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AFRIQUE
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17/05/2010
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Julien MASBOU
Xianxi NING
Anastasiia SHEHENOVA GIRARD
Mary YAMAGUTI
Mélissa YEN KAI SUN
Sommaire
1. Introduction......................................................................................................................... 3
9. Conclusion............................................................................................................................ 28
Références ................................................................................................................................ 29
Annexes.................................................................................................................................... 31
2
1. Introduction
Les prix des denrées alimentaires de base sont aujourd’hui caractérisés par une grande
incertitude quant à leur stabilité et ont eu dernièrement tendance à fortement augmenter. Sur
la période 2006-2009 le prix, entre autres, du blé a augmenté de 236%, celui du riz de 234%
et celui du sucre de 120% [1]. Ces fortes augmentations ont déclenché une crise alimentaire
en 2007-2008 qui a particulièrement touché les pays pauvres alors en proie à des émeutes de
la faim. En plus de la grande instabilité politique générée par cette crise alimentaire dans
certains pays, elle a montré à quel point le monde, et l’Afrique tout particulièrement, est sujet
à l’instabilité alimentaire.
Notre mémoire s’inscrit dans cette problématique en prenant l’Afrique comme objet d’étude.
Le défi agricole africain illustre en effet ce double enjeu : réussir à nourrir une population
souffrant de la faim, 203 millions d’Africains gravement sous-alimentées en 2002 sur un total
d’1 milliard [1], et en forte croissance, 2,3% en 2010 [2] (soit le double de la moyenne sur
l’ensemble du monde). Il faut néanmoins dépasser l’étude du vœu pieux de nourrir l’ensemble
de la planète et envisager la totalité des enjeux pesant sur l’agriculture africaine. L’agriculture
en Afrique est en effet un terrain d’enjeux et de rivalités politiques et économiques d’acteurs
publics et privés du monde entier. L’étude des enjeux agricoles africains permet de dresser un
état des lieux du continent quant au mode de gouvernance de ses pays (« niveau de
démocratie », de corruption), de leur indépendance (dépendance) vis-à-vis des puissances
occidentales et émergeantes et d’envisager la manière dont le futur défi alimentaire sera
abordé (quels acteurs ? quelles méthodes ? quelles solutions ?).
Notre mémoire est organisé en deux grandes parties. Nous allons étudier dans un premier
temps l’état des lieux de l’Afrique face à ses défis alimentaires et les moyens mis en place
pour y répondre. Dans un second temps, nous nous focaliserons sur certaines problématiques
relatives à l’affrontement d’acteurs tiers par l’intermédiaire de l’agriculture africaine. Les
différents chapitres de notre mémoire sont les suivants :
3
1. Sécurité et autosuffisance alimentaire : il est important de poser en premier lieu les
concepts de sécurité alimentaire et d’autosuffisance alimentaire de par leur incidence,
entre autres, sur le commerce international.
2. Situation actuelle de l’agriculture en Afrique : cette partie présente l’état des lieux
actuel de l’appareil agricole africain (productivité, investissements étrangers et
étatiques, etc.).
3. Les mesures politiques adoptées en Afrique : nous verrons ici quelles politiques les
gouvernements africains ont développées pour se protéger contre des hausses de prix
comme lors de la crise alimentaire de 2007-2008.
7. Les politiques agricoles mises en place par les pays africains : cette partie nous
permettra d’envisager les efforts déployés pour créer des groupements de pays en vue
d’une politique agricole commune.
4
2. Sécurité alimentaire et autosuffisance alimentaire
La problématique de la survie n’étant pas le cœur de notre mémoire, nous allons brièvement
couvrir le thème de la sécurité et autosuffisance alimentaire plus pour leurs implications sur le
commerce international que pour décrire la situation parfois dramatique vécue par les
populations.
On pense en premier lieu aux implications sur le commerce international d’une manière
générale. Des politiques d’autosuffisance peuvent être dangereuses dans la mesure où les pays
se refermeront sur eux-mêmes et ne pourront plus tirer parti de la division internationale du
travail au travers de leurs avantages compétitifs respectifs. En effet, la théorie ricardienne
nous enseigne que si chaque pays se concentre sur son avantage compétitif et commerce avec
ses voisins pour obtenir les produits qu’il ne produit pas, il aura au final une plus grande
production à distribuer à sa population que s’il était resté en autarcie. Des politiques
d’autosuffisance mal inspirées peuvent donc empêcher un pays de profiter d’un tel
accroissement de ressources. Nous penserons à l’ex-bloc soviétique ou encore aujourd’hui à la
Corée du Nord et aux pénuries engendrées, entre autres, par l’autarcie. Nous aborderons
uniquement ici la question d’un côté plutôt théorique pour ne pas nous écarter du cœur du
mémoire.
D’une manière plus pratique, le basculement vers l’autosuffisance témoigne d’une méfiance
vis-à-vis des marchés et d’un contrôle des prix par le pouvoir en place [1]. Les prix ne
reflèteraient donc plus les informations du marché et seraient ainsi biaisés, rendant difficile
l’évaluation de l’impact réel des investissements réalisés.
Nous voyons ainsi que derrière les définitions de sécurité alimentaire et d’autosuffisance
alimentaire se cachent des décisions politiques et économiques lourdes de conséquences.
5
3. Situation actuelle de l’agriculture en Afrique
La population de l’Afrique est toujours dépendante de l’activité agricole : sur 52 pays, 37 sont
des pays presque purement agricoles [4]. De plus, 70% de la population de l’Afrique Sub-
saharienne vit grâce aux revenus tirés de l’agriculture [5]. Ces chiffres nous montrent
l’importance de l’agriculture sur ce continent.
6
On peut voir par cette étude faite par l’OCDE et la FAO que l’augmentation de la production
en Afrique entre 1998 et 2007 est en moyenne la plus faible au monde, à l’exception des pays
développés.
La sous-alimentation et la famine ont des conséquences à long terme pour les régions
touchées : perte de capital humain du à l’augmentation de la mortalité, ainsi que
l’accroissement de la malnutrition qui diminue de manière pérenne les capacités cognitives, et
baisse du capital foncier ou animalier, vu que les plus pauvres sont obligés de vendre leur
capital productif [8].
La deuxième raison est la question du SIDA. Une grande partie de la population africaine est
séropositive et cela contribue à la réduction de la productivité de la population et à
l’augmentation de la mortalité de la population active.
La productivité basse est aussi expliquée par les techniques rudimentaires utilisées par la
plupart des petits agriculteurs. Environ 70% des cultures en Tanzanie sont toujours produites
manuellement, à la houe.
Les petits exploitants n’ont pas d’information ni de moyens financiers pour adopter des
techniques modernes. Il est très difficile pour les petits agriculteurs d’avoir accès aux
emprunts bancaires, ainsi qu’aux investissements étrangers qui donnent, en majorité des cas,
priorité aux grands propriétaires qui produisent pour l’exportation. En contrepartie, il ne peut
pas être prouvé que les grands fermiers en Afrique sont plus réactifs aux techniques
innovantes de production que les petits fermiers [9].
Une autre raison évoquée est la condition de la terre dans certaines régions africaines. Parmi
les 10 grands types de sols en Afrique, deux - désert ou couche de terre très fine – ne sont pas
capables de recevoir de la culture irriguée par l’eau de pluie et cela constitue presque 40% de
la surface du continent. Dans les 60% restants, 20% sont constitués de terres sableuses qui
sont déficientes en nutriments pour la plantation et sont sujettes à l’érosion par le vent et par
la pluie. Pratiquement la moitié de ces 60% restants sont constitués de sols mal drainés qui,
même étant fertiles, sont très difficiles à manipuler. Environ 20% des terres en Afrique ont les
bonnes conditions pour recevoir des plantations et se trouvent en majorité dans les régions
tropicales de l’Afrique de l’Est, dans le centre et sud de l’Afrique de l’Ouest et une partie
dans le Sud-est du continent [9].
On peut donc voir que la situation actuelle des agriculteurs en Afrique n’est pas simple et les
enjeux agricoles sont multiples. De plus, les producteurs africains sont confrontés à des
conditions défavorables de commercialisation. Les infrastructures rurales inadéquates comme
les équipements de stockage et les conditions des routes compliquent le transport des
marchandises d'une région à l’autre, contribuant à l’augmentation des prix des produits
locaux.
7
Selon [8], le protectionnisme agricole, quatre fois plus élevé que celui du secteur industriel,
ainsi que les subventions agricoles, notamment des pays développés, impacte directement les
prix de produits agricoles dans le marché international et par conséquence le développement
et la croissance de certains pays en voie de développement, notamment ceux qui ne peuvent
exploiter pleinement leur potentiel agricole comme la Namibie, le Botswana, le Zimbabwe.
Selon [4], on peut acheter dans certaines régions de l’Afrique de l’Ouest, selon les saisons,
des légumes et des fruits provenant d’Europe au tiers ou à la moitié du prix des produits
équivalents locaux. Donc, la subvention donnée par l’Union Européenne et d’autres régions
du monde à ses agriculteurs a une contribution directe à la destruction systématique des
agricultures vivrières africaines.
Un autre point important au sujet de la commercialisation des produits agricoles : Parmi les 44
pays pour lesquels les données sont disponibles dans une recherche réalisée par [8], 20 pays
sont importateurs nets de nourriture et 24 sont exportateurs nets :
Sept pays apparaissent très importateurs nets avec un solde commercial net, exprimé
en pourcentage du PIB, inférieur à -0,5% : Djibouti, l’Érythrée, la Mauritanie, les Seychelles,
le Sénégal, l’Angola et le Togo.
