Aujourd'hui, le cours vise à nous aider à mieux comprendre l'importance et la place
des aires protégées dans le monde et en Afrique en particulier. L'ouvrage de référence à consulter en complément du cours, c'est le rapport annuel sur l'état des aires protégées intitulé Protected Planet Report (que vous voyez ici) ainsi que la base de données mondiale sur les aires protégées hébergée sur le site www.protectedplanet.org. Faisons tout d'abord un peu d'histoire. À l'heure actuelle, plus de 15 % de la surface terrestre bénéficie d'une forme de protection formelle. On appelle ces territoires des aires protégées. On voit les aires protégées terrestres en vert sur ce planisphère et en bleu pour les aires marines. Le premier parc formellement reconnu dans l'acceptation moderne du terme fut celui du Yellowstone en Amérique du nord en 1872. Son classement découle de la volonté des pionniers américains de préserver un paysage exceptionnel que la colonisation allait sans doute faire disparaître. Il s'agit donc de conserver la nature dans son état premier. Mais il existait évidemment déjà de nombreuses formes de protection plus ou moins formelles. Par exemple, les sites naturels ayant un caractère sacré ont été précurseurs de la conservation de la nature. S'il est difficile de dater leur apparition, certains sont connus et reconnus depuis des centaines sinon des milliers d'années. Mais en général, la protection de territoires répondait avant tout à un souci d'utilisation ciblée, comme par exemple les réserves de chasse qui étaient destinées à certaines élites au Moyen Âge en Europe. L'explosion du nombre des aires protégées et de la surface qu'elles couvrent, ça, c'est un phénomène tout à fait récent. De quelques dizaines à l'aube du 20ème siècle, on est passé progressivement à plus de 200 000 aujourd'hui, réparties partout sur le globe. Le graph présenté ici présente cette évolution quasi exponentielle depuis les années 50 et qui ne semble pas devoir faiblir puisque les engagements internationaux récents appellent à couvrir davantage de surface. Cela va changer dans l'avenir vers plus d'aires protégées et plus de surface couverte. Alors, l'histoire récente des aires protégées en Afrique, et en particulier Afrique francophone, peut être schématiquement décomposée en trois périodes. Durant la période coloniale et jusqu'à la fin des années 50, beaucoup de forêts classées ont été créées comme transposition des forêts domaniales en Europe. L'objectif de ces forêts était essentiellement la conservation d'une ressource, en général le bois, mais parfois elles prévoyaient une conservation élargie de l'écosystème. Certaines forêts, néanmoins, ne servaient qu'à produire du bois, par exemple pour alimenter en charbon le chemin de fer. Les réserves ou domaines de chasse, sur le même principe, protégeaient le gibier pour une exploitation des animaux sous forme de trophées ou parfois commerciale, comme l'ivoire par exemple. C'est cela qui a précipité les effectifs de bon nombre d'espèces en Afrique. Il existe bien sûr des exceptions, comme par exemple la réserve naturelle des Monts Nimba en Guinée, dont on voit ici le texte de classement en 1944 et qui fut intégralement protégée dès le départ. La décolonisation est suivie en général d'une période assez neutre en matière de création ou de gestion des aires protégées, tout simplement parce que les jeunes États avaient d'autres priorités et peu de moyens à investir sur ce secteur. Il faut attendre les années 80 et surtout 90, après la Conférence de Rio, pour que s'amorce un nouvel élan : création de nouvelles aires protégées dans les pays qui n'en comptaient guère. Par exemple, on voit ici le parc national de la Lopé au Gabon. Un autre exemple, c'est dans les années 2000 que la Guinée Bissau a constitué formellement son réseau de parcs et l'agence qui les gère aujourd'hui, l'IBAP. Cette période récente voit aussi l'évolution de certains territoires d'un statut à un autre, et notamment de forêt classée, on l'a vu souvent pour la conservation d'une ressource, à parc national plutôt dirigé vers le tourisme, comme c'est le cas ici pour la forêt des Deux Balé au Burkina Faso. Enfin, et surtout, cette période correspond à une reprise en mains au moins théorique des aires jusque-là délaissées et auxquelles les bailleurs de fonds se sont à nouveau intéressés et qu'ils continuent dans certains cas de soutenir actuellement. Alors, voyons de plus près l'histoire d'un parc comme celui du Niokolo Koba au Sénégal car il est assez représentatif de ce qui s'est passé, au moins encore une fois en Afrique francophone. Le Niokolo Koba fut créé en 1926 en tant que réserve de chasse. Ensuite, il a successivement évolué en réserve intégrale de chasse en forêt domaniale classée, et enfin en 1954, en parc national. En 1969, suite à des extensions, le Niokolo Koba a atteint sa superficie actuelle de 913 000 hectares et ces déguerpissements ont permis l'expulsion d'un certain nombre de villages tels que Baadi, Damantin et Langani. En 1981, du fait de sa riche biodiversité, le Niokolo Koba est inscrit sur la liste des sites du patrimoine mondial de l'UNESCO. Et en 2007, suite à plusieurs pressions antropiques telles que le braconage, l'avancée du front agricole, la divagation du bétail, mais également les menaces du projet de barrage de Sambangalou, le Niokolo Koba a été inscrit sur la liste des sites en danger. Aujourd'hui, la situation est contrastée en Afrique pour des raisons historiques (on l'a vu), pour des raisons de droit (on va le voir), notamment entre Afrique francophone et Afrique anglophone, pour des raisons de culture aussi, parfois de sécurité ou de contexte géopolitique, et pour des raisons d'opportunisme enfin. La carte présentée ici donne la couverture actuelle des aires protégées. Plus c'est sombre, plus il y en a. Plus il y a de taches vertes, plus c'est couvert. Mais il s'agit là de données assez peu fiables et surtout qui recouvrent des réalités très différentes sur le terrain. Globalement, retenons qu’il y a environ 8 400 aires protégées qui sont actuellement recensées en Afrique, dans la base de donnée mondiale et qu’elles couvrent environ 17% des terres et 4% des mers en Afrique. Cette couverture n’est pas homogène, ni représentative; que ce soit au niveau globale ou au niveau de l’Afrique. Certains territoires ont été délaissés comme les déserts ou encore les zones en général cotières qui bien qu’importantes pour la biodiversité sont assez peu protégées tout simplement parce qu’elles sont densément peuplées et que c’est donc plus difficile d’y travailler. Par exemple, cette carte montre les zones clés pour la biodiversité en Afrique de l’ouest. On constate que certaines sont bien protégées; en vert ici, donc j’entoure, quand d’autres ne le sont pas encore, ici en rouge. On parle en détail de ce point sur le mooc sur la conservation des espèces. Alors comme je vous l’ai dit, aujourd’hui les données relatives aux aires protégées sont regroupées dans une base de données mondiale dont l’acronyme en anglais est « WDPA » pour « World Database Unprotected Areas ». Vous trouverez cette base sur un site internet qui est le site « www.protectedplanet.net ». Prenez le temps de regarder les informations relatives aux aires protégées que vous connaissez. J’ai pris par exemple la page du parc de la Comoé, en Côte d’Ivoire ici. Allez sur le site; utilisez l’outil sur quelques parcs poour apprendre à bien le connaitre. Il vous sera très utile tout au long de ce mooc. Malheureusement vous allez le voir, beaucoup d’informations sont encore éronnées. c’est à vous de jouer pour mettre tout cela à jour. Voila, c’est la fin de ce cours. Le prochain épisode portera sur le rôle des aires protégées dans le monde et en Afrique plus particulièrement. Excellente journée.