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Université d’Etat d’Haïti (UEH)

Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV)

Cours « Systèmes Agraires »

Enseignant : Jean Marie Robert CHERY

Diagnostic des situations agraires : principes et méthodes

I- En guise d’introduction : Place du diagnostic dans le cycle de projet

Le diagnostic représente une sous-étape importante de la préparation d’un projet de


développement qui est une étape fondamentale du cycle de projet. Celle-ci a pour but de
déterminer quelles actions il est réaliste et judicieux de mettre en œuvre.

Projet : Ensemble d’activités inter reliées visant à réaliser un objectif de développement


dans une zone pendant une période de temps convenue et à l’aide de ressources
(humaines, matérielles et financières) mobilisées.

Le cycle d’un projet couvre tout le processus qui va du lancement de l’idée du projet à
sa préparation, son exécution et son appréciation. Ce sont les différentes étapes du
projet.

Le terme cycle souligne le fait que les étapes sont étroitement liées les unes aux autres et
qu’elles suivent une progression logique ; une étape conduit normalement à la suivante
et qu’il est tout à fait possible et même souvent nécessaire de revenir à une étape
précédente à mesure que le cycle se déroule dans le temps et que la situation
économique et politique du pays se modifie.

On peut considérer que le cycle d’un projet se décompose en quatre étapes (voir schéma
ci-après)
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SCHEMA : LES QUATRE PRINCIPALES ETAPES DU CYCLE DE PROJET

IDENTIFICATION

EVALUATION PREPARATION
(rétrospective) -Diagnostic
-Formulation des
interventions
-Evaluation Ex
ante

EXECUTION
-Mise en œuvre
-Gestion des
ressources
-Suivi-évaluation

(i) Identification  Identification des problèmes à résoudre, des grandes voies


de solution, aboutissant à une première élaboration d’une idée de projet. Elle
devra aussi indiquer les besoins en termes d’études et de collecte de données

(ii) Préparation  Analyse-diagnostic plus précise du milieu, formulation des


interventions, appréciation de leur faisabilité et leur rentabilité. Cette étape
aboutit à un document de projet

(iii) Exécution  Mise en œuvre des activités, Gestion des ressources, suivi –
évaluation

(iv) Evaluation (rétrospective)  Examen de l’incidence du projet en vue de tirer


les leçons de l’expérience pour pouvoir mener à bien les projets futurs
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L’ETAPE PREPARATION

Elle comprend 3 sous-étapes :

- Diagnostic
- Formulation des interventions
- Evaluation ex ante (a priori) : Appréciation de la faisabilité et de la rentabilité des
interventions

II- Diagnostic

(i) Utilité du diagnostic

Les échecs de beaucoup de projets sont dus à l’inadaptation des propositions faites aux
paysans. Cette inadaptation peut résulter de deux facteurs :

- Ceux qui font des propositions ne connaissent pas assez le milieu dans lequel ils
travaillent ; ils proposent des techniques qui ne correspondent pas forcément aux
attentes des agriculteurs

- Ils ne tiennent pas assez compte du contexte socio-économique dans lequel


évoluent les paysans

D’où la nécessité de réaliser un diagnostic permettant la connaissance préalable


approfondie du milieu sur lequel porte une opération de développement, afin
d’améliorer les conditions de vie et de satisfaire les besoins des populations.

(ii) Définition

Au point de vue médical, c’est l’Acte qui permet au médecin d’établir les causes
d’une maladie et de prescrire le traitement le plus approprié

Dans une action de développement, le diagnostic est un jugement porté sur une
situation en vue de guider l’action. C’est une méthode pour comprendre le milieu
auquel on a affaire avant de prétendre y agir. Il devient un moyen de connaître pour
pouvoir discuter et négocier la définition d’une action.
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Le diagnostic est différent de la Monographie qui est une étude permettant une
vision globale du milieu physique, humain, organisationnel et institutionnel. La
monographie est plutôt une méthode descriptive.

(iii) Diagnostic et participation des bénéficiaires

Le terme Participation renvoie au processus par lequel les décisions sont prises par les
populations qui sont directement concernées par l’action. C’est en ce sens un moyen
pour la responsabilisation de ces populations.