Sept pays sont d’importants exportateurs nets avec un indicateur supérieur à +0,5% du
PIB : la Côte d’Ivoire, São Tomé et Principe, le Malawi, le Zimbabwe, les Comores, la
Gambie et la Guinée-Bissau.
En relation à l’aide des pays non-Africains, on voit que l’Afrique diversifie fortement ses
partenaires et accède de plus en plus à de nouveaux financements des pays émergents et
pétroliers. Un grand problème pour attirer les investisseurs dans le secteur agricole est que les
richesses minières et pétrolières de certains pays africains sont convoitées par différents pays
et le potentiel agricole africain reste en deuxième plan [11]. Comme nous allons voir dans les
prochains chapitres, plusieurs pays africain sont soumis à la voloté étrangère, qui vise
satisfaire l’intérêt extérieur au détriment de celui de la population locale.
Les nouveaux partenaires de l’Afrique font principalement des accords bilatéraux avec les
pays africains, contrairement aux politiques multilatérales des puissances occidentales (FMI,
Banque Mondiale, OCDE, Union Européenne).
Les situations agricoles en Afrique sont donc très variées et cela est partiellement expliqué par
l’importance donnée à la question agricole et aux politiques adoptées par chaque chef d’Etat.
8
4. Les mesures politiques adoptées en Afrique
Dans ce chapitre nous donnerons quelques exemples des mesures politiques prises par les
pays africains afin de protéger les agriculteurs locaux face à une hausse des prix des denrées
alimentaires ou face à un marché international très compétitif.
Plusieurs sortes de mesures peuvent être adoptées face à l’augmentation des prix. Ces mesures
politiques sont classifiées en quatre grands domaines : les politiques relatives au commerce, à
la production, à la consommation et aux stocks. En Afrique Sub-saharienne, une grande partie
des mesures prises par les pays durant l’augmentation des prix d’aliments en 2007-2008 a été
relative au commerce ou aux stocks. Ce sont normalement des mesures appliquées pendant
une période limitée.
Le Congo, Madagascar, le Kenya et l’Ethiopie ont réduit la taxe à la valeur ajoutée pour une
gamme de denrées alimentaires de base importées. D’autres pays producteurs ont créé des
barrières à l’exportation afin sécuriser l’alimentation locale. La Figure 2 nous montre que le
protectionnisme agricole appliqué par les pays africains est varié [7].
Figure 2 : Protection rencontrée sur les exportations agricoles par pays exportateur [8]
Le Cameroun, l’Ethiopie, le Sénégal, le Niger ont recouru aux stocks publics de denrées
alimentaires pour atténuer la hausse des prix et ont offert des subventions pour certains
produits de base. Le Burkina Faso, le Burundi et la Gambie ont également opté pour la
construction de silos dans les villages afin de créer des réserves de grains et ainsi adoucir les
fluctuations locales des prix [7].
Selon une enquête de la FAO sur les politiques agricoles nationales, environ deux tiers des
pays en développement ont mis en œuvre, depuis 2007, des mesures fondées sur des
dispositifs extérieurs au marché afin d’aider leurs agriculteurs, comme les subventions à
l’achat des semences, équipements agricoles et les interventions sur les prix.
Le Burkina Faso et la Sierra Leone ont réalisé des négociations avec les vendeurs de produits
agricoles afin de maîtriser les prix. Certains pays comme Madagascar ont imposé un contrôle
direct des prix [12].
9
Le Malawi continue sa politique de subvention aux engrais. Ce programme a transformé le
pays en grand producteur de céréales. En 2009, le Malawi a exporté plus de la moitié de sa
production, alors qu’en 2005 le pays importait plus de 40% de sa nourriture.
Le Lesotho et l’Ouganda ont créé des « foires aux semences » dans l’espoir d’augmenter le
nombre de variétés proposées aux fermiers. La Tanzanie et le Mali ont adopté une politique
similaire, en subventionnant directement les vendeurs de grains et d’engrais.
Le Sénégal importe 80% de son riz et a été secoué par les émeutes de la faim en 2008. Le
gouvernement a promis d’atteindre par étapes l’autosuffisance [12].
Afin de résoudre la question d’accès à la terre, certains pays africains ont vécu récemment des
réformes agricoles. Les Seychelles et la Mauritanie ont résolu ce problème en répartissant les
régions coloniales en fermes de taille moyenne [9].
Par contre, la solution adoptée par le Zimbabwe n’a pas eu un résultat positif : Le président
Mugabe a décidé l’occupation forcée de terres des fermiers blancs, mais les personnes qui ont
pris la possession des terres n’étaient pas préparées à la gestion de ces terres et le pays est
maintenant en crise [5].
En fait, les politiques agricoles dans les pays africains sont très hétérogènes. Dans plusieurs
pays où la situation politique n’est pas stable, la question de l’agriculture n’est
malheureusement pas la priorité des gouvernements.
10
5. OGM : réponse pour le développement économique et
pour la sécurité et autosuffisance alimentaire en
Afrique ?
Après avoir étudié la situation agricole africaine et les politiques mises en œuvre par les
gouvernements au pouvoir dans la tentative d’atteindre la sécurité alimentaire, nous allons à
présent aller plus loin dans les solutions à envisager en considérant l’utilisation des
Organismes Génétiquement Modifiés (OGM). L’avantage des OGM est que l’on peut
concevoir des plants adaptés aux conditions locales (climat, maladies des plants) afin
d’améliorer le rendement agricole : une production plus élevée pour une même surface sans
effort supplémentaire si ce n’est changer les graines utilisées. Leur inconvénient est que l’on
manque encore de recul pour évaluer leur impact sur le consommateur à moyen long terme,
sans parler du risque de propagation si la culture des OGM est réalisée à ciel ouvert. Les pays
développés sont ainsi divisés quant à l’utilisation massive des OGM : les Etats-Unis les
utilisent déjà massivement et cherchent à les promouvoir et l’Europe s’en méfie et cherche à
évaluer l’impact de ces OGM sur l’environnement. Cette dualité de points de vue a de sérieux
impacts sur l’agriculture africaine dont de nombreux programmes d’investissements
dépendent de l’aide internationale.
Les pays ayant été touchés par cette crise sont le Lesotho, le Malawi, le Mozambique, le
Swaziland, la Zambie et le Zimbabwe. Il faut néanmoins noter que cette crise n’a pas eu la
même intensité dans ces six pays comme illustré par la Figure 3. Hormis le Mozambique, au
moins le quart de la population était directement touchée par le risque de famine dans les cinq
autres pays. La décision de certains pays quant à l’acceptation de l’aide extérieure va pourtant
sembler de prime abord paradoxale malgré la gravité de la situation. En effet, lors de
l’éclatement de la crise, les Etats-Unis et l’UE ont proposé leur aide. L’aide américaine,
majoritaire, via le département lié à l’aide internationale (USAID), consistait à fournir du
maïs transgénique non moulu. Le refus de certains pays de recevoir du maïs transgénique non
moulu déclencha une polémique entre les Etats-Unis et l’UE centrée sur les OGM. Quelles
ont été les raisons du refus de l’aide américaine de la part de certains pays ?
11
Figure 3 : Pourcentage de population touchée par la crise alimentaire de 2002 en Afrique australe [13]
Les Etats-Unis ont mis en place un programme en 2000 visant à dynamiser les échanges en
Afrique via l’African Growth and Opportunities Act (AGOA) [14]. Ce programme permet
aux pays africains y participant de bénéficier de conditions d’accès privilégiées au marché
américain. En 2002, une grande majorité de l’Afrique faisait déjà partie de ce programme
dont le Lesotho, le Malawi, le Mozambique, le Swaziland et la Zambie soit les six pays
touchés par la crise à l’exception du Zimbabwe. Parmi ces pays, le Lesotho et le Swaziland
étaient très dépendants des Etats-Unis et ont directement accepté l’aide américaine. Au
contraire, les quatre autres moins dépendants des Etats-Unis ont rejeté l’offre de maïs OGM
non moulu. Trois grandes raisons ont été invoquées [13] :
Ce refus a déclenché une vive polémique entre les Etats-Unis et l’UE, les premiers accusant le
second de leur scepticisme envers les OGM a précipité ces pays au bord de la famine et est la
cause de leur sérieux retard en matière de biotechnologie de peur de voir se fermer les
marchés européens. Cette crise est devenue une vaste campagne de promotion et de
dénigrement des OGM, les Européens soulignant le manque d’information sur le moyen long
terme quant à l’impact sur le consommateur final.
Certains pays tels que le Zimbabwe ont décidé de se renseigner sur l’éventuel risque sanitaire
des OGM au travers de visites en Afrique du Sud, les Etats-Unis et l’avis d’experts européens.
Cette démarche n’a fait qu’attiser l’affrontement entre les Etats-Unis et l’UE.
Les Etats-Unis, accusant l’UE d’influencer ces pays à ne pas utiliser d’OGM du à leur
assujettissement économique, n’ont pas été enclin à modifier leur offre d’aide, du maïs
transgénique non moulu à la demande du Malawi, Mozambique et du Zimbabwe. Ces trois
pays demandaient effectivement de moudre le maïs transgénique afin d’éviter que le maïs ne
soit replanté à la place d’être consommé. L’offre américaine était donc inconditionnelle :
accepter du maïs transgénique non moulu ou ne rien recevoir.
