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POESIE – LE COMMENTAIRE – SUJETS.

Texte 1 : Victor Hugo, « J’aime l’araignée et j’aime l’ortie », Les Contemplations (1856), III, 27.

1 J’aime l’araignée et j’aime l’ortie,


Parce qu’on les hait ;
Et que rien n’exauce et que tout châtie
Leur morne souhait ;

5 Parce qu’elles sont maudites, chétives,


Noirs êtres rampants ;
Parce qu’elles sont les tristes captives
De leur guet-apens ;

Parce qu’elles sont prises dans leur œuvre ;


10 Ô sort ! fatals nœuds !
Parce que l’ortie est une couleuvre,
L’araignée un gueux ;

Parce qu’elles ont l’ombre des abîmes,


Parce qu’on les fuit,
15 Parce qu’elles sont toutes deux victimes
De la sombre nuit.

Passants, faites grâce à la plante obscure,


Au pauvre animal.
Plaignez la laideur, plaignez la piqûre,
20 Oh ! plaignez le mal !

Il n’est rien qui n’ait sa mélancolie ;


Tout veut un baiser.
Dans leur fauve horreur, pour peu qu’on oublie
De les écraser,

25 Pour peu qu’on leur jette un œil moins superbe, (superbe = orgueilleux, méprisant)
Tout bas, loin du jour,
La vilaine bête et la mauvaise herbe
Murmurent : Amour !

Juillet 1842.

Sujet PST : Vous commenterez le poème « J’aime l’araignée et j’aime l’ortie » de Victor Hugo en vous
appuyant sur le parcours de lecture suivant :

1/ Vous étudierez en quoi l’araignée et l’ortie sont deux créatures maudites et détestées.
2/ Vous étudierez les raisons qui poussent le poète à aimer ces deux créatures.
Texte 2 : Emile Verhaeren, « La Ville », poème issu du recueil Les Campagnes hallucinées (1893).

La Ville

1 Tous les chemins vont vers la ville.

Du fond des brumes,


Avec tous ses étages en voyage
Jusques au ciel, vers de plus hauts étages,
5 Comme d’un rêve, elle s’exhume.

Là-bas,
Ce sont des ponts musclés de fer,
Lancés, par bonds, à travers l’air ;
Ce sont des blocs et des colonnes
10 Que décorent Sphinx et Gorgones ;
Ce sont des tours sur des faubourgs ;
Ce sont des millions de toits
Dressant au ciel leurs angles droits :
Debout,
15 Au bout des plaines et domaines.

(…)

Et tout là-bas, passent chevaux et roues,


Filent les trains, vole l’effort,
Jusqu’aux gares, dressant, telles des proues
Immobiles, de milli en mille, un fronton d’or.
20 Des rails ramifiés y descendent sous terre
Comme en des puits et des cratères
Pour reparaître au loin en réseaux clairs d’éclairs
Dans le vacarme et la poussière.
C’est la ville tentaculaire.

25 La rue – et ses remous comme des câbles


Noués autour des monuments-
Fuit et revient en longs enlacements ;
Et ses foules inextricables,
Les mains folles, les pas fiévreux,
30 La haine aux yeux,
Happent des dents le temps qui les devance.
A l’aube, au soir, la nuit,
Dans la hâte, le tumulte, le bruit,
Elles jettent vers le hasard l’âpre semence
35 De leur labeur que l’heure emporte.
Et les comptoirs mornes et noirs
Et les bureaux louches et faux
Et les banques battent des portes
Aux coups de vent de la démence.
40 Le long du fleuve, une lumière ouatée,
Trouble et lourde, comme un haillon qui brûle,
De réverbère en réverbère se recule.
La vie avec des flots d’alcool est fermentée.
45 Les bars ouvrent sur les trottoirs
Leurs tabernacles de miroirs tabernacle : construction démontable
Où se mirent l’ivresse et la bataille ;
Une aveugle s’appuie à la muraille
Et vend de la lumière, en des boîtes d’un sou ;
50 La débauche et le vol s’accouplent en leur trou ;
La brume immense et rousse
Parfois jusqu’à la mer recule et se retrousse
Et c’est alors comme un grand cri jeté
Vers le soleil et sa clarté :
55 Places, bazars, gares, marchés,
Exaspèrent si fort leur vaste turbulence
Que les mourants cherchent en vain le moment de silence
Qu’il faut aux yeux pour se fermer.

(…)

C’est la ville tentaculaire,


La pieuvre ardente et l’ossuaire l’ossuaire : le cimetière (les catacombes)
Et la carcasse solennelle.

Et les chemins d’ici s’en vont à l’infini


Vers elle.

Sujet Série générale : Vous commenterez le poème « La Ville » d’Emile Verhaeren, du vers 6 au vers 58.

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