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Méthodologie de recherche
Selon Madeleine GRAWITZ (1986), le propre de la démarche méthodologique est d’aider à
comprendre au sens le plus large, non les résultats de la recherche scientifique, mais le
processus de recherche lui-même. Dans cette optique, en analysant la chaîne de valeur
agricole du cacao au Cameroun, il nous a paru opportun d’utiliser la démarche hypothético-
déductive.
1. Délimitation spatio-temporelle
La collecte de données a été faite du 15 mars 2020 au 31 mai 2020. La zone de l’étude couvre
un échantillon de quatre régions à savoir : la région du Centre, la région du Sud, la région du
Sud-Ouest et la région du Littoral qui présentent respectivement 36,81% ; 9,59% ; 43,40% ;
et 5,87%. Ces régions sont les quatre grands bassins de production du cacao Cameroun
(ONCC, 2020).
2. la collecte des données
Pour réaliser notre étude, nous avons utilisé des enquêtes de terrain sur la base d’un
questionnaire et d’un guide d’entretien (cf annexe). La technique d’échantillonnage stratifié
suivant la répartition optimale qui tient compte du budget a été utilisé pour constituer nôtre
échantillon. Le tableau 1.1 qui suit présente les caractéristiques de l’échantillon que nous
avons utilisé pour notre recherche.
Tableau 1.1 : Répartition de l’échantillon de l’étude
Régions Départements Arrondissements Villages Nombres de producteurs de cacao enquêté
Centre Lékié Monatélé Tala I 26
Sa’a Nkolmebanga 16
Obala Efok 15
Bam-Ekim Ntui Nguett 10
Bangassina Talba 18
Yoko Ngoro 22
Bam et Inoubou Bafia Deuk 20
Ndikineméki Ndikitiek 12
Nitoukou Kon-yambette 11
Total 150
Sud Océan Bipindi Kpwa-nkoutou 25
Lolodorf Bibia 18
Mvengue Mvan 20
Mvila Mvangan Adjap 14
Mane Assok I 13
Total 90
Sud-Ouest Meme Kumba 1er Barombi Mbo 20
Bongwana Kake I 30
Total 50
Littoral Mumgo Nkonssamba Mandjo 10
Total générale du nombre de producteurs enquêté 300
Transformateurs de cacao
Sic Cacaos du groupe Barry Callebaut 1
Chococam Tiger Brands 1
Ferrero Cameroun S.A 1
Nombre total des transformateurs enquêté 3
Acteurs indirects
Ministère du commerce 1
Ministère de l’agriculture 1
CTSCCC 1
FODEC 1
SODECAO 1
ONCC 1
CICC 1
Nombre total des acteurs indirect enquêté 7
Taille totale de l’échantillon 316
Source : Auteur
La statistique descriptive sera utilisée pour décrire les caractéristiques des acteurs la chaine
de valeur du cacao au Cameroun. Nôtre travail de recherche a été organisé en deux parties. La
première partie analyse les facteurs économiques dans la chaîne de valeur agricole du cacao
au Cameroun elle est constituée en deux chapitre. La deuxième partie fait une analyse des
facteurs institutionnels de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun elle comporte
également deux parties.
PREMIERE PARTIE : ANALYSE DES FACTEURS
ECONOMIQUES DE LA CHAINE DE VALEUR
AGRICOLE DU CACAO AU CAMEROUN
Introduction
L’application du concept de chaine de valeur a atteint au fil des ans, d’autres domaines que
l’industrie. En agriculture, la chaine de valeur agricole est une succession d’étapes qui sont
toutes sources de valeur ajoutée, coordonnées, à tous les niveaux de la production, de la
transformation et de la distribution, et destinées à répondre à la demande du consommateur
(CTA, 2012).
Les maillons d’une chaîne de valeur agricole peuvent être des fournisseurs d’intrants, des
producteurs, des transformateurs, des sociétés d’emballage, des distributeurs et des vendeurs
tous les acteurs qui se succèdent tout au long de la vie d’un produit, depuis son origine
jusqu’au consommateur. Une chaîne de valeur agricole, n’est pas simplement un agriculteur
qui vend sa production à un acheteur, quelle que soit la solidité de cette relation commerciale.
Il ne s’agit pas non plus de la production et de la commercialisation d’un produit de base
spécifique.
En agriculture, la chaine de valeur dépasse le simple niveau de productivité agricole et insiste
sur la manière de coordonner les activités en amont et en aval de manière à satisfaire la
demande et à tirer le maximum de valeur ajoutée. Elle permet de décrire la manière dont cette
dernière est repartie entre les acteurs1.
La chaîne de valeur du cacao commence par les planteurs de cacao et les coopératives ensuite
les exportateurs et les broyeurs de fèves. Les dernières étapes de la chaîne de valeur se
trouvent au niveau des détaillants qui vendent les tablettes de chocolat et autres produits aux
consommateurs. Les relations ont évolué au sein de la chaîne de valeur du cacao en même
temps que les économies d’échelle pour réduire les dépenses se sont accrues. À de nombreux
niveaux, le marché s’est concentré à la fois verticalement et horizontalement.
L’essentiel de la problématique de la création de la valeur se situe dans la dynamique des prix
et des revenus à tous les stades ou nœud d’augmentation de la valeur. Or, les opportunités
d’établir des liens et de créer la valeur dépendent des capacités des entreprises. La
compétitivité des entreprises locales sur les plans des prix, de la qualité, des délais de
livraison et de la flexibilité, détermine la mesure dans laquelle ces entreprises peuvent
s’engager dans la transformation pour les marchés intérieur, régional et international, voire de
1
Calvin Miller et Linda Jones, 2013. Financement des chaînes de valeurs agricoles : outils et leçons. FAO
créer des entreprises dominantes locales. Cette partie commence par une analyse théorique
des facteurs économiques dans la chaîne de valeur agricole du cacao (chapitre 1) et se
termine par le cadre empirique d’analyse des facteurs économiques dans la chaîne de valeur
agricole du cacao au Cameroun (chapitre 2).
Introduction
Les principaux éléments d’analyse d’une chaine de valeur sont les coûts économiques le long
de la chaine de valeur, la valeur ajoutée générée à chaque stade, les acteurs les plus
importants de la chaine, le cadre institutionnel de la chaine de valeur, les goulots
d’étranglement dans la chaine de valeur, la zone d’une potentielle croissance du marché, la
taille de la chaine, les synergies possibles.
L’analyse de chaine de valeur est utile pour les nouveaux producteurs, y compris les
producteurs pauvres et les pays pauvres, qui essayent de s’intégrer dans les marchés
mondiaux de manière à assurer une croissance durable des revenus (Kaplinsky and Morris,
2000). L’analyse de la chaine de valeur peut être considérée comme un outil de lutte contre la
pauvreté. Car, le concept de croissance en faveur des pauvres (pro-poor growth), se fonde sur
la conviction que seule la croissance économique et le succès commercial des pauvres sont
capables de fournir une solution durable au problème de la pauvreté.
Section 1 : Analyse théorique des facteurs économiques des chaînes de valeurs
agricoles.