La participation des acteurs locaux est essentielle pour deux raisons :

- l’incompréhension ou le rejet d’une analyse et de ses conclusions par une partie


des acteurs peut mettre en cause une action projetée
- la participation de tous à ce processus a un effet très formateur.

La participation ne doit pas se limiter à une simple routine de consultation des


bénéficiaires sur leurs besoins et les contraintes qu’ils estiment rencontrer. Il s’agit en
réalité d’un véritable processus de libération de la parole et de l’énergie des membres
d’une communauté, d’un apprentissage collectif de l’identification.

(iv) Objectifs du diagnostic des systèmes agraires

- Identifier et hiérarchiser les éléments de toutes natures (agro-écologiques,


techniques, socio-économiques) les plus susceptibles de conditionner le devenir
du développement agricole de la zone

- Caractériser les pratiques agricoles des producteurs, étudier leurs systèmes de


production

- Analyser les rapports de production et d’échanges

- Identifier les contraintes qui entravent la productivité et la production agricoles


et qui empêchent l’amélioration du bien-être des exploitations agricoles. En
même temps, il s’agit d’identifier les atouts dont elles disposent pour résoudre les
problèmes.
5

- Formuler des recommandations pour orienter des opérations de développement


agricole

(v) Les Principes généraux pour la réalisation du diagnostic

a. Analyse du général au particulier


On doit avoir une idée de ce qui passe au niveau du pays et de la région
avant de se lancer dans les enquêtes au niveau des exploitations agricoles
et des parcelles

b. Référence à l’histoire
Tenir compte des expériences antérieures

c. Analyse des différences au niveau du milieu (Zonage agro écologique*) et


des exploitants (typologie*)

d. Analyse des réalités en termes de système


On s’intéresse davantage aux relations entre les éléments qu’aux éléments
eux-mêmes, par exemple relations entre les techniques culturales utilisées
et les éléments sociaux

* Zonage agro écologique: Stratification du milieu en fonction des caractéristiques qui


sont censées influer sur son exploitation agricole (milieu naturel : sol, climat, pente,
végétation)

* Typologie : Catégorisation des exploitants agricoles en fonction de critères socio-


économiques

Réalisation du zonage agro-écologique

Il existe une nette différence entre un zonage agro-écologique et le zonage proprement


dit qui relève du domaine de l’aménagement du territoire.

Dans le domaine de l’aménagement du territoire, faire du zonage c’est «  conférer à


chaque partie du territoire l’affectation qui lui convient le mieux ». En d’autres termes,
c’est déterminer à partir d’études et surtout sur base de cartes thématiques, les grandes
zones réservées à l’exercice d’une fonction. Une fonction serait par exemple Habiter-
Travailler, etc.
Le zonage agro-écologique par contre n’a aucune ambition de réaffectation des zones. Il
ne fait que relever l’état des lieux sur base de critères agro-climatiques préalablement
définis. Le terme zone ici désigne le regroupement en zones homogènes des régions
présentant des caractéristiques identiques.
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Un territoire présente généralement différents écosystèmes, différents systèmes de


production, différents niveaux de potentialités et il importe de le diviser en zones agro-
écologiques nettement différenciées de manière à mieux appréhender les systèmes de
production au niveau de chaque zone et adapter les éventuelles interventions.

Idéalement, un zonage agro écologique doit être réalisé à partir des critères suivants :
a) l’altitude
b) la pluviométrie
c) le peuplement végétal
d) le type de sol
e) l’existence de structures d’irrigation

En Haïti, ces informations sont disponibles à l’échelle départementale, et parfois des


communes. Cependant, à une échelle inférieure à celle des communes, ces informations
sont totalement inexistantes et plus particulièrement pour la pluviométrie. L’approche
qualitative est donc la seule qui tout en garantissant la fiabilité permet de surmonter ces
limitations.
Les grandes zones agro-écologiques de ce zonage sont déterminées à partir de trois
critères : l’altitude, la pente et le type de culture (ce dernier critère est employé parce
qu’il est l’expression de la pluviométrie d’une région, entendu que celle-ci ne bénéficie
pas d’irrigation.

Ces critères doivent ainsi permettre de définir et de caractériser différentes zones agro-
écologiques.

