherche

Le Maroc a mis en place, depuis 2011, un vaste programme de réformes ayant pour
objectif la modernisation et le renforcement de la stratégie globale du pays. A la lumière de
cette volonté, le secteur public et son mode de fonctionnement font l’objet de critiques tant de
la part du personnel que de la part de la société civile. Par ailleurs, l’adhésion du Maroc à un
certain nombre d’accords internationaux 368 exige que le pays développe d’autres modes
d’intervention de l’Etat dans la vie économique, ainsi qu’une approche économique en matière
de soutien aux entreprises et à l’investissement privé369.

Dans son rapport intitulé ‘Stratégie pour le Maroc’, sur la reconstruction et le


développement, la Banque Européenne déclare que :

« Le Maroc a affiché de bons résultats en matière de performance économique mais avec


une certaine volatilité. Après un taux de croissance moyen de 5 % au cours de la dernière
décennie, la croissance du PIB réel a ralenti, passant à 2,7 % en 2012, puis rebondit à 4,4% en
2013. Le chômage s’est maintenu à 9% lors des trois dernières années; par ailleurs, la
participation à la main d’œuvre, en particulier celle des femmes, est très faible (26%). La
position extérieure du Maroc est sous pression depuis 2010, mais s’est assouplie récemment, le
déficit du compte courant se réduisant de 9.7% du PIB en 2012 à 7,6 % du PIB, en raison
d’importations plus réduites de produits alimentaires et énergétiques. Le solde budgétaire s'est
amélioré grâce à un certain nombre de mesures. À l'avenir, la croissance de la production devrait
ralentir légèrement, et se situer à 4,2 % en 2014, à mesure que la production agricole se
normalise et que les secteurs non-agricoles connaissent une croissance accélérée doublée d’une
reprise attendue dans la zone euro »370.

Depuis quelques années, le Maroc est considéré comme un chantier ouvert dans lequel
les initiatives sociales et économiques-INDH et CGEM- sont en plein développement. En effet,
la RSE est un domaine assez nouveau au Maroc, mais en pleine évolution dans la mesure où la

368
Les accords commerciaux les plus importants ont été : 171
- l’Accord de libre-échange (ALE) euro-méditerranéen avec l’UE, qui sera complété par une Accord de Libre
Echange Complet et Approfondi en cours de négociation et dont l’objectif est d’aligner le cadre réglementaire
marocain sur celui de l’Union Européenne dans les domaines couverts par l’ALECA,
- l’Accord d’Agadir avec l’Egypte, la Jordanie et la Tunisie (dans le cadre d’une zone de libre –échange arabe), -
l’Accord de Libre Echange (ALE) Etats Unis-Maroc, qui est entré en vigueur en 2006, et l’ALE avec la Turquie
signé en 2004 et entré en vigueur en 2006.
369
Ministère de la Fonction Publique et de la Reforme Administrative : La Réforme Administrative au Maroc, p,
1.
370
La Banque Européenne : Stratégie pour le Maroc, p, 3.
majorité des acteurs (gouvernement, secteur privé, ONG, etc.) ont saisi l’importance de l’enjeu
et son impact sur le développement économique et social du pays 371. Néanmoins, plusieurs
obstacles compromettent sa mise en application sereine auprès des organisations372.

La RSO dans les organisations publiques, une occasion à ne pas manquer373 :

La gouvernance des services publics 374 est le fruit d’un processus de maturation politique,
économique, sociale et législative. Les orientations actuelles du Maroc en matière de
gouvernance publique sont principalement déterminées par la constitution, qui favorise les
principes d’égalité d’accès aux services publics, de bonne gouvernance, de démocratie
participative, de reddition des comptes ou responsabilisation.

L’un des pères du management, l’industriel français Henri Fayol a publié dans les années 1920,
un livre intitulé ‘l’incapacité industrielle de l’Etat’, an arrivant à la conclusion suivante :

‘Il est beaucoup question de la responsabilité ou plutôt de l’irresponsabilité des


fonctionnaires, dans les discours ou les écrits qui ont pour objet la réforme des services publics.
(…) cependant, il est un genre de responsabilité qui a sa source dans le sentiment du devoir,
dans l’amour-propre et dans l’amour du bien, qui joue un rôle considérable dans les affaires,
que je considère comme l’un des plus puissants mobiles des actions humaines et que l’on
rencontre à tous les niveaux hiérarchiques : c’est la responsabilité morale’.375

Le contrôle démocratique du secteur public et la nature d’intérêt général de ses missions


publiques, nous poussent à explorer et à repenser l’intégration des valeurs qui insufflent les
entités publiques aux processus décisionnels ainsi que de reconstruire un lien avec la société
civile. Toutefois, la RSO semble être une démarche managériale incontournable, car le cadre
général de ce secteur ne suffit pas à assurer que le service est conçu et rendu dans des conditions
de performance globale. Dans cette perspective, comment démontrer que cette pratique
représente à ce jour une occasion à ne pas manquer pour les organisations publiques ?

371
El Malki Tarik : La responsabilité sociale des entreprises, 2014, Afrique-Orient, Casablanca, Maroc, p, 155 172
372
Filali Maknassi R : Quel avenir pour la responsabilité sociale au Maroc ?, Droits de l’Homme et développement
durable : quelle articulation ?, 2009, L’Harmattan, Paris.
373
Dondeyne Christophe : La RSE dans les organisations publiques, une occasion à ne pas manquer, 2016,
Congrès RIODD, Bordeaux.
374
Conseil Economique, social et environnemental, la gouvernance des services publics, 2013.
375
Dondeyne Christophe : La RSE dans les organisations publiques, une occasion à ne pas manquer, 2016,
Congrès RIODD, Bordeaux, p, 2.
L’établissement public est donc l’entité particulièrement favorable, pour étudier les
problématiques de RSO, il nous semble que ce contexte coïncide avec l’entrée en scène de
stratégies RSO en plein essor. Dans ce sens, la doctrine du « New Public Mangement »
constitue la base dans l’élaboration du nouveau contrat managérial qui lie l’Etat aux citoyens.
L’enjeu donc est simple : celui de faire évoluer les pratiques et les valeurs des établissements
publics, de même, cette contextualisation permet de mieux saisir les contours de cette exception
marocaine.

Dans l’idéal, la démarche RSO doit aussi s’appliquer à l’ensemble de la sphère publique.
Pour ce fait, les établissements publics doivent être en mesure de fournir des informations sur
les enjeux sociaux et environnementaux de la RSO, surtout dans le cadre de ce programme de
modernisation de la fonction publique.

La plupart des travaux376 sur la RSO s’appuie notamment sur des organisations qui visent
la conquête d’avantages compétitifs supplémentaires et de nouveaux marchés, pourtant, il est
nécessaire de se tourner vers une conception de la RSO plus adaptée aux caractéristiques et aux
valeurs des organisations publiques, du fait que, les structures publiques se composent autour
du service de la société et de la primauté de l’intérêt collectif.

Ainsi, certains auteurs entrevoient de nouvelles formes de pilotage de la performance


publique377, dont la RSE représente à ce jour la plus grande occasion de redéfinir la valeur de
l’action publique et rétablir un équilibre dans l’évaluation de la performance de l’Etat 378. En
poursuivant cet équilibre, les calculs et les analyses ne constituent pas les seules voies de
l’efficacité, pourtant il est nécessaire de se poser la question de la valorisation des activités des
organisations publiques et d’envisager la RSO comme une occasion de mettre en lumière la
valeur sociétale qu’elles génèrent.

376
Dondeyne Christophe : La RSE dans les organisations publiques, une occasion à ne pas manquer, 2016, 173
Congrès RIODD, Bordeaux, p, 3.
377
Lorino Philippe : A la recherche de la valeur perdue : construire les processus créateurs de valeur dans le secteur
public, Revue Politiques et management public, volume 17, n° 2, 1999.
378
Dondeyne Christophe : La RSE dans les organisations publiques, une occasion à ne pas manquer, 2016,
Congrès RIODD, Bordeaux, p, 7.
Figure 22 : La performance publique et le couple coût/valeur à la lumière de la RSE379

La RSO a été conçue et adaptée à la structure et culture des grandes entreprises privées. Elle
se détachera partiellement de ces principes de base pour satisfaire aux spécificités du secteur
des services publics. Ses pratiques, issues d’un secteur concurrentiel, doivent être adaptées aux
spécificités des entités publiques, à savoir380 :

 Sa culture particulière : la primauté de l’intérêt collectif;


 Ses finalités et missions particulières : missions régaliennes, missions de service
public ;
 Ses règles de gestion particulières : celles de la comptabilité publique, celles de
la logique des marchés publics… ;

Actuellement le Maroc, redresse une programme de réforme afin d’améliorer le


management des entités publiques, y compris les établissements du secteur public. L’objectif
est d’assurer un certain niveau de performance réalisé à partir d’une pratique responsable des
méthodes et outils de gestion. Afin d’approcher de prêt la gestion publique, cette étude a été
réalisée auprès de plusieurs établissements publics marocains, car chaque établissement public
est confronté à un contexte et à des défis des obstacles particuliers selon son secteur d’activité.

1.2 Choix épistémologique et méthodologique de la recherche

Avant de formuler la problématique et les objectifs sur lesquels nous avons basé notre
travail, il nous semble indispensable de clarifier notre posture épistémologique ainsi que la

379
Dondeyne Christophe : La RSE dans les organisations publiques, une occasion à ne pas manquer, 2016, 174
Congrès RIODD, Bordeaux, p, 7
380
El Messaoudi Asmaa Said, Rigar Sidi Mohamed et Lamghari Sana: L’impact de la reponsabilité sociale de
l’entreprise sur les pratiques de contrôle de gestion : Cas d’une grande entreprise publique marocaine, 2015,
Université Cadi Ayyad, Maroc, p, 4
démarche de recherche dans laquelle nous nous inscrivons. Cette opération permet de fournir
la connaissance et aide à comprendre ou à expliquer la réalité.

Afin de mener à bien son travail, le chercheur doit faire un choix épistémologique et
méthodologique qui détermine sa démarche scientifique et permet d’expliquer le processus de
recherche suivi. La « réflexion épistémologique s’impose à tout chercheur soucieux d’effectuer
une recherche sérieuse car elle permet d’assoir la validité et la légitimité d’une recherche »381.

S’inscrivant dans une posture positiviste qui vise à découvrir la réalité et à l’expliquer
dans un souci d’objectivité et de prise de distance avec son objet de recherche. Tout en optant,
en effet, de se doter d’une position épistémologique aménagée, en mobilisant des éléments
appartenant aux différents paradigmes. Du fait que, parce que le raisonnement du positivisme
répond seulement à une intention de mise à jour de lois supposées régir de manière immuable
et acontextuelle le réel étudié382. Tout travail de recherche traduit une certaine vision du monde,
mobilise des outils, et propose des résultats visant à prédire, prescrire et comprendre la réalité.
En effet, le positivisme est l’orientation épistémologique la plus associée à la recherche
scientifique383.

En Sciences de Gestion, et plus globalement en Sciences Sociales, nous retrouvons


notamment trois principaux paradigmes épistémologiques : Le positivisme, l’interprétativisme,
et le constructivisme. Chacun de ces paradigmes épistémologiques s’appuie sur une certaine
vision de la réalité, un certain statut de la connaissance et son mode de production.

1.2.1 Positivisme

Le positivisme 384 : ce paradigme se base sur l’hypothèse dite ontologique 385 , qui
consiste à expliquer la réalité objective du monde observé. Comme disait son fondateur, August

381
Thiétart. R-A : Les méthodes de recherche en management, 1999, 1 ère édition, Editions Dunod, Paris, p, 13. 175
382
Avenier Marie-José et Gravard-Perret Marie laure : Inscrire son projet de recherche dans un cadre
épistémologique, 2012, Pearson France, p, 52.
383
Cappelletti Laurent : La création de connaissances dans une recherche en audit et contrôle fondée su
l’expérience professionnelle, 2011, Congrès de l’AFC, n° 20050112, p, 8.
384
Gavard-Perret Marie-Laure, Gotteland David, Haon Christophe et Jolibert Alain : Méthodologie de la recherche
en sciences de gestion : Réussir son mémoire au sa thèse, 2012, Pearson Education France, p, 26.
385
‘La réalité essentielle de la réalité existentielle’ : selon cette hypothèse le chercheur fait donc partie intégrante
de sa recherche. Par exemple, pour les positivistes, le chercheur sera capable non seulement de étudié et cerner la
réalité, mais aussi de la connaître en toute neutralité. Toutefois, la connaissance que constitue progressivement la
science est la connaissance de la réalité, une réalité postulée indépendante des observateurs qui la décrivent.
comte : ‘le mot positif désigne le réel’386 (Hypothèse ontologique). Le principe d’objectivité y
est central : ainsi, le chercheur va chercher à découvrir les lois qui déterminent cette réalité tout
en conservant une distance avec son objet de recherche. Selon cette posture, la recherche
s’exprime notamment dans une volonté explicative, dans une démarche visant à déterminer des
relations de causalité387 (Hypothèse déterministe). Le chercheur peut donc chercher à connaître
cette réalité extérieure à lui, puisqu’il y a indépendance entre l’objet (la réalité) et le sujet qui
l’observe ou l’expérimente. Ce paradigme, propose trois critères de validité du modèle de
chercheur, à savoir la vérifiabilité, la confirmabilité, et enfin la réfutabilité388. Le premier critère
nécessite de pouvoir vérifier empiriquement la proposition faite, la confirmabilité vise à pouvoir
affirmer qu’une proposition est vraie universellement, mais qu’elle est probable, alors que le
troisième signifie que si l’on ne peut jamais affirmer qu’une théorie est vraie, on peut affirmer
l’inverse.

Cependant, ce positionnement a montré ses limites en termes de compréhension de la


réalité389 : le chercheur en sciences de management participe d’une façon ou d’une autre à la
construction de la réalité, parce que ce que l’on appellera réalité, dans une optique gestionnaire,
est un processus de construction permanent. En conséquence, le positivisme aujourd’hui,
reconnaît que même si la vérité absolue ne peut être établie, il existe des réclamations de
connaissances qui sont encore valables, qui peuvent être déduites logiquement390.

1.2.2 Constructivisme

Le constructivisme391 : Dans la littérature de sciences sociales, ce paradigme découle


des travaux de Piaget menés en psychologie génétique. Ces travaux se sont ensuite enrichis par
les apports de la psychologie cognitive. Il vise la construction de la réalité : ‘un objet existe si

386
Ben Aissa Hazem : Quelle méthodologie de recherche appropriée pour une construction de la recherche en 176
gestion, 2001, Faculté des sciences de l’administration, Université Laval, Québec, p, 11.
387
Maurand-Valet Anne : Choix méthodologiques en Sciences de gestion : pourquoi tant de chiffres ?, 2010,
Crises et nouvelles problématiques de la valeur, Nice, France, p, 5.
388
Maurand-Valet Anne : Choix méthodologiques en Sciences de gestion : pourquoi tant de chiffres ?, 2010,
Crises et nouvelles problématiques de la valeur, Nice, France, p, 5.
389
David Albert : Logique, épistémologie et méthodologie en sciences de gestion, 1999, Université Paris-
Dauphine, Ecole des mines de Paris, p, 18.
390
Taleb Baderddine : les motivations d’engagements des entreprises dans la responsabilité sociale : le cas du
secteur industriel algérien, 2013, Faculté d’Economie et de gestion d’Aix-Marseille, p, 196.
391
Gavard-Perret Marie-Laure, Gotteland David, Haon Christophe et Jolibert Alain : Méthodologie de la recherche
en sciences de gestion : Réussir son mémoire au sa thèse, 2012, Pearson Education France, p, 35.
on est capable de le construire, d’en exhiber un exemplaire ou de le calculer explicitement’392.
Selon ce paradigme, la réalité est relative, puisque de multiples réalités sociales différentes
existent, que nous pouvons remettre en cause par la suite, tout en étant en mesure d’en expliquer
les différentes interprétations.

Les constructivistes, considèrent que la connaissance n’est pas reçue passivement, mais
celle-ci est apprise au travers d’un processus actif de construction du chercheur. Guba et
Lincoln 393 réfutent l’idée de la recherche de lois naturelles, causales ou d’autres sortes et
mettent l’accent sur la nécessité de comprendre et de rendre compte de la façon dont le
phénomène est organisé, perçu et construit par les acteurs.

La validité de la connaissance produite se base sur les deux critères de ‘convenance’ et


‘d’enseignabilité’ 394 . Le premier critère fut introduit dans les sciences de management par
Girod-Séville et Perret en 2002, il renvoie à l’adéquation entre la connaissance et la situation
d’étude. Alors que le deuxième, traduit le caractère reproductible, intelligible et constructible
des connaissances produites.

1.2.3 Interprétativisme

L’interprétativisme395 : selon ce troisième paradigme, le chercheur tente à comprendre


la réalité, ceci par le biais des interprétations effectuées avec les acteurs. Dans une approche
subjective, le chercheur devra considérer les intentions des acteurs, leurs attentes, leurs
motivations, leurs raisons ou encore leurs croyances, qui porteront donc davantage sur les
pratiques que sur les faits. Pour les interprétativistes, la réalité n’est pas indépendante de
l’observateur et des sujets eux-mêmes qui constituent cette réalité.