Michael Porter a introduit la notion de chaîne de valeur pour identifier les étapes nécessaires
pour qu’une organisation construise une offre valorisée par les clients. Cette notion permet de
comprendre quelles activités contribuent ou non à la création de valeur. Cette section
s’articule autour de deux parties : tout d’abord, elle présente de manière théorique les étapes
principales d’analyse économique d’une chaîne de valeur (I) et d’autre part, elle fait une
présentation des modèles théoriques d’analyses économique des chaînes de valeur agricoles
(II).
I. Niveaux d’analyse économique d’une chaîne de valeur agricole
L’analyse de la chaîne de valeur peut être faite ici à deux niveaux : une analyse par les coûts
et les performances de la chaîne de valeur (1), et une analyse de la chaîne de valeur faite au
niveau transversale (2).
1. Analyse de la chaîne de valeur par les coûts et les performances.
Les premiers pas structurés de l’analyse interne ont pris la forme de la chaîne de valeur et de
son imbrication dans un système de valeur au niveau d’une industrie. En première analyse,
cet outil permet de repérer les points forts et les points faibles de l’entreprise, c’est-à-dire les
activités pour lesquelles elle dispose d’un avantage en termes de coût, de valeur et/ou de
marge par rapport à ses concurrents. En revanche, elle fait fi de la compréhension précise des
mécanismes qui permettent d’aboutir à ces avantages, ce que permet une analyse fine des
ressources et aptitudes de l’entreprise. Une chaîne de valeur décrit les différentes étapes et
opérations réalisées par une firme dans une industrie donnée2. Il s’agit ici de présenter les
principales étapes d’analyse de la chaîne de valeur.
La chaîne de valeur articule ces activités autour de neuf pôles : cinq activités de base et
quatre activités de soutien. Les premières s’articulent autour de la séquence
approvisionnement-production-logistique-commercialisation-service, et les secondes
apportent l’appui nécessaire grâce à des services spécialisés, à savoir l’achat de toutes les
ressources dont l’entreprise a besoin, le développement technologique, la gestion des
ressources humaines et l’infrastructure de l’entreprise.
L’entreprise examine ses coûts et ses performances dans tous ces domaines en recherchant
des améliorations. Elle évalue également les coûts et performances de ses concurrents. En
outre, elle peut étudier les pratiques des meilleurs dans chaque domaine, même s’ils
appartiennent à d’autres secteurs, et s’en inspirer : c’est ce que l’on appelle le benchmarking.
Ces différentes activités de la chaîne de valeur sont regroupées en deux catégories : les
activités primaires qui concernent la phase de conception du produit, les différentes phases
intermédiaires de sa transformation, la distribution jusqu’au consommateur final et le
traitement des déchets après son usage. Les activités de support qui contribuent aux
réalisations des activités principales (Porter, 1985).
On peut trouver ou créer l’avantage compétitif, et donc les possibilités de création de valeur,
au moyen de cinq activités principales (logistique entrante, logistique sortante, production,
commercialisation et service à la clientèle) et de quatre activités de soutien (infrastructure de
l’entreprise, gestion des ressources humaines, développement technologique et les
technologies de l’information et de la communication appelé TIC et achat).
La chaine de valeur va du cadre national et régional au cadre international car plusieurs
acteurs au niveau national ou international peuvent intervenir dans la chaine. C’est le cas des
firmes fournissant les intrants y compris les matières premières en amont, l’entreprise qui
2
Stratégor, 4e édition
fabrique le produit lui-même et les firmes qui interviennent dans diverses activités en aval du
produit pour sa commercialisation et/ou sa distribution jusqu’au consommateur final national
ou international.
La chaîne de valeur de Porter (Porter, 1996) est un concept s’intéressant au niveau de
l’entreprise. Son intérêt est qu’elle facilite l’évaluation systématique des caractéristiques
uniques dont une entreprise dispose ou qu’elle peut développer pour créer des avantages
compétitifs qui lui permettront de vendre, de façon rentable, un produit de qualité similaire
pour un prix inférieur ou un produit différent pour un prix plus élevé que ses concurrents.
L’approche est de « décomposer l’activité de l’entreprise en séquences d’opérations
élémentaires et d’identifier les sources d’avantages concurrentiels potentiels. Ces principales
sources apparaissent en comparant la chaîne de valeur de l’entreprise avec les chaînes de
valeur des concurrents, lorsque cela est possible » (FAO, 2005). La performance globale de la
chaîne de valeur peut être améliorée à la fois par un renforcement de chaque maillon et par un
renforcement des liaisons entre les maillons.
La chaîne de valeur de Porter est donc un outil de stratégie commerciale, dont le principal
objectif est d’aider les dirigeants à décider comment renforcer de façon rentable la
compétitivité de leur entreprise. Elle n’évalue pas la valeur ajoutée au niveau de la chaîne
dans son ensemble. Avec Porter (1985), la chaine de valeur prend alors une tournure plus
managérialiste qui tend à réduire la question du développement à celle de l’accroissement de
la performance de l’entreprise la figure 1.2 fait une représentation d’une chaîne de valeur.
Figure 1.2. Présentation de la chaîne de valeur
Section II: Chaîne de valeur agricole du cacao : facteurs économiques marchands et non
marchands
La littérature identifie deux principaux facteurs économiques d’analyse de la chaîne agricole
à savoir: les facteurs marchands (I) et non marchands (II).
I. Facteurs économiques marchands des chaînes de valeurs agricoles
Les facteurs économiques marchands des chaînes de valeurs agricoles sont : la production, le
prix (1) et la commercialisation (2).
1. La production et le prix dans la chaîne de valeur agricole
La production (a) et le prix (b) sont des facteurs majeurs d’une chaîne de valeur agricole car
ils conditionnent les autres étapes de la chaîne à savoir la transformation et la
commercialisation voire même la création d’emploi.
a. La production
Le plus ancien des trois grands bassins de production couvre l’Amérique centrale et s’étend
en Amérique du Sud, de la côte ouest du Pacifique jusqu’aux régions littorales du Brésil. Le
second est celui de l’Afrique de l’Ouest, de la Guinée au Cameroun où, exception faite du
Bénin, tous les pays cultivent le cacaoyer (Rapport économique sur l’Afrique (2013).
Globalement, on assiste, au fil des 10 dernières années, à un renforcement de la concentration
géographique de la production. Tout d'abord, sur l'Afrique : les 4 pays d'Afrique de l'Ouest et
centrale représenteraient 70% de la production mondiale en 2018 contre 67% en 2004/05. La
Côte d'Ivoire monte en puissance et devrait représenter, selon les prévisions de l’ICCO, 50%
de la production mondiale en 2020/21 contre 35% en 2010/11 et 38% en 2004/05.
La production mondiale de fèves de cacao a connu une croissance sensible depuis le début
des
années 2000. En 2018, la récolte atteint 5252377 de tonnes, en augmentation forte par rapport
à 2000 (3338448 de tonnes) ou auparavant : 2532151 de tonnes en 1990. Il s’agissait
toutefois d’une récolte exceptionnelle. La récolte 2021 devrait être de l’ordre de 6 millions de
tonnes (ICCO, 2020).