1- Les Montagnes Humides


2- Les Plateaux Humides
3- Les Montagnes Semi-Humides
4- Les Plateaux Semi-Humides
5- Les Plateaux et Mornes Secs
6- Les Plaines Irriguées
7- Les Plaines semi-arides

Caractéristiques des Zones Agro-Ecologiques

Zones Agro- Pluviométrie Altitude Cultures dominantes


Ecologiques (mm) (m)
Montagnes 1600-2.400 1000-1.800 Café, Igname, Haricot, Légumes
7

Humides
Plateaux Humides + 2.000 600-900 Café, Banane, Igname, Haricot,
légumes
Montagnes Semi- 1000-1.500 600-1000 Bananes, Légumes, Fruits
Humides
Plateaux Semi- 1.000-1.500 200-400 Maïs, Banane, Pistache, Patate,
Humides Pois congo
Plaine Humide 1.600-2.000 0-50 Riz, Mazombel, Patate
Plaine Irriguée 600-2.000 0-50 Haricot, Riz, Maïs, légumes
Plaines et Mornes 500-900 0-400 Pois congo, Sorgho, Maïs, Pistache,
Semi-arides Manioc
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III- Démarche à adopter pour la réalisation du diagnostic

3.1 Démarche générale

Le processus de réalisation du diagnostic doit privilégier l’approche participative


(Démarche basée beaucoup plus sur un rapport de partenariat entre les communautés
rurales et les structures de projet) valorisant les techniques et outils d’enquêtes
participatives et l’échange direct avec les intéressés pour les porter à faire eux-mêmes la
critique des situations qu’ils vivent, à identifier les problèmes les plus cruciaux, à
trouver des éléments de solution et à définir des priorités.

La collecte des données nécessaires est donc basée sur des méthodes de diagnostic
participatif informel agrémentées d’une revue bibliographique, d’observations
particulières, d’entretiens semi-directifs (outil intermédiaire entre les causeries-débats et
les enquêtes classiques). D’autres outils comme le transect (prospection physique d’une
localité en suivant un parcours bien déterminé pour découvrir la diversité du milieu), le
tableau d’analyse des problèmes seront mis à profit dans le cadre d’un diagnostic
participatif. Enfin, on a parfois besoin des méthodes d’enquêtes quantitatives, par
exemple les enquêtes d’exploitation, pour compléter les méthodes participatives plus
informelles.

3.2 Les étapes à suivre

1ère étape : Recensement et dépouillement des documents existants

La revue de la documentation existante permettra de collecter, traiter et interpréter les


informations déjà disponibles sur la zone d’étude. Ce travail se fera principalement sur
la base de documents tels :

- cartes,
- photographies aériennes,
- enregistrements climatologiques,
- recensements,
- rapport d’études,
- rapport d’évaluation, etc.

Les informations à rechercher concerneront entre autres :


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- la situation d’exploitation des terres en termes de productions agricoles


- les données climatologiques (précipitations, température, évapotranspiration,...)
devant permettre d’apprécier les limitations culturales et d’estimer les besoins en
eau mensuels des cultures
- les données socio-économiques relatives au milieu humain et à l’environnement
économique et commercial (voir annexe 2 : Grille de recueil des données socio-
économiques)

Ces données élémentaires permettront d’avoir un minimum de connaissances sur les


réalités agraires des localités et de mieux préparer les enquêtes à mener sur le terrain.

2ème étape : Observations directes et enquêtes légères

 Objectifs poursuivis : Observer et décrire les différents éléments du paysage,


délimiter différentes parties du milieu étudié pour mieux décrire chacune d’elles.

 Eléments à prendre en compte


- la géomorphologie,
- la topographie,
- l’hydrographie,
- les sols,
- la végétation,
- les animaux présents dans le paysage,
- le parcellaire,
- les constructions (habitations, villages, chemins, routes, aménagements

 Résultats attendus : Dégager de grands ensembles relativement homogènes du


point de vue du paysage (Première délimitation des zones agro-écologiques)

 Méthode de réalisation : Les observations directes sont effectuées sur la zone en


question, en compagnie des membres des associations existantes et d’autres
planteurs, portant entre autres sur les éléments mentionnés ci-dessus. Elles se
font à travers des parcours systématiques sur le terrain en suivant des transects
(pour pouvoir découvrir la diversité du milieu) soigneusement choisis. Elles
doivent donc permettre de faire un état des lieux de la zone, au point de vue
physique et de leurs modes d’exploitation. A ces observations sont associées des
enquêtes légères, conduites par entretiens individuels.
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3ème étape : Entretiens semi-structurés ou semi-directifs

