Vous êtes sur la page 1sur 42

VIII.

Méthodologie de recherche
Selon Madeleine GRAWITZ (1986), le propre de la démarche méthodologique est d’aider à
comprendre au sens le plus large, non les résultats de la recherche scientifique, mais le
processus de recherche lui-même. Dans cette optique, en analysant la chaîne de valeur
agricole du cacao au Cameroun, il nous a paru opportun d’utiliser la démarche hypothético-
déductive.
1. Délimitation spatio-temporelle
La collecte de données a été faite du 15 mars 2020 au 31 mai 2020. La zone de l’étude couvre
un échantillon de quatre régions à savoir : la région du Centre, la région du Sud, la région du
Sud-Ouest et la région du Littoral qui présentent respectivement 36,81% ; 9,59% ; 43,40% ;
et 5,87%. Ces régions sont les quatre grands bassins de production du cacao Cameroun
(ONCC, 2020).
2. la collecte des données
Pour réaliser notre étude, nous avons utilisé des enquêtes de terrain sur la base d’un
questionnaire et d’un guide d’entretien (cf annexe). La technique d’échantillonnage stratifié
suivant la répartition optimale qui tient compte du budget a été utilisé pour constituer nôtre
échantillon. Le tableau 1.1 qui suit présente les caractéristiques de l’échantillon que nous
avons utilisé pour notre recherche.
Tableau 1.1 : Répartition de l’échantillon de l’étude
Régions Départements Arrondissements Villages Nombres de producteurs de cacao enquêté
Centre Lékié Monatélé Tala I 26
Sa’a Nkolmebanga 16
Obala Efok 15
Bam-Ekim Ntui Nguett 10
Bangassina Talba 18
Yoko Ngoro 22
Bam et Inoubou Bafia Deuk 20
Ndikineméki Ndikitiek 12
Nitoukou Kon-yambette 11
Total 150
Sud Océan Bipindi Kpwa-nkoutou 25
Lolodorf Bibia 18
Mvengue Mvan 20
Mvila Mvangan Adjap 14
Mane Assok I 13
Total 90
Sud-Ouest Meme Kumba 1er Barombi Mbo 20
Bongwana Kake I 30
Total 50
Littoral Mumgo Nkonssamba Mandjo 10
Total générale du nombre de producteurs enquêté 300

Commerçants des fèves de cacao (exportateurs)


Ndongo Essomba 1
Telcar 1
Olam Cam 1
AMS 1
Cotec 1
Argia 1
Nombre total des commerçants de fèves de cacao enquêté 6

Transformateurs de cacao
Sic Cacaos du groupe Barry Callebaut 1
Chococam Tiger Brands 1
Ferrero Cameroun S.A 1
Nombre total des transformateurs enquêté 3
Acteurs indirects
Ministère du commerce 1
Ministère de l’agriculture 1
CTSCCC 1
FODEC 1
SODECAO 1
ONCC 1
CICC 1
Nombre total des acteurs indirect enquêté 7
Taille totale de l’échantillon 316

Source : Auteur
La statistique descriptive sera utilisée pour décrire les caractéristiques des acteurs la chaine
de valeur du cacao au Cameroun. Nôtre travail de recherche a été organisé en deux parties. La
première partie analyse les facteurs économiques dans la chaîne de valeur agricole du cacao
au Cameroun elle est constituée en deux chapitre. La deuxième partie fait une analyse des
facteurs institutionnels de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun elle comporte
également deux parties.
PREMIERE PARTIE : ANALYSE DES FACTEURS
ECONOMIQUES DE LA CHAINE DE VALEUR
AGRICOLE DU CACAO AU CAMEROUN

Introduction
L’application du concept de chaine de valeur a atteint au fil des ans, d’autres domaines que
l’industrie. En agriculture, la chaine de valeur agricole est une succession d’étapes qui sont
toutes sources de valeur ajoutée, coordonnées, à tous les niveaux de la production, de la
transformation et de la distribution, et destinées à répondre à la demande du consommateur
(CTA, 2012).
Les maillons d’une chaîne de valeur agricole peuvent être des fournisseurs d’intrants, des
producteurs, des transformateurs, des sociétés d’emballage, des distributeurs et des vendeurs
tous les acteurs qui se succèdent tout au long de la vie d’un produit, depuis son origine
jusqu’au consommateur. Une chaîne de valeur agricole, n’est pas simplement un agriculteur
qui vend sa production à un acheteur, quelle que soit la solidité de cette relation commerciale.
Il ne s’agit pas non plus de la production et de la commercialisation d’un produit de base
spécifique.
En agriculture, la chaine de valeur dépasse le simple niveau de productivité agricole et insiste
sur la manière de coordonner les activités en amont et en aval de manière à satisfaire la
demande et à tirer le maximum de valeur ajoutée. Elle permet de décrire la manière dont cette
dernière est repartie entre les acteurs1.
La chaîne de valeur du cacao commence par les planteurs de cacao et les coopératives ensuite
les exportateurs et les broyeurs de fèves. Les dernières étapes de la chaîne de valeur se
trouvent au niveau des détaillants qui vendent les tablettes de chocolat et autres produits aux
consommateurs. Les relations ont évolué au sein de la chaîne de valeur du cacao en même
temps que les économies d’échelle pour réduire les dépenses se sont accrues. À de nombreux
niveaux, le marché s’est concentré à la fois verticalement et horizontalement.
L’essentiel de la problématique de la création de la valeur se situe dans la dynamique des prix
et des revenus à tous les stades ou nœud d’augmentation de la valeur. Or, les opportunités
d’établir des liens et de créer la valeur dépendent des capacités des entreprises. La
compétitivité des entreprises locales sur les plans des prix, de la qualité, des délais de
livraison et de la flexibilité, détermine la mesure dans laquelle ces entreprises peuvent
s’engager dans la transformation pour les marchés intérieur, régional et international, voire de

1
Calvin Miller et Linda Jones, 2013. Financement des chaînes de valeurs agricoles : outils et leçons. FAO
créer des entreprises dominantes locales. Cette partie commence par une analyse théorique
des facteurs économiques dans la chaîne de valeur agricole du cacao (chapitre 1) et se
termine par le cadre empirique d’analyse des facteurs économiques dans la chaîne de valeur
agricole du cacao au Cameroun (chapitre 2).

CHAPITRE 1 : LES FACTEURS ECONOMIQUES DANS LA


CHAINE DE VALEUR AGRICOLE DU CACAO

Introduction
Les principaux éléments d’analyse d’une chaine de valeur sont les coûts économiques le long
de la chaine de valeur, la valeur ajoutée générée à chaque stade, les acteurs les plus
importants de la chaine, le cadre institutionnel de la chaine de valeur, les goulots
d’étranglement dans la chaine de valeur, la zone d’une potentielle croissance du marché, la
taille de la chaine, les synergies possibles.
L’analyse de chaine de valeur est utile pour les nouveaux producteurs, y compris les
producteurs pauvres et les pays pauvres, qui essayent de s’intégrer dans les marchés
mondiaux de manière à assurer une croissance durable des revenus (Kaplinsky and Morris,
2000). L’analyse de la chaine de valeur peut être considérée comme un outil de lutte contre la
pauvreté. Car, le concept de croissance en faveur des pauvres (pro-poor growth), se fonde sur
la conviction que seule la croissance économique et le succès commercial des pauvres sont
capables de fournir une solution durable au problème de la pauvreté.

Section 1 : Analyse théorique des facteurs économiques des chaînes de valeurs
agricoles. 
Michael Porter a introduit la notion de chaîne de valeur pour identifier les étapes nécessaires
pour qu’une organisation construise une offre valorisée par les clients. Cette notion permet de
comprendre quelles activités contribuent ou non à la création de valeur. Cette section
s’articule autour de deux parties : tout d’abord, elle présente de manière théorique les étapes
principales d’analyse économique d’une chaîne de valeur (I) et d’autre part, elle fait une
présentation des modèles théoriques d’analyses économique des chaînes de valeur agricoles
(II).
I. Niveaux d’analyse économique d’une chaîne de valeur agricole
L’analyse de la chaîne de valeur peut être faite ici à deux niveaux : une analyse par les coûts
et les performances de la chaîne de valeur (1), et une analyse de la chaîne de valeur faite au
niveau transversale (2).
1. Analyse de la chaîne de valeur par les coûts et les performances.
Les premiers pas structurés de l’analyse interne ont pris la forme de la chaîne de valeur et de
son imbrication dans un système de valeur au niveau d’une industrie. En première analyse,
cet outil permet de repérer les points forts et les points faibles de l’entreprise, c’est-à-dire les
activités pour lesquelles elle dispose d’un avantage en termes de coût, de valeur et/ou de
marge par rapport à ses concurrents. En revanche, elle fait fi de la compréhension précise des
mécanismes qui permettent d’aboutir à ces avantages, ce que permet une analyse fine des
ressources et aptitudes de l’entreprise. Une chaîne de valeur décrit les différentes étapes et
opérations réalisées par une firme dans une industrie donnée2. Il s’agit ici de présenter les
principales étapes d’analyse de la chaîne de valeur.
La chaîne de valeur articule ces activités autour de neuf pôles : cinq activités de base et
quatre activités de soutien. Les premières s’articulent autour de la séquence
approvisionnement-production-logistique-commercialisation-service, et les secondes
apportent l’appui nécessaire grâce à des services spécialisés, à savoir l’achat de toutes les
ressources dont l’entreprise a besoin, le développement technologique, la gestion des
ressources humaines et l’infrastructure de l’entreprise.
L’entreprise examine ses coûts et ses performances dans tous ces domaines en recherchant
des améliorations. Elle évalue également les coûts et performances de ses concurrents. En
outre, elle peut étudier les pratiques des meilleurs dans chaque domaine, même s’ils
appartiennent à d’autres secteurs, et s’en inspirer : c’est ce que l’on appelle le benchmarking.
Ces différentes activités de la chaîne de valeur sont regroupées en deux catégories : les
activités primaires qui concernent la phase de conception du produit, les différentes phases
intermédiaires de sa transformation, la distribution jusqu’au consommateur final et le
traitement des déchets après son usage. Les activités de support qui contribuent aux
réalisations des activités principales (Porter, 1985).
On peut trouver ou créer l’avantage compétitif, et donc les possibilités de création de valeur,
au moyen de cinq activités principales (logistique entrante, logistique sortante, production,
commercialisation et service à la clientèle) et de quatre activités de soutien (infrastructure de
l’entreprise, gestion des ressources humaines, développement technologique et les
technologies de l’information et de la communication appelé TIC et achat).
La chaine de valeur va du cadre national et régional au cadre international car plusieurs
acteurs au niveau national ou international peuvent intervenir dans la chaine. C’est le cas des
firmes fournissant les intrants y compris les matières premières en amont, l’entreprise qui
2
Stratégor, 4e édition
fabrique le produit lui-même et les firmes qui interviennent dans diverses activités en aval du
produit pour sa commercialisation et/ou sa distribution jusqu’au consommateur final national
ou international.
La chaîne de valeur de Porter (Porter, 1996) est un concept s’intéressant au niveau de
l’entreprise. Son intérêt est qu’elle facilite l’évaluation systématique des caractéristiques
uniques dont une entreprise dispose ou qu’elle peut développer pour créer des avantages
compétitifs qui lui permettront de vendre, de façon rentable, un produit de qualité similaire
pour un prix inférieur ou un produit différent pour un prix plus élevé que ses concurrents.
L’approche est de « décomposer l’activité de l’entreprise en séquences d’opérations
élémentaires et d’identifier les sources d’avantages concurrentiels potentiels. Ces principales
sources apparaissent en comparant la chaîne de valeur de l’entreprise avec les chaînes de
valeur des concurrents, lorsque cela est possible » (FAO, 2005). La performance globale de la
chaîne de valeur peut être améliorée à la fois par un renforcement de chaque maillon et par un
renforcement des liaisons entre les maillons.
La chaîne de valeur de Porter est donc un outil de stratégie commerciale, dont le principal
objectif est d’aider les dirigeants à décider comment renforcer de façon rentable la
compétitivité de leur entreprise. Elle n’évalue pas la valeur ajoutée au niveau de la chaîne
dans son ensemble. Avec Porter (1985), la chaine de valeur prend alors une tournure plus
managérialiste qui tend à réduire la question du développement à celle de l’accroissement de
la performance de l’entreprise la figure 1.2 fait une représentation d’une chaîne de valeur.
Figure 1.2. Présentation de la chaîne de valeur