Le marché du cacao est fortement contrasté entre d’une part les pays producteurs,
essentiellement des pays du Sud, et d’autre part les pays consommateurs, essentiellement des
pays du Nord. Outre les importantes disparités économiques entre les acteurs de ces pays,
l’asymétrie de ce commerce est renforcée par des inégalités en termes d’infrastructures et
d’accès à l’information, qui peuvent laisser supposer que les acteurs des pays de production
rencontrent des contraintes supplémentaires de nature à grever leur capacité de négociation.
Le caractère mondialisé du marché du cacao et les contraintes de transport et de stockage que
suppose sa commercialisation expliquent en partie ce que nous appellerons le « paradoxe du
cacao » (Frédéric Amiel et al., 2019). D’une part, le monde du cacao est régulièrement
confronté à des épisodes de brusque panique provoqués par l’annonce d’une pénurie de cacao
à plus ou moins long terme : la conjonction des effets du changement climatique, de la baisse
de productivité des fermes et le vieillissement des producteurs alimentent le spectre d’une
baisse brutale et imminente de la production mondiale.
Le stock mondial de cacao au niveau mondial frôle les 42 % du volume annuel de broyage,
un niveau de stock extrêmement important pour une commodité alimentaire. L’ICCO 3
(Organisation internationale du cacao) parle même depuis plusieurs années d’« excédent
3
ICCO, 2018
structurel », un excédent qui est tel sur les marchés mondiaux que les cours ont plongé
récemment de presque 30 %.
En 20184, l’Afrique est le principal continent producteur de fèves de cacao. 5 pays africains
figurent parmi les 10 plus importants producteurs mondiaux. Le Brésil, qui produisait autant
que la Côte d’Ivoire jusque dans les années 80 (380 000 tonnes en 1983 contre 412 000
tonnes pour la côte d’Ivoire) a tendance à se dégager de cette production. La production de la
Côte d’Ivoire a, quant à elle, nettement augmenté en 58 ans, passant donc de 85000 tonnes en
1961 à 1 963949 tonnes en 2018. Le Ghana présente la même tendance (415200 tonnes en
1961 contre 947633 en 2018). L’Indonésie a également considérablement augmenté sa
production sur la période (593832 tonnes en 2018).
Comme d’autres matières premières agricoles, le cacao est un produit « commoditisé », selon
la définition donnée par Daviron et Vagneron (2011). C’est à dire que, pour faciliter les
échanges dans un marché global et pour permettre aux acheteurs d’acheter de grandes
quantités de cacao sans avoir à se déplacer pour vérifier en direct la qualité de la
marchandise, un certain nombre de standards sont édictés aux niveaux des marchés nationaux
et des bourses d’échanges, standards qui permettent aux acheteurs de se fier « les yeux fermés
» au marché, puisque la garantie du respect des standards par le fournisseur devient une
obligation contractuelle.
De tels standards ne peuvent porter que sur des caractéristiques précises et limitées du
produit, essentiellement le bon état des fèves et la qualité de la préparation (fermentation et
séchage), à l’exclusion de critères de qualités gustatives ou portantes sur les modes de
production associés. Les conséquences pour le marché sont : un échantillon de produit est
similaire à un autre échantillon ; un échantillon est donc absolument substituable à un autre
sur le marché.
Pour les industriels du secteur agricole cacaoyer, cela offre l’avantage d’une part de pouvoir
rechercher le meilleur prix sur un marché concurrentiel parmi différents producteurs
proposant des produits identiques, d’autre part de garantir un approvisionnement continu des
unités de transformation de grande capacité (Baromètre, 2018).
En d’autres termes, si un fournisseur habituel fait défaut, il est aisé de se tourner vers un autre
fournisseur, voire vers un concurrent pour garantir l’approvisionnement des usines. Le
corollaire de ces avantages, c’est qu’en raison de la taille des unités de transformation dans le
secteur du broyage, il devient impossible de distinguer, dans les flux de matière, la
4
FAOSTAT, 2020
production des différents producteurs, et de valoriser d’autres caractéristiques du produit,
comme ses qualités organoleptiques.
Les petites ou moyennes unités, incapables d’absorber de telles quantités, doivent faire appel
à des moyens de transport et de stockage moins importants, et plus coûteux. En contrepartie,
les investissements très importants rendus nécessaires par la mise en place de ces nouvelles
méthodologies nécessitent le traitement de grandes quantités de cacao pour amortir les frais,
et ne supportent pas les ruptures d’approvisionnement. Cela rend à son tour nécessaire une
très grande souplesse dans les achats, renforçant la nécessaire substituabilité des fournisseurs.
Depuis 1961, la production mondiale de cacao a été multipliée par trois passant de 1670684
tonnes à 5252377 tonnes en 2018. Cette croissance a été entrecoupée de chocs résultant de
politiques d’ajustements structurels, de l’apparition de ravageurs et de maladies et de
mouvements spéculatifs qui affectent la production. Une cinquantaine de pays de la zone
intertropicale cultivent la fève de cacao ; trois d’entre eux dominent la production mondiale :
la Côte d’Ivoire, le Ghana et l’Indonésie.
En 2018, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigéria, le Cameroun représentent 95% de la
production de l’Afrique et 70% de la production mondiale. L’Afrique de l’Ouest et du Centre
à travers la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigéria et le Cameroun fournit une offre de cacao
brut5 ; un pôle important en Amérique latine, fournit une offre répartie entre produit brut et
transformés6 ; un pôle asiatique est en expansion en Malaisie, Indonésie et Papouasie-
Nouvelle Guinée avec un accroissement rapide de la transformation locale ainsi que
l’émergence d’une consommation de produits chocolatés (FAOSTAT, 2020).
Le premier record de production mondiale, à 4614870 tonnes en 2011, était principalement
dû aux performances de chacun des deux acteurs majeurs, la Côte d'Ivoire (1511255 tonnes)
et le Ghana (700020 tonnes). Cependant, le deuxième record de production, en 2018, à
5252377 tonnes, est principalement dû à la Côte d'Ivoire dont la production a alors grimpé à
1963949 tonnes. Le Nigeria et le Cameroun ne parviennent pas véritablement à décoller,
même si leur production est globalement à la hausse 332927 tonnes pour le premier en 2018
et 307867 tonnes pour le second sur la même période comme le montre la figure 1.6 ci-après
(FAOSTAT, 2020).
5
20% de transformation locale
6
Transformation locale de l’ordre de 70% de la production au Brésil
Figure 1.6: Evolution de la production mondiale de cacao (en tonne)
6000000
5000000
4000000
3000000
2000000
1000000
0
61 63 65 67 69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 01 03 05 07 09 11 13 15 17
19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 20 20 20 20 20 20 20 20 20
7
Ou directement
8
Prix du marché mondial et prix d’achat producteur
Dans la plupart des pays producteurs, les fluctuations du cours du marché mondial ont des
répercussions immédiates sur le prix à la production 9. Mais en Côte d’Ivoire et au Ghana, des
offices nationaux de commercialisation du cacao vendent par anticipation une partie de la
récolte l’année précédant le début de la campagne.
