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ICT

Numéro 56
Août 2010

Un bulletin d’alerte pour l’agriculture ACP

Télédétection et outils web La stratégie TIC à long terme Au Swaziland, un SIG


2.0 pour une gestion plus du ministère de l’irrigation permet de cerner les zones
efficace de l’eau au Mali tanzanien propices à l’irrigation

Irrigation
Éditorial
Sommaire

2 Éditorial
Les TIC percolent tout le système

3 Perspectives
Les TIC percolent


Adapter la technologie
Maimbo Mabanga Malesu tout le système
Dossier

4 Contrôle à distance
Sander J. Zwart, Lucie M. C. Leclert et
D ’après la FAO, l’irrigation peut
quadrupler les rendements.
L’installation d’un système d’arrosage
choisir les heures d’irrigation pour
d’économiser l’eau quand des pluies
sont annoncées.
Wim Bastiaanssen fiable toute l’année permet aux Dans les anciens comme dans les
paysans de récolter durant la saison nouveaux systèmes d’irrigation, un SIG
Études de cas sèche et de cultiver des variétés à forte peut contribuer à contrôler le bon
valeur pour accroître leurs bénéfices et usage de l’eau. Des chercheurs l’ont
6 Le juste dosage amortir leurs investissements. Or utilisé dans le cadre de l’Office du
Richard Soppe l’irrigation ne concerne que 4 % des Niger au Mali. Ils ont analysé des
terres cultivées subsahariennes et guère données satellite afin de déterminer si
8 L’avenir se dessine aujourd’hui plus dans les pays ACP. la couverture en eau était uniforme
Joash Nyitambe L’eau disponible répond à peine aux dans l’ensemble du périmètre irrigué, si
besoins d’une démographie galopante, le niveau de consommation était le
10 Eau, sol et données d’une industrie et d’une agriculture en même en amont et en aval du
Doctor Lukhele pleine expansion. Il faut donc périmètre et ils ont même mesuré les
améliorer la gestion de l’eau pour rendements escomptés. Cette
TechTip exploiter au mieux les ressources information aide les gestionnaires à
existantes et optimiser la productivité détecter les carences et les zones à
11 Une planification éclairée de l’eau. Dans le secteur agricole, cela problèmes sans devoir se rendre sur
de l’irrigation revient à mettre en place des systèmes place.
d’irrigation efficients et efficaces Tout paysan peut également recevoir
Q&R pouvant être régulièrement suivis et une aide pour gérer son propre
adaptés. système. Des chercheurs australiens ont
12 L’efficacité à pleins tubes La télédétection et les SIG (systèmes mis au point une méthode qui chaque
Stanley Rampair d’information géographique) donnent jour indique au fermier la durée exacte
une vue d’ensemble des terres et d’arrosage. Le projet IrriSat recueille
permettent d’identifier les zones des données de télédétection pour
propices à l’irrigation. Parmi bien analyser les besoins en eau des cultures
d’autres, les gouvernements de la dans les exploitations abonnées. Il se
Tanzanie, du Rwanda et du Swaziland sert aussi des données fournies par les
ICT Update les utilisent pour élaborer des stations météo locales.
programmes d’irrigation nationaux. Les Les fermiers peuvent envoyer un
images satellite et les données de SMS pour indiquer au système le
télédétection montrent à une grande prélèvement exact de la veille. Ils
ICT Update numéro 56, août 2010.
échelle (parfois nationale) les types de reçoivent ensuite un SMS qui leur dit
ICT Update est un magazine multimédia disponible à la fois sols, l’affectation des terres, les sources combien de temps laisser le robinet
sur Internet (http://ictupdate.cta.int), en version papier et
sous forme d’une newsletter diffusée par courriel.
d’eau proches et la pente du terrain. ouvert pour alimenter leur système
Parution du prochain numéro en octobre 2010. Les ingénieurs en irrigation se d’irrigation ce jour-là. Les fermiers
servent de ces données pour déterminer amortissent le coût de leur abonnement
Le CTA, Centre technique de coopération agricole et rurale
(ACP-UE), est un institut du Groupe des États ACP et de quel système fonctionnera le mieux vu grâce aux économies d’eau – et donc
l’UE, créé dans le cadre de l’Accord de Cotonou. Il est les conditions locales. Des agents de d’argent – réalisées. L’équipe de
financé par l’UE. Postbus 380, 6700 AJ Wageningen, recherche d’IrriSat est certaine que son
Pays-Bas (www.cta.int)
terrain vont ensuite voir les paysans
pour leur exposer les nouveaux projets système conviendrait aux pays ACP où
Production et gestion du contenu web : Contactivity bv, d’irrigation. Plusieurs grands de nombreux exploitants reçoivent déjà
Stationsweg 28, 2312 AV Leiden, Pays-Bas
(www.contactivity.com) programmes d’irrigation publient des des informations agricoles par SMS.
informations sur le web et informent la Petit ou grand, un système
Coordination rédactionnelle : Rutger Engelhard / Rédacteur : population locale via des émissions de d’irrigation permet au paysan
Jim Dempsey / Correction : Tim Woods (anglais), Jacques
Bodichon (français) / Réalisation graphique : Anita Toebosch / radio. d’augmenter ses bénéfices et ses
Traduction : Patrice Deladrier / Photo de couverture : Xinhua / rendements et donc de contribuer
Das Fotoarchiv. / Lineair / Conseillers scientifiques : Peter
Ballantyne, Oumy Ndiaye, Dorothy Okello, Kevin Painting
Aide individuelle grandement à la sécurité alimentaire du
Les TIC servent aussi à promouvoir de pays. L’irrigation protège le paysan
Copyright : ©2010 CTA, Wageningen, Pays-Bas plus petits programmes, via des d’une météo capricieuse et l’aide à
émissions de radio ou des sites web qui conserver une ressource précieuse :
http://ictupdate.cta.int expliquent les avantages de l’irrigation l’eau. Les TIC occupent désormais une
ou comment construire son propre place importante dans la gestion de
système goutte-à-goutte ou par l’eau et dans la promotion, le
Ce permis s’applique seulement à la
partie des textes de cette publication.
aspersion. Certains paysans reçoivent développement et l’entretien des
les prévisions météo par SMS afin de systèmes d’irrigation. ■

