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ISBN : 978-2-251-91719-1
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Dédicace
Préface
Avant-propos
Bibliographie
Chapitre IV - Les grillades
Chapitre V - Les braisés
Chapitre VI - Les ragoûts
Chapitre IX - Les terrines
Chapitre X - Les fritures
Chapitre XI - L'utilisation des abatis
Chapitre XIII - LES ŒUFS
Chapitre XV - Le riz
Chapitre XVIII - Les parmentiers
Chapitre XIX - Les légumes
Chapitre XX - Les salades
Chapitre XXI - Les potages
Chapitre XXII - Les hors-d'œuvre
Chapitre XXIII - Les sauces
Chapitre XXIV - Les compotes
Chapitre XXVI - Les friandises
La pâtisserie
Les recettes
Les confitures
Les boissons
Quelques conserves
Index alphabétique
PRÉFACE
M. D.
AVANT-PROPOS
Novembre 1985.
Alexis CURVERS.
INTRODUCTION
et quelques conseils pratiques concernant
l’art de la cuisine
*
* *
Voilà les deux extrêmes. Entre le bâclage et le sacerdoce culinaire, il doit y
avoir place pour un juste milieu. À part quelques femmes particulièrement
douées et gourmandes, ravies de consacrer l’essentiel de la journée aux
travaux gastronomiques, nous sommes toutes beaucoup trop occupées pour
pouvoir donner le meilleur de notre temps et de nos pensées à la préparation
des repas. Aussi lisons-nous avec une stupeur consternée, dans les livres de
cuisine de nos grand-mères, des recettes comme celle de la « confiture de
Bar », qui commence ainsi :
« Prenez deux litres de groseilles rouges. Enlevez avec une plume d’oie
taillée en cure-dent les pépins de chaque groseille, en blessant le grain
le moins possible… »
Vous avez bien lu : enlever délicatement les pépins de chacun de ces
petits globes rouges et brillants. Il y a de quoi être dégoûté des groseilles
pour le reste de ses jours 3 .
Nous exigeons qu’il y ait une certaine proportion entre un plaisir
gastronomique et l’ensemble de temps et de fatigue qu’il aura coûté.
La gourmandise a pris son rang qui n’est pas le premier, ni le dernier non
plus, dans la série des choses désirables. « Le dîner, dit Balzac quelque part,
est en province l’avenir de la journée. » Nos journées ont un autre avenir,
qui est l’heure de loisir, de lecture, de musique, qui, la besogne finie, clora
la soirée. C’est pourquoi il y a des choses que nous renonçons à faire nous-
mêmes, malgré les adjurations des chefs, et que nous achèterons toutes faites
dans quelque maison de confiance. Il y a des spécialistes dont c’est le métier
de faire des croûtes de vol-au-vent ou des crépinettes. Adressons-nous à eux
et n’essayons pas de rivaliser avec leur expérience. Le bon Sivan détaille
avec componction la recette des « pieds de porc à la Sainte-Menehould »
dont la préparation requiert vingt-quatre heures de travail à peine
interrompu. C’est tout juste s’il ne voit pas là une sorte de test pour
distinguer les femmes de devoir des femmes frivoles rebutées par de si longs
apprêts. Eh bien, que les maris qui ne peuvent se passer de pieds de porc à
la Sainte-Menehould aillent en manger au restaurant (où je suppose qu’on
les fait surveiller par le veilleur de nuit) et qu’ils remercient le ciel d’avoir
épousé une femme raisonnable, qui sait se refuser à un esclavage
abrutissant et garder ainsi quelque loisir. Un mets qui demande tant de
temps ne vaut pas ce qu’il coûte. Écoutez attentivement les conseils
des « chefs » lorsqu’en termes émus ils vous parlent de l’excellence
des « bas morceaux » qui donnent, en effet, des plats savoureux. Mais, si
vous êtes fatiguée ou si vous avez à faire, achetez des côtes de veau plutôt
qu’une blanquette. Vous aurez dépensé quelques francs de plus et un peu de
force en moins. Il y a des jours où, agissant ainsi, vous aurez gagné au
change, et votre entourage aussi.
*
* *
Cependant, il y a des travaux qui paient, non seulement en plaisir
gourmand, mais aussi en temps gagné. Supposez que vous soyez un ménage
de deux personnes et qu’il vous arrive un gros lièvre. Invitez deux ou trois
amis – ils ne se feront pas prier – à venir avec vous manger le râble, et, avec
tout le reste, faites une terrine. Elle vous demandera deux heures d’un
travail assommant, puis autant pour la cuisson, qu’il faudra quelque peu
surveiller, mais elle vous donnera le plat de résistance pour trois ou quatre
repas et une ressource appréciable en cas de visite imprévue. Voyez ci-
dessous comment tirer parti d’une tête de veau, d’un arrivage de poisson.
Tout cela, une fois cuit, reparaîtra, soit comme plat principal, soit comme
hors-d’œuvre, avec ou sans sauce, froid ou chaud. Un petit ménage peut
parfaitement acheter de temps en temps une grosse pièce, pourvu qu’on
sache comment l’accommoder et que les convives n’aient pas, une semaine
durant, l’impression de manger des restes.
LES RESSOURCES
Nous touchons ici à une erreur fondamentale des livres de cuisine. Tous
sont faits comme si, à tel jour, la ménagère était saisie d’une envie dévorante
de manger des bouchées à la reine ou un clafoutis aux pommes. Mais
les choses ne se passent pas ainsi. On fait un clafoutis parce qu’on a
précisément tout ce qu’il faut pour le confectionner. On sert des bouchées à
la reine parce que c’est justement ce jour-là que le pâtissier a des croûtes
fraîches et qu’il reste un morceau de poule trop insignifiant pour être
resservi autrement. Le menu, en temps normal déjà – et que dire du temps
de guerre ? – résulte plus souvent du hasard des ressources que d’un
caprice des convives. On essaiera, dans le présent ouvrage, de montrer
comment utiliser les ressources avec variété, avec esprit.
D’abord, multiplions-les. Il existe des « abonnements de poisson » qui
permettent de faire venir d’Ostende, le jour que l’on aura choisi (et pas
nécessairement le vendredi), un, deux, trois kilos de poisson frais, délicieux.
L’expéditeur prépare ses colis d’après une liste où le client biffe ce qui ne lui
convient pas. La caissette arrive chaque semaine avec un poisson différent.
Rien n’est plus facile, si la quantité est trop forte pour un repas, que de
varier la présentation. En quelques minutes, des restes du gros morceau,
vous aurez confectionné un hors-d’œuvre ou des beignets frits qui
compléteront à ravir un menu insuffisant. Ou bien une gelée en attente
dans la cave fera un plat de résistance pour un jour de paresse.
Si vos occupations, une fois par semaine, vous amènent près d’une
criée, ne manquez pas d’y faire un tour en passant. Il ne faut pas vous dire
dès le seuil : « Je vais acheter un lièvre et un canard sauvage. » Si vous
avez des idées aussi arrêtées, passez votre commande, par téléphone, à
un marchand de comestibles. En entrant ici, ayez l’esprit libre de tout souci
et laissez-vous séduire par l’occasion qui passe. Votre menu des jours
suivants y gagnera en imprévu. Et ne croyez pas que, pour acheter à
la criée, il faille être particulièrement compétent. « Regardez simplement,
m’a dit un jour Jeanne Hubaux, les bonnes femmes qui sont assises au
premier rang. Elles s’y connaissent. Vous distinguerez aussitôt à leur mine
si ce qu’on vend vaut la peine que vous leviez le doigt et si c’est
avantageux. » Cette méthode ressemble à celle qu’on appelle au cinéma
l’effet indirect. Du reste, les discours que l’on entend dans les criées sont
hautement instructifs, sans compter que les crieurs ont souvent de l’esprit.
J’ai longtemps fréquenté avec bien du plaisir un marché qui était un endroit
charmant ; un écriteau disait au public : « Soyez optimistes », conseil
excellent en un lieu où le hasard joue un rôle. J’ai eu un jour la surprise
d’y rencontrer mon cher maître Maurice Wilmotte avec sa femme et nous
causâmes tous les trois des plaisirs de la table.
Tâchez aussi de ramener quelque butin de vos promenades à
la campagne : un poisson, des champignons, des fruits. Mais ne vous faites
pas trop d’illusions sur les avantages pécuniaires de ces conquêtes.
Le docteur et Mme Serruys ainsi qu’André Grandjean eurent un jour
une grande pensée : ils iraient dans la Fagne cueillir des airelles et ils
feraient des confitures. C’était pendant la guerre et toute trouvaille était
aubaine. Ils battirent le taillis pendant toute une journée et ne trouvèrent
rien du tout, car les paysans cueillent (ils disent « coupent ») les airelles
lorsqu’elles sont encore à peu près vertes. Découragés, ils allaient prendre
le chemin du retour, quand, ô ravissement, s’offre à leurs yeux une vieille
femme qui portait un panier d’airelles fraîches cueillies. Consentirait-elle à
les vendre ? Hé, pourquoi pas ? Combien en avait-elle ? Autant de livres ;
elle savait ce que contenait son panier. Et, ce panier, elle le prêterait aux
citadins à condition qu’ils voulussent bien le renvoyer par chemin de fer.
Imagine-t-on confiance plus flatteuse ? Ravis, nos amis payèrent, saisirent
le panier et, enthousiasmés par la joie de la conquête, firent deux lieues de
Fagne d’un pas allègre. Revenus à Liège, ils trouvèrent des airelles à tous
les étalages. Elles coûtaient à la livre deux ou trois francs de moins que
celles que leur avait vendues, loin de la corruption des villes, la naïve
paysanne. Et il s’en fallait aussi d’un kilo ou deux que les fruits eussent
le poids annoncé. Mme Serruys eut tout de même à honneur de renvoyer
le panier, ne voulant pas, je pense, que la bonne femme perdît sa confiance
dans l’honnêteté citadine.
Si vous avez un potager d’un hectare, cultivez-y tout ce que vous
voudrez. Mais, si vous n’avez que peu de surface et peu de forces à votre
disposition, ne les perdez pas à « faire » des carottes ou des navets. Achetez
tout cela chez les maraîchers et mettez à portée de la cuisinière uniquement
ce dont elle a journellement besoin, à savoir :
Une bordure de persil ;
Une plante de thym, une d’estragon, une de sarriette ; il n’en faut pas
davantage ;
Une bordure de ciboule, de façon qu’on puisse raser les touffes une à
une et que la première ait repoussé quand la dernière aura été tondue ;
Quelques échalotes perpétuelles que vous cultiverez uniquement pour
le feuillage ;
Quelques lignes de cresson alénois et de cerfeuil, qu’il faudra ressemer
de mois en mois et à l’ombre pendant l’été ;
Un carré d’oseille pour la soupe ; un peu d’épinards perpétuels et de
bettes si vous avez de la place ;
Quelques plantes d’arroche ou « bonne-dame ».
Achetez tout le reste. Cela vous reviendra bien moins cher que de
fumer, semer, biner, désherber, arroser, éclaircir, repiquer vous-même, sans
compter l’extermination des limaces. Le petit programme ci-dessus vous
donnera déjà pas mal d’ouvrage.
Dans son joli Almanach des bonnes choses de France, Elisabeth de
Gramont dit en parlant de la laitue : « Il ne faut pas qu’elle séjourne plus
de dix minutes entre la terre et le saladier. » Si cela était vrai, il faudrait
nous mettre, toutes affaires cessantes, à repiquer des laitues ; mais, fort
heureusement pour nous, Elisabeth de Gramont exagère…
LES MENUS
Comme nous l’avons déjà dit, personne n’a jamais suivi les menus
théoriques proposés par les livres de cuisine, les journaux quotidiens,
les revues féminines et même les feuillets des calendriers. Et cependant, il y
a tant de bonnes maisons où les menus sont mal composés ! Cela vient
notamment du désir que l’on a de naturaliser les plats étrangers sans pour
cela sacrifier les nationaux. Ne commettez point ces regrettables
pléonasmes. Choisissez, à midi, entre les hors-d’œuvre à la française et
le potage à la belge ; ne les additionnez pas. Entre un potage chaud et
un plat chaud, insérez si vous voulez des fondus au fromage, mais non
des radis, des anchois, des tomates aux crevettes qui n’ont de sens que pour
ouvrir l’appétit et le repas. Si vous servez une viande avec une garniture de
macaroni, n’ajoutez pas encore des pommes de terre : vos convives seront
rassasiés de féculents. Supprimez de même les pommes de terre avec
la poule au riz.
Ne faites pas trop de concessions aux usages locaux quand ils sont
décidément absurdes. En Wallonie, on raffole des frites au point d’en
présenter – et dans de bons restaurants – avec la volaille, que dis-je ? avec
le gibier, ce qui est une hérésie gastronomique. D’autres habitudes sont plus
acceptables. Tout le monde chez nous aime les fruits cuits – confiture
d’airelles, compotes de pommes ou de mirabelles – avec le poulet, le faisan,
le chevreuil. Efforcez-vous de plaire à vos convives, même si ces mariages
vous paraissent étranges.
*
* *
Vous trouverez ici ce qui concerne l’insertion des vins dans le menu.
La cave la plus modeste peut et doit être utilisée intelligemment.
*
* *
Combinez vos menus de façon qu’ils contiennent une quantité raisonnable
de féculents, de graisse, d’éléments énergétiques (viande, œufs, poissons,
fromages), de légumes verts et de crudités. Corrigez une conserve par
une salade ou des fruits frais, riches en vitamines ; une soupe à l’oseille,
plus apéritive que nourrissante, par un solide macaroni ; complétez
un menu un peu court par un pudding au pain et ne mettez jamais, dans
un repas, plus d’un plat indigeste. N’inscrivez pas pour le même jour
des sardines, du boudin et des beignets aux pommes ; et souvenez-vous que
la valeur alimentaire des frites égale vingt et une fois celle d’une quantité
égale de pommes nature.
Pour le reste, soyez sans préjugés. Si, pour un soir où personne ne
vous aidera, vous attendez la visite d’une bande d’enfants, ne vous mettez
pas en peine de leur offrir un dîner régulier. Faites faire la veille des tartes à
la viande (no 432) ou une montagne de « pirochkis » (no 113) que vous
servirez avec du café ou du thé. Terminez par une crème et des fruits en
abondance. Vos jeunes hôtes seront ravis de ce repas qui demandera peu de
service, peu de vaisselle et qui pourra même, à la rigueur, être mangé
debout, au jardin, et non autour d’une table. Réservez vos efforts culinaires
pour les gens qui sont capables de les apprécier.
Arrangez-vous, même en temps de paix, pour ne faire de cuisine qu’un
jour sur deux. Cela est très possible, sans que, pour cela, vos convives aient
l’impression de manger des restes trois fois par semaine. On peut
parfaitement préparer à l’avance quantité de bonnes choses qu’il suffira de
passer rapidement à la friture ou à la poêle, sans compter toutes celles qui
sont excellentes froides. Il suffit de savoir prévoir : dès que les haricots sont
cuits, réservez-en une partie que vous mettez au vinaigre pour la servir en
salade ; commandez une croûte de vol-au-vent dès que, ayant jaugé votre
poule, vous aurez constaté qu’elle est trop grosse pour faire un repas et trop
petite pour en faire deux. Et ayez la coquetterie de renouveler l’aspect de
tout ce que vous resservez : une soupe réchauffée prend une jeunesse et
une physionomie nouvelles sous un abondant semis de persil ou de cerfeuil
ou de cresson alénois. C’est même une des raisons pour lesquelles il est bon
d’avoir quelques plantes potagères dans son jardin.
LES RECETTES
On ne trouvera ici ni celle du canard à l’orange, ni le homard Thermidor. Si
vous voulez manger de ces bonnes choses, faites-vous beaucoup plutôt
inviter chez des amis qui aient un cordon bleu. Ou, encore, allez au
restaurant. Il faut toujours garder en réserve quelques désirs que l’ordinaire
familial ne satisfait point et que l’on peut combler à quelque distance de chez
soi. Sinon, à quoi serviraient les voyages ?
Quant aux recettes exotiques, essayez-les chez vous si le cœur vous en
dit, mais ne vous faites pas trop d’illusions quant à vos chances de réussite.
La cuisine d’une région dépend en grande partie du parfum particulier de
ses produits. en changeant de climat, on voit changer aussi la qualité
particulière des ingrédients dont on dispose. Quoi d’étonnant si, même en
appliquant des procédés identiques, on arrive à un résultat différent ? Si
cela vous amuse, faites de la bouillabaisse à Namur ou à Hasselt, mais
n’allez pas vous figurer qu’elle ressemblera à aucune de celles qu’on déguste
aux environs du Vieux Port. Et consolez-vous de votre échec en vous disant
que ce sera une raison de plus de retourner à Marseille.
La cuisine d’ailleurs, allez la manger ailleurs. Dégustez le cassoulet à
Toulouse, la quiche en Lorraine, le waterzooï à Gand. Intégrez ces plaisirs
aux joies du dépaysement. Vous éviterez ainsi un autre travers encore, celui
de ces gens casaniers qui n’aiment, où qu’ils soient, que ce qu’ils sont
habitués à manger chez eux. Arrivant à Paris, ils y commanderaient
volontiers des choesels au madère et ils réclament du potage à une heure de
l’après-midi. Pliez-vous aux coutumes du pays. À Londres, mangez du
haddock et de la saucisse grillée au saut du lit, et, à cinq heures, prenez du
thé avec des scones, même si, en Belgique, vous ne goûtez jamais.
Commandez une fondue dès que vous débarquez à Bâle. Croquez en Italie
ces délicieux petits artichauts qu’on fait frire tout entiers, car ils n’ont pas
de foin, et apprenez à entortiller autour de la fourchette juste ce qu’il faut de
spaghetti pour faire une bouchée décente. Si vous avez le bonheur de vous
trouver entre Reims et Châlons, buvez du champagne brut pendant le repas
et, quel que soit votre goût d’homme du Nord pour les entremets et
la pâtisserie, renoncez momentanément à ces plats sucrés qui altèrent
le goût du vin sec. Il faut savoir changer de constellation gastronomique.
Cela est vrai aussi lorsqu’on passe simplement d’une maison à
une autre. Chaque famille a ses spécialités culinaires. Pourquoi ne pas
les lui laisser ? Pourquoi vouloir copier des recettes que vous réussirez
peut-être, mais qui, dès lors, n’auront plus pour vous le charme de
l’imprévu. Félix Longueville raconte bien joliment, dans La Boîte de
girofle, l’histoire du « beurre à la broche », étonnant entremets que
réussissait magistralement, dans le Tournai d’il y a un siècle, la cuisinière
de la maison Delporte. Toutes les dames de la ville en rêvaient et personne
n’arrivait à le faire.
« — Pauline, avait dit plus d’une respectable personne, tout en
glissant une pièce brillante dans la main de la cuisinière, Pauline, vous me
direz bien, à moi, rien qu’à moi, comment vous faites le beurre à la broche ?
» — Certainement, Madame. Pourquoi pas ? Vous embrochez
une livre de très bon beurre. Vous le faites tourner avec lenteur devant
un feu ardent et vous le saupoudrez sans arrêt de fine chapelure. C’est tout.
» — Merci, oh ! merci, Pauline.
» L’heureuse ménagère s’en allait triomphante, embrochait du beurre,
le faisait consciencieusement tourner devant la flamme, tandis que d’une
main généreuse elle le saupoudrait de chapelure blonde… Le beurre fondait,
coulait dans la lèchefrite où il faisait de petites mares jaunes peu
appétissantes, la chapelure tombait par petits paquets boueux… et la dame
se désolait.
» Cependant, au prochain repas offert par les Delporte, qui donnaient
quatre grands dîners priés par an, Pauline, la bavette du tablier bien tendue
sur sa poitrine rebondie, les brides de son bonnet de linge s’agitant derrière
elle comme des ailes d’ange, apportait triomphalement à table un rôti doré,
croustillant, qui fondait dans la bouche et qui avait une incomparable
finesse de goût : le mystérieux beurre à la broche ! »
La morale de cette histoire est qu’il faut laisser à chaque cuisinière ses
bienfaisants secrets et à chaque maison ses attractions gastronomiques.