Source : Porter (1996)


Cette représentation de la chaîne de valeur permet de faire une distinction entre les activités
de base et les fonctions support. Cependant, cette représentation de la chaîne de valeur
demeure un schéma normatif ne pouvant être transposé à toutes les entreprises ; la chaîne
représentée ici convient beaucoup plus à un équipementier automobile qu’à une compagnie
d’assurance. Les activités principales sont pour Porter à la base de la création de valeur.
2. Analyse transversale des chaînes de valeurs agricoles
Les étapes principales d’analyse d’une chaine de valeur qui sont souvent transversale et
doivent donc être en liaison et coordonnées (Keyner, 2006). La chaine de valeur englobe tous
les facteurs de production, y compris la terre, le travail, le capital, la technologie et les
intrants. Il englobe également toutes les activités économiques y compris la fourniture
d’intrants, la production, la transformation, la manutention, le transport, la distribution et la
commercialisation, nécessaire pour créer, vendre et livrer un produit à une certaine
destination. Par exemple, le circuit d’approvisionnement en intrants peut affecter les autres
stades de la chaine en plus de l’exploitation agricole.
Certains acteurs de la chaîne de valeur peuvent assurer plusieurs fonctions à la fois. C’est le
cas d’un agriculteur qui livre sa récolte directement à l’usine de transformation, dans ce cas il
joue à la fois le rôle du collecteur. La méthodologie quantitativiste définie les principales
étapes d’une chaine de valeur. Dans cette figure, les flèches qui partent du stade
d’approvisionnement en intrants jusqu’à toutes les autres étapes montre qu’il s’agit d’une
fonction transversale qui affecte tous les acteurs de la chaine de valeur.
La flèche de la production agricole à la transformation montre que certains agriculteurs
peuvent livrer leurs récoltes directement à l’usine et remplissent ainsi la fonction de
collecteurs. Cela se justifie soit dans le cas d’une chaine d’approvisionnement intégré
verticalement gérée par une grande entreprise ou soit par la proximité de la production avec
l’unité de transformation comme le montre la figure 1.3 suivante (Keyser, 2006).
Figure 1.3: Les stades le long d’une chaine de valeur.

Input Farm Logistics


Assembly Processing
supply production

Source: Hardwick et Keyser (2010)


Dans une étude de chaine de valeur, il est utile d’analyser les activités principales qui se
déroulent à chaque étape.
La première étape est celle de la chaine d’approvisionnement en matières premières requises
pour la production, la transformation et la commercialisation. Pour la production agricole, ces
intrants sont des semences, des fertilisants, des produits phytosanitaires. Les matières
premières peuvent être achetées localement ou importées. La valeur finale d’un intrant lors de
son utilisation inclue tous les coûts de fabrication, les frais de transport, le droit de douane,
les taxes officielles et non officielles et tous les autres payements effectués jusqu’à son lieu
d’utilisation. L’efficacité d’une chaine d’approvisionnement d’un pays a une incidence
majeure sur la performance de l’ensemble de la chaine de valeur.
L’étape de la production agricole concerne la production agricole primaire et se termine par
la vente de la production brute de l’exploitation agricole. Les transactions de vente peuvent se
dérouler à la ferme ou à un autre endroit passant du producteur à un autre acteur de la chaine
de valeur mais cela dépend du type de produit. Certains traitements primaires peuvent se
réaliser au niveau de la ferme.
La collecte consiste en la collecte de la production brute auprès des agriculteurs et sa
livraison aux unités de transformation ou de conditionnement. Certains traitements primaires
peuvent également se réaliser à ce niveau en fonction des arrangements effectué au premier
point de vente. Par exemple, lorsque l’agriculteur a vendu sa production au champ sans avoir
atteint les dernières phases, le collecteur peut finaliser les activités restantes avant de livrer la
production au transformateur.
La phase de transformation implique la transformation de la production brute en un ou
plusieurs produits finis.
La distribution domestique et internationale ici, la livraison des marchandises échangées à
leur destination finale (ou les consommateurs finaux). Le produit peut être destiné au marché
international (les exportations) ou au marché domestique (substituts d’importation).
II. Analyse économique de la chaîne de valeur agricole : processus théorique
Il existe différents modèles de développement des chaînes de valeur agricole. Une chaîne de
valeur agricole peut être initiée ou dirigée par le producteur, l’acheteur, un facilitateur ou être
basée sur un modèle intégré. Même si les approches et applications varient, la plupart des
approches de la chaîne de valeur ont des caractéristiques communes, notamment : une
perspective axée sur le marché ; une concentration sur les marchés finaux ; une
reconnaissance de l’importance des relations entre les différents maillons de la chaîne ; le
souci de générer plus de valeur pour les divers participants à la chaîne ; et l’autonomisation
du secteur privé.
Leurs atouts varient également, en particulier en ce qui concerne l’accès aux nouveaux
marchés, l’obtention de prix plus élevés sur les marchés, la stabilisation du marché, la
garantie de l’approvisionnement, la garantie de la qualité des produits ou l’utilisation du
marché en faveur des pauvres. Il s’agit ici de préciser le processus d’analyse de la chaîne de
valeur agricole (1) et de présenter le modèle analytique de la CV agricole du cacao de la
CNUCED (2).
1. Processus explicatif d’analyse des chaînes de valeurs agricoles
La précision du processus d’analyse ou modèle explicatif est une étape fondamentale. Une
fois défini, ce modèle donne tout son sens à la problématique et à la suite du travail. Dans ce
contexte, il peut exister un risque d’emballement ou de surévaluer le rôle de l’analyse et du
développement de la chaine de valeur alors que le concept en soi existait déjà mais sous des
formes un peu différentes. Ainsi, la manière d'utiliser cet instrument refaçonné en fera
éventuellement un instrument en faveur des pauvres.
D’autre part, avec l'analyse de chaine de valeur, les rôles respectifs de l'Etat et du secteur
privé sont forcément revisités. La manière d'intégrer l'analyse de la chaine de valeur dans
l'élaboration d'une politique du secteur agricole doit être observée avec attention. L’analyse
de la chaine de valeur comporte différentes méthodes à chaque niveau du processus le long
de la chaine (GTZ, 2007). Généralement elle implique les aspects suivants : le choix du
produit et l’analyse du marché ; la cartographie de la chaine de valeur ; la quantification de la
chaine de valeur ; l’analyse économique de la chaine de valeur
Le choix du produit et l’analyse du marché consistent à déterminer précisément l'objet et les
aspects contextuels pertinents de l'analyse. Dans ce sens, le choix d'un produit est crucial et la
connaissance du contexte est aussi indispensable car les contraintes et opportunités nationales
et internationales sont parfois déterminantes.
L’analyse du marché permet d’identifier les besoins des consommateurs, leurs perceptions et
leurs préférences. Ce qui permettra ainsi à tous les acteurs de la chaine de valeur de
collaborer dans l’objectif commun de produire ce que les consommateurs aiment réellement
(GTZ, 2007).
La cartographie de la chaine de valeur est indispensable car elle reste la base pour toute
analyse de chaine de valeur de collaborer dans l’objectif commun de produire ce que les
consommateurs aiment réellement.
La cartographie de la chaine de valeur est utile pour à la fois, un but analytique et un but
communicatif car elle réduit la complexité de la réalité économique avec ses fonctions
diverses et ses multiples parties prenantes, leurs relations d’interdépendance à un modèle
visuel compréhensible. Elle devra permettre de visualiser les différentes fonctions relatives à
la production et à la distribution, les acteurs qui assument ces fonctions et les relations
commerciales verticales entre ces acteurs.
Ces trois éléments représentent le niveau microéconomique de la chaine où les valeurs
ajoutées sont générées. Les services d’appui à la chaine de valeur et des soutiens au niveau
méso peuvent être inclus dans la cartographie de la chaine de valeur (GTZ, 2007).
La quantification de la chaine de valeur consiste à identifier le nombre d’acteurs, les volumes
de produits ou la part de marché pour un segment particulier de la chaine. l’analyse porte sur
tout aspect pertinent, tel que : le nombre d’acteurs et leurs caractéristiques, la quantification
de la main d’œuvre utilisée, la catégorie d’acteurs vulnérables au sein de la chaine, le prix
payé à chaque stade de la chaine, les volumes et les chiffres d’affaire, le flux de produits et
les canaux de distribution, la part de marché de la chaine par rapport au marché global, les
services d’appui et l’implication de l’Etat, l’environnement institutionnel et juridique
permettant des conditions favorables ou des entraves au développement de la chaine de
valeur étudiée de collaborer dans l’objectif commun de produire ce que les consommateurs
aiment réellement (GTZ, 2007).
L’analyse économique de la chaine de valeur consiste en une évaluation de la performance
économique de la chaine de valeur en termes d’efficacité économique. Les coûts de
production constituent un facteur très important de la compétitivité. La structure des coûts
permet d’identifier les points critiques qui doivent être analysés. Elle permet également
d’identifier le potentiel d’ajout de valeur, les facteurs de coûts et la marge de manœuvre pour
des éventuelles négociations sur le prix.
L’analyse économique inclue donc la détermination de la valeur ajoutée générée par la chaine
ainsi que la contribution de chaque étape de la chaine, la structure des coûts à chaque étape de
la chaine ainsi que la performance des acteurs. La performance économique d’une CV peut
faire l’objet d’1e comparaison de ses paramètres importants avec ceux des chaines
concurrentes ou d’autre pays de collaborer dans l’objectif commun de produire ce que les
consommateurs aiment réellement (GTZ, 2007) donc la réalisation des actions de
benchmarking.
L’analyse de la chaine de valeur n’est pas une fin en soi mais ses résultats aboutissent à des
décisions des acteurs publics et privés. Les entreprises privées se servent de ces résultats pour
définir une vision stratégique et de développement de l’entreprise. L’Etat et ses partenaires de
développement utilisent ces résultats pour la mise en œuvre des projets et plans d’actions
visant la promotion de la chaine de valeur. Ils peuvent également être utilisés pour formuler
des indicateurs d’impacts pour les projets mise en œuvre, la figure 1.4 ci-dessous fait une
présentation du processus d’analyse d’une chaîne de valeur (GTZ, 2007).
Figure 1.4: Processus d’analyse de la chaine de valeur

Choix du Cartographie Décrire et


produit et quantifier la Analyse
de la chaîne
analyse du chaîne de économique
de valeur
marché valeur
Sources : Adapté de GTZ, (2007).
2. Processus économique analytique des chaînes de valeurs agricoles de la CNUCED
Il s’agit ici pour nous de faire d’une part une présentation du processus (a) et d’autre part de
faire une description de ce processus (b).

a. Présentation schématique d’analyse de la chaîne de valeur agricole de la CNUCED.


Selon la CNUCED (2016), l’analyse de la chaîne de valeur agricole du cacao se compose de
cinq grands segments, à savoir : la production ; l’approvisionnement et la commercialisation ;
la transformation ; la production manufacturière et la distribution ; la vente aux
consommateurs finals. La figure 1.5 est un schéma simplifié de cette chaîne.
Figure 1.5 : Schéma analytique de la chaîne de valeur agricole du cacao.

