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GODEL Claire
FIF 15ème Promotion 2004-2007 Jeudi 12 Juillet 2007
MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDES
FORMATION DES INGÉNIEURS FORESTIERS
GODEL Claire
FIF 15ème Promotion 2004-2007 Jeudi 12 Juillet 2007
FICHE SIGNALETIQUE D’UN TRAVAIL D’ELEVE(S) FIF
Caractéristiques : nb.vol./nb.pages/fig./annexes/plans/cartes/biblio./etc...
Premier document relié : Rapport : 69 p. / Annexe I : 1p. / Annexe II : 1p.
Deuxième document relié : Annexe III : 120 p.
Troisième document relié : Annexe IV : 92 p.
CADRE DU TRAVAIL
Ce rapport a été rédigé en parallèle avec deux plans de gestion pour des sites du Conservatoire du
Littoral. Ces documents sont présentés en annexe du rapport. Les Collines de Cavalière et les Petites Maures
sont deux sites forestiers situés sur la façade littorale du massif des Maures (Var – 83). Le rapport présente le
contexte dans lequel ont été rédigé leurs programmes de gestion, c’est-à-dire le contexte de la forêt
méditerranéenne et du fonctionnement spécifique du Conservatoire du Littoral. Ensuite il explique comment
le travail sur les deux sites s’est déroulé, les difficultés, les solutions et les remarques qu’il a suscités. A
travers cette expérience de terrain, il montre que l’approche de gestion du Conservatoire du Littoral, qui n’est
pas un organisme forestier, peut être bien adaptée à la forêt méditerranéenne.
Summary
This document is the report of a 6 month-long training period. The purpose of the training period
was to etablish two management plans for forests owned by the Conservatoire du Littoral along the french
riviera.(Var), in the costal mountains les Maures. These two management plans are joined in the annexes.
The two sites are located in a particular context due to the special conditions of the mediterranean forest and
the unusual way the Conservatoire du Littoral – it is not a forest management organism - deals with forest.
After presenting this situation, the report explains how the work has been lead : it analyses its difficulties, the
way we tried to solve them and it proposes some reflexion about particuliar things it pointed out of this field
experience in mediterranean forest. Althought the Conservatoire is not a forest organism, the way it deals
with mediterranean forest in these two sites seem to be well apropriated.
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier particulièrement toute l’équipe du Domaine du Rayol qui m’a accueillie et
logée pendant toute la durée de mon stage. Grâce à cet accueil, j’ai pu bénéficier d’un environnement
particulièrement bénéfique pour mon travail et vivre six mois dans un jardin et un site fantastique.
Merci à :
Merci au Conservatoire du Littoral, M. Desplats et toute l’équipe de la délégation PACA, pour m’avoir
prise en stage et m’avoir donné l’occasion de travailler sur des sites grandioses, et à tous ceux qui ont fait
que la rédaction de ces plans de gestion se passe bien.
Le sujet du stage était la rédaction de plans de gestion pour deux sites forestiers du
Conservatoire du Littoral dans le département du Var :
Ce mémoire de fin d’études vient compléter la production pour l’organisme de stage afin de
satisfaire au projet pédagogique de la Formation des Ingénieurs Forestiers. Il développe des thèmes
abordés pendant le stage et s’appuie pour illustrer son propos sur les deux documents de gestion placés
dans les annexes III et IV. Ils sont indissociables du contenu de ce rapport.
Avant-propos 9
Introduction 11
I.1.1. Organisation 14
I.1.2. Domaine d’intervention et patrimoine 15
III.3.1. Des « plans de gestion » incomplets mais des états des lieux et des bases
de réflexion solides 59
III.3.2. Cas de la Gaillarde : des propositions de gestion semblant « simples » mais complexes
à mettre en place 59
III.3.3. L’importance de l’aspect humain 60
CONCLUSION GÉNÉRALE 63
Bibliographie 66
Contacts 68
Divers
Ce mémoire de fin d’études a été réalisé dans le cadre d’un stage FIF de troisième année de 6
mois du 21 janvier 2007 au 21 juillet 2007. L’organisme d’accueil est le Conservatoire de l’Espace
Littoral et des Rivages Lacustres et plus précisément la Délégation Provence Alpes Côte d’Azur dont le
délégué régional, M. Christian DESPLATS, était le maître de stage. Le correspondant pour l’ENGREF
était M. Gérard FALCONNET.
Réalisation du plan de gestion du site des Petites Maures –Vallon de la Gaillarde (Roquebrune-sur-
Argens – Var) et du plan de gestion du site des Collines de Cavalière (Le Lavandou – Var). Etude de
la dynamique de la végétation post-incendie.
La deuxième partie (étude de la dynamique de la végétation) n’a pas été traitée lors du stage, le
temps de travail étant largement occupé par les deux plans de gestion.
Le problème posé qui découle de l’intitulé du stage se comprend comme :
Établir un programme de gestion pour des terrains forestiers dans un contexte particulier :
• Propriétés du Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres
• Terrains situés en zone méditerranéenne et plus précisément dans la zone littorale du Massif
des Maures (Var – 83).
Ce problème concret a servi de support pour la rédaction de ce mémoire de fin d’études. Les deux
travaux ont été menés de front à partir du troisième mois du stage car il s’est avéré qu’ils se complétaient.
Les plans de gestion me mettaient face à des situations et à des problèmes auxquels je n’avais jamais été
confrontée auparavant et qui avaient été peu abordés durant la formation : ils fournissaient le support
« expérimental » du rapport de stage. Le rapport de stage m’obligeait à prendre du recul, à me documenter
sur le fonctionnement des organismes, du contexte en général et ces connaissances m’ont ensuite resservi
pour la réalisation des plans de gestion.
La difficulté était de sortir de la simple description de la situation et de mon travail sur le terrain
pour trouver un fil directeur liant les différents aspects abordés : la forêt méditerranéenne, le contexte
méditerranéen en lui-même, le Conservatoire du Littoral, la protection du littoral, la gestion… J’ai donc
essayé de cerner dans ce rapport quelques idées fortes de cette expérience : pourquoi j’ai trouvé que le
problème qui m’était posé était particulier, quelles étaient les principales difficultés, quelles solutions ou
pistes de réflexion pouvaient être proposées.
J’espère que cette expérience incitera d’autres étudiants à venir travailler en forêt méditerranéenne
ou à découvrir le Conservatoire du Littoral qui est un organisme auquel les forestiers ont toujours été liés
quelque part et avec lequel ils peuvent créer une complémentarité enrichissante pour tout le monde.
Introduction
Le Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres est un établissement public dont la
mission est de protéger le littoral par l’acquisition foncière. Depuis 1975, il acquiert des espaces naturels
remarquables du littoral pour en assurer la protection définitive. Ceux-ci entrent dans le patrimoine
commun de la Nation pour être transmis aux générations futures, mais pas à la manière d’un musée qui les
protège en interdisant leur accès et en bloquant leur évolution. Pour le Conservatoire, « conserver est un
verbe actif », il ne se résume pas à une mise sous cloche, le public et les acteurs locaux doivent participer
à la vie du site puisque c’est leur patrimoine. Pour réaliser ces objectifs, le Conservatoire a été doté par le
législateur d’un fonctionnement original : les terrains acquis sont confiés en gestion aux collectivités
locales. Le programme de vie de chacun des sites est établi en concertation avec tous les acteurs
concernés. Les objectifs de gestion poursuivis sont la conservation d’écosystèmes naturels fonctionnels, la
préservation du paysage et du patrimoine culturel et historique des sites et l’ouverture au public dans la
limite des deux objectifs précédents.
Le Conservatoire du Littoral est très présent sur le littoral méditerranéen. En région Provence-
Alpes-Côte d’Azur, plus de 30 000 hectares dont 100 km de rivages répartis sur 60 sites étaient ainsi
définitivement protégés au 1er janvier 2007. Au sein de ce patrimoine, la forêt tient une place importante.
Le Conservatoire est donc devenu, à travers son action de protection du littoral, un propriétaire forestier
important, et qui applique à la forêt méditerranéenne le même raisonnement qui a fait son succès sur le
littoral.
Pourtant la forêt semble très différente du littoral, elle a une longue tradition de protection et de
gestion qui a fait ses preuves elle aussi. Néanmoins la forêt de la zone méditerranéenne est un cas
particulier : l’homme y a toujours pratiqué de nombreux usages, elle représente un patrimoine biologique
inestimable, elle constitue une composante essentielle du paysage et une part de l’identité culturelle et
historique des populations locales, elle est soumise à de nombreuses menaces et perturbations. La gestion
forestière doit s’adapter à ces particularités. En y regardant bien, la forêt méditerranéenne est un
patrimoine naturel et humain tout comme le littoral et qui souffre de menaces proches.
Dans une première partie, nous présenterons le Conservatoire du Littoral en expliquant son
fonctionnement, les outils de protection dont il dispose et ses objectifs. Dans une deuxième partie nous
expliquerons le contexte des deux sites étudiés, qui ont la particularité de rassembler la plupart des
problématiques de la forêt méditerranéenne. Pour mieux comprendre pourquoi la forêt méditerranéenne
représente un patrimoine à préserver, tout comme le littoral dont elle partage de nombreuses
problématiques, nous commencerons par présenter les zones méditerranéennes au niveau mondial. Enfin
dans une troisième partie, nous expliquerons la démarche de gestion du Conservatoire et verrons son
application lors du travail du stage, puis nous discuterons des difficultés et des résultats obtenus.
Les littoraux sont des espaces qui ont de tout temps attiré les populations humaines :
interfaces entre terre et mer ils concentrent voies de transport, de communication, ressources de la mer
et de la terre, climats et sols parfois plus favorables. Mais ils étaient aussi considérés comme des
endroits malsains (marais, lagunes) et dangereux (dangers naturels mais aussi raids de piraterie) ce qui
freinait leur développement.
L’espace littoral est difficile à définir. Il peut être proposé une définition géographique : la
zone de terre à partir de laquelle la mer est visible et son influence sensible, et la zone de mer de
laquelle la côte peut être vue distinctement. Le littoral est donc une frange linéaire de côte associée à
une frange linéaire de mer. Pour la France métropolitaine, ce linéaire représente près de 5 500 km.
Pourtant, cet espace aussi important a tardé à bénéficier d’une véritable politique d’aménagement.
I.1.1. Organisation
Conseil scientifique
• Composition pluridisciplinaire, capacité Directeur du Conservatoire du Littoral
d’expertise et d’évaluation Exécution des décisions du Conseil, organisation et
Consultation et propositions fonctionnement général de l’établissement.
Est saisi pour avis sur les grands dossiers en Nommé par décret.
cours et les évolutions prévisibles.
9 Conseils de Rivages
• Représentants des régions et des départements 9 Délégations régionales
• Un président qui siège au CA Actions locales, acquisitions, suivi de gestion et
• Un conseil pour chaque façade littorale d’aménagement des sites.
Instances de consultation et propositions
Donne leur avis sur les acquisitions, les programmes de
gestion et les projets de partenariat.
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3
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I.2.2. Budget
Le budget annuel du CEL est de l’ordre de 40 millions d’euros. Plus de 30 millions sont
consacrés à l’acquisition et l’aménagement des sites. Le plus grande part de ce budget (35 millions
d’euros en 2007) est fournie par l’Etat. Depuis le 1er janvier 2006, celui-ci attribue au Conservatoire le
produit du droit de francisation et de navigation des navires.
Les collectivités locales et l’Europe participent également. Certains départements affectent
une partie des revenus de la taxe départementale aux espaces sensibles à la gestion des terrains du
Conservatoire. Des fondations d’entreprises et des mécènes particuliers apportent des contributions
volontaires notamment dans les domaines de l’éducation, de la recherche et des études scientifiques.
Par exemple, la collection Les Cahiers du Conservatoire du Littoral rassemblant des études et des actes
de colloques est éditée avec le concours de la fondation d’entreprise Procter & Gamble France pour la
protection du littoral.