12
Pour conclure, la crise alimentaire de 2002 a été un moyen pour les Etats-Unis et l’UE de
s’affronter sur la question des OGM suite au moratoire sur la commercialisation des OGM
alors en vigueur dans l’UE. Les Etats-Unis ont eu l’occasion d’utiliser un surplus de
production et de pénétrer le marché du Lesotho et du Swaziland en y exportant du maïs
transgénique non moulu. La résistance du Malawi, du Mozambique, de la Zambie à l’offre
américaine a marqué le début de l’affrontement. Cet affrontement a permis à l’Europe de
fortifier sa position anti-OGM et de maintenir son moratoire malgré la pression des Etats-
Unis. Des effets de communication bien ciblés ont de plus permis de cibler les Etats-Unis
comme étant un élément ayant exacerbé la crise alimentaire à l’image du ton pris par l’auteur
de [13]. On voit donc bien que l’Afrique, à travers sa politique agricole, est un terrain
d’affrontement de grande importance et ce d’autant plus, semble-t-il, lors de crises
alimentaires. On regrettera finalement que cette crise ne fut pas l’occasion de réfléchir à une
solution d’utilisation des OGM adaptée au cas africain. L’étude de PED ayant recouru aux
OGM nous permettra d’apporter des éléments de réponse à cette problématique.
Il est difficile, voire impossible, de définir une position européenne commune vis-à-vis des
OGM tant les individualités sont fortes sur un tel sujet. Dans un cadre strictement
réglementaire, l’UE a envisagé la commercialisation d’OGM et définit les règlementations
régissant une telle commercialisation au travers de deux documents : un quant à la
dissémination volontaire d’OGM (directives 95/98 et 2001/18) et un quant à la mise sur le
marché d’OGM. Chaque pays cependant est plus ou moins libre d’au moins retarder des mises
sur le marché d’OGM. On trouvera en Annexe 1 une cartographie des territoires européens où
les acteurs politiques locaux refusent de cultiver des OGM. On notera toute de même d’une
manière générale que l’UE se range du côté du principe de précaution et préfère mener de
larges recherches quant aux dangers des OGM (toxicité, atteinte à l’environnement) avant
d’autoriser leur culture de masse.
Cette position est néanmoins controversée au sein de l’UE. Tout d’abord les lobbies des
producteurs d’OGM (représentants de Croplife International) et des acteurs européens en
faveur des biotechnologies (Europabio) font pression pour assouplir la législation et
promouvoir les OGM et leur non-dangerosité. D’autre part, certains élus regrettent que l’avis
de non spécialistes prenne une ampleur démesurée par rapport à l’avis de la communauté
scientifique pourtant plus apte à porter un jugement sur la dangerosité des OGM. C’est
pourquoi selon les résistances internes à chaque pays, chaque membre européen adopte une
position différente quant aux OGM et on pourra se référer une nouvelle fois à l’Annexe 1
pour illustrer ce fait.
Le cas français illustre bien les courants internes opposés quant à la question des OGM. Un
projet de loi sur les OGM début 2009 devait autoriser la poursuite des cultures OGM à
l’échelle de la parcelle. Des ONG telles que Greenpeace et personnalités telles que José Bové
13
ont toutefois fait pression pour que le gouvernement avorte le projet [16]. L’Etat français
cherche toute de même à créer un pôle industriel dans les OGM à l’image de l’augmentation
de capital de 150 millions d’euros dans Limagrain par l’intermédiaire du Fonds Stratégique
d’Investissement (FSI) [17]. Ce cas illustre bien l’antagonisme de la position française, et
européenne par extension, quant à la question des OGM.
On peut penser qu’à terme, le manque de vision claire sur le futur à donner aux OGM pourrait
être pénalisant pour l’Europe : en effet, bien que de grands efforts soient a priori fournis en
matière de recherche, une absence d’application à plus grande échelle peut placer l’Europe en
queue de peloton sur ce segment industriel de l’agro-alimentaire.
Une autre raison pour la quelle les Etats Unis soutiennent les OGM est que parmi les 4
principaux producteurs de semences génétiquement modifiées, deux sont des groupes
américains. Le fameux groupe américain Monsanto est le leader mondial dans ce domaine
avec un chiffre d’affaire de 11,7 milliards de dollars en 2009. Comme beaucoup d’autres
producteurs de semences génériquement modifiées, Monsanto se spécialise également en
pesticides sous la marque populaire Roundup, à qui s’associent les semences RoundUp Ready
résistant à son effet. A travers des compagnes de publicité et du lobbying agressif, Monsanto a
réussi, avec les autres groupes semenciers, à imposer les OGM aux Etats-Unis. Son ambition
ne s’arrête bien sûr pas à la frontière américaine. Afin de promouvoir la culture OGM dans
d’autres pays en contournant les critiques de plus en plus fortes sur la santé et la protection
14
d’environnement (issues des lobbies européen comme on peut le constater dans l’étude de la
crise alimentaire de 2002), Monsanto présente les OGM comme le remède aux problèmes de
malnutrition et de sécurité alimentaire du tiers-monde. Monsanto met en place des politiques
spécifiques pour pénétrer le continent africain en vendant les semences génériquement
modifiées à très bas prix, sans demander l’achat d’une licence. En ce faisant, les grands
groupes semenciers pourraient monopoliser le patrimoine génétique et constituer ainsi un
véritable monopole.
Monsanto a introduit les semences de soja OGM en 1996. Ce soja était censé résister à
l’herbicide glyphosate développé également par Monsanto. En 2009, le volume de soja
transgénique cultivé correspondait à 98% du soja total [21]. L’introduction du soja en
Argentine a permis de développer l’économie du pays et de fortement diminuer le prix de
certaines denrées au profit des Argentins.
En effet, l’Argentine est devenue aujourd’hui le 3e producteur mondial de soja. Cette
ressource permet de générer environ 12% du budget de l’Etat via les taxes à l’exportation : 5,4
milliards USD en 2008 [21]. Le quotidien est devenu moins cher, le prix de la viande et de la
volaille en particulier a grandement diminué du à la forte baisse du coût de l’alimentation
animale (soja). Le soja est d’autre part devenu tellement rentable pour les paysans argentins
(meilleur rendement pour une même surface pour moins de travail donc pour des coûts
moindres) que le soja est devenu la première matière agricole produite en Argentine mais
95% d’entre elle est vouée à l’exportation [21][22]. C’est ici qu’arrivent les problèmes. La
culture du soja transgénique commence à générer des effets néfastes sur l’environnement et
sur les populations paysannes. Non pas à cause des semences de soja en elles-mêmes mais du
fait de l’émergence de mauvaises pratiques liées à l’utilisation de ces semences [21]:
L’Argentine se trouve même confrontée aujourd’hui en justice face à Monsanto pour non
versement de royalties de la part des fermiers [23]. Le cas argentin montre donc bien que
l’utilisation d’OGM s’accompagne d’un trade-off (meilleure productivité contre des
problèmes sanitaires et environnementaux) en l’absence de règlementation stricte.
L’Afrique du Sud s’est retrouvée confrontée aussi à un grave problème par rapport à sa
culture intensive de maïs transgénique. Ce n’est pas du à de mauvaises pratiques mais à un
15
disfonctionnement de la technologie OGM. Effectivement, 82 000 ha de maïs transgénique
achetés à Monsanto n’ont donné aucun grain courant 2009 [24]. Dans la mesure où la surface
agricole sud-africaine s’étend sur plus de 1,3 millions d’hectares [25], cette perte ne
représente qu’environ 6% de la récolte totale. La question de la confiance accordée au
« fonctionnement » des OGM est tout de même posée : que se passerait-il si un tel événement
devait se reproduire à plus grande échelle ? D’ailleurs, les opposants aux OGM sud-africains
en ont profité pour relancer la polémique.
L’étude de ces deux pays montre que bien que l’on puisse atteindre des rendements plus
élevés grâce à l’utilisation d’OGM, des inconvénients surviennent : émergence de mauvaises
pratiques affectant l’environnement et conduisant à des risques sanitaires et vulnérabilité face
à un risque technologique. Une solution 100% OGM est-elle alors concevable ?
Figure 5 : Proportion de plants améliorés pour plusieurs cultures dans les différentes régions du monde
[26]
16
L’étude des cas argentins et sud-africains nous a tout d’abord enseigné qu’il est nécessaire de
bâtir un solide cadre règlementaire avec des moyens de contrôle efficaces afin d’empêcher le
développement de mauvaises pratiques pouvant porter atteinte à la santé et à l’environnement.
Cela suppose l’idée d’établir une autorité indépendante des gouvernements africains ce qui
peut se révéler problématique à la vue du style de gouvernance de ces pays : accepteraient-ils
une ingérence dans leurs affaires internes ? Vient ensuite la problématique technique des
OGM : sont-ils entièrement fiables ? Le cas sud-africain nous a montré le contraire. Il n’est
pas sage de dépendre d’une technique non entièrement fiable pour assurer la sécurité
alimentaire de régions sensibles. Un mix entre OGM et semences « traditionnelles » semble
être une solution appréciable.
Introduire les OGM en Afrique sub-saharienne signifie aussi mettre un terme à l’affrontement
entre l’UE et les Etats-Unis quant à la culture des OGM. L’assujettissement économique des
pays africains à l’une ou l’autre des puissances rend difficile l’établissement d’une politique
agricole commune : nous avions étudié le cas du Malawi, du Mozambique, de la Zambie et du
Zimbabwe qui avaient refusé les OGM américains pour conserver des liens commerciaux
intacts avec l’UE. Atteindre un consensus sur la question des OGM entre l’UE et les Etats-
Unis est d’autant plus compliqué que la position de l’UE n’est pas forcément claire à l’image
de la position française.
Les OGM peuvent être une solution viable pour résoudre le problème alimentaire africain.