Production des Commercialisation


Approvisionnement
fèves de cacaos Fabrication et de détail auprès
et Transformation
par les par les distribution des
commercialisation
exploitants consommateurs

Source : CNUCED, (2016)


b. Description du processus analytique des chaînes de valeurs de la CNUCED
La description du modèle analytique économique de la chaîne de valeur du cacao de la
CNUCED peut être faite en fonction de la concentration horizontale et de la concentration
verticale
La concentration horizontale analyse les activités du premier segment de la chaîne de valeur
du cacao à savoir la production. Dans presque tous les segments de la chaîne de valeur
agricole du cacao, on peut observer une concentration horizontale et verticale de plus en plus
forte (CNUCED, 2016). La structure du secteur mondial du cacao est le résultat d’un certain
nombre de fusions et d’acquisitions, dont certaines. L’analyse de la chaîne de valeur agricole
du cacao peut donc être faite suivant une concentration horizontale et verticale.
La concentration verticale n’est pas nouveau. Par le passé, un certain nombre de grands
producteurs de chocolat contrôlaient eux-mêmes une bonne partie de la chaîne de valeur,
depuis l’achat de fèves jusqu’à la fabrication de chocolat, en passant par la transformation du
beurre de cacao et de la poudre de cacao.
Par la suite, beaucoup d’entreprises se sont spécialisées ou respécialisées dans les activités de
tel ou tel segment de la filière, bon nombre d’entre elles ayant abandonné, par exemple, le
segment peu rentable du broyage. Ces dernières années, la multiplication des fusions et des
acquisitions a toutefois donné lieu à un degré élevé d’intégration verticale qui résulte en
partie du fait que les grandes entreprises souhaitent mieux maîtriser la filière pour satisfaire la
demande sur le plan de la quantité, de la qualité et de la traçabilité.
L’analyse de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun porte sur Certaines
entreprises de négoce ayant étendu leurs activités au commerce avec les agriculteurs. La
distinction entre négociants et entreprises de transformation est ainsi devenue plus floue. En
effet, les grandes sociétés transnationales spécialisées dans le négoce s’occupent maintenant
de la transformation, et vice versa.
La plupart des grandes entreprises productrices de cacao jouent également un rôle
considérable dans l’approvisionnement direct auprès des agriculteurs, la manutention et le
négoce. Des négociants de fèves comme Archer Daniels Midland et Cargill ont diversifié
leurs activités, qui comprennent aujourd’hui le broyage, la production de poudre, de beurre et
de liqueur de cacao et la fabrication de chocolat, d’où une intégration verticale importante.
D’autres entreprises, qui occupaient une position intermédiaire dans la filière, ont développé
leurs activités en amont et en aval, passant donc de la production de produits semi-finis à
l’approvisionnement en fèves, à une extrémité de la chaîne, et à la production de chocolat de
consommation, à l’autre extrémité.
Barry Callebaut et la Blommer Chocolate Company, autrefois consacrées à la transformation
des fèves et à la production de produits semi-finis destinés aux fabricants de chocolat, mènent
maintenant des activités qui vont de l’approvisionnement en fèves à la production de
chocolat. De grands fabricants de chocolat ou détenteurs de marques, notamment Mars et
Nestlé, se procurent maintenant des fèves de cacao auprès d’agriculteurs. Par conséquent, peu
d’entreprises se limitent encore à un seul segment de la chaîne de valeur.

Section II: Chaîne de valeur agricole du cacao : facteurs économiques marchands et non
marchands
La littérature identifie deux principaux facteurs économiques d’analyse de la chaîne agricole
à savoir: les facteurs marchands (I) et non marchands (II).
I. Facteurs économiques marchands des chaînes de valeurs agricoles
Les facteurs économiques marchands des chaînes de valeurs agricoles sont : la production, le
prix (1) et la commercialisation (2).
1. La production et le prix dans la chaîne de valeur agricole
La production (a) et le prix (b) sont des facteurs majeurs d’une chaîne de valeur agricole car
ils conditionnent les autres étapes de la chaîne à savoir la transformation et la
commercialisation voire même la création d’emploi.
a. La production
Le plus ancien des trois grands bassins de production couvre l’Amérique centrale et s’étend
en Amérique du Sud, de la côte ouest du Pacifique jusqu’aux régions littorales du Brésil. Le
second est celui de l’Afrique de l’Ouest, de la Guinée au Cameroun où, exception faite du
Bénin, tous les pays cultivent le cacaoyer (Rapport économique sur l’Afrique (2013).
Globalement, on assiste, au fil des 10 dernières années, à un renforcement de la concentration
géographique de la production. Tout d'abord, sur l'Afrique : les 4 pays d'Afrique de l'Ouest et
centrale représenteraient 70% de la production mondiale en 2018 contre 67% en 2004/05. La
Côte d'Ivoire monte en puissance et devrait représenter, selon les prévisions de l’ICCO, 50%
de la production mondiale en 2020/21 contre 35% en 2010/11 et 38% en 2004/05.
La production mondiale de fèves de cacao a connu une croissance sensible depuis le début
des
années 2000. En 2018, la récolte atteint 5252377 de tonnes, en augmentation forte par rapport
à 2000 (3338448 de tonnes) ou auparavant : 2532151 de tonnes en 1990. Il s’agissait
toutefois d’une récolte exceptionnelle. La récolte 2021 devrait être de l’ordre de 6 millions de
tonnes (ICCO, 2020).
Le marché du cacao est fortement contrasté entre d’une part les pays producteurs,
essentiellement des pays du Sud, et d’autre part les pays consommateurs, essentiellement des
pays du Nord. Outre les importantes disparités économiques entre les acteurs de ces pays,
l’asymétrie de ce commerce est renforcée par des inégalités en termes d’infrastructures et
d’accès à l’information, qui peuvent laisser supposer que les acteurs des pays de production
rencontrent des contraintes supplémentaires de nature à grever leur capacité de négociation.
Le caractère mondialisé du marché du cacao et les contraintes de transport et de stockage que
suppose sa commercialisation expliquent en partie ce que nous appellerons le « paradoxe du
cacao » (Frédéric Amiel et al., 2019). D’une part, le monde du cacao est régulièrement
confronté à des épisodes de brusque panique provoqués par l’annonce d’une pénurie de cacao
à plus ou moins long terme : la conjonction des effets du changement climatique, de la baisse
de productivité des fermes et le vieillissement des producteurs alimentent le spectre d’une
baisse brutale et imminente de la production mondiale.
Le stock mondial de cacao au niveau mondial frôle les 42 % du volume annuel de broyage,
un niveau de stock extrêmement important pour une commodité alimentaire. L’ICCO 3
(Organisation internationale du cacao) parle même depuis plusieurs années d’« excédent

3
ICCO, 2018
structurel », un excédent qui est tel sur les marchés mondiaux que les cours ont plongé
récemment de presque 30 %.
En 20184, l’Afrique est le principal continent producteur de fèves de cacao. 5 pays africains
figurent parmi les 10 plus importants producteurs mondiaux. Le Brésil, qui produisait autant
que la Côte d’Ivoire jusque dans les années 80 (380 000 tonnes en 1983 contre 412 000
tonnes pour la côte d’Ivoire) a tendance à se dégager de cette production. La production de la
Côte d’Ivoire a, quant à elle, nettement augmenté en 58 ans, passant donc de 85000 tonnes en
1961 à 1 963949 tonnes en 2018. Le Ghana présente la même tendance (415200 tonnes en
1961 contre 947633 en 2018). L’Indonésie a également considérablement augmenté sa
production sur la période (593832 tonnes en 2018).
Comme d’autres matières premières agricoles, le cacao est un produit « commoditisé », selon
la définition donnée par Daviron et Vagneron (2011). C’est à dire que, pour faciliter les
échanges dans un marché global et pour permettre aux acheteurs d’acheter de grandes
quantités de cacao sans avoir à se déplacer pour vérifier en direct la qualité de la
marchandise, un certain nombre de standards sont édictés aux niveaux des marchés nationaux
et des bourses d’échanges, standards qui permettent aux acheteurs de se fier « les yeux fermés
» au marché, puisque la garantie du respect des standards par le fournisseur devient une
obligation contractuelle.
De tels standards ne peuvent porter que sur des caractéristiques précises et limitées du
produit, essentiellement le bon état des fèves et la qualité de la préparation (fermentation et
séchage), à l’exclusion de critères de qualités gustatives ou portantes sur les modes de
production associés. Les conséquences pour le marché sont : un échantillon de produit est
similaire à un autre échantillon ; un échantillon est donc absolument substituable à un autre
sur le marché.
Pour les industriels du secteur agricole cacaoyer, cela offre l’avantage d’une part de pouvoir
rechercher le meilleur prix sur un marché concurrentiel parmi différents producteurs
proposant des produits identiques, d’autre part de garantir un approvisionnement continu des
unités de transformation de grande capacité (Baromètre, 2018).
En d’autres termes, si un fournisseur habituel fait défaut, il est aisé de se tourner vers un autre
fournisseur, voire vers un concurrent pour garantir l’approvisionnement des usines. Le
corollaire de ces avantages, c’est qu’en raison de la taille des unités de transformation dans le
secteur du broyage, il devient impossible de distinguer, dans les flux de matière, la

4
FAOSTAT, 2020
production des différents producteurs, et de valoriser d’autres caractéristiques du produit,
comme ses qualités organoleptiques.
Les petites ou moyennes unités, incapables d’absorber de telles quantités, doivent faire appel
à des moyens de transport et de stockage moins importants, et plus coûteux. En contrepartie,
les investissements très importants rendus nécessaires par la mise en place de ces nouvelles
méthodologies nécessitent le traitement de grandes quantités de cacao pour amortir les frais,
et ne supportent pas les ruptures d’approvisionnement. Cela rend à son tour nécessaire une
très grande souplesse dans les achats, renforçant la nécessaire substituabilité des fournisseurs.
Depuis 1961, la production mondiale de cacao a été multipliée par trois passant de 1670684
tonnes à 5252377 tonnes en 2018. Cette croissance a été entrecoupée de chocs résultant de
politiques d’ajustements structurels, de l’apparition de ravageurs et de maladies et de
mouvements spéculatifs qui affectent la production. Une cinquantaine de pays de la zone
intertropicale cultivent la fève de cacao ; trois d’entre eux dominent la production mondiale :
la Côte d’Ivoire, le Ghana et l’Indonésie.
En 2018, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigéria, le Cameroun représentent 95% de la
production de l’Afrique et 70% de la production mondiale. L’Afrique de l’Ouest et du Centre
à travers la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigéria et le Cameroun fournit une offre de cacao
brut5 ; un pôle important en Amérique latine, fournit une offre répartie entre produit brut et
transformés6 ; un pôle asiatique est en expansion en Malaisie, Indonésie et Papouasie-
Nouvelle Guinée avec un accroissement rapide de la transformation locale ainsi que
l’émergence d’une consommation de produits chocolatés (FAOSTAT, 2020).
Le premier record de production mondiale, à 4614870 tonnes en 2011, était principalement
dû aux performances de chacun des deux acteurs majeurs, la Côte d'Ivoire (1511255 tonnes)
et le Ghana (700020 tonnes). Cependant, le deuxième record de production, en 2018, à
5252377 tonnes, est principalement dû à la Côte d'Ivoire dont la production a alors grimpé à
1963949 tonnes. Le Nigeria et le Cameroun ne parviennent pas véritablement à décoller,
même si leur production est globalement à la hausse 332927 tonnes pour le premier en 2018
et 307867 tonnes pour le second sur la même période comme le montre la figure 1.6 ci-après
(FAOSTAT, 2020).

5
20% de transformation locale
6
Transformation locale de l’ordre de 70% de la production au Brésil
Figure 1.6: Evolution de la production mondiale de cacao (en tonne)
6000000

5000000

4000000

3000000

2000000

1000000

0
61 63 65 67 69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 01 03 05 07 09 11 13 15 17
19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 20 20 20 20 20 20 20 20 20

Source: FAOSTAT (2020)


b. Le prix de cacao dans la chaîne de valeur agricole du cacao
Le prix est un facteur important pour comprendre la chaîne de valeur agricole du cacao, la
dynamique du marché mondial du cacao et les relations entre les acteurs impliqués dans la
chaîne et aussi pour expliquer la gouvernance et les relations de pouvoir.
Le cours du cacao sur le marché mondial est publié quotidiennement sous la forme d’une
moyenne du prix sur les bourses de marchandises de Londres et de New York. Les prix sur
ces bourses sont influencés par différentes variables telles que le rapport entre la demande,
les stocks et l’offre actuelle et future. Les négociants paient des prix légèrement différents
selon la provenance du cacao en raison des exigences de qualité et des dates de livraison
(Bagal, 2013).
En effet, les prix du cacao sur le marché international ont tendance à suivre un schéma à long
terme, qui reflète les caractéristiques du cycle du cacao et influencent indirectement 7 les
déplacements de la production entre pays et régions. Pendant les périodes de boom du cacao
l’offre est généralement excédentaire sur le marché mondial, ce qui entraîne une chute des
prix qui se maintiennent ensuite à un niveau bas.
Le cours du cacao sur le marché mondial a dégringolé entre septembre 2016 et février 2017.
Le cacao a perdu plus d’un tiers de sa valeur, la tonne passant de plus de 3 000 $ US à moins
de 1 900 $ US en quelques mois. Malgré de nombreuses mises en garde contre des politiques
d’augmentation de la production qui conduiraient à un effondrement des prix8 (ICCO, 2018).

