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Gargantua, Rabelais (1534).

Parcours : rire et savoir.

PARCOURS : RIRE ET SAVOIR.

RIRE = MANIFESTER UN ÉTAT DE GAITÉ.


SAVOIR = AVOIR À L’ESPRIT, ÊTRE CONSCIENT DE, ÊTRE ‘’ÉCLAIRÉ’’ POUR MIEUX RÉFLÉCHIR…

Introduction

Depuis l’Antiquité, la littérature a pour objectif de plaire et instruire. « Placere et


docere », tel est le précepte consigné par le poète romain Horace dans son Art poétique au
IVème siècle.

À bien des égards, ce même précepte est appliqué dans Gargantua de Rabelais. Le
roman connait un vif succès auprès des contemporains du début du XVIème siècle. Ces
derniers, pour leur plus grand plaisir, décèlent sous le voile de l’histoire comique, des sujets
de réflexion sérieux, des sujets souvent brûlant de l’actualité d’une Renaissance qui voit
s’épanouir le mouvement humaniste dans lequel Rabelais s’est pleinement engagé.

Mais les théologiens de la Sorbonne condamnent Gargantua. D’une part, parce qu’il
repose sur des discours obscènes, indignes du discours littéraire, et d’autre part, parce qu’il
dissimule à peine, sous couvert du rire, une violente satire des dérives des institutions
religieuses.

On peut alors s’interroger sur la présence du rire dans le célèbre roman de Rabelais :
quels sont ses déclencheurs, ses fonctions, au-delà de celle de divertir pour faire rire ? Quelles
sont les limites du rire dans l’objectif de plaire et mieux faire réfléchir ? On peut aussi en quoi
le rire et le savoir sont liés dans Gargantua et dans quelle mesure Gargantua est une œuvre
sérieuse qui tend à éclairer son lectorat et à le faire réfléchir.

I. La présence du rire : la part belle accordée au rire.

A. Le discrédit jeté sur le rire du Moyen-Âge au XVIIème siècle. (Cf p326-332


Classique &Cie Hatier)

Au Moyen-Âge et au 16ème siècle, le rire est associé à la figure du Diable.

Or, dans Gargantua, tous les personnages rient et le livre s'ouvre d'ailleurs sur une
invitation au rire car « rire est le propre de l'homme ». (Dizain liminaire) Rabelais emprunte
cette formule à Aristote pour qui « aucun animal ne rit sauf l’homme ». Pour Rabelais, penseur
humaniste être un homme, c’est cultiver l’harmonie du corps et de l’esprit.

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B. Le roman présente de nombreux déclencheurs du rire.

Susciter le rire constitue un idéal de perfection à atteindre, pour Rabelais. C’est ainsi
que l’auteur humaniste affirme dès le poème liminaire « Vrai est qu’ici, peu de perfection /
Vous apprendrez, sauf pour ce qui est de rire » (p20). Faire rire demande une certaine habileté,
d’autant que Rabelais compte faire rire son lecteur sur des sujets sérieux à des fins sérieuses
(Faire réfléchir, instruire, aiguiser l’esprit critique, etc…) (Cf II.) Rabelais excelle dans l’objectif
qu’il s’est fixé. Il exploite de nombreux déclencheurs du rire tout aussi efficaces les uns que
les autres.

Le rire est le signe que le lecteur a pris conscience d’un disfonctionnement, d’une
absurdité ou d’une aberration sur les sujets sérieux et de cette manière il invite à la réflexion
sur ces mêmes sujets !

1. Les différentes formes de comique.

a) Le comique de mots.

Généré par l’onomastique + néologismes + calambours :


- Cf Paris : Par ris Chap. 17.
- Pantagruelisant : Pratiquer l’art de vivre de Pantagruel (le père de Gragantua)
- Torcheculatif : adjectif utilisé par Grandgousier après le récit de son fils sur les
différentes méthodes qu’il a utilisé pour trouver le torche cul idéal. D’où les paroles de
Grandgousier, capacité à formuler un résonnement déductif dans une démarche
expérimentale. « Poursuis donc ce propos torcheculatif »

b) Le comique de situation.

Chap 17 Gargantua noie des Parisiens avec son urine du haut de Notre Dame.
Les Parisiens importunaient Gargantua à tel point qu’il fut contraint de se réfugier sur les tours
de notre Dame de Paris. Il considère alors qu’il va leur offrir à « boire » pour leur payer sa
bienvenue. Cf analyse linéaire)

c) Le comique de caractère.