Nous mangeâmes un jour, chez notre amie l’éditrice D…, qui est aussi
friande qu’elle est savante, un poulet à l’estragon qui touchait au sublime et
nous demandâmes la recette à la cuisinière qui s’appelait Michou et qui
avait le visage d’un Clouet. Michou nous l’envoya avec une lettre conçue en
ces termes :
« Madame, voici la recette que vous avez demandée à Mademoiselle.
Le poulet à l’estragon est une spécialité de la maison D… et je ne désire pas
que cette recette fasse le tour du monde, car je n’aurais plus de nouveautés à
offrir aux invités… »
Et, de sa belle écriture difficile, Eugénie D… a écrit au-dessous de ces
lignes remarquables : « Par conséquent, vous êtes seule autorisée à vous en
servir… »
Et cependant, il faut bien le dire, que risque-t-on à donner
une recette ? Les chefs-d’œuvre d’une cuisinière ne s’imitent pas. D’abord,
il y a le tour de main, qui lui-même dépend du tour d’esprit et du tour de
caractère. Les anxieux ratent le beefsteak parce qu’ils n’ont pas la patience
d’attendre que le beurre fume. Les distraits vous servent dur un œuf que
vous auriez voulu mollet. Même corrigées, ces tendances restent vivantes et
se lisent dans le résultat final. D’autres variations sont dues aux
ingrédients que chacun dose selon ses goûts et ses ressources. Une ménagère
qui dispose d’un potager peut servir de la soupe verte trois fois par semaine
sans jamais qu’on s’en lasse. Ce sera chaque fois une soupe différente parce
qu’aujourd’hui il y a du cerfeuil qu’il faut se hâter de couper avant qu’il ne
monte en graine et demain c’est l’oseille qui sera en abondance. Une recette
est un thème sur lequel un cuisinier intelligent exécute chaque fois
une variation un peu différente.
Le présent livre a été écrit pour les personnes qui désirent développer
leur fantaisie culinaire. C’est pourquoi les recettes sont brèves et conçues
comme un ensemble de conseils, comme ce qu’on appelle aujourd’hui
des « directives ». Si cependant vous aimez à faire de temps en temps de
la cuisine savante, achetez un ouvrage spécial, comme La Cuisine au coin
du feu de Paul Bouillard, ou Les Cent Plats qui donnent la goutte du
Dr de Pomiane et livrez-vous à votre génie. C’est ainsi qu’une de mes amies
profite des congés de sa cuisinière, artiste fort habile, mais jalouse
des secrets de son art, pour prendre possession du temple et confectionner,
loin de tout regard inquisiteur, des plats travaillés où elle réalise la pensée
des grands maîtres, non sans y mettre quelque chose de la sienne. Idée
charmante, mais qui ne viendra qu’à quelqu’un qui a des loisirs. Une femme
qui doit préparer deux repas chauds par jour ne songera pas à de tels
raffinements. Du moins trouvera-t-elle ici le moyen de composer des menus
variés et, en même temps, d’apprendre les principes de la chimie culinaire.
Rien ne l’empêche ensuite, si elle est douée, d’appliquer ces principes à
des réalisations plus compliquées. En cuisine il faut beaucoup essayer avant
de réussir. C’est même pour cela que les guerres sont de mauvaises périodes
pour qui veut faire un apprentissage : les ingrédients sont trop précieux
pour qu’on puisse risquer de les perdre en une expérience ratée.
On n’a pas cru nécessaire de répéter ici ces mille recettes d’entremets
sucrés qui figurent sur l’emballage de tous les bons produits qui servent à
les confectionner. Pour savoir comment utiliser le gruau d’avoine,
le tapioca, la maïzena, les pâtes d’Italie, la semoule, il suffit de se laisser
guider par les indications que les marchands, excellents propagandistes, ont
fait imprimer pour stimuler la vente de leur marchandise. Toute cette
littérature, une fois faite la part de la réclame, est assez instructive.
Faut-il dire un mot du « cahier de recettes », que nos mères
enrichissaient pieusement depuis le jour de leur mariage jusqu’à celui de
leur mort ? À côté de chaque titre figure souvent un nom propre, celui de
l’ami ou du parent qui a bien voulu livrer le secret d’un ragoût ou d’une
timbale. Le défaut de ces collections, c’est qu’elles sont difficiles à consulter,
et d’autant plus qu’elles sont plus étendues. À partir du jour où l’auteur se
fatigue d’écrire, le livre de recettes se remplit de petites feuilles volantes, de
coupures de journaux et devient pratiquement inutilisable. C’est grand
dommage.
Si j’osais vous donner un conseil pratique, ce serait de faire relier
le présent volume avec, à la fin, un certain nombre de cahiers de papier
blanc, qui vous serviront à noter ce qui vous paraîtra digne de l’être. Ainsi,
toute votre science culinaire tiendra en un seul manuel. Mais n’oubliez pas
de tenir à jour la table des matières.
LE DON ET LE DEVOIR
Les qualités natives, en matière culinaire, sont bien plus rares qu’on ne
le croit. Beaucoup d’hommes se figurent que toute campagnarde de dix-huit
ans, mise devant un fourneau, saura, si elle est de bonne volonté, préparer
des nourritures mangeables. Il n’en est rien. Ne font bien la cuisine que
les personnes qui ont un certain sens gastronomique aussi rare que le sens
musical et qui peut se déceler à peu près de la même façon 4 . Celui qui est
musicien, devant un texte musical, entend d’imagination ce qui est écrit sur
la portée et, inversement, en percevant de la musique, il y distingue chaque
note. De même, quelqu’un qui est né cuisinier déguste en pensée le mets qui
résulte de la recette ; le chef-d’œuvre s’inscrit dans son imagination
gustative en même temps que la manière de le composer s’inscrit dans son
intelligence. Et, en mangeant, il discerne au passage chacune
des composantes de l’harmonie qu’il savoure. L’un déchiffre avec son ouïe,
l’autre avec son palais. Le don se mesure, de part et d’autre, à la rapidité du
déchiffrement. Soumettez, au contraire, la recette la plus simple à quelqu’un
qui n’est pas doué et demandez lui s’il aimera cela, il vous répondra :
« Comment voulez-vous que je le sache ? Il faudrait d’abord que j’en eusse
goûté… »
Un jour viendra, espérons-le, où la cuisine sera faite exclusivement par
des gens doués et où l’on ne verra plus, à chaque étage, dans chaque
appartement, une femme vouée aux fourneaux, qu’elle ait ou non le goût et
la capacité des choses gastronomiques. Ne nous faisons pas d’illusions :
les temps futurs obligeront probablement un ménage de ressources
moyennes à se tirer d’affaires presque sans aide domestique. Ce n’est donc
pas de ce côté qu’il faut espérer un secours efficace, et la race
des cuisinières-fées dévouées jusqu’à la mort n’est pas en voie de se
multiplier.
Mais les restaurants se développeront en Belgique comme à Paris,
dispensant la ménagère surchargée du soin d’un repas sur deux. Je sais bien
que pour beaucoup de moralistes – et pour la plupart des professeurs de
cuisine – le restaurant est l’abomination de la désolation. Qu’ils se
demandent donc s’il est raisonnable que dans chaque maison une femme
pèle des pommes de terre en regardant anxieusement la pendule, car elle a
mille autres choses à terminer, alors qu’il serait si simple de faire faire ces
besognes par des gens spécialisés et munis d’un outillage mécanique.
Les Utopiens de Thomas More avaient imaginé les cuisines collectives afin
de libérer les femmes dont l’activité est requise pour d’autres travaux. Dans
le monde à venir, tout donne à penser que, de plus en plus nombreuses,
les femmes mariées, semblables à celles d’Utopie, auront un métier à
l’extérieur. Pour augmenter la durée du loisir, on raccourcira le temps
consacré au repas de midi. Celui-ci se prendra de plus en plus au restaurant
et la table familiale profitera de cet allégement. Pour vous en convaincre,
regardez autour de vous : les maisons où l’on mange réellement mal, où
des plats insipides, toujours les mêmes, reparaissent chaque semaine, ce
sont celles où une ménagère découragée prépare sans plaisir sept cent trente
repas par an, un à midi et un le soir. Le restaurant est pour beaucoup
une halte où l’on retrouve la force de soigner ce que l’on cuisinera le soir. Il
y en aura de plus en plus pour toutes les bourses, et aussi des boutiques où
l’on vendra, comme c’est le cas à Paris, des légumes prêts à être cuits :
pommes pelées, haricots effilés, petits pois écossés, crevettes nettoyées, etc.
Tout le temps gagné sur les acheminements pourra être consacré à
la cuisine proprement dite.
Et n’allez pas répétant cette idée reçue que « les femmes employées ou
professeurs n’ont pas de goût pour la cuisine ». Le goût pour la cuisine n’a
rien à voir avec la profession. Il est inscrit dans les cellules du nouveau-né,
comme le goût pour la poésie ou pour la mécanique. La preuve, c’est que
beaucoup de femmes qui sont uniquement des ménagères font une cuisine
bâclée ou inexistante 5 , tandis que des femmes et des hommes occupés au
dehors mettent du soin et de l’ingéniosité à préparer leurs aliments.
Un jour, le tragédien Stéphane Audel nous invita à partager le déjeuner
qu’il venait d’accommoder dans son petit appartement de la rue de
Vaugirard, sans l’aide de personne. Il y avait notamment un rôti de porc qui
eût pu figurer dans un concours d’art ménager. Et le plus beau fut de voir,
le café une fois pris, le maître de céans et sa camarade Annie Cariel laver
la vaisselle et remettre tout en place, le plus minutieusement du monde,
tout en échangeant de solennels alexandrins. Tous les acteurs ne sont pas
des bohèmes et beaucoup de bourgeois manquent d’ordre.
Peut-être, dans le monde de demain, s’avisera-t-on qu’il est absurde
que les hommes laissent aux femmes le fardeau entier du ménage, comme
c’est encore trop souvent le cas aujourd’hui. Je connais un mari et
une femme employés tous les deux. Quand ils rentrent le soir tous les deux,
après avoir, comme dit Marcel Thiry, « bâti leur mort par blocs de travail de
huit heures », monsieur s’assied dans son fauteuil et lit le journal, madame
passe un cache-poussière, nettoie, lave la vaisselle et, enfin, raccommode.
Le dimanche, pour se distraire, elle fait la lessive pendant que son conjoint
va contempler un match de football. Il trouve tout naturel ce partage
des occupations ; elle, peut-être un peu moins, ce qui ne l’empêche pas
d’élever son garçon comme un prince, sa fille comme une servante, et de
cultiver amoureusement chez le fils les préjugés dont elle souffre chez
le père. À des femmes surmenées de la sorte, peut-on humainement
demander de faire de la cuisine soignée ? La table s’améliorera quand, dans
une maison, tout le monde fera équipe, collaborera aux besognes ménagères
chacun dans la mesure de ses aptitudes, de telle sorte que la cuisine ne soit
plus une corvée, mais que ce soit celui qui est réellement le mieux doué qui
la fasse. J’ai espéré longtemps que le scoutisme réaliserait cette œuvre
d’éducation familiale, – jusqu’au jour où j’ai vu des scouts, célèbres dans
les camps par leurs aptitudes manuelles, allumer une cigarette et se carrer
sur leur chaise tandis que leur sœur faisait la vaisselle. Les talents
ménagers s’exercent sous l’uniforme, non à domicile où, dès qu’on lui
demande le plus minime service, le jeune scout excelle à prendre cet air
distrait, niais, incompétent, qui décourage toute réquisition ultérieure.
Le scoutisme n’a pas encore songé à s’attaquer au parasitisme masculin.
C’est grand dommage, car il y a peu d’œuvres plus urgentes.
Que chacun fasse donc de la cuisine selon ses forces et ses aptitudes.
Plutôt que de manger à chaque repas des choses bâclées et mauvaises, ne
cuisinez qu’une fois par jour – ou même, dans un petit ménage, une fois
tous les deux jours 6 – mais que ce soit bon. Et exigez qu’on vous aide si
l’ensemble de vos autres occupations vous empêche de donner au travail
culinaire le temps qu’il mérite. Aux pires égoïstes, croyez-le bien,
la gourmandise fera saisir le caractère impérieux d’un dilemme formulé en
ces termes : « Oui, je ferai une terrine de lièvre, mais vous allez vivement
me cirer les souliers, peler les pommes de terre et couvrir les pots de
confitures. Car, si je dois faire tout cela, je ne pourrai vous offrir qu’une
tranche de jambon achetée chez l’épicier du coin. »
Et, une fois que le repas est prêt, obtenez qu’on vienne le manger tout
de suite. Je ne sais rien de plus impoli que ces maris qui continuent à
bavarder avec leurs camarades tandis que leur femme les prie vainement de
passer à table. Les mêmes hommes, cependant, interrompent docilement
leur conversation dans les maisons où un domestique annonce que
« Madame est servie ».
LE MATÉRIEL
LES INGRÉDIENTS
N’achetez que des produits de bonne qualité. Tout compte fait, c’est encore
ce qui revient le moins cher.
Je n’ai jamais compris l’horreur des ménagères traditionalistes pour
les conserves en boîtes. Rien n’est plus commode que d’en avoir chez soi
un répertoire complet (légumes, poissons, crustacés, viandes, pâtés) afin de
pouvoir ajouter à l’improviste un plat ou une portion à un menu
insuffisant. Choisissez de bonnes marques et ne les gardez pas longtemps.
Jetez impitoyablement toute boîte qui bombe, même si l’odeur du contenu ne
vous paraît pas suspecte. Dès qu’une boîte est ouverte, transvasez-en
le contenu dans un plat pour éviter l’altération à l’air. Si cela vous amuse,
même en temps de paix, de faire vous-mêmes des conserves stérilisées, dans
des bocaux de verre, ne vous privez pas de ce plaisir ; mais pourquoi ne pas
laisser faire cela par des gens dont c’est le métier ?
Il est un produit qu’il faut acheter en boîtes, même pendant la saison
où l’on vend chez nous le légume frais, c’est la tomate. La pulpe de conserve
est faite avec des fruits italiens, petits, plus foncés que les nôtres et plus
parfumés. Les tomates belges, délicieuses à manger sautées et surtout crues,
sont trop aqueuses pour donner une saveur nette à une sauce ou à
un potage. Cuites et conservées de quelque manière que ce soit, elles n’ont
plus aucun arôme. Mais moulues à cru, comme il est indiqué au no 465,
elles gardent toutes leurs propriétés.
De même que la musique, la cuisine est écrite dans une certaine clef,
celle du corps gras qui sert de base à toute préparation et qui donne sa
couleur à toute la cuisine régionale. Dans la France du Nord-Est, on utilise
surtout le beurre ; dans le Nord-Ouest, la crème ; dans le Sud-Est, l’huile ;
dans le Sud-Ouest, la graisse et principalement la graisse d’oie (« La
cuisine au beurre, quelle horreur ! » s’écrie, de passage à Paris, une héroïne
de Mauriac) ; en Belgique, la margarine qui est moins économique qu’elle
ne paraît, car il en faut bien plus que de beurre pour un effet égal. Nous
faisons nos salades à l’huile d’arachides, les Français à l’huile d’olives ou de
noix. La friture est chez nous, presque toujours, de graisse de bœuf, en
France d’huile. Je vous conseille de faire la cuisine au beurre ou à la graisse
de rôti – sans préjudice de l’huile d’olives pour certains plats particuliers –,
de faire la salade ou la mayonnaise à l’huile d’olives et de frire à l’huile
d’arachides. Mais je sais que personne ne convertira à sa méthode ceux qui
en préfèrent une autre. Tout cela est affaire de goût. Amusez-vous à
transposer des recettes à les faire passer du système de la crème ou du
beurre dans celui de l’huile (ainsi est né le poulet Marengo) : vous ferez
des expériences curieuses et même des découvertes. À vrai dire, d’autres
les auront faites avant vous. Mais il est toujours agréable de trouver tout
seul, même quand on n’est pas le premier.
Dans beaucoup de ménages modestes, on fait une cuisine pauvre, je
veux dire qu’on épargne exagérément sur le beurre, la crème et
les garnitures, champignons, tomates, etc. C’est un mauvais calcul. Si vos
enfants détestent les légumes, c’est peut-être que vous ne les rendez pas
assez attrayants. Si vous mettiez plus de beurre (et de préférence du beurre
cru) et un peu de crème dans les épinards et les haricots verts, ceux-ci
auraient plus de succès. Et comme on mangerait moins de tartines,
la dépense resterait la même. Dans mon enfance, on nous faisait prendre de
l’huile de foie de morue, mais on nous refusait du sucre dans notre café et
cela était absurde. Il l’est tout autant de rogner dans la cuisine sur
une substance qu’on étend à profusion sur le pain. Tout compte fait,
retenez-le, la cuisine bien faite nourrit mieux et coûte moins que les repas
de tartines.
Si vous reprenez d’anciennes recettes, vous ne manquerez pas d’être
frappé par la richesse des ingrédients qu’elles réclament. Les œufs et
le beurre, le madère et la fine y composent des symphonies prodigieuses.
Cela se passait au temps où l’on mangeait sans faire le compte des calories,
et où les gens de cinquante ans ne se souciaient pas de leur tension.
Les guerres amènent une baisse de la qualité. C’est ainsi qu’au siècle
dernier, jamais on n’aurait songé à faire une crème autrement qu’en
incorporant au lait quatre jaunes d’œufs par litre. On ajoutait, si l’on
voulait que ce fût épais, un peu de fécule ou de maïzena, mais, en général,
la crème se mangeait claire. Peu à peu ces produits ont pris le pas sur
les œufs et se sont mis à les remplacer. On a vendu des paquets de poudres
dénommées « puddings » où la fécule est accompagnée d’un parfum et d’un
colorant, donnant ainsi l’illusion de la vanille et des œufs. Récemment,
un fabricant de « puddings » vantait sa marchandise, importée du pays
des ersatz, en disant qu’elle permet d’épargner les œufs : « Eier sparen » !
Évidemment, si les œufs servent simplement à rendre jaune ce qui était
blanc, cet homme a raison, mais ils ont un rôle alimentaire que ne peuvent
jouer ni les teintures, ni les parfums synthétiques. Et il ne faudrait pas que
deux guerres et les abominables succédanés qu’elles ont vu naître nous
fassent tout à fait oublier cette vérité première 8 .
C’est pourquoi, employez, si vous voulez, les poudres pour crèmes et
aussi ces cubes qui, grâce à un peu de sel de céleri, donnent l’illusion du
bouillon de viande. Mais sachez que ce sont là des faux-semblants et
consacrez beaucoup plutôt votre argent à acheter des réalités. Même si elles
sont chères, répétons-le, elles vous coûteront encore moins que les trompe-
l’œil.
LA CUISINE DE GUERRE
Ceux d’entre nous qui ont un peu dépassé la moitié du chemin de la vie ont
passé le cinquième de leur existence dans la guerre et la famine. Rien ne dit
que ce soit fini. C’est pourquoi on trouvera ci-dessous des indications
bonnes à suivre en temps de pénurie.
Non qu’il s’agisse exactement de « recettes de guerre ». Si les recettes
de guerre valaient quelque chose, ce serait la faillite de toute saine cuisine
puisqu’elles prétendent se passer de tout ce qui la constitue. Quand
la famine règne, un double problème se pose aux cuisiniers : d’abord,
comment suppléer, vaille que vaille, à tout ce qui fait défaut ? Ensuite,
lorsqu’un produit se trouve en surabondance (comme il n’est pas question
de le dédaigner), comment faire pour le présenter afin d’éviter qu’on s’en
dégoûte. Les deux questions se lient du reste puisqu’on s’efforce de
remplacer les produits déficients par les produits surabondants. Ce fut
le cas pendant l’hiver 1942-1943, quand l’arrivée providentielle d’un banc
de harengs dans le port d’Ostende amena du poisson dans toutes
les boutiques de Bruxelles. On lui demanda de remplacer la viande très rare
et les œufs absents. Par ailleurs, les pommes de terre devaient suppléer
le froment. Il s’agissait d’oublier d’une part que l’on mangeait trop de
harengs et de pommes de terre et, d’autre part, que l’on était privé de viande
et de farine. De même, il y eut un hiver qui fut celui des marrons et de
la cervelle et un été où l’on se nourrit de haricots verts et de poisson de
Meuse. Transformer tout cela n’était pas facile, parce qu’il y avait toujours
des ingrédients qui manquaient : comment faire des beignets quand on n’a
plus de friture ? comment préparer une escavèche quand la gélatine a
disparu ? Cependant, l’ingéniosité se donna carrière et l’on fit même de
la pâtisserie aux pommes de terre. En 1918, nous en faisions aux haricots
secs.
