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Table des matières

Introduction :...............................................................................................................................................2
Les atouts principaux des états unis d’Amérique :......................................................................................2
Industrie militaire :...................................................................................................................................2
Big Data : l’ère de la coopération.............................................................................................................3
Avenir géopolitique......................................................................................................................................3
Au plan international, la politique étrangère américaine reste agressive et imprévisible........................4
Avant la covid-19, la géopolitique avait déjà changé de nature pour Washington :.................................4
Coronavirus : le déclin de l'empire américain et l'ascension chinoise......................................................5
La pandémie de COVID-19 met fin au cycle d’expansion de l’activité..................................................6
Un déficit budgétaire et une dette publique à des niveaux records.....................................................7
Leadership américain et l’émergence de la Chine comme « rival stratégique »..........................................7
Assiste-t-on à la fin du leadership américain ?.........................................................................................8
Le monde est désormais multipolaire, sans véritable leader.................................................................11
CONCLUSION :............................................................................................................................................12
WEBOGRAPHIE :.........................................................................................................................................13
Introduction :
Les atouts principaux des états unis d’Amérique :

Industrie militaire :
Fabrice Brégier, président de Palantir et ex-directeur d’Airbus et MBDA, met en lumière que l’industrie
américaine est la priorité du président américain. C’est un domaine indissociable des enjeux de
souveraineté, au même titre que la vente de matériel militaire, et demeure un enjeu diplomatique. Lors
de son temps à Airbus, Fabrice Brégier a pu constater les relations privilégiées qu'entretenaient Boeing
et l’administration d’Obama. À ses yeux, la diplomatie des États-Unis est au service de ses industries, cela
est particulièrement vrai pour les industries stratégiques telles que Boeing. De ce côté, Trump n’a en rien
innové. Il poursuit la politique historique américaine. La méthode est différente mais le contenu
demeure : les intérêts américains primeront.

Il estime ainsi que quel que soit le résultat de la présidentielle américaine de 2020, l'UE devra mieux
défendre ses intérêts au cours des négociations commerciales avec ses partenaires. L’Europe n’a pas les
moyens de jouer dans la même cour que les US : elle est divisée, elle doit maintenir ses liens historiques.
Pour Fabrice Brégier, les américains peuvent être d’excellents partenaires commerciaux, il l’a vu avec
MBDA et Airbus. La souveraineté d’Airbus s’est aussi bâtie grâce aux Etats Unis, 50% de son matériel
étant américain. D’après le dirigeant de Palantir, la pérennité de la puissance américaine dépend de sa
capacité à continuer de développer le meilleur des technologies mondiales et en assurer le contrôle,
permettant de prendre des décisions sans être influencée par des tiers.

Big Data : l’ère de la coopération


Le domaine du Big Data est également prépondérant. Les technologies de l'information et de la
communication (TIC) sont aussi importantes que les technologies militaires. Par son expérience dans le
domaine chez Palantir, Fabrice Brégier explique que la période post-attentats a amené la question de la
lutte contre le terrorisme et ainsi l’utilisation par l’Etat français du Big Data. Pour répondre à ce défi, les
entités étatiques misent sur la mise en commun des TIC et sur le traitement des données. Ces pratiques
sont également utilisées pour lutter contre le trafic et la grande criminalité. Palantir travaille, sur le
modèle d’Airbus, à la création d’une plateforme à très grande échelle pour offrir le même service à
toutes les entreprises, avec un petit plus : l’entreprise refuse de monétiser les données personnelles des
utilisateurs.

L’UE est en outre divisée sur la question de la taxation des TIC. Les négociations devaient initialement se
faire en groupe, mais l’Allemagne craignant les conséquences sur son industrie automobile, s’est donc
retirée des négociations.

 
Au sujet du développement des nouvelles technologies et du rôle des GAFAM, le risque est inhérent à
leur utilisation : ce sont les Etats qui doivent fixer les règles, car les technologies peuvent s’y adapter. Il
faut valoriser ces technologies par l’application de règles. L’avenir de ces GAFAM sera déterminé par la
prochaine élection présidentielle américaine. Pour les industries du numériques, l’enjeu en 2020 sera
d’éviter de recommencer ce qui a eu lieu en 2016. D’après Fabrice Brégier, « Ils y jouent leur peau ».