7
Ou directement
8
Prix du marché mondial et prix d’achat producteur
Dans la plupart des pays producteurs, les fluctuations du cours du marché mondial ont des
répercussions immédiates sur le prix à la production 9. Mais en Côte d’Ivoire et au Ghana, des
offices nationaux de commercialisation du cacao vendent par anticipation une partie de la
récolte l’année précédant le début de la campagne.
L’attraction du secteur cacao dépend du prix au producteur. La volatilité des cours est un des
facteurs de la faible attractivité du secteur. Toutefois, conjugué aux prix des facteurs de
production: force de travail et prix du foncier, le secteur reste peut-être attractif pour la
catégorie de population qui a compris ce que le libéralisme définit par «l’auto-emploi».
Autrement dit par l’entreprenariat spéculatif de quelques élites urbaines qui ont épargné des
revenus extra agricoles afin de les investir dans le foncier et l’agriculture de rente (ICCO,
2018).
L’économie du cacao est libéralisée au Cameroun depuis vingt-cinq ans de ce fait, elle
présente la plupart des caractéristiques de concurrence pure et parfaite. Deux facteurs
principaux empêchent que les prix des biens et services utilisés par cette chaîne de valeur ne
soient considérés comme les prix de référence d'une économie parfaitement compétitive.
Premièrement, les biens et services importés ou exportés sont soumis à diverses taxes et
redevances, et leurs prix sur le marché domestique sont donc différents de leurs prix
internationaux. Deuxièmement, presque 100 000 producteurs bénéficient de subventions
privées ou publiques pour mener à bien leurs activités. Ces subventions peuvent être
substantielles et parfois réduire considérablement le prix de nombreux intrants matériels.
L'application de ces deux processus de prix fictifs permet de calculer la performance
économique de la chaîne de valeur du cacao sur la base des prix internationaux et de la
comparer à celle précédemment évaluée avec les prix actuels du marché domestique.
L’application des prix internationaux diminue de 10% le coût des consommations
intermédiaires et du capital. Elle annule aussi les taxes appliquées en interne au secteur. Elle
modifie très peu le prix des produits exportés qui sont dans une très large majorité déjà
vendus sur la base des prix FOB. Au total, une libéralisation accrue du marché basée sur une
disparition des taxes et des subventions générerait un transfert de 15.5 milliards F.CFA au
bénéfice des acteurs de la filière.
Selon Ruf (2001), cette chaîne de valeur apparaît toutefois très dépendante des facteurs
domestiques de production puisque le Coût en Ressources Internes, c’est-à-dire le ratio entre
les ressources nationales non échangeables (travail plus capital) et la valeur ajoutée
(production échangeable moins intrants), s’établit à 1.61 en utilisant les prix internationaux.
9
Le prix à la production est la somme que l’exploitant reçoit pour son cacao.
Ce ratio indique que cette chaîne de valeur n’est pas viable dans l’économie internationale et
entraîne une perte économique pour l’économie nationale puisque la valeur ajoutée est
inférieure au coût d’utilisation des facteurs non échangeables de production.
Ce constat tient manifestement au manque d’efficacité dans l’utilisation du travail et du
capital, qui s’explique sans doute par des itinéraires techniques peu suivis, d’une part, et à la
faiblesse des prix free-on-bord et des prix offerts aux producteurs pour les fèves de cacao,
d’autre part. Une partie importante des coûts de la production du cacao ne sont pas couverts
par le prix de vente FOB et sont laissés à la charge des populations locales. La figure 1.7
suivante présente l’évolution du prix du cacao sur le marché mondial.
Figure 1.7: Evolution du prix annuel moyen des fèves de cacao sur le marché mondial
(en dollars/tonne)
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
6 7 8 9 0 1 5 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8
8 8 8 8 9 9 9 9 9 9 9 9 9 9 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 1 1 1 1 1 1 1
9 9 9 9 9 9 9 9 9 9 9 9 9 9 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2

Source: compilation des données à partir de ceux de l’ICCO (2017) et du FAOSTAT (2020).
2. La commercialisation : facteurs de développement des chaînes de valeurs agricole
Deux types d’entreprises dominent les liens en aval dans la CV mondiale du cacao: broyeurs
et fabricants de chocolat. Ils contrôlent les liens caractérisés par la plus forte valeur ajoutée et
la rentabilité: le commerce et la commercialisation (Barrientos et Okyere, 2008). Les
supermarchés, qui représentent environ 54 % du secteur mondial du chocolat au détail,
tentent de s’approprier une plus grande part de valeur ajoutée en vendant leurs produits sous
leur propre marque.
Pour offrir des produits intermédiaires en flux tendu et se conformer aux normes
internationales, les broyeurs ont investi dans des capacités technologiques et logistiques, ce
qui augmente leur pouvoir de marché le long de la chaîne de valeur mondiale. Les fabricants
de chocolat cherchent à maintenir une certaine concurrence dans les étapes intermédiaires de
la CV afin d’éviter que les broyeurs empiètent sur leurs cœurs de métier et leurs profits.
Les premier, deuxième, troisième et sixième exportateurs mondiaux de cacao, à savoir la
Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigéria et le Cameroun montrent des niveaux de création de
valeur particulièrement faibles : seuls la Côte d’Ivoire et le Ghana ont exporté entre un
cinquième et un quart de leur production sous forme semi-transformée.
Or, 54 % de la valeur des exportations de l’Indonésie vers le monde étaient réalisés à
l’extrémité inférieure et supérieure des étapes de semi-transformation (pâte, beurre et poudre
de cacao), et 94 % de la valeur des exportations de la Malaisie vers le monde étaient réalisés
à l’extrémité supérieure de l’étape de semi-transformation (beurre et poudre de cacao). En
Amérique latine, le Brésil et spécialement le Mexique ont progressé sur la chaîne de valeur
comme le montre la figure 1.8 ci-dessous.
Figure 1.8: Valeur ajoutée à l’exportation de certains pays producteur en (pourcentage)
120%

100%

80%

60%

40%

20%

0%
Cameroun Côte-d'ivoire Ghana Nigéria Indonésie Malesie Brésil Equateur Mexique

Etape1: fève de cacao Etape 2: coque de cacao Etape 3: pâte de cacao


Etape 4 : beurre et poudre de cacao Etape 5: chocolat

Source: Rapport économique sur l’Afrique (2013)


Le marché mondial du chocolat peut être divisé en trois segments : le chocolat en vrac en
volume important et à faible valeur, le chocolat courant de qualité standard et les marchés de
niche de qualité supérieure. La consommation mondiale s’articule autour de la demande
croissante en chocolat de faible valeur dans les économies émergentes. Les marchés de
produits de niche ont augmenté beaucoup plus vite que les marchés de faible valeur et des
produits traditionnels, malgré une base faible expliquant pourquoi la qualité, la diversification
et les marques sont des domaines clefs pour les fabricants.
La contribution des pays en développement à la valeur ajoutée dans la chaîne de valeur
Mondiale a diminué de moitié entre les années 70 et la fin des années 90 (Banque mondiale,
2008). En Afrique, les pays producteurs sont exclus du contrôle de la logistique et de la
commercialisation ainsi que de la fabrication de produits intermédiaires et finaux. De plus, la
réponse en termes d’offre de la production de fèves de cacao à la flambée des prix dans les
années 2000 a été très lente (Barrientos, 2011). Ceci à cause des délais (cinq ans entre la
plantation et la première récolte), mais aussi aux petits prix de base agricoles pendant plus de
20 ans, ce qui dissuade les agriculteurs.
II. Chaîne de valeur agricole du cacao : facteurs non marchands
Il s’agit ici de la transformation comme nœud de création de la valeur (1) et la création de
l’emploi au sein de la chaîne de valeur agricole du cacao (2).
1. La transformation au sein de la chaîne de valeur agricole du cacao
L’Union Européenne est la principale zone au monde de transformation industrielle
intermédiaire au travers des Pays-Bas et de l’Allemagne qui sont deux grands pôles
spécialisés dans le broyage, avec une forte consommation intermédiaire. L’analyse de la
transformation au sein de la chaîne de valeur agricole du cacao peut être faite à deux niveaux
au niveau mondial (Bagal, 2013).
À partir des années 80, certaines activités de transformation du cacao ont été relocalisées vers
des pays producteurs de cacao, notamment l’Afrique de l’Ouest (Fold, 2002). La
transformation agricole du cacao offre de grandes possibilités pour la création de valeur
ajoutée et l’industrialisation. Des interventions de grande envergure et à forte intensité de
ressources sont nécessaires pour développer et moderniser la production agricole. Les
marchés régionaux et nationaux offrent des opportunités pour les produits à valeur ajoutée.
La fabrication des produits intermédiaires présente d’importantes économies d’échelle. Les
implications sont doubles : le secteur des ressources naturelles doit générer une production
suffisante pour que la transformation soit viable et la fabrication de biens intermédiaires ou
finals requiert des marchés intérieurs vastes ou doit être compétitive sur le plan international
pour le marché d’exportation.
La transformation débute avec la récolte. Une fois les fèves de cacao extraites des cabosses
bien mûres, elles fermentent pendant six à huit jours. Ensuite, elles sont séchées au soleil ou
dans des séchoirs artificiels. On privilégie l’assèchement progressif pour la préparation de
fèves de qualité supérieure. La fermentation et le séchage doivent être méticuleux, car toute
erreur lors de ces étapes ne pourra être rectifiée par la suite sans affecter la qualité du produit
final. La cosse, la couleur, l’arôme et la saveur des fèves sont signes de bonne fermentation.
L’étape intermédiaire de la chaîne de valeur du cacao commence après le nettoyage et la
torréfaction des fèves et demande beaucoup de capital. Après torréfaction, les grains sont
fendus pour en extraire les fèves. Les fèves sont broyées à l’aide d’une meule ou de broyeurs
à disques pour obtenir une liqueur de cacao épaisse et visqueuse (ou pâte). La liqueur de
cacao se solidifie en blocs marron, en éclats ou en tablettes après refroidissement. Elle peut
être ensuite utilisée par les confiseries (fabricants de chocolat).
Les produits intermédiaires du cacao, tels que la pâte de cacao, le beurre, la poudre et le
tourteau, sont faciles à stocker et à commercialiser, deux caractéristiques qui ont permis
d’installer les installations de transformation dans les pays producteurs. Broyeurs et
fabricants se caractérisent tous deux par une concentration croissante du marché, à travers des
fusions et des acquisitions. Depuis les années 2000, une poignée de broyeurs dominent les
étapes intermédiaires de la chaîne de valeur mondiale du cacao : Cargill, Archer Daniels
Midland et Barry Callebaut. Ils contrôlent la recherche et développement, des technologies de
transformation des aliments et la logistique du vrac. Cela s’est accompagné de connaissances
importantes et d’obstacles à l’entrée de capitaux.
Afin de gérer de grands systèmes logistiques, ils ont intégré verticalement des liens en amont
avec la délocalisation des fonctions d’achat, de classement et d’expédition dans les pays
producteurs. Leurs accords d’achat varient : ils traitent avec les commerçants locaux et les
coopératives au Cameroun et en Côte d’Ivoire, achètent sur le marché libre au Nigéria et
depuis l’Office de commercialisation au Ghana. La compétitivité des activités des grands
broyeurs a écarté négociants et entrepôts internationaux.
La fabrication du chocolat est dominée par quelques sociétés européennes et américaines
transnationales, comme Nestlé, Mars et Ferrero (Fold, 2002). Durant les années 90, elles ont
externalisé les étapes de fabrication intermédiaires, parfois même la production de chocolat,
vers les broyeurs. Cela leur a permis de se concentrer sur leur cœur de métier : la mise au
point de produits, la commercialisation et la distribution, les produits à forte valeur ajoutée et
les marchés différenciés par la qualité des produits et par les normes sociales et
environnementales (Barrientos, 2011). Les seules exceptions sont les petits fabricants comme
Ferrero et Lindt & Sprüngli, qui restent verticalement intégrés pour garder le secret industriel
et le contrôle vigilant de la qualité.
2. La création d’emplois dans les chaînes de valeurs
Selon le FAO (2014), Les salaires dans la chaîne de valeur alimentaire pourront augmenter à
mesure que la productivité de la main-d’œuvre agricole s’améliorera et que l’on ajoutera plus
de valeur aux matières premières agricoles plus en aval, mais, parallèlement, il faudra moins
de main-d’œuvre pour produire plus d’aliments (en termes relatifs) 10. La majorité des petits