392
Ben Aissa Hazem : Quelle méthodologie de recherche appropriée pour une construction de la recherche en 177
gestion, 2001, Faculté des sciences de l’administration, Université Laval, Québec, p, 12.
393
Avenier Marie-José et Gravard-Perret Marie laure : Inscrire son projet de recherche dans un cadre
épistémologique, 2012, Pearson France, p, 39
394
Pottiez Jonathan : Evaluation de la performance de la formation en entreprise par une approche systémique,
Tome II, Méthode de recherche et études empiriques, 2011, Université des sciences technologies de Lille, p, 661.
395
Avenier Marie-José et Gravard-Perret Marie laure : Inscrire son projet de recherche dans un cadre
épistémologique, 2012, Pearson France, p, 37
Les critères de validité des connaissances produites sont appréhendés à travers le
caractère ‘idéographique’ de la recherche et les capacités ‘d’empathie’ du chercheur. Le
premier caractère signifie que la recherche porte sur l’étude des phénomènes, focalise et
privilégie les éléments singuliers et non sur des lois générales et régulières. Alors que
l’empathie demande que le chercheur développe intelligemment une proximité toute
particulière avec le terrain396.

« Au-delà de leur grande diversité, les approches d’inspiration constructiviste et


interprétativiste partagent des interrogations sur la nature même (la construction) des
organisations et de leur gestion, à la différence des perspectives objectivistes et
déterministes »397.

L’interprétatitvisme et le constructivisme: ces deux paradigmes partagent plusieurs


proximités et postulats communs. Ils se distinguent du positivisme par le sens qu’ils donnent
aux connaissances et par la description de la réalité. Tout d’abord, la définition de l’objet de
recherche dans les deux paradigmes implique l’immersion du chercheur dans le phénomène
étudié. En fait, la connaissance est construite et dépendante des interprétations, des contextes
particuliers et des interactions entre les acteurs. Fourez et al (1997) 398 affirment que ‘les
modèles, les notions et les lois scientifiques sont des représentations mises au point par les
humains et pour les humains pour comprendre leur monde’.De plus, la définition de l’objet
implique une observation plus ou moins participante. Dans une logique opposée à celle des
positivistes, la vision interprétativiste et constructiviste de la réalité conçoit une dépendance
entre le chercheur et son objet de recherche. Le chercheur interprétativiste et constructiviste
emprunte généralement l’induction comme mode de création de la connaissance.

Bref, Ben Aissa Hazem a conclu que : « le projet du positivisme est d’expliquer la réalité,
celui de l’interprétativisme est de comprendre cette réalité et celui du constructivisme est de la
construire. La différence significative entre les paradigmes est particulièrement dans
l’implication de leur conséquence dans la conduite de la recherche. Ainsi la position

396
Pottiez Jonathan : Evaluation de la performance de la formation en entreprise par une approche systémique, 178
Tome II, Méthode de recherche et études empiriques, 2011, Université des sciences technologies de Lille, p, 662.
397
Pottiez Jonathan : Evaluation de la performance de la formation en entreprise par une approche systémique :
Tome II, Méthode de recherche et étude empiriques, 2011, Université des sciences technologies de Lille, p, 656.
398
Fourez Gérard, Englebert-Lecomte & Mathy Philippe : Nos savoirs sur nos savoirs : un lexique d’épistémologie
pour l’enseignement, pédagogies en développement, 1997, De Boeck Université, Bruxelles, p, 23.
philosophique du chercheur est regardée en terme de déterminant de la méthode de recherche
employée »399.

Tableau 26: Les paradigmes de recherche400

Notre recherche se situe clairement dans une perspective positiviste aménagée, ce qui
nous permet de percevoir notre objet de recherche, les pratiques de responsabilité sociétale des
organisations publiques. De ce fait, nous pouvons affirmer que notre posture épistémologique
n’est pas entièrement positiviste, elle se nourrit également des principes interprétativistes.

Poursuivant plusieurs travaux exploratoires préalablement menés, cette recherche


s’inscrira dans une posture de positivisme aménagé (Huberman &Miles, 1994), en adéquation
avec une vision complexe et ouverte de la recherche. Cette position transcende interprétativisme
et positivisme. PERRET et SEVILLE (2003), affirment que de nombreux chercheurs

399
Ben Aissa Hazem : Quelle méthodologie de recherche appropriée pour une construction de la recherche en 179
gestion, 2001, Faculté des sciences de l’administration, Université Laval, Québec, p, 15.
400
Giordano Yvonne : Conduire un projet de recherche : une perspective qualitative, 2003, ED.EMS, p, 9
empruntent ‘des éléments aux différents paradigmes, se dotant ainsi de ce que l’on pourrait
appeler une position épistémologique aménagée’401.

Afin de déterminer son positionnement épistémologique, le chercheur doit répondre à trois


questions :

 Quelle est la nature de la réalité ?


 Quelle est la relation du chercheur par rapport à son terrain ?
 Comment la connaissance scientifique est-elle engendrée ?

La réponse à ces questions dépend intrinsèquement de la problématique et des objectifs de


la recherche. Nous présentons, dans le tableau ci-dessous, les réponses à ces interrogations au
regard de notre problématique.

Questions Nos réponses Paradigme de référence

Nature de la réalité La réalité est indépendante du Positivisme et


chercheur tout en étant perçue par lui interprétativisme

Relation du chercheur Exploration et compréhension. Le Positivisme et


avec le terrain chercheur n’agit pas sur la réalité interprétativisme
explorée mais il interprète ce que disent
les acteurs

Connaissances Exploration, analyse et compréhension Positivisme et


scientifiques engendrées interprétativisme

Tableau 27: Le chercheur et la recherche

Le positivisme aménagé permet de ‘découvrir des relations légitimes et raisonnablement


stables entre les phénomènes sociaux, qui existent dans les esprits et la réalité en raison de la
complexité de l’objet d’étude’ 402 . Les phénomènes sociaux sont ainsi considérés à la fois
comme existants dans la réalité, mais aussi dans les représentations des acteurs.

Ce paradigme porte une réflexion épistémologique, loin d’être une activité dogmatique
et figé, d’ailleurs c’est une pensée vivante et en renouvellement qui se nourrit des problèmes

401
Raymond-Alain et Thietart et al, M : Fondements épistémologiques de la recherche, In Méthodes de recherche 180
en management, sous la direction de R.A.Thiétart, 2003, Dunod, p, 31.
402
Cappelletti Laurent: La création de connaissances dans une recherche en audit et contrôle fondée su l’expérience
professionnelle, 2011, Université Jean Moulin, Lyon 3, p, 9.
concerts que soulève la diversité des pratiques scientifiques contemporaines403. Dans ce cadre,
le chercheur se considère comme un participant actif dans l’interprétation des connaissances
d’un domaine d’étude. De même, le chercheur doit se contenter d’approcher au plus près la
réalité, tout en étant intimement liés aux représentations des acteurs; à ce propos, Miles et
Huberman affirment que cette démarche permet de ‘concevoir l’existence des phénomènes
sociaux non seulement dans les esprits mais aussi dans le monde réel’404.

2. Méthodologie de recherche adoptée

2.1 La méthodologie qualitative :

Tout chercheur en Sciences de management est confronté au choix d’une méthodologie


de recherche. Ce choix se fait en se basant sur la posture épistémologique choisie, appropriée
aux objectifs de recherche et de la nature d’investigation. Concernant notre étude, la nature de
la question et les objectifs de recherche ainsi que les caractéristiques de notre recherche, nous
ont consolidé dans le choix d’une méthodologie qualitative.

En effet, ‘les méthodologies qualitatives sont plus courantes pour l’exploration parce
que plus efficaces compte tenu de la finalité de la recherche dans ce cas (…) dans le domaine
des Sciences de Gestion, il est courant de lier l’exploration à une approche qualitative et la
vérification à une approche quantitative voire d’opposer la démarche abductive des recherches
qualitatives et la démarche hypothéticodéductive des recherches quantitatives’405.

La méthodologie de recherche qualitative comprend « tout type de recherche qui produit


des résultats sans faire appel aux méthodes statistiques et autres moyens de quantification ».
Cette méthodologie consiste à assurer une certaine liberté aux personnes interrogées pour
pouvoir, répondre comme elles le voudraient.

403
Thietart Raymond-Alain et al : Méthodes de recherche en management, 4 éditions, DUNOD, p, 21. 181
404
Benabdellah Samira : Les choix d’options comptables lors de la première application des normes IAS/IFRS :
observation et compréhension des choix effectués par les groupes français, 2008, Université de NICE-SOPHIA
ANTIPOLIS, p, 14.
405
Brabet Julienne : Le champ contesté de la responsabilité sociale des entreprises, 2010, Revue
internationale de psychologie n°38, p, 174.
Cette approche qualitative vise à comprendre le pourquoi et comment des événements
des situations concrètes. De même, elle permet d’évaluer et de recueillir en profondeur des
informations pour répondre à certaines questions, en essayant de donner un sens ou interpréter
les phénomènes en termes de perceptions des personnes.

Les démarches qualitatives ne prétendent pas délivrer une vérité unique et absolue, qu’il
suffirait de trouver pour l’offrir à la science. Dans certaines sciences de management (tel que
le management des Ressources Humaines), le chercheur propose une vérité, en fonction de son
point de vue. Il accepte par ailleurs d’autres points de vue, des vérités alternatives. C’est par ce
rassemblement de ces morceaux de vérité que l’on pourra toucher du doigt la réalité, sans
toutefois jamais s’assurer de sa justesse absolue 406 . Le tableau en dessous regroupe les
différents concepts méthodologiques en recherche qualitative :

Tableau 28: Différents concepts méthodologiques en recherche qualitative407

La fiabilité d’une recherche qualitative repose principalement sur la capacité et


l’honnêteté du chercheur à décrire très concrètement le processus entier de sa recherche, en
particulier les phases relatives à la condensation et l’analyse des données collectées. Cependant,
cette méthodologie soumette le travail du chercheur à de fortes contraintes : d’un côté, la
méthode qualitative est très dépendante des compétences des enquêteurs car les thèmes abordés

406
Pottiez Jonathan : Evaluation de la performance de la formation en entreprise par une approche systémique, 182
Tome II, Méthode de recherche et études empiriques, 2011, Université des sciences technologies de Lille, p, 692.
407
Aubin-Auger Isabelle, Mercier Alain, Baumann Laurence, Lehr-Drylewicz Anne-Marie, Imbert Patrick,
Letrilliart Laurent et le groupe de recherche universitaire qualitative médicale francophone : GROUM-F :
Introduction à la recherche qualitative, 2008, la revue française de médecine générale, p, 144
peuvent casser le fil et la dynamique de l’entretien. De l’autre côté, le problème du temps vue
que les approches qualitatives sont plus coûteuses et généralement plus longues à réaliser.

Figure 23: Démarche qualitative d’après Paul Van Royen et al.408

2.2 Type de recherche :

Devant un problème de recherche, la détermination du type de recherche se fait à la base


du statut philosophique et épistémologique adopté. L’objectif du chercheur est de désigner une
approche qui lui permet d’atteindre un objectif, de trouver une ‘solution’ d’une situation ou
d’un problème qui lui fait face : le syndrome de la vérité et l’explication parfaite409.

En science de gestion, les recherches mises en œuvre se distinguent par leur mode de
raisonnement. Pour ce fait, différentes classifications de la nature et du type de recherche sont
distinguées par les chercheurs. A ce propos, différents type d’études peuvent être planifiés à
savoir : étude exploratoire, étude descriptive, étude analytique : explicative et confirmative,
étude de pilotage et développement d’échelle.

 Essayer de connaitre davantage sur un sujet sur lequel le


Exploratoire chercheur connait très peu ;

408
Aubin-Auger Isabelle, Mercier Alain, Baumann Laurence, Lehr-Drylewicz Anne-Marie, Imbert Patrick, 183
Letrilliart Laurent et le groupe de recherche universitaire qualitative médicale francophone : GROUM-F :
Introduction à la recherche qualitative, 2008, la revue française de médecine générale, p, 144.
409
Ben Aissa Hazem : Quelle méthodologie de recherche appropriée pour une construction de la recherche en
gestion, 2001, faculté des sciences de l’administration, Université Laval, Québec, p, 9.
 Conçu pour fournir des résultats utiles avec des prétentions
minimales.

 Conçu pour obtenir des informations sur une matière ou


Descriptive pour décrire un ou plusieurs dispositifs d’une population
 Typiquement ne pas évaluer ses hypothèses.

 Tentatives d’expliquer ou prévoir des résultats basés sur des


Analytique effets d’autres variables ;
 Exploratoire  Peut impliquer les expériences et les aperçus qui examinent
 Confirmatoire la théorie.

 L’étude préliminaire est conçue pour obtenir l’information


qui peut aider à déterminer si davantage de recherche est
Etude pilote justifiée.
 En général, incapable de fournir des résultats concluants
définitifs.

 Le but primaire est de développer un instrument de mesure


Développement d’échelle pour un ou plusieurs concepts liés aux objectifs de
recherches.

Tableau 29: les différents types de recherche410

Toujours en accord avec notre posture épistémologique aménagée, nous avons complété
notre questionnement par une étude exploratoire, par laquelle, nous souhaitons vérifier, tout du
moins partiellement, la pertinence des facteurs issus de la littérature.

La nature exploratoire- analytique de notre recherche s’est révélée importante et ce pour


deux raisons :

 Cette thématique de RSO reste un nouveau concept pour un pays émergeant comme le
Maroc et surtout dans la sphère publique. De même, au niveau de la littérature ce
concept est très peu appréhendé, dans le contexte marocain ;
 Nous avons souligné que les questionnements sur la problématique des pratiques de la
RSO font l’objet d’une attention limitée de la part des gestionnaires publics. ce déficit

410
Ben Aissa Hazem : Quelle méthodologie de recherche appropriée pour une construction de la recherche en 184
gestion, 2001, faculté des sciences de l’administration, Université Laval, Québec, p, 16.
managérial nous mènerait assurément vers une logique de recherche exploratoire qui
pourra servir de première base critique à une réflexion théorique plus systémique.

En termes d’objectifs poursuivis et de démarche de recherche, notre volonté première est


l’exploration, l’analyse ainsi que l’atteinte des objectifs escomptés. Nous souhaitons en effet la
mise en évidence de pratiques pouvant renforcer l’instauration de stratégies RSO de différents
niveaux chez les établissements publics marocains. D’ailleurs, dans un second temps, et à
travers ce caractère exploratoire et qualitatif de notre recherche, nous espérons que cela puisse
également nous aider à mieux comprendre la réalité de la RSO dans les établissements publics.

Afin de répondre à notre problématique de recherche, il est nécessaire de construire un outil


de recherche qui permet le recueil des données. Les entretiens que nous avons menés auprès
des représentants des établissements publics sont des entretiens semi-directifs caractérisés par
une entame ouverte sur la question des effets externes suivie de questions précises sur la
contribution. Pour la partie structurée de nos entretiens, nous avons posé exactement les mêmes
questions à tous les représentants en utilisant le guide d’entretien.

Le guide d’entretien constitue ‘l’inventaire des thèmes prévus et des données de fait qui, à
un moment donné ou un autre de l’échange, feront l’objet d’une intervention de l’enquêteur si
l’enquêté ne les aborde pas spontanément’411. L’objet de recherche était ouvertement indiqué à
l’interviewé pour laisser une liberté de parole conséquente à l’enquêté en lui demandant de
répondre aux questions posées.

Le guide d’entretien que nous avons utilisé a été construit à partir de plusieurs de recherche
que nous avons a dégagées de l’étude de la littérature. Ce guide d’entretien est composé de trois
thèmes découpés en un total de 24 questions. Nous résumons ci-dessous la structure de notre
guide d’entretien et invitons le lecteur à consulter l’annexe N° pour une présentation détaillé du
guide.

2.3 Choix de la méthode d’analyse de contenu

Notre choix d’une recherche d’une nature qualitative semble approprié pour avoir de
manière détaillée toutes les informations concernant la démarche ainsi que les différentes

411
Aurélien François : Les pratiques de RSE des clubs sportifs professionnels français : vers un nouveau modèle 185
de légitimation ?, 2012, Université de Bourgogne, p, 265.
pratiques dans ce sens. Comme nous le détaillerons dans notre présentation de la démarche
d’analyse, nous nous sommes basés sur une analyse qualitative des données récoltées. Suivant
cette méthodologie, nous avons donc choisi de nous intéresser aux 8 établissements publics
marocains.

Le travail de recherche se fixe des objectifs qui consistent à guider les choix
méthodologiques les plus appropriés. Les objectifs de recherche peuvent être formulés pour
explorer, décrire, vérifier ou maîtriser l’objet de recherche412. De manière plus précise, notre
recherche est exploratoire et nous cherchons la richesse de l’information concernant la pratique
de la RSO au niveau des établissements publics marocains. Lors de la phase d’exploitation des
entretiens, nous avons procédé au recueil et l’analyse des données de chaque établissement
public.

