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Chapitre I : Principes généraux

CHAPITRE I :
PRINCIPES GENERAUX

I.1 Principe de la conversion d’énergie électromécanique

Un convertisseur électromécanique est un dispositif destiné à transformer l'énergie électrique


en énergie mécanique et réciproquement. Cette conversion s'effectue par l'intermédiaire des
circuits électriques et magnétiques (Fig. I.1).

Fig. I.1 : Système électromécanique élémentaire.

Un convertisseur électromécanique est formé de parties mobiles les unes par rapport aux
autres une d'elles au moins portant au moins un enroulement parcouru par un courant mais
pouvant en porter plusieurs. Les autres parties peuvent être munies ou non de bobinages.
On se limite au cas où il n'y a que deux parties, l'une fixe, l'autre mobile.
Dans le cas où il n'y a qu'un enroulement parcouru par un courant le convertisseur constitue
"un système à simple excitation ". Quand il y a deux enroulements, généralement l'un sur la
partie mobile, l'autre sur la partie fixe, le convertisseur est "un système à double excitation".
On peut concevoir une multitude de mouvements relatifs possibles de la partie mobile, mais
deux sont particulièrement intéressants:
Si la partie mobile se déplace en translation, on l'appelle "l'armature" et la machine est
un "transducteur magnétique" (Fig. I.2).
Si la partie mobile se déplace en rotation, on l'appelle "rotor" et la machine est "une
machine tournante", ou encore "un convertisseur rotatif" (Fig. I.3).
On peut établir les équations régissant le fonctionnement d'un convertisseur électromécanique
de deux façons:
- En considérant l'action du champ produit par une partie sur les conducteurs de l'autre partie.
- En considérant les variations de l'énergie emmagasinée dans le champ magnétique lorsque la
partie mobile se déplace.
C'est cette seconde façon de procéder, plus générale, que nous allons présenter.

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Fig. I.2 Transducteur magnétique. Fig. I.3 Convertisseur rotatif.

I.1.1 Conservation de l'énergie

Relation énergétique dans un convertisseur électromécanique

La conversion d'énergie électromécanique met en jeu 4 formes d'énergie (Fig. I.4):


o L'énergie électrique reçue (ou fournie) par le convertisseur électromécanique ;
o L'énergie mécanique restituée (ou absorbée) ;
o L'énergie magnétique emmagasinée dans le champ de couplage ;
o L'énergie thermique due aux pertes et dissipée de façon irréversible en chaleur.
Elle correspond à des pertes ohmiques affectant le système électrique du
convertisseur, à des pertes mécaniques dues aux frottements et affectant le système
mécanique et à des pertes magnétiques (par hystérésis et courant de Foucault)
associées au champ de couplage et qui ont lieu dans les matériaux
ferromagnétiques.
Dans un système quelconque, s'il n'y a pas de disparition de masse, on peut utiliser le principe
de la conservation de l'énergie qui stipule que l'énergie n'est ni crée, ni détruite, elle ne fait
que changer de forme.
Si WE est l'énergie totale fournit par la source électrique et WM est l'énergie totale fournit par
la source mécanique, donc la distribution de l'énergie peut être exprimée par:

WE = We + W pe + Wse
(I.1)
WM = Wm + Wpm + Wsm
Avec :
Wse : l'accroissement de l'énergie électrique emmagasinée dans le système électrique;
Wpe : l'énergie dissipée en pertes électriques et pertes magnétiques;
We : transformée au champ de couplage par le système électrique (c'est cette énergie qui est
transformée en énergie magnétique).

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Wsm : l'énergie emmagasinée sous forme d'accroissement de l'énergie cinétique dans le


système mécanique;
Wpm : l'énergie dissipée en pertes mécaniques;
Wm : l'énergie transformée au champ de couplage par le système mécanique (c'est cette
énergie qui est transformée en énergie magnétique).

Fig. I.4 Conversion d'énergie.

Si WF est l'énergie transformée au champ de couplage, on a:

WF = Wf + Wpf (I.2)
Avec :
Wf est l'énergie emmagasinée dans le champ de couplage sous forme d'énergie magnétique;
Wpf est l'énergie dissipée en pertes dans le champ de couplage sous forme de pertes
magnétiques.
On a donc:
Wf + Wpf = We + Wm (I.3)

Si les pertes du champ de couplage sont négligeables, le champ de couplage est conservatif et
(I.3) devient (Figs. : I.5-I.7):

Wf = We + Wm (I.4)

Fig. I.5 Conversion d'énergie.

