Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Florence Lacombe,
docteure en histoire de l’art, critique d’art et enseignante à l’École alsacienne
Emmanuel Larroche,
agrégé et docteur en histoire, maître de conférence à Sciences-po Paris,
enseignant à l’École alsacienne
Couverture : La Liberté éclairant le monde, Jean Courtial, élève de 1910 à 1918 à l’École alsacienne, Paris Un travail de recherche établi
par les élèves des classes de Seconde 1, Seconde 3, Seconde 4 et Seconde 6.
Conception graphique : Jean-François Lemporte
ISBN : 978-2-37701-019-6
A vant-propos
Florence Lacombe P. 10
L es enfants à Paris
p endant la Première
Emmanuelle Cronier
Guerre mondiale
P. 18
R emerciements P. 295
P
réface de l’intendance, met au jour cet ensemble de dessins dont
les couleurs, protégées de la lumière, ont gardé toute leur
Pierre de Panafieu
Directeur de l’École alsacienne fraîcheur.
En juin 2018, lors de la fête de fin d’année, nous avons enfoui Au cours de l’année 2015-2016, Florence Lacombe,
une capsule temporelle contenant ce que les élèves et les historienne d’art et professeur d’histoire-géographie,
professeurs de l’École alsacienne voulaient transmettre fait travailler ses classes « patrimoine » de seconde sur
à leur successeurs. La capsule sera ouverte en juin 2074, ce corpus d’oeuvres exceptionnel. Ils commencent par
pour l’anniversaire des deux cents ans de notre institution. analyser chaque oeuvre. Il font ensuite des recherches sur
les auteurs, des élèves de leur âge ayant fréquenté leur
Les dessins rassemblés ici sont, à leur manière, une capsule école il y a un siècle.
temporelle. Ils découvrent que certains d’entre eux ont connu
des destins remarquables comme Jean de Brunhoff
Nous la devons à M. Testard, professeur de dessin et plus (1899-1937), le créateur de Babar, Théodore Monod
tard archiviste de l’École. Il fait travailler ses élèves à des (1902-2000), naturaliste et explorateur, ou Jean
dessins sur la guerre durant l’année 1915-1916 en vue d’une Bruller (1902-1991), dit Vercors, écrivain et résistant.
•
vente au profit des familles du Nord et de Belgique ayant Ils mènent l’étude des influences et des références qui 7
fui les zones de combat. Les dessins qui n’ont pas été vont de la peinture classique à la bande dessinée. Enfin,
vendus, il les garde précieusement dans les archives et ils ils ont interprété chaque dessin, cherchant à en éclairer la
sombrent dans l’oubli. portée, le sens.
L’aboutissement de ce travail est à la fois la publication
À l’occasion de travaux au tournant des années 2000, les de ce catalogue et l’exposition à la mairie du VIème
archives sont vidées et Marc-Hervé Machils, du service arrondissement en novembre 2018.
Le travail des élèves a été revu par Florence Lacombe et Larroche pour la qualité de son travail de relecture et pour
par Emmanuel Larroche, lui aussi professeur d’histoire sa contribution, Emmanuelle Cronier qui nous apporte
à l’École alsacienne. Ils ont rédigé deux mises en l’éclairage de la spécialiste et Sélim Mehrez pour sa
perspectives, l’une sur l’enseignement du dessin et l’autre générosité.
sur l’impact de la guerre sur la vie de l’École et ont confié
à Emmanuelle Cronier, historienne spécialiste de la
Première Guerre mondiale, le soin de décrire la vie de ces
enfants dans une capitale à la portée de l’ennemi.
•
17
d’une guerre à l’autre ce sont ces paysans dont on dit alors qu’ils refusaient
le pain aux Français en déroute pour mieux le vendre
caractère confessionnel. Le débat sur la réforme scolaire
est houleux entre républicains laïques et catholiques.
Emmanuel Larroche aux armées ennemies1. Pour ses contemporains, la Ce débat débouche dix ans plus tard sur les grandes
Professeur d’histoire à l’École alsacienne,
défaite est morale plus que militaire. Un lieu commun lois scolaires de Jules Ferry, en 1881 et 1882 et la victoire
Maître de conférence à Sciences Po, Paris
s’installe dans les discours : Sedan est la victoire du républicaine même si ces lois maintiennent la liberté de
maître d’école allemand et la défaite souligne la faillite l’enseignement. Et pourtant, loin d’attendre ce résultat
L’École alsacienne est née de la guerre et plus précisément
du système scolaire français. Ernest Renan, en 1871, dans qui fonde une nouvelle institution scolaire, républicaine,
d’une défaite. Celle de 1870. L’armée française est
La Réforme intellectuelle et morale, propose la réforme des hommes déterminés ont relevé le défi de la réno-
vaincue le 2 septembre 1870 à Sedan et l’empereur fait
de l’enseignement sur le modèle allemand. On met en vation de l’école dès les lendemains de la défaite. Ils
34 • prisonnier. Le 4 septembre, la République est proclamée.
avant la densité de son réseau d’écoles et la situation s’appellent Aimé Godart, le directeur de l’École Monge,
Au printemps 1871, la paix se fait au prix de la cession de
confortable qui est faite à ses instituteurs. La revue Boulevard Malesherbes, Émile Boutmy qui fonde
l’Alsace et de la Moselle à l’Allemagne. Le traumatisme
politique et littéraire estime par exemple dans son numéro en 1872 l’École libre des sciences politiques et surtout
est grand pour une population gagnée progressivement
du 2 décembre 1871 que le système allemand forme Charles Friedel, Gabriel Monod et Alphonse Parran,
à la ferveur patriotique. Les lendemains de cette défaite
des êtres « vigoureux, attachés à la règle » possédant trois des membres fondateurs de l’École alsacienne.
constituent une période décisive dans l’évolution du
« toutes les qualités qui peuvent servir à la nation »2. En Quelques années après, Gabriel Monod, se remémore
débat scolaire en France. Car la nation et l’école, au xixe •
1881, la Nouvelle revue vante encore dans l’enseignement cette période fondatrice : « On élaborait de tous côtés 35
siècle, sont intimement liées.
allemand la place de la gymnastique et de l’hygiène, des projets de réforme scolaire qui devaient faire une
l’esprit de discipline ou l’essor de l’activité scientifique. âme nouvelle à la France vaincue et préparer au suffrage
« Qu’est-ce qui a fait l’éducation de ces gens-là ? », s’exclame
Pour la droite conservatrice qui défend la place éminente universel des électeurs dignes d’exercer leur redoutable
le duc d’Audiffret-Pasquier à l’Assemblée nationale,
de l’Église dans l’enseignement, ce n’est pas l’instruction mandat. Des hommes courageux se mettaient à l’œuvre,
au printemps 1872. Ces gens-là, ce sont les soldats
sans attendre que les théoriciens eussent achevé leurs
français, défaits par l’ennemi prussien, dont on dit
1 Mona Ozouf, L’École, L’Église et la République, Seuil, coll. Points Histoire, Paris, 1982, p. 21.
qu’ils ne comprenaient pas les ordres de leurs officiers 2 Ibid., p. 22
programmes3. » L’École alsacienne participe alors à la sein duquel plusieurs d’entre eux sont passés. Le projet L’enseignement est rénové et l’originalité du modèle langues anciennes est repoussé plus tard dans la scolarité
mise en place d’une « éducation libérale » et d’une « édu- se concrétise par l’ouverture d’une première classe éducatif mis en place par l’École alsacienne dessine élémentaire, en 7e et non plus dès la 10e, au profit du
cation nouvelle ». La démarche apparaît singulière. Elle élémentaire, louée au 36 rue des Écoles, confiée à un en creux les rigidités de ses deux concurrents, le lycée français mais aussi de l’apprentissage de l’allemand,
contribue en fait largement aux débats scolaires de la fin instituteur d’origine alsacienne, Frédéric Braeunig, puis impérial et les établissements confessionnels, en à la fois proche de l’alsacien et « langue de l’ennemi ».
du xixe siècle, elle en est la « pointe avancée ». par la fondation de l’École proprement dite, avenue Vavin. particulier les collèges de jésuites. L’histoire, la géographie et les sciences sont également
La direction en est confiée à un universitaire alsacien, L’objectif de cet enseignement tient à la volonté de au programme et l’École ouvre le premier laboratoire
Les principes directeurs du projet de l’École sont Frédéric Rieder, Frédéric Braeunig devenant sous- l’individualiser pour prendre en compte la personnalité scientifique scolaire du pays. Un accent inédit est mis
affirmés dans le Manifeste de 1872 qui s’intitule : « projet directeur chargé des classes élémentaires. de chaque élève, tout en favorisant chez eux le respect sur l’éducation physique avec l’ouverture du gymnase en
de fondation d’un collège libre pour l’enseignement L’École dont les fondateurs et le personnel sont en gran- mutuel et l’esprit collectif. Pierre de Coubertin résume 1881 et la fondation de la première association sportive
secondaire dans la banlieue de Paris ou aux environs ». de majorité des protestants, adopte une stricte neutralité très bien cette double exigence lorsqu’il signe le livre scolaire de France. L’éducation artistique et musicale
36 •
Il est signé de douze personnalités liées à l’Alsace religieuse. « Ce que nous ne tolérons pas chez nous, c’est d’or de l’École pour son 25e anniversaire : « Plus l’esprit avec la pratique du chant choral vient compléter la
réunies autour d’Alfred André, ancien régent de la l’intolérance », écrit Théodore Beck, directeur de l’école de corps anime l’école, plus l’individualité se manifeste formation.
banque de France et député de la Seine, élu en 18714. à partir de 18915. L’École se démarque également par son dans la vie ; plus le collégien est lié à ses camarades, plus
Le texte critique les méthodes de l’enseignement refus de l’internat qui était la norme dans les établisse- l’homme fait est indépendant de ses semblables. » Les L’École s’entoure de personnalités éminentes
français et conscient que l’Université (qui gère alors ments secondaires français, qu’ils soient publics ou libres6. méthodes employées favorisent l’épanouissement des qui contribuent à sa notoriété. Pour contrôler
l’enseignement secondaire d’État) est une structure Ouverte d’abord pour accueillir les enfants alsaciens dont élèves et conduisent à l’apprentissage de la responsabilité les programmes appliqués, elle fait par exemple
•
difficile et lente à réformer, propose de créer un éta- les familles ont choisi la France plutôt que l’Allemagne, plus qu’à celui de l’obéissance contrainte. L’oral et la prise appel à une commission qui compte, entre autres, 37
blissement à la pédagogie rénovée. Les signataires se l’École alsacienne devient rapidement une école inscrite de parole sont encouragés, de même que l’observation Michel Bréal ou Fustel de Coulanges. Nombre de
placent dans les pas de l’humaniste alsacien Jean Sturm, dans son quartier et attire toutes sortes d’enfants. déductive qui prend notamment la forme d’ « excursions républicains de premier plan, investis dans les projets
fondateur du gymnase de Strasbourg au xvie siècle, au instructives », tous les mardis après-midi. Le samedi, des de réforme scolaire, observent les débuts prometteurs
Georges Hacquard, Histoire d’une institution française, l’École alsacienne : naissance d’une
5 examens publics sont organisés, ouverts aux parents, de cette refondation de l’ensei-gnement. L’un des
école libre (1871-1891), t. 1, Paris, Jean-Jacques Pauvert aux éditions Garnier, p. 149.