Dans le cadre de cette recherche, nous avons procédé à l’analyse du contenu des entretiens
semi-directifs ; rappelons que l’analyse de contenu est ‘l’une des méthodes d’approches des
représentations et des discours les plus utilisées en management’ 413 . Cette méthodologie
d’analyse semble à même à répondre à notre questionnement, et à vérifier le degré d’atteint des
objectifs que nous avons formulées.

2.4 La nature de la population étudiée :

Nos travaux de recherche résident dans l’exploration des pratiques de la RSO exercées par
les établissements publics marocains. La revue de littérature nous indique à ce titre, les
difficultés institutionnelles et psychologiques propres à ce secteur dans l’engagement d’une
politique RSO. Les entreprises privées sont en effet les premières sources de performance
sociétale par leur adoption de la RSE. La nature exploratoire et descriptive de notre recherche,
nous amène à collecté les données auprès des cadres et responsables des établissements publics
marocains.

L’accès aux sources de données se base principalement sur une relation de confiance entre
le chercheur et les interviewées, ce facteur est important afin de générer des biais de pertinence
dans la collecte de données. De plus, par soucis d’éthique et de transparence le chercheur doit

412 186
Giordano Yvonne & Jolibert Alain : Spécifier l’objet de la recherche, 2009, Pearson Education.
413
Thiétart, Raymond-Alain : Méthodes de recherche en management, 1999, DUNOD, Paris.
assurer la fiabilité des attitudes et opinions exprimées, tout en laissant au interviewée la liberté
de répondre aux questions posées.

Section 2 :

Exploitation et analyse des données

1. Problématique et questions de recherches

D’après les dernières réformes et dans la conception actuelle du pays qui exige la bonne
gouvernance, responsabilité morale, le développement durable…, pouvons-nous parler de la
responsabilité sociétale dans le cas des établissements publics marocains ? Est ce que ces
derniers se soucier beaucoup de leurs efficacité et de leurs efficience, en somme d’assumer la
responsabilité envers le personnel, la société, et l’environnement.

Depuis 2003 414 , le gouvernement a envisagé un vaste programme de réforme des services
publics, ayant pour objectif la modernisation et l’amélioration de la gouvernance de le
management public. Les principales réformes qui y ont été apportés visent à accompagner les
stratégies de développement économique, social et environnemental du royaume, pour un
établissement performant, compétent, efficace, innovant et réactif. Sur cette voie réformiste, la
stratégie des établissements publics marocains consiste à améliorer leurs pratiques et leurs
images, en reconstruisant et renforçant ses liens avec le citoyen marocain, en vue de garantir la
transparence, l’égalité, la responsabilité, et les valeurs.

Le grand soucie de l’établissement public réside premièrement dans la satisfaction des besoins
de citoyens, ce qui fait la différence entre un organisme publique et un privée. A vair dire,
l’adoption des pratiques de la responsabilité sociale dans la stratégie globale de l’établissement
présente ainsi comme l’expression d’un mode de crédibilité et de responsabilité des
établissements vis-à-vis de la société marocaine et même de la communauté internationale.

La méthodologie de recherche adoptée nous permet de faire face à la complexité du concept et


de l’étudier sous différentes angles pour produire une contribution intéressante pour la
recherche en RSO au Maroc. A titre de rappel, nous avons adoptés une démarche exploratoire-

187
414
La cour du compte du Royaume du Maroc : Système de la fonction publique, Octobre 2017.
descriptive des pratiques de la responsabilité sociétale des établissements publics, signalant que
cette phase constitue une première démarche de mise à l’épreuve des faits le modèle conceptuel
et les mesures de ses variables. L’objectif ambitieux mené dans nos recherches est d’essayer
d’ouvrir le champ de la RSO dans les établissements publics et développer une certaine
familiarité avec l’objet de notre recherche.

S’inscrivant dans le domaine de science de gestion, nous nous semblons nécessaires de se


pencher vers le terrain pour observer la réalité organisationnelle et managériale en vue de
construire une représentation capable de justifier et d’éclairer la littérature existante. Dans le
cadre de cette recherche, la problématique porte sur l’étude de la pratique RSO des
établissements publics marocains.

Evaluation des pratiques de la responsabilité sociétale des établissements publics au Maroc

En formulant cette problématique, nous nous positionnons, dans le cas des établissements
publics, en faveur d’une approche managériale de la Responsabilité sociétale.

Cette recherche explore et étudie le degré de connaissance des établissements publics marocains
en matière de RSO, tout en contribuant à la production de connaissance scientifique dans ce
domaine. Ce qui conduit aux questions de recherche suivantes :

 Quel est l’intérêt pour les établissements publics de mettre en place une pratique RSO?
Comment peuvent-elles le faire ?
 Quels sont les pratiques pertinentes, adéquates et prioritaires pour l’établissement public
marocain ?
 Quels sont les lois et les règlements adoptés par l’établissement public en ce qui
concerne la responsabilité sociétale ?
 Comment expliquer la dynamique d’appropriation de la RSO par les établissements
publics marocains ?

2. Objectifs de la recherche

La complexité de la thématique nous stipule d’opter vers des objectifs afin de mieux
cerner la réalité de la RSO dans un contexte public marocain. Motivés par des objectifs, nous

188
nous sommes intéressés à la réalité de la RSO dans les établissements publics. En effet, ces
objectifs ambitieux menés dans nos recherche est d’essayer d’ouvrir le champ de la RSO. Nous
proposons une contribution à la recherche en sciences de management dans le domaine de la
responsabilité sociétale des établissements. Aux vues de ces considérations, il parait important
de montrer, dans les développements qui vont suivre, l’utilité et l’enjeu de nos objectifs. Notre
travail de recherche vise les quatre objectifs suivants :

Objectif 1 : pour ce premier objectif : ‘explorer et étudier l’étendue et l’orientation de


l’implication en matière de la Responsabilité Sociétale des établissements publics, et
parallèlement identifier les freins qui perturbent son intégration.’, il s’agit de construire des
représentations pertinentes et vérifiables de la réalité du management des organisations
publiques en analysant les données recueillis.

Au-delà de leur forte institutionnalisation, les établissements publics semblent redonner


tout son sens à la notion de responsabilité (que ce soit à l’égard des citoyens, des usagers, des
autorités de tutelle, etc.). Toutefois, l’instrumentalisation des pratiques responsables peut
devenir un moyen d’accroitre la légitimité de l’établissement. L’implication de ces pratiques se
traduit par : l’amélioration de la qualité des produits et services en faveur des citoyens, une
meilleure visibilité à l’égard de la communauté, une maîtrise des risques liés à l’environnement.

En ce sens, les résultats de l’engagement sociétal ne se limitent pas aux seuls avantages
financiers mais ils s’étendent à d’autres avantages managériaux et opérationnels
(efficacité/efficience interne, innovation)415.

Par ailleurs, il existe de nombreux freins assez puissants à la mise en place d’une
démarche de RSO. Dans ce sens, la théorie néo-classique (Friedman, 1970)416 prétend que la
responsabilité du dirigeant est d’accroitre ses bénéfices. De manière automatique, le dirigeant
d’une entreprise va chercher la maximisation de ses profits sans se soucier de l’environnement
ou du volet social.

D’autre part, le manque d’incitation de la RSO comme engagement stratégique réel,


bloque la prise en compte de ce sujet par le service public. De plus, les établissements révèlent

415
Boussoura Ezzeddine: Dimension institutionelle et finalités de la performance societal de l’entreprise en 189
Tunisie, 2013, Université de Bourgogne, p, 267.
416
Friedman Milton: The Social responsibility of business is to increase its profits, 1970, The New-York Times
Magazine.
une résistance au changement 417, notamment au niveau managérial, qui constitue l’une des
causes principales des échecs et un frein inévitable aux changements.

Objectif 2 : en ce qui concerne le deuxième objectif de notre recherche : ‘décrire le


mode de fonctionnement des établissements publics marocains et leur contribution à la mise en
place d’une politique efficace et efficiente de la responsabilité sociétale, prenant en compte les
besoins de l’ensemble des ses parties prenantes’.

Ayant intégré la RSO dans la politique des établissements publiques contribue à


promouvoir une démarche de progrès autant dans le fonctionnement interne que dans l’activité
propre de l’établissement.

Malgré de nombreuses réformes, l’action de l’entité publique et son mode de


fonctionnement font l’objet de critiques tant de la part de ses usagers que de la part de la société
civile. En la matière, le Maroc a publié en mars 2012, un Code de bonnes pratiques 418 de
gouvernance des établissements et entreprises publics (EEP). Ce Code consiste à évaluer le
système de gouvernance des établissements et entreprises publics. Il vise à asseoir les meilleurs
pratiques de gouvernance des EEP et à ancrer les valeurs et les principes de transparence, de
communication et de reddition des comptes419.

L’établissement public concoure de manière considérable à la mise en œuvre des


politiques publiques, tout en permettant l’accélération du rythme de développement
économique et sociale. A ce propos, les orientations gouvernementales concernent
l’amélioration des performances et la qualité de service des établissements publics rendu aux
usagers, tout en veillant à consolider continuellement leur mode de gouvernance420.

La vision étendue de la RSO, surtout dans une entité publique, renvoie à une
responsabilité qui s’étend à la satisfaction de diverses attentes des parties prenantes. Afin
d’assurer la transparence, l’établissement doit afficher une volonté de développer et
d’approfondir sa relations avec les parties prenantes externes et internes.

417
Selon Coch & French (1948), la résistance au changement est une combinaison à la fois de réactions 190
individuelles liées à un sentiment de frustration et de réactions collectives issues de forces induites par le groupe.
418
La cour des comptes : le secteur des établissements et entreprises publics au Maroc : Ancrage stratégique et
gouvernance, 2016, p, 42
419
Direction des entreprises publiques et de la privatisation : Rapport d’activité 2014, Ministère de l’Economie et
des Finances, Royaume du Maroc, p, 14.
420
Projet de loi de finances pour l’année budgétaire 2016 : Rapport sur les établissements et entreprises publics,
2016, Ministère de l’Economie et des Finances, Royaume du Maroc, p, 8.
En effet, l’engagement sociétal de l’établissement se traduit par une certaine
performance étendue à chacun de ces stakeholders.

Objectif 3 : Ce troisième objectif consiste à : saisir le degré d’ancrage de la RSO et


étudier l’intensité de la présence des préoccupations environnementales dans les activités des
établissements publics. C’est en matière de responsabilité environnementale que les démarches
innovantes sont les plus poussées et l’intégration de cette problématique semble plus simple
que les autres domaines de la RSO421.

Suite aux directives de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, le Maroc a adopté la charte
nationale de l’environnement et du développement durable, lors de discours du trône du 30
Juillet 2009. A cet effet, le Royaume s’inscrit dans la logique du développement durable,
conformément aux lois et son engagement ainsi qu’aux recommandations des instances
internationales.

Dans ce cadre, un ensemble des lois et décrets réglementaires ayant trait directement à
la protection de l’environnement et au développement durable. L’avancée qualitative
importante que connait, dans notre pays, le système juridique relatif à l’environnement, durant
les dernières années422.

Sur ce plan environnemental, les établissements publics jouent un rôle pivot dans le
renforcement d’adopter des meilleures pratiques environnementales, afin de maîtriser les
risques environnementaux et réduire l’impact de leurs activités.

L’organisation peut s’engager alors par l’adoption d’outils existants à la responsabilité


sociale et environnementale : une comptabilité environnementale

Objectif 4 : finalement, le quatrième objectif tente de vérifier la prise en considération


de l’aspect juridique de la RSO surtout dans une entité publique. Il convient tout d’abord de
souligner que la personnalité juridique reste au cœur du régime de l’établissement public,
cependant, ce qui nous intéresse le plus, c’est les lois, les règlements et les décrets publiés
dans ce cadre.

421
Club développement durable des établissements publics et entreprises publiques : les avancées des organismes 191
publics en matière de RSO : restitution de l’enquête menée dans le cadre du club DDEP, 2012, Ministère de
l’écologie, du développement durable, et de l’énergie, France, p, 9.
422
Secrétariat d’Etat chargé de l’Eau et de l’Environnement, département de l’environnement : Recueil des lois
relatives à la protection de l’environnement, Royaume du Maroc, p, 1.
‘La constitution de 2011 a conféré un statut constitutionnel au Conseil National sur les
droits de l’Homme ; la loi régissant le conseil a été aussi modifiée pour englober les droits
civils, politiques, économiques, sociaux, culturels et environnementaux’ 423 . Cet appareil
législatif a mis en place des lois et des règles et exige que l‘établissement réalise sa mission de
gestion des biens publics dans un cadre légal.

Du point de vus légal (obligation, droit, sanction), respecter les exigences légales et
réglementaires relatives aux conditions du travail, à savoir : la préservation de la dignité de
l’Homme, l’amélioration de son niveau de vie, la promotion de la santé et la sécurité au travail
ainsi que pour la réalisation des conditions favorables à sa stabilité familiale et à son progrès
social.

Notre recherche permet ici aussi, d’explorer les dispositions légales et réglementaires
relatifs aux exigences environnementales appliquer par les établissements du secteur public.
L’Etat marocain a promulgué des lois et règlements en matière de protection de
l’environnement et de développement durable ; citant par exemple : la loi-cadre N° 99-12
portant charte nationale de l’environnement et du développement durable, décret relatif à la
police de l’environnement, Biodiversité, instruments de protection,….. Ainsi, l’institution
juridique propose des normes et des référentiels permettant de situer la responsabilité sociétale
de l’établissement.

3. La phase exploratoire

Notre démarche d’investigation s’inscrit dans le paradigme positiviste aménagé et


emploie une approche exploratoire de nature qualitative. Pour le besoins de l’étude et en vue
d’une meilleure compréhension du phénomène étudié nous avons commencé par une phase
exploratoire visant à explorer la réalité de la pratique RSO dans les établissements publics.

Les contributions empiriques relatives aux pratiques RSO dans les établissements
publics marocains sont limités et récents. La nature exploratoire de notre travail permet de
décrire la réalité du phénomène étudié. En outre, la rareté des études sur la pratique RSO dans
les établissements publics justifie la réalisation d’une étude exploratoire. Il devient alors
nécessaire de s’immerger dans le terrain de recherche et d’entrer en interaction avec les acteurs.

423
La banque Européenne : La reconstruction et le développement : Stratégie pour la Maroc, p, 42. 192
En effet, c’est par ‘un va-et-vient constant entre la littérature et le terrain que l’on sera en mesure
de maitriser et d’appréhender de façon cohérente et clair notre objet de recherche’424.

Nous avons pour cela conduit une étude auprès d’un échantillon restreint, composant 30
cadres et responsables appartenant à diverses catégories des établissements publics marocains.

3.1 Pré-test

Pour le cas de notre enquête, une phase de pré-test nous a permis d’apporter les
modifications nécessaires et de valider les items à retenir, auprès d’échantillons séparés. A ce
titre, nous nous sommes assurés de la fiabilité des entretiens semi-directifs, à travers la
vérification de deux éléments essentiels; d’une part que les sujets-sources détenaient bien les
informations que nous souhaitions collecter, et d’autre part que la formulation des questions
était claire et sans équivoque. Dans ce sens, ces pré-tests ont permis d’apporter des
modifications qui ont été prises en compte dans la version finale du guide d’entretien. La
validité, en général, n’a pas de fondement empirique et s’appuie surtout sur des jugements425.

Cette étape menée a permis d’apporter quelques éléments d’informations sur le contexte
général des établissements publics au Maroc. Tout de même, cet exercice nous évitera d’être
trop ‘abstrait’ et ‘littéraire’. Les entretiens exploratoires ont permis de découvrir de nouvelle
manière de poser le problème ou mettre en lumière des aspects du phénomène étudié qui nous
ont échappés.

424
Meyssonnier Rébiha : L’attachement des salaries à leur entreprise, ses déterminants et ses conséquences. Le 193
cas des ingénieurs, 2005, thèse de doctorat Université Paul Cezanne, Aix Marsaille III, p, 205.
425
Drucker-Godard, Ehlinger, Sylvie et Grennier, Corinne: Validité et fiabilité de la recherché’, in Méthodes de
recherche en management, Thiétart, R.A et coll, 2007, Dunod, 3éme, éditions
Figure 24: la démarche d’investigation selon Royer et Zarlowsli426

3.2 Description du guide

Nous nous sommes appuyée sur le guide d’entretien validé pour conduire les entretiens
semi-directifs, selon Blanchet et Gotman (1992) ‘l’entretien est l’outil de prédilection de la
phase exploratoire d’une enquête dans la mesure où (…) il est lui-même un processus
exploratoire’ ; de même ‘il s’impose chaque fois que l’on ignore le monde de référence, ou que
l’on ne veut pas décider à priori du système de cohérence interne des informations recherchées
(…). Les entretiens exploratoires ont pour fonction de mettre en lumière les aspects du
phénomène auxquels le chercheur ne peut penser spontanément et de compléter les pistes de
travail suggérées par ses lectures’ 427 . Chaque entretien s’est déroulé au sein-même d’un
établissement public marocain. Les entretiens, d’une durée de 30 minutes à 1 heure ont été tous
transcrits manuellement. A la suite de quoi nous avons procédé à une analyse de contenu afin
de mettre en lumière les pratiques réelles existées dans les établissements publics marocains.