Colère de Picrocole.
Chap 26, Picrochole se met en colère lorsque les fouaciers de Lerné viennent se plaindre à lui
de la querelle qu’ils ont eue avec les bergers de Grandgousier. Sans chercher à comprendre ni
à savoir le contexte, il ordonne à chacun de prendre les armes pour attaquer les bergers de
Grandgousier. Picrochole est régi par son instinct colérique : sa raison est dominée par les
passions => anti-modèle. Un homme d’État doit être mesuré en toute circonstances…

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Bêtise de Thubal Holoferne.
Chapitre 14, Maître Thubal Holoferne, un sophiste, est chargé de faire l’éducation de
Gargantua en fonction de ses capacités, mais il rend plus idiot Gargantua qu’instruit. Il lui
faudra plusieurs années pour lire un livre à Gargantua et 5 ans pour lui apprendre l’alphabet
qu’il récitera par cœur, mais à l’envers, sa bêtise est d’avoir mal instruit Gargantua et de l’avoir
rendu encore plus stupide, avec une hygiène de vie mauvaise

d) Comique de gestes

Escrime approximative de frère Jean.


Chapitre 27, Frère Jean agit avec violence contre les ennemis, et avec un bâton de croix, il les
frappe, leur écrase la cervelle, les fracasse, leur casse le nez etc….
Cette situation étonne fortement étant donné que cela se passe dans un lieu sans violence, et
le fait de voir un frère de l’abbaye se battre avec une grande férocité peut surprend le lecteur.

« Frère Jean cogna alors si rudement sur eux, par surprise, qu’il les renversa comme une bande
de porcs, frappant à tort et à travers, à la vieille escrime. Aux uns il écrabouillait la cervelle,
aux autres il brisait bras et jambes, il leur disloquait les vertèbres du cou, leur fracassait les
reins, il leur cassait le nez, leur pochait les yeux, leur fendait les mandibules, leur enfonçait les
dents au fond de la bouche, leur défonçait les omoplates, leur pourrissait les jambes, leur
déboîtait les hanches et meurtrissait leurs membres »

2. L’exploitation du gigantisme.

Le gigantisme séduit par son caractère fantastique.


Le gigantisme permet à l’auteur d’exploiter l’exagération, qui prête à sourire.

a. Décalage entre les dimensions du monde réel et celles de Gargantua


L’expression du gigantisme de Gargantua apparaît surtout à travers un décalage entre la taille
des objets et des personnes du monde ordinaire et sa taille hors-norme.
- Dans le chapitre 37, avec son peigne, Gargantua retire les boulets de canon de ses
cheveux, que son père prenait d’abord pour des poux.
- Les animaux aussi sont atteints de gigantisme et ils sont surdimensionnés. Dans le
chapitre 16, Gargantua a une jument à sa taille. D’un seul coup de queue elle peut faire
fuir les mouches peut et peut raser un bois entier (création de la Beauce selon
l’histoire).

b. Puisqu’il est géant, Gargantua est perçu comme une créature


dangereuse

- Gargantua est tellement imposant qu’il effraie : cf chap 17. Grâce au gigantisme de
Gargantua, Rabelais caricature la peur de l’étranger apparaissant comme un monstre.
(Cf Perception de l’homme du Nouveau Monde…)

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- Le mythe du géant mangeur d’hommes est aussi repris pour rappeler la fragilité des
hommes et de leur condition. Ainsi dans le chapitre 38 Gargantua avale sans le savoir
6 pèlerins avec sa salade, mais ces derniers finissent par fuir.

c. Expression du gigantisme à travers les quantités


On relève de nombreuses hyperboles chiffrées :
- Gargantua est nourri par le lait de 17915 vaches => symbole de la soif de connaissance
dans l’esprit humaniste.
- Chap 17 : avec son urine Gargantua noie 260418 Parisiens.
 La précision des chiffres prête à sourire : elle cherche à donner de la
vraisemblance à une fiction farfelue.

3. L’humour scatologique.

Il est inhérent à la condition de l’homme. Il est un remède contre la honte. Rabelais


l’exploite afin de briser les tabous très puissants à son époque autour de toutes les questions
sur le corps. Dans l’esprit humaniste, le romancier-médecin, fait la part belle au corps humain.

On retrouve à de nombreuses reprises dans le roman l’esprit épicurien, qui prône le fait de
vivre au jour le jour sans se priver des plaisirs de la chair. Les notions de bien manger et bien
boire sont très présentes et la famille des géants, une famille noble et qui ne manque pas de
moyens.

L’humour scatologique provoque facilement le rire : pas besoin de références culturelles pour
le comprendre !

- Naissance de Gargantua, indigestion de Gargamelle CF citation p 46 « Ô Belle matière


fécale … Utilisation du Ô lyrique décalé !
- Chapitre 22 et 23 : Même dans l’évocation de l’emploi du temps de Gargantua
apprenant, que ce soit avec les sophistes ou les humanistes, l’action de « se purifier de
ses excréments naturels » n’est jamais omise ou oubliée.
- Chapitre 25 : les bergers sont insultés par des noms en rapport avec les matières
fécales et le postérieur par les fouaciers.
- ETC…

L’urine est d’ailleurs présentée comme une arme :


- Chapitre 17 : Gargantua urine sur la population parisienne avec un certain amusement.
- Chapitre 36 : C’est avec son urine que la jument noie des soldats, rappel de la situation
de Gargantua à Notre-Dame de Paris
- Chapitre 38 : Déluge d’urine bloquant la route aux pèlerins fuyant

4. Le discours parodique.

a) Parodie des codes de l’épopée et du roman de chevalerie.