3 25 anniversaire de l’École alsacienne (1873-1898), Paris, Chamerot et Renouard, p. 51-52.
e
Patrick Clastres, « L’internat public au xixe siècle. Question politique ou pédagogique ? », Lycées,
6 impliqués dans l’éducation de leurs enfants. Le contenu premiers actionnaires de l’école, William Waddington
4
C’est Gabriel Monod qui a rédigé ce manifeste avec Auguste Moireau. Gabriel Monod a lycéens, lycéennes, deux siècles d’histoire, Paris, Institut national de recherche pédagogique,
également participé à la création de l’École Monge qui devient le lycée Carnot en 1894.. 2005. p. 397-413. (Bibliothèque de l’Histoire de l’Éducation, 28). des enseignements est modernisé. L’apprentissage des devient ministre des Affaires étran-gères et Président
du Conseil en 1879. Jules Ferry, le nouveau ministre de d’un enseignement libre. « Arrivons à d’autres méthodes, ou en ouvrant plus largement les programmes à l’appren-
l’Instruction publique rend visite à l’École cette même profitons des expériences qui se font autour de nous. Et tissage des sciences dans la réforme des programmes de
année. Ferdinand Buisson, directeur de l’enseignement quand je parle de ces expériences, est-ce que vous ne voyez 1902.
primaire y inscrit ses enfants. Lors de l’inauguration de pas que là justement est la raison qui fait qu’un ministre Ce soutien des républicains à l’École alsacienne lui
nouveaux bâtiments, le 9 juin 1881, Paul Bert, le principal de l’instruction publique soucieux de sa charge et com- permet de survivre, lorsque dans les années 1880 et
collaborateur de Ferry, rend hommage aux innovations de prenant la grandeur de sa tâche ne peut avoir la pensée 1890, sa situation financière se dégrade. Une subvention
l’École et à leur apport pour la réforme de l’enseignement de rétablir le monopole ? Car ces expériences se font de 40 000 francs par an est votée en 1890 par la
secondaire. Il compare l’Université à un vaisseau de haut autour de nous, dans certains établissements laïcs dont Chambre des députés, portée à 75 000 francs en 1899.
bord, difficile à manœuvrer parmi les « hauts fonds et le nom est sur toutes les lèvres, et la liberté de l’ensei- Au tournant des années 1900, l’attractivité de l’École
les récifs des méthodes nouvelles » et qui a besoin de gnement peut seule permettre de les faire : la liberté seule repart, les effectifs ne cessent d’augmenter, peut-être
38 •
« bateaux-pilotes légers et calant peu, qui peuvent aller peut expérimenter les nouvelles méthodes8 ». L’allusion grâce à deux nouvelles innovations : la création d’un
partout, tâtant et jetant la sonde, jusqu’à ce qu’ils aient est encore plus explicite trois ans plus tard : « Sans les jardin d’enfant et l’introduction de la mixité dans
trouvé le chenal navigable où peut s’engager la grande essais heureux, audacieux à l’origine, que certains grands certaines classes. Les résultats au Baccalauréat achèvent
nef7 ». Au final l’École, dans ces années 1870 où elle a établissements laïques, comme le collège Monge, comme d’installer la bonne réputation de l’établissement : 87%
commencé son existence a contribué par la pratique l’École alsacienne, ont tenté, dans l’ordre de l’enseigne- de reçus en 1908, chiffre exceptionnel à l’époque.
au débat sur la refonte du système scolaire et dans le ment secondaire, nous n’aurions jamais été autorisés à
•
même temps démontré l’utilité de maintenir une école essayer cette grande entreprise de réforme de nos pro- Bataillon scolaire : École alsacienne, Paris 1883-1884. L’enseignement établi durant ces années fondatrices de 39
© École alsacienne, Paris
libre aux côtés du lycée public dont on craint alors grammes et de nos études9 ». Et de fait, même si l’Univer- l’École est assurément libéral. Pour autant, il n’oublie
qu’il ne s’érige en monopole. À plusieurs reprises, Jules sité n’adopte pas toutes les réformes introduites par pas le contexte de sa fondation. Il est aussi patriotique.
Ferry lui-même, témoigne de l’exemplarité acquise par l’École alsacienne ou l’école Monge, elle s’en inspire par- La Patrie « point de départ et but » de tout enseignement
l’École alsacienne et en fait un argument pour le maintien fois, en repoussant l’apprentissage du latin par exemple civique lit-on dans les programmes de l’École de 1903.
« C’est, ne l’oublions pas, le culte de la patrie qui a présidé
8
Discours à la Chambre des députés le 30 juin 1879.
7 Paul Bert, Discours d’inauguration des nouveaux bâtiments de l’École alsacienne, juin 1881. 9
Discours au Sénat le 23 mai 1882. à la naissance de cette maison ; il a veillé sur ses destinées
en véritable ange tutélaire, il a été la source toujours alsacien, dont le 1er numéro, tiré à 300 exemplaires, vendu plus édifiants, leur raconte la bravoure des soldats sur du retour des provinces perdues est donc omniprésent à
jaillissante de cette foi et de cette espérance qui nous 30 centimes, est rapidement épuisé. Les bénéfices de la le front, exalte leur sacrifice patriotique. En 1918, le l’École alsacienne. Sans doute plus qu’ailleurs.
ont guidé à travers les luttes dont nous sommes sortis vente vont aux poilus. 3 filleuls sont choisis. C’est ensuite ministre de l’Instruction publique organise une visite L’esprit militaire et l’esprit du sacrifice sont entretenus
triomphants » proclame encore Théodore Beck lors de une grande exposition d’objets et de dessins réalisés de deux jours dans les régions dévastées de Champagne. durant toute la guerre. Lorsqu’un ancien élève de l’école
son discours de fin d’année en 1906. L’épreuve de la guerre par les élèves, organisée le 8 juin 1916, de 10h à 18h dans Nouvel y participe. À son retour il réunit les plus âgés meurt sur le front de la Somme en 1916, son professeur, M.
est vécue avec une intensité toute particulière. Car aux le gymnase de l’École. 226 objets « patriotiques » sont des élèves pour faire le récit de cette visite édifiante. Il Bailly écrit dans Mon journal, une publication destinée aux
sacrifices et aux privations s’ajoute une promesse : le exposés
: coupe-papier «
tête de boche
», calendrier utilise également des « vues cinématographiques » pour enfants : « La famille ne peut exister sans la patrie et pour
retour des provinces perdues. cigogne, soldat allemand articulé levant les bras pour se mieux saisir les élèves, entretenir leur émotion face aux sauver l’une, il faut sacrifier l’autre ». En 1917, le général
rendre, coq gaulois ; leur vente rapporte 2 800 francs au destructions dont sont rendus coupables les Allemands. Dennery, père d’élève, propose même d’organiser à l’école
Dès l’été 1914, l’École alsacienne s’engage dans l’effort profit des bonnes œuvres de la guerre. Une autre vente, Les discours de fin d’année sont une autre occasion une préparation militaire. 22 élèves s’y inscrivent.
40 •
de guerre. Elle installe dans ses locaux un bureau de au mois de juin 1917, rapporte 4 500 francs. Cette même d’entretenir le patriotisme des élèves. On y invite des
recrutement pour les Alsaciens qui veulent partir au année, sous l’impulsion d’un enseignant d’histoire, M. militaires qui dispensent un propos nationaliste et Les élèves de l’École alsacienne vivent donc la guerre
front. Les candidats sont nourris et logés. L’exercice Nouvel, 125 élèves participent à la remise en culture d’un mobilisateur. En 1915, le général Malleterre promet aux par procuration, en fournissant leur part à l’effort
militaire commence. Un comité se forme dont la champ concédé à l’École alsacienne par la Compagnie élèves de leur rapporter l’Alsace-Lorraine, grâce à la « paix de guerre, en parrainant des soldats, en suivant
présidence d’honneur est confiée à Maurice Barrès. du Chemin de fer de l’État, à Châtillon. Le produit française, la paix du droit et de la justice » qu’il oppose son déroulement par les nouvelles ou les discours
On y trouve également Mme Jules Ferry ou encore des récoltes, vendu à l’École, est reversé aux veuves et à l’odieuse Kultur allemande. En 1916, c’est le général prodigués par les adultes. Mais la guerre est aussi pour
•
Ernest Lavisse. Avec la rentrée, il faut rendre les locaux orphelins de guerre. de Lacroix qui préside la séance, évoque les combats de eux une expérience sensible qui se livre d’ailleurs dans 41
aux élèves et à leurs maîtres. La mobilisation des uns Verdun et « le sang alsacien et le sang français » qui « ont certains dessins. Car Paris est bombardé, déjà par des
et des autres, comme dans toutes les écoles françaises, ne La mobilisation des esprits bat son plein pendant toute toujours coulé ensemble ». Un des professeurs mobilisés, zeppelins puis par des avions « gotha GIV ». En février 1916,
tarit pas de toute la guerre. Maurice Testard, professeur la guerre. Participant de cette culture de guerre qui le capitaine Edmond Faral, prend la parole en uniforme. J. Wegmann, élève de 6e, décrit dans le premier numéro du
d’arts plastiques multiplie les initiatives pour récolter entretient un patriotisme mobilisateur dans les familles. Cette même année, Jules Siegfried évoque dans son Journal alsacien le résultat d’un bombardement survenu
des fonds et participer à l’effort de guerre. C’est d’abord Le professeur Nouvel y joue un rôle important. Il apporte discours les « illustres captives » si chères à Gambetta le samedi 30 janvier. « Ici, tout un toit s’était effondré ; un
la création d’un journal confié aux élèves de 6e, le Journal en classe des journaux, lit aux élèves les extraits les et qui donnent un sens particulier à la guerre. Le thème agent qui montrait sa tête à la fenêtre et criait pour que
l’on cachât les lumières, fût décapité par une bombe ». Et L’École a payé un lourd tribut à la guerre. Les noms de aux méthodes de l’École, fondées sur une discipline
de conclure : « Voilà ce que les Allemands appellent leur 136 morts et 5 disparus sont inscrits sur son monument non contrainte et librement acceptée, elles auraient
Kultur ». Plusieurs caves du quartier, notamment au 120 aux morts inauguré le 26 janvier 1924 en présence permis aux élèves de mieux accomplir leur devoir et
rue d’Assas, sont utilisées pour mettre à l’abri les enfants du Président de la République, Alexandre Millerand, de mieux supporter les rigueurs de la vie militaire. Ces
lorsque les alertes retentissent. À partir de 1918, ce sont accompagné de ses deux fils, anciens élèves de l’École, discours font de l’épreuve de la guerre le révélateur du
les canons à longue portée qui font tomber les obus sur du ministre de l’Instruction publique, Léon Bérard, du succès d’une des missions que l’École s’était fixée dès sa
Paris. Le 23 mars au matin, l’un d’eux tombe dans l’avenue gouverneur militaire de Paris, le général Gouraud et de fondation : faire des « hommes dignes de ce nom », des
de l’Observatoire, à 200 mètres de l’École. Le conseil nombreuses autres personnalités. patriotes capables de surmonter la défaite et de régénérer
de l’École prend la décision de reporter la rentrée et de L’année suivante, le 25 janvier, le cinquantième anni- la France. Les lendemains de la Grande Guerre sont donc
prolonger les vacances de Pâques. Des études par versaire de l’École est célébré dans le grand amphithéâtre marqués par l’exaltation de la dimension patriotique
42 •
correspondance sont même mises en place pour les de la Sorbonne, plein. Ces cérémonies de l’après-guerre de l’enseignement dispensé à l’École. Et de rappeler
élèves qui ne reviendraient pas à Paris. sont émaillées de discours patriotiques qui lient l’ensei- que l’épreuve a renforcé le pacte intellectuel et moral
Le 11 novembre, à 11 heures, écoliers et professeurs gnement particulier de l’École et la conduite qu’ont tenue qui lie l’Alsacienne à la République.