10
Cette logique nous conduit au cœur de la notion de division du travail comme source de croissance
économique. Les aliments sont des produits sans lesquels nous ne pouvons pas vivre, même à court terme, et
leur fourniture est donc essentielle. Ce n’est que si une personne est capable de produire des aliments pour un
plus grand nombre de personnes, grâce à l’amélioration de la productivité, que d’autres pourront se spécialiser
dans d’autres produits, dans des services ou dans l’administration d’un État.
agriculteurs d’aujourd’hui finiront par devoir se sortir de la pauvreté en trouvant un travail
décent en dehors du secteur agricole11.
Cela libérera de la main-d’œuvre agricole, ce qu’il faudra compenser par la création
d’emplois ailleurs: chez les fournisseurs d’appui; en aval dans la chaîne de valeur alimentaire,
là où l’on ajoute le plus de valeur; dans les chaînes de valeur non alimentaires; et sous la
forme d’emplois indépendants.
Bon nombre de ces emplois apparaîtront dans les zones rurales où se trouvent les
exploitations à orientation commerciale et les petites et moyennes entreprises agricoles, mais
la plupart d’entre eux se trouveront néanmoins dans les zones urbaines. Dans les deux cas,
mais surtout dans les zones rurales, les entrepreneurs des chaînes de valeur et les travailleurs
qu’ils emploient dépenseront leurs revenus en hausse pour acheter des produits et des
services, dont bon nombre seront fournis par des travailleurs indépendants. Cette transition
massive de l’agriculture vers les autres secteurs doit, dans toute la mesure possible, être gérée
comme un processus régulier et graduel faisant la part belle à l’enseignement, à la mobilité et
au développement urbain (FAO, 2014).

Conclusion
L’approche chaine de valeur parait actuellement utile particulièrement pour les producteurs
pauvres qui essayent de s’insérer dans une chaine d’activité donnée et d’intégrer les marchés
nationaux, régionaux et internationaux. Elle permettrait à ces producteurs et autres acteurs de
tirer des bénéfices de façon durable en développant des atouts dont dispose le secteur ou en
créant des avantages comparatifs et compétitifs.
La réalisation d’une analyse de la chaine de valeur renseigne sur les coûts économiques le
long de la chaine de valeur, déterminer la valeur ajoutée générée à chaque stade et comment
elle est répartie, les acteurs les plus importants de la chaine, le cadre institutionnel de la
chaine de valeur, les goulots d’étranglement dans la chaine de valeur, la zone d’une
potentielle croissance du marché, les synergies possibles.

CHAPITRE II : ANALYSE EMPIRIQUE DES FACTEURS


ECONOMIQUES DE LA CHAINE DE VALEUR
11
Selon la définition de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), il faut entendre par travail décent un
AGRICOLE DU CACAO AU CAMEROUN
travail productif que les hommes et les femmes peuvent exercer dans des conditions de liberté, d’équité et de
dignité humaine et qui revêt les caractéristiques suivantes: productif et rémunération équitable; sécurité sur le
lieu de travail et protection sociale pour les travailleurs et leurs familles; possibilités de développement
personnel et d’intégration sociale; liberté d’expression et d’organisation et possibilité pour les travailleurs de
participer aux décisions qui les concernent; égalité de chances et de traitement pour tous (OIT, 2007).
Introduction
La chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun comporte trois principaux types de liens
à savoir : la production, la transformation et la commercialisation. La figure 1.9 ci-après
présente de manier simplifier les liens entre les différents maillons de la chaîne.
Figure 1.9 : liens dans la chaîne de valeur agricole du cacao

Production Transformation Commercialisation

Source : CICC (2020)


Après la démarche stratégique et théorique que nous avons faite au niveau du premier
chapitre, il s’agit maintenant de proposer un cadre empirique à cette étude fondée sur
méthodologie analytique de la CNUCED afin de trouver des solutions aux problèmes
économiques de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun. Ce chapitre commence
par faire une présentation des résultats d’analyse des facteurs économiques de la chaîne de
valeur agricole du cacao au Cameroun (section 1) et s’achève par des recommandations de
viabilisation internationale de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun (section 2).

Section 1 : Résultats analytique économiques de la chaîne de valeur agricole de cacao au


Cameroun.
L’analyse des facteurs économiques de développement de la chaîne de valeur agricole de
cacao au Cameroun permet de déterminer comment fonctionne la chaîne de valeur et quels
sont les facteurs économiques les plus significatifs de la chaîne valeur agricole du cacao au
Cameroun. La chaîne de valeur agricole du cacao est très complexe. Le tableau 1.2
organisationnel et simplifié présenté ci-dessous présente les résultats des trois (03) étapes
majeures de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun à savoir : la production des
fèves de cacao, la transformation et la commercialisation

Tableau 1.2 : Résultats organisationnels des étapes majeurs de la chaîne de valeur


agricole du cacao au Cameroun
Production Transformation Commercialisation
Types de Prof Vale Prix Types de Prof Vale Prix Types de Prof Vale Prix
producte it ur moye transformat it ur moye commerça it ur moye
urs net ajout n (en eurs net ajout n (en nts net ajout n (en
ée FCF ée FCF ée FCF
A) A) A)

Producte 4% 19% 800 Premiers / / / Coxeurs 3% 1% 800


urs en transformat
forêt eurs
sans aide
Producte 16 9% 900 Deuxième 12 6% 2200 Coopérati 1% 0% 850
urs en % transformati % ves
forêt on standards
avec aide
Producte 10 15% 900 Coopérati 0% 0% 920
urs en % ves
savane certifiés
avec aide
Producte 2% 6% 920 Exportate 11 14% 1177
urs de urs de %
taille fèves
moyenne
Producte 1% 0% 1000 Exportate 11 7% 1400
urs de urs de %
grande fèves
taille certifiés
Exportate 44 23% 1100
urs de %
masse
Source : Auteur

I. Analyse de la production et du prix dans la chaîne de valeur agricole du cacao au


Cameroun
La production et le prix sont les deux principaux facteurs de base d’analyse de la chaîne de
valeur agricole du cacao au Cameroun et donc le développement est majoritairement
tributaire. Nous commençons par analyser la production (1) et nous finissons par une analyse
du prix au sein de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun (2).

1. Analyse de la production au sein de la chaîne de valeur agricole du cacao au


Cameroun
Pour comprendre système de production de cacao au sein de la chaîne de valeur agricole du
cacao au Cameroun l’analyse portera sur le profil des producteurs (a) et sur les comptes
d’exploitations des producteurs au sein de la chaîne de valeur agricole de cacao en fonction
de leur typologie (b)

a. Profils des producteurs dans chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun


Les points suivant seront abordés pour décrire le profil des producteurs de la chaîne de valeur
agricole du cacao au Cameroun : le genre, l’ancienneté dans la cacaoculture et le niveau
d’étude et de spécialisation.
Il existe une prédominance des hommes âgés dans la chaîne de valeur agricole du cacao au
Cameroun, mais avant de dresser de manière détaillée le profil des producteurs primaire, nous
allons d’abord plancher les comptes d’exploitations des cinq types de producteurs primaires
présents au sein de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun.
Dans les sociétés rurales des pays en développement, la production agricole commerciale est
principalement du ressort des hommes pendant que celle de la subsistance est du ressort des
femmes (FAO, 2009). En effet, les femmes ont un accès plus restreint que les hommes aux
ressources et aux débouchés qui leur permettraient d’être plus productives (FAO, 2011). Dans
l’ensemble de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun et comme le montre le
tableau 1.3 ci-dessous, les femmes sont moins présentes car, elles représentent seulement
30%.

Tableau 1.3 : Présentation de la structure de sexe et âge dans la chaîne de valeur


agricole du cacao au Cameroun.
Zones de Effectif total des Sexe de producteur Ages
productions producteurs enquêté par hommes Femmes Ages Age Age
zones de production minimum maximum moyen

Centre 150 93 57 21 85 53
Sud 90 63 27 25 90 57,5
Sud-Ouest 50 35 15 23 85 54
Littoral 10 8 2 24 87 55,5
Total sexe de producteur en % 70% 30% Age total moyen 55

Source : Auteur
Ce taux relativement important est le fruit des efforts de l’Etat à modifier le statut de la
femme face aux considérations sociétales, à travers la promulgation des lois garantissant des
droits successoraux égaux sans discrimination de sexe, manifestant leur opposition par de
nouvelles formes de brimades infligées aux filles et aux femmes, sœurs ou conjointes.
L’analyse de l’ancienneté renseigne à la fois sur la dynamique d’entrée dans le secteur mais
aussi l’expérience qu’ont les cacaoculteurs par rapport à leur métier. L’analyse montre un
agrandissement des parcelles par les nouveaux entrants dans le secteur le tableau 1.4 suivant
présente le degré d’ancienneté des producteurs de cacao au Cameroun.

Tableau : 1.4 : Degré d’ancienneté des producteurs de cacao au Cameroun


Degré d’ancienneté Effectifs de cacaoculteur
Effectifs en %
] 0 – 5[ 6 2%
] 5 – 10[ 9 3%
] 10 – 15[ 20 6,70%
] 15 – 20[ 24 8%
] 20 – 25[ 59 19,70%
] 25 – 30[ 38 12,70%
] 30 – 35[ 41 13,70%
] 35 – 40[ 37 12%
] 40 – 45[ 36 12%
] 45 – 50[ 17 5,70%
] 50 – 55[ 9 3%
] 55 – 60[ 4 1,30%
Effectifs total 300
ancienneté moyen au Cameroun 27,5
Ecart-type 17,414

