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Cours de Télécommunications Optiques

PREMIERE PARTIE : généralités sur les télécommunications optiques


Introduction
1. Brève histoire des télécommunications
2. Apparition des télécommunications optiques
3. Fibre optique
4. Laser
5. Détecteur
6. Systèmes de télécommunications optiques
7. Problèmes liés aux télécommunications optiques et solutions proposées.

Les objectifs généraux de ce module sont les suivants :

 Saisir la spécificité du support optique


 Acquérir des notions d'optique guidée
 Connaître les principaux composants optiques
 Comprendre le fonctionnement d'un système de transmission optique

DEUXIEME PARTIE : Réseaux et routage otiques

Introduction
1. Rappel sur la fibre optique
2. Le multiplexage WDM
3. Protocole de communication SONET/SDH
4. Formatage du signal
5. Le routage dans le réseau optique
Public visé

 Les étudiants en réseau et Télécoms


 Les élèves ingénieurs en formation initiale ou en formation continue

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A. PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR
TELECOMMUNICATIONS OPTIQUES

Introduction au module
Description du module
Dans le contexte du développement exceptionnel des télécommunications, le
module aura
Pour but de présenter l'intérêt du support optique pour la transmission de
l'information. La
Description des éléments du système de télécommunication optique ainsi que les
principes
De fonctionnement seront abordés.

Chapitre 1. CHAPITRE I : Brève historique des


Télécommunications
Le domaine des télécommunications à la fin du XX siècle est marqué par le retour
en force des communications optiques qui avaient vu le jour grâce aux indiens
d'Amérique et leurs signaux de fumée. Dans l'histoire des télécommunications on
peut distinguer deux grandes périodes qui se situent avant et après l'apparition de
l'électronique. Avant le 18ième siècle, il n’existe pas de système de transmission
de l’information.

 1793 : Le télégraphe optique de Claude Chappe

 1820 : Premiers essais de transmission de signaux sur support électrique

 1850 : Morse (25 mots/minute)

 1865 : Première liaison transatlantique télégraphique

 1876 : Le téléphone de Graham Bell

 1915 : Liaisons téléphoniques interurbaines grâce à l'amplification

L’Apparition de l'électronique avec l'invention du transistor en 1948, bouleverse


le monde des télécommunications. Les conséquences suivantes vont en découler :

 Miniaturisation des composants

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 Augmentation de la fiabilité
 Numérisation du signal : multiplication des services et nouvelles
techniques de traitement du signal
En 1951, on assiste à l’apparition des Premières communications par voie
hertzienne et 1956 la pause des Premiers câbles Transatlantiques (TA1 T1) .
Le Premier satellite de télécommunications quant à lui est lancé en 1962 ; en 1960
c’est la Découverte du laser : L'idée de transmettre de l'information sur support
optique voit le jour !

Chapitre 2. Apparition des télécommunications optiques

A peu près simultanément en 1970, (après l’apparition du laser , les


laboratoires Coming annoncent la fabrication de fibres faibles pertes (20
dB/km) et apparaissent les premières diodes laser fonctionnant en mode continu
à température ambiante. Dès lors, il est clair qu'un réseau de fibres optiques peut
avoir un potentiel énorme pour transmettre de l'information.

I. Principe des télécommunications optiques

Trois éléments sont essentiels dans les télécommunications optiques

- Emetteur : diode laser


- Support de transmission : fibre optique
- Récepteur : photodétecteur

De façon très schématique, le laser convertit un signal électrique issu d'un


appareil de communication (téléphone, ordinateur, …) en un signal optique. Ce
signal optique est acheminé par la fibre jusqu'au détecteur qui fait l'opération
inverse du laser, c’est-à-dire qu'il convertit un signal optique en un signal
électrique.

Les avantages de transmettre de l'information pas les fibres optiques sont


multiples :

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 Très faible atténuation sur une grande plage de fréquence
 Faible coût de fabrication
 Faible encombrement
 Augmentation de la distance entre répéteurs
 Insensibilité aux perturbations électromagnétiques
 Très grande bande passante (12THz)

Les fibres optiques constituent, à I ‘heure actuelle, l'épine dorsale du réseau de


télécommunications.

II. Evolution de la capacité de transmission

L'augmentation de la capacité de transmission des fibres optiques a été rendu


possible grâce à des avancées technologiques marquantes telle que :
 La fibre unimodale faibles pertes
 Les diodes laser fonctionnant à 1.55μm
 L’amplificateur à fibre

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 La technique du WDM

On a réussi à faire coïncider le minimum d'atténuation et le minimum de


dispersion des fibres (grâce aux fibres à dispersion décalées) autour de 1.55μm
et il se trouve que cette valeur correspond approximativement au milieu de la
bande de gain de l’amplificateur à fibre dopée à l’Erbium.

A l'heure actuelle, pour des liaisons transatlantiques par exemple, des solutions
Commerciales proposent des débits de l'ordre de 1.26 Tb/s ce qui correspond à
la possibilité d'acheminer simultanément presque 20 millions de conversations
Téléphoniques ! A raison de 20 centimes d'euro la minute de communication,
une liaison de ce type engendre un chiffre d'affaire qui est de l'ordre de 4 million
d'euro la minute !

Quatre générations de systèmes de télécommunications optiques basés sur


des technologies distinctes se sont succédés jusqu'à aujourd'hui.

Système de première génération (1975-1978)

 Fibres multimodes et diodes lasers à O.9μm


 Problèmes de dispersion modale
 Débits quelques Gb/s.km

Système de seconde génération (1978-1983)

Caractéristiques :
 Fibres unimodales, diodes laser à 1.3μ_rn
 Disparition du problème de dispersion modale
 Amplification électronique en ligne
 Débits 100 Gb/s.km

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Système de troisième génération (1983-1989)

 Fibres à dispersion décalée


 Diodes lasers à 1.5μm
 Minimisation de l'atténuation
 Débit 500 Gb/s.km

Système de quatrième génération (1989-2002)

 Amplificateur à fibre : élimination du problème de l'atténuation


 Possibilité d'utiliser simultanément plusieurs longueurs d'ondes sur la
même fibre : Système WDM
 Debit 100 O00 Gb/s.km.