Avenir géopolitique
À l’avenir, les États-Unis devraient être amenés à conduire moins d’interventions militaires. La baisse de
l'influence des États-Unis dans le monde est volontaire, au profit de la défense des intérêts américains.
Leurs objectifs en politique étrangère se concentrent principalement sur la Chine mais aussi l’Inde et le
Japon. Sur la question russe, les intervenants sont sans équivoque : la Russie est à leurs yeux une
puissance régionale et sa présence en Syrie n’est pas un problème majeur. Les États-Unis continueront à
jouer le jeu des grandes puissances pour servir leurs intérêts. La mission européenne serait alors de
convaincre les américains que nous pouvons travailler avec eux et qu’ils ont intérêt à le faire. Gérard
Araud souligne notamment la nécessité pour les Européens de de s'adapter au pivot de la politique
étrangère américaine vers l'Asie.

Au plan international, la politique étrangère américaine reste agressive et imprévisible.


Malgré un accord commercial partiel en janvier 2020, les tensions  avec la Chine perdurent. La plupart
des droits de douane étant maintenus : 19% en moyenne début 2020 contre 3% début 2018. Les
tensions avec Pékin ne restent pas seulement élevées sur le front commercial avec la multiplication des
sanctions liées au sort de Hongkong et des Ouighours : la fermeture du consulat de Chine à Houston en
témoigne.   Les menaces à l’égard de l’Europe se font également plus pressantes,  car les pays européens
veulent mettre en place une taxe s’appliquant aux géants technologiques.

N’oublions pas que les forces armées américaines sont présentes au Japon, en Corée du Sud et enfin
sont parties prenantes dans l’OTAN, pour la mission historique de défense contre l’ex-URSS, avec le
paradoxe que la Russie de Poutine ne nous menace plus,  alors que la Turquie, toujours membre de
l’Alliance, veut rétablir l’ancien empire ottoman, au détriment de la Grèce et au Moyen Orient (Syrie,
Liban).

Avant la covid-19, la géopolitique avait déjà changé de nature pour Washington :


1- En Amérique du sud. Le Brésil, l’Argentine, le Mexique, le Venezuela, pour ne citer que quatre pays en
faillite sociétale ou financière, ne sont plus une priorité pour la Maison Blanche.

2- En Europe. Les relations avec l’Union européenne semblent avoir perdu leur caractère politique pour
s’en tenir aux relations commerciales avec un leader, l’Allemagne, et le Brexit anglais.

3- En Russie. L’annexion de la Crimée par Moscou n’est admise ni par l’Europe ni par Washington qui
limite au minimum leurs relations diplomatiques et commerciales.
4- L’Asie. La question majeure est évidemment celle des relations avec Pékin. La Chine est la deuxième
puissance mondiale en PIB et elle veut, à terme, prendre la première place. Les relations, tant
commerciales que politiques, sont donc à la fois intenses et concurrentes comme nous l’analysions en
début de chronique.
5- Le Moyen Orient. Pour Donald Trump seules les questions pétrolières et Israël l’intéressent dans la
région : il privilégie les relations avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Pourquoi ? Le prix actuel du baril, très
bas, met en faillite les productions américaines de gaz de schiste.

6- L’Afrique. Ce continent n’intéresse peu ou pas les investisseurs américains, avec peut-être une
exception : l’Afrique du sud.

Ces courtes synthèses ne doivent pas faire oublier les deux cartes majeures  des Etats Unis : le
dollar toujours monnaie de référence mondiale et son budget de la Défense qui représente 48% des
dépenses mondiales de l’armement.

Nous parlions de l’ancien monde, car au niveau de la géopolitique mondiale, elle est dominée
aujourd’hui par la covid-19 et ses conséquences, même aux Etats-Unis. «Avec entre 100  000 et
200  000  morts, nous aurons fait du très bon travail», estimait fin mars Donald Trump. Moins de six mois
plus tard la fourchette haute des prévisions a été dépassée : plus de 200 000 personnes sont mortes du
Covid-19  selon les chiffres de l’université Johns-Hopkins. Ce bilan, le plus élevé du monde en valeur
absolue serait sous-estimé. Selon les données du Centre pour le contrôle et la prévention des maladies
(CDC), analysées par le New York Times, ce cap des 200 000 avait déjà été dépassé en août, en prenant
en compte la surmortalité depuis mars, par rapport aux années précédentes.

