Fondateur Serge Benattar Zal

N° 1579
2€

 actualitejuive.com  10 Décembre 2020 - 24 Kislev 5781



'Hanouka 5781

L'espoir,
maintenant

• L a promesse de 'Hanouka, par le grand rabbin de France, Haïm Korsia

• Avec les œuvres de Jeanne Bloch, Alain Kleinmann et Frank Lalou
• Dinim des fêtes, recettes et jeux
• Après l'épreuve, la consolation des vaccins ?

polémique Israël
Ces pavés de Entretien exclusif
mémoire qui sèment avec l'ambassadeur de
la discorde France, Éric Danon
p. 18 p. 24-25
3 N° 1579 - 10 décEMBRE 2020 sommaire
N°1579 10 DÉCEMBRE 2020 - 24 KISLEV 5781
{ édito }
Par
à la une judaïsme
Alexis Le billet du grand rabbin de France
5  30 Étude de la Parachat Vayéchev,
Lacroix Haïm Korsia par Daniel Toledano

6 'Hanouka, l'espoir maintenant 31 Le commentaire de la semaine,

Hag 'Hanouka sameah ! par le rabbin Yona Ghertman
9 Entretien avec le rav Ouri Cherki

D
ès ce jeudi, les communautés du
monde entier, transcendant leur isole-
ment géographique causé par la crise 14 Lois et dinim de la fête COMMUNAUTÉ
sanitaire, fêtent 'Hanouka. Moment familial
Les aumôniers israélites mobilisés
32 
béni, dédié aux enfants, 'Hanouka illumine la
vie juive. Et n’a, depuis vingt-deux siècles, rien partis pris&indiscrets dans les hôpitaux et les prisons
perdu de sa force messianique. Voici pourquoi :
16 Christophe Barbier : un thé avec 34 Esther Galam : « Nos ateliers
vers 175 avant l'ère chrétienne, la monarchie
Giscard créatifs permettent de lâcher prise »
séleucide se donne un roi, Antiochus IV.
Ce souverain, en vérité, a tout du tyran ; il ne
Les confidentiels de Michaël Darmon
tarde pas à imposer à la Judée la présence, au
sein du Temple, de divinités comme Zeus. Le
17 
mémoire
grand prêtre Mattathias ne se résout pas à cette
profanation. Il brandit l'étendard de la révolte france 36 Azar Tordjman, ce chamach
chaleureux qui nous manquera
et résiste, pied à pied, à cette destruction pro-
grammée du judaïsme. A sa mort, son fils Juda 18 Les pavés de la mémoire
sèment la discorde
Macchabée n'a qu'une urgence  : renverser la
tyrannie des idoles instaurée par Athènes. Juda
en RÉGIONS
Procès des attentats de 2015 :
19 
Macchabée veut effacer l’effacement de la foi
le temps des plaidoiries Toulouse : les Journées de la Culture
38 
juive par les païens. Il fait ériger un nouvel au- juive 2020
tel (ha-'Hanouka signifie, littéralement « l’inau-
guration »). Il demande aussi aux kohanim de
trouver des fioles d'huile sacrée afin de faire Israël CULTURE
resplendir la Menorah. Il ne restait malheureu-
20 Israël vers les élections
sement plus qu'une seule fiole. Elle maintint Entretien avec Valérie Portheret
40 
le chandelier allumé... pendant une huitaine !
La tradition talmudique magnifie ce miracle Valéry Giscard d'Estaing : des
21  43 La disparition de Robert Castel
(nes ) des fioles. 'Hanouka célèbre aussi une relations tendues avec Israël
victoire militaire, préalable à cette victoire dont
le peuple juif a toujours eu le secret, et qui
Grand angle LES GENs
est proprement spirituelle : la victoire de la lu-
mière et de l’amour de la vie sur les cultures 44  Paul Bismuth, Isabelle Huppert,
de mort, païennes et fascinées par la violence. 24-25 Rencontre avec Éric Danon, Julien Dray...
En ce sens, comme l’a pressenti Haendel dans ambassadeur de France en Israël
son Oratorio, 'Hanouka est une allégorie. De la
victoire sur le paganisme et ses nuits opaques.
monde portrait
L'on peut gagner sa guerre contre eux en ne
faisant couler que de l'huile. 45 J
 oseph Zrihen : un médecin
Quel sens plus spécifique prend 'Hanouka au Nucléaire iranien : le ton se durcit,
26  au service des autres
terme d’une année recrue d’épreuves ? Que en attendant Biden
nous annonce l’éclat de la lumière au huitième
soir dont parle Emmanuel Levinas, dans « Le débats&opinions
clair et l’obscur » ?
Abraham Heschel, lui, regrettait que le monde 46 Nicole Cohen-Tadjouri : « Les relations
moderne ternisse le merveilleux par l’indiffé- humaines par temps de Covid »
rence. 'Hanouka dissipe ce brouillard d'indiffé-
rence. Et replace, au coeur de nos existences, 47 François Heilbronn : « Les dangers
la gratitude pour ce qui existe, le souci de de la mouvance islamo-fasciste »
transmettre à nos enfants la « continuité du
monde ». La leçon vaut face au triomphe per-
vers de l’individualisme narcissique  : il suffit, vous
parfois, d’une micro-fiole luminescente pour
éclairer une pièce entière, rappelle un récit 48-49 Quiz, jeux et recettes de cuisine
hassidique ; de même, un peu, tout petit peu spécial 'Hanouka
de hesed peut rendre espérance et avenir à un
monde dont, à la fin de sa vie, Levinas notait
qu’il était « désorienté ». Hag sameah! n À vos plumes
50 Les lecteurs ont la parole
 'Hanouka 5781 N° 1579 - 10 décembre 2020
4

Actualité juive remercie chaleureusement

l’artiste peintre Alain Kleinmann pour avoir accepté
de céder généreusement les droits de reproduction
de son œuvre Les deux frères afin d’illustrer
ce numéro spécial ‘Hanouka.

Alain Kleinmann est un peintre plus d’une cinquantaine de musées :

contemporain largement reconnu, né en
1953 à Paris où il vit et travaille. Depuis
plusieurs décennies, son activité plastique
sur le thème de la mémoire constitue dans
beaucoup de pays une référence majeure
dans ce domaine. Son œuvre fait appel à
une large palette de techniques : travaux
sur toiles, sur papiers, sur objets, bronzes,
installations, lithographies, gravures…
Il a réalisé une centaine de couvertures
de livres, de nombreuses affiches et
des décors de théâtre. Une trentaine
d’ouvrages est parue sur son travail et il
a exposé dans de nombreuses galeries et
institutions internationales ainsi que dans
Paris, Milan, Berlin, Londres, Barcelone,
Madrid, Lausanne, Stockholm,
Copenhague, Bruxelles, La Havane,
Santiago du Chili, Buenos Aires, New York,
Berkeley, Séoul, Tokyo, Osaka, Moscou,
Pékin… Il a créé avec Hastaire le groupe
international de peintres « Mémoires ». Il
est également l’auteur de différents écrits
autour de la peinture, notamment  La
peinture et autres lieux  et Interrogations
sur l’art contemporain, ainsi que de
nombreux entretiens et préfaces. Il a été
nommé en 2016 chevalier de la Légion
d’honneur par le Premier ministre pour
l’ensemble de son œuvre.

{ Perspectives }

L’éducation juive, bouclier de notre Histoire

H anouka est l’une des
fêtes qui suscite chez les
adultes le besoin impérieux
de se trouver en présence
d’enfants. C’est souvent le re-
gard ému que nous les voyons
s’émerveiller devant une al-
lumette qui craque, leur vi-
Par sage transformé à la vue de la
Dvorah flamme qui jaillit.
Serrao Si nous sommes si attentifs
Directrice à les associer à chacune des
générale coutumes et des lois, c’est
de l’Alliance
que le principe même d’édu-
israélite
cation prend sa source dans
universelle
la racine étymologique du mot
'Hanouka. En effet, la racine
en hébreu « h’.n.’h » évoque la
victoire des Maccabim qui leur
a permis d’inaugurer un nou-
vel autel au Temple après que
celui-ci eut été souillé par les
Séleucides (‘Hanoukat habayit).
C’est aussi la même racine que
le mot, en hébreu, qui signifie
éducation : ‘hinou’h.
En nous penchant sur nos
textes, on constate que la
Michna n’évoque pratiquement
pas les lois de 'Hanouka. C’est
au détour d’un problème lié
aux dommages causés par
une flamme que nous entre-
voyons un rappel de celles-ci
(Bava Kama, 6) et de manière
allusive dans d’autres trai-
tés. Il faut attendre le Talmud
pour disposer d’un corpus de
lois précises liées à l’allumage
des bougies et à cette fête.
Pourquoi ne retrouve-t-on pas
plus de lois relatives à cette
fête ? On trouvera la réponse
en évoquant les livres des
Maccabim. En détail, ils dé-
crivent les guerres menées par
les Maccabim au IIe siècle av.
J.-C. Ces livres sont une ode
à la stratégie guerrière et à la
puissance militaire qui abouti-
ront à la victoire. Et pourtant,
nos Sages décidèrent que ces
œuvres n’intègreraient pas le
canon biblique.
Le Talmud relate que, pendant
le Ier siècle, en Israël, il exis-
La racine étymologique du mot 'Hanouka
est la même que celle du mot 'Hinou'h
qui siginifie « éducation »
tait déjà un système éducatif
initié par l’un des Sages de
l’époque, rabbi Yeochua Ben
Gamla. Tout enfant, dès l’âge
de six ans, se voyait bénéficier
d’une éducation juive. Alors
qu’à l’époque de rabbi Yehu-
da Hannasi et de la rédaction
de la Mishna, la population
juive était encore très marquée
par la révolte de Bar Kochba,
une autre révolte sanglante,
connotée par la guerre.
C’est là que réside le principe
fondateur de cette fête. Les
Sages ont choisi d’orienter les
générations vers cette prise
de conscience de la responsa-
bilité de tout un chacun pour
la transmission plutôt que de
se concentrer sur la victoire
armée - ce qui était possible
au temps du Talmud dès lors
qu’un système éducatif per-
durait. Le rabbin Sacks (zal)
le remarque à plusieurs re-
prises : « Les anciennes civili-
sations nous ont laissé de nom-
breux édifices. Les Egyptiens,
les pyramides. Les Grecs, le
Parthénon. Les Romains le
Colisée. Et les Juifs… ? Des
écoles ». La plus forte des
armes est celle qui traverse les
siècles : l’éducation. La puis-
sance militaire et la guerre ne
suffisent pas à survivre aux
aléas de l’Histoire.
Cette petite fiole d’huile pure,
nous apprend le Maharal de
Prague, c’est la tradition juive
dans toute sa splendeur et sa
pureté. Celle qui nous anime
depuis toujours et que nous
transmettons à nos enfants
lors de l’allumage de notre
'Hanoukia pendant huit jours.
Car, finalement, le seul bou-
clier dont nous disposerons
toujours, c’est l’éducation…n
5 N° 1579 - 10 décembre 2020
'Hanouka, ou le pari de l'impossible
Par L a fête de 'Hanouka est le
temps où nous apprenons,
Haïm Korsia par la liturgie des lumières et
Grand rabbin de l'espérance, à fonder notre
de France, confiance en l'Eternel, « quoi
Membre qu'il en coûte». Notre capa-
de l'Institut cité à défendre nos valeurs
est le signe de l'alliance qui
nous rattache au serment du
mont Sinaï. Ainsi, le miracle
de 'Hanouka consiste, bien
plus que l'huile qui dure huit
jours, en la victoire de ceux
qui n'avaient aucune chance
de vaincre et qui ont trouvé
la force morale d'espérer et de
l'emporter. Tel Jacob luttant
contre l'ange que nous avons
accompagné samedi dernier
dans la Torah.
Si les Grecs avaient program-
mé la disparition de la Torah
en interdisant son étude, ils
n'avaient pas imaginé la ré-
ponse des Sages pour trans-
mettre au-delà de l'enseigne-
ment.
En effet, peu à peu, lumière
après lumière, les rabbins ont
construit l'édifice du savoir,
Depuis plus de 2 000 ans, le monde veut
nous priver de notre avenir, et pourtant
nous sommes là, à enseigner et à vivre
notre judaïsme dans la joie
semé la Torah chez les jeunes,
et ont créé des écoles et des
lieux de prière pour tous. Et
ce qu'ils ne pouvaient pas en-
seigner, ils le vivaient, le prô-
nant ainsi par l'exemple.
De nos jours, le miracle de
'Hanouka se poursuit, car
depuis plus de 2 000 ans,
le monde veut nous priver
de notre avenir, et pourtant
nous sommes là, à enseigner,
à transmettre, à vivre notre
judaïsme, et toujours dans
Toute l'équipe du journal Actualité juive souhaite à
ses fidèles lecteurs, abonnés, dépositaires et annonceurs
une heureuse et lumineuse fête de 'Hanouka
'Hanouka 5781
{ Réflexion }
la joie. Malgré l'ambiance
lourde, le confinement, les
synagogues fermées, l'inquié-
tude ambiante, nos lumières
porteront notre message d'es-
poir à toute la société.
La peur et l'angoisse ne do-
mineront jamais notre com-
munauté car notre convic-
tion est que même si certains
pensent qu'il est impossible
de réaliser quelque chose, il
y a toujours une espérance
et un début de solution dans
l'idée même de notre unité. Et
si juste un seul y croit, sin-
cèrement, il devient comme
les bougies de 'Hanouka :
un exemple, un modèle. Car
les plus grands mouvements
du monde ont débuté par un
petit groupe, souvent isolé, qui
a su qu'il fallait rendre pos-
sible l'impensable.
Lorsqu'un enfant commence
à apprendre le judaïsme,
les lettres de l'alphabet, les du mois de Kislev, commen- pour permettre à la Lumière
prières, il commence pas à cent les 8 jours de 'Hanouka. de l'emporter sur les Té-
pas, lettre après lettre, lu- Lorsque les Grecs sont entrés nèbres ? Et il est vital de nous
mière après lumière. Il ne doit dans le sanctuaire, ils ont pro- tourner vers les jeunes, non
fané toutes les huiles. pas juste pour leur offrir des
A la victoire des Hasmonéens, cadeaux, mais pour leur rap-
ces derniers, après avoir cher- peler leur rôle dans le destin
ché, n’ont trouvé qu’une fiole du peuple juif. Lorsque dans
d’huile certifiée par le sceau
du grand prêtre. Le contenu
l'Histoire, nous avons voulu
connaître notre avenir, nous
de cette fiole ne suffisait que nous sommes toujours tour-
pour brûler une seule journée. nés vers la jeunesse.
ni se décourager, ni abandon- Grâce au miracle, cette quan- Fasse l’Éternel que dans nos
ner. Et c'est pour moi le vé- tité a suffi pour 8 jours. L’an- études, dans notre Torah,
ritable miracle de 'Hanouka : née suivante, ils ont décidé de dans nos activités commu-
le chemin de la patience nous faire de ces jours une fête. nautaires, nous trouvions les
mène toujours là où l’Éternel Dans cette description des réponses aux questions que
veut nous conduire. origines de la fête, la victoire se pose notre société.
Le Talmud, Chabbat 21b, se sur les Grecs n’est évoquée Nous sommes les bâtisseurs
contente de quelques lignes qu’accessoirement, comme un du futur, et c'est une lourde
pour traiter de 'Hanouka événement ayant donné lieu responsabilité. Le temps de
et c'est à propos de la cou- au miracle de l’huile qui, lui, 'Hanouka nous prouve que
tume d’allumer les bougies, est l'essentiel. ce défi aux lois du monde est
le vendredi soir. Voici un ex- Il s’agit d’un parti pris idéolo- réaliste et qu'il est même
trait de ce texte : « Qu’est- gique de la part de nos Sages : notre destinée, ce que notre
ce-que 'Hanouka ? Au 25 que vaut la victoire si ce n'est Créateur attend de nous. n

« Moi l'Éternel, Je t'ai
appelé pour la justice... »
Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Pourquoi y a-t-il de la lumière et pas seulement de l’obscurité ?
Ces questions et beaucoup d’autres encore sont le fruit de la réflexion des philosophes et, en fait, de chaque être humain.
L
es Grecs ont excellé dans la
philosophie. Les juifs aussi.
Mais Israël est avant tout le
messager de la Parole divine révélée
au Sinaï.
‘Hanouka, la fête des lumières, est
riche en enseignements. Les thèmes
auxquels elle fait référence sont
universels : la recherche du sens, la
lumière, l’harmonie, un monde meil-
leur, le Tikoun HaOlam – « comment
refaire le monde ».
A l’époque de ‘Hanouka, deux ci-
vilisations, deux façons de voir le
monde se sont confrontées.
Athènes ou Jérusalem, la matière ou
l’esprit, le chaos ou l’harmonie, l’es-
thétique ou l’éthique, le beau ou le
bien. C’est fort heureusement ceux
qui défendaient le Tsedek, les prin-
cipes de la morale universelle de la
Torah, qui l’emportèrent.
La Bible est le fondement de la ci-
vilisation. C’est une encyclopédie
de la vie. Des chapitres entiers de
la Torah nous enseignent comment
remettre l’économie au service de
tous les hommes. De longs passages
du Pentateuque nous expliquent en
détail comment organiser une socié-
té juste où chaque être humain est
valorisé dans sa différence.
REBONDIR AVEC OPTIMISME
« A quoi bon allumer maintenant
le chandelier car il ne reste qu’une
toute petite quantité d’huile », dirent
certains alors que le Temple de Jé-
rusalem avait été dévasté. « Que fe-
rons-nous demain ? ». C’est le choix
'Hanouka nous enseigne que le plus
grand danger pour le peuple juif est
de perdre son âme, son identité
'Hanouka 5781
Lumière des nations
Par le rabbin Yaacov Spitezki
n Les communautés juives
du monde célèbrent la fête de
'Hanouka du jeudi 10 au vendredi
18 décembre.
n Fête des lumières et du miracle
de la fiole, 'Hanouka éclaire
les foyers et les âmes d'une lueur
d'espoir pour un monde meilleur
et plus juste.
n A l'image de la Ménorah
placée devant la fenêtre pour être
visible de l'extérieur, elle invite
chacun à agir envers l'Autre
et les Nations dans la fidélité
des valeurs morales et universelles
du judaïsme et d'Israël.
de l’optimisme, si caractéristique au
Judaïsme, qui prévalut. Et lorsqu’on
dépasse sa propre nature, alors Dieu
transcende lui aussi les lois de la
nature. Et c’est le miracle… Nous
sommes bien loin de la conception
hellénistique de l’histoire : une his-
toire cyclique, un éternel recommen-
cement. Le Judaïsme prône le pro-
grès. Sous l’impulsion de la Torah
et grâce aux mitsvot nous insérons
des valeurs éthiques dans tous les
domaines de l’existence. C’est ainsi
qu’on transforme et qu'on fait avan-
cer la société. C’est ainsi qu’on arrive
à l’harmonie entre la Foi et la Rai-
son, entre l’éthique et la politique,
entre la matière et l’esprit.
Les Grecs avaient bien compris l’en-
jeu de ce choc des civilisations et
lorsqu’ils pénétrèrent dans le Temple
de Jérusalem, ils profanèrent sys-
tématiquement toutes les réserves
d’huile consacrée. Mais si leur objec-
tif était d’empêcher que la Ménorah
fût rallumée… ceci eut été radicale-
ment atteint en détruisant le grand
chandelier. Pourquoi se contenter de
profaner l’huile sacrée alors qu’on
peut tout détruire systématique-
ment  ?
En fait, ce que souhaitaient les
Grecs, c’était de voir rallumer le
chandelier du Temple avec de l’huile  qui se trouve dans le fin fond de
« impure et hellénisée ». Les Hellènes
étaient tout disposés à accepter la
Torah mais uniquement comme une
simple œuvre littéraire. Un produit
de l’intelligence humaine. Le pen-
dant de leur mythologie. Une Torah
sur mesure que l’on peut, à Dieu ne
plaise, modifier à chaque époque se-
lon les mœurs et les idées en vogue.
Tout…mais pas une Torah divine.
LE SOUCI DES AUTRES
‘Hanouka nous enseigne donc que le
plus grand danger pour le peuple juif
N° 1579 - 10 décembre 2020
6
est de perdre son âme, son identité.
Faisons-nous vraiment tout pour
combattre l’assimilation ?
‘Hanouka vient du mot «  ‘hinou’h »
qui signifie « éducation ». Combien de
temps, d’énergie consacrons-nous
à l’éducation juive ? Pas seulement
à celle de nos enfants mais aussi
à la nôtre ? A combien de cours et
de conférences participons-nous ?
Combien de Séfarim ou de livres
d’intérêt juif avons-nous lus ?
Bien sûr, la petite fiole d’huile pure
notre personnalité ne sera jamais
détruite. Mais pourquoi se contenter
de ce qui est inné en nous ?
Les lumières de ‘Hanouka sont allu-
mées chaque soir en nombre crois-
sant. Elles nous incitent à faire un
effort constant sur nous-même.
La Ménorah doit être placée de
telle manière qu’elle puisse être
vue au-dehors, dans la rue. C’est
à dire qu’il ne suffit pas d’éclairer
son petit chez soi. On ne doit pas
se replier dans une tour d’ivoire.
C’est à la tombée de la nuit que
 7 N° 1579 - 10 décembre 2020 'Hanouka 5781
nous allumons le chandelier à huit
branches. Ceci nous enseigne que
nous ne devons pas nous découra-
[ ARTISTE INVITÉ ]
ger. Chaque petite lumière, chaque Le calligraphe Frank Lalou offre aux lecteurs ligraphes hébraïques et un jeu graphique des
mitsva, chaque bonne action que d'Actualité juive une composition originale sur kabbalistes. Référence européenne pour la calli-
nous faisons peut avoir raison le mot 'Hanouka. Le principe du monogramme graphie hébraïque, Frank Lalou est aussi l'auteur
de beaucoup d’obscurité. Tout ce est que la première lettre du mot encercle la de plus d'une quarantaine de livres sur la Bible,
que nous faisons a une immense deuxième, la deuxième la troisième, et ainsi de la Kabbale, la symbolique des lettres hébraïques
et bienfaisante répercussion. Une suite. Le monogramme est une tradition des cal- et la calligraphie hébraïque. Merci à lui.
bonne action, un coup de main
concret, un bon mot, un sourire,
une écoute empathique de notre
prochain.
Avec une lumière, on peut en al-
lu mer u n e au tr e et b ea ucoup
d’autres, ainsi de suite. Le par -
tage, l’altruisme doivent être la
base de notre société.
‘Hanouka évoque donc la rencontre
de deux conceptions du monde : le
Judaïsme et l’Hellénisme. Le sens
de cette fête dépasse largement
une réminiscence historique. C’est
le condensé de deux mille ans du
mystère de l’existence miraculeuse
du peuple juif.
La clé, l’explication de ce mystère,
nous la trouvons dans la prière de
Al Hanissim :
« Rabim BeYad Meatim – une mino-
rité a eu raison du grand nombre –
Toi Éternel, tu as livré les forts entre
les mains des faibles. Une minorité
a eu raison du grand nombre. Les
méchants sont tombés entre les
mains des Justes ; les impurs dans
celles des purs ».
C’est la grande leçon de ‘Hanouka.
Le Peuple juif doit sa survie au fait
qu’il est le gardien des valeurs mo-
rales véhiculées par la Torah. En
tout temps, Dieu a toujours proté-
gé son peuple.
« Une nation sainte. Un peuple de
prêtres qui œuvre pour le bien-être
de l’ensemble de l’humanité ».
Israël est comparé à de l’huile car,
de même que l’huile ne se mélange
pas à d’autre liquide de même
devons-nous préserver coûte que
coûte notre identité.
Nul doute que si nous intériorisons
les nombreux enseignements de la
fête des lumières, s’accomplira la
prophétie d’Isaïe (42/6) « Moi l’Éter-
nel Je t’ai appelé pour la justice
et Je te prends par la main, Je te
protège et Je t’établis pour unir les Une lumineuse pédagogie
peuples et pour être la lumière des 'Hanouka, qui veut dire inauguration, entrant au contact d'un corps sans vie alors que ce n'était pas fondamentalement
nations ». n provient de la racine 'H-N-KH qui a par exemple) est repoussée dans le cas nécessaire. C'est exactement cela la
donné le mot 'Hinou'h, éducation. Pour où la majorité du peuple est rituellement définition du 'Hinou'h  : habituer les
comprendre ce lien, il faut revenir aux impure. Néanmoins, Dieu a tenu à opérer enfants (qui ne sont pas encore bar et
événements de 'Hanouka, notamment le miracle, c'est-à-dire à permettre à la bat-mitsva) à accomplir des actes et des
au miracle de la fiole d'huile d'olive Ménorah d'être allumée avec de l'huile gestes qu'ils n'ont pas encore l'obligation
pure. Selon la loi, le miracle n'était d'olive pure pour montrer combien le de réaliser, afin de créer en leur esprit un
YAACOV pas fondamentalement nécessaire. En service de Son peuple lui était précieux. attachement affectif et de leur montrer
SPITEZKI effet, un principe talmudique énonce Le miracle a permis à ce que la loi soit combien ce qu'ils accomplissent déjà de
Directeur du
Centre universitaire que l'impureté rituelle (statut acquis en accomplie de la meilleure des manières joie nous remplissent.  J.M.
Shorashim- Jérusalem.
 'Hanouka 5781 N° 1579 - 10 décembre 2020
8

Symbolique

Un espoir tourné vers le monde

Les lumières de ‘Hanouka sont orientées vers l’extérieur. Lumière dans le monde, lumière pour le monde.
Quel est l’apport de cette lumière qui aspire à éclairer ?

D
éjà s’exprime ici la volonté de partager
une espérance, d’offrir une histoire,
une vision, une mission, une lueur.
S’exprime ici le souhait de tendre au
passant une idée lumineuse, une pensée qui
réchauf fe les cœurs et éclaire les esprits.
Lumière que l’on ne garde pas pour soi.
L’une des idées sous-jacentes à l’allumage des
bougies de ‘Hanouka consiste à rappeler que la
Torah a vocation à illuminer tant les destins in-
dividuels que le devenir collectif. L’originalité de
la tradition hébraïque se remarque dans cette
préoccupation ressentie vis-à-vis du particulier
et vis-à-vis de la collectivité. Les deux destinées
sont inextricablement liées.
Et puis, le domaine public nécessite d’être éclai-
ré. En effet, il constitue le lieu de rencontre avec
autrui, donc il est un espace où l’individu risque
de se perdre dans un système de conventions so-
ciales où la flatterie ordonnée, l’hypocrisie légi-
férée, les masques ordonnés occupent une place
considérable.
Espace de toutes les duplicités, de toutes les
dispersions. En langue hébraïque, le domaine
public se dit « rechout harabim ». Or, rabbi Tsvi
Elimélekh de Dinov observe que « rabim » consti-
tue l’acronyme des quatre empires qui ont as-
servi le peuple juif au cours de l’histoire : Rome,
Babylone, Yavan, Médie. Pour que la dimension
du collectif puisse offrir le meilleur d’elle-même,
elle doit justement être accompagnée de cette lu-
mière de la Torah chassant les ombres au loin,
reléguant le sombre à des contrées inhabitées.
Rabbi Yehouda Arié Leyb de Gour (Sefat Emet I p.
199) explique alors que le fait d’allumer les bou-
gies de ‘Hanouka, à l’intérieur des maisons, à la
fenêtre, indique combien l’exil ne se limite pas
à une problématique géographique mais s’établit
dans l’esprit même de la personne. L’être est en
exil ; et l’exil est en soi.
La vie de la conscience, jadis préservée de la di-
mension nocive du groupe, jadis à l’abri de cette
dislocation – la plupart du temps inconsciente –
cette vie de la conscience aujourd’hui ruse avec
elle-même. Ce n’est pas que l’on ignore ce qui dif-
fère du bien du mal ; c’est que le mal prend l’as-
pect du bien et que l’on justifie cette mascarade.
L’extériorité s’est si étendue que la voilà installée
dans l’intériorité ! C’est donc là aussi que les lu-
mières de ‘Hanouka s’avèrent les bienvenues - dans
un espace intérieur - de sorte à pouvoir célébrer
l’inauguration (tel est le sens du mot ‘Hanouka) de
ce nouvel intérieur. Ce grandiose événement, vécu
par chacun, préludera à l’inauguration du Temple ;
période où le domaine public se révèlera comme le
lieu de toutes les entraides, de toutes les amitiés, le
lieu de toutes les lumières. n  Jacky Milewski

Allumages publics

« On chasse l’obscurité par la lumière ! »

Qu’en sera-t-il, cette année,  des manifestations organisées par le Beth Loubavitch ?

