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Revue de presse HGGSP

Elections allemandes

Législatives en Allemagne : le candidat social-démocrate conforté dans son rôle de favori à la


succession de Merkel. Le ministre des Finances et vice-chancelier Olaf Scholz s’est imposé dimanche
soir lors du dernier grand débat télévisé des trois principaux candidats, à une semaine d’un scrutin
mal engagé pour le camp conservateur de la chancelière. Selon un sondage Forsa, le social-
démocrate a été désigné par 42 % des sondés comme le vainqueur de cette joute alors que son
opposant, le chef de file des conservateurs, Armin Laschet n’a convaincu que 27 % des personnes
interrogées et l’écologiste Annalena Baerbock, 25 %. Cette dernière pourrait toutefois jouer un rôle
clé dans la formation d’un gouvernement de coalition. Olaf Scholz et Annalena Baerbock, qui plaident
tous deux pour un relèvement du salaire minimum à 12 euros, semblaient d’ailleurs déjà former une
équipe dimanche soir, donnant l’impression d’un “débat à deux contre eux”, remarque Die Welt

Sous marins

“Apoplectique. Prise de court. Délaissée.” La France ne manquait pas d’“adjectifs rageurs”


pour exprimer son amertume, jeudi 16 septembre, au lendemain de l’annonce du pacte Aukus,
rapporte Politico.

“Les responsables français ont rarement été aussi acerbes dans leurs déclarations, contre un
allié ou un ennemi”, observe le site. “Pour eux, les États-Unis sous la présidence de Joe
Biden restent trumpiens, l’Australie est déloyale, et le Royaume-Uni à ce point méprisable
qu’il ne mérite même pas d’être mentionné.”

Pour The Guardian, le langage employé jeudi par le ministre français des Affaires
étrangères, Jean-Yves Le Drian, est “sans précédent”. “Cette décision unilatérale, brutale,
imprévisible, ressemble beaucoup à ce que faisait M. Trump”, a notamment déclaré le
ministre français. “Je suis en colère et amer. Cela ne se fait pas entre alliés. C’est vraiment
un coup dans le  dos.”

Avec le pacte Aukus, dont la France est exclue, Paris voit s’envoler un contrat de plus de
50 milliards d’euros, qui prévoyait la livraison à l’Australie de 12 sous-marins à propulsion
conventionnelle. En vertu du nouvel accord, Canberra mise désormais sur des sous-marins
nucléaires, dont la technologie sera fournie par les États-Unis et le Royaume-Uni.

Soirée de gala annulée

Plus encore qu’à l’Australie, c’est aux États-Unis que la France semble en vouloir le plus. Le
Sydney Morning Herald a parlé à Gérard Araud, ancien ambassadeur français aux États-
Unis, qui résume ainsi la situation : “Le monde est une jungle. C’est la triste vérité qui vient
d’être rappelée à la France, avec ce coup de poignard dans le dos des États-Unis et
du Royaume-Uni.”
Le quotidien australien tend à penser que la stratégie du trio anglo-saxon est risquée. Les trois
pays “ont calculé que les bénéfices à long terme de liens de défense plus étroits […] étaient
plus importants que les dégâts causés à moyen terme à leur relation avec la France. Mais
Macron n’est pas près de partir. Et il aura la mémoire longue.”

Pour signifier sa mauvaise humeur, la France a annulé une soirée de gala qu’elle devait
donner vendredi soir à son ambassade à Washington, pour commémorer une bataille navale
gagnée en 1840 par la France contre la flotte britannique lors de la guerre d’indépendance
des États-Unis.

Apparemment surpris par la réaction française, les États-Unis ont fait assaut de gentillesse
pour tenter de calmer leur allié. Le secrétaire d’État, Anthony Blinken, cité par Reuters, a
ainsi affirmé que la France restait “un partenaire vital” dans la région indo-pacifique. “Nous
coopérons de façon incroyablement étroite avec la France sur beaucoup de priorités
communes dans l’Indo-Pacifique mais aussi dans le reste du monde […]. Nous accordons
une valeur fondamentale à cette relation”, a-t-il dit.

Washington a également assuré avoir prévenu Paris en amont de l’annonce de mercredi, ce


que les autorités françaises démentent catégoriquement.

“Irresponsable”

Le New York Times estime que “le niveau de la colère française rappelle l’acrimonie entre
Paris et Washington en 2003, au moment de la guerre en Irak, avec l’emploi d’un langage
jamais vu depuis lors”.

“Les responsables français ont décrit l’exclusion de la France – un membre de l’Otan – du


nouveau partenariat militaire entre le Royaume-Uni, l’Australie et les États-Unis comme un
moment clé qui creusera encore le fossé toujours plus grand entre les alliés de longue date.”