Le Conservatoire peut recevoir des dons en espèce et des donations. L’Etat accorde des
avantages fiscaux aux particuliers souhaitant aider le Conservatoire : depuis 1995, celui-ci a le droit de
recevoir des terrains grâce à une dation en paiement qui permet au donateur de s’acquitter ainsi de
certains impôts (ISF, droits de succession). A l’origine, cette procédure avait été créée pour faire entrer
des œuvres d’art dans le patrimoine national.
Le programme d’acquisition est défini par le Conseil d’Administration, après consultation des
Conseils de Rivages concernés (Voir Figure 2). Les communes sont systématiquement consultées sur
les projets d’acquisition qui les concernent. Le Conservatoire a également établi une cartographie et
une hiérarchisation de l’espace littoral à protéger et acquérir.
Lors du trentième anniversaire de création de l’établissement en 2005, une stratégie à long
terme a été approuvée. Le Conservatoire s’est fixé qu’à l’horizon 2050, il aura permis la protection
d’un patrimoine de 200 000 hectares sur le littoral métropolitain et 70 000 hectares dans les
départements d’Outre-Mer soit 20 % du linéaire côtier. Complété par les forêts domaniales et les
Espaces Naturels Sensibles des départements, cela permettra de sauvegarder définitivement le « tiers
sauvage » du littoral français.
Le législateur a doté le Conservatoire du Littoral de toutes les procédures publiques pour acquérir un
terrain :
• A l’amiable : les transactions à l’amiable ont toujours été privilégiées. Elles constituent plus
de la moitié des acquisitions de ces dernières années. Le prix proposé par le Conservatoire est
fixé après évaluation par le Service des Domaines. 80 % des acquisitions ont lieu « à
l’amiable ».
• Par préemption : elles sont possibles dans des zones littorales définies par les départements (ce
sont eux qui sont l’échelon réglementaire compétent pour la protection des milieux naturels)
ou par le Conservatoire selon un dispositif spécifique issu de la loi de 2002. Les notaires ont
alors l’obligation de notifier de toutes les mises en vente d’immeubles réalisées dans ces
zones, c’est-à-dire en informer le Conservatoire et lui indiquer le prix de vente. Le
Conservatoire choisit alors de se porter acquéreur, dans ce cas les autres acheteurs potentiels
sont évincés. Si le prix annoncé lui semble injustifié, il propose une autre offre. Si aucun
accord n’est trouvé, le Conservatoire peut demander à un juge de fixer le prix. Une fois ce prix
arrêté, il peut choisir de le refuser. Pendant toute cette procédure, le vendeur peut choisir de
retirer son offre.
• Par expropriation dans le cadre d’une Déclaration d’Utilité publique. Elles constituent des
exceptions mais sont utilisées en cas de force majeure. Exemple : Les Salins d’Hyères, les
Etangs de Villepey. Les Petites Maures constituent un cas particulier, la DUP ayant pour but
de rassembler une unité territoriale de gestion cohérente.
Le Conservatoire peut également intervenir par une servitude de protection. Cela constitue un
démembrement du droit de propriété : le Conservatoire assure la protection du bien sans en acquérir le
fond. Celle-ci est surtout développée en Normandie.
L’Etat peut choisir d’affecter au Conservatoire du Littoral des terrains de son domaine privé.
Le Ministère de la Défense est particulièrement concerné.
Enfin le Conservatoire peut recevoir des dons et des legs. La première donation, en 1977, a été
le Domaine Foncin à Cavalaire.
En fait, le Conservatoire du Littoral est un agent foncier comme les autres, sauf que lui
n’achète pas pour revendre.
Quatre critères de motivation principaux peuvent décider le Conservatoire du Littoral à intervenir sur
un site.
• Le site est dans une situation de très forte pression foncière ; malgré des réglementations il
reste menacé, par exemple par une urbanisation diffuse. Exemple : les Petites Maures.
Les propriétés du Conservatoire du Littoral font partie du Domaine de l’Etat français. Leur
réglementation est définie dans le code général de la propriété des personnes publiques.
Les terrains acquis et entrés dans le domaine propre du Conservatoire de l’Espace Littoral et
des Rivages Lacustres sont inaliénables. Cela constitue un dispositif de protection très puissant.
Lorsqu’un lot de terrain est acquis par le Conservatoire, il entre dans le domaine de l’Etat. Le Conseil
d’administration fait ensuite un tri s’il s’avère que certaines parcelles ne correspondent pas aux critères
et objectifs de l’établissement. Elles peuvent être revendues. Celles qui sont conservées entrent alors
dans le domaine propre du Conservatoire du Littoral.
Les revenus de toute nature produits par les sites attribués au Conservatoire sont perçus selon
les conventions de gestion et d’attribution par l’organisme gestionnaire du site ou par le Conservatoire
à défaut de gestionnaire. Ces revenus doivent obligatoirement être utilisés pour financer la gestion du
site.
Le Conservatoire ou l’organisme gestionnaire adresse chaque année un bilan des actions
menées sur le site au Préfet. Le Préfet peut mettre fin à la convention d’attribution avant sa date
d’expiration en cas de faute de l’attributaire (le CEL ou l’organisme gestionnaire) ou pour des motifs
d’intérêt général.
L’objectif prioritaire de l’intervention du Conservatoire du Littoral sur un site est « le respect des sites
naturels et de l’équilibre écologique ». Cela se traduit par :
• Préserver, restaurer, ou améliorer la biodiversité.
• Préserver le paysage, le caractère du site et le patrimoine littoral (historique, culturel,
paysager).
Fig. 5 :
Le Domaine
du Rayol.
Un site
atypique qui
combine
valeur
paysagère,
écologique
et
historique,
ouverture au
public et
pédagogie.
Ceux-ci concernent la contribution au développement durable et à la recherche ainsi que les actions
pour sensibiliser le public à la protection du littoral : missions de communication et de pédagogie.
Les conditions et modalités de gestion des sites du Conservatoire du Littoral ont été redéfinies
dans la loi du 27 janvier 2002 et le décret du 29 août 2003.
Depuis la création du Conservatoire, la volonté du législateur était que l’acquisition et
l’aménagement du site soit du ressort de l’établissement tandis que sa gestion (entretien, surveillance,
accueil du public) soit confiée en priorité à une collectivité territoriale sur laquelle est située le site.
Cette répartition des tâches s’inscrit dans la politique de décentralisation contemporaine de la création
du Conservatoire. La gestion peut aussi être confiée à un établissement public ou à une association
agréée. Il n’est pas rare d’observer des partenariats entre les différents organismes gestionnaires
précédemment cités : par exemple les communes délèguent souvent certains domaines spécifiques de
gestion à des associations ou des organismes techniques (Office National des Forêts entre autres).
Ce choix était très audacieux car les collectivités locales étaient souvent en association étroite
avec les promoteurs immobiliers. Mais c’était aussi le moyen le plus sûr de les associer à la démarche
et d’espérer faire changer rapidement les mentalités.
Les agents de gestion du littoral sont choisis par le Conservatoire du Littoral en accord avec le
gestionnaire. En cohérence avec les principes de décentralisation et de partage des tâches, ils sont
employés et payés par le gestionnaire mais assurent des missions pour le Conservatoire. Ils appliquent
la gestion décidée par le CEL en concertation avec le gestionnaire. Ces fonctions peuvent constituer un
emploi à plein temps ou à temps partiel. A la suite d’une formation d’une semaine environ, les gardes
reçoivent leur assermentation. Ils ont un mandat de trois ans. Les gardes cumulent souvent la fonction
de garde avec leur emploi d’origine : jardinier, gardien, employé communal.
Une association les regroupe. L’effet de corporation fonctionne bien.
Fig. 7 : Visite de scolaires animée par le Garde du Littoral. Site de Cap Taillat
Le képi et l’uniforme ne sont pas officiels, ils ont été créés par le garde lui-même.
Photo C. Godel
Christian DESPLATS
Délégué régional
Mission foncière – Programmation – Management
(Suivi spécifique Var et Alpes Maritimes) Maître de stage
Roger ESTEVE
Délégué régional adjoint
Aménagement – Gestion – Programmation
(Suivi spécifique Bouches-du-Rhône et Lacs alpins)
Fabrice BERNARD
Coopération méditerranéenne
Lors de mon stage, j’ai pu me rendre sur différents sites du Conservatoire du Littoral :
Le Domaine du Rayol (19 ha) : un jardin paysager sur 7 ha, patrimoine bâti, gestion du
milieu marin, accueil du public, géré par l’Association du Domaine du Rayol.
La Corniche des Maures (102 ha) : côte rocheuse et forêt méditerranéenne, géré par la
commune de Cavalaire et l’ADORA.
Cap Taillat : côte rocheuse, maquis, plages, géré par le Conservatoire des Espaces et
Ecosystèmes de Provence et la commune de Ramatuelle.
La Presqu’île de Giens (107 ha) : côte rocheuse, maquis, géré par la commune de Hyères.
Le Parc National de Port Cros (271 ha) : une île classée en Parc National.
Les Collines de Cavalière (83 ha) : forêt méditerranéenne, anciennes zones agricoles, géré
par la commune du Lavandou.
Le Vallon de la Gaillarde – Les Petites Maures (518 ha) : forêt méditerranéenne, géré par
la commune de Roquebrune-sur-Argens et le SIVOM du Pays des Maures et du Golfe de
Saint Tropez.
Ce bref aperçu donne une idée de la diversité des sites, des problématiques traitées, de leurs
gestionnaires. Avec cet échantillon de 7 sites, le Conservatoire doit traiter avec 6 communes
différentes, un Parc National, une association, une intercommunalité, sans compter tous les usagers
des sites.
Dans le cadre de mon stage, je devais réaliser les plans de gestion des sites des Petites Maures
–Vallon de la Gaillarde (518 ha) et les Collines de Cavalière (83 ha), qui sont des zones à dominante
forestière. C’est pour cela qu’il était intéressant pour le Conservatoire d’accueillir en stage un élève
ingénieur forestier.
Comme toute cette première partie l’explique, le Conservatoire du Littoral n’est pas un
propriétaire forestier à la base. Mais en région méditerranéenne particulièrement, la forêt fait partie
intégrante du paysage, du littoral même, surtout dans les zones de côtes rocheuses. Aujourd’hui, le
Conservatoire possède environ 16 000 hectares de forêts, garrigues et maquis méditerranéens répartis
entre le Languedoc-Roussillon, la région PACA et la Corse.
Or si le littoral est un patrimoine complexe, la forêt méditerranéenne n’est pas en reste. Il
avait même été évoqué à la suite des grands incendies de 1990 la création d’un Conservatoire de la
Forêt Méditerranéenne sur le modèle de celui du Littoral. Finalement, le projet a été abandonné, il
n’en est resté qu’une ligne budgétaire au Ministère en charge de l’Agriculture. On peut alors se
demander si le Conservatoire du Littoral, avec sa philosophie et son fonctionnement, n’est pas en
mesure d’assurer une part de cette fonction sur les terrains qu’il acquiert.
Dans une deuxième partie, nous allons présenter la forêt méditerranéenne et ses particularités
en s’appuyant sur les deux sites étudiés.
3
1
2 4 5
Fig. 11 : Planisphère montrant les 5 régions mondiales où l’on retrouve le climat méditerranéen.
1 : Californie 2 : Chili 3 : Bassin méditerranéen
4 : Afrique du Sud 5 : Australie Source : Google® image
Le climat méditerranéen se caractérise avant tout par un été chaud avec une sécheresse bien
marquée sur plusieurs mois et un hiver doux avec des précipitations régulières. Les gelées sont rares.
On peut presque parler comme pour le climat tropical de saison humide et de saison sèche. Ces
caractéristiques se retrouvent dans les diagrammes ombrothermiques des deux sites étudiés (voir
figure 12).
Des étages de végétation spécifiques à la zone méditerranéenne ont été définis (figure 12).
100 50
températures à la
Températures (°C)
Précipitations même période
80 40 moyennes (mm)
(observée si
(mm)
60 30 l’échelle des
Températures précipitations vaut
40 20 Moyennes le double de celle
(°C)
des températures)
20 10 sont caractéristiques
du climat
0 0 méditerranéen.