I
ls ont lieu dans les endroits les
plus emblématiques, les plus of-
ficiels (la Maison-Blanche à Was-
hington, le Kremlin à Moscou, le Ko-
tel, la Tour Eiffel…), les plus chargés
de mémoire (le Vel d’Hiv, le ghetto
de Varsovie, Barcelone et sa Dispu-
tation), les plus lointains (Australie,
Nouvelle-Zélande, Alaska), les plus
originaux (le dos d’un éléphant à
Bangkok, la gondole à Venise), avec
les personnalités les plus diverses
(acteurs, députés, présidents, am-
bassadeurs).
Et cette année ? « A ce jour, nous ne
sommes sûrs de rien, soupire Binya-
mine Mergui, responsable de la lo-
gistique des allumages pour le Beth
Loubavitch de Paris Ile-de-France.
Pour le moment, les autorités nous
ont accordé 3 allumages à Paris
On peut affirmer que ces événements
ont rendu leur fierté à beaucoup
même : mardi 15 décembre, place
de la République, mercredi 16, à la L'allumage intercontinental
Bastille et jeudi 17, place de l’Opéra. devant la tour d'Eiffel
Nous pourrons aussi organiser le dé-
filé traditionnel de voitures surmon-
tées de Hanoukiot le samedi soir 12
décembre. Nous réfléchissons aux
modalités techniques pour éviter les
attroupements ».
Le premier allumage public du
mouvement Loubavitch eut lieu en
1974 à Philadelphie, avec quelques
personnes. Petit à petit, l’idée a fait
son chemin, les tribunaux améri-
cains ont accordé les permissions
nécessaires. « On peut affirmer que
ces allumages ont véritablement
sauvé des vies et, en tous cas, ren- Loubavitch. « On ne compte plus les bués par le mouvement. Les enfants
du leur fierté à tant de Juifs hési- réactions enthousiastes, les larmes seront particulièrement gâtés avec
tants, estime pour sa part le rav de joie et d’émotion, les rencontres des magazines en couleur, des box
Mendel Azimov, directeur du Beth émouvantes… Les maires, députés surprises, des concours dotés de
et « people » veulent avoir leur photo prix de valeur, des fêtes virtuelles
devant la Hanoukia et certains nous par zoom, des tombolas et, bien sûr,
procurent l’infrastructure (chapiteaux, des beignets emballés. Les épouses
photographe, sono et même bonbons des Chlou’him (émissaires) ont en-
cachères …) ».
La lumière brillera néanmoins
voyé à leurs élèves des travaux ma-
nuels, des découpages, des fasci-

de juifs hésitants dans les foyers puisque 40 000

« kits » de ‘Hanouka seront distri-
cules explicatifs et des toupies à en
donner le tournis ! n Feiga Lubecki
 9 N° 1579 - 10 décembre 2020
La crise sanitaire a bouleversé la pratique du judaïsme dans sa dimension collective. Pour le
rav Cherki, Hanouka est aussi un rayonnement vers l'intérieur qui part du cœur d'Israël.
DR
Cette année, on célèbre
la fête de 'Hanouka alors que le
Covid est toujours là. En Israël,
comme en France, la fête ne pourra
pas se dérouler comme d'habitude.
Comment fait-on pour la maintenir
dans ce contexte particulier ?
Oury Cherki : Paradoxalement,
on renoue avec une tradition déjà
mentionnée dans les sources
talmudiques. Il y a eu des époques
où les lumières de 'Hanouka ne
pouvaient pas être allumées à
l'extérieur à cause des décrets
des zoroastriens en Perse. Il était
alors interdit d'allumer du feu
à l'extérieur lors de leur fête qui
tombait souvent à 'Hanouka. C'est
là qu'a été instituée cette idée que
l'on puisse également, en cas de
nécessité, allumer à l'intérieur. Ce
qui a d'ailleurs été repris par la
suite par différents décisionnaires
de la Halakha. Le confinement
actuel n'est donc pas étranger
à 'Hanouka. Il y a des moments
où la Lumière d'Israël rayonne
vers l'intérieur plutôt que vers
l'extérieur. Et c'est probablement
une des leçons que nous avons
à tirer de l'épidémie de Covid en
général, ce phénomène universel
qui a ramené presque toute
l'humanité à se confiner dans son
propre domaine. Au lieu de voir
seulement la dimension tragique de
la chose, on peut s'en servir comme
levier de retour à l'intériorité. C'est
très important. On peut dire aussi
que la révolte des Asmonéens a été
justement une révolte contre cette
idée d'uniformité, de conformisme
absolu que voulait imposer la
civilisation hellénistique. Il y a là
quelque chose qui a un rapport
direct avec 'Hanouka.
Mais il manque pourtant une
dimension spécifique à la fête ?
O.C. : Oui. C'est ce que l'on
appelle le Pirsoume Nissa, la
publication du miracle au grand
public, à l'extérieur. Mais c'est
lorsqu'on est empêché de faire
quelque chose, que l'aspiration
'Hanouka 5781
Oury Cherki :
« La Lumière d'Israël rayonne
depuis Jérusalem »
[ BIO EXPRESS ] prendre. Mais on ne peut faire
totalement abstraction du domaine
directement. Or, la dimension
publique du judaïsme aujourd'hui,
Né en 1959, en Algérie, public. Il a une dimension qui existe c'est celle qui se vit au niveau
Ouri Cherki est monté en dans le judaïsme. collectif dans l'État d'Israël. On
Israël en 1972. Il étudie à la O.C. : On peut même dire que peut dire que c'est cette aspiration
Yechivat Merkaz Harav du c'est la dimension fondamentale. collective qui nous amène à
grand rabbin Zvi Yehouda C'est Israël en tant que nation, retrouver notre racine nationale,
Kook. Il est aussi élève du en tant que collectivité, qui agit oubliée pendant deux mille ans
rav Léon Ashkenazi Manitou. dans l'histoire et non en tant d'exil. Aujourd'hui, le rayonnement
Directeur au Machon Meir, à qu'individu, c'est évident. Le d'Israël, l'allumage de la Lumière
Jérusalem, il a fondé l'orga- souvenir de la restauration de d'Israël se fait à partir de
nisation « Roch Yehudi » pour l'indépendance politique des Jérusalem. Pour le monde entier.
le dialogue avec la société Hébreux dans l'Antiquité par Propos recueillis par
laïque israélienne et préside les Asmonéens nous concerne Pascale Zonszain
le Centre Noachide Mondial,
Brit Olam. Il est rabbin de la
communauté Beit Yéhouda à
Jérusalem et du mouvement
de jeunesse sioniste religieux
Ezra, et l’auteur de nombreux
ouvrages de pensée juive.
prend la place de la réalisation.
Le peuple juif a toujours des
systèmes qui lui permettent
de survivre à ce genre de
vicissitudes.
Ces moyens vont donc réduire
l'aspect social, familial, de la fête ?
O.C. : Du point de vue de la règle
originelle, on ne fait pas des
réunions de plusieurs familles
autour d'un allumage. Chacun
doit allumer dans sa maison, et
après on peut se réunir autour
des beignets ou de la toupie. Je ne
sais pas comment on peut manger
des beignets par Zoom, mais on
peut peut-être donner une autre
dimension. Par exemple, une
étude commune, une réunion
fraternelle par vidéo. Les progrès
de la technologie sont absolument
extraordinaires. Ils ont permis de
surmonter les barrières physiques
et de se rencontrer par l'intention.
Je pense que c'est encore une
leçon à tirer de 'Hanouka, telle
que nous le vivons aujourd'hui.
Vous évoquez un retour vers
l'intériorité qui serait bon à
 'Hanouka 5781
Carte blanche à Jeanne bloch
Les mouvements
de lumière
La lumière sert-elle seulement à éclairer ? Existe-t-il des lumières qui
n’éclairent pas mais qui permettent de voir autrement ? Avec trop de lumière,
nous voyons moins bien. Et dans l’obscurité ?
D
ans son recueil de nouvelles L’angoisse de
l’ingénieur (Ed. Allia), le philosophe Ernst
Bloch (1885-1977) écrivait : « Dans la maison
à recoins, la petite lampe à l'huile, les ombres en
nombres, la fantasmagorie se conçoit aisément. Ces
esprits ont fini par disparaître avec la modernité et
ce, non pas seulement avec les idéaux laïques et les
scientifiques des Lumières de Diderot ou de Voltaire,
mais principalement grâce à Edison et son ampoule,
à la vie urbaine, à l'architecture moderne, bref, grâce
à la technique »…
A l’instar de la performance artistique, le rite reli-
gieux offre une expérience activée par le participant,
la possibilité d’apprendre en passant par le geste, le
mouvement. L’expérience est dépendante de l’action
et vice versa. Ainsi le rituel de 'Hanouka, n’est rien
sans le geste d’allumer les lumières.
Réfléchissons au mouvement qui permet, lui aussi,
de « nous voir » : le nourrisson se reconnaît dans le
miroir car il bouge comme l’image qu’il voit. C’est
également grâce au mouvement de notre corps que
nous pouvons en ressentir la sensation intérieure et
« voir » ce que nous ne pouvons voir sans un outillage
extérieur (rayons X etc.).
L’oeil comme frontière entre ressenti intime et regard
vers l’extérieur est une porte qui, lorsqu’on la ferme,
nous permet de voir « en nous » et lorsqu’on l’ouvre,
nous permet de laisser entrer la lumière pour voir
au-dehors. Les lumières de 'Hanouka, par leur « inu-
tilité », participent à cette obscurité intime et produc-
trice au sens noble et créatif.
Contempler les lumières de 'Hanouka est une façon
inhabituelle d’utiliser la lumière pour voir « en nous ».
Or, l’omniscience de la lumière efface les zones obs-
cures de nos intérieurs et tend à éclairer tous les es-
paces, qu’ils soient intimes ou publics, métaphoriques
ou physiques, modifiant l’expérience du passage entre
intérieur et extérieur, espace privé et public.
Cette glorification de l’éclairage sans nuances fut
portée par les idéologies fascistes, comme lors de
À travers des installations interactives et
des performances, Jeanne Bloch pro-
pose un mode alternatif de la lumière
pour lutter contre la pollution lumi-
neuse d’intérieur. Ses créations « danse
et lumière » rappellent une esthétique
du clair-obscur et des débuts de ciné-
ma. Les « cyborgs cinématographiques »
ou « corps hybrides éclairants » qu’elle crée maxima-
lisent des lumières minimales pour donner à voir
un monde sous faible luminescence en forme de
résistance à l’injonction de production continue à
N° 1579 - 10 décembre 2020
10
la publication, en 1909, dans la revue Poesia du
manifeste futuriste « Tuons le Clair de Lune » (1). A
contrario, les poètes s’intéressaient aux lumières,
« faibles ». Yehuda Amichaï l’évoque dans cet extrait
de son poème « Et elle est ta gloire » : « Je te vois
prendre quelque chose du frigidaire, éclairée de l’inté-
rieur par une lumière d’un autre monde » (traduction
de l’hébreu, Anat Meruk) auquel répondit la poétesse
Agi Mishol (traduction de l’hébreu, Leila Fenton) :
Si la femme émerge de son lit
Et ouvre le frigidaire
On pourra voir son visage
On pourra voir son regard
Dans le fromage qui l'observe en retour
à travers ses trous,
Mais dans cette lumière pâle
On voit que sa faim se porte
Sur une autre lueur
Et pas les bleutées qui grésillent
Hors de la télévision
Et non plus les rouges qui émanent
Hors du réveil matin
Ni du néon lunaire
Qui scintille en son âme de luminaire,
C'est une autre lumière qu'il lui faut
Dans la nuit qui attend tel un fauteuil de cuir noir
De l’engouffrer
Ma recherche artistique s’appuie sur les technolo-
gies, la danse et la lumière. J’explore ainsi à travers
la création d’oeuvres interactives les rapports entre
espace intime et public. Car il me semble que notre
souci d’éthique et de justice pour le monde ne peut
se dispenser de cet enracinement premier qui est le
retour vers soi.  n
1. Rédigé par l’artiste et activiste fasciste, P. T. Marinetti
l’ombre des écrans de toutes sortes.
CONTEMPORARYHOPE.DANCE
Jeanne Bloch a été artiste en résidence
dans le programme « Arts & Sciences »
de l'École polytechnique, Chaire Arts &
Sciences. Elle a été invitée à travailler
dans de nombreux centres d’art (104,
la Gaîté Lyrique, le Centre national de
la danse) et intervient régulièrement
PHOTOS SOPHIE GILLMANN
dans des conférences arts et sciences en France
et à l’étranger. Également auprès des entreprises
sur l’apport de la pratique artistique dans les dé-
marches d’innovation.
 11 N° 1579 - 10 décembre 2020 'Hanouka 5781
Public / privé

Le temps juif, tel un retour sur soi

La technologie moderne, et Internet en tête, ont bouleversé les modes de vie et ont notamment largement participé
à gommer les frontières si primordiales entre la vie publique et la vie privée.

L
a frontière entre le public et
le privé s’entend en termes
d’équilibre. Les deux vies sont
nécessaires mais elles ne doivent
pas franchir les domaines qui les
délimitent. La vie privée est celle de
la cellule familiale, de l’éducation, de
l’intimité. La vie publique est celle
de la rencontre avec autrui ; elle
cultive le lien social, se déploie sur
le plan professionnel, associatif… Or
aujourd’hui, force est de constater
que la sphère privée a tendance à
disparaître. Les murs de la maison
se sont écroulés, les jardins secrets
se sont envolés : chacun dit ce qu’il
pense, ce qu’il ressent, émet des
commentaires, poste ses photos,
ses films, raconte sa vie, dit aimer
ou ne pas aimer, comme si on était
obligé d’avoir une opinion sur tout.
« Facebook, Instagram, Twitter et
compagnie encouragent les gens « à
partager » constamment leurs activi-
tés et leurs émotions avec le monde
entier » (Le défi numérique en évolu-
tion du Rav N. Gottlieb, p. 29). Oui,
mais l’on ne peut pas tout partager.
La sphère publique est partout ;
l’histoire du monde se joue dans les
salles à manger de chaque foyer. Au-
cun détail de ce qui se passe sur le
globe n’est passé sous silence. L’in-
dividu est submergé d’informations,
d’alertes, de nouvelles, d’urgences.
La vie de famille en prend un coup.
La société moderne est devenue une
société écran.
Pour sauvegarder l’équilibre né-
cessaire, indispensable, entre vie
privée et vie publique, il faut donc
reconstruire le domaine privé, au-
jourd’hui disloqué, celui de la cel-
lule familiale. En ce sens, le jour du
Chabbat représente une formidable
et vitale occasion de se déconnecter
de l’instrument technologie, et de se
reconnecter ainsi avec ses proches.
Le Chabbat agit également comme
étant une immense source de ré-
flexion sur les façons d’éviter à la
confusion de s’établir sur les diffé-
rents domaines de l’existence. La
défense biblique de transporter un
objet du domaine privé au domaine
public et vice versa, durant la jour-
née de Chabbat, implique que la
chose située dans la sphère du privé
reste dans sa sphère, et que la chose
située dans le domaine public reste
dans le domaine public. La lumière
de ‘Hanouka, positionnée à la lisière
de cette frontière, à l’extérieur près
de la porte quand c’est possible, ou à
la fenêtre à l’intérieur, représente cet
éclairage nécessaire pour déterminer
les contours précis des différents
domaines de l’existence humaine.
On comprend alors l’enseignement
talmudique selon lequel les Grecs
firent treize brèches dans les murs
du Temple, failles qui annonçaient
conceptuellement la fin de la sphère
privée. Mais la lumière est revenue.
 n
Jacky Milewski
 'Hanouka 5781
Par Haïm Nisenbaum
Il était une fois…
La flamme du chandelier
O
n l’appelait Reb
Avraham et pour
rien au monde il
n’aurait manqué
l’allumage de la pre-
mière lumière de
‘Hanouka auprès de son Rabbi, le
Baal Chem Tov, un moment où
l’élévation spirituelle était compa-
rable à celle de la flamme au bout
de sa mèche, palpable et infinie.
Reb Avraham partait toujours en
avance mais, cette année-là, il
avait été retenu et s’était mis en
route bien tard. Il n’hésita pour-
tant pas, monta sur sa charrette et
partit. Il eut une idée : « Il existe
un chemin plus rapide au travers
de la forêt. On dit que des bri-
gands attaquent les voyageurs…
Mais tant pis, je n’ai pas le choix.
Ce soir, c’est ‘Hanouka ! ».
C’est ainsi qu’il entra dans la
forêt. Le chemin disparaissait
presque au milieu des arbres, on
entendait des loups hurler au
loin… Reb Avraham préféra ne
pas y penser et poursuivit. Il ne
fallut pas longtemps pour que des
brigands l’arrêtent, lui ordonnent
de descendre de sa charrette et de
leur remettre tout l’or qu’il avait.
Reb Avraham était un homme
pauvre, son seul but était de re-
trouver le Baal Chem Tov pour
‘Hanouka. Il l’expliqua mais per-
sonne ne le crut. Les brigands le
bousculèrent un peu pour le faire
parler. Il n’avait, hélas, rien à dire
à part « Je ne suis pas un com-
merçant, je n’ai pas d’argent… ».
Celui qui dirigeait la bande déci-
da : « Rentrons au camp, amenons
ce Juif à notre chef, il saura quoi
faire ! ».
Et Reb Avraham se retrouva pri-
sonnier. Conduit devant le chef,
il ne put que répéter ses explica-
tions  : la fête de ‘Hanouka, son
maître le Baal Chem Tov, sa vo-
lonté d’être auprès de lui… Le chef
le bouscula bien encore un peu,
en vain. Alors les brigands l’en-
travèrent et l’enfermèrent dans
une cabane. Il ne s’échapperait
pas jusqu’à ce qu’on ait décidé
de son sort. Avraham se retrouva
seul dans la cabane obscure, im-
puissant. Qui savait s’il sortirait
vivant de cette forêt ? Il commen-
ça à réciter des psaumes en réflé-
chissant à sa vie passée.
Pendant ce temps, le Baal Chem
Tov, dans sa synagogue avec ses
disciples, allumait la première
flamme de ‘Hanouka. Une chose
étrange se produisit alors : à
peine allumée, la flamme, comme
animée par une vie propre, s’éle-
va dans l’air et disparut. Le Baal
Chem Tov sourit et dit : « Atten-
dons, cette flamme nous apporte-
ra des bonnes nouvelles ».
Au milieu de la nuit, la porte de
la cabane où Reb Avraham était
retenu s’ouvrit. Le chef des bri-
gands entra : « Écoute-moi bien.
Je suis Juif, c’est la vie qui a fait
de moi ce que je suis. Je vais te
donner une chance et je verrai
ainsi si tu es sincère. Il est impos-
sible de sortir de cette forêt. Notre
camp est entouré de marais et les
loups pullulent. Il n’y a qu’une
route et nous sommes les seuls à
la connaître. Si tu as confiance
en Dieu et en ton maître, tu peux
« Reb Abraham partait toujours
en avance mais, cette année-là,
il avait été retenu... »
N° 1579 - 10 décembre 2020
12
partir. Sauf miracle, tu ne trou-
veras pas la sortie et tu mourras
ici. Es-tu prêt ? ».
Avraham accepta et l’homme
reprit : « Je te rends ta charrette,
sache que tu vas mourir mais,
si tu parviens à échapper à ton
sort, prends mon foulard ; tu le
jetteras sur le dernier buisson à
la sortie de la forêt. J’irai voir de-
main matin. S’il y est, tu auras
réussi. Alors je te croirai, j’aban-
donnerai ma bande et je revien-
drai à une vie juive ».
Avraham monta sur sa charrette
et fit partir son cheval. Mais où
se diriger ? Il vit alors comme une
petite lueur devant lui qui allait,
venait, semblait l’appeler. Il se
dirigea vers elle. Alors elle recu-
la, comme l’invitant à le suivre. Il
n’avait pas d’alternative, il conti-
nua ainsi tandis que les loups hur-
laient alentour.
Cela dura toute la nuit. Au petit
matin, il parvint à la sortie de la
forêt et n’oublia pas de jeter le
foulard comme il l’avait promis.
C’est à ce moment que la flamme
réapparut sur le chandelier de
‘Hanouka du Baal Chem Tov qui
accueillit Reb Avraham d’un sou-
rire : « Nous t’attendions ». Nul ne
sait quelle fut la route de retour
du chef des brigands...
Le rabbin Haïm Nisenbaum est le
porte-parole du Beth Loubavitch.
Il est aussi responsable des émis-
sions religieuses sur Radio J.  n
 13 N° 1579 - 10 décembre 2020 'Hanouka 5781
‘Hanouka dans la littérature

Une aura plutôt discrète

C ontrairement à la fête de Pessah, dont le récit est
rapporté par la lecture de la Hagada ou la fête de
Pourim, dont la Méguilat Esther rapporte l’exact déroulé,
Dans la neige, Stefan Zweig 
« Devant l’une de ces
Zlateh la chèvre, Isaac Bashevis Singer
« À l’époque de
‘Hanouka ne donne lieu à aucune lecture de récit permet- maisons, la plus grosse et la ‘Hanoukah, la route
tant de la contextualiser. ‘Hanouka est davantage la fête plus imposante de toutes, qui conduit du
de la contemplation et des lumières qui, d’une certaine l’étranger s’arrête. Elle village à la ville,
manière, parlent d’elles-mêmes et se racontent ainsi. appartient à l’homme le plus est généralement
La littérature n’a pas accordé, non plus, une place fon- riche de la communauté couverte de neige.
damentale à la célébration de ‘Hanouka. « Contrairement et fait également office de Mais cette an-
à Noël, la fête de ‘Hanouka n’a jamais donné lieu à des synagogue. Par les fentes née-là, l’hiver avait
contes ou à des récits. C’est une fête intime », relève Patrick des rideaux tirés filtre une été doux. Il n’était
Sultan, fondateur de la librairie juive en ligne Sifriatenou. lueur claire, et dans la pièce tombé que peu de
Les rares évocations de ‘Hanouka s’inscrivent néanmoins illuminée résonnent les neige (…). Pour
DR

toujours dans un même paysage. Celui de la neige et du
froid, au fond duquel une lumière apparaît. C’est le cas
dans le recueil Zlateh la chèvre d’Isaac Bashevis Singer
qui comporte sept contes se déroulant tous au moment
de ‘Hanouka. C’est également le cas dans la courte nou-
velle Dans la neige de Stefan Zweig. Une de ses rares
nouvelles dans laquelle il est question d’une fête juive.
Nous vous en proposons deux extraits. n
 Laëtitia Enriquez
DR
voix d’un chœur religieux.
C’est la fête de ‘Hanouka qui est célébrée dans la paix, la fête
de l’allégresse et de la victoire remportée par les Maccabées,
un jour qui rappelle son ardeur d’autrefois à ce peuple banni,
asservi par le destin, l’un des rares jours heureux que la loi et
la vie leur aient accordé. Mais les chants sont mélancoliques et
empreints de nostalgie, et le métal étincelant des voix est rouillé
de larmes versées par milliers ; telle une complainte sans espoir,
leur chant résonne dans la ruelle solitaire avant d’être emporté
par le vent ».
Reuven, le fourreur,
ce fut une mauvaise année : après de longues
hésitations, il décida de vendre Zlateh la chèvre.
Elle était vieille et donnait peu de lait. Feyvel, le
boucher de la ville, en avait offert huit guldens. Une
telle somme permettrait d’acheter des bougies de
‘Hanoukah, des pommes de terre, de l’huile pour
les crêpes, les cadeaux pour les enfants, tous les
autres objets nécessaires, au jour de fête, pour la
maison ».
 'Hanouka 5781 N° 1579 - 10 décembre 2020
14

du jeudi 10 au vendredi dinim

18 décembre 2020
n Le meilleur endroit où placer la
Ménorah est à une porte en face de
la Mézouza. Cependant, il est bien
de la placer face à la fenêtre afin de
répandre le miracle.
n Les flammes de la Ménorah
doivent se trouver sur la même
l i g n e e t à l a m ê m e h a u t e u r,
à l’exception du Chamach, placé à
une hauteur différente.
n Le premier soir de ‘Hanouka, on
allume la flamme la plus à droite.
Chaque jour, on en ajoute une nou-
velle en allant vers la gauche. C’est
celle que l’on a ajoutée qu’on allume
en premier.
n L’heure exacte d’allumage est
à la tombée de la nuit (environ 20
minutes après le coucher du soleil).
La Ménorah doit rester allumée au
moins une demi-heure après la tom-
bée de la nuit. Si on allume plus
tôt, il faut veiller à ce que la flamme
puisse durer une demi-heure après
la tombée de la nuit.
n Le vendredi soir, on allume la
Ménorah et ensuite les bougies
de Chabbat. Cela veut dire qu’on
Lois et coutumes de la fête
fait ces deux allumages dix-huit
minutes avant le coucher du so-
leil. On ne peut pas le faire plus
tard. Il faut donc veiller à ce que les
flammes de la Ménorah aient assez
de combustible pour durer encore
une demi-heure après la tombée de
la nuit.
n Le samedi soir, on allume après la
fin du Chabbat et on récite d’abord la
Havdala avant l’allumage de la Ménorah.
n Si on est célibataire et qu’on
vit seul, on doit allumer sa propre
Ménorah. Un couple marié ou une
famille constitue une unité et le mari
peut allumer pour tous. Les enfants
peuvent également allumer leur
propre Ménorah.
Al hanissim dans la Amida et le
n De nombreuses femmes ont cou- Birkat hamazone. Après l'allumage, on entonne
tume de ne faire aucun travail, y le chant de 'Hanouka
compris celui de la maison, pendant n Pendant les huit jours, il n’y a pas Ma'oz Tsour
la première demi-heure d’allumage les supplications, ni oraison funèbre,
de la Ménorah. Elles honorent ainsi ni montée au cimetière. Ma’oz tsour yéchouati, lékha
le souvenir des femmes courageuses naé léchabéa’h
qui jouèrent un grand rôle dans la n Si on utilise des bougies, on les Tikon beth téfilati, vécham
victoire de ‘Hanouka. allume avec le Chamach. Si on al- toda nézabéa’h
lume les fioles d’huile, le Chamach Léèt takhine matbéa’h
n Pendant les huit jours, nous lisons sera allumé avant de réciter la béné- Mitsar haménabéa’h
le Hallel complet. Nous intercalons diction. Az hégmor béchir mizmor,
‘Hanoukat hamizbéa’h (bis)

JEUDI 10 DÉC. VENDREDI 11 DÉC. SAMEDI 12 DÉC. DIAMANCHE 13 DÉC. (Traduction)

à la tombée de la nuit
Bénédictions 1, 2 et 3
On allume la 1 bougie
ère
comme indiqué
1 1 2
Bénédictions 1 et 2
Bénédictions 1 et 2 Bénédictions
1 et 2 Rocher refuge de mon salut, à
Toi sied la louange.
Que soit restaurée ma maison
de prières, et nous y offrirons
un sacrifice de remerciement.
1 2 3 1 2 3 4 Quand tu auras mis fin
A l’oppresseur qui aboie,
Je conclurai par un Psaume,
pour l’inauguration de l’Autel
(bis)

1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 6 1 2 3 4 5 6 7 1 2 3 4 5 6 7 8
LUNDI 14 DÉC. Bénédictions 1 et 2 MARDI 15 DÉC. Bénédictions 1 et 2 MERCREDI 16 DÉC. Bénédictions 1 et 2 JEUDI 17 DÉC. Bénédictions 1 et 2

1 Barou’h ata ado-naï élo-
hénou mélekh haolam achèr
kidéchanou bémitsvotav
vétsivanou léhadlik nèr ‘Hanouka
2 Barou’h ata ado-naï élo-
hénou mélekh haolam chéassa
nissim laavoténou bayamime
hahème bazémane hazé
3 Barou’h ata ado-naï élo-hénou
mélekh haolam chéhé’hé-yanou
vékiyémanou véhiguianou
lazémane hazé
Puis on récitera Hanérot alalou
anou madlikine al anissim véal
hapourkane véal haguévourot
véal hatéchouot véal haniflaot
véal hané’hamot chéassita
laavoténou bayamim hahème
bazémane azé. Al yédé
cohané’ha hakédochim vékhol
chémonat yémé ‘Hanouka
hanérot halalou kodèche
hème véeïne lanou réchout
léichtamère bahème éla
lir’otam bilvad kédé léhodote
lichmékha al nissékha
véal yéchouatékha véal
nifléotékha
Puis on récitera le téhélim
30 : Mizmor chir ‘Hanoukat
habaït lédavid..., cantique de
l’inauguration du temple pour
David
 15 N° 1579 - 10 décembre 2020 'Hanouka 5781
Pour que la dégustation des « soufganiyot » reste gourmande et légère, n Dans un saladier, émiettez la levure,
nous vous proposons la recette zéro sucre des beignets de la chef Chloé Saada. mélangez-la avec 200g farine et l’érythritol.
Versez l’eau, mélangez bien et laissez reposer
sous un linge pendant 1h.
Préparation : 20 min
Repos : 2 h 30 n Ajoutez l’œuf, le jaune d’œuf, le sel et
Cuisson : 4 min le reste de la farine à la préparation, puis
pétrissez la pâte pendant 5 min. Laissez
Ingrédients à nouveau reposer pendant 1h30 sous un
torchon.