Peut-être est-ce parce que les États-Unis ont la mémoire courte, ironise The Atlantic. “Un
haut responsable de l’équipe de Joe Biden déclarait mercredi, sous couvert d’anonymat, que
le Royaume-Uni et l’Australie était les ‘plus anciens alliés’ de l’Amérique. La France sera
heureuse de l’apprendre, elle qui était l’alliée des États-Unis dès leur naissance, quand ils
luttaient pour leur indépendance… du Royaume-Uni.”

La France n’était pas la seule à voir rouge après l’annonce du pacte Aukus. La Chine,
clairement visée par cette nouvelle alliance militaire, a jugé la décision “extrêmement
irresponsable”, selon l’agence officielle Chine nouvelle. La coopération autour des sous-
marins nucléaires de l’Australie va “ébranler la paix et la stabilité régionales, intensifier la
course à l’armement et porter un coup aux efforts de non-prolifération nucléaire”, a
affirmé Pékin.

La décision a été prise par Emmanuel Macron, mais c’est son ministre des Affaires
étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui l’a annoncée vendredi soir. “À la demande du président
de la République, j’ai décidé du rappel immédiat à Paris pour consultations de nos deux
ambassadeurs aux États-Unis et en Australie”, a annoncé le chef de la diplomatie française.

“Cette décision exceptionnelle est justifiée par la gravité exceptionnelle des annonces
effectuées le 15 septembre par l’Australie et les États-Unis”, a-t-il ajouté.
Le pacte Aukus, qui renforce la coopération militaire entre les États-Unis, l’Australie et le
Royaume-Uni, prive la France d’un contrat faramineux, qui prévoyait la livraison à Canberra
de 12 sous-marins à propulsion conventionnelle, pour un montant de plus de 50 milliards
d’euros. En vertu du nouveau pacte, l’Australie s’équipera auprès des États-Unis de sous-
marins à propulsion nucléaire.

Le rappel des deux ambassadeurs “est la décision la plus audacieuse des quatre années de
présidence” d’Emmanuel Macron, qui n’a eu de cesse de “renforcer l’influence de la France
dans la politique européenne, et de rallier ses voisins à sa vision d’une Europe moins
dépendante du parapluie militaire américain”, remarque AP.

Posture blessante

Pour El País, cette nouvelle alliance de trois pays anglo-saxons traite comme quantité
négligeable “un pays doté de l’arme nucléaire et membre permanent du conseil de sécurité
des Nations unies” – une posture “blessante”. “La France se considère encore comme une
puissance aux aspirations globales, et considère que la région indo-pacifique, où elle a des
territoires comme la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie, fait partie de sa zone d’influence”,
ajoute le quotidien madrilène.

La gravité de la situation réclamait un geste aussi fort que symbolique : c’est la première fois
de son histoire que la France rappelle un ambassadeur aux États-Unis, souligne
The Guardian.

Peter Ricketts, ancien ambassadeur du Royaume-Uni en France, cité par le quotidien


britannique avertit : “Ne sous-estimez pas la réaction de Paris. Ce n’est pas juste de la colère
mais une véritable sensation de trahison de la part des États-Unis, de l’Australie et du
Royaume-Uni, qui ont négocié dans le dos de la France pendant six mois. J’ai vécu la
rupture en 2003 au moment de la guerre en Irak. Cela me semble aussi grave, voire pire”.

La BBC parle elle aussi de situation “sans précédent”. La Maison-Blanche a déploré la


décision française, tout en assurant que “Washington discuterait avec Paris dans les
prochains jours pour résoudre le différend”, peut-être en marge de l’Assemblée générale de
l’ONU, la semaine prochaine.

“Mais cela ressemble, à tout le moins, à une erreur de jugement embarrassante, de la part
d’une administration qui avait promis de travailler en étroite collaboration avec ses alliés”,
écrit la radiotélévision britannique.

Méfiance tenace

Le Washington Post juge lui aussi que l’annonce surprise du pacte Aukus n’est pas de nature
à rassurer les alliés occidentaux des États-Unis, déjà échaudés par les années Trump.
“Exclure la France du partenariat tout en y invitant le Royaume-Uni post-Brexit renforce la
perception européenne que la politique américaine antieuropéenne […] est peut-être plus
systémique qu’une passade trumpienne”, note le quotidien américain.

L’Australie a elle aussi déploré la décision française de rappeler son ambassadeur, tout en
comprenant la “déception” de Paris, avec qui Canberra veut continuer à travailler “de
manière constructive”.
Mais dans les colonnes du Sydney Morning Herald, Hervé Lemahieu, de l’Institut Lowy de
politique étrangère, estime qu’il faudra “des années” pour réparer les dégâts de la crise des
sous-marins, et que “la méfiance” de Paris sera tenace.

“Nous nous sommes mis à dos le plus grand défenseur du rôle accru de l’Union européenne
en Asie, et je pense que nous n’en avons pas pesé toutes les conséquences”, ajoute-t-il.

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