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Un convertisseur conservatif est un convertisseur sans pertes et sans accumulation d'énergie


mécanique :

Fig. I.6 Conversion d'énergie Fig. I.7 Conversion d'énergie


Electrique en mécanique. Mécanique en électrique.

Sous forme différentielle la relation (I.4) s'écrit:

dWf = dWe + dWm (I.5)

Avec :
dWf : énergie emmagasinée dans le champ de couplage pendant l'intervalle de temps dt.
dWe : énergie électrique fournit par le système électrique pendant l'intervalle de temps dt au
champ de couplage.
dWm: énergie mécanique fournit par le système mécanique pendant l'intervalle de temps dt au
champ de couplage.
La relation (I.5) constitue l'équation de base pour la détermination des équations de
fonctionnement des convertisseurs électromécaniques.

Energie magnétique emmagasinée et coénergie

Pour évaluer l'énergie stockée Wf et voir à quoi elle correspond, on suppose que le système
mécanique est fixe (Wm=0). L'énergie électrique fournit au champ de couplage par le système
électrique We est emmagasinée en totalité dans le champ de couplage.

W f = We = ∫ e f idt (I.6)


Avec : e f =
dt
Donc :
W f = ∫ idψ (I.7)

Il n'y a aucun mouvement, le flux totalisé ѱ n'est fonction que de i. Cette fonction est
représentée par la courbe de magnétisation B(H) de la figure I.8.
Le flux totalisé ѱ dépend aussi:

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- du nombre de spire N,
- de la configuration du circuit magnétique,
- des propriétés magnétiques des matériaux qui composent (perméabilité µ) et de la position
de la partie mécanique.

Dans la figure I.8, l'aire hachurée de gauche représente


l'énergie emmagasinée dans le champ à l'instant où ѱ
= ѱ a et i = ia.
ψa

W f = ∫ id ψ (I.8)
0

L'énergie Wf emmagasinée dans le champ de couplage


(champ magnétique) correspond à la création du flux
Fig. I.8 L'énergie emmagasinée dans celui-ci.
et la coénergie
Donc Wf correspond aussi à l'énergie stockée dans le convertisseur électromécanique. L'aire
hachurée de droite correspondant à la courbe Ψ(i) est appelée coénergie, elle est exprimée par:
ia

Wc = ∫ψ di (I.9)
0

Ou encore :

ψa

Wc = ψ i − ∫ idψ (I.10)
0

Bien que, la coénergie n’a pas de signification physique, on la trouve commode pour exprimer
l'expression de la force et le couple électromagnétique. Il est évident que pour un système
magnétique linéaire (pas de saturation), la courbe ѱ(i) est représentée par une droite et on peut
écrire :
1 1
W f = Wc = ψ i = Li 2 (I.11)
2 2

I.1.2 Expression du couple électromagnétique

Si on choisit ѱ et θ comme variables indépendantes, l'énergie emmagasinée Wf sera:


W f = W f (ψ ,θ ) (I.12)

Sa dérivée partielle sera :


∂W f (ψ ,θ ) ∂W f (ψ ,θ )
dW f = dψ + dθ (I.13)
∂ψ ∂θ

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Dans le cas d’un système électromécanique en rotation linéaire, l’expression du couple


électromagnétique est donnée par :
∂W f (ψ , θ )
Cem = (I.14)
∂x
En utilisant l'expression de la coénergie Wc qui est une fonction de i et de θ:
Wc = Wc (i,θ ) (I.15)

Sa dérivée partielle sera :


∂Wc (i,θ ) ∂Wc (i,θ )
dWc = di + dθ (I.16)
∂i ∂θ
∂Wc (i,θ )
Cem = (I.17)
∂θ
Le couple électromagnétique peut donc être exprimé au moyen de la dérivée par rapport au
déplacement angulaire soit de l'énergie soit de la coénergie. Les deux méthodes conduisent au
même résultat. Le choix le plus commode dépend du problème étudié.
Si on considère que le circuit magnétique n'est pas saturé, on a affaire à un circuit linéaire.
Dans ces conditions la courbe de magnétisation ѱ(i) se réduit à une droite. Le flux ѱ est
directement proportionnel à i.