Pour n À l’aide du rouleau à pâtisserie, étalez

6 beignets la pâte (5 mm d’épaisseur) sur un plan de
- 15 g de levure fraîche travail préalablement fariné.
de boulanger
- 500 g de farine + un n Utilisez un verre comme emporte-pièce,
peu pour étaler la pâte découpez des disques de pâte et déposez de
la confiture au centre. Mettez un peu d’eau
- 3 cuil. à soupe
sur le pourtour des disques avec votre doigt
d’érythritol
(édulcorant disponible et déposez un autre disque de pâte dessus en
en rayons et magasins appuyant bien pour souder les bords.
bio)
n Faites chauffer l’huile de friture et
- 20 cl d’eau plongez-y les beignets à l’aide d'une spatule.
- 1 œuf entier + 1 jaune Laissez cuire chaque beignet pendant 2 min
d’œuf de chaque côté et dégustez tiède.
- 1 cuil. à café de sel
- Huile de friture

* Extrait de Zéro Sucre de Chloé Saada,

Photographies d’Aline Princet chez Hachette Cuisine.
 partis-pris N° 1579 - 10 décembre 2020
16

lu. vu. entendu

{ Résolutions }
Christophe
BARBIER
Richard Malka
Un thé Avocat de Charlie Hebdo
« Quand Coulibaly tue des juifs,
avec Giscard il ne tue pas que des juifs, il tue
l’autre. Charlie Hebdo aussi,
c’est l’autre. Le sens de ces
«
C
’est alors que j’expliquai à Chou En-lai, qui d’ailleurs
était assis à votre place... ». Ainsi parlait Valéry Giscard crimes, c’est l’annihilation de

DR
d’Estaing, et l’hôte de sa résidence privée voyait le souffle l’autre, de la différence ».
de l’Histoire glisser sur la feutrine verte recouvrant la Extrait de la plaidoirie du procès de Charlie
table du salon. Pour goûter ces échanges rares, en même temps Hebdo et de l'Hypercacher, le 5 décembre
qu’une tasse de thé fleuri, il fallait surmonter quelques épreuves :
être distingué par « l’Ex » comme un interlocuteur digne d’intérêt,
passer près des deux immenses défenses d’éléphant dressées dans
Aurore Bergé
Présidente déléguée du groupe LREM à l'Assemblée nationale
le hall, affronter le regard de la Pompadour accrochée dans l’anti-
chambre... Enfin l’on était convié, tel Cinna, à prendre un siège et, « Il faut arrêter la démagogie.
sur toute chose, à observer l’analyse que VGE proposait. Intelligence C'est facile de se faire plaisir
à la fois complexe et lumineuse, raisonnements articulés et fluides, en disant qu'il faut tout rouvrir.
certitudes sans arrogance et souvenirs éloquents. Avec néanmoins,
ce sentiment diffus que l’invité n’accédait à l’existence que par cette C'est forcément très populaire
chance : écouter Valéry Giscard d’Estaing. Une sorte de condescen- de le dire. Ce n'est pas populaire
DR

dance aussi légère que le thé, et aussi suave à avaler... d'expliquer qu'on ne peut pas
Pour tous les réformistes qui ajoutent le libéralisme à l’Europe, la
modération au progressisme et la volonté de grandeur au respect aller faire du ski, et que les re-
de la démocratie, Giscard demeure une référence, ce qui n’empêche montées mécaniques ne peuvent
d’être lucide ni sur une action inaboutie, ni sur un personnage dé- pas fonctionner. Ça ne fait pas
suet. Il s’agit désormais de s’interroger sur les moyens de prolonger
sa philosophie. Pour mieux associer la jeunesse aux difficiles déci- plaisir d'avoir à le dire, mais c'est
sions d’une économie à rebâtir, adoptons le droit de vote à 16 ans, nécessaire ».
afin d’équilibrer une balance électorale qui penche vers le gris. Des JDD, le 6 décembre

Christian Estrosi
Maire de Nice
« Les violences contre les policiers
Giscard demeure une référence, ce qui se banalisent à Paris chaque
n'empêche pas d'être lucide ni sur une action samedi... Incendier des banques,
inaboutie, ni sur un personnage désuet des commerces au pied
d'immeubles d'habitation (...)
DR

Ce sont des criminels qui, pour

détruire, n'hésitent pas à mettre
dirigeants choisis surtout par des citoyens âgés, qui subiront peu en danger de mort des familles ».
les conséquences de leurs actes, c’est injuste et illogique. Afin de Facebook, le 6 décembre
relancer l’Europe, il est temps, à quelques pays, de fusionner les
politiques essentielles (dont la santé !). Cela dessinera un horizon Eric Piolle
fédéral, et relèguera les démocraties illibérales au champ de bataille Maire de Grenoble
large mais secondaire de l’Union à 27. Pour restaurer le giscardisme « Nous allons demander
gestionnaire, mêlant souci des finances publiques et usage de l’arme
monétaire, il faudra un vrai budget à cette nouvelle Europe, et un
le remboursement
pilotage politique de la Banque centrale, pour que l’euro serve les des subventions accordées
intérêts et la croissance des nations qui le portent. au Collectif contre l'islamophobie
Enfin, les immortels doivent élire un nouvel occupant au 16 fauteuil
de l’Académie française, où une place est dédiée aux politiques. Bru-
en France (CCIF).
DR

no Le Maire a la meilleure plume, mais il est au pouvoir. Dominique Nous nous y étions engagés,
si le gouvernement obtenait sa
© RICARDO ESTEVES POUR LRM

de Villepin a du style, mais il est incontrôlable. François Bayrou ou

Laurent Fabius ont composé une œuvre, mais servent d’autres ins-
titutions. Et François Mitterrand ni Charles de Gaulle ne sont plus
dissolution ».
Franceinfo, 5 décembre
disponibles... n
 17 N° 1579 - 10 décembre 2020
Page réalisée par Michaël Darmon
al-Sissi à Paris
Retour en grâce de l’Égypte auprès de la France
Abdel Fata al-Sissi
DR
P
our la visite du président égyptien, la
République a sorti le grand jeu. La garde
républicaine à cheval et en musique a
accompagné le raïs à partir du pont Alexandre
III jusqu’à l’Élysée. Il fallait au moins cela pour
adoucir l’écho du comité d’accueil des associations
de défense des droits de l’homme qui rappellent
dans la presse le non-respect des droits de l’homme
en Égypte. Lors de la conférence de presse, les
échanges ont été sans détour entre les présidents
Moyen-Orient
Un paysage largement bouleversé
Itshak Shamir
DR
L ’image restera le symbole des relations entre
le président Giscard d’Estaing et Israël. Lors
d’un déplacement en Jordanie, le président
français pointe des jumelles sur la vallée du
Jourdain et Israël, le pays d’en face. Il faudra
attendre 1984 pour que l’ancien chef de l’État
effectue une visite privée, au cours de laquelle
il sera reçu par le Premier ministre Itshak
Shamir et le président Haïm Herzog. Il exprimera
sa considération pour l’histoire d’Israël tout
en expliquant sa pleine compréhension des
impératifs de sécurité. Politiquement, il
Emmanuel Macron et Abdel Fatah al-Sissi à ce
sujet. Du côté français, on acte des désaccords mais
aussi une méthode du « ni-ni » à la française : ni
déni, ni mépris. L’hôte de l’Élysée a donc pointé
les désaccords avec l'Égypte sur le sujet des droits
de l’homme, tout en insistant sur un point : le
boycott est inefficace, au nom de la souveraineté
des peuples et parce qu’il est du devoir de la
France d’agir selon ses intérêts commerciaux et
stratégiques, explique l’Élysée. Conséquence :
Paris est prêt à signer des contrats sans poser
de conditions au Caire sur les droits et libertés
individuels en Égypte.
Emmanuel Macron a remercié l’Égypte pour son
aide dans la campagne anti-française au sujet de la
laïcité, après la mise à mort de l’enseignant Samuel
Paty par un djihadiste. A priori , il s’agirait d’un
échange de procédés diplomatiques. La réalité est
en fait plus complexe. Il s’agit pour la France d’une
opération de retour en grâce auprès des Égyptiens
qui préfèrent passer des commandes de matériel à
l’Italie depuis deux ans. Motif : Paris avait un peu
trop haussé le ton sur la question des droits de
l’homme, au goût du président Sissi.
s’est montré favorable aux revendications
nationalistes des Palestiniens. Si, par un
imaginaire retour de situation, VGE devait
reprendre ses jumelles, il verrait les contours
d’un nouveau Moyen-Orient, modelé en partie
par les pragmatismes régionaux et les visions de
l’administration Trump : des relations officielles
entre Israël et les Émirats arabes unis, ennemis
d’Israël durant une grande partie du vingtième
siècle et acteurs moteurs de la « politique arabe »
de la France datant, des chocs pétroliers des
années Giscard. L’« effet domino » n’est pas
terminé : le royaume de Bahreïn et, bien sûr,
l’Arabie saoudite se préparent à officialiser des
relations avec l’État juif.
Une autre évolution majeure se dessine, de
nature à bouleverser les rapports de force dans
la région : l’opération « accords d’Abraham » ,
portée par Jared Kushner, le gendre du président
Trump sur le départ, est l’égide d’un dialogue
inédit entre les deux rivaux que sont le Qatar et
l’Arabie saoudite. L’État d’Israël est, cette fois, au
cœur de cette recomposition et n’est plus désigné
comme un ferment pour unir des peuples
contre lui. Conséquence : la politique moyen-
orientale de la France, absente de ces processus
historiques, est à revoir de fond en comble. 
indiscrets
Jean Castex
DR
Réunion
Castex sur le mode « je
vous l’avais bien dit… »
C
’est en substance ce qu’a expliqué
le Premier ministre, au cours de
la première réunion du comité de
liaison de la majorité, qui s’est tenue
en début de semaine. En réponse aux
analyses du ministre de la Santé sur
la situation sanitaire qui se détériore
déjà à nouveau, Jean Castex a réagi :
« Voilà, quand je disais : attention aux
commerces… Ce n’est pas une question
de protocole. Les gens circulent, le virus
avec eux... » n
n
Déclaration
L’Élysée attentif
à Hidalgo
Pdéclarations
our les conseillers et les proches du
président de la République les intentions et
de la maire de Paris sont à suivre
à la loupe. Ils considèrent qu’Anne Hidalgo peut
être inquiétante pour Emmanuel Macron en
2022, car elle porte des sujets qui intéressent
les Français et il ne fait aucun doute que
la maire de Paris prépare sa candidature à
l’élection présidentielle. À l’Élysée, la social-
écologie d’Anne Hidalgo est perçue comme
le vrai contre-projet du macronisme. D’où la
nouvelle attitude plus conciliante adoptée par
Emmanuel Macron à l’égard d’Anne Hidalgo. n
Anne Hidalgo
DR
n
 france N° 1579 - 10 décembre 2020
18
Page réalisée par Laëtitia Enriquez

Polémique

Les pavés de la mémoire

sèment la discorde
Enfoncées au sol, devant les lieux où habitaient des personnes mortes en déportation, des pierres de mémoire
« Stolpersteine » viennent d’être posées dans les rues de Rouen. À Paris, en revanche, la mairie refuse leur installation.

C
’est un petit pavé, bril-
lant, enfoncé dans le
sol, sur lequel est inscrit
« Ici vivait » puis le nom, l’an-
née de naissance et la date de
la mort en déportation de celui
ou celle qui, avant la Shoah,
habitait à cet endroit. Une dé-
marche singulière, initiée par
l’artiste berlinois Gunter Dem-
nig qui, aujourd’hui, se déve-
loppe à travers toute l’Europe.
Il existe même une application
qui permet de géolocaliser ces
pavés. Depuis 2013, ce sont
quelque 70 000 Stolpersteine
qui ont été installés dans les
paysages urbains des diffé-
rentes villes européennes. À
Rouen, tout récemment, 39
pierres ont été posées et 38
autres devraient être posées
dans les prochains mois, en
présence de l’artiste.
Pour Corinne Bouillot, prési-
dente de l’association « Pavés
de Mémoire Rouen Métropole »,
« les Stolpersteine ne doivent
pas être considérés comme des
pierres tombales de substitu-
tion, mais une œuvre artistique
qui incite à la vigilance démo-
cratique car elle prend tout son
sens dans l’interaction avec le
public ». À condition, toutefois,
que la municipalité soit d’ac-
cord, ce qui n’est pas toujours
le cas. Tout comme Berlin,
Paris les refuse. La mairie es-
time que ces pierres « ne sont
pas adaptées au travail de mé-
moire parisien ». Une pétition
circule pour demander à la ville
de cesser de s’opposer à cette Des pavés posés sur l’avenue Victor Hugo
démarche… n de Fontenay-sous-Bois

Êtes-vous pour ou contre l’initiative des Stolpersteine ?

CONTRE
Loïc Damiani
Adjoint au maire
Jacques Fredj
Pour / Directeur
de Fontenay-sous-Bois,
délégué au patrimoine historique. CONTRE du Mémorial de la Shoah,
Historien et fils de déporté. Paris et Drancy
DR

DR
POUR

« Elle inscrit la mémoire de la déportation
et des déportés dans l'espace urbain »
« La ville de Fontenay a décidé
d’entreprendre cette initiative car elle
inscrit la mémoire de la déportation et des
déportés dans l’espace urbain. On s’était
aperçu que les gens passaient devant
le Mémorial de la déportation sans trop
s’arrêter et que les noms apposés sur les
plaques commémoratives demeuraient
quelque chose d’abstrait.
Là, on incruste devant la maison dans
laquelle les personnes habitaient leurs
noms et ainsi, on rappelle leur existence
d’une manière positive. Souvent, les gens
s’arrêtent et lèvent les yeux pour voir
l’endroit dont il s’agit. Ils regardent autour
et se disent qu’avant d’être déportés, ils
passaient par cet endroit tous les jours
pour rentrer chez eux et allaient faire
leurs courses dans le quartier… Le concret
l’emporte. Cela permet d’intégrer les
personnes déportées à la ville d’aujourd’hui,
plus uniquement comme des morts.
Ces pierres, au sol, sur lesquelles on
marche, font parfois trébucher. Ainsi
l’histoire se rappelle à nous, sans que l’on
ait entrepris une démarche pour aller la
découvrir. Le but des nazis était de les faire
disparaitre de l’humanité. Modestement, ce
projet permet de les faire réapparaitre dans
l’humanité d’aujourd’hui.
À Fontenay-sous-Bois, nous en sommes à 90
stolpersteine déjà installées et nous espérons
arriver à 150. D’une manière générale, ce
projet est très bien accueilli par les riverains
concernés. Certains s’approprient l’histoire
de ces personnes déportées dont on rappelle
la présence. Un jeune garçon originaire des
Comores et habitant un immeuble en bas
duquel a été apposée une pierre a entrepris
des recherches pour savoir qui était celui
qui habitait là, avant la guerre. Il s’est, d’une
certaine manière, approprié son histoire.
Cette démarche confirme que l’on ne peut pas
effacer l’existence des gens ».
« Au regard du sujet, marcher sur ces pierres au sol
choque beaucoup d’entre nous »
« Le projet des stolpersteine est né en
Allemagne, pays où la population juive
d’avant-guerre a majoritairement disparu,
chassée et exterminée par les nazis.
Mais ce qui est valable pour l’Allemagne
ne peut être plaqué sans réflexion sur la
France et en particulier, Paris. La France
a une autre histoire, notamment celle
de la construction de la mémoire et une
autre tradition, celle des plaques et des
monuments aux morts.
À ce jour, des dizaines de plaques font
déjà partie du paysage de notre quotidien.
Toutes les écoles primaires parisiennes
portent une plaque extérieure et intérieure
relative aux enfants qui fréquentaient
cette école et qui ont été arrêtés et
déportés. Dans chaque arrondissement,
un monument dédié aux enfants existe
dans un jardin public désigné et je renvoie
aux livres de Sarah Gensburger et Philippe
Apeloig qui rendent compte de la très
grande diversité des plaques et des lieux
dédiés à la Shoah à Paris.
Par ailleurs, ces pierres au sol posent
problème. Les détritus, les déjections
canines, le fait de marcher sur ces pierres
choque beaucoup d’entre nous. La plaque
au mur est plus digne au regard du sujet.
Enfin, le travail de Serge Klarsfeld nous donne
une véritable cartographie des arrestations
et des déportations, beaucoup plus qu’une
simple pierre. Nous avons pour la France
un Mémorial de papier, le Mémorial de la
déportation de Serge Klarsfeld et autre de
pierre, au Mémorial de la Shoah, qui rendent
compte de la dimension du génocide.
Enfin les Juifs de France sont toujours
vivants et sont même plus nombreux
qu’avant-guerre. L’apposition de ces
pierres risque de faire l’effet inverse et de
discriminer une population qui vit parfois
dans les mêmes quartiers que leur famille
persécutée et assassinée ».
 19 N° 1579 - 10 décembre 2020
Les plaidoiries
des avocats des
parties civiles
Suspendu pendant un mois, le procès
historique a repris le 4 décembre dans des
conditions difficiles. Ali Riza Polat, le principal
des quatorze accusés, ayant refusé de prendre
son traitement anti-vomitif, a provoqué des
incidents à répétion tout au long de cette
journée de reprise, au point d’être expulsé par
le président de la cour d’assises.
Interrompues au tout début des plaidoiries des
parties civiles, celles-ci ont donc repris leur
déroulé. Jusqu’à vendredi dernier, les avocats
des victimes de l’Hypercacher ont plaidé, ainsi
que Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo. En
début de semaine, la parole a été donnée aux
deux avocats généraux.
À partir de ce mercredi et jusqu’à mardi
prochain, se dérouleront les plaidoiries
des avocats de la défense. Le temps des
délibérations débutera le 14 décembre au soir.
Le verdict est attendu jeudi 16 décembre
dans l’après-midi. 
FRANCE
Procès des attentats de janvier 2015
Patrick  Depuis le 9 janvier 2015, chaque Français juif qui fait ses courses
sait qu'il prend un risque de mort. Depuis le 9 janvier 2015, chaque juif
Klugman, de France sait qu'il est une cible. Chaque Français juif sait qu'il est une
avocat d’otages cible. Je vous demande d'entendre cette phrase terrible et de l'emporter
de l’Hypercacher avec vous dans la salle des délibérations
DR
 Le combat de Charlie Hebdo, c’est le combat pour la banalisation de Richard
l’islam. C’est un combat pour qu’on regarde cette religion comme une Malka,
autre. Qu’on la traite comme une autre. En faire une exception, c’est
avocat
évidemment le pire service qu’on pourrait lui rendre
  de Charlie Hebdo
DR
 À défaut d'avoir obtenu toute la vérité au cours de ce procès, les
parties civiles espèrent que, par votre décision, la vérité judiciaire
éclatera. C'est ce que nous devons aux victimes de ces attentats ainsi qu'à
Elie Korchia, Zarie Sibony et Andrea Chamak, ces deux jeunes femmes françaises et
avocat des deux juives qui, par une curieuse ironie de l'Histoire, ont vécu en janvier 2015
caissières de une scène de guerre dans un pays en paix et vivent aujourd'hui en paix
l’Hypercacher dans un pays pourtant en guerre
DR
 Vous jugez une chaîne de responsabilités dont les conséquences des agissements
ont été dramatiques et ont entraîné la mort de 17 personnes. Sans les accusés,
notre trio n’était rien. Un trio infernal les mains vides, des gens désordonnés,
des marionnettes fantomatiques, des gestes vains. Il faut punir les vivants pour leurs Julie Holveck,
L.E. fautes qui ont permis aux morts de tuer sur leur passage
   avocate générale
israël N° 1579 - 10 décembre 2020
20

Politique

Israël en route vers les élections ?

Alors qu'il semble de plus en plus improbable de parvenir à un compromis qui maintiendrait la coalition, la question
qui demeure pour Israël est de savoir si la dissolution de la Knesset sera votée ou automatique. Et quand le pays
basculera dans sa quatrième campagne électorale en moins de deux ans.
Par Pascale Zonszain

D
epuis que la Knesset a adop-
té le 2 décembre en lecture
préliminaire la proposition
de loi de dissolution du parlement,
la coalition israélienne vit dans un
entre-deux, aussi éprouvant ner-
veusement pour la classe politique
que pour l'opinion. Le 6 décembre,
le ministre de la Défense et Premier
ministre suppléant Benny Gantz,
a tenu une réunion avec son col-
lègue Likoud des Finances. Le chef
du parti Bleu Blanc a entendu les
exposés des fonctionnaires du
ministère des Finances, qui lui ont
expliqué en substance, que le bud-
get de l'Etat pour 2021 pouvait être
voté d'ici la fin du mois de mars.
Techniquement, cela remettrait le
gouvernement d'union et la coalition
sur les rails et permettrait à Benny
Gantz de prendre son tour à la tête
de l'exécutif en novembre prochain,
comme prévu initialement dans l'ac-
cord conclu entre Bleu Blanc et le
Likoud. Il y a juste un petit obstacle
à surmonter au préalable : le vote du
budget 2020 avant le 23 décembre,
date butoir au-delà de laquelle la
Knesset sera automatiquement dis-
soute.
La balle est donc dans le camp de
Benny Gantz. Sauf que ni lui, ni
Benyamin Netanyahou ne semblent
très pressés de s'asseoir autour
d'une table pour vider leur querelle
et trouver un compromis. Alors, les
forces en présence tentent de choi-
sir la meilleure position possible
pour aborder l'échéance électorale.
Et cela commence par le contrôle
de l'agenda politique. C'est le parti
de Gantz qui a gardé la main en
obtenant, pour une commission
parlementaire sous sa présidence,
la charge de finaliser le texte de la
loi de dissolution. Il faut dire que les
élus Likoud et orthodoxes avaient
quitté la séance en signe de pro-
testation, permettant à Bleu Blanc
d'obtenir un vote à l'unanimité.
Cela lui permettra donc de rédiger
les articles sur la date des élections,
mais aussi d'autres dispositions,
notamment sur le financement des
partis politiques et la supervision
de la campagne électorale sur les
réseaux sociaux.
Netanyahou ne semble pas pressé de
s'asseoir pour trouver une solution
Mais c'est la date du scrutin légis-
latif qui reste l'enjeu majeur. Pour
Bleu Blanc, comme pour les partis
d'opposition, il faut que les élections
aient lieu le plus tôt possible, idéa-
lement fin février ou début mars,
pour profiter de la dynamique. Pour
le Likoud en revanche, il vaut mieux
attendre que la situation s'améliore
sur le plan sanitaire. Benyamin
Netanyahou sait que les périodes
de confinement le font plonger dans
les sondages, et il n'est pas question
pour lui de prendre le risque d'un
scrutin qui se déroulerait dans ces
conditions. De plus, le chef du gou-
vernement israélien aimerait béné-
ficier des retombées de la campagne
de vaccination, et donc pour cela,
repousser les élections au moins
jusqu'au mois de mai.  n

Iran

L'État hébreu passe en mode défense

L'Iran n'a pas tardé à accuser Israël d'avoir assassiné le responsable de son programme nucléaire militaire,
ni à le menacer de représailles. Et le calendrier politique américain pourrait l'inciter à agir vite.

U
ne semaine après l'élimination de Mohsen
Fakhrizadeh, le Conseil de sécurité
Nationale d'Israël recommandait à ses res-
sortissants d'éviter de se rendre dans la région du
Caucase, en Afrique, mais aussi dans les Emirats
et à Bahreïn, des destinations accessibles sans
visa ni limitation sanitaire et qui permettraient
aux Iraniens de perpétrer des attaques contre des
voyageurs israéliens.
Les services de sécurité israéliens ne disposent pas à
ce stade d'information spécifique sur des opérations
en préparation, mais ont procédé à une évaluation
des risques. L'Iran pourrait s'en prendre à des
cibles civiles, mais aussi à des membres actuels ou
anciens des institutions de défense israéliennes. Les
Iraniens peuvent aussi agir directement ou recourir
à des milices ou des organisations terroristes sous
leur contrôle, telles que le Hezbollah. Les attentats
meurtriers perpétrés en 1992 et 1994 en Argentine,
contre l'ambassade d'Israël et le centre communau-
taire juif avaient été la réponse sanglante à l'élimina-
tion du chef du Hezbollah Abbas Musawi.
Quant au mode opératoire, il peut être le recours
à la voiture piégée, ou même à des attaques de
missiles ou de drones, telles que celles qui ont
visé l'an dernier l'Arabie saoudite. Des actions qui
peuvent d'ailleurs viser aussi bien des objectifs
israéliens qu'américains au Proche-Orient, ce
qui explique que les deux pays aient décidé de
renforcer encore leur coopération sécuritaire.
Des officiers de Tsahal et du Centcom, le com-
mandement central des Etats-Unis pour l'Asie
et le Moyen-Orient, ont récemment discuté de la
coordination de leurs dispositifs de repérage et de
L'Iran pourrait s'en prendre à des cibles civiles et à
des membres des institutions de défense israéliennes
défense contre les tirs de missiles et de roquettes.
Les responsables de la défense israélienne estiment
en outre que l'Iran pourrait choisir de réagir rapi-
dement, avant l'entrée de Joe Biden à la Maison-
Blanche, le 20 janvier prochain. Si l'élimination du
responsable du programme nucléaire militaire de
l'Iran est censée être un message adressé à Téhéran,
il concernerait aussi le nouveau président améri-
cain, qui n'a pas caché son intention de réintégrer
les Etats-Unis dans le JCPOA, l'accord international
sur le nucléaire iranien, dénoncé par Donald Trump
en 2018. Un projet qui inquiète Israël, mais aussi
ses nouveaux alliés dans le golfe Persique, y com-
pris l'Arabie saoudite.  n P.Z.
 21 N° 1579 - 10 décembre 2020 Israël
Décès de Valéry Giscard d’Estaing
Histoire
Des relations tendues avec Israël
L' ex-président Giscard d'Estaing est mort et le moins que l'on puisse dire
est qu'il n'aura pas laissé un très bon souvenir à Israël. Ni à la communau-
Il y a...
té juive. Il entre à l’Élysée six mois après la Guerre du Kippour, et poursuit la 71 ans, le 13 décembre 1949,
politique pro-arabe, pétrole contre armes, mais il fait manifestement du zèle. était fondé le Mossad
Sous son impulsion, en 1974, l'ONU accorde à l'OLP un statut d'observateur. par décision du Premier ministre
Puis, il autorise l'ouverture d'un bureau de l'organisation palestinienne à Pa- David Ben Gourion.
ris, et relâche Abou Daoud, instigateur du massacre des Israéliens aux JO de

Munich arrêté en France, faisant fi des demandes d’extradition de Berlin et de
Jérusalem.
C'est aussi sous son mandat que l'ayatollah Khomeiny prépare sa révolution
islamique depuis le village français de Neuphle-le-Château. Il y restera près de
4 mois avant d'être porté au pouvoir en Iran, en février 1979, avec les consé-
quences que l'on connaît.
Son désintérêt pour Israël fait que Giscard n'y a jamais effectué de visite offi-
cielle. Pendant un séjour en Jordanie, il regarde l’État hébreu à la jumelle. « Ne
pas voir dans ce geste un symbole. Je suis parti d'Amman pour aller voir le Jour-
dain, l'hélicoptère s'est posé sur une hauteur d'où on voyait en face Israël »,
avait-il réagi au tollé. La communauté juive ne lui pardonnera pas ce « dédain ».
Ni celui, 7 mois plus tard, au moment de l'attentat contre la synagogue Coper-
nic, durant lequel Giscard ne daignera pas revenir à Paris, car il est à la chasse
en province. Après cela, les Juifs de France attendront en vain une déclaration
forte de leur président. Sans oublier également que son ministre du Budget, de
1978 à 1981, était un certain Maurice Papon, organisateur de la déportation de
Juifs pendant l'occupation allemande. n N. S-O.
L'intérieure
une des trois agences de renseignement d'Israël,
avec le Shabak – ou Shin Beth – le service de sécurité
et Aman chargé, lui, de la sécurité militaire.
Ses domaines d'action : le renseignement, les opérations
spéciales et la lutte anti-terroriste en dehors des
frontières d'Israël et des territoires palestiniens. Mais
aussi l'Alyah depuis certains pays où celle-ci est difficile
ou prohibée.
On ne compte plus les succès de la prestigieuse agence :
enlèvement en 1960 à Buenos Aires du criminel de guerre
nazi Adolf Eichmann et son exfiltration vers Israël pour y
être jugé et exécuté. En 1969, le Mossad « dérobe » cinq
vedettes commandées par Israël à la France, bloquées
au port de Cherbourg après que le général de Gaulle a
décrété l'embargo sur la vente d'armes à Israël.
Dans les années 1970, des hommes du Mossad
éliminent plusieurs membres du groupe terroriste
« Septembre noir » responsable de l'assassinat de
11 athlètes israéliens aux JO de Munich en 1972. Et en
avril 1988, Abou Djihad, bras droit d'Arafat, qui planifiait
des attentats d'envergure contre Israël.
En 2018, le Mossad ramène en Israël les archives
nucléaires iraniennes dérobées à Téhéran. Et cette
année, Yossi Cohen, l'actuel chef du Mossad, va
chercher un peu partout dans le monde du matériel
de lutte contre la pandémie de Coronavirus pour le
rapporter en Israël et œuvre en amont aux « accords
d'Abraham » entre Israël, les Emirats arabes unis
et Bahreïn. Et à l'accord de normalisation avec le
Soudan. n Nathalie Sosna-Ofir
israël N° 1579 - 10 décembre 2020
22

En Bref
440 Juifs d’Éthiopie en Israël : Deux vols d'Addis-Abeba ont
atterri à Tel Aviv les 3 et 4 décembre. Le premier groupe,
accompagné par la ministre de l'Intégration Pnina Tamano-
Shata, a été accueilli au nom du gouvernement par Benyamin
Netanyahou, Benny Gantz et Gaby Ashkenazi. Les nouveaux
immigrants, qui n'ont pu rencontrer leurs familles pour cause
de restrictions sanitaires, ont dû être placés en quarantaine.
2.000 Ethiopiens immigreront en Israël d'ici le mois de janvier
Pnina Tamano-Shata dans le cadre de l'opération « Tsur Israël ».
Le ministre israélien des Affaires étrangères rencontre son
homologue jordanien : Gaby Ashkenazi s'est entretenu le 3
décembre avec le ministre jordanien des Affaires étrangères
Ayman Safadi, au terminal frontalier Allenby, première
rencontre à ce niveau depuis plusieurs années. Les relations
entre les deux pays restent froides. La Jordanie réclame la
reprise des négociations de paix israélo-palestiniennes et
s'inquiète de perdre son statut sur les mosquées du Mt du
Gaby Ashkenazi Temple au profit de l'Arabie saoudite.