Chapitre 3. Fibre optique

Les fibres optiques ont d'abord été utilisées pour faire de l'imagerie
essentiellement dans le domaine médical (endoscopie). L'idée d'utiliser des fibres
optiques pour transmettre de l'information est apparue au début des années 60
avec l'apparition du LASER. Une fibre optique est formée d'un cœur de silice de
haut indice de réfraction, d'une gaine de silice pure de plus faible indice de
réfraction et d'une gaine en silicone ou en acrylate qui assure la flexibilité de la
fibre et facilite sa manipulation. Les dimensions caractéristiques des fibres
télécoms sont :

 Un cœur de diamètre de 10μm environ pour une fibre unimodale et de


quelques dizaines de microns pour une fibre multimodale.
 Le diamètre de la gaine optique est de 125μm.
 Le diamètre de la gaine mécanique est de quelque centaines de microns.

La gaine mécanique facilite la manipulation de la fibre mais elle reste encore très
fragile et inutilisable telle quelle pour les télécommunications. Pour un usage
industriel, il est nécessaire d'isoler les fibres de l'environnent en ajoutant des

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revêtements de protections supplémentaires. La protection à apporter dépendra
de l'hostilité du milieu dans lequel sera posé la fibre. (Câbles optiques sous-
marins).

Chapitre 1. Fabrication de la Fibre Optique

La fabrication des fibres se déroule en trois étapes qui sont :

 La réalisation de la préforme
 Le retreint
 Le tirage

A. La réalisation de la Préforme

Dans la fabrication d'une fibre optique, la première étape est la réalisation de la


préforme. L'accroissement d'indice du cœur de la fibre nécessaire pour qu'il y ait
guidage de la lumière est obtenu par un apport de dopants. La préforme est
initialement constituée d'un barreau creux de silice pure dans lequel on fait passer
la source de dopants à l'état gazeux (GeCl4 par exemple). Le tube est maintenu en
rotation pendant qu'une torche effectue un mouvement de translation le long de
celui-ci. Au passage de la torche, sous l'action de la chaleur, les dopants se
déposent en couches successives sur les parois du tube sous forme de suies. On
réitère cette opération jusqu'à obtenir le nombre de couches voulues.

B. Rétreint

On augmente ensuite la température pour faire fondre la silice et refermer la


préforme ; il s'agit du rétreint. La préforme est maintenant constituée.

C. Tirage

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On réalise le tirage de la fibre en plaçant la préforme dans un four à induction qui
fond la silice. On fixe sur un tambour en rotation le filament de verre qui s'est étiré
par gravitation. On rajoute un revêtement en silicone qui assure une protection
mécanique de la fibre. La vitesse de rotation du tambour définit le diamètre de la
fibre.

Exemple :
Quelle longueur de fibre peut-on obtenir avec une préforme de 50 cm de long et
1 cm de diamètre ? (Diamètre typique d'une fibre télécom :125μm)
Le volume de la préforme restant conservé, la longueur de la fibre est de 3.2Km.

Chapitre 2. Pose des câbles sous-marins

Elle se déroule en plusieurs étapes :


 Une campagne de sondage (étude du sol)

 Une campagne de « nettoyage »

 L'ensouillage qui consiste à enfouir les câbles dans une tranchée variant de
60 à 120 cm et cela jusqu'à une immersion de 1500 mètres qui est nécessaire
pour protéger les câbles des risques de crochetage par les chalutiers et des
activités de pêche.
 Le jointage (raccordement)
 L'inspection sous-marine

Chapitre 3. Guidage de la lumière

Pour expliquer le phénomène du guidage, on va utiliser une simplification


couramment fait qui est de considérer que la lumière peut être représentée sous
forme de rayons.

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Dans un milieu homogène d’indice optique n1, la lumière se propage en ligne
droite.
Lorsque le milieu n'est plus homogène, le rayon ne se propage plus en ligne
droite, il peut être dévié, on dit qu’il est réfracté. Le rayon peut également être
réfléchi si l'angle d'incidence est supérieur à un angle Imax.

Guidage

En considérant donc l’illustration de la figure ci-dessus , avec un milieu n1


plongé dans un milieu d'indice n2, on piège le rayon dans le milieu d'indice n1
et par réflexions successives, un rayon peut être guidé par cette structure.

Guidage de la lumière dans les fibres

Les fibres optiques sont constituées de deux milieux d'indices optiques


différents :
D'un cœur d'indice optique n1
D'une gaine d'indice optique n2

Tels que n1 > n2.

Suivant un principe vu précédemment, un rayon peut être guidé par la fibre s'il
subit des réflexions successives aux interfaces entre le cœur et la gaine.

Conditions de guidage

Pour qu'un rayon soit guidé, il faut que celui-ci soit réfléchi à l'interface
cœur/gaine de la fibre ce qui impose une condition sur l'angle d'incidence du
rayon sur la face d'entrée de la fibre.

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n3

Si l'angle d’incidence ө est inférieur à l'angle critique , le rayon est guidé


dans la fibre par contre si l'angle ө est supérieur à l'angle critique , le rayon
n'est pas guidé.
La valeur de l’angle critique (ou angle d'acceptante) est:

𝟏
𝒏𝟐𝟏 − 𝒏𝟐𝟐 𝟐

𝒂 = 𝒂𝒓𝒄𝒔𝒊𝒏
𝒏𝟐𝟑

On note que l'angle critique ne dépend pas du diamètre du cœur de la fibre.

Soit une fibre dont l'indice optique du cœur est n 1 =1.451 et dont l'indice
optique de la gaine est n 2 =1.45, son angle d'acceptante est alors:
𝒂 =arcsin (0.05386) =3.087 °

Si l'indice du cœur de la fibre est maintenant n 1 =1.45l et l'indice optique de


la gaine est n 2 =1.45, son angle d'acceptante est alors :
=arcsin (O.17059) =9.822 °

Chapitre 4. Fibres unimodales et fibres multimodes

Une fibre est dite « unimodale » si un seul chemin rectiligne est possible pour
la lumière alors qu`une fibre est dite « multimode » si plusieurs chemins sont

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possibles pour la lumière.

Une fibre multimode possède un cœur plus grand qu'une fibre unimodale.
Le paramètre V permet de définir si une fibre est unimodale ou multimode :

V= (𝑛 − 𝑛 )
avec 𝜆 longueur d'onde, a rayon du cœur de la fibre et n1 et n2 < indices du
cœur et de la gaine.
Si V<2.41 la fibre est unimodale.

Le débit de transmission est limité par la dispersion modale dans les fibres
multimodes.

Utilisation

Chapitre 5. : Le Laser

I. Caractéristiques de la lumière laser

Comment fait-on la différence entre une lumière classique issue d'une


lampe ou du soleil et une lumière issue d'un laser ?