ψ (i,θ ) = nφ = L(θ )i (I.18)

1 dL(θ ) 2
Cem (i,θ ) = i (I.19)
2 dθ

1 dℜ(θ ) 2
Cem (φ , θ ) = φ (I.20)
2 dθ

Ces deux expressions sont identiques compte tenu que : L (θ ) = n 2 / ℜ(θ ) .

Pour un système en rotation à double excitation:

∂Wc (i1 ,i 2 ,φ ) 1 2 dL1 (θ ) 1 2 dL2 (θ ) dM (θ )


Cem (i,θ ) = = i1 + i2 + i1i2 (I.21)
∂θ 2 dθ 2 dθ dθ

Pour un système à n excitations, en partant de la forme matricielle de Wc, on obtient:

∂Wc 1 t  ∂ 
Cem (i,θ ) = = [I ]  [L ][I ] (I.22)
∂θ 2  ∂θ 

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L'expression (I.22) reste vraie même dans le cas des systèmes non linéaires pour lesquels les
inductances sont fonctions de l'angle θ mais aussi des courants i1, i2, ...in. C'est pourquoi on a
conservé la notation matricielle.

I.2. Principe du couplage stator/rotor : Machine primitive

La possibilité de remplacer un dispositif réel par son modèle mathématique comprend


beaucoup d’avantages dans le domaine de la recherche des convertisseurs électromécanique.
Mathématiquement. Les machines électriques sont représentées par des modèles entrées-
sorties, sous forme de fonction de transfert ou encore sous forme standard d’équations en
variables d’état. Il existe des méthodes générales qui conduisent à des équations dont le
développement nécessite souvent des calculs importants. Ces méthodes s’appliquaient à tous
les convertisseurs électromécaniques qui réalisent un transfert d’énergie par l’intermédiaire de
circuits couplés ; elles mettent en relief l’analogie qui existe entre les divers types de
convertisseurs, et permettent de traiter au moyen d’un même système d’équations, aussi bien
les régimes transitoires, que les régimes permanents.

I.2.1 Hypothèses simplificatrices

Les machines réelles avec leurs enroulements concentrés ou répartis et leur géométrie propre
sont trop complexes pour se prêter à une analyse tenant compte de leur configuration exacte.
On doit donc développer pour chaque type un modèle dont le comportement soit aussi proche
que possible de celui de l'original. Pour cela, on adopte des hypothèses simplificatrices qui,
tout en permettant de simplifier notablement les calculs, conduisent à des résultats
suffisamment précis pour la plupart des applications, à savoir :
- L’entrefer est d’épaisseur uniforme et l’effet d’encochage est négligeable ;
- La saturation du circuit magnétique, l’hystérésis et les courants de Foucault sont
négligeables ;

- Les résistances des enroulements ne varient pas avec la température et l’effet de peau n’est
pas pris en compte.

- La f.é.m. créée par chacune des phases des deux armatures est à réparation sinusoïdale.

I.2.2 Machine électrique généralisée dans le repère naturel

La machine électrique triphasée est constituée d’un stator et d’un rotor mobile. Le stator
possède trois enroulements couplés en étoile ou en triangle qui sont alimentés par un système
triphasé de tensions, il en résulte la création d’un champ magnétique dans l’entrefer de la

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machine. La machine électrique généralisée triphasée est une machine bipolaire triphasée
idéale. La figure (I.9) rappelle la position des axes des phases statoriques et rotoriques dans
l’espacé électrique.

sb

ra
vsb

rb θ
vra
sa
vrb
vsa
vrc

vsc

sc
rc

Fig. II.9 Représentation d’une machine électrique généralisée triphasée

D’après les hypothèses simplificatrices, tous les coefficients d’inductance propre sont
constants et les coefficients d’inductance mutuelle ne dépendent que de la position des
enroulements.