Mais des éléments doivent être réglés afin de pouvoir mettre en place une autorité chargée de
gérer les financements et les projets au niveau du continent (économies d’échelle) : favoriser
la stabilité de gouvernements africains prompts à une telle ingérence dans leurs affaires
internes et obtenir un consensus entre UE et Etats-Unis sur la question de l’aide alimentaire
relative aux OGM à apporter à l’Afrique pour ne pas reproduire une confrontation comme lors
de la crise alimentaire de 2002.
17
6. L’Afrique en vente (sources [28] à [39])
Rareté des terres arables: suite à plusieurs facteurs environnementaux, 100 000 km2
des terres arables disparaissent chaque année (équivalent de 20 % du territoire
français). Si on ajoute le fait que la population devrait passer à 8 milliards en 2025, les
pays riches veulent assurer leur bien-être dès maintenant. « La terre est devenue une
ressource rare. Le changement climatique entraîne une désertification à un rythme
accéléré. Des centaines de milliers d’hectares de terres arables vont disparaître dans
les prochaines années », explique au quotidien en ligne Mediapart Olivier de Shutter,
rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation.
Spéculations des prix sur le marché agricole.
«Le mouvement s’accélère car tous les pays semblent réaliser subitement qu’à l’avenir les
marchés internationaux seront moins fiables et moins stables. Ils cherchent donc à se
prémunir soir en achetant des terres à l’étranger, soit en encourageant leurs investisseurs à
le faire», explique Olivier de Shutter.
Selon les données d’International Food Policy Research Institute, l’Arabie Saoudite a déjà
conclu une série des contrats avec des pays africains et se rapproche de la Tanzanie dans
l’espoir de louer 500 000 hectares pour la culture du riz et du blé. L’Arabie Saoudite étant un
des plus gros acheteurs de terres encourage ses sociétés à s’installer dans les pays à fort
18
potentiel agricole en leur offrant des prêts à taux préférentiels. Les pays ciblés sont le Mali, le
Soudan, l’Ethiopie, le Kenya, l’Ouganda et Sénégal.
Les sociétés agricoles indiennes sont présentes dans une demi-douzaine de pays d’Afrique, y
compris Ethiopie, Kenya et Madagascar. Selon The Guardian, « le gouvernement indien a
octroyé des prêts à 80 entreprises afin qu’elles achètent 350 000 hectares en Afrique ».
«L’Afrique était une destination inévitable de notre voyage vers l’excellence agricole »,
raconte au Times of India Ramakrishna Karuturi, « l’agrobusinessman » connu par sa réussite
en Afrique. Il est le plus grand producteur de roses au monde, possède 3,7 millions d’hectares
(huit fois la superficie de Bombay) et se lance dans la production de riz en Ethiopie, où les
prix de la location de la terre sont hors concurrence – moins d’1 euro par hectare et par an.
Même l’Afrique du Sud, le pays voisin des plus grands vendeurs et locataires de leurs terres, a
mis sa main sur les 10 millions d’hectares de terres arables au Congo (deux fois la taille de la
Suisse). L’accord sur la location des terres a le but d’améliorer la sécurité alimentaire du
Congo, qui importe presque tous ces produits alimentaires, et vise l’exploitation des terres
pratiquement inhabitées. Cet accord a été néanmoins fortement critiqué car la culture de cette
superficie demande de raser une grand partie de la forêt. De plus, les terres ont été louées à
l’Afrique du Sud « gratuitement » avec quelques avantages supplémentaires en échange de la
perspective du développent du Congo et, selon des rumeurs, des « intérêts », reçus d’un ordre
individuel par les dirigeants du pays. De toute façon, l’Afrique du Sud continue à étendre son
influence dans d’autres pays africains depuis que son gouvernement s’est fixé pour l’objectif
de transférer 30 % de terres agricoles à la population noire.
19
Surfaces agricoles achetées ou louées en Afrique : le détail
Pays acquéreur Surface (hectares) Pays cible
Chine (Etat, ZTE) 2 900 000 Cameroun, RDC, Zimbabwe
On ne peut pas ignorer la troisième puissance économique mondiale, la Chine, qui est
fortement présente en Afrique au niveau de l’occupation des terres. Les sociétés chinoises ont
passé ses deux dernières années en y achetant des millions des hectares des terres arables. Et
ce n’est pas surprenant, car les prix des terres arables en Afrique sont les moins chers au
monde (800$ par ha environ). Aujourd’hui la Chine exploite en peu plus de 4 000 ha en
Ouganda, 10 000 ha au Cameroun, 800 000 ha en Mozambique, le total étant estimé à
2 900 000 ha.
La Chine en général est vue comme un conquérant qui vole les terres aux paysans africains et
les exploite pour nourrir son immense population. Mais il existe un autre point de vue. La
Chine aujourd’hui produit beaucoup plus de la nourriture qu’elle n’en a besoin et sa
productivité agricole ne cesse d’augmenter. Deborah Brautigam, d’International Service
American University, Washington, commente: “Malgré plusieurs spéculations, il n’y a
aucune évidence que les sociétés chinoises vont en Afrique pour exporter le riz en Chine
(tabac, sésame, mais pas le riz). La politique officielle de la Chine est de maintenir
l’autosuffisance en riz, pas de le produire en Afrique ».
Avec $2 trillions des réserves, les terres africaines représentent un bon potentiel pour les
investisseurs qui n’ont pas peur des risques. En Afrique, les retours sur investissements
peuvent atteindre 400 % selon les estimations. Les chercheurs qui ont examiné la politique de
la Chine en Afrique ont découvert qu’au lieu du désir de retours immédiats, la Chine présente
un intérêt sur le long terme pour développer l’infrastructure du continent et son management
afin d’assurer des rendements élevés. Et cela correspond parfaitement aux besoins de
l’agriculture africaine.
20
7. Recolonisation de l’Afrique en termes agricoles (sources
[28] à [39])
Selon Jacques Diouf, le directeur général de l’Organisation des Nations unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO), les nombreuses locations et acquisitions des terres en
Afrique peuvent être comparés à un « pacte néocolonial ». Cet à dire, une situation, quand les
Etats pauvres avec une population affamée produisent de la nourriture pour les pays riches.
Il suffit de voir la carte et le tableau ci-dessous pour comprendre que les inquiétudes sur le
néocolonianisme sont justifiées. La plupart des pays vendeurs ou loueurs de terres sont
représentés par des « triangles rouges ». Le pourcentage moyen de la population souffrante de
la faim dans les pays les plus grands loueurs des terres est de 33 %.
La question de la recolonisation fait l’objet d’une polémique intense. D’un côté se situe le
risque de la colonisation qui peut mobiliser une large résistance. Suite à une augmentation
significative de la présence d’étrangers, la population africaine proteste contre cette tendance.
On parle de la présence de la Chine, par exemple, comme d’un « accaparement des terres
africaines » ou d’« une nouvelle bataille pour l’Afrique » - les termes qui ont été des
références pour le détournement des ressources africaines par le colonialisme européen
pendant les deux derniers siècles. Une coalition de groupes d’activistes a été créée pour lutter
contre de tels accords et pour garder la terre entre les mains de l’Afrique.
De l’autre côté se situent les bénéfices pour les Etats vendeurs : une manne financière, les
nouvelles infrastructures payées par les investisseurs, les transferts technologiques, etc.
Plusieurs institutions telles que l‘African Union, le G8, le FAO, l’IFAD, la Banque mondiale,
l’International Land Coalition voient ces accords comme « gagnant gagnant ». La Banque
Mondiale encourage même les pays le plus pauvres de changer la législation foncière qui
interdit aux étrangers d’acheter des terres pour des raisons de souveraineté. On discutera de ce
côté a priori positif dans les prochains paragraphes.
La question de la location des terres est devenue particulièrement sensible lorsqu’en juillet
2008 l’entreprise Sud-coréenne Daewoo Logistics a eu l’intention de louer 1,3 millions
d’hectares – la superficie de l’Ile de France – pour une durée de 99 ans à Madagascar.
L’entreprise souhaitait y produire 4 millions de tonnes de maïs et 5 millions de tonnes d’huile
de palme par an pour le marché sud-coréen. Cet accord a été suspendu sous la pression de
l’opposition qui s’est servi de cette situation scandaleuse pour mettre fin au régime de Marc
Ravalomanana en 2009. Le nouveau président Andry Rajoelina, qui est venu au pouvoir deux
jours plus tard, a annulé définitivement l’accord. Mais le problème est resté : le manque de
transparence de tels accords vis-à-vis de la population.
Cette affaire est devenue le symbole de la résistance contre l’accaparement des terres et a
aussi soulevé la question de sa propriété. Dans la plupart des pays africains les titres de
propriété n’existent pas. Les recettes des ventes vont en général à l’Etat, qui est le
propriétaire, et les ventes, qui s’effectuent sans la consultation de la population, risquent
d’aboutir à des expropriations massives des paysans, qui sont installés sur ces terres depuis
des générations. Le FAO insiste sur l’implication de la population dans les négociations des
contrats et sur la compensation basée sur la valeur de la terre. Or, car le marché foncier est
souvent absent, la valeur de la terre est très faible voir nulle. « Il faut explorer des régimes
alternatifs de la propriété, qui reconnaissent par exemple des droits communaux sur la terre.
On pourrait imaginer que les droits des cultivateurs soient reconnus, afin de les protéger de
l’expropriation, tout en leur interdisant de vendre leur terre sans l’assentiment préalable de
la municipalité ou de la communauté », ajoute Olivier de Shutter. Le problème c’est qu’un tel
22
changement est dans l’intérêt de personne sauf des paysans eux-mêmes, qui sont pour
l’instant peu organisés et ont peu d’influence.
