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Lu sur le Forum
Repères « Outre-Mer »
La mare « Agami » de
Guyane
Diptères et
Broméliacées
Les mares de Martinique © M. LUGLIA – Guyane (mare Agami)
Au fil des mares… n°4 – printemps 2008 – page 1 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Actualité du Pôle-relais Mares et Mouillères
L’avenir du disposif Pôle-relais reste encore assez confus même si trois d’entre eux (Pôle-relais lagunes méditerranéennes,
marais atlantiques et tourbières) ont signé une convention avec l’ONEMA (Office national de l’eau et des milieux
aquatiques) pour l’année 2008. Des informations plus précises sur le devenir du Pôle-relais Mares et Mouillères de France
devraient pouvoir être présentées dans le prochain numéro.
Un certain nombre de projets, pris en cours de route lors de la transition entre l’ancienne structure porteuse du Pôle-relais
(IEDD) et la nouvelle structure (la Maison de l’Environnement 77) ont enfin été finalisés. Il s’agit du dernier numéro papier
du journal d’information "Mares" dont le 4ème et dernier numéro (puisque la lettre électronique a pris le relais) est en cours
de diffusion. Sa version électronique est désormais en ligne sur le site.
L’exposition « Avez-vous une mare près de chez vous ? » réalisée en partenariat avec l’ADREE a bénéficié d’une mise à jour
avec en particulier l’introduction d’une dimension faunistique représentée par les amphibiens. Ce travail a été conduit en
partenariat avec Jean-Pierre Vacher de l’association BUFO (http://bufo.alsace.free.fr/). Cette exposition, composée de
huit panneaux qui reprennent la plaquette du même nom, est disponible sur réservation auprès du Pôle-relais ou de
l’ADREE (http://www.naturagora.fr/RECHERCHE/index-recherche.htm et par téléphone au 03.23.23.40.77). La version
proposée par l’ADREE est complétée par un jeu de sept maquettes qui identifient chacun des types de mare présentée.
Au fil des mares… n°4 – printemps 2008 – page 2 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Lu sur le Forum…
Propriété des données…
Bonjour,
Nous réalisons un inventaire permanent des mares en Franche-Comté. La mise à disposition de données cartographiques
sur un futur site Internet a soulevé le sujet du respect sur la confidentialité des données et donc du droit de diffuser des
données de mares, notamment pour des mares en propriété privée. Jusqu'à présent, nous avons évité ce problème car les
données provenaient de structures avec lesquelles des conventions claires ont été passées (accord préalable à toute
diffusion). Le grand public étant sollicité pour compléter l'inventaire, la question se pose et nous n'avons pas trouvé de
réponse claire : certains disent qu'une donnée issue d'un programme "environnement" financé par des fonds publics devient
dès lors donnée publique de l'environnement et que sa diffusion est autorisée, d'autres invoquent le respect du droit
d'auteur d'une donnée. La nécessité d'autorisation alourdirait considérablement le transfert d'informations. Mais certaines
structures de la forêt privée sont très inquiètes que des données issues de "leurs" propriétaires puissent être diffusées, car
elles leur ont garanti le contraire.
Avez-vous déjà été confronté à ce genre de problème et si oui, quelles solutions avez-vous trouvées ?
Merci d'avance
Martin Lacroix
Conservatoire régional des espaces naturels de Franche-Comté
1) La réponse de Loïc Chéreau du Conservatoire fédératif des espaces naturels de Basse-Normandie (CFEN) :
Bonjour,
Nous ne sommes pas confrontés à ce problème en B.-N. Je suis convaincu qu'il ne faut pas faire l'économie "d'accords" pour
la publication de données. Obtenir l'accord des propriétaires c'est aussi contribuer à leur faire prendre conscience de
l'intérêt des mares : j'imagine que pour vous la publication n'est pas la finalité, c'est plutôt la conservation des mares qui
l'est. Le maire peut jouer un rôle d'intermédiaire en envoyant un courrier à ses administrés les informant du projet en cours
et les invitant à manifester leur éventuel désaccord. Quoi qu'il en soit, une cartographie selon un maillage permet de
contourner le problème. C'est probablement la solution la plus simple à adopter, même si le résultat sera moins satisfaisant
: mais il ne s'agit que de la phase de publication...
Bonjour,
je suis d'accord avec Loïc. Il me semble indispensable d'obtenir l'accord des propriétaires. La démarche est lourde mais
logique et je dirais même "éthique". De plus cela participe à la sensibilisation des propriétaires.
Le mieux est peut-être de contacter vos financeurs. En Picardie, la DIREN a développé ce genre de problématique.
Le forum du Pôle-relais Mares a été mis en place en septembre 2007 pour répondre à un besoin des gestionnaires de mares
en terme de mutualisation des expériences, d’identification de problématiques et de partage des savoirs. Or, malgré la
communication assurée autour de son existence, le forum est peu utilisé et son utilisation a même tendance à décliner
depuis le début de l’année. Ainsi, si le forum compte tout de même 100 membres inscrits à ce jour, seuls 148 messages y
ont été postés depuis sa création.
Il est donc nécessaire de se poser la question de l’intérêt de ce forum et de quelle manière il pourrait répondre aux
attentes des gestionnaires. Serait-il par exemple plus cohérent de n’avoir qu’un seul forum regroupant toutes les
thématiques zones humides en France ?
Merci de me faire parvenir vos suggestions et idées à l’adresse mares@maisondelenvironnement.org
Vos contributions seront publiées dans le prochain numéro.