426
Royer, I. et Zarlowski, P : Le design de la recherche, in Méthodes de recherche en management, Thiétart, R.A. 194
et coll. : Dunod, 2003, 3ème, éd, p, 170.
427
Blanchet Alain et Gotman Anne : l’enquête et ses méthodes : l’entretien, 2005, Armand Colin, Paris.
En effet, les entretiens ont fait l’objet d’une prise de note systémique, permettant de
mettre en exergue les éléments forts du discours et assurer une meilleure appropriation des
données. De même, un compte rendu synthétique d’entretien a systématiquement été réalisé.

Notre guide d’entretien comporte quatre axes, soit un premier axe pour recueillir des
informations générales sur le concept, et trois autres axes sur l’engagement social,
environnemental et légal de la pratique RSO.

AXE I : Perceptions et Connaissances générales sur le concept RSO, sans oublier une partie
introductrice, demandant l’Age, le genre, la catégorie professionnelle et la fonction assurée par
l’interviewée.

AXE II : Engagement social de l’établissement : à savoir les conditions de travail, la formation,


la GPEC, les risques psychosocial… ;

AXE III : Engagement environnemental : traitant la politique environnemental, des plans


d’action et des instruments pour améliorer la performance environnementale

AXE IV : Démarche réglementaire : la mise en pratique du système de normalisation,


l’élaboration des rapports d’audit, le choix des prestataires et des sous-traitants

4. Présentation des établissements étudiés :

Nos travaux de recherche résident dans l’exploration et la description des pratiques réelles des
établissements marocains du secteur public. L’étude qualitative repose alors sur l’analyse du
contenu et de l’environnement de travail des employées des établissements publics pouvant
nous aider à décrire le cadre général de cette pratique. Nous avons à ce titre, collecté les données
auprès des employées des établissements présentés par la suite, en suivant l’ordre alphabétique.

Dans le cas de notre recherche nous nous engageons à garder l’anonymat et la confidentialité
dans le traitement des données car la transparence ne fait que renforcer « l’empathie, la
sensibilité, l’humeur et la sincérité qui sont des outils importants dans une recherche dite
qualitative »428.

428
Guillaume Robaa : Le décalage entre la communication sociétale et les pratiques de l’entreprise : le cas de 195
l’intérim, 2016, Institut d’administration des entreprises de Toulon, p, 138.
L’accès aux sources de données est très compliqué dans le cas d’une étude qualitative et cela
peut nécessiter l’obtention d’autorisations. Dans le sens où, la collecte de données requiert une
autorisation des responsables des établissements pour interroger leurs employés et explique
l’objectif de nos recherches préalables de la part du chercheur. Pour ce fait, nous allons les
présenter selon l’ordre alphabétique.

4.1 Etablissement A : l’établissement du transport

Le premier terrain de recherche concerne un établissement public à caractère industriel et


commercial (EPIC). Il a pour objectif d’assurer les meilleures conditions de transport à savoir
la sécurité, le confort, la régularité, et le développement durable. De même il veille sur la
réalisation des études, la construction des nouvelles lignes de transport et l’exploitation de
toutes les entreprises se rattachant directement ou indirectement, à l’objet de l’établissement.

Pour accomplir convenablement la mission de l’établissement et mieux satisfaire ses parties


prenantes, les collaborateurs de l’établissement partagent dans leurs actions au quotidien les
cinq valeurs suivantes :

 La sécurité
 L’excellence
 La transparence
 La rigueur
 L’engagement

4.2 Etablissement B : établissement éducatif

Le deuxième cas d’étude, vise un établissement public à caractère scientifique culturel et


professionnel (EPSCP) doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Il est soumis
à la tutelle de l’Etat. Cet établissement est chargé de la mise en œuvre de la politique éducative
et de formation, compte tenu des priorités et des objectifs nationaux établis par l’autorité de
tutelle.

196
A ce titre il a pour mission :

 Elaborer un projet de développement de l’établissement conformément aux orientations


et objectifs nationaux, tout intégrant en matière pédagogique les spécificités et les
données socioéconomiques et culturelles régionales ;
 Etablir avec les parties concernées, les cartes éducatives prévisionnelles régionales ;
 Etablir le programmes prévisionnel pluriannuel des investissements relatifs aux
établissements d’éducation et de formation sur la base de la carte éducative
prévisionnelle ;
 Définir les opérations annuelles de construction, d’extension, de grosses réparations et
d’équipement des établissements d’éducation et de formation ;
 Veiller au contrôle sur les lieux, de l’état des établissements d’éducation et de formation,
de la qualité de leur entretien et de la disponibilité des moyens de travail nécessaires ;
elle doit à cet effet intervenir immédiatement pour corriger toute anomalie entravant le
bon fonctionnement des établissements précités et de leurs équipements, ou qui porte
atteinte à leur environnement, à leur esthétique ou à leur climat éducationnel ;
 De fournir des services dans tous les domaines d’éducation et de formation.

4.3. Etablissement C : établissement Immobilier

Le présent établissement né de la volonté de l’Etat afin de mettre en œuvre la politique de l’Etat

en matière d’habitat et de développement urbain. Il assure ses différentes missions grâce à une

présence sur l’ensemble du territoire national à travers ses représentations.

La mission de l’établissement vise cinq axes majeurs :

 Engagement professionnel

 Transparence et intégrité

 Respect au quotidien

 Esprit d’équipe

 Responsabilité en tous lieux et occasions

4.4 Etablissement D : établissement hospitalier

197
Cet établissement a pour objet d’assurer le respect, par ses organes compétents, des dispositions
de loi, notamment celles relatives aux missions à l’application de la législation et de la
réglementation concernant les établissements publics.

L’établissement à pour mission :

 De dispenser les soins médicaux ;


 De participer à l’enseignement clinique et pharmaceutique et à la formation du
personnel para-médical ;
 D’effectuer des travaux de recherche médicale, dans le strict respect de l’intégrité
physique et morale et de la dignité des malades ;
 De concourir à la réalisation des objectifs fixés en matière de santé publique par l’Etat.

4.5 Etablissement E : établissement social

Bénéficiant toujours de la personnalité morale et l’autonomie financière, l’établissement doté


d’attributions précises orientées principalement vers l’accompagnement des bénéficières dans
les domaines de la formation, l’information et l’appui juridique.

Cet établissement est chargé de :

 Approbation des demandes de validation des dénominations;


 Tenir le registre central des bénéficiaires ;
 Accompagnement dans les domaines de la formation, de l’information et de
l’assistance ;
 S’assurer que les bénéficiaires et leurs unions sont gérés conformément à la législation
en vigueur ;
 Collecter et diffuser la documentation de l’information relative aux bénéficiaires ;
 Etudier et proposer toutes les réformes législatives ou réglementaires.

4.6 Etablissement F : établissement foncier

198
Le présent établissement exerce, pour le compte de l’Etat, les attributions accordées par la
législation et la réglementation en vigueur à la puissance publique en matière de la conservation
et l’immatriculation de la propriété foncière. Il est chargé de:

 L’immatriculation de la propriété foncière et la conservation du cadastre national en


concertation avec les administrations et organismes concernés ;
 La publicité et la conservation des droites réels et des charges foncières affectant les
propriétés immatriculées ou en cours d’immatriculation ;
 L’élaboration des cartes thématiques et la réalisation des travaux d’infrastructure de
base, relatifs aux réseaux géodésiques et nivellement ;
 L’effectuation des travaux de recherche et de développement des mesures relatives aux
structures foncières des exploitations agricoles.

4.7 Etablissement G : établissement d’aménagement et d’urbanisme

L’établissement d’aménagement et d’urbanisme est un établissement public, doté de la


personnalité morale, est soumis au contrôle financier de l’Etat applicable aux établissements
publics. Afin de réaliser sa mission et atteindre ses objectifs, l’établissement vise :

 La réalisation des études nécessaires et la préparation des plans d’aménagements et les


plans de développement ;
 Le contrôle de conformité des lotissements, des groupes d’habitations et construction
en cours de réalisation avec les dispositifs législatives et réglementaires ;
 La réalisation des opérations de réhabilitation urbaines, de rénovation immobilier et de
restructuration et fournir l’assistance technique aux collectivités locales en matière
d’urbanisme et d’aménagement ;
 La valorisation de l’approche citoyen/ client, et la promotion du développement des
territoires, tout en intégrant et considérant la dimension environnementale et les
impératifs du développement durable.

4.8 Etablissement H : établissement financier

199
Ce champ d’étude concerne un établissement à travers lequel transite l’ensemble des flux
financiers et comptable de l’Etat et des collectivités locales. Il vise la modernisation dont la
vision stratégique et sous-tendue par deux objectifs fondamentaux à savoir :

 La contribution à l’amélioration substantielle de la gestion des finances publiques ;


 L’amélioration du service rendu aux clients et partenaire.

Il assure aussi :

 La prise en charge des ordres de recettes au titre du budget général de l’Etat, des budgets
annexes et des comptes spéciaux du Trésor;
 La centralisation des prises en charges et des recouvrements au titre des amendes et
condamnations pécuniaires;
 La gestion des comptes de prêts et d’avances accordées par le trésor et de «fonds de
roulement» consentis par des organismes de financement des projets publics;
 L’élaboration des statistiques concernant la situation du recouvrement de créances
publiques.

5. Analyse des données

Pour analyser les réponses, nous avons regroupé les questions similaires, en analysant les
données dans l’ordre chronologique des questions posées. Il nous semble essentiel d’expliciter
chaque question puis de faire une synthèse générale.

I- Connaissance de la Responsabilité Sociétale des organisations

Sur la question, de la connaissance et de la maitrise de la RSO. Nous avons demandé aux


cadres s’ils ont déjà entendu parler de ce concept.

Les réponses ont été disparates avec une tendance générale vers le « oui » (23 réponses sur
30). A travers cette question, nous avons cherché à découvrir le degré de connaissance des
employés des établissements marocains de la Responsabilité sociétale des organisations.

Pour les répondants de l’établissement du transport, nous avons constaté que la RSO n’est
pas totalement utilisée. Cependant nous relevons également que les cadres de cet établissement

200
sont plus familiers avec ce concept. Pourtant, il existe des interviewés qui ne connaissent pas
du tout la RSO.

Pour les interviewés de l’établissement hospitalier nous avons constaté qu’il y a une
méconnaissance du concept, ceci peut s’expliquer par l’absence des moyens favorisant sa
diffusion, tels que les séminaires, les formations…

La même question posée, aux responsables de l’établissement financier, montre que les
réponses sont généralement favorables. Du fait que, la grande importance accordée
dernièrement par le Maroc au développement durable spécifiquement après la conférence des
parties prenantes de la convention cadre des nations unies sur les changements climatiques
(COP22).

De même, les répondants de l’établissement d’urbanisme expriment une connaissance


moyenne de ce nouveau concept. Puisque, l’établissement travail sur des projets dans ce cadre.

En ce qui concerne les répondants de l’établissement immobilier et foncier la RSO est


fréquente, à travers à la fois des sources internes et externes. Les responsables de cet
établissement ont conscient de l’importance d’impliquer cette pratique.

Pareil pour l’établissement social, les interviewés ont confirmé la connaissance de la RSO.
Pour eux, la pratique RSO représente plus au moins le domaine de travail de cet établissement.

Nous remarquons donc que la majorité des réponses sont favorables, mais elles restent
incomplètes et très peu fouillées. C’est ainsi que nous constatons que les établissements publics
ont pu entendre parler de la RSO à travers différentes sources.

II- Intérêt et Apport de l’intégration de la RSO

Ces établissements sont-ils intéressés par l’application de la RSO ? La majorité des


interviewés constitués de cadres considèrent que ce concept est intéressant et bénéfique pour
leurs établissements (25 réponses sur 30).

Suite à cette position, nous pourrions nous attendre à une adhésion à ce concept dans la
stratégie des établissements. Pourtant, les réponses données spécifiquement par quelques
directeurs contredisent les réponses des cadres, vu le cadre légal et réglementaire qui régit les
entités publiques. Les réponses ont été grosso modo homogènes, avec une tendance générale

201
vers le oui (18 sur 20), tandis que les justifications des interviewés peuvent sembler disparates
et complémentaires à la fois.

A ce propos les répondants de l’établissement éducatif, favorise l’intégration de la RSO


dans la stratégie managériale de l’établissement. De même, certains répondants précisent que
la RSO est une conviction ; d’autres voient que ce concept permet de résoudre les problèmes
internes et externes à l’établissement.

Pour les cadres de l’établissement du transport, la RSO permet la protection de


l’environnement et la mobilité durable ainsi que la mise en place d’une démarche de l’efficacité
énergétique. En effet, cette pratique est perçue comme durable contribuant indirectement à une
revalorisation de l’image de l’établissement.

De plus, les interviewés de l’établissement d’urbanisme expriment que cette pratique


contribue à assurer un aménagement durable qui répond aux normes écologiques. Afin de mieux
répondre aux attentes de ses clients, l’établissement doit s’engager dans une démarche RSO.

Les responsables de l’établissement financier sont intéressés par l’intégration de la RSO


dans le sens où cette pratique permet :

 l’adaptation à l’évolution de l’environnement ;


 la satisfaction des besoins et attentes des usagers ;
 La réponse à la demande du personnel ;
 la résolution des problèmes internes et externes de l’établissement ;
 l’amélioration de l’image de marque de l’établissement.

Par ailleurs, les répondants de l’établissement social sont persuadés que l’apport de son
intégration permet l’insertion sociale des bénéficiaires. Dans le sens où, elle constitue une
valeur ajoutée indéniable dans le cadre d’un management efficace du changement.

Alors que pour les cadres de l’établissement foncier, la RSO permet la satisfaction des
besoins internes et attentes des usagers. Le respect des normes écologiques devient une
nécessité dans le domaine foncier.

En réponse à la même question, les répondants de l’établissement hospitalier accordent


beaucoup d’importance à cette pratique pour la principale raison et que le top management de
cet établissement veille à améliorer les conditions de travail et aussi à atteindre la qualité et
l’efficacité des services rendus aux citoyens.

202
III- Les pratiques de la Responsabilité Sociétale des organisations

Dans le cadre de l’étude de la connaissance des pratiques de la RSO et en réponse à la


question posée sur les pratiques adoptées pour mettre en œuvre la RSO, nous remarquons une
méconnaissance moyenne de la grande majorité des établissements étudiés. Sa connaissance
reste l’apanage d’une faible minorité (15 réponses sur 30).

Au terme de cette question, les répondants de l’établissement social reflètent une


méconnaissance moyenne des pratiques de la RSO. D’ailleurs, nous avons remarqué que cet
établissement exerce implicitement les pratiques de la RSO, notamment en ce qui concerne
l’investissement socialement responsable. Cette pratique consiste immédiatement à intégrer des
critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.

Toujours dans la même veine, nous avons constaté que les interviewés de l’établissement
financier partage la même réalité, en raison qu’ils connaissent seulement quelques pratiques
dans ce sens. En effet, la non-maitrise du concept RSO constitue le problème central de notre
étude.

A cet égard, les réponses de l’établissement immobilier sont plus au moins favorables ;
dans la mesure où le top management de l’établissement est en train de préparer un code
d’éthique, et de faire un Reporting social et environnemental sur les impacts environnementaux
et sociaux ; tout en intégrant la dimension de développement durable dans leurs projets
immobiliers.

Par ailleurs, les répondants de l’établissement du transport connaissent quelques pratiques


y compris celles adoptées par l’établissement pour mettre en œuvre la RSO :

- Les codes de conduite : la contribution au développement durable y compris à la santé


au travail et au bien-être de la société ;
- ISR : lutte contre les changements climatiques…

Alors que, les interviewés de l’établissement éducatif, ont démontré une connaissance
moyenne des pratiques de la RSO, en se dotant des codes de conduite ainsi que d’autres
pratiques durables qui entrent dans le cadre environnemental.

203
Egalement, nous avons remarqué que le niveau de connaissance des pratiques de la RSO
chez les répondants de l’établissement hospitalier est moyenne, ceci peut être expliqué par le
manque d’informations sur le concept et par la faible volonté du top management d’aller dans
le sens de son appréhension.

VI- Perception de la Responsabilité Sociétale des Organisations

La RSO se représente différemment chez les établissements étudiés ; du fait que les
interviewés de l’établissement éducatif croient que la RSO est une conviction. Cet
établissement explique que la mentalité des dirigeants marocains doit être changée pour
accepter ce genre de changements et vieller sur les meilleures conditions de travail.