Equations des tensions

Pour ce modèle, on peut écrire les équations des tensions représentant pour chaque
enroulement :
- Pour le stator :
 dψ sa
vsa = Rsisa + dt

 dψ sb
vrb = Rr irb + (I.23)
 dt
 dψ sc
vsc = Rr irc + dt

- Pour le rotor :

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 dψ
 v ra = R r ira + ra

 dt

 d ψ (I.24)
 v rb = Rr irb +
rb

 dt

 v rc = Rr irc + ψ
 d rc

 dt


vsa, vsb, vsc et vra,vrb,vrc : Les tensions simples triphasées, respectivement, au stator et au rotor
de la machine ;
isa, isb, isc et ira,irb,irc : Les courants au stator et au rotor de la machine ;
ѱsa, ѱsb, ѱsc et ѱra,ѱrb,ѱrc : Les flux circulants, respectivement, au stator et au rotor de la
machine ;
RS et Rr : Les résistances des enroulements statorique et rotorique.

Equations des flux

Les expressions des flux sous forme matricielle sont :


[ψ sabc ] [Ls ] [M sr ] [isabc ]
[ψ ] = [M ][L ]  [i ] (II.25)
 rabc   rs r   rabc 
Où :
 ls ms ms   lr mr mr 
[Ls ] = ms ls ms  ; [Lr ] = mr
 lr mr 
ms ms ls  mr mr lr 

Avec :
ls , lr - les inductances propres statorique et rotoriques ;
ms , mr - les inductances mutuelles statorique et rotorique.
L’inductance mutuelle entre le stator et le rotor est définie par :

 2π 2π 
 cos θ cos (θ +
3
) cos (θ − )
3 
 2π 2π 
[M ] = [M ]
sr rs
T
= M 0 cos (θ − ) cos θ cos (θ + )
 3 3 
cos (θ + 2π ) cos (θ − 2π ) cos θ 
 3 3 

Où M0 représente le maximum de l’inductance mutuelle entre une phase du stator et


une phase du rotor ; obtenu lorsque les axes sont alignés ;

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II.2.3 Machine primitive ou machine de Kron

La théorie générale a pour but de traiter une large gamme de machines de façon unifiée en les
ramenant à un modèle unique dit machine primitive ou machine de Kron représenté sur la
figure I.10.
q

vsq

isq

vrq d
isd
vsd
ird

irq
vrd
Figure I.10: Machine primitive de Kron.

Ce modèle universel est caractérisé par un système d'axes en quadrature indicés d (axe direct)
et q (axe transversal), ce dernier en avance de π/2 par rapport à l'axe direct, dans le sens
trigonométrique pris comme sens de rotation. Le rotor à collecteur est muni de deux jeu de
balai, calés selon les axes d et q, qui déterminent ainsi deux enroulements pseudo-
stationnaires en quadrature. La circulation des courants dans les enroulements du modèle
provoque l'apparition de deux flux Φd et Φq qui induisent des tensions de rotation dans les
enroulements rotoriques. Si ces flux varient avec le temps, ils induisent également des
tensions de transformations dans les enroulements rotoriques et statoriques.
Toute machine électrique peut être montrée équivalente à la machine primitive grâce à un
nombre approprié d'enroulement disposés selon les axes d et q (théories à 2 axes). Si, comme
dans une machine à courant continu, les enroulements de la machine réelle sont en
permanence calés selon les axes, cette machine correspond exactement à la machine
primitive, sinon, il est nécessaire d'effectuer une conversion des variables de la machine réelle
pour obtenir celles de la machine primitive. Cette conversion implique la transformation des
enroulements de la machine originale en des enroulements équivalents du point de vue
électrique et magnétique disposé selon les axes d et q (transformations de phase). Cette
transformation a pour effet de rendre les inductances propres et mutuelles du modèle
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indépendantes de la rotation, donc de rendre constants les coefficients des termes de tension
fournis par la dérivation des flux totalisés dans les équations de tension.
Afin de conserver dans les enroulements rotoriques de la machine primitive les mêmes effets
que ceux dû à la rotation dans la machine réelle, il suffit de faire appel à la notion
d'enroulements pseudo-stationnaires et d'exprimer les tensions de rotation au moyen
d'inductances mutuelles de rotation. La description unifiée du comportement des machines
électriques est facilitée par l'emploi du calcul matriciel sous forme de matrices de
transformation concernant soit le couplage, soit le référentiel. Les hypothèses nécessaires sur
les machines sont les suivantes:
- structure sinusoïdale (hypothèse du premier harmonique);
- construction symétrique (flux axial ou homopolaire pratiquement nul).
Classiquement, on utilise deux types d'outils matriciels qui sont:
- une matrice permettant une transformation triphasé-diphasé (outre un terme
homopolaire qui ne participe pas à la conversion d'énergie);
- une matrice permettant une transformation de rotation pour se placer dans un repère
qui simplifie les équations (d-q).