J F M A M J J A S O N D
P<2T →sécheresse
Altitude
Ubac Adret
Fagus sylvatica
Montagnard
1100 m
Supraméditerranéen 750 m
Pinus halepensis
0m Thermoméditerranéen
L’action d’un organisme tel que le Conservatoire du Littoral est particulièrement intéressante
et justifiée en milieu méditerranéen. Il a ainsi organisé et participé au colloque international de Hyères
en 1995 sur le thème « Utiliser les politiques foncières pour la protection du littoral méditerranéen ».
Ce colloque prenait place dans le cadre du plan d’action pour la Méditerranée (PAM, 1975). En effet,
si le PAM était à l’origine principalement axé sur les problèmes de pollution marine, depuis 1994
(conférence de Tunis) il a développé un axe de recherche sur la gestion et l’aménagement des zones
littorales.
Le bassin de la Méditerranée est la région biogéographique qui a subi les plus grandes pertes
de biodiversité en ce qui concerne les vertébrés supérieurs depuis le début du Néolithique. Le taux
d’espèces disparues est comparable à celui d’îles comme les Mascareignes (île Maurice, Réunion). La
différence est temporelle : dans le bassin méditerranéen cette disparition est beaucoup plus ancienne.
La plupart des grands mammifères ont disparu depuis le Néolithique. Cela s’explique par la
destruction progressive de leurs milieux de vie et par une forte pression de chasse.
• Les mammifères sont le groupe d’espèces ayant subi le plus de pertes et toujours le plus
menacé. Les grands prédateurs (loups, lynx, hyènes, lions) ne sont plus que très rarement
présents dans la nature (le dernier lion de l’Atlas a été abattu en 1922). Aujourd’hui, c’est sur
les mammifères marins (cétacés, phoque moine) que pèsent le plus de menaces.
• 500 espèces d’oiseaux sédentaires vivent dans le bassin méditerranéen, qui concentre
également de nombreux couloirs de migration : cinq milliards d’oiseaux représentant 150
espèces les empruntent chaque année. Pour les oiseaux c’est avant tout la disparition des zones
de nidification, de repos et d’alimentation qui constitue une menace. Dans ce cadre la
protection et la conservation des zones humides sont vitales.
• Les reptiles représentent une part importante et mal connue de la faune méditerranéenne.
• Les poissons et invertébrés ont été moins étudiés ; mais on sait que pour eux aussi le taux
d’endémisme est élevé, et que la réduction de certains habitats (forêts climaciques, cultures
traditionnelles) risque de faire disparaître des cortèges entiers d’espèces.
Nous passerons assez rapidement sur les plantes spécifiques du littoral car elles n’ont pas
directement été traitées dans le cadre du stage, mais elles sont à relier avec l’importance des actions de
protection du Conservatoire.
Les espèces spécifiques du littoral sont actuellement des espèces très menacées. Cette
situation est relativement récente, elle est apparue avec l’explosion du tourisme balnéaire et celle du
trafic maritime.
Source : Actes du colloque Hyères 1995. Utiliser les politiques foncières pour la protection du littoral méditerranéen, Cahiers du Conservatoire du
Littoral
Sous le terme de « forêt méditerranéenne » nous choisirons de regrouper toutes les formations
végétales constituant les séries de dégradation et de reconstitution de peuplements ligneux
méditerranéens. En effet, les écosystèmes forestiers méditerranéens ont été façonnés par les agressions
naturelles ou artificielles provoquant une perpétuelle alternance entre phases de destruction et phases
de reconquête. Dans l’état actuel, la forêt méditerranéenne est une entité végétale rassemblant des
habitats et des formations végétales divers, plus ou moins stabilisés, aux limites géographiques
variables. Pour essayer de l’appréhender il faut prendre en compte l’architecture, l’organisation et les
cortèges végétaux ainsi que les perturbations, les dynamiques et les usages de ces espaces.
L’homme utilise (et perturbe) la forêt méditerranéenne depuis le Néolithique, 9 000 ans avant
Jésus-Christ. Vers le troisième millénaire avant J.-C., le climat méditerranéen achève de se
particulariser et favorise le développement des forêts sclérophylles. En même temps, la pression
humaine s’accroît ; l’exploitation des ressources du milieu s’organise en sylva-saltus-ager. La sylva est
gérée en taillis ; l’ager est cultivé, souvent en terrasses ; le saltus regroupe les terrains de parcours,
landes, garrigues et maquis pour le pâturage des animaux. La cueillette vient compléter ce mode
d’exploitation qui ne crée pas un cloisonnement strict du paysage : les usages et les limites de chaque
espace évoluent selon les besoins des populations et les perturbations. La forêt méditerranéenne est un
exemple de multifonctionnalité forestière très ancien. En France, ce système va connaître son apogée
au milieu du XIXème siècle, entraînant une surexploitation des forêts. Les marques laissées par ce
système sont importantes aujourd’hui : développement de la forêt après l’exode rural sur d’anciennes
parcelles agricoles souvent très morcelées au niveau du foncier, et impact profond sur le paysage :
patrimoine rural bâti, anciens chemins, réseaux de terrasses, toponymie et faciès de végétation. Le site
des Petites Maures en est un bon exemple. Sur 800 ha de surface, on retrouve la présence d’usages
Source : HETIER JP.,1993. Forêt méditerranéenne : vivre avec le feu ? Cahiers du Conservatoire
Mémoire de fin d’études FIF 31
Claire Godel
forestiers (suberaie, charbonnière), pastoraux (bergerie de Chieusse) et agricole (ruines de Roqueyrol,
faïsses). Le système sylva-saltus-ager est favorable à la biodiversité car il crée de nombreuses
discontinuités dans les milieux et les écotones sont particulièrement riches biologiquement. Ce
système est toujours pratiqué dans les pays en voie de développement du pourtour méditerranéen.
Fig. 14 :
Un paysage
des Cévennes.
Au premier
plan, le saltus,
les parcours
pastoraux. Au
second plan,
la sylva, la
forêt.
Photo N. Martin
Actuellement les nombreux intérêts et usages concentrés sont des aspects spécifiques et
particulièrement importants en forêt méditerranéenne, que ce soit dans les pays en voie de
développement ou dans les pays développés. Etablir un programme de gestion consiste à essayer de
trouver des points d’accords entre la dynamique des systèmes environnementaux et les systèmes
sociaux. Cette situation fait même l’objet d’études et de tentatives de modélisation informatiques du
jeu d’acteurs par le CIRAD sur la base du logiciel CORMAS. Celui-ci permet la modélisation de
système multi-agents transposables à la situation de la forêt méditerranéenne. Généralement le but est
de construire un environnement de jeu dans lequel évoluent les objets et les acteurs habituels de la
situation réelle. Les joueurs (chasseurs, forestiers, bergers) sont ensuite amenés à négocier entre eux
afin d’atteindre les objectifs qui leur sont propres, tandis que l’environnement évolue selon sa propre
logique (croissance des peuplements, incendies). Si les joueurs ne trouvent pas d’accord, ou si les
intérêts de l’un d’entre eux supplantent ceux des autres, la modélisation montre généralement qu’au
bout de quelques tours de jeu la forêt finit par être détruite. C’est là une démonstration de l’importance
des jeux d’acteurs et de la négociation en forêt méditerranéenne.
Le feu
Dans tous les climats du monde, les zones humides sont des écosystèmes particulièrement
riches et menacés. A l’initiative de la convention de Ramsar sur les zones humides, celles de la zone
méditerranéenne ont leur propre programme de conservation avec un forum international baptisé
MedWet.
Le littoral méditerranéen français présente une grande diversité de zones humides très riches
biologiquement et support de nombreuses activités agricoles. Au-delà des grandes étendues humides
(étangs, lagunes, marais) la présence ponctuelle de zones aquatiques temporaires ou permanentes crée
des îlots de végétation très spécifiques dans la forêt méditerranéenne. Une flore particulière, souvent
protégée (spiranthe d’été spiranthes aestivalis, isoète de Durieux Isoetes duriei) s’y développe, la
présence d’eau conditionne aussi le cycle de développement de certaines espèces animales (insectes,
amphibiens) et permet aux autres animaux de s’abreuver. La valeur patrimoniale écologique de ces
zones a fait classer une partie d’entre elles dans la liste des habitats d’intérêt communautaire de la
directive européenne Habitats.
La zone méditerranéenne française est traditionnellement limitée aux régions dans lesquelles
la culture de l’olivier est possible (définition historique du botaniste Charles Flahaut). Elle s’exprime
également à travers une culture locale commune (lange d’Oc). Située autour du Golfe du Lion, elle est
bordée par la mer Méditerranée. Du point de vue administratif, elle concerne essentiellement les
régions Provence-Alpes-Côte d’Azur, Languedoc-Roussillon et la collectivité territoriale de Corse.
Bien que présentant des faciès variés (collines, plaines, falaises ; zones humides) elle se
distingue fortement des autres régions françaises. On y retrouve comme dans les autres régions
méditerranéennes du monde une biodiversité remarquable et unique. Elle est la zone écologique la
plus variée de France ; sur les 2300 plantes qu’on peut y rencontrer, 700 ne se trouvent pas en dehors.
Plus particulièrement le département du Var abrite une flore rare : on y recense 26 % des espèces
protégées au niveau national. Le Var accueille également 3/5 des espèces de vertébrés présentes en
France métropolitaine.
Les vents sont très importants en région méditerranéenne. L’alternance de chaînes de
montagne et de plaines fluviales crée des couloirs de vents entre la mer et l’intérieur des terres. Il
existe des roses des vents propres à chaque région et les activités utilisant l’énergie éolienne ont
toujours été développées (moulins à vent, éoliennes). Ces vents ont un fort impact sur la végétation.
On distingue :
• Les vents secs, qui viennent de la terre et de direction générale nord-sud : le Mistral qui descend la
vallée du Rhône, la Tramontane en Languedoc. Secs et froids, ils chassent les nuages ; parfois
violents, ils propagent les incendies. S’il a plu peu de temps avant qu’ils commencent à souffler,
ils assèchent la terre et une partie des précipitations tombées ne parvient pas aux plantes.
• Les vents humides venant de la mer : le Levant (origine est), le Grec (sud-est), le Ponant (sud-
ouest) et le Marin (sud). Ils ramènent les nuages, les embruns, les vagues et aussi les déchets sur
les plages ; ils humidifient l’atmosphère et amènent la pluie.
Pendant mon stage, j’ai pu me rendre compte de l’importance des vents surtout à l’approche de la
saison estivale : les jours de Mistral, mairies et services publics sont sous pression à cause du risque
incendie, le feu est le sujet de conversation principal de tous les « non-vacanciers ».
Le Var est le deuxième département le plus boisé de France avec 350 000 hectares de bois et
un taux de boisement de 63 % (Source ONF). Il possède deux grands massifs forestiers à proximité
immédiate du littoral : le massif des Maures et celui de l’Esterel, situation assez originale par rapport
au reste du bassin méditerranéen français.
Le Conservatoire du Littoral est actuellement propriétaire de 10 sites dans le massif des
Maures et la presqu’île de Saint-Tropez. Les deux sites étudiés, les Collines de Cavalière et le Vallon
de la Gaillarde – Petites Maures, sont deux sites forestiers situés sur les premiers versants face à la
mer.
Le massif des Maures est un vestige d’un ancien continent qui regroupait la Corse, la
Sardaigne et les Pyrénées. Ce massif est essentiellement formé de micaschistes, de quartzites et de
gneiss, des roches acides. Le métamorphisme date du début de l’ère primaire, il a affecté des
sédiments détritiques variés (argiles, sables, conglomérat). Les produits en résultant ont ensuite été
plissés et faillés, et même percés d’autres petits massifs granitiques. Les phénomènes d’altération et
d’érosion sont assez développés du fait de la nature des roches et du climat ; les produits sont ensuite
entraînés vers la mer.
Maures internes
Maures Littorales
Fig. 15 : Carte du massif des Maures avec distinction entre Maures littorales et Maures internes et
localisation des deux sites étudiés durant le stage parmi les autres sites du Conservatoire.