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 Par sa couleur

La lumière issue d'un laser est de couleur vive rouge, vert, bleu, orange.
C'est le signe du caractère monochromatique de la lumière laser. La
couleur définit le type de laser.

 Par son aspect directif, en forme de rayon, alors que la lumière émise
par une lampe rayonne dans toutes les directions, la lumière issue d'un
laser est très directive, elle prend l'aspect d'un rayon.

 Par sa densité spectrale d'énergie


L'énergie du faisceau laser est beaucoup plus élevée que celle de
n'importe quelle source classique.

 Par la cohérence de son rayonnement

le laser est une source de lumière cohérente c'est à dire que l'émission
des photons ne se fait pas de façon aléatoire comme dans le cas d'une
lampe classique mais selon un processus d'émission plus régulier.
II. Domaine d’application

Le laser a plusieurs domaines d'applications :


La médecine, l'aéronautique, le multimédia et les télécommunications ...

Principe

Un laser est constitué de deux éléments essentiels qui sont un milieu à gain et un
résonateur.
Si le gain ne compense pas les pertes, l'amplitude de l'onde optique est plus faible
après un aller-retour.

Diodes laser

Les Diodes laser possèdent des propriétés qui favorisent une large gamme
d'applications :

 Petite taille
 Robustesse
 Faible coût

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L’émission de la diode laser peut être très commodément modulée jusqu’à des
fréquences élevées, d’où l’intérêt pour les télécommunications optiques.

Figure : diode laser munie d’un raccord de fibre à onde continue et pulsée

Le principe d'amplification est cependant différent des autres lasers. Il est basé ici
sur la recombinaison des électrons et des trous dans les semi-conducteurs.

Conditions de fonctionnement
Un laser est formé d'un milieu amplificateur et d'un résonateur, pour que le
système fonctionne il faut satisfaire la condition suivante :

𝑹𝟏 𝑹𝟐 𝒆(𝜸 𝜶)𝑳
>𝟏

Où R1 et R2 sont les coefficients de réflexion des miroirs d'entrée et de sortie du


résonateur et 𝛾 et 𝛼 sont respectivement les coefficients de pertes et de gain du
milieu amplificateur exprimés en cm-1.
Si la condition précédente est satisfaite alors le gain compense les pertes (de
propagation et réflexion), le laser a atteint son seuil d’oscillation.

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Chapitre 6. Détecteur

L'œil, par exemple, est un détecteur qui convertit une image en un signal nerveux
acheminé par le nerf optique.

Un détecteur optique (ou photodétecteur) convertit un signal optique en un


signal électrique.

I. Principe

Un détecteur optique est formé d'une association de matériaux dit « semi-


conducteurs » dont la fonction est de convertir les photons, c'est à dire la lumière,
en courant électrique. Ce type de dispositif porte le nom de photodiode ou photo-
détecteur.

L’effet photoélectrique fut découvert par Albert Einstein en 1921 , qui lui value
un prix Nobel

II. Conditions de fonctionnement

Le détecteur est le troisième élément indispensable dans les télécommunications


optiques après le support de transmission (fibre) et la source (diode laser).
Pour que l'œil voit quelque chose, le signal lumineux ne doit pas être trop faible,
il en est de même pour l'impulsion lumineuse qui doit être suffisamment intense.

III. Seuil de détection.

Le seuil de détection ne doit pas être trop élevé car si le signal est affaibli, des
impulsions trop atténuées ne seront pas prises en compte.
Le seuil de détection ne doit pas être trop bas non plus auquel cas il serait difficile
de faire la distinction entre bruit et signal.
Un mauvais choix du seuil de détection entraîne des erreurs sur la lecture du signal
transmis.

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Chapitre 7. Systèmes de télécommunications optiques et problèmes
liés aux télécommunications optiques.

Des liaisons optiques commerciales proposent des débits de l`ordre de 2.6 Tb/s,
Cela a été rendu possible grâce à des techniques de multiplexage qui ont été
élaborées de façon à transmettre une très grande quantité de données sur une
même fibre.

I. Technique de Multiplexage

Il y a, à l'heure actuelle, deux techniques complémentaires, le multiplexage


temporel (TDM) et le multiplexage en longueur d'onde (WDM).

La technologie TDM (Time Division Multiplexing ou Multiplexage Temporel)


permet d'échantillonner les signaux de différentes voies à faibles débits et de les
transmettre successivement sur une voie à haut débit en leur allouant la totalité de
la bande passante. Les différentes voies à faible débit (100Mb/s) sont adressées
successivement sur le canal à haut débit (Nx100Mb/s). Le "mélange" des voies
faibles débit se fait par l'intermédiaire du multiplexeur temporel (MUX). Les
signaux sont récupérés ensuite grâce au démultiplexeur (DEMUX) qui fait
l'opération inverse. Entre le MUX et le DEMUX, on retrouve le système optique
de base (Laser-Fibre-Détecteur).

Le principe du WDM (Wavelength Division Multiplexing) ou multiplexage en


longueur d'onde est d'acheminer plusieurs longueurs d'ondes sur une même fibre,
chaque longueur d'onde correspondant à un canal de transmission.
Chaque laser est modulé par un canal comprenant un signal à émettre, chaque
laser émet une longueur d'onde différente. Le multiplexeur (MUX) se charge
d'injecter les différentes longueurs d'ondes dans la fibre et le démultiplexeur
(DEMUX) fait l'opération inverse.

II. Les limites technologiques

On est capable de transmettre sur un seul canal _(une seule longueur d'onde) grâce
à la technologie du multiplexage temporel, un débit de 5 Gb/s par modulation
directe de la source ou de 40 Gb/s par modulation externe.

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Le multiplexage en longueurs d'onde est limité par la bande passante de
L’amplificateur à fibre à l`Erbium qui est de l'ordre de 5 THz. Théoriquement, on
pourrait donc obtenir 5 Tb/s en utilisant 125 canaux à 40 Gb/s. En pratique cette
capacité n'est pas encore accessible, néanmoins on atteint un débit de 2.6 Tb/s
avec 126 canaux à 20 Gb/s.

Les systèmes modernes de télécommunications optiques associent ces deux


techniques pour atteindre les très hauts débits de liaison.

Les télécommunications optiques sont confrontées à deux problèmes essentiels


qui sont :

 L'atténuation
 La dispersion

L'atténuation dans les télécommunications correspond à une diminution de la


puissance du signal transmis.
Il est corrigé par l’installation d’un amplificateur sur la ligne de transmission.