« S’il s’agissait d’une négociation entre partenaires égaux, cela pourrait être une bonne
chose. Mais le problème, c’est que, dans cette ruée vers les terres, aucune place n’est
accordée aux petits exploitants », commente Duncan Green, directeur de recherche chez
Oxfam. De son côté, Alex Evans, du Centre de coopération internationale à l’université de
New York, affirme que « les petits agriculteurs sont déjà perdants : les gens qui n’ont pas de
titres de propriété en bonne et due forme vont sans doute être chassés ».
Personne ne peut nier le fait que les travailleurs, les paysans et les communautés locales
perdent inévitablement l’accès aux terres pour une production locale de produits alimentaires.
Aucun bénéfice économique étant intangible ne peut remplacer les terres et la possibilité de
les utiliser pour satisfaire les besoins de la population locale de se nourrir. Le problème réel
n’est pas autant le fait de louer les terres nationales aux étranges, mais la restructuration
foncière complète. Car ces terres, actuellement des petites exploitations, se transformeront en
grandes propriétés agricoles. Les paysans locaux ne redeviendront plus jamais de vrais
fermiers, avec ou sans travail. Cela sera probablement la conséquence la plus importante.
Même la main-d’œuvre est souvent importé (10 millions de Chinois en 2010 en Afrique selon
les prévisions) : l’emploi des locaux est donc menacé. « Pour que ces investissements soient
une opportunité pour les populations, il faut qu’ils permettent un réel développement rural et
une diversification des sources de revenus pour les paysans », commente Paul Mathieu,
expert de la FAO, au site Pleinchamp.com.
Les protestations de la population ont mené à une certaine amélioration des relations entre les
paysans, l’Etat et les étrangers. En Tanzanie, par exemple, les entreprises étrangères ne
peuvent que louer les terres « générales », et pas celles des « villages ». Les terres des villages
ne peuvent obtenir un statut « général » que sur l’accord de la communauté locale. Mais ces
efforts ne sont qu’une goutte d’eau dans la mer pour l’instant. '
De plus en plus l’expérience montre qu’un partenariat entre paysans et investisseurs étrangers,
encadré par le gouvernement, peut contribuer à la réduction de la pauvreté, au développement
de l’agriculture et à la croissance économique. Ces partenariats peuvent créer des synergies
apportant de la valeur, grâce à un partage des connaissances et des risques, des économies des
échelles et une mise en commun des ressources.
Cet exemple montre que ce ne sont pas les terres elles-mêmes qui intéressent les investisseurs,
mais les produits agricoles qu’ils peuvent cultiver. Dans ce cas, les acquisitions ne sont pas
nécessaires. La législation appropriée pourrait permettre aux paysans d’offrir ces produits
eux-mêmes et de bénéficier de ce procès sans compromettre leur sécurité alimentaire et perdre
leurs terres. C’est la seule voix pour réduire au maximum les risques pour les paysans et la
population locale, qui sont aujourd’hui assez élevés. Les règles de comportement pour les
investisseurs étrangers doivent inclure :
24
8. Politiques agricoles en Afrique
La plupart des pays d’Afrique sont dépendants entre 50 et 100% d’une agriculture céréalière.
La carte ci-dessous représente les autosuffisances céréalières des différents pays dans le
monde. La Mauritanie, la Côte d’Ivoire, l’Erythrée, le Cameroun, la Somalie, le Malawi et la
Zambie sont les seuls à atteindre l’autosuffisance.
La politique agricole sur le continent africain est très disparate. On peut cependant faire un
découpage selon les régions.
L’Afrique de l’Ouest comprend le Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côté d’Ivoire, Gambie,
Ghana, Guinée Bissau, Libéria, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone et le Togo. Cette
région constitue la Communauté Economique Des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)
créée en 1975. Leur politique agricole régionale est un exemple sûrement à suivre par les
autres régions. En effet, l’Afrique de l’Ouest fait participer la société civile pour élaborer une
politique agricole commune appelée ECOWAP adoptée en janvier 2005. La CEDEAO
cherche à réduire la dépendance aux importations de produits alimentaires, à intégrer
équitablement les exploitations agricoles sur les marchés mondiaux, et à réduire la pauvreté et
les inégalités entre les territoires, les zones et les pays membres. Pour ceci, elle souhaite
assurer une sécurité alimentaire de sa région, mettre en avant la production locale, favoriser
l’intégration de son agriculture sur les marchés, créer des emplois et développer ses
ressources humaines, développer un système de production qui tend à une commercialisation,
gérer les aléas économiques, et enfin pourvoir l’agriculture de la région de financements
adaptés.
Un comité est constitué et implique différents acteurs de la région Ouest de l’Afrique. Ainsi,
les organisations paysannes, régionales ainsi que les partenaires au développement se
retrouvent autour d’une table. L’implication de tous les acteurs se fait à plusieurs niveaux.
Tout d’abord, dans chaque pays, les acteurs se réunissent afin de déterminer les grands axes à
25
négocier. Une synthèse en ressort et est amenée au niveau gouvernemental. Un compromis est
ensuite négocié entre les Etats et les organisations. Ce processus très clair permet une égalité
de parole de tous les acteurs.
Des Programmes Nationaux d’Investissements Agricoles (PNIA) sont décidés. L’objectif de
ces PNIA est de définir une stratégie pour un taux croissance agricole supérieur à 6% par an
afin de pouvoir atteindre les objectifs fixés par l’ECOWAP.
Au Sénégal, le Gouvernement applique des barrières tarifaires : par exemple, des droits de
douanes sur les importations sont reversés à l’Etat. De plus, des taux plafonds sont fixés.
Au Mali, la Loi d’Orientation Agricole (LOA) a pour but de développer la politique agricole
du pays sur 20 années. Les décisions se prennent comme expliqué précédemment, au moyen
d’ateliers entre tous les acteurs impliqués dans l’agriculture.
L’Afrique de l’Est et australe se rassemblent pour former le Common Market for Eastern and
Southern Africa (COMESA). Ce marché comprend Djibouti, l’Erythrée, l’Ethiopie, le Kenya,
l’Ouganda, la Somalie, le Soudan et la Tanzanie pour l’Afrique de l’Est, et l’Afrique australe,
l’Angola, le Botswana, le Lesotho, le Malawi, la Mozambique, la Namibie, le Swaziland, la
Zambie et le Zimbabwe pour l’Afrique du Sud. Le COMESA a mis en place le FAMIS (Food
and Agricultural Marketing Information System) qui permet de commercialiser les produits
agricoles locaux sur les marchés intérieurs et extérieurs. Parallèlement, le RATIN (Regional
Agricultural Trade Intelligence Network) donne aussi des données sur les prix, les flux
commerciaux… du Kenya, de l’Ouganda, du Rwanda et de la Tanzanie.
Un protocole d’accord de marché commun à la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) doit
être mis en place en juillet 2010 et permettra de donner un nouvel élan aux échanges
commerciaux.
Au Kenya, l’importation de lait en poudre à bas prix est trop importante. Le Gouvernement
fixe donc des barrières douanières en 1998 en doublant les droits de douane. Ainsi, la
production locale retrouve son cours.
De son côté, l’Ouganda souhaite passer d’une agriculture de subsistance vers une agriculture
commerciale et équitable pour sortir sa population de la pauvreté. Cependant, le
Gouvernement manque de budget. Un comité du « Plan de Modernisation de l’Agriculture »
26
fait intervenir plusieurs ONG pour contrôler l’exécution du plan. Sept axes sont déterminés
pour diriger ce plan : les services nationaux de conseil et de vulgarisation, les recherches
agricoles et le développement technologique, l’éducation agricole, le financement agricole, la
transformation agroalimentaire et la commercialisation, l’usage et la gestion durables des
ressources naturelles, les infrastructures routières.
L’Afrique du Sud est le premier producteur africain de maïs. Cependant, la récolte 2010 a été
excessive et Pretoria doit donc revendre ses stocks afin de ne pas faire chuter davantage les
prix aux agriculteurs. La politique agricole de l’Afrique du Sud porte ses fruits : son marché
est de plus en plus tourné vers l’extérieur avec un tiers d’exportation et son secteur agricole
assure 10% de l’emploi total enregistré. Le pays a réussi à développer deux types
d’agriculture : une de subsistance pour ses habitants et une commerciale.
Parmi toutes ces régions d’Afrique, on retrouve cependant des thèmes récurrents : sécurisation
alimentaire, réduire la pauvreté des populations, améliorer leurs conditions de vie, ouvrir le
marché non seulement à l’intérieur mais aussi vers l’extérieur. Ces problématiques sont
résolues de différentes manières selon chaque pays qui jouent sur une combinaison de leviers
stratégiques.
27
9. Conclusion
Le continent africain peine encore aujourd’hui à assurer sa sécurité alimentaire et doit
régulièrement faire appel à la communauté internationale pour éviter les famines comme ce
fut le cas en 2002. De prime abord, l’enjeu agricole africain est de parvenir à assurer la
sécurité alimentaire du continent et de faire les autorités africaines reconnaître le rôle central
de l’agriculture dans la réduction de la pauvreté, majoritairement rurale. Cependant, nous
avons pu voir au fil de l’étude que l’enjeu n’est pas tant de réduire la faim en Afrique que de
promouvoir des modèles et principes de pays tiers et d’assurer la sécurité alimentaire de pays
tiers.
En effet, l’Afrique est le terrain d’affrontement entre Europe et Etats-Unis pour imposer leur
vision quant aux OGM. La crise alimentaire de 2002 a permis à chaque partie d’exercer leurs
actions de lobbying pour faire pencher l’opinion de la société civile de leur côté. Les Etats-
Unis ont ainsi été vus par certains comme un acteur ayant exacerbé la crise alimentaire par
leur refus de moudre le maïs destiné à l’aide.