I.3. Bobinages des machines électriques

Le bobinage de l'induit est l'élément le plus important de la machine, car c'est avec sa
participation qu'a lieu le processus de la transformation d'énergie.

I.3.1. Etude des enroulements à courant alternatif

Le bobinage des stators peut être exécuté sous la forme imbriquée ou ondulée :
- Le bobinage imbriqué, que l'on appelle bobinage "à pôles alternés", nécessite une bobine par
pôles et par phase, c'est à dire autant de bobines que de pôles (Fig. I.11).
- Le bobinage ondulé, désigné sous le nom de bobinages "à pôles conséquents", comporte une
bobine par paire de pôles et par phase, soit une bobine pour deux pôles (Fig. I.12).
Un pôle est constitué par une ou plusieurs encoches dont les conducteurs sont parcourus par
un courant dirigé dans le même sens.
L'indication des pôles N et S sur un schéma d'initiation à l'étude des enroulements pour
courant alternatif est symbolique. Elle permet simplement de faire ressortir les lignes neutres
et les pôles. Le schéma d'application ne comporte pas la représentation des pôles. Ceux-ci
sont déterminés au moyen de flèches qui indiquent le sens du courant à un instant donné dans
les conducteurs du bobinage.

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Fig. I.11 : Enroulement de principe Fig. I.12 : Enroulement de principe d'un


d'un stator bipolaire monophasé à stator tétrapolaire monophasé à pôles
pôles alternés (imbriqué) conséquents (ondulé)

Dans les machines multipolaires, on groupe les enroulements en "ondes". On appelle onde la
partie de l'enroulement soumise à l'influence d'une paire de pôles (Fig. I.13 et Fig. I.14).
Les ondes d'un bobinage peuvent être en série ou en parallèle ou groupées en parallèle-série.
On relie les ondes en série si l'on désire obtenir d'un alternateur une tension élevée.

Fig. I.13 : Enroulement d'un stator monophasé à pôles alternés et bobines concentriques
comportant 24 encoches, 4 pôles 2 ondes en série.

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Fig. I.14 : Enroulement d'un stator monophasé à pôles


alternés et bobines concentriques comportant 24 encoches, 4
pôles, 1 bobine par pôle (imbriqué), 2 ondes en parallèle.

Pour exécuter un enroulement, il faut déterminer le pas des sections ou des bobines.
On appelle "pas diamétral" un pas d'enroulement égal à la longueur du pas polaire. Il
équivaut à la distance périphérique comprise entre deux lignes neutres consécutives.
On désigne par "pas raccourci" un enroulement à pas inférieur au pas polaire. Avec un pas
d'encoches supérieur au pas polaire, on a un "pas allongé".
Les schémas de bobinage des stators de machines à courant alternatif peuvent se faire par
développement panoramique.
La représentation et la disposition des bobines changent avec le type d'enroulement adopté
(bobines concentriques ou enchevêtrées). La disposition
diffère également si le bobinage comporte un ou plusieurs
faisceaux par encoche.
L'enroulement est réalisé avec des bobines à plusieurs
sections concentriques (Fig. I.15). Chaque section
comporte plusieurs spires et chaque faisceau est destiné à
remplir une encoche, pour un enroulement à un faisceau
par encoche. Fig. I.15 : Représentation d'une
Pour dessiner un bobinage de machine à courant alternatif, bobine à trois sections
il importe de connaître :
- Le nombre d'encoches du stator ou du rotor Z;
- Le nombre de pôles 2p;

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- Le nombre de phase m.
- Le nombre de faisceaux par encoche.
- Le nombre d'encoches occupé (pour un enroulement monophasé).
Pour un enroulement à pas diamétral, le pas de section est : Y = τ = Z/2p encoches par pôle.
p

Pour un enroulement à pas allongé, le pas de section serait plus grand, et plus court pour un
raccourci.

I.4. Calcul des forces magnétomotrices

I.4.1. Création du flux magnétique

Toutes les machines tournantes sont formées de deux armatures magnétiques, coaxiales,
séparées par un entrefer.
L'armature fixe (stator) présente une surface interne cylindrique. L'enroulement est placé dans
des encoches taillées suivant des génératrices de ce cylindre.
L'armature mobile (rotor) peut être également cylindrique (Fig. I.16) et porte un bobinage
réparti dans des encoches ou présenter des pôles saillants comme l'inducteur des machines à
courant continu (I.17).

