Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
L’écosystème cultivé
Les cultures sur abattis-brulis sont pratiquées dans des milieux boisés.
Elles sont installées sur des terrains préalablement défrichés par
essartage, c’est-à-dire par un abattis suivi d’un brûlis, mais sans
dessouchage. Les parcelles ainsi défrichées ne sont cultivées que durant
une, eux ou trois années, rarement plus, après quoi elles sont
abandonnées à la friche boisée durant une ou plusieurs décennies, avant
d’être de nouveau défrichées et cultivées.
Les systèmes de culture sur abattis-brûlis, que l’on appelle aussi parfois
système agraires forestiers, sont donc des systèmes de culture temporaire
alternant avec une friche boisée de longue durée, pour former une
rotation dont la période varie d’une dizaine à une cinquantaine d’années.
2
tomate, le gombo, la courge et le piment. La culture principale est alors
installée immédiatement après le défrichement et la préparation du sol, de
manière à bénéficier des meilleures conditions de fertilité. Les cultures
secondaires, moins exigeantes, moins essentielles et moins productives
viennent ensuite et sont fréquemment conduites en association.
Les cultures sur abattis-brûlis n’en restent pas moins, en général, des
cultures temporaires qui ne durent qu’une, deux ou trois années, rarement
davantage.
Le renouvellement de la fertilité
3
La méthode de renouvellement de la fertilité consiste, après avoir
défriché un terrain et après l’avoir cultivé quelque temps, à laisser la
végétation sauvage se reconstituer et restituer les quantités de matières
organiques et minérales suffisantes pour compenser les pertes
occasionnées par sa mise en culture ; après quoi on peut de nouveau
défricher et cultiver ce terrain.
L’élevage
4
dégradation d’une partie des terres, la durée de la friche se réduit au point
que l’exploitation d’un terrain par une même famille tend à devenir
continue. Ajoutons que lorsqu’une bonne partie des terres est soumise à
un droit d’usage permanent, et que les friches temporairement cultivables
se font rares, le droit de cultiver chaque parcelle de terrain est de plus en
plus rationné et étroitement dévolu à telle ou telle famille, de sorte que la
cession de ce droit à un tiers se traduit par un manque à gagner qui exige
une compensation, c’est-à-dire en fait le paiement d’une redevance
foncière : un fermage si la cession de ce droit d’usage est temporaire, une
vente si la cession est définitive. En devenant marchandise, cette terre
devient aussi un objet d’appropriation publiquement reconnue.
Réduction de la fertilité
5
de la litière et donc de la teneur du sol en humus. Cette réduction entraine
une baisse de la capacité de stockage en eau et en sels minéraux, et une
diminution de la quantité de minéraux provenant de la minéralisation de
l’humus.
Erosion
Dans un milieu déboisé, les eaux de pluie frappent directement le sol sans
que leur chute ait été amortie par la végétation ; de plus, leur écoulement
à la surface du sol rencontre généralement moins d’obstacles. Dans ces
conditions, le ruissellement des eaux augmente et s’accélère, alors que
leur infiltration diminue.
Assèchement du climat
6
9) Les Systèmes agraires hydrauliques des régions arides
Dans une vallée submergée plusieurs mois par an par une crue massive,
comme la vallée du Nil, le problème essentiel était d’enfermer les eaux
de crue pendant un temps suffisant dans des bassins aménagés à cet effet,
puis d’évacuer ces eaux en temps voulu pour y pratiquer des cultures de
décrue, et enfin de protéger ces cultures contre un éventuel retour de
crue tardif. Les cultures de décrue étaient semées après le retrait de
l’inondation, quand les sols étaient gorgés d’eau et enrichis d’alluvions,
et elles sont récoltées au printemps. Les cultures de céréales (blé, orge,
millet) et de lin, exigeantes en éléments minéraux, alternaient avec des
cultures de légumineuses alimentaires (pois, lentille) ou fourragères,
enrichissantes pour le sol.