apprennent la fin de la guerre au son des cloches, professeurs comme anciens élèves, au front comme à
des sirènes et du canon. L’occasion d’un moment l’arrière. Le président de l’association des anciens élèves,
d’exaltation patriotique qui saisit jeunes et adultes. Léon Pasquier, peut dire par exemple en parlant des
•
Des élèves se rendent place de la Concorde pour Bataillon canon : Claude Perchot, Gaston Westercamp, Pierre Tissier, Olivier Monod mobilisés : « L’enseignement de l’École toujours dominé 43
et François Reymond. Photo : E. Vallois.
célébrer la victoire. Ils en rapportent un canon de 75 et © École alsacienne, Paris par un sentiment d’ardent patriotisme, réchauffait le
un obusier allemand. Leurs trophées de cette guerre qu’ils cœur meurtri au souvenir des souffrances passées et
ont vécue à distance. Le 22 novembre, Théodore Beck les aidait à supporter la douloureuse séparation ». Leur
assiste aux côtés de Poincaré et Clémenceau à l’entrée détermination aurait été renforcée par leur « volonté
des troupes françaises dans Strasbourg conduites par le farouche de reconquérir les provinces perdues », explique
général Gouraud. encore M. Péquignat le Directeur de l’École. Quant
L e dessin d’enfant l’enfant représenté interpelle le spectateur pour lui
Un laboratoire des arts
Les relations entre l’éducation de l’œil et l’intérêt
porté aux dessins d’enfant passent par la compré-
hension de plusieurs éléments. Que nous apprennent
•
les représentations des dessins d’enfant ? Ils ont 63
d’abord été identifiés comme un signe de génie dans
l’enfance d’un artiste reconnu par le monde de l’art
Pascal Convert, Native drawings, fresque, 2000.
comme un pionner, puis ont servi la glorification d’un © École alsacienne, Paris
idéal artistique avec le romantisme. Souvent qualifiés
de gribouillages lorsqu’ils ne sont pas suffisamment
figuratifs, les dessins d’enfant rencontrent une première
forme d’enseignement dans le milieu scolaire avec le enfants, des adolescents et des jeunes adultes. De la
dessin géométrique. C’est avec la période couvrant la IIIe peinture à l’installation, en passant par la sculpture en
République que se met en place un principe de décons- bronze, la gravure, l’aquatinte ou la fresque, l’École s’est
truction des valeurs canoniques de l’art par l’art moderne. affichée comme un fervent laboratoire des arts37.
La transgression des canons académiques de la repré-
sentation par l’impressionnisme trouve un pendant
dans le milieu scolaire avec la réforme Quénioux où le
dessin d’enfant va rencontrer une certaine autonomie.
Pionnère dans cette nouvelle méthode d’éducation
artistique, l’École alsacienne a été un établissement
64 •
scolaire d’avant-garde en mettant en place une expéri-
mentation de la réforme et en s’investissant dans
les décorations scolaires par les fresques réalisées
par le professeur Maurice Testard en 1909. Depuis,
l’École s’est cons-tituée une importante collection
d’oeuvres d’art et a poursuivi son investigation du Élèves jouant sur le banc de Pablo Reinoso, photo Rodrigo Reinoso.
© École alsacienne, Paris
•
dessin d’enfants. De sa création en 1874 à aujourd’hui, 65
elle a commandé des oeuvres aux artistes. De la
collaboration de plusieurs d’entre eux dans le cadre de
la construction de nouveaux bâtiments, à la conception
in situ d’oeuvres d’art, des artistes aussi reconnus par
le monde de l’art que Pascal Convert et Pablo Reinoso 37 Pour un répertoire complet des oeuvres de l’École alsacienne, voir le site web, L’art pour
Tous, réalisé par des élèves de la classe de « Seconde Patrimoine » : http://aaufan.wixsite.com/
ont participé à la confrontation heureuse de l’art et des artpourtous
Les dessins
de l’ÉcoleFiches des dessins
1914
1918
alsacienne
Le soldat pillard
Texte rédigé par les élèves
Charles Bajot, Sabrina Camilleri, Jade Dubois
et Ophélie Rus.
68 •
•
69
Le pillard allemand
Georges Bloch, élève de 1909 à 1916
Année de réalisation : 1915-16
Dimensions : 24 x 32 cm
Technique : aquarelle et encre noire sur feuille de dessin
Lieu de conservation : École alsacienne, Paris
Le soldat pillard par le cadre doré, disposé en travers du mur. Dans le com- Dans une autre image de presse, nous retrouvons l’accumulation
et l’incongruité des objets, avec un soldat allemand croulant
mentaire ajouté par l’élève, on s’aperçoit que le soldat est sous le poids d’un piano, d’un perroquet, d’une balance décorative,
« Ach mein Gott !! J’aurai la croix de fer, fier de ses vols et qu’il sera récompensé pour son butin. de vêtements et d’un carton à chapeau.
Le ridicule de la situation est accentué par la comparaison
j’ai pris à moi seul toute une batterie en cuivre ! » avec le soldat français qui oppose au choix allemand une stratégie
militaire rationnelle en réquisitionnant des armes.
Dans ce dessin, le personnage du soldat allemand est Le thème du pillage est un sujet de propagande très développé
dans la presse quotidienne.
représenté dans le couloir d’une maison à l’allure bour- Nous pouvons le voir dans cette oeuvre d’Hansi, dessinateur alsacien, Carte postale couleur, 9 x 14 cm
Éditeurs Lebègue, Paris.
datée de 1915. Hansi était très connu à l’École alsacienne.
geoise. Le cadrage du dessin est assez serré, le soldat © Droits réservés.
Son dessin montre également un soldat allemand qui accumule sur
allemand apparaît en gros plan de manière imposante. Il son dos tout un mic-mac d’objets hétéroclites.
L’effet comique du dessin est accentué par l’incongruité des objets
avance d’un pas décidé avec tout un ensemble d’objets représentés : une horloge imposante, un parapluie, des bottines
70 • féminines et une cafetière.
qui paraissent étrangers au paquetage traditionnel du
L’élève Georges Bloch semble faire des citations visuelles
soldat. Derrière l’humour de la formule, les éclabous-
de ces deux images, notamment par le motif du manteau
sures de sang sur son manteau et ses bottes, de même
long du soldat allemand, le « cache-poussière ». Le texte
que les deux mains coupées qui pendent le long de
d’un des dessins appuie bien la différence de vision du
son manteau, évoquent la violence du pillage. L’élève
pillage : « Ce qu’ils volent, ce que nous prenons ». Les Al-
expose ici une caricature assez farouche du soldat
lemands sont assimilés à des voleurs alors les Français •
allemand assimilé à un barbare. Son visage arrondi 71
récoltent les armes et constituent un butin de guerre effi-
est représenté avec une petite moustache. Il est san-
cace et légitime.
guinaire et pille n’importe quoi en emportant des objets
inutiles comme un balai. Si l’on cherche à faire un inven-
taire de ces objets, on y trouve un plumeau, plusieurs Carte humoristique
patriotique,
casseroles, un chapeau féminin et une boîte en carton. Le dessin signé Hansi, 1915.
Éditions Klein & Cie, Épinal.
caractère dévastateur du pillage est évoqué dans le dessin © Droits réservés.
La Liberté Ce dessin est une figuration satirique des pillages et
du jardin du Luxembourg, il semble avoir stoppé ses disparition symbolique violente par rapport à la quantité
74 •
jeux pour venir constater la destruction de la statue. dérisoire de métal récupéré. Il faut pourtant nuancer
Il est installé dans un youpala et, sur son tablier rouge, ici notre propos. La fonte des statues par les Allemands
nous pouvons lire les termes de “Mit uns”. Cela fait durant la Première Guerre mondiale a été relativement
référence à la devise militaire du Kaiser, “Gott Min faible. Bien que l’alliage d’étain et de cuivre qui compose
Uns”, « Dieu avec nous ». Depuis 1701, c’est la devise le bronze ait pu servir à l’industrie de l’armement, très peu
de la maison royale de Prusse et une composante des de statues ont été détruites. Ce dessin montre, de manière
•
emblèmes militaires. Il s’agit donc de la représentation frappante, que l’éventualité de l’occupation de Paris par 75
Chez Hansi, le dessinateur alsacien, bien connu des élèves,
d’un enfant allemand. Il apparaît chétif voire déficient. les Allemands, comme en 1870, est présente dans l’esprit nous avons identifié un double dessin humoristique mettant en scène
ce même commis-voyageur. On peut supposer que l’élève Courtial
Sur le bord latéral gauche, nous observons le personnage des enfants. connaissait le dessin de Hansi car il représente son personnage vêtu
du même manteau de couleur verte et du même chapeau décoré
le plus intéressant de la scène. Sans regarder le spectateur,
d’une plume.
il l’interpelle à la manière d’un admoniteur avec sa main p Après la guerre, l’auteur du dessin Jean Courtial, devient
pointée vers l’amas de bronze, au pied du socle. L’élève polytechnicien et cancérologue, il est directeur de l’Institut Avant la bataille de la Marne, Après la bataille de la Marne
Double dessin de Hansi, 1915. Page d’Alsace.
Courtial a écrit près de son visage : « Mein Gott !! C’est Curie à Paris de 1950 à 1966. © Photo et coll. BNU, Strasbourg
La main coupée Les peurs et les craintes infantiles se cristallisent dans un
motif essentiel du début du xxe siècle. Largement relayé
Texte rédigé par les élèves
Emma Ratanavanh, Nathalie Levinton par des dessinateurs tel que Poulbot, cette thématique
et Mia Paola-Manca, Johanna Charpentier, visuelle effrayante démontre le caractère parfois excessif
Manon Fitzpatrick, Anne-France Coulon
de l’information. À l’École alsacienne, un motif qui a été
et Ninotchka Hood.
relayé largement par la communauté des élèves est le
thème de la main coupée. Dès août 1914, la presse anglaise
rapporte qu’en Belgique, les soldats allemands coupent
les mains des enfants afin qu’ils ne deviennent pas de
futurs soldats et donc des ennemis potentiels. Ce thème
76 •
renvoie à un mythe de la guerre franco-prussienne et à la
propagande faite autour de la barbarie des Allemands. En
1918, ce motif fait encore l’objet de la première page du
journal Le Rire rouge.
78 •
les violences perpétrées par des soldats allemands.