En réponse à cette question, les répondants de l’établissement du transport perçoivent la


RSO comme, d’une part, une conviction et d’autre part, un axe de communication. Selon la
même source, ce concept constitue aussi un contrat moral de progrès, prenant en compte,
notamment les exigences de l’environnement et la nécessité d’introduire, comme principes
prioritaires et majeurs de son action, les concepts de ‘mobilité’ et de ‘transport’ pour un
développement durable.

En procédant à la l’exploitation des réponses à la même question, nous avons constaté que
les cadres de l’établissement financier, considère la RSO comme une opportunité, une
conviction ainsi qu’un axe de communication.

Egalement, les répondants de l’établissement social partagent la même perception que le


précédent établissement. Du fait qu’ils perçoivent la RSO comme un pont vers un avenir
prometteur, et pour le pays et pour l’établissement.

Les interviewés de l’établissement hospitalier considèrent la RSO, avant toute chose,


comme étant une opportunité et une conviction. Cette dernière est essentielle afin de mieux
faciliter son intégration dans les entités publiques.

Les différentes réponses de l’établissement immobilier peuvent sembler complémentaires


et contradictoires à la fois. Complémentaires dans la mesure où la RSO constitue une
opportunité et contribue indirectement à une revalorisation de l’image de l’établissement et
contradictoires dans le sens où cette pratique est perçue comme une contrainte devant les
objectifs prioritaires de l’établissement.

204
Les répondants de l’établissement foncier considèrent que cette pratique est une
opportunité et une conviction afin que l’établissement puisse atteindre ses objectifs. Ils
expliquent que son intégration peut contribuer indirectement à une revalorisation de l’image de
l’établissement.

Aussi, les interviewés de l’établissement d’urbanisme confirment que l’intérêt de cette


conviction consiste à satisfaire les besoins internes et externes de l’établissement. Il s’agit d’une
démarche volontaire mais aussi obligatoire dans le sens ou elle peut conduire à apprendre à
travailler autrement.

I- Valorisation et bien être des employés

L’un des piliers principaux de la RSO consiste en la responsabilité sociale. Ce premier axe
permet de vérifier si ces établissements publics marocains s’intéressent à la valorisation et au
bien-être de ses travailleurs. Commençant par la prévention contre les risques psychosociaux :
Les réponses à cette question auprès de tous les établissements étudiés, sont majoritairement
positives (26 réponses sur 30).

La mise en place d’un plan d’action de prévention des risques psychosociaux (stress,
surcharge, discrimination, mal-être au travail…), est indispensable pour tous les établissements
étudiés. Les cadres de L’établissement éducatif ont clairement répondu qu’il veille à ce niveau
sur la mise en œuvre du code de travail marocain. En effet, le code du travail marocain à ce
propos précise les conditions de travail à savoir la santé et la sécurité au travail, la médecine du
travail et la durée du travail.

Les interviewés des établissements Immobilier, Foncier, d’urbanisme et hospitalier


expliquent pareillement, à travers leurs responsables, que leurs statuts juridiques publics les
obligent de suivre la loi à la lettre, notamment à ce niveau, le code du travail marocain.

La prévention des risques psychosociaux constitue un facteur très important pour les
responsables de l’établissement du transport. Ceci peut trouver une explication dans les
résultats espérés, à savoir l’adhésion et la motivation des employés, parce que selon eux les
employés constituent le vrai capital de l’établissement.

Egalement, les responsables de l’établissement financier ont met en place un plan


d’action de prévention des risques psychosociaux afin d’assurer l’adhésion, la motivation des

205
employés, ainsi que l’amélioration de l’image externe de l’établissement. De plus, la mise en
place de ce plan permet d’assurer la stabilité de l’établissement et l’amélioration des
performances.

Les responsables de l’établissement social veillent sur la prévention contre les risques
psychosociaux par la mise en place d’un plan d’action dans ce sens pour assurer le respect de
l’Homme et la motivation des employés.

La question suivante semble être importante pour un meilleur management des


ressources humaines de l’établissement. La gestion prévisionnelle des emplois et des
compétences est récemment intégrée dans les entités publiques notamment après la
promulgation de la nouvelle constitution marocaine de 2011. Les réponses reçues positives
peuvent s’expliquer par le programme de réforme et de modernisation des entités publiques
adopté par le pays.

Les établissements publics étudiés affirment sans exception l’existence et l’importance


de cet outil dans leurs établissements. Selon eux, la GPEC est primordiale et bénéfique sur
plusieurs niveaux à savoir : le recrutement, la rémunération, la formation, la mobilité…etc.

Ces établissements établissent-ils des plans annuels de formation ? La formation


continue constitue une initiative de valorisation et de bien-être au travail. Les employés des
établissements concernés par cette étude ont répondu favorablement à cette question (18 sur
18).

La formation est un levier stratégique de management des ressources humaines vu


l’évolution rapide que connaît le secteur en matière juridique, technologique et
environnemental. En effet, la formation continue est perçue comme un élément de motivation,
voire de récompense au profit des employés.

Nous constatons ainsi que tous les établissements étudiés programment des thèmes qui
relèvent de la mission principale de l’établissement, tels les thèmes techniques, juridiques et
réglementaires, reléguant la RSO à la dernière place en réservant rarement une petite place
pour les thèmes qui s’y rapportent.

IV- Utilisation des outils de la RSO

206
Un autre élément semble intéressant pour établir une politique RSO transparente et fiable.
Il s’agit de la charte déontologique ou le code d’éthique. Cet outil fondamental pour
l’instauration des principes de la RSO dans l’établissement. La mise en place de cette charte est
grandement difficile dans une entité publique. La plupart des répondants des établissements
étudiés affirment ne pas les utiliser (25 réponses sur 30).

Les répondants de l’établissement financier affirment la possession d’une charte d’éthique


réalisée par un comité de l’établissement dont les principaux axes sont développés ci-après.
Une large campagne de communication, à travers des facilitateurs, a touché l’ensemble des
postes du Royaume.

Tous les autres établissements étudiés confirment l’absence d’une charte ou d’un code
déontologique qui regroupe les valeurs partagées par les employés de l’établissement. En
revanche certains répondants indiquent l’existence d’un code marocain de bonnes pratiques de
gouvernance des entreprises et établissements publics.

Dans le cadre des outils de la RSO, Audit et contrôle de gestion est indispensable pour le
développement et la pérennité de l’établissement. La majorité des réponses à ce propos sont
favorables et enregistrent un avancement dans ce sens (28 réponses sur 30).

L’établissement immobilier a un comité d’audit pour concevoir une vision globale quant
à la stratégie d’intervention de l’établissement, son mode de fonctionnement et surtout son
évaluation. Selon les répondants, il se charge d’en apprécier l’élément moteur qui est le risque
lui-même, ce qui le renvoie à la qualité du contrôle interne. C’est-à-dire qu’il doit donner
l’exemple dans l’un des secteurs les plus sensibles et les plus confrontés aux problèmes de
gestion et de respect des normes et des standards.

Les cadres de l’établissement hospitalier expliquent que le service d’audit et contrôle de


gestion exécute des tâches relatives au contrôle interne, à l’audit interne, au contrôle de gestion
et au management de la qualité. Il consiste à évaluer par une approche systématique et
méthodique, ses processus de management des risques, de contrôle et de gestion et en faisant
propositions pour renforcer leur efficacité.

Les responsables de l’établissement financier ont élaboré une charte d’audit, qui fixe les
aspects d’ordre organisationnel et la ligne de conduite à tenir dans les missions d’audit interne.
A ce titre, elle retient les exigences clés des normes de qualification de l’Institute of Internal
Auditors (IIA) notamment celles qui se rapportent aux conditions d’objectivité et de

207
professionnalisme devant caractériser l’intervention des auditeurs, tout en tenant compte des
normes internationales et des dispositions du code de déontologie élaboré par l’établissement
et l’institut.

Pour les cadres de l’établissement du transport, l’audit interne est un catalyseur de la


performance et d’excellence au sein de l’établissement. De telles missions d’audit interne ont
donné lieu à des plans d’action précis, élaborés par les audités. Leur mise en œuvre effective a
été rigoureusement suivie lors de missions de post-audit dans un souci de contrôle à posteriori
de conformité, de perfectionnement et de généralisation des bonnes pratiques.

Les comptes ou opérations de l’établissement d’urbanisme et d’aménagement sont


soumis à un audit annuel. Pour les responsables de cet établissement, les audits sont
obligatoirement réalisés sous la responsabilité de cabinets d’expertise autorisés à exercer au
Maroc. Ces derniers doivent assurer que les états financiers donnent une image fidèle du
patrimoine, de la situation financière et des résultats de l’établissement.

Dans le même cadre, les interviewés affirment que l’unité régionale d’audit de
l’établissement éducatif entreprendra les tâches suivantes :

 Audit et évaluation des intérêts de l’établissement ;


 Coordination, communication et suivi avec le médiateur ;
 Coordination avec le conseil régional des comptes et d’autres inspections régionales ;
 Développement du contrôle interne et présentation des suggestions et des
recommandations pour améliorer les performances ;
 Contribution à l’élaboration des normes et des mécanismes qui augmenteraient
l’efficacité des deux mesures financières et administratives de l’établissement ;
 Suivi et contrôle de l’utilisation du matériel disponible pour l’établissement ;
 Préparation de la charte d’audit interne de l’établissement tout en le mettant à jour
constamment.

A ce propos, les cadres l’établissement social assurent réaliser des audits et contrôles
réguliers, cette mission est effectuée en étroite coordination avec les représentants des autorités
locales et des services techniques concernés.

208
Les réponses à cette question sont généralement favorables. Les cadres de l’établissement
foncier soulignent qu’ils disposent de deux départements d’audit interne et de contrôle de
gestion, dont l’objectif ultime d’atteindre des objectif escomptés par l’établissement.

VII- Connaissance des principes de la RSO

Parmi les objectifs de la politique RSO, nous signalons la lutte contre toutes les formes de
discrimination. La non-discrimination au travail et dans l’accès à l’emploi figure au cœur
même du principe fondamental d’égalité. En effet, la diversité devient une catégorie
managériale de gestion des inégalités. Nous notons que tous les répondants donnent un avis
négatif sur cet élément. Cette ignorance peut être liée, d’une part à la culture et à la mentalité
marocaine surtout dans une sphère publique, et d’autre part à un concept qu’on qualifie de
‘questions sensibles’, considérant, certainement à tort, qu’il convient de ne pas y en discuter.

Certains répondants attestent que cette question est très peu abordée dans leurs
établissements et même dans toutes les entités publiques. Ainsi, le porteur de plainte peut
s’adresser au représentant du personnel afin de trouver un terrain d’entente. Aussi les
interviewés de l’établissement du transport, assurent qu’aucun cas de discrimination n’a été
enregistré et que ce problème n’a jamais été évoqué.

En effet, les répondants de tous les établissements étudiés confirment la discrimination sous
toutes ses formes, mais c’est un sujet encore tabou dans la sphère publique marocaine.
L’encadré qui suit affirme que cette question de genre n’est pas encore assimilée est intégrée
dans le programme de développement au Maroc :

209
Encadrée : les chiffres du projet de la loi des finances confirment la difficulté de la parité429

Concernant le respect du dialogue, tous les établissements ont répondu positivement à cette
question. Ce volet est très important pour tous les répondants des établissements étudiés. Ceci
peut s’expliquer par la demande des employés en la matière et la volonté de la direction générale
d’y répondre afin de respecter ce droit tout en évitant de perturber la continuité de service (30
réponses sur 30).

Tous ces établissements étudiés nous ont affirmé que la loi donne toute la liberté aux employés
de l’établissement de s’adresser aux représentants des employés pour soulever les différents
problèmes et difficultés confrontés. A ce propos le dahir du 14 juillet 1963 établit un statut type
pour les établissements d’état stipulant dans sa quatrième partie, des dispositions relatives à la
représentation des employés430.

Egalement, les employés de ces établissements sont entièrement libres d’adhérer au travail
associatif. Pour eux, le droit de constitution d’association est absolu, et ne doit dépendre que
de la bonne volonté du personnel.

429
Bureau Indépendant d’Evaluation du FEM : Evaluation du portefeuille de pays : Maroc (1997-2015), 2016, 210
Global Environment Faciliy, p, 57.
430
Conseil national de la jeunesse et de l’avenir : le dialogue social au Maroc, édité avec la participation de la
Fondation Friedrich EBERT, p, 117-118.
VIII- Promotion de la responsabilité environnementale

Le volet environnemental est l’un des piliers centraux de la RSO, la raison pour laquelle
nous avons consacré tout un axe aux questions sur la responsabilité environnementale des
établissements publics étudiés. Notons que les réponses sont plus au moins positives (15
réponses sur 30).

Les établissements étudiés sont-ils engagés dans une politique de développement durable ?
Tous les répondants estiment avoir conscience de l’importance de ce facteur. A ce propos, les
interviewés de l’établissement Immobilier précisent qu’ils travaillent avec un plan de gestion
environnementale tout en exigeant le respect des normes dans leurs projets immobiliers. Les
répondants affirment que la notion de responsabilité constitue un pilier de son fonctionnement,
de plus cet établissement adhère à la charte nationale de l’environnement et du développement
durable formalisée dans la loi-cadre N° 99-12 adoptée par le parlement en février 2014.

Les répondants l’établissement du transport assurent leur contribution au développement


durable y compris sa contribution à la santé et au bien-être de la société. Cet établissement
s’inscrit dans une démarche de co-développement, de plus, il a mis en œuvre une politique
exigeante de conduite des travaux et de maîtrise des impacts des chantiers sur l’environnement,
à travers, notamment un suivi rigoureux des sites.

Dans le même sens, les cadres de l’établissement éducatif démontrent une attitude positive
envers cette question, du fait que l’établissement organise des communications
environnementales afin de permettre aux générations futures d’acquérir une meilleure
compréhension de notre environnement et d’induire une meilleure relation à la nature pour des
populations urbaines de plus en plus éloignées de celle-ci.

Les responsables de l’établissement foncier se basent dans leur travail sur un système
foncier qui constitue un facteur de développement social et économique durable.
L’établissement vise notamment la conservation et le développement d’un espace vert de
qualité, tout en s’affichant comme l’axe prioritaire de réflexion et le fondement d’une réponse
architecturale, technique et environnementale cohérente. De même, l’engagement
environnemental s’est traduit par trois thèmes majeurs : l’approche environnementale du
territoire, la performance de l’enveloppe des bâtiments et l’efficacité énergétique du projet.

211
Au-delà des affichages ou des dispositifs législatifs, les cadres de l’établissement
d’urbanisme favorisent la prise en compte de l’environnement dans ses projets d’aménagement
et d’urbanisme du territoire.

Les responsables de l’établissement hospitalier sont engagés dans une démarche de


développement durable qui est devenue une pierre angulaire de cet établissement. Les
répondants expliquent que l’établissement renforce sa politique du management durable afin de
répondre aux défis de protection de l’environnement, du progrès social et de l’efficacité
économique. De plus, l’établissement a même créé un comité dénommé : comité de
développement durable.

Les cadres de l’établissement social s’intéressent également à cette politique en allouant


des espaces pour certaines institutions de développement, des organisations de la société civile,
des universités et des coopératives pour mettre en évidence le rôle qui pourrait être joué par les
différentes parties qui partagent les préoccupations liées à la protection de l’environnement.

En procédant à l’exploitation des réponses sur ce volet, la prochaine question consiste à


mettre en lumière les initiatives mises en place par les établissements publics étudiés en matière
de la promotion de l’environnement. L’intérêt de cette question consiste à savoir les différentes
contributions des établissements publics marocains pour la préservation de l’environnement.

Les cadres de l’établissement du transport ont préparé des expositions itinérantes ouvertes
à tous les publics, l’objectif étant de sensibiliser et de mobiliser les citoyens acteurs pour
préserver notre planète. De plus, l’établissement veille sur la protection de la biodiversité sur le
chantier, tout en comparant les sites avant et après la mise en service.

Les responsables de l’établissement immobilier ont mis en place un plan d’action qui vise
la mise en conformité de l’établissement avec la réglementation de la bonne pratique,
l’évaluation et la réduction des impacts environnementaux et sociaux de l’établissement, ainsi
que l’amélioration de la communication avec les clients.

L’établissement d’urbanisme et d’aménagement appartient à un secteur stratégique qui


est une locomotive du développement durable. Cet établissement est un axe fondamental de la
préservation de l’environnement, qui constitue un prérequis essentiel du développement, et un
mécanisme efficace de rationalisation des interventions publiques et d’encadrement du
développement urbain et économique. A cet effet, les responsables de cet établissement ont mis
en place une charte d’aménagement du territoire et du développement durable et même une loi

212
qui définit les dispositions réglementaires et procédurales liées aux mécanismes et aux
instruments régissant la mise en œuvre des orientations de la politique nationale en matière
d’aménagement du territoire et de développement durable.