La dispersion traduit l'étalement du signal dans le temps.


Les effets de la dispersion peuvent être minimisés en utilisant une fibre présentant
une dispersion faible à la longueur d'onde d'utilisation, c'est à dire 1.55μm pour
les systèmes de génération : Il s'agit des fibres à dispersion décalée. il est
également possible d'éliminer les effets de la dispersion en utilisant une fibre à
compensation de dispersion que l'on ajoute à la liaison initiale. Cette fibre doit
posséder un coefficient de dispersion de signe opposé à ce celui de la fibre initiale.

Si L1 est la longueur de la fibre standard initiale dont le coefficient de dispersion


est D1 et L2 la longueur de la fibre à compensation de dispersion dont le coefficient
de dispersion est D2, si l'on satisfait la relation suivante :

L1D1+L2D2=0
Alors la dispersion totale est nulle et les impulsions en sortie de fibre sont
identiques aux impulsions qui été émises.

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B. Deuxième partie : réseau optique

Chapitre 1. : rappel sur La fibre optique

Nous allons commencer par décrire la constitution physique de la fibre optique


ainsi que la façon dont la lumière s'y propage.
I. Description
La fibre optique se présente sous forme d’un cylindre de verre de quelques
centaines de micromètres. Il existe plusieurs types de fibres mais tous sont
constitués de la même façon : un cœur (core) et une gaine (cladding). Les signaux
lumineux vont transiter dans le cœur, tandis que la gaine va empêcher qu’ils ne
s’échappent de la fibre. Pour ce faire, le cœur et la gaine sont fabriqués de telle
sorte qu’ils disposent d’indices de réfraction différents. L’indice de réfraction
d’un matériau correspond au rapport n=c/v
Où c est la v vitesse de la lumière dans le vide et v est la vitesse de la lumière dans
le matériau étudié. On obtient ainsi une valeur supérieure à 1 et plus cette valeur
est grande, plus la vitesse dans le matériau étudié est faible.
Pour que les photons ne s’échappent pas de la fibre, l’indice de réfraction du cœur
doit être plus grand que l’indice de réfraction de la gaine. Dans ce cas, lorsque le
signal lumineux touche la gaine avec un angle plus petit que l’angle critique, il est
totalement réfléchi dans le cœur. S’il touche la gaine avec un angle plus grand que
l’angle critique, alors seule une petite partie du signal est réfléchie. L’angle
critique se calcule par la formule suivante : sinsin 𝜃 = où est l’angle
critique, ne est l’indice de réfraction de la gaine et nc celui du cœur.
On voit donc que l’indice de réfraction de la gaine doit être inférieur à celui du
cœur et plus le rapport des indices de réfraction est faible, plus l’angle critique
sera important.
Il existe trois types de fibres optiques qui se distinguent par la façon dont le signal
lumineux se propage dans le cœur.
La fibre multimode à saut d’indice : le diamètre du cœur est d’environ 200
micromètres pour un diamètre total de la fibre (coeur+gaine) de 380 micromètres.
Le saut d’indice signifie que la différence entre l’indice de réfraction du cœur et
celui de la gaine est assez importante et constitue de ce fait un palier. De cette

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façon, lorsque le signal rencontre la gaine, il est brusquement réfléchi. Ce type de
propagation entraîne une déformation importante du signal.
La fibre multimode à gradient d’indice : le diamètre du cœur est de 50 à 100
micromètres pour un diamètre total de la fibre de 125 micromètres. Le cœur est
constitué de plusieurs couches de verre ayant chacune un indice de réfraction
légèrement différent de la précédente. Ainsi, le rayon lumineux n’est pas
brusquement réfléchi lorsqu’il rencontre la gaine, mais sa trajectoire est déviée
progressivement à chaque fois qu’il traverse une nouvelle couche. Ceci permet de
diminuer la déformation du signal.
La fibre monomode : le cœur mesure moins de 10 micromètres pour un diamètre
total de 125 micromètres. Le fait que le cœur soit si fin va obliger le signal
lumineux à se propager en ligne droite. De ce fait, il ne rencontre pas la gaine et
n’est donc pas perturbé. La déformation du signal dans ce type de fibre est quasi
inexistante.
La figure 1 représente le mode de propagation du signal en fonction du type de
fibre utilisée.

Figure 1 : Diamètres, indices de réfraction et modes de propagation du signal des


trois types de fibre
Les fibres multimodes permettent la propagation de plusieurs signaux
Simultanément, chacun ayant un angle de réfraction différent, et donc une
trajectoire différente. Cependant, la déformation élevée du signal (de 1 à 4
décibels par kilomètre) les restreint à une utilisation sur de courtes distances
(inférieures à quatre kilomètres). Au contraire, la fibre monomode ne permet la
propagation que d’un seul signal à la fois, mais elle peut couvrir plusieurs

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centaines de kilomètres étant donné que la déformation du signal est très faible
(entre 0,15 et 0,35 dB/Km). L’avantage de la fibre multimode à saut d’indice est
quelle est de conception simple, et donc moins chère à produire que la fibre
multimode à gradient d’indice ou la fibre monomode.
La fibre optique en verre n’est pas le seul moyen de véhiculer des signaux
lumineux. Il existe également une fibre optique plastique dont les performances
sont moindres par rapport au verre, mais le coût de production est également plus
faible. Ces caractéristiques en font la fibre idéale pour les réseaux de petite
envergure. La fibre optique plastique est déclinée en multimode à saut d’indice et
en multimode à gradient d’indice avec des diamètres de cœur de 120 micromètres
pour un diamètre total de 230 micromètres.
Maintenant que nous avons décrit les principales caractéristiques des média
transporteurs de signaux optiques, nous allons étudier les principaux avantages de
l'utilisation de la fibre optique par rapport aux câbles cuivrés.