Fig. I.16 : Représentation schématique Fig. I.17 : Représentation schématique


d'une machine à pôles lisses d'une machine à pôles saillants

Une machine mobile, à vide ou en charge, est le siège d'un champ magnétique qui
résulte de l'action simultanée des courants circulant dans les différents enroulements. Ces
enroulements sont constitués de bobines à une ou plusieurs spires en série formant un circuit
ou une partie de circuit de la machine.
Le calcul du champ de l'enroulement a pour but principal de déterminer la répartition
de l'induction magnétique le long de l'entrefer (ou la F.M.M.), car de cette répartition
dépendent:
1) les valeurs et les formes des F.E.M. induites dans les enroulements;

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2) la valeur et la nature des efforts électromagnétiques qui créent les couples moteurs
de la machine.

I.4.2. F.M.M dans l’entrefer crée par une bobine diamétrale

Soit une machine à entrefer constant sur toute la


périphérie de l'alésage, munie d'une bobine à n
spires parcourues par un courant i. La nature du
champ magnétique crée est représentée par des
lignes d'induction magnétique dans l'entrefer (Fig.
I.18 et Fig. I.19a).
Si l'on admet pour le fer µfe = ∞, la répartition de
l'induction dans l'entrefer Bδ sera représentée par
l'onde rectangulaire (Fig. I.19b). La F.M.M. de
Fig. I.18 : Lignes de champ d'un cette bobine est telle que:
enroulement statorique diamétral
bipolaire.

F = ∫ H .dl = ni (I.26)

Fig. I.19 : Champ magnétique et FMM dans l'entrefer crée par une bobine diamétrale.

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Chapitre I : Principes généraux

L'intégration se fait suivant un contour fermé quelconque qui embrasse la bobine (Fig. I.19a).
Si on admet que pour le fer µfe = ∞, alors dans le fer H = 0. De plus la valeur de l'entrefer δ
est petite par rapport à l'intervalle polaire τp, on peut admettre que les lignes d'induction
coupent l'entrefer radialement et dans l'entrefer l'intensité du champ est constante en valeur
mais change de sens comme le montre la Fig. I.19a.
Dans ces conditions, la circulation du champ se réduit à travers l'entrefer δ:

F = 2δH δ = ni (I.27)

D’où :

ni
Hδ = (I.28)

Dans cette relation, l'entrefer δ est exprimé en m, le champ d'entrefer Hδ en At/m.


La valeur instantanée de l'induction du champ dans l'entrefer en un point donné sera
donc:
ni ni
Bδ ( x) = µ0 H δ = µ0 = λδ = Cte (I.29)
2δ 2
Avec la perméabilité de l’air µo = 4× 10-7 H/m
On appelle la grandeur :
µ
λδ = 0
(I.30)
δ

Perméance de l'entrefer, c'est à dire la perméance rapportée à une unité de surface


perpendiculaire aux lignes de l'induction magnétique dans l'entrefer. Elle s'exprime en H/m2.

La F.M.M. nécessaire pour faire passer le flux magnétique une fois par l'entrefer sera :
ni
Fδ = H δ δ = (I.31)
2
On obtient donc une relation entre l'induction magnétique et la F.M.M. dans l'entrefer donnée
par:
Bδ ( x) = λδ Fδ (I.32)

Pour un entrefer uniforme et fer non saturé, la courbe de la F.M.M. le long de l'entrefer, vu
que λδ = Cte., a la même forme que celle de l'induction magnétique (Fig. I.19b).

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Pour un entrefer non uniforme et le fer saturé, on peut utiliser l'expression (I.32) pour calculer
le champ dans l'entrefer, mais dans ce cas il faut considérer la perméance comme une
fonction des coordonnées de l'entrefer et de l'état magnétique du fer.
La courbe de l'induction dans l'entrefer est périodique, de période spatiale τ
correspondant à la périphérie de l'alésage:

τ = πD (I.33)

Où D désigne le diamètre d'alésage du stator.


La machine considérée est bipolaire (2p=2), l'arc de longueur égal à τ/2 est appelé le pas
polaire τp.