L’attraction du secteur cacao dépend du prix au producteur. La volatilité des cours est un des
facteurs de la faible attractivité du secteur. Toutefois, conjugué aux prix des facteurs de
production: force de travail et prix du foncier, le secteur reste peut-être attractif pour la
catégorie de population qui a compris ce que le libéralisme définit par «l’auto-emploi».
Autrement dit par l’entreprenariat spéculatif de quelques élites urbaines qui ont épargné des
revenus extra agricoles afin de les investir dans le foncier et l’agriculture de rente (ICCO,
2018).
L’économie du cacao est libéralisée au Cameroun depuis vingt-cinq ans de ce fait, elle
présente la plupart des caractéristiques de concurrence pure et parfaite. Deux facteurs
principaux empêchent que les prix des biens et services utilisés par cette chaîne de valeur ne
soient considérés comme les prix de référence d'une économie parfaitement compétitive.
Premièrement, les biens et services importés ou exportés sont soumis à diverses taxes et
redevances, et leurs prix sur le marché domestique sont donc différents de leurs prix
internationaux. Deuxièmement, presque 100 000 producteurs bénéficient de subventions
privées ou publiques pour mener à bien leurs activités. Ces subventions peuvent être
substantielles et parfois réduire considérablement le prix de nombreux intrants matériels.
L'application de ces deux processus de prix fictifs permet de calculer la performance
économique de la chaîne de valeur du cacao sur la base des prix internationaux et de la
comparer à celle précédemment évaluée avec les prix actuels du marché domestique.
L’application des prix internationaux diminue de 10% le coût des consommations
intermédiaires et du capital. Elle annule aussi les taxes appliquées en interne au secteur. Elle
modifie très peu le prix des produits exportés qui sont dans une très large majorité déjà
vendus sur la base des prix FOB. Au total, une libéralisation accrue du marché basée sur une
disparition des taxes et des subventions générerait un transfert de 15.5 milliards F.CFA au
bénéfice des acteurs de la filière.
Selon Ruf (2001), cette chaîne de valeur apparaît toutefois très dépendante des facteurs
domestiques de production puisque le Coût en Ressources Internes, c’est-à-dire le ratio entre
les ressources nationales non échangeables (travail plus capital) et la valeur ajoutée
(production échangeable moins intrants), s’établit à 1.61 en utilisant les prix internationaux.
9
Le prix à la production est la somme que l’exploitant reçoit pour son cacao.
Ce ratio indique que cette chaîne de valeur n’est pas viable dans l’économie internationale et
entraîne une perte économique pour l’économie nationale puisque la valeur ajoutée est
inférieure au coût d’utilisation des facteurs non échangeables de production.
Ce constat tient manifestement au manque d’efficacité dans l’utilisation du travail et du
capital, qui s’explique sans doute par des itinéraires techniques peu suivis, d’une part, et à la
faiblesse des prix free-on-bord et des prix offerts aux producteurs pour les fèves de cacao,
d’autre part. Une partie importante des coûts de la production du cacao ne sont pas couverts
par le prix de vente FOB et sont laissés à la charge des populations locales. La figure 1.7
suivante présente l’évolution du prix du cacao sur le marché mondial.
Figure 1.7: Evolution du prix annuel moyen des fèves de cacao sur le marché mondial
(en dollars/tonne)
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
6 7 8 9 0 1 5 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8
8 8 8 8 9 9 9 9 9 9 9 9 9 9 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 1 1 1 1 1 1 1
9 9 9 9 9 9 9 9 9 9 9 9 9 9 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2
Source: compilation des données à partir de ceux de l’ICCO (2017) et du FAOSTAT (2020).
2. La commercialisation : facteurs de développement des chaînes de valeurs agricole
Deux types d’entreprises dominent les liens en aval dans la CV mondiale du cacao: broyeurs
et fabricants de chocolat. Ils contrôlent les liens caractérisés par la plus forte valeur ajoutée et
la rentabilité: le commerce et la commercialisation (Barrientos et Okyere, 2008). Les
supermarchés, qui représentent environ 54 % du secteur mondial du chocolat au détail,
tentent de s’approprier une plus grande part de valeur ajoutée en vendant leurs produits sous
leur propre marque.
Pour offrir des produits intermédiaires en flux tendu et se conformer aux normes
internationales, les broyeurs ont investi dans des capacités technologiques et logistiques, ce
qui augmente leur pouvoir de marché le long de la chaîne de valeur mondiale. Les fabricants
de chocolat cherchent à maintenir une certaine concurrence dans les étapes intermédiaires de
la CV afin d’éviter que les broyeurs empiètent sur leurs cœurs de métier et leurs profits.
Les premier, deuxième, troisième et sixième exportateurs mondiaux de cacao, à savoir la
Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigéria et le Cameroun montrent des niveaux de création de
valeur particulièrement faibles : seuls la Côte d’Ivoire et le Ghana ont exporté entre un
cinquième et un quart de leur production sous forme semi-transformée.
Or, 54 % de la valeur des exportations de l’Indonésie vers le monde étaient réalisés à
l’extrémité inférieure et supérieure des étapes de semi-transformation (pâte, beurre et poudre
de cacao), et 94 % de la valeur des exportations de la Malaisie vers le monde étaient réalisés
à l’extrémité supérieure de l’étape de semi-transformation (beurre et poudre de cacao). En
Amérique latine, le Brésil et spécialement le Mexique ont progressé sur la chaîne de valeur
comme le montre la figure 1.8 ci-dessous.
Figure 1.8: Valeur ajoutée à l’exportation de certains pays producteur en (pourcentage)
120%
100%
80%
60%
40%
20%
0%
Cameroun Côte-d'ivoire Ghana Nigéria Indonésie Malesie Brésil Equateur Mexique
10
Cette logique nous conduit au cœur de la notion de division du travail comme source de croissance
économique. Les aliments sont des produits sans lesquels nous ne pouvons pas vivre, même à court terme, et
leur fourniture est donc essentielle. Ce n’est que si une personne est capable de produire des aliments pour un
plus grand nombre de personnes, grâce à l’amélioration de la productivité, que d’autres pourront se spécialiser
dans d’autres produits, dans des services ou dans l’administration d’un État.
agriculteurs d’aujourd’hui finiront par devoir se sortir de la pauvreté en trouvant un travail
décent en dehors du secteur agricole11.
Cela libérera de la main-d’œuvre agricole, ce qu’il faudra compenser par la création
d’emplois ailleurs: chez les fournisseurs d’appui; en aval dans la chaîne de valeur alimentaire,
là où l’on ajoute le plus de valeur; dans les chaînes de valeur non alimentaires; et sous la
forme d’emplois indépendants.