Un entretien semi-structuré est une forme d’entretien guidé où quelques questions


seulement sont préparées à l’avance et où les autres questions sont généralement
engendrées au cours de l’entretien. Les personnes qui conduisent l’entretien utilisent les
questions d’une liste de contrôle comme un guide flexible plutôt qu’un questionnaire
formel. Ainsi, l’entretien prend la forme d’une conversation au cours de laquelle celui
qui interroge et celui qui est interrogé échangent leur savoir.

 Entretiens (à caractère historique) auprès d’agriculteurs et agricultrices âgés

 Objectifs poursuivis: Il s’agit de comprendre l’évolution des modes d’exploitation


du milieu. Il faut mettre en évidence les mécanismes qui ont conduit à une
différenciation des systèmes de production et à la diversité que l’on observe
aujourd’hui, en ayant soin de montrer comment les différents changements
intervenus interagissent et s’enchaînent (relation entre les différenciations
sociales et les changements techniques).

 Eléments à considérer :

- L’utilisation des différents écosystèmes et leur localisation dans l’espace


- les systèmes de culture et d’élevage
- les moyens de production et leur évolution
- le mode de tenure des terres
- la transformation et la commercialisation des denrées agricoles
- les éléments de différenciation des exploitations agricoles (la surface exploitée, la
taille du troupeau, le type de main d’œuvre, les équipements, les types de
spéculations agricoles pratiquées, les activités extra agricoles ?)
- les contraintes à la production agricole
- les solutions possibles ou qui y sont actuellement apportées,…

 Résultats attendus:
- Zonage définitif (en mettant également à profit la documentation disponible)
- Etablir une typologie provisoire des systèmes de production actuels

 Entretiens individuels et collectifs/Système agraire actuel


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 Objectifs poursuivis : Identifier avec plus de précision les types d’exploitation,


poursuivre la caractérisation des systèmes de production mise en œuvre et faire
le tour des problèmes liés aux localités concernées
 Eléments à considérer :

Un guide d’entretien organisant les informations recherchées sera élaboré à cette


fin et comprendra entre autres les points suivants:

- les organisations et structures d’appui existantes


- l’organisation sociale du périmètre irrigué (s’il y a lieu)
- les systèmes de culture et d’élevage
- le système foncier
- l’organisation du travail (main d’œuvre)
- la transformation et la commercialisation des denrées agricoles
- le rôle de la femme au sein des familles et dans l’économie rurale
- les éléments de différenciation des exploitations agricoles
- les contraintes à la production agricole
- les problèmes d’ordre général
- les potentialités existantes
- les solutions qui y sont actuellement apportées
- les souhaits des planteurs…

Les entretiens semi-structurés peuvent aussi être utilisés pour analyser les contraintes et
leur solution possible. Des focus group réunissant chacun 15 à 20 personnes porteront
notamment sur l’état de la situation actuelle du secteur agricole de la zone, sur les
contraintes existantes, sur les potentialités, les alternatives possibles. Les contraintes
identifiées seront par ailleurs classées et analysées (détermination des causes et
conséquences).

Classer signifie dresser une liste par ordre d’importance. Quand les participants à une
réunion sont d’accord sur la liste de leurs contraintes, ils doivent les classer afin
d’identifier celles qui gênent le plus.

Une fois que les agriculteurs ont identifié les contraintes dans la zone et qu’ils les ont
classées par ordre de priorité, il faut en étudier et en analyser les causes exactes et les
effets avec les acteurs concernés. Un outil utile à cette analyse est le tableau d’analyse de
problèmes qui est présenté comme suit :

Tableau d’analyse de problèmes

Problèmes Les causes ? Les effets ? Actions possibles ?


importants?
1.
12

2.

3.

4.

5.

4ème étape : Enquête d’exploitation (Enquête formelle) par étude de cas

Des enquêtes approfondies basées sur un questionnaire suivront les enquêtes


précédentes et devront permettre de caractériser finement les systèmes de production
mis en oeuvre, d’en déterminer les implications techniques et financières, de mesurer les
performances techniques et économiques, d’examiner les différences et interactions
observées.