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Perspectives

comment exploiter au mieux leurs d’accompagnement de dix ans au bout


terres. de laquelle ils seront capables de le
La plupart des petits paysans d’Afrique gérer eux-mêmes.
subsaharienne n’ont besoin que d’un
simple système d’irrigation goutte-à- Technologie intégrée
goutte. Il suffit de collecter l’eau de pluie Le SIG convient parfaitement à
de la parcelle ou d’une source voisine, de l’élaboration de ce genre de programme
Maimbo Mabanga Malesu la stocker dans des bassins ou des national, ou de système couvrant
(m.malesu@cgiar.org) est coordinateur citernes, et d’utiliser soit une pompe à l’ensemble d’un bassin. Vous pouvez y
de programme au World Agroforestry pédales soit un système de siphon pour intégrer toutes sortes de données
Centre (www.worldagroforestrycentre.org) acheminer l’eau vers les cultures. Ces biophysiques – hydrologie, sol,
systèmes conviennent parfaitement à des inclinaison et végétation – pour avoir
exploitations d’un demi-hectare. une bonne vue d’ensemble et évaluer
rapidement les ressources disponibles.
Ces informations peuvent être facilement

Adapter la technologie mises à la disposition d’autres services


publics, de services de vulgarisation, ou
des internautes que cela intéresse.
D’autres outils sont néanmoins

L ’irrigation ne faisait guère partie du


paysage subsaharien jusqu’ici. Mais
le climat change depuis quelque temps :
L’irrigation permet aussi de se lancer
dans l’agriculture commerciale
puisqu’on peut récolter toute l’année, y
nécessaires pour informer la
population. Les programmes radio sont
pratiques pour toucher un large public,
il est moins prévisible, moins fiable. Le compris en saison sèche, des produits donner des détails sur les systèmes
paysan qui compte uniquement sur la aussi rentables que la tomate, la carotte d’irrigation envisagés ou aviser la
pluie pour arroser ses champs risque d’y et le poivron et ainsi récupérer population de l’évolution d’un vaste
perdre toute sa production. L’irrigation rapidement sa mise de fonds. Un petit programme local. Les coopératives
entre dans l’arsenal de la gestion des système d’irrigation goutte-à-goutte (un agricoles ou les associations paysannes
risques ; face à une nouvelle donne, de bassin de 120 mètres cubes à peuvent se procurer les enregistrements
nombreux fermiers veulent en savoir revêtement en plastique, une pompe et des émissions pour savoir quels sont
plus sur les programmes d’irrigation et du grillage) revient à 800-1 000 dollars, les divers types d’irrigation et si les
une somme amortie en 2 ou 3 ans. terres locales s’y prêtent. Beaucoup de
projets utilisent les envois massifs de
Plans d’accompagnement SMS pour donner des informations
À l’ICRAF, nous avons constaté que les plus spécifiques aux paysans.
petits projets d’irrigation marchaient Le plus important, c’est de concevoir
mieux lorsqu’ils étaient accompagnés, des systèmes – d’irrigation et
surtout aux premiers stades de la d’information – parfaitement adaptés à
planification et de la gestion. C’est là l’environnement et à la population qui
que les TIC s’avèrent utiles. les utilise.
Au Rwanda, par exemple, l’ICRAF La première étape consiste donc à
planche sur un schéma directeur de améliorer l’agriculture sans irrigation et
l’irrigation à l’aide d’un SIG et d’autres à trouver le moyen d’informer le paysan
outils scientifiques et d’ingénierie. Aux en fonction de ses besoins spécifiques.
quatre coins du pays, notre équipe a À plus long terme, la télédétection et les
recueilli des données sur la topographie, SIG nous aideront à déterminer et à
les ressources hydriques, l’affectation et introduire les modes d’irrigation les plus
les types de sols, les facteurs socio- adéquats pour réduire la vulnérabilité
économiques. Nous avons saisi chaque du paysan face à une météo de plus en
type de données dans des couches plus capricieuse.
séparées du SIG, puis nous avons La radio, Internet, les SMS et autres
procédé à des analyses détaillées applications portables peuvent aider le
multicritères. Avec ces paramètres, nous paysan à évoluer vers de nouveaux
pouvons délimiter les zones propices à systèmes ou pratiques. L’information
l’irrigation. Nous effectuons ensuite une doit être précise et opportune et ce,
étude détaillée sur place et élaborons un d’autant plus que les services de
programme d’irrigation adéquat avec vulgarisation sont gravement sous-
des paysans locaux – ceux qui ne financés. Les TIC sont le meilleur moyen
possèdent que quelques acres. d’acheminer l’information jusqu’aux
Geoff Moore / Rex Features / HH

Nous développons ensuite des projets exploitations rurales. Gestionnaires et


pilotes pour voir quelle forme ingénieurs doivent par conséquent
d’irrigation fonctionne le mieux et intégrer ces technologies d’un bout à
s’avère la plus rentable pour la l’autre de leur réflexion afin de
communauté. Les paysans sont formés développer des programmes d’irrigation
au maniement et à l’entretien du bien pensés et de permettre au paysan
système, et bénéficient d’une période de prendre des décisions éclairées. ■

http://ictupdate.cta.int 3
A u Mali, l’Office du Niger dévie les
eaux du fleuve vers deux grandes
zones rizicoles. Les gestionnaires de ce
représentant en moyenne une dizaine
d’exploitants. Chaque exploitant est
responsable de l’irrigation et du
facteurs affectent la consommation
selon les parcelles et les zones. Le type
de sol, la qualité de l’eau et
Dossier programme d’irrigation s’emploient à drainage de son champ de riz. l’amendement peuvent influencer la
en améliorer l’efficacité pour faire face consommation d’eau, mais un faible
aux extensions futures. Compensation rendement peut aussi être révélateur de
En 2009, WaterWatch, un cabinet de Pour maintenir le coût de l’évaluation problèmes dans le système d’irrigation.
consultance néerlandais, a testé une au plus bas, les chercheurs se sont Un mauvais entretien des canaux et
méthode de télédétection à bas coût pour (notamment) servis d’images satellite. des structures, une gestion inadéquate
analyser l’efficacité de l’Office du Niger. Depuis 1984, Landsat7 prend des et une utilisation illégale de l’eau
Bien que sous-tendue par des techniques clichés en haute résolution qui sont peuvent induire des rendements plus
éprouvées, il s’agissait de la première archivés et accessibles sur le site Glovis faibles chez les producteurs en fin de
évaluation de la performance d’irrigation de la United States Geological Survey. parcours. L’étude a révélé que les
basée uniquement sur la télédétection et Les chercheurs se sont également rendements estimés en aval de l’Office
offrant des cartes très détaillées. appuyés sur les données météo du Niger étaient de 18 % inférieurs à
Implanté dans la région de Ségou, (température de l’air, humidité et ceux en amont.
l’Office du Niger est le plus ancien des vitesse du vent) fournies par la station Dans un casier, l’étude a révélé de
périmètres irrigués d’Afrique de l’Ouest météo de Ségou. hauts rendements en début et en fin de