Bon nombre de ces emplois apparaîtront dans les zones rurales où se trouvent les
exploitations à orientation commerciale et les petites et moyennes entreprises agricoles, mais
la plupart d’entre eux se trouveront néanmoins dans les zones urbaines. Dans les deux cas,
mais surtout dans les zones rurales, les entrepreneurs des chaînes de valeur et les travailleurs
qu’ils emploient dépenseront leurs revenus en hausse pour acheter des produits et des
services, dont bon nombre seront fournis par des travailleurs indépendants. Cette transition
massive de l’agriculture vers les autres secteurs doit, dans toute la mesure possible, être gérée
comme un processus régulier et graduel faisant la part belle à l’enseignement, à la mobilité et
au développement urbain (FAO, 2014).
Conclusion
L’approche chaine de valeur parait actuellement utile particulièrement pour les producteurs
pauvres qui essayent de s’insérer dans une chaine d’activité donnée et d’intégrer les marchés
nationaux, régionaux et internationaux. Elle permettrait à ces producteurs et autres acteurs de
tirer des bénéfices de façon durable en développant des atouts dont dispose le secteur ou en
créant des avantages comparatifs et compétitifs.
La réalisation d’une analyse de la chaine de valeur renseigne sur les coûts économiques le
long de la chaine de valeur, déterminer la valeur ajoutée générée à chaque stade et comment
elle est répartie, les acteurs les plus importants de la chaine, le cadre institutionnel de la
chaine de valeur, les goulots d’étranglement dans la chaine de valeur, la zone d’une
potentielle croissance du marché, les synergies possibles.
Centre 150 93 57 21 85 53
Sud 90 63 27 25 90 57,5
Sud-Ouest 50 35 15 23 85 54
Littoral 10 8 2 24 87 55,5
Total sexe de producteur en % 70% 30% Age total moyen 55
Source : Auteur
Ce taux relativement important est le fruit des efforts de l’Etat à modifier le statut de la
femme face aux considérations sociétales, à travers la promulgation des lois garantissant des
droits successoraux égaux sans discrimination de sexe, manifestant leur opposition par de
nouvelles formes de brimades infligées aux filles et aux femmes, sœurs ou conjointes.
L’analyse de l’ancienneté renseigne à la fois sur la dynamique d’entrée dans le secteur mais
aussi l’expérience qu’ont les cacaoculteurs par rapport à leur métier. L’analyse montre un
agrandissement des parcelles par les nouveaux entrants dans le secteur le tableau 1.4 suivant
présente le degré d’ancienneté des producteurs de cacao au Cameroun.
Source : Auteur
La population des producteurs de cacao au Cameroun est majoritairement vieille et son
ancienneté varie entre 2,5 ans et 57,5 ans avec une ancienneté moyenne de 27,5 ans dans la
culture du cacao pour un écart-type de 17,414 ans. Cette forte dispersion de l’écarts-type
explique un certain dynamisme dans les mouvements des populations dans le secteur.
Le niveau d’étude et de qualification est également important pour la cacaoculture tournée
vers le marché dans une logique de globalisation. Il augmente la capacité d’adopter des
nouvelles technologies en réponse aux exigences de la culture et du marché. (FAO, 2001). Le
niveau de qualification est plutôt lié à la maitrise technique usuelle et moderne alors que celui
d’étude est lié aux connaissances acquises par la scolarisation. Au Cameroun, le niveau
d’étude des producteurs de cacao reste faible car 47% n’ont pas achevé les études primaires ;
37% ont entamé les études secondaires mais seuls 18% les ont achevées. Il s’observe
également que 16% des cacaoculteurs ont un niveau d’étude universitaire.
Toutefois, on note un retour dans l’agriculture du cacao des personnes ayant un niveau
secondaire ou universitaire s’expliquant d’une part, par le manque d’emploi et d’autres
opportunités et d’autre part, par le caractère rentable du cacao par rapport aux autres produits
cultivés dans le milieu. Est considérée comme formation en rapport avec la culture de cacao,
toute formation visant à outiller les agriculteurs par rapport aux techniques et pratiques
culturales, aux techniques de stockage et conservation, à la gestion de son exploitation au
sens large.
Concernant le niveau de qualification, il s’observe des différences significatives entre les
proportions des producteurs de ces quatre zones de productions ayant suivi une formation en
rapport avec la cacaoculture. La qualification technique ici dépend de l’encadrement et de
l’appui technique dont bénéficient les cacaoculteurs. Ces services sont en général offerts par
l’Etat ou les ONG agricoles.
b. Typologie des producteurs primaires dans la chaîne agricole du cacao au Cameroun
Il existe cinq types de producteurs primaire au sein de la chaîne de valeur agricole du cacao
au Cameroun à savoir : les petits producteurs sous ombrage et sans appui extérieur ; les petits
producteurs sous ombrage et avec appui extérieur ; les petits producteurs sans ombrage et
avec appui extérieur ; les producteurs de taille intermédiaire et les producteurs de grande
taille.
Les petits producteurs sous ombrage et sans appui extérieur se caractérisent par une faible
production à l’hectare (280 kg/ha) et une faible surface en production (1.5ha). Ils ne
bénéficient pas de subvention pour conduire ses activités et ils s’appuient essentiellement sur
une main d’œuvre familiale. Ils vendent leur cacao à un faible prix en raison de sa faible
qualité et des négociations peu favorables avec les coxeurs. Malgré ces contraintes, cette
forme peu intensive d’exploitation des cacaoyers reste légèrement rentable.
Ce modèle de production a relativement peu évolué depuis au moins une décennie. Il y a par
contre un renchérissement du coût de production qui évoluait entre 300-600 F.CFA/kg dans
les années 1990 (Ruf 2000) alors que nous l’estimons à 620 F.CFA/kg sans inclure les
amortissements. Au total, le maintien du chiffre d’affaire par hectare et le renchérissement de
certains facteurs de production diminuent le profit brut des petits producteurs sous ombrage
et sans appui extérieur. Le constat est identique si on s’appuie sur l’estimation du prix seuil
de rentabilité (« break - even price ») de 555 F.CFA/kg au maximum au début des années
2000 pour ce type d’exploitation, il est de 680 F.CFA/kg en 2018 et de 750 F.CFA en 2020.
Avec un taux de profit net de 4% et une Valeur Ajoutée de 471 984 F.CFA/tonne, ce mode de
production du cacao est une activité faiblement rentable et fragilisée par une augmentation
des coûts de production, qui n’est pas compensé par une amélioration du chiffre d’affaires.
Par ailleurs, c’est un modèle largement dépendant de la disposition d’une main d’œuvre
domestique.
Les petits producteurs sous ombrage avec appuis extérieur sont des petits producteurs
installés en forêt bénéficiant d’un soutien privé ou public. Ces soutiens prennent deux
formes : la subvention de certains facteurs de production (formation, produits phytosanitaires,
équipement) ; un surprix de 50 F.CFA/kg pour la vente de cacao certifié. Il en résulte un
mode de production plus intensif, qui contribue nettement à augmenter le chiffre d’affaires
moyen de ces opérateurs mais entraîne également des coûts de production plus importants.