τ πD
τ =
p
= (I.34)
2 2

1.4.3. Courbe de la F.M.M d'un enroulement bipolaire reparti

Pour des raisons constructives, les conducteurs ne sont pas concentrés dans deux
encoches diamétralement opposées mais répartis dans plusieurs encoches (Fig. I.19).

Fig. I.20 : Lignes de champ d'un enrou- Fig. I.21 : Induction magnétique et F.M.M.
lement statorique bipolaire réparti. créées par l'enroulement de la figure I.19.

Les F.M.M. s'ajoutent, ainsi que l'induction magnétique, algébriquement. Si l'entrefer est
d'épaisseur constante, en conservant les hypothèses faites, on obtient une courbe Bδ(x) de
même forme que Fδ(x) (Fig. I.21). On a encore une F.M.M. bipolaire mais sa forme se
rapproche de la sinusoïde.

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1.4.4. Courbe de la F.M.M d'un enroulement multipolaire reparti

Les distributions précédentes relatives à une paire de pôles peuvent être répétées p fois
sur la périphérie de l'alésage. On place dans les encoches statoriques p groupes identiques. La
période spatiale est:
πD
τ= (I.35)
p
La figure I.22 représente un enroulement statorique quadripolaire réparti sur une fraction du
pas polaire. Les deux bobinages sont décalés deux à deux d'un angle τp/2.
πD
τ =
p (I.36)
2p

L'enroulement ainsi obtenu comporte 2p pôles.


Si n désigne le nombre total de spires en série dans l'enroulement, la F.M.M. maximale par
paire de pôles vaut:
ni
F= = 2n p i (I.37)
p

Où : np = n/2p représente le nombre de


spires en série par pôle.
L'induction maximale dans l'entrefer est
égale à:
n pi ni
Fig. I.22 : Lignes de champ d'un enroulement Bmax = µ0 = µ0 (I.38)
statorique quadripolaire réparti. δ 2 pδ

La distribution spatiale de l'induction créée par l'enroulement de la figure I.22 est illustrée par
la figure I.23.

Fig. I.23 : Courbe d'induction magnétique et F.M.M. créées par l'enroulement de la figure I.21.

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Chapitre I : Principes généraux

1.4.5. Angles mécanique et électrique


Le pas polaire τp dans une distribution spatiale de l'induction à 2p pôles correspond à
un angle géométrique dit "mécanique":
π
α mec
= αm = (I.39)
p
Dans l'expression analytique de la courbe périodique représentant la distribution
spatiale de l'induction, il correspond par contre à la demi-période du phénomène magnétique,
c'est à dire à un angle 'électrique":
α élec
=α =π (I.40)

Un point M d'abscisse curviligne x occupe ainsi une position angulaire géométrique:

2π 2x
θ = x= (I.41)
m
πD D
Correspond à un angle électrique :
x 2x
θ =θ = π=p = pθ m (I.42)
élec
τ p
D

D'une façon générale quand il y a 2p pôles, à un angle géométrique correspond un


angle électrique p fois plus grand.
La distribution entre angles mécanique et électrique est très importante pour la
détermination correcte des inductances, du couple électromécanique, etc ...

I.5. Équation mécanique


Elle est la solution de l’équation fondamentale de la dynamique :
dΩ m
J = Cem − Cr − K f Ω m (I.43)
dt
Avec :
Cem : Couple électromagnétique délivré par la machine.
Cr : Couple résistant de la charge montée sur l’arbre du rotor.
Kf : Coefficient de frottement visqueux ;
J : Moment d’inertie total des masses tournantes ;
Ωm : Vitesse angulaire de rotation mécanique ;

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Chapitre I : Principes généraux

I.6. Exercices

Exercice 1 :

On relie électriquement en série deux bobines diamétrales,


l'une montée sur le stator fixe et l'autre montée sur le rotor
mobile (Fig. I.24). Les deux bobines sont parcourues par un

courant sinusoïdal de valeur efficace 5A ( i (t ) = 5 2 sin( ωt ) ).


Les inductances propres et mutuelles valent :
L1 = 0,2 mH, L2 = 0,1 mH , M = 0,05cos θ mH.
Fig. I.24
1°) Calculer la valeur moyenne du couple électromagnétique
exercé sur la bobine mobile en fonction de θ.
2°) On suppose qu'on maintient le rotor au voisinage de la position θ = 90° par un ressort en
π
spirale qui exerce un couple de rappel C r = k (θ − ) avec k = 0,004 J/rd2. Calculer la valeur
2
de l'angle θ d'équilibre, en degrés.