Plus de 6,8 millions de personnes ont été infectées par le virus. En baisse par rapport aux niveaux records
enregistrés au cœur de l’été (66 000 par jour fin juillet), le nombre de nouveaux cas de Covid-19
quotidiens dans le pays reste élevé, autour de 41 000. Quant aux décès, les Etats-Unis ont connu en
moyenne 770 décès quotidiens.     Aujourd’hui, les plus fortes poussées épidémiques sont constatées
dans les Grandes Plaines, au cœur du pays, et dans certains Etats du sud. Le Dakota du Nord et du Sud, le
Nebraska, l’Oklahoma ou encore le Tennessee voient leurs niveaux de contamination et de mortalité
augmenter.

Malheureusement le covid-19 a déstabilisé la géopolitique  de la planète qui devra faire face en 2021 à
des crises économiques et financières.

L’élection présidentielle américaine nous place tous devant l’inconnue des décisions qui seront prises par
une Amérique toujours leader mondial.

La France devrait montrer l’exemple de politiques lucides et courageuses et l’histoire a montré que nous
en étions capables.

Coronavirus : le déclin de l'empire américain et l'ascension chinoise


La crise sanitaire générée par la pandémie du Coronavirus révèle combien la politique menée par le
président Donald Trump depuis des années mène à un affaiblissement des États-Unis face à la puissance
montante de l'Asie, et de la Chine en particulier. Quant à l'Union européenne, après une période
d'atermoiements, elle réagit en prenant des mesures importantes, condition nécessaire pour jouer un
rôle majeur sur la scène internationale. Par Cyrille Schott, préfet honoraire de région, ancien directeur de
l'Institut national des Hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ), membre du bureau d'Euro
Défense.

À l'issue des guerres mondiales, le visage du monde avait changé. La hiérarchie des puissances était
modifiée. Au lendemain du premier conflit, l'Europe, qui s'était déchirée, se retrouva affaiblie, même si
le Royaume uni et la France pensaient encore tenir les premiers rangs ; les États-Unis étaient devenus
une puissance majeure, même s'ils renâclaient devant ce rôle. La seconde guerre mondiale a signé le
déclin définitif des puissances coloniales, malgré la place éminente tenue par le Royaume Uni dans la
victoire, et marqué l'avènement de deux puissances qui se sont partagé l'influence dans le monde, les
États-Unis d'Amérique et l'Union soviétique. Cela jusqu'aux Révolutions de 1989 et des années suivantes,
qui ont provoqué l'effondrement de l'Empire soviétique et donné naissance à ce bref moment où sembla
dominer une puissance unique, l'américaine, avant les attentats de septembre 2001. Puis, un monde
multipolaire est advenu ou est revenu, avec deux puissances en compétition pour la première place, les
États-Unis et la Chine, celle-ci dans le rôle de challenger.

Il faut se demander si la crise mondiale du coronavirus ne constitue pas l'un de ces bouleversements
majeurs qui changent le visage du monde. Spécialement depuis la présidence Trump, les États-Unis se
trouvent dans une position défensive. Le Deutschland über alles, « l'Allemagne au-dessus-de tout », des
révolutionnaires de 1848 visait une action offensive, celle nécessaire pour réaliser l'unité allemande et
qui devait mobiliser toutes les forces. Par la suite, ce slogan fut détourné de son sens premier, en
appelant à la domination de l'Allemagne sur les autres. L'America first, dès le début, s'inscrit dans une
attitude défensive : d'abord penser à l'Amérique, face, selon Trump, aux agressions du monde, face à ces
pays ou leurs regroupements qui  font une concurrence déloyale, face à ces nations qui demandent aux
États-Unis de les défendre sans payer leur écot, face à cette Chine menaçante pour le leadership, etc. ;
l'idée est celui d'un repli sur soi, égoïste, n'excluant pas l'agressivité, la volonté de se trouver dans un
rapport bilatéral du fort au faible, en œuvrant à la destruction d'ensembles jugés menaçant pour
l'économie américaine, comme l'Union européenne. Cette politique a pu sembler remporter quelques
succès face à des voisins plus faibles comme le Mexique, encore que l'analyse définitive ne pourra se
faire qu'avec le recul.