Les interviewés de l’établissement foncier affirment que la responsabilité pour un


développement durable étant inscrite parmi les valeurs phares de l’établissement, la conception
architecturale et technique de la construction a donc suivi un concept énergétique global. Les
performances énergétiques de l’enveloppe du bâtiment et des équipements de traitement
climatique permettent de limiter la demande en énergie primaire. A ce propos, la performance
environnementale vise le principe constructif pressenti pour réaliser l’enveloppe du bâtiment
adaptée au soleil résultant d’une adéquation entre la limitation des besoins en éclairage et la
limitation des besoins en refroidissement (protection contre le rayonnement solaire). Ainsi, les
façades restent suffisamment vitrées pour laisser pénétrer un maximum d’éclairage naturel
(vitrage toute hauteur).

La stratégie de l’établissement hospitalier dans ce sens vise le traitement de déchets


d’activités de soins à risques infectieux (Dasri)431. Ce projet ‘écoresponsable’ consiste en la
sauvegarde de la santé et la préservation de l’environnement. Il va concourir au renforcement
de la responsabilité écologique et environnementale de l’établissement. Pour son impact sur la
santé et sur l’environnement, l’établissement explique son objectif principal qui est d’avoir un
hôpital ‘vert’ qui respecte l’environnement et assure le contrôle et le suivi des déchets médicaux
dans toutes les phases, de la production au traitement.

Les répondants de l’établissement social favorisent des projets économiquement rentables


et socialement responsables, répondant à des besoins collectifs, créant de l’emploi et de la
richesse, et sans impacts négatifs sur l’environnement. L’établissement a mis en place des
programmes qui favorise les activités qui tiennent compte de la protection de l’environnement.
De plus, l’établissement a participé à des manifestations sur les changements climatiques. Cette
manifestation a été organisée sous forme de conférences, ateliers thématiques, expositions,
interventions, dans le cadre des rencontres régionales (précop) en préparation de la cop22 à
Marrakech et visent l’implication des acteurs locaux et régionaux (les collectivités territoriales,
les associations, les acteurs privés, les médias, les universitaires et les citoyens) dans l’intérêt

431
Les risques sanitaires associés aux Dasri sont principalement d’ordre infectieux et mécanique même si le risque 213
psycho-émotionnel ne doit pas être négligé.
commun de la protection de l’environnement. Des conventions ont été signées pour le même
objectif tout en adoptant la charte nationale de l’environnement.

Les interviewés de l’établissement financier à leur tour affirment que les textes à caractère
financier intègrent le critère environnement dans leur dispositions (marchés publics, lois
organiques…). La sensibilisation sur les enjeux est devenu une nécessité puisque d’ordre légal
et réglementaire. En plus, l’établissement a même enchainé des colloques sur les finances
publiques et la protection de l’environnement au Maroc et en France.

IX- Système de normalisation et de certification dans les établissements publics

Ce dernier pilier a pour objectif de savoir si les établissements publics s’intéressent aux
normes et aux certifications en matière de management de qualité et management de
l’environnement, ou toute autre norme ou référentiel se rapportant à la RSO. Les réponses à
cette question ont été disparates.

Les répondants de l’établissement social affirment avoir des certifications et des labels
consolidant leurs activités. L’établissement aussi coopère avec des associations étrangères dans
différents domaines, à titre d’exemple l’établissement se charge de la certification des produits
alimentaires.

Dans le cadre de la modernisation des activités et des pratiques managériales de


l’établissement Immobilier, ce dernier vient de certifier son Système de Management de la
Qualité (SMQ), selon la norme ISO 9001 version 2015. Selon les répondants, cette norme
renforce le lien fondamental entre la qualité et la stratégie de l’établissement, et pousse celle-ci
vers davantage d’excellence opérationnelle et vers l’amélioration de son capital confiance
auprès de toutes les parties prenantes. Un des changements majeurs de cette nouvelle version
consiste à élargir son champ d’application, en s’intéressant aux besoins et attentes de certaines
parties intéressées, et en engageant une ouverture aux démarches de la RSO.

Dans le même cadre de normalisation, les interviewés de l’établissement d’urbanisme et


d’aménagement ont déclaré obtenir la norme ISO 9001 version 2008 afin de piloter son
organisation et satisfaire aussi bien ses clients que la réglementation qui la concerne. A cet effet,
la mise en pratique d’un système de management de la qualité dynamique et pérenne, aboutit
inexorablement à des changements du son mode du fonctionnement. De même, l’établissement

214
est en train de mettre en place une assise afin de préparer l’avènement de la responsabilité
sociétale de l’établissement et ce, en intégrant les préoccupations sociales, environnementales,
et économiques dans ses activités selon la norme ISO 26000.

Les responsables de l’établissement du transport, affirment que conformément à son


engagement de procéder à des achats responsables au service de la mobilité durable, a intégré
de nouveaux critères environnementaux et sociaux dans son processus ‘Achats’. cette démarche
vise à tenir en compte la politique RSO de l’établissement à travers une charte d’Achats
responsables, ainsi que des dispositions des normes internationales de la RSO et des Achats
responsables, à savoir la norme ISO 26 000 et la norme AFNORE NF X 50-135 (qui donnera
lieu à la future norme des Achats responsables ISO 20 400).

Les répondants attestent que l’établissement hospitalier a homologué en 2003, à travers le


service de la normalisation et de la promotion de la qualité, un référentiel marocain aux
systèmes de management dans les secteurs de la santé. Il a aussi mis en place un système de
management de la qualité conforme à la norme ISO 9001 : 2008. De plus, la mise en place d’un
système de management qualité performant est l’une des priorités de l’établissement dont les
objectifs stratégiques majeurs sont :

 Instituer un système de certification des structures administratives, techniques et


logistiques;
 S’inscrire dans une démarche d’accréditation des services cliniques et médico -
techniques ;
 Intégrer les hôpitaux du CH H II dans le concours qualité ;
 Elaborer les manuels des procédures permettant une meilleure fiabilité du contrôle
interne et une transparence dans les opérations du CH H II ;
 Anticiper sur la démarche de gestion des risques432 en milieu hospitalier.

Pour encourager l’éducation durable des écoles marocaines, les responsables de


l’établissement éducatif s’engagent en coopération avec la fondation Mohamed VI pour
entraîner l’obtention progressive du certificat bronze, certificat argent, ou le label « pavillon
vert » délivrés par la fondation Mohamed VI pour la protection de l’environnement.

432
Selon la norme ISO 31000 relative au management du risqué-principes et lignes directrices, le management des 215
risques est un ensemble d’activités coordonnées dans le but de diriger et piloter un organisme vis-à-vis du risque
Les interviewés de l’établissement financier ont assuré la mise en place d’un système de
management de la qualité (SMQ) qui couvre tous les processus de l’activité bancaire de
l’établissement selon la norme ISO 9001. Ce système a pour objectif de consolider les acquis
et d’entretenir la modernisation et la professionnalisation de l’activité bancaire, autour d’une
démarche formalisée suscitant du personnel et dont l’aboutissement et la concrétisation a été la
certification selon la même norme.

X- Intégration de l’Investissement Socialement Responsable :

Les répondants affirment que l’établissement immobilier est l’un des premiers
investisseurs publics effectuant d’importants programmes d’investissement concernant la lutte
contre les bidonvilles et l’habitat insalubre, l’habitat social, la requalification urbaine et la
réalisation des zones industrielles.

La majorité des établissements étudiés affirme avoir programmé des investissements qui
contribuent au dynamisme économique, à la création d’emplois directs et indirects ainsi qu’au
développement d’un écosystème national.

Les responsables de l’établissement social ont ouvert des horizons porteurs pour créer des
projets économiques et sociaux qui concourent pour combattre la pauvreté, l’exclusion, et
l’intégration des petits producteurs dans le marché. Ces horizons qui se sont renforcés par
l’initiative nationale du développement humain (INDH). Dans ce cadre on peut mettre en
lumière la contribution socio-économique de ce secteur à travers :

 La création de projets générateurs de revenu permettant la lutte contre le chômage


par la création directe ou indirecte de postes d’emploi ;

 La contribution à la résorption de la pauvreté et à l’exclusion en améliorant les


conditions économiques et sociales des adhérents à cet établissement et leurs
familles ;

 L’émancipation de la femme marocaine notamment dans le milieu rural

 L’intégration des jeunes diplômés dans le monde du travail par la création


d’activités génératrices de revenus dans le cadre du même secteur ;

216
 La contribution à l’éradication du secteur informel à travers son encadrement au
sein de l’établissement ;

 La lutte contre l’analphabétisme, tout en veillant sur l’éducation et la formation de


diverses couches sociales notamment en milieu rural.

Section 3 :

Résultats de l’étude, recommandations et perspectives de recherche futures

217
1. Synthèse des résultats et conclusion sur les objectifs :

Notre analyse de contenu nous a permis, par une mise en perspective des nombreux
résultats générés, de répondre aux questions de notre guide d’entretien ; sans apporter de
réponse définitive sur l’engagement de toutes les pratiques de la RSO dans des établissements
publics. Les résultats analysés permettent alors d’éclaircir l’intensité de la présence des
pratiques de la RSO dans les établissements marocains.

Notre analyse nous a permis de constater les divergences de réponses des établissements
aux pratiques de la RSO notamment exercées par des établissements publics marocains. Nous
avons pu observer un seul niveau de réponse à cet égard, du fait que les établissements étudiés
sont en phase d’intégration partielle et non encore articulée à la stratégie globale et les supports
considérés.

1.1 Synthèse des résultats

L’insertion de la RSO dans les établissements publics marocains permet d’assurer le


développement du pays à l’échelle nationale et internationale. Pour ce qui est de la
performance sociale, l’objectif était l’amélioration des conditions de travail par la
responsabilisation des acteurs. Cet objectif a été atteint grâce à la formation continue, grâce à
la gestion des compétences, et aussi grâce à l’amélioration de la communication interne.

Après l’adoption d’une nouvelle constitution, le Maroc veille sur la mise en pratique des
droits humains reconnus universellement et le renforcement des droits et des libertés publics
dont le droit au travail décent. Par ailleurs, le pays ne cesse d’œuvrer pour la mise en conformité
de sa législation nationale avec les diverses normes internationales du travail.

Dans la même veine, la constitution marocaine de 2011 instaure à travers ses articles les
principes constitutionnels fondamentaux suivants :

 « Le droit à la vie est le premier droit de tout être humain (article 20) ;
 Le droit à la sécurité personnelle et à la sécurité des proches et à la protection des biens
(articles 21) ;

218
 Il ne peut être porté atteinte à l’intégrité physique et morale de quiconque, en quelque
circonstance que ce soit et par quelque personne que se soit, des traitements cruels,
inhumains, dégradants ou portant atteinte à la dignité (article 22) ;
 Le droit de toute personne à la protection de sa vie privée (article 24) »433.

En ce qui concerne la performance environnementale, les organismes publics veillent


sur l’amélioration des relations avec les parties prenantes surtout la société civile.
L’engagement du Maroc en faveur du développement durable s’est renforcé par l’intégration
de normes environnementales dans la politique de développement des opérateurs publics et
aussi privés.

Dans ce sens, et sur le plan international, le pays a ratifié plusieurs Conventions


internationales ayant trait à ce sujet (OIT, ODD, Principes directeurs de l’ONU relatifs aux
droits de l’Homme, Principes directeurs de l’OCDE, Global Compact) ; d’autant plus, la
nouvelle constitution de 2011 s’oriente vers un développement durable dotant le Maroc d’outils
institutionnels, financiers et juridique lui permettant dans ce cadre de mener les politiques
responsables de manière efficace et efficiente. Cela révèle la prise de conscience de
l’importance des questions et du développement pour l’Etat et la société au Maroc.

En effet, l’encadré suivant regroupe les principaux articles créés dans ce sens :

433
Ministère de l’emploi et des affaires sociales: Code du travail et conditions de travail : la santé et la sécurité au 219
travail et la durée du travail, 2014, Royaume du Maroc, p, 39.
Au Maroc, la gestion et la protection de l’environnement deviennent la responsabilité de tout
organisme du pays. De même ce secteur a évolué progressivement d’une division au sein du
ministère de l’Habitat, de l’Aménagement du territoire et du tourisme (1972) au statut de
ministère de l’environnement en 1995. Le tableau suivant présente les autres institutions ou
organisations concernées par la protection de l’environnement et le développement durable au
Maroc.

Institution publique Missions en relation avec l’environnement

Département de l’eau Principales missions : (i) planification des ressources en eau ;


(ii) moblisation et transfert de l’eau ; recherche et évaluation
de la qualité des ressources en eau et du changement
climatiques ; (iii) contrôle de la météo et informations sur le
changement climatique ; (iv) révision et contrôle des risques
liés au climat.

Haut-Commissariat aux Développer et exécuter la politique publique dans les


eaux et forêts et à la lutte domaines et la conservation et l’utilisation durable des
contre la désertification ressources forestières, des pâturages, et du développement de
la chasse, de la pêche, des réserves et des parcs naturels

220
Ministère de l’Agriculture Elaborer et exécuter la politique publique en agriculture et
et de la pêche maritime assumer un large éventail de responsabilités liées à la gestion
des soles, de la végétation, des cultures et du bétail

Ministère de l’Habitat, de Préparer les plans directeurs du développement urbain


l’Urbanisme et de la
politique de la ville

Ministère de la santé Prévenir les risques menaçant la santé, promouvoir


l’éducation pour la santé, des modes de vie sains, le contrôle
sanitaire et la prestation de soins préventifs, curatifs ou
palliatifs et de réhabilitation
Développer des instruments juridiques et des normes liés à la
santé et à l’environnement

Ministère de l’intérieur Préparer et coordonner les plans et programmes de


développement dans des domaines tels que l’hygiène
communale, l’eau, l’assainissement, les déchets solides et ka
gestion de la pollution marine d’origine terrestre (direction
générale des autorités locales).
Protection et sauvetage des personnes et des biens en cas des
désastres naturels ou humains. Cette direction encourage
également la prévention du risque (direction générale de la
protection civile)

Ministère du tourisme Contribuer au développement des plans de gestion de ces


stations et surveiller le développement des zones touristiques
et des activités de construction qui y sont entreprises

Conseil économique, social Missions consultatives auprès du gouvernement, de la


et environnemental chambre des représentants et de la chambre des conseillers,
notamment sur les questions environnementales

Conseil national de Fournir une plateforme de dialogue et d’expertise technique


l’environnement

Conseil supérieur de l’Eau Fournir une plateforme de dialogue et d’expertise technique


et du climat

Conseil national des forêts Fournir une plateforme de dialogue et d’expertise technique.

221
Tableau 30: Contribution d’autres institutions publiques à la protection de l’environnement434

Conscient de l’importance de l’enjeu environnementale et sous l’impulsion de Sa Majesté le


Roi Mohamed VI, une Charte Nationale de l’Environnement et du Développement Durable a
été formalisée dans la loi-cadre N° 99-12 adoptée par le parlement en février 2014. Dans le
même cadre, une stratégie nationale de développement durable (SNDD) a été élaborée en
concertation avec les parties prenantes, à savoir : le secteur public, les opérateurs privés et la
société civile. La SNDD s’articule autour de 7 enjeux prioritaires, 31 axes stratégiques et 132
objectifs. Nous citons dans qui suit les 7 enjeux de cette stratégie :

 Enjeux 1 : Consolider la gouvernance du développement durable ;


 Enjeux 2 : Réussir la transition vers une économie verte ;
 Enjeux 3 : Améliorer la gestion et la valorisation des ressources naturelles et renforcer
la conservation de la biodiversité ;
 Enjeux 4 : Accélérer la mise en œuvre de la politique nationale de lutte contre le
changement climatique ;
 Enjeux 5 : Accorder une vigilance particulière aux territoires sensibles ;
 Enjeux 6 : Promouvoir le développement humain et réduire les inégalités sociales et
territoriales ;
 Enjeux 7 : Promouvoir une culture du développement durable.

1.2 Conclusion sur les objectifs

Donc, l’objectif principal de cette recherche consiste à répondre aux questions, et aussi
à atteindre les objectifs fixés auparavant. Nous montrons par la suite le degré d’atteinte des
objectifs de notre recherche dans les paragraphes suivants.

Objectif 1 : ‘Explorer et étudier : Pour ce premier objectif : ‘Explorer et étudier, l’étendue


et l’orientation de l’implication en matière de la Responsabilité Sociétale des organisations, les
établissements publics sont confrontées à de nouveaux défis pour le développement de leurs
prestations dont des défis sociaux et environnementaux.

434
Bureau Indépendant d’Evaluation du FEM : Evaluation du portefeuille de pays : Maroc 1997-2015, 2016, 222
Global environment facility, Washington, p, 12-13.
Le Maroc adhère aux principaux instruments internationaux et nationaux en matière de
RSO à savoir : le Pacte Mondial des Nations Unies, la Déclaration des principes directeurs de
l’OCDE, et aussi l’adoption d’un code marocain de Bonnes Pratiques de Gouvernance des
Entreprises et Etablissements Publics (EEP).

Ce code de bonnes pratiques consiste à renforcer et consolider des institutions d’un Etat
moderne, visant principalement les principes de bonne gouvernance à savoir : la transparence,
la responsabilité, la lutte contre la corruption, l’éthique et la reddition des comptes.