Cet officier travaille pour le bureau de la propagande
et articles de presse reprennent cette construction
morbide. Cette carte postale bilingue, postée en France,
1 SOURCE
britannique et raconte, en date du 26 août 1914, une semble directement adressée aux enfants. L’image prés-
MANQUANTE
contre-attaque victorieuse où il relate les traces de ente une effraction avec la vitre brisée et la stupéfaction
violences de l’armée allemande. Son récit fait état d’une petite fille qui découvre sa poupée et son ourson
d’une fillette pendue dont les mains ont été coupées. mutilés. Ces cartes postales contribuaient à propager la
rumeur de la brutalité allemande et légitimaient, par la
•
La même année, un correspondant de United Press, même occasion, les campagnes militaires des Alliés. 79
William Shepherd raconte qu’il était en Belgique Carte postale bilingue,
Lafayette, série 36, Imprimerie J. Amiral, France, 1916
lorsque les premières histoires de la violence guerrière © Droits réservés.
Georges Bellows, Les Allemands arrivent, 1918. Huile sur toile, 125,7 x 201,3 cm.
© National Gallery of Art, Washington.
Les atrocités allemandes Le dessin de Jean Bruller représente l’attaque violente
de l’armée allemande dans un village. Si l’on s’attarde
Texte rédigé par les élèves
Johanna Charpentier, Manon Fitzpatrick, sur les détails, nous observons un répertoire morbide
Ninotchka Hood, Anne-France Coulon, des violences faites aux civils, un exemple de fureur
Éléonore d’Espinose de la Caillerie, Nathalie Levinton.
guerrière. Le caractère violent de la représentation est
immédiatement visible. Au premier plan, le soldat alle-
mand, reconnaissable à son casque, agrippe un enfant
dont il a coupé la main et d’où le sang coule à flot. C’est
ici encore une fois, le mythe de la main coupée qui est
figuré. À côté, un autre soldat allemand est représenté sur
82 •
le point de frapper de la crosse de son fusil un vieillard
de dos qui ne semble pas avoir pris conscience de sa
présence. Toujours au premier plan, sur le bord inférieur
droit du dessin, un troisième soldat bat à mort un civil
déjà au sol, baigné dans son sang. Au deuxième plan,
notre regard rencontre le motif de la maison incendiée,
•
incendie supposément déclenché par les soldats et 83
d’où jaillissent d’une fenêtre des flammes à l’aspect
démoniaque. Le rouge expressif utilisé ici est un symbole
de la barbarie allemande. Devant la porte de cette maison
en feu, une femme est poussée avec violence par un soldat
allemand. Le détail des atrocités continue puisque nous Les atrocités allemandes Dimensions : 24 x 32 cm
Jean Bruller, élève de 1910 à 1921 Technique : pastel et crayon sur feuille
observons deux femmes tirées de force par des soldats en Année de réalisation : 1915-16 Lieu de conservation : École alsacienne, Paris
direction de la maison qui sert de bûcher. À l’arrière-plan, vieillards faibles et sans défense. Ils brisent ainsi les codes Ces images montrent donc les violences faites aux civils et
nous remarquons un peloton d’exécution sur le point de de l’humanité et les principes d’honneur de la guerre. stigmatisent cruauté et barbarie des troupes allemandes,
fusiller cinq civils à genoux. La monstruosité des soldats, la violence de leurs actes assimilées à des hordes de barbares. Les enfants, nourris
témoignent de leur déshumanisation et du regard négatif par les images et les actualités des journaux, sont plongés
La palette de couleur sombre et orangée traduit une prise que porte l’élève sur eux. Il semble animé d’un sentiment dans une réalité sanglante, qui les pousse à développer
de conscience de la gravité et de l’horreur des événements de haine envers des ennemis allemands à la face une maturité précoce : ils perdent une facette de leur
par les jeunes enfants et adolescents. Cette variété de inhumaine et démoniaque. Ces dessins réalisés par les innocence.
couleurs se retrouve dans d’autres dessins du corpus, enfants dans un cadre scolaire pendant la Grande Guerre
notamment dans une bataille navale. L’utilisation du nous montrent donc à la fois les visions personnelles
rouge renvoie au sang versé et à la cruauté de l’armée qu’ils avaient de la guerre, mais aussi leur adhésion plus
84 •
allemande. On observe une description physique péjo- ou moins consciente au discours patriotique de l’époque ;
rative des soldats allemands. Ces derniers sont soit en effet, tous les grands thèmes de la propagande que l’on
représentés avec une forte corpulence soit avec une peut trouver dans la presse pour adultes sont abordés ici.
figure imposante, voire bestiale, sans expression hu- Les enfants semblent imprégnés de la culture de guerre
maine. Les civils français et notamment les personnages qui s’est installée dans la plupart des pays belligérants
féminins ont un visage déformé par la peur qu’ils dès la fin de l’année 1914, dans la perspective d’une
•
éprouvent et par l’horreur dont ils sont victimes. guerre longue. La presse, censurée, y joue le plus grand 85
rôle en diffusant une propagande patriotique propre à
La caricature de l’ennemi est précisément mise en avant. conditionner l’opinion et à lui faire soutenir l’effort de
Ici, les soldats allemands sont qualifiés implicitement de guerre. Cela donne aux peuples belligérants la conviction p Jean Bruller est un écrivain français, connu sous le nom
lâches puisqu’ils s’attaquent à un village où les soldats que la guerre est juste, qu’elle est une guerre de défense de résistant Vercors. Il est l’auteur du Silence de la mer (1942),
Kaiser and his U-boat,
français sont absents : c’est donc par pure barbarie qu’ils de la civilisation contre la barbarie. publié clandestinement durant l’occupation par les Éditions Affiche de 1917.
© University of North
s’en prennent à des civils innocents, femmes, enfants et de Minuit qu’il a fondées. Texas, Digital Library.
La paix rêvée
Texte rédigé par les élèves
Charles Bajot, Sabrina Camilleri, Jade Dubois
et Ophélie Rus.
86 •
•
87
La paix rêvée
Jacques Vis, élève de 1912 à 1917
Année de réalisation : 1915-16
Dimensions : 24 x 32 cm
Technique : aquarelle
Lieu de conservation : École alsacienne, Paris
La paix rêvée Alors que dans le dessin de Hansi, le jaune domine, le s’il est l’élément central du premier plan chez Hansi, est
chromatisme du dessin de Jacques Vis contraste par une relégué au statut de détail chez Jacques Vis. Le volatile de
Dans ce dessin aquarellé, l’élève Jacques Vis représente bichromie en rouge et noir. Hansi, symbole de fécondité, du printemps et du retour
un village alsacien et un paysage au crépuscule. La des naissances, est remplacé par un oiseau mécanique
structure à colombages des maisons, les coiffes des dans le dessin de Jacques Vis, l’avion civil et le retour à la
femmes alsaciennes et la cigogne représentée à droite paix. La construction est particulièrement intéressante
nous informent du contexte géographique. C’est surtout par le hors cadre que réalise l’élève avec la représentation
un retour à la paix avec les villageois qui reprennent de l’église sur le bord droit du dessin.
possession de leur territoire. Le plus important dans ce
dessin est la relation entre la population et l’aéroplane
88 •
que l’on peut voir dans le ciel. En effet, les habitants du
village n’ont plus peur de sortir, ils ne se cachent plus
et font de grands signes à l’avion. L’atmosphère n’est
plus à la destruction. Ce motif du paysage alsacien est
Le village alsacien
tiré d’une illustration du célèbre dessinateur alsacien, Dessin de J. J. Waltz dit Hansi , 1918.
© Droits réservés.
Hansi.
•
Mais s’il s’agit d’une mise en valeur nationale chez La citation que fait Jacques Vis du dessin de Hansi est fidèle 89
Hansi, l’élève Jacques Vis détourne les codes picturaux par les motifs. L’élève s’approprie le sujet du village alsacien
en y ajoutant un surplus de signification, un message pour en transformer le message à travers le dispositif
d’espoir par le motif du retour de la paix. Jacques Vis choisit figuratif. Alors que la ligne d’horizon est extrêmement
le format portrait plutôt que le format paysage d’Hansi. haute chez Hansi, l’élève Jacques Vis consacre la moitié
La palette de couleurs a été modifiée, l’élève accentue les de son paysage au ciel, la ligne d’horizon est recentrée.
couleurs chaudes et marque sa dominante par le rouge. Le motif de la cigogne, emblème alsacien par excellence,
Janus à double figure
Texte rédigé par les élèves
Lucas Sala, Ethan Scemama, Adrien Hoppenot,
Loïck Seite.
90 •
•
91
94 •
•
95
fortement pour l’effort demandé. Cette dame opulente, scène d’affrontement – Les accords turco-allemands – La
peut-être une caricature de Germania, est coiffée d’un perplexité du kaiser – Janus à double figure.
L’offensive du 3e régiment
des zouaves
Texte rédigé par les élèves
Hadrien Delapalme, William Zederman et Henry Robert.
98 •
•
99
102 •
•
103
106 •
•
107
Le canon de 75 Dimensions : 24 x 32 cm
Christian Sauerwein, élève de 1909 à 1917 Technique : aquarelle et encre
Année de réalisation : 1915-16 Lieu de conservation : École alsacienne, Paris
L’élève Sauerwein choisit de représenter la pièce d’artil- industrielle de photographies couleurs inventée par les
lerie la plus célèbre de l’armée française en 1914, le canon frères Lumière. Il publia 250 autochromes sur la guerre,
de 75. Il s’agit d’une pièce à tir rapide à long recul, mise « Les champs de Bataille de la Marne », dans L’Édition
au point en 1897. Sa cadence de tir, de 6 à 8 coups par française illustrée en septembre 1914. Dans le dessin, les
minute, va transformer l’artillerie et les soldats n’auront positions du canon et du caisson sont identiques à la
plus besoin de replacer les pièces après chaque tir. Cette photographie de Gervais-Courtellemont, tout comme la
arme est surtout utilisée par les régiments d’artillerie de gestuelle des personnages.
campagne et produite à 3840 exemplaires au début de la
Première Guerre mondiale. Le canon de 75 connait une très large fortune visuelle
dans le contexte de la Première Guerre mondiale. On le
108 • Un canon de 75,
Le dessin de notre élève présente une grande richesse retrouve parmi les images scolaires données aux élèves Jules Gervais-Courtellemont, vers 1914-1916, autochrome, 18 x 24 cm.
© Cinémathèque Robert-Lynen, Ville de Paris.
chromatique. Quatre soldats sont représentés à leur méritants et sur les cartes postales.
tâche respective. L’un observe au loin l’ennemi avec ses
jumelles tandis que deux autres s’affairent au canon, un
dernier soldat replace les munitions dans le caisson. Le
paysage est riche en couleurs, un sol de terre ocre, des
•
champs de cultures diverses et un ciel bleu perturbé 109
par des explosions d’obus.
110 •
•
111
ou les accords sang, son uniforme, ses bottes et ses mains sont maculées
de rouge. Le fez du turc est orné d’une pointe ce qui est
turco-allemands totalement incongru. C’est une façon pour l’élève de
signifier l’inféodation de l’Empire ottoman au milita-
L’élève Jacques Labat de Lambert présente ici un dessin risme allemand. Et cela confirme qu’aux yeux des élèves,
d’imagination à connotation politique. Il illustre les la pointe qui orne le casque de l’ennemi fournit un effet
accords entre l’Empire ottoman et l’Allemagne. La comique essentiel pour sa caricature.