Elle a conduit les États-Unis à délaisser les actions multilatérales, comme l'accord sur le climat, et à
mettre en difficulté des organismes internationaux, comme l'Organisation mondiale du commerce (OMC)
ou l'OTAN, à prendre des tribunes comme celle de l'ONU pour des pupitres d'imprécation contre ceux
classés dans les ennemis. En vérité, Trump travaille ainsi à casser des organisations créées par l'Occident,
fondées sur les valeurs de celui-ci, et contribuant au rôle directeur des États-Unis dans les affaires du
monde, même si les voix et les idées de l'Occident ne sont plus seules à s'y exprimer. De surcroît, dans
cette volonté du repli sur soi, il a conduit, par ses déclarations sur l'utilité de l'OTAN, bien des Européens
à s'interroger sur la fiabilité de la garantie américaine face à une agression extérieure. Pire, il a
abandonné à leur sort et trahi des alliés, les Kurdes, qui furent décisifs dans le combat
contre Daech.  Raymond Aron a écrit[1] : «  Une puissance mondiale n'abandonne pas ceux qui lui ont fait
confiance. » A l'aune de ce critère, les Etats-Unis sont-ils encore une puissance mondiale ?
La pandémie de COVID-19 met fin au cycle d’expansion de l’activité
Pays le plus touché par la pandémie de COVID-19, les États-Unis sont entrés en récession pour la
première fois depuis plus de 10 ans, suite aux mesures mises en place pour contenir sa transmission. Les
ordres de confinement émis par plus de 40 états à partir de la fin du mois de mars et en avril, ont
provoqué un arrêt brutal de l’activité qui s’est répercuté sur la plupart des composantes du PIB. En dépit
du processus de réouverture entamé au printemps, la détérioration de la situation sanitaire dans de
nombreuses parties du territoire au cours de l’été devrait perturber la reprise de l’activité. En 2020, le
bouleversement des habitudes de consommation par les restrictions et, surtout, la pression exercée sur
les revenus des ménages par la détérioration sans précédent du marché du travail pèseront sur la
consommation privée (près de 70 % au PIB américain). Portée, avant la crise, par un taux de chômage à
son plus faible niveau depuis 1969 (3,5 % en février 2020), la confiance des ménages a été enrayée par
son explosion à un niveau record (14,7 % en avril). Malgré les envois de chèques aux ménages et
l’augmentation temporaire des prestations de chômage amortissant l’impact sur les revenus, la santé
précaire du marché du travail entravera la reprise de la consommation en 2020 et 2021. La dépense
publique devrait apporter une rare contribution positive au PIB grâce aux plans de relance fédéraux. La
perturbation des chaînes d’approvisionnement et des tensions commerciales toujours élevées se
traduiront par l’écroulement des échanges commerciaux. Leur contribution à la croissance devrait
néanmoins être relativement neutre, la baisse des importations compensant celle des exportations. Déjà
en baisse en 2019 en raison de l’atténuation des effets de la réforme fiscale du président Trump (baisse
de l’impôt sur les sociétés de 35 % à 21 %) et des pressions sur les marges des entreprises consécutives
aux tensions commerciales, l’investissement privé a subi les effets de la crise du COVID-19. Il contribuera
négativement à la croissance malgré la réduction de son taux d’intérêt directeur à près de 0 % et la mise
en place de plusieurs facilités de crédit par la Réserve Fédérale. En dépit de ces mesures
d’assouplissement monétaire, l’inflation devrait rester maîtrisée en raison de la faiblesse de la demande
intérieure.

Si la crise ne devrait épargner aucun secteur, ceux de la distribution, de l’énergie, du textile-habillement


et des transports compteront parmi les moteurs de l’augmentation des faillites d’entreprises.