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L’épopée et le roman de chevalerie sont des genres qui dominent respectivement la
littérature Antique et la littérature du Moyen-Âge. En les parodiant, Rabelais laisse entendre
qu’ils deviennent désuets et qu’il est temps de renouveler le genre romanesque.

Rabelais emprunte la structure du roman de chevalerie (Enfance/éducation du héros ;


prouesses à la guerre/combats ; entrée dans la religion/consécration à la foi)

L’épopée se caractérise par un éloge hyperbolique du héros et de ses prouesses aux


combats. Faire de Gargantua un géant est une manière de se moquer de cette caractéristique.
Les scènes de combats, dans Gargantua, parodient l’héroïsme guerrier. De la parodie, nait
une satire virulente de la guerre. (Cf II. B. 3. c.)

Chapitre 27 : Le combat de frère Jean des Entommeures.


Pour mettre en évidence les actions héroïques du guerrier, l’épopée use de procédés
hyperboliques. Dans ce chapitre, l’hyperbole est poussée au maximum dans la représentation
des corps des victimes mutilées afin de montrer que frère Jean est un combattant aguerri.
Rabelais use de termes médicaux qui paraissent ridicules dans le contexte, et qui prêtent à
sourire.
Rabelais condamne aussi la violence de la guerre : il n’y a pas de mort digne au combat.
Pour dénoncer l’absurdité de la guerre et de la mort au combat, Rabelais use d’humour : « Les
uns mouraient sans parler. Les autres parlaient sans mourir. Les uns mouraient en parlant, les
autres parlaient en mourant » Cf chiasme humoristique.

b) Parodie du discours des rhétoriqueurs sophistes.

Chap. 19 discours de Janotus de Bragmardo : discours qui vise à contraindre Gargantua à


rendre les cloches de Notre-Dame qu’il a accrochées au cou de sa jument. Le discours en
Français est long, entrecoupé de citations latines et des quintes de toux du rhétoriqueur afin
de susciter le rire. Des arguments prêtent à sourire. Les cloches exercent une influence sur la
météorologie et permettent aux vignes de mieux produire le raisin qui sert à fabriquer le vin.
Cet intérêt du rhétoriqueur pour les vignes sous-entend que les théologiens de la Sorbonne
sont des ivrognes ! + emploi du latin par pur pédantisme. Gargantua et Eudémon rient de ce
discours au chap. 20 !

II. Un rire, non gratuit : les fonctions du rire.

A. Une fonction thérapeutique.

Dans le prologue et le poème liminaire, le romancier médecin attribue une fonction


thérapeutique au rire.

Il est bon pour le corps d’où l’injonction à la fin du prologue « lisez gaiment ce qui suit,
pour le bien-être du corps et la santé des reins. » (p 26)

Il est bon pour l’esprit. Le rire a pour fonction de détourner le lecteur du « chagrin qui
le mine et le consume. » (Cf poème liminaire). Le rire, comme le divertissement pascalien, est

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un remède qui doit faire oublier à l’homme sa triste condition (L’homme est fragile, et mortel).
En rire, la rend acceptable.

B. Le rire au service du savoir.

1. Le rire pour capter l’attention du lecteur et l’éclairer sur divers sujets.

Pour plaire au lecteur, Rabelais le fait rire. Mais ce rire n’est pas gratuit. Le lecteur rit
bien souvent d’une réalité que l’auteur veut qu’il remette en question, une réalité le plus
souvent sérieuse. Le rire permet de prendre du recul par rapport à cette réalité. Il est souvent
le signe que cette dernière est absurde et doit faire l’objet d’une réflexion pour comprendre
en quoi elle dysfonctionne.

(Cf tous les déclencheurs du rire : indiquer quelle prise de conscience ils entrainent.)

2. La lecture du discours littéraire et sa dimension stéganographique.

Un texte littéraire se caractérise par da dimension stéganographique. (L’écriture


stéganographique qui consiste à inclure dans le texte un message caché qui ne sera perçu que par un
lecteur attentif et averti.) Cf p 24

Prologue « Car, dans ce livre vous trouverez un goût bien différent et un savoir caché qui vous
révéleront de très hauts mystères horrifiques concernant tant notre religion que notre vie politique et
économique. »

Dans son prologue, Rabelais exploite deux images qui rendent compte de ces
caractéristiques du texte littéraire : celle des silènes et celle du chien qui s’amuse à ronger un
os jusqu’à sa « substantifique moelle ».

- Un silène était une boîte, recouverte d’illustration plutôt amusantes d’animaux et


autres. Cette boîte contenait des baumes, pierres précieuses, bref, des choses de
grande valeur. Ainsi, dans le récit, on trouve des messages, des réflexions grandes
valeurs, cachées derrière le voile de l’humour souvent très décalé !