Israël transfère plus de 3 Ouverture du procès Netanyahou :

milliards de shékels à l'Autorité Première audience préliminaire
palestinienne : Après la reprise le 6 décembre devant le tribunal
de la coordination sécuritaire, Amir Peretz candidat à la de district de Jérusalem, sans
Mahmoud Abbas a autorisé le présidence d'Israël : Le ministre comparution du Premier ministre.
virement vers les caisses de travailliste de l’Économie a annoncé Les avocats de la défense ont
l'Autorité palestinienne des taxes son intention de briguer le poste de réclamé l'annulation des actes
perçues pour son compte par Israël. Mahmoud Abbas chef de l’État alors que le septennat Amir Peretz Netanyahou d'accusation pour vices de
La décision met fin à plus de six de Reuven Rivlin s'achèvera en procédure au cours de l'enquête.
mois de rupture, pour protester contre le projet d'annexion des juillet prochain. Pour cette fonction essentiellement honorifique, Le parquet affirme de son côté que l'enquête a été conduite dans
implantations de Judée-Samarie. Abbas espère que l'abandon du d'autres candidats sont déjà en lice, dont le chanteur Yoram Gaon les règles. Benyamin Netanyahou est mis en examen pour fraude,
plan et l'élection de Joe Biden vont améliorer les relations entre et Myriam Peretz, qui milite pour le dialogue laïcs-religieux. Le abus de confiance et corruption. Les juges ont réclamé aux
Ramallah et Washington. président de l’État est élu par les députés de la Knesset. magistrats de l'accusation des détails supplémentaires.
 Pascale Zonszain

{ Vu de Jérusalem }
par
Ariel
Kandel
Directeur général
de Qualita Le vertige de l'instabilité

Y
aura-t-il une 4e session ? C'est ce que
craint l'immense majorité des Israéliens
en portant leur regard vers la Knesset.
Est-il vraiment possible que les Israéliens
aillent aux urnes pour la 4e fois en 2 ans ? Et
surtout cela va-t-il changer quelque chose ?
Qu'est-ce qui va pouvoir départager les oppo-
sants et construire une coalition stable pour
les prochaines années ?
Cette question est essentielle vu que le budget
2020 n'a pas été voté et qu'Israël doit obliga-
toirement avoir un plan économique clair en
ces temps de crise économique due au Covid.
En période pré-Covid, le chômage était quasi
inexistant, en temps post-Covid il faudra qu'il
redevienne inexistant. C'est un énorme défi
que devra relever le gouvernement israélien.
Et pourtant. Certains entament une course
contre la montre en tentant d'avancer au
maximum la date des élections. Ceci leur
permettrait de mettre toutes les chances de
leur côté, afin d'évincer Benyamin Netanyahou
dont la gestion de la crise sanitaire et surtout
économique est très critiquée depuis la fin de
la 1ère vague.
D'autres jouent la montre. En effet, la vacci-
nation massive et un éventuel accord de paix
avec l'Arabie saoudite changeraient la donne et
feraient sûrement pencher une nouvelle fois la
balance du côté de « Bibi ».
La politique, surtout en Israël, est une science
qui se lit et s'analyse à l'instant T. Hier est
déjà passé et demain, on verra. Science très
difficile à intégrer pour les simples citoyens et
encore plus pour les olim de France qui ont
toujours connu, tout au moins au cours de la
Ve République, un système politique stable  :
un président élu pour 5 ans que rien ne peut
déloger. En Israël, tout et n'importe qui peut
limoger le leader. Le système politique implique
qu'un acteur politique, s'il établit une alliance
de 61 députés, devient Premier ministre. Un
changement d'avis de ce même parti renvoie
La politique, surtout en Israël,
est une science qui se lit
et s'analyse à l'instant T
ce même Premier ministre à un rôle de simple
député. Dans ce contexte friable, que décidera
l'avenir politique d'Israël ? La peur de l'avenir
ou l'opportunité du changement  ? Seul Bibi
peut sauver Israël de la bombe atomique et
de la crise économique ? La jeunesse peut-elle
éclore pour diriger Israël ? Le débat n'est plus
un débat de droite / gauche. La gauche israé-
lienne est devenue inexistante. Le parti travail-
liste historique des Ben Gourion, Golda Meir,
Rabin ou Peres disparaîtra sûrement dans les
prochains mois.
Montrez-nous le droit chemin, messieurs et
mesdames les politiques. Montrez-nous la
lumière  ! En ces jours de 'Hanouka, puisons
pour cela l'huile d'olive de notre fiole, car c'est
bien notre force : ajouter de la lumière même
lorsque nous n'avons plus d'huile, plus d'es-
sence, que nous sommes en panne.
D'ailleurs, pourquoi allumait-on le chande-
lier du Temple avec de l'huile d'olive  ? La
réponse à cette question remonte au déluge
et à ce choix de la colombe de ramener à Noé
un brin d'olivier. En effet, lorsque Dieu déci-
da de la destruction de l'humanité, tous les
arbres prirent le deuil. Un seul ne prit pas
le deuil en justifiant sa décision ainsi : si les
hommes étaient détruits c'est qu'ils l'avaient
mérité. Le déluge débuta et l'olivier regretta
son comportement. Ses feuilles blanchirent
de honte et son tronc se creusa en raison
de l'érosion. Sa Téchouva, son retour vers
l'autre est pour nous un exemple. La lumière
issue de ses fruits doit éclairer nos figures
politiques, elles doivent apprendre à revenir
vers l'autre. Elles ont pour mission d'éclairer
notre avenir et notre esprit. Comme cette
phrase du prophète Zacharie gravée sur la
Ménorah qui trône face à la Knesset : « Ni par
la puissance ni par la force, mais bien par
mon esprit ! Dit l’Éternel » n
 23 N° 1579 - 10 décembre 2020 Israël
Par Nathalie Sosna-Ofir

LA PHRASE
DE LA SEMAINE De port à port
Le port de Jebel Ali, le principal port d'expé-
dition de Dubaï et l'un des plus fréquentés au
monde, a reçu, depuis les Accords d'Abraham,
l'une des premières exportations, en prove-
nance du port d'Ashdod, à destination des Émi-
rats arabes unis. Et vous ne devinerez jamais
le contenu de la cargaison ! Du scotch ! Fabri-
qué par la société israélienne Davik, qui en
hébreu veut dire « collant ». « Ce partenariat
commercial avec un établissement basé en
ÉCONEWS
tan Ahmed bin Sulayem, PDG de l'opérateur
portuaire Dubai Ports World – DPW. «  Cette
opération n'est que le début des échanges
commerciaux entre les deux pays et nous
ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour
favoriser les échanges avec Israël et accélé-
rer la croissance économique », a-t-il pour-
suivi. Déjà, début novembre, DPW entreprise,
experte dans la maximisation de l'efficacité
des ports, a scellé un partenariat avec les

DR
Israël ajoute une valeur significative aux chantiers navals israéliens pour tenter de
DR

Que pouvait-on imaginer de plus approprié

relations diplomatiques entre les Émirats
Les fruits de la arabes unis et Israël  », s'est félicité le sul-
paix passeront
par les ports mari-
times d'Israël, les
liens entre ports Diamants de la paix
israéliens et ports La Dubai Multi Commodities Centre - DMCC - a
ouvert un bureau de représentation à Ramat
émiratis consti- Gan - dans la banlieue de Tel Aviv - dans le
tuent non seule- but de stimuler le commerce israélien avec
ment une aubaine les Emirats arabes unis. Sa mission sera
de soutenir les entreprises israéliennes,
économique mais tous secteurs confondus, intéressées à
aussi un avantage pénétrer le marché de Dubaï et notamment
géopolitique pour la zone franche du DMCC qui abrite la bourse
aux diamants dubaïote et plus de 1 000
les deux pays entreprises liées au secteur.
Orna Hozman-Bechor, présidente Au mois de septembre, quelques jours à peine
de la société portuaire d'Ashdod après la signature des Accords d'Abraham,
les bourses aux diamants de Ramat Gan et de
remporter l'appel d'offres pour la gestion du
port de Haïfa.
que du scotch pour sceller les échanges entre
Israël et Dubaï ?
Dubaï avaient annoncé avoir conclu un accord
destiné à promouvoir leurs échanges.
« C'est une étape historique qui ouvre de
vastes opportunités économiques pour Israël
dans de nombreux secteurs et en particulier
celui des diamants », s'est réjoui Yoram
Dvash, président de la bourse aux diamants
d'Israël.
Quant à Ahmed Bin Sulayem, président
exécutif de la DMCC et président de la bourse
aux diamants de Dubai, il s'est félicité d'un
nouveau chapitre passionnant qui débute
dans l'histoire du commerce entre les Emirats
DR
et Israël.

Les paris sont ouverts

Quel est ce pays européen avec lequel la
société israélienne de technologie Elbit LE CHIFFRE
Systems vient de signer un contrat farami- DE LA SEMAINE

67
neux pour l'ouverture d'un centre de forma-
tion de pilotage d'hélicoptères ? 96 millions
de dollars (plus de 80 millions d'euros). Un
contrat qui prévoit un service de mainte-
nance, la formation de soldats et d'officiers
de l'armée de l'air et de la marine, dans le
cadre d'une vaste variété de missions.
D'une durée de 9 ans, avec une option pour
une prolongation de 10 ans, «  cet accord
souligne l'importance croissante que les
forces armées accordent aux technologies
israéliennes », s'est félicité Yoram Shmuely,
directeur général de la division aérospatiale
d'Elbit Systems. Sans toutefois indiquer de
quel pays il s'agit. Et vous, avez-vous une
idée ?
Gagner au change
DR

La Banque d'Israël intervient ces derniers
temps sur le marché des changes à hauteur
de plusieurs millions. Une décision qui s'ins-
crit dans le cadre de la chute spectaculaire
du dollar par rapport au shekel : 3,256 au mo-
ment d'écrire ces lignes.
Le renforcement continu du shekel depuis
le début de l'année a donc conduit la Banque
d'Israël à acheter des devises à grande
DR
échelle, même si ces derniers mois le rythme
des achats s'est ralenti. En novembre, elle
a acquis pour 0,53 milliard de dollars de
devises étrangères, soit 14,96 milliards de
dollars depuis le début de l'année 2020. Le
solde de devises étrangères à la Banque
d'Israël a atteint les 160,75 milliards de dollars
(132 milliards d'euros), soit 40,4% du produit
intérieur brut.
En millions de shekels (16,75 millions
d'euros), le montant des achats
faits par les Israéliens dans la seule
journée du Black Friday sur des
sites étrangers. En tout, au mois
de novembre, les Israéliens auront
dépensé 1 milliard de shekels en ligne
(250 millions d'euros).
grand angle
Éric Danon est
ambassadeur de France
en Israël depuis septembre
2019. Dans cet entretien
exclusif à Actualité Juive, il
passe en revue la situation
de la communauté
francophone en Israël et
le dispositif d’aide mis en
place par l’ambassade et le
consulat général de France
à Tel Aviv pour faire face à
la crise sanitaire.
Dans un autre entretien - à
paraître dans un prochain
numéro -, il évoquera les
relations politiques et la
coopération entre les deux
pays.
Comment se présente selon
vous, au terme d’une année marquée
par une grande crise sanitaire, la situa-
tion des francophones en Israël ?
Eric Danon : La résilience de la
communauté française en Israël est
vraiment remarquable, alors même
que beaucoup de nos compatriotes
binationaux se trouvent aujourd’hui
en situation de vulnérabilité. D’abord
pour des raisons économiques : perte
d’emploi, chute de revenus, etc., sur-
tout dans les secteurs particulière-
ment touchés comme le tourisme, le
commerce et la restauration, mais
aussi les call centers ou l’aide à la
personne. Ensuite parce qu’avant
la pandémie, la communauté fran-
çaise était habituée à des allers-re-
tours fréquents avec la France, fa-
cilités par une centaine de liaisons
aériennes par semaine. Aujourd’hui,
la difficulté à voyager entre les deux
pays complique et entrave les rela-
tions économiques mais aussi fami-
liales et amicales. En conséquence,
beaucoup se trouvent en souffrance
psychologique : je pense notamment
aux nombreuses personnes âgées
qui se sont retrouvées isolées en ville
ou dans les kibboutzim, en l’absence
d’autorisation pour leurs proches de
venir leur rendre visite.
Et puis il y a la tristesse des familles
qui n’ont pas pu se réunir lors des
fêtes religieuses, des naissances,
des anniversaires, des mariages…
et de véritables drames autour des
personnes décédées en Israël ou en
France, dont les familles habitant
dans l’autre pays n’ont pas été auto-
risées à se déplacer pour leur rendre
un dernier hommage. Le consulat
Entretien exclusif
avec
Éric Danon :
« L’ambassade et le consulat général
sont pleinement mobilisés
pour les Français d'Israël »
général a pu cependant débloquer
la grande majorité de ces situations
lorsqu’il en était saisi, en établissant
des laissez-passer et des passeports
d’urgence.
Les familles des olims français instal-
lées hors d’Israël vont être autorisées
à venir les visiter…
E.D. : Je me réjouis de cette an-
nonce mais la prudence s’impose.
AMBASSADE DE FRANCE EN ISRAËL/NATHAN CAHN
Chaque semaine, le « comité Covid »
du gouvernement se réunit à Jéru-
salem, des idées sont évoquées mais
certaines sont parfois rapidement
abandonnées. Le nombre de per -
sonnes testées positives peut forte-
ment varier d’une semaine à l’autre,
ce qui entraîne des modifications im-
médiates des consignes relatives aux
déplacements. De fait, une grande
partie de la population israélienne
attend maintenant l’arrivée du vac-
ERIC DANON EN 6 DATES cin pour que les conditions de circu-
lation changent vraiment. Le gouver-
22 février 1957 : Naissance à Paris nement israélien se montre confiant
dans le fait que, le cas échéant, la
vaccination pourra se faire rapide-
1980 : Agrégation de sciences physiques
ment et pour tous ceux qui en feront
la demande.
1986 : ENA, promotion « Denis Diderot »
Comment l’ambassade de France en
2007 : Ambassadeur extraordinaire et Israël contribue-t-elle à aider les olims
plénipotentiaire à Monaco français dans leur intégration ?
E.D. : En 2020, Israël aura ac-
cueilli environ 10 000 nouveaux
Septembre 2016 : directeur général immigrants du monde entier, alors
adjoint des Affaires politiques et de que le pays en accueille, depuis
sécurité longtemps, environ 30 000 par an.
L’alyah française avait déjà dimi-
Août 2019 : Ministre plénipotentiaire et nué depuis 2016, pour arriver à
ambassadeur de France en Israël 2 400 personnes l’an dernier. Évi-
demment, le contexte de crise éco-
N° 1579 - 10 décembre 2020
24
nomique liée à la pandémie et un
filet social moindre qu’en France ne
semblent pas, à ce stade, propices
à une reprise de l’alyah. Le système
social israélien est organisé de telle
façon qu’en plus du dispositif « ins-
titutionnel » d’accueil, une partie im-
portante de la solidarité envers les
nouveaux arrivants repose sur les
associations liées au pays d’origine.
Pour le dire rapidement, car il y a
des exceptions, la plupart des arri-
vants russes sont aidés par des as-
sociations russes, les Ukrainiens par
des associations ukrainiennes, les
Argentins par des associations ar-
gentines, etc. Les olims français sont
donc très logiquement soutenus par
des associations liées à la France,
avec le concours de nos consulats.
Je pense notamment à Qualita qui
effectue un travail très important.
Et comment la France agit-elle pour
aider la communauté francophone en
difficulté ?
E.D. : L’ambassade et le consulat
général de Tel Aviv sont pleinement
mobilisés depuis le début de la pan-
démie pour apporter un soutien aux
Français. Le consulat général assure
avec beaucoup de dévouement et en
continu ses missions d’assistance
même si, à l’instar de l’administra-
tion israélienne, les agents travaillent
en deux équipes et en télétravail.
Nous agissons avec les conseillers
consulaires, les associations et les
chefs d’îlot qui font tous un travail
extraordinaire. Il faut bien se rendre
compte que c’est un formidable ré-
seau de solidarité qui s’est mis en
place en quelques semaines pour
 25 N° 1579 - 10 décembre 2020
venir ici en soutien à la communau-
té. Cela commence par l’informa-
tion. Nous diffusons, en temps réel,
toutes les dispositions prises par les
autorités israéliennes en matière de
confinement, de déplacements et de
tests, sur nos sites internet, les ré-
seaux sociaux, les newsletters mais
aussi par mails ou dans les médias
communautaires. Puis, il y a l’assis-
tance personnalisée à nos compa-
triotes. C’est, chaque mois, plus de
3 000 mails et appels téléphoniques
liés à la pandémie, pour résoudre
des difficultés de tous ordres mais
majoritairement liés à la difficul-
té de voyager. Enfin et surtout, le
budget social alloué par le consulat
général de France à Tel Aviv a été
décuplé, pour atteindre 500 000 eu-
ros au titre de l’aide spéciale Covid
mise en place par le gouvernement
français en faveur des Français ac-
tifs résidant à l’étranger et victimes
des conséquences économiques de la
crise. C’est un des plus importants
montants alloués en 2020 pour une
communauté francophone à l’étran-
ger. Le consulat général à Tel Aviv fait
le maximum pour aider ces familles,
l’objectif étant vraiment de ne laisser
personne de côté.
Et pour les plus jeunes ?
E.D. : Les enfants subissent aussi
de plein fouet les conséquences de
la pandémie. L’effort de la France
pour qu’aucun enfant ne soit désco-
larisé du réseau d’établissements
à l’étranger est tout à fait notable,
avec la prise en charge totale ou
partielle de leur scolarité lorsque les
parents ont perdu leurs revenus en
raison de la crise. A cela s’ajoutent
de nombreuses autres actions des
associations comme la distribution
de bons d’achat pour des repas ou
l’aide partielle ou totale pour disposer
d’un ordinateur. Nous avons mis au
point, également, une cellule d’écoute
psychologique bénévole pour épauler
les parents lorsqu’ils rencontrent des
difficultés. A cela s’ajoute un impor-
tant travail avec les établissements
scolaires à filières francophones pour
organiser les examens, notamment le
baccalauréat avec l’académie de Lyon
dont dépend Israël. Cette année,
grâce au travail mené par l’Ambas-
sade et l’Institut français d’Israël, Tel
Aviv est enfin devenu un centre de
Laissez-moi réaffirmer que les relations de la France et d’Israël sont celles
de deux alliés, profondément liés par des valeurs communes, une histoire partagée,
des intérêts convergents et des coopérations de plus en plus étroites
Le consulat général de France à Tel Aviv au cœur d’un réseau de solidarité
n Un budget social de 581.000 € dont pas connues du service social du Consulat n Le partenariat mis en place avec Qualita
500.000 au titre du Covid. avant la crise Covid. complète l’aide spéciale Covid versée par
n Le consulat général de France à Tel Aviv n Le consulat général travaille également le consulat général de France sous forme
verse aujourd’hui des aides directes à environ conjointement avec des associations fran- de bons alimentaires distribués à plus de
190 familles touchées par le Covid, représen- çaises en Israël comme le FSJU Israël, l’AFB- la moitié des familles aidées. Qualita ainsi
tant près de 600 personnes, pour un montant TAR, l’ADIR et l’AFSNI qui ont bénéficié au titre que la plupart des associations aident aus-
d’environ 250 000 euros d’ici la fin de l’année. de l’aide Covid de subventions de la France de si directement de nombreuses familles en
A noter que 95% des familles aidées n’étaient 257 000 euros. difficulté.
passage du baccalauréat avec l’agré-
La 4 édition de la semaine des lycées français du monde
e ment reçu par le Collège-Lycée fran-
co-israélien Marcel et Lucette Drahi
Eric Danon est père de cinq enfants développement du système éducatif (Mikvé Israël).
dont deux actuellement scolarisés en franco-israélien et s’est fixé comme
Israël. Normalien, agrégé de physique, objectif la création à Tel Aviv d’un pôle La France aide-t-elle dans cette période
diplômé de Sciences Po Paris et d’excellence éducative de la maternelle difficile les entrepreneurs d’origine
énarque, il est très engagé dans le au baccalauréat. française ?
E.D. - Il nous est possible dans
quelques cas de soutenir une en-
treprise israélienne si elle est liée à
AMBASSADE DE FRANCE EN ISRAËL/MARIE TAUSIG
une entreprise française, mais pour
l’aide sociale, normalement, nous
n’aidons que les individus et pas les
AMBASSADE DE FRANCE EN ISRAËL
entreprises. Cela étant, un projet
de soutien aux autoentrepreneurs,
professions libérales et commer -
çants français en Israël touchés par
la crise, vient d’être mis en place par
l’AFBTAR, l’Association Française de
Bienfaisance de Tel Aviv et sa Ré-
gion, avec une subvention du gou-
Discussion avec les élèves de 6ème du Remise du Diplôme National du Brevet
Collège français Marc Chagall, consacrée aux lauréats du Collège-Lycée franco vernement français.
à l’assassinat de Samuel Paty et à la liber- israélien Marcel et Lucette Drahi, le 3
té d’expression, le 30 novembre. décembre. Pour finir cette première partie de
notre entretien et introduire la se-
conde, comprenez-vous les doutes ré-
currents d’une partie de la communau-
té juive française à l’endroit de la ligne
politique de la France en Israël ?
E.D. - J’entends les inquiétudes lors-
qu’elles s’expriment. Mais laissez-moi
réaffirmer ici avec force, comme j’ai
AMBASSADE DE FRANCE EN ISRAËL/MARIE TAUSIG
déjà eu l’occasion de le faire, que
les relations de la France et d’Israël
sont celles de deux alliés, profondé-
ment liés par des valeurs communes,
une histoire partagée, des intérêts
convergents et des coopérations cultu-
relles, économiques, stratégiques et
de sécurité de plus en plus étroites.
Cela ne doit aucunement empêcher
chacun des deux pays d’exprimer ses
divergences avec tel ou tel aspect de la
Conférence-débat avec les élèves de 1ère et Terminale du Lycée français Maïmonide politique de l’autre pays. n
Mikvé Israël, sur les valeurs de la République et la laïcité, le 1er décembre.
Propos recueillis par
Ariel Kandel et Alexis Lacroix
MONDE
Le ton se durcit, en attendant Biden
L’Iran a répondu aux dernières sanctions américaines par de nouvelles violations du JCPOA.
A
lors que le futur président, Joe Biden,
peaufine sa stratégie, Donald Trump
profite de ces dernières semaines de
mandat pour exécuter sa politique de « pression
maximale » contre la République islamique.
L’objectif est clair : compliquer la reprise annoncée
d’un processus de négociation, long et délicat,
entre l’Amérique bidenienne et l’Iran, qui élira son
nouveau président le 18 juin 2021.
Selon le site The Daily Beast, Donald Trump,
empêtré dans sa tentative d’invalider les résultats
de la présidentielle, aurait donné « carte blanche »
à Mike Pompeo dans le dossier iranien, à
condition de ne pas « déclencher une Troisième
Guerre mondiale ». Le secrétaire d’État américain,
que d’aucuns imaginent un jour candidat à la
présidentielle côté républicain, et le représentant
spécial pour l’Iran, Elliott Abrams, seraient à la
manœuvre de cet ultime durcissement reposant
sur deux pieds : 1) le silence valant approbation
devant l’élimination de responsables iraniens, tel
l’ingénieur Mohsen Fakhrizadeh, le 27 novembre,
dans une opération attribuée au Mossad près de
Téhéran. La collaboration entre le chef de l’agence
israélienne, Yossi Cohen, et son homologue de la
CIA, Gina Haspel, serait ainsi particulièrement
intense ces dernières semaines. 2) L’exacerbation
de la politique de sanctions. En l’espace d’un
mois, l’administration républicaine a imposé trois
batteries de sanctions, démontrant à ceux qui en
douteraient qu’elle ne comptait pas être frappée
de l’immobilisme associé traditionnellement
à un « lame duck », la période de transition
au cours de laquelle le président sortant est
considéré comme un « canard boiteux » sans
grande latitude d’action. Ce sont d’abord six
sociétés accusées de livrer du matériel sensible
à l’industrie militaire iranienne qui ont été
sanctionnées par le département du Trésor. Ces
firmes basées en Iran, en Chine, à Hong Kong
et à Brunei auraient acheté des composants
électroniques de fabrication américaine pour les
céder clandestinement à l’Iran Communication
Industries.
Huit jours plus tard, le 18 novembre, les
Américains prenaient de nouvelles mesures
de rétorsion, plaçant notamment sur sa liste
noire deux officiers du corps des Gardiens de
la révolution islamique et le puissant ministre
iranien du Renseignement et de la Sécurité,
Mahmoud Alavi. Le coup le plus rude concernait
néanmoins l’inscription de la Fondation
Mostazafan, gigantesque manne financière
héritée de la confiscation des biens, depuis la
chute du régime du Shah et la victoire de la
La mise en route des centrifugeuses dites IR-2 pourrait
rapprocher théoriquement l'Iran d'une arme nucléaire
NUCLÉAIRE IRANIEN
DR
Le président américain élu, Joe Biden
révolution islamique en 1979. Sous l’égide du
Guide suprême Ali Khamenei en personne, la
Fondation des déshérités constitue une des plus
importantes institutions du pays, ayant un pied
dans la plupart des secteurs économiques clés
et agglomérant autour d’elle cinquante filiales
dans les secteurs de l’énergie, des mines ou des
services financiers, toutes sanctionnés. Une
officine utilisée par le chef suprême iranien « pour
récompenser ses alliés sous prétexte de charité », a
accusé le secrétaire américain au Trésor, Steven
Mnuchin.
Le 3 décembre enfin, le département d’État
américain a ciblé le groupe Shahid Meisami,
rattaché à l’Organisation iranienne de recherche
et d’innovation pour la défense.
En application du décret 13382 sur la
prolifération des armes de destruction massive,
il est accusé d’être impliqué « dans l’essai et la
production d’agents chimiques ».
Une dernière annonce concomitante à la
publication d’un rapport de l’Agence internationale
de l’énergie atomique (AIEA), informant de la mise
en service par l’Iran de « centrifugeuses avancées ».
Assurant une accélération des rendements en
matière d’enrichissement d’uranium, ces dernières
avaient été récemment transférées dans une partie
sous-terraine du site principal du programme
nucléaire iranien, à Natanz, après un « sabotage »,
selon les autorités locales. Alors que l’Iran dispose
désormais, selon l’AIEA, d’une quantité d’uranium
faiblement enrichi douze fois supérieure à la
limite autorisée par l’accord international de 2015
(JCPOA), la mise en route de ces centrifugeuses
de nouvelle génération dite IR-2 pourrait, dans un
scénario du pire, rapprocher théoriquement l’Iran
N° 1579 - 10 décembre 2020
26
de quelques mois d’une arme nucléaire.
D’ores et déjà, le président iranien Hassan
Rohani a annoncé l’augmentation du taux
d’enrichissement de l’uranium au seuil critique
de 20 %, bien loin des 3,67 % fixés il y a cinq
ans. A quelques mois de la fin de son mandat,
le chef de l’Etat, considéré comme un « modéré »
par une partie de la communauté internationale,
se retrouve de plus en plus marginalisé sur
la scène intérieure. La dernière preuve en est
l’adoption, le 1er décembre, d’un projet de loi
visant à « mettre fin » aux inspections de l’AIEA et
à « produire et stocker au moins 120 kilogrammes
par an d’uranium enrichi à 20 % ». Rohani a eu
beau qualifier de « nuisible » ce texte intitulé
« Action stratégique pour la levée des sanctions
et la protection du peuple iranien », synonyme de
nouvelles violations du JCPOA. Mais le Conseil
des gardiens de la Constitution suivi du Conseil
suprême de sécurité nationale, a approuvé
le projet, considérant qu’il n’entrait « pas en
contradiction avec les intérêts nationaux » de
la République islamique. Jusqu’au 20 janvier
et l’intronisation de Joe Biden, le choc des
ambitions entre Washington et Téhéran ne devrait
pas baisser de ton, sous le regard attentif de
Jérusalem. n
Steve Nadjar
négociation
La critique de Joe Biden
I
l est « difficile de dire » quel sera
l’impact du meurtre du scientifique
iranien Mohsen Fakhrizadeh sur les
futures relations américano-iraniennes.
Dans une interview à CNN, le président
élu a réaffirmé les deux axes de sa
future action à l’égard de l’Iran :
1) empêcher l’Iran de « se doter d’armes
nucléaires » ; 2) relancer un processus
de négociation autour d’une démarche
multilatérale, deux ans et demi après
le retrait américain du JCPOA, signé
en 2015. Joe Biden s’est fendu d’une
critique du bilan de son prédécesseur
dans ce dossier. « Il s’est retiré [de
l’accord, NDR] pour obtenir quelque
chose de plus dur, mais qu’ont fait les
Iraniens ? Ils ont accru leur capacité
à disposer de matières nucléaires. Ils
se rapprochent de la capacité d’avoir
suffisamment de matériel pour une
arme nucléaire. Et se pose aussi le
problème des missiles ».  n
S.N.
 27 N° 1579 - 10 décembre 2020
Page réalisée par Steve Nadjar
UNION EUROPÉENNE
Adoption d’une déclaration contre l’antisémitisme
L
es 27 États membres de l’Union
ont adopté jeudi dernier une
déclaration appelant à prendre
des mesures face à la montée de
l’antisémitisme, alimentée par les
théories complotistes autour de la
Covid-19. «  L’augmentation des me-
naces pesant sur les personnes juives
en Europe, notamment la résurgence
des mythes conspirationnistes, les ex-
pressions publiques d’antisémitisme,
en particulier dans le contexte de la
pandémie Covid-19, ainsi que l’aug-
mentation des incidents antisémites
et des crimes de haine, est très préoc-
cupante ».
Une déclaration qui satisfait partielle-
ment Pin’has Goldschmidt. Interrogé
par La Croix, le grand rabbin de
DR
NAMIBIE
Un élu local nommé…
Adolf Hitler
I l est rare que l’actualité communale
de la Namibie intéresse au-delà
des frontières nationales, sauf
quand la circonscription d’Ompundja
élit comme conseiller un certain
Adolf Hitler Unona. Administré par
l’Allemagne jusqu’en 1915 sous
le nom d’Afrique du Sud-Ouest
allemande, le pays en a conservé
certaines traces culturelles,
notamment à travers la popularité
de certains prénoms germaniques.
« Enfant, je trouvais que c’était
un nom tout à fait normal », s’est
expliqué l’élu au journal Bild,
ajoutant n’avoir « rien à voir » avec
l’idéologie nazie. Membre du SWAPO,
le parti au pouvoir dans cet Etat
d’Afrique australe, l’élu de 54 ans
qui se fait appeler en public plus
sobrement Adolf Unona, a tenté de
défendre – difficilement – l’innocence
du choix de ses parents. « Mon père
m’a nommé d’après cet homme. Il
n’a probablement pas compris ce
qu’Adolf Hitler représentait ».
monde
LE TOP 100 de The Algemeiner
Moscou et président de la Conférence monde d’échecs Garry Kasparov,
des rabbins européens y voit un « pas les acteurs Sacha Baron Cohen
dans la bonne direction », mais se et Jesse Eisenberg, interprète
dit consterné par l’absence de pro- du mime Marceau dans le film
tection des « pratiques » juives en « Résistance », ou le rabbin Adin
Europe, la liberté de pratiquer la cir- Even-Israël Steinsaltz, dispa-
concision et l’abattage rituel n’y étant ru cet été. La politique et la di-
plus garantis. n plomatie n’y sont pas absentes,
avec les mentions de Benyamin
Netanyahou et Benny Gantz, du
président élu américain Joe Biden
et du roi de Bahreïn, Hamed ben
DR
Issa Al Khalifa, signataire des
P
our la septième année « accords d’Abraham ». On relè-
consécutive, le média juif vera également la présence dans
américain The Algemeiner ce classement de trois Français :
a dévoilé la semaine dernière la présidente de l’Union des étu-
sa sélection des cent personnes diants juifs de France, Noémie
«  ayant positivement influencé la Madar, l’avocat Patrick Klugman
DR
vie juive en 2020 ». S’y côtoient in- et Zarie Sibony, survivante de
tellectuels et responsables asso- l’attaque contre l’Hypercacher en
ciatifs, éducateurs, philanthropes janvier 2015 et dont le courageux
GRANDE-BRETAGNE et écrivains dont l’action a un im-
pact international cette année.
témoignage a ému lors du procès
en cours. Trois figures qui ont in-
Cérémonie pour les Ont ainsi été primés, lors d’une carné, à leur manière, le combat
chlochim de Rabbi cérémonie virtuelle – Covid-19
oblige – l’activiste et champion du
contre l’antisémitisme dans notre
pays, cette année.  n
Jonathan Sacks (zal)
À l’occasion de la fin du mois de deuil de
Rabbi Lord Jonathan Sacks (zal), une
cérémonie d’hommage numérique s’est tenue
dimanche dernier à l’initiative du bureau de
l’ancien grand rabbin de Grande-Bretagne et
du Commonwealth (1991-2013). Son succes-
seur, le rabbin Ephraim Mirvis et le président
de l’Etat hébreu, Reuven Rivlin ont témoigné
de la trace laissée par cet immense penseur,
disparu à l’âge de 72 ans. Une soirée égale-
ment marquée par le témoignage plus intime
de son épouse, Lady Elaine Sacks, rappelant
l’inépuisable soif d’action de son époux, et les
messages du prince Charles et des anciens
Premiers ministres britanniques, Tony Blair et
Gordon Brown, avec lesquels cette personna-
lité hors du commun entretenait une relation
intellectuelle ancienne. « Rabbi Sacks a
touché la vie d’innombrables personnes avec
sa sagesse sans faille, sa raison profonde et
une conviction morale qui, dans un monde
confus et déroutant, était trop rare », a salué
le prince de Galles. n
DR
MONDE
{ monde }
nouveau
Réconciliations nécessaires
«
 N
ous sommes dans la veillée
d’armes de ‘Hanouka, première
fête après le cycle du Nouvel an,
du Grand Pardon et de notre
réconciliation avec l’errance, de Souccot, et
notre premier rendez-vous concomitant avec la
Noël chrétienne est un rendez-vous belliqueux,
celui de la grande révolte anti-païenne de Juda
Macchabée - révolte qui réinstaure un État d’Is-
raël indépendant. et célèbre la répudiation de la
conciliation trop facile avec l’hellénisme alexan-
drin, à une synthèse hellénique que notre tradi-
tion ultérieure n’a pas voulu valider.
Le chant de guerre et d’héroïsme, ma'oz tsour,
qui s’élève à la fin de ces jours de liesse, résonne
déjà dans nos cœurs et nos tympans comme
l’écho atténué de la Hatikva future, réalisation
en notre temps des espoirs de tout notre peuple.
Il ne m’est évidemment pas indifférent de me rap-
peler que cet hymne fut composé par des Juifs
allemands de la vallée du Rhin qui y évoquaient
la révolte victorieuse et la délivrance ultime.
« Suis-je le gardien de mon frère ? »
Aujourd’hui, je voudrais évoquer, à cette occa-
sion, les délivrances associées de deux des
alliés les plus fondamentaux, bien que les plus
problématiques, d’Israël aujourd’hui, nos amis
arméniens et nos proches cousins grecs. Les
vicissitudes récentes de l’histoire les ont sépa-
rés de nous, sans jamais toutefois tolérer un
éloignement métaphysiquement insupportable
tant avec nos frères martyrs du Caucase pro-
méthéens, l’Arménie éternelle, qu’avec nos cou-
sins grecs. Ces derniers nous donnèrent plus
de cent néologismes indispensables à l’araméen
hébraïsé des deux Talmud et à la traduction dite
des Septante, qui fit connaître la parole d’Israël
au monde entier, et permit à travers les quatre
Évangiles de diffuser sous le nom de christia-
nisme une part essentielle de notre tradition,
moyennant une forme largement compatible
avec l’enseignement de nos Sages.
Restons fidèles à la liturgie de Kippour, et com-
mençons par l’examen, comme dans les « jours
terribles », des fautes que nous avons commises
envers autrui. « Suis-je le gardien de mon frère ? »
Caïn répondait par un haussement d’épaule
dédaigneux, entraînant ainsi une scission
sémantique entre le « Caïn » que nous sommes et
les « Cohen » que nous deviendrons, un jour pro-
Par
Alexandre ADLER
Historien, géopolitologue, spécialiste des relations
internationales. Auteur de nombreux essais
dont Le peuple monde (Albin Michel)
chain et collectif, sous la forme d’un royaume,
d’une collectivité, de Prêtres (mamlekhet hakoha-
nim) et, mais de toute évidence pas tout de suite,
ha goy kadosh, un peuple saint.
Vigie de nos frères arméniens
Sommes-nous les gardiens et les défenseurs de
la mémoire et de la reconnaissance du génocide
arménien de 1915, qui devança d’environ 20 ans
la Shoah, laquelle, du reste, nous donne aussi
des devoirs envers le peuple tzigane dispersé ? À
l’évidence, oui. Et il n’y aurait pire crime contre
l’esprit avec d’apparentes bonnes intentions que
Restons fidèles à la liturgie
de Kippour et commençons
par l'examen, comme dans les
jours terribles, des fautes que
nous avons commises
de s’engager par étourderie dans le piège d’une
concurrence victimaire qui ne pourrait que
nous salir collectivement et avec nos fausses
consciences individuelles. Un destin collectif
que nous n’avons nullement choisi, tombe ici
sur nous, comme un grand poète, comme Franz
Werfel qui écrivait depuis la Prague du Maharal
en eut tout de suite l’intuition.
L’éminent sioniste américain qu’était Henry
Morgenthau eut, quant à lui, le courage moral
de fournir tous les documents nécessaires pour
une postérité amnésique, la même que nous
avons vue à l’œuvre dans le cas d’Auschwitz et
de Treblinka.
De la même manière, et là je grince de tout
mon corps réticent, je pense qu’en cherchant
N° 1579 - 10 décembre 2020
28
désespérément à défendre nos pauvres vies,
celle de ma tante par exemple, arrivée tout
juste, après l’Exodus, au kibboutz de Sarid où
ses fils, mes cousins, partirent tout de suite à
la guerre sans apprendre jamais un mot d’al-
lemand, malgré tout, nous commîmes collec-
tivement d’incontestables dommages catastro-
phiques pour les Arabes musulmans d’Eretz
Israël et qu’il nous faudra demain les réparer
d’une manière ou d’une autre, pour qu’à la fin
du processus s’impose à côté de l’État d’Is-
raël, un État d’Ismaël. Un Etat d'Ismaël dans
lequel les Arabes musulmans pourront trou-
ver la dignité et l’apaisement auxquels ils ont
droit. Je dis ceci en excluant tous les Arabes
chrétiens habitant de Jérusalem ; deux terri-
toires dont le destin, comme celui des Libanais
chrétiens et même des chrétiens syriens de
leur propre Terre sainte – la kadisha –, ne
pourront prospérer, que dans la protection
et l’Alliance, la réintégration d’Edom dans
Israël, ainsi qu’en eut l’intuition prophétique,
dès notre terrible seizième siècle, le génie
Kabbalistique qu’était Moïse Cordovero.
La Grèce du courageux Tsipras
Ceci nous rapproche évidemment de la Grèce
et de l’excellente et courageuse politique que
réussit à promouvoir Emmanuel Macron en
faisant du peuple grec un acteur de plein droit
de la classe européen et non un cancre voué
au bonnet d’âne pour non-respect des critères
de gouvernance monétaire. Je sais aussi que,
dans leur infinie sottise, les dirigeants grecs
décidèrent – à la différence des Chypriotes qui
accueillirent un Gabi Ashkenazi – de flatter le
refus arabe, l’héroïsme de Sadate, et même le
bon sens proverbial d’Ibn Saoud pour s’enthou-
siasmer pour Nasser plus que le malheureux
raïs ne le faisait lui-même.
Grâce au courageux Alexis Tsipras, un com-
muniste, mais un véritable ami d’Israël, c’est
maintenant en Grèce que les pilotes de Tsahal
s’entraînent en toute quiétude, et à Chypre que
le sous-marin nucléaire israélien qui protège
l’État et tous ses voisins, peut faire mouillage
avant de cingler vers l’Océan.
Tout cela parce que ce malheureux Israël, tou-
jours en ballottage, comme le voulait le rav Pierre
Dac (!), respecte quand même les commande-
ments les plus fondamentaux de la Torah. n
 judaïsme N° 1579 - 10 décembre 2020
30