On peut se demander si ces camouflages, qui ne trompent personne,
valent la peine qu’ils coûtent. Et le pis est qu’ils requièrent malgré tout
des matériaux de bonne qualité. Faut-il sacrifier du bon miel en l’associant
à du son pour obtenir en fin de compte un mauvais pain d’épices ? Je pose
cette question sans y répondre. En temps de guerre, on cuisine sans
principes et même contre les principes, en se guidant uniquement d’après
les goûts et les besoins de ceux dont on a la charge. Quand vous voyez que
les appétits les plus faibles commencent à chanceler, quand les moins
robustes de la tribu regardent leur assiette avec découragement, c’est
le moment de changer de système et d’en essayer un autre. Alors, demandez
autour de vous toutes ces recettes que l’on transmet d’une guerre à l’autre.
Elles changent du reste avec les ressources. Pendant la guerre de 1914, on
camouflait le riz pour se donner l’illusion de manger du hachis de viande.
Pendant la guerre de 1940, c’est le riz qui manqua et on camoufla le gruau
afin qu’il en prît la place. À quoi bon indiquer ces procédés ? Dans
la prochaine guerre, riz et gruau feront peut-être également défaut.
*
* *
Il me reste à dire un mot pour justifier l’ordre qui est suivi dans le présent
ouvrage et qui n’est pas celui de la plupart des livres de cuisine. Ceux-ci
vont généralement des hors-d’œuvre aux desserts. Ici, nous nous sommes
souciées des méthodes plutôt que des résultats et nous sommes allées
des choses les plus simples (c’est-à-dire les viandes rôties) aux choses
les plus complexes (c’est-à-dire les pâtisseries), des choses qui servent de
matériaux aux architectures où elles viennent s’insérer. C’est ainsi que
les potages, par exemple, doivent logiquement venir après les légumes
puisqu’on fait d’excellents potages avec l’eau de cuisson de certains légumes.
Les hors-d’œuvre doivent fermer la marche et non point l’ouvrir, puisqu’on
en fait à l’aide de viandes, de poissons, de légumes et qu’en pratique
les « restes », intelligemment et gracieusement présentés, peuvent y jouer
un grand rôle.
Cela dit, nous devons signaler un désordre apparent : on trouvera
quelques desserts simples dans le chapitre des fritures (nos 108 à 114), du
riz (nos 167 et 168) et des timbales (nos 176 à 180) avec des indications sur
la méthode générale. Des recettes plus nombreuses et plus compliquées
figurent dans le chapitre spécial (XXV) consacré aux entremets. Qu’on
veuille bien excuser cette répartition, fâcheuse à première vue, dont la table
alphabétique diminue les inconvénients.
*
* *
Cette deuxième édition comporte des corrections et surtout des additions,
dues la plupart à des amis dont l’imagination a été stimulée par la lecture
d’un livre auquel ils eurent la bonté de trouver quelque agrément. Nous
avons supprimé quelques procédés trop évidemment inspirés par la misère
du temps de guerre et auxquels une cuisine saine doit renoncer le plus tôt
possible.
La principale nouveauté culinaire que nous apporte l’après-guerre est
la « poudre d’œufs », dont on trouvera l’utilisation en tête du chapitre XIII,
produit excellent, dont les ménagères belges et françaises n’ont pas encore
mesuré toutes les ressources. Il stabilisera les prix et nous dispensera à
l’avenir de mettre des œufs en conserve.
Signalons aussi la poudre de lait et le « lait évaporé » en boîtes,
supérieur même au lait cru pour le café au lait et toutes les sauces sans
exception.
*
* *
Pour une ménagère de 1946, le problème essentiel (dans l’ordre culinaire,
veux-je dire) est de ne pas céder aux délices de la paresse. Après avoir,
pendant cinq ans, fait des prodiges d’ingéniosité pour composer des mets
mangeables avec des matériaux insuffisants, il est bien tentant de passer
aux « menus express », toasts et petits pains, omelettes d’œufs en poudre,
harengs sautés, salades, fromage, le tout arrosé, ô délices, de « vrai café ».
Nous avons mangé par vertu tant de soupe, de pommes de terre, de légumes,
que les menus rapides nous ravissent, sans compter qu’ils nourrissent
mieux que les ratatouilles du temps de guerre. Aussi faut-il un certain
courage pour remonter le courant et consacrer encore aux légumes les soins
qu’ils méritent. Si nous y manquons, nos enfants se déshabitueront d’en
manger. Maintenant que nous avons du fromage et que nous allons avoir du
gigot, ayons la courtoisie de témoigner aux carottes et aux petits pois
la reconnaissance qu’ils méritent et sachons les rendre agréables et même
attrayants.
*
* *
Ajoutons en dernière minute quelques mots du « butterspread », produit
excellent que les ménagères belges méprisent faute de savoir s’en servir. Il
convient parfaitement pour préparer les sauces blanches, pour accommoder
nouilles et macaroni, pour accompagner tous les hachis et les pâtes salées. Il
remplacera avantageusement le beurre pour des préparations comme
les nos 415, 428 à 433, et aussi pour certains sandwiches.
1. V. SIVAN, La Cuisine familiale, Liège, Desoer.
2. Même défaut dans les ouvrages, excellents par ailleurs, de Paul BOUILLARD,
La Gourmandise à bon marché et La Cuisine au coin du feu, tous deux chez Albin Michel,
1925 et 1928. En sous-titre : La cuisine raisonnable et raisonnée. Malgré cette promesse,
il faut lire trois fois chaque recette pour entrevoir le plat que le maître a voulu
décrire. Les livres mal écrits sont toujours d’un usage difficile.
3. Elisabeth de Gramont ne mentionne pas les confitures de Bar parmi les bonnes
choses de France. Cela ne veut pas dire qu’on n’en fasse plus. Et il y a peut-être
même encore des gens que cela amuse d’en faire.
4. Je n’oublie pas ici une remarque de Jean Hubaux qui souligne le fait qu’il existe
une beauté correspondant à la vue et une autre correspondant à l’ouïe, mais aucune
qui corresponde au sens du goût. Ce qui plaît aux papilles gustatives n’est jamais dit
beau, comme ce qui plaît à la rétine ou au nerf auditif, mais simplement bon. – Nous
ne concevons de beauté, je crois, qu’à l’intérieur des sens qui nous servent à
connaître, et le beau pourrait bien n’être que l’instrument d’une connaissance
particulièrement rapide et efficace. Les animaux qui se servent du goût pour
explorer le monde conçoivent peut-être un beau gastronomique qui échappe
totalement aux êtres humains, pour lesquels l’odorat n’est plus un moyen de
connaissance.
5. Voyez par exemple la Jeanne Goffart de cette Vie basse où Jean de Beucken, avec
une vérité prodigieuse, a représenté la vie matérielle du peuple wallon, ses plaisirs
et son alimentation.
6. La guerre et le manque de combustible nous ont enseigné à tous cette économie de
temps. Pour nourrir deux ou trois personnes pendant deux jours, une matinée de
travail suffit largement, plus trois fois une demi-heure pour réchauffer et rajuster
les plats prévus pour les trois autres repas.
7. Celui de Jeanne HUBAUX-FOETTINGER, Le Ménage sans larmes. Elle vous décrira
les bouilloires sifflantes, les anti-monte-lait, les fouets à sauces, les couteaux
perfectionnés, les verres gradués, et cætera.
8. On peut le craindre : un quelconque « confisalyl » (détestable du reste) déclare que
« 20 tablettes épargnent 10 kilos de sucre dans la préparation des confitures ».
1
BIBLIOGRAPHIE
Si la viande est roulée, que la graisse la pare à l’extérieur, afin de
protéger la cuisson. Que la ficelle qui la lie soit propre et solide.
Ayez un four rouge ou rougissant au début de la cuisson, afin que
la partie extérieure de la viande, que vous aurez frottée de beurre,
dore à la chaleur. Diminuez ensuite l’intensité du feu, sauf si vous
désirez que la viande soit très saignante. Arrosez fréquemment. Si
la surface a une tendance à carboniser, comme c’est parfois le cas
pour les rôtis de porc, arrosez d’un peu d’eau. Salez et poivrez
quand la viande est aux trois quarts cuite. Quand elle l’est tout à fait,
retirez le rôti de la lèchefrite et tenez-le au chaud, mais le moins de
temps possible, car il déteste attendre.
SAUCE. – On peut toujours servir un rôti avec sa sauce naturelle qui se
termine de la façon suivante : retirez de la lèchefrite tout le liquide
de cuisson ; à feu vif, versez un peu d’eau froide et raclez la surface
à la fourchette. Passez et joignez à la graisse de cuisson ou à
une partie de celle-ci si vous redoutez des sauces trop grasses. On
vend en France des saucières à deux becs ; l’un, qui puise dans
le fond, ne verse que le maigre, l’autre, qui puise à la surface, ne
verse que le gras. Délectable raffinement, tolérance charmante à
l’égard des goûts de chacun.
Il va sans dire que toute sauce peut être enrichie, par exemple de
champignons. Cent recettes consignent simplement une légère
variante dans la façon de finir la sauce. Nous les laisserons de côté,
nous bornant aux principes généraux.
1. – ROAST-BEEF
3. – GIGOT BOULANGÈRE
Commencer la cuisson comme ci-dessus, puis retirer la viande et
mettre dans la lèchefrite des pommes de terre coupées en rondelles,
avec eau et ail. Quand elles commencent à bouillir remettre le gigot
et terminer la cuisson.
4. – RÔTI DE VEAU
Dans la lèchefrite, mettre sous la viande des lames d’oignons, de
carottes, de thym, de laurier. Cuire une heure par kilo. À mi-cuisson,
protéger la viande par un morceau de papier blanc beurré. Le veau
est une viande sèche qui demande une sauce plus ornée que le bœuf
ou le mouton : lier celle du rôti avec du beurre et de la farine, ou
bien avec de la fécule, ou bien avec de la crème fraîche. Mille
affinités électives unissent le veau à la crème fraîche.
5. – RÔTI DE PORC
6. – POULET
7. – OIE OU DINDON
8. – FAISAN
Assaisonner et barder comme le poulet. Cuire trois quarts d’heure 4.
Si vous voulez un rôti de haut goût, introduisez un petit gervais
dans l’oiseau vidé et, en fin de cuisson, arrosez d’un peu de porto ou
de sherry et, pour terminer, d’une cuillerée de fine.
9. – PERDREAU
Mariner, si l’on veut, pendant un jour ou deux, dans du vin rouge,
avec quelques rondelles d’oignon et une feuille de laurier. Si le lièvre
est jeune, mieux vaut ne pas le mariner.
Barder de lard ce qui est meilleur que larder, à moins que le lièvre ne
soit particulièrement vieux et sec. Cuire vingt-cinq minutes un lièvre
non mariné, quarante-cinq à soixante minutes un lièvre mariné.
Quelques minutes avant de servir, mettre la lèchefrite sur le feu,
verser une tasse de crème dans le jus de cuisson, une cuillerée de
moutarde et tourner sans arrêt jusqu’à ce que la sauce soit liée et
d’un joli ton beige. Remettre le râble au four et arroser de cette sauce
qui ne doit pas recuire. Il va de soi qu’un salmis de champignons
fera également très bien, mais, dans ce cas, ne pas mettre de
moutarde.
Servir avec des pommes nature ou, mieux, des croquettes de
pommes de terre, avec une purée de marrons. En Belgique, on
préfère généralement une compote de pommes.
11. – CHEVREUIL
14. – CABILLAUD À LA FLAMANDE
1. Si vous devez traiter un morceau de viande frigorifiée, après l’avoir laissée se
décongeler dans un courant d’air, arrosez-la de graisse fumante, puis laissez-la se
colorer fortement au four rouge : la croûte qui se formera ainsi empêchera les sucs
de s’échapper. Épicer après la cuisson. (BOUILLARD, La Cuisine au coin du jeu, p. 20.)
2. Si l’on veut farcir poulet, faisan, oie, dindon ou perdreau, voir no 91.
3. Si l’on veut farcir poulet, faisan, oie, dindon ou perdreau, voir no 91.
4. Si l’on veut farcir poulet, faisan, oie, dindon au perdreau, voir no 91.
5. Si l’on veut farcir poulet, faisan, oie, dindon au perdreau, voir no 91.
LES VIANDES SAUTÉES
Les sautés se font dans la poêle, à feu très vif au début, mais qu’il
faut ralentir ensuite, et d’autant plus que la pièce à rôtir est plus
grosse et que l’on tient davantage à ce qu’elle ne reste pas crue à
l’intérieur.
Les viandes ainsi traitées peuvent se servir avec leur sauce naturelle
ou avec toutes celles que l’on voudra. Je n’indique ici que quelques
principes généraux.
15. – BEEFSTEAK OU ENTRECÔTE
16. – CHÂTEAUBRIANT ET TOURNEDOS
18. – ESCALOPES MILANAISES
19. – CÔTELETTES DE MOUTON
20. – CÔTES DE PORC
21. – FOIE DE VEAU
22. – ROGNONS SAUTÉS
24. – BOUDINS ET SAUCISSES
Piquer et fendre la peau afin qu’elle ne se rompe pas à la cuisson.
Celle-ci doit être plus lente que pour les autres sautés.
LES POISSONS SAUTÉS
30. – ÉPERLANS, ROUGETS.
31. – TRUITES MEUNIÈRES, que l’on sert avec du persil haché
et des quartiers de citron.
32. – VIVES.
LES GRILLADES
33. – BEEFSTEAK GRILLÉ
Battre la viande, puis la huiler afin d’éviter qu’elle adhère au gril,
saler et poivrer au moment de griller. Cuire sept à huit minutes de
chaque côté. Servir avec du beurre maître d’hôtel (no 298).
34. – ENTRECÔTE GRILLÉE
Même procédé, mais le feu plus modéré, afin que l’intérieur cuise
des deux côtés.
35. – ANDOUILLETTE GRILLÉE
Si elle n’est pas trop grasse, traitez-la comme il est dit ci-dessus.
Renoncez-y seulement si la graisse trop abondante, en coulant sur
le feu, provoque une fumée malodorante. Dans ce cas seulement, il
vaudra mieux la faire sauter à la poêle. Mais quelle différence il y a
entre une vraie andouillette grillée et une pauvre andouillette
sautée !
Quant aux crépinettes et pieds de porc truffés, mieux vaut les faire
sauter et dégraisser la sauce si celle-ci est trop abondante.
LES BRAISÉS
36. – BRAISÉ À L’ESTRAGON
(cette recette vaut pour le poulet, le lapin
ou le veau)
Faire sauter les morceaux de viande avec des petits lardons et de
l’échalote hachée. Quand le tout est bien doré, mettre trois tomates
dont on a enlevé les pépins, un bouquet d’estragon, un peu d’eau et
laisser mijoter une petite heure. Trois minutes avant de servir,
joindre un petit pot de crème fraîche.
37. – VEAU À L’ITALIENNE
38. – BŒUF À LA MODE
40. – CARBONADES
Les morceaux de bœuf non marinés sont passés dans la farine et
braisés soit avec des fines herbes hachées, soit avec des lames
d’oignon colorées au beurre, thym, laurier. Laisser mijoter pendant
deux heures. À Bruxelles, on les mouille, non d’eau, mais de bière et
c’est très bon.
41. – VEAU À LA CASSEROLE
43. – PORC BOULANGÈRE
Comme le bœuf à la mode. Trente minutes avant de servir, ajouter
les pommes de terre, petites ou coupées en quartiers. Si ce sont
des pommes nouvelles, les faire bouillir cinq minutes à l’eau salée
avant de les joindre à la viande. Les pommes de terre cuiront à
la vapeur et enlèveront au porc le goût gras que beaucoup de
personnes n’aiment pas 1.
44. – CIVET DE LAPIN
Mariner un jour au vin rouge. Un petit vin du Maroc fait très bien
l’affaire. Découper le lapin et passer les morceaux dans la farine.
Les faire dorer dans la poêle puis braiser dans une casserole où l’on
aura fait revenir des oignons, du lard ; ajouter sel, poivre et tous
les aromates, puis la marinade elle-même, en finissant avec de l’eau.
Pour servir, passer la sauce et, si l’on veut, la relever de moutarde 2.
45. – LAPIN CHASSEUR
Même traitement, mais le lapin n’est pas mariné. Il cuit dans du vin
blanc coupé de bouillon et d’eau avec des tranches de champignons.
Purée de tomates à volonté. Passer la sauce et la lier au beurre et à
la farine et la saupoudrer de persil haché.
46. – CIVET DE LIÈVRE
47. – SANGLIER
48. – POULET SAUTÉ
49. – FRICASSÉE DE POULET
50. – POULET FERMIÈRE
Achever la cuisson avec petites carottes, pois frais, petits oignons,
pommes nouvelles passées cinq minutes à l’eau bouillante.
51. – POULET CHASSEUR
52. – POULET MARENGO
53. – COQ AU VIN
54. – CANARD AUX NAVETS
La canard doit rissoler entier puis cuire au moins une heure dans
un mélange d’eau, de bouillon et de vin blanc avec thym et laurier.
Faites dorer petits oignons et navets que l’on joint au canard et qui
mijoteront encore une demi-heure en sa compagnie. Dégraisser
la sauce et relever d’un peu de cognac sans faire bouillir de nouveau.
55. – PIGEON
57. – PERDRIX AUX CHOUX
Alors qu’on rôtit les jeunes perdreaux (no 9), on braise les vieilles
bêtes qui seraient dures aux dents, mais qui seront savoureuses au
palais. Faire rissoler les perdrix entières, puis braiser avec du lard
maigre, des ronds de carotte et d’oignon et un chou sommairement
bouilli, puis rafraîchi et grossièrement haché. Ajouter un bouquet
garni, qu’on enlèvera avant de servir, ail et girofle. Puis mouiller
d’eau jusqu’à hauteur et cuire deux ou trois heures, jusqu’à ce que
la viande soit tendre. Servir dressé sur le chou, avec, si l’on veut,
des petites saucisses dorées au beurre.
58. – CAILLES
59. – BÉCASSE
60. – GRIVES À LA LIÉGEOISE
61. – ANGUILLE AU VERT
1. Dans quelle catégorie ranger le Jambon à la mode de Saint-Vith, merveilleux plat pour
une noce ou une première communion ? On enrobe une épaule de porc dans
une pâte levée abaissée à deux centimètres, on fait cuire trois ou quatre heures au
four de boulanger et l’on mange chaud ou froid, coupé en tranches très minces.
2. Si l’on a plusieurs lapins, garder les bas morceaux pour faire une terrine (voir no 97).
LES RAGOÛTS
Les ragoûts sont des braisés qui achèvent de cuire dans une sauce
longue où la viande mitonne tout à son aise, échangeant ses sucs
avec ceux des légumes qu’on a choisis pour lui tenir compagnie et
prenant peu à peu le parfum des aromates qu’on a mis dans l’eau de
cuisson.
C’est dire que, pour faire un ragoût, il faut d’abord faire sauter
les morceaux de viande au beurre ou à la graisse. Lorsqu’il ont pris
couleur, on les range dans une casserole plus grande que la cocotte
qui sert pour les braisés. Le couvercle doit joindre hermétiquement,
de façon que l’arôme ne s’échappe pas. On peut cuire les ragoûts au
four, à condition que la chaleur ne soit pas trop forte.
Ils se font avec des bas morceaux : épaule, jarret, poitrine. Il faut bien
se garder de les faire désosser avant de les mettre à rissoler, car les os
font leur partie dans cet ensemble de parfums accordés.
Ces morceaux étant généralement assez gras, il faudra dégraisser
la préparation aussitôt après avoir fait dorer les tranches qui
la composent. Lorsque la cuisson est terminée, il est trop tard pour
enlever la graisse qui aura donné son goût à la viande. Gardez
précieusement cette graisse pour faire la soupe ou préparer
des légumes. La graisse de mouton, généralement méprisée,
convient cependant pour faire mijoter les haricots secs et pour
préparer la soupe aux poireaux.