Contrôle à distance
Pour répondre aux impératifs modernes et préparer l’expansion, l’Office du Niger dote
son réseau d’irrigation de moyens de télédétection pour analyser son efficacité sans
avoir à se rendre sur place pour vérifier l’état des infrastructures.

et le plus étendu. Il a été créé dans les Sur la base de ces données, l’équipe de parcours, mais de faibles rendements
années 1920. Aujourd’hui, ses 80 000 WaterWatch a évalué l’Office du Niger à au milieu. D’après le gestionnaire du
hectares de champs de paddy l’aune de quatre facteurs : 1) l’intensité casier, celui-ci serait suffisamment
produisent 465 000 tonnes de riz par des cultures – qui mesure le « caractère approvisionné en eau, mais un barrage
an, soit environ 40 % de la production vert » d’une zone ; 2) la productivité de mal conçu à mi-parcours ferait que les
nationale. C’est un élément essentiel de l’eau – le volume de riz récolté au regard champs sont moins irrigués à partir de
la sécurité alimentaire du pays. du volume d’eau nécessaire ; 3) ce point. La consommation d’eau
Le riz croît surtout durant la saison l’uniformité – l’eau est-elle également augmenterait en fin de casier grâce à
des pluies (de juin à décembre). répartie sur l’ensemble du périmètre ; l’eau de drainage excédentaire qui
L’ensemble du périmètre est alors 4) la performance amont-aval – qui s’accumule en aval du système.
alimenté continuellement. Les paysans compare le volume d’eau consommé au D’après la recherche, la faiblesse des
ont le droit d’irriguer à condition de début et à la fin du périmètre irrigué. rendements est en partie imputable à la
s’être acquittés de la redevance. Ces L’analyse des images satellite a gestion de l’eau d’irrigation, bien que
dernières années, le gouvernement a révélé la présence de végétation dans d’autres facteurs entrent en ligne de
tenté de promouvoir une deuxième l’ensemble du périmètre de l’Office du compte, comme la détérioration de la
récolte de riz (de mars à juin) en Niger lors de la principale saison de qualité de l’eau. L’analyse montre que
abaissant cette redevance. culture, mais aussi durant la saison la productivité des ressources hydriques
L’ensemble du périmètre est divisé en secondaire, alors que la pluviosité est de l’Office du Niger pourrait être
cinq zones administratives en charge faible : les exploitants ont donc dû nettement améliorée. La construction
de la gestion de l’eau et du sol. Ces recourir au système d’irrigation, ce qui d’un réseau de drainage correct, par
zones sont sous-divisées en casiers, laisse à penser que la politique exemple, abaisserait les niveaux de
eux-mêmes sous-divisés en blocs d’abaissement de la redevance a porté salinité, réduirait les inondations et
ses fruits. améliorerait les rendements.
L’étude a montré des variations dans
les rendements rizicoles d’une zone Connaissance pratique
Sander J. Zwart (s.zwart@cgiar.org) est spécialiste en SIG et en administrative à l’autre. Une L’équipe de WaterWatch a collaboré
télédétection à l’Africa Rice Centre (www.warda.org), distribution inégale de l’eau sur étroitement avec la direction de l’Office
Lucie M. C. Leclert (l.leclert@gmail.com) est spécialiste en l’ensemble du périmètre pourrait afin de discuter des avantages et des
irrigation / sciences sociales chez Euroconsult-MottMcDonald, expliquer ce phénomène. Idéalement, limites de la méthode et des
et Wim Bastiaanssen (w.bastiaanssen@waterwatch.nl) est le un système d’irrigation doit répartir ajustements à y apporter. S’agissant par
directeur de WaterWatch (www.waterwatch.nl) l’eau de manière égale entre tous les exemple du casier équipé d’un barrage
utilisateurs, mais sur le terrain divers mal conçu, la direction était consciente

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Cynthia Boll / HH

du problème, mais a pu mieux en zones uniquement rizicoles. Les cartes Google Earth. Les ingénieurs en
mesurer les conséquences grâce à résultats de l’étude pourraient irrigation peuvent utiliser cette
l’analyse par télédétection. également être corrélés aux données application pour obtenir des images
L’étude a confirmé nombre de provenant des cartes du sol, des flux détaillées et de très bonne qualité des
problèmes de performance déjà perçus d’eau de surface et de l’analyse de la terres et zones où l’eau est gaspillée ou
par la direction. Durant la saison des qualité de l’eau afin de déterminer davantage d’irrigation est nécessaire.
pluies, les cultures reçoivent plus d’eau l’origine des mauvaises récoltes. En maintenant ses coûts au plus bas et
que nécessaire, d’où un manque L’Office du Niger et les agences en facilitant l’accès à ses données,
d’efficacité de la distribution, des donatrices ont affiché un grand intérêt WaterWatch espère que sa méthode
engorgements et des pertes d’eau vers pour les résultats de l’étude et les pourra s’appliquer à de plus en plus de
les zones de drainage. En faisant possibilités offertes par la télédétection. systèmes d’irrigation, et qu’au final
coïncider l’offre et la demande, les Les gestionnaires y voient une occasion l’utilisation des données de
gestionnaires peuvent améliorer de repérer et de définir les zones de télédétection entrera davantage dans le
l’efficacité et la productivité de l’eau. réhabilitation prioritaires et de quotidien des cultivateurs. ■
L’incorporation des données de cartographier les cultures qui sont
télédétection dans le travail de suivi et irriguées sans faire officiellement partie
d’évaluation des gestionnaires des casiers.
présuppose toutefois qu’on apporte des WaterWatch a appliqué ses méthodes Ressources corrélées
changements au système actuel et dans toutes les zones agricoles du
qu’on forme le personnel à monde. Cette diversité d’action permet Utilisation de l’eau dans les vignobles du Cap oriental
l’interprétation des images. Les à l’équipe de revoir et d’adapter sans WaterWatch a réalisé des cartes en Google Earth montrant
chercheurs devraient en outre corriger cesse ses techniques afin d’apporter l’utilisation de l’eau dans les exploitations viticoles
leur méthode pour livrer des résultats aux exploitants une vision plus précise sud-africaines du Cap oriental.
plus précis. des forces et des faiblesses de leurs ➜ www.waterwatch.nl/grapes
L’analyse des images utilisées par systèmes d’irrigation. WaterWatch
cette étude ne permettait pas d’opérer utilise depuis peu les outils web 2.0 Office du Niger
une distinction entre les plants de riz et afin de rendre les résultats de ses ➜ www.office-du-niger.org.ml
d’autres types de végétaux comme les études plus accessibles.
mauvaises herbes. À l’avenir, les Pour de récents projets menés en Glovis, archives d’images de la United States
recherches devront donc s’employer à Égypte et en Afrique du Sud, les Geological Survey
distinguer le riz des autres végétaux et chercheurs ont converti les données de ➜ http://glovis.usgs.gov
à estimer précisément le rendement des télédétection et de qualité du sol en

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Biosphoto / Dominique Delfino / Lineair
Le juste dosage
Irrisat-SMS conjugue les données satellite, les informations fournies par les
stations météo locales et les paysans pour prodiguer chaque jour des
conseils précis d’irrigation via SMS.