Compte tenu de la complexité éventuelle des systèmes de production et du grand


nombre d’exploitations agricoles, une enquête systématique paraît dispendieuse et
risque de durer trop longtemps. Ce travail nécessitera alors un échantillonnage raisonné.
On procédera par des études de cas au sein d’un échantillon relativement restreint
d’exploitations agricoles. La méthode d’échantillonnage par quota peut être adoptée de
manière à choisir au niveau des différentes zones (déterminées à partir du zonage agro-
écologique) des agriculteurs de différents niveaux socio-économiques (d’après la
typologie préalablement établie) pour avoir un ensemble de planteurs représentatifs des
sites.

Le questionnaire portera entre autres sur les caractéristiques socio-économiques de


l’exploitation, les moyens de production disponibles, les rotations culturales pratiquées,
les assolements, les itinéraires techniques des systèmes de culture, le calendrier de
production, les rendements par culture, les prix au producteur, les charges
d’exploitation (intrants, main d’œuvre, outils, location terrain, etc.), les marges brutes
par culture. Des budgets de cultures (compte d’exploitation) seront ainsi établis et
permettront de déterminer les revenus agricoles actuels.

Calculs économiques
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On sera ensuite appelé à effectuer des calculs économiques pour chaque grand système
de production identifié et non à l’échelle de chaque exploitation enquêtée. On se basera
sur les concepts de Valeur Ajoutée (VA) et Revenu Agricole (RA)

5ème étape : Traitement de l’information/Synthèse

Les informations collectées seront dépouillées, organisées puis traitées. Les éléments
d’analyse serviront de base à la rédaction d’un rapport de synthèse.

6ème étape : Restitution de l’information

Cette dernière étape de la démarche est nécessaire à la participation effective de la


population à l’identification des actions. L’information doit être restituée sous une
forme compréhensible, à tous les acteurs, pour pouvoir alimenter la réflexion. L’objectif
sera la confrontation, la discussion et la validation des résultats, des conclusions et des
recommandations du diagnostic par les participants. Cette rencontre portera sur le
contexte et les objectifs de l’étude, la méthodologie utilisée, les principaux résultats
obtenus, notamment les problèmes de la zone et les alternatives de solutions, ainsi que
sur les propositions d’actions. Les réactions et les propositions des participants à la
séance de restitution permettront aux responsables de l’étude d’apprécier la pertinence
de leurs analyses et de finaliser le rapport.
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Description du fonctionnement de l’exploitation agricole

Une exploitation agricole, dans son fonctionnement productif, c’est-à-dire en tant


qu’unité de production, doit réunir différents éléments, tous nécessaires pour qu’une
production, qu’elle soit végétale ou animale, puisse être entreprise. Ces éléments sont la
terre, le travail et les moyens de production (ensemble des biens ou matériels qui vont
être utilisés au cours de la production.

On regroupe ces biens en deux catégories :


 les biens qui vont servir à plusieurs cycles de production (outils, bâtiments,
cheptel reproducteur, aménagements fonciers, plantations). On les appelle aussi
moyens de production à usage (ou à consommation) pluriannuel.
 Les biens qui vont entrer dans le processus de production pour être transformés
au cours d’un cycle. Ils sont encore appelés consommations intermédiaires ou
intrants. Ce sont semences, engrais, produits phytosanitaires, aliments pour le
bétail acheté

Les exploitants agricoles haïtiens ne produisent pas de façon isolée. Pour pouvoir
réaliser leur activité de production, ils sont presque toujours amenés à nouer des
relations de natures diverses avec leur environnement économique et social.