Les Maures ont été découpées en deux entités biogéographiques : les Maures littorales et les
Maures internes. Les Maures Littorales comprennent la zone située entre la mer et les premières lignes
Fig. 16 :
Le versant
donnant sur
la mer du
massif des
Maures.
Noter
l’importance
du linéaire
des
interfaces
Habitat-
Forêt
Photo C. Godel
La forêt constitue un composant essentiel du paysage du massif des Maures. Elle couvre 67
% de la surface du massif soit 97 000 ha. Le sens du mot « massif » pour les Maures est ambigu : il
s’applique tout autant au massif forestier qu’au relief. Dans les Maures littorales, les différents stades
de dégradation de la forêt se répartissent en fonction des conditions stationnelles et de la fréquence des
incendies (voir figure 18, le schéma simplifié, voir aussi les schémas de répartition des habitats
naturels du plan de gestion des Petites Maures). Cela va de la forêt de chênes caducifoliée, rare sur la
façade littorale, jusqu’à la cistaie qui réapparaît après chaque incendie.
Sur les 2 sites étudiés, les essences naturellement présentes sont : le chêne-liège Quercus
suber, le chêne vert Quercus ilex, le pin d’Alep Pinus halepensis, le pin parasol Pinus pinea, et le pin
maritime Pinus pinaster ; à Cavalière, l’ONF avait en outre réalisé des plantations de pin Laricio de
Corse Pinus nigra subsp. laricio. Cette dernière essence est en station très limite dans les Maures
littorales (voir le diagnostic de peuplement dans le plan de gestion), mais réussit mieux à l’intérieur du
massif. Le maquis est constitué d’arbousier Arbutus unedo, de bruyère arborescente Erica arborea, de
calycotome épineux Calicotome spinosa, et de lavande stoechade Lavandula stoechas caractéristique
des Maures, souvent en mélange avec les végétaux de l’oléolentisque : pistachier lentisque Pistacia
lentiscus et le myrte Myrtus communis. Sur les zones brûlées les cistes de Montpellier Cistus
monspeliensis, cistes à feuille de sauge C. salviifolius et ciste cotonneux C. albidus constituent la
phase de dégradation de la suberaie.
Le chêne-liège est l’arbre emblématique du massif des Maures. Cette essence couvre la moitié
de la surface du massif. Il correspond à un climax sur certaines zones mais a également beaucoup été
favorisé par l’homme sur d’autres, ce qui explique qu’aujourd’hui il y subisse fortement la
concurrence d’autres essences. Le chêne-liège est un arbre qui a adopté le modèle de résistance face à
un incendie : son écorce épaisse protège le tronc et les branches principales, tandis qu’une partie de
son houppier (éléments fins et feuilles) brûle. Il rejette ensuite à partir des parties aériennes qui ont
Maquis et forêt sont les habitats d’une faune discrète (sauf les sangliers Sus scrofa et les geais
des chênes Garrulus glandarus) : tortue d’Hermann Testudo hermanni, tortue cistude Emys
orbicularis, fauvettes Sylvia sp., perdrix rouge Alectoris rufa, huppe fasciée Upupa epops, renard
Vulpes vulpes, lézard vert Lacerta viridis, couleuvre de Montpellier Malpolon monspessulanus,
couleuvre à échelons Elaphe scalaris... Les espèces observées durant le stage sont répertoriées dans
les plans de gestion.
*Allostasie : phénomène de rejet et de destruction de plantes concurrentes par un végétal généralement par émission dans le sol de substances toxiques.
Maquis Oléolentisque
Bruyère arborescente, Pistachier lentisque, myrte,
arbousier, calycotome lavande, olivier.
épineux
Modèle expansionniste
Pins
Très inflammable
Reconstitution rapide
Modèle de résistance
Chênaies sempervirentes
Suberaie, yeuseraie.
Inflammable et combustible
Reconstitution moyenne
Modèle de stabilisation
Chêne pubescent (châtaignier)
Peu inflammable
Reconstitution lente
Xéricité et chaleur
Fig. 18 : Répartition des différents stades de végétation de la forêt en fonction des
Mémoire de fin d’études FIF gradients
38d’incendie et de sécheresse dans les Maures Littorales
Claire Godel
II.2.3. Les risques naturels : Feu et érosion
Le massif des Maures est régulièrement soumis aux incendies (1959, 1962, 1964, 1970, 1985,
1990, 2003), avec une fréquence très élevée dans certaines zones (Site des Petites Maures : un feu tous
les 7 ans en moyenne). Les derniers feux les plus marquants sont ceux de l’été 2003 : le site des Petites
Maures a entièrement brûlé.
Comme il a été vu précédemment, les incendies ont toujours participé à la vie de la forêt
méditerranéenne et de ses populations. Mais depuis une cinquantaine d’années, les conditions ont
changé : la déprise agricole et le déclin de la filière liège a entraîné une augmentation de la surface
forestière et une fermeture des milieux. Cela se traduit par la formation de grandes étendues
« boisées » (maquis, forêt) continues sur des kilomètres, situation dangereuse en cas d’incendie.
L’incendie de 2003 qui a ravagé la Gaillarde a démarré à 27 km au nord-ouest du site ; attisé par un
fort Mistral, il a parcouru cette distance avec une intensité croissante grâce à un couvert forestier dense
et continu jusqu’à la mer. Aucun des ouvrages de coupure DFCI n’était calibré pour un tel évènement.
Lors d’incendies d’une telle ampleur, il n’est pas question d’aller combattre le feu en forêt : la
lutte s’organise autour des habitations. D’où l’importance croissante des ouvrages de type « interface »
qui viennent en renfort des mesures de débroussaillement obligatoire. Le massif des Maures est doté
d’un plan intercommunal de débroussaillement et d’aménagement forestier (PIDAF) dont le maître
d’œuvre est le SIVOM du Pays des Maures et du Golfe de Saint-Tropez. Il a été réactualisé en 2006,
en tirant des enseignements de l’épisode de 2003. Ses enjeux principaux sont la protection des biens et
des personnes. Il s’appuie sur un important réseau de coupures de combustibles et de pistes, en forêt et
aux interfaces avec les zones habitées. Les ouvrages implantés dans des zones forestières ont une
fonction de surveillance, de liaison et de lutte dans le cas d’incendies ne mettant pas en danger les
pompiers qui y sont postés. C’est par exemple le cas de la zone d’appui des Avelans et des Petites
Maures. En cas d’incendie ayant débordé ces premiers dispositifs et les moyens de lutte, ceux-ci se
concentrent alors sur la protection des biens et des personnes, au niveau des ouvrages situés en
interface habitat-forêt, bien représentés sur les 2 sites étudiés. Les ouvrages « forestiers » ont alors une
action passive. Les interfaces et débroussaillement obligatoire ont acquis une nouvelle importance :
situés à proximité immédiate des zones urbaines, ils protègent des enjeux prioritaires, ils sont plus
aisés et moins risqués à défendre pour les pompiers.
II.2.3.2. L’érosion
L’érosion est un risque important dans le massif des Maures, qui apparaît dès que la
couverture végétale maintenant le sol est détruite, notamment à cause d’un incendie. Le relief, la
nature des sols, le climat (les fameux orages du 15 août), la proximité des habitations ou leur
construction dans les fonds de vallon et leurs débouchés sur la mer créent des situations très
dangereuses. A la suite de l’incendie de 1990, une coulée de boue a dévalé le vallon de la Gaillarde et
est venue envahir un camping situé en contrebas.
La prise en compte du risque d’érosion est de plus en plus systématique après les incendies. A
la Gaillarde, mais aussi à la propriété Foncin, les bois brûlés ont été disposés en fascines pour
stabiliser le sol, des seuils en pierre ont été construits dans les vallons. Néanmoins ce risque est encore
mal identifié, non cartographié. Sa fréquence relativement faible ne justifie généralement pas des
déclarations de zones inconstructibles. Mais il reste présent ; l’anticiper et posséder quelques pistes de
réactions face à une situation d’urgence sont des précautions importantes autant pour le propriétaire
que pour le gestionnaire de milieu naturel. C’est ce qui a été proposé dans le cadre des orientations de
gestion « Risques » pour le site des Petites Maures, après une étude des archives et du terrain où il a
été procédé à des calculs de pente, observation du substrat et des exutoires. Dans le cas du ruisseau de
la Gaillarde, son exutoire naturel vers la mer est urbanisé et n’a plus de fonctionnalité écologique.
Jusqu’au premier quart du XXème siècle, le massif des Maures était quasiment totalement
exploité. De nombreuses petites fermes se partageaient la colline, en exploitant des réseaux parfois
impressionnants de terrasses (les restanques, ou « faïsses » en provençal) situées sur les zones les plus
propices ; la suberaie était entretenue et de nombreux troupeaux parcouraient la colline. On récoltait la
résine des pins maritimes, on exploitait les ressources du maquis : chasse, cueillette, fabrication de
pipes en bois de bruyère. Lorsqu’il y avait suffisamment d’eau, il y avait des cultures maraîchères, de
la vigne. Les incendies (hors pratiques agricoles) étaient redoutés comme aujourd’hui. Le système de
sylva-saltus-ager méditerranéen faisait vivre le massif. Le site des Petites Maures en est un bon
témoignage à travers son patrimoine historique et rural (ruines agricoles, parcours pastoraux, suberaie
et charbonnières) décrit dans l’état des lieux du plan de gestion. Les fermes ont été abandonnées en
1924 suite à un incendie et en pleine période d’exode rural. Après la guerre de 1914-18, l’économie
des habitants des Maures basée sur l’exploitation de la suberaie, de l’élevage, du miel et des cultures
vivrières a rapidement décliné : trop de travail non mécanisable, pas assez de rendements, pas assez
spécialisée.
Actuellement il n’y a presque plus d’activité agricole sur le massif, en tous cas pas dans les
Maures Littorales. Le site des Collines de Cavalière fait sans doute partie des exploitations agricoles
qui ont duré le plus longtemps (1956, date du rachat de la propriété par la société Pernod Ricard). Il est
bien plus intéressant pour les communes et les particuliers d’investir dans des équipements
touristiques, quitte à sacrifier de bonnes terres agricoles situées en fond de vallon.
Le pastoralisme trouve un regain intérêt parce qu’il peut participer à l’entretien des coupures
DFCI. Le SIVOM a ainsi fait passer un appel d’offre pour pâturer en entretien de débroussaillement
les coupures des Petites Maures. Le marché est simple : le berger vient gratuitement sur ces zones,
mais il est tenu à ce qu’à son départ toute la strate herbacée aie été broutée. Le SIVOM passe en
débroussaillement lorsque les ligneux ont regagné du terrain et pratique une amélioration pastorale en
semant des mélanges d’herbacées.
De nombreux progrès sont à faire dans ce sens, afin de mieux connaître les potentialités du
pastoralisme comme outil de gestion des milieux naturels, qui pourrait ainsi à la fois revaloriser le
travail des éleveurs et de bergers et les milieux parcourus tout en maintenant une activité traditionnelle
de la zone méditerranéenne. Les bergers et éleveurs devraient pouvoir se positionner comme
entrepreneurs de débroussaillement et être considérés comme tels.
Photo C. godel
Aujourd’hui il n’existe plus qu’un seul leveur de liège sur le massif des Maures. La filière est
totalement déstructurée. La plupart des suberaies privées sont abandonnées sans gestion. L’état
sanitaire des peuplements est très moyen, les arbres sont âgés, parfois victimes de levage de liège qui
les ont blessés, des attaques parasitaires nombreuses et parfois mortelles gênent une éventuelle remise
en production. La dernière pathologie préoccupante, entraînant généralement la mort de l’arbre, est
véhiculée par le coléoptère Platypus cylindrus.
Le renouvellement des peuplements est un autre problème, observé au niveau de toute l’aire
naturelle du Chêne-liège, c’est-à-dire le bassin méditerranéen. Le taux de réussite des plantations est
extrêmement faible (moins de 20 %), avec un risque de plagiotropie des jeunes plants. La régénération
naturelle semble difficile à mettre en place, la fréquence de glandées et le taux de germination étant
plus faibles que chez d’autres chênes. C’est donc souvent par reproduction végétative que les
peuplements sont renouvelés : recépage et drageonnage. Ce mode de reproduction crée des clones
mais pas de nouveaux individus, ce qui peut rendre les populations plus fragiles.