Il existe des centaines de recettes de ragoûts qui diffèrent d’après
les aromates, d’après les légumes qui accompagnent la cuisson et
d’après le liquide qui mouille la viande : vin, bière, eau, bouillon.
En général, les ragoûts sont peu estimés et bien à tort. C’est que
les restaurants servent trop souvent sous ce nom une sauce enrobant
beaucoup d’os et peu de viande. Dans les ménages, les ragoûts sont
plus honnêtes, mais on les sert trop gras, trop peu épicés et avec
une sauce trop longue.
Tout l’art du ragoût réside dans la cuisson et dans la sauce. Celle-ci
doit être légèrement liée, d’un peu de beurre manié de farine, ou,
mieux encore, réduite à feu vif et à couvercle enlevé. On ne passe pas
cette sauce, mais on enlève le bouquet garni qui a servi à
la parfumer.
Il est difficile de dire combien de temps un ragoût devra cuire.
Rarement moins de deux heures (sauf pour le veau qui tombe en
bouillie s’il mitonne trop longtemps) et davantage si la viande est
dure.
Voici quelques recettes classiques que l’on pourra faire varier à
l’infini en changeant quelque détail.
63. – GULASH
C’est un ragoût de bœuf dont les morceaux sont coupés en gros
cubes et rissolés avec des tranches de lard de poitrine. On y ajoute
des oignons grossièrement coupés, une cuillerée à bouche de
paprika par kilo de viande, de la purée de tomates ou des tomates
fraîches, de l’ail, un bouquet garni.
Aussitôt après avoir rissolé, flambez d’un verre de cognac, puis
laissez mitonner dans un peu d’eau pendant deux heures. Ajoutez
alors quelques carottes et quelques pommes de terre, qui cuiront
pendant trois quarts d’heure encore.
65. – RAGOÛT DE VEAU
Après avoir pris une couleur foncée, il doit être baigné d’eau avec
un bouquet garni que l’on retire pour finir, échalotes, ail et de
la purée de tomates.
67. – RAGOÛT DE MOUTON
69. – NAVARIN DE MOUTON
Même recette, mais on ajoute un verre de vin blanc à l’eau qui
mouille le ragoût et on termine avec une purée de tomates.
70. – HARICOT DE MOUTON
C’est un ragoût que l’on fait cuire en ajoutant à la viande, dès
le début de la cuisson, des haricots blancs, puis, une heure après,
des pommes de terre. Si l’on sait mal le temps de cuisson que
demanderont les haricots, il vaudra peut-être mieux les cuire à part
et les joindre seulement à la fin. Ce sera plus joli à voir, mais
beaucoup moins bon.
LES BOUILLIS
ET BOUILLONS
Certaines viandes un peu dures doivent être cuites plus ou moins
longtemps, en plein liquide. Elles seront d’autant meilleures que
celui-ci aura lui-même un goût plus riche et plus fin. Lorsque
la cuisson doit durer longtemps, on peut mettre la viande en même
temps que les aromates et les légumes du bouillon. Mais, si
la cuisson ne doit durer que peu de temps, il faudra préparer
le bouillon à l’avance, afin qu’il ait déjà pris le goût des légumes
lorsqu’on y mettra la viande destinée à y cuire. C’est le cas pour
la cervelle, pour le ris de veau, etc. Ces bouillons préparés à l’avance
s’appellent des courts-bouillons.
Tous les poissons peuvent être bouillis. Comme leur cuisson est
rapide, il faudra préparer le court-bouillon et le relever de vinaigre
ou de vin.
Voici les principaux bouillis :
71. – POT-AU-FEU
Mettre le bœuf (environ 1 kilo pour six personnes, car il y a toujours
des déchets) dans l’eau bouillante si l’on tient plus au bouilli qu’au
bouillon et dans l’eau froide si c’est le contraire 1. Lorsque l’écume
monte à la surface, jeter un verre d’eau froide dans la casserole pour
arrêter l’ébullition et écumer plus facilement. Écumer deux ou trois
fois, puis saler. Ajouter un morceau de jarret de veau, 200 grammes
de carottes, 100 grammes d’oignons et autant de poireaux, un peu
de céleri, quelques racines de persil, thym, laurier, poivre, panais,
navets si on en aime le goût. N’épargnez point les légumes qui,
écrasés sur l’écumoire, feront une soupe supplémentaire.
Le pot-au-feu se sert avec du chou mais celui-ci doit être cuit à part
et non dans le bouillon (no 213).
Une braise ou même un morceau de charbon bien lavé, cuit dans
le bouillon, le clarifie à merveille.
Dégraisser le bouillon avant de le servir et garder la graisse pour
accommoder des légumes ou des pommes de terre (no 186). Servir
le bœuf avec les légumes du pot-au-feu et du gros sel. Pour
la présentation du bouillon, voir no 270.
72. – BLANQUETTE DE VEAU
73. – POULE-AU-POT
Cuire la poule dans un fond de pochage analogue à celui qui sert
pour le pot-au-feu, mais sans navets ni panais. Après deux à trois
heures de cuisson, servir sur les légumes mouillés d’un peu de
bouillon, avec du gros sel.
74. – POULE AU RIZ
75. – TÊTE DE VEAU
76. – LANGUE DE BŒUF
77. – COURT-BOUILLON
79. – RIS DE VEAU
81. – TRUITES À LA CRÈME
Cuire au bleu et servir nappé d’une sauce faite d’un tiers de crème,
un tiers de beurre, un tiers de jus de citron, sel, poivre, un peu de
ciboules finement hachées, le tout chauffé mais non bouilli.
82. – BROCHET AU COURT-BOUILLON
83. – ANGUILLE TARTARE
84. – RAIE
86. – GELÉE DE VIANDE
87. – GELÉE DE POISSON
88. – ESCAVÈCHE DE POISSON
C’est une gelée qui a pour base de tout petits poissons rissolés dans
la poêle ou frits. On les range refroidis dans un plat creux, en
alternant avec des tranches de citron, des lames de cornichons,
des petits oignons. On verse sur le tout la gélatine dissoute soit dans
le vinaigre bouillant, soit dans le vinaigre coupé de court-bouillon.
L’escavèche au vinaigre pur, gardée au frais, se conserve plus de
quinze jours. Au bout de ce temps, les arêtes ont complètement
disparu.
1. Si c’est du frigo, Bouillard recommande de mettre à l’eau froide, puis, après cinq
minutes d’ébullition, de rafraîchir à l’eau courante et, cela fait, de traiter la pièce
ainsi préparée comme un morceau de viande fraîche.
LES FARCES ET HACHIS
89. – PAIN DE VEAU
90. – BOULETTES 1
On peut garnir de cette pâte un poulet, une oie, une dinde,
des pigeons, des cailles, un faisan. On remplit le ventre de l’oiseau,
pas trop serré, afin que la peau n’éclate pas à la cuisson, puis on
coud d’un fil qu’on enlèvera avant de servir. On peut aussi mêler à
la farce classique des marrons bouillis, nettoyés et grossièrement
écrasés. Pour farcir le gibier, relever le hachis d’un peu de madère ou
de cognac.
92. – VIANDES DE DESSERTE
Ajouter un jaune d’œuf par livre de hachis bien condimenté et lié
d’une béchamel si ce sont des viandes blanches ou rouges, d’un roux
s’il s’agit de gibier. Des champignons hachés feront très bien. Faites
des boulettes ou des petits cylindres. Enfarinez puis passez dans
le blanc d’œuf battu à la fourchette, salé et poivré. Roulez dans
la chapelure et faites frire dans la graisse pas absolument trop
chaude, sinon la croûte de chapelure qui enferme la pâte de viande
risque d’éclater. Si vous souffrez du foie et si vous redoutez
les fritures, faites simplement sauter dans la poêle comme
les boulettes de viande fraîche. Dans ce cas, l’œuf n’est pas
indispensable.
94. – VOL-AU-VENT ET BOUCHÉES À LA REINE
95. – POISSON DE DESSERTE
Ils peuvent avoir les mêmes usages que les viandes, excepté en ce
qui concerne la farce des volailles. On en fait d’excellentes
croquettes, surtout si l’on y joint quelques crevettes et des câpres.
Mêler du fromage à la sauce blanche qui enrobe le poisson me paraît
une hérésie, mais en Wallonie tout le monde adore le poisson au
gruyère. Essayer de l’assaisonnement aux câpres et au citron et voyez
si ce n’est pas bien meilleur.
96. – FILET AMÉRICAIN
Une bonne terrine requiert beaucoup de lard et, pour deux parties de
gibier, une partie de hachis de porc. Le fond et les côtés du plat sont
tapissés de minces tranches de lard qu’on laisse dépasser de façon à
les rabattre sur la surface qu’on recouvrira encore d’autres bardes.
Tasser soigneusement le hachis bien mélangé et homogène. Terminer
par quelques feuilles de laurier. Poser la terrine dans une forme à
tarte contenant un peu d’eau bouillante, afin que le fond cuise
également. Et la graisse qui pourrait déborder ne sera pas perdue.
Luter le couvercle avec une pâte d’eau et de farine. Au lieu de luter,
on peut aussi, après cuisson, laisser reposer la terrine pendant
une nuit sans couvercle, puis la remplir de saindoux fondu tiède qui
remplira bien tous les interstices, enfin couvrir et garder au frais. Ce
saindoux sera enlevé au moment de présenter et servira à faire
la cuisine. Une terrine bien grasse et bien fermée se conserve très
bien quatre semaines et davantage, si la cave est bonne. Elle se
conserve d’autant mieux – et la pâte est d’autant plus homogène –
qu’elle contient plus de porc et de lard. Cuire au four chaud, mais
non rouge, deux heures par kilo.
97. – PÂTÉ DE LIÈVRE
Hacher les bas morceaux d’un lièvre, l’échine et les cuisses étant
réservées pour servir rôties (no 10). Ajouter une tranche de pain
trempée dans du vin, un hachis d’échalotes et de fines herbes, sans y
oublier la sauge, le hachis de porc et du lard gras coupé en dés. Faire
une pâte bien homogène. D’autre part, faire bouillir les os pendant
deux heures dans un mélange de vin et d’eau hautement assaisonné.
Mouiller le hachis avec ce bouillon d’os dont on ajoutera encore
quelques cuillerées en cours de cuisson si l’on n’a pas luté
le couvercle. Quand la terrine est prête et bien pressée, verser par-
dessus un verre de cognac. Pour la cuisson, voir ci-dessus.
100. – PÂTÉ DE CAMPAGNE
C’est une terrine simple faite avec des viandes de second choix
marinées pendant un jour ou deux et relevées d’une abondante
adjonction de fines herbes.
LES FRITURES
101. – POMMES FRITES
102. – PÂTE À FRIRE
Pour 125 grammes de farine, battre un œuf entier, une cuiller
d’huile, un demi-verre de bière et un peu de rhum. Ajouter
progressivement la farine et assez de bière pour que la pâte soit
coulante, mais non liquide. Le mélange gagne à reposer quelques
heures avant d’être employé.
103. – FRITURE DE POISSONS
Les éperlans, les goujons, les merlans vidés et plongés crus dans
la pâte à beignets peuvent être ensuite frits en pleine graisse. On
peut aussi frire l’anguille, mais il faut la faire cuire d’abord au court-
bouillon (no 80). – Servir au naturel ou avec une sauce tartare.
104. – CROMESKIS
105. – BOULETTES DE POISSON
Procéder de même, mais relever de crevettes et de citron. Servir
plutôt avec une sauce tartare.
106. – CROQUETTES
107. – SALSIFIS FRITS
S’il vous reste trop peu de salsifis pour en faire, à la poulette, un plat
décent, passez-les à la pâte à beignets et servez-les poudrés de sel,
sans sauce.
108. – BEIGNETS DE POMMES
109. – FONDUS AU FROMAGE
110. – CROÛTES AU FROMAGE
113. – PIROCHKIS
114. – BOULES DE BERLIN
115. – TÊTE DE VEAU
Même dans un petit ménage, on peut très bien utiliser une tête de
veau. Cuite (no 75) elle se désosse très facilement. Servez-en
une partie chaude, avec une vinaigrette froide ; mettez le reste en
tortue.
Verser un filet de madère sur les morceaux que l’on range dans
un ou plusieurs plats creux avec des tranches d’œufs durs,
des olives, des champignons et tout ce qu’on voudra, des truffes, par
exemple. La sauce est un roux brun fait avec le bouillon de la tête et
une purée de tomates, Liebig, poivre de Cayenne et, sans cuire,
un verre de madère. Cela peut se garder à la cave plusieurs jours.
Réchauffer au bain-marie.
118. – LANGUE DE BŒUF
Cuite comme il est dit au no 76, la langue peut se servir comme
le pot-au-feu et la poule-au-pot, avec les légumes du bouillon et du
gros sel.
Elle peut aussi être servie chaude avec une sauce poivrade (no 311)
ou une vinaigrette, comme la tête de veau, ou une sauce blanche au
citron.
Ou froide avec une vinaigrette et des cornichons, ou
une mayonnaise. Ou mise en gelée. Le fond de la langue peut être
haché (no 86).
119. – RIS DE VEAU
voir no 79. On peut aussi, après les avoir fait dégorger, les faire
blanchir pendant cinq minutes à l’eau bouillante et les parer. On
les braise alors, soit à la casserole comme des pigeons, soit au four
en les mouillant de bouillon. Sauce madère et garniture de
champignons. Coupés en tranches, ils se rôtissent dans la poêle avec
du beurre frais. Il faut bien les épicer.
120. – CERVELLE
121. – CŒUR DE VEAU
Braiser comme le veau (voir no 41) et faire mijoter deux heures au
four en mouillant à hauteur avec de la bière. On peut faire cuire
des carottes et des petites pommes de terre en même temps. Ou bien
le braiser sur des oignons en ajoutant des tomates coupées en quatre
et en mouillant d’un peu d’eau.
122. – PIEDS DE PORC
Le charcutier les vend prêts à être cuits ainsi que les oreilles. On
peut lui demander de les fendre en deux dans le sens de
la longueur. Cuire à l’eau salée pendant trois heures (le bouillon
pourra servir à faire une gelée). Mariner pendant une nuit dans
un mélange de vinaigre et d’un peu d’huile avec lames de carottes et
d’oignons, sel, poivre, thym, laurier. Rouler dans la chapelure et
dorer au four vif pendant un quart d’heure. Servir avec une sauce
piquante, tartare, ou vinaigrette.
124. – MOULES MARINIÈRES
Les retirer des coquilles, lier la cuisson avec un peu de beurre
manié, un jaune d’œuf et un jus de citron. En napper les moules. On
peut aussi, pour les avoir à la bordelaise, ajouter une cuillerée de
purée de tomates.
126. – MOULES AU VERT
127. – GRATIN DE MOULES
128. – ÉCREVISSES
129. – HOMARD
Le court-bouillon se fait de deux litres d’eau et six cuillerées de
vinaigre, sel, poivre, persil, thym, laurier, céleri. Cuire un quart
d’heure avant qu’on y jette le homard qui y reste vingt minutes. Si
l’on sert chaud, décortiquer tout de suite. Si l’on sert froid, avec
une mayonnaise, ou une sauce tartare, laisser refroidir dans le court-
bouillon et servir dans la carapace.
130. – CREVETTES
ŒUFS EN POUDRE
Une cuillerée de poudre à ras correspond à un œuf entier, jaune et blanc,
vitamines intactes. Cassez les boules avec le tranchant de la cuiller. Ajoutez
peu à peu, en tournant et en écrasant, deux cuillerées d’eau froide par œuf,
épicez ; quand le mélange sera bien homogène, battez au fouet ou à
la fourchette jusqu’à ce que ce soit crémeux. Laissez reposer une demi-heure
au moins, puis écrasez de nouveau les grumeaux qui seront venus à
la surface. Travaillez toujours avec un plat trop grand.
Si vous préparez des œufs pour paner, mettez un peu moins d’eau :
la garniture de chapelure n’en adhérera que mieux. Si c’est pour
une omelette, mettez-en un peu plus : elle n’en sera que plus légère (cf. ci-
o o
dessous n 141). Pour l’omelette aux tomates, cf. n 144 ; pour
o
la mayonnaise, n 303. Pour la pâtisserie, mélangez très finement la poudre
d’œufs aux autres éléments, puis ajoutez le liquide. Si la préparation ne
contient ni lait ni eau, délayez l’œuf comme il vient d’être dit.
131. – ŒUFS À LA COQUE
132. – ŒUFS DURS
Les cuire comme les œufs à la coque, mais dix minutes. Pour
les peler, les plonger dans l’eau froide et les tenir un instant sous
le robinet pour que le blanc se décolle de la peau. Même procédé
pour un œuf cuit mollet (4 à 5 minutes), besogne délicate et propre à
exercer les vertus de patience.
133. – ŒUFS POCHÉS
134. – ŒUFS SUR LE PLAT
136. – ŒUFS BROUILLÉS
Ne jamais les faire à la poêle ni sur un feu vif où une partie sèche
tandis que la surface reste crue. Cuisez-les au bain-marie ou dans
une casserole à fond épais et sur du beurre faiblement chauffé.
Mettre les œufs entiers, sans les mêler à l’avance, assaisonner et
battre sans arrêt jusqu’à cuisson complète, c’est-à-dire pendant vingt
minutes environ pour six œufs. Ceci pour ceux qui croient qu’un
œuf brouillé est de la cuisine improvisée. Pour que le tout reste bien
crémeux et qu’aucune parcelle ne sèche, on peut verser dedans
quelques cuillerées de crème fraîche ou de lait, ou même d’eau. Les
œufs en poudre bien délayés conviennent parfaitement pour faire
les œufs brouillés.
Mêler les rognons à un roux brun relevé, loin du feu, de madère.
Disposer comme ci-dessus.
141. – OMELETTE
Battre les œufs dans une assiette à soupe plutôt que dans un bol,
saler et poivrer à la dernière minute, et ajouter une cuiller ou deux
de lait froid ou d’eau. Verser sur le beurre fumant et remuer à
la fourchette jusqu’à ce que tout le liquide soit pris. Glisser alors
une noisette de beurre sous l’omelette pour éviter qu’elle noircisse.
Quand elle est bien dorée, mettre sur un plat chauffé – rien ne
refroidit plus vite et plus fâcheusement – en laissant la seconde
moitié retomber sur la première. Il est difficile de faire une bonne
omelette avec plus de cinq œufs. Si vous devez en mettre davantage,
faites deux omelettes plus petites.
Il existe des centaines de recettes d’omelettes. Toutes sont
des variations sur un thème unique. Elles se ramènent à deux
principes : l’omelette relevée par quelque ingrédient qui est mêlé à
la pâte avant la cuisson ; – l’omelette fourrée, faite comme ci-dessous,
mais nappée d’une garniture avant d’être refermée. Pour réussir
l’arrangement de l’omelette sur le plat, faites-vous d’abord aider par
quelque main amicale et adroite qui verse la garniture tandis que
vous vous apprêtez à rabattre l’omelette.
Si vous employez des œufs en poudre, que le beurre ou le lard de
cuisson soit très chaud. Ajoutez aux œufs un peu de vert : ciboule,
échalote, ail, persil, cresson hachés. Ces crudités enlèvent le faible
goût de conservé que les cuisinières novices reprochent aux œufs en
poudre.
Voici quelques recettes d’omelettes relevées :
143. – OMELETTE À L’OSEILLE
Elle mériterait d’être plus connue. Jeter dans la poêle, sur le beurre,
une poignée de feuilles d’oseille auxquelles on a enlevé la nervure
principale et qu’on a bien lavées et séchées. Puis, tout de suite,
les œufs. L’oseille cuit dans l’omelette, y dessine des marbrures
vertes fort agréables et donne un goût vif qui l’est tout autant.
144. – OMELETTE AUX TOMATES
voir no 140.
Avec des tomates conservées crues (no 465) et des œufs en poudre on
fait une omelette excellente : il faut délayer la poudre dans très peu
d’eau puis y verser la pulpe et bien fouetter le tout.