II. Avantages de la fibre sur le cuivre


La fibre optique présente de nombreux avantages par rapport aux liaisons
cuivrées, à commencer par les débits. En effet, alors que le cuivre atteint
aujourd'hui des débits de l'ordre du gigabit par secondes, la fibre optique permet
un débit de dix à quarante gigabits par secondes, voire cent gigabits dans le futur.
Des débits de l'ordre du térabit par secondes sont envisageables lorsqu'on utilise
le multiplexage WDM. De plus, la fibre optique présente un taux d'erreurs bien
plus faible que le cuivre, ce qui permet de diminuer légèrement la consommation
de bande passante due à la réémission de paquets erronés.
Si on considère les différences de poids entre les deux types de câbles, 500
grammes de fibre optique transportent la même quantité de données que 30 tonnes
de cuivre, ce qui est loin d'être négligeable lorsqu'il s'agit de prendre en compte
les problèmes et les coûts d'installation.
En ce qui concerne le coût des câbles, il y a deux facteurs à prendre en
considération : la distance et le débit. En effet, le prix au mètre d'un câble cuivré
est bien plus faible que celui de la fibre optique, mais si l'on considère le prix d'un
bit transitant sur le réseau, alors ce prix est plus faible sur fibre optique que sur
câble cuivré. De plus le coût d'une liaison n'est pas limité au prix du médium
utilisé, mais il doit prendre en compte le coût d'installation et les frais d'entretien
et de réparation. Sur ce point, la fibre optique est encore la plus intéressante car
elle est plus facile à installer du fait de son poids et de son volume moindre, et
elle est plus facile à entretenir car elle ne souffre pas d'oxydation comme le cuivre.
De plus, lors de l'apparition de technologies permettant des débits plus élevés, les

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câbles cuivrés doivent être changés pour pouvoir bénéficier de ces améliorations,
alors que la fibre optique est capable de supporter de très grandes augmentations
de débits. En effet, ce sont les émetteurs et récepteurs des signaux qui transitent
sur la fibre qui limitent le débit, et non pas la fibre elle-même. De ce fait, pour
augmenter les débits, il suffit de changer les émetteurs et récepteurs par des
modèles plus performants, et ce sans avoir à enterrer de nouvelle fibre. Certains
experts estiment que les fibres utilisées aujourd'hui devraient suffire pour les vingt
années à venir, ce qui représente de substantielles économies puisque sur la même
période, les installations cuivrées doivent être changées plusieurs fois pour
pouvoir suivre l'augmentation des débits fournis.
Un autre facteur qui permet de réaliser des économies tient à la fiabilité plus
élevée de la fibre optique par rapport aux câbles cuivrés. En effet, la fibre optique
est insensible aux interférences électriques et elle présente une grande résistance
aux interférences radios et électromagnétiques. De ce fait, la fibre évite les
dépenses dues au blindage que le cuivre nécessite, mais ce n'est pas le seul
avantage. En effet, au fur et à mesure que le signal voyage sur la liaison, il se
dégrade. Le coût des répéteurs placés sur la liaison afin de régénérer le signal vient
augmenter d'autant plus le coût de l'installation. Or, comme le signal transmis sur
fibre optique subit moins de dégradation que sur le cuivre, la distance entre les
répéteurs peut être augmentée de façon considérable. De la sorte, on diminue le
nombre de répéteurs nécessaires sur une liaison donnée et on réalise d'autant plus
d'économies lors de l'installation et de la maintenance de celle-ci.
L'inconvénient de la fibre est qu'il s'agit d'une technologie encore jeune et sa mise
en œuvre nécessite un important investissement, mais sur le long terme elle
possède un réel intérêt, et ce en partie grâce au multiplexage WDM qui lui permet
notamment de supporter des débits de plus en plus important sans nécessiter de
changement.

Chapitre 2. : Le multiplexage WDM (Wave Division Multiplexing)

I. Principe

Le multiplexage WDM (multiplexage à répartition de longueur d'onde) repose sur


une propriété physique de la lumière. En effet, tout comme les signaux électriques
se propagent avec une fréquence propre, les signaux lumineux possèdent une
longueur d'onde. Partant de ce constat, il paraît naturel que le multiplexage FDM
(Frequency Division Multiplexing) utilisé sur les réseaux électriques ait son

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homologue pour les réseaux optiques. Ainsi, plutôt que de transmettre de
l'information sur une seule longueur d'onde, on va utiliser plusieurs longueurs
d'onde, et multiplier d'autant le débit de la liaison. De cette façon, on peut aisément
augmenter le débit de transmission d'une fibre sans avoir à la remplacer par une
autre. Il suffit simplement de disposer d'émetteurs/récepteurs capables de
distinguer les différentes longueurs d'onde utilisées. Ainsi un émetteur pourra
multiplexer plusieurs canaux en affectant à chacun une longueur d'onde. Le signal
lumineux composé de toutes ces longueurs d'onde va transiter sur la fibre, et le
récepteur n'aura qu'à démultiplexeur le signal pour obtenir les différents canaux
de départ.
La norme internationale ITU-T G692 autorise l'utilisation de longueurs d'onde
Comprises entre 1530 et 1565 nanomètres. Le multiplexage WDM est caractérisé
par l'intervalle minimum entre deux longueurs d'onde utilisables. Cet intervalle
peut être exprimé en nanomètres ou en gigahertz. Si cet intervalle est inférieur ou
égal à 0,8 nanomètres (soit 100 GHz) on parle alors de multiplexage DWDM
(Dense WDM). Des tests ont même été effectués avec des intervalles de 0,4 et
0,2 nanomètres. On parle alors de U-DWDM pour Ultra-Dense WDM.
L'utilisation de 32 longueurs d'onde différentes sur une fibre à 10 gigabits par
secondes permet donc d'atteindre assez facilement un débit de 320 gigabits.
Prochainement, lorsque 160 longueurs d'onde pourront être utilisées, la même
fibre à 10 gigabits par secondes pourra fournir un débit de 1,6 térabits par
secondes.
Il existe une autre forme de multiplexage WDM, moins performante, le CWDM
(Coarse WDM qui signifie WDM grossier). La norme ITU-T G694.2 permet au
CWDM d'utiliser des longueurs d'onde comprises entre 1270 et 1610 nanomètres,
respectivement espacées de 20 nanomètres. Dix-huit canaux au maximum sont
utilisables. Il est encore plus restrictif que le CWDM puisqu'il ne permet
l'utilisation que de quatre canaux. Ceux-ci ont des longueurs d'onde espacées de
24,5 nanomètres comprises entre 1275,7 et 1349,2 nanomètres.

Application pratique

On a vu qu'il existe deux types différents de multiplexage WDM suivant leurs


Performances, le WDM, décliné en DWDM et U-DWDM, et le CWDM. De la
même façon, il y a deux types de fibres et leurs domaines d'utilisation sont
distincts. Dans la pratique, le multiplexage WDM s'applique principalement aux
fibres monomode tandis que le CWDM convient aux fibres multimode. En effet,

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il existe deux types d'émetteurs utilisables pour la génération de signaux lumineux
: le LASER et les LEDs. Ces deux matériels présentent leurs avantages et leurs
inconvénients et chacun s'adapte à un type de multiplexage.