Dans ce sens, le Maroc s’inscrit dans une voie de réforme qui vise à asseoir l’efficience
des ressources humaines dans le service public, à accroitre la performance et la motivation, à
insuffler la culture de la responsabilité sociétale et enfin à participer à la valorisation de la
fonction publique.

L’établissement public marocain véhicule les valeurs et principes de l’Etat employeur


qui consiste à respecter les droits de l’Homme, la reconnaissance de la diversité, le sens du
service public, le management de la performance et des compétences.

Cette étude nous a permis de révéler le niveau de prise de conscience partiellement


généralisé par les différents établissements marocains, de la pertinence d’intégrer ce concept
dans leur périmètre d’activité et leur politique de développement.

Par ailleurs, le pays continue à fournir des efforts considérables pour instaurer la
politique durable. A cet effet, plusieurs projets phares ont vu le jour, notamment la stratégie
nationale de transition énergétique qui vise à porter à 25% la part des énergies renouvelables
dans le mix énergétique du royaume à horizon 2030, l’élaboration de codes de bonnes pratiques
de gouvernance, le lancement de l’Initiative Nationale de développement humain en Mai 2005,
ayant pour objectif de lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. De même la récente loi
77-15 promulguée juste après la 22ème conférence des parties prenantes à la convention cadre
des nations unies sur les changements climatiques interdisant les sacs en plastique.

Le deuxième objectif : Décrire le mode de fonctionnement des organisations : Ce deuxième


objectif vise à décrire le fonctionnement des établissements publics marocains et leur
contribution à la mise en place d’une politique efficace et efficiente de la responsabilité
sociétale, prenant en compte les besoins de l’ensemble des ses parties prenantes’.

223
S’inscrivant dans un cadre public, les établissements publics du Maroc en général et les
établissements étudiés en particulier interagissent selon les lois et les règlements afin de remplir
une mission d’intérêt général, précisément définie. Par contre la politique RSO impose
d’envisager des modes de fonctionnement, de production et de consommation différents.
L’établissement public apparaît par voie de conséquence comme un moyen de donner une
autonomie juridique et financière à une activité de service public435.

La bonne gouvernance est une stratégie fondamentale renforcée par la constitution de


2011, qui consiste à construire et renforcer le fonctionnement des institutions d’un Etat moderne
et promeut ‘les principes de primauté de droit, de transparence, d’équité, de responsabilité, de
lutte contre la corruption, d’éthique et de reddition des comptes’ s’inscrivant parfaitement en
phase avec ceux du développement durable436.

L’instauration des techniques modernes de management dans la gestion des services


publics constitue une révolution dans la gouvernance de la chose publique. Pourtant la nécessité
de la pratique RSO et ses outils dans le fonctionnement des établissements publics est devenue
un impératif afin de maîtriser les effets de la mondialisation et de corriger les imperfections de
la gestion publique et ses déficiences.

Objectif 3 : Saisir le degré d’ancrage de la RSO et étudier l’intérêt accordé à cette


pratique: Ce troisième objectif consiste à : Saisir le degré d’ancrage de la RSO et étudier
l’intensité de la présence des préoccupations environnementales dans les activités des
établissements publics.

Le Royaume du Maroc encourage l’intégration de normes environnementales par les


opérateurs publics dans leur politique de développement. Il a également ratifié les principales
conventions internationales conclues ces dernières années concernant la protection contre les
changements climatiques, la diversité biologique, le contrôle des mouvements transfrontières
des déchets dangereux et leur élimination. Il a aussi adhéré au protocole de Kyoto, en 2002.

S’inscrivant dans une démarche du développement durable, le Maroc est convaincu par
l’importance de relever les défis d’une responsabilité à la fois économique, sociale et
environnementale. L’adoption de l’agenda 2030 des Nations Unies pour le développement

435
Cours de droit : Le régime juridique des établissements publics et des EPIC, 2012. 224
436
Conseil économique, social et environnementale : Responsabilité sociétale des organisations : mécanismes de
transition vers un développement durable, 2016, p, 14
durable, encourage le Maroc à repenser les modes de gouvernance en vue de la mise en œuvre
effective du développement durable et de la RSO.

Nous avons remarqué que la responsabilité environnementale des établissements


publics étudiés passe à la fois par des actions contraignantes et donc obligatoires ayant pour
objet d’instaurer un cadre réglementant les pratiques en la matière, mais aussi par des actions
volontaires issues d’initiatives tant au niveau national qu’international afin d’avancer sur la
voie du développement durable.

Objectif 4 : Vérifier la présence de dispositions valorisant l’aspect RSO dans les textes
juridiques régissant les Etablissements Publics : Le quatrième objectif tente en fin de
Vérifier la prise en considération de l’aspect juridique de la RSO surtout dans une entité
publique.

Le respect du principe d’autorité de la loi constitue l’un des principes fondamentaux des
entités publiques marocaines. Dans les faits, les démarches responsables sont soutenues par des
incitations juridiques énoncées par des textes promulgués ou en cours de préparation ou
d’adoption.

L’appareil législatif national s’est engagé à améliorer le volet environnemental à travers


des articles relatifs à la protection de l’environnement issus de la nouvelle Constitution,
notamment la charte nationale de l’environnement et du développement durable qui a été
élaborée en 2010 et a été formalisée dans la Loi-Cadre (99-12) adoptée par le Parlement en
février 2014437.

Fort des avancées juridiques et institutionnelles, le Maroc a réalisé des progrès en la


matière qui ont été reconnus à l’échelle internationale, au vu de la prise de conscience et la
déclinaison en plans d’actions qui varient cependant d’un type d’établissement à un autre.

2. Limites, recommandations et perspectives de recherche futures

437
Publication dans le bulletin officiel du 20 mars 2014. 225
2.1 Limites de recherche

Avant de reformuler les recommandations et les perspectives de recherche futures, il nous


semble important de souligner les principales limites de notre travail.

Les concepts théoriques et les contributions empiriques relatifs à la RSO aux établissements
marocains du secteur public sont peu nombreux. En ciblant des établissements publics, nous
nous confrontée à des difficultés dans la collecte des donnés afin d’étudier les différentes
dimensions de cette problématique de recherche.

De plus, le second type de limite a trait au caractère de la méthode employée, la méthode


qualitative, pour étudier et traiter les données de notre recherche. Comprendre et interpréter les
données collectées par le chercheur et saisir pleinement le sens et la signification des actes
attribués par les acteurs constituent des freins à notre recherche. Nous avons fait le choix d’une
méthodologie d’analyse qualitative. Malgré les intérêts d’une telle démarche, que nous avons
détaillée dans notre troisième chapitre, il apparaît que cette méthodologie pourrait être
complétée et enrichie par des analyses quantitatives pour renforcer et consolider l’étude.

Le succès d’une démarche RSO réside dans le déploiement de l’engagement sociétal


dans l’établissement et dans l’adhésion collective des acteurs internes. La littérature relative à
l’engagement de la RSO dans le secteur public révèle des freins institutionnels et symboliques.
L’étude qualitative, dans laquelle nous avons récolté les données auprès des employés des
établissements publics marocains, nous permet alors de mettre en exergue les nouvelles pistes
de son intégration.

2.2 Recommandations

Le contexte marocain recèle beaucoup de freins au développement de la RSO ; par


contre, la réalité de leur management démontre l’engagement des établissements publics dans
une démarche du développement durable, cela assure ainsi un cadre propice au développement
de la RSO.

Les résultats seraient alors plus robustes et pourraient donner lieu à des recommandations au
niveau des politiques à mener. La réforme du secteur public au Maroc devient une nécessité et
non pas un choix. Pour cela, il devient impératif d’instaurer de nouvelles bases pour une

226
meilleure gouvernance et de mobiliser tous les acteurs pour consolider l’image de l’Etat ici et
ailleurs.

Nous donnons à présent, des recommandations que nous estimons souhaitables dans le
développement d’une pratique RSO efficace et efficiente relative aux établissements publics et
pour finalement déboucher sur une décision d’action.

Sensibiliser, diffuser et capitaliser les connaissances sur le concept RSO au sein des
établissements publics marocains, ceci peut être accompli par :

La recherche et l’innovation : les transformations économiques, environnementales et


sociales actuelles offrent des espaces d’innovation, et des opportunités de nouveaux modes de
fonctionnement et de gouvernance des établissements publics. A cet effet, l’Etat peut
encourager la recherche et mobiliser les acteurs afin d’intégrer des pratiques innovantes plus
responsables (ex : Nommé un médecin du travail pour chaque établissement public, gérer les
déchets et les pollutions générés par les établissements publics et réduire son impact
environnemental, intégrer les nouvelles technologies dans le bâtiment, améliorer les processus
biotechnologiques, assurer une démarche d’éco-conception des services et des produits, évaluer
la démarche RSO par une Reporting...)

La formation, l’enseignement : programmer des actions de formations autour de ce thème, ses


définitions, ses outils, son utilisation ainsi que ses fondements et ses principes. De même,
intégrer réellement et profondément les notions d’objectifs de développement durable, ou de
management responsable dans les programmes des écoles et des universités pour préparer les
leaders er les managers de demain. L’introduction de cours en la matière au niveau de
l’enseignement supérieur et la promotion de l’éducation environnementale et sociale en ce qui
a trait à l’enseignement primaire et secondaire ; pourraient être des facteurs fondamentaux de
changement des mentalités.

Démontrer la pertinence d’une pratique RSO par la mise en place de dispositifs de suivi et
d’indicateurs de mesure de la performance spécifiques aux établissements publics. Cela
consolidera, bien évidement, leur bonne image envers toutes les parties prenantes, aussi bien
internes qu’externes ;

Créer de la valeur partagée à travers le dialogue avec les parties prenantes. Cette action permet
de rendre la mise en œuvre des décisions publiques plus efficaces et plus consensuelles. Par

227
ailleurs, c’est avec l’information et la diffusion des bonnes pratiques que la RSE
s’institutionnalise et s’ancre dans les mentalités et dans les stratégies.

Mettre en place une charte d’éthique dans chaque établissement rappelant leur engagement
dans ce sens. L’adoption d’une pratique RSO requiert l’évolution des comportements et des
mentalités à travers un mode de management éthique, transparent qui reflète une réelle volonté
de la part des décideurs.

Ces établissements ont recours à des auditeurs externes qui vérifient la conformité des
procédures et des dispositifs mis en place avec les standards internationaux et nationaux. Nous
estimons dans ce sens, qu’il serait intéressant de procéder, de la même manière, à un suivi avec
des moyens spécifiques pour rendre les résultats de la démarche RSO tangibles. Réaliser des
évaluations exige, entre autres, des tableaux de bord qui offrent une représentation visuelle des
données et de leur évolution dans une durée de temps ; sur l’emploi, le climat social, la
formation, la sécurité au travail, la mobilité, le recrutement….

Renforcer les systèmes de normalisation des établissements publics, car les normes et labels
sont, en matière de RSO, des instruments qui fournissent à la fois une guidance et une crédibilité
à ceux qui se soumettent à eux.

En fait, l’Etat - à travers ses établissements publics- doit montrer l’exemple et sensibiliser les
citoyens –surtout les générations futures- à l’ampleur et aux conséquences provoquées par les
grandes catastrophes sociales, économiques et écologiques à venir. Ceci peut être garanti par la
généralisation de l’intégration RSO dans les établissements publics et la mise en pratique des
objectifs de développement durable.

2.3 Perspectives de recherche futures

A ce stade, nous transformons les limites et les enseignements de notre travail à des pistes de
réflexion qui peuvent donner lieu à des futures recherches, qui enrichiront les connaissances
sur ce sujet.

La première perspective de recherche future consisterait en la conduite d’une étude empirique


confirmatoire pour mettre à l’épreuve les résultats de recherche formulés dans le troisième
chapitre. Ceci peut être fait par le biais d’une étude conduite auprès d’un échantillon plus large.
Nous recommandons aux chercheurs aussi d’administrer le questionnaire avec le mode du face

228
à face afin d’accroître le taux de retour des questionnaires. Rappelons que, nous avons analysé
la pratique RSO dans les établissements publics marocains sur la base des entretiens avec les
responsables et les cadres des ces établissements, et identifié par la suite les pratiques réelles de
RSO des établissements étudiés à partir des interviews, des rapports et des actions prises dans
ce sens.

La seconde perspective de recherche future consiste à conduire une étude auprès des
établissements publics, tout en optant pour d’autres approches ou domaines de recherche
comme le droit, la psychologie, etc. cette perspective peut donner une analyse plus complète
des motivations d’engagement des pratiques RSO dans les établissements publics marocains.

La troisième perspective : en effet, nous avons fait le choix d’étudier en particulier les
établissements publics marocains mais il serait intéressant et pertinent d’en étudier d’autres,
ayant le même statut juridique. A ce titre, une troisième perspective consiste à étudier et évaluer
les pratiques RSO en multipliant les terrains d’étude. Pour ce faire, nous recommandons aux
chercheurs qui travaillent sur les établissements publics marocains, de cibler les trois catégories
des établissements publics, à savoir les établissements publics à caractère industriel et
commercial (EPIC), établissements publics à caractère administratif (EPA) et établissements
publics à caractère scientifique et professionnel (EPSCP). L’objectif de cette perspective vise
la mise en évidence de particularités ou de similarités avec les établissements publics
marocains, de même l’élaboration d’un modèle RSO généralisable.

229
Conclusion
générale

Née de préoccupations morales et éthiques autour du comportement des hommes d’affaires, le


concept de RSE évolue au gré des périodes passant d’une responsabilité sociétale des
entreprises (RSE) à une responsabilité sociétale des organisations. D’ailleurs, le secteur public
doit être plus exemplaire que le secteur privé en ce qui concerne les questions d’ordre social et
environnemental, dans la mesure où aujourd’hui, la RSO n’est plus du seul ressort des
entreprises privées, mais aussi celui de l’ensemble des organisations (public et privé)

Notre recherche visait à mettre en lumière et à mieux comprendre les pratiques de la


responsabilité sociétale des établissements publics au Maroc. Il s’agit d’explorer et d’évaluer
les pratiques de la RSO dans les établissements étudiés.

En choisissant d’étudier des établissements publics marocains qui ont été emblématiquement
du secteur public et de ses capacités de modernisation, pour observer le déploiement de la RSE,
nous n’avons en aucun cas souhaité trancher le débat entre partisans et opposants du secteur
public. Nous avons simplement voulu observer concrètement les pratiques de la responsabilité
sociétale des établissements publics tout en visant la promotion de l’intérêt général.

Principaux résultats de la thèse :

Une synthèse rapide des résultats de la thèse nous amène à présenter les conclusions suivantes :

Dans notre étude nous avons essayé de répondre à une problématique fondamentale pour
l’appréhension des réalités que recouvre la pratique RSO dans le contexte d’un pays émergent.
En effet, nous avons cherché à évaluer les pratiques RSO de certains établissements publics en
visant à identifier les avantages et les freins à cette pratique : évaluer les pratiques de la
responsabilité sociétales au sein des établissements publics au Maroc.

230
L’organisation de notre travail en trois chapitres a permis de fournir des réponses à cette
problématique. Dans une première étape nous avons donné un appui théorique composé de deux
chapitres. Nous avons exposé dans un premier chapitre les soubassements théoriques de notre
recherche pour comprendre la naissance et l’importance de la RSE, en retraçant aussi l’origine
de la pratique en présentant l’évolution dans le temps des efforts de sensibiliser les grandes
entreprises à leurs impacts social et environnemental sur la société. Dans un deuxième chapitre,
nous avons montré toutes les pratiques et les outils de la RSE en focalisant sur
l’opérationnalisation de cette pratique dans un contexte marocain et plus spécifiquement dans
un cadre public. L’ensemble des connaissances sur cette pratique et son développement forment
des bases solides pour notre recherche, et permet de spécifier notre cadre de recherche, passant
d’un cadre privé de la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) à un cadre public
dénommé la Responsabilité sociétale des organisations (RSO).

L’analyse des données auprès de ces établissements publics, nous a inspiré deux principales
conclusions :

La première conclusion est issue d’une analyse descriptive ayant pour objectif de retracer les
pratiques de RSO qu’exercent certains établissements publics au Maroc.

L’insertion de la RSO dans les établissements publics au Maroc permet d’assurer le


développement du pays à l’échelle nationale et internationale. Pour ce qui est de la performance
sociale, le pays ne cesse d’œuvrer pour la mise en conformité de sa législation nationale avec
les diverses normes internationales du travail. Dans le sens d’améliorer l’environnement interne
de l’établissement public, l’objectif optimal réside dans l’amélioration des conditions de travail
par la responsabilisation des acteurs. Cet objectif a été atteint grâce à la formation continue,
grâce à la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences et grâce aussi à l’amélioration
de la communication interne.