Un déficit budgétaire et une dette publique à des niveaux records


En 2020, le déficit public devrait atteindre un niveau record en conséquence des mesures
exceptionnelles adoptées pour faire face à la crise du COVID-19. A la fin du mois de juillet, les plans de
relance déjà votés, dont le « CARES Act », étaient estimés à environ 14 % du PIB américain. De plus, au
moment de l’écriture, le Congrès continuait à débattre d’une nouvelle série de mesures de relance
budgétaire, susceptible de creuser d’autant plus ce déficit. En conséquence, la dette publique, déjà sur
une trajectoire ascendante, devrait bondir en 2020 pour financer les dépenses concédées pour soutenir
les ménages et les entreprises. Si le pays dispose déjà de l’une des dettes publiques les plus élevées au
monde, les Etats-Unis bénéficient d’une souplesse de financement sans équivalent, grâce à son statut
d’émetteur de l’USD, la principale monnaie de réserve mondiale.

En 2020, la balance courante devrait rester déficitaire, toujours grevée par un large déficit commercial.
Ce dernier pourrait néanmoins se réduire sous l’effet d’une contraction des importations plus rapide que
celle des exportations. L’excédent de la balance des services pourraient se réduire légèrement,
principalement en raison de la baisse des recettes touristiques. Dans un contexte de crise, les
rapatriements de profits des entreprises américaines à l’étranger sont susceptibles de s’amplifier,
contribuant aussi à la réduction du déficit courant. Ce déficit devrait continuer d’être principalement
financé par les IDE et les investissements de portefeuille. Néanmoins, la position extérieure nette,
déficitaire depuis trois décennies (51,6% du PIB fin 2019), devrait continuer de se creuser.

Leadership américain et l’émergence de la Chine comme « rival


stratégique »

Le leadership est une question relative : on peut le perdre de son fait propre, mais aussi du fait de
l’émergence d’un rival plus puissant. Or, du point de vue qui nous occupe, les deux tendances se
conjuguent. Non seulement les États-Unis ont délibérément sapé les fondements de leur leadership,
mais la Chine s’est elle-même considérablement développée sous l’effet de son propre dynamisme. De
fait, toute une série d’indicateurs montrent que la Chine est passée devant les États-Unis en 2014. Selon
le FMI, le PIB de la Chine, mesuré en parités de pouvoir d’achat, était cette année-là de 18 205 milliards
de dollars, contre 17 527 pour les États-Unis. Depuis cet écart n’a cessé de grandir. Toujours selon le FMI,
le PIB chinois, mesuré en parités de pouvoir d’achat, devrait être de 30 956 milliards en 2021 contre 21
665 pour les États-Unis. Certes, la puissance économique n’est pas toute la puissance, mais elle en
constitue une grosse part. Dans le domaine de l’éducation, si les universités américaines font toujours la
course en tête, les universités chinoises, telles l’Université de Pékin (Beida), de Tsinghua, de Fudan ou de
Hong Kong progressent chaque année dans le classement mondial. Dans les domaines des sciences,
technologies, ingénieries et mathématiques, la Chine produit chaque année 1,3 million de diplômés
contre seulement 300 000 aux États-Unis.

Dans le domaine du multilatéralisme, la Chine a également joué de façon habile. Déjà, au lendemain de
la crise de 2008, elle avait mis sur pied le groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud),
sorte de forum économique, concurrent du G7. Même si cette organisation n’a guère eu plus de succès
que son homologue occidental, elle a mis en évidence la capacité des puissances émergentes à
s’organiser. De même en 2013, alors que les États-Unis refusaient depuis des années une nouvelle
répartition des droits de vote à la Banque mondiale, Pékin a créé une institution rivale : la Banque
asiatique d’Investissement dans les Infrastructures (AIIB) qui a réussi à rassembler cinquante-sept
participants, dont le Royaume-Uni, en dépit d’un intense lobbying de Washington pour dissuader les
États de rejoindre cette organisation. Mais l’initiative la plus remarquée est évidemment celle lancée par
Xi Jinping en septembre 2013 de nouvelles routes de la soie ou OBOR (‘one belt, one road’) désormais
rebaptisée BRI (Belt and Road Initiative). Elle a aussi été la plus spectaculaire puisqu’elle a débuté avec
soixante-cinq pays et en réunit aujourd’hui cent quarante, dont la quasi-totalité des pays africains et du
Moyen-Orient, ainsi que quelques pays d’Amérique du Sud et, en Europe, notamment l’Italie, la Grèce, le
Portugal, Malte, Chypre, la Croatie. Elle compte aujourd’hui neuf cents projets pour 1 400 milliards de
dollars, soit l’équivalent actualisé de douze plans Marshall.