I rrisat-SMS est un service de gestion


de l’irrigation qui fait appel à la
haute technologie pour informer les
Ce service envoie chaque jour un
SMS aux fermiers abonnés. Ceux-ci
sont invités à renvoyer des
Des stations météo locales collectent
la température, la vitesse du vent,
l’insolation et l’humidité relative et
Études fermiers. Développé en informations au système, notamment le transmettent automatiquement ces
de cas Nouvelle-Galles du Sud (Australie) par temps exact de fonctionnement de leur données à la base centrale d’Irrisat-
CSIRO Land and Water, il convertit les système d’irrigation ce jour-là, et SMS. Conjuguées aux données
données d’images satellite et de éventuellement la pluviosité sur leur d’évapotranspiration, ces informations
stations météo en messages SMS qui exploitation. Un ordinateur consigne déterminent le volume d’eau réellement
sont envoyés aux fermiers pour les l’usage en eau de chaque ferme. consommé par chaque ferme.
aider à déterminer le temps de Durant toute la saison, le système La consommation d’eau journalière
pompage nécessaire pour reconstituer accumule les images satellite pour d’une parcelle est souvent exprimée en
le volume d’eau utilisé pour irriguer suivre l’évolution des récoltes dans les millimètres (ou pouces), ce qui ne
leurs récoltes. fermes abonnées. La lumière réfléchie donne pas au fermier une idée précise
par le sol et la végétation est mesurée et personnalisée des besoins en eau de
par les capteurs des satellites et son exploitation. Pour ce faire, les
convertie grâce à un logiciel de chercheurs d’Irrisat-SMS doivent visiter
Richard Soppe (richard.soppe@csiro.au) est spécialiste en télédétection en mesure de vitalité des et évaluer chaque système d’irrigation.
irrigation chez CSIRO Land and Water (www.clw.csiro.au) récoltes. Cela donne une idée du taux Pour l’irrigation goutte-à-goutte, très
d’évapotranspiration des parcelles. fréquente dans la zone de test de

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Nouvelle-Galles du Sud, les chercheurs volume d’eau utilisé par le système disponibilité d’équipements agricoles et
ont utilisé des récipients de collecte et d’irrigation. de main-d’œuvre au moment opportun,
des chronomètres pour mesurer le taux Bien que la version web soit ouverte sans oublier le cours des produits
d’arrosage réel de plusieurs goutteurs à tous les fermiers abonnés à Irrisat- cultivés.
choisis au hasard. Les récipients SMS, beaucoup ne s’en servent pas ; L’eau n’est donc pas toujours le
collectent l’eau qui sort du goutteur l’accès à Internet reste très limité dans facteur déterminant du rendement.
durant un laps de temps précis. Le certaines régions rurales d’Australie, Tous les cultivateurs n’ont pas suivi les
fermier peut ainsi connaître contrairement à la couverture mobile. conseils prodigués par Irrisat-SMS.
l’uniformité d’arrosage du système Les fermiers d’une autre région test du Certains ont délibérément sous-produit
goutte-à-goutte et voir si un entretien système, près de Sydney, ont opté pour en raison de la faiblesse des cours ou
ou un remplacement sont nécessaires. Irrisat-Web. Ils avaient un meilleur d’un manque de contrats garantis ;
Ces données lui donnent également la accès à Internet, et beaucoup n’étaient d’autres n’ont pas pu suivre les conseils
pluviométrie réelle du système que des fermiers amateurs propriétaires par manque d’eau (notamment les
d’irrigation, c.-à-d. la quantité d’eau de petites parcelles. Ils voulaient exploitations irriguant à partir d’un
effectivement fournie à la plante. La accéder aux informations au moment bassin de rétention, qui sont totalement
pluviométrie est consignée dans la base qui leur convenait le mieux, plutôt que dépendantes de la collecte d’eau de
d’Irrisat-SMS et sert à calculer le temps de recevoir chaque matin un SMS sur pluie en saison).
de pompage nécessaire pour apporter leur portable. Le service Irrisat-SMS n’a jusqu’ici
aux plants la quantité d’eau réellement Avec ces fermiers, la principale été déployé que dans les zones
consommée. Cette information est difficulté tenait à la culture conjointe irriguées d’Australie, mais pourrait être
envoyée quotidiennement aux fermiers de nombreuses variétés de légumes non étendu à certains pays d’Asie. La
par SMS. indigènes, à divers stades de fourniture d’informations d’irrigation
développement. L’enracinement par SMS conviendrait aussi à certains
Un outil qui s’adapte superficiel de la plupart de ces légumes pays ACP, où le portable est roi. Il est
Irrisat-SMS prodigue déjà des conseils ne favorise pas le stockage de l’eau et en effet devenu un outil largement
d’irrigation pour diverses cultures dans demande une irrigation fréquente. Une accessible à travers le monde, le trait
divers environnements. Certaines approche fondée sur le bilan hydrique d’union entre les systèmes en ligne et
cultures ou situations requièrent un – pour reconstituer le volume d’eau les exploitations non connectées.
effort supplémentaire pour trouver les utilisé la veille – exigeant un feed-back Les informations fournies par les
informations nécessaires aux fermiers. trop important des fermiers, une autre satellites et les stations météo
La base de données a donc été conçue approche a été suivie : l’adaptation permettent au service Irrisat d’assurer
de manière à s’adapter à des demandes d’Irrisat-SMS pour envoyer un SMS un suivi régulier et à distance des
particulières. indiquant le besoin maximum en eau zones rurales. Les contacts et feed-back
En Nouvelle-Galles du Sud, dans la dans la zone cultivée. des utilisateurs renforcent cet outil
région de Griffith, par exemple, les souple et adapté aux impératifs de
producteurs de raisin blanc ont d’autres Connexion personnelle gestion de l’eau des fermiers. Plusieurs
impératifs d’irrigation que les Tout au long du développement, années de test ont montré que de
producteurs de raisin rouge. Les l’équipe d’Irrisat a recueilli des données simples SMS, acheminant les
premiers cherchent à maximiser la précises auprès des fermiers. La plupart informations de sources high-tech,
production, tandis que les seconds jugent les conseils d’irrigation fournis peuvent être un outil de vulgarisation
s’efforcent aussi d’optimiser la qualité par SMS profitables. Plusieurs fermiers formidable pour la gestion agricole et
par la gestion de l’eau. expérimentés ont vu le service de l’eau sur l’ensemble du globe. ■
La base de données d’Irrisat-SMS confirmer leurs programmes
reprend des informations sur ces d’irrigation basés sur des années
cultures et si possible leurs besoins en d’expérience. D’autres, surtout ceux qui
Biosphoto / Dominique Delfino / Lineair