II.2.4.4. La chasse
La chasse est une activité très importante dans le massif des Maures. Les chasseurs, pour la
plupart des enfants du pays, constituent des groupes de pression très puissants au sein des communes.
Leur action est nécessaire car la population de sanglier est en constante augmentation ; ils sont
également souvent les seuls à entretenir certaines zones de colline et les drailles (pistes et chemins) qui
n’ont pas de vocation DFCI. Mais les chasseurs sont aussi un exemple parfait de l’esprit « frondeur »
du massif des Maures qui sera détaillé dans le paragraphe II.2.5 : la colline est « leur » domaine, libre
d’accès en permanence, toute autorité extérieure est mal venue. Trouver un terrain d’entente n’est pas
toujours aisé.
Ces deux activités sont traditionnelles de la « colline », elles sont représentées sur les 2 sites
étudiés. Elles sont généralement pratiquées sans autorisation de la part du propriétaire, à part pour
l’installation de ruchers. La cueillette est ponctuelle : il s’agit surtout de champignons, de salades, de
simples. Ces habitudes sont issues des traditions rurales du pays et elles sont de moins en moins
pratiquées. Par contre le ramassage de feuillages ornementaux (eucalyptus, mimosa) peut devenir une
activité très lucrative et s’apparenter à du pillage.
La production apicole génère peu de nuisances hormis l’observation d’un « périmètre de
sécurité » autour des ruches. Le choix de leur implantation et des accès pour l’apiculteur peut être
discuté avec le gestionnaire et le propriétaire.
Ce n’est pas une production à proprement parler de la forêt, mais plutôt un nouvel usage
potentiel de celle-ci. L’épandage des boues de station d’épuration en forêt répond à un problème de
manque de surface pour les évacuer. L’utilisation en agriculture n’est pas toujours possible ; la forêt
représente une alternative, avec à la clé une amélioration des sols. Le SIVOM du Pays des Maures a
été un pionnier en la matière. Sur le site des Petites Maures il a expérimenté dès 1991 l’entretien de
coupures DFCI par pastoralisme avec amélioration pastorale grâce à l’épandage de boues. Mais ce
système était encore imparfait et générait des nuisances qui étaient difficiles à accepter dans un
contexte périurbain. (Pour plus de détails, voir l’historique de gestion du site de La Gaillarde.) Au-delà
des réticences premières face à l’épandage de « déchets » dans un milieu naturel, la situation actuelle
pose néanmoins le problème d’une production croissante de ceux-ci, notamment en liaison avec
l’explosion touristique estivale.
Le massif des Maures a une occupation très ancienne qui s’est maintenue à travers les
époques. Les deux sites abritent des vestiges historiques importants et diversifiés : dolmens du
Néolithique et ruines gallo-romaine à la Gaillarde, ruines médiévales et chapelle du XIXème siècle à
Cavalière, patrimoine rural des deux derniers siècles. Les deux sites ont toujours été habités et
exploités ce qui n’est pas le cas partout dans le massif. La Corniche des Maures, au relief très
prononcé, était très peu aménagée jusqu’à la fin du XIXème siècle. Aujourd’hui, l’attrait touristique
balnéaire et la déprise agricole tendent à faire oublier ce patrimoine. Pourtant il représente l’histoire et
l’identité locale et peut également constituer un outil de valorisation touristique alternatif à la plage.
Du fait de son isolement, le massif des Maures a toujours été un lieu avec une identité forte,
un refuge pour les rebelles à la société. Le personnage de Maurin des Maures en est l’emblème : ce
braconnier défie l’autorité grâce à sa connaissance du maquis, il peut aussi compter sur la solidarité
villageoise pour le cacher. Il vit librement dans la colline et n’accepte pas des règlements venus
d’ « ailleurs ». Cet esprit frondeur se ressent encore aujourd’hui. La « colline », l’ancien sylva et
saltus, est toujours assimilée à un bien commun, un repère de l’identité locale, où il est légitime de
pouvoir continuer à pratiquer des activités traditionnelles comme la chasse et la cueillette, où tout se
négocie d’homme à homme, oralement. Cette vision peut expliquer en partie la relative mauvaise
acceptation du régime forestier sur les terrains autres que domaniaux. Le site des Petites Maures aurait
dû en bénéficier en tant que propriété du Conservatoire du Littoral, géré par la commune. La situation
politique locale n’y était pas favorable et finalement le site est géré par la commune avec l’appui
technique du SIVOM Pays des Maures.
Dans ce contexte, l’action foncière est délicate. Le fait d’être propriétaire d’un terrain et
surtout d’une parcelle de colline, n’est pas reconnu comme un droit de pouvoir fermer la parcelle aux
usages ancestraux qui y sont pratiqués. Dans ce cas la concertation, la discussion, la confiance sont les
seuls atouts pour faire évoluer les pratiques dans l’intérêt du site. Nous sommes bien ici dans le cadre
d’une valeur patrimoniale au point de vue culturel, historique et identitaire avec une problématique
d’ouverture au public et de respect d’usages locaux, qui ont déjà été évoquées pour les sites littoraux.
II.2.5.4. Le tourisme
Pour la forêt, le tourisme est un nouvel atout et une nouvelle menace parce qu’il initie un
changement radical de ses usages. Avec lui arrive la prise en compte de l’usage récréatif et
l’augmentation de l’importance paysagère, en plus des enjeux de sécurité en cas de feux. L’usage
récréatif peut se traduire par des pratiques respectueuses du milieu comme la randonnée mais aussi par
des pratiques destructrices comme les sports motorisés (quads, 4x4, motos). Pour certaines activités, il
est parfois difficile de trancher comme pour le parcours d’accrobranche de Cavalière. L’accès du
public en forêt est un vaste problème : quelle fréquentation accepter ? où peut-on l’accepter ?
comment gérer les risques ? qui est responsable ? qui supporte les charges et encadre la fréquentation ?
La forêt privée (79 % de la surface) est actuellement mal préparée à ces nouveaux usages. En
conséquence la pression sur les forêts publiques (domanial, communal, Conservatoire du Littoral)
augmente. Les enjeux sont importants et les forestiers ont assez peu de recul sur ces problématiques.
La prise en compte de l’aspect paysager est par contre une réflexion qui s’est engagée depuis
plus longtemps en forêt. Dans le cas du massif des Maures et particulièrement en zone littorale, cet
aspect est capital pour le tourisme. Les gens recherchent la carte postale, celle où les montagnes
couvertes d’une forêt « naturelle » tombent dans la mer. Comme il existe cette attente et que la
topographie des lieux rend toute action visible, la marge de manoeuvre lors de travaux forestiers est
très limitée, même si des impératifs DFCI les justifient. Lors du chantier de création d’interface à
Cavalière, le Conservatoire souhaitait une prise en compte de l’aspect paysager. Avec le chef de
chantier et le responsable du SIVOM, maître d’œuvre, nous avons essayé de maintenir une diversité
des essences, un densité suffisante, tout en respectant les contraintes techniques et DFCI. Pour une
surface totale de 23 ha, le chantier aura duré près de 2 mois, ce qui est long pour un chantier de ce
type.
La forêt méditerranéenne est le fruit d’un équilibre dynamique entre divers facteurs naturels et
humains, ayant entre eux de multiples interactions, en évolution constante. Elle peut être définie
comme un anthroposystème, tant l’influence humaine y est importante. Elle constitue un patrimoine
biologique, écologique, culturel, historique, paysager, qui a toujours été ouvert au public, traditionnel
(chasseurs, bergers) ou moderne (touristes, promeneurs). De nombreuses menaces pèsent sur ces
espaces : changement climatique, urbanisation massive, mais aussi changement d’usages. Certaines
études* montrent même que ce sont les changements d’usages qui auront les plus forts impacts sur la
forêt méditerranéenne et qui peuvent représenter sa plus grande menace.
La forêt du massif des Maures et les deux sites étudiés présentent l’ensemble de ces
problématiques, exposé dans les états des lieux des plans de gestion. Dans la troisième partie, nous
allons expliquer comment ceux-ci ont été réalisés durant le stage et quelles orientations de gestion ont
été proposées sur les sites.
* BARITEAU M., La forêt méditerranéenne, un modèle pour les forêts du XXIème siècle ? Diaporama de présentation, INRA, Avignon - Association
Forêt Méditerranéenne, Marseille, nov-06.
Rappel : Loi du 10 juillet 1975 : « la gestion des immeubles dont l’établissement public [le
Conservatoire du Littoral] est propriétaire ou affectataire est réalisée par voie de convention avec les
collectivités locales ou leurs groupements, les établissements publics ou les fondations et associations
spécialisées agréées à cet effet ou les exploitants agricoles ».
Conservatoire du Littoral
Dans le cas du régime forestier, en domanial, le gestionnaire (l’ONF) n’a pas de comptes à
rendre directement aux acteurs locaux voisins. Officiellement, il ne traite qu’avec l’État. Pour les
III.1.2. La concertation
La loi impose au Conservatoire du Littoral de mener son action avec le gestionnaire et les
partenaires locaux par la concertation, c’est-à-dire informer le partenaire, puis discuter jusqu’à obtenir
une solution qui mette d’accord toutes les parties. Il est obligé de travailler en transparence bien en
amont de toute nouvelle acquisition, puisque les communes sont systématiquement concertées. La
concertation intervient à tous les stades où il est nécessaire de prendre une décision importante pour le
site : lors de son acquisition, lors du choix de le doter d’un document de gestion et à chaque étape de
celui-ci, lors du renouvellement de la convention de gestion, et bien entendu dès que cela s’avère
nécessaire en cas d’imprévu. La situation privilégiée officielle pour la concertation est le comité de
gestion, qui rassemble tous les acteurs du site. Mais la plus grande partie de la discussion a lieu en
permanence entre le gestionnaire et le propriétaire seuls. C’est là l’une des premières difficultés de la
concertation : le choix d’acteurs pertinents pour la gestion. La forêt méditerranéenne concentre de
nombreux usages. Les acteurs susceptibles d’être impliqués dans sa gestion peuvent être nombreux.
Par exemple, pour la Gaillarde, chaque comité de gestion rassemble plus d’une dizaine d’acteurs :
commune, intercommunalité, département, région, police, gendarmerie, SDIS, riverains, Office du
Tourisme, associations de protection, association de chasse… Avoir une gestion qui prenne en compte
tous ces aspects en essayant de mécontenter le moins de monde possible oblige à un important travail
de la part du gestionnaire et du propriétaire.
En effet la concertation, très intéressante dans son principe et très utile dans l’intérêt du site,
est à manier avec précaution. Accepter de tenir compte de l’avis d’un acteur, l’inclure dans son
raisonnement sur le site comme un élément incontournable, ne décider d’une action qu’après avoir
trouvé un accord satisfaisant pour tous n’est pas toujours facile à réaliser. Il ne faut pas que cet accord
se fasse au détriment de l’intérêt du site ou que la concertation ne soit qu’une façade masquant un
simple audit. Il faut déterminer quels objectifs sert la concertation – dans le cas du Conservatoire, elle
sert à poursuivre les objectifs de protection qu’il défend pour le site – et qui a le droit de trancher en
cas de litige. Le Conservatoire, en tant que propriétaire du terrain, est en droit d’avoir le dernier mot.
Avec l’expérience, le Conservatoire sait que la plupart des oppositions frontales sont dues à une
mauvaise information. D’où l’importance de travailler en transparence en amont de chaque décision
importante, afin que les acteurs ne soient pas mis devant le fait accompli. Pour cela il est important de
maintenir un réseau de communication actif et pérenne autour de chacun des sites. Celui-ci se forme
généralement sur le long terme, et la personnalité de chacun de ses membres est très importante. Les
deux sites étudiés en témoignent : à Cavalière, aucune dynamique ne peut être mise en place tant qu’il
n’a pas été fait un choix des acteurs pertinents ; à la Gaillarde, les dissensions entre l’ancien garde et
les chasseurs ont bloqué leurs relations jusqu’à son départ. Une concertation efficace serait donc basée
Le Conservatoire est tenu de poursuivre sur tous ses sites les objectifs suivants :
Protection et conservation de la biodiversité
Préservation du paysage, du patrimoine historique et culturel
Accueil du public dans la limite de la conservation des sites.