Sublime porte est la porte d’honneur monumentale du
grand vizir à Constantinople, siège du gouvernement Le 28 janvier 1915, l’armée ottomane, menée par Djemal
112 •
du sultan. Elle est ornée sur ses deux battants du Pacha, lance l’assaut sur les troupes britanniques, établies
croissant de lune et de l’étoile. Le terme de Sublime en Égypte. Leur objectif est de prendre le canal de Suez.
porte a longtemps été employé dans le langage Les Britanniques repoussent cette offensive et obligent
diplomatique pour désigner la ville de Constantinople les forces ottomanes à se replier le 3 février. Le canal
et par métonymie l’Empire ottoman. de Suez est un point stratégique, c’est la porte d’entrée
de l’Empire ottoman. Le soutien allemand, « la triple
•
Dans le dessin de Jacques Labat de Lambert, les alliance », se manifeste matériellement par des envois de 113
personnages font un effort pour contenir la porte ; charbon, d’armes et d’argent. En mars 1915, Britanniques
il s’agit d’un officier allemand reconnaissable à son et Français attaquent l’Empire ottoman pour le contrôle
uniforme d’un soldat ottoman. On imagine que la porte des détroits : la bataille des Dardanelles commence. De
est fragilisée par la force de l’ennemi qui cherche à manière symbolique, le dessin représente probablement Photographie de la Sublime porte, Constantinople, Sebah et Joaillier, 1900,
tirage argentique mat, 21 x 27 cm.
l’ouvrir. Nous observons des traces d’attaque sur la porte Ottomans et Allemands résistant à cette offensive des © Droits réservés
114 •
•
115
Le bombardement de Paris
David Patée, élève de 1915 à 1921
Année de réalisation : 1915-16
Dimensions : 24 x 32 cm
Technique : pastel et crayons
Lieu de conservation : École alsacienne, Paris
Le bombardement de Paris un clair-obscur efficace. Le dessin peut être également
qualifié d’oeuvre cubiste par la représentation des
Sous les projecteurs de la DCA, un zeppelin allemand faisceaux lumineux. Il reprend un procédé artistique de
bombarde Paris. Ce dessin fait allusion au bombardement Félix Valloton que l’on retrouve notamment dans l’oeuvre
du 29 janvier 1916 durant lequel dix-sept bombes Verdun (1917) conservée au Musée de l’armée.
furent larguées sur le nord de Paris causant la mort de
26 personnes et faisant 32 blessés. Deux zeppelins, les LZ De nombreuses illustrations du zeppelin sous les
77 et LZ 79 partent pour un raid sur Paris. Le LZ 77 (LZ 47) projecteurs de la défense de Londres en 1915 sont publiées
survole Charleroi puis Maubeuge mais fait demi-tour en dans la presse, notamment dans la revue Le panorama de la
raison de problèmes mécaniques. Le LZ 79 (LZ 49) guerre en 1916. Dans le supplément illustré du Petit journal
116 •
poursuit sa mission et largue ses bombes sur la capitale. du 4 avril 1915, nous retrouvons le même dispositif que
Ce fut la dernière attaque de ce type, l’aviation ayant chez notre élève avec toutefois une allégorie de Paris.
ensuite remplacé les zeppelins. Ce bombardement a
un grand retentissement dans les nombreux titres de
la presse illustrée de l’époque, des photographies, de
multiples dessins et une série de cartes postales sur les
Dessin du Zeppelin •
« crimes odieux des pirates » sont publiés. paru dans le supplément illustré du Petit journal du 4 avril 1915, n° 1267. 117
© Droits réservés
à l’École alsacienne.
La supériorité technique
de l’armée française
Texte rédigé par les élèves
Zadig Perrot et Augustin Menguy.
120 •
•
121
124 •
•
125
128 •
•
129
132 •
•
133
136 •
•
137
140 •
•
141
144 •
•
145
146 • La scène représente l’hôtel-de-ville en feu d’où une Il est probable qu’André Corriez ait utilisé des cartes
immense fumée s’échappe. Nous observons des postales ou des photographies de presse pour réaliser
personnes courant pour fuir l’incendie et le bom- sa composition. On peut trouver des similitudes avec
bardement de l’édifice. L’horloge du beffroi indique plusieurs images mais non pas une reproduction fidèle.
onze heures. L’élève présente une vue en hauteur, Cette carte postale résume ce que dénonce avec force la
l’espace est entièrement dévolu à la représentation presse française : la destruction des monuments français.
de l’édifice, seules quelques maisons et ruelles avoi- Il est intéressant de s’attarder sur la manière dont les •
147
sinantes sont par ailleurs figurées. Pour apporter un Français ont utilisé ces vues comme preuve de la violence
caractère expressif à son dessin, André Corriez choisit de de l’ennemi. La destruction du patrimoine architectural
réaliser son motif principal au crayon à papier, il y ajoute est qualifiée de crime et interdite par les Conventions
des taches de rouge en cinq endroits de l’hôtel-de-ville, de La Haye de 1907. Les dessins de presse figurant ces
pour signifier les flammes. Une luminosité artificielle destructions servent à l’édition massive de cartes postales,
éclaire le dessin, mais la ville reste sombre. Le caractère permettant d’amplifier l’information.
Carte postale de l’Hotel-de-Ville d’Arras incendié, La Grande guerre 1914-15.
Bombardement d’Arras, incendie de l’Hotel-de-Ville. A. Richard (A.R.) - Paris Visé N°157.
L’incendie de l’Hôtel
de ville d’Arras (2)
Texte rédigé par les élèves
Agathe Bouju, Alice Renaud, Clara Bicheron,
Héloïse Chatelus, Nolwenn Prot et Lola Seydoux.
148 •
•
149
152 •
•
153
156 •
•
157
160 •
•
161
apparaissant aux soldats représenté est celui d’un champ de bataille avec tous les
indices d’un combat récent. Des éclats d’obus, des armes
français dispersées, un cadavre, un canon immobilisé, un cheval en
fuite et une maison en flamme témoignent des activités
Sur un champ de bataille, l’allégorie de l’Alsace apparaît à guerrières qui se sont déroulées sur ce lieu.
un soldat mourant. Ce dernier est étendu sur un drapeau
français, un médecin militaire, reconnaissable à son Le dessin s’inspire de l’imagerie populaire patriotique et
brassard avec la croix rouge, lui vient en aide. Sur le bord des cartes postales qui circulent largement en France et
gauche, un soldat, sabre en main, tente de reprendre en Belgique avec le motif de l’Alsace personnifiée, souvent
162 •
le drapeau de sa main droite. L’allégorie de l’Alsace est associé à l’ange de la victoire.
une femme portant un costume traditionnel alsacien :
une jupe de soie, de taffetas ou de satin, accrochée à un
corset en velours, sous lequel on trouve une chemise
ornée de dentelle au col et aux manches, d’un tablier et
de la fameuse coiffe en ruban noir. L’allégorie apparaît
•
dans une nuée de brume, telle une apparition religieuse. 163
Nous pouvons imaginer qu’elle redonne espoir aux
Carte postale Le jour de la mobilisation en souvenir du 1er août 1914 Dessin de Henri Zislin, Résurrection, 1916.
combattants. Les soldats sont vêtus de leur uniforme de Ad. Welck, St Dié, n° 9603 Dessin paru dans Album Zislin. Dessin de guerre,
© Droits réservés 4 fascicules, Paris/Nancy, Berger-Levrault, 1918, 64 planches.
couleur bleue et de leur pantalon rouge. Au premier plan, © Collection de l’École alsacienne
par un élève non identifié allemand est représenté avec la mise en valeur du
matériel militaire. Sept officiers allemands préparent un
bombardement devant un bois à l’aide d’un canon Langer
Mörser de 21 cm. Très utilisé au début de la guerre, une
seconde version du Langer Mörser 21 cm est construite
entre 1916 et 1918 avec des roues équipées de plaques lui
donnant une meilleure mobilité. Ce mortier allemand était
capable d’envoyer à une distance de dix kilomètres un obus
explosif de 211 mm de diamètre.
164 •
166 •
•
167
170 •
•
171
avec des prisonniers bien en français qu’en italien. L’élève accentue l’origine
africaine du tirailleur en représentant la scène devant deux
un langage rudimentaire et humoristique.
178 •
•
179
182 •
•
183
186 •
•
187
Le cavalier uhlan
Jean Raudnitz,
élève de 1908 à 1919
Année de réalisation : 1915-16
Dimensions : 15 x 15 cm
Technique :
aquarelle et crayon noirr
Lieu de conservation :
École alsacienne, Paris
Le cavalier uhlan proéminente évoque la brute. La coiffure des uhlans
s’appelle la chapska, du polonais czapka. Il s’agit d’une
À la fin du xviiie siècle, ce terme désigne des unités de bombe en cuir ciré noir surmontée d’un plateau de forme
cavalerie légère. Depuis la guerre de 1870, le uhlan est carrée qui rend cette coiffe si caractéristique. L’élève
une des figure les plus communes du soldat allemand. utilise ici les hachures pour donner du relief au cheval et
Ce cavalier, en éclaireur, annonce l’invasion. Sa cruauté pour signifier l’ombre du cavalier.
a régulièrement été mise en scène dans la littérature
enfantine et patriotique relatant la guerre de 1870. Paul
Déroulède publie ainsi un conte de Noël, illustré par
Kauffmann, Monsieur le uhlan, en 1884. Il évoque la
188 •
cruauté d’un ulhan qui massacre une femme et des
enfants alsaciens qui avaient décoré leur village des
trois couleurs du drapeau français.
Au début de la Première Guerre mondiale, l’Allemagne
possédait 26 régiments de uhlans. Le uhlan est armé
d’une lance, il est l’équivalent du lancier français. Jean
•
Raudnitz présente ici une caricature de uhlan de profil 189
sur un cheval au galop. Le contraste est saisissant entre
la légèreté du cheval et l’effet pesant du cavalier. Le corps
du uhlan nous paraît difforme par les courtes jambes et
le buste massif. Cette impression est augmentée par la
largeur du cou et la tête massive. Canon de propagande,
Dessin de Caran d’Ache, Emmanuel Poiré, paru dans Le Chat noir.
ce visage exagérément grossi, au front bas et à la mâchoire © http://centenaire.org/
Caricatures d’officiers
et de soldats allemands
Texte rédigé par les élèves
Jean Gabriel Argaud, Nathanael Bennafla-Paris,
Sebastian Camilleri, Alexandre Colin.