Evolution du nombre de connections sur le forum depuis sa création. Source : © Google Analytics
Au fil des mares… n°4 – printemps 2008 – page 3 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Actualité des Pôles-relais régionaux
Le programme « Réseaux Mares de Bourgogne » a vu le jour
La mutualisation des expériences et des compétences se fera ainsi à l’échelle régionale. Un comité de pilotage réunissant
l’ensemble des acteurs bourguignons (organismes publics, associations naturalistes, représentants des mondes agricoles et
forestiers) validera les démarches méthodologiques et les orientations face aux enjeux régionaux.
Ouvert à tous ceux qui oeuvrent en faveur des mares de la région, le comité de pilotage permettra aussi le partage
d’expériences et de connaissances.
Parce qu’il nécessite l’adhésion de tous, le comité pilotage est encore en cours de constitution. Il devrait être effectif pour
l’automne prochain.
Cette année, c’est la Puisaye qui fait l’objet d’un diagnostic. En effet,
ce petit territoire situé au sud-ouest de l’Yonne se caractérise par ses
petits vallons humides, ses forêts et ses prairies bocagères. D’ores et
déjà, les premiers inventaires ont révélé de belles populations de Triton
marbré et de Triton crêté (CSNB, SHNA). L’étude de la flore et des
habitats naturels a, elle aussi, débuté sur les semis de mares (CSNB,
CBNBP). Ce diagnostic se prolongera ainsi, en 2009, par la restauration
© S. GOMEZ - CSNB
de mares, des conseils auprès des professionnels, des relations avec les
Triton marbré : Les premiers inventaires en Puisaye
propriétaires, la sensibilisation des acteurs et du grand public du
(89) ont permis de recenser les semis de mares
territoire.
abritant le Triton marbré
Vert pays des eaux vives, la Nièvre présente un réseau hydrographique dense autour duquel alternent les paysages de forêts
et de bocages. Les nombreux ruisseaux, rus et sources favorisent la présence de nombreuses mares prairiales. Consciente
des enjeux liés à ces écosystèmes fragiles, la Maison de l’Environnement entre Loire et Allier (Mela) s’est lancée dans un
vaste programme de recensement et d’inventaires des mares afin d’améliorer ses connaissances sur ces milieux particuliers
et prendre des mesures cohérentes de préservation de ces éléments du patrimoine naturel.
A travers son programme de valorisation du bocage de la petite région des Amognes, l’association rencontre tous les
agriculteurs de chaque commune. Ce travail relationnel conjugué aux prospections sur le terrain ont d’ores et déjà permis
le recensement d’une soixantaine de mares prairiales sur deux communes limitrophes.
Au fil des mares… n°4 – printemps 2008 – page 4 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Les principales problématiques rencontrées concernent essentiellement la dégradation des berges par le bétail ou par les
populations de ragondins. Des actions de restauration et de gestion sont déjà prévues sur quelques unes des mares
recensées en concertation étroite avec les agriculteurs volontaires. La pose de clôtures et l’installation de pompes solaires
sont deux solutions envisagées en complément du curage des mares et du tir ou piégeage des ragondins.
Par ailleurs, l’établissement de cartes de localisation des mares à l’échelle communale permet une première visualisation
des maillages très encourageante pour les études à venir sur les communes de ce secteur.
Si les premiers recensements ont déjà été effectués par l’association, il n’en demeure pas moins que la volonté d’agir pour
la préservation des réseaux de mares doit être envisagée à des échelles de territoire plus vastes que la commune.
Aujourd’hui plusieurs associations régionales et locales ont émis le souhait de voir se fédérer un réseau d’acteurs sur les
mares. Ainsi, il sera possible d’associer les efforts de chacun dans une logique commune visant à garantir le maintien des
espèces et des habitats et, d’une manière plus globale, assurer la préservation d’une trame bleue.
La gestion passe aussi par la sensibilisation du public. Mela a participé pour la première fois à l’opération «Fréquence
grenouille », en organisant une sortie sur les mares forestières. Le public était au rendez vous et le succès de cette
première sortie encourage l’association à proposer de nouvelles animations. Pour que la richesse des mares soit enfin
connue de tous.
Contact : Maison de l’Environnement entre Loire et Allier / Magali BOUDEAU - Aude SOUCHET / 2 rue d’Hanoï/ 58000
Nevers / Tél. 03 86 36 02 80 / magali_boudeau@yahoo.fr et aude.souchet@orange.fr
Partout en Bretagne, les amphibiens et les reptiles présentent un fort intérêt écologique et patrimonial. Or le dernier
inventaire a été effectué en 1988. Depuis cette date, beaucoup de facteurs influençant les populations de ces espèces ont
changé, en particulier les paysages, les milieux et la qualité générale de l’environnement. Des questions se posent donc sur
l’état des populations, l’impact de la banalisation des milieux, les effets de la fragmentation des habitats, de la qualité de
l’eau, du réchauffement climatique …
Ces lacunes ont amené Bretagne Vivante et Vivarmor Nature à lancer un nouvel inventaire régional dans le cadre des
Contrats Nature. Ce projet comprendra quatre parties :
• Un atlas des amphibiens et reptiles de Bretagne (Loire-atlantique comprise), sur la base de prospections de terrain
réalisées de 2008 à 2011.
• Un suivi de populations sur des secteurs témoins répartis sur le territoire et dans des milieux différents (bocage,
landes, marais, zones périurbaines …).
• La réalisation de mares à vocation pédagogique à proximité des principaux centres urbains de Bretagne, en
appliquant un cahier des charges respectueux de l’environnement.