La nature ayant horreur du vide, le retrait des États-Unis laisse le champ libre à la Chine. À tel point que
lors du sommet de Davos de 2017, Xi Jinping n’a pas hésité à se présenter en défenseur du libre-
échange ! La Chine s’efforce, non sans mal, et non sans échec, de construire un réseau de clients
redevables qu’elle peut influencer. Et l’existence même de ce réseau a modifié l’équilibre des pouvoirs
entre puissances en affaiblissant le leadership américain.

Assiste-t-on à la fin du leadership américain ?


 Le leadership américain, tel qu’il s’est construit progressivement après la fin de la Seconde Guerre
mondiale, puis la fin de la fin de la Guerre froide, reposait sur quatre éléments. Le premier d’entre eux
était la volonté des États-Unis de guider les destinées du « monde libre » et leur capacité à le faire ; cette
volonté était sous-tendue par l’idée que les États-Unis avaient un rôle éminent à jouer dans l’histoire, ce
que résumait la formule de « l’exceptionnalisme américain ». Le second élément était un solide réseau
d’alliances, à la fois économiques et militaires, tissé autour des États-Unis. Le troisième était constitué
par un ordre international ayant pour objectifs le multilatéralisme, le libéralisme et le respect du droit.
Enfin, le quatrième élément était la disparition de tout rival systémique depuis l’effondrement de l’URSS.
Depuis le tournant des années 2000, ces quatre éléments ont été fortement corrodés.

L’attraction exercée par les États-Unis sur le reste du monde était faite d’un mélange de hard power  et
de soft power  qui reposaient sur trois composantes. La première, d’ordre économique, englobait
l’universalité de leur monnaie et le privilège qu’elle leur conférait de s’endetter à volonté, le dynamisme
de leurs entreprises, leur potentiel scientifique et leurs capacités d’innovation qui semblait sans limites.
La seconde composante était la force de leurs armées, sorties victorieuses de la Seconde Guerre
mondiale, et leur capacité de projection en tout point du globe, sur tous les champs de bataille. Enfin, la
troisième composante, peut-être la plus importante, la composante culturelle, qui reposait à la fois sur la
diffusion progressive de la langue anglaise, la puissance d’Hollywood qui a partout répandu l’idée d’un
« rêve américain », assurait la promotion des valeurs démocratiques et repoussait les frontières de
l’univers connu et inconnu dans l’imaginaire collectif de l’humanité. Tout cela, bien sûr, était rendu
possible par des institutions dont la solidité semblait à toute épreuve et qui empêchaient, par un subtil
équilibre des pouvoirs, le gouvernement d’un seul homme.

Ces trois composantes s’enrichissaient et se renforçaient mutuellement. Ainsi, la richesse créée par
l’économie américaine permettait de financer un puissant effort d’armement qui lui-même générait
d’innombrables innovations technologiques dont a bénéficié toute la société occidentale, le tout
largement encensé par la machine hollywoodienne. Qu’y a-t-il de plus efficace pour montrer la voie aux
autres nations que de faire marcher un homme sur la Lune ? La Guerre froide a sans doute été gagnée ce
jour-là. Et quels qu’aient été les qualités et les défauts des dirigeants américains, beaucoup leur était
pardonné parce qu’ils étaient capables de coordonner les efforts des démocraties, de rassurer leurs
alliés, d’intimider leurs ennemis et de pousser à la roue le progrès scientifique, qu’il s’agisse de la
conquête spatiale ou de l’internet.