En ce qui concerne la performance environnementale, l’engagement du Maroc en faveur du


développement durable s’est renforcé par l’intégration de normes environnementales dans la
politique de développement de ses établissements publics ; d’autant plus, la nouvelle
constitution de 2011 s’oriente vers un développement durable dotant le Maroc d’outils
institutionnels, financiers et juridique lui permettant dans ce cadre de mener les politiques
responsables de manière efficace et efficiente. Conscient de l’importance de l’enjeu
environnemental et sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, une charte Nationale
de l’environnement et du développement durable a été formalisée dans la loi-cadre N°99-12

231
adoptée par le parlement en février 2014. Dans le même cadre, une stratégie nationale de
développement durable a été élaborée en concertation avec les parties prenantes, à savoir : le
secteur public, les opérateurs privés et la société civile. La SNDD s’articule autour de 7 enjeux
prioritaires, 31 axes stratégiques et 132 objectifs. La figure suivante regroupe les enjeux
prioritaires de la stratégie :

Figure : les 7 enjeux prioritaires de la SNDD438

La deuxième conclusion est issue d’une évaluation des pratiques de RSO réelles des
établissements publics étudiés visant à identifier les pratiques adéquates, pertinentes et
prioritaires pour ces établissements. En résumé nous constatons que la Responsabilité Sociétale
des Organisations au Maroc passe à la fois par des actions contraignantes et donc obligatoire
ayant pour objet d’instaurer un cadre réglementant les pratiques en la matière, mais aussi par
des actions volontaires issues d’initiatives tant au niveau national afin d’avancer sur la voie du
développement durable.

Notre étude a été, en effet, effectuée par une analyse du contenu des entretiens réalisés auprès
de 30 directeurs et cadres des établissements publics visés. Les résultats ont montré que le degré

438
Royaume du Maroc : Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD) 2030, 2017, p, 15. 232
de connaissance de la RSO et les pratiques instaurées en la matière dépend, en grande partie,
du cadre législatif et réglementaire, ainsi que la culture sociétale de l’établissement. Le statut
juridique et la disponibilité des moyens financiers jouent un rôle déterminant dans les actions
menées, notamment comme outils mobilisés pour cette pratique.

Dans le cas de notre étude, nous avons constatée que ce rapport est positif, dans la mesure où
l’engagement de la pratique RSO dans la stratégie globale des établissements publics étudiés
s’oriente davantage vers la modernisation du secteur public au Maroc et la mise en place des
nouvelles méthodes de management, qui par conséquent sert à la valorisation de l’image et la
réputation de l’établissement public au Maroc.

A la lumière de l’analyse menée, nous pouvons conclure que les pratiques de la RSO varient
selon le contexte et aussi le cadre (public et privé) des organisations. Ces pratiques sont
influencées par des facteurs globaux (normes et standards internationales, dispositifs de
régulation,…), des facteurs locaux (culture nationale, missions précisément définies, dispositifs
légal et réglementaire du pays, poids des parties prenantes, enjeux derrière l’engagement des
pratiques de la RSO…), et des facteurs organisationnels (stratégie, culture et traditions de
chaque établissements, organisation, portefeuille public).

Pour réaliser ce travail, nous avons mobilisé un cadre conceptuel et théorique important. La
législation joue un rôle prépondérant dans la mise en œuvre des pratiques RSO au sein des
établissements publics au Maroc, notamment, le code de travail, le code des marchés publics,
la constitution marocaine…. Eu égard à cet ancrage juridique, la tutelle de l’Etat consiste à
veiller à ce que les établissements publics accomplissent leurs missions statutaires
conformément aux textes les régissant, en harmonie avec les politiques sectorielles définies par
l’Etat et qui relèvent de leurs champs de compétences.

Nous préciserons à ce niveau les principales contributions théoriques, méthodologiques, et


managériales de notre travail de recherche.

Contributions théoriques

Nous avons choisi, dans nos deux premiers chapitres, d’effectuer un cadrage théorique
développé et approfondi sur le concept de RSE. En revenant aux origines du concept ainsi que

233
les circonstances de son émergence dans les différents continents, notamment dans un contexte
public marocain. Actuellement et grâce à l’adoption de la nouvelle constitution, le Maroc
s’inscrit dans un mouvement de réforme du secteur public, qui consiste à favoriser les principes
suivants, à savoir le principe de stewardship, le principe de transparence et le principe
d’accountability. De même, nous avons suivi l’évolution des différentes conceptions et
définitions afin de mieux rendre compte de la complexité de la RSE mais aussi de mieux définir
les contours de cet objet de recherche multiforme. Dans un dernier temps, nous avons dressé
les pratiques et les outillages existants afin d’opérationnaliser la RSE.

La revue de littérature développée sur le concept de la RSE, ainsi que les études faites dans ce
cadre, a fait démontrer une centralisation des recherches sur la RSE dans des sphères privées,
cependant, notre recherche contribue à une réflexion, un peu originale, sur cette pratique dans
un cadre public d’un pays émergent comme le Maroc. Nous avons accordé une attention au
vaste programme de réforme et modernisation de la fonction publique marocaine, favorisant à
notre sens un comportement responsable des établissements publics marocains.

L’étude des projets issus de la recherche scientifique, nous a permis d’une part, à combler le
manque de connaissances sur la RSO (historique, les modèles, les pratiques, etc.) et d’autre
part, de contribuer à l’étude de ce phénomène à travers l’étude des établissements publics d’un
pays en développement comme le Maroc qui pourraient favoriser son intégration de manière
claire et complète.

Contributions méthodologiques

Les apports méthodologiques concernent la méthode de collecte des données ainsi que l’analyse
des données. Le premier apport consiste à offrir une meilleure compréhension du phénomène
étudié, en conduisant une investigation empirique en deux phases. La première phase est de
nature exploratoire auprès des acteurs établissements publics en matière de la responsabilité
sociétale dont l’objectif d’explorer les pratiques réelles de la RSO exercées par les
établissements publics au Maroc. Cette phase nous permet aussi de construire et valider notre
outil d’investigation empirique, à savoir, le guide d’entretien. L’étape de l’opérationnalisation
nous a permis de construire un guide d’entretien autour de trois axes. Ce guide a été testé auprès
des responsables et des représentants des établissements publics au Maroc, afin qu’il prenne sa
forme définitive avec seulement 23 questions.

234
Le second type d’apports concerne l’analyse des données empiriques collectées sur le terrain et
à l’aide desquelles nous avons pu décrire et évaluer les pratiques RSO exercées au sein des
établissements publics du Maroc. La principale conclusion à laquelle nous nous sommes
parvenue dans ce travail de recherche est le caractère général légal des pratiques de RSO
réalisées. En ce sens, nous avons montré que les pratiques de RSO réalisées par les
établissements publics marocains à la base des directives et des références réglementaires.

La méthode qualitative employée constitue un autre apport méthodologique, dans un terrain


d’investigation comme le Maroc et en plus dans un domaine public, l’utilisation de cette
méthode semble être une étape cruciale dans la réalisation de ce travail de recherche. A notre
connaissance, aucune thèse n’a été soutenue sur l’évaluation des pratiques de la responsabilité
sociétale des établissements publics au Maroc, à notre connaissance. Donc, il est nécessaire de
préciser que ce terrain représente un réel handicap. La nature réticente des acteurs des
établissements publics marocains, était un obstacle colossal face à l’organisation de nos
entretiens semi directifs.

Un terrain de recherche ‘en friche’ et des répondants insuffisamment engagés dans la


RSO

Cette recherche se penche sur l’étude de la RSO au sein des établissements publics au Maroc.
En effet, les investigations empiriques conduites concernent essentiellement les organisations
de statut privé. Cette recherche présente l’originalité de tester cette problématique dans un
contexte différent de point de vue culture et environnement institutionnel. A terme, elle
conduira à dresser une version de la RSO spécifiquement adaptée au contexte marocain ou
Magrébin et permettra de contribuer de manière significative au débat dans ce cadre.

Après ces contributions méthodologiques qui ont été développées autour de certain éléments,
nous allons présenter les apports, de nature managériale.

Contributions managériales

Notre recherche, comme tout travail en sciences de gestion, vise également à formuler des
implications managériales. Quelles conséquences et applications peuvent-être tirées de cette
étude pour les établissements publics au Maroc ?

235
Les apports managériaux s’adressent, en première place, aux responsables des établissements
publics marocains et les chercheurs dans ce cadre, tout en orientant les établissements publics
marocains vers la mise en place des pratiques de la RSO, afin d’instaurer des nouvelles
méthodes de management efficaces et efficientes. L’un de nos objectifs de recherche était de
participer à une réflexion sur la mise en œuvre des pratiques de la responsabilité sociétale au
sein des établissements publics marocains.

Dans cette recherche, nous avons identifié un ensemble des pratiques de la RSO exercées par
les établissements publics au Maroc. La plupart de ces pratiques sont instaurées ou exigées par
la loi marocaine ; c’est d’ailleurs ce qui explique la convergence des pratiques de la RSO des
établissements publics marocains. Les responsables des établissements publics et les chercheurs
porteurs de projets doivent accorder une attention particulière aux pratiques de la RSO non
instaurées dans les établissements publics marocains.

Cette recherche permet aux managers des établissements publics d’optimiser la pratique RSO
pour tirer tous les bénéfices de cet engagement. Ainsi, les managers sont amenés à s’engager
davantage dans le volet sociétal puisque cet investissement est bénéfique pour l’établissement
public afin d’assurer le bien-être social. Cette recherche conduit également à éclairer les
managers sur les bonnes pratiques sociétales, en leur montrant les différents outils nécessaires
pour optimiser son intégration.

Pour instaurer la pratique RSO, les établissements publics doivent intégrer la démarche à tous
ses niveaux hiérarchiques (stratégique et opérationnels) et mobiliser les parties prenantes
internes autour du sens de la RSO.

Nous avons été toutefois confrontés au manque d’informations dans la littérature relative aux
pratiques RSO des établissements publics en raison de l’absence de contributions empiriques
conduites dans ce domaine.

236
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ZEINO-MAHMALAT ELLINOR et BENNIS ABDELHADI. Environnement et changement
climatique au Maroc –Diagnostic et perspective- : Konrad-Adenauer-Stiftung e.V, Bureau au
Maroc, 2012.

Liste des Figures

255
Titre de la figure Page
Figure 1 : Business Criticism/Social Response Cycle 27
Figure 2 : Schéma du développement durable 33
Figure 3 : La Construction théorique de la RSE, tirée de Gond et Igalens (2010) 41
Figure 4 : La pyramide de Carroll de la RSE 48
Figure 5 : Les parties prenantes de premier rang 57
Figure 6 : Les parties prenantes de premier et de second rang 58
Figure 7 : Typologie des parties prenantes selon leurs attributs 59
Figure 8 : Les composantes de la performance Globale 65
Figure 9 : Autres points de vue de la réceptivité sociale des entreprises 74
Figure 10 : L’accumulation des concepts liés à la RSE 75
Figure 11 : La performance sociale des entreprises : extensions, reformulations, 79
réorientations
Figure 12 : Les 4 catégories de la responsabilité sociale (Carroll, 1979) 83
Figure 13 : Les modèles de performance sociale de l’entreprise de Carroll 84
Figure 14 : Les extensions du modèle de la performance sociale de l’entreprise 85
Figure 15 : Les sources de légitimité 91
Figure 16 : La RSE implicite et explicite 110
Figure 17 : Les ressources de l’Afrique 121
Figure 18 : Les acteurs de la responsabilité sociétale de l’entreprise en Tunisie 128
Figure 19 : Qu’est-ce qu’une norme 148
Figure 20 : Processus de normalisation au Maroc 152
Figure 21 : Un modèle de consommation socialement responsable 154
Figure 22 : La performance publique et le couple coût/valeur à la lumière de la 173
RSE
Figure 23 : Démarche qualitative d’après Paul Van Royen et al 183
Figure 24 : La démarche d’investigation selon Royer et Zarlowski 194
Figure 25 : Les 7 enjeux prioritaires de la SNDD 232

Liste des tableaux

256
Titre du Tableau Page
Tableau 1 : les cinq dimensions de la RSE et le système de codage proposé par 28
Dahlsurd
Tableau 2 : Quelques définitions de la citoyenneté d’entreprise 37
Tableau 3 : Les différentes approches qui sous-tendent l’évolution du construit 42
RSE
Tableau 4 : Types de ‘Stakes’ 55
Tableau 5 : Les approches en matière de la SHT (inspiré de Mercier et Gond, 2005) 60
Tableau 6 : Les trois piliers de l’institutionnalisme (Scottn 1995) 69
Tableau 7 : Le passage de la RSE-1 à la RSE-2, construit d’après Wartick et 72
Cochran
Tableau 8 : Niveau et nature des responsabilités sociales de l’entreprise 82
Tableau 9 : Les différenets catégories de CSR2, tiré et traduit par Carroll, 1979 83
Tableau 10 : Le modèle de performance sociale de Wood 92
Tableau 11 : L’échelle réactive-défensive-accommodative-proactive (RDAP) 94
Tableau 12 : La formation d’une doctrine de la responsabilité sociale aux Etats- 106
Unis
Tableau 13 : Comparaison de la RSE Américaine et la RSE Européenne 112
Tableau 14 : La perspective américaine et la perspective européenne de la RSE 112
Tableau 15 : La RSE et la gouvernance 114
Tableau 16 : La région en secteurs d’étude 114
Tableau 17 : Les principaux textes internationaux ratifiés par le Maroc dans le 130
domaine du travail
Tableau 18 : Principaux traités, conventions, protocoles auxquels le Maroc a 132
adhéré
Tableau 19 : Synthèse des pratiques de RSE-Philanthropie (Commission, 142
européenne, 2004)
Tableau 20 : Synthèse des pratiques de RSE-Codes de conduite (Commission, 144
européenne, 2004)
Tableau 21 : Les types des démarches existantes 145
Tableau 22 : Déclinaison de la certification 147
Tableau 23 : Synthèse des pratiques de RSE-Standards de gestion (Commission 153
européenne, 2004)
Tableau 24 : Synthèse des pratiques de RSE-Consommation responsable 155
(Commission européenne, 2004)
Tableau 25 : Synthèse des pratiques de RSE-Reporting social et environnemental 158
(Commission européenne, 2004)
Tableau 26 : Les paradigmes de recherche 178
Tableau 27 : Le chercheur et la recherche 179
Tableau 28 : Différents concepts méthodologiques en recherche qualitative 182
Tableau 29 : Les différents types de recherche 183

257
Tableau 30 : Contribution d’autres institutions publiques à la protection de 220
l’environnement

258
Annexes
Guide d’entretien sur les pratiques de la RSO au sein des établissements publics au Maroc

Axe 1 : Votre Etablissement et la Responsabilité Sociétale


I. Avez-vous déjà entendu parler de la responsabilité sociétale d’une organisation ?
II. Vous intéresse-t-elle ?
III. Avez-vous suffisamment d’informations sur les pratiques de la responsabilité sociétale ?
IV. Votre établissement dispose-t-il d’une unité organisationnelle totalement dédié à la RSO ?
V. Pour vous, la RSO, c’est avant tout :-une opportunité – une conviction - une contrainte –un axe de communication
–autres…

Axe 2 : Contenu de la Responsabilité Sociale

I. Votre établissement a-t-il un plan d’action de prévention des risques psychosociaux (stress, surcharge,
discrimination, mal-être au travail,…) ?
II. Votre établissement possède-t-il un code/ charte éthique ou déontologique ?
III. Au cours des cinq dernières années, votre organisme a-t-il mis en place des mesures de gestion prévisionnelle des
emplois et des compétences (GPEC) ?
IV. En 2016, votre établissement a-t-il établi un plan annuel de formation pour sensibiliser les employés à la RSO?
V. Avez-vous mis en place un dispositif d’alerte professionnelle dédié aux plaintes et réclamations en matière de
discriminations ?
VI. Votre organisme veille-t-il au respect du dialogue (liberté d’association et négociation collective) ?

Axe 3 : La Responsabilité Environnementale


I. Votre établissement est-il engagé dans une politique de développement durable ?
II. Faites-vous une sensibilisation aux enjeux environnementaux ?
III. Avez-vous une stratégie (ou des plan d’action) pour contribuer à la préservation de l’environnement ?
IV. de quel(s) type(s) d’instruments êtes-vous doté pour mettre en œuvre cet engagement ?
V. Votre organisme établi-il en plus d’un inventaire des risques professionnels, des mesures préventives pour
pallier les risques environnementales?

Axe 4 : La Responsabilité Légale/ Pilier Régulateur


I. Avez –vous déjà entendu parler du système de normalisation ou de certification au sein de votre
établissement ?
II. Etes-vous certifiés, évalués ou adhérents :
III. Disposez-vous d’un rapport d’audit ou d’une certification externe sur l’ensemble de votre démarche
développement durable ?
IV. Avez-vous des fournisseurs ou des sous-traitants, certifiés ?
V. Sélectionnez-vous des sous-traitants en fonction de ces certifications ?
VI. Votre établissement s’engage à respecter les législations et réglementations sur l’emploi applicables partout où
elle opère ?
VII. Une partie de collaborateurs exige-t-elle la satisfaction d’un cahier des charges dont certaines clauses relèvent
de la RSE ?
VIII. Faites-vous des démarches réglementaires pour évaluer les engagements sociaux et/ou environnementaux de
vos prestataires ?

259

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