Ces relations se traduisent par la mise en rapport de l’exploitant avec des agents
économiques extérieurs à l’exploitation. Ces rapports sociaux sont appelés rapports de
production et d’échange et forment la base des conditions économiques et sociales de la
production pour les exploitants. Citons par exemple :
- rapport avec un propriétaire foncier pour obtenir une parcelle en fermage ou en
métayage (moyennant une rente foncière)
- rapport avec des agriculteurs voisins ou des commerçants pour l’achat de
semences
- rapport avec des commerçant (e)s et des transporteurs pour la vente des
productions
- rapport avec d’autres agriculteurs pour établir des échanges de travail, pour
acheter ou vendre des journées de travail
- rapport avec des personnes ou institutions pour emprunter l’argent nécessaire à
l’achat de certains moyens de production

Pour porter un jugement sur l’exploitation, il faut aussi mesurer les performances
économiques.
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Calcul des résultats économiques des systèmes de production

Mesure des Performances techniques et économiques

Performances techniques:

. Au niveau des parcelles par la mesure des rendements

. Au niveau des animaux par la mesure de la production (Production laitière, Gain en


poids, nombre de petits,...)

Performances économiques:

Au niveau de l’exploitation, elles se mesurent par le calcul économique

a) Calcul du Produit Brut (PB)

Le PB correspond à la Valeur monétaire de la production pour un cycle de production,


généralement un an.

On distingue le Produit Brut Végétal et le Produit brut animal

PB Végétal = Quantité physique produite x valeur d’1 unité physique de produit


(y compris l’autoconsommation)

Quantité physique produite = Superficie cultivée x rendement à l’unité de surface

Produit Brut Animal = Valeur des produits consommés par la famille


+ Montant des ventes de produits animaux
+ Montant de (ventes - achats d’animaux)
+ Valeur du cheptel en fin de cycle - Valeur du cheptel en
début de cycle
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Produit Brut total = Produit Brut végétal + produit Brut animal

b) Calcul de la valeur Ajoutée

Valeur Ajoutée : Richesse créée par l’activité économique

Valeur Ajoutée Brute (VAB) = Produit Brut - Consommations Intermédiaires (CI)

La valeur ajoutée brute est égale au produit brut de l’exploitation diminué des
consommations intermédiaires.
Consommations Intermédiaires: Biens et services achetés à l’extérieur de
l’exploitation (semences, engrais, produits
phytosanitaires, eau d’irrigation, aliments pour
bétail, entretien de matériels, etc.) et consommés
au cours d’un seul cycle de production

Si l’on retranche les amortissements économiques on obtient la valeur ajoutée nette du


système de culture, d’élevage ou de production suivant la nature des équipements.

Valeur Ajoutée Nette (VAN) = VAB – Amortissements (A)

 Notion d’Amortissement

Amortissement : Dépréciation annuelle du bien pour cause d’usure = Prix d’Achat du


matériel/Durée d’existence

Existence d’autres biens achetés à l’extérieur de l’exploitation non consommés au cours


d’un cycle de production (outils, charrue, matériels de stockage, etc.).

On peut calculer la VAN/ha qui correspond à la richesse créée par unité de surface ou la
VAN/actif ou par unité de temps de travail qui correspond à la productivité du travail.

c) Répartition de la Valeur Ajoutée : Calcul du Revenu agricole

La valeur ajoutée est ensuite distribuée entre différents agents qui ont participé à la
production.
Le revenu agricole (RA) rémunère le travail accompli par les travailleurs du système de
production.
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Pour le calculer il faut soustraire à la VAN les éléments suivants :


- Rente foncière versée au propriétaire (quand la totalité de la SAU n’est pas en
propriété)
- Impôts et taxes versés à l’Etat
- Intérêts versé aux banquiers et usuriers qui ont avancé du capital
- Salaires payés aux salariés

Et ajouter les subventions reçues

Ce Revenu va être partagé en Consommation et/ou Epargne.

Si Revenu suffisant  Investissement et renouvellement des moyens de production

Si Revenu insuffisant  Recherche d’autres sources de revenu ou décapitalisation


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Diagnostic des systèmes agraires/Définition d’une politique agricole nationale

Politique :
• Elle est constituée par les dispositions mises en œuvre au niveau de l’Etat ou des
collectivités locales pour promouvoir ou soutenir des actions.
• Elle trace le cadre à l’intérieur duquel sont prises les décisions qui permettent
l’atteinte des objectifs.

La politique agricole du Ministère de l’agriculture fixe les objectifs (faire baisser le


niveau d’insécurité alimentaire, réduire le niveau de pauvreté en milieu rural) et les
domaines prioritaires d’intervention (Recherche, formation et vulgarisation, appui à
l’accessibilité des facteurs de production, Promotion de la relance des filières céréalières,
aménagements hydro agricoles, aménagements de bassins versants, appui au
développement de l’élevage de la pêche et de l’aquaculture, transformation et
commercialisation agricole…).