De plus, dans le cadre libéral actuel, certains pays tels que les Emirats Arabes Unis ou le
Japon, la Corée du Sud et la Chine cherchent à acquérir des terres hors de leurs territoires afin
d’assurer leur propre sécurité alimentaire. Le continent africain est un grand pourvoyeur
d’offres de terres, parfois au détriment de sa population. Cette pratique n’est pas vraiment
critiquée au niveau international à l’image de la position de la Banque Mondiale vis-à-vis de
la location des terres africaines : elle encourage effectivement les pays africains à modifier
leur législation afin d’autoriser et de favoriser cette pratique. Elle suppose que les pays
loueurs de terres vont développer les infrastructures et l’emploi local. Mais on peut aussi
supposer se diriger vers une nouvelle forme de colonialisme, légalisé ou au moins toléré, qui
ne va pas inclure la population locale de manière significative dans les projets menés.
Ainsi, à la vue des éléments précédents, lorsqu’on évoque les enjeux agricoles africains, il
s’agit de concilier deux objectifs : réussir à résoudre le problème alimentaire africain sans
mettre à mal les intérêts des tiers présents au risque de créer des tensions.
Ce rôle ne peut être pleinement tenu par les gouvernements des pays développés chargé
d’assurer le bien-être national (pays loueurs de terres ou ayant des intérêts économiques
comme les Etats-Unis avec Monsanto) en même temps que de soutenir le développement
africain.
Les pays africains sont les plus à même à défendre leurs intérêts (nous entendrons les intérêts
de la population). Améliorer la productivité agricole passe par la recherche et les
investissements. Ces actions ne peuvent pas être entreprises individuellement et c’est
pourquoi certains pays africains ont décidé de se rassembler autour de programmes communs.
Les institutions internationales dédiées aux problématiques agricoles peuvent apporter leur
expertise et les fonds nécessaires pour assurer un accroissement de la productivité et une
implication de la population afin de faire reculer la pauvreté.
Une telle aide internationale n’est-elle pas cependant biaisée ? Les grandes institutions sont en
effet sous influence des pays développés cherchant à sécuriser leurs intérêts. Les ONG ne
seraient donc que les seules organisations impartiales à même à soutenir les pays africains
dans la réalisation du double objectif mentionné précédemment : résoudre le problème de la
sécurité alimentaire tout en ne créant pas de tensions entre les puissances ayant des intérêts en
jeu sur le continent africain.
28
Références
[1] Documentation Française – Problèmes économiques, 2010, A quand la prochaine crise
alimentaire ?, n. 2988, 48p.
[2] Site Internet de l’Institut National d’Etudes Démographiques (INED)
[3] L’agriculture japonaise,
http://www.clickjapan.org/economie_japonaise/industrie/agriculture.htm
[4] J. Ziegler, « Réfugiés de la faim ». Le Monde Diplomatique, n. 108, décembre 2009-
janvier 2010.
[5] P. Dugot, JM. Henriet, G. Loison, V. Thébault, R. Pourtier, “Géopolitique de l'Afrique
et du Moyen-Orient”. Paris: Nathan, 2ème édition, 383 p., 2009.
[6] JC. Devèze (Collectif), 2008, « Défis agricoles africains », Editions Karthala, 414 p.
[7] FAO, 2009, “La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture”
[8] Antoine Bouet, David Laborde-Debucquet, 2009, « La crise alimentaire n’est pas
derrière nous ». La vie des idées, http://www.laviedesidees.fr
[9] Archie Mafeje, 2003, « The agrarian question, acces to land, and peasant responses in
Sub-Saharian Africa », United Nations Research Institute for social development,
Geneva, VI – 35p.
[10] Pascal Canfin, 2009, “Quand le Sud vend sa terre”, Alternatives économiques, n. 281,
juin 2009.
[11] Philippe Hugon, 2010, “Les nouveaux acteurs de la coopération en Afrique”, Revue
internationale de politique de développement, n. 1. http://www.revues.org
[12] The Economist, 2009, « If words were food, nobody would go hungry »,Vol. 393, n.
8658, 21-27 novembre 2009, reportage spécial : « Feeding the world »
[13] N. Zerbe, “Feeding the famine? American food aid and the GMO debate in Southern
Africa”. 2004.
[14] Resource on the African Growth and Opportunities Act, http://www.agoa.info/
[15] Site interministériel sur les OGM, http://www.ogm.gouv.fr/
[16] La France décide finalement de suspendre la culture d’OGM, http://www.notre-
planete.info
[17] La France est-elle vraiment opposée aux OGM ? Le Monde, 5 mars 2010.
[18] Friends of the Earth, « Who benefits from GM crops ».
[19] Agnès Sinaï, « Comment Monsanto vend les OGM ».
[20] Site Internet du United States Department of Agriculture.
[21] Argentine : le paradis du soja modifié. 1er juin 2009, Alternatives Internationales
[22] L’Argentine, un cas d’école. Avril 2006, Le Monde Diplomatique.
[23] L’Argentine répondra à tous les procès lancés par Monsanto à son encontre. 1er juillet
2005, AFP.
[24] Les OGM sud-africains victimes d’un bug, la récolte est condamnée.
http://www.lesmotsontunsens.com
[25] L’agriculture sud-africaine. http://www.southafrica.info
[26] Innovating through science. Chapitre 7 du rapport 2008 sur le développement dans le
monde. Banque Mondiale, 2008.
[27] Africa, agriculture, aid. Development economics group, Wageningen University, 2008.
[28] Dossier « Le Sud se rebiffe ». Courrier International. 991 du 29 octobre au 4
décembre 2009.
[29] « Quand le Sud vend sa terre » par Pascal Canfin. Alternatives économiques. 281,
juin 2009.
[30] « Land grab or development opportunity ? Agricultural investment and international
deal in Africa”. L. Cotula, S. Vermeulen, R. Leonard and J. Keely. Report of FAO,
IIED, IFAD, 2009.
29
[31] “Razzia des pays riches sur les terres cultivables” par Paul Redfern. Daily Nation,
21.11.2008.
[32] The growing demand for land: risks and opportunities for smallholder farmers.
Discussion Paper prepared for the Round Table organized during the Thirty-second
session of IFAD's Governing Council, 18 February 2009. Prepared by: S. Haralambous,
H. Liversage and M. Romano.
[33] “Land Grabbing” by Foreign Investors in Developing Countries: Risks and
Opportunities”. Joachim von Braun and Ruth Meinzen-Dick. IFPRI Policy Brief 13,
April 2009.
[34] Site Internet du Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour
le Développement, http://cirad.fr
[35] Site Internet de Farm Land Grab (à propos de la location de terres),
http://farmlandgrab.org
[36] Site Internet de l’ONG Grain, http://grain.org/fr/
[37] Site Internet du Journal du Net, http://www.journaldunet.com
[38] Site Internet d’Inventerre, http://inventerre.canalblog.com/tag/terres%20agricoles
[39] Site du Courrier International, http://www.courrierinternational.com
[40] Site Internet du Collectif Stratégies Alimentaires, http://www.csa-be.org
[41] Site Internet de l’association Inter Réseaux Développement rural,
http://www.inter-reseaux.org
[42] Afrique en ligne, http://www.afriquejet.com
[43] Examen OCDE des politiques agricoles - Afrique du Sud. Avril 2006.
[44] Revue des politiques agricoles au Sénégal : bilan critique de quarante années de
politique céréalière, A. DIENG et A. GUEYE. Octobre 2005,
http://www.bameinfopol.info/IMG/pdf/Revue_Dieng_et_Gueye.pdf
30
Annexes
Annexe 4 : Récapitulatif des accords pour les acquisitions des terres en Afrique
31
Annexe 1 : Les OGM par région au sein de l’UE (Le Monde)
Annexe 2 : Acquisitions des terres africaines (Courrier International)
33
Annexe 3 : Acquisitions des terres agricoles en Afrique (Source: www.grain.org )
Gouvernement Soudan Le gouvernement bahreïni cherche à louer des terres agricoles dans ces pays et à sous-traiter
Egypte sa production alimentaire.
MAP Egypte Le Groupe de services MAP (Market Access Promotion), une société internationale
d’investissement, s’est joint à d’autres partenaires du Golfe pour former un Fonds alimentaire
du Moyen-Orient qui investira collectivement dans la production alimentaire dans des pays
voisins du marché des pays du Golfe.
Chine Gouvernement Afrique Soja Au premier trimestre 2008, il est apparu que le ministère chinois de l’agriculture était en train
& secteur privé d’élaborer une politique du gouvernement central pour encourager les entreprises nationales à
acquérir (louer ou acheter) des terres à l’étranger pour un usage agricole, en particulier pour
assurer un approvisionnement à long terme de la Chine en soja. Cinq entreprises publiques
auraient été envisagées pour l’application du plan. Selon certaines informations, mi-2008, le
projet de politique aurait été suspendu temporairement.
Secteur privé Cameroun Riz En mai 2008, la chaîne de télévision française TF1 a consacré un important reportage à la
façon dont l'homme d'affaires chinois Jianjun Wang a acquis des droits sur 10 000 ha de terres
au Cameroun pour produire du riz. Les travailleurs agricoles locaux engagés pour travailler
dans les rizières pensent que le projet est destiné à exporter le riz en Chine.