145. – OMELETTE AU FROMAGE
146. – OMELETTE AU JAMBON
147. – OMELETTE AU LARD
149. – OMELETTE AUX CHAMPIGNONS
151. – OMELETTE AUX CREVETTES
152. – OMELETTE AUX ÉPINARDS
155. – ŒUFS À LA TRIPE
156. – SPAGHETTI À L’ITALIENNE
Aucune recette ne vaut mieux que celle qui a cours dans le pays
même. La pasta cuite à l’eau salée et assez peu cuite, car les Italiens
aiment les nouilles un peu fermes, est poivrée, bien égouttée et
servie arrosée d’une sauce faite de beurre, de jus de viande, de purée
de tomates et d’un peu de jambon haché. Un ravier de parmesan
râpé permet à chacun de finir l’assaisonnement à sa guise.
157. – MACARONI AU GRATIN
158. – NOUILLES À L’ARDENNAISE
159. – MACARONI AUX CHAMPIGNONS
On peut, si l’on veut, se borner à faire fraterniser dans un plat creux
une couronne de pâtes cuites à l’eau salée et liées d’un peu de
beurre, avec, au centre, des champignons dorés dans la poêle ;
le fromage pourra être servi à part, ou être répandu sur le macaroni.
Mais, si vous disposez d’une grande quantité de champignons de
prairie, essayez ceci, qui est fort laid, mais délicieux : faites sauter
vos champignons, puis, avant que tout le liquide en soit évaporé,
mêlez-les aux pâtes que vous avez pris soin d’égoutter avant que
leur cuisson soit terminée et remettez cinq minutes au feu. Ainsi,
les pâtes achèvent de gonfler grâce au liquide des champignons.
Ajoutez en finissant du poivre, et mêlez, sans cuire, le fromage. Cela
fait un brouet noir plus plaisant aux narines et au palais qu’aux
yeux.
160. – CROQUETTES DE MACARONI
161. – CANELONI FARCIS
Faire pocher pendant dix minutes, à l’eau salée, le petit tube ou
la feuille de pâte qui constituera l’enveloppe extérieure de la chose.
Alors, ou bien les remplir en essayant de ne pas les briser, ou bien
replier la feuille après y avoir mis une boulette de pâte et en souder
les bords. Dans les deux cas, c’est une besogne insupportable.
Les caneloni une fois prêts, rangez-les dans un plat qui aille au four,
sous une sauce tomate claire. Laissez mijoter au four pendant
quelques minutes avant de servir, saupoudré de fromage.
Quand vous êtes chez vous, faites plutôt des spaghetti et, pour
manger des caneloni, profitez de ce que vous êtes dans un restaurant
italien…
LE RIZ
162. – RISOTTO À L’ITALIENNE
163. – RISOTTO À LA MILANAISE
164. – RISOTTO AUX MOULES
Blondir un gros oignon dans une terrine, y mettre le riz et couvrir
de bouillon ou de sauce de rôti allongée. Dès que le liquide bout,
achever la cuisson au four, puis, à la fourchette, incorporer beurre et
parmesan. Servir dans la terrine, avec, si l’on veut, du lard maigre
rôti, ou des petites saucisses sautées, ou des tranches de jambon cru.
166. – PILAF À LA TURQUE
167. – RIZ AU LAIT 1
Faites revenir le riz dans du beurre avant d’y ajouter le lait
bouillant : un litre de lait par 150 grammes de riz suffisent pour trois
ou quatre personnes. Mettre un bâton de vanille dans le lait et faire
pocher, sous couvercle, sur le côté du feu pendant une heure. Après
cuisson, ajouter le sucre – environ 150 grammes – et deux jaunes
d’œufs. Servir froid avec de la cassonade – ou du golden syrup – ou
une confiture quelconque – ou une crème au chocolat peu épaisse.
On peut aussi mettre des raisins secs en même temps que le riz. Il en
prendra le goût.
168. – RIZ AU FOUR 2
Dans les mêmes proportions que ci-dessus, mettre, dans un plat
allant au four, du lait, du riz, du sucre, un bâton de cannelle (la
cannelle en poudre ne se répartira pas également), des raisins secs.
Laisser cuire doucement pendant un peu plus d’une heure, en
tournant le plat de temps en temps. Le riz au four absorbe plus de
liquide et, si on le voit sécher, il faut y mettre du lait. Quand
la cuisson est terminée, le riz est couvert d’une croûte dorée. Servir
dans le plat.
Ils obéissent tous aux mêmes principes. Ils sont composés d’un
hachis ou d’une pâte liée d’une béchamel à laquelle on ajoute, à cru,
des jaunes d’œufs et les blancs battus en neige très ferme. Il faut
quatre blancs d’œufs par 250 grammes de hachis ou de pâte, mais
deux jaunes suffisent. Le tout est cuit au bain-marie ou au four, dans
un plat à gratin. Là, les œufs augmentent de volume et durcissent, ce
qui donne à l’ensemble à la fois de la consistance et de la légèreté.
Il est naturellement plus simple de faire un soufflé (comme celui
dont on trouvera la recette au no 171) qui se sert dans le plat, car il
ne demande ni démoulage, ni sauce d’accompagnement. Mais il y a
ici un autre inconvénient : c’est qu’un soufflé au four n’attend pas, il
faut le servir au moment où culmine en lui un enthousiasme
éphémère. Rien n’est plus vite retombé qu’un soufflé trop haut
monté. C’est pourquoi du reste on recommande de ne pas dépasser
la quantité de blanc d’œuf ici indiquée.
Les puddings appartiennent au même genre que les timbales et
les soufflés. Eux aussi sont composés d’une pâte à laquelle on ajoute
des œufs crus destinés à la rendre, une fois cuite, à la fois ferme et
légère. La recette no 177 est celle d’un pudding inventé
providentiellement pour les familles gourmandes et occupées, car il
est très bon et ne demande que peu de travail, étant donné qu’il se
sert dans le plat même où il a gratiné. Les autres se démoulent 1.
Cuisson. – Prendre un moule droit, sans ces cannelures qui semblent
avoir été inventées par un cerveau en détresse pour augmenter
les difficultés déjà si nombreuses dans la vie d’une cuisinière.
Le badigeonner au pinceau, abondamment, de beurre ramolli (il
suffit pour cela de chauffer faiblement le moule et de garder
le beurre froid). Puis saupoudrer de farine, de façon que toute
la surface intérieure en soit bien garnie. Le remplir aux trois quarts
seulement. Cuire au bain-marie, au four moyennement chaud, si
le moule n’a pas de couvercle. S’il a un couvercle, dans une marmite
d’eau bouillante, sur le fourneau. Trente minutes de cuisson par
livre de poids. Pour démouler, glisser un couteau entre le moule et
son contenu, puis retourner et donner un coup sec sur le fond qui
doit se détacher nettement.
Faire une béchamel avec 1/4 de litre d’eau ou de lait (un bol),
30 grammes de beurre, 80 grammes de farine. Ajouter, à froid, deux
ou trois jaunes d’œufs et 250 grammes de viande ou de poisson
finement hachés, salés, poivrés, puis quatre à six blancs en neige
ferme. Cuire comme il est dit ci-dessus. Servir avec une sauce aux
tomates ou aux champignons.
170. – SOUFFLÉS AUX LÉGUMES
En partant des mêmes principes, on peut faire d’excellents soufflés
en remplaçant le hachis de viande par du céleri-rave cuit à l’eau et
finement écrasé ou encore par une purée d’épinards. On peut relever
de jambon la béchamel qui sert de liaison. Servir le soufflé de céleri
avec une sauce tomate, le soufflé d’épinards avec une sauce à
la crème et au fromage.
Faites une béchamel très relevée, très épaisse, avec 30 grammes de
beurre, 50 grammes de farine et un verre de lait. Ajoutez, loin du
feu, 100 grammes de fromage râpé, deux jaunes d’œufs et les blancs
en neige. Versez dans un plat à gratin, en ne le remplissant qu’aux
deux tiers, parsemez de quelques noisettes de beurre. Faites dorer
quelques minutes au four rouge et servez aussitôt, brûlant, dans
le plat.
172. – TIMBALES DE MACARONI
173. – TIMBALE AU CHOU-FLEUR
Comme la précédente, en mêlant macaroni et chou-fleur cuit. Servir
avec une béchamel au fromage ou une sauce à base de jus de veau.
174. – DÉLICIEUX AU FROMAGE
C’est un soufflé frit, et le plus simple du monde. Mêler et battre à
la fourchette 125 grammes de fromage e deux blancs d’œufs battus
en neige, avec du poivre et très peu de sel. En prendre de très petites
boules, avec une cuiller à café trempée préalablement dans l’eau, et
les jeter à la friture fumante. Servir aussitôt.
175. – GNOCCHI
LES PUDDINGS
176. – PUDDING AU PAIN
Dans un litre de lait que l’on fait bouillir avec 100 grammes de sucre
et un bâton de vanille ou de cannelle, selon les goûts, on met
tremper 100 grammes de pain blanc rassis et toute la chapelure de
pâtisserie, biscuits, biscottes, que l’on voudra. On peut y ajouter
des amandes, raisins secs, corinthes, fruits confits. Travailler avec
deux ou trois œufs entiers, puis cuire comme il a été dit pour
les timbales. Au lieu de vanille ou de cannelle, on peut mettre, au
moment de verser dans le moule, une goutte d’essence d’amandes
amères.
177. – PUDDING EXPRESS
178. – PUDDING AUX POMMES
179. – PUDDING AUX BISCUITS
Elles servent à tant de choses qu’on peut bien leur faire, parmi
les légumes, un rang à part. Voici quelques recettes simples. Tous
les cuisiniers disent qu’il n’est rien de plus facile que de bien faire
les pommes soufflées. N’empêche qu’il est bien plus agréable d’aller
les manger au restaurant que de regarder la friture avec angoisse en
se demandant si elles vont enfler comme la grenouille ou rester
plates pour se moquer de nous. La vie est déjà bien assez
compliquée sans qu’on y ajoute des problèmes inutiles.
L’A B C de l’économie enseigne que les pommes de terre doivent
être pelées très fin. De bonnes pommes sautées doivent être cuites
avec la pelure, et aussi celles qui seront mises en salade.
L’eau de cuisson des pommes de terre pelées peut servir à lier
une soupe.
Les pommes doivent être pelées, puis bien lavées et séjourner dans
l’eau le moins longtemps possible, excepté au printemps où elles ont
perdu par évaporation une partie de leur humidité naturelle. On
les rend plus fermes en les laissant alors une nuit à l’eau claire salée.
C’est le moment où elles sont le meilleur frites (voir no 101).
Il ne faut gratter les pommes nouvelles que si la peau s’enlève
aisément. Si elles sont arrachées depuis très longtemps, elles se
grattent mal et mieux vaut les peler.
181. – POMMES NATURE
Pour les cuire sous la cendre, voyez les romans de George Sand et
les souvenirs de Colette. Et puis procurez-vous les cendres. Il vaut
encore mieux se résigner à faire cuire dans un four doux ou bien à
l’eau, salée au gros sel, le sel fin ne pénétrant pas la pelure. Évitez de
laisser trop longtemps dans l’eau, car les pommes éclateront, et, au
contact de l’eau où il reste toujours un peu de terre, si
soigneusement qu’on ait lavé les légumes, cela fera quelque chose de
dégoûtant.
Les pommes cuites avec la pelure se gardent très bien deux ou trois
jours. (On peut les réchauffer, après les avoir pelées, en les jetant
pendant quinze minutes dans de l’eau chaude très salée.) Celles qui
sont cuites pelées prennent tout de suite un goût de vieux.
POMMES FRITES. – voir no 101.
184. – POMMES RISSOLÉES
185. – POMMES SAUTÉES
Faire dorer à la poêle des pommes cuites avec la pelure, puis
coupées en quartiers ou en tranches, salées et poivrées.
191. – PURÉE GRATINÉE
193. – POMMES DORÉES
195. – VILLAGEOISE
197. – HACHIS PARMENTIER
Hacher la viande que l’on veut accommoder après l’avoir bien
débarrassée de toutes peaux et tendons. Lier avec un roux blond
monté sur des lames d’oignon dorées, sel, poivre, ail et ce qui reste
de la sauce de la viande. On peut aussi laisser foncer le roux et y
ajouter un peu de vin rouge, des cornichons hachés et de la purée de
tomate. Relever la sauce d’autant plus que la viande est plus fade.
Étaler au fond du plat, saupoudrer de fromage râpé, puis couvrir de
purée. Terminer par un semis de fromage, quelques noisettes de
beurre et faire gratiner.
On peut aussi remplacer le fromage par un hachis de fine herbes et
mouiller d’un peu de vin blanc.
198. – PARMENTIER AU POISSON
Si vous avez un reste de poisson d’un goût très fort, mêlez-le bien à
la purée en y travaillant en même temps de la purée de tomates bien
assaisonnée d’échalotes et d’ail, puis faites gratiner la masse
homogène comme dans la purée arabe (no 194). On peut employer
ainsi, pendant les guerres, ces poissons salés et séchés – morue,
maquereaux, plies – d’une saveur si violente que le palais en reste
altéré.
Si, au contraire, vous avez des restes de poissons fins : elbot, turbot,
cabillaud, rangez-les sous une sauce béchamel aux câpres et au
citron et, sous une mince couche de purée, faites gratiner. C’est bien
meilleur qu’un assaisonnement au fromage…
Toutes ces préparations peuvent être variées à l’infini.
LES LÉGUMES
199. – ARTICHAUT
Cuire vingt minutes à l’eau bouillante salée et légèrement vinaigrée.
La cuisson est parfaite quand une feuille de la base s’arrache
aisément. Égoutter rapidement en mettant dans une passoire
la pointe des feuilles en bas. Servir sur une serviette pliée qui
absorbera ce qui reste d’humidité. Le bouillon est inutilisable.
200. – ARTICHAUT À LA VINAIGRETTE
202. – ASPERGES
203. – CÉLERI
Le céleri est un des légumes les plus utiles qui soient. Les feuilles
vertes servent à relever les potages et les courts-bouillons.
Les branches se mangent crues, avec du fromage de chester. On peut
aussi les cuire et les assaisonner au jus de viande. Les raves crues –
on dit chez nous les boules – coupées en allumettes et nappées de
sauce rémoulade, font un hors-d’œuvre délicieux. On les cuit et on
les farcit comme on verra ci-dessous. Et le bouillon fera un bon
potage (no 271).
206. – CÉLERI FARCI
207. – CHICORÉES DE BRUXELLES
208. – CHICORÉES AU JUS
209. – CHICORÉES À LA CRÈME
Les chicorées bouillies à l’eau salée et très bien égouttées – rien n’est
plus difficile que d’égoutter à fond ce légume saturé d’eau – sont
nappées d’une béchamel épicée à la muscade et liée de crème
fraîche.
210. – CHICORÉES AU GRATIN
211. – CHICORÉES FARCIES
212. – CHOUX
Couper le chou en julienne que l’on manie, après l’avoir lavée, dans
un peu de vinaigre. Étuver à la graisse, sur des tranches d’oignons,
avec, si on aime cela, des tranches de pommes (un quart de pommes
pour trois de chou) sel, poivre, muscade. Après une heure et demie
de cuisson, ajouter une cuillerée de cassonade et cuire ensuite,
toujours très doucement, trois quarts d’heure à une heure encore.
C’est ainsi qu’on fait le chou en Flandre. C’est délicieux. Ailleurs, on
ne met ni pommes, ni sucre.
216. – CHOUX DE BRUXELLES
Trempez-les un peu à l’eau salée après les avoir lavés, puis faites
bouillir dix à quinze minutes dans une eau effervescente et à feu vif
afin que l’ébullition s’arrête le moins de temps possible, le tout dans
une casserole en émaillé si l’on veut qu’ils restent verts. Égouttez
rapidement, sans laisser refroidir, sautez, tout aussi vite, dans du
beurre chauffé à la noisette. Ne les laissez pas mijoter et servez avec
du persil. Ainsi préparés, ils se digèrent facilement.
218. – CHOU-FLEUR
219. – CHOUCROUTE
220. – CHOUCROUTE GARNIE
221. – CHOU FARCI
222. – RUTABAGAS
223. – CHOU-RAVE
224. – TOPINAMBOURS
225. – ÉPINARDS ET OSEILLE
226. – TIGES DE BETTE
227. – SALSIFIS
Grattez-les et les lavez dans de l’eau un peu vinaigrée, pour qu’ils
restent blancs, puis cuisez-les pendant une heure à feu vif, dans
une eau bouillante où vous avez délayé une cuillerée de farine et
versé un filet de vinaigre.
Servez sous une sauce blanche faite avec la cuisson coupée de lait,
un jus de citron et un jaune d’œuf ;
Ou encore sautés au beurre ;
Ou en beignets (no 107).
228. – HARICOTS VERTS
229. – HARICOTS SECS
231. – FÈVES DE MARAIS
232. – PETITS POIS
233. – OIGNONS
234. – GRATIN DE LÉGUMES
Faites sauter au lard, de préférence, sinon au beurre ou à la graisse,
des ronds de carottes ou, mieux encore, des petites carottes de
l’année. Mettez-les au fond d’un plat à gratin, puis un lit de petits
oignons qui ont pris couleur dans le lard, enfin, des tranches de
pommes de terre. Arrosez de la cuisson des carottes, et d’un peu
d’eau. Faites mijoter sous couvercle pendant une demi-heure, puis
enlevez le couvercle, saupoudrez abondamment de fromage râpé,
finissez avec un peu de chapelure et des noisettes de beurre et faites
gratiner au four un peu plus vif. La cuisson des carottes doit être à
mi-chemin (et davantage s’il s’agit de carottes d’hiver), celle
des oignons doit être commencée avant la mise au four, sinon
les pommes de terre tomberaient en bouillie avant que les autres
légumes soient prêts.
235. – CAROTTES
Étuvez les petites au beurre, les vieilles à la graisse, toujours avec
un peu d’oignon haché, un peu de sucre, du sel et du poivre. Si
le légume est d’âge mûr, mettez plus d’eau et laissez évaporer en fin
de cuisson. Liez avec du beurre manié. Puis persillez.
236. – NAVETS
237. – POIREAUX
239. – LAITUES FARCIES
Mêmes principes que ci-dessus, mais, au lieu d’ébouillanter
les légumes, les blanchir pendant dix minutes à l’eau salée. Puis
les fendre pour introduire dans chacune d’elle gros comme un œuf
de pigeon d’une farce grasse légère (chap. VIII), liée à la dernière
minute par un ou deux jaunes d’œuf. Ramener les feuilles par-
dessus la farce et ficeler. Puis traiter comme le chou farci (no 221).
Enlever les liens pour servir.
On peut aussi les braiser dans du bouillon qu’on laisse évaporer en
terminant. Deux heures de cuisson dans les deux cas.
240. – CHAMPIGNONS
241. – CHAMPIGNONS SAUTÉS
242. – CHAMPIGNONS FARCIS
243. – TOMATES
Creuser les tomates un peu plus que pour les farcir crues, saler et
égoutter ensuite, puis garnir en dôme d’une farce relevée d’ail, où
quelques champignons hachés seront les bienvenus. Mettre au four
moyen dans une lèchefrite bien beurrée, chaque tomate portant
une noisette de beurre et, si l’on veut, un peu de chapelure. Dorer
trois quarts d’heure, en arrosant avec le jus de cuisson. Servir avec
du fromage râpé. Lier le jus pour faire la sauce.
246. – TOMATES SAUTÉES
247. – AUBERGINES FARCIES
248. – AUBERGINES FRITES
249. – COURGETTES
250. – CONCOMBRE
251. – SALADE JAPONAISE
252. – LA LAITUE
253. – LA ROMAINE
254. – LA MÂCHE
255. – L’ENDIVE FRISÉE
256. – TOMATES
257. – CONCOMBRES
258. – CRESSON ALÉNOIS
Il est trop peu de chose pour être servi seul en salade, mais haché
avec un filet de citron ou de bon vinaigre, et présenté sur un triangle
de pain beurré, il a un parfum délicieux.
259. – CRESSON DES FONTAINES
Très bien lavé, on le sert sans aucun assaisonnement, avec la sauce
des rôtis. Les maraîchers ont la fâcheuse habitude de le vendre en
bottes sanglées d’un lien dur qui blesse les tiges et les fait faner
prématurément.