Pourquoi une politique agricole nationale ?


- Poids de l’agriculture dans l’économie nationale et la sécurité alimentaire
• L’économie nationale repose largement sur la contribution du secteur agricole
qui représente environ 20% du PIB
• Le secteur agricole constitue la principale source de revenus et d’emplois en
zones rurales (plus de 60% de la population active y travaillent)
• La production agricole nationale est responsable d’environ 45% de la
disponibilité alimentaire/Apport à l’amélioration de la sécurité alimentaire
• Un Nombre élevé d’acteurs (aux intérêts parfois conflictuels) intervient dans le
secteur agricole

- Nécessité de coordination et d’harmonisation pour améliorer l’efficacité des


interventions (dans un contexte de faibles ressources) qui doivent assurer à la
population une sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Canevas de présentation d’une politique agricole


 Quelques éléments de diagnostic du secteur agricole:
Synthèse des contraintes à lever et atouts à valoriser
 Cadre d’orientation de la politique agricole (documents existants a un niveau
plus élevé)
 Les grandes lignes de la politique agricole (vision à l’horizon 20.., les objectifs
poursuivis, les principes de base, approche générale, les principaux leviers, les
axes stratégiques prioritaires)
 Instruments et mécanismes de mise en œuvre
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ANNEXE : GRILLE DE RECUEIL DES DONNEES SOCIO-ECONOMIQUES

ASPECTS GEOGRAPHIQUES ET CARACTERISTIQUES PHYSIQUES

 Situation géographique et limites de la localité


Distance par rapport au chef lieu (arrondissement et départemental)
 Superficie du site. Nombre d’habitations
 Accessibilité générale, état des routes en saison sèche et en saison pluvieuse
Moyens de déplacement utilisés
Relief : collines, plaines, état de l’environnement en général
 Climat : les saisons pluvieuses, les saisons sèches
 Ressources en eau

ASPECTS DEMOGRAPHIQUES

 Nombre d’habitants du site et des localités avoisinantes, densité au km 2,


répartition par sexe, par tranche d’âge et par habitation
Mouvement de la population : nombre, période, durée, raison

SERVICES SOCIAUX ET INFRASTRUCTURES DE BASE

 Santé

 Education
Nombre d’écoles primaires, effectif
Nombre d’écoles secondaires, effectif
Ecoles professionnelles, effectif

 Hydraulique
Points d’eau existants, nature, qualité de l’eau

 Structures d'irrigation

 Réseau routier

 Télécommunications et Electricité

 Marchés publics

ASPECTS ORGANISATIONNELS ET INSTITUTIONNELS


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Associations de base existantes ? Leurs objectifs, le nombre de membres, leur niveau


d’activité
Partage de responsabilités entre hommes et femmes, pouvoir de décision dans les
familles
Institutions d’appui au développement actives dans la zone (nom, objectifs, type
d’appuis,…)
Organisations confessionnelles (religion)
Sources de conflits et facteurs de solidarité dans la zone

ASPECTS ECONOMIQUES

 Agriculture : Productions, moyens financiers (Possibilité financière, accès au


crédit, capacité d’épargne,..), utilisation de la production ? destination de la
production, compte d’exploitation des cultures

 Elevage : Nature, produits d’élevage, leur utilisation

 Commerce :
- Inventaire des principaux produits commercialisés
- Marché fréquentés ?, distance ?, fréquence ?, importance du marché ?
Caractéristique dominante
- Accessibilité des routes ? Moyens de transport pour les marchandises ?
- D’où viennent les fonds de démarrage du commerce ?

 Artisanat :
Les différents domaines de l’artisanat
Existence d’une coopérative d’artisanat

 Pêche
Existe-t-elle ? Permanente ou Périodique ?
Individuelle ou collective ?
Destination de la production

 Autres entreprises (usine, micro entreprises, moulins,…)

 Organisations économiques intervenant dans la zone

PRINCIPALES POTENTIALITES ET CONTRAINTES PAR DOMAINE


D’ACTIVITES

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