eau. Des ajustements ont été ont récemment changé de technique


nécessaires en tout début de saison, agricole (de l’irrigation par sillon à
lorsque la canopée des feuilles de vigne l’irrigation goutte-à-goutte ou de la
était basse et que les herbes, adventices viticulture à la fruiticulture), se servent
et autres cultures entre les rangées de cette information pour paramétrer
faussaient les données de vitalité l’irrigation et appliquent les conseils
fournies par le satellite. dans la mesure du possible. Un
Des producteurs de coton australiens troisième groupe se sert des
ont utilisé ce système sur plusieurs informations comme référentiel, Irrisat-
champs d’une même exploitation. Web leur offrant une comparaison
Chaque champ ayant besoin anonyme avec d’autres cultivateurs du
d’informations d’irrigation même secteur.
individualisées, les développeurs ont On sait pertinemment que le
mis au point Irrisat-Web, le pendant rendement est lié à l’eau disponible en
Internet d’Irrisat-SMS, pour éviter saison ; tout déficit hydrique impacte
l’envoi excessif de SMS. Dans cette immédiatement le rendement.
version, le fermier reçoit une vue L’irrigation n’est toutefois pas le seul
graphique de ses champs, leur bilan facteur à prendre en considération : il
hydrique, le temps de fonctionnement y aussi l’implantation, la gestion des
cumulé nécessaire pour reconstituer le maladies et des nuisibles, la

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Xinhua / Das Fotoarchiv. / Lineair
L’avenir se dessine aujourd’hui
Le ministère tanzanien de l’eau et de l’irrigation a élaboré une stratégie
TIC basée sur les SIG, la radio et le portable pour fournir des services
d’eau et d’irrigation.

Q uand on vit dans une zone reculée


de Tanzanie et qu’on veut savoir
ce que fait le gouvernement pour
non seulement à mieux informer le
public, mais aussi à définir les
politiques de recours aux TIC pour
recueillir des informations sur la
qualité du sol et les ressources
hydriques disponibles pour aider les
Études favoriser l’irrigation dans sa région, on rationaliser le travail quotidien et gestionnaires et les ingénieurs à définir
de cas doit faire le périple jusqu’au ministère améliorer l’efficacité du service. les zones propices à l’irrigation.
de l’eau et de l’irrigation (MEI) et « Auparavant, chaque département « Nous sommes en train de
interroger un fonctionnaire. Conscient était responsable de ses propres développer un système de recensement
de cette difficulté pour les administrés, équipements et processus » nous dit de tous les points d’eau et services
le ministère recourt de plus en plus aux Joash Nyitambe, chef de l’unité TIC du d’irrigation du pays », ajoute Nyitambe.
TIC pour faire connaître son action. MEI. « Les tâches n’étaient ni intégrées « Nous devons actualiser notre base
Dans le cadre de la politique ni partagées, d’où un gaspillage des d’information afin de planifier et
nationale de cybergouvernance, le MEI ressources. Nous n’avions pas de vision d’arbitrer les futurs investissements.
a élaboré une stratégie TIC détaillée d’ensemble de nos ressources actuelles Nous allons nous rendre sur chaque
pour l’ensemble de ses bureaux et pas plus que de celles dont nous point d’eau avec des récepteurs GPS
départements. Ce nouveau « plan » vise aurions besoin demain. C’est pour cette pour enregistrer leurs coordonnées, et
raison que nous avons élaboré un plan nous sommes en train de tester diverses
détaillé. » méthodes permettant aux agents de
La stratégie du ministère fixe les terrain de collecter d’autres données
Joash Nyitambe (jnyitambe@MEI.go.tz) est chef de l’unité modalités d’application des TIC entre telles que l’état des pompes à eau et les
TIC au ministère tanzanien de l’eau et de l’irrigation 2010 et 2014. S’agissant de l’irrigation, variétés cultivées. Les portables seront
(www.mowi.go.tz) il s’agira essentiellement d’un recours à sans doute utiles pour recueillir ce
la télédétection et aux SIG afin de genre d’information : les agents de