190 •
•
191
194 •
•
195
Sur ce dessin, trois officiers britanniques sont positionnés L’élève dessinateur apporte du mouvement à sa
en demi-cercle, l’un de face au milieu et les deux autres de composition en représentant les volutes de fumée du
part et d’autre, de profil. Il n’y a pas d’élément de décor cigare, de la cigarette et de la pipe. Les personnages
mais une focalisation sur les personnages. Ils portent tous semblent partager et savourer un moment de repos car
les trois la même tenue kaki constituée d’un gilet avec rien ne nous indique qu’ils sont en conversation.
quatre poches, un col et des grades à chaque extrémité
196 • des manches. Sous cet uniforme, nous apercevons une
chemise et une cravate. Le pantalon porte un renfort
de tissu plus sombre à l’entrejambe et il est inséré dans
les bottes cavalières. Le personnage de gauche possède
un calot alors que les deux autres officiers arborent
une casquette avec une étoile sur le devant. L’officier
de gauche et le personnage central ont une moustache
courte à la britannique. Le premier soldat à gauche
semble porter un monocle, il fume un cigare et porte en
bandoulière, comme les deux autres, un fusil. Il a sa main
gauche dans sa poche dans une pose assez décontractée.
L’officier au centre fume une pipe et il est représenté de
manière nonchalante avec les deux mains dans les poches.
Le pillage
des œuvres d’art
198 •
•
199
L’affrontement mortel
Olivier Duchemin, élève de 1912 à 1919
Année de réalisation : 1915-16
Dimensions : 26,5 x 21 cm
Technique : pastel et crayon
Lieu de conservation : École alsacienne, Paris
Canon et étendards
Texte rédigé par les élèves
Lucie Lemaire, Safia Touazi, Paul Montebourg,
Augustin Menguy et Zadig Perrot.
204 •
•
205
208 •
•
209
Scène d’affrontement
Jacques Labat de Lambert,
élève de 1912 à 1916
Année de réalisation : 1915-16
Dimensions : 25 x 25 cm
Technique :
aquarelle et encre noire
Lieu de conservation :
École alsacienne, Paris
Scène d’affrontement L’auteur parodie dans ce dessin la propagande allemande.
Le texte ajouté joue sur la portée sémantique des termes
Texte : En Allemagne (les journaux) : Nos braves soldats tels que « pains, marrons ». Le repas du soldat allemand
reçoivent en ce moment une nourriture très substantielle n’est alimenté que par les coups de l’ennemi. L’enjeu
qui a été prise à l’ennemi dans nos glorieux combats. est encore de démasquer les mensonges de la presse
Particulièrement aux environs d’Arras où ils reçoivent allemande. Jacques Labat de Lambert choisit de réaliser
quotidiennement des pains, des marrons etc. et pour leur ici un dessin d’imagination avec un fort registre expressif.
dessert une /illisible/. Utilisant l’aquarelle pour apporter des contrastes par les
couleurs comme le motif du sang, il diversifie les espaces
210 • Au sein d’un paysage torturé et traversé par des explo- de représentation avec le pré à l’herbe haute au premier
sions, deux soldats français sont en passe de terrasser plan. Les effets de verts sur les arbres renforcent l’idée
sept soldats allemands. Au premier plan, quatre corps d’un paysage en désolation, tout comme les branches
de soldats allemands sont au sol sans vie ou couverts des arbres tombées au sol. Nous identifions, par ailleurs,
de sang. Au second plan, deux corps à corps se jouent dans ce dessin une des rares représentations d’une tran-
avec un affrontement à la baïonnette alors que l’autre chée parmi l’ensemble des dessins conservés à l’École
soldat français assène un coup de fusil sur la tête de son alsacienne par le professeur Maurice Testard.
adversaire, utilisant son arme comme une massue. À
l’arrière-plan, nous identifions un troisième soldat dissi-
mulé dans une tranchée, derrière lui figure le corps mort
d’un soldat allemand.
Les dernières cartouches
Texte rédigé, en partie, par les élèves
Elie Chambraud, Smilé Nomoto et Océane Ling.
212 •
•
213
d’un navire civil voilier. Au premier plan, dans une chaloupe, les survivants
cherchent à interpeller le spectateur par leurs gestuelles.
Texte rédigé par les élèves Au second plan, la menace persiste avec la présence du
Adèle Roncey, Gabrielle Beruti, Ainoa Blanco sous-marin ennemi. La côte n’est pas très loin, elle est
et Pauline Cayatte-Leeb.
figurée derrière le navire en perdition, sur le bord droit ;
les flammes d’un bombardement y apparaissent au loin.
Le dessin nous suggère que le navire a été touché par une
torpille, une explosion retentissante est figurée par Marcel
Lauth, des jets de feu de couleur rouge orangé traversent le
216 •
ciel. Des débris du bateau volent en éclat et un large nuage
de fumée perce l’horizon. La palette de couleurs tant pour
le ciel que pour la mer contribue à l’effet dramatique, le
registre joue sur les tons rougeâtres. La noirceur des deux
embarcations suggère des connotations mortifères. Avant
la « guerre sous-marine à outrance » (1917), les Allemands
•
attaquent les navires civils, comme en témoigne le tor- 217
pillage du Lusitania le 7 mai 1915.
218 •
•
219
222 •
•
223
230 •
•
231
mais encore par l’usage de la couleur. Au premier plan, jaillissent des maisons, une épaisse fumée bleu-noir
nous observons une brèche dans le sol avec divers objets accompagne les stries rouges orangées de l’incendie. À
dispersés. Des corps sans vie au milieu de taches de sang l’arrière-plan, on peut encore apercevoir deux rangées
ouvrent cette scène macabre. Le regard s’arrête sur le parallèles de maisons où l’on peut distinguer un groupe de
corps d’un enfant, recouvert de sang et tenant encore un soldats autour d’un canon en action. Dans l’allée de droite,
fusil dans la main droite. Au second plan, des soldats trois soldats, fusil à l’épaule, se dirigent vers la place d’un
232 •
allemands tuent une femme suppliante qui porte son pas militaire.
nouveau-né dans les bras. Ses genoux sont pliés, sa tête
est rejetée vers l’arrière et laisse pendre ses cheveux Dans ce dessin macabre, nous observons que l’élève
bruns, tout son corps est tendu et forme un arc de dessinateur a choisi délibérément de faire une sorte
cercle. Derrière cette scène d’assassinat, se trouve une d’annuaire des violences de guerre. À tel point qu’il
église pillée et en partie détruite. Des impacts d’obus associe encore un motif imaginaire très répandu dans
•
sont visibles sur la façade et des croix chrétiennes ou l’esprit des enfants, le thème des mains coupées. Dans 233
crucifix ont été jetés à l’extérieur de l’église. Toujours une volonté de montrer sans détour la violence commise Henri Gabriel Ibels, L’insomnie du Kaiser, lithographie, 62,5 x 44,5 cm, 1er quart
du xxe siècle, Colmar, Musée Unterlinden.
au second plan, sur le bord latéral gauche du dessin, par l’ennemi, Henri Barrier présente, au premier plan, des © Colmar ; musée d’Unterlinden, 2013, © Service des Musées de France, 2013
deux autres soldats sont figurés, à en juger par leurs mains sectionnées dans une flaque de sang.
couvre-chefs, il s’agit de sergents (Unteroffizier). L’un
est immobile, l’autre est en mouvement et se dirige vers
le spectateur. Les deux personnages ont le visage tourné
L’incendie
de la Cathédrale de Reims
Texte, en partie, rédigé par les élèves
Jeanne Beffeyte Cligman, Gabriel Bonnichon
et Asiane Ducommun.
234 •
•
235
238 •
•
239
242 •
•
243
livré des témoignages sur le pillage perpétré par les Les nouvelles formes de guerre impliquaient un état de
•
Allemands. L’ennemi fouillait généralement très désinhibition entretenu par l’alcool aussi bien du côté 245
minutieusement les maisons et surtout les caves car français que du côté allemand.
les bouteilles de vin y étaient très recherchées.
Dessin de Henri Henriot, Kultur allemande, Almanach Vermot, 1915.
© Droits réservés
246 •
•
247
La rumeur
Jean Raudnitz, élève de 1908 à 1919
Année de réalisation : 1915-16
Dimensions : 19 x 28 cm
Technique : pastel et crayons
Lieu de conservation : École alsacienne, Paris
Bombardement Dans un paysage nocturne, l’élève Goepfert représente
252 •
Une nouvelle classe de navire, le croiseur de bataille,
apparut juste avant la guerre. Du côté des Allemands,
il était armé de canons de 11 à 12 pouces pour gagner en
vitesse tout en conservant un blindage assez lourd. Ce
sont peut-être bien ces canons ennemis figurés à l’avant-
plan que Robert Goepfert a voulu représenter.
•
253
254 •
•
255
meneur de la bande.
Six dessins réalisés C
aricature
par Claude Laurens d’un soldat allemand
L’auteur de ces dessins au crayon est Claude Laurens, un Découvert récemment à l’endos d’un autre dessin de
élève de l’École alsacienne de 1911 à 1922 ; il est alors en Claude Laurens, ce dessin nous est apparu exceptionnel
classe de 5eA. Claude Laurens est le petit fils du peintre car c’est le seul dessin couleur de cet élève qui nous a
d’histoire Jean-Paul Laurens, fils de Paul-André Laurens, laissé cinq dessins au crayon à papier. Issus d’une famille
peintre et ami d’André Gide. Son père enseignait à l’Aca- de peintres, Claude Laurens présente la caricature d’un
démie Julian. Claude Laurens réalise une série de cinq soldat allemand. Le dessin a été découpé sur ses deux
258 • dessins d’invention dans lesquels il met en avant la vie bords ; sur le côté gauche, des motifs où l’on voit inscrit
des soldats sur le front. Une sixième production de Pétain et Verdun, inscriptions qui ont perdu leur sens
Claude Laurens a été découverte à l’endos d’une feuille aujourd’hui. Du côté droit, c’est la deuxième partie du
collée, il s’agit d’une caricature à l’aquarelle d’un soldat visage du personnage qui est absente. Encore une fois, ici,
allemand. nous observons l’influence de la caricature de presse. Un
cadrage serré sur le visage, des traits exagérés comme la
bouche volumineuse. Un certain crétinisme est suggéré •
259
par les oreilles décollées et le strabisme dominant. La
dégénérescence de la race allemande est souvent le pro-
pos de ce type de caricature. Il nous manque un certain
nombre d’éléments pour pleinement analyser cette image Caricature d’un soldat allemand
Claude Laurens , élève de 1911 à 1922
mais nous pouvons, toutefois, grandement apprécier le Année de réalisation : 1915
Dimensions : 20 x 9,8 cm
coup de crayon habile, sûr de lui et profondément porteur Technique : aquarelle et encre
Lieu de conservation : École alsacienne, Paris
de sens de l’élève Claude Laurens.
Repos des soldats
Texte rédigé par les élèves
Pablo Feghali, Ugo Cingolani et Théophile Bompoint.
260 •
•
261
264 •
•
265
268 •
•
269
•
273
274 •
•
275
278 •
•
279
La rumeur
Dâng Duc Thân, élève annamîte, à l’École de 1913 à 1916
Année de réalisation : 1915-16
Dimensions : 24 x 32 cm
Technique : aquarelle et crayon à mine
Lieu de conservation : École alsacienne, Paris
Portrait d’un officier qui semble réunir les couleurs de la République de Chine.