Les LEDs (diodes électroluminescentes) sont des composants bon marchés mais
elles ne permettent pas l'émission de signaux à des débits trop élevés et elles
émettent un signal sur plusieurs longueurs d'onde à la fois, généralement sur un
intervalle de vingt nanomètres. De plus le signal généré est assez faible, donc
inapte à parcourir de longues distances. Ces caractéristiques font que les LEDs ne
conviennent pas à la fibre monomode et elles sont donc réservées aux fibres
multimode. De la même façon, les LEDs sont inadaptées pour le multiplexage
WDM étant donné que celui-ci utilise des intervalles pour chaque signal de l'ordre
de 1,6 nanomètres ou moins.
De son côté, le laser coûte beaucoup plus cher et nécessite une certaine attention
du fait qu'il chauffe beaucoup. Cependant, il est plus performant que les LEDs car
il n'émet que sur une seule longueur d'onde donnée et le signal émis est beaucoup
plus puissant. Les fibres monomodes nécessitent donc l'emploi de lasers pour
l'émission des signaux lumineux. La précision du signal généré par le laser fait
qu'il convient parfaitement pour le multiplexage WDM. La mise en œuvre du
multiplexage WDM sur fibre monomode requiert l'utilisation de plusieurs lasers
simultanément puisque chaque laser ne peut émettre que sur une unique longueur
d'onde. Le signal émis par chacun d'eux va ensuite être envoyé sur la fibre, et ce
indépendamment des autres signaux générés.
On observe donc que les fibres monomode et multimode forment deux classes
d'utilisation distinctes avec des émetteurs et un multiplexage qui leur sont
propres. Bien qu'étant assez coûteux à mettre en œuvre, le multiplexage WDM
permet d'envisager des débits que seule la fibre optique peut nous offrir à l'heure
actuelle. Le CWDM est une alternative beaucoup moins onéreuse, mais également
moins performante. C'est pourquoi il est destiné à être utilisé sur des réseaux
locaux ou métropolitains.
Maintenant que le contexte matériel de l'utilisation de la fibre optique a été
présenté, nous allons brièvement décrire les protocoles SONET/SDH utilisés pour
le transport des données sur fibres optiques.

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Chapitre 3. : Les protocoles de communication SONET/SDH

Les protocoles SONET et SDH ont été développés séparément vers la fin des
années 80 pour répondre à la demande de la téléphonie, mais ils sont tout de même
très proches. Ils sont utilisés pour les communications optiques, mais aussi pour
les communications radios. SONET a été mis au point au Etats-Unis tandis que
SDH est d'origine Européenne. Ils concernent tous deux la couche physique et la
couche liaison du modèle OSI.
Etant donné que SDH est le plus utilisé des deux, nous allons présenter ses
principes, puis nous décrirons les différences entre SONET et SDH.
I. Le protocole SDH

SDH signifie Synchronous Digital Hierarchy (hiérarchie numérique synchrone)


et il est normalisé par les normes G707, G708 et G709 de l'UIT-T.
Les trames SDH sont représentées sous forme de matrices et sont transmises
toutes les 125 microsecondes. Etant donné que le cycle de transmission d'une
trame a une durée fixe, la seule façon d'augmenter le débit de la communication
est d'augmenter la taille de la trame émise. C'est pourquoi il existe plusieurs
niveaux de trames de taille fixe appelés STM (Synchronous Transport Module)
et dont le niveau STM-1 représente la trame de base.
Une trame STM-1 est représentée par une matrice à 9 lignes et 270 colonnes d'un
octet, soit une taille totale de 2430 octets, ce qui permet un débit de 155,52
mégabits par secondes. Les neuf premières colonnes de chaque ligne sont
réservées pour les en-têtes (overhead), soit 81 octets. Il ne reste donc que 2349
octets pour les données qui constituent la charge utile (payload). L'insertion de
bits non significatifs à certains endroits (bit stuffing) permet d'assurer la
synchronisation des horloges entre l'émetteur et le récepteur.
La transmission d'une trame SDH se fait ligne par ligne. La figure 2 montre la
représentation matricielle d'une trame STM-1 et la façon dont elle est transmise
sur le medium.

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Figure 2 : Représentation d'une trame STM-1

L'en-tête contient un certain nombre d'informations concernant l’exploitation, la


gestion, la maintenance et la mise en service du réseau, mais aussi des
informations sur la trame elle-même, et notamment des pointeurs désignant le
début de chaque donnée encapsulée dans la trame SDH.
Les données peuvent être sous forme de trames de n'importe quel type (ATM,
Ethernet, IP,), ce qui va permettre d'assurer un multiplexage temporel en
encapsulant dans la trame SDH des données provenant de différents canaux de
communication. En réalité la charge utile est constituée de conteneurs virtuels
(VC) qui contiennent chacun une ou plusieurs trames d'un même canal. Chaque
conteneur virtuel sera traité indifféremment du type de données qu'il contient et
le couple pointeur/conteneur virtuel forme une unité administrative (AU).
Cependant, un problème se pose car la taille de la trame SDH est fixe alors que
les données qu'elle encapsule peuvent être de taille variable. Pour cela, SDH
utilise la concaténation qui permet à une donnée quelconque d'être coupée et
encapsulée dans deux trames successives. La concaténation permet également le
transport de données qui auraient une taille supérieure à la taille de la trame SDH.
Les différents niveaux STM-n de la hiérarchie SDH sont des multiples du
niveau de base STM-1. Une trame de niveau STM-n a donc une taille de n=2430
octets toujours répartis sur 9 lignes. Chaque ligne est donc composée de 9

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colonnes d'en-tête et de 261 colonnes de données. La charge utile d'une trame
STM-n est obtenue par multiplexage des unités administratives contenues dans n
trames STM-1, comme le décrit la figure 3. Une trame STM-n transporte n fois
plus de données qu'une trame STM-1, et ce sur le même intervalle de temps, d'où
un débit atteint de n155,52Mbps.