Source : Auteur
La population des producteurs de cacao au Cameroun est majoritairement vieille et son
ancienneté varie entre 2,5 ans et 57,5 ans avec une ancienneté moyenne de 27,5 ans dans la
culture du cacao pour un écart-type de 17,414 ans. Cette forte dispersion de l’écarts-type
explique un certain dynamisme dans les mouvements des populations dans le secteur.
Le niveau d’étude et de qualification est également important pour la cacaoculture tournée
vers le marché dans une logique de globalisation. Il augmente la capacité d’adopter des
nouvelles technologies en réponse aux exigences de la culture et du marché. (FAO, 2001). Le
niveau de qualification est plutôt lié à la maitrise technique usuelle et moderne alors que celui
d’étude est lié aux connaissances acquises par la scolarisation. Au Cameroun, le niveau
d’étude des producteurs de cacao reste faible car 47% n’ont pas achevé les études primaires ;
37% ont entamé les études secondaires mais seuls 18% les ont achevées. Il s’observe
également que 16% des cacaoculteurs ont un niveau d’étude universitaire.
Toutefois, on note un retour dans l’agriculture du cacao des personnes ayant un niveau
secondaire ou universitaire s’expliquant d’une part, par le manque d’emploi et d’autres
opportunités et d’autre part, par le caractère rentable du cacao par rapport aux autres produits
cultivés dans le milieu. Est considérée comme formation en rapport avec la culture de cacao,
toute formation visant à outiller les agriculteurs par rapport aux techniques et pratiques
culturales, aux techniques de stockage et conservation, à la gestion de son exploitation au
sens large.
Concernant le niveau de qualification, il s’observe des différences significatives entre les
proportions des producteurs de ces quatre zones de productions ayant suivi une formation en
rapport avec la cacaoculture. La qualification technique ici dépend de l’encadrement et de
l’appui technique dont bénéficient les cacaoculteurs. Ces services sont en général offerts par
l’Etat ou les ONG agricoles.
b. Typologie des producteurs primaires dans la chaîne agricole du cacao au Cameroun
Il existe cinq types de producteurs primaire au sein de la chaîne de valeur agricole du cacao
au Cameroun à savoir : les petits producteurs sous ombrage et sans appui extérieur ; les petits
producteurs sous ombrage et avec appui extérieur ; les petits producteurs sans ombrage et
avec appui extérieur ; les producteurs de taille intermédiaire et les producteurs de grande
taille.
Les petits producteurs sous ombrage et sans appui extérieur se caractérisent par une faible
production à l’hectare (280 kg/ha) et une faible surface en production (1.5ha). Ils ne
bénéficient pas de subvention pour conduire ses activités et ils s’appuient essentiellement sur
une main d’œuvre familiale. Ils vendent leur cacao à un faible prix en raison de sa faible
qualité et des négociations peu favorables avec les coxeurs. Malgré ces contraintes, cette
forme peu intensive d’exploitation des cacaoyers reste légèrement rentable.
Ce modèle de production a relativement peu évolué depuis au moins une décennie. Il y a par
contre un renchérissement du coût de production qui évoluait entre 300-600 F.CFA/kg dans
les années 1990 (Ruf 2000) alors que nous l’estimons à 620 F.CFA/kg sans inclure les
amortissements. Au total, le maintien du chiffre d’affaire par hectare et le renchérissement de
certains facteurs de production diminuent le profit brut des petits producteurs sous ombrage
et sans appui extérieur. Le constat est identique si on s’appuie sur l’estimation du prix seuil
de rentabilité (« break - even price ») de 555 F.CFA/kg au maximum au début des années
2000 pour ce type d’exploitation, il est de 680 F.CFA/kg en 2018 et de 750 F.CFA en 2020.
Avec un taux de profit net de 4% et une Valeur Ajoutée de 471 984 F.CFA/tonne, ce mode de
production du cacao est une activité faiblement rentable et fragilisée par une augmentation
des coûts de production, qui n’est pas compensé par une amélioration du chiffre d’affaires.
Par ailleurs, c’est un modèle largement dépendant de la disposition d’une main d’œuvre
domestique.
Les petits producteurs sous ombrage avec appuis extérieur sont des petits producteurs
installés en forêt bénéficiant d’un soutien privé ou public. Ces soutiens prennent deux
formes : la subvention de certains facteurs de production (formation, produits phytosanitaires,
équipement) ; un surprix de 50 F.CFA/kg pour la vente de cacao certifié. Il en résulte un
mode de production plus intensif, qui contribue nettement à augmenter le chiffre d’affaires
moyen de ces opérateurs mais entraîne également des coûts de production plus importants.
Les appuis reçus par ces producteurs (autour de 80 000 F.CFA/an par producteur) se
traduisent effectivement par une amélioration de leurs performances financières, qui se
traduit par une augmentation de 13% de leurs chiffres d’affaires sur dix ans si l’on compare
avec les estimations faites dans la Lékié par Gockowski et al. (2010). Le taux de profit net
s’établit à 24%, soit un niveau largement supérieur aux mêmes petits producteurs installés en
forêt mais qui ne sont pas aidés. La Valeur Ajoutée est estimée à 486 102 F.CFA/tonne. Ce
modèle de production apparaît financièrement bien plus robuste que le précédent avec un
profit net annuel autour de 310 000 F.CFA par exploitant.
Les petits producteurs sans ombrage et avec appui extérieur sont installés en zone savanicole.
Ils disposent en moyenne de cacaoyère de 3ha, dont la productivité a été estimée à 0.5t/ha. Ils
reçoivent des appuis qui leur permettent de développer une cacaoculture plus exigeante en
zones de savane, tout en s’engageant dans un processus de certification de leur production. Il
en résulte là aussi un mode de production plus intensif, qui contribue nettement à augmenter
le chiffre d’affaires moyen de ces opérateurs mais qui entraîne également des coûts de
production plus importants notamment car ce modèle « exogène » s’appuie davantage sur une
main d’œuvre salariée par rapport aux systèmes cacaoyers agroforestiers précédents.
Les coûts de production pour ce modèle d’exploitation sont nettement supérieurs à ceux des
cacaoculteurs subventionnés en forêt. Dans le département du Mbam, ce type de cacaoculture
est davantage capitaliste puisque l’accès à certains facteurs de production comme la terre ou
la main d’œuvre passe par des relations marchandes. La monétarisation de certains coûts pèse
sur le taux de profit net qui passe à 15% mais renforce la Valeur Ajoutée qui s’établit à 660
544 F.CFA/tonne.
Les propriétaires de cacaoyère de taille moyenne ont une surface moyenne en production de
12ha, pour une productivité de 0.7t/ha. Ils sont encore davantage engagés dans une approche
capitalistique de la cacaoculture. Ils se dotent le plus souvent des compétences et développent
des plans d’affaire solides pour mener à bien leurs investissements, notamment en
s’engageant dans la certification. Contrairement aux archétypes précédents de producteur, ils
recourent très peu à la main d’œuvre domestique et ne bénéficient pas de subventions
extérieures, si ce n’est le surprix à la vente de fèves certifiées.
Le taux de profit net s’établit à 9%, mais le niveau de chiffre d’affaires est le plus important
de tous les types de cacaoculteur. La valeur ajoutée est estimée à 879 972 F.CFA/t, une
évaluation qui est calculée sur la base d’un seul cas de producteur de taille moyenne. C’est
un modèle économiquement très robuste, même si sa rentabilité financière est moyenne,
puisqu’il intègre tous ces coûts de production et produit une forte valeur ajoutée.
Quelques centaines de personnes sont également parvenues à créer de grandes surfaces de
cacaoyère d’une surface moyenne en production de 25ha, pour une productivité annuelle de
0.15t/ha en combinant investissement financier, assise locale et entregent politique.
Avec un taux de profit net de 73%, l’absence de rentabilité de ce mode de production du
cacao soulève des doutes sur l’objectif réel de ce type d’investissement. Une partie des
opérations conduites génère des salaires à l’échelle locale, qui vont constituer l’essentiel de la
Valeur Ajoutée de ce mode de production, qui est estimée à 277 751 F.CFA/tonne. Outre son
déficit financier majeur, ce mode de production accapare une partie de la subvention censée
soutenir l’amélioration des performances des petits cacaoculteurs, à raison de 947 000 F.CFA
par grand planteur et par an.
2. Influence du prix dans chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun
La chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun est entièrement libéralisée ce qui signifie
que les prix sur le marché mondial influencent directement les prix bord-champ. Les
cacaoculteurs camerounais reçoivent un prix à la production supérieur à 60% et voir même
80% du prix quotidien ICCO pour le cacao certifié. Toutefois, La volatilité des cours
internationaux du cacao brut est un des facteurs de la faible attractivité du secteur. Cette
volatilité des prix du cacao au niveau international entraine un découragement massif des
producteurs camerounais. La figure 2.1 suivante présente l’évolution du prix aux producteurs
de cacao camerounais.
Figure 2.1 : Prix aux producteurs de cacao au Cameroun
1600 120%
100%
1200
80%
800 60%
40%
400
20%
0 0%
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
/01 /02 /03 /04 /05 /06 /07 /08 /09 /10 /11 /12 /13 /14 /15 /16 /17 /18

Prix au producteur en Franc CFA/kg Prix au producteur en % du cours quotidien de l'ICCO

Source : Compilation des données à partir de ceux de l’ICCO (2020) et de l’enquête réalisée
Au Cameroun, les problèmes de la stabilisation des prix et des revenus sont directement reliés
aux élasticités de l'offre du cacao. Le planteur ne connaît pas le prix international du cacao
avant l'ouverture de la campagne cacaoyère, les données sur l'offre ou la demande sur les
marchés du cacao sont elles-mêmes toujours très fluctuantes : elles dépendent des
comportements variés, parfois spontanés, du côté des offreurs comme des demandeurs, de
l'accessibilité des marchés en toute saison et de la qualité des vendeurs.
Le prix du kilogramme de fève sec varie tout le long de la filière mais, malgré la diminution
des cours internationaux depuis 2017, il reste encore relativement attractif pour les
producteurs primaires. Que ce soit pour les producteurs engagés dans la certification ou pas,
le prix DIS (Delivered-in-store) proposé aux producteurs primaires correspond à 60% du prix
FOB (Free-on-board) appliqué aux exportations.
La régulation des prix par la loi de l'offre et de la demande sont supplantées par un système
d'échange où le rapport de force entre les protagonistes engagés dans la transaction
conditionne le prix. Ce rapport de force varie selon le lieu choisis pour l'échange. La
circulation par le biais du « bouche à oreille » de l'information sur les prix d'achat au
producteur pratiqués par les acheteurs assure une relative régulation des prix jusqu'aux
limites du village.
Le prix d'achat au producteur dépend de paramètres internationaux, largement méconnus des
planteurs, et de paramètres nationaux, parfois fort éloignés de leurs intérêts. L’instabilité des
prix apparaît comme un phénomène complexe aux visages multiples, dépendant d'éléments
objectifs, subjectifs et aléatoires. La figure 2.2 suivante montre les différences de prix d’achat
au sein de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun.
Figure 2.2 : Prix au sein la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun

Source : Compilation des données à partir de ceux de l’enquête et de l’ONCC (2020)


II : Commercialisation, transformation et emploi dans chaîne de valeur agricole du
cacao au Cameroun.
La commercialisation, la distribution et la transformation sont des facteurs économiques
important de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun car, c’est à ce niveau que la
valeur est principalement créée sur cette chaîne de valeur. Cette sous-section fait une analyse
économique de la commercialisation et de la distribution au sein de la chaine de valeur
agricole du cacao au Cameroun (1) avant de plancher sur la transformation du cacao au
Cameroun (2) et enfin sur l’emploi (3).
1. Analyse de la commercialisation dans la chaîne de valeur agricole du cacao au
Cameroun
De manière schématique au Cameroun, il existe quatre types de relation commerciale au sein
de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun, entre les producteurs primaires de
cacao et les exportateurs/transformateurs. Premièrement, des agents individuels peuvent avoir
des relations commerciales bilatérales directes avec les firmes d’exportation. Il s’agit alors de
contrats commerciaux privés qui sont établis au moment de la vente.
Deuxièmement, l’administration propose un cadre de commercialisation interne qui soit plus
favorable aux coopératives et aux producteurs. Ainsi la réglementation 12, prévoit deux
possibilités de commercialisation des fèves bord champ soit par la vente sur appel d’offres,
soit à partir de conventions.
a. Les commerçants individuels et les coopératives agricoles de cacao
L’analyse ici porte sur les comptes d’exploitations des commerçants de la chaîne de valeur
agricole du cacao au Cameroun. On distingue ici trois types de commerçants à savoir :
l’intermédiaire commerçant individuel, les coopératives agricoles de cacao et les entreprises
d’exportations de cacao.