260. – CAROTTES
261. – POIREAUX À LA GRECQUE
262. – HARICOTS VERTS
265. – CHICORÉE DE BRUXELLES
266. – CÉLERI RÉMOULADE
La rave crue est détaillée en allumettes (il existe des rapes ad hoc)
puis nappée d’une rémoulade (no 306).
267. – CHOU ROUGE
268. – SALADES CHAUDES
Préparez le chou rouge comme il est dit au no 267 et ajoutez
des lames d’oignon cru, puis achevez comme au no 268.
LES POTAGES
Ici encore, il existe une variété infinie dont nous ne décrirons que
les principaux types : les consommés et bouillons ; les soupes
passées ; les soupes liées. En Belgique, on ne considère comme
potages dignes de ce nom que ceux qui sont épaissis par une purée
de pommes de terre cuites et passées en même temps que
les légumes. En France, on trempe la soupe, et, la soupe, c’est le pain
que l’on met au fond de la soupière, sur lequel on verse simplement
un bouillon de viande ou de légumes. N’avez-vous jamais mangé,
dans quelque mas provençal, l’aigue boulide, c’est-à-dire eau bouillie
avec de l’ail, puis versée sur un brin de sauge et sur des croûtons
rôtis dans l’huile d’olive 1 ? Une ménagère belge trouverait cette
cuisine bien sommaire et, pourtant, l’aigue boulide a bien son charme.
Il faut avoir un répertoire de potages assez étendu pour que tout
le monde chez vous continue à manger de la soupe avec plaisir.
Pendant les guerres, quand tout le monde souffre de la monotonie
des repas et du manque de variété dans les menus, ayez toujours
deux potages en train, fortement contrastants, par exemple
une soupe aux pois et une soupe verte. Servez l’une à midi, l’autre
le soir, afin que l’on ne se rappelle pas trop qu’on mange de la soupe
à tous les repas. Et arrangez-vous pour que le légume servi ensuite
contraste, lui aussi, avec le potage : après la soupe verte, un légume
à la sauce blanche, ou sauté, après la purée de pois, un légume vert.
Je ne dis pas que ce soit délicieux, mais on pourra s’en accommoder
pendant quelque temps.
270. – CONSOMMÉS ET BOUILLONS
271. – BOUILLONS DE LÉGUMES
272. – BISQUE DE CREVETTES
LES POTAGES PASSÉS
Ces soupes se font de la façon suivante : un légume est étuvé au
beurre, puis couvert d’eau et mis à bouillir avec des pommes de
terre. Le tout est passé, remis au feu jusqu’à nouvelle ébullition et
servi avec quelques adjuvants : beurre, crème fraîche, jaune d’œuf,
persil, cerfeuil.
Ce thème classique comporte bien des variations qui appellent
les conseils suivants.
Les ménagères belges font en général bouillir la soupe beaucoup
trop longtemps. Il est tout à fait inutile de dépasser le temps qu’il
faut normalement pour cuire les légumes. Ceux-ci perdent leur goût
s’ils sont soumis à une ébullition trop prolongée.
Si vous mettez des os dans la soupe, faites-les bouillir à part à l’eau
claire. Si vous les faites voisiner avec les pommes de terre,
les parcelles d’amidon viendront boucher les fissures par lesquelles
s’écoule le peu de graisse que contient l’os. Cette graisse se dégagera
mieux à une seconde cuisson qu’à la première. Et, au surplus,
l’apport des os est peu de chose en dehors de la gélatine dont
la valeur nutritive est nulle.
Si vous faites de la soupe pour deux ou trois jours, comme cela se
fait dans tous les petits ménages, prenez les précautions suivantes :
1° Remuez bien le fond avant de réchauffer car les particules lourdes
se déposent et risquent d’attacher au fond ;
2° Ne réchauffez chaque fois que la quantité strictement nécessaire.
Si malgré cela il y a un reste, portez-le à l’ébullition avant de
le remettre à la cave. Rien ne fermente plus aisément qu’un potage
qui a été chauffé mais non bouilli ;
3° Améliorez le potage que vous resservez, soit à l’aide de fines
herbes hachées, soit à l’aide de Liebig, soit grâce aux croûtons de
pain doré au beurre. Tout cela donnera une jeunesse nouvelle à
la soupe de la veille et corrigera l’impression de déjà vu ;
4° Si vous faites revenir à table le potage du jour précédent,
arrangez-vous pour que ce soit la seule redite. Sinon, vos convives
auront l’impression que vous les nourrissez de restes. Qu’il y ait
le moins de rééditions possibles, et jamais plus d’une par repas.
Voici maintenant quelques recettes de potages passés,
Les proportions sont données pour huit personnes (3 litres de
soupe). Il faut environ 1 kilo de pommes de terre pour lier 3 litres de
liquide.
Maintenant que la guerre est finie, n’hésitez pas à faire une soupe
claire. Mettez dans la soupière de la poudre d’œufs délayée (cf. ici)
et versez dessus le potage bouillant. Un œuf pour deux ou trois
personnes suffit. Cette liaison convient surtout pour les juliennes,
soupes à l’oignon et aux tomates, etc.
274. – SOUPE VERTE
275. – SOUPE À L’OSEILLE
276. – SOUPE AUX POIREAUX
Faire revenir dans le beurre les blancs de poireaux coupés en dés
ainsi que des lames d’oignon. D’autre part, mettre à bouillir le reste
des poireaux avec les pommes de terre et passer. Joindre les blancs
étuvés. Il faut douze à quinze poireaux moyens pour six personnes.
Étuver les tiges et les feuilles les moins belles, couvrir d’eau et
joindre les pommes de terre puis passer. Mettre pour finir les feuilles
de pourpier ou de cresson étuvées à part pendant quelques minutes.
On pourra saupoudrer de cresson alénois finement haché.
278. – SOUPE AU CÉLERI
Après avoir rissolé les oignons, on achève de les cuire à l’eau avec
les pommes de terre et l’on passe le tout. On sert avec de larges
croûtons dorés saupoudrés de fromage et gratinés au four. Deux ou
trois cuillerées à soupe de farine blondie au beurre, mais non
roussie, rendent la soupe plus onctueuse.
Tremper la veille 1 kilo de pois secs. Cuire à l’eau froide, écumer,
ajouter un bouquet garni, quelques branches de céleri, une carotte,
deux ou trois oignons entiers, un os de jambon ou un peu de lard
maigre doré dans la poêle ou une cuillerée à soupe de graisse de rôti
ou de beurre. Cuire doucement pendant deux à trois heures. Passer
et servir avec des croûtons. On peut mettre moins de pois et ajouter
quelques pommes de terre.
282. – SOUPE AUX FÉVEROLLES
284. – SOUPE JULIENNE
286. – SOUPE AU POTIRON
Nous aimons trop les soupes épaisses pour nous résigner à faire
un potage si peu consistant. Chez nous, on fait étuver au beurre ou à
la graisse des oignons et du céleri, puis on ajoute les pommes de
terre, l’eau et les tomates ou la purée de conserve. On passe le tout
et l’on termine au persil haché.
289. – SOUPE AUX CHOUX
290. – POTAGE OXTAIL
1. Les gousses d’ail doivent être toutes molles. On met dans chaque assiette quelques
feuilles de sauge et les croûtons rôtis ou une simple tranche de pain et un peu
d’huile. Ce potage est excellent pour la santé et pour restaurer l’estomac après
des excès de boire et de manger, dit Jean de Beucken qui le prépare à ravir.
LES HORS-D’ŒUVRE
Il est bien rare qu’on serve sur une table belge de véritables hors-
d’œuvre, c’est-à-dire qu’on remplace le potage (qui, dans ce cas, sera
présenté au repas du soir) par un ensemble de mets fortement
épicés, froids, destinés à ouvrir l’appétit. Ce qu’on appelle chez nous,
fort improprement, hors-d’œuvre, c’est un petit plat servi entre
le potage et l’entrée. Ce petit plat est tantôt chaud – ce qui est
excellent – tantôt froid, ce qui est fâcheux, car les salades devraient
suivre la pièce principale et non se placer entre deux plats chauds.
Sans vouloir essayer de convertir les Belges à la mode des hors-
d’œuvre, faisons ici une liste sommaire des choses qui peuvent être
présentées sous ce nom. Peut-être paraîtra-t-elle assez tentante, non
seulement au point de vue de la gourmandise, mais encore à celui
de l’économie : la plupart des hors-d’œuvre coûtent peu de temps et
peu d’argent et ils permettent d’utiliser des restes insuffisants pour
être présentés autrement.
293. – VINAIGRETTES
294. – MAYONNAISES
295. – CHARCUTERIES ET PÂTÉS
296. – POISSONS DE CONSERVE
Sardines, anchois, servis tels qu’ils sortent de la boîte. Le saumon
doit être accompagné de mayonnaise ou au moins d’une vinaigrette
abondamment persillée. Les filets de harengs fumés seront baignés
d’un peu d’huile d’olive ; les harengs à la daube, d’un peu de
marinade et de quelques oignons crus en tranches.
297. – CANAPÉS
Si vous voulez soit étoffer un peu ce que vous offrez à vos convives,
soit donner plus belle apparence à votre table de hors-d’œuvre, faites
quelques canapés. Coupez, dans une tranche de pain blanc
débarrassée de sa croûte, des ronds (à l’aide d’un verre) ou
des carrés, beurrez une des faces et dorez au four. Puis retirez,
laissez refroidir, beurrez de frais et garnissez de filets d’anchois, de
sardines, de thon, de saumon fumé, etc. Ou encore dressez sur
le canapé une tranche de pâté de lièvre.
En cuisine savante, ce que l’on étend sur le canapé refroidi et prêt à
être garni, c’est, non pas du beurre ordinaire, mais du beurre
aromatisé, destiné à accentuer le goût de la garniture.
298. – BEURRES AROMATISÉS
300. – JUS APÉRITIFS
301. – VINAIGRETTE
Une partie de vinaigre pour trois d’huile, sel, poivre et fines herbes
hachées.
302. – SAUCE VERTE
303. – MAYONNAISE
Huit jaunes d’œufs par litre d’huile. Pratiquement, un seul jaune
d’œuf peut absorber la quantité d’huile nécessaire à remplir
une saucière, et même davantage. Battre le jaune d’œuf avec
une cuillerée d’eau tiède, une pincée de sel et quelques gouttes de
vinaigre. Verser l’huile d’abord, goutte à goutte, puis plus vite, en
tournant au fouet. Caler le bol dans le tiroir de la table de cuisine,
cela épargne la fatigue de le maintenir immobile. Quand la quantité
d’huile a été incorporée, ajouter le vinaigre, goutte à goutte, soit
froid, soit bouillant, après l’avoir fait cuire avec du poivre en grains.
Terminer par un peu de poivre de Cayenne et de citron.
Les œufs en poudre conviennent mieux encore que les œufs frais
pour faire la mayonnaise. Délayer la poudre, non à l’eau, mais au
vinaigre, et ajouter un peu de moutarde. Puis ajouter l’huile comme
il est dit ci-dessus.
304. – SAUCE TARTARE
305. – SAUCE VINCENT
306. – RÉMOULADE
C’est une sauce verte liée d’œufs durs passés au tamis. Ce qu’on
appelle communément rémoulade est une mayonnaise fortement
relevée de moutarde et de fines herbes hachées.
308. – SAUCE HOLLANDAISE
309. – SAUCE MOUSSELINE
310. – SAUCE BÉARNAISE
Les compotes sont des fruits cuits peu de temps, avec moins de sucre
qu’on n’en mettrait dans une confiture. C’est dire qu’elles ne se
gardent pas très longtemps. Elles sont destinées à être mangées en
dessert, parfois aussi à garnir les tartines du déjeuner ou du goûter.
On peut faire des compotes avec les fruits surabondants de la saison
estivale, au moment surtout où l’estomac des enfants ne supporte
plus très bien les fruits crus.
Les compotes se font souvent sans dénoyauter le fruit qu’il s’agit de
garder aussi intact que possible. On n’enlève le noyau que s’il est
trop dur pour donner son parfum à la préparation. C’est le cas pour
les abricots, les pêches, les reines-claude. Au contraire, le noyau de
la prune est mince et laisse passer le goût de l’amande qu’il
renferme.
Impossible de dire la proportion de sucre qu’il faudra employer.
Des cerises du Nord en demanderont plus que des bigarreaux, si
sucrés par eux-mêmes. En principe, on peut dire qu’une compote où
le sucre et les fruits sont comme un est à trois est largement sucrée.
Une compote doit cuire le moins de temps possible ; juste assez pour
que les fruits soient tendres. Mais, pendant un temps aussi court,
vous n’aurez obtenu qu’un jus clair et insipide. Il faut donc retirer
les fruits avec l’écumoire dès que l’ébullition aura assez duré. On
laisse alors le jus réduire en plein feu et, dès qu’il a pris
une consistance sirupeuse, on y jette les fruits pour que le tout
donne encore un bouillon et on dresse sur le plat.
Voici maintenant quelques conseils relatifs à chaque fruit en
particulier.
312. – COMPOTE D’ABRICOTS
313. – COMPOTE DE CERISES
314. – COMPOTE DE FRAISES
315. – COMPOTE D’ORANGES
316. – COMPOTE DE POIRES
317. – POIRES À L’ÉTOUFFÉE
318. – COMPOTE DE POMMES
Voici deux méthodes qui, appliquées aux mêmes fruits, donnent
des résultats assez différents. Servez-vous si possible de pommes-
neige, pommes de juillet, pommes d’août en été, de belles-fleurs en hiver,
fruits à pulpe légère bons pour la compote. Les pommes plus dures
seront meilleures en beignets (no 108) ou bien au four (no 384).
1° Pelez, coupez en quartiers en enlevant le cœur et la fleur fanée,
mettez à feu vif (dans une casserole qui ne soit pas en cuivre, car
les fruits y noirciraient) avec un peu d’eau. À mi-cuisson, ajoutez
le sucre (200 à 300 grammes par kilo de fruits). Quand le tout est
bien défait, fouettez au fouet à battre les œufs en neige. Vous
obtiendrez ainsi une compote légère et comme soufflée ;
2° Avec la seconde méthode vous obtiendrez une compote plus
liquide, mais plus dorée et plus riche en gelée. Coupez les fruits en
quartiers, en enlevant simplement la queue et la fleur fanée. Laissez
tout le reste, faites cuire avec un peu d’eau. Dès que le tout tombe en
bouillie, passez au tamis ou simplement à la passoire. Remettez cuire
avec le sucre pendant cinq ou dix minutes, selon le degré
d’épaisseur que vous voulez obtenir, en tournant tout le temps à
la cuiller en bois. En procédant ainsi, vous incorporez à la compote
la pectine qui se trouve autour des pépins et sous la peau.
Si vous désirez stériliser de la compote de pommes, n’hésitez pas à
employer la seconde méthode.
319. – COMPOTE DE PRUNES
320. – COMPOTE DE PRUNEAUX
Laisser tremper à l’eau froide, puis cuire très lentement, avec très
peu de sucre (de très bons pruneaux n’en demandent pas du tout) et
un peu de vanille. Le sirop doit être court et épais.
321. – COMPOTE DE REINES-CLAUDE
322. – PÊCHES AU SIROP
323. – COMPOTE DE RHUBARBE
LES PLATS À BASE DE LAIT, dont le type est la crème avec ses
dizaines de variantes ;
LES PLATS À LA FARINE (pain, biscuits et biscottes) : crêpes,
charlottes, puddings, etc. ;
LES PLATS AUX ŒUFS : omelettes, mousses, etc. ;
325. – CRÈME À LA VANILLE
326. – CRÈME À LA LIQUEUR
327. – CRÈME AUX AMANDES
330. – CRÈME AU CITRON
Le zeste râpé cuit dans le lait et on ajoute le jus sucré à la crème
refroidie.
331. – CRÈME AU CAFÉ
332. – CRÈME CARAMEL
Préparer dans le poêlon les œufs avec 100 grammes de sucre
seulement et mettre fondre, à part dans un petit poêlon,
les 100 grammes de sucre restant, sans eau, sur feu doux, en
tournant de temps en temps avec une cuiller en bois. Faire la crème
comme d’habitude puis, sur le côté du feu, verser doucement
le sucre brûlé qui a dû prendre une teinte brun foncé. Bien tourner
avant de verser dans le plat.
333. – CRÈME AU CHOCOLAT
335. – CRÈME PÂTISSIÈRE
C’est une crème ordinaire mais dans laquelle on force un peu
la quantité de fécule, maïzena ou « crème pudding » et où n’entrent
jamais de blancs d’œufs. Elle sert à fourrer les pâtisseries et à garnir
des tartes (no 427).
336. – CRÈME RENVERSÉE
C’est une crème pâtissière épaisse qu’on verse dans un moule
préalablement mouillé d’eau froide et qu’on laisse bien refroidir
avant de la retourner avec précaution dans un plat légèrement creux.
On la garnit ensuite comme on veut de tranches de fruits ou de
crème fouettée ou d’une bordure de marmelade d’abricot ou de
gelée de groseille.
La crème renversée au caramel se verse dans un moule enduit
généreusement de sucre brûlé (voir plus haut, crème caramel) qu’on
étale bien.
Pour ces crèmes renversées, en faire toujours assez pour qu’elles
remplissent bien le moule que vous employez. Sinon elles se
démoulent mal.
337. – CRÈME SEMOULE
Jeter en pluie 150 grammes de semoule dans 1 litre de lait bouillant.
Tourner en cuisant jusqu’à épaississement. Hors du feu, incorporer
100 grammes de beurre frais (facultatif), sucre selon le goût (100 à
150 grammes), deux à quatre jaune d’œufs et les blancs battus. On
peut servir froid ou bien remettre à dorer au four doux. Cette crème
convient aussi pour garnir une pâte brisée de tarte. On y ajoute alors
des macarons écrasés ou des amandes émondées (voir no 312),
coupées en petits morceaux.
338. – CRÈME TAPIOCA
339. – FLAN DE MÉNAGE
Battre trois à six œufs entiers avec 200 grammes de sucre semoule
dans un plat à gratin. Ajouter un parfum, vanille de préférence et
verser, toujours en battant, 1 litre de lait chaud, mais non bouillant.
Glisser à four moyen et laisser épaissir complètement en évitant que
le dessus noircisse.
Battre un fromage blanc bien frais et bien égoutté avec du sucre à
volonté, de la crème fraîche et du lait cru, jusqu’à ce qu’on obtienne
une crème lisse. On peut y adjoindre de la confiture rouge, ou de
la marmelade d’abricots, ou une poignée de fruits frais, ou
une purée de fraises ou de framboises relevées de kirsch.
341. – CRÈME DE YOGHOURT
Même procédé. On peut forcer la dose de sucre, le yoghourt étant
plus acide.
342. – MUSLI
343. – OMELETTE SOUFFLÉE
344. – OMELETTE À LA CONFITURE
Pour trois personnes, battre trois à quatre jaunes d’œufs, deux cuiller
à soupe de lait crémeux, sel, 50 grammes de sucre semoule. Beurre
noisette dans une poêle très propre. Étendre la préparation et
secouer pour qu’elle n’attache pas. Étendre la confiture quand
le dessous est bien doré, verser en un rouleau sur le plat et
saupoudrer de sucre semoule.
345. – OMELETTE AU RHUM
On fait une omelette bien baveuse qu’on roule, une fois cuite, en
manchon comme l’omelette à la confiture, en la versant sur le plat.
Puis on la saupoudre de sucre semoule et on l’arrose d’un verre à
vin de rhum qu’on flambe à table au moment de servir.
LES MOUSSES
Elles permettent d’utiliser des blancs d’œufs, qui chacun le sait,
s’altèrent vite et ne peuvent se conserver indéfiniment. On fait donc
sans remords ces plats délicieux et même avec le vertueux sentiment
du devoir accompli.
346. – MOUSSE AU CHOCOLAT
On fait fondre, dans un petit poêlon, trois lignes de chocolat avec
un peu de lait et quatre cuillers à dessert de sucre en poudre. On
chauffe doucement en tournant pour obtenir une pâte lisse qu’on
met à refroidir. Puis on rassemble tous les blanc d’œufs disponibles
(jusqu’à six pour les proportions ci-dessus) ; on les fouette
vigoureusement en neige – un rien de sel pour faire « tenir » – et on
y incorpore peu à peu le chocolat en tournant de bas en haut. Servir
tout de suite. Les enfants sont généralement insatiables de cette
mousse ; pour eux, vous n’en faites jamais assez.