PARACHAT Vayéchev

Entre preuve et épreuve

D
e retour sur sa
terre natale, Yaacov
s’installe avec toute
sa famille dans le pays de
Canaan. Après l’exil et la
souffrance, il aspire enfin
à la tranquillité, mais l’es-
DR
clave. Pour une somme de
vingt pièces d’argent, il est
livré aux mains d’une ca-
ravane ismaélite de pas-
sage. Les frères égorgent
un chevreau pour impré-
gner la tunique de Yossef
épouse la veuve et décède à
son tour sans enfant. Juda
promet à Thamar, son troi-
sième garçon, encore en-
fant. Le temps passe sans
que rien ne se fasse. Juda
craint que son fils ne tré-
la maison de son maître,
qui lui confie toute la ges-
tion du lieu. La femme de
Putiphar fait des avances
à Yossef. Il résiste jour
après jour, jusqu’à être
obligé de s’enfuir. Par ven-

poir est vite contrarié. La de son sang. C’est ainsi passe, mais promesse ne geance, la femme l’accuse
Par foi est à l’épreuve, au bout, que le vêtement est pré- s’efface. Désireuse d’ac- injustement de l’avoir vio-
Daniel Toledano elle sera la preuve. Dieu senté à Yaacov pour laisser complir le lévirat, Thamar lentée. Yossef est jeté en
éprouve, l’homme prouve. croire qu’une bête a dévoré ruse, se déguise en pros- prison. Derechef, il est re-
Auteur, conférencier, Tout commence avec Yossef, son fils. Le patriarche est tituée, croise le chemin de marqué au point qu’on lui
spécialiste de Rachi le fils préféré de Yaacov. Il terrassé de douleur et per- Juda. Juda, devenu veuf, livre la bonne marche de
rapporte à son père le com- sonne n’arrive à le conso- va à sa rencontre sans sa- la geôle. Deux ministres
portement de ses frères et l e r. L ’ a f f l i g e a n t e s c è n e voir qu’il s’agit de sa bru. déchus de Pharaon y ar -
fait des rêves univoques qui induit les frères à se sé- De cette union, naîtront rivent, le maître échanson
suscitent jalousie. Yossef parer de Juda, à qui l’on des jumeaux, et avec, la li- et le maître panetier. Ils
raconte ses songes : onze reproche son rôle décisif gnée messianique. font des rêves que Yossef
gerbes qui se prosternent dans la vente de Yossef. De son côté, Yossef ar - interprète avec succès.
devant la sienne, puis onze Juda s’éloigne, se marie, a rive en Egypte, il est re- L’un est rétabli dans sa
étoiles, le soleil et la lune trois enfants. L’aîné épouse mis entre les mains de fonction tandis que l’autre
qui s’inclinent devant la une dénommée Thamar P u t i p h a r, u n m i n i s t r e est exécuté, comme Yossef
sienne. Yossef se projette et meurt prématurément de Pharaon. T rès vite, l’avait dit. Le jour va bien-
avec ses onze frères, son sans descendant. Le frère Yossef se distingue dans tôt contrarier la nuit.  n
père et sa mère.
Yaacov tente d’apaiser l’at-
mosphère en sommant Yos-
sef de se rendre auprès de
ses frères qui font paître
le bétail familial à Sichem.
Malgré les tensions, Yos-
sef accepte et se met en
route. Non sans difficultés,
il trouve enfin ses frères,
qui avaient changé de des-
tination. A son arrivée, ses
frères lui arrachent la tu-
nique que Yaacov lui avait
confectionnée, le jettent
dans un puits, puis dé-
cident de le vendre en es-

parole de sagesse
Jouons à la toupie
La toupie représente notre passé, notre présent
et notre avenir.
« Tes enfants seront comme les étoiles du ciel », promit Dieu
à Avraham. Tout comme les étoiles tournent
continuellement, de même le peuple juif « tourne » depuis
des milliers d’années : souvent, comme la toupie, il a semblé
tomber mais Dieu l’a relevé et fait tourner à nouveau – alors
que des empires, bien plus puissants, se sont effondrés
définitivement. « Men dreid sich » : cette expression en
yiddish signifie : « On continue de tourner » c’est-à-dire :
on continue de vivre, tout va bien ! C’est Dieu qui nous fait
tourner : jusqu’à la venue de Machia’h, le Messie.
La valeur numérique des quatre lettres hébraïques figurant
sur la toupie est de 358 : l’équivalent de la valeur numérique
de Machia’h ! La délivrance finale viendra, elle aussi,
d’un geste de la Main de Dieu !

 Feiga Lubecki (d’après Sima Achkenazi)
 31 N° 1579 - 10 décembre 2020
Le commentaire
de la semaine
Par Yona Ghertman
Rabbin de Cagnes-sur-Mer
L’hypersensibilité des enfants
dans leur rapport à la famille
O
r Israël préférait Yossef à ses autres enfants
car il était le fils de sa vieillesse ; et il lui
avait fait une tunique à rayures. Ses frères,
voyant que leur père l'aimait de préférence à eux,
le prirent en haine et ne purent se résoudre à lui
parler amicalement (Genèse 37, 3-4).
L’épisode de la vente de Yossef interpelle. Comment
les fils de Yaacov (Israël) ont-ils pu s’en prendre à
leur frère ? Les Sages du Talmud apportent une
clef de lecture :
« On ne doit pas accorder de préférence à un enfant
par rapport aux autres. En effet, à cause d’un tissu
de laine (…) que confectionna Yaacov pour Yossef,
et non pour ses autres fils, ses frères le prirent en
haine, ce qui entraîna la descente de nos ancêtres
en Egypte » (Chabbat 10b).
Selon cette perspective, c’est l’attitude de Yaacov
qui provoque la première brèche entre les frères.
La succession des événements est la conséquence
d’une préférence marquée. Depuis le plus jeune
âge, les enfants de la fratrie sont en rivalité. Cha-
cun recherche l’amour de ses parents. La moindre
différence de traitement peut provoquer une explo-
sion dans la maison.
Cependant, il y a en l’espèce des explications au
geste du patriarche vis-à-vis de son fils, Yaacov et
Yossef sont profondément liés. Yossef est l’enfant
de sa femme bien-aimée, et maintenant disparue :
Ra’hel. Il y a également une affinité intellectuelle
entre eux. Les circonstances de la vie font que le
père et le fils se ressemblent (cf. Rachi sur Genèse
37, 3).
Le propos du Talmud n’est donc pas de stigmati-
ser Yaacov, mais d’avertir sur l’hypersensibilité des
enfants lorsque les marques d’amour des parents
sont en jeu.
Par ailleurs, on pense à la guerre fratricide entre
le patriarche et son frère, Essav. L’origine de cette
tension n’est-elle pas un sentiment d’injustice
au sein de la famille ? Rikva était plus proche de
Yaacov. Itz’hak était plus proche d’Essav. Lorsque
le fils s’aperçoit que son cher père transmet sa bé-
nédiction à son frère, il en hurle de désespoir. La
plus grande rivalité de l’histoire juive naît de la sen-
sibilité blessée d’un fils, se sentant lésé par rapport
à son frère.
Enfin, la mention de « la descente de nos ancêtres
en Egypte » accentue l’effet dramatique. Certes, sur
le plan de la providence divine, l’exil en Egypte est
une pièce indispensable dans la formation du fu-
tur peuple d’Israël. Toutefois, d’un point de vue
strictement humain, nos maîtres nous sensibilisent
à notre délicate – et magnifique – mission : être
parents. 
Paris
VENDREDI 11 ET SAMEDI 12 DÉCEMBRE
Chabbat Début 16h35
Vayéchev Fin 17h48
LE VERSET DE LA SEMAINE
Par le Rav Shaul David Botschko
Directeur de la Yeshiva Ekhal Eliyahou (Koh’av Yaacov)
Le Trait d’union
La parachat Beréchit nous a énoncé la mitsva
de mettre des enfants au monde (I, 28) :
« fructifiez et multipliez ».
La paracha de cette semaine nous présente les
personnages de ‘Er et de Onan, fils de Yehouda,
sanctionnés pour avoir voulu annuler cette mitsva.
Dans le cas de Onan, le texte de la Torah est
explicite (Genèse XXXVIII, 9) :
« Onan, sachant que la semence ne serait pas
sienne, lorsqu’il s’approchait de la femme de son
frère il la détruisait [en la versant] à terre pour ne
pas donner semence à son frère ».
Il était marié à Tamar, non par choix mais parce
qu’elle avait été l’épouse de ‘Er et lorsque celui-ci
est mort, il a dû l’épouser. Il ne tient pas à ce que
ses enfants viennent d’une femme choisie par son
frère et il faisait couler sa semence à terre pour
ne pas donner une descendance à son frère. Les
enfants qu’il aurait eus de Tamar auraient en
quelque sorte appartenu à ‘Er qui aurait ainsi
continué à vivre parce que son frère a fondé une
famille avec la femme que le défunt avait choisie.
Selon nos Sages, cette conduite avait aussi été
celle de ‘Er lui-même qui ne voulait pas qu’une
grossesse déforme la beauté de Tamar.
La Torah considère cette faute comme gravissime
et nous dévoile qu’elle est sanctionnée par la mort
GÉOPOLITIQUE DE LA HAFTARA VAYÉCHEV
Le pacte de vie
Par Chemouel Ben Yéhouda Halévy
La haftara Vayéchev est un passage du chapitre
deux du livre du prophète AMOS. Troisième des
12 petits prophètes, appelés de cette manière
en raison de la brièveté de leurs écrits, Amos
est originaire de Tékoa situé au sud de Jérusa-
lem. Berger, il possède un grand troupeau et vit
à l’époque où le roi Osias régnait sur Judas et
le roi Jéroboam II sur le royaume d’Israël, soit
vers -750 avant notre ère. Son livre comporte 9
chapitres dans lesquels il met en garde contre les
transgressions à la loi et demande aux enfants
d'Israël de se repentir. Il prophétise la chute d’Is-
raël en -722 et la destruction par l’ennemi de
nombreuses années avant l’invasion assyrienne
n et la chute du premier Temple à Jérusalem dé-
judaïsme
Marseille
VENDREDI 11 ET SAMEDI 12 DÉCEMBRE
Début 16h44
Fin 17h51
des coupables ; comme si le Créateur nous disait :
ceux qui ne veulent pas donner la vie ne méritent
pas de vivre.
Cette faute tient au fait que ni ‘Er ni Onan
ne voulaient avoir des enfants. Mais un couple
ayant déjà des enfants ne commet aucune faute
en pratiquant le contrôle des naissances. Selon la
Torah, la mitsva est accomplie avec un garçon et
une fille et selon les Sages autant que possible,
mais selon les moyens (Choul‘han ‘Aroukh, Even
ha-‘Ezer I, 8).
« Selon les moyens » est un principe qui n’a
pas de règles définies. Il s’agit de quelque chose
de très personnel, appartenant au monde intime
du couple. Nul étranger ne peut s’immiscer dans
ses motivations. Il n’est rien de plus personnel
que de mettre des enfants au monde bien qu’il ne
soit rien non plus qui soit plus directement lié à
la continuité de la nation, constituant l’ensemble
des familles.
L’avenir d’Israël dépend de la volonté de chaque
famille de veiller à sa propre perpétuation et en
même temps à celle du peuple.
Cette mitsva forme donc un trait d’union
entre les particuliers et la collectivité. Elle
formule du même coup la responsabilité de
chacun à l’égard de soi-même et de la collectivité
tout entière. n
truit en -586 avant notre ère, mais il dit aussi
qu’Israël sera rappelé dans son pays.
Le lien avec la sidra est assez évident car Amos
stigmatise le fait de vendre un juste pour de
l’argent, ce qui fut le cas de la vente de Yossef le
tsadik par ses frères d’une part et d’autre part la
sidra décrit les événements avant l’exil en Egypte,
et Amos dans la haftara avertit qu’un nouvel exil
va survenir. Amos demande aussi que les pro-
phéties soient prises au sérieux et qu’on ne se
conduise pas comme les frères de Yossef qui n’ont
pas pris en compte les rêves inspirés de Yossef
,pensant qu’il ne voulait que les dominer. Amos
rappelle aussi qu’un juge qui se laisse corrompre
par de l’argent commet une grande faute.  n
communauté N° 1579 - 10 décembre 2020
32

Lumière pour tous

Les aumôniers israélites mobilisés

dans les hôpitaux et les prisons
En dépit du contexte sanitaire, les aumôniers israélites agissent sans relâche
pour permettre à chacun de fêter ‘Hanouka le plus dignement possible.

«
C
omme chaque année, l'Aumônerie générale
Israélite des hôpitaux de France se mobi-
lise pour qu’aucun juif ne soit oublié dans
la célébration de la fête des lumières. Pour qu’au-
cun de nos frères et sœurs ne reste dans l’ombre
et l’obscurité », plaide avec force le rabbin Mikaël
Journo, aumônier général israélite des hôpitaux
de France. Malgré la crise sanitaire, les actions
prévues pour ces fêtes de ‘Hanouka ne manquent
pas : distribution massive de colis contenant des
'hanoukiot et des cadeaux pour les enfants ma-
lades, allumage des bougies dans des pièces dé-
diées dans certains établissements hospitaliers,
visites personnalisées dans les chambres....
Reste que la pandémie a naturellement restreint
certaines activités, comme la tenue habituelle
d’une fête pour les enfants sur site. « Nous al-
lons malgré tout faire venir des mascottes et des
clowns. Plus que jamais cette année où tous les
regards se tournent vers le milieu hospitalier, nous
devons apporter aux malades de la joie, du sourire,
de l’écoute et de l’espoir ».
Agir sur le terrain, un credo auquel s’attelle éga-
lement au quotidien l'Aumônerie israélite des
prisons. « La loi nous autorise à déposer un kit
spécial de 'Hanouka permettant aux détenus juifs
d’accomplir la mitsva de l’allumage », souligne son
responsable national, le rabbin Alain Senior, qui
tient à saluer « le remarquable travail effectué par
Philippe Chelly », en charge de l’Ile-de-France.
Covid oblige, la mission des aumôniers des pri-
sons a tourné par moment au ralenti. « En pé-
riode de strict confinement, il nous était interdit de
rendre visite aux détenus. Heureusement, nous
pouvions garder le lien par téléphone », précise
Alain Senior, obligé de s’adapter en fonction des
annonces gouvernementales. A ‘Hanouka, une dé-
légation du Consistoire devait se déplacer le 16 dé-
cembre à la maison d’arrêt de la Santé à Paris dans
le cadre d’un allumage officiel, dans une salle de
l’établissement pénitentiaire. « C’est un rendez-vous
annuel important. Notre mission est d’offrir à nos
coreligionnaires détenus un soutien, un accompa-
gnement et une écoute » . Jonathan Nahmany Les rabbins Mikaël Journo et Olivier Kaufmann

Développement

Bientôt un nouveau
Centre communautaire à Levallois
La communauté de Levallois est en train de faire construire un nouveau centre communautaire de 2 200 mètres
carrés, à l’angle des rues Baudin et Danton, pour accueillir une population juive toujours plus nombreuse.

A
llons, on ne rêve plus, c’est la
dernière tranche de travaux
qui démarre et, d’ici un an, il
y aura tout : une salle polyvalente,
une synagogue, une salle des fêtes,
un kollel, des cours de Torah pour
tous niveaux, une cafétéria, des
salles d’activité pour la jeunesse, un
mikvé… « Les cours et les activités
fonctionnent bien, mais nous nous
sentons trop à l’étroit. Nous serons
plus à l’aise dans des locaux plus
spacieux, confortables et chaleureux.
Dans un avenir proche, j’espère, nous
recommencerons à nous rassembler,
nous rencontrer et à prier ensemble
sans se compter. Nous avons besoin
d’un lieu plus adapté pour cela », ex-
plique Samy Sultan, le président de
la communauté juive de Levallois.
Tous les espoirs sont permis avec
l’appel aux dons organisé sur la
plateforme collaborative Charidy
(charidy.com/ccl) pour encore
quelques semaines. La communau-
té le mérite, surtout qu’elle a déjà
réussi à financer et concrétiser les
premières tranches de travaux.
« De nombreuses infrastructures
rendent la vie juive plus facile dans
la ville, se réjouit Samy Sultan. Des
supermarchés, des boulangeries-pâ-
tisseries, des restaurants mais aussi
des écoles, des centres d’études avec
Kollel, un Beth Habad, des mouve-
ments de jeunesse, un centre aéré,
des cours de pensée juive pour tous,
un Mikvé et bientôt un deuxième,
construit pour convenir à tous les
courants du judaïsme, sur le modèle
d’un spa pour favoriser la détente et
la joie de la Mitsva ».
Levallois est une ville paisible,
propre, sécurisée, « bien administrée
avec une bonne entente entre tous les
cultes, en continuité avec la gestion
de l’ancien maire, estime le respon-
sable. Les membres de la communau-
té vont du plus pratiquant au moins
traditionnaliste, les origines sont di-
verses et ce pluralisme se vit dans
une cohésion sympathique ».
« Ensemble construisons l’avenir » :
voilà un slogan qui encourage tous
les espoirs. C’est celui de la cam-
pagne Charidy soutenue par une
équipe mobilisée et dévouée.
 Feiga Lubecki
 33 N° 1579 - 10 décembre 2020 communauté
Atelier pédagogique
Cérémonie à la Victoire,
Le miracle avant l’Alyah du couple Bernheim
de l’huile d’olive U ne digne et chaleureuse cérémonie a ren-
du hommage au grand rabbin Gilles Bern-
heim et à son épouse Joëlle, psychanalyste
et fondatrice du Beit Midrach Lenachim, le
Grâce aux ateliers de Tsivot Hachem, petits et grands dimanche 6 décembre, à la grande synagogue
apprennent à presser l’huile d’olive et à allumer avec celle- de la Victoire, à quelques semaines de leur
ci la ‘Hanoukia, comme au temps du Beth Hamikdach. installation à Jérusalem.
Suivie en direct par plusieurs centaines

M
ouvement international de
jeunesse juive fondé à l’ini-
tiative du Rabbi de Lou-
bavitch il y a quarante ans, Tsivot
Hachem organise tout au long de
l’année des activités afin « de rendre le
judaïsme attrayant, ludique et concret
», explique son responsable en France,
Chalom Assouline.
Pour chaque fête du calendrier juif,
un atelier est organisé. Celui de la
fabrication des matzot avant Pessah,
celui de la fabrication d’un choffar
pour les fêtes de Roch Hachana et
Kippour et celui de la fabrication de
l’huile d’olive pour ‘Hanouka. Des
activités que les participants, tant
les enfants que les plus grands,
accomplissent toujours avec joie et
émerveillement.
Cela fait maintenant une dizaine
d’années que Moshé Amram sil-
lonne les écoles juives, primaires et
maternelles et les Talmudei-Torah
de Paris et de la région parisienne
avec ses olives, pressoirs et autres
machines. Et d’expliquer comment de personnes sur les réseaux sociaux, la
l’on fabrique l’huile d’olive. « Contrai- cérémonie a donné lieu à de nombreux témoi-
rement à ce que beaucoup de gens gnages de reconnaissance de leurs amis et porte à tant de femmes jusque-là craintives
croient, l’huile ne se trouve ni dans compagnons de route soulignant à quel point de se confronter aux textes.
la peau ni dans la chaire de l’olive ils ont marqué le judaïsme français par leurs Le président de la Victoire Jacques Canet et
mais dans le noyau. On concasse engagements pour l’étude et la transmission le rabbin Moshé Sebbag ainsi que l’ensei-
donc les olives puis on les passe des valeurs juives. gnante Rosine Cohen et l’ancien directeur de
dans les pressoirs. Le jus récolté est
Organisée et dirigée par leur fils Elya Bern- l’Alliance israélite universelle Raphy Marciano,
ensuite versé dans une centrifugeuse
qui va séparer l’huile des résidus »,
heim, la cérémonie était ponctuée de mo- ont, quant à eux, partagé des souvenirs per-
explique Moshé Amram. ments musicaux du répertoire traditionnel sonnels et témoigné d’une profonde affection
Un processus tout à fait fidèle à celui juif et classique. Le grand rabbin de France pour ce couple « original », convaincu de la
du Beth Hamikdach. Ainsi est-il en Haïm Korsia a remis à Joëlle Bernheim le titre transformation possible du monde par l’étude
effet écrit dans le chapitre 24, verset de « Yekirat Hakeila » pour l’exemplarité de et l’action. Nous reviendrons sur cette infor-
2 de Vayikra (Lévitique) : « Ordonne son action dans le développement de l’étude mation dans une prochaine édition.  n
aux enfants d'Israël de te choisir une juive au féminin dont la MEJAF a ouvert la  Yaël Scemama
huile pure d'olives concassées, pour le
luminaire, afin d'alimenter les lampes
en permanence ». Le kilo d’olives uti-
lisé pour l’activité permet de récolter
suffisamment d’huile pour procéder
à l’allumage d’une petite ‘Hanoukia.
Là encore, la magie opère. Et les
enfants, ravis, repartent chacun avec
leur petite fiole d’huile à la main.
 Laëtitia Enriquez

Moshé Amran se rend dans les établissements scolaires pour initier

les enfants au miracle de la fiole d'huile.
communauté N° 1579 - 10 décembre 2020
34

