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FILIÈRE MP – 2019
Dossier n˚6
Ce dossier comporte un article tiré de la revue Astronomie, précédé d’un glossaire.
Dans votre exposé d’environ 15 minutes, vous vous attacherez à discuter comment
sont exploités différents phénomènes physiques pour accéder à des connaissances sur les
astéroïdes.
Remarques pratiques
Les candidates et les candidats sont invités à éviter d’écrire leur présentation en
petits caractères, peu lisibles lors de leur présentation devant l’examinateur.
Certains textes ont subi des coupes partielles lors de la constitution du sujet. Avant
l’établissement stable de l’image sur la tablette, le texte coupé peut apparaître brièvement :
ce phénomène parasite est à ignorer. De même, l’élimination complète de certaines pages
peut introduire une discontinuité dans la numérotation des pages du document final.
Glossaire
Rayonnement de corps noir – Le corps noir est un objet idéal qui
• émet un puissance lumineuse totale σ T 4 par unité de surface (σ = 5,67 × 10−8 W m−2 K−4 )
hc
• avec un spectre d’émission comportant un seul maximum à λmax = avec
α kB T
2,9 × 10−3 m K
α ≈ 5, soit λmax ≈ .
T
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Yarkovsky, et ce d'autant plus que les mètre, et seule une centaine d'entre eux
corps sont petits, jusqu'à rencontrer une mesurent plus de 100 km, pour une po- e:'
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résonance (encadré2, p. 21) qui va très ra- pulation estimée à plusieurs millions d'in- .E
pidement augmenter l'excentricité de leur dividus. De plus, la ceinture principale se
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orbite et les placer sur une trajectoire de
collision avec une planète ou le Soleil.
trouve loin de nous, de 1 à 3 unités astro-
nomiques (UA), soit de 150 à 450 millions ~c .•. •. ......
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Les météorites présentent donc une de kilomètres. Les petits corps sont donc a"'
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Période de rotation
vue partielle des compositions d'asté- vus sous un angle très petit! Ils apparais-
roïdes et non un recensement exhaus- sent comme de simples points à moins Temps
tif. Seules les familles proches de d'utiliser la pointe de la technologie
résonances contribuent actuellement au comme le Hubble Space Telescope, les té- 1. Courbe de lumière. La quantité de lumière
flux de météorites. Les types de météo- lescopes de 8-10 rn au sol équipés d'op- dépend de la taille apparente de l'astéroïde
rites retrouvés dans différentes couches de tique adaptative (comme le VLT de 1'Eso, et la période se mesure en étudiant la
sédiments (correspondant à des âges géo- au Chili, W M. Keck à Hawaï), ou des répétitivité du signal.
logiques très différents) ne sont d'ailleurs missions spatiales de rendez-vous (Rosetta
Comme la forme de la courbe de lu- e ÉCHOS RADAR trique, donc invisible à !Œil) vers l'asté-
mière provient de l'évolution de la forme Les échos radar (cèst-à-dire de lumière de roïde. Celle-ci va être réfléchie par la sur-
3D de l'astéroïde projetée sur le plan du longueur d'onde centimétrique) sont un face, revenir sur Terre et être mesurée pa
ciel au cours du temps, il est possible de des rares cas d'expérience « active » en as- un radiotélescope (qui peut être le même).
déterminer la direction de son axe de ro- tronomie, où généralement on se contente Le temps d'aller-retour de la lumièr
tation et sa forme 3D (bien que grossiè- de recevoir la lumière émise par les corps. est évidemment déterminé par la dis
rement et sans information de taille) en Le principe est le suivant: un radiotéles- tance de l'astéroïde. Mais, de manièr
étudiant la forme des courbes de lumière cope émet une onde lumineuse (centimé- plus fine, comme chaque portion de sur
prises dans différentes configurations
Soleil-Terre-astéroïde (figure 2) . Pour
schématiser, l'amplitude de la courbe de
lumière sera maximale si on observe l'as-
téroïde par son équateur et minimale si
........................................
on l'observe par son pôle, et sa forme
sera d'autant moins régulière que l'asté-
roïde est patatoïdal.
Cette méthode est simple et fournit de Temps
très bons résultats, mais requiert la prise de
nombreuses courbes de lumière à plusieurs
mois/années d'intervalle. Ce besoin gour-
mand de données, couplé avec le besoin ... •·• ..... ·.
« modeste » de taille de télescope, a permis x •• •• . .....
aux astronomes amateurs de jouer un rôle
majeur dans ce domaine depuis vingt ans.
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est plus aigu et celui d'une voiture s'éloi-
gnant est plus grave). Regarder comment
ces échos se répartissent en fonction du
délai (temps) et de la fréquence (Doppler)
revient à regarder l'astéroïde depuis son
pôle Nord (figure 4), avec la particularité
que le signal provient des deux hémi-
sphères (Nord et Sud): il ne s'agit donc pas 4. Principe de l'imagerie radar. Les délais et
d'une simple «photo». décalages en fréquence de l'écho par l'astéroïde
Émetteur Récepteur décrivent sa rotation, sa taille et sa forme.
La taille et la vitesse de rotation se dédui- ............................................•..........................................
sent directement de 1'étendue de l'écho sur
ces « images », et en combinant plusieurs son albédo (sa capacité à réfléchir la lu- leur taille apparente (figure 5, p. 20). Cette
d'entre elles, on peut reconstruire la forme mière). Ainsi, un gros astéroïde sombre ap- technique est utilisée depuis les années
3D de l'astéroïde. paraît aussi lumineux qu'un petit clair. 1970 pour mesurer des diamètres d'asté-
Dans l'infrarouge (autour de 10-20 mi- roïdes, mais c'est avec la mission Wise de la
e FLUX THERMIQUE Nasa qui a observé toute la sphère céleste
Il est impossible d'estimer la taille d'un as- crons), le flux que nous percevons des as-
téroïdes provient avant tout de leur en 2010, incluant plus de 150000 asté-
téroïde en l'observant dans le visible: la
émission dite de corps noir (liée à leur tem- roïdes, qu'elle est devenue la principale
quantité de lumière qu'il renvoie est en effet
pérature) et ce flux est directement relié à source de diamètres d'astéroïdes.