• La rédaction de préconisations techniques sur la prise en compte des amphibiens et des reptiles dans les politiques
et les procédures d’aménagement du territoire, et les plans de gestion.
Tous les naturalistes de Bretagne sont invités à participer à cet inventaire qui démarre ce printemps 2008. Les protocoles,
les fiches de terrain et divers documents de référence sont en ligne sur le site Internet de Bretagne Vivante
(www.bretagne-vivante.org).
Au fil des mares… n°4 – printemps 2008 – page 5 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Fiche technique "espèces végétales invasives des mares" : La Crassule de Helms
Synonymie
On la rencontre parfois sous divers synonymes comme Bulliardia recurva Hooker, Crassula recurva (Hooker) Ostenfeld 1918,
Tillaea verticillaris Hooker 1840, Tillaea recurva Hooker, Tillaea helmsii Kirk.
En français, lui sont prêtée des noms comme la Crassule des marais, l’Orpin australien, l’Orpin des marais australien ou
encore l’Herbe folle Pygmée de Nouvelle Zélande.
Description
La Crassule de Helm est une plante stolonifère* amphibie, de la famille des Crassulacées qui possède des tiges pouvant
mesurer jusqu'à 130 cm. Les feuilles parallèles, démunies de pétioles linéaires, recourbées et aigues à leur sommet,
mesurent de 4 à 20 mm de longueur. Chaque nœud peut émettre des racines permettant d’ancrer la plante dans le
substrat. Les fleurs solitaires, de petite taille, se développent au cours de l’été à partir de l’aisselle des feuilles,
uniquement pendant la phase émergée. Elles possèdent quatre pétales de couleur blanche à rosée.
L’aspect de la plante varie selon les conditions de vie. Ainsi, à des profondeurs supérieures à 50 cm, les tiges peu
succulentes peuvent atteindre 130 cm et les feuilles sont regroupées vers le sommet de la tige. Lorsque la profondeur est
plus faible (inférieure à 50 cm), la plante émet davantage de ramifications qui deviennent aériennes au milieu de l’été et
les herbiers se densifient. Enfin, quand l’eau se raréfie, les branches et les ramifications se font plus nombreuses. Les
distances entre les nœuds diminuent et la plante devient plus crassulescentes.
Répartition
La Crassule de Helm est une plante originaire du sud-ouest de l’Océanie, qui se rencontre surtout en Nouvelle-Zélande et
en Australie. Elle fut introduite, pour la première fois en Europe, dès 1911 en Angleterre à partir d’échantillons en
provenance de Tasmanie. Elle y fut ensuite commercialisée, en 1927 en tant que plante oxygénante des aquariums. Les
premières observations de la plante en milieu naturel datent de 1956. Elle a depuis conquis une grande partie du sud de
l’Angleterre et du nord de l’Irlande. Elle est également présente en Allemagne, au Pays-Bas, au Danemark, en Espagne et
en Belgique où elle est inscrite sur la liste noire des espèces invasives. En France, l’espèce est encore assez dispersée dans
la moitié nord de l’hexagone. Elle a été signalée dans quelques plans d’eau des départements de l’Ille-et-Vilaine et du
Finistère, dans des étangs de la vallée de la Scarpe dans le Nord-pas-de-Calais, le Calvados et dans une mare en Seine-et-
Marne.
NB : la Reproduction sexuée n’est pas connue en Europe, la propagation de la plante se fait alors par Hydrochorie.
Au fil des mares… n°4 – printemps 2008 – page 6 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Crassula helmsii – © Yves DOUX – 2008
Au fil des mares… n°4 – printemps 2008 – page 7 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Aspect des populations et sociabilité
La Crassule de Helm forme un tapis dense de végétation à la surface des eaux ou sur le sol exondé grâce à sa grande
capacité de reproduction végétative.
Impacts
Les tapis monospécifiques, formés par la plante, limitent le développement des autres végétaux aquatiques. Elle induit
ainsi une baisse de la biodiversité des zones colonisées. Cela est particulièrement grave quand des espèces rares sont
menacées. La Crassule de Helm exerce également une pression sur les autres espèces des milieux aquatiques comme les
peuplements d’algues microscopiques, les poissons et les amphibiens. Une étude anglaise, montre que la Crassule de Helm
affecte la reproduction des amphibiens. Les tiges de la plante ne conviendraient pas aux tritons qui y déposent leurs œufs.
Les tapis de la plante affectent la lumière qui ne pénètre plus dans la colonne d’eau. Sans cette lumière, la photosynthèse
est impossible. L’oxygène que cette réaction libère normalement disparaît. La respiration des animaux et la dégradation de
la matière organique sont impossibles. On assiste alors à une disparition de la biodiversité et à un comblement accéléré de
la pièce d’eau.
La prolifération de la plante peut aussi obstruer l’écoulement des eaux dans les canaux et les fossés, pouvant causer par
endroit des risques d’inondation.
Enfin les épais tapis de végétation que forme la plante en bordure des plans d’eau, ne permettent plus de visualiser les
berges. Ceci peut occasionnellement entraîner la chute d’animaux ou de jeunes enfants.
L’arrachage manuel
Les tiges de la crassule des étangs étant très fragiles et sa capacité de bouturage importante (un fragment < à 5 mm suffit),
les techniques mécaniques sont déconseillées sur les populations de grande taille. Elles peuvent être réalisées sur de
petites populations en cours de colonisation si toutes les précautions sont prises comme la pause de filet ou de bâche
entourant la station permettant le ramassage des fragments flottants. Le site doit être surveillé tous les 5 à 6 mois et les
opérations de gestion répétées si nécessaire. Ce cycle de travail doit être maintenu pendant 5 ans.