Article R.243-8-3. Lorsque les immeubles relevant du Conservatoire constituent un site cohérent au
regard des objectifs poursuivis, un plan de gestion est élaboré par le Conservatoire en concertation
avec le gestionnaire et les communes concernées. A partir d’un bilan écologique et patrimonial ainsi
que des protections juridiques existantes, le plan de gestion définit les objectifs et les orientations
selon lesquels ce site doit être géré. (…) Approuvé par le Directeur du Conservatoire, le plan de
gestion est annexé à la convention de gestion. Il est transmis au maire de la commune, au préfet de
département et au préfet de région.
Cet article réglementaire officialise et rend obligatoire l’utilisation des documents de gestion
pour les sites du Conservatoire. Il rappelle également que ceux-ci doivent être élaborés en concertation
avec le gestionnaire et les communes.
Pour la rédaction du plan de gestion de ses sites, le Conservatoire peut faire appel à un
opérateur extérieur (bureau d’étude, parc national, ONF). Mais cela a un coût : entre 30 000 et 40 000
€ en moyenne pour un bureau d’étude qui réalise le document en quatre mois. Le prix peut bien
entendu fortement augmenter en fonction des difficultés du site et de l’opérateur. Le Conservatoire
peut aussi décider de rédiger le plan de gestion en régie : soit par ses propres agents, soit par des
stagiaires, soit par un personne autre décidée en accord avec le gestionnaire. Cela a également un coût
en argent et en heure.
Dans le cas de sites comprenant des étendues forestières, le Conservatoire doit bien entendu se
préoccuper de leur gestion. La foresterie s’appuie sur des documents standardisés de planification de
gestion depuis longtemps, que ce soit dans le cadre du régime forestier ou non. Les procédures sont
rigoureuses et bien rodées. Le Conservatoire du Littoral, lui, doit s’adapter à chaque situation de son
patrimoine hétéroclite et il n’a pas cette tradition forestière. Pour la forêt, il peut avoir recours à des
documents standardisés ou créer son propre document, baptisé simplement plan de gestion.
De nombreux sites sont toutefois gérés depuis leur acquisition uniquement par les décisions
prises annuellement en comité de gestion. Cela peut être très bien adapté pour des sites ayant un
contexte particulier :
Une surface réduite (moins de 15 hectares en moyenne) ou très homogènes : la surface ne
définit pas une unité de gestion cohérente.
Les enjeux et les objectifs sont clairement définis et acceptés par tous, où la communication
fonctionne bien entre le gestionnaire et le propriétaire.
Les problématiques rencontrées ne portent pas que sur de la gestion de milieux naturels, et
nécessitent un autre type de raisonnement.
Des situation d’urgence : le site est fortement dégradé, des mesures à court terme s’imposent
d’elles-mêmes. Un document de gestion prendrait trop de temps et le diagnostic en l’état
actuel n’est pas représentatif du site.
Le Conservatoire tient une sorte de « sommier » de la vie de chaque site, où sont archivés tous
les écrits correspondants. En l’absence de document de gestion, on y retrouve surtout les matrices
cadastrales, les comptes-rendus de comité de gestion, d’éventuels inventaires, le suivi des budgets.
Le Vallon de la Gaillarde – Petites Maures est un exemple de site où la nécessité de se munir
d’un document de gestion est apparue avec le temps. Au début, la surface acquise était relativement
restreinte et homogène. Un document de gestion élaboré n’a pas été jugé nécessaire par le
gestionnaire. Celui-ci a proposé néanmoins une gestion ambitieuse et complexe, mais sans clarifier le
projet dans un document. Il serait difficile de dire si l’absence de plan de gestion a été préjudiciable
pour le site pour la période de 1988 à 2003. En tous cas, il est certain que le projet de gestion mis en
place durant cette période était plus difficilement défendable lors de sa remise en question et son
évaluation plus difficile. Un document de gestion est une garantie de cohérence des interventions sur
un site. Un raisonnement construit et exposé clairement en amont ne garantit pas un succès mais
permet de nuancer une situation d’échec. Dans le cas cité, l’incendie de 2003 a été perçu comme un
échec de la précédente gestion ; Conservatoire et gestionnaire sont alors tombés d’accord pour se
munir rapidement d’un document de gestion. Entre temps, les caractéristiques du site ont changé : sa
surface est passée de 250 à 520 hectares, des milieux naturels différents et variés sont concernés, de
plus en plus d’acteurs interviennent, les mentalités ont évolué… Il faut se préparer à l’augmentation de
la surface jusqu’à 800 hectares après la DUP et anticiper la mise en place de sites NATURA 2000. Un
document de planification de gestion est devenu quasi incontournable pour assurer la cohérence des
actions sur le site.
Le Conservatoire du Littoral a entamé une réflexion sur la méthodologie des plans de gestion
depuis 1983 avec l’édition d’un premier Memento pour la gestion des sites naturels. En 2003, un
document de référence « Plans de gestion » a été édité ; il synthétise les grands principes de la
1 / Bilan patrimonial
Bilan foncier
Environnement et patrimoine : naturel, historique, paysage
Activités humaines sur le site
Le but est de diagnostiquer les intérêts, les contraintes et les enjeux du site.
2 / Orientations de la politique de gestion future
Définition et explication des objectifs de gestion : pour le patrimoine naturel et
paysager mais aussi pour les usages du site (activités économiques, accueil du public,
…)
A ce stade, il est organisé un comité de gestion extraordinaire afin de présenter ces résultats
aux acteurs. Si l’on se tient aux règles d’équité de la concertation, si cette étape n’est pas validée par
les acteurs, la démarche est bloquée. D’où l’importance d’un travail de négociation et d’information en
amont de cette réunion.
3 / Plan opérationnel
Principales actions de gestion dans le cadre de la poursuite des grands objectifs fixés
pour le site
Gestion courante
Evaluation financière sommaire, prévision des moyens humains nécessaires
Définition d’indicateurs de suivi et d’évaluation.
Une présentation du document final en comité de gestion a lieu. A priori, à ce stade, la
discussion ne portera plus que sur des points de détail, le programme de gestion ayant été élaboré en
accord avec le gestionnaire.
Mon stage a débuté le 21 janvier 2007. Pendant ces 6 mois, j’ai eu la chance d’être logée au
Domaine du Rayol, à 12 km du site des Collines de Cavalière, à une trentaine de km des Petites
Maures et à plus de 100 km de Aix-en-Provence où se trouve les bureaux de la délégation PACA.
Jusqu’au mois d’avril, l’objectif fixé par le maître de stage était de découvrir les deux sites, le milieu
naturel des Maures Littorales (botanique, géologie, faune, forêt), les documents à ma disposition,
l’historique des deux sites et de rencontrer les acteurs.
Assez rapidement, j’ai décidé d’un canevas pour rédiger mes plans de gestion, à partir de la
structure schématique donnée par le CEL et en m’inspirant d’autres plans de gestion du Conservatoire,
rédigés par un bureau d’étude et l’équipe du Parc National de Port-Cros. Trouvant qu’ils étaient un
peu « légers » en ce qui concernait le diagnostic naturaliste, mon propre plan a été complété en
incluant des parties piochées dans le canevas du plan de gestion des Réserves Naturelles que j’avais
déjà utilisé et dont j’avais apprécié la rigueur. Le canevas final a ensuite été relu par le maître de stage
et le gestionnaire qui l’ont validé. Cette première étape a permis d’organiser mon travail par rubrique,
pour ne pas risquer d’oublier un des aspects à prendre en considération, et commencer tout de suite la
rédaction des parties autres que le bilan écologique (foncier, historique, statuts). En effet les relevés de
terrain devaient être programmés entre avril et mai, au plus tard juin, durant la période de floraison de
la flore méditerranéenne. J’ai donc profité de cette période pour me documenter sur les ouvrages de
protection des incendies présents sur les sites ; pour cela le SIVOM, maître d’ouvrage du PIDAF pour
le massif des Maures, m’a fourni toutes les données nécessaires dont le retour sur expérience après
l’incendie de 2003 où le site des Petites Maures était cité.
La phase de relevés de terrain a commencé en avril. Auparavant j’ai appris les bases de la
botanique locale ainsi que celles du diagnostic de la suberaie auprès du technicien de l’ASLGFSV. Les
fiches de relevés présentées en annexe ont été construites à partir des listes d’espèces de la carte de la
végétation* de Lavagne et Mouthe pour les fiches de botanique et de la clef de typologie** de la
suberaie varoise éditée par l’ASLGFSV. J’ai effectué relevés floristiques, pédologiques et sylvicoles,
organisés par transects en essayant de rencontrer le maximum de stations différentes (voir figure 20).
En ce qui concerne les relevés floristiques et pédologiques, mon objectif était de connaître les habitats
naturels présents et de comprendre leur organisation en fonction de la micro-topographie. Pour les
relevés sylvicoles, l’objectif était de connaître l’état sanitaire de la suberaie et ses possibilités de
renouvellement. Cette phase a été relativement longue (6 jours aux Petites Maures, 3 à Cavalière), elle
aurait peut-être pu être écourtée en utilisant la typologie des stations des Maures mais je n’en
connaissais pas l’existence. La phase de traitement des données amassées a également été longue, j’ai
finalement décidé de schématiser l’organisation des différents habitats naturels dans des croquis en
appui de la cartographie. En effet, même si le SIVOM possédait dans son SIG une orthophoto des 2
sites, celle-ci était difficile à exploiter sur l’ordinateur et dans le cas des Petites Maures, elle datait
d’avant l’incendie de 2003. Finalement, mes croquis ne sont peut-être pas très académiques, mais le
technicien du SIVOM a jugé qu’ils lui permettaient de mieux comprendre le site.
* A. Lavagne, P. Moutte, Labo de phytosociologie et cartographie végétale Marseille St Charles, Bulletin de la carte de la végétation de la
Provence et des Alpes du Sud (Extrait), Feuille de Saint-Tropez - Q.23 - au 1/100 000ème, Université de Provence, Marseille, 1974, 44 p.
** Association syndicale libre de gestion forestière de la suberaie Varoise, La typologie des Suberaies Varoises, ASLGFSV, Cogolin, 15 p.
Le mois de juin a été occupé par l’ajustement des états des lieux en fonction des corrections
du CEL, à l’élaboration du diagnostic et des propositions de gestion. En parallèle, l’ « exploration »
plus complète du vallon du Reydissart sur le site des Petites Maures avait montré selon l’avis de
plusieurs spécialistes invités sur le terrain (ONF, Conservatoire national botanique de Porquerolles) la
présence d’un éco-complexe regroupant plusieurs habitats et espèces d’intérêt communautaire.
C’est une difficulté souvent rencontrée lors de la rédaction de plan de gestion. Cela dit, pour
les 2 sites, les enjeux étaient importants quoique différents ; cette phase ne pouvait pas être bâclée.
Dans le cas des Petites Maures, il fallait faire le point sur presque 20 ans de gestion sans
document global de gestion, mais avec une multitude d’études, de factures, d’extraits de journaux, de
comité de gestion, de visions d’acteurs, le tout avec un historique de crise dû à l’incendie de 2003. Le
SIVOM du Pays des Maures était particulièrement impliqué dans cette partie de l’état des lieux, le
technicien jugeait qu’aucun projet sur le site ne pourrait aboutir si on ne commençait pas d’abord par
faire un bilan objectif du passé. La rubrique « bilan de la gestion passée » a finalement atteint une
longueur de 9 pages et a constitué une partie entière (partie II) dans l’état des lieux présenté au comité
de gestion.