12
Notamment l’Arrêté 36/MINCOMMERCE du 2 septembre 2014.
Les « coxeurs13 » sont les acheteurs les plus courants des producteurs de cacao de grade 2 14.
La plupart d’entre eux sont spécialisés dans l’achat de cacao aux producteurs avec un
paiement immédiat et la revente locale des produits à une branche d’une société d’exportation
du cacao. La différence entre le prix d'achat et le prix de vente oscille autour de 100
F.CFA/kg. Hormis l’achat des fèves aux producteurs, la plupart de leurs coûts opérationnels
relèvent des déplacements pour contacter les producteurs individuels, d’une part, et pour
amener les sacs de cacao auprès de la société d’exportation.
Le taux de profit des coxeurs est très faible, autour de 5%, et leur activité demeure précaire.
C’était déjà le cas à Kumba en 1999 (Ruf 2000). C’est un métier qui attire toutefois de
nombreuses personnes car il exige peu d’investissement de départ. La multiplicité de ces
agents informels entretient une vraie concurrence entre eux qui empêche des taux de profit
conséquents. Leur activité d’intermédiation contribue d’ailleurs peu à la Valeur Ajoutée du
produit, qui est estimée autour de 33 000 F.CFA/tonne.
Les coopératives servent également d’intermédiaires entre les producteurs et les centrales
d’achat de manière systématique quand il s’agit de cacao certifié, mais leur rôle est
décroissant dans la commercialisation interne du cacao non certifié. Elles assurent un service
très peu rentable aux producteurs membres puisque leurs taux de profit net sont inférieurs à
1%, ce qui correspond d’ailleurs à leur vocation. Elles appliquent un taux faible
d’intermédiation qui correspond à un surprix entre 20 et 50F.CFA/kg entre le prix d’achat
aux producteurs et le prix de vente. Les coopératives apportent une très faible Valeur Ajoutée
aux fèves de cacao, entre 11 000 et 14 000 F.CFA/t, notamment car elles transfèrent
l’essentiel des bénéfices financiers à leurs membres.
b. Les entreprises d’exportations de cacao au Cameroun
Le Conseil Interprofessionnel du Cacao et du Café a enregistré huit (08) acheteurs de cacaos,
vingt-cinq (25) exportateurs et un broyeur (CICC, 2015). Le marché d’exportation

13
Les coxeurs sont des collecteurs et rabatteurs opérant directement auprès des producteurs « en brousse
» :  ils achètent cacao et café dans les villages, face à face avec les planteurs, bord champ,
en les trompant souvent (sur la quantité et la qualité) mais en les payant immédiatement.
14
Grade 1 : lot homogène quant à la forme et la couleur, et dont la proportion de fèves ou le poids s’écarte de
plus ou moins un tiers du poids moyen d’un gramme par fève et ne doit pas dépasser 10%. Le cacao de Grade 1
classé « bien fermenté » Fèves moisies, maximum 3% par test ; Fèves ardoisées maximum 3% par test. Fèves
plates, germées ou attaquées par les insectes, maximum total de 3% par test. Grade 2 : Fèves moisies, maximum
4% par test ; Fèves ardoisées maximum 8% par test ; Fèves plates, germées ou attaquées par les insectes,
maximum total de 3% par test.
camerounais est dominé par trois grandes multinationales exportations : Telcar/Cargill, Olam
(y compris ADM) et Sic Cacaos/Barry Callebaut. Avec l’acquisition de ADM par OLAM,
environ 82% des fèves de cacao sont achetés par deux multinationales tel que présenté par la
figure 2.3 ci-après.
Figure 2.3 : Exportation au sein de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun
3% 6%
4%
5%
43%
16%

23%

Cargill ADM Olam Novel


Continaf (Amtrada) Fakoco autres

Source : Compilation des données à partir de ceux d’Ecobank (2012) et du CICC (2019)
Les entreprises d’exportation des fèves certifiées et non certifiées ont des structures de coûts
similaires, mais la certification suppose des coûts opérationnels supplémentaires sous la
forme d’une prime de 83 euros/tonne versée au producteur ; d’un appui aux infrastructures
locales dans les villages impliqués, autour de 35 000 F.CFA/t ; de la mise en place dans
l’entreprise d’une équipe et d’un système de gestion dédié à la certification.
Ces coûts additionnels sont compensés par un prix supérieur du cacao certifié sur le marché
international, qui a avoisiné 2400 USD/t en 2019. L’activité d’exportation des fèves de cacao
est moyennement rentable dans les deux cas, mais la spécialisation dans les fèves certifiées
augmente le niveau de profit et la Valeur ajouté.
Au sein de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun, la majeure partie du cacao est
exportée sous forme de fèves brutes : en 2011 seulement 28 397 tonnes sur les 218 702 ont
été traitées localement (ONCC 2020), soit seulement 13 %. Entre 2007 et 2011, moins de 8 %
ont été transformées localement. Malgré l’intérêt des autorités et les efforts faits pour
promouvoir une transformation locale plus poussée, l’intégration entre l’agriculture et
l’industrie reste faible.
Dans le passé, les exportations étaient destinées exclusivement à l’Europe mais depuis dix
ans les marchés asiatiques sont devenus une destination de choix. Des entreprises chinoises et
turques s’intéressent de plus en plus au cacao camerounais. Les produits semi-finis sont
exportés vers l’Europe, l’Amérique du Nord et la Chine. Les produits finis sont vendus dans
le pays et dans la sous-région mais la concurrence des produits en provenance d’Asie qui sont
offerts sur les marchés nationaux et sous régionaux se fait sentir.
2. La transformation de cacao dans la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun
Transformer le cacao au Cameroun est onéreux. La transformation sur le territoire national
bénéficie d’une exemption d’impôts ce qui incite à transformer les fèves au Cameroun. On
distingue principalement trois types de transformations de cacao à savoir : la transformation
primaire (a) et la transformation secondaire (b) et la transformation artisanale (c).

a. La transformation primaire de cacao au Cameroun


Au Cameroun, seuls 15% des fèves de cacao sont transformés. La majeure partie de la
transformation est réalisée par Sic Cacaos, la filiale camerounaise de Barry Callebaut. Sic
Cacaos
Procède à la première transformation du cacao pour produire de la poudre, du beurre et de la
masse de cacao exportés, sauf un petit volume qui est vendu à la société Chococam. Le
volume de produits transformés a crû rapidement ces dernières années puisqu’il est passé de
27 991 tonnes en 2016 à 52 571 tonnes en 2018.
En 2020, seule une firme est spécialisée dans la transformation des fèves en poudre et masse
de cacao, en pâte de cacao et de beurre de cacao à destination de l’exportation (SIC
CACAO). La masse de cacao est vendue à un prix largement supérieur à celui de fèves,
autour de 3 800 USD/t, soit 3.2 millions F.CFA par tonne. La transformation de 50 000
tonnes de cacao par an requiert toutefois un niveau supérieur d’équipements lourds, de
consommations intermédiaires, de charges financières et de main d’œuvre pour cette
entreprise.
La transformation des fèves et la vente de masse de cacao sont très rentables puisque le taux
de profit net de cette activité dépasse 29%. Elle génère également une Valeur Ajoutée qui
avoisine le million de F.CFA par tonne. La figure 2.4 permet de mieux comprendre le niveau
de transformation des fèves de cacao au Cameroun.
Figure 2.4 : Transformation de cacao au Cameroun pour 2007-2018
100%
90% 12% 12% 12% 12% 12% 12% 15% 15% 15% 15% 15% 15%
80%
70%
60%
50%
40% 88% 88% 88% 88% 88% 88% 85% 85% 85% 85% 85% 85%
30%
20%
10%
0%
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Cacao non transformer Cacao transformer


Source ONCC (2020).
b. La transformation secondaire de cacao dans la chaîne de valeur agricole du cacao au
Cameroun.
L’ensemble des étapes déterminant la capacité du secteur agro-industriel camerounais à
obtenir un avantage concurrentiel sur le marché se résume à trois : l’approvisionnement en
matière premières, la production et distribution, et la consommation finale.
L’approvisionnement en matières premières se fait sur le marché local et sur le marché
international. Sur le marché local, le potentiel agricole du Cameroun offre une bonne base de
développement pour l’agro-industrie qui traditionnellement a toujours été un des maillons les
plus importants du secteur manufacturier national. Le marché national fournit les matières
premières comme le cacao, la pâte de cacao, la poudre et masse de cacao, les arachides, le
sucre. Cependant, une bonne partie de la matière première provient du marché international à
travers des importations. Ce sont les produits comme le lait, les huiles, le glucose.
c. La transformation artisanale et produit cacaotés
L’inventivité des artisans locaux n’a eu de cesse de croître pour arriver de nos jours à une
gamme variée de produits chocolatés et cacaotés, qui vont des denrées alimentaires à la
cuisine fine, en pasant par les produits cosmétiques, phytosanitaires ou encore vestimentaires.
Et les activités conduites dans le cadre de FESTICACAO représentent autant de tribune
d’expression pour les transformateurs artisanaux, qu’il s’agisse de Foire Exposition, du
Delicious Cocoa, du Beauty Cocoa, du concours Miss Festicacao.
A côté des traditionnelles barres chocolatées, pâtes à tartiner et autres confiseries à base de
chocolat, les étals des grandes surfaces au Cameroun proposent désormais un large
assortiment de produits conçus, préparés et conditionnés localement par des nationaux,
gamme de produits dont le packaging n’a rien à envier aux produits concurrents importés. Le
saut qualitatif s’apprécie davantage quand on connait le cahier de charges et norme de
sélection assez restrictifs de ces supermarchés, succursales de grandes enseignes
européennes. Car il n’est plus rare aujourd’hui de trouver dans les rayons de nos grandes
surfaces : liqueur à base de cacao, beurre de cacao.
3. Analyse de l’emploi au sein de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun
L’impact économique du cacao en termes d’emplois est très important ; le cacao est produit
par plus de 500.000 agriculteurs et occupe deux millions de personnes réparties sur six (6)
des dix (10) régions aux Cameroun. Ces chiffres prennent en compte les industries de
transformation locale ainsi que tout le personnel intervenant dans la commercialisation et
l’assistance technique. En fait le cacao fournit plusieurs industries locales en matière
première ; c’est le cas de la Chococam, Nescafé.
En somme selon une étude du comité technique de suivi des programmes économiques du
ministère de l’économie et des finances, l’agriculture contribuerait pour 70% de l’emploi
total au Cameroun. De plus il est au centre de la vie de l’ensemble d’un monde rural qui
regroupait en l’an 2000 une population d’environ 7,4 millions d’habitants et en 2020 une
population de 25 millions d’habitant (INS, 2020).
Il est difficile d'estimer l'emploi fourni par la filière cacaoyère au Cameroun car il recouvre
plusieurs réalités. Premièrement, l'emploi est généralement associé aux emplois salariés à
temps plein. Salaires, Taxes, Charges financières, Amortissement, Profit net offerts par les
administrations et les projets internationaux, seules les entreprises exportatrices fournissent
des emplois salariés à plein temps à la majorité de leur personnel, qui sont complétés par des
emplois à temps partiel durant les phases de pic d’activité. On peut estimer l’ensemble de ces
emplois permanents et ponctuels autour de 2 800 personnes par an.
La majeure partie du travail effectué au sein de la filière cacaoyère se situe en fait dans
l'économie informelle et concerne trois catégories de travailleurs. Tout d'abord, il y a environ
293 000 producteurs qui bénéficient directement de l'exploitation, de la transformation ou de
la vente du cacao. Leur profit peut être assimilé au moins partiellement à une forme de salaire
puisque ces petits exploitants (et les membres de leurs familles) ne se rémunèrent pas pour
leur travail. Cependant, ces producteurs ne dépendent pas uniquement de leur propre main-
d'œuvre pour mener leur activité et recourent aussi à deux types de travailleurs.
D’une part, ils paient des travailleurs locaux, pour toute ou partie des travaux d’exploitation,
et ce coût dépasse 51 milliards F.CFA à l'échelle nationale. A raison d’un salaire rural de 2
500 F.CFA par jour ouvrable et de 280 jours ouvrables par an, cette somme représente
l'équivalent de 73 000 emplois à plein temps en zone rurale. D’autre part, une partie
importante des activités de production est également effectuée sans paiement par les
membres, amis et parents du ménage.
Ce travail non rémunéré, qui a été estimé à partir des enquêtes auprès des différents types de
producteurs, représente un coût économique d’environ 20.5 milliards F.CFA par an, si l’on
applique les mêmes hypothèses que précédemment. Ce travail domestique équivaudrait alors
à 29 200 emplois à temps plein. Au total, c’est presque l’équivalent de 400 000 emplois à
plein temps qui sont générés par la chaîne de valeur cacao au Cameroun, dont 0.2%
seulement relève de l’économie formelle.
Section 2 : Cartographie de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun et
recommandations
Il s’agit ici pour nous dans cette section d’une part de cartographier la chaîne de valeur
agricole du cacao. En effet, la cartographie de la chaîne de valeur agricole du cacao au
Cameroun permet de schématiser la chaîne de valeur agricole du cacao afin d’avoir une vue
d’ensemble de la chaîne (I) et d’autre part, de faire des recommandations d’améliorations de
la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun (II).
I. Cartographie de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun.
La cartographie de la chaine de valeur est utile pour à la fois, un but analytique et un but
communicatif car elle réduit la complexité de la réalité économique avec ses fonctions
diverses et ses multiples parties prenantes, leurs relations d’interdépendance à un modèle
visuel compréhensible. Elle devra permettre de visualiser les différentes fonctions relatives à
la production et à la distribution, les acteurs qui assument ces fonctions et les relations
commerciales verticales entre ces acteurs.
1. Carte de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun
La carte de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun aide à obtenir une
compréhension rapide des réalités complexes et illustrent, comment les transactions de base
dans les chaînes de valeur sont liées aux acteurs du marché dans l’environnement commercial
immédiat et élargi.
La carte de la chaine de valeur agricole du cacao au Cameroun permet d’illustrer les
structures et fonctionnements de cette chaine de valeur qui repose essentiellement sur le
processus et les étapes par lesquels le cacao passe jusqu’à ce qu’il atteigne le client final,
l’identification et le classement des acteurs clés du marché ainsi que l’illustration des
organisations de soutien disponibles et le niveau de la chaine de valeur sur lesquels elles
concentrent leurs services.
2. Représentation schématique de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun
Dessiner la carte de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun est un outil, une aide
pour illustrer les complexités de secteurs et de leurs chaînes de valeur. La recherche sur la
chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun va au-delà de la simple cartographie : elle
comprend la nature des relations entre les acteurs du marché et les raisons des contraintes qui
empêchent la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun d’atteindre les résultats
souhaités. La figure 2.5 suivante fait une cartographie de la chaîne de valeur agricole du
cacao au Cameroun.
Figure 2.5 : Présentation de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun

Source : Auteur
II. Recommandations de développement de la chaîne de valeur agricole du cacao au
Cameroun
L’analyse des facteurs économiques qui affectent la chaîne de valeur agricole du cacao au
Cameroun à fait apparaître de graves disfonctionnement au sein de cette chaîne en terme de
commercialisation. Ces disfonctionnements observés sont en grande partie dû aux
fluctuations du prix du cacao sur le marché mondial. A cet effet, les recommandations portent
sur les stratégies commerciales (1), à une plus grande transformation de la production (2) et
des recommandations visant une stabilisation du prix à la production au niveau national (3).