Attention, le manque de précaution peuvent réduire à néant des heures de travaux d’intervention et pire, propager
davantage la plante, en engendrant de nouveaux herbiers.
Lutte biologique
Aucune méthode efficace n’est connue. Si la carpe consomme facilement les pousses éparpillées, elle s’asphyxie dans les
herbiers plus denses.
Lutte chimique
Les gestionnaires anglais ont testé plusieurs substances chimiques. Mais, l’usage de la plupart de ces produits est très
réglementé et des doutes sont émis quant à leur sélectivité. Par ailleurs, certains ont été interdits à l’usage en
France. Les Anglais considèrent cependant que c’est la méthode la plus efficace et souhaiteraient la régulariser pour la
lutte contre les espèces végétales invasives en milieu aquatique ! Ce qui va à l’encontre des préconisations des Agences de
l’Eau.
L’ombrage
Cette méthode consiste à limiter la pénétration de la lumière sur les herbiers de Crassule de Helm. Une bâche ou la
plantation d’une végétation ombrageante peuvent faire l’affaire. Par exemple, jusqu’à 20 m², il faut recouvrir la surface
de l’herbier pendant 10 semaines pour voir les premiers effets.
De manière générale, les mesures de gestion prises contre la Crassule de Helm sont difficilement applicables à la vue des
capacités d’adaptation de la plante. Ces mesures auraient déjà coûté en Angleterre entre 1,45 et 3 millions d’euros pour
gérer 500 sites pendant 2 à 3 ans.
Contacts : Conservatoire botanique national de Bailleul (Antenne Picardie) / Nicolas Borel / 3 place Ginkgo 80044 Amiens /
Tél. : 03 22 89 69 78 / n.borel@cbnbl.org
Conservatoire botanique national du Bassin parisien / Sébastien Filoche / 61, rue Buffon 75 005 Paris / Tél. : 01 40 79 56 47
/ filoche@mnhn.fr
Au fil des mares… n°4 – printemps 2008 – page 8 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
La France des mares : les départements d’Outre-Mer
Guadeloupe
http://histgeo.ac-aix-marseille.fr
Martinique
Les plus importantes zones humides de Guyane française sont localisées le long de la bande côtière. Isolées des
influences océaniques, elles occupent en arrière mangrove des dépressions récentes formées au sein de dépôts
alluvionnaires marins d’origine amazonienne. Depuis l’estuaire de l’Amazone, elles forment une succession d’écosystèmes
lentiques pour lesquels les fleuves d’eau vive sont autant de barrières biogéographiques qui limitent les interconnections
hydrologiques et donc les échanges faunistiques entre ces divers écosystèmes.
Les marais tropicaux formés sur les dépôts sédimentaires amazoniens présentent des caractéristiques (eau
stagnante, très peu minéralisée, hyper-oligotrophe, pauvre en oxygène, pH acide en raison de la présence d’acides
organiques en solution issus de la minéralisation partielle de la matière organique, productivité phytoplanctonique très
réduite) et des variations saisonnières hydroclimatiques et hydrochimiques relativement similaires. En dépit de ces
caractéristiques biogéochimiques très contraignantes et communes, qui constituent des filtres de sélection s’exerçant vis-à-
vis de l’ensemble des espèces présentes dans cette aire biogéographique limitée, on constate d’importantes différences
des peuplements colonisant ces divers marais. Ces divergences résultent à la fois de l’histoire de leur colonisation
biologique et des capacités de dispersion intrinsèque des diverses populations. Constituant à l’échelle régionale une
mosaïque d’habitats, ces marais, peu ou non anthropisés, ont une très grande valeur bio-écologique. Colonisés par des
végétations spécifiques adaptées à des sols hydromorphes et tourbeux ou se développant sur des radeaux de tourbe
flottants à la surface des eaux libres, ils abritent de manière permanente ou saisonnière de nombreuses espèces animales
endémiques et à forte valeur patrimoniale (Cabiaï, Loutre géante,
caïmans et pour les oiseaux : Hoazin huppé, Ardéidés, …).
Paradoxalement, si l’on reconnaît aux plans local, national et
international la richesse biologique de ces zones humides, elles
demeurent très mal connues, tant en Guyane qu’au Brésil, en raison
de leur difficulté d’accès et de la fascination qu’exerce, auprès de la
communauté scientifique et du grand public, la forêt amazonienne.
Ces milieux jeunes et peu productifs, aux équilibres fragiles,
constituent des environnements particulièrement propices pour des
études sur la place de l’histoire et du vivant dans la structuration des
communautés biologiques. Par leur richesse écologique et leur
originalité, ces milieux seront de plus en plus sollicités dans le cadre
de projets de développement éco-touristique. En conséquence, il sera
impératif d’évaluer les effets de ces activités sur l’intégrité © N. de PRACONTAL – Vue aérienne de la réserve naturelle de
écologique de ces milieux, qui en constituent tout l’attrait. Enfin, les Kaw-Roura
divergences de communauté entre des marais géographiquement proches, fruit du hasard et de l’histoire, peuvent inciter à
des introductions volontaires ou involontaires d’espèces qui, dans ce contexte d’équilibre fragile, peuvent être à l’origine
de profonds bouleversements des modes de structuration et donc du fonctionnement de ces milieux.