égale au produit de sa taille apparente par
Mai 20 19 - l'ASTRONOMIE 1S
vol.1 33) 127)1 9
1]1zooM 1 LA PHYSIQUE DES ASTÉROÏDES
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Albédo grand axe des orbites (suivant
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élevé
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Albédo
faible
l'orientation des corps), et ce d'autant plus
que ceux-ci sont petits. L'ouverture de la
ec « uaie » « (harbon » forme en« V» permet ainsi de dater la fa-
mille: plus le V est ouvert, plus la famille
"' est ancienne.
"'QI Cette évolution dynamique par effet
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QI
QI
SONT RÉTROGRADES
Lorsque l'orientation d'un grand nombre
d'astéroïdes géocroiseurs fut mesurée (par
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courbes de lumière et échos radar), on vit
..,QI"" Albédo Albédo avec surprise que la plupart étaient rétro-
~a~ élevé faible grades, alors qu'a priori on attendait une
Q répartition aléatoire.
« craie » « charbon»
Cela est maintenant compris et nous
renseigne sur l'origine de ces corps.
Puisque les géocroiseurs sont, à !origine,
5. L'intérêt de l'observation des astéroïdes dans l'infrarouge (en bas) par rapport au visible des astéroïdes de la ceinture principale
(en haut) pour déterminer leur diamètre. (NASA/ JPL-Caltech) éjectés par une résonance (encadré2),
leur sens de rotation est une empreinte de
~:tl] ;ffil U$t ~: i11 [ll!m maintenant qu'elles jouent un rôle parti- leur chemin dynamique. Suivant leur
1
orientation, l'effet Yarkovsky va les faire
1 i lM UIŒH i$î culier dans l'évolution de la population
d'astéroïdes. migrer vers le Soleil (cas rétrograde) ou
Les familles dynamiques d'astéroïdes ont les éloigner (cas prograde). La forte do-
été découvertes par Hirayama en 1918. Toutes les familles d'astéroïdes patta- minance de géocroiseurs rétrogrades est
Alors qu'il en compta cinq, on dénombre gent une caractéristique remarquable: une confirmation que la résonance v6
actuellement plus de 100 de ces familles, plus les objets sont petits, plus ils sont (voir encadré2) est la plus efficace pour
et environ un astéroïde sur trois appar- éloignés du centre de la famille (figure 6). injecter des corps de la ceinture principale
tient à l'une d'entre elles. Autrefois de Cette particularité est la marque de l'effet sur une orbite croisant celles des planètes.
simples curiosités consistant en une Yarkovsky; en effet, lors de la création de
concentration d'orbites proches d'asté- la famille par collisions, tous les fragments
roïdes (figure B, encadré 2), on sait ont une orbite similaire autour du Soleil. H L LL
Chondrites
D ordina ires
Astéroïdes
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7. Répartition des chondrites ordinaires (en
10 marron) et des astéroïdes de typeS qui y
sont liés (en noir) en fonction de leur
concentration en olivine. La plupart des
chondrites ordinaires sont de types H et l,
6. Distribution des membres de la famille de Massalia (en noir) par rapport aux astéroïdes alors que la plupart des géocroiseurs de
environnants (gris). Les corps les plus petits sont plus éloignés du centre de la famille (à typeS sont semblables aux chondrites
2,41 UA) que les gros. Cette forme en V est caractéristique des fam illes. ordinaires ll. (adaptée de Vernazza et of. (2008))
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des géocroiseurs et des météorites. Les fragments
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plus grands tardent plus à être placés dans une réso-
nance. Ainsi, les météorites proviennent générale-
ment de collisions plus récentes que les géocroiseurs,
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plus gros. Cela signifie que les météorites associées
aux géocroiseurs kilométriques actuels sont déjà
tombées sur Terre il y a bien longtemps!
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0 connus). Néanmoins, ces caractéristiques (diamè-
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tre, orientation, période de rotation) dictent !evo-
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responsables des chutes de météorites sur Terre!
Ill Si leur empreinte statistique est claire (répartition
oo C; . t, 2 .. --···· · . 0 orbitale des astéroïdes dans les familles, orientation
. 3 5 6
D eml-grand axe (ua)
4 des géocroiseurs ... ), il reste extrêmement ardu de
mesurer ces caractéristiques et de détecter leffet Yar-
B. La distribution orbitale des astéroïdes au sein de la ceinture principale en fonction de kovsky sur des objets. La sonde Gaia de l'agence spa-
l'inclinaison de leur orbite (haut, représentée par les lignes obliques) et de leur tiale emopéenne (Es a) qui scanne le ciel depuis 2014
excentricité (bas, illustrée par les ellipses). Les zones« vides» d'astéroïdes sont dues
devrait permettre une révolution dans ce domaine,
aux résonances avec les planètes géantes et sont appelées gaps de Kirkwood. Les
familles d'astéroïdes les plus importantes sont indiquées. avec des mesures de positions permettant la détec-
················································································································································ tion de l'effet Yarkovsky sur des dizaines d'objets, et
la détermination de la période de rotation et de
!orientation de quelque 300000 astéroïdes. •