- L’image du chien qui ronge un os : le chien est la métaphore du lecteur : Rabelais


cherche à montrer qu’en dévorant l’humour du livre, le lecteur peut trouver une
nourriture intellectuelle qui lui permettra de développer son esprit critique. ‘‘Par
une lecture attentive et de fréquentes méditations, rompre l’os et de sucer la
substantifique moelle’’. (Prologue de l’auteur, page 24, ligne 71 – 73).

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3. La satire passe par le rire.

Rabelais fait prendre conscience à son lectorat de disfonctionnements, d’aberrations qu’il


observe dans la société du XVIème siècle et qu’il critique sévèrement. Mais cette critique
passe par le rire pour la rendre moins acerbe.

a) Satire de la religion

) Satire des pratiques religieuses.

Rabelais se moque des pratiques religieuses qui, selon lui, n’ont aucun sens dans
l’expression de la foi.

- Par exemple, les prières toutes faites et récitées de manière machinales sont
pointées du doigt au chapitre 40 puisqu’elle sont dépourvues de sentiments et de
sincérité. Gargantua s’indigne des prières récitées par les moines « Ils marmonnent
quantité de psaumes auxquels ils ne comprennent rien (…) et même sans y penser.
J’appelle cela des moque-Dieu et non des prières. » p 241.
- Au chapitre 27, Rabelais se moque aussi des litanies, et des Saints invoqués sur les
champs de bataille. Non sans humour, il met en lumière l’inefficacité de cette
pratique. « Les uns criaient « Sainte Barbe ». Les autres « Saint Georges ». Les
autres « Sainte Nitouche » (…) Les uns mouraient en parlant. Les autres parlaient
en mourant » (Le néologisme et le chiasme ici, sont les supports de l’humour).
- Les pèlerinages ne sont pas épargnés par la verve satirique de Rabelais. L’écrivain
humaniste condamne cette pratique qu’il considère comme un rituel manquant de
profondeur spirituelle et qui n’a pas de sens dans l’appropriation individuelle de la
foi. Pour Rabelais, ce qui compte n’est pas la pratique du culte mais la manière
dont chacun exprime et vit sa foi. Cf chapitre 45. + Chapitre 38 Gargantua mange
des pèlerins.

 Satire des institutions religieuses : la Sorbonne et le monde


monacal.

Gargantua multiplie les attaques contre les théologiens de la Sorbonne. Rabelais


dénonce l’ingérence de cette institution dans les affaires politiques : il suggère même au
chap. 17 qu’elle n’est pas pour rien dans les troubles qui agitent Paris « plaise à Dieu que je
connaisse l’endroit où sont manigancés tous ces complots et autres séditions » p118. Il suggère
que les « rois de France » devraient sévir contre ces fauteurs de trouble. Le chapitre 45 fait
allusion à une demande particulière de la Sorbonne auprès de François 1er : cette dernière a
demandé au roi d’agir en faveur du respect du culte des Saint guérisseurs.

Rabelais procède aussi à la satire de l’univers monacal. Les moines dans Gargantua
sont oisifs et n’expriment pas leur foi avec suffisamment de ferveur et de convictions.

Les moines sont paresseux, couards, inadaptés au monde en dehors de l’église, il copule et ils
boivent. L’auteur reproche aux moines les prières mécaniques, il leur reproche aussi leur
hypocrisie, leur paresse et leur ignorance.

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- Ils boivent et mangent de manière outrancière :
o Lors de l’attaque de l’abbaye de Seuilly les moines se réfugient pour tenir
une réunion : ils boivent et mangent. « Ainsi par le ventre de Saint Jacques !
Que boirons nous pendant ce temps nous autre pauvres diables ? Seigneur
Dieu : Da mihi pot um ! » Les moines utilisent le latin, la langue dans laquelle
s’exprime la foi chrétienne pour demander à boire à Dieu, ce qui est
presque blasphématoire.

- Ils sont hypocrites :


o Chapitre 45 : ils sont hypocrites car ils boivent et copulent alors qu’ils disent
aux pèlerins qu’il est interdit de le faire. Frère Jean dit aux pèlerins « La
peste ne tue que les corps, mais ces imposteurs empoisonnent les âmes » en
parlant des moines, cela montre encore une fois leur hypocrisie.

- Ils copulent :
o Chapitre 45 : Frère Jean dit aux pèlerins que les moines de leur pays
« biscottent leurs femmes » en leur absence : ils rompent donc leurs vœux
de chasteté en plus de tromper les pèlerins. Rabelais continue de se
moquer des moines en affirmant que « même l’ombre du clocher d’une
abbaye est source de fécondité »

) Un idéal vers lequel tendre.

Rabelais éclaire le lecteur en lui proposant des modèles en matière d’expression de la foi :

Grandgousier et Gargantua partagent la même conception du salut qu’Érasme : tout


homme peut obtenir son salut à condition qu’il fasse preuve de charité et qu’il œuvre en
toute simplicité de manière non intéressée pour le bien d’autrui.
- D’où, au chapitre 8, la devise de Gargantua, gravée à son cou en Grec : « La charité
ne cherche pas son propre avantage » p67.
- Au chapitre 45, Grandgousier conseille aussi aux pèlerins de cesser les voyages
inutiles et d’être dans l’action altruiste bénéfique (Cf p 264), seule condition pour
obtenir les grâces divines.