Dans le cas des Collines de Cavalière, il y avait un manque quasi-complet de données écrites
puisque la propriété venait d’être achetée en octobre 2006 et qu’il n’y avait pas eu de gestion avant, la
société Ricard et sa filiale Les Résidences de Cavalière, gérante du site, s’intéressant plus au centre de
vacances qu’aux milieux naturels. Il fallait également trouver une identité au site, un fil conducteur à
la gestion. En 2005, un projet de plan simple de gestion avait été réalisé par l’ASLGFSV, mais celui-ci
n’a jamais abouti puisque la propriété a été vendue. Il constituait la seule archive écrite. Par contre le
site avait toujours été suivi par un horticulteur natif de Cavalière, chef de battue sur la zone, et qui
savait tout sur le site et l’ensemble du cirque. C’est au cours de visites de terrain avec cette personne
que j’ai pu apprendre l’historique du site et comprendre que le patrimoine agricole était une partie
incontournable de son identité, orientation ensuite validée par le Conservatoire.
Enfin dans les 2 sites le foncier et sa cartographie ont également nécessité quelques
recherches et approfondissements : les parcelles de Cavalière ont été redéfinies après la vente,
changements non encore rapportés sur la couche cadastrale du SIG sur lequel je travaillais ; quant aux
Petites Maures, j’ai du comprendre ce qu’était un BND (Bien Non Défini) et aller au cadastre de
Fréjus récupérer des informations (le SIG du SIVOM des Maures, auquel Fréjus n’adhère pas, s’arrête
brusquement à la limite de la commune de Roquebrune-sur-Argens – mais pas le site des Petites
Maures) avant de pouvoir présenter des cartes correctes et complètes du site.
En soit, les difficultés énoncées ici se traduisent surtout par une grande consommation de
temps et de déplacements pour parfois seulement quelques lignes dans le document final.
Les études de fréquentation dans les sites naturels peuvent faire l’objet de mesures
quantitatives et qualitatives, à l’aide de protocoles précis qui n’ont pas été mis en œuvre dans mon
En bilan, si pour ma part le contact et les discussions avec les acteurs locaux se sont plutôt
bien passés, je pense que ma condition de stagiaire (en plus « du nord ») a beaucoup joué, parce que
j’étais un personnage neutre et « temporaire ». Cela dit, 6 mois me semblent être une période juste
assez longue pour apparaître certes « temporaire » mais quand même suffisamment constant et
impliqué dans le projet. La connaissance du terrain permet de légitimer sa place dans la discussion.
Les deux sites sont soumis à un risque incendie très élevé, comme toute la partie littorale des
Maures où il y a concentration des risques et des enjeux (fréquentation, habitations, forêt). Tous deux
incluent d’importants ouvrages DFCI, paramètre incontournable dans la gestion. Si on veut faire
simple, on peut considérer la gestion des ouvrages DFCI entre dans le cadre du PIDAF ou du
débroussaillement obligatoire et qu’elle est en quelque sorte imposée et détachée de celle du site. Mais
c’est oublier la continuité des milieux naturels, la cohérence des sites, la prise en compte de l’aspect
paysager et ne proposer un projet que pour un site amputé d’une bonne part de ses surfaces.
Pour le Conservatoire, le SIVOM et les mairies, les interfaces habitat-forêt sont des enjeux
majeurs, mais que j’ai trouvé complexes à appréhender. Dans le cas des linéaires habitat-forêt se
rajoute en plus cette notion d’« interface », qui peut être comprise comme la transition entre ces 2
espaces. Du fait de l’objectif premier de protection contre les incendies (débroussaillement obligatoire,
interface), ces zones ne bénéficient pas toujours d’une gestion qui prend en compte le long terme, leur
renouvellement, la biodiversité. En conséquence elles deviennent souvent des surfaces envahies par le
mimosa, ou coupées à ras à part les quelques chênes rescapés obligatoires. En fait de transition, elles
constituent souvent plus une frontière entre habitat et forêt. C’est sans doute dommage, au vu des
surfaces considérées (58 ha dans le cas des Petites Maures, voir figure 21). Proposer un programme de
gestion est difficile, à cause des contraintes DFCI et parce que le débroussaillement est à la charge des
particuliers qui n’ont pas forcément le temps et l’envie de s’impliquer plus pour ces zones qui ne leur
appartiennent pas.
Dans le cas des ouvrages DFCI forestiers (zones d’appui, pistes de liaison), entretenus par ici
par le SIVOM, des expériences de gestion spécifiques de ces zones ont déjà été menées, même assez
audacieuses comme dans les Petites Maures (voir la partie II « Bilan de la gestion passée » dans l’état
des lieux en annexe). La solution essayée (association du pastoralisme, de l’amélioration pastorale par
épandage de boues et débroussaillement) était logique mais sans doute un peu trop novatrice. Depuis
l’arrêt de cette pratique, le SIVOM entretenait mécaniquement les pare-feu, mais il recherchait un
éleveur pour pâturer ces zones. Le diagnostic réalisé lors du stage pour les zones de pare-feu a
réaffirmé leur rôle DFCI tout en leur reconnaissant une valeur écologique importante en tant que
L’intitulé original du stage demandait la rédaction de plans de gestion complets (état des lieux
– diagnostic – propositions et programme de gestion). Au bout des 6 mois du stage, j’ai produit 2 états
des lieux corrigés et validés par le Conservatoire, 2 diagnostics et les propositions de gestion pour
chacun des sites, tous situés en annexes. Pour les Petites Maures, la démarche a été menée plus loin
puisque j’ai présenté ces résultats en comité de gestion extraordinaire en mairie de Roquebrune-sur-
Argens le 5 juillet. Il manque donc à la production originale demandée les programmes de gestion
détaillés.
Compte tenu du contexte des sites présenté dans la deuxième partie (bien entendu plus détaillé
dans les états des lieux situés en annexe du rapport) et du travail effectué expliqué dans la troisième
partie, les diagnostics et les propositions de gestion suivantes ont été proposés à l’issue de ce stage :
III.3.1. Des « plans de gestion » incomplets mais des états des lieux et des bases de
réflexion solides
Comme il a déjà été dit précédemment, je n’ai pas eu le temps de terminer complètement la
démarche plan de gestion puisqu’il manque la phase opérationnelle et l’estimation des coûts. C’est
dans le cas des Petites Maures que cela est le plus préjudiciable, parce que le site est en attente d’une
nouvelle dynamique depuis 2003, et qu’il faut que la démarche aboutisse sinon les acteurs risquent de
se désintéresser et certains milieux naturels risquent de totalement disparaître. C’est également le site
pour lequel cette phase est la plus compliquée du fait de sa surface et des nombreux acteurs et enjeux.
Néanmoins, tous les acteurs (notamment le SIVOM) et le Conservatoire ont jugé que l’état des lieux
était une phase incontournable et à établir de manière rigoureuse et complète afin de pouvoir ensuite
travailler en repartant sur des bonnes bases. Celui-ci a en plus permis de mieux connaître la valeur
écologique du site et de faire émerger de nouvelles problématiques autour d’habitats qui avaient été
plus ou moins négligés faute de connaissance jusque là.
En ce qui concerne les Collines de Cavalière, celles-ci souffriront sans doute moins de
absence de phase opérationnelle parce que la surface est moins importante et surtout que certains
éléments du diagnostic s’imposent d’eux-mêmes, comme la gestion des zones basses en contexte péri-
urbain soumises à des dégradations, l’aménagement de sentiers, la gestion des plantations. La mairie
du Lavandou a choisi l’appui technique de l’ONF pour le site, donc la question forestière ne devrait
nécessiter que des recadrages de la part du Conservatoire. Pour la partie « agricole » (plantations,
entretien des restanques et des ruines) le service des espaces verts du Lavandou est pressenti pour en
être responsable. Dans les 2 cas, la gestion est confiée à des organismes et services compétents en la
matière. Le problème résidera plus dans l’harmonisation des actions de chacun des acteurs, le tout
dans le contexte politique local. Le Conservatoire avait d’ailleurs choisi dès le début du stage de
maintenir mon travail à l’écart de celui-ci afin d’éviter des pressions : je n’ai rencontré les futurs
gestionnaires et un élu qu’une fois l’état des lieux et le diagnostic déjà en relecture.
Lors de mes visites précédent le comité de gestion où seraient présentés le diagnostic et les
propositions de gestion, le SIVOM et la Commune, gestionnaires, m’ont assuré que ces propositions
constituaient un projet qui serait bien accepté par tous. Le projet leur paraissait logique, dans la
continuité de l’état des lieux et somme toute assez simple puisqu’il n’y avait pas d’innovation majeure
contrairement à ce qui avait pu être fait auparavant. Si effectivement le projet n’a pas rencontré
d’opposition à l’issue du comité de gestion, il me semble par contre qu’il ne faut pas sous-estimer la
complexité de sa mise en œuvre. Le fait qu’il s’appuie sur l’existant (milieux naturels, patrimoine
historique, acteurs en place) a un côté rassurant parce qu’il n’annonce pas de changements frontaux
mais il n’empêche pas sa complexité et le risque d’échec. On peut prendre deux exemples pour
illustrer ce fait :
« Amélioration de la résistance des milieux forestiers au passage du feu ». Cela se traduit par
entretenir des peuplements forestiers en bonne santé, afin qu’ils aient des réserves et la
dynamique pour résister à l’incendie ou se régénérer après. De tels peuplements ne sont
possibles que dans certaines conditions stationnelles, parfois de petites surfaces, difficiles
d’accès. Or ils peuvent nécessiter des actions d’éclaircie. Le gestionnaire se retrouve face à
différentes questions : savoir où se trouvent ces peuplements « à potentiel forestier », savoir
diagnostiquer leur état et leur dynamique, quelle action entreprendre, est-ce que leur surface et
leur état justifie une action, et combien cela va-t-il coûter. Outils mis à sa disposition : l’état
A l’échelle du site et du projet complet, l’un des difficultés est l’organisation du travail dans le
temps et dans l’espace, surtout en ce qui concerne la gestion des milieux naturels sur le long terme.
Avec le SIVOM, nous avons réfléchi à essayer de raisonner par bassin versants (Gaillarde, Vallon de
l’Eau, Reydissart) plutôt que par thème (gestion des zones forestières, des milieux ouverts, etc.). Cela
permettrait de faciliter l’organisation du travail sur le terrain, surtout la phase de reconnaissance des
milieux et des objectifs qui leur seront assignés, et aussi pour suivre leur évolution. L’idée est
d’essayer de bien connaître les potentialités de chaque zone pour décider d’interventions ayant le plus
de chance de réussir, et de ne rien faire si le pronostic est trop défavorable. Par exemple, certaines
zones de suberaie sèches ont un très mauvais état sanitaire après l’incendie et des conditions limites
pour le chêne liège. Dans ce cas, il pourra être décidé de ne rien faire et de laisser revenir le maquis,
tandis que des actions d’entretien de la suberaie seront réalisées dans des zones plus propices, à partir
de préconisations de gestion décidées par le Conservatoire et le gestionnaire. Il est possible qu’à
l’issue de cette phase de reconnaissance le nombre d’intervention soit finalement assez petit, mais
cette première phase sera sans doute longue.
Le Conservatoire du Littoral protège des sites mais inclus toujours le facteur humain dans
cette protection. Celui-ci n’est pas évident à traiter mais c’est souvent celui qui fait avancer les choses.
Par exemple, à Cavalière, le site manquait d’âme au début ; il n’était pas assez grand pour être
une entité naturelle complète il n’avait pas d’habitat ou d’espèce rare qui mobiliserait les acteurs
autour de sa gestion. Mais une fois que l’historique du site est ressorti − l’ancien domaine agricole,
son organisation, son réseau de restanques et d’irrigation, son patrimoine bâti − le site est devenu plus
facile à présenter, à défendre, le Conservatoire et les acteurs ont tout de suite été plus motivés. Le site
pouvait devenir une vitrine de l’histoire et du milieu naturel du cirque de Cavalière en son entier, il
pouvait acquérir son identité et exister par rapport aux activités balnéaires. Ce qui est intéressant c’est
que le facteur humain « ancien », l’histoire, devient le moteur du facteur humain « d’aujourd’hui », les
acteurs du site.
On retrouve un peu la même situation dans les Petites Maures où les ruines agricoles et les
restanques avec les plantations (voir figure 22), précieusement entretenues par le garde, sont parmi les
endroits les plus appréciés des promeneurs.