Les appuis reçus par ces producteurs (autour de 80 000 F.CFA/an par producteur) se
traduisent effectivement par une amélioration de leurs performances financières, qui se
traduit par une augmentation de 13% de leurs chiffres d’affaires sur dix ans si l’on compare
avec les estimations faites dans la Lékié par Gockowski et al. (2010). Le taux de profit net
s’établit à 24%, soit un niveau largement supérieur aux mêmes petits producteurs installés en
forêt mais qui ne sont pas aidés. La Valeur Ajoutée est estimée à 486 102 F.CFA/tonne. Ce
modèle de production apparaît financièrement bien plus robuste que le précédent avec un
profit net annuel autour de 310 000 F.CFA par exploitant.
Les petits producteurs sans ombrage et avec appui extérieur sont installés en zone savanicole.
Ils disposent en moyenne de cacaoyère de 3ha, dont la productivité a été estimée à 0.5t/ha. Ils
reçoivent des appuis qui leur permettent de développer une cacaoculture plus exigeante en
zones de savane, tout en s’engageant dans un processus de certification de leur production. Il
en résulte là aussi un mode de production plus intensif, qui contribue nettement à augmenter
le chiffre d’affaires moyen de ces opérateurs mais qui entraîne également des coûts de
production plus importants notamment car ce modèle « exogène » s’appuie davantage sur une
main d’œuvre salariée par rapport aux systèmes cacaoyers agroforestiers précédents.
Les coûts de production pour ce modèle d’exploitation sont nettement supérieurs à ceux des
cacaoculteurs subventionnés en forêt. Dans le département du Mbam, ce type de cacaoculture
est davantage capitaliste puisque l’accès à certains facteurs de production comme la terre ou
la main d’œuvre passe par des relations marchandes. La monétarisation de certains coûts pèse
sur le taux de profit net qui passe à 15% mais renforce la Valeur Ajoutée qui s’établit à 660
544 F.CFA/tonne.
Les propriétaires de cacaoyère de taille moyenne ont une surface moyenne en production de
12ha, pour une productivité de 0.7t/ha. Ils sont encore davantage engagés dans une approche
capitalistique de la cacaoculture. Ils se dotent le plus souvent des compétences et développent
des plans d’affaire solides pour mener à bien leurs investissements, notamment en
s’engageant dans la certification. Contrairement aux archétypes précédents de producteur, ils
recourent très peu à la main d’œuvre domestique et ne bénéficient pas de subventions
extérieures, si ce n’est le surprix à la vente de fèves certifiées.
Le taux de profit net s’établit à 9%, mais le niveau de chiffre d’affaires est le plus important
de tous les types de cacaoculteur. La valeur ajoutée est estimée à 879 972 F.CFA/t, une
évaluation qui est calculée sur la base d’un seul cas de producteur de taille moyenne. C’est
un modèle économiquement très robuste, même si sa rentabilité financière est moyenne,
puisqu’il intègre tous ces coûts de production et produit une forte valeur ajoutée.
Quelques centaines de personnes sont également parvenues à créer de grandes surfaces de
cacaoyère d’une surface moyenne en production de 25ha, pour une productivité annuelle de
0.15t/ha en combinant investissement financier, assise locale et entregent politique.
Avec un taux de profit net de 73%, l’absence de rentabilité de ce mode de production du
cacao soulève des doutes sur l’objectif réel de ce type d’investissement. Une partie des
opérations conduites génère des salaires à l’échelle locale, qui vont constituer l’essentiel de la
Valeur Ajoutée de ce mode de production, qui est estimée à 277 751 F.CFA/tonne. Outre son
déficit financier majeur, ce mode de production accapare une partie de la subvention censée
soutenir l’amélioration des performances des petits cacaoculteurs, à raison de 947 000 F.CFA
par grand planteur et par an.
2. Influence du prix dans chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun
La chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun est entièrement libéralisée ce qui signifie
que les prix sur le marché mondial influencent directement les prix bord-champ. Les
cacaoculteurs camerounais reçoivent un prix à la production supérieur à 60% et voir même
80% du prix quotidien ICCO pour le cacao certifié. Toutefois, La volatilité des cours
internationaux du cacao brut est un des facteurs de la faible attractivité du secteur. Cette
volatilité des prix du cacao au niveau international entraine un découragement massif des
producteurs camerounais. La figure 2.1 suivante présente l’évolution du prix aux producteurs
de cacao camerounais.
Figure 2.1 : Prix aux producteurs de cacao au Cameroun
1600 120%
100%
1200
80%
800 60%
40%
400
20%
0 0%
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
/01 /02 /03 /04 /05 /06 /07 /08 /09 /10 /11 /12 /13 /14 /15 /16 /17 /18
Source : Compilation des données à partir de ceux de l’ICCO (2020) et de l’enquête réalisée
Au Cameroun, les problèmes de la stabilisation des prix et des revenus sont directement reliés
aux élasticités de l'offre du cacao. Le planteur ne connaît pas le prix international du cacao
avant l'ouverture de la campagne cacaoyère, les données sur l'offre ou la demande sur les
marchés du cacao sont elles-mêmes toujours très fluctuantes : elles dépendent des
comportements variés, parfois spontanés, du côté des offreurs comme des demandeurs, de
l'accessibilité des marchés en toute saison et de la qualité des vendeurs.
Le prix du kilogramme de fève sec varie tout le long de la filière mais, malgré la diminution
des cours internationaux depuis 2017, il reste encore relativement attractif pour les
producteurs primaires. Que ce soit pour les producteurs engagés dans la certification ou pas,
le prix DIS (Delivered-in-store) proposé aux producteurs primaires correspond à 60% du prix
FOB (Free-on-board) appliqué aux exportations.
La régulation des prix par la loi de l'offre et de la demande sont supplantées par un système
d'échange où le rapport de force entre les protagonistes engagés dans la transaction
conditionne le prix. Ce rapport de force varie selon le lieu choisis pour l'échange. La
circulation par le biais du « bouche à oreille » de l'information sur les prix d'achat au
producteur pratiqués par les acheteurs assure une relative régulation des prix jusqu'aux
limites du village.
Le prix d'achat au producteur dépend de paramètres internationaux, largement méconnus des
planteurs, et de paramètres nationaux, parfois fort éloignés de leurs intérêts. L’instabilité des
prix apparaît comme un phénomène complexe aux visages multiples, dépendant d'éléments
objectifs, subjectifs et aléatoires. La figure 2.2 suivante montre les différences de prix d’achat
au sein de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun.
Figure 2.2 : Prix au sein la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun
12
Notamment l’Arrêté 36/MINCOMMERCE du 2 septembre 2014.
Les « coxeurs13 » sont les acheteurs les plus courants des producteurs de cacao de grade 2 14.
La plupart d’entre eux sont spécialisés dans l’achat de cacao aux producteurs avec un
paiement immédiat et la revente locale des produits à une branche d’une société d’exportation
du cacao. La différence entre le prix d'achat et le prix de vente oscille autour de 100
F.CFA/kg. Hormis l’achat des fèves aux producteurs, la plupart de leurs coûts opérationnels
relèvent des déplacements pour contacter les producteurs individuels, d’une part, et pour
amener les sacs de cacao auprès de la société d’exportation.