Parmi les zones humides littorales de Guyane les marais de
Kaw constituent un ensemble écologique remarquable tant par la
richesse biologique de leurs communautés végétales et animales que
par leur superficie (137 000 ha subdivisés en deux secteurs : palustre
de 105 800 ha et marin de 31 500 ha). Cette conjonction a conduit à
leur classement en Réserve Naturelle Nationale en 1998 et, depuis
1993, en « zone humide d’importance internationale
particulièrement comme habitat pour les oiseaux d’eau » (Convention
internationale de Ramsar). Grâce à des financements de la Région
Guyane et en complément des recherches réalisées dans le cadre
d’un chantier du Programme National de Recherches sur les Zones
Humides sur les secteurs les plus accessibles, une plateforme
flottante, accessible uniquement par hélicoptère, a été déposée au
coeur des marais fin 2001 par l’Institut de Recherche et de
Développement (IRD, D. Guiral) sur la mare « agami » très © E. VIDAL – Plateforme scientifique flottante sur la mare
probablement jamais pénétrée et donc non perturbée par l’Homme
et ses activités. Les études réalisées sur ce site ont radicalement modifié la perception de la valeur écologique de ces
marais et confirmé leur importance aux plans national et international.
Au fil des mares… n°4 – printemps 2008 – page 10 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Située à 37 Km au Sud-Est de la presqu’île de Cayenne, la mare « agami » mare hyper-oligotrophe (comme
l’ensemble des marais) renferme de rares éléments nutritifs immobilisés au sein d’une très importante biomasse
macrophytique flottante et immergée dont en particulier diverses espèces d’Utriculaires sympatriques zooplanctonophages.
Elleconstitue une zone de reproduction majeure en Guyane pour de nombreuses espèces d’oiseaux d’eau : le Râle brunoir
(Laterallus melanophaius), le Héron cocoï (Ardea cocoi), le Bihoreau gris (Nycticorax nycticorax), la Grande aigrette (Ardea
alba), l’Anhinga d’Amérique (Anhinga anhinga), le Cormoran vigua (Phalacrocorax brasilianus) et le Savacou huppé
(Cochlearius cochlearius). Enfin, elle est d’une importance mondiale pour un rare héron sud-américain, le Héron agami
(Agamia agami) dont les effectifs ont été estimés sur la mare « agami » à près de 1 500 couples.
Au cours de la saison des pluies, cette héronnière mixte est responsable d’une importante fertilisation des eaux.
Après le départ des oiseaux au cours de la saison sèche et en situation de fort éclairement, ce potentiel nutritif est à
l’origine d’une très forte eutrophisation. Ce nouvel environnement, riche au coeur des marais pauvres *
© T. LUGLIA – Héron cocoï © T. LUGLIA – Grande aigrette © T. LUGLIA – Anhinga d’Amérique © T. LUGLIA – Cormoran vigua
Ardea cocoi Ardea alba Anhinga anhinga Phalacrocorax brasilianus
© T. LUGLIA – Savacou huppé Cochlearius cochlearius © T. LUGLIA – Héron agami Agamia agami
et en voie d’assèchement, est alors essentiel pour la reproduction et l’alimentation de très nombreuses espèces de
poissons. Avec l’arrivée des pluies et la saison des crues, ces derniers se disperseront alors dans l’ensemble des marais
inondés. Au cours de la saison des pluies, après dilution et appauvrissement des eaux, la nouvelle arrivée des oiseaux et les
déplacements effectués pour l’alimentation de leurs
poussins assureront un retour des éléments nutritifs au sein
de cette mare.
Classiquement, un écosystème est défini comme un
ensemble d'espèces ayant développé des relations entre
elles (biocénose) en interaction avec un environnement
physique particulier (biotope). L’étude de ces biocénoses a
très rapidement permis de confirmer l’observation intuitive
que toutes les espèces n’ont pas le même rôle au sein de
l’écosystème et que cette importance n’est pas seulement
dépendante de leur effectif, voire de leur biomasse. En
particulier, certaines espèces reconnues comme « clefs de
voûte », « super-prédatrices » ou « ingénieurs » sont plus
particulièrement importantes car elles structurent et
contrôlent les flux de matière et d’énergie. Cependant,
leur connaissance demeure encore très fragmentaire et
insuffisante pour évaluer leur réelle « valeur
écosystémique ». En conséquence, l’étude de ces
populations constitue une priorité de nature à fournir des
© D. GUIRAL – Schéma simplifié de la structuration fonctionnelle et
trophique de la mare « agami »
Au fil des mares… n°4 – printemps 2008 – page 11 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
arguments tangibles en faveur de leur conservation et des modalités de fonctionnement qu’elles imposent à l’ensemble de
l’écosystème. Malheureusement, dans la plupart des cas, l’importance du rôle de telles espèces n’est évaluée et souvent
visible qu’après leur disparition et par voie de conséquence qu’après l’arrêt des services écosystémiques qu’elles
assumaient.
D’un point de vue biologique et fonctionnel, la mare « agami » héberge diverses espèces de vertébrés à fort
potentiel structurants :
- enfin, en réalisant une fertilisation temporaire par des apports d’éléments nutritifs
allochtones via leurs fientes, l’importante colonie d’oiseaux aquatiques nicheurs peut être
considérée comme une communauté « clef de voûte ». En effet, au sein de marais
© N. de PRACONTAL – Forêt
globalement oligotrophes, la fonction de « nichoir » des arbustes limitrophes de la mare crée
marécageuse à Moutouchis périodiquement un nouvel environnement aquatique à productivité élevée et propice à la vie
Pterocarpus officinalis de multiples autres espèces qui y séjournent plus ou moins durablement.