Même si les pratiques de Frère Jean ne sont pas toujours très ‘’catholiques’’, ce moine
apparaît comme un ‘’modèle’’ : il agit toujours avec de bonnes intentions, dans la joie et avec
conviction.

b) Satire politique.

) Picrochole la caricature comique du roi tyran

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À travers la figure de Picrochole, à travers laquelle le lecteur doit reconnaitre certains
traits de Charles Quint, Rabelais procède à la satire du roi tyran. Autrement dit, Picrochole
est la caricature comique du roi tyran dont se moque Rabelais. Ce roi, en effet est
colérique, belliqueux, mégalomane et cruel. Il est incapable d’agir avec raison et devient
comique dans ses débordements. Puisque le lecteur peut rire de lui, c’est le signe qu’il est
un anti-modèle.

L’onomastique en dit long sur le personnage : en grec, son nom signifie « qui a une
bile amère ». Picrochole est bel et bien dominé par des pulsions de colère qu’il ne peut
contrôler par la raison. C’est un anti modèle : un chef d’État doit toujours agir de manière
mesurée et réfléchie. D’après l’ambassadeur Gallet, Picrochole semble dépourvu de raison :
« Cet homme est entièrement hors de son sens et oublié de Dieu » p 196 (Chapitre 32). C’est
ainsi qu’il se met en colère quand ses sujets viennent lui présenter leurs doléances et que,
dominé par la colère il décide de rompre un traité d’amitié signé avec Grandgousier.
(Chapitre 28).

Le narrateur ne pouvait que réserver un triste sort à ce personnage tyrannique et


outrancier. Chapitre 49 : Rabelais ne pouvait pas faire gagner la guerre à Picrochole, où
même lui réserver une quelconque évolution positive car il est la caricature de Charles
Quint, le plus grand ennemi du roi François 1er. Comme l’ouvrage est dédié à François Ier,
son ennemi devait tomber bien bas. Picrochole est un roi déchu qui a perdu tous ses
conseillers et est obligé de se fier aux prédictions d’une veille sorcière qui lui fait miroiter le
retour sur le trône qu’il ne verra jamais. (Il est idiot car il ne comprend pas les paroles de la
sorcière « Il lui fut prédit que son royaume lui serait rendu à la venue des Coquecigrues »
Coquecigrues = animaux imaginaires !)

) Grandgousier et Gargantua, des rois modèles.

Rabelais éclaire le lecteur en lui proposant des exemples de rois modèles :

Ils apparaissent comme les doubles négatifs du roi tyran. Grandgousier est attentif à
ses sujets. Il rappelle à Gargantua que le rôle du roi est de protéger ses sujets (chapitre 29 ;
Lettre à Gargantua.) C’est pourquoi, Grandgousier veut à tout prix éviter la guerre. Quand
celle-ci est inévitable, il ne manque pas, après les combats, de créer des hôpitaux et de
rembourser aux civils les dommages subis.

Grandgousier et Gargantua incarnent l’idéal du roi philosophe tel qu’il est défini par
Platon. Au chapitre 45, Gargantua cite le livre V de La République de Platon « Les républiques
seront heureuses quand les rois philosopheront ou quand les philosophes règneront » p264.
Le roi doit donc recevoir une éducation exemplaire lui permettant de faire preuve de bon
sens et de discernement dans les décisions politiques qu’il doit rendre.

Dans une lettre adressée à Gargantua, Grandgousier annonce que Picrochole a attaqué
leur royaume. Il lui demande de rentrer afin de protéger les siens. Grandgousier et Gargantua
représentent les modèles de l’idéal de Rabelais à savoir le pacifisme. En effet, ils sont pour la
paix. Grandgousier veut apaiser les tensions et ne surtout pas répondre à la provocation. Il ne
souhaite pas attaquer mais défendre et protéger ses fidèles sujets et ses terres. Grandgousier

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a besoin de l’aide de son fils pour faire tout cela. Il veut modérer la colère tyrannique de
Picrochole en lui envoyant des émissaires mais malheureusement ce dernier s’oppose
toujours autant à lui. Leur but est de sauver leurs fidèles et de renvoyer les ennemis en faisant
le moins de dégâts possible et surtout en évitant la guerre.

« C’est pourquoi, mon fils bien aimé, après avoir lu cette lettre, reviens rapidement
secourir non pas moi mais ton peuple, que tu peux, en toute vraisemblance, sauver et protéger.
»

c) Satire de la guerre.

Elle passe par la parodie du genre épique afin de discréditer l’héroïsme guerrier. La
guerre, quelles que soient ses motivations, est un fléau pour l’humanité. C’est ainsi, qu’avec
beaucoup d’humour, parodiant les codes de l’épopée, Rabelais souligne la cruauté de la
guerre picrocholine. Il n’y a pas de mort héroïque au combat, il n’y a que du carnage. Il n’y a
encore moins de mort digne sur un champ de bataille. Il est absurde de louer les faits d’armes
car ils impliquent toujours violence massacres et morts. Cf guerre de Picrochole + combat de
frère Jean.