Selon une étude réalisée par Loro Horta, le fils du président du Timor oriental Ramos Horta,
Gouvernement Mozambique Riz le gouvernement chinois investit depuis 2006 dans le développement des infrastructures, la
réforme des politiques, la recherche, la vulgarisation et la formation afin de développer la
production de riz au Mozambique pour une exportation en Chine. Eximbank a déjà fourni un
34
prêt de 2 milliards de dollars et s’est engagée sur 800 millions de plus pour ces travaux,
toutefois on s’attend à une somme supérieure. Quelque 10 000 colons chinois participeront à
l’opération. Néanmoins les contrats de gouvernement à gouvernement et les baux pour les
terres sont toujours en négociation. Au Mozambique, la terre ne peut appartenir à des
étrangers. Il pourrait donc s’avérer nécessaire de conclure des partenariats avec des entités
mozambicaines «dormantes».
Selon l’Economic Observer chinois, le Groupe Blackstone, l’une des plus grandes sociétés
Blackstone Afrique sub- mondiales de capital investissement dans lequel la Chine a récemment pris une participation, a
saharienne déjà investi «plusieurs centaines de millions de dollars dans le secteur agricole,
principalement en achetant des terres agricoles dans des zones comme le Sahara et la Grande-
Bretagne.»
Début 2008, l'entreprise chinoise Chongqing Seed Corp. a annoncé qu'elle a sélectionné 300
Chongqing Tanzanie Riz ha de terres pour produire du riz hybride en Tanzanie, à partir de l'année prochaine.
Seed Corp L’entreprise indique qu’elle soustraitera la production à des agriculteurs locaux et exportera la
récolte en Chine. Chongqing a commencé des projets similaires au Nigeria et au Laos en
2006, mais précise déjà qu’il va mettre en sommeil le projet au Laos.
Le président Yoweri Museveni a fourni à des investisseurs chinois 10 000 acres (4 046 ha) de
Secteur privé Ouganda Riz, maïs terres en Ouganda qui sont exploités par 400 agriculteurs chinois utilisant des semences
importées de Chine. Le projet est supervisé par Liu Jianjun, un ancien responsable
gouvernemental chinois maintenant à la tête du China-Africa Business Council, qui a
également des contrats pour la construction d’une meunerie pour de la farine de maïs et un
projet d’exploitation agricole en Côte d’Ivoire.
En mai 2008, il a été rapporté que la Chine a reçu le droit d’exploiter 250 000 acres (101 171
Gouvernement Zimbabwe ha) de maïs dans le sud du Zimbabwe.
Egypte Gouvernement à Soudan Blé, bétail L’Égypte, l’un des plus grands importateurs mondiaux de blé, a signé un contrat avec le
gouvernement gouvernement du Président Omar Al Bashir pour la production de 2 millions de tonnes de blé
par an dans le nord du Soudan, pour exportation en Égypte. L’Égypte souhaite également faire
de l'élevage dans cette région.
Gouvernement et Ouganda Blé, maïs, Le gouvernement ougandais aurait loué à l’Égypte 2 millions de feddans de terres (840 127
secteur privé bœuf ha) - un chiffre stupéfiant correspondant à 2,2 % de la superficie totale de l'Ouganda - dans
différentes parties du pays, de façon à ce que le secteur privé puisse venir produire du blé et
du maïs et le réexporter au Caire. Selon des discussions de Reuters avec des responsables
35
égyptiens, la transaction a apparemment été conclue fin août 2008 et ferait intervenir sept
entreprises agro-industrielles égyptiennes. Les détails de l’opération ont été démentis par des
ministres ougandais ainsi que par l’ambassadeur égyptien en Ouganda, mais ce dernier a
toutefois confirmé les points suivants: qu’un accord de cette nature est en préparation; il
portera prioritairement sur du blé et de la viande de boeuf biologique à exporter en Égypte ;
on espère que la production sera sous-traitée à des petits agriculteurs ; les égyptiens pourraient
construire des abattoirs en Ouganda dans ce cadre; le projet sera financé par le secteur privé.
Une délégation d’hommes d’affaires et de scientifiques égyptiens devrait se rendre à Kampala
en octobre pour définir les détails avec des homologues ougandais. Les activités initiales
porteraient sur la mise en place d'essais pour déterminer quelles variétés pousseraient bien en
Ouganda.
Pays du Golfe AgriCapital Afrique du En août 2008, trois entreprises du Golfe (Abu Dhabi Investment House, Ithmaar Bank et Gulf
Nord, Afrique Finance House) ont annoncé la création d'AgriCapital, un nouveau fonds d'investissement
Subsaharienne islamique. Ce nouveau véhicule d’investissement d’un milliards de dollars va se lancer dans
des achats de terres à l’étranger pour produire des denrées alimentaires pour la région, par
l’intermédiaire d’une banque d’investissement distincte créée spécialement à cet effet, et pour
financer la recherche sur les biotechnologies.
Somalie Des sources indiquent que certains pays du Golfe ont eu des discussions avec le gouvernement
de Somalie sur l’affectation de terres pour une production alimentaire à destination du Golfe.
Inde Gouvernement à Afrique Légumineuses Selon l’Economic Times, la Birmanie, l’Australie et l’Afrique font partie des pays visés par le
gouvernement ministère indien des affaires étrangères où des entreprises agro-alimentaires indiennes
pourraient cultiver et exporter à destination de l’Inde. En septembre 2008, un accord
gouvernement à gouvernement avait été initié avec la Birmanie par lequel l’Inde aura accès à
des terres agricoles birmanes pour produire des légumineuses uniquement pour l’exportation
en Inde.
Jordanie Gouvernement et Soudan En mars 2008, le premier ministre jordanien a annoncé que son pays allait cultiver des terres
secteur privé qui lui ont été attribuées par le gouvernement soudanais pour produire des aliments pour les
Jordaniens, et a appelé le secteur privé à y participer. Quatre mois plus tard, le ministère de
l’agriculture d’Amman a indiqué qu'il procédait à la nomination d’une société privée pour
gérer les investissements agricoles du gouvernement à l’étranger dans le cadre de la lutte
contre l’insécurité alimentaire du pays et l’inflation.
Koweït Gouvernement à Soudan Cultures et Le 7 septembre 2008, le ministre des finances du Koweït a signé ce que son homologue
gouvernement bovins soudanais a appelé un accord de partenariat stratégique « géant » avec le gouvernement de
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Khartoum. Dans le cadre de l’accord, les deux pays feront des investissements communs dans
la production alimentaire, probablement au Soudan, notamment en matière de bovins.
L'accord devait entrer en vigueur la semaine suivante, les projets de sécurité alimentaire
devant être développés rapidement.
Gouvernement Ouganda, autres En avril 2008, au cours du Forum économique islamique mondial (WIEF), le gouvernement
du Koweït à lancé un nouveau fonds de 100 millions de dollars US appelé «Dignity Living»
(«Vivre dans la dignité»). Les fonds seront investis dans la production alimentaire et le
développement agroalimentaire en Ouganda, entre autres pays (non révélés), pour
approvisionner le marché du Moyen-Orient. La priorité du fonds est résolument la mise en
place d'infrastructures et de moyens pour des exportations alimentaires.
Libye Secteur privé, Liberia Riz En décembre 2007, Libyan African Investment Portfolio, une filiale suisse d’un fonds
gouvernement souverains libyen, a mis 30 millions de dollars US dans un grand projet de riziculture au
Liberia, via une alliance avec une ONG locale, la Foundation for African Development Aid.
Le gouvernement libérien a accordé à l'entreprise commune, ADA/LAP Inc, des concessions
sur plus de 17 000 ha pour produire du riz pour les marchés locaux et internationaux.
Qatar Qatar Livestock Soudan Elevage La société Qatar Company for Meat and Livestock Trading (Mawashi) en est à des
Mawashi pourparlers avancés de haut niveau avec des responsables australiens pour la mise en place
d’exploitation d’élevage en Australie. Elle a créé une exploitation d’ovins dans l’ouest du
Soudan et a signé un protocole d’entente avec le pays pour un élargissement des activités
d’élevage. Elle a également des accords bilatéraux avec deux sociétés d’élevage tadjikes.
Qatar Livestock Mawashi a affecté 1 milliard de dollars US au développement d’exploitations
d’élevage industriel au Pakistan.
Gouvernement Blé, maïs, En juillet 2008, le Qatar et le Soudan ont annoncé la constitution d’une holding commune qui
à oléagineux va investir dans la production alimentaire pour exporter sur les marchés arabes. Zad Holding
gouvernement Company (anciennement Qatar Flour Mills), une entreprise publique, et QIA, le fonds
et secteur privé souverain de l’émirat, sont toutes deux impliquées.
Arabie Saoudite Secteur privé Sénégal, blé, orge, Différentes sources indiquent que des investisseurs saoudiens explorent les possibilités
Ouganda riz, soja, d'acquérir des terres pour produire des denrées alimentaires pour l'Arabie saoudite en Égypte,
fourrage aux Philippines, au Sénégal, en Turquie, en Ouganda et en Ukraine. Certaines informations
indiquent également que des entreprises saoudiennes sont à la recherche de partenaires
thaïlandais pour se lancer dans la riziculture en Ouganda et au Soudan.
Secteur privé Ethiopie En août 2008, le premier ministre éthiopien a déclaré au Financial Times qu’il offrirait
volontiers à des investisseurs saoudiens l’accès à des « centaines de milliers » d’hectares de
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terres agricoles dans un but d’investissement et de développement.
Gouvernement et Soudan Riz, blé En août 2008, le Saudi Fund for Development a annoncé qu’il allait créer un véhicule
secteur privé d'investissement spécial de 566 millions de dollars US pour acheter des terres à l’étranger
destinées à la production alimentaire nationale. Les sommes investies dans le fond
proviendront à la fois du gouvernement et du secteur privé. Les cultures prioritaires sont le riz
et le blé, et le premier investissement sera réalisé au Soudan. La Turquie et le Pakistan, sont
situés ensuite sur la liste. Selon Asia Times, le Pakistan a demandé 6 millions de dollars US de
pétrole et d'aide financière en échange de l'accès à ses terres agricoles.