Avec ses cinq bandeaux verticales, le drapeau national de
français la république de Chine de 1912 à 1928 répertorie les cinq
peuples rassemblés : Les Hans en rouge, les Mandchous
L’élève Dâng Duc Thân est un élève annamite, pensionnaire en jaune, les Mongols en bleu, les Huis en blanc et les
chez le directeur de l’École, Théodore Beck de 1913 à 1916. Tibétains en noir. Cette disposition du portrait d’un
Le professeur de dessin Maurice Testard a conservé un officier français et d’éléments décoratifs géométriques à
ensemble de quatre dessins de Thân dont l’un représente caractères exotiques affirme le métissage et le mélange des
le portrait d’un officier français. Il est indiqué sur le cultures de l’élève Thân. Il met également en évidence les
dossier conservé par Maurice Testard « élève annamite deux procédés de l’enseignement du dessin au début du
280 •
de famille appartenant au gouvernement indigène – xxe siècle : le dessin d’imagination qui, progressivement,
Correspondant : le colonel Chan ». Peut-être, s’agit-il remplacera le dessin géométrique.
d’un portrait du Colonel Chan, d’origine vietnamienne
qui était le tuteur de l’élève.
Jacques Vis, La paix rêvée, Olivier Monod, La supériorité technique de l’armée française,
1915-16, aquarelle, 24 x 32 cm, 1915-16, pastel et encre noire, 22 x 13,5 cm,
École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris.
Jacques Labat de Lambert, Janus à double figure, Jean de Brunhoff, La Grande Armée,
1915-16, aquarelle et encre noire, 21,5 x 25,5 cm, 1915-16, pastel et encre, 42 x 23 cm,
École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris.
•
Jacques Labat de Lambert, Les restrictions en temps de guerre, Jean Bruller, La guerre à domicile, 283
1915-16, dessin au crayon noir, 22,4 x 14 cm, 1915-16, aquarelle, encre noire et crayons, 24 x 16 cm,
École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris.
Olivier Duchemin, L’offensive du 3e régiment des zouaves, Georges Sauerwein, Départ à la Gare Montparnasse,
1915-16, pastel et crayons, 31 x 21,5 cm, 1915-16, aquarelle et crayons, 47 x 31,5 cm,
École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris.
Robert Mathei, Le pillage des biens, Olivier Duchemin, Prise d’un fortin allemand,
1915-16, pastel et crayons, 23 x 19,5 cm, 1915-16, pastel, 26,5 x 21 cm,
École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris.
Jean Bruller, Allégorie de la guerre d’après Hanzi, Jacques Labat de Lambert, La perplexité du Kaiser, Jean Raudnitz, Les dernières cartouches, Jean Raudnitz, La rumeur,
1915-16, aquarelle, 11,5 x 23,5 cm, 1915-16, aquarelle et encre noire, 22 x 16,5 cm, 1915-16, aquarelle et encre noire, 28 x 22, 5 cm, 1915-16, pastel et crayons, 19 x 23,5 cm,
École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris.
André Corriez, L’incendie de l’Hôtel de ville d’Arras, Georges Sauerwein, Portrait caricatural d’un soldat allemand, Marcel Lauth, Le torpillage d’un navire civil, Robert Goepfert, Bombardement d’un navire,
1915-16, pastel et crayons, 19,5 x 23 cm, 1915-16, aquarelle et encre, 32 x 24,5 cm, 1915-16, aquarelle et encre noire, 32 x 24 cm, 1915-16, aquarelle, 31,5 x 24 cm,
École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris.
Jean-Yves Riedberger, L’incendie de l’hôtel de ville d’Arras, Charles Willm, Caricature d’un officier prussien, Anonyme, Conquête d’une section de mitrailleuse, Théodore Monod, Caricature d’un officier allemand,
1915-16, aquarelle et crayon, 24,5 x 32 cm, 1915-16, pastel et encre sur feuille de cahier d’écolier, 7 x 16,5 cm, 1915-16, pastel et crayons, 21,2 x 15,9 cm, 1915, aquarelle et crayons, 20,5 x 13 cm,
École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris.
Claude Zuber, Une batterie de mitrailleuse en campagne, Jean Raudnitz, Le cavalier uhlan, Olivier Duchemin, Combat naval, Claude Laurens, Caricature d’un soldat allemand,
1915-16, aquarelle et encre noire, 31 x 19 cm, 1915-16, aquarelle et crayon noir, 15 x 15 cm, 1915-16, pastel, encre et crayons, 32,5 x 25,5 cm, 1915-16, aquarelle et encre, 20 x 9,5 cm,
École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris.
Claude Zuber, Torpillage d’un bateau-hôpital, Jean Raudnitz, Caricature d’officiers et de soldats allemands, Alain Zuber, L’assassinat d’Édith Cavell, Claude Laurens, Repos des soldats,
284 • 1915-16, pastel, 24 x 28 cm, 1915-16, aquarelle et crayons 19,5 x 11,4 cm, 1915-16, pastel et crayons, 24 x 32 cm, 1915-16, dessin au crayon à mine, 21 x 19,5 cm,
École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris.
Charles Willm, Allégorie de l’Alsace Jean Raudnitz, Caricature d’officiers anglais, Henri Barrier, La ville en flammes, Claude Laurens, Un char renversé,
apparaissant aux soldats français, 1915-16, aquarelle, 17,5 x 13 cm, 1915-16, aquarelle, 31 x 24 cm, 1915-16, dessin au crayon à mine, 21 x 19,5 cm,
1915-16, pastel, 22 x 13,5 cm, École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris.
École alsacienne, Paris.
William Lods, Le pillage des œuvres d’art, Christian Sauerwein, L’incendie de la Cathédrale de Reims, Claude Laurens, Déchargement de malles,
Anonyme, La batterie de campagne, 1915-16, aquarelle, 24 x 32 cm, 1915-16, pastel, 24,5 x 32 cm, 1915-16, dessin au crayon à mine, 31 x 22 cm,
1915-16, pastel et crayons, 22 x 13 École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris
École alsacienne, Paris. •
Olivier Duchemin, L’affrontement mortel, Maurice Jost de Staël, Caricature d’un soldat allemand, Claude Laurens, Bataille au corps à corps,
285
Georges Sauerwein, Caserne militaire française 1915-16, pastel et crayon, 26,5 x 21 cm, 1915-16, aquarelle et encre noire, 15,5 x 17 cm, 1915-16 dessin au crayon à mine, 31 x 23,5 cm,
5e chasseurs d’Afrique, École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris.
1915-16, pastel et encre, 23 x 19,5 cm,
École alsacienne, Paris Henri de Voumayrac, Canon et étendards, Robert Mathei, Pillage des allemands et ivresse des soldats, Claude Laurens, Scène de tir de barrage,
1915-16, pastel et crayons, 25 x 23 cm, 1915-16, pastel et crayon sur feuille à dessin, 26,5 x 21 cm, 1915-16, dessin au crayon à mine, 31 x 23 cm,
Minaud, (prénom inconnu), Conversation avec des prisonniers, École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris.
1915-16, aquarelle, 25 x 17,5 cm,
École alsacienne, Paris. Jacques Labat de Lambert, Scène d’affrontement, Théodore Monod, Les belligérants, Dâng Duc Thân, Portrait d’un officier français,
1915-16, aquarelle et encre noire, 25 x 25 cm, 1915-16, aquarelle, 25 x 10 cm, 1915-16, aquarelle et crayon à mine, 33 x 25,5 cm,
École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris. École alsacienne, Paris.
C
lasses participantes Samuel MONCORGE, Georges OLIVENNES,
Abouchalache RAMZI, Emma RATAVANH, Tangui RELTGEN,
Alice RENAUD.
au projet d’étude Seconde 6 :
des dessins Laurie ARBUS, Ainoa BLANCO, Gabrielle BERUTTI,
Théophile BOMPOINT, Jessica CHAMPENOIS,
(Année 2015-2016)
Pauline CAYATTE LEEB, Ugo CINGOLANI, Hadrien DELAPALME,
Joséphine DESPRES, Ange FAUSTINO, Pablo FEGHALI,
Inès FROIDEFOND, Dalia HAIDAR, Divine LEGRE, Augustin MENGUY,
Chloé de MONTGOLFIER, Paul MONTEBOURG,
Pour la rédaction des textes : Rebecca MOREL MAROGER, Gustave MUCKENSTURM, André PARE,
Seconde 1 : Zadig PERROT, Félix QUERE, Marius RAYMOND, Paola RECHTMAN,
Jean BENASSAYA, Eliott BERNARD de COURVILLE, Jules CAMMAS, Henry ROBERT, Anouk ROHDE, Adèle RONCEY,
Elie CHAMBRAUD, Laura CHENG, Perrine CODACCIONI, Loredana SOUMILLON VIAGGIO, Marcel THOMPSON,
Alice DE SAINT JACOB, Emma HUANG, Piètra JAMET, Océane LING, Rania VAN DEN OUWELAND, Stéphanie ZAHLAN de CAYETTI,
Smilé NOMOTO, Chloé WINCKLER, Juliette Asa ZANARTU. William ZEDERMAN.
Seconde 3 :
Noa ATTIAS, Charles BAJOT, Jeanne BEFEYTE CLIGMAN,
Gabriel BONNICHON, Sabrina CAMILLERI, Héloïse CHATELUS, Pour une participation à la recherche :
Nissim CHEKROUN, Jade CIZEAU ZEENI, Maxime COURREGES, Seconde 1 :
Jade DUBOIS, Léonie DOLIGE, Asiane DUCOMMUN, Béryl ANDREU DE LAPIERRE, Salomé BLOCH, Perrine COUSTATY,
Adrien HOPPENOT, Marie JABLONSKI, Lucie LEMAIRE, Pietro CREN, Barthelemy DEBARRE, Thaïs ELOI-HAMMER,
Gabriel LIPSKER, Augustin LIU, Victor MEYRIEUX, Wael MURRAY, Margot FARKAS, Florence HENG, Shane HOEBERICHTS,
Justine PERTHUIS, Maya PLICHET, Victor PRESTAT, Nolwenn PROT, Lucien JOUET, Stanislas MAILLOL, Philippine MANDELBROJT,
Ophélie RUS, Lucas SALA, Loïck SEITE, Lola SEYDOUX, Victor MAREMBERT, Ella QUEYRAT, Clara THOMAS, •
Ethan SCEMAMA, Safia TOUAZI, Camille ZEITOUN, Héléa ZERDOUN. Ambre TOUBERT, Remy XU, Gabriel ZEDERMAN. 287
Seconde 4 : Seconde 4 :
Jean Gabriel ARGAUD, François BALLET, Nathanael BENNAFLA, Axel TAILLEUR, Edmond THIRIEZ.
Clara BICHERON, Agathe BOUJU, Sebastian CAMILLERI,
Johanna CHARPENTIER, Alexandre COLIN, Anne France COULON,
Eléonore d’ESPINOSE de la CAILLERIE, Marty FANELLI,
Manon FLITZPATRICK, Baptiste GIBRAT, Ninotchka HOOD,
Anais KACEL, Burton LAMORE, Arthur LANGLOIS,
Lucas LEDOUX, Emmanuel LE HIR, Nathalie LEVINTON,
Vincent LEVY, Mia MANCA, Marc MICHALET,
C
rédits photographiques Affiche réalisée dans le cadre scolaire par Camille Boutet pour
le Comité National de Prévoyance et d’Économies, Paris 1918.