Figure 3 : Trame STM-4 obtenue par entrelacement des octets de données de 4


trames STM-1
Les trames SDH permettent le multiplexage de plusieurs canaux de
communication, tout en assurant la synchronisation de ces communications. De
nombreux mécanismes complexes sont mis en uvre pour assurer la bonne
transmission des données ainsi que le contrôle de la liaison. Cependant nous ne
pouvons pas les aborder ici. Nous allons maintenant voir en quoi SONET diffère
de SDH.
II. Différence entre SONET et SDH

SONET (Synchronous Optical Network) se différencie de SDH principalement


sur la taille de la trame. En effet SONET utilise une trame composée de 9 lignes
et 90 colonnes. Les principes étant les mêmes, SONET utilise les trois premiers
octets de chaque ligne pour l'en-tête, les 87 octets restants de chaque ligne étant
constitués de conteneurs virtuels. Les différents niveaux sont appelés OC (Optical
Carrier). Etant donné que la transmission d'une trame se fait elle aussi toute les
125 microsecondes, le niveau OC-3 de SONET correspond au niveau STM-1 de
SDH en terme de taille de la trame, et donc de débit. Le débit obtenu grâce au

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niveau de base OC-1 est de 51,84 mégabits par seconde. Le tableau 1 suivant
montre la correspondance entre SDH et SONET pour les principaux niveaux de
trame utilisés.

Tableau 1 : Correspondance niveaux de trame SDH/SONET et débit obtenu


En dehors de cette différence de taille, le protocole SONET est basé sur les
mêmes principes que SDH. Les conteneurs virtuels sont également utilisés pour
encapsuler les données et ils sont associés à des pointeurs contenus dans l'en-tête.
La concaténation est également possible, ainsi que le "bit stuffing". En ce qui
concerne les niveaux OC-n, ils sont également obtenus par multiplexage de n
niveaux OC-1.

Chapitre 4. : Le routage dans le réseau optique

Nous avons vu que le réseau optique est d'envergure planétaire et transporte des
données de nature très variées (voix, vidéo, textes, fichiers), expédiées sur IP,
ATM, SONET... Le routage dans ce réseau a longtemps été inexistant puisqu'il
se résumait à un ensemble de liens point-à-point, transitant par des brasseurs
optiques figés interconnectant des anneaux SONET/SDH. Les nœuds de ce
réseau reçoivent des signaux provenant de différentes sources comme les
multiplexeurs d'accès, les commutateurs ATM ou encore des routeurs
LAN/MAN/WAN. Il est donc indispensable que ces nœuds aient des interfaces
pour convertir ces trafics au format SONET/SDH.
Les réseaux basés sur SONET (les anneaux SONET), qui sont encore au cœur des
réseaux longue distance et métropolitains, utilisent des technologies de routage et
de commutation nécessitant la conversion du signal optique en signal électrique
pour ensuite le reconvertir en optique (OEO).

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Rappelons que les réseaux optiques sont souvent décomposés en trois sous
réseaux :
 Le réseau d'Accès (Terminal) qui s'étend sur des distances de 1 à 10 Km
 Le réseau Métropolitain (de 10 à 500 Km)
 Le réseau longue distance dans lequel les distances sont de plus de 500Km
Parfois une quatrième catégorie apparaît, celle des réseaux régionaux, entre le
réseau longue distance et le métropolitain.
C'est l'utilisation de la technologie DWDM et les apparitions des Optical Add-
Drop Multiplexers (OADM) et des brasseurs optiques (OXC) configurables qui
rendent envisageable un réel routage optique. Nous passerons en revue les
technologies disponibles et les équipements actuellement en service ou en
déploiement. Le premier permet de prélever et d'injecter des longueurs d'onde. Le
second permet de diriger les signaux d'une fibre dans une autre.
Quels sont les principes de fonctionnements et les technologies des OADM et des
OXC ?
Comment les gérer pour assurer un routage optique ?
I. Les éléments du réseau nécessaires au routage

1. Les OADM (Multiplexeurs optiques à insertion/extraction)

C'est l'utilisation combinée de deux technologies, comme le montre le Schéma de


principe ci-dessous, qui permet de les construire : le circulateur optique et les
réseaux de Bragg.
a Les circulateurs optiques
Contrairement à ce que laisse penser le schéma, les circulateurs ne sont pas
circulaires et sont commercialisés "hors OADM" sous forme de petits cylindres
(ressemblant à des stylos) ou de T. Un circulateur optique impose au signal un
sens de circulation et oblige un signal à sortir par la "porte" qui suit
immédiatement celle par où il est entré. Des modèles à 3 ou 4 ports sont
couramment commercialisés (1500).

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Les circulateurs sont fabriqués en utilisant des interféromètres de Mach-Zender
reposant sur une technologie opto-magnétique.
b Les réseaux de Bragg

Les filtres à réseaux de Bragg ont pour fonction de réfracter une ou plusieurs
longueurs d'onde d'un signal lumineux. Aujourd'hui des réseaux de Bragg
ajustables (utilisation de la technologie opto-magnétique encore) sont à
disposition, ce qui permet de construire des ROADM (Reconfigurable OADM).
Ainsi, deux circulateurs et deux réseaux de Bragg assemblés comme le montre le
schéma suivant permettent de réaliser un OADM.

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2. Les OXC (Optical Cross Connect)

Les brasseurs optiques sont typiquement utilisés à la jonction de grands réseaux


de types métropolitains, régionaux ou longue distance, et servent à rediriger le
trafic d'une fibre vers une autre. La "matrice de redirection" peut être figée par
construction ou reconfigurable par l'utilisation de techniques variées comme les
MEMS (Micro-ElectroMechanical-Systems - micro miroirs, bulle), ou des
commutateurs optiques à commande électriques (commutateur électro-
holographique, à cristaux liquides).
Parmi les technologies reposant sur l'utilisation de la micromécanique, une seule
est aujourd'hui réellement opérationnelle : celle des micro miroirs 2D. Elle permet
de réaliser des brasseurs reconfigurables mais les temps de mutation sont de
l'ordre de quelques millisecondes. Ils peuvent permettre de gérer l'équilibrage du
réseau mais réagissent trop lentement pour être utilisés dans un processus de
routage.