Des missions réalisées en 2004 et 2005 ont permis de jeter les bases de l’étude présentée ici et de définir les
protocoles et les modes opératoires les plus adaptés pour travailler sur cette colonie. Cette année, ces protocoles ont été
Au fil des mares… n°4 – printemps 2008 – page 12 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
affinés et permettront au cours des trois prochaines années de mener des investigations poussées sur cette espèce au sein
de cette colonie qui, avec près de 1 500 couples, est de loin la plus importante connue à
ce jour.
Le programme de recherches engagé sur le Héron agami comporte quatre grands volets :
- étude de sa biologie et de son écologie,
- compréhension de ses rythmes d’activité et de déplacements,
- identification et caractérisation de son régime alimentaire et des zones
d’alimentation fréquentées,
- son rôle et sa place dans la structuration et le fonctionnement écosystémique de
la mare et dans le rôle de cette mare vis-à-vis de l’ensemble des marais de Kaw.
Au fil des mares… n°4 – printemps 2008 – page 13 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
L’IMEP et le GEPOG qui ont d’ores et déjà engagé ce programme d’études sont actuellement à la recherche de fonds et de
soutiens qui permettraient de réaliser ce projet sur les trois prochaines années.
Les retombées attendues de ce programme sont d’ordre scientifique mais aussi du domaine de la conservation, du
développement local et de la valorisation pédagogique. Leur diffusion sera réalisée, à la fois, à l’échelle internationale par
le biais de publications scientifiques à comité de lecture, de reportages, de films animaliers, mais aussi, à l’échelle locale,
par le biais de conférences et d’animations afin de porter à connaissance les résultats
de ce programme de recherches auprès des élus, des administrations, du monde de
l’éducation, du grand public, des aménageurs et des professionnels du tourisme.
© N. de PRACONTAL – Vue aérienne de la mare « Agami » et de sa forêt marécageuse à Moutouchis Pterocarpus officinalis, Palmier Wassaï Euterpe
oleracea et Palmier bâche Mauritia flexuosa
Au fil des mares… n°4 – printemps 2008 – page 14 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Production des diptères culicidés dans les broméliacées à réservoir de Guyane : influence de la
déforestation et des fourmis
La déforestation dans le bassin Amazonien a des conséquences écologiques majeures comme l’érosion de la biodiversité due
à la destruction des habitats. Outre ces aspects souvent très médiatisés, la déforestation peut aussi (1) engendrer des
nuisances pour les populations humaines locales (ex. explosions démographiques d’insectes hématophages), et/ou (2) avoir
des conséquences négatives sur la santé en augmentant la quantité d’habitats favorables à des espèces vectrices de
maladies infectieuses (moustiques, phlébotomes). La déforestation en Amazonie est principalement liée à l’agriculture et à
la construction d’infrastructures routières. Il est important de quantifier les conséquences de ces modifications des habitats
naturels sur la distribution et la production des insectes hématophages dont certains sont vecteurs potentiels de
pathogènes, mais aussi sur les organismes susceptibles d’exercer une régulation des populations.
Toutefois, A. mertensii pousse de façon spécifique sur les jardins des fourmis Pachycondyla goeldii ou bien Camponotus
femoratus, après que celles-ci l’aient « semée ». Des observations préliminaires montrent que le volume d’eau contenu
dans un réservoir d’Aechmea mertensii (80 ml en moyenne) est 2.26 à 3.78 fois supérieur au volume contenu dans les
réservoirs de broméliacées de forêt primaire proche, comme les Vriesea ou les Guzmania. Ainsi, tout en comparant divers
milieux à broméliacées, il est possible de tester l’hypothèse selon laquelle les jardins de fourmis à A. mertensii augmentent
significativement la quantité d’habitats favorables au développement larvaire des moustiques en milieu déforesté à usage
humain. Les résultats de cette étude pourraient enfin déboucher sur de nouveaux questionnements en matière de gestion
écologique des populations de moustiques en Guyane – Faut-il notamment envisager une simple surveillance ou une gestion
planifiée des populations de Broméliacées à réservoirs ?
Régis Céréghino
Contact : Régis Céréghino / Ecolab / Laboratoire d’Ecologie Fonctionnelle / UMR 5245 / Université Paul
Sabatier / 118 route de Narbonne / 31062 Toulouse Cedex 9 / E-mail : cereghin@cict.fr
Au fil des mares… n°4 – printemps 2008 – page 15 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Martinique
Les mares de Martinique
La Martinique est une île au climat tropical humide, située dans l’Arc des Petites Antilles, dans l’Océan Atlantique. Elle est
recensée parmi les 34 points chauds de biodiversité dans le Monde. En raison notamment de ses 396 espèces arborées, dont
20 % d’espèces endémiques des Petites Antilles, la Martinique apparaît comme l’île la plus riche des Petites Antilles. Cette
diversité est environ trois fois supérieure à celle de la France hexagonale, pour un territoire 500 fois plus petit. L’île de la
Martinique détient à la fois le statut de Région et de Département français. Le Parc naturel régional de la Martinique
couvre les deux tiers de son territoire.
Les mares représentent 80 % des zones humides cartographiées. On peut diviser en deux types les mares à la Martinique, en
fonction de leur salinité : les mares d’eaux saumâtres ou salées et les mares d’eaux douces.
On compte 32 mares d’eau salée ou saumâtre (dont 4 inventoriées soit 13 %) pour une superficie totale de 8,4 hectares et
726 mares d’eau douce (dont 16 inventoriées) pour une superficie totale de 23 hectares réparties pour la plupart dans le
Sud de l’île. Leur caractère artificiel et leur petite superficie (n’excédant pas 1 hectare) leur confèrent une faible
biodiversité.