Si l’on est très pressé, on peut incorporer le chocolat simplement
râpé, qu’on fait évidemment râper par un des gosses en question ou
par le mari gourmand. Mais je m’empresse de dire que c’est un peu
moins fin.
347. – MOUSSE AU CITRON
348. – MOUSSE AUX LIQUEURS
349. – MOUSSE AU VIN
Battre ensemble vivement, deux œufs entiers avec 1/4 de litre de vin
blanc, une cuiller à café de fécule délayée à l’eau, deux cuillers à
soupe de sucre, un rien de cannelle en poudre et un peu de jus de
citron. Déposer ensuite dans un bain-marie, où le mélange chauffera
sans cuire, en continuant de fouetter assez longtemps. Verser dans
un plat creux, battre encore un peu et servir cette mousse tout de
suite.
350. – MOUSSE DE POMMES
La vedette est, ici, donnée aux crêpes qu’on fait de plusieurs façons
et dont voici une recette simple et infaillible.
351. – CRÊPES DE MÉNAGE
Ce sont celles qu’on mange dans l’Ain et aussi dans les « crêperies
bretonnes » qui entourent la gare Montparnasse : sept ou huit
pommes de terre cuites à l’eau salée et finement passées, quatre ou
cinq cuillerées de farine, 1/2 litre de lait, trois œufs entiers. Cuire
très mince dans une très petite poêle et servir brûlant.
353. – PAINS PERDUS
354. – CHARLOTTES
LES PUDDINGS
Les puddings aussi utilisent copieusement le pain émietté ou en
tranches, des débris de gâteaux secs, des biscottes, des biscuits à
la cuiller. La méthode générale de cuisson : moule au bain-marie ou
timbale au four, et la composition ont été données au chapitre XVI,
Timbales et soufflés. Nous ajouterons aux recettes du types timbales
déjà données (nos 176 et suivants), trois préparations aux biscottes,
simples et nourrissantes :
Amollissez dans un poêlon, sur le côté du feu, huit biscottes avec
1/2 litre de lait tiède ; puis écrasez-les à la fourchette de façon à
obtenir une bouillie épaisse. Ajoutez trois œufs entiers ; battez
le mélange ; ajoutez un parfum : rhum, vanille, cannelle à volonté.
Versez dans un plat à gratin, couvrez de neuf cuillerées à soupe de
sucre cristallisé, parsemez de quelques dés de beurre. Cuire
une heure au four moyennement chaud.
357. – PUDDING DÉLICIEUX
358. – PLUM-PUDDING
Voici le fameux pudding anglais que, déjà, le Parisien Beauvilliers,
en 1812, appelait, dans son ouvrage, le « plumbuting » et dont
les gosses de chez nous célèbrent les mérites sur l’air du God save the
King :
En effet…
On le prépare avec
Un’ livre de raisins secs
Deux livres de graisse de rognon d’bœuf
Dûû beurre et un œuf.
359. – PUDDING ATHOIS
LES BEIGNETS
La pâte à frire a été donnée au chapitre Fritures, au no 102, et
la recette des Beignets aux pommes donnée au no 108.
Dans une casserole, faire bouillir 1 litre de lait ou d’eau avec deux
cuillers à soupe de beurre, une cuiller de sucre vanillé, un peu de
sel, du zeste de citron si on en a. Dès l’ébullition, verser six cuillers à
soupe de farine en tournant de façon à obtenir une pâte épaisse,
prête à se détacher de la casserole. Retirer du feu et ajouter toujours
en tournant cinq œufs entiers. La pâte doit être tiède et épaisse sans
être dure.
Dans une friture bien chaude, mais non brûlante, jeter au moyen
d’une cuiller mouillée d’eau froide des boulettes de la grosseur
d’une noix, cuire alors vivement pendant dix minutes. On a
un moment d’émotion quand les beignets se retournent d’eux-
mêmes en soufflant, dans la friture. C’est le signe de la réussite. On
les sert croustillants, saupoudrés de sucre.
361. – BEIGNETS AUX FRUITS
362. – BEIGNETS-SURPRISES
Voici une recette à exécuter avec des enfants qu’on occupe à
la cuisine en les instruisant par-dessus le marché. Cela les amuse
beaucoup. On passe en purée cinq à six pommes de terre cuites et
encore tièdes, on les mélange avec un œuf et de la farine jusqu’à ce
qu’on obtienne une pâte épaisse qu’on puisse rouler en boudin. Puis
on enlève les noyaux de belles prunes ou abricots (couper en
hauteur), on loge, à leur place un demi-morceau de sucre, on rejoint
les deux parties et on loge le fruit dans une languette de pâte coupée
sur le boudin et qu’on roule en boulette pour que le fruit soit
complètement caché. On jette dans la friture quatre à cinq minutes et
on sert saupoudré de sucre.
363. – COUQUES SUISSES
364. – GÂTEAU MOKA
365. – BÛCHE DE NOËL
366. – RIZ AUX POMMES
367. – RIZ AUX PRUNEAUX
368. – RIZ AU CHOCOLAT
369. – RIZ MERINGUÉ
C’est un riz au lait mis dans un plat à gratin entre deux couches de
blancs battus et sucrés. Le fond de blancs battus est d’abord mis à
sécher au four, puis on ajoute le riz, puis le reste des blancs qu’on
sèche à feu doux. Servir froid.
370. – GÂTEAU DE RIZ
Travailler ensemble une demi-tasse de beurre non fondu et une tasse
de sucre, puis une tasse de farine, une de lait, une de crème de riz,
un peu de cannelle et une cuiller à café de bicarbonate de soude.
Cuire vingt minutes au four dans une platine beurrée.
o
En plus de la crème au chocolat (n 333) et de la mousse au chocolat
(no 346), nous avons le :
371. – PUDDING AU CHOCOLAT
372. – PAVÉ AU CHOCOLAT
373. – RAMEQUINS AU CHOCOLAT
374. – FLAN AU CHOCOLAT
Plat nourrissant.
Dans 1/2 litre de lait vanillé bouillant, verser en pluie deux lignes de
chocolat râpé mélangé à deux cuillers à soupe de crème ou de
semoule de riz. Laisser cuire doucement jusqu’à épaississement ;
verser dans un moule caramélisé (sucre fondu sans eau dans
un poêlon et au moyen de quoi on enduit les parois du moule) ou
plusieurs petits pots. Laisser au frais. Renverser pour servir.
Il y en a des quantités.
Nous avons déjà rencontré les compotes, les beignets de fruits,
les puddings aux fruits. Voici les :
375. – CRÈME AUX FRUITS
Une crème à la vanille peut recouvrir, dans un plat creux,
des ananas en tranches ou bien des fraises, des framboises,
des abricots crus ou cuits et découpés en larges oreillons,
des oranges en tranches, bien épluchées, des bananes dont on a
relevé le goût un peu fade par une macération préalable dans du
rhum ou dans du kirsch, des figues ou des dattes coupées en dés.
Chacune de ces crèmes se garnit à la surface, de quelques tranches
ou exemplaires du fruit caché au fond, artistement disposés. Et pour
ceux qui l’aiment, alternés avec de petits tas de crème fouettée.
376. – SALADE DE FRUITS
377. – MARMELADE DE BANANES
Cuire quelques bananes avec très peu d’eau et un peu de rhum ou
de jus de citron. Passer au tamis. Mélanger avec des jaunes d’œufs ad
libitum, une noix de beurre ; ajouter doucement les blancs battus.
Mettre dans un moule beurré vingt minutes à four doux et servir
chaud.
379. – BANANES FLAMBÉES
380. – POIRES HÉLÉNA
381. – CLAFOUTIS LIMOUSIN
382. – CLAFOUTIS EXPRESS
Verser une crème à la vanille sur des cerises dénoyautées cuites au
sucre et égouttées. Laisser refroidir. Recuire le jus des cerises avec
son poids de sucre en poudre et verser sur la crème refroidie. Servir
très froid.
On peut remplacer les cerises par des pommes cuites en quartiers
dans un sirop fait avec dix morceaux de sucre et un verre d’eau.
383. – MELON À LA BEUCKEN
LES POMMES
Nous avons déjà rencontré les pommes : beignets, mousses,
clafoutis, charlottes, puddings… Voici maintenant les
384. – POMMES AU FOUR
On utilise des pommes à la chair sucrée mais ferme, reinettes, bon
pommiers, Jacques Lebel… qu’on creuse au moyen du vide-pommes,
côté queue puis côté fleur, pour ne pas éventrer brutalement le fruit
et le déchirer. On les dispose dans un plat à gratin creux, beurré,
dans lequel on met deux à trois cuillers d’eau. L’accompagnement
varie : on peut remplir le trou de chaque pomme avec du beurre et
de la cassonade ou bien avec de la confiture : gelée de groseilles,
abricots ou prunes, ou bien avec des noix et noisettes en morceaux
accompagnées de bon miel, ou bien de crème vanille ou pâtissière.
On peut aussi poser chaque pomme dans le plat sur une rondelle de
pain beurré.
Arroser pendant la cuisson avec le jus des pommes, ou ajouter
un peu de beurre et de sucre. Retirer quand les pommes sont encore
entières, bien dorées et soufflées.
On peut aussi les napper, au sortir du four, d’une crème vanille et
d’un cordon de gelée de groseilles.
385. – SOUFFLÉ AUX POMMES
386. – GÂTEAU FIN AUX POMMES
387. – SOUFFLÉ AUX MARRONS
388. – MONT-BLANC AUX MARRONS
389. – TRUFFES AU CHOCOLAT
391. – CROQUIGNOLES
392. – MASSEPAIN
393. – CARAMELS AU CHOCOLAT
INTRODUCTION
Dans la série des travaux de la cuisine, la pâtisserie n’occupe plus,
aujourd’hui, la place éminente qu’elle tenait jadis. Et ce n’est pas
étonnant. En 1825, à Paris, Brillat-Savarin faisait l’éloge d’un certain
Limet, pâtissier, petit-fournier, célèbre pour ses biscuits à la fécule et
ses gaufres à la vanille. Quelle besogne aurait Brillat-Savarin, de nos
jours, s’il devait louer les éminents artistes de Paris, de Bruxelles,
d’Ostende, sans parler de nos gourmandes villes de province, Liège,
Namur, Verviers, Bruges… Tongres même, où le hasard nous fit
un jour déguster, dans un modeste « salon de thé », les plus
exquises choses qui se puissent rêver !
On ne prétend plus concurrencer ces maîtres de l’art, aussi habiles à
faire le simple que le compliqué, aussi empressés à vous faire sur
commande douze bonnes gaufres de ménage que le château le plus
délicat de pâte feuilletée ou de nougat. Cependant…
Cependant, il y a les périodes de guerre où, chose curieuse, malgré
les restrictions et peut-être à cause d’elles, la fabrication de
la pâtisserie à domicile reprend un élan nouveau. On doit trouver,
chez soi, en nourriture sinon en gourmandise, ce que
les appétissantes boutiques de jadis nous dispensaient à peu de frais
en temps normal ; on doit varier les menus ; on doit maintenir les
santés en équilibre. Autant de sérieuses raisons pour les ménagères
d’aller exhumer le rouleau à pâte, les formes à gâteaux, le livre de
recettes de grand-mère.
Et même en temps de paix, il existe une intéressante catégorie de
familles rurales qui, même avec une auto, demeurent assez loin
des centres pour être obligées de maintenir l’habitude des bonnes
tartes, des gaufres et des bonbons « faits à la maison ».
Ensuite, il faut aussi considérer la pâtisserie comme un élément très
intéressant de suralimentation (pour les enfants débiles, les malades,
les convalescents, les tuberculeux), surtout la pâtisserie salée qui
ouvre l’appétit : allumettes au fromage, friands, pirochkis…
Les pâtes, salées ou sucrées, ont une teneur en œufs, en sucre, en
beurre, qu’il serait difficile de faire absorber « au naturel » à
un estomac capricieux.
Enfin il y a les familles nombreuses qui, dans la guerre comme dans
la paix, doivent équilibrer le budget. Or, si l’achat des pâtisseries est
une simplification pour les ménages moyens et petits, il représente,
par contre, une très grosse dépense quand il s’agit de nourrir six,
huit ou dix personnes. Un kilo de gaufres ou trois tartes aux fruits
coûteront deux fois moins cher, fabriqués à la maison.
C’est donc pour toutes ces catégories de ménages que nous
donnerons quelques recettes types, autour desquelles l’imagination,
puissamment aidée par la gourmandise (ce don des dieux), pourra
se donner libre carrière.
Mais, plus importantes que les recettes, sont les quelques
REMARQUES GÉNÉRALES
que nous vous demandons de lire, car elles vous feront gagner du
temps. Ce qui importe, ici plus que partout ailleurs, c’est la méthode.
QUALITÉ DES PRODUITS
FARINE. – Plus la farine est blanche et de bonne qualité, mieux cela
vaut. Ce n’est pas une économie que d’employer du froment ou du
seigle insuffisamment tamisé, lourd et levant mal, se pétrissant
péniblement et restant compact. En temps de guerre, le blutoir est
donc indispensable : tamis ou moulin à main.
394. – PAIN
C’est la pâte à pain ordinaire, mais l’eau est remplacée par le lait,
dont on peut même augmenter la dose et, dans la fontaine de
la farine, on glisse de trois à six œufs bien battus avant d’y mettre
la levure délayée à part. Ce pain, léger et nourrissant, est très
apprécié dans le Hainaut où il apparaît aux déjeuners des matins de
fêtes et de kermesses.
On peut encore améliorer la pâte en ajoutant 150 grammes ou
davantage de beurre molli.
396. – CRAMIQUE
C’est le pain précédent : aux œufs et au lait, mais que l’on fait avec
1/2 kilo de farine seulement pour trois à cinq œufs et 1/2 litre de
lait tiède. Seulement on fait d’abord lever du double, puis on
incorpore 50 grammes de sucre, 100 grammes de beurre et
100 grammes de raisins secs bien lavés. On repétrit et on remet lever
directement dans la forme à pain bien beurrée. On peut badigeonner
le pain d’un peu d’œuf battu dans du lait pour le dorer. Mettre à
four chaud.
397. – GÂTEAU DE VERVIERS
C’est le pain de luxe de goûters wallons, la pièce de résistance qui
précède l’entrée des tartes et des friandises. Un kilo de farine, deux
à six œufs, 250 grammes de beurre. Faire une pâte plus molle que
pour le pain (donc ajouter un peu de lait si c’est nécessaire). Laisser
monter, puis ajouter 350 grammes de sucre concassé ou de sucre
candi. Repétrir. Laisser monter dans la forme.
398. – GÂTEAU BRIOCHE
Il fait le même usage que le gâteau de Verviers. C’est une pièce
solide et nourrissante. Les épices et aromates qui vont jouer un si
grand rôle dans les pâtes sèches font ici une apparition. En effet, on
fait une pâte moins ferme que pour le pain, avec 1 kilo de farine,
deux à trois œufs, 250 grammes de beurre. On abaisse au rouleau
sur une surface enfarinée, on prélève le tiers de la pâte pour foncer
une forme ronde à pain. Avec les deux tiers restants, on aplatit
un long rectangle que l’on garnit, selon les goûts et
les disponibilités, de raisins secs, de sucre concassé blanc ou noir,
d’amandes coupées fin, de cannelle, fruits confits, écorces d’orange
confite, marrons glacés… On roule cette pâte sur elle-même, on
découpe le rouleau obtenu en rondelles que l’on dresse en rond sur
le fond de pâte dans la forme. Laisser lever et glisser au four chaud.
Après refroidissement et démoulage (vous bénirez les formes
démontables), on peut glacer le gâteau avec une cuiller à soupe de
sucre en poudre délayé en pâte dans un peu d’eau froide et puis
chauffée légèrement 1.
1° Cette pâte est plus mince et plus fine. Elle convient pour la tarte à
la marmelade (rhubarbe, pommes, confitures, « corin », ou
marmelade de pruneaux), au fromage blanc, à la semoule, à la crème
et aussi pour les chaussons à la marmelade et à la viande, appelés
« friands » en France, et « pirochkis » en Russie. Voici la recette
classique : 250 grammes de farine, une pincée de sel, 100 grammes
de beurre molli (mieux : 75 grammes de beurre et 25 grammes de
saindoux), 50 grammes de sucre, 1/4 de litre de lait ou d’eau tiède,
un œuf bien battu (facultatif). Pétrissez en pâte ferme, roulez en
boule, laissez reposer une heure ou deux, une nuit si possible.
2° Mais voici une pâte brisée économique et excellente qui a
l’avantage de se conserver jusqu’à huit jours au frais parce qu’elle ne
contient aucun produit immédiatement altérable. On en prélève
un morceau au fur et à mesure des besoins, ce qui est précieux en
période de vacances, quand les écoliers sont rentrés ou quand on a
des hôtes à demeure. On peut ainsi alterner tartes, chaussons et
« pie anglais »… : 250 grammes de farine, 100 grammes de beurre
salé, une bonne cuillerée à soupe de bonne huile, un demi-verre
d’eau tiède, un demi-verre à goutte d’eau-de-vie (facultatif).
Travaillez longuement ; roulez en boule. Tenez au frais.
400. – LE QUATRE-QUARTS
403. – GÂTEAU BLANCHETTE
404. – GÂTEAU À LA MINUTE
405. – CAKES GARNIS
406. – CAKES AU CITRON
Cette formule est plus simple mais très bonne aussi : travailler en
crème une cuiller à soupe de beurre, y incorporer un œuf bien battu,
puis le zeste d’un citron râpé, puis une tasse de sucre, puis deux
tasses de farine, puis une tasse de lait pour lier, enfin trois cuillers à
café de levure en poudre. Verser cette pâte bien lisse dans des petits
moules et cuire à feu doux trois quarts d’heure à une heure. En
les démoulant, on peut les glisser dans des collerettes de papier
pour varier la présentation.
407. – LANGUES DE CHAT
Travaillez fortement 75 grammes de beurre avec 75 grammes de
sucre, puis, avec deux à trois jaunes d’œufs, 100 grammes de farine,
vanille, enfin les blancs bien battus et incorporés peu à peu. Grâce à
une petite douille, étaler la pâte en languettes sur la platine plate
beurrée. Laisser prendre et dorer au four chaud en surveillant.
408. – PETITS SABLÉS
409. – PAINS D’AMANDES
411. – BISCUITS TOULIMA
412. – SCONES
413. – ROCHERS
414. – NŒUDS D’AMOUR
appelés aussi PENSÉES EMBROUILLÉES
dans le pays d’Arlon
Travailler un poids égal de sucre et d’œufs, ajouter une cuiller à
soupe de rhum ou de cognac, puis de la farine jusqu’à consistance
d’une pâte ferme. On peut incorporer un peu de beurre à la pâte
puis rouler celle-ci en boule et laisser reposer une heure ou deux.
Puis étendre en abaisse assez mince et découper en lanières que l’on
noue en nœuds et qu’on fait frire dans la graisse très chaude.
Saupoudrer de sucre pour servir. Cette pâte, destinée à la friture,
donc un peu lourde, peut, vous le voyez, se passer de beurre ; avis
aux estomacs délicats.
417. – GALETTES FINES
418. – GALETTES ÉCONOMIQUES
419. – GAUFRES DE BRUXELLES
420. – GAUFRES MOLLES
421. – TARTE AU RIZ
Faites partir, dans 1/2 litre de lait froid, 50 grammes de bon riz et
50 grammes de sucre. Amenez à ébullition, posez le couvercle et
laissez cuire doucement sur le côté du feu pendant une demi-heure.
Laissez refroidir et ajoutez alors deux œufs entiers bien battus. Bien
mélanger et laisser reposer pendant qu’on prépare la pâte levée.
Cuisson : saupoudrer la pâte de sucre et farine avant d’y verser
le riz, cuire à four chaud, sur brique chaude pendant une demi-
heure. Saupoudrer de sucre en poudre après refroidissement.
Les œufs entiers, mis à la dernière minute, sont, paraît-il, le secret de
la bonne « dorée » du pays de Verviers.