4. Une œuvre plaisante qui véhicule des idéaux humanistes.

Grâce à son récit farfelu, Rabelais parvient lui faire partager des idéaux humanistes. Ainsi
éclairé, le lecteur aura alors la liberté d’y réfléchir.

a) Sur l’éducation.

Ce thème, particulièrement important pour les humanistes (cf. traités d’Erasme), est
notamment traité grâce à l’opposition radicale entre l’éducation moyenâgeuse des « vieux
tousseux », abrutissante, et dont les résultats sont du plus haut comique (cf. la journée-type
de Gargantua) et l’éducation dispensée par Ponocrates, qui dessine un idéal humaniste.

Avant d’être éduqué, Gargantua apparait comme un petit animal. Le chapitre 11


repose sur une longue énumération des actions de Gargantua, oisif et proche de l’animalité.
« Protégeait la lune contre les loups. Attendait que les nuages tombent en espérant capturer
des alouettes. (…) Laissait manger les petits chiens de son père dans son assiette.
Réciproquement il mangeait avec eux ».

Pourtant, Gargantua est intelligent : Chapitre 12 : il joue une farce à des chevaliers qui
n’y voient que du feu. Chapitre 13 invention du torche-cul. Et il a soif de savoir : Cf symbolique
des paroles qu’il prononce à la naissance « A boire, à boire, à boire » Chap. 6.

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) Satire de l’éducation moyenâgeuse.

Rabelais se moque des premiers précepteurs de Gargantua qui dispensent une


éducation désuète et inefficace. D’emblée, l’onomastique prête à sourire : Maître Thubal
Holoferne est le « grand savant théologien » mais « Thubal » en hébreu, signifie ‘’confusion’’ ;
Janotus de Bragmardo et Jousse bandouille => allusion érotique ; Jobelin Bridé => ‘’Jobelin’’ =
idiot. Tous ces personnages, soucieux de bien boire, de bien manger et de bien dormir,
incarnent les théologiens de la Sorbonne et l’ancienne éducation.

Rabelais se moque aussi des méthodes de pédagogie pratiquées par ces personnages
comiques. Elles reposent essentiellement sur l’apprentissage par cœur, dépourvu de réflexion
et de mise en application (Chap 14 Gargantua apprend des livres par cœur et à l’envers ! ),
d’une somme impressionnante de connaissances parfois très futiles. (Cf chapitre 22 liste
impressionnante des jeux auxquels Gargantua a appris à jouer). Ces méthodes entrainent la
paresse, le manque d’hygiène et la perte de temps. (Début du chap 15 Gargantua devient
« fou, stupide rêveur, idiot »)

Enfin, l’enseignement dispensé ne vise ni l’épanouissement de l’esprit, ni celui du


corps ; il est donc incomplet et ne peut former efficacement un homme accompli.

) Éloge de l’éducation humaniste.

Ponocrates est le maître modèle. Il est « travailleur » et dispense un enseignement


humaniste visant à faire de Gargantua un gentilhomme accompli. Chapitre 23 et 24.

• Les enseignements doivent être dispensés dans la JOIE. L’enseignant doit faire preuve d’un
enthousiasme qui doit irradier l’élève le mettant ainsi dans de bonnes dispositions.
Ponocrates associe l’utile à l’agréable pour transmettre le savoir à Gargantua.

- Chapitre 24 : Gargantua a le droit à une journée par mois de plaisir (beuverie, repas
interminables, ...)

• L’élève peut apprendre en s’amusant : d’où l’exploitation de méthodes LUDIQUES.

- Chapitre 23 « Cela fait, on apportait des cartes. Non pour joueur, mais pour
apprendre mille petites choses intéressantes et inventions nouvelles / il y passait
son temps aussi plaisamment que d’habitude avec des dés ou des cartes. »
- Chapitre 23, Gargantua apprend en peignant, faisant de la musique, en découvrant
des instruments, sculpture…
- Chapitre 24 : Lorsqu’il pleut, Gargantua et son maître s’amusent à assembler des
bottes de foin ensemble. « En jouant, ils se remémorent les passages des auteurs
anciens en faisant allusion, directement ou métaphoriquement, à ce jeu. »

• Pour les penseurs humanistes, le CORPS et l’esprit sont indissociables. Pour bien penser,
il faut avoir une bonne hygiène de vie et respecter son corps.

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- Chapitre 21 : « Ponocrates lui fit observer qu’il ne pouvait pas autant manger
aussitôt après être sorti du lit sans avoir fait au préalable de l’exercice ».
- Dans le chapitre 23, l’écuyer Gymnaste fait son apparition et apporte à Gargantua
l’éducation de l’art de la chevalerie et l’initiation aux activités sportives et aux
combats armés.