Interview

Esther Galam : « Nos ateliers créatifs

permettent de lâcher prise »
Optimiser son énergie en développant son imagination, c’est ce que propose l’art-thérapeute Esther
Galam, diplômée des Arts Déco de Paris et des Beaux-Arts de Jérusalem, dans ses ateliers Créaviv.
La prochaine séance aura lieu le 22 décembre sur Zoom avec des femmes françaises et israéliennes.
« Chaque jour, il faut du quotidien et de chercher en ses émotions de peur et de les voulant aller vers l’extérieur. Même
danser, ne fût-ce que par la soi les parties sensibles de son transformer en énergie créative. en Zoom, nous ne sommes jamais
pensée », disait rabbi Nahman de imaginaire. plus de huit personnes. Chacune
Braslav. Est-ce votre approche en Comment se passe un atelier « Créa- dispose de son matériel et fait des
tant qu’art-thérapeute ? La période a-t-elle vu bondir la viv » et d’ailleurs, pourquoi ce nom ? propositions créatives en y allant
Esther Galam : Cette phrase me fréquentation à vos ateliers ? E.G. : C’est un nom identitaire de son intuition. Le 22 décembre,
va très bien ! Elle est au cœur E.G. : Oui. Je perçois un fort qui correspond à la créativité, ma joie est immense de réunir des
de ma pratique puisque je pro- niveau d’anxiété, d’inquiétude et à l’hébreu et à Tel Aviv. Je suis femmes françaises et israéliennes
pose, en individuel ou en collectif, de déséquilibre, en particulier des intimement reliée à cette ville où qui feront l’atelier en même temps.
des espaces d’expression par la trentenaires, auquel s’ajoutent j’anime des ateliers pour femmes. Nous ouvrirons les portes de 2021
danse créative, les arts plastiques des difficultés financières très En ce moment, nous travaillons avec confiance... 
et l’écriture. Il s’agit d’entrer en concrètes qui suscitent chez cer- sur le mandala. Sa forme circulaire Propos recueillis par
contact avec ses espaces poé- tains des états dépressifs et du avec un centre et une circonférence Yaël Scemama
tiques intérieurs dans un cadre mal-être nécessitant un accom- me paraît symbolique de la période
bienveillant et accueillant. L’ob- pagnement individuel ou collectif. que nous traversons, à savoir d’être Renseignements : 06.62.54.09.78.
jectif étant à la fois de se délester C’est très important d’accueillir reliés à notre intériorité tout en E-mail : horscadre2002@hotmail.com
 35 N° 1579 - 10 décembre 2020
Page réalisée par Eve Boccara
Des petites histoires
qui font la grande
I
ls sont déjà 500…. 500
hommes et femmes venus sur
le plateau de Radio Qualita
raconter leur histoire d’Alyah, ce
grand saut dans le vide, les ga-
lères, les bonheurs et, surtout «
ce sentiment étrange d’être en-
Alyah
fin arrivés à la maison ». Alyah
story est sans conteste l’une des
émissions phares de la radio basée
à Jérusalem... Des francophones
de toutes origines, de tous mi-
lieux socio-professionnels, de tout
l’échiquier politique… des rabbins,
communauté
des musiciens, des entrepreneurs,
des enfants y racontent chaque se-
maine, depuis plus de trois ans,
cette sensation commune, cet
aboutissement. Un voyage iné-
luctable. « Pour chaque génération
d’alyah francophone, on constate
que des éléments déclencheurs
agissent comme des électrochocs »,
analyse Cathy Choukroun, jour-
naliste. « Il y a toujours une petite
histoire dans la grande. Un chemin
parfois très long qui, tout à coup,
pour une raison inattendue, abou-
tit ». Les traumatismes de l’affaire
Fofana, ou les attentats de Charlie
Hebdo, le décès d’un proche, des
remarques antisémites, quelque
chose qui va, finalement, libé-
rer d’une certaine schizophrénie
du juif « en privé », et du français
« en public ». « Présenter cette émis-
sion est une chance incroyable.
Elle permet des rencontres qu’on
n’aurait jamais eues, offre des té-
moignages qu’on n’aurait jamais
entendus. Il n’y a pas UN profil de
juif français qui fait son alyah… Il
y en a mille. Pour autant, quelque
chose les lie, c’est indéniable »..
« Grâce à Alyah story, à ces 500
témoignages et histoires, Radio
Qualita raconte une certaine his-
toire de France… Mais on parle
aussi d’Israël. C’est un travail
magnifique de mettre en valeur
ces potentiels et de montrer ce que
les juifs de France ont apporté en
venant s’installer ici », reprend la
productrice de l’émission Eliana
Gurfinkiel. Qui n’en a pas encore
fini avec les olim….  n et femmes pourraient danser séparer. Parce
Appli : Studio Qualita
www.studioqualita.com
Dj Mike Moharan
Une vie de sons
et de lumière
« Le processus de Téchouva est quelque chose
qui se construit lentement et on peut mettre du
temps à l’admettre, surtout quand on est dans
un milieu comme le mien ». Le sien, c’était la
musique électronique, son avenir, un contrat
énorme chez Virgin, son quotidien, les nuits de
Miami, Chicago ou Ibiza, et ses copains David
Guetta, Bob Sinclar, Martin Solveig … Après une
soirée de 24h, qui déborde sur Kippour, tout
bascule pour lui. « Le cheminement avait été long
mais comme un vrai intégriste, j’ai tout arrêté
d’un coup », sourit cet homme vif, barbe déjà un
peu grise, papillotes aux épaules, et large kippa
blanche des Breslev sur la tête. Enfin, pas tout
à fait tout… Docteur Jekyll le matin, où il se met
à étudier à la yeshiva de la rue Pavée à Paris, il
reste Mister Hyde le soir, où il continue de jouer
dans le monde entier… « sauf Chabbat ».
Il découvre les Breslev et Rabbi Nahman et réalise
que « le judaïsme ne peut se vivre pleinement
qu’en Israël ». En 2010, il saute le pas, avec
déjà trois enfants... Quatre autres viendront.
Reconverti en partie dans la téléphonie et les
télécom, puisqu’il a monté avec Lirone Chimoni et
Ruben Braka une structure wholesale d’Annatel  :
Annatel Airtime, il continue néanmoins à se
produire. Sur Facebook, il réunit tous les quinze
jours des dizaines de milliers de personnes pour
des samples de musique deep et ‘hassidique.
Et, si les clubs de Tel Aviv lui font du pied, il
préfère réfléchir à l’organisation de grandes
soirées dans le désert, dans lesquelles hommes
qu’en Israël plus qu’ailleurs, tous les mix sont
possibles.
mémoire N° 1579 - 10 décembre 2020
36
Page réalisée par Claude Bochurberg

Hommage

Azar Tordjman, ce chamach

chaleureux qui nous manquera
La communauté de la place des Vosges, sous l’autorité de son grand rabbin Olivier Kaufmann et de son président
Patrick Chlewicki, est en deuil après la disparition de son chamach, Azar Tordjman.

N
é en 1941, à Colomb Béchar,
en Algérie française, père de
deux enfants, Azar Tordj-
man nous a quittés le 29 novembre
des suites du Covid-19. Il laisse le
souvenir d’un homme chaleureux,
toujours disponible, qui avait su
créer un lien de confiance amicale
avec les fidèles et les enfants du
Talmud-Torah qui l’appréciaient
infiniment.
Ancien sous-officier dans l’armée
de l’Air, puis ex agent technique en
électronique, Azar exerçait la fonc-
tion de chamach depuis 1999 à la
synagogue de la place des Vosges.
À partir de 1963, elle regroupa, au-
tour de Charles Liché, rabbin des
Déportés de France, les rescapés
ALAIN AZRIA
redingote noire et coiffé de son cé-
lèbre bicorne, accueillait chacun
avec empathie et ne comptait pas
son temps quand on le réclamait
aussi à Nazareth, Chasseloup-Lau-
bat, Vauquelin, aux Tournelles ou
à la Victoire, en participant à des
offices en hommage aux soldats
morts pour la France ou en mémoire
des victimes de la Shoah.
Il était toujours là, respectueux
et dévoué, donnant le meilleur de
lui-même pour aider quiconque
en lui facilitant le suivi liturgique.
Ses états de service au sein du
judaïsme français furent exem-
plaires. Animé d’un profond sens
du devoir, il caressait le rêve de se
voir attribuer le mérite national,
C’est ainsi qu’en 2018, pour répondre
à son attente, un courrier muni de
son dossier était adressé au ministre
de l’Intérieur, ministre des cultes,
avec l’espoir que son cas puisse rete-
nir l’attention afin que lui soient dé-
cernés, à juste titre, ces insignes qu’il
espérait tant. Rien n’est venu. Azar
s’en est allé, sans que son rêve ne se
réalise. Il méritait pourtant d’être ho-
noré du temps de son vivant, lui qui
officiait de tout cœur avec altruisme
et rigueur pour le bien des fidèles…
Mercredi 2 décembre, après une
halte du convoi funéraire devant
le 14 place des Vosges et une haie
d'honneur des EI, son inhumation,
conduite par le grand rabbin Olivier
Kaufmann, s’est déroulée au cime-

de la Shoah tels que Milo Adoner ainsi qu’il me le confia à plusieurs tière de Pantin. n
(zal). Azar Tordjman, drapé dans sa reprises.

Éducation

Un nouveau lieu de mémoire

en gare de Pithiviers
de mémoire dans l’ancienne gare de Pithiviers dont la
première pierre sera posée au printemps 2021, dans
la foulée des accords de partenariat conclus en 2017
entre le Mémorial, représenté par son directeur Jacques
Fredj, et la SNCF.
Doté d’une surface de 400 mètres carrés, ce centre
à vocation pédagogique hébergera une exposition
DR

permanente consacrée à l’internement des juifs et

leur déportation. Entre 1941 et 1943, ce sont en effet
16 000 Juifs, dont plus de 4 000 enfants, qui furent
internés dans les camps de Pithiviers et de Beaune-
Zakhor
Cet adolescent, que l’on voit sur
la-Rolande.
cette photo, extraite du Mémorial
Dans ces deux gares arrivèrent les victimes des rafles,
des Enfants juifs Déportés
ou celles qui furent conduites à Drancy avant la
destination d’Auschwitz. Depuis la gare de Pithiviers, ce
de France de Serge Klarsfeld,
DR

furent six convois qui s’ébranlèrent pour les abattoirs s’appelait Jean Finkelstein et

L
’historien Olivier Lalieu, auteur d’ouvrages de nazis, faisant de cet endroit au cœur de la France était né le 9 décembre 1930, à
référence dont La résistance Française à Buchenwald profonde, un haut-lieu symbolique de la mise en œuvre Paris. Sa sœur Lucienne était née
chez Taillandier et membre de la commission de la Solution Finale. le 27 novembre 1936. Tous deux
« Mémoire et Transmission » à la FMS, est responsable A proximité des traces de l’ancien camp de Pithiviers, ce habitaient rue Lesage dans le XXe
de l’aménagement des lieux de mémoire et des projets lieu de mémoire sera animé par les équipes du Mémorial arrondissement et furent déportés
externes du Mémorial de la Shoah. de la Shoah en symbiose avec le Cercil-Musée Mémorial à Auschwitz, le 17août 1942, par le
Le 2 décembre, il était reçu à l’émission Mémoire et des Enfants du Vel d’Hiv, rattaché au Mémorial depuis convoi 20. 
Vigilance sur Radio Chalom pour évoquer le futur lieu 2018.  n
 37 N° 1579 - 10 décembre 2020
Aux origines de la presse
juive en France
Une exploration en cinq épisodes qui commence avec la Révolution
française et s’interrompt à la veille de la Première Guerre mondiale.
1870 : un journal hébraïque dans Paris assiégé
Dans Paris assiégé par l’armée prus-
sienne en 1870, ont continué de paraître
plusieurs numéros d’un hebdomadaire
en langue hébraïque. L’aventure avait
commencé en 1864 avec l’arrivée dans
la capitale française de Yehiel Bril, fon-
dateur, l’année précédente, du premier
journal hébraïque publié en Eretz Israël,
Halevanon.
Âgé de 30 ans, ce journaliste précur-
seur de la presse israélienne est un
orthodoxe, disciple du prestigieux
rabbin Malbim, et gendre de Joseph
Saphir, auteur alors aussi célèbre
d’un récit de voyage en Asie intitulé
Even Sapir. Son initiative de créer un
journal à Jérusalem s’est heurtée aux
lourdeurs de la censure ottomane et
aux querelles qui divisent une popu-
lation juive pourtant minuscule.
A Paris aussi existe la censure, mais
elle est plus légère. Il suffit qu’un
brocanteur juif français du nom de
Michel Edinger prête son nom, et les
autorisations sont obtenues assez
rapidement. Le 6 janvier 1865, pa-
raît le premier numéro d’un organe
qui deviendra hebdomadaire en
1867. Son titre, Halevanon, évoque
le Liban, dont les cèdres ont servi
à construire le Temple, cèdres qui,
à leur tour, évoquent la hauteur de
vue permettant de surplomber les
événements. Le titre est imprimé
DR
dans trois alphabets : l’hébreu, le la-
tin – où bientôt va s’ajouter la men-
tion « journal hébreu » – et aussi la
notre temps
DR
Par
Philippe Boukara
Historien
graphie arabe dans laquelle s’écri-
vait alors le turc.
Le journal est un véritable laboratoire
qui permet d’expérimenter une forme
moderne de communication mêlant
reportages exotiques dans les pays
lointains, suivis de l’actualité politique
internationale et de l’actualité locale
en Palestine, débats d’idées sur le
présent et l’avenir du judaïsme, ou en-
core faits divers, la presse française
alors en pleine expansion servant de
source d’inspiration. C’est l’époque
des premiers journaux hébraïques en
Europe centrale (Hamaggid, Hacarmel,
Hamelitz, Hatzefira) avec lesquels l’or-
gane parisien échange sur le mode
polémique.
Yehiel Bril déplore que seuls 7 rabbins
français sur 70 soient abonnés, alors
qu’il y a 10 abonnés non-juifs à Paris.
Après la défaite française face à l’ar-
mée prussienne, il est encore dans la
capitale pendant l’insurrection de la
Commune : son travail journalistique
interrompu, il se consacre à publier
un ouvrage sur… la dispute médiévale
autour des écrits de Maïmonide !
Il émigre finalement à Mayence, en
Allemagne, où son journal reparaît le
16 août 1871 avec un numéro conte-
nant un grand reportage sur la Com-
mune. Le journal y paraît jusqu’en
1882, puis reparaît à Londres en
1886, pour encore 12 livraisons. De
nombreux travaux, notamment ceux
de l’historien et journaliste Gideon
Kouts, ont été consacrés à cette ex-
périence novatrice.
Épisode 4
en régions
Les Journées de la Culture juive 2020
Toulouse
Dédiées aux femmes,
les journées de la Culture juive
se sont déroulées du 14 au 28
novembre et ont connu
un vif succès.
L
orsque le bureau d’Hébraica
de Toulouse a imaginé le pro-
gramme des Journées de la
culture, il avait encore l’espérance
d’un monde ouvert aux arts, à la
culture, aux artistes. Puis, tout s’est
refermé dans un silence polaire.
Qu’importe, elles auront lieu mal-
gré tout, transformées et centrées
sur la visioconférence. Et quelle
fierté pour la communauté juive de
Toulouse de voir les affiches du fes-
Marseille
D
ésormais rattaché au Musée
d’Histoire de Marseille, le Mé-
morial des déportations jouxte
le Musée des civilisations de l’Europe et
de la Méditerranée (Mucem). Le projet a
pour vocation de s’intéresser aux poli-
tiques de déportations mises en œuvre
à Marseille et sa région, plus particuliè-
rement entre 1942 et 1945. Un travail
historique en profondeur pour appré-
hender les engrenages qui mènent à
l’irréparable. Le Mémorial est installé
dans un ancien bunker construit par
les Allemands, lors de l’occupation de
la ville – tout un symbole. Ce lieu de
transmission de la mémoire fut inau-
guré le 27 avril 1995 par l’ancien maire
de la cité phocéenne, Robert Vigou-
roux. Sa fermeture pendant sept ans
avait mobilisé les Marseillais, dont
d’anciens déportés, des élus et des res-
ponsables communautaires.
N° 1579 - 10 décembre 2020
38
tival, exposées jour et nuit dans la
cité, le seul festival culturel encore
en vie en ces temps morbides. Et
quel bonheur que de voir un public
élargi au niveau national et même
international.
Quel bonheur d’assister ainsi, lors
de la table ronde, à des paroles de
femmes, réelles et affirmées, comme
Hélène Berr ou Louise Pikosvki, res-
suscitées et mises à l’honneur par
Stéphanie Trouillard, ou encore les
résistantes juives trop méconnues
de notre région. Nous avons pu ainsi
juger de la richesse et de l’apport ir-
remplaçable des femmes, non seule-
ment dans la société, mais aussi au
sein du judaïsme dans sa diversité.
L’historienne Elerika Leroy a ainsi
rappelé les grandes figures fémi-
DR
nines de la Résistance juive toulou-
saine, en particulier Ariane Fixman, dente du Crif Toulouse et élue à la tances plutôt apaisées de notre
dite Régine, fille de Scriabine, nièce mairie, la femme du rabbin, Tsipo- époque comme dans les conditions
de Molotov, qui a suivi par amour rah Naïm, Léa Birnbaum, violoncel- historiques les plus violentes. Nous
le poète sioniste et résistant David liste au Capitole, Nelly Lebahr, élue avons pu aussi tenter de repérer
Knout. L’autre point fort fut la table au consistoire de Toulouse et Karine les éléments spécifiquement juifs
ronde, Femme et Juive au XXIe. Par- Hurstel, chanteuse et journaliste. de la féminité : entre autres, la
faitement menée par l’auteure Ka- Être femme et juive se révèle comme conscience d’une responsabilité col-
rine Satragno, elle a laissé entendre un combat, mais un combat natu- lective, le don de soi, la nécessaire
des voix aussi différentes que celles rel, accompli avec grâce et déter- transmission de valeurs morales et
de Nicole Yardeni, ancienne prési- mination, et ce, dans les circons- religieuses. 

  Maurice Lugassy
Le Mémorial des déportations
rénové et revalorisé
Après plus de sept ans de fermeture et sa réouverture l’année dernière, le Mémorial des
déportations, anciennement Mémorial des camps de la mort, s’enracine dans la cité au profit de
tous, pour mieux comprendre la douloureuse période des rafles dans la ville.
Aujourd’hui, le Musée d’Histoire, ga-
rant du lieu, a pris les dispositions
pour s’inscrire dans un réseau mé-
moriel avec le Camp des Milles ou le
camp de Rivesaltes. Sur trois étages,
dans ce béton froid et sombre, le
Mémorial des déportations propose
un parcours gratuit, du mardi au
vendredi, sur les traces des Marseil-
lais, victimes de la folie nazie, avec
photos, vidéos, portraits de déportés
choisis par des historiens et un mur
des noms sur lequel figurent 4 106
déportés de Marseille. D’autres volets
de cette immersion dans l’indicible
sont l’accueil, dans un espace dédié
à cet effet, d’expositions temporaires
d’artistes sculpteurs, peintres ou
réalisateurs. Le programme s’enri-
chit chaque année par de nouveaux
contenus sur cette triste période de
DR
Le Mémorial des déportations de Marseille. l’histoire de France.  Gilbert Gabbay
 39 N° 1579 - 10 décembre 2020
LYON
A Présidente : Lucile Astel
près 19 ans de présidence,
Marcel Dreyfus, qui a
notamment orchestré
les travaux de rénovation de la
synagogue, a tiré sa révérence.
Devenu « président par hasard »,
Isaac Rimok évoque avec bonheur
sa nouvelle vie au service de « sa
communauté ». Né à Fès en 1954,
le nouveau président a grandi
au Maroc avant de s’installer au
Canada. Fin des années 80, il arrive
à Lyon où ses parents tiennent une
boucherie cacher réputée « où se
retrouvaient toutes les communautés
et qui étaient des annexes des
conseils d’administration. C’est
dans cet univers que j’ai baigné »,
explique-t-il. Marié avec Rachel,
père de 3 enfants et jeune grand-
père de 3 petits-enfants, il souligne
les nombreux défis de la synagogue.
La synagogue ayant longtemps
été le siège du Consistoire, elle
dispose de très anciennes archives
depuis sa création au XIXe siècle.
Tous les mariages, les événements
lyo n
L
’initiative de la Fraternité
d’Abraham et de la Société
bouddhiste, un grand dialogue
s’est initié entre plusieurs représen-
tants locaux des religions juive, mu-
sulmane, catholique et bouddhiste.
Pour le judaïsme, Ruth Ouazana a
évoqué l’histoire qu’elle a vécue en-
fant quand son ami de 7 ans n’a plus
souhaité lui parler « de peur d’attra-
per la maladie juive ». Cet électrochoc
juvénile l’a incitée sa vie durant à
déconstruire les préjugés tout en fai-
sant connaître le judaïsme. Renfor-
cer l’identité juive tout en allant vers
l’autre. Se connaître sans tomber
dans le communautarisme et créer
des liens, c’est ainsi qu’elle a créé Li-
moud en 2004 et Les Racines de de-
Une équipe
dynamique au travail
Avec l’élection d’Isaac Rimokh, une page se tourne
à la synagogue Tilsitt, la plus ancienne de Lyon.
familiaux et les comptes rendus des
anciens conseils d’administration
sont archivés, « un important travail
d’archivage, de classement et de
numérisation est à faire, afin de
préserver notre mémoire commune »,
précise le président. L’autre défi
majeur est de « redonner de la vie
communautaire à la synagogue ».
Une personne a été embauchée
récemment afin de proposer, dès
que ce sera possible, de nouvelles
activités communautaires. Par
ailleurs, des travaux de rénovation
sont à prévoir rapidement dans les
locaux attenant à la synagogue et
dans un des cimetières juifs que gère
la synagogue, « un des rares à part
entière en France ». Soutenu par
l’ancien président Marcel Dreyfus
- devenu président d’honneur - un
conseil d’administration en marche
et une équipe professionnelle, dont
le très dynamique rabbin Nissim
Malka, le nouveau président, Isaac
Rimok, ne manque pas de ressources
ni de projets. Ilan Levy
Dialogue
interreligieux en ligne
Concilier appartenance religieuse et devenir commun : débat
permanent et actuel suivi par près de 400 personnes à distance.
main, en 2017, à Lyon. Son combat
est celui de Hillel, se connaître pour
s’ouvrir au monde.
Chrystel Jenoudet est intervenue
pour le catholicisme invitant à mieux
connaître l’Autre, « son frère en
Humanité ».
Pour l’islam, Bruno Guiderdoni a
souhaité être pédagogue et expliquer
en régions
Isaac Rimokh
comment le Coran doit être interprété
et non lu littéralement. Le Coran doit
être compris dans son contexte, même
pour la situation des femmes qui était
un progrès pour l’époque.
« S’il existe un Dieu unique, il existe
plusieurs façons de l’appeler, le dia-
logue interreligieux est essentiel
et ne doit pas conduire à une syn-
thèse », indique-t-il. Représentant le
bouddhisme, Julien Rousset
invité « à la recherche du bonheur et
du bien-être de tous ». Très active à
Lyon, la Fraternité d’Abraham, bien
implantée notamment sur le quartier
de La Duchère, permet ces rencontres
à distance en forte demande dans un
monde replié et renfermé. 
 Ilan Lévy
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publication de la société
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Rédaction : Alexandre Adler, Esther Amar,
Christophe Barbier, Carol Binder,
Jean-Jacques Biton, rav Shaul David
Botschko, Jean-Yves Camus, Michaël
Darmon, Laëtitia Enriquez, Arthur Eskenazi,
Monic Feld, Gilbert Gabbay, André Kaspi,
Nathan Katz, Eric Keslassy, Ilan Levy,
Michèle Levy-Taïeb, Feiga Lubecki,
Guy Mintus, Jonathan Nahmany, Ranson,
Robert Sender, Nathalie Sosna-Ofir,
Pascale Zonszain
Ont également contribué
à ce numéro :
Eve Boccara, Frédéric Chaouat, Nicole
Cohen-Tadjouri, rabbin Yona Ghertman,
François Heilbronn, Simon Ironmount ,Ariel
DR
Kandel, Steve Nadjar, Nathalie Ohana,
Laurence Phitoussi, Daniel Toledano
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culture N° 1579 - 10 décembre 2020
40

GRAND ENTRETIEN

« Le plus grand sauvetage d’enfants juifs

a eu lieu à Vénissieux »
A l’époque des grandes rafles de l’été 1942, quelques personnes en réseau
parviennent à sauver les enfants juifs du camp de Vénissieux promis à une
mort prochaine. C’est ce récit qui a permis à l’historienne Valérie Portheret (1)
d’obtenir le Prix Seligmann contre le racisme.
Qu’éprouvez-vous après la réception de
ce prix Seligmann contre le racisme?
Valérie Portheret -Dans le contexte de
l’assassinat de Samuel Paty, j’ai trouvé qu’il
était très émouvant pour moi de recevoir
ce prix. Aborder le sujet du sauvetage des
enfants juifs peut apaiser car les sauveteurs
se sont unis et ont risqué leur vie malgré leurs
différences. J’aimerais que l’on parle de cet
événement majeur dans les écoles. Ce premier
prix littéraire que j’obtiens récompense une
œuvre historique méconnue qui transmet un
message contre le racisme, l’antisémitisme et la
xénophobie.
Que signifie pour vous : « Vous n’aurez pas les
enfants » ?
cet événement. Cette histoire, c’est aussi le
refus du cardinal Gerlier, primat des Gaules,
pourtant pétainiste, de donner les enfants.
C’est en 1942, alors que de très grandes
rafles ont lieu, que la population commence à
fortement s’en émouvoir. Le cardinal Gerlier
et l’abbé Glasberg, de l’Amitié Chrétienne,
organisent ce sauvetage incroyable de 108
enfants juifs, la nuit du 28 au 29 août 1942.
Ils ont fédéré et soutenu de nombreuses
associations juives et non juives pour sauver
des enfants. Cette opération coup-de-poing
sans arme a marqué l’Histoire.
Que deviennent les enfants après leur sauvetage ?
V.P : Les 108 enfants sont immédiatement

V. P : C’est le titre du tract distribué par la
Résistance, après le sauvetage des enfants
dans les rues de Lyon, au moment où le préfet
régional cherchait à remettre la main sur les
108 enfants exfiltrés du camp de Vénissieux.
ils sont Devenus
transférés à Lyon, dans un couvent de
carmélites, où les attendent les Eclaireurs
israélites, dans une immense pièce. En quelques
heures, ils sont confiés à des familles juives
originaires d’Alsace, chez des rabbins… Ils sont
ensuite confiés et cachés dans des familles
non-juives quand la situation devient trop
dangereuse pour les Juifs de France. Cela évite
la terrible tragédie de la Maison d’enfants d’Izieu
où 44 enfants et leurs éducateurs sont arrêtés
et déportés.
DR
Quels sont vos projets à la suite de ce livre et de ce
prix ?
V.P : Mon livre a été écrit pour être adapté
au cinéma, c’est une écriture « en caméra
embarquée », un récit historique accessible
à tous, en particulier les plus jeunes. Avec
mon éditeur, nous travaillons à trouver
un producteur pour un film ou un série
qui pourrait faire connaître cette histoire

orphelins au moment où ils En avez-vous rencontrés ?

ont eu la vie sauve
C’est le récit du plus grand sauvetage collectif
d’enfants en France. Ce récit doit arriver jusqu’à
nous pour servir de modèle. On ne doit jamais
toucher aux enfants.
Comment avez-vous été amenée à travailler sur le
camp de Vénissieux ?
V.P : J’ai commencé mon enquête en
1992 pendant mon mémoire de maîtrise
d’histoire. Sans internet, j’ai fouillé au
Centre d’Histoire de la Résistance et de la
Déportation notamment, puis au Bureau
des Enfants cachés. C’est là que l’histoire a
commencé. Serge Klarsfeld avait déjà évoqué
emblématique de Vénissieux à l’international.
J’ai, par ailleurs, signé avec la production Grand
V.P : Depuis 1992, je les ai presque tous Angle Productions pour un documentaire. J’ai
rencontrés dans le monde entier, en France, aussi comme projet une adaptation en roman
en Israël, en Belgique, aux Etats-Unis et en graphique. Cette histoire doit être mieux connue
Angleterre. Je les ai écoutés et j’ai filmé leurs encore dans le monde entier.
témoignages, ainsi que les témoignages de Propos recueillis par
leurs enfants, des sauveteurs et des enfants Ilan Levy
des sauveteurs. Les plus âgés (12-17 ans)
se souvenaient très bien et ont raconté la
séparation avec leurs parents, le pire moment.
Pour les plus jeunes, c’est moi qui leur ai
donné l’information. Mais aucun ne connaissait
l’histoire, ils ne savaient pas que leurs parents
ont dû les confier afin qu’ils aient une chance de
survie. C’est dramatique de comprendre qu’ils
sont devenus orphelins au moment même où
ils ont eu la vie sauve. Heureusement la vie a
triomphé. Ce sauvetage a laissé une empreinte
forte et doit servir de modèle

Inuit,lsilssontsonts’organise
108 enfants juifs au camp de Vénissieux, près de Lyon,
condamnés avec leurs parents par les nazis. Une
le plus grand sauvetage d’enfants juifs d’un
et juives, ainsi qu’un incroyable réseau de soutien, ils sont
évacués du camp et sauvés. Valérie Portheret revient, dans
son remarquable livre, sur cette histoire extraordinaire où des
(1) Auteur de Vous
n’aurez pas les enfants,
Ed XO Document, 232p, 18,90€
camp en France. Grâce au travail d’associations catholiques parents, pour sauver leurs enfants, ont dû leur dire adieu.  I.Lé. Préface de Boris Cyrulnik et
Serge Klarsfeld
 41 N° 1579 - 10 décembre 2020 culture
Le coup de cœur d’Hélène Schoumann A voir ou revoir

Shalom haver ! Le confinement allégé permet de poursuivre le plaisir de la culture

de chez soi, mais aussi de sortir plus facilement pour découvrir
des événements en plein air. Profitons-en !  Robert Sender