Par contre, dans les vallées qui n’étaient pas régulièrement inondées, les
cultures de décrue n’étaient guère possibles ; le problème essentiel était
alors d’utiliser l’eau du fleuve ou celle des nappes pour pratiquer des
cultures irriguées, tout en les protégeant si nécessaire des crues
occasionnelles. Elles sont aussi anciennes que les cultures décrue. Au
temps des premiers villages, des cités-Etats et des premiers pharaons,
7
l’arrosage manuel à la cruche de terre cuite ne pouvait guère s’étendre
qu’au voisinage immédiat des points d’eau. A partir du XIV e siècle avant
J.-C toutefois les cultures irriguées ont pu gagner un peu de terrain grâce
à l’adoption du puits à balancier en provenance de Mésopotamie. Mais
ces cultures se sont surtout développées après la conquête grecque (333
avant J.-C), grâce à l’usage de nouvelles machines de puisage et
d’élévation de l’eau beaucoup plus efficaces ; la vis d’Archimède et la
roue à godets qui, dans l’Antiquité, étaient généralement actionnées par
de la main d’œuvre servile. Au moyen âge, à l’époque arabe notamment,
les cultures irriguées purent encore progresser grâce à l’utilisation
croissante de la traction animale, des moulins à vent et des moulins à eau
pour actionner ces machines, les roues à godets en particulier.
A la différence des cultures de décrue, toujours pratiquées en hiver, les
cultures irriguées pouvaient être pratiquées à différentes saisons.
L’aménagement de périmètres irrigables en toutes saisons permettait de
pratiquer des cultures comme la canne à sucre, le coton : deux cultures
tropicales d’exportation, sources de profit, de devises et de matière
première pour l’industrie, qui ont alors inspiré les politiques de
réaménagement de la vallée en vue d’étendre l’irrigation.
Dans les régions tropicales humides, qui reçoivent plusieurs mètres d’eau
par an, vallées et bas-fonds sont périodiquement submergés par les crues
des rivières, par les eaux de ruissellement ou même directement par les
pluies. C’est dans ce genre de milieu que le riz aquatique, riz qui pousse
en terrain inondé, a commencé d’être cultivé, il y plus de 6.000 ans, dans
plusieurs régions d’Asie des moussons, de l’Inde à la Chine méridionale.
La culture du riz d’origine aziatique (Oryza sativa) s’est ensuite étendue
à l’ensemble des régions tropicales et subtropicales d’Asie, puis aux
régions tempérées chaudes d’Asie, d’Europe et d’Amérique. D’autre part,
il y a 3.500 ans environ, une autre espèce de riz d’origine africaine
(Oryza glaberina) fut domestiquée dans le delta central du Niger. De
nombreuses variétés de cette espèce ont ensuite été cultivées dans les
vallées du Niger, du Sénégal, de la Gambie, de la Casamance et sur la
côte guinéenne
Par ailleurs, une riziculture non aquatique, dite riziculture « en sec »,
s’est également développée dans les régions tropicales suffisamment
arrosées, mais elle n’a guère dépassé le stade de culture sur abattis-brûlis
8
et son importance reste secondaire. Le riz aquatique par contre, grâce à la
progression des aménagements hydrauliques, des pratiques culturales et
des variétés, a connu un immense développement qui en a fait, aux côtés
du blé et du maïs, l’une des trois céréales les plus consommées au
monde : le tiers de l’humanité s’en nourrit chaque jour.
Dans un premier temps, le riz fut cultivé dans les zones naturellement
submergés plusieurs mois par an. Les riz flottants sont particulièrement
bien adaptés à ces plans d’eau, dont le niveau non contrôlé varie
beaucoup.
Casiers rizicoles
Dans les vallées et les deltas, l’irrigation n’est pas toujours facile car, en
basse saison, les eaux des fleuves et des canaux se trouvent généralement
à un niveau inférieur à celui des casiers. Il faut alors, soit remonter l’eau
grâce à des appareils élévateurs actionnés par l’homme, par des animaux
ou par des moteurs, ce qui est coûteux, soit construire un vaste réseau
d’irrigation partant de très loin en amont, et conduisant l’eau dans les
casiers grâce à des canaux surélevés par rapport à la plaine rizicole, ou
parfois aujourd’hui grâce à des tuyaux sous pression.
9
Repiquage, traction animale, sélection et multiplication des récoltes
10
s’attachait aucune autre redevance que le service militaire. Ces lots étaient
transmissibles à la génération suivante, dès lors que l’un des fils s’engageait
aussi comme soldat. Ainsi se constitua peu à peu une caste guerrière qui
exploitait de manière héréditaire une partie de la terre d’Egypte.