• L’élève doit suivre un programme ENCYCLOPÉDIQUE afin de mieux appréhender le


monde. Cette approche éveille l’esprit critique. Ponocrate enseigne à Gargantua les
lettres, les mathématiques, l’astronomie, l’Art etc…

- Chapitre 23 : « Ponocrates organisa alors son emploi du temps de manière à ne


perde aucune heure de la journée et se consacre pleinement aux lettres et au savoir
digne d’un homme libre ».
- Chapitre 24 : Ils observaient, étudiaient, apprenaient des techniques des métiers
dans la métallurgie, le tissu, ils pratiquent l’herbologie ...

• Les savoirs enseignés doivent pouvoir être exploités au quotidien dans la VIE de
l’apprenant.

- Gargantua effectue des calculs en regardant les étoiles un soir avec Ponocrates.
- L’art du combat et de la chevalerie appris est utilisé tout au long des batailles de la
guerre.
- L’art oratoire transmis par Ponocrates à Gargantua est utilisé dans la harangue aux
vaincus (chapitre 50).

• Aussi, Ponocrates accorde-t-il beaucoup d’importance à l’art oratoire.

- Chapitre 24 : « Ils allaient écouter, voir, assister à des leçons publiques, des actes
solennels, des répétitions, des déclamations, des plaidoiries des bons avocats »
- Gargantua se moque du discours du vieux tousseux car il a pris conscience de son
inefficacité (Signe qu’il a pris conscience de ce qu’il aurait fallu faire pour que le
discours soit meilleur…)
- L’art oratoire transmis par Ponocrates à Gargantua, est utilisé dans la harangue aux
vaincus (chapitre 50).

b) La représentation d’une société utopique : l’abbaye de Thélème ?

Gargantua se conclut par six chapitres qui semblent tout à fait à part dans l’œuvre, les chapitres
consacrés à l’abbaye de Thélème. Souhaitant offrir à frère Jean des Entommeures la direction d’une
abbaye pour le récompenser de sa vaillance durant la guerre picrocholine, Gargantua lui offre tout
d’abord l’abbaye de Bourgueil ou celle de Saint Florent. Frère Jean refuse l’offre sous prétexte que, ne
sachant se gouverner lui-même, il ne saurait gouverner les autres et demande à Gargantua de fonder
une abbaye « selon son désir ». Dans ces célèbres pages du roman, nous retrouvons des éléments des
récits utopiques, très à la mode dans la première moitié du XVIème siècle depuis L’Utopie de Thomas
More (1516 ).

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) La représentation d’une abbaye rêvée.

Frère Jean veut aller à l’encontre des pratiques des abbayes qu’il connaît et de celle où il a
vécu selon lesquels seuls les individus disgraciés entrent en religion. À Thélème, c’est tout le contraire :
les jeunes gens sont à la fois beaux et ont l’esprit bien fait. Thélème ressemble à une sorte de couvent
d’élite rassemblant la fine fleur de l’aristocratie. Le recrutement est élitiste. Il ne s’agit pas d’imaginer
une organisation sociale de l’ensemble de la société mais un lieu réservé à quelques-uns et quelques-
unes. Dans le chapitre 54 « Inscription mise sur la grande porte de Thélème », l’auteur définit ceux qui
sont exclus de l’abbaye et ceux qui peuvent y entrer.

(L’architecture de l’abbaye de Thélème est originale et riche de sens cachés. Elle est fondée sur
le nombre six, qui a été considéré comme un nombre parfait, le nombre associé à la création, puisque
Dieu a créé le monde en six jours. Chacune des tours fait soixante pas. L’abbaye compte six étages, dont
un est enterré. Les paliers des escaliers sont déparés par douze marches. Les bibliothèques contiennent
des ouvrages en six langues. Enfin, l’arceau de l’escalier est large de six toises et six hommes d’armes
peuvent monter la rampe de front. Une telle présence du six ne peut être due au hasard. Certains
critiques estiment également que le chiffre de Dieu, le sept, est présent dans l’inscription mise sur la
grande porte de l’abbaye : le poème comprend en effet deux fois sept strophes. Rabelais, pratique bel
et bien l’écriture stéganographique qui consiste à inclure dans le texte un message caché qui ne sera
perçu que par un lecteur attentif et averti.)

Les matériaux qui servent à la construction de l’abbaye sont nobles et la notion de luxe, caractéristique
de l’utopie, est présente. Dans l’abbaye de Thélème, la sensibilité à la beauté, à la richesse et à la
diversité du monde est très fortement marquée. Nous sommes aux antipodes du mode de vie monacal
traditionnelle où la pauvreté est la règle de vie, du moins, dans certains ordres monastiques.

) Le renversement des vertus monastiques.

Les vertus monastiques, chasteté pauvreté, et obéissance sont entièrement remises en cause à Thélème.

- La chasteté :

Au contraire de toutes les règles monastiques, la vie à Thélème n’est pas synonyme d’enfermement
perpétuel et de chasteté plus ou moins assumée. Le jeune Thélémite peut sortir de l’abbaye pour se
marier. Le mariage est l’aboutissement de l’éducation à Thélème et résulte d’un choix partagé entre les
jeunes gens. La liberté de choix conduit à une entente durable et à l’harmonie entre les époux.