Le 26 novembre 2013, Arik Einstein, Arte Netflix

le chanteur le plus populaire d’Israël,
s’est éteint. Sept années ont passé et son
souvenir est toujours intact. Quelques mots
encore pour ne l’oublier jamais…
DR
Un super cocktail Sophia Loren
E n replay, en ce moment, « Masel tov
cocktail » d’Arkadij Khaet et Mickey indémodable
Paatzsch, un étonnant et remarquable
L ’actrice de 86 ans réapparaît sur un

moyen-métrage qui raconte la vie d’un écran, certes modeste, mais après dix

J
’ai grandi avec Arik Eins-
tein, ce qui peut paraître pa-
radoxal pour une petite fille
bien rangée de la Diaspora dont les
grands-parents écoutaient encore
des chansons yiddish, en pensant à
ce monde englouti qu’ils ne reverront
plus jamais. Mon univers est alors
en noir et blanc. J’ai à peine neuf
ans et mon père, amoureux d’Israë,
rapporte un disque de son premier
voyage. On est en 1967, après la
guerre des Six Jours, le pays explose
et il est alors pour beaucoup de na-
tions un modèle – en raison de sa
jeunesse, de sa modernité.
Sur la couverture de cet album gris,
deux hommes se regardent, une fille
blonde est adossée à l’un d’eux : il est
écrit en violet The High Windows...
Bien sûr, c’est Arik Einstein et son
groupe, Shmulik Kraus et Josie Katz.
On le reconnaît à sa noire chevelure
et à ses traits fins, si fins, qu’il gar-
dera au fil des ans. Même si sa che-
beaux moments d’émotion. Cette
voix profonde, grave, unique, pleine
de soleil qui s’étire à l’infini et va se
glisser dans les plis de l’inconscient
collectif sera pour moi et des mil-
lions d’Israéliens celle de l’espoir et
des lendemains qui chantent... Arik
Einstein est la voix d’Israël et cette
tessiture presque mezzo détone de
ce physique de jeune homme qui ne
vieillit pas.
DR
jeune immigré russe en Allemagne
confronté à son identité juive. La mise
en scène prouve que l’on peut vraiment
attirer la jeunesse. « Cold war » de Pavel
Pawlikowski, l’auteur du mémorable
« Ida  », narre avec brio la romance
impossible pendant la guerre froide
d’un musicien polonais avec une jeune
chanteuse française. Enfin, «Fritz Bauer,
un héros allemand » de Lars Kraume,
brosse le portrait de ce procureur qui
instruisit le procès d’Auschwitz et
informa le Mossad de la présence du
dignitaire de la Solution finale, Adolf
Eichmann, en Argentine.  R.Se
DVD / Deux carrières légendaires
Stanley Kubrick
L a Warner y va fort en proposant un
coffret de 8 films DVD/Blu-Ray : Lo-
lita, Docteur Folamour, Barry Lindon,
ans d’absence au cours desquels elle nous
a beaucoup manqué. La légende du cinéma
incarne Madame Rosa dans une nouvelle
adaptation de « La vie devant soi » tirée de
l’ouvrage de Romain Gary, écrit sous le pseu-
donyme d’Émile Ajar. On se souvient en 1977
de la magnifique Simone Signoret dans le
film touchant de l’Israélien Moshe Mizrahi,
récemment disparu. Sophia Loren incarne,
devant une caméra transposée de Belleville
à Bari, avec, dans le rôle du réalisateur, son
fils Edoardo Ponti, l’ancienne prostituée res-
capée d’Auschwitz qui se lie d’affection avec
Momo, un gamin de la rue. Émouvant. 
R.Se

velure blanchit, son visage sans au-
cune ride conservera la marque de la
jeunesse reflet de son âme pure.
A cette époque, il est déjà un acteur
de cinéma confirmé, et joue dans les
films de son complice et ami devenu
rabbin Uri Zohar, c’est la génération
« nouvelle vague » qui s’oppose aux
films borekas et tente de trouver sa
place dans une société dont le 7ème
Art n’est pas la principale préoccu-
pation. C’est alors que la couleur se
glisse dans mon existence, j’écoute
pétrifiée et comme hypnotisée ces
chansons dont la voix de la fille part
dans des volutes hautes et dégrin-
golent en cascade de pluie dorée qui
résonnent encore longtemps, le son
fini... C’est, bien sûr, Atichma Koli...
tube parmi les tubes, et quand
l’astronaute israélien Ilan Ramon
explose dans les airs, il écoutait
peut-être cette chanson, c’était sa
préférée... On sait qu’il l’avait appor-
tée dans sa navette spatiale. Toutes
les chansons de cet album sont
étonnantes et merveilleuses. Désor-
mais, je vais l’écouter en boucle...
Arik Einstein se glisse dans ma vie
et devient l’ange gardien de toutes
mes peines, je lui dois mes plus
Il devient le chanteur de toutes les gé-
nérations confondues. Il réconcilie le
monde, le passé et le présent, le futur
à venir, une de ses plus belles chan-
sons sera sans doute Atur mitzchech.
Intraduisible en français tant les
mots et la musique enflamment
comme cette couronne qu’il essaye
de décrire dans cette composition si
poétique, suave qui parle d’amour.
D’autres chansons évoquent la nos-
talgie d’Israël comme San Francisco,
un autre tube que l’on fredonne dans
tout le pays et qui évoque la beauté
de la ville, mais il conclut par : « Je
me sens loin, je veux m’asseoir avec
Moshe et revoir Eretz Israël katana  ».
Cet amour d’Israël, il va le garder
jusqu’au bout sans juger ni faire de
la politique, Arik Einstein n’est pas
un artiste engagé, il promène sa voix
de sable et de mer sur les ondes des
continents sans jamais porter de ju-
gement, ni se déplacer. J’ai guetté
en vain celui qui a ponctué ma vie
par ses nouvelles chansons mais
en France et ailleurs, il n’est jamais
venu... Il composera en 1995 une
très belle chanson à la mémoire de
Rabbin : Shalom Haver.  n des décennies à affirmer son identité.
Full Metal Jacket, 2001 L’Odyssée de
l’espace, Orange Mécanique, Shining,
Eyes Wide Shut, et un coffret de 3
films 4K : Full Metal Jacket, Shining,
2001 L’Odyssée de l’espace. De quoi
se replonger dans l’univers de ce juif
américain émigré en Angleterre. S’il n’a pas renié ses origines, elles
ne sont pas évidentes. Mais un kaddish a été lu lors de ses funérailles. Son œuvre préférée,
« Eyes Wide Shut », s’inspire de « Traumnovelle-Rhapsody: A Dream Novel » d’Arthur Sch-
nitzler. Le cinéaste voulait réaliser un film sur la Shoah.  R.Se
Dustin Hoffman
L
a Warner rend aussi hommage à l’acteur
avec un coffret emblématique de sa
carrière de 3 DVD : Rain Man, Macadam
Cowboy, Les Hommes du Président. Comme
pour Kubrick, sa filiation ashkénaze ne lui a
pas pour autant apporté d’éducation juive,
malgré leur environnement très marqué sur
le plan du judaïsme et leur histoire familiale
très éprouvée par l’antisémitisme, surtout
pour Hoffman. Son père se revendiquait
athée, mais aujourd’hui le comédien se
déclare clairement juif. Enfant à Los
Angeles, seuls juifs du quartier avec les
siens, il subit le rejet. Pourtant, il aura mis
Lé’haïm !  R.Se
culture N° 1579 - 10 décembre 2020
42

HISTOIRE

Place aux classiques !

O
n a rarement eu autant de temps à soi, confinement oblige. Alors pourquoi ne pas en profiter pour se
baigner dans la musique classique au sens général ? Une toute petite sélection, jusqu’au début du XXe
siècle, de compositeurs parmi un champ fantastique de disques et de liens Internet.  Monic Feld

Henry Purcell (1659-1695)

FANTAISIES POUR VIOLES
Jordi Savall - Hespèrion XX - Astrée 1995

Il est le père de la musique baroque, né en
Angleterre. Il faudra attendre le XXe siècle
pour que l'art de ce musicien et compositeur
soit égalé. Avec la formation Hespèrion XX,
Jordi Savall qui a enregistré Diaspora Sefardi  :
Romances & Musica Instrumental, et composé
la musique de « Tous les matins du monde »
réalisé par Alain Corneau, on constate combien
ce violiste et chef d'orchestre espagnol est
vraiment le maître du baroque et de la musique
de la Renaissance.
Antonio Vivaldi (1678 – 1741)
LES QUATRE SAISONS
Double Sens, violon et dir. Nemanja Radulovic
(Decca, 2011) N°2
Que dire de ce « tube » (avant l'heure) composé
par ce violoniste vénitien adulé de la période
baroque ? Même Jean-Sébastien Bach a
beaucoup transcrit ses oeuvres. Cette version
dirigée et jouée par la coqueluche actuelle
du violon, le jeune Serbe Nemanja Radulovic,
propose avec sa formation, non pas 4 mais
5 saisons, la « cinquième » composée par
Aleksandar Sedlar en hommage au peuple
japonais après la tragédie de Fukushima.
Jean-Sébastien Bach
(1685-1750)
TOCCATA BWV 911, PARTITA N°2
ET SUITE ANGLAISE N° 2
Martha Argerich
Deutsche Grammophon 1980
Né en Saxe, cet organiste et compositeur brandebourgeois pour orchestre, l'oeuvre
est incontournable pour une discothèque vocale « La Passion selon Saint Matthieu  »,
de qualité. D'autant qu'il a composé ou préférer de les avoir tous sur son
quelque 1000 pièces. Voilà un musicien qui étagère ? Faisons confiance à la pianiste
a développé sa science de la composition argentine Martha Argerich, de famille juive
et du contrepoint au point d'inspirer russe par sa mère et dont les concerts se
toujours aujourd'hui les musiciens de jouent à guichets fermés de par le monde.
jazz. Doit-on se déterminer pour « Les Bachienne invétérée, Argerich n'a pas 40
Variations Goldberg », les six concertos ans lors de cet enregistrement historique.
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
INTÉGRALE DES CONCERTOS POUR PIANO ET ORCHESTRE
PAR ANDRAS SCHIFF (P) SOUS LA DIRECTION DE SANDOR VEGH
Camerata Academica des Mozarteums Salzburg Decca 1990
,
Mozart est le cadet d'une famille de sept enfants né en Autriche
à Salzbourg. Enfant prodige, à l'oreille absolue, il joue du piano
autant que du violon ou de l'orgue. Dans sa courte vie (35 ans)
qui le mènera partout en Europe avec son père, il impose indéfec-
tiblement les opéras dont il est le maître absolu, le concerto, la
symphonie et la sonate.
Ludwig van Beethoven (1770 – 1827)
CONCERTO POUR VIOLON PAR LE PHILHARMONIQUE DE BERLIN ET ITZHAK PERLMAN DIRIGÉS PAR DANIEL BARENBOÏM
Malgré sa surdité, les travaux de Beethoven, que classique populaire. Souvenons-nous de « L'hymne à
ce soit par ses symphonies ou la musique de la joie », le final de sa 9è symphonie (et dernière qu'il
chambre, marquent le passage vers le romantisme composa) joué en 1981 alors que François Mitterrand
et l'imposent comme un artiste libre dans la musique entrait en visite au Panthéon, peu après son élection.

Frédéric Chopin (1810 – 1849)

Pianiste et compositeur, Chopin est
né dans une famille franco-polonaise
à Żelazowa Wola, sur le territoire du
duché de Varsovie. Il est un des plus
grands compositeurs de la période
romantique dont le répertoire ne
cesse d'être joué et revisité. Il a vécu
entre la Pologne et la France où il a
achevé sa vie. Le pianiste Arthur Ru-
binstein, né dans une famille de tisse-
rands juifs de Lodz, est le meilleur de
ses interprètes. Ecoutez-le à Londres
(filmé par Arte) dans le concerto n°2
avec l'Orchestre symphonique de
Londres dirigé par André Prévin.
 43 N° 1579 - 10 décembre 2020 culture
DISPARITION { ISRAEL RHAPSODY }
Robert Castel,
père de l’humour juif pied-noir Par
Guy

R Mintus
obert Castel, de son vrai nom ou Yves Boisset et tant d’autres, il
Robert Moyal, est décédé à remonte sur scène en 2007 grâce au Pianiste et
l’âge vénérable de 87 ans. projet El Gusto, cet orchestre mixte compositeur
Passé par le music-hall et par « Les judéo-arabe de Chaâbi, la musique (Tel Aviv)

grosses têtes », il incarne pour de
nombreux Français rapatriés d’Algé-
rie l’humour pied-noir, la nostalgie en
mouvement. Le « frère » d’Enrico Ma-
cias a semé sur son passage de nom-
breux éclats de rire avec La Famille
Hernandez notamment, ainsi que
dans de nombreux sketchs télévisés
des années 70. Abonné aux nom-
breux seconds rôles chez Yves Robert
À voir Dimanche 13 décembre, à 9h, Le plateau télé
sur France 2
DR
de son père. Il reste ainsi fidèle à ses
racines tout au long de sa vie comme
dans son dernier spectacle Nostalgé-
Premier amour
rie en 2013. Avant de quitter définiti-
vement la scène, il est, en 2017, l’un
des Magnifiques dans le documentaire
C haque amateur de musique, chaque mélomane a son
« premier amour ». Une chanson qui lui a fait profondément
découvrir la joie que peut procurer la musique. Une chanson
d’Yves Azéroual, avec Norbert Saada,
qui devient une part de lui-même, une chanson écoutée à
Régis et Charles Talar, Philippe Clair,
satiété, jusqu'à en connaître chaque parole, chaque strophe,
Charley Marouani et Enrico Macias.
chaque nuance mélodique : pour moi, ce « premier amour »
 Ilan Levy
a été « Ha Perach BeGani » de Avihu Medina et de Moshe Ben
Mosh, interprété par Zohar Argov. La vieille cassette, qui avait
appartenu à mon père, s'est usée à force que je la trimbale
Berechit - Une émission partout, et que je sorte le petit livret renfermant les paroles
réalisée par Steve Suissa de la chanson.

Dubosc solidaire
« Ha Perach BeGani » a tout : du «groove », une mélodie en-
traînante, une histoire splendide, des arrangements sublimes

A
avec des cordes et des trompettes et, bien sûr, le chant de
l'occasion de la 28e édition de l'Appel bosc insiste sur la nécessité de la solidarité à
Zohar. Avihu Medina a dédié cette chanson à un premier amour
national pour la Tsédaka, Berechit une époque incitant à l'individualisme. Car il
inassouvi qu'il a éprouvé dans le kibboutz où il avait grandi.
consacre ce dimanche un épisode existe, pour lui, une sorte d'altruisme égoïste
Avihu n'a pas osé déclarer cet amour, et, des années plus
spécial, nous offrant un échange entre le rab- dont nous pouvons faire preuve lorsque nous
tard, c'est en jetant un regard rétrospectif sur ses sentiments
bin et présentateur Didier Kassabi et l'humo- donnons. En aidant notre prochain, nous
d'alors qu'il a écrit sa chanson. Une chanson est née de cette
riste Franck Dubosc, l'une des personnalités nous faisons d’abord du bien à nous-mêmes.
passion non accomplie - et quelle chanson ! « Ha Perach Be-
parrainant la campagne de cette année. Du-  A.Esk
Gani », interprétée par Zohar Argov, a remporté la Grande Fête
de la Chanson orientale à la télévision au début des années
quatre-vingts.
Les trompettes, dans l'arrangement initial de Nancy Brandes,
D'autres programmes ? semblent marquer l'arrivée d'un matador. Et Zohar livre un
majestueux mawal* introductif.. C'est dire si cette chanson
Le pianiste A serious man absolument irrésistible a toute sa place au Panthéon de la
Jeudi 10 décembre, à 20h40, sur OCS City Dimanche 13 décembre, à 15h40, sur Ciné + Club musique israélienne.
Toutefois, au fil des années, je me suis éloigné de « Ha Perach
D écouvrez ou redécouvrez l'histoire de Wladyslaw Szpilman, ce
pianiste juif polonais joué par Adrien Brody qui tentera de survivre
grâce à la musique, pendant la Seconde Guerre mondiale. A.Esk
C e film des frères Coen nous fait suivre le « craquage »
d'un professeur d'université juif s'efforçant de faire le bien
autour de lui mais qui s’avère vite dépassé. A.Esk
BeGani », comme si mon intérêt pour la musique mizrahi dé-
clinait à mesure que grandissait mon enthousiasme pour le
jazz et pour le classique. Heureusement, entre mes vingt et
trente ans, j'ai développé une conscience plus aiguë de l'his-
Programmes des Radios toire des discriminations en Israël, ainsi que de mon propre
héritage mizrahi.
Quinze ans après ma découverte de « Ha Perach BeGani », j'ai été
convié à me produire avec mon trio au Lincoln Center. Après ré-
wwwjudaiquesfm.fr et notre appli www.radioj.fr et notre appli flexion, cherchant un moyen de produire quelque chose d'abso-
lument authentique et personnel pour cette scène prestigieuse,
j'ai bouclé la boucle et interprété avec mon trio « Ha Perach Be-
Jeudi 10 décembre à 8h48 L’INVITÉ Dimanche 13 décembre à 21h00 Jeudi 10 décembre à 7h08 Dimanche 13 décembre Gani », dans un arrangement qui englobe tout le cheminement
DE LA RÉDACTION présentée par LES CHANSONS DE MA VIE LE BILLET de Shmuel Trigano. de 7h à 8h SPÉCIAL TSÉDAKA musical que j'ai vécu. La morale de cette histoire, chers amis  ?
Olivier Issembert sera : Francis présentée par Frédéric Zeitoun. avec Arié Flack. Ne sous-estimez jamais le pouvoir du « premier amour », de
Kalifat, président du CRIF au sujet Invité : Pierre Perret Jeudi 10 décembre à 7h45  votre instinct, de ce vers quoi vous avez été spontanément at-
du projet de loi contre séparatisme. L'INVITÉ DE LA RÉDACTION : Dimanche 13 décembre tirés. Bien souvent, nous regardons de haut les choses que nous
Lundi 14 novembre à 21h00 Jacques Benillouche, à 14h10 LE FORUM RADIO J aimions adolescents. Mais la dimension de vérité que recèlent
Vendredi 11 décembre à 10h05 CLASSICO, l’émission 100% sport, journaliste, sur la situation animé par Frédéric Haziza justement ces choses, bien qu'elles soient passées de mode, ne
AFFAIRES PUBLIQUES, Invité : Yossi présentée par Steeve Nadjar et ses sociale et politique en Israël, avec Marlène Schiappa, cesse de me surprendre. Ne soyons pas timides et n'hésitons
Taieb, député du parti Shass à la chroniqueurs. Invité : Daniel Riolo, au micro de Christophe Dard. ministre déléguée chargée pas à les adopter - cela fait du bien, je vous le promets !
Knesset. journaliste sportif à RMC. de la Citoyenneté.
Jeudi 10 décembre à 16h05 « Shir Eres » de Sacha Argov, la semaine prochaine.
Dimanche 13 décembre à 8h45 Mardi 15 décembre à 10h05 PONT NEUF Shlomo Malka Mardi 15 décembre *mawal = récitation de paroles poétiques dans les chants
LES ENFANTS DE LA RÉPUBLIQUE LES INVITÉS DE LISE GUTMANN le reçoit Thomas Snegaroff à 7h08 orientaux.
présentée par Frédéric Haziza. musicien, Eric Slabiak , à l’occasion pour son livre "Putzi" LA CHRONIQUE d'Arié
Invité : Le père Patrick Desbois de la sortie de l’album « Josef, Josef ». (éditions Gallimard). Bensemhoun
les gens N° 1579 - 10 décembre 2020
44
Page réalisée par Martin Perez

Paul Bismuth
en-dehors de la mêlée Yohav Cohen a le vent en poupe
P aul Bismuth ne sera
finalement pas partie
civile lors du procès
Y ohav Cohen est le nouveau champion
d'Europe de planche à voile. L'Israé-
lien a brillamment remporté la médaille
des écoutes contre d'or aux championnats de la spécialité
Nicolas Sarkozy. Installé qui viennent de se dérouler au Portugal.
aujourd'hui en Israël où il « C'est l'apogée de nombreuses années de

est promoteur immobilier,
Paul Abraham Bismuth
s'est retrouvé de manière
fort involontaire au coeur
de ce dossier; lorsque Me
Thierry Herzog, l'avocat
de Nicolas Sarkozy, a
choisi son nom pour un
abonnement téléphonique
destiné à communiquer
DR
en l'occurrence celui
d'un ancien camarade de
lycée. Des rumeurs ont
couru, lors de l'ouverture
du procès, que Paul
Bismuth serait représenté
à l'audience, mais
l'information a été démentie
par le principal intéressé.
travail acharné », a confié le jeune sabra
dont le père est issu d'une famille du kib-
boutz Hanita et la mère une femme d'af-
faires française ayant fait son Alyah dans
les années 90. Les Israéliens se sont parti-
culièrement distingués durant ces cham-
pionnats d'Europe puisque la médaille
d'argent chez les hommes a été remportée
par Shahar Tzuberi et la médaille d'argent
chez les femmes par Katy Spychakov.

discrètement avec
son client. Face aux
enquêteurs, Thierry
Herzog avait reconnu avoir
choisi le premier nom
qui lui venait à l'esprit,
Dan Rosenfield :
du kibboutz à Downing Street
« Je ne demande qu'une
chose : qu'on m'oublie et
qu'on me laisse porter mon
nom avec fierté », avait déjà
fait savoir Paul Bismuth au
cours de la procédure.
DR
Mila : Elisabeth Badinter
Isabelle Huppert
tance les féministes
actrice du siècle
L a philosophe Elisabeth
Badinter s'est déclarée cho-
quée du manque de soutien -
notamment de la part des fé-
ministes - apporté à Mila, cette
lycéenne menacée de mort sur

DR
D an Rosenfield sera à partir du 1er janvier le nouveau
chef de cabinet du Premier ministre britannique Boris
Johnson. Ce quadragénaire est passé par le ministère du
les réseaux sociaux pour avoir
critiqué l'islam. « On ne peut pas dire qu’elle a
été beaucoup défendue. Je trouve ça lamentable.
Budget, la direction de la banque d'investissement Bank of Mila serait peut-être moins le symbole de notre
America avant d'occuper un poste de dirigeant chez Hakluit, impuissance si elle était énergiquement défen-
DR

une société de conseil. Lorsqu'il était adolescent, Dan due », a regretté Elisabeth Badinter en déplorant
Rosenfield a longuement fréquenté le RSY-Netzer, mouve-
ment de jeunesse du judaïsme réformé. Il est ensuite parti
un an dans un kibboutz pour se familiariser avec la traite
I sabelle Huppert figure deuxième
au classement des 25 meilleurs
actrices et acteurs mondiaux
le silence de la plupart des organisations fémi-
nistes sur cette affaire. Cela montre - en tous
cas pour certaines féministes actuelles - leur
des vaches. Depuis plusieurs années, il est le président du du XXIe siècle établi par le New alliance implicite avec d’autres mouvements qui
World Jewish Relief, la principale organisation caritative de York Times (la première place sont plus proches des islamistes que de Mila »,
la communauté juive anglaise. A la fois discret et consen- est occupée par l'Américain a conclu la femme de lettres, icône de la Répu-
suel, il prend la succession au 10 Downing Street de Dominic Denzel Washington). « Je ne m'y blique par toute une génération de militantes.
Cummings, principal artisan du Brexit et considéré jusqu'à attendais pas », a confié l'actrice
présent comme le « cerveau » de Boris Johnson. qui affiche à son palmarès plus de
120 films en 50 ans de carrière.
Julien Dray et la
Née dans une famille bourgeoise renaissance socialiste
Alain Jakubowicz parisienne, Isabelle Huppert a été

L
élevée dans le catholicisme, en
à Jean Moulin - Lyon 3 dépit du judaïsme de son père,
e Parti socialiste se met
lentement en ordre de

L 'avocat Alain Jakubowicz

vient de faire son entrée -
en tant que personnalité ex-
Raymond Huppert. La soeur
d'Isabelle, la productrice Caroline
Huppert a elle-même évoqué
bataille dans la perspective de
la présidentielle de 2022. Si
certains semblent trouver que
térieure - au conseil d'admi- dans une interview ses racines le PS est en retard sur d'autres
DR

nistration de l'université Jean familiales : « Quand j'ai réalisé le formations politiques, Julien
Moulin-Lyon III. « L'histoire documentaire sur Simone Veil, Dray n'est pas de cet avis. « Je pense qu'il faut se
avec « mon » université Lyon j’ai lu tout ce que je trouvais sur
DR