Au fil des mares… n°4 – printemps 2008 – page 16 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Mais dans leur globalité, la localisation de ces zones dans des
espaces non urbains, et principalement au sein de pâtures très
extensives, isole ces milieux, des menaces majeures que peuvent
représenter notamment l’urbanisation et les cultures. Car même
si ces milieux sont restreints et souvent à l’abandon, ils n’en
demeurent pas moins des lieux de biodiversité.
Contact : Bénédicte Chanteur / Parc naturel régional de Martinique / Domaine de Tivoli / B.P. 437 / 97205
Fort-de-France Cedex / Tél. : 05 96 64 42 59 / E-mail : sig-pnrm@wanadoo.fr
Pour en savoir plus : de nombreux rapports d’études sont disponibles sur le site de la DIREN Martinique
http://www.martinique.ecologie.gouv.fr/rapports.html
Au fil des mares… n°4 – printemps 2008 – page 17 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Réunion
Les petites zones humides de la Réunion
L’île de la Réunion située dans l’océan Indien dispose d’un réseau hydrographique radial très dense. Si quelques grands
étangs littoraux constituent les principales zones humides de l’île, de nombreuses petites zones humides encore mal
connues participent à sa biodiversité et à son attrait paysager.
La Typologie
Un inventaire patrimonial de 27 petites zones humides réalisé en 2003 a permis
de dégager une typologie originale et mis en évidence l’intérêt patrimonial de
ces mares et bassins. Trois types de zones humides ont été distingués .Ce sont
tout d’abord les zones assimilables aux « zones humides de montagne, collines et
plateaux » où sont classés les mares d’altitude, les marais d’altitude et les lacs
de cratères. Les mares littorales constituées par des accumulations d’eau de
ruissellement en arrière du cordon littoral sont assimilables aux « marais et
lagunes côtiers ». Enfin les mares alluviales assimilables aux « bordures de cours
d’eau » sont constituées par des effleurements de la nappe alluviale.
© G. PAHIN
Piton de l’eau
Les menaces
Différents types de menaces concernant les petites zones humides ont été identifiés. Ce sont des risques de comblement
pare éboulement qui concernent une grande partie de l’île. L’influence anthropique est également un facteur majeur de
dégradation qui obère sérieusement l’avenir des petites zones humides de l’île. On peut citer la surfréquentation de
certains sites par le public, une gestion inadaptée des ressources et du territoire (l’élevage extensif, la mise en culture
ainsi que le braconnage).
Ces sites et les écosystèmes qu’ils abritent sont grandement fragilisés du fait de leur faible nombre, de leur petite taille, et
de la multiplicité des agressions qu’elles subissent ou peuvent subir. Ce sont des refuges uniques pour certaines espèces
faunistiques ou floristiques. Leur altération entraînerait la disparition de certaines espèces endémiques et rares.
Elles méritent de ce fait une prise en considération urgente de la part des décideurs, pour la mise en place d’une politique
de gestion adaptée.
Contact : Jean-Pierre Mathé / DIREN Réunion – SEMA / Chargé de mission pêche et milieux aquatiques / Parc de la
Providence / 12 allée de la Forêt / 97400 SAINT DENIS / Tél. 02 62 94 72 44 / jean-pierre.mathe@developpement-
durable.gouv.fr / site : http://www.reunion.ecologie.gouv.fr/
Au fil des mares… n°4 – printemps 2008 – page 18 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Guadeloupe
Historique et intérêts économiques, sociaux et culturels des mares de Guadeloupe
Les mares font partie intégrante du patrimoine naturel, historique et culturel de la Guadeloupe. Autrefois, elles
remplissaient trois rôles essentiels : approvisionnement de la population en eau, abreuvement et prélèvement en eau pour
les usages domestiques.
Face aux problèmes d'hygiène et au développement de l'adduction de l'eau potable et de l'eau d'irrigation, de nombreuses
mares ont été abandonnées et ont disparu par comblement volontaire ou atterrissement naturel. Ces milieux de vie sont
essentiellement utilisés aujourd'hui pour l'abreuvement du bétail et l'arrosage des cultures d'autoconsommation,
notamment dans les parcelles éloignées des corps de ferme ou des systèmes d'adduction d'eau. Cependant d'un point de vue
agricole, les mares sont aussi des éléments de "confort" pour le bétail et sont, à ce titre, conservées même dans des
pâtures bénéficiant d'une adduction d'eau. Aussi ce système permet de limiter les coûts en eau agricole en saison humide et
en saison sèche selon le degré d’assèchement.
Autrefois, elles étaient fortement utilisées pour l'alimentation humaine, pour les besoins domestiques et sanitaires. En
effet avant la fin des années 60, période à laquelle l'eau courante a commencé à arriver en Grande-Terre, beaucoup de
personnes vivaient dans des petites cases en bois et en feuilles de tôle et n'avaient pas la possibilité de construire de
citerne. Le moyen de stockage de l'eau le plus répandu était donc la mare, près des habitations. On retrouvait dans chaque
section une ou deux ma a boi (mares à boire) qui faisaient l’objet d’une attention particulière. Personne n’avait le droit d’y
pénétrer et pour s’y abreuver, les habitants montaient sur une grosse roche installée à proximité de la mare, y plongeaient
une calebasse reliée à une lance de 2 à 3 m (chass pen) qu’ils remplissaient d’eau, déversée par la suite dans un seau en
arrière. Pour éviter que quiconque ne pénètre dans ces mares, on installait tout autour des plantes buissonnantes et
épineuses. Ces eaux étaient consommées par les populations, sans aucun traitement préalable. Ces points d’eau étaient
respectés et faisaient l’objet de grands curages tous les 5 à 10 ans en moyenne. Lors de ces opérations, tous les hommes du
secteur sans exception participaient au nettoyage de la mare. La boue qui s’était entassée au fond des mares était disposée
en anneau autour en prenant soin de ne pas boucher la zone d’écoulement préférentielle des eaux de ruissellement. Un
monticule d’argile était constituée au centre de la mare. Au fil du temps, l’argile se répandait sur le fond de la mare et le
tapissait, renforçant ainsi l’imperméabilité du sol (Communication personnelle, M. ALIE).