- La pauvreté :

La richesse et le luxe sont omniprésents l’abbaye. Nous les retrouvons dans les vêtements des
Thélémites et dans leur mode de vie. Ainsi, les occupations : la chasse avec les oiseaux et la chasse à
courre, la lecture et l’écriture, l’étude des langues, la poésie, la musique, sont celles d’une société
aristocratique et requièrent d’importants moyens financiers. Cependant, la richesse n’est pas convoitée
pour elle-même. L’abbaye, a été richement dotée par Gargantua dont les ressources semblent
inépuisables, (Chapitre 53, dernier paragraphe.)

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- L’obéissance :

Le principe d’obéissance est banni au profit de la liberté. Celle-ci s’exprime de différentes façons :

 C’est d’abord la liberté d’aller et venir puisque, à la différence des autres abbayes, celles-ci
n’est pas entourée de murs.
 Ensuite, l’emploi du temps n’est pas réglé par les cloches C’est une proposition tout à fait
révolutionnaire quand on sait que toute la vie monastique était précisément réglée par les
différents offices qui rythmaient la journée des religieux et religieuses et qui étaient annoncés
à son de cloche.
 Enfin, à Thélème, la liberté et l’autonomie de l’individu sont revendiquées comme règle
absolue. La règle énoncée par la formule : « Fay ce que vouldras » illustre l’importance de la
liberté. De même, le nom même de Thélème, du grec thélèma : disposition, libre volonté,
désir, symbolise ce choix.
 Rabelais éclaire (Transmission d’un savoir) le lecteur sur la conception de la liberté du
chrétien : il doit adhérer librement et volontairement à sa croyance. Celle-ci ne saurait lui
être imposée par la contrainte et la force des institutions. Ainsi, si chaque Thélémite possède
son propre lieu de prière, c’est qu’il peut s’y adonner à une vie spirituelle contemplative, sans
images, sans rituel, sans encadrement hiérarchique.

III. Les limites du rire dans la transmission du savoir.

A. Un comique trop grossier qui pourrait choquer et scandaliser.

À un lecteur non averti, le texte rabelaisiens parait peut paraître inintéressant voire
choquants. La plupart des allusions scatologiques peuvent choquer.

- Dès le début de l’œuvre, le lecteur peut avoir du mal à trouver amusante l’idée que
Gargamelle risque d’accoucher dans ses excréments parce qu’elle a trop mangé de
tripes, si bien que le bébé doit remonter le corps de sa mère pour naître de son
oreille. Le lecteur trop dégouté ne peut réfléchir à l’allégorie de cette naissance par
la tête, et même si Rabelais nous rappelle que Minerve jaillit elle aussi du cerveau
de Jupiter, ou que le Christ eut lui aussi une naissance extraordinaire puisqu’il
naquit d’une vierge ayant conçu sans péché. Le lecteur doit relire le passage afin
de comprendre que ce texte, évoquant la naissance de Gargantua, symbolise la soif
de connaissances et l’éveil de l’intelligence d’un être humain en devenir.

- De même, le lecteur mal avisé risque de se lasser des propos de l’enfant Gargantua
cherchant le meilleur torche-cul et passant en revue toutes les expériences de
papier-toilette qu’il a menées, avec l’étole de velours d’une demoiselle ou le
manchon maternel, en passant par son essai avec un chat qui le griffe, ou avec des
feuilles d’orties, pour en arriver au plus doux et au meilleur : l’oison au duvet si
délicieux à ressentir. Ce serait mettre de côté le fait que l’enfant géant a su
composer un rondeau, jouer avec les mots, et surtout prouver dès ce jeune âge

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une maturité étonnante qui consiste à passer par l’expérience pour trouver la
conclusion à problème posé.

B. Nécessité d’un savoir et d’une certaine intelligence pour comprendre


l’humour rabelaisien.

1) Il faut des références culturelles notamment dans la mythologie et dans la


connaissance des auteurs de l’Antiquité.
- Exple « ainsi bacchus conquit-il l’Inde, ainsi la philosophie Mélinde. » Bacchus et
Mélinde. Blague entre gens cultivés, nous ne pouvons pas comprendre : Cf Chap 5
en pleine conversation ivre. Etc… Cf analyses linéaires
2) Il faut des connaissances pour comprendre l’onomastique.
- Exple « Jonatus de Bragmardo » Maitre de Gargantua Chap 17 « Janotus de
Bragmardo → surnom souvent utilisé pour désigner des idiots des cocus quant à
Braquemart il désigne une épée mais Rabelais l’emploi souvent dans un sens plus
grivois »
3) Pour comprendre l’humour de Rabelais, le lecteur du XXIe siècle doit avoir des
connaissances historiques sur le 16e siècle
- Exple : « Picrochole » représente Charles Quint et « Grandgousier » représente
Francois Ier. Rabelais fait la parodie de la guerre du 16e siècle à travers ces
personnages.

CONCLUSION :

À VOUS DE…… JOUER !!!

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