laisser un peu de temps sur la question de la pri-

III est une longue histoire
d'amour, de désamour et de
réamour. Je suis heureux et
fier d'entrer au Conseil d'ad-
ministration pour contribuer
à son rayonnement national
et international », a fait sa-
voir Alain Jakubowicz qui a
notamment été l'avocat de
parties civiles dans les procès
Barbie, Touvier, Papon. Clas-
sée à droite dans les années
70, l'université Jean Moulin
- Lyon III a été accusée entre
1980 et 2000 de se montrer
complaisante vis-à-vis des
thèses négationnistes. Un
rapport officiel commandé en
2004 par le ministre de l'Edu-
cation nationale, Jack Lang,
avait estimé que ces dérives
ne concernaient qu'une poi-
gnée d'enseignants mais que
le manque de vigilance de
l'université avait porté atteinte
à l'image de l'institution.
l’antisémitisme d’avant-guerre.
D’une façon détournée, cela
m’a rapprochée de mon père,
d’origine juive, qui a épousé
ma mère catholique, pendant
l’Occupation. Avec la guerre, il a
été obligé de taire ses origines,
puis il a continué et nous avons
été élevées dans la religion de
ma mère. Mon père n’en parlait
jamais. Faire ce film, quelque
part, renouait le dialogue ».
maire, ne pas se lier les mains avec une formule
de désignation », considère le bouillant « Juju »,
toujours membre du bureau national du Parti et
stratège incontournable de toutes les campagnes.
A dix-huit mois de l'échéance, le PS ambitionne
de poser les bases d'un « big-bang » de la gauche
et de l'écologie. « Un comité de pilotage et une
équipe de coordination » vont être mis en place,
« des consultations, conventions, rencontres et
débats » se dérouleront dans les mois à venir, dé-
taille Julien Dray, et, « vers l'automne, se tiendra
un congrès de refondation, de dépassement, qui
sera la marque de notre renaissance ».
 45 N° 1579 - 10 décembre 2020
Un médecin au service des autres
Connu pour
ses interventions
médiatiques régulières
en tant que spécialiste
des maladies
infectieuses et pour
son long parcours
communautaire, Jo
Zrihen a choisi, très
jeune, de servir la
communauté juive
et les malades.
I
l a vécu une enfance heureuse
au Maroc, dans une famille tra-
ditionnaliste d’enseignants de
l’Alliance israélite universelle,
également grands militants com-
munautaires. « J’ai suivi l’exemple
de mes chers parents, toujours enga-
gés dans la communauté juive ». Son
père, Léon participe à la fondation du
DEJJ avec Edgar Guedj (Lynclair), au
Maroc. « Nous avons déménagé à Tou-
louse à l’âge de 13 ans, quand mon
père a créé la Délégation Sud Ouest
du FSJU et de l’AUJF, au moment de
l’arrivée massive des juifs d’Algérie.
Le premier endroit où nous emmena
mon père fut le Centre communau-
taire. Plus tard, j’en devins le pré-
sident ! ».
Jeune militant, il devient l’un des
responsables du mouvement. « Ce fut
mon école de la vie et de la responsa-
bilité ». Il suit des études de médecine
et poursuit son engagement com-
munautaire. « Mon cabinet médical
était installé à proximité immédiate
du Centre communautaire, j’y allais à
pied après mes longues journées de
travail, c’était ma deuxième vie. Notre
centre communautaire devint un mo-
dèle pour ses actions nombreuses,
novatrices et son rôle fédérateur ».
Pour se rapprocher de sa famille, il
part pour Paris en 1994 et devient
médecin conseil. Commence alors
une nouvelle « carrière communautaire »
J'essaie de guider ma vie selon les
3H : honnêteté, humanité, humilité
Joseph Zrihen
Par Ilan Lévy
1950 : Naissance à Fès (Maroc)
2003 : Vice-président du FSJU et du
CRIF et président de l’Appel national
pour la Tsédaka
2010 : Alyah, « la concrétisation
d'une aspiration »
2011 : Création de la Fédération
israélienne francophone (Israël)
2014 : Vice-président de Qualita
comme vice-président du FSJU et du
CRIF. « Une époque tragique, avec l’as-
sassinat d’Ilan Halimi, notamment. Je
passais beaucoup de temps auprès
des politiques et dans les médias ».
Il crée l’association européenne des
Centres communautaires juifs. Pré-
side pendant quatre ans la campagne
pour la Tsédaka du FSJU. « Avec une
équipe extraordinaire, nous avons in-
venté la Tsédaka d’aujourd’hui. Per-
sonne ne croyait à nos soirées au Pa-
DR
lais des Congrès. Mais nous l’avons
fait. A l’époque, les soirées commu-
nautaires étaient longues en discours,
j’ai innové : un seul discours de sept
minutes, puis place aux artistes et aux
personnalités dévouées, Arthur, Shi-
rel, Elie Wiesel, Enrico Macias, Gilbert
Montagné, David Saada, Soly Lévy.
Alexandre Arcady, en particulier, fut
un parrain qui m’a aidé à modéliser
les soirées Tsédaka ».
Sous son impulsion, la collecte bon-
dit, y compris en région. Vient en-
suite, en 2010, le temps de l’Alyah
comme « quelque chose d’évident et
puissant pour moi et ma famille : la
concrétisation d’une très vieille aspi-
ration. J’ai cinq merveilleux enfants
dont quatre vivent en Israël et neuf pe-
tits-enfants, je suis admiratif. Ils sont
courageux, affectueux et porteurs de
vraies valeurs juives et universelles.
Je suis un papy gâteau avec mes neuf
petits-enfants ».
C’est aussi, en 2013, l’une des pé-
riodes les plus douloureuses de sa vie
avec la disparition de son épouse So-
phie, sujet qu’il évoque avec pudeur.
« Directrice d’une école de l’AIU, elle
était une grande pédagogue passion-
née et dévouée. Un merveilleux sourire,
une intelligence vive et une rigueur mo-
rale sans faille. Elle m’a toujours ac-
compagné dans mes combats et je lui
dois d’avoir une famille merveilleuse ».
portrait
Ce qu’on dit de lui
« J’ai rencontré Jo en 2011 à la FIF,
raconte l’avocat fiscaliste Johann Habib,
également président de Francophonia.
C’est un humaniste sincère et réel,
amoureux d’Israël, toujours prêt à faire
le bien autour de lui. Outre sa vaste
culture et sa curiosité de l'autre, sa
grande force est son désintéressement.
Soucieux de la transmission, loyal
et fidèle, il sollicite régulièrement
les plus jeunes à s’engager. C’est un
mensh d’une grande modestie, autant
à l’aise à une table de copains que
face à des décideurs nationaux. Son
passage à l’acte réussi dans la peinture
et la sculpture n’est guère étonnant
pour celui qui connaît Jo et sa soif
intarissable de nouveaux défis ».
A propos de sa profession, il dit :
« Médecin un jour, médecin toujours,
je ne connais pas le mot retraite, la
médecine et la communauté ont don-
né un sens à ma vie, celui d’être utile
et de servir, la médecine m’a donné
l’obligation d’être honnête, car les
gens nous confient leur bien le plus
précieux : leur santé ». Touché par le
sort des olim français, il crée la Fédé-
ration israélienne francophone (FIF)
avec Pierre Besnainou et Gil Taïeb.
« J’ai passé ensuite le relais à Qualita
qui, grâce à Marc Eisenberg, a donné
une ampleur inégalée au soutien à la
communauté francophone ». Jo Zrihen
est aujourd’hui le vice-président de
l’organisation.
Ses combats continuent contre le
Covid 19. Il intervient tous azimuts
en France, en Israël et anime des
groupes WhatsApp pour soutenir les
patients. Il attend avec impatience le
vaccin - « le seul moyen de sortir de
cette pandémie terrible ».
A l’heure de se quitter, il résume :
« J’ai essayé que ma vie soit guidée
par les 3H : Honnêteté, Humanité, Hu-
milité. J’espère avoir réussi quelques
fois à être à la hauteur d’un quatrième
H : Honneur ». Aujourd’hui, il peint et
sculpte.
« L’art est une évidence, un dialogue et
un partage avec autrui ». Le souci des
autres toujours ! n
débats&opinions
Les relations humaines par temps de Covid
«
E rrance dans la nuit de
Paris de migrants chas-
sés de leurs campements ».
Le titre explose au visage. Du-
rant des jours, le scandale se
répète, provoquant une indi-
gnation légitime. Dans quel
Par monde vit-on ? Reviennent à
Nicole l’esprit ces images qui se mul-
Cohen- tiplient ces derniers temps,
Tadjouri scènes de guerre et de violence.
Cette recrudescence de ten-
Déléguée générale de
Hadassah France
sion, partout dans le monde,
est-elle induite par la crise
sanitaire prolongée ? Celle-ci
est-elle la cause du délitement
des relations humaines ? Com-
ment échapper à la haine ?
Il est tentant de penser que le
recul des valeurs de respect
et de fraternité provient de la
situation actuelle anxiogène.
La communauté juive, en
France et ailleurs, n’est pas
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*Joindre impérativement une copie de votre carte d’étudiant
**Un CERFA vous sera fourni sur le montant de votre don moins
le prix de l'abonnement
{ Époque }
épargnée : 300% d’augmen-
tation des plaintes pour vio-
lences conjugales en Israël…
Les psychiatr es sonnent
l’alarme quant aux troubles
psychiques grandissants, ag-
gravés par la promiscuité due
au confinement.
Grande est la tentation du
repli sur soi, réflexe de pro-
tection contre les mauvaises
nouvelles et le malheur d’au-
trui. Où est passé le bel élan
des applaudissements de
soutien aux soignants ? Le
temps est suspendu pour la
vie culturelle et les contacts
physiques avec la famille et
Grande est la tentation du repli sur soi,
réflexe de protection contre les mauvaises
nouvelles et le malheur d'autrui
OUI, je souhaite m’abonner à
80€ M. Mme
70€ Prénom
Adresse
Code postal
50€
E-mail :
60€ Je règle par :
150€
300€
N° 1579 - 10 décembre 2020
46
les amis sont impossibles. Et
que penser des EHPAD tenus
de limiter les visites aux per-
d’associations caritatives, ou-
verture de lignes d’écoute aux
personnes en détresse.
sonnes qui en auraient tant « Le monde d’après », ce sera
besoin ? Au CHU Hadassah aussi cela. Ne plus rester
de Jérusalem, on a autorisé sur son quant à soi mais
d’anciens patients Covid gué- s’ouvrir, se rapprocher d’au-
ris à visiter ceux hospitalisés, trui, maintenir le lien, réali-
pour rompre la solitude et ap- ser que les personnes âgées,
porter du réconfort. isolées, nos proches, ont
De belles initiatives voient
le jour. Elles ne seraient
besoin de notre regard et de
notre écoute.
pas nées sans l’urgence On a sonné l’allègement des
de la situation actuelle. La mesures restrictives. Restons
conscience de l'Autre se ma- confiants, à l’instar de Golda
nifeste par une extraordinaire Meir : « Le pessimisme est un
profusion : webinaires scien- luxe qu'un Juif ne peut jamais
tifiques et culturels, création se permettre ». n
Nom
Ville
Tél. :
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47 N° 1579 - 10 décembre 2020
Les dangers de la mouvance islamo-fasciste
Par
François
1 6% des Français adhèrent
au préjugé complotiste et
antisémite : « Il existe un com-
Heilbronn plot sioniste à l’échelle mon-
Professeur associé diale », a révélé une étude
à Sciences Po très sérieuse de Fondapol en
Président des amis
novembre 2014. En analysant
de l’université
celle-ci, on observe que 44%
de Tel-Aviv
des musulmans en France
sont d’accord avec ce préjugé
antisémite comme 37% des
électeurs du Front national
et 18% de ceux proches de la
France insoumise. Ces trois
groupes distincts englobent
90% de ceux qui adhèrent à
cette thèse complotiste.
Également dans cette enquête,
25% des Français considèrent
que « les juifs ont trop de pou-
voir dans le domaine de l’éco-
nomie et de la finance », ce
pourcentage monte à 67%
pour les musulmans, 50%
pour les électeurs du Rassem-
blement national et 33% pour
ceux de la France insoumise.
A nouveau, ces trois groupes
expliquent plus de 90% du
préjugé.
Enfin, si 21% des Français
sont encore hostiles à avoir
un président de la Répu-
blique juif, ce pourcentage est
de 33% pour les musulmans,
Elle puise ses racines dans la coopération
active des nazis avec les Frères musulmans
depuis les années 30
mais monte à 53% pour les
électeurs du Rassemblement
National.
Il y a donc en France un anti-
sémitisme chez de nombreux
musulmans, mais aussi un
antisémitisme bien vivace
chez les électeurs du Rassem-
blement National et dans une
moindre mesure chez ceux de
la France Insoumise.
Quant à la complaisance avec
l’Islam radical qui va souvent
de pair, elle est fréquente au
sein d’une certaine gauche
comme de l’extrême-droite.
Jean-Michel Blanquer, mi-
nistre de l’Éducation, a
condamné récemment « les ra-
{ Politique }
vages de l’islamo-gauchisme »
à l’université. Une pétition
d’universitaires le soutenant
a été publiée par Le Monde.
Ayant eu l’occasion de
constater certaines de ces dé-
rives à Sciences Po, j’ai accep-
té d’être un des signataires.
Le syndicat étudiant l’UNEF,
abandonnant le discours uni-
versaliste, a soutenu tour à
tour à Sciences Po : le « Hijab
day  » (port du voile pour un
jour à Sciences Po), « l’apar-
theid week », manifestation
du BDS, certaines thèses
décoloniales et indigénistes,
et ont tenté, en vain, de s’op-
poser à la venue d’un philo-
sophe membre de l’Académie
française, Alain Finkielkraut.
Alors oui, il est important de
condamner la collusion d’une
certaine gauche en France du
NPA à la France insoumise en
passant par l’UNEF et Média-
part, aveugle ou complaisante
avec l’islamisme radical.
Mais il ne faut pas oublier
de condamner aussi les isla-
mo-fascistes en France, qui
puisent leurs racines dans la
coopération active des nazis
avec les Frères musulmans
depuis les années 30.
Il y eut même, en France, pen-
dant la guerre, une brigade de
300 Arabes algériens travail-
lant sous le patronage du chef
de la Gestapo Knochen et di-
rigée par un ancien cagoulard,
Mohamed el-Maadi. En août
1944, ce dernier se réfugia en
Allemagne où il fut accueilli
chaleureusement par le grand
mufti de Jérusalem, Amin
al-Husseini, initiateur de deux
divisions SS musulmanes.
Cette collusion entre l’extrême
droite française et l’islam radi-
cal reste toujours d’actualité.
Deux conseillers influents de
Marine Le Pen, Axel Lousteau,
conseiller régional RN et Fré-
débats&opinions
déric Chatillon, financier de
la campagne présidentielle
de Marine Le Pen, tous deux
soutiens de Dieudonné, ont
été aussi très proches d’Ab-
delhakim Sefrioui, l’islamiste
militant pro-palestinien di-
rigeant du collectif Cheikh
Yassine, mis en examen et
écroué pour « complicité d’at-
tentat terroriste » dans la dé-
capitation de Samuel Paty.
Cela est peu surprenant.
Chatillon a été un intermé-
diaire entre le FN devenu RN
et les dictatures arabes dont
la Syrie. Chatillon a été l’or-
ganisateur de visites dans les
camps du Hezbollah au Liban
ou des conférences en Syrie
pour Dieudonné, Faurisson,
Soral ou encore le complotiste
Thierry Meyssan.
Frédéric Chatillon est un ami
intime de Marine Le Pen de-
puis leurs années de fac où
il dirigeait le GUD. Ayme-
ric Chauprade, un ancien
conseiller de Marine Le Pen
sur les questions internatio-
nales, a déclaré à son propos
sur France 2 : « C’est un ami
intime de Soral, violemment
antisémite. Ils plaisantent
avec la Shoah et organisent
DR
des soirées pyjama rayé. Ce
clan Chatillon est très puis-
sant et contrôle – je pèse mes
mots – Marine Le Pen »
Cette collusion de ces deux
dirigeants influents du RN
avec la mouvance palesti-
nienne la plus radicale a été
soulignée par le site anti-
fasciste La Horde, évoquant
une manifestation pour Gaza
à Paris en janvier 2009 :
« Dans le cortège du collectif
Cheick Yassine, on a pu voir
Dieudonné et Ginette Skan-
drani accompagnés de deux
figures du GUD historique,
proches de Marine Le Pen…
Frédéric Chatillon et… Axel
Loustau ».
Ces mêmes Chatillon et
Loustau qui partirent rencon-
trer en Espagne en 1992 Léon
Degrelle, ancien Waffen-SS et
nazi belge, afin de lui rendre
hommage. On retrouve donc
la vieille alliance datant des
années 30, entre les Frères
musulmans et les nazis et
fascistes européens. Alors,
retrouver Chatillon qui aime
à scander « À Paris, comme
à Gaza, Intifada », proche de
l’islamiste radical violent Se-
frioui, maintenant complice
d’un attentat terroriste, est
peu surprenant…
Il y a donc un ennemi, l’is-
lamisme radical et deux de
ses alliés en France : les trop
nombreux islamo-gauchistes
et les non moins nombreux
islamo-fascistes. N’oublions
pas ces derniers. n
VOUS
Page réalisée par Simon
Quiz biblique
1 Noé, après 40 jours de déluge, a envoyé
de l’Arche un animal sur la terre pour
voir si elle était sèche. De quel animal
s’agit-il ?
2 Combien de femmes a eu Jacob ?
Comment s’appelaient-elles ?
3 Combien d’enfants a eu Jacob ?
Comment s’appelaient-ils ?
4 Quelle était la principale qualité du
grand prêtre Aaron, frère de Moïse ?
5 En quoi l’interdiction de la
consommation du h’amets (produit
fermenté extrait des 5 céréales) à
Pâques est-elle unique en son genre ?
QUESTION BIBLIQUE
Quel est le commandement
le plus répété dans la Torah ?
5 au samedi 10 juin 1967.
1967. Et la guerre s’est déroulée du lundi
de Tiran aux navires israéliens le 23 mai
8/ VRAI. L’Égypte a fermé l’accès au détroit
villes les plus peuplées
habitants, ne vient qu’en 6e position des
Petah Tikva et Ashdod, avec ses 206000
7/ FAUX. La 4e ville est Richon Letsion, la 5e
la Knesset, soit 12,5 % des sièges
15 députés (record ) sur 120 membres de
6/ F AUX. La liste arabe unifiée a obtenu
contre 3,11
importante dans la population juive 3,16
5/ FAUX. Depuis 2016, la fécondité est plus
4/ FAUX. La France s’est abstenue (!)
N° 1579 - 10 décembre 2020
48
Ironmount
Jouons, maintenant !
L’ÉNIGME DE LA SEMAINE
Une route de campagne déserte. Pas de lune,
pas de réverbère allumé. Une voiture roule assez
vite, tous phares éteints. Un enfant traverse et le
conducteur réussi à l’éviter. Comment a-t-il fait ?
Bridge
1/ L’enchère
Vous détenez le jeu suivant :
As R 9 8 5 2 / 7 4 3 / D / As R 5
Quiz sioniste vrai ou faux
Vous ouvrez d’un pique.
Dans le silence adverse, votre partenaire dit
Ces affirmations sont-elles vraies ou fausses ? 2 pique. Quelle est votre seconde enchère ?
1 T heodor Herzl est né en Autriche en 1860
2/ Plan de jeu
2 H aïm Weizman a été le premier président de l’État d’Israël (1949/1951)
D V 3
3 E zer Weizman, son neveu, a été général et président de l’État et contraint à la A 5
démission pour corruption R62
D V 10 7 4
4 L a France a voté à l’ONU pour la création de l’État d’Israël en 1948 N
O E
5 L e taux de fécondité de la population arabe est supérieur à celui de la population S
juive
A R 6 2
6 L a population arabe représente un peu plus de 20 % de la population israélienne R 8
(hors territoires). La liste des députés arabes a-t-elle obtenu 15 % des voix aux AV7
dernières élections ? 9 8 6 3
Contrat : 3 SA
7 A près Jérusalem, Tel Aviv et Haïfa, Ashdod est la 4ème ville la plus peuplée d’Israël
(avec plus de 200 000 habitants ) Quel est votre plan de jeu sur l’entame ?
a/ 10 de pique
8 L a guerre des Six Jours en 1967 a duré… 6 jours
b/ Dame de cœur
Joseph et Benjamin.
future prononcée et exécutée par Dieu) Nephtali, Gad, Acher, Issachar, Zabulon,
Saroussi mort mais se rapportant plutôt à la vie Reouven, Siméon, Lévi, Juda, Dan,
d’un trafiquant d’armes français, Edouard coupable de la peine de kareth (peine de ont donné naissance aux 12 tribus :
2 ans après pour avoir reçu de l’argent Si elle était intentionnelle, on se rendait 3/ 12 garçons et une fille Diva. Les 12 garçons
en 1998, Ezer Weizman doit démissionner consommation était faite par mégarde. leurs servantes Zilpa et Bilha.
3/ V RAI. Élu chef d’État en 1993, puis réélu passible d’un sacrifice expiatoire, si cette 2/ Jacob a eu 4 femmes : Léa et Rachel et
2/ VRAI. de H’ametz pendant la fête de Pessa’h rend à deux reprises.
Pest (Budapest), capitale de la Hongrie 10 000. Consommer le volume d’une olive n’envoya la colombe que postérieurement
1/ F AUX. Theodor Herzl est né en 1860 mais à être annulé même pour une dose de 1 pour 1/ Le corbeau (Genèse ch. 8 v.7). Noé
Quiz sioniste est particulièrement sévère. Ne peut jamais Quiz biblique Extrait du livre Bien jouer
en face du mort de Robert
5/ L ’interdiction de consommer du H’ametz
l‘Étranger ». obtenir la paix. passé en plein jour.
reprises est « Tu respecteras /tu aimeras Il faisait tout son possible toujours pour arrêté en ayant vu l’enfant, car cela s’est Berthe et Norbert Lébely
Le commandement le plus répété : à 31… Aaron aime la paix et court après la paix. L’énigme de la semaine : Il a freiné et s’est
Solutions page 51
Question biblique 4/ A aron « Hohev chalom verodeph chalom ». RÉPONSES
49 N° 1579 - 10 décembre 2020 VOUS
Recettes de fête

Lhanoukia,
e miracle est célébré chaque année,
pendant huit jours, nous allumons la
en famille, à la tombée de la nuit.
Les délices de 'Hanouka
Les enfants jouent à la toupie et gagnent des
bonbons ; les parents leur offrent chaque soir
un petit cadeau (pièces en chocolat, livres...). Latkes à la patate douce
Il n’y a pas de repas rituel après l’allumage
des bougies, mais on a coutume de Ingrédients Préparation : 20 min
consommer des mets frits, en souvenir Pour 4 personnes
de l’huile, et des produits laitiers, en Réfrigération : 20 min
commémoration de l’histoire de Judith qui 2 patates douces Cuisson : 4 min
sauva son village d’un général en lui servant 1 oignon n Éplucher les patates douces, les râper
du fromage et du vin jusqu’à ce qu’il devienne 1 œuf grossièrement ou les mixer au robot (dans ce cas,
saoul et perde connaissance... Aussi, certains 50 g de farine de matsa ou elles seront plus difficiles à travailler).
consomment des latkes et des blintzes (que de blé n Ajouter l’oignon râpé, l’œuf battu, les épices et la
nous mangeons aussi à Chavouot). 1 cuil. à café de cannelle, farine de matsa ou de blé, puis laisser reposer au
Dans le monde sépharade, traditionnellement, curcuma ou noix de muscade frais 20 minutes.
les femmes ne travaillaient pas pendant 10 cl d’huile d’arachide n Former des boulettes, puis les aplatir en palets.
les huit jours de Hanouka. Certaines se Faire chauffer l’huile dans une poêle. Quand l’huile
réunissent le sixième jour pour chanter et est bouillante, plonger les palets et laisser frire
faire la fête. 2 minutes sur chaque face, puis les poser sur du
En Tunisie, ce jour dédié aux femmes est papier absorbant.
appelé la « fête des filles » (comme nous Extrait du livre n Servir tiède ou froid avec une sauce chermoula
trouvons la « fête des garçons» ) en hommage La cuisine des fêtes juives préparée avec de la coriandre, du persil, une
à Judith qui a participé à la révolte des de Laurence Orah Phitoussi. gousse d'ail écrasée, le jus de 1 citron et 1 cuillerée
Maccabées.
DR

Éditions. Solar. à soupe de curcuma.

Donuts américains
Ingrédients Préparation
500 g de farine n Versez la levure sèche dans un bol. Ajoutez l’eau tiédie.
2 œufs n Laissez reposer 5 minutes.
1 sachet de levure de n Versez la farine dans un bol, ajoutez la levure délayée, le sel, les œufs et le beurre mou coupé en
boulanger morceaux. Pétrissez la pâte jusqu'à ce qu'elle soit souple et qu'elle se détache des parois.
75 g de beurre/margarine
50 g de sucre en poudre n Couvrez d'un linge propre et laissez reposer pendant 1 heure à température ambiante.
30 cl d’eau n Étalez la pâte sur votre plan de travail fariné et découpez des beignets à l'aide d'un emporte-pièce.
Merci à Natalie sel Laissez reposer 30 minutes à température ambiante.
Ohana-Glazier pour sa n Faites chauffer de l'huile et plongez les donuts dans l'huile chaude. Égouttez et disposez sur du
recette. POUR LE NAPPAGE
200 g de sucre glace papier absorbant. Faites refroidir.
Gagnante Kosherfest 2019 dans
la catégorie meilleure innovation 1 citron
n Préparez le glaçage. Mélangez le sucre glace, le blanc d'œuf, 1 c. à café de jus de citron, du colorant
produit pour ses emporte-pièces 1 blanc d'œuf alimentaire. Mélangez bien jusqu'à obtention d'un glaçage homogène.
à thèmes juifs. Colorant alimentaire n Trempez les donuts dans le glaçage. Saupoudrez de vermicelles et laissez sécher avant de
auboncake.com /+ 215.860.5585 Vermicelles en sucre colorées déguster. 

« Yavine » et « Terroir&K » : PUBLI-INFO

les produits du terroir pour les consommateurs casher

« Yavine » et « Terroir&K » : derrière ces deux projets, se cache le pari fou d’un
passionné du terroir. Administrateur du groupe Facebook « Les bons plans casher »,
Nathan Grandjean est conscient de la demande pressante de produits de terroir pour
les consommateurs casher et s’est lancé depuis 2015 dans deux offres d’exception :
Yavine et Terroir&K.
Depuis cinq ans, Yavine propose une gamme pointue de vins sur sa boutique en
ligne. Sélectionnant parmi l’ensemble des fournisseurs et producteurs de
vin casher, il se présente comme l’équivalent du caviste casher, un modèle
jusqu’alors inexistant sur ce marché.
Depuis 2017, Nathan Grandjean s’est également lancé dans la production
de vins d’excellence : Condrieu, Côte-Rôtie, Châteauneuf-du-Pape, des
appellations d’exception encore inconnues dans le paysage du vin casher.
Yavine propose aussi des dégustations pédagogiques et gastronomiques
avec un chef à domicile et des formations à la dégustation de vins casher
dans le cadre de la prestigieuse École des Vins et Spiritueux. Quant à Terroir&K, basé
sur le modèle du circuit court, il met en relation des consommateurs amateurs de
fromage et des producteurs d’exception. Jusqu’à l’an dernier, l’offre en casher était
limitée par l’absence de présure animale casher – indispensable pour la production
de fromages AOP. Celle-ci à présent disponible, l’équipe de Terroir&K vise l’excellence
en convaincant des producteurs fermiers de participer à l’aventure. Véritables
fromages fermiers au lait cru, ils sont produits et affinés chez l’éleveur.
Depuis la première production de saint-nectaire, le catalogue s’est élargi
avec un bleu (la fourme d’Ambert), des fromages de chèvre de la Loire
(sainte-maure-de-Touraine et selles-sur-Cher) mais également du salers
et du cantal. Début décembre, un nouveau produit a intégré le catalogue :
l’ossau-iraty, un fromage de brebis. Des fromages filés italiens (burrata et
autres mozzarella), des truffes saisonnières et d’autres offres inédites font
régulièrement leur apparition sur le site.
à vos plumes N° 1579 - 10 DéCEMBRE 2020
50
Pour nous écrire courrierdeslecteurs@actualitejuive.com

Deux fidèles lecteurs les vecteurs de la vie, comme l'ont préconisé nos Ligne d'équilibre
Evelyne Ilouz Sages : « L'Homme est à l'image de son créateur, qui Albert Myara
Paris 16e respecte le Créateur respecte sa Créature ». Kremlin-Bicêtre
Votre pays est votre patrie, c'est-à-dire votre

C C
hère Actualité juive, il y a déjà plus d’une père, celui qui a conçu et conduit votre existence. hers amis d’Actu J, en tant que vieux lec-
semaine que j’avais rempli un coupon Votre pays est, pour nous, en Diaspora, notre teur d’Actu J depuis sa création et ami du
d’abonnement et je ne l’ai pas envoyé. mère, celle qui nous a, depuis l'origine, porté, éle- regretté Serge Benattar (zl), son fondateur,
Pourtant, j’apprécie au plus haut point votre vé, enseigné et défendu face à l'adversité. Nous je tiens à vous féliciter pour l’excellent travail
journal. Des signatures célèbres, des articles sommes de la même famille puisque nous avons que vous effectuez dans le cadre de la reprise en
bien pensés et bien écrits. Tous mes encoura- les mêmes parents culturels et charnels. main du journal et pour la qualité de votre ligne
gements et mes remerciements. PS : je suis très La survie d'Israël nous concerne comme notre éditoriale, entre le traitement de l’actualité com-
âgée, 92 ans, et mon mari, 97 ans.  n propre survie. Chaque année, nous disons, nous munautaire et israélienne, et l’ouverture sur la
répétons et nous soulignons, avec humilité, mais société française, par exemple la chronique de
Aider les soldats en toute authenticité, le poids de ce que nous
vous devons, à tous, grands et petits, officiers
Christophe Barbier. Toutes mes félicitations éga-
lement à Alexis Lacroix pour ses remarquables
handicapés de Tsahal et hommes de troupe, hommes et femmes, civils éditoriaux !
Hubert-Samuel Habib et militaires, fantassins de l'ombre, connus ou Cordial chalom et plein de succès.  n
Président exécutif du Beit-Halochem France moins connus.
L'existence et la pérennité de l’État d’Israël est

A
tous les soldats et soldates de Tsahal qui se pour nous le gage et la caution solidaire de notre
battent pour la défense de leur pays et qui condition d'Hébreux dispersés en exil. Si nous
reviennent blessés, meurtris et handicapés, pouvons assumer aujourd'hui et demain dans la
nous sommes redevables parce que, naissant, transparence notre judéité et notre hébraïté avec
grandissant et vivant dans un environnement bonheur et déférence, c'est grâce à vous, à votre
où l'hostilité à la « chose sémite et sioniste » est rage d'exister, à votre passion de la Terre et de POUR TOUTE DEMANDE
quotidienne, vous êtes les remparts d'un monde son histoire et à la dignité de la place qui doit
aux valeurs menacées. vous revenir dans le concert des nations et dans DE PUBLICITÉS,
Vous êtes les sentinelles avancées de la liberté, la défense du monde libre. LA RÉGIE DPRJ
de la démocratie et de la vie. Car il s'agit bien de Et ceci est vrai pour toutes les composantes sociolo-
vie à préserver, toutes les vies, dans cette région
EST À VOTRE DISPOSITION
giques, ethniques, cultuelles et culturelles de la so-
de conflits permanents. ciété israélienne. La présence parmi vous de Druzes, N'HÉSITEZ PAS À NOUS CONTACTER
Vous êtes les citoyens d'un pays qui souhaite ins- de chrétiens, de Bédouins, eux aussi, victimes de
taurer le dialogue et le respect mutuel dans la di- guerre, atteste de cette détermination à retrouver PUB@DPRJ.FR
gnité partagée. Mais la réciprocité est si difficile à l'élan fédérateur qui doit présider à la diversité ci- www.actualitejuive.com
prendre forme quand le voisin n'oppose qu'un dis- toyenne de votre État, dans la vibration à l'unisson
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conditions). Attention : dans le cas où dans le même envoi, vous nous
Par mail : petitesannonces@actualitejuive.com avec règlement CB N° de CB adressez un bulletin d’abonnement, vous êtes priés d’établir deux chèques
Date limite d’insertion : le vendredi 12 heures précédant la parution différents. La promotion de 3 petites annonces pour le prix de 2 est unique-
ment valable pour les particuliers et pour 3 parutions consécutives avec texte
Date d’expiration Cryptogramme identique. Joindre une copie Carte d’identité ou autre
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petites annonces N° 1579 - 10 décembre 2020
51

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Tel. : 0608609962

Solution pour l’enchère : Solution pour le plan de jeu :

Bridge

L’enchère de 2 pique de votre partenaire indique
6 9 points D.H. et 3 cartes à pique.
S’il possède le jeu suivant :
valet xx / roi xx / valet xx / valet xx
Je perdrais à l’atout pique 2 ou 3 cœur, un
carreau, un trèfle, voire la dame de pique.
Résultat 2 pique ou 2 pique + 1
Solutions du jeu P47
1. Vous vous êtes compté 8 levées gagnantes : 4 à pique, 2
à cœur et 2 à carreau.
a) Les trèfles, cette magnifique couleur neuvième, sont
tout indiqués pour vous fournir le complément (et même
au-delà puisqu’ils peuvent aisément rapporter 3 plis).
Sur l’entame du 10 de pique, vous ne craignez rien :
attaquez-vous d’urgence aux trèfles à chaque occasion et
vous empocherez 11 levées sans aucune difficulté.

Si mon partenaire détient : La donne complète (entame a) :

dame xx / AS xx / xxx / dame xxx

Je perds un carreau et un cœur au maximum. D V 3
A 5
Si les trèfles sont partagés 3/3 je peux même
faire 6 pique ! R62
En tout cas la manche est assurée.
D V 10 7 4
10 9 8 7 N 5 4
Il est donc interdit de passer avec notre jeu D 10 6 V 9 7 4 3 2
O E
Autrefois, la seconde enchère était 3 pique. D943 S 10 8 5
Dans le bridge moderne la bonne réponse est 2SA, A 2 R 5
enchère d’essai généralisé. A R 6 2
Si le partenaire est minimum il dit 3 pique R 8
Si il est maximum (9 points) avec un jeu irrégulier AV7
il répond 4 pique. 9 8 6 3
Maximum avec un jeu régulier 3 SA.
Avec un jeu moyen il répond 3 trèfles, 3 K ou 3 b) Sur l’entame cœur, il en va tout autrement, les
cœur, la couleur dans laquelle il a des honneurs. adversaires ont pris le départ de la course à
l’affranchissement avec un temps d’avance. En effet, ils
Et vous prendrez la bonne décision ! ont déjà commencé à établir leur non moins magnifique
couleur neuvième en l’entamant.
A l’origine, vous n’y déteniez que deux arrêts et les trèfles
exigent que vous abandonniez deux fois la main : toute
velléité d’affranchissement de cette couleur est donc
d’office vouée à l’échec (entre-temps, les adversaires
s’adjugeraient au mois 5 plis : 2 trèfles et 3 cœurs).
Dans ces conditions, il faut vous orientez vers une autre
solution, l’impasse à la Dame de carreau, après coup de
sonde.
Certes, cette ligne de jeu ne présente qu’un peu plus d’une
chance sur deux de réussite. Mais c’est tout de même
préférable à aucune chance de tout, n’est-il pas vrai ?