Le taux de profit des coxeurs est très faible, autour de 5%, et leur activité demeure précaire.
C’était déjà le cas à Kumba en 1999 (Ruf 2000). C’est un métier qui attire toutefois de
nombreuses personnes car il exige peu d’investissement de départ. La multiplicité de ces
agents informels entretient une vraie concurrence entre eux qui empêche des taux de profit
conséquents. Leur activité d’intermédiation contribue d’ailleurs peu à la Valeur Ajoutée du
produit, qui est estimée autour de 33 000 F.CFA/tonne.
Les coopératives servent également d’intermédiaires entre les producteurs et les centrales
d’achat de manière systématique quand il s’agit de cacao certifié, mais leur rôle est
décroissant dans la commercialisation interne du cacao non certifié. Elles assurent un service
très peu rentable aux producteurs membres puisque leurs taux de profit net sont inférieurs à
1%, ce qui correspond d’ailleurs à leur vocation. Elles appliquent un taux faible
d’intermédiation qui correspond à un surprix entre 20 et 50F.CFA/kg entre le prix d’achat
aux producteurs et le prix de vente. Les coopératives apportent une très faible Valeur Ajoutée
aux fèves de cacao, entre 11 000 et 14 000 F.CFA/t, notamment car elles transfèrent
l’essentiel des bénéfices financiers à leurs membres.
b. Les entreprises d’exportations de cacao au Cameroun
Le Conseil Interprofessionnel du Cacao et du Café a enregistré huit (08) acheteurs de cacaos,
vingt-cinq (25) exportateurs et un broyeur (CICC, 2015). Le marché d’exportation
13
Les coxeurs sont des collecteurs et rabatteurs opérant directement auprès des producteurs « en brousse
» : ils achètent cacao et café dans les villages, face à face avec les planteurs, bord champ,
en les trompant souvent (sur la quantité et la qualité) mais en les payant immédiatement.
14
Grade 1 : lot homogène quant à la forme et la couleur, et dont la proportion de fèves ou le poids s’écarte de
plus ou moins un tiers du poids moyen d’un gramme par fève et ne doit pas dépasser 10%. Le cacao de Grade 1
classé « bien fermenté » Fèves moisies, maximum 3% par test ; Fèves ardoisées maximum 3% par test. Fèves
plates, germées ou attaquées par les insectes, maximum total de 3% par test. Grade 2 : Fèves moisies, maximum
4% par test ; Fèves ardoisées maximum 8% par test ; Fèves plates, germées ou attaquées par les insectes,
maximum total de 3% par test.
camerounais est dominé par trois grandes multinationales exportations : Telcar/Cargill, Olam
(y compris ADM) et Sic Cacaos/Barry Callebaut. Avec l’acquisition de ADM par OLAM,
environ 82% des fèves de cacao sont achetés par deux multinationales tel que présenté par la
figure 2.3 ci-après.
Figure 2.3 : Exportation au sein de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun
3% 6%
4%
5%
43%
16%
23%
Source : Compilation des données à partir de ceux d’Ecobank (2012) et du CICC (2019)
Les entreprises d’exportation des fèves certifiées et non certifiées ont des structures de coûts
similaires, mais la certification suppose des coûts opérationnels supplémentaires sous la
forme d’une prime de 83 euros/tonne versée au producteur ; d’un appui aux infrastructures
locales dans les villages impliqués, autour de 35 000 F.CFA/t ; de la mise en place dans
l’entreprise d’une équipe et d’un système de gestion dédié à la certification.
Ces coûts additionnels sont compensés par un prix supérieur du cacao certifié sur le marché
international, qui a avoisiné 2400 USD/t en 2019. L’activité d’exportation des fèves de cacao
est moyennement rentable dans les deux cas, mais la spécialisation dans les fèves certifiées
augmente le niveau de profit et la Valeur ajouté.
Au sein de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun, la majeure partie du cacao est
exportée sous forme de fèves brutes : en 2011 seulement 28 397 tonnes sur les 218 702 ont
été traitées localement (ONCC 2020), soit seulement 13 %. Entre 2007 et 2011, moins de 8 %
ont été transformées localement. Malgré l’intérêt des autorités et les efforts faits pour
promouvoir une transformation locale plus poussée, l’intégration entre l’agriculture et
l’industrie reste faible.
Dans le passé, les exportations étaient destinées exclusivement à l’Europe mais depuis dix
ans les marchés asiatiques sont devenus une destination de choix. Des entreprises chinoises et
turques s’intéressent de plus en plus au cacao camerounais. Les produits semi-finis sont
exportés vers l’Europe, l’Amérique du Nord et la Chine. Les produits finis sont vendus dans
le pays et dans la sous-région mais la concurrence des produits en provenance d’Asie qui sont
offerts sur les marchés nationaux et sous régionaux se fait sentir.
2. La transformation de cacao dans la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun
Transformer le cacao au Cameroun est onéreux. La transformation sur le territoire national
bénéficie d’une exemption d’impôts ce qui incite à transformer les fèves au Cameroun. On
distingue principalement trois types de transformations de cacao à savoir : la transformation
primaire (a) et la transformation secondaire (b) et la transformation artisanale (c).
Source : Auteur
II. Recommandations de développement de la chaîne de valeur agricole du cacao au
Cameroun
L’analyse des facteurs économiques qui affectent la chaîne de valeur agricole du cacao au
Cameroun à fait apparaître de graves disfonctionnement au sein de cette chaîne en terme de
commercialisation. Ces disfonctionnements observés sont en grande partie dû aux
fluctuations du prix du cacao sur le marché mondial. A cet effet, les recommandations portent
sur les stratégies commerciales (1), à une plus grande transformation de la production (2) et
des recommandations visant une stabilisation du prix à la production au niveau national (3).
1. Mise en place d’une stratégie commerciale fondée sur les exigences du commerce
équitable
La valeur ajoutée au sein de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun est générée
essentiellement dans les pays consommateurs. En outre, certains éléments indiquent que cet
apport de valeur ajoutée concerne de plus en plus des attributs de qualité intangibles, et pas
seulement tangibles. En effet, les producteurs dans la chaîne de valeur agricole du cacao au
Cameroun doivent revendiquer une partie au moins du surplus de valeur associé aux attributs
de qualité « symboliques », par exemple en appliquant une stratégie reposant sur la protection
d’indications géographiques.
En effet, les fèves de cacao ont une origine géographique spécifique et possèdent des qualités
ou une réputation qui tiennent à ce lieu d’origine. Les indications géographiques servent à
identifier l’origine et la qualité, la réputation ou d’autres attributs symboliques du cacao.
L’indication géographique attire un surprix et que le bénéfice de celui-ci remonte aux
producteurs car, l’indication géographique aide à capturer un surplus de valeur au sein de la
chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun. L’efficacité de cette stratégie dépend de
trois éléments : perception des consommateurs, protection juridique et transmission des prix.
Premièrement, les indications géographiques sont essentiellement des outils de
commercialisation. Elles fonctionnent si les consommateurs pensent qu’elles dénotent
l’origine et la qualité des produits, et dans la mesure où leur prestige attire un surprix.