1. Mise en place d’une stratégie commerciale fondée sur les exigences du commerce
équitable
La valeur ajoutée au sein de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun est générée
essentiellement dans les pays consommateurs. En outre, certains éléments indiquent que cet
apport de valeur ajoutée concerne de plus en plus des attributs de qualité intangibles, et pas
seulement tangibles. En effet, les producteurs dans la chaîne de valeur agricole du cacao au
Cameroun doivent revendiquer une partie au moins du surplus de valeur associé aux attributs
de qualité « symboliques », par exemple en appliquant une stratégie reposant sur la protection
d’indications géographiques.
En effet, les fèves de cacao ont une origine géographique spécifique et possèdent des qualités
ou une réputation qui tiennent à ce lieu d’origine. Les indications géographiques servent à
identifier l’origine et la qualité, la réputation ou d’autres attributs symboliques du cacao.
L’indication géographique attire un surprix et que le bénéfice de celui-ci remonte aux
producteurs car, l’indication géographique aide à capturer un surplus de valeur au sein de la
chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun. L’efficacité de cette stratégie dépend de
trois éléments : perception des consommateurs, protection juridique et transmission des prix.
Premièrement, les indications géographiques sont essentiellement des outils de
commercialisation. Elles fonctionnent si les consommateurs pensent qu’elles dénotent
l’origine et la qualité des produits, et dans la mesure où leur prestige attire un surprix.
Deuxièmement, les indications géographiques doivent être protégées juridiquement pour
éviter les abus. Troisièmement, les producteurs doivent contrôler le surplus de valeur induit
par la reconnaissance de l’indication géographique.
2. Recommandations liées à la transformation du cacao
Il s’agit ici de mettre en place des politiques étatiques incitatives d’exportation du cacao sous
forme de produits semi-finis (a) et mettre en place des politiques étatiques de subvention aux
entreprises de transformations de cacao dans la chaîne de valeur agricole de cacao au
Cameroun (b).
a. Mettre des politiques de quotas d’exportation des fèves de cacao.
En principe, accroître la valeur d’un produit de base est une proposition économiquement
attrayante. Toutefois, dans le cas du cacao les pays producteurs sont confrontés à de sérieux
obstacles économiques, géographiques et commerciaux à l’heure de transformer de manière
compétitive à une échelle viable. En tant que marchandise, les fèves de cacao sont vendues
sans gros effort de marketing international.
En transformant les fèves de cacao en pâte de cacao, beurre de cacao ou tourteau de cacao, le
caractère fongible est diminué voire totalement éliminé et le produit intermédiaire obtenu
devient moins facile à commercialiser. Les clients de ces produits ont leurs propres besoins
particuliers, qu’ils satisfont souvent mieux soit en transformant les fèves de cacao eux-
mêmes, soit en achetant les produits à des vendeurs qui répondent à leurs exigences de qualité
et de livraison particulières.
De plus, l’exportation de cacao sous forme des produits dérivés permet de réduire les coûts et
augmente le profit des entreprises de transformations. En effet, La transformation de fèves de
cacao en liqueur, beurre et tourteaux n’est pas une activité à forte intensité de main-d’œuvre.
Ainsi, les emplois supplémentaires créés par une usine de transformation sont minimes. Étant
donné que la plupart des opérations sont entièrement automatisées et informatisées, aucune
compétence particulière n’est nécessaire si ce n’est peut-être pour les réparations et la
maintenance.
b. Subventionner les entreprises de transformations nationales
La transformation du cacao est une opération à forte intensité de capital. Les installations
pour la transformation des fèves de cacao sont coûteuses, elles doivent pouvoir traiter
d’importantes quantités et elles doivent fonctionner en continu. En outre, la transformation du
cacao devient de plus en plus complexe, car les industriels doivent répondre à des exigences
de plus en plus grandes en termes de qualité et de livraison. L’amélioration des procédés et
des produits/recettes exige des investissements continuels dans la recherche-développement
ainsi que des installations spécifiques. Tout cela renforce la nécessité d’amplifier l’échelle
d’activité. Les économies d’échelle dont peuvent profiter les gros industriels sont perçus
comme des obstacles potentiels à l’entrée.
Les équipements de transformation des fèves de cacao sont coûteux et exigeant une capacité
de production élevée en tonnes, ils doivent pouvoir tourner en continu. Le coût de l’énergie
est donc un facteur qui entre en jeu car transformation de fèves de cacao est une activité à
forte intensité d’énergie qui suppose à la fois des opérations de chauffage et de
refroidissement. Les transformateurs des pays consommateurs ont généralement l’avantage
d’être en mesure de fonctionner en ayant des dépenses en énergie considérablement moins
élevées que celles des principaux pays producteurs de cacao.
3. Agir sur le prix au producteur de cacao au Cameroun.
L’analyse du prix au sein de la chaîne a permis de mettre en évidence que le prix est le
principal facteur déterminant le développement de la chaîne de valeur agricole du cacao au
Cameroun. A cet effet, nous recommandons le retour au système de prix garantis par l’Etat
(a), la mise en place des politiques concurrentielles efficaces et efficientes (b), la mise en
place des politiques anticoncurrentielles (c), la mise en place des mécanismes de contrôle de
fusion-acquisition (d).
a. Stabilisation des prix par le retour au système des prix garantis par l’Etat
Face aux désordres croissants des marchés mondiaux des matières premières et à l'échec des
tentatives de régulation internationale, la question des effets de la stabilisation des prix du
cacao sur l'offre agricole est primordiale. Une politique de stabilisation des prix favorise la
culture de cacao dans les exploitations intensives en travail. Elle a des effets significatifs sur
le bien-être des planteurs en leur assurant une sorte de rente de situation. La stabilité du prix
du cacao assure globalement de meilleurs bénéfices sur l'horizon de planification.
b. Mise en place des politiques anti-concurrentielle dans la chaîne de valeur agricole du
cacao au Cameroun
L’analyse de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun montre des problèmes de
concurrence fondamentaux au sein de cette chaîne. La chaîne de valeur agricole du cacao au
Cameroun se caractérise par une concentration importante et des fusions-acquisition, pour
aboutir à un marché d’oligopsone. Cette structure actuelle de la chaîne de valeur agricole du
cacao au Cameroun a des conséquences pour la mise en œuvre du droit et de la politique de la
concurrence. En adoptant et en appliquant une législation en matière de concurrence adaptée
et à la structure du marché, le Cameroun va lutter contre les pratiques anticoncurrentielles
éventuelles.
La législation va dissuader en elle-même, dans l’avenir, les pratiques anticoncurrentielles.
Deux domaines d’intervention méritent une attention particulière : les pratiques
anticoncurrentielles, l’abus de position dominante et les opérations d’acquisition des
multinationales dans ce secteur.
c. Mettre fin aux pratiques concurrentielles déloyale et abus de position dominante
Les réformes de la filière du cacao au Cameroun, ont permis aux négociants agréés de
s’approvisionner librement et comme ils le souhaitent, à un prix négocié librement. Les
producteurs peuvent, de leur côté, vendre leur cacao directement à tout négociant de leur
choix. Dans l’idéal, cette situation devrait fournir aux producteurs locaux la possibilité de
choisir les négociants auxquels ils souhaitent vendre leurs produits. Toutefois, l’existence
entre les négociants d’accords tacites de répartition des zones de production du cacao
restreint parfois, en réalité, les possibilités de concurrence.
La structure d’oligopsone du marché du cacao au Cameroun facilite les ententes collusoires
entre grandes sociétés. Cette structure du marché est en elle-même problématique car, les
conditions structurelles du marché sur lequel les oligopsones opèrent sont telles qu’ils ne se
feront pas de concurrence par les prix et qu’ils seront peu incités à se faire concurrence par
d’autres moyens en outre, ils pourront se procurer des bénéfices supra concurrentiels sans
passer par une entente collusoire ou par une action concertée généralement prohibée par le
droit de la concurrence.

Conclusion
Ce chapitre nous as permis d’analyser les facteurs économiques de la chaîne de valeur
agricole du cacao il laisse à noter que, plusieurs facteurs économiques affectent la chaîne de
valeur agricole du cacao au Cameroun. Toutefois, le prix reste le facteur économique le plus
important de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun. En effet, le prix du marché
condition, la production, la transformation, la commercialisation, la distribution au
consommateur final.

Conclusion de la première partie


Cette partie avait pour but de répondre à la question de savoir : quels sont les facteurs
économiques qui influencent le développement de la chaîne de valeur agricole du cacao au
Cameroun et se fondait sur l’hypothèse selon laquelle, le prix est le facteur économique qui
affecte le plus le développement de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun.
L’analyse des facteurs économiques de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun a
donc permis de confirmer cette hypothèse.
En effet, l’attraction de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun dépend du prix au
producteur. La volatilité des cours est un des facteurs de la faible attractivité du secteur. Au
Cameroun, comme dans de nombreux pays africains, les problèmes de la stabilisation des
prix et des revenus sont directement reliés aux élasticités de l'offre des produits agricoles et
plus particulièrement du cacao.
Toutefois, le prix n’est pas le seul facteur économique qui influence la chaîne de valeur
agricole du cacao au Cameroun d’autres facteurs tout aussi important comme la production,
la transformation, et la commercialisation, influencent aussi le développement de la chaîne de
valeur agricole du cacao au Cameroun.
En effet, Le Cameroun apparaît bon à mal comme le cinquième producteur mondial de cacao.
La production commercialisée du cacao a subi les contrecoups de la baisse du cours
international et des troubles dans la région du Sud-Ouest depuis presque quatre ans pour
s’établir à 334863 tonnes de fèves sèches en 2018-19. La production nationale
commercialisée de cacao pour la saison 2018-19 s’établit autour de 251 000 tonnes de fèves
sèches, dont 221667 tonnes sont exportées sans transformation tandis que 55 000 tonnes sont
vendues à des transformateurs locaux. Environ 90% du cacao est exporté vers l'Europe, en
particulier aux Pays-Bas (53%), comme matière première pour les chocolatiers et l'industrie
de la confiserie.
Les compagnies à capitaux camerounais résistent à la concurrence des groupes
multinationaux puisqu’elles exportent encore 44% du volume des fèves. Le Cameroun
exporte aujourd’hui en plus de fèves de cacao des produits semi-finis à savoir la poudre et
masse de cacao ; la pâte de cacao et le beurre de cacao. Les trois plus grands acheteurs du
cacao du Cameroun sont : Archer Daniels Midland (ADM), Cargill et Barry Callebaut.
CAMACO (Cameroun Marketing Company), Olam - Usicam, SIC Cacaos SA, Telcar Cocoa
Ltd et SOCACAO.

Vous aimerez peut-être aussi