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terrain peuvent les emmener partout et usagers auront une meilleure vue fonctionnalité. Nous devons déterminer
renvoyer les données via le réseau d’ensemble de leur consommation précisément ce dont nous avons besoin
mobile sans devoir rentrer au bureau exacte et de ce qu’ils payent. Plus pour développer nos services. Nous
chaque soir. »  efficace, le nouveau procédé permettra réexaminerons le plan chaque année et
au ministère de réinvestir les choisirons la technologie à utiliser pour
Des données ciblées économies réalisées dans la fourniture rester en phase avec nos objectifs. »
Le ministère va également analyser les de meilleurs services de base. Dans un L’achat et l’installation de la
niveaux de connectivité à Internet et avenir proche, les factures d’eau technologie dans tout le pays
aux réseaux mobiles à travers tout le pourront également être envoyées représente un coût initial élevé. Les
pays. Après avoir dressé la carte des directement sur le portable de l’usager cadres du MEI assurent toutefois que le
zones couvertes, les spécialistes en afin qu’il puisse l’acquitter par programme sera rentabilisé par une
communication pourront déterminer le m-banking. Il ne devra plus se rendre à récupération plus efficace des coûts,
meilleur moyen d’atteindre les l’administration locale pour l’obtenir ni l’intégration des ressources et la
habitants de chaque région. Le la payer. rationalisation des services. Un plan
ministère utilisera plutôt les SMS pour d’avenir global a par ailleurs de quoi
informer les administrés des zones où Des réexamens réguliers séduire les donateurs. Quoique ceux-ci
le portable est bien ancré, et plutôt des L’élaboration d’une stratégie aussi aient souvent leurs propres plans : une
programmes radio pour s’adresser aux détaillée peut prendre du temps : dix- stratégie clairement définie peut leur
apparaître comme un carcan.
« En règle générale, les donateurs
aiment les bénéficiaires qui savent
Le rythme du changement technologique est un défi exactement ce qu’ils veulent et ce
qu’ils vont faire de leur argent, » dit
que tout concepteur d’un plan national TIC de Nyitambe. « Mais de nombreux
longue durée doit prendre en compte donateurs ont déjà identifié les zones
où ils veulent investir ; si notre plan ne
coïncide pas avec le leur, nous aurons
habitants des zones dépourvues de huit mois dans le cas du MEI. L’équipe bien du mal à trouver des
couverture Internet et mobile. Ceux qui responsable a d’abord consulté les financements. »
ont une bonne connectivité Internet fonctionnaires de chaque département, Après le temps et les efforts
pourront recevoir les infos par courriel puis retenu les idées qui formeraient consacrés à l’élaboration d’un plan
ou en consultant le site du ministère. l’ossature du plan. Elle a ensuite aussi détaillé, le personnel du ministère
« Les résultats de nos précédents présenté un plan détaillé à des devra peut-être relever un nouveau
projets d’information agricole via le techniciens, à la direction et à des élus défi : des élections sont prévues en
web sont très encourageants », dit pour recueillir leur avis. Et pas Tanzanie en octobre 2010 et le nouveau
Nyitambe. « Il reste des zones où la seulement au sein du MEI mais aussi ministre pourrait avoir d’autres
couverture mobile est peu fiable, mais dans d’autres ministères concernés. priorités. Mais Nyitambe ne baisse pas
certains villages ruraux sont bien « Les questions administratives ont les bras, il est convaincu qu’avec la
équipés et disposent d’une bonne pris énormément de temps », dit nouvelle stratégie TIC le ministère
connexion à Internet. Nous ne nous Nyitambe. « Mais nous avons associé le pourra fournir de meilleurs services
attendions pas à ce que nos services plus de monde possible dès le départ, d’eau et d’irrigation à la population.
Internet marchent aussi bien dans ces soit en les conviant aux réunions, soit « On ne peut différer la réalisation des
localités. Il en ressort que nous devons en ayant des conversations informelles. plans simplement parce que l’avenir est
adapter notre offre d’information en Quand enfin nous avons réuni toutes incertain. Cela montre au contraire
fonction du lieu et choisir la méthode ces personnes pour discuter de notre combien cette stratégie est nécessaire
et la technologie d’information qui plan, elles étaient déjà au courant de ce pour prévoir et être parés aux éventuels
conviennent le mieux à la population. » que nous faisions et du pourquoi. Cela changements. » ■
À partir de ces nombreuses sources nous a permis d’avancer en douceur et,
de données, le MEI va élaborer un plan malgré les inévitables changements et
précis de l’emplacement des futurs suggestions à incorporer, d’arriver
programmes d’irrigation. Les assez rapidement à un consensus. »
gestionnaires pourront utiliser les SIG Les TIC évoluent vite : chaque jour
et les informations de terrain pour voit l’arrivée de nouveaux systèmes
déterminer les sites prioritaires et le d’exploitation, d’ordinateurs plus
type d’irrigation. Ils choisiront la rapides et plus performants et de
technologie offrant la meilleure nouvelles applications mobiles
couverture pour aviser la population téléchargeables. Le rythme du
locale de ces nouvelles installations et changement technologique est un défi
mettre en place des systèmes de retour que tout concepteur d’un plan national
Joerg Boethling / Lineair

d’information. TIC de longue durée doit prendre en


Le ministère va aussi intégrer ses compte.
réseaux informatiques pour s’atteler « Nous pouvions difficilement faire
aux problèmes d’approvisionnement en référence à une technologie précise
eau, par exemple, et réformer le dans la stratégie », dit Nyitambe.
système de facturation actuel. Les « Nous avons donc considéré la

http://ictupdate.cta.int 9
Eau, sol et données
Au Swaziland, un projet détermine les zones irrigables au moyen d’un SIG et de la télédétection.
Les données sont analysées pour rendre la gestion du projet plus efficace.

L es sécheresses sont fréquentes dans


la région du Lower Usuthu au
Swaziland. Avec son climat semi-aride,
(Lower Usuthu smallholder irrigation)
se propose de construire les
infrastructures principales, dont trois
Expérience de croissance
Une autre activité importante du LUSIP
consiste à tenir le public au courant
Études les paysans locaux parviennent à peine bassins de rétention des eaux déviées des avantages et des avancées du
de cas à se nourrir. Le revenu annuel moyen du fleuve Lower Usuthu. projet. La communication avec les
est de cent dollars par habitant, et le Dans un premier temps, ce projet habitants des zones irriguées se fait
restera sans doute si les paysans ne permettra à 2 600 ménages d’irriguer essentiellement via des rencontres. Les
peuvent compter que sur la pluie pour 6 500 hectares de terres. Pour la collaborateurs organisent régulièrement
arroser leurs récoltes. première fois, les paysans du crû vont des réunions villageoises et rencontrent
Des recherches menées dans cette pouvoir passer de l’agriculture de les chefs traditionnels et les paysans
région laissent toutefois à penser que subsistance à la culture de rente et pour les aviser des dernières évolutions
l’irrigation des terres permettrait augmenter leurs revenus. 800 hectares du projet et pour dispenser des
d’arriver à des rendements analogues à sont déjà irrigués, des travaux sont en formations aux nouvelles techniques
ceux des exploitations commerciales cours pour en irriguer 5 000 de plus. agricoles et d’irrigation.
avoisinantes. Plusieurs paysans de la Grâce au projet, des paysans ont
région se sont récemment lancés dans Une localisation précise également pu se rendre dans d’autres
de petits programmes d’irrigation pour La télédétection et les systèmes parties du pays pour se confronter à
cultiver la canne à sucre, avec de bons d’information géographique (SIG) sont des techniques susceptibles de convenir
résultats (105 tonnes par hectare). au cœur de la planification et de la à leurs nouvelles cultures. LUSIP
C’est sur cette base qu’une entreprise gestion du projet. Leurs données dispose d’une parcelle de
publique locale, Swaziland Water and aident les paysans à tirer le meilleur démonstration pour montrer et tester la
Agricultural Development Enterprise parti des nouvelles terres irriguées. Les rentabilité des cultures. Un centre
(SWADE), s’est associée à divers données SIG, par exemple, sont d’information a été spécialement créé
partenaires locaux et internationaux analysées pour définir les zones pour organiser des ateliers et permettre
pour développer un grand programme irrigables, montrer les types de sol et aux paysans d’y poser des questions et
d’irrigation régional. Le projet LUSIP recenser les sources d’eau existantes. y trouver des réponses.
L’équipe a rendu visite aux paysans Les informations dispensées lors des
pour les conseiller dans le choix des cours de formation, des ateliers et des
variétés à cultiver, en fonction des réunions sont relayées par la radio, la
Arie Kievit / Hollandse Hoogte

conditions locales. télévision et des articles de journaux.