L’Amérique était non seulement puissante, mais elle était aimée et admirée. Et cette admiration attirait à
elle les individus les plus entreprenants de tous les pays, convaincus que, là-bas, tout devenait possible.
L’Amérique était la nouvelle Athènes, the place to be,  une nation exceptionnelle. Et cet
« exceptionnalisme » fait de liberté, d’égalité devant la loi et de responsabilité individuelle était l’essence
même de sa force.
Or, cet « exceptionnalisme américain » a été mis à mal depuis le tournant des années 2000. Les attentats
du 11 septembre 2001, par leur incroyable brutalité, ont forcé Georges W. Bush à réagir et cette réaction
a entraîné une plus grande concentration des pouvoirs au profit du président, déréglant le jeu subtil des
équilibres et des contrepoids. La présidence de Barack Obama fut marquée, quant à elle, par le début du
retrait de l’Europe – le célèbre « pivot » vers l’Asie – et par la volonté des États-Unis de ne plus être
toujours en première ligne, ce que traduisait maladroitement le concept de leadership from behind.

Mais c’est surtout Donald Trump qui, dès le jour de son investiture, a déclaré que la politique des États-
Unis consisterait dorénavant à prendre soin uniquement des intérêts américains. Il a de la sorte jeté le
trouble sur l’existence même d’un camp occidental. Fidèle à ses promesses, il n’a montré aucune volonté
de coordonner l’effort des occidentaux dans la lutte contre le Covid-19 et, en plein milieu de la
pandémie, la seule ligne cohérente de sa politique étrangère a été de gérer le retrait de son pays de la
scène internationale. Comme le souligne l’ancien ambassadeur de France à Washington[1], « sa vision du
monde est la conviction que seuls comptent les États-nations et que leurs relations ne peuvent reposer
que sur les rapports de force ».

Le résultat est qu’aujourd’hui, l’Amérique ne fait plus envie, en tous cas beaucoup moins qu’avant.
Même si la primauté du dollar demeure et la supériorité de ses armées est incontestable, l’Amérique
apparaît désormais aux yeux du monde comme une nation terriblement inégalitaire et dans laquelle le
sexisme, le racisme et la violence sont monnaie courante. Moins attachée à la défense des valeurs qui
unissaient le camp occidental, l’Amérique semble préoccupée par ses seuls intérêts, lassée de jouer le
rôle de leader du « monde libre » qui était le sien depuis 1941.

Le délitement des alliances

De tous les présidents des États-Unis, Donald Trump est le seul qui, sans autre méthode que celle
consistant à suivre ses pulsions, a affaibli toutes les alliances qui faisaient la force du camp occidental. Il a
ainsi accordé davantage d’égards aux dictateurs et aux pseudo-hommes forts, qu’à ses homologues
occidentaux. Son slogan « l’Amérique d’abord » s’est traduit dans les faits par « l’Amérique toute seule »
et par « Trump d’abord ».

L’alliance avec l’Europe, la plus ancienne, a été affectée à la fois dans sa dimension commerciale et dans
sa dimension militaire. S’agissant du commerce, non seulement les négociations sur le partenariat
transatlantique de commerce et d’investissement ont été gelées, mais Donald Trump a déclaré que
l’Union européenne était un « ennemi » des États-Unis. Quant à l’OTAN, si la formule de « mort
cérébrale » utilisée par le président français a beaucoup choqué, personne ne peut nier que son volet
politique est en piteux état. Le résultat de tout cela est que la garantie de sécurité apportée par les États-
Unis vis-à-vis de la menace russe fait l’objet de questionnements. Même les Allemands, qui étaient parmi
les plus proaméricains des Européens, doutent désormais de la fiabilité de leur allié[2].

En Asie du Sud-Est, Donald Trump a mis à la poubelle, dès janvier 2017, le projet de traité sur le
partenariat transpacifique, dont les négociations avaient débuté en 2008. Cela n’a pas empêché toutes
les autres parties de le signer, à savoir : l’Australie, le Canada, le Japon, le Mexique, la Nouvelle-Zélande,
Singapour et le Viêt Nam. Par ailleurs, ses palinodies vis-à-vis du leader nord-coréen Kim Jong-un n’ont
eu aucun effet sur le désarmement nucléaire de ce pays. Elles ont au contraire endommagé la relation
des États-Unis avec la Corée du Sud et le Japon, tant l’accent a été mis auprès de ces deux pays, sur
l’importance de compensations financières. Quant à l’alliance des États-Unis avec les Philippines, elle
appartient désormais au passé.