Exercice 2 :

Deux bobines sont disposées sur un convertisseur rotatif à pôles


saillants (au stator et au rotor) d'après la figure I.25. On suppose
que, lorsque l'angle θ varie entre 45° et 75°, les inductances
propres et mutuelles varient linéairement. On donne:
θ=45° L1=1H L2=2H M=1H
θ=75° L1=0.6H L2=1.1H M=0.3H
Fig. I.25 Le rotor était dans la position θ = 60°, calculer le couple
électromagnétique qui s'exerce sur lui dans les 4 cas suivants:
1°) i1 continu de 10 A, i2 nul.
2°) i1 nul, i2 continu de 10 A.
3°) i1 et i2 continus de 10 A.

4°) i1 alternatif de 10 A efficace ( i (t ) = 10 2 cos(ω t ) ), et V2 = 0 (rotor en court-circuit). Pour


ce cas on négligera la résistance de la bobine 2 du rotor et on calculera la valeur moyenne du
couple.

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Chapitre I : Principes généraux

Exercice 3 :
Un convertisseur rotatif à pôles lisses porte, sur son stator, deux bobines disposées
perpendiculairement et alimentées par des courants is1 et is2, sur son rotor, une bobine
alimentée par un courant continu de 10 A. On donne les 6 inductances propres et mutuelles :
Lr = 0,2 H, Mrs1 = 0,1 cos θ H, Ls1 = 0,4 H, Mrs2 = 0,1 sinθ H, Ls2 = 0,4 H, Ms1s2 = 0
1- Calculer le couple électromagnétique en fonction de is1, is2 et θ.
2- Quelle position prendra le rotor si on envoie dans les bobines du stator des courants
continus is1 = is2 = 5A?

Exercice 4 :

On considère une machine bipolaire monophasée, les enroulements statorique et rotorique,


concentrés sous forme de deux bobines diamétrales, connectés en série sont parcourus par un

courant sinusoïdal d'expression : i (t ) = 2 2 cos(ωt ) , Sachant que :


Lss = 0,4 mH, Lrr = 0,2 mH, Lrs = 0,26 cos θ mH
Le rotor tourne en régime permanent, d'où : θ = ωm t + θo.
Déterminer les valeurs de ωm pour lesquelles la machine développe un couple moyen non nul.
Donner l'expression du couple moyen Cem_moy pour ces valeurs de ωm.

Exercice 5 :

Un enroulement triphasé concentré présente 6 pôles.


1°) Calculer :
- Le pas polaire,
- Le nombre total de bobines,
- L'ouverture des bobines et l'angle situé entre deux bobines consécutives d'une même
phase,
- La période de l'enroulement.
2°) Quel est le décalage angulaire entre deux phases successives?
3°) De quel angle tourne le champ magnétique durant une période des courants?
4°) En supposant l'enroulement concentré
- Indiquer le nombre total d'encoches,
- Représenter l'enroulement.
Exercice 6 :

Un enroulement triphasé concentré présente 40 pôles, la fréquence des courants est de 50 Hz.
Calculer :

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Chapitre I : Principes généraux

- La vitesse de rotation (en tr/min) du champ produit.


- Le pas polaire en degrés.
- Le nombre de bobines par phase.
- L’ouverture d'une bobine en degrés.
- Le nombre total d'encoches.
Exercice 7 :

On considère une machine à entrefer constant δ = 0,5 mm, munie d'un enroulement
rotorique constitué d'une bobine concentrée et diamétrale à 10 spires parcourues par un
courant de 100 A.
1°) Dessiner la répartition de l'induction normale dans l'entrefer en fonction de θ ou x.
2°) Calculer la valeur maximale de l'induction.
3°) Calculer l'amplitude fondamental de l'induction.
4°) Calculer la FMM aux bornes de l'entrefer.

Exercice 8 :

L'enroulement statorique d'une machine représentée par la figure ci-dessous est parcouru par
un courant de 120 A.
1°) Dessiner la répartition de l'induction normale dans
l'entrefer en fonction de θ ou x.
2°) Calculer la valeur maximale de cette induction.
3°) Calculer l'amplitude fondamentale de l'induction.

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