422. – TARTE AU SUCRE
423. – TARTE À LA RHUBARBE
425. – TARTE AUX POMMES
426. – TARTE AUX FRAISES
428. – TARTE AU FROMAGE
Vous mélangez dans un plat, 250 grammes de fromage blanc, dit
maquée, avec 150 grammes de sucre, plus un paquet de sucre vanillé,
une pincée de sel, deux œufs entiers, blancs battus et, si vous en
avez, 1 décilitre de crème fraîche. Étendez ce mélange sur la pâte et
cuisez vingt minutes au four chaud en surveillant jusqu’à ce que
la tarte soit dorée. Saupoudrez de sucre au moment de servir, que
vous la mangiez froide ou chaude. Mais je vous la recommande
froide.
Certains ajoutent un peu de farine à leur préparation si le fromage
leur semble insuffisamment égoutté.
429. – PÂTÉ GAUMAIS
430. – TOURTE À L’OIGNON
Dans une purée d’oignons, verser deux œufs bien battus. Étendre
sur la pâte à demi cuite en saupoudrant de fromage râpé. Enfourner.
431. – QUICHE LORRAINE
432. – TOURTE À LA VIANDE
434. – PIE ANGLAIS
435. – PIE FEUILLETÉ
436. – CONFITURE DE CERISES
Dénoyautez les fruits lavés (à moins que vous ne les ayez récoltés
vous-même sur un arbre bien arrosé par les pluies) et faites-les cuire
une demi-heure, puis retirez les cerises à l’écumoire, ajoutez au jus
800 grammes de sucre par kilo de fruits dénoyautés et, quand le jus
sera bien épaissi, remettez les cerises pour faire cuire encore pendant
une demi-heure.
437. – CONFITURE DE FRAISES
438. – MARMELADE DE PRUNES
ou DE REINES-CLAUDE
Dénoyautez comme il est dit au no 321 et faites bouillir jusqu’à ce
qu’une grande partie du liquide soit évaporée, ajoutez alors
800 grammes de sucre par kilo et continuez à cuire en tournant tout
le temps jusqu’à ce que la surface soit brillante et dorée.
439. – MARMELADE D’ORANGES
440. – CONFITURE D’ABRICOTS
ou DE PÊCHES
Dénoyautez comme il est dit au no 312. Pelez les pêches (no 322),
mais non les abricots. Puis traitez les fruits comme il est dit pour
les fraises (no 437).
441. – CONFITURE DE MYRTILLES
ou D’AIRELLES
Bien nettoyer à sec et enlever, avant de laver, les débris de tiges et de
feuilles qui adhèrent aux fruits. Laver ensuite et cuire avec huit
dixièmes de sucre jusqu’à ce que la marmelade ait pris un ton brun
mordoré pour les myrtilles, rouge rubis pour les airelles. Celles-ci
exigent huit à dix dixièmes de leur poids de sucre.
442. – GELÉE DE GROSEILLES
443. – GELÉE DE FRAMBOISES
445. – GELÉE DE MÛRES
Ces petits fruits noirs peuvent donner un gelée qu’on fait comme
celle de framboises, mais ils contiennent peu de pectine et il arrive
parfois que la confiture reste liquide. Dans ce cas, résignez-vous et
considérez-la comme du sirop. Il est du reste excellent et guérit
la toux.
446. – GELÉE DE POMMES
448. – PÂTE DE COINGS
449. – SIROP À TARTINER 2
I. – BOISSONS FROIDES
451. – SIROP DE GROSEILLES
Pressez les fruits comme il a été dit pour la gelée, puis laissez le jus à
la cave pendant environ trente-six heures, un peu plus s’il fait frais,
moins s’il fait très chaud ou si les fruits ne sont pas très frais. Faites
le sirop quand le jus cru va fermenter, ce qui se reconnaît à l’odeur.
Si vous le faites trop tôt, le sirop risque de ne pas prendre. Si vous
attendez trop longtemps, il aura le goût de fermenté, ce qu’il faut
éviter. Faites alors bouillir quelques minutes avec une fois et demie
le poids de sucre et mettez en bouteilles que vous bouchez d’un
cornet de papier.
453. – VIN DE MAI
454. – CAFÉ
Il existe toute une gamme de cafés, entre le caffè espresso, couleur
d’encre, des petits bars italiens et le jus couleur de bouillon qu’on
vous sert dans les auberges ardennaises. Rares sont les ménages où
l’on se paie le luxe de ne pas ajouter de chicorée au café. Plus rares
encore sont ceux où l’on tire le meilleur usage possible de la poudre
– quelle qu’elle soit – que l’on emploie. Voici une méthode
excellente :
Mettez dans le filtre la poudre de café (et de chicorée si vous en
faites usage) avec un atome de sel. Mouillez goutte à goutte, d’un peu
d’eau tiède, juste pour humecter la poudre, faire gonfler ses
particules et leur permettre de retenir plus longtemps le premier
bain d’eau bouillante. Après quelques minutes, versez la valeur
d’une demi-tasse d’eau bouillante. Attendez, pour verser
une seconde fois, que la poudre ait laissé passer toute la première
eau. Passez au moins quatre fois, même si vous voulez obtenir très
peu de café.
Il s’agit ici d’obtenir un café très coloré, de goût fort, qui parfume
le lait du petit déjeuner. Faites bouillir la chicorée avec l’eau et avec
ce qui peut rester de café de la veille. Servez-vous de cette décoction
pour arroser, par petites doses à la fois, la poudre qui est dans
le filtre. Le café réchauffé reprendra goût en passant sur la poudre
1
fraîche
456. – MALT
Si le malheur des temps ou le soin de votre santé vous oblige à en
boire, faites-le torréfier jusqu’à ce que, moulu, il soit d’un beau noir.
Le malt du commerce est toujours insuffisamment torréfié. Mettez-le
à bouillir avec l’eau et la chicorée. Au moment où cela monte comme
du lait, retirez du feu et laissez mijoter doucement pendant quelques
minutes, de façon que le liquide frémisse sans faire de gros
bouillons. Versez alors dans le filtre.
457. – THÉ
458. – CHOCOLAT
460. – TISANE DE CITRON
461. – OIGNONS CONFITS
462. – CORNICHONS AU VINAIGRE
463. – BETTERAVES AU VINAIGRE
464. – CONCOMBRES RUSSES
465. – TOMATES CRUES
Moudre les fruits au moulin, ajouter 10 grammes de sel et 1 gramme
d’acide salicylique par kilo, mettre dans des bouteilles à bière ou à
lait, verser pour finir un peu de graisse fondue et fermer
les bouchons.
467. – BEURRE SALÉ
Pétrir le beurre avec 40 grammes de sel par kilo. Tasser très bien
dans les pots que l’on recouvre de sel, puis d’un papier parchemin.
468. – ŒUFS
LE CHAMPAGNE BRUT (ou un mousseux très sec) peut être servi
pendant tout le repas. Dans ce cas, on ne présente généralement
aucun autre vin.
Avant le repas, on peut servir différents vins, avec un biscuit ou de
petits dés de fromage : des vins doux (muscat, malaga, rancio,
samos), du porto, du vermouth. Les vins secs au quinquina du type
Byrrh, sont beaucoup plus apéritifs. C’est une question de goût.
Tâchez d’avoir deux ou trois bouteilles entre lesquelles vos convives
pourront choisir.
Boire de l’alcool avant le repas est une hérésie gastronomique : on
fatigue, on étourdit ses papilles gustatives au moment précis où l’on
devrait affiner, éveiller doucement leur sensibilité. Offrez, si vous
voulez, des cocktails à vos invités mais gardez-vous bien d’en
prendre et comportez-vous à leur égard comme un médecin qui me
touche de près disant des médicaments à la mode : « C’est bon pour
les clients… »
Si vous voulez plaire à vos invités, passez des cigarettes dès après
le second service. Les sages s’abstiendront.
CLASSIFICATION DES PRINCIPAUX
ALIMENTS PAR VALEUR NUTRITIVE
* Possède des vitamines.
** Riche en vitamines.
*** Très riche en vitamines.
*** Énormément de vitamines.
*
VITAMINES
CONTENANCE
Une tasse à café assez grande, remplie jusqu’au bord, contient
environ 1/5 de litre, soit 200 grammes d’eau ou de lait.
Un bol contient environ 1/4 de litre, soit 250 grammes d’eau ou de
lait.
Une louche de cuisine contient de 1/5 à 1/4 de litre.
Les louches d’argent ont une contenance moindre.
Les anciennes assiettes à soupe contiennent jusqu’à 1/4 de litre.
Les assiettes modernes sont moins profondes.
Une cuiller à soupe contient un peu moins de 2 centilitres, soit 16 à
18 grammes d’eau ou de lait.
POIDS
Une tasse à café remplie à ras contient environ :
200 grammes d’eau.
100 grammes de farine.
190 grammes de sucre semoule.
210 grammes de sucre cristallisé.
180 grammes de riz.
170 grammes de petites fèves blanches sèches (cela dépend
des espèces et de la grosseur).
175 grammes de pois secs.
75 grammes de gruau d’avoine.
7 grammes farine.
5 grammes de gruau.
20 grammes de beurre.
15 grammes de sucre semoule.
20 grammes de sucre cristallisé.
15 grammes de sel.
25 grammes de sirop de sucre ou de sirop de groseilles.
20 grammes de cassonade.
18 grammes de riz.
9 grammes de crème de riz.
Abatis : 111.
Abricots (compote) : 206.
— (confiture) : 282.
Aigue boulide : 183.
Ail : 74.
Airelles : 283.
Andouillette : 72.
Anguille : 82, 92.
Artichauts : 155.
Aubergines : 174.
Bananes : 233-234.
Barbue : 62.
Béarnaise (sauce) : 204.
Bécasse : 81.
Béchamel : 202.
Beefsteak : 65-66, 72.
Beignets : 106, 226-227.
Bette : 165.
Betterave : 294.
Beurres aromatisés : 197.
— (conserve de) : 295.
— maître d’hôtel : 198.
Biscuits : 263-267.
— au fromage : 267.
Bisque de crevettes : 185.
Blanquette de veau : 88.
Bœuf : 53, 58, 151.
— à la mode : 75.
— bouilli : 87.
— en ragoût : 84-85.
— Lyonnaise : 184.
— marchand de vin : 85.
Boissons : 287 et suiv.
Bouchées à la reine : 97.
Boudin : 68.
Bouillon : 87 et suiv., 184 et suiv.
Boules de Berlin : 109.
Boulettes : 95, 106.
Bouquet garni : 73.
Braisés : 73 et suiv.
Brochet : 62, 91-92.
Bûche de Noël : 229.
Butterspread : 48, 267.
Cabillaud : 62-63, 69, 91, 152.
Café : 289-290.
— (crème au) : 214.
Caillebotte (voir Fromage blanc)
Cailles : 81.
Cakes : 263.
Canapés : 60, 197.
Canard : 80.
Caneloni : 131-132.
Caramels : 241.
Carbonades : 76.
Carottes : 168-169, 180.
Carpe : 91.
Carrelet : 69.
Céleri : 139, 156-157, 182, 188.
Cerises (compote de) : 206.
— (confiture) : 281.
— (pudding aux) : 224.
— (tarte aux) : 273.
Cervelle : 90, 113.
Champignons : 74, 131, 171-172.
Charlottes : 223.
Châteaubriant : 65-66.
Chaussons : 257-258, 274-276.
Chevreau : 54.
Chevreuil : 53, 61.
Chicorées de Bruxelles : 157-158, 181.
Chocolat : 291.
— (crème au) : 214.
— (mousse au) : 219.
— (pudding au) : 231.
— (riz au) : 230.
Chocolat (pavé au) : 232.
— (caramels au) : 241.
— (flan au) : 232.
— (truffes au) : 239.
Chou (soupe aux) : 192.
Chou blanc : 159, 162.
Chou farci : 162.
Chou-fleur : 140, 160-161.
Chou-rave : 163.
Chou rouge : 159, 182.
Chou vert : 162.
Choucroute : 161-162.
Choux de Bruxelles : 160.
Citron (limonade de) : 287.
— (crème au) : 214.
— (tisane de) : 291.
Civets : 77.
Clafoutis : 235.
Cœur de veau : 113.
Coings : 285.
Compotes : 205 et suiv.
Concombres : 175, 180, 294.
Confitures : 279 et suiv.
Conserves : 42, 279, 293 et suiv.
Consommés : 87 et suiv., 184.
Coq au vin : 79-80.
Cornichons : 294.
Côtelettes : 66, 71.
Couques suisses : 228.
Courgettes : 175.
Court-bouillon : 87, 90.
Cramique : 255.
Crème : 213 et suiv.
— (aux fruits) : 233-234.
— (tarte à la) : 274-275.
Crème de persil : 193.
Crêpes : 221-222.
Crépinettes : 72.
Cresson : 180, 188.
Crevettes : 118.
— (bisque de) : 185.
Cromeskis : 106.
Croque-monsieur : 108.
Croquettes : 106, 131, 149.
Croquignoles : 240.
Croûtes au fromage : 107-108.
Crustacés : 115 et suiv.
Délicieux au fromage : 140.
Dindon : 59.
Dorade : 62.
Écrevisses : 117.
Églefin : 62, 69, 92.
Elbot : 62, 92.
Endives : 170, 179.
Entrecôte : 65, 72.
Entremets : 211 et suiv.
Épaule de mouton : 66, 76.
Épaule de porc : 77 (note).
Éperlan : 69, 105.
Épinard : 139, 164-165.
Escalopes : 66.
Escavèche : 93.
Étouffée (gigot ou roastbeef) (voir Parmentier)
Faisan : 59-60.
Farces : 95.
Farine (en pâtisserie) : 247.
Féverolles : 189-190.
Fèves de marais : 167.
Filet américain : 97-98.
Filet (de bœuf, veau, porc) : 53.
Flan : 216, 232.
— (tarte au) : 275.
Foie de veau : 67, 100.
Fondus au fromage : 107.
Fraises (compote de) : 206-207.
— (confiture de) : 281.
— (tarte aux) : 274.
Framboises (gelée de) : 284.
— (sirop de) : 288.
Friandises : 239 et suiv.
Friands : 108-109, 258, 276.
Fricadelles (voir boulettes)
Fricassée de poulet : 79.
— à la liégeoise : 122.
Frigo : 54, 88.
Friture de poissons : 105.
Fritures : 103 et suiv.
Fromage blanc : 198, 217, 275.
Fromage d’assaisonnement : 129.
Galettes : 268, 270-271.
Garnitures de tartes : 272.
Gâteaux : 228, 255-256, 260-262.
Gaufres : 268.
Gelée de viande ou poisson : 92-93.
Gelées de fruits : 283-284.
Génoise : 260.
Gibier : 53 et suiv.
Gigot : 53, 58, 71, 151.
Gigue de chevreuil : 54, 61.
Gnocchi : 140-141.
Gosettes : 257.
Goujons : 105.
Graisse (cuisine) : 42-43.
— (friture) : 103.
— (pâtisserie) : 247.
Gratins : 128, 130, 148, 151-152, 168.
Grillades : 71.
Grives : 81.
Groseilles (gelée de) : 283.
— (sirop de) : 288.
— (tarte aux) : 274.
Gulash de bœuf : 84.
Hachis : 95, 151-152.
Harengs : 69, 93.
Haricot de mouton : 86.
Haricots secs : 166-167, 185, 190.
Haricots verts : 166-167, 181.
Hollandaise (sauce) : 203.
Homard : 118.
Hors d’œuvre : 195 et suiv.
Infusions : 291.
Jambon de porc : 77.
Julienne (potage) : 190-191.
Jus apéritifs : 199-200, 287.
Laitue : 179.
— (braisées ou farcies) : 170-171.
Langue de bœuf : 89, 112.
Langues de chat : 264.
Lapin : 56, 75, 77.
Lard : 122.
Levure : 248.
Lièvre : 56, 60, 77-78, 100.
Limande : 62, 69.
Limonade : 287.
Macaroni : 129-131, 139-140.
Mâche : 179.
Maitrank : 288-289.
Malt : 290.
Maquereaux : 69.
Marrons : 143, 237-238.
Massepain : 240-241.
Mayonnaise : 196-197, 201.
Melon : 235.
Meringue : 240.
Merlan : 93, 105.
Minestrone : 191.
Mirabelles : 210.
Moules : 115 et suiv., 134.
Mousseline (sauce) : 203.
Mousses : 220 et suiv.
Mouton : 54 et suiv., 66, 76, 85-86.
Mûres : 284, 288.
Musli : 217.
Myrtilles : 283.
Navarin de mouton : 86.
Navets : 169-170.
Nœuds d’amour : 267.
Nouilles : 129-130.
Œufs : 119 et suiv.
— (conserve) : 295.
— en poudre : 120, 187, 202, 212.
— (pâtisserie) : 218 et suiv., 245 et suiv.
Oie : 56.
Oignons : 168-169.
— (confits) : 293.
— (soupe aux) : 189.
— (tarte aux) : 276.
Oiseaux sans tête : 76.
Omelettes : 119 et suiv., 218 et suiv.
Oranges : 206, 282, 287.
Oseille : 165, 188.
Oxtail (potage) : 192.
Pain : 251, 253, 255.
Pain d’épices : 262.
Pain de veau : 95.
Pains d’amandes : 265.
Pains perdus : 222.
Parmentiers : 151 et suiv.
Pâte à frire : 105.
— à tarte : 257.
— brisée : 258.
— de coings : 285.
— levée : 253, 259.
Pâté gaumais : 275.
Pâtés (voir terrines)
Pâtes d’Italie : 129 et suiv.
Pâtisserie : 243 et suiv.
Paupiettes : 76.
Pêches : 209, 282.
Perdreau : 59-60.
Perdrix au chou : 80-81.
Petits fours : 263.
Petits pois : 168.
Pets de nonne : 226.
Pie : 277-278.
Pieds de porc : 72, 113-114.
Pigeon : 80.
Pilaf : 135.
Pirochkis : 108-109, 258, 276.
Plie : 62, 69.
Plum-pudding : 224.
Poireaux : 170, 180, 188.
Poires : 207, 233-234.
Pois cassés : 189-190.
Poisson : 23, 61-63, 69, 91, 196-197.
Poivrade (sauce) : 204.
Pommes (compote de) : 208.
— (desserts aux) : 106, 235-237.
— (gelée de) : 285.
— (tarte aux) : 274.
Pommes de terre : 145 et suiv., 181.
— frites : 104-105.
Porc : 57 et suiv., 73 et suiv.
Pot au feu : 87 et suiv.
Potages : 183 et suiv.
Potiron : 191.
Poule-au-pot : 89.
Poule au riz : 28, 89.
Poulet : 59, 75, 78-79.
Pourpier : 188.
Pruneaux : 209.
Prunes (compote de) : 209.
— (marmelade de) : 282.
— (tartes aux) : 273.
Puddings : 137-138, 142 et suiv., 223 et suiv.
Purée de pommes de terre : 148-149.
Quatre fruits (confiture des) : 284.
Quatre-quarts : 259.
Quiche lorraine : 276.
Râble de lièvre : 54, 60.
Ragoûts : 83 et suiv., 148.
Raie : 69, 92.
Ramequins au chocolat : 232.
Ratons : 221.
Ravigote (sauce) : 204.
Reines-Claudes (compote de) : 209.
— (marmelade de) : 282.
— (tarte aux) : 273.
Rhubarbe : 210, 273.
Ris de veau : 90, 112.
Riz : 133 et suiv., 230-231, 272.
Roastbeef : 57 et suiv., 151.
Rochers : 266.
Rognon : 67-68, 123.
Romaine (salade de) : 179.
Rombosses : 257.
Rôtis : 53 et suiv.
Rouget : 69.
Roulades : 76.
Roux : 202.
Rumsteak : 53.
Rutabagas : 163.
Sablés : 264.
Salades : 177 et suiv.
Salades de fruits : 233.
Salsifis : 106, 166.
Sandwiches : 198.
Sanglier : 78.
Sauces : 57-58, 62, 74, 201 et suiv.
Saucisses : 68.
Saurets : 69, 71.
Scones : 266.
Sel (pâtisserie) : 248.
Semoule : 216, 275.
Sirop à tartiner : 286.
Sirops : 288.
Sole : 62, 69.
Soufflés : 137-140, 237-238.
Soupes : 183 et suiv.
Spaghetti : 129-130.
Spéculoos : 265.
Tapioca : 216.
Tartare (sauce) : 