Chapitre 5. Gestion du réseau et protocoles nécessaires au routage

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I. Préalable : l’accès au canal optique

Avant denter dans les détails du routage, nous allons décrire brièvement l’accès
au canal. Il existe trois approches principales pour considérer le contrôle d'accès
au canal (Medium Access Control -MAC-) dans le réseau optique :

1) Suivant le temps (Time Domain Medium Access -TDoMA-)

2) Suivant la longueur d'onde (Wavelength Domain Medium Access -

WDoMA)
3) Suivant le code (Code Domain Medium Access -CDoMA)

Les deux premières sont d'ordre physique et utilisent deux approches distinctes
(accès multiple et multiplexage). Par conséquent, deux sous catégories sont
utilisées pour chacune d'elle (TDMA et TDM, WDMA et WDM respectivement).
La dernière est d'ordre logique et utilise aussi les approches accès multiples et
multiplexage, donnant OCDMA et OCDM. Aussi bien l'accès multiple que le
multiplexage apportent des défis à relever. En terme d'utilisation de la bande
passante, le multiplexage est bien plus performant. Ainsi, deux techniques sont
utilisées. La première est axée sur le temps (TDM) qui peut se subdiviser en
ETDM (Electronic TDM) et OTDM (Optical TDM). La seconde est axée sur la
longueur d'onde (WDM) en multiplexant plusieurs longueurs d'ondes, chacune
véhiculant des flux de données TDM sur la même fibre. Le troisième type, connu
sous le nom de Optical Code Division Multiplexing (OCDM) est plus récent. Les
réseaux dotés d'interfaces SONET/SDH utilise ETDM.

WDM ajoute une troisième dimension. Chaque longueur d'onde transporte des
trames TDM au débit le plus élevé, et plusieurs longueurs d'ondes sont ensuite

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multiplexées par la technologie WDM. Cette combinaison de multiplexage
permet de maximiser l'utilisation de la bande passante de la fibre.

II. Contrôle des ROADM et les OXC configurables pour faire du


routage
Les pratiques d'administration du réseau optique vont impérativement être
modifiées puisqu'elles se résumaient souvent à l'intervention (physique ou
logicielle) d'hommes sur des machines ou du matériel. Pour faciliter cette
transition, l'ITU (International Telecommunication Union) propose une
architecture modèle : l'ASTN/ASON (Automatic Switched Transport
Network/Automatic Switched Optical Network) qui repose en grande partie sur
l'utilisation du protocole GMPLS (Generalized Multi Protocol Label Switching).
Ainsi avant d'exposer ces recommandations de l'ITU, il est nécessaire de détailler
le protocole GMPLS.

III. GMPLS au cœur des réseaux optiques

MPLS (Multi Protocol Label Switching) est en pleine expansion pour


Commuter rapidement du trafic IP dans les réseaux de type ATM. Son concept
peut être étendu pour les réseaux optiques WDM routés par longueur d'onde et
prendre le nom de Multi Protocol Lambda Switching.
L'IETF (Internet Engineering Task Force) travaille actuellement sur le GMPLS
(Generalized MPLS), une plateforme de contrôle pour établir des connexions
variées, incluant les chemins lumineux, dans des réseaux basés sur IP. Pour cela,
il a fallu d'abord travailler sur les protocoles de routages et de signalisations
existants (OSPF et RSVP -Open Shortest Path First, et Resource reSerVation
Protocol- auxquels on ajoute souvent le sigle TE pour Trafic Engineering).

Ces deux protocoles sont utilisés conjointement pour apporter des

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solutions au fameux problème RWA (Routing and Wavelength Assignment) qui
est celui de trouver une route et de lui assigner une longueur d’onde. Pour établir
dynamiquement un chemin lumineux (Light Path), la route et l'assignation de
longueur d'onde doivent se faire quand la demande de connexion arrive. Il est
possible qu’ aucune route avec une longueur d’onde commune soit trouvée, ou
pire, que toutes les longueurs d’ondes soient prises, auquel cas la demande est
bloquée. L'objectif est de trouver une route et une longueur d'onde qui maximise
la probabilité d'obtenir une connexion, tout en minimisant la probabilité de rendre
infructueuse une demande de connexion suivante. Le choix de la route se fait sur
la base d’informations sur l'état du réseau qui sont locales ou globales.

Commençons par le routage statique, c’est à dire celui pour lequel les routes ont
été calculées avant la demande de connexion. Deux algorithmes sont possibles :
le routage fixé (fixed routing) et le routage par chemin alternatif fixé (fixed
alternate path routing).
Pour le routage fixé, une unique route est fixée pour chaque paire
source/destination. Pour l'autre algorithme, plusieurs routes fixées sont pré
calculées pour chaque paire source/destination et enregistrées dans une liste
ordonnée dans la table de routage du nœud source. Lorsqu'une demande de
connexion intervient, une route est sélectionnée parmi celles qui ont été pré
calculées. Ces deux approches sont plus simples à implémenter que celle de
Routage dynamique, mais peuvent entraîner des blocages de connexion.
L'approche dynamique augmente les chances d'établir une connexion en prenant
en compte l'état du réseau, comme le nombre et la nature des longueurs d’onde
disponibles par liens. Vous trouverez dans la bibliographie des références
d’articles traitant de ces problèmes.

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GMPLS et l’Infrastructure physique

Sur le plan supérieur du schéma, nous voyons qu’avant d’arriver à l’anneau


SONET/SDH, les données sont routées par commutation de paquets (Packet
Switch). Ensuite, dans l’environnement SONET, le routage se réalise simplement
par le multiplexage temporel (TDM). Enfin, nous remarquons que lorsque les
données arrivent en zone « tout optique » le routage se fait par commutation de
longueur d’onde (Light Switch), ce qui apparaît encore plus clairement sur le
schéma suivant :

Nous disposons maintenant d’assez d’informations pour comprendre le Schéma


de l’architecture ASTN/ASON mentionnée plus haut, et qu’il est nécessaire
d’avoir en tête pour comprendre les schémas qui suivront.

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L’architecture ASTN

Les réseaux ASTN découvrent eux-mêmes les ressources et la topologie de la


couche optique. Ce processus commence avec les OXC qui détectent leurs propres
ressources disponibles, les services qu'ils peuvent rendre et les connexions dont
ils disposent avec leurs voisins. Chaque OXC reporte alors ces informations à son
OCC (Optical Connection Controller interface) par son interface CCI (Connection
Controller Interface). Les OCC, en utilisant les interfaces nœud à n ud (NNI
Node to Node Interface) et une version étendue de OSPF découvrent
automatiquement et collectivement la topologie du réseau entier ainsi que la bande
passante disponible.Ces informations sont maintenues à jour par chaque
contrôleur de l'OCC, ce qui lui permet de calculer des chemins à travers le réseau
complet. Avec l’utilisation de GMPLS, les chemins optiques peuvent ainsi être
ouverts, modifiés et fermés en quelques secondes.

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