Au Moyen-Orient, la politique menée par les États-Unis ne semble avoir eu que deux déterminants : la
politique intérieure et l’argent. Donald Trump a ainsi multiplié les cadeaux à son allié Benyamin
Netanyahou en transférant l’ambassade américaine à Jérusalem, en proposant le « deal du siècle », et
finalement, en acceptant l’idée d’une annexion d’une grande partie des territoires occupés, pour des
raisons qui semblent tenir exclusivement à la satisfaction de l’électorat évangéliste américain, très en
faveur de la restauration de l’État d’Israël dans ses frontières bibliques. Quant à son abandon en rase
campagne des alliés kurdes en Syrie, il ne peut que dévaloriser la parole des États-Unis. S’agissant de
l’Arabie saoudite, le président américain maintient son soutien à Mohammed Ben Salmane, quels que
soient ses agissements, sans dissimuler qu’il en va des emplois américains dans le secteur de
l’armement. C’est ce qu’a montré l’affaire Jamal Khashoggi. Certes on ne pourra faire grief d’hypocrisie
au président américain, mais toute considération morale a disparu de sa politique étrangère. D’autant
qu’il a retiré une partie de la protection antimissile à ce pays, afin d’obtenir une réduction de la
production de pétrole pour sauver une partie au moins des producteurs américains de gaz de schiste.
C’est en somme la question que pose le grand politiste américain, Joseph S. Nye : Do morals matter?[3].
Quant à la politique menée en Iraq et en Afghanistan, qu’il s’agisse de l’exécution du général iranien
Qassem Soleimani ou de « l’accord de paix » avec les talibans, on ne voit pas très bien où elle pourrait
conduire sinon à un retrait précipité.

Seule, l’alliance conclue autour de la communauté du renseignement dite des Five Eyes  (Australie,
Nouvelle-Zélande, Canada et Royaume-Uni) semble encore résister aux foucades du président américain.
Néanmoins elle se paye au prix fort par un alignement inconditionnel de ces pays sur la politique des
États-Unis.
Le monde est désormais multipolaire, sans véritable leader

À la question initiale – va-t-on vers la fin du leadership américain – la réponse est donc sans hésitation
oui. Est-ce réversible ? Peut-être. On peut en effet imaginer qu’un nouveau président des États-Unis
puisse réparer les dégâts. Cela serait long et difficile, mais néanmoins toujours possible. Après tout, seul
le soft power américain a été affecté par la présidence Trump. Son hard power reste intact et les alliés
occidentaux ne demandent qu’à renouer avec l’Amérique qu’ils ont toujours connue.

Mais il est une chose qui ne changera pas : la place formidable prise par la Chine dans les relations
internationales. Or, la Chine ne s’arrêtera pas de croître pour faire plaisir aux Occidentaux. Ni elle, ni
l’Inde, ni la Russie, ni même le Brésil s’il se sort de ses difficultés.

Le monde unipolaire dans lequel l’Occident, au travers de l’Amérique, tenait la première place disparaît
sous nos yeux, et la crise du Covid-19, tel un éclair dans un ciel d’été, n’a fait que mettre en lumière les
coins les plus sombres de cette transformation. La question n’est donc pas tant celle de la fin du
leadership occidental, que celle de savoir si la puissance déclinante des Occidentaux peut croiser la
puissance montante de la Chine de façon pacifique.

CONCLUSION :
WEBOGRAPHIE :

https://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Etats-Unis

https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/coronavirus-le-declin-de-l-empire-americain-et-l-ascension-
chinoise-843444.html

https://portail-ie.fr/analysis/2347/les-etats-unis-quelle-superpuissance-apres-lelection-presidentielle-
de-2020

https://radionotredame.net/2020/geopolitique/etats-unis-lelection-presidentielle-seffectue-dans-le-
cadre-dune-geopolitique-chaque-jour-plus-anarchique-quel-sera-limpact-de-la-covid-19-290625/

https://www.iris-france.org/148723-assiste-t-on-a-la-fin-du-leadership-americain/

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