En juin 2008, les ministres saoudiens du commerce et de l’agriculture se sont tous deux
Gouvernement Soudan Cultures, rendus au Soudan pour étudier des sites d’investissement dans des projets alimentaires et
élevage, pousser à plus de libéralisation des investissement dans l’agriculture, y compris pour
pisciculture l’élevage.
Corée du Sud Gouvernement Soudan Riz, autres En mai 2008, le président Lee Myung-Bak a publiquement annoncé le projet de son
céréales, gouvernement d’acheter des terres au Soudan pour cultiver des denrées alimentaires pour les
fourrage, Sud-coréens, et a invité le Président al-Bashir à coopérer avec lui. Il a également proposé que
bétail la Corée conclue des baux à long terme, de 20-30 ans, pour utiliser des terres agricoles dans la
province d’Extrême Orient de Russie et dans des pays d’Asie du Sud-Est pour produire du riz,
d'autres céréales et de l'alimentation pour bétail afin de contribuer à l'approvisionnement
alimentaire de la Corée. (Le gouvernement coréen possède déjà presque 21 000 ha de
pâturages en Argentine, qu’il espère maintenant exploiter pour l’élevage du bétail.)
En mai 2008, le gouvernement soudanais a réservé 690 000 ha de terres pour que des Coréens
Secteur privé Soudan Blé puissent cultiver du blé pour exportation en Corée. La production va démarrer avant la fin de
l’année (par le biais d’une joint-venture entre des entreprises coréennes, soudanaises et
arabes) sur une exploitation agricole
de 84 000 ha.
EAU Al Qudra Soudan Riz, bétail, Al-Qudra holding, une société d’investissement, prévoit d’acquérir 400 000 ha de terres d’ici
produits fin 2009 pour produire du blé, du maïs, du riz, des légumes et du bétail en Australie, en
laitiers Croatie, en Égypte, en Érythrée, en Inde, au Maroc, au Pakistan, aux Philippines, au Soudan,
en Syrie, en Thaïlande, en Ukraine et au Vietnam. L’acquisition des terres devrait se faire à
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travers une combinaison de baux à 20-30 ans, de concessions et d'achats purs et simples. Al
Qudra aurait déjà acquis 1 500 ha en Algérie (bovins et produits laitiers) et au Maroc, et l’on
fait état de discussions en cours avec les Philippines, la Thaïlande et le Vietnam pour du riz.
Selon le PDG, Mehmood Ebrahim Al Mehmood, 40 % de l’investissement total sera consacré
au maïs, bien qu’aucune décision n’ait encore été prise sur la question de le transformer en
éthanol. Les premières récoltes sont prévues en 2011 ou 2012. Le plan d’investissement
pourrait être étendu aux activités portuaires, à l’amélioration génétique et à la fabrication de
matériel d’irrigation.
Le ministre de l’économie des EAU a déclaré mi-juillet 2008 que les EAU envisagent
Gouvernement à Afrique d’acheter des terres agricoles en Afrique, au Cambodge, au Kazakhstan, en Amérique du Sud
gouvernement et au Vietnam pour assurer l’approvisionnement alimentaire des émirats. Des accords ont déjà
été négociés avec le Kazakhstan.
Le Fonds d’Abu Dhabi pour le développement recherche des terres dans des pays comme le
ADFD Sénégal Sénégal et l’Ouzbékistan pour produire des denrées alimentaires et de l'alimentation animale
pour le marché des EAU.
Le gouvernement des EAU investit dans la production alimentaire au Soudan pour couvrir les
Gouvernement à Soudan Blé, maïs, besoins de son propre marché. En août 2008, on estime que les EAU ont investi dans un total
gouvernement fourrage, de 900 000 feddans (378 000 ha) de terres agricoles dans différents États soudanais,
pommes de notamment dans une plantation de 16 000 ha pour la production de maïs et de blé. Selon
terre certaines sources, Khartoum fournit gratuitement ces terres. Il a aussi été rapporté que le
Fonds d’Abu Dhabi pour le développement espère constituer une entreprise commune avec un
autre partenaire arabe pour mettre en valeur au moins 70 000 acres (28 329 ha) dans l’État du
Nil, dans le nord du Soudan, pour une somme s’élevant à « plusieurs centaines de millions de
dirhams », pour la production de blé, de maïs, d’alfalfa et éventuellement de pommes de terre.
Des études initiales sur ce projet seront finalisées en novembre 2008.
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STRATEGIE PUREMENT COMMERCIALE
cru Investment Malawi, Afrique piments, Cru Investment, un fonds éthique, facilite les investissements privés dans l’agriculture
Management manioc, africaine pour des rendements garantis de 30-40 %. Il contrôle déjà plus de 2 500 ha de terres
(RU) maïs agricoles au Malawi et exploite 4 000 ha supplémentaires dans ce pays grâce à des systèmes
de « producteurs satellites » (outgrower schemes). Les produits sont exportés au RU. En
septembre 2008, cru a annoncé qu’en 2009 il élargira son fonds Afrique au Moyen Orient.
Ceci se traduire par une alliance avec des investisseurs du Golfe pour tirer parti des
préoccupations concernant la sécurité alimentaire.
Lonrho (RU) Angola, reste de En octobre 2008, le Financial Times a rapporté que Lonrho, une société panafricaine basée à
l’Afrique Londres, réunissait des fonds pour acquérir 20 000 ha de terres agricoles productives en
Angola et faire des profits avec du commerce international de denrées alimentaires en cette
période de prix élevés. Cette tentative fait partie d’une stratégie « agressive » pour acquérir
dix fois ce chiffre (200 000 ha) dans le même but dans toute l’Afrique. Le gouvernement
angolais serait en train d’essayer d’attirer l’équivalent de 6 milliards de dollars US de
nouveaux investissements agricoles et est engagé dans des discussions avec des grandes
sociétés brésiliennes, espagnoles, portugaises, argentines, canadiennes et américaines.
Trans4mation Nigeria Riz, manioc, Cette société d'investissement britannique participe à une joint-venture avec une entreprise
Agric-Tech Ltd poisson vietnamienne qui amènera des travailleurs, des chercheurs et des technologies vietnamiennes à
(RU) des villages du Delta du Niger pour produire des denrées alimentaires pour le marché local et
le marché mondial. T4M, comme on l’appelle parfois, aurait reçu un financement par prêt de
36 millions de dollars US du gouvernement britannique, et les villages du Delta fournissent
les infrastructures, notamment les terres. Un minimum de 10 000 ha de terres fertiles a été
affecté au projet pour 25 ans par des responsables gouvernementaux du Delta.
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Annexe 4. Récapitulatif des accords pour les acquisitions des terres en Afrique (en anglais, source: www.ifpri.org)
A. Government to government
Target country Investor country Nature of deal Status of deal Date Source
Democratic China (ZTE 2.8 million ha secured for biofuel Unknown n.a. http://news.mongabay.com/bioenergy/2007/07/dr-congo-
Republic of International) oil palm plantation chinese-company-to-invest-1.html
Congo
Ethiopia India US$4 billion invested, including in n.a. http://www.reuters.com/article/marketsNews/idUSLK1042252
agriculture, flower growing, and 0090320?sp=true
sugar estates Unknown
Kenya Qatar 40,000 ha leased for fruit and Signed nov-08
vegetable cultivation in exchange http://www.nation.co.ke/News/-/1056/513528/-
for funding US$2.3 billion port /view/printVersion/-/3wecp8z/-/index.html;
http://www.arabianbusiness.com/543415?tmpl=print&page=
41
Qatar Joint holding company set up to Signed jul-08 http://www.gulf-
invest in agriculture times.com/site/topics/article.asp?cu_no=2&item_no=231463&
version=1&template_id=57&parent_id=56
Saudi Arabia (Hail 9,200-10,117 ha leased for wheat, Signed feb-09 http://articles.latimes.com/2008/sep/28/world/fg-
Agricultural vegetables, and animal feed; 60% food28?s=o&n=o&sessid=0e7c6eb6e53f67fceb588fa4fae5
Development) paid by Saudi government
http://www.reuters.com/article/marketsNews/idUSLK1042252
0090320?sp=true
Ethiopia Unknown private Land leased in exchange for Signed mar-09 http://af.reuters.com/article/investingNews/idAFJOE5350BS20
investors (Saudi US$100 million investment 090406?pageNumber=1&virtualBrandChannel=0
Arabia)
42
Madagascar Daewoo (South 1.3 million ha secured for maize Discounted nov-08 http://www.reuters.com/article/marketsNews/idUSLJ18138720
Korea) 090320?sp=true
Egypt Jenat (Saudi Arabia) 10,000 ha secured for barley, wheat, Unknown n.a. http://www.gulfbase.com/site/interface/NewsArchiveDetails.as
and livestock feed px?n=89376
http://www.newscientist.com/article/mg20026854.200-rich-
countries-carry-out-21st-century-land-grab.html?page=2
Sun Biofuels (UK) Land secured for jatropa (biofuel) Deal n.a.
implemented
Mozambique Skebab (Sweden) 100,000 ha secured for biofuel Unknown n.a.
crops
Sun Biofuels (UK) Land secured for jatropa (biofuel) Deal n.a. http://www.reuters.com/article/marketsNews/idUSLK1042252
implemented 0090320?sp=true
Tanzania CAMS Group (UK 45,000 ha purchased for sweet Deal 2007
sorghum (biofuel) implemented
Sun Biofuels (UK) 5,500 ha secured for jatropa Unknown n.a.
(biofuel)
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