A part dans le cas de site remarquables comme le vallon du Reydissart (voir figure 22), qui
forme un oued pour l’instant parfaitement préservé (pas un seul mimosa !), avec des paysages et des
espèces qui créent une ambiance particulière qui appelle au respect, il m’a semblé à travers
l’expérience de ces deux sites qu’il était souvent plus efficace d’aborder la gestion des milieux
naturels, la biodiversité, le côté « écolo » du travail à travers l’aspect humain, notamment historique.
L’ethnobotanique, par exemple, touche beaucoup plus le grand public que la botanique « pure ». La
forêt méditerranéenne, avec sa longue histoire commune avec l’homme, possède cet atout pour se
valoriser, surtout à l’heure actuelle où certains prônent un cloisonnement strict entre milieux naturels
et zones « sacrifiées » à l’usage humain.
Le travail sur les deux plans de gestion réalisé durant ce stage m’a permis de découvrir sur le
terrain la gestion de la forêt méditerranéenne et notamment l’importance et la multiplicité des usages,
des acteurs et des enjeux qu’elle rassemble. Le Conservatoire du Littoral n’est ni un organisme
forestier, ni un organisme spécialisé dans les milieux méditerranéens, mais la démarche de plan de
gestion qu’il applique à ses sites s’adapte bien dans le cas des 2 sites sur lesquels j’ai travaillé, parce
qu’elle est à la fois suffisamment souple et rigoureuse pour prendre en compte tous les aspects de la
vie des sites.
Sur le littoral méditerranéen français, le Conservatoire du Littoral est très présent. Cela
s’explique par les fortes pressions foncières que ce littoral subit. En outre, la zone méditerranéenne est
une région particulièrement riche au point de vue de la biodiversité, du patrimoine historique et
culturel et des paysages. Le Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres, dont la
mission est de mener une politique foncière de protection des espaces naturels côtiers et lacustres
d’intérêt écologique ou paysager, est donc un acteur principal de cette protection. Même si c’est un
organisme national, son fonctionnement original lui permet de coller au plus près des caractéristiques
régionales et locales grâce à une organisation décentralisée et son mode de gestion des sites. En effet
sa grande particularité est d’acquérir des sites remarquables et d’en confier ensuite la gestion aux
collectivités locales.
Le Conservatoire raisonne en termes de paysage, de biodiversité et de développement durable
lors du choix des sites à acquérir. Cela l’a amené en 30 ans d’existence à protéger un patrimoine très
varié aussi bien au niveau national qu’au niveau local. Dans le cas du département du Var, où s’est
passé le stage, il est ainsi propriétaire de plus de 60 sites aux problématiques et aux caractéristiques
très variés. Au sein de ce patrimoine, les espaces de forêt méditerranéenne tiennent une large place,
certains sites sont même des sites principalement forestiers. C’est le cas des Petites Maures, sur la
commune de Roquebrune-sur-Argens et de Fréjus et du site des Collines de Cavalière, sur la commune
du Lavandou, les sites pour lesquels il était demandé de rédiger un plan de gestion lors de ce stage.
On pourrait alors se demander pourquoi le Conservatoire investit dans des sites forestiers, qui
ne sont pourtant pas en liaison directe avec la mer, qui ne comprennent pas des zones de rivages. Une
première partie de la réponse est expliquée plus haut : situés sur la façade littorale du massif des
Maures, soumise à une forte pression foncière, accentuée par le morcellement de la propriété privée
forestière, ils correspondent aux objectifs de protection des paysages et des milieux arrière-littoraux.
Une autre partie de la réponse se trouve – de manière plus originale – dans le caractère forestier de ces
2 sites. En région méditerranéenne, la forêt est indissociable des hommes, elle est le support de
nombreuses activités traditionnelles qui façonnent le paysage et la végétation. Au-delà de l’aspect
paysager, elle fait partie du patrimoine identitaire des habitants du massif des Maures, qui
revendiquent son libre accès comme un droit local ; elle abrite une faune et une flore remarquable et
en danger par la réduction de ses habitats. On retrouve alors d’autres critères d’action du
Conservatoire du Littoral : l’ouverture au public, la protection des écosystèmes et des activités
traditionnelles si elles concourent au maintien du paysage et des milieux naturels. Un organisme
travaillant dans ces objectifs et par action foncière est d’autant plus intéressant pour la forêt
méditerranéenne que celle-ci souffre d’un important morcellement de la propriété. Cela dit, le
foisonnement d’organismes publics de protection ou de gestion de cette forêt (Conservatoire du
Littoral, ONF, départements) peut lui être autant préjudiciable.
Les deux sites supports d’étude de ce stage sont deux exemples rassemblant la plupart des
problématiques propres à la forêt méditerranéenne : les nombreux usages et acteurs, le patrimoine
historique, la faune et la flore remarquable, le paysage et bien sûr les risques naturels, le feu et
l’érosion des sols. Tous comme l’homme, le feu est indissociable de la forêt méditerranéenne. Les
deux sites portent les marques d’incendies récents et importants, comme l’incendie de 2003 qui a
dévasté les Petites Maures. Ils sont le support de nombreux ouvrages à fonction de défense des forêts
contre les incendies qui doivent être intégrés dans le projet de gestion des sites. Ceci n’est pas aussi
Pour conclure et ouvrir le débat, on peut dire que ce travail d’état des lieux, de diagnostic et
de propositions de gestion a permis d’établir un bilan au « temps zéro » de chacun des sites, en faisant
ressortir les problématiques et les points forts de chaque site. Il a permis de mobiliser les acteurs
autour de ce patrimoine que le Conservatoire acquiert pour leur confier ensuite. A présent, « y’a plus
qu’à » c’est-à-dire poursuivre la mobilisation autour d’actions concrètes. C’est là que se vérifiera pour
de bon la valeur du travail entrepris. Quoiqu’il arrive, une trace écrite complète sur les 2 sites existe à
présent, et pour ma part cette expérience m’a permis de découvrir sur le terrain une facette de la forêt
méditerranéenne, devant laquelle il faut rester très humble parce que malgré une histoire commune
aussi ancienne, elle reste mal connue.
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Réseau régional des espaces naturels de la Région PACA, Les plans de gestion dans les espaces
naturels protégés - Université d'Automne 1997, Cahier Technique N°5, Miramas, oct-98, 43 p.
SIVOM du Pays des Maures, Actualisation du PIDAF des Maures, Plan Intercommunal de
Débroussaillement et d’Aménagement Forestier, Cogolin, sept-06.
SITES INTERNET
CARTES
Institut Géographique National carte topographique de randonnée TOP 25, Le Lavandou Parc
National de Port Cros, Corniche des Maures, Feuille 3446 ET, IGN, Paris, 2000.
SIVOM du Pays des Maures et du Golfe de Saint-Tropez, Service Forêt Espace Rural.
Le Grand Sud – Parc d’activité. Rue Blaise Pascal 83 310 Cogolin
Tel 04 94 55 70 30
BRUN Jacques, responsable Service Forêt Espace Rural jbrun@sivom-paysdesmaures.org
Annexe III Plan de gestion du site des Petites Maures (version du 21 juin 2007)
Etat des Lieux – Enjeux et Propositions de gestion
Annexe IV Plan de gestion du site des Collines de Cavalière (version du 21 juin 2007)
Etat des Lieux – Enjeux et Propositions de gestion
La prise en compte du littoral par le droit a d'abord résulté de la nécessité d'assurer la défense des
côtes.
XVIème siècle : Le littoral, propriété des seigneurs riverains, est intégré au Domaine de la Couronne, et
par l’édit de Moulins (1566) il devient inaliénable et imprescriptible.
XVIIème siècle : Dans son ordonnance sur la marine, Colbert donne une première définition spatiale du
littoral : « sera réputé bord et rivage de la mer tout ce qu'elle [la mer] couvre et découvre pendant les
nouvelles et pleines lunes et jusqu'où le grand flot de mars se peut étendre sur les grèves. »
XXème siècle :
1963 : Loi sur le Domaine Public Maritime (DPM).
1964 : Loi interdisant de déverser en mer des substances risquant de porter atteinte à la santé publique
ou à la faune et la flore sous-marine. Lois visant à contrôler la qualité des eaux de baignade et la
propreté des plages ouvertes au public.
1972 et 1973 : Circulaires réglementant les concessions sur les plages et obligeant à laisser un libre
accès à la mer et le long du rivage.
10 juillet 1975 : Loi de création du Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres ; il est
chargé de mener une politique foncière de préservation des espaces naturels des rivages maritimes et
lacustres dans les cantons littoraux et au bord des lacs de plus de 1.000 hectares.
1976 : Loi de réforme sur l’urbanisme instituant une servitude de passage sur les propriétés privées
riveraines du DPM : laisser une bande de terrain de 3 mètres de largeur dans certaines conditions à
l’usage des piétons.
1979 Directive « Orano » : directive d’aménagement relative à la protection et à l'aménagement du
littoral. Préservation d'une bande littorale d'une profondeur de l'ordre de 100 mètres le long du rivage,
généralisation des dispositifs d'assainissement. Efficacité limitée, car non opposable aux documents
d'urbanisme.
1983 : Une loi oblige les documents d’urbanisme à être compatibles avec les dispositions de la
directive d’aménagement.
3 janvier 1986 : Vote à l’unanimité de la loi n° 86-2 du dite « loi littoral ». Elle poursuit un quadruple
objectif : préserver les espaces rares et sensibles, gérer la consommation d'espace par l'urbanisation et
les aménagements touristiques, ouvrir plus largement le rivage au public, accueillir en priorité sur le
littoral les activités dont le développement est lié à la mer.
Remarque
Lors des discussions ayant abouti à la création du Conservatoire du Littoral, une autre hypothèse avait
été envisagée pour la protection des milieux littoraux : l’extension des missions de l’Office National
des Forêts. Les deux organismes sont donc liés depuis l’origine.
Point réglementaire :
Selon le Code Forestier (article L.111.1), les forêts et terrains boisés remplissant certaines conditions
bénéficient obligatoirement du régime forestier. Ces conditions sont :
Faire « partie du domaine privé de l’Etat ou sur lequel l’Etat a des droits de propriété indivis »
Appartenir à « des communes, … , établissements publics, établissements d’utilité publique. »
Etre des terrains susceptibles « d’aménagement » forestier, c’est-à-dire pouvant faire l’objet
d’un document de gestion à objectif forestier.
Les terrains vérifiant les critères portant sur leur propriétaire qui ne sont pas soumis au régime
forestier sont les terrains forestiers et boisés classés dans le domaine public et affectés à un service
public (notamment terrains militaires, jardins publics, promenades …) et les bois non susceptibles
d’aménagement forestier.
Remarque : Tout bois est susceptible d’être aménagé, au sens actuel de bénéficier d’un programme de
gestion, mais dans cet article il faut sous-entendre « aménagement à objectif de production de bois ».
Résumé
Ce rapport a été rédigé lors d’un stage de 6 mois au Conservatoire du Littoral, à la délégation
Provence-Alpes-Côte d’Azur. Le sujet du stage était la réalisation de plans de gestion pour deux sites
forestiers du Conservatoire dans le Massif des Maures (Var -83), Les Collines de Cavalière
(Commune du Lavandou - 83 ha) et les Petites Maures (commune de Roquebrune-sur-Argens – 518
ha). Les deux plans de gestion (état des lieux – propositions de gestion) sont placés en annexe.
Les Collines de Cavalière et les Petites Maures sont deux sites forestiers situés sur la façade
littorale du massif des Maures (Var – 83). Le rapport présente le contexte dans lequel ont été rédigé
leurs programmes de gestion, c’est-à-dire le contexte de la forêt méditerranéenne et du fonctionnement
spécifique du Conservatoire du Littoral. Ensuite il explique comment le travail sur les deux sites s’est
déroulé, les difficultés, les solutions et les remarques qu’il a suscités. A travers cette expérience de
terrain, il montre que l’approche de gestion du Conservatoire du Littoral, qui n’est pas un organisme
forestier, peut être bien adaptée à la forêt méditerranéenne.