SWADE se sert aussi de données La radio est un vecteur très important
géoréférencées pour établir la carte des pour le projet, dont le personnel
ménages nécessitant un participe régulièrement à des
accompagnement : ceux dont les programmes radio nationaux pour faire
revenus ou le rendement des terres sont le point sur les nouvelles techniques
particulièrement faibles. Ces cartes agricoles et les opportunités
servent aussi à établir un cadastre et à commerciales. Les émissions de radio
délimiter des équipements collectifs permettent au grand public de prendre
comme des écoles et des cliniques. connaissance du projet et des
Tout au long du projet, l’équipe a avantages de l’irrigation.
actualisé les cartes et les données SIG Tout au long du projet, SWADE s’est
pour garder une trace de ses activités. servi de systèmes de gestion de
Elle consigne actuellement la l’information pour affiner et consigner
localisation exacte des ménages qui ses processus d’installation de systèmes
bénéficient de l’irrigation ou de d’irrigation dans la zone du Lower
services du projet (formation et Usuthu. Cet archivage précis de la
conseils agricoles). Le fait de savoir méthodologie permettra de reproduire
exactement quels paysans participent le projet de manière efficace dans
au projet et quels sont ceux qui ont d’autres zones du Swaziland. SWADE
déjà été contactés permet aux incite celles et ceux qui travaillent sur
gestionnaires de suivre les progrès, de des projets analogues en Afrique à
planifier les activités et d’éviter les visiter le projet LUSIP pour confronter
Doctor Lukhele (lukheledmp@swade.co.sz) est directeur redondances ou le gaspillage des leurs idées, dans l’espoir que d’autres
général de Swaziland Water and Agricultural Development ressources en se rendant dans des s’inspirent de cet exemple pour
Enterprise (www.swade.co.sz) foyers qui ne sont pas directement développer des programmes d’irrigation
concernés par le projet. ailleurs sur le continent. ■

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Août 2010 ICT Update numéro 56
TechTip

Une planification éclairée de l’irrigation


De nombreuses sources sont disponibles gauche. Une carte du monde s’affiche
sur la toile pour aider les services de dans une nouvelle fenêtre ; les couleurs
vulgarisation agricole, les ONG et les indiquent le pourcentage de terres
coopératives à créer et à entretenir des irriguées. Cliquez sur la loupe affichant un
systèmes d’irrigation pour petits +, en haut à gauche, pour agrandir la zone
paysans. voulue. Cliquez sur le globe pour revenir
au planisphère.
Soucieuse d’apporter des informations sur Vous pouvez aussi télécharger cette
l’agriculture mondiale, la division des carte en format pdf (Adobe Reader), soit
terres et des eaux de la FAO a développé en haute résolution (7,7 Mo), soit en
plusieurs systèmes d’information liés à basse résolution (1,9 Mo).
l’eau et à l’irrigation. Tous sont disponibles Mais la meilleure façon de visualiser la
gratuitement sur le web. carte consiste sans doute à passer par
Google Earth, si vous avez déjà installé
AQUASTAT cette application sur votre ordinateur

Melters/missio/das Fotoarchiv / Lineair


www.fao.org/nr/water/aquastat/main/ (sinon téléchargez-la, ici http://earth.
indexfra.stm google.fr/intl/fr ). Cliquez sur le lien « Map
Le principal mandat de ce programme est in Google Earth » depuis la page principale
la collecte, l’analyse et la diffusion du site de la carte d’irrigation, puis sur
d’information sur l’eau et l’agriculture de « enregistrer » pour sauvegarder ce petit
par le monde. Sélectionnez votre pays à fichier sur votre ordinateur (3 Ko). Ouvrez
partir des menus déroulants de la page le fichier dans Google Earth pour voir les
d’accueil pour obtenir : zones coloriées correspondant au
• les profils de pays, qui donnent un pourcentage de terres irriguées (il faudra
aperçu du climat, des précipitations, de peut-être quelques secondes au
la sécurité alimentaire, des ressources programme pour s’ajuster si vous
en eau et des politiques de gestion de agrandissez la carte). l’année, y compris les températures
l’eau Vous pouvez également visualiser les minimales et maximales, l’humidité, les
• les fiches d’information, qui fournissent données sous forme de liste à partir de la heures de précipitations et
des données sur la superficie du pays, le page d’accueil. Cliquez sur le lien d’ensoleillement. Si vous ne disposez pas
prélèvement d’eau, l’irrigation et le « Irrigation by country », puis choisissez le de données précises pour votre région, la
drainage pays dans le menu déroulant. FAO vous propose une base de données
• les fiches du bilan d’eau, qui reprennent compatible avec le logiciel qui reprend les
des données sur les moyennes à long CropWat données climatiques de plus de 5 000
terme de ressources en eau www.fao.org/nr/water/infores_ stations météo. Téléchargez ClimWat en
renouvelables intérieures, les chiffres databases_cropwat.html cliquant sur le lien dans la colonne de
des précipitations, des eaux de surface CropWat est un logiciel qui calcule les gauche du site. Sur la même page, vous
et souterraines besoins en eau et en irrigation d’une trouverez un autre programme utile, ETo
Le site comprend aussi une base de culture. On peut s’en servir pour Calculator, qui calcule le taux
données des barrages et réservoirs déterminer les heures d’irrigation et de d’évapotranspiration dont a également
d’Afrique, la proportion des ressources rééquilibrage hydrique en fonction du besoin CropWat. ■
d’eau totales utilisée (indicateur 7.5 des climat et du type de sol.
Objectifs du Millénaire pour le La dernière version en date du logiciel,
développement), ainsi que diverses cartes CropWat 8.0, tourne sous Windows 95, 98,
thématiques montrant notamment les ME, 2000, NT, XP et Vista. Pour la Ressources corrélées
sources d’eau renouvelables, la part de ces télécharger gratuitement, cliquez sur le
ressources prélevée pour l’agriculture et lien « download » dans la colonne de Climate Atlas Web Query
les zones agricoles irriguées. Toutes ces droite et indiquez votre adresse courriel et Créé par l’International Water Management Institute,
cartes peuvent être téléchargées au votre fonction dans le formulaire. Vous CAWQuer propose des fiches climatiques en fonction de la
format pdf. pourrez ensuite télécharger un fichier longitude et de la latitude d’une contrée.
compressé d’installation (3,4 Mo). Cela ➜ http://wcatlas.iwmi.org/Default.asp
Carte mondiale de l’irrigation fait, double-cliquez sur ce fichier pour
www.fao.org/nr/water/aquastat/ installer et exécuter le programme. WCA infoNET
irrigationmap/index.stm La FAO vous propose aussi un exemple Fournit toutes sortes d’informations sur la conservation de
Cette carte, qui fait partie du programme d’utilisation, que vous pouvez télécharger l’eau et son usage dans l’agriculture.
AQUASTAT, est un outil précieux pour qui depuis le même site. Cliquez sur le lien ➜ www.wca-infonet.org
veut se lancer dans un programme « Example of CropWat 8.0 use » dans la
d’irrigation car elle montre en détail les colonne (fichier pdf de 1,3 Mo). The Virtual Centre for Water in Agriculture
zones déjà irriguées. Pour utiliser le logiciel efficacement, Promeut l’utilisation de l’eau et du sol à des fins agricoles.
Sur le site web, cliquez sur le lien vous devez lui fournir les données ➜ www.ciseau.org
‘Interactive map’ dans la colonne de climatiques locales pour chaque mois de