L’élevage
11
10) Les systèmes agraires à jachère et culture attelée légère
Ces systèmes sont issus des systèmes de cultures temporaires sur abattis-
brulis qui occupaient les milieux boisés de ces régions depuis l’époque
néolithique. Leur développement fut postérieur d’environ 2000 ans à celui
des systèmes hydro-agricoles des régions arides (Mésopotamie, vallées du
Nil et de l’Indus). Dans les régions tempérées chaudes, la prédominance des
systèmes à jachère n’excluait d’ailleurs pas la présence limitée de systèmes
hydro-agricoles.
L’écosystème cultivé
Pratiqués dans des milieux assez arrosés pour permettre la culture pluviale
des céréales, et assez déboisés pour laisser place au développement de
l’élevage pastoral, ces systèmes reposent sur l’association de ces deux
activités. Les cultures de céréales sont concentrées sur les terres labourables
les plus fertiles (l’ager) où elles alternent avec une friche herbeuse, la
jachère, formant ainsi une rotation de courte durée, généralement biennale.
Le bétail quant à lui exploite les pâturages périphériques (le saltus)
relativement étendus et il joue un rôle dans les travaux des champs et dans la
reproduction de la fertilité des terres cultivées ; il fournit l’énergie nécessaire
à la traction de l’araire et au transport sur bât, instruments de travail
caractéristiques de la culture attelée légère ; par ailleurs, pâturant le jour sur
le saltus et parqué la nuit sur les jachères, le bétail assure, par ses déjections,
un certain transfert de fertilité des pâturages vers les terres labourables.
12
céréale d’hiver, semée à l’automne et récoltée l’année suivante en été ; elle
occupe le terrain durant neuf mois environ. Cette céréale d’hiver est souvent
du blé sur les bonnes terres, du seigle sur les terres moins fertiles, ou un
mélange des deux. Il peut s’agir aussi d’orge ou d’avoine. Après la moisson,
la jachère s’installe pour une quinzaine de mois, de la fin de l’été jusqu’à
l’automne de l’année suivante.
Ces systèmes sont issus des systèmes à jachère et culture attelée légère.
Comme ces derniers, ils reposent sur l’association de la céréaliculture
pluviale et de l’élevage : les céréales occupent les terres labourables où elles
alternent avec la jachère pour former une rotation de courte durée, tandis que
le bétail tire sa subsistance des herbages naturels périphériques et joue un
rôle capital dans les travaux des champs et dans le renouvellement de la
fertilité des terres céréalières. Mais la culture attelée lourde se distingue de la
culture attelée légère par l’usage de moyens de transport et de travail du sol
beaucoup plus puissants : les chars à roues (charrette) se substituent au
transport sur bât, et la charrue, contrairement à l’araire qu’elle remplace,
permet de réaliser un véritable labour. Le travail de la charrue a été en outre
complété par le passage d’un nouvel instrument, la herse, qui scarifie,
émotte et amenuise la terre, tout en arrachant les mauvaises herbes
résiduelles lors de son avancement.
13
réserves de foin. Grâce à de telles installations, le bétail peut passer toute la
mauvaise saison en stabulation, ce qui permet de recueillir toutes ses
déjections, de jour comme de nuit. Ces déjections étant humides, et donc
peu maniables, on les mélange `a une litière composée de broussailles, de
feuillées ou de pailles de céréales ; on obtient ainsi une sorte de compost, le
fumier, aisément manipulable à la fourche et transportable. L’usage du
fumier constitue un mode de transfert de fertilité des herbages vers les terres
de culture bien plus efficace que le parcage de nuit. Il présente en outre
l’avantage de pouvoir être conservé et épandu au moment le plus favorable.
14
Dès la fin du 12ème siècle, des signes de surpeuplement se manifestent dans
certaines régions d’Europe, puis ces signes s’étendent aux autres régions et
se multiplient durant les dernières décennies du 13ème siècle : des disettes
surviennent, qui se font de plus en plus fréquentes ; le bois lui-même vient à
manquer. Les défrichements sont poussés aussi loin que possible, trop loin
même puisque, à la fin du 13ème siècle, des terres récemment défrichées et
mises en culture doivent être abandonnées, car elles s’avèrent décidemment
trop peu fertiles.
12/ Les systèmes agraires sans jachère des régions tempérées (La
première révolution agricole des temps modernes)
15
13) La deuxième révolution agricole des Temps modernes
16
également trouvées libérées de l’obligation de produire du fumier. Enfin,
l’usage des produits de traitement a affranchi les exploitations des anciennes
règles de rotation et d’assolement qu’elles devaient respecter pour éviter le
foisonnement des mauvaises herbes, la pullulation des insectes et la
multiplication des maladies des plantes.
17