Deuxièmement, les indications géographiques doivent être protégées juridiquement pour
éviter les abus. Troisièmement, les producteurs doivent contrôler le surplus de valeur induit
par la reconnaissance de l’indication géographique.
2. Recommandations liées à la transformation du cacao
Il s’agit ici de mettre en place des politiques étatiques incitatives d’exportation du cacao sous
forme de produits semi-finis (a) et mettre en place des politiques étatiques de subvention aux
entreprises de transformations de cacao dans la chaîne de valeur agricole de cacao au
Cameroun (b).
a. Mettre des politiques de quotas d’exportation des fèves de cacao.
En principe, accroître la valeur d’un produit de base est une proposition économiquement
attrayante. Toutefois, dans le cas du cacao les pays producteurs sont confrontés à de sérieux
obstacles économiques, géographiques et commerciaux à l’heure de transformer de manière
compétitive à une échelle viable. En tant que marchandise, les fèves de cacao sont vendues
sans gros effort de marketing international.
En transformant les fèves de cacao en pâte de cacao, beurre de cacao ou tourteau de cacao, le
caractère fongible est diminué voire totalement éliminé et le produit intermédiaire obtenu
devient moins facile à commercialiser. Les clients de ces produits ont leurs propres besoins
particuliers, qu’ils satisfont souvent mieux soit en transformant les fèves de cacao eux-
mêmes, soit en achetant les produits à des vendeurs qui répondent à leurs exigences de qualité
et de livraison particulières.
De plus, l’exportation de cacao sous forme des produits dérivés permet de réduire les coûts et
augmente le profit des entreprises de transformations. En effet, La transformation de fèves de
cacao en liqueur, beurre et tourteaux n’est pas une activité à forte intensité de main-d’œuvre.
Ainsi, les emplois supplémentaires créés par une usine de transformation sont minimes. Étant
donné que la plupart des opérations sont entièrement automatisées et informatisées, aucune
compétence particulière n’est nécessaire si ce n’est peut-être pour les réparations et la
maintenance.
b. Subventionner les entreprises de transformations nationales
La transformation du cacao est une opération à forte intensité de capital. Les installations
pour la transformation des fèves de cacao sont coûteuses, elles doivent pouvoir traiter
d’importantes quantités et elles doivent fonctionner en continu. En outre, la transformation du
cacao devient de plus en plus complexe, car les industriels doivent répondre à des exigences
de plus en plus grandes en termes de qualité et de livraison. L’amélioration des procédés et
des produits/recettes exige des investissements continuels dans la recherche-développement
ainsi que des installations spécifiques. Tout cela renforce la nécessité d’amplifier l’échelle
d’activité. Les économies d’échelle dont peuvent profiter les gros industriels sont perçus
comme des obstacles potentiels à l’entrée.
Les équipements de transformation des fèves de cacao sont coûteux et exigeant une capacité
de production élevée en tonnes, ils doivent pouvoir tourner en continu. Le coût de l’énergie
est donc un facteur qui entre en jeu car transformation de fèves de cacao est une activité à
forte intensité d’énergie qui suppose à la fois des opérations de chauffage et de
refroidissement. Les transformateurs des pays consommateurs ont généralement l’avantage
d’être en mesure de fonctionner en ayant des dépenses en énergie considérablement moins
élevées que celles des principaux pays producteurs de cacao.
3. Agir sur le prix au producteur de cacao au Cameroun.
L’analyse du prix au sein de la chaîne a permis de mettre en évidence que le prix est le
principal facteur déterminant le développement de la chaîne de valeur agricole du cacao au
Cameroun. A cet effet, nous recommandons le retour au système de prix garantis par l’Etat
(a), la mise en place des politiques concurrentielles efficaces et efficientes (b), la mise en
place des politiques anticoncurrentielles (c), la mise en place des mécanismes de contrôle de
fusion-acquisition (d).
a. Stabilisation des prix par le retour au système des prix garantis par l’Etat
Face aux désordres croissants des marchés mondiaux des matières premières et à l'échec des
tentatives de régulation internationale, la question des effets de la stabilisation des prix du
cacao sur l'offre agricole est primordiale. Une politique de stabilisation des prix favorise la
culture de cacao dans les exploitations intensives en travail. Elle a des effets significatifs sur
le bien-être des planteurs en leur assurant une sorte de rente de situation. La stabilité du prix
du cacao assure globalement de meilleurs bénéfices sur l'horizon de planification.
b. Mise en place des politiques anti-concurrentielle dans la chaîne de valeur agricole du
cacao au Cameroun
L’analyse de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun montre des problèmes de
concurrence fondamentaux au sein de cette chaîne. La chaîne de valeur agricole du cacao au
Cameroun se caractérise par une concentration importante et des fusions-acquisition, pour
aboutir à un marché d’oligopsone. Cette structure actuelle de la chaîne de valeur agricole du
cacao au Cameroun a des conséquences pour la mise en œuvre du droit et de la politique de la
concurrence. En adoptant et en appliquant une législation en matière de concurrence adaptée
et à la structure du marché, le Cameroun va lutter contre les pratiques anticoncurrentielles
éventuelles.
La législation va dissuader en elle-même, dans l’avenir, les pratiques anticoncurrentielles.
Deux domaines d’intervention méritent une attention particulière : les pratiques
anticoncurrentielles, l’abus de position dominante et les opérations d’acquisition des
multinationales dans ce secteur.
c. Mettre fin aux pratiques concurrentielles déloyale et abus de position dominante
Les réformes de la filière du cacao au Cameroun, ont permis aux négociants agréés de
s’approvisionner librement et comme ils le souhaitent, à un prix négocié librement. Les
producteurs peuvent, de leur côté, vendre leur cacao directement à tout négociant de leur
choix. Dans l’idéal, cette situation devrait fournir aux producteurs locaux la possibilité de
choisir les négociants auxquels ils souhaitent vendre leurs produits. Toutefois, l’existence
entre les négociants d’accords tacites de répartition des zones de production du cacao
restreint parfois, en réalité, les possibilités de concurrence.
La structure d’oligopsone du marché du cacao au Cameroun facilite les ententes collusoires
entre grandes sociétés. Cette structure du marché est en elle-même problématique car, les
conditions structurelles du marché sur lequel les oligopsones opèrent sont telles qu’ils ne se
feront pas de concurrence par les prix et qu’ils seront peu incités à se faire concurrence par
d’autres moyens en outre, ils pourront se procurer des bénéfices supra concurrentiels sans
passer par une entente collusoire ou par une action concertée généralement prohibée par le
droit de la concurrence.
Conclusion
Ce chapitre nous as permis d’analyser les facteurs économiques de la chaîne de valeur
agricole du cacao il laisse à noter que, plusieurs facteurs économiques affectent la chaîne de
valeur agricole du cacao au Cameroun. Toutefois, le prix reste le facteur économique le plus
important de la chaîne de valeur agricole du cacao au Cameroun. En effet, le prix du marché
condition, la production, la transformation, la commercialisation, la distribution au
consommateur final.