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Q&R
plus tributaire de la pluie, il sait que ses d’irrigation, à trouver des terres irrigables
champs seront suffisamment arrosés. C’est et à repérer les ressources hydriques
comme une assurance. disponibles. Ils requièrent toutefois un haut
L’irrigation permet aussi de muer des niveau d’expertise et ne font pas partie du
terres improductives en terres arables et quotidien des petits paysans.
Stanley Rampair rentables. C’est particulièrement important Ce qui fait en revanche de plus en plus
(stanleyr@nicjamaica.com) pour la Jamaïque qui, comme la plupart des partie de leur quotidien, ce sont les
est le directeur général de la pays tropicaux, connaît deux saisons des capteurs d’humidité électroniques placés
commission nationale pluies, mais relativement distantes, directement dans le sol et raccordés à un
jamaïcaine de l’irrigation entrecoupées de saisons de sécheresse contrôleur de vanne électromagnétique. Le
(www.nicjamaica.com) (parfois sévère). Il pleut surtout en mai et capteur mesure l’humidité du sol. Lorsque
en octobre, moments que choisissent les celle-ci baisse – quand le sol devient trop
paysans pour arroser leurs cultures, mais sec – il envoie un signal au contrôleur, qui
ouvre la vanne d’arrosage. Quand
l’humidité remonte – quand le sol a été

L’efficacité à pleins tubes suffisamment irrigué – le capteur renvoie


un signal au contrôleur pour fermer la
vanne.
Le prix de ces humidimètres a tellement
Peu d’agriculteurs irriguent. Pourquoi ? c’est un pari risqué. Les pluies sont baissé qu’il est à la portée des petits
➜ Pour le petit paysan, l’irrigation a imprévisibles ; dans certaines zones, elles paysans. Un contrôleur revient à 100, une
toujours été une option relativement arrivent parfois un mois plus tard, ce qui vanne à 30 et un humidimètre classique à
coûteuse. L’environnement doit également rend la culture, surtout de variétés à court environ 120 dollars. Le paysan amortit
s’y prêter : la pente du terrain ne doit être terme, quasi impossible. rapidement son investissement grâce aux
ni trop forte ni trop faible et il faut un Vous devez choisir une méthode économies d’eau réalisées.
point d’eau. Autant d’exigences d’irrigation qui correspond à votre
rédhibitoires pour de nombreux exploitants. environnement et à vos cultures. En Quelles informations les TIC peuvent-
Prenez le cas de la Jamaïque : sur un Jamaïque, cela fait plus de 120 ans que elles apporter au paysan qui irrigue ?
total de 2,7 millions d’acres de terre, moins nous irriguons les plants de canne à sucre ➜ Cela dépend. Sur un portable, il pourra
de 500 000 sont irrigables. Le reste est sujet par submersion. Mais ce type d’irrigation recevoir les cours du marché et des conseils
à l’érosion, ne se prête pas à la n’est efficace qu’à 40-50 % chez nous. En pratiques. Mais tous les paysans n’ont pas
mécanisation ou présente d’autres d’autres termes, près de la moitié de l’eau de portable, ni ne savent lire et comprendre
problèmes de gestion. est perdue. L’irrigation par aspersion fait un SMS. Les conversations restent donc
Les paysans qui n’ont pas de point d’eau à mieux, avec 60-65 % d’efficacité, loin très importantes, que se soit sur le terrain
proximité pourraient se tourner vers la cependant du système goutte-à-goutte, ou lors de réunions formelles dans un
collecte d’eau de pluie, mais il y a trop de efficace à 90 %. Un paysan qui passe d’un centre local de formation, par exemple. La
contraintes. À commencer par la pluviosité : système efficace à 45 % à un système démonstration reste souvent la meilleure
il faut au moins 1 000 mm de précipitations efficace à 90 % peut arroser deux fois plus forme d’explication, surtout pour des
par an pour que cela en vaille la peine. de terres avec la même quantité d’eau. systèmes aussi complexes que l’irrigation
goutte-à-goutte ou par aspersion.
Quels sont les avantages de l’irrigation ? Quel peut être l’apport des TIC dans le
➜ Une nette amélioration des rendements fonctionnement de l’irrigation ? En quoi les TIC peuvent-elles aider les
et la certitude de récolter. Le paysan n’est ➜ Les SIG aident à définir les schémas administrations publiques et les services
de vulgarisation à promouvoir
l’irrigation ?
➜ Les TIC nous aident à tisser des liens
Friso Spoelstra / Hollandse Hoogte

avec d’autres professionnels de


l’agriculture, tant au niveau régional que
mondial. Nous nouons des contacts avec
d’autres pays qui irriguent pour améliorer
leur production ; les TIC nous permettent
de communiquer et d’éduquer. Les
Israéliens sont les champions du monde de
l’irrigation et nous avons beaucoup à
apprendre d’eux. Internet et les courriels
sont très pratiques pour établir ces liens.
Toutes ces technologies ont déjà permis
d’améliorer sensiblement la production
agricole au cours des dernières années et je
suis certain que l’agriculture fera de plus en
plus appel à elles pour recueillir des
données, contrôler les intrants et évaluer la
production de manière à utiliser plus
efficacement les ressources et améliorer les
rendements. ■

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Août 2010 ICT Update numéro 56

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