Préface de Pierre de Panafieu : © Coll. Library of Congress, Washington.
Maurice Testard, Paysage, non daté, aquarelle, 26x22 cm.
© École Alsacienne, Paris. Jeunes garçons faisant la quête devant un lycée transformé
en ouvroir, Paris, août 1914, photographie, Agence Rol
Avant-propos : © BnF.
MPhotographie noir et blanc de l’exposition-vente des travaux
Vendeurs de journaux parisiens attendant l’édition spéciale,
des élèves de Maurice Testard au profit des enfants des pays envahis
Bain News Service.
du 8 juin 1916, Gymnase Charcot de l’École alsacienne.
© Coll. Library of Congress, Washington.
© École alsacienne.
La foule devant les dégâts du bombardement du 29 janvier 1916,
Exposition des dessins de 1915-16 lors des Journées européennes
Boulevard de Ménilmontant, Paris, carte postale.
du patrimoine, 17-18 septembre 2016, gymnase Charcot.
© Collection personnelle.
© École Alsacienne, Paris.
Portrait du professeur de dessin Maurice Testard, par l’un de ses Bataillon canon : Claude Perchot, Gaston Westercamp, Pierre
élèves Tissier, Olivier Monod et François Reymond. Photo : E. Vallois.
© École Alsacienne, Paris. © École Alsacienne, Paris.
« Tu ne reconnais pas ton papa ? ». Paris, Gare de l’Est. Pierre-Henri Revoil, L’enfance de Giotto, 1840, huile sur toile
Dessin de Julien Le Blant. Coll. D. Formaz. 0,82 x 0,66 m.
© Collection privée. © Musée des Beaux-Arts de Grenoble.
André Hellé, Alphabet de la Grande Guerre. 1914-1916. Pour les La classe des élèves de 3eA avec leur professeur de dessin
enfants de nos soldats. Berger-Levrault, Paris/Nancy, 1916. Maurice Testard, 1913-1914.
© Droits réservés © École Alsacienne, Paris.
Salle de dessin de l’École alsacienne, début du xxe siècle, Georges Bellows, Les Allemands arrivent, Photographie de la Sublime porte, Sebah et Joaillier, 1900, Carte postale de la Caserne des tourelles à Paris.
J. David et E. Valloes, Photographie noir et blanc, 1918, huile sur toile, 125,7 x 201,3 cm. tirage argentique mat, 21 x 27 cm, Sebah & Joaillier © Droits réservés.
Collection de l’École alsacienne. © National Gallery of Art, Washington. © Droits réservés.
© École Alsacienne, Paris. Dessin de Mass’Boeuf, Soldats africains.
Kaiser and his u-boat, Affiche de 1917. Dessin du Zeppelin paru dans le supplément illustré du Petit journal © Droits réservés.
Georges Sauerwein, La classe de dessin, autour de 1915, aquarelle. © University of North Texas, Digital Library. du 4 avril 1915, n° 1267.
© École Alsacienne, Paris. © Droits réservés. Extrait des Pieds Nickelés paru dans L’Épatant : Les Pieds Nickelés
Dessin de J. J. Waltz dit Hansi, Le village alsacien, 1918. s’en vont en guerre, 1913-17.
Pascal Convert, Native drawings, fresque, 2000. © Droits réservés. Félix Valloton, Verdun, 1917, 115 x 146 cm, © Droits réservés.
© École Alsacienne, Paris. © Musée de l’armée. Paris. Caricature avec ombre, Dessin paru dans Le Rire Rouge, 20 mai 1916.
Le Janus britannique paru dans Le Rire Rouge, 4 décembre 1915. 1914. Pour le droit, pour la civilisation, carte postale patriotique, 1914. © BnF, Gallica.
Pablo Reinoso, Rencontre alsacienne, 2015, acier peint, © Alamy Banque d’images. © Collection de l’École alsacienne.
installation permanente. Dessin paru dans la presse d’après une carte postale italienne,
© École Alsacienne, Paris. Rollin Kirby, Verdun, paru dans le New York World, 1916. Tintin Lutin, Album de 1897 paru chez Félix Juven à Paris. L’ombre de Napoléon par Golia, non daté.
© Droits réservés. © BnF Gallica. © Droits réservés.
Fiches des élèves :
Dessin de Ricardo Flores paru dans Le Rire Rouge, Hansi, Passage du Rhin, retour au pays natal, 1918. Charles Huart, « Nos prisonniers », La Baïonnette, n° 23,
290 • Carte humoristique patriotique, dessin signé Hansi, 1915, daté du 08 avril 1916. © Droits réservés. 9 décembre 1915.
Éditions Klein & Cie, Épinal. © Droits réservés. © Droits réservés.
@ Droits réservés. Carte postale de l’Hotel-de-Ville d’Arras incendié, A. Richard, Paris
Germania, paru dans La Baïonnette, n°146, 18 avril 1918. Visé n°157. Louis Forton, Almanach de L’Épatant, 1915.
Carte postale couleur, 9 x 14 cm, Éditeurs Lebègue, Paris. Dos réalisé par Lucien Métivet. © Droits réservés. © Droits réservés.
© Droits réservés. @ Droits réservés
Arras. L’Hôtel de Ville et le Beffroi incendiés par les obus allemands Dessin de Hansi, Le mégalomane microcéphale, 1916.
Dessin de Mass’Beuf, Édition GIP, Marseille-Paris. Bataille de Wissembourg, paru dans Imagerie nouvelle, non daté, pl. 6. en flammes le 7 octobre. Éd. Charles Ledieu (1872-19..). © Droits réservés.
© Droits réservés. © BnF Gallica. © Droits réservés.
Page couverture du Rire Rouge, n° 75, du 22 avril 1916.
Avant la bataille de la Marne, Après la bataille de la Marne, Château de Baye (Marne), pillé en septembre 1914. Un nouveau crime allemand : le torpillage du Llandovery Castle, © BnF, Gallica. •
double dessin de Hansi, 1915, Page d’Alsace. © Archives nationales. paru dans le journal L’excelsior, 3 juillet 1918.
291
© BNU Strasbourg. © Droits réservés. Dessin de Caran d’Ache, Emmanuel Poiré, paru dans Le Chat noir.
Un canon de 75, Jules Gervais-Courtellemont, vers 1914-1916, © http://centenaire.org/
Dis, maman, la guerre, c’est donc contre les petites filles ? 18 x 24 cm. Carte postale Le jour de la mobilisation en souvenir du 1er août 1914,
Dessin de Poulbot, Le Rire Rouge, 23 février 1918, n° 171, © Collection Cinémathèque Robert-Lynen, Ville de Paris. Éditions Ad. Welck, St Dié, n° 9603 Dessin de Charles Genty, «L’armée du Kronprinz vu
page couverture. © Droits réservés. par Charles Genty», paru dans La Baïonnette, n°3, 22 juillet 1915.
© Droits réservés. Halte là ! On ne passe pas ! J’ai mon 75, Carte postale, 1915, Imprimerie © Droits réservés.
Courtemont, Paris, Éditions française, Série P, n ° 40. Dessin de Henri Zislin, Résurrection, 1916. Dessin paru dans Album
Carte postale bilingue, Lafayette, série 36, Imprimerie J. Amiral, @ Droits réservés. Zislin.Dessin de guerre, 4 fascicules, Paris/Nancy, Berger-Levrault, Halte-là ! Guillaume…, dessin paru la revue Pêle-mêle, 6 février 1916.
France, 1916. 1918, 64 planches. © BnF, Gallica.
© Droits réservés © Collection de l’École alsacienne.
Photographie d’un mouchoir patriotique brodé. Leonetto Cappiello, « Choux et cochon ! », La Baïonnette, n° 19,
© https://unmondedepapiers.com/tag/premiere-guerre-mondiale/page 11 novembre 1915, double page intérieure.
/51/?iframe=true&preview=true%2Ffeed%2F#jp-carousel-15653 © Droits réservés.
Alphonse de Neuville, Les dernières cartouches, 1873. Dessin de Henri Maigriot dit Henriot, Kultur allemande, non daté.
© Musée de la Dernière Cartouche, Bazeille. © Droits réservés.
Dessin de Louis Forton, paru dans en feuilleton dans le journal Ricardo Flores, « Faces Boches, les brutes asphyxiantes
L’Épatant Les Pieds nickelés s’en vont en guerre, 21 janvier 1915. de l’Humanité », paru dans La Baïonnette, n°14, 7 octobre 1915, p. 213.
@ Droits réservés. © Droits réservés.
« Le glorieux trophée. Le premier drapeau pris à l’ennemi », imagerie Bande dessinée La bande des Pieds-nickelés, 1915, Paris,
d’Épinal, paru dans La Grande guerre, série 2. Éditions Offenstadt.
© http://87dit.canalblog.com/archives/2017/11/02/35801778.html © Droits réservés.
Shidari Kiki (dit), Bigot Georges Ferdinand (dessinateur) ; « La kultur et la poustifaille », dessin de Ricardo Flores, paru
Pellerin & Cie (imprimeur, éditeur), La guerre sur les flots. dans La Baïonnette, n° 19, 11 novembre 1915.
292 • Deux importants succès anglais, vers 1915-18, estampe. © Droits réservés.
© Musée de l’imagerie d’Épinal.
Photographie noir et blanc, Un char britannique, 1916.
T. Carnel, dessin de propagande, © Historial de Péronne / Photo AFP.
Miss Edith Cavell cowardly murdered.
© Australian War Museum. Les munitions pour Verdun, Heippes, 7 mars 1916.
© ECPAD.
Lithographie de Georges Belows, The Murder of Edith Cavell, 1918,
53,5 x 68,5 cm. Une batterie de canon de 75 au début de la Première Guerre mondiale,
© Laura P. Hall Memorial Collection. carte postale.
© Droits réservés.
Henri Gabriel Ibels, L’insomnie du Kaiser, lithographie, 61 x 44 cm,
1er quart du xxe siècle, Colmar, Musée Unterlinden.
© Service des Musées de France, 2013.
d’un grand nombre de personnes de la communauté de l’École aux Journées européennes du patrimoine en septembre 2016. Ces
alsacienne. Ce sont tout d’abord les élèves des classes de Seconde 3, élèves se sont impliqués dans ce projet avec une rare motivation, ils
de Seconde 4 et de Seconde 6 qui doivent être remerciés pour leur ont reçu le public et organisé des visites guidées de l’exposition.
ceux qui furent à leur place un siècle plus tôt. Merci à Pierre de Remy Attanasios
Panafieu qui a suivi l’avancement de ce projet dès l’amorce de cette Adrien Aufan Stoffels D’Hautefort
aventure et qui a facilité sa réalisation. Merci à Brice Parent, directeur Eléna Bamberger
adjoint pour ses conseils et sa relecture. Merci à Anne Couraye pour Eve Destais
son travail de vérification des fiches des élèves et son implication de Etienne Jarrier
tous les instants pour la première exposition des dessins. Un merci Clara Sirol
particulier à Michel Marbeau pour avoir établi le contact avec la maison Lily Levy
Nous avons une attention particulière pour notre éditeur Alain Jauson, 2017-2018 et à ceux de la nouvelle promotion 2018-19.