Concernant Marie-Galante, petite île plate et ronde, au sol calcaire et aux pluies irrégulières, les points d’eau sont assez
peu nombreux. Le recours au creusement de mares et à la construction de puits, de citernes ou de bassins était donc
fréquent et le reste encore de nos jours bien que des systèmes de forage dans la nappe phréatique permettent
l’alimentation en eau potable de l’île depuis 1979. Cependant, beaucoup de foyers ne sont toujours pas raccordés au
réseau (Communication personnelle Mme GUTRON, Générale des Eaux).
En plus de ces fonctions utilitaires, certaines mares ont une importance culturelle. Il s'agit notamment de la mare au punch
à Grand-Bourg de Marie-Galante. Les évènements à l’origine de l’appellation du lieu sont généralement situés en mai 1848,
lors de la seconde abolition de l’esclavage, ou en juin 1849, avec les premières élections législatives aux Antilles. A cette
occasion, les esclaves auraient déserté les habitations et déversé dans cette petite mare asséchée des milliers de litres de
rhum et plusieurs tonnes de sucre, faisant de cette étendue d’eau un gigantesque punch, dont la réalisation attira tous les
anciens esclaves de Marie-Galante, qui y festoyèrent durant trois jours et trois nuits. On distingue également la mare de
l’habitation Murat à Marie-Galante, située au nord-ouest de l’habitation, à proximité de l’enclos à animaux et des cases à
nègres, derrière la maison de maître. Son eau était utilisée pour les besoins domestiques des esclaves et pour abreuver les
animaux. Aujourd’hui, elle n’est plus utilisée pour son eau mais est conservée en tant que site historique et touristique au
même titre que la mare au punch.
L’étang Besnard, plan d'eau sans doute naturel situé sur l’habitation du même nom à Petit- Canal, a joué un rôle important
dans cette partie du Nord Grande-Terre jusqu’aux années 1960, au cours desquelles se mettent en place les premières
adductions d’eau. Pendant la période de sécheresse, les habitants de tous les hameaux alentour venaient s’y
approvisionner. Tirées par des boeufs, les charrettes, où l’on avait disposé fûts métalliques ou futailles à rhum, formaient
des convois imposants. En août 1872, la sécheresse semble avoir été exceptionnelle, comme le rapporte le bulletin agricole
de la Gazette officielle de la Guadeloupe du 27 septembre : « La campagne souffre énormément du sec. Toutes les mares
sont sèches à l’exception de celle de l’habitation Bénard qui fournit de l’eau même à une partie de la population de l’Anse-
Bertrand ». L’imaginaire local explique cette préservation de la réserve de l’étang par la présence d’un manman dlo : une
sirène (Le patrimoine des communes de la Guadeloupe. 1998. FLOHIC éditions).
Ces points d’eau avaient également un rôle social non négligeable. En effet, la mare était un lieu où on pratiquait la chasse
et la pêche. C'était également un lieu de rencontres et d’échanges entre transporteurs d’eau, paysans et lavandières. Les
mares étaient également associées à des lieux de jeu mais aussi de prélèvement de végétaux qui en peuplaient les abords,
pour les thés et les bains. Au cours du XVIIIème siècle, beaucoup de mares ont été construites à proximité des moulins et
étaient utilisées pour la fabrication du sucre et du rhum. Par la suite, elles ont été associées aux distilleries. C’est
notamment le cas de la distillerie Babin à Anse-Bertrand (Opération pilote de réhabilitation des mares, rapport de
synthèse, Chambre d’Agriculture de la Guadeloupe, décembre 1999).
Ce texte est extrait du rapport "Etude et recensement des mares et des canaux en Guadeloupe" réalisé par Caraïbes
Environnement en 2001 pour la DIREN Guadeloupe. Il est disponible dans la base de données bibliographique du Pôle-relais
sous la référence 590 et sur le site de la DIREN Guadeloupe http://www.guadeloupe.ecologie.gouv.fr/
Au fil des mares… n°4 – printemps 2008 – page 19 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Publications récentes
Tin Ta Mare n° 15
Groupe MARES du Nord – Pas de Calais
Actualités scientifiques
Species detection using environmental DNA from water samples
Par G. F. FICETOLA, C. MIAUD, F. POMPANON & P. TABERLET
Biology Letters – 2008 – doi:10.1098/rsbl.2008.0118
Au fil des mares… n°4 – printemps 2008 – page 20 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Appel à données
Appel à données bibliographiques
Vous pouvez donc nous envoyer tout travail relatif aux mares ou aux mouillères (plaquette, rapport d’étude, rapport de
stage, rapport technique, brochure, bulletin, livre…) soit sous forme papier, soit sous forme électronique (document PDF),
soit les deux afin que nous l’intégrions à la base de données. Merci d’essayer (dans la mesure du possible) de nous fournir
une version électronique du document, ceci facilitant grandement sa diffusion dans les réseaux et aux personnes
demandeuses.
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Au fil des mares… n°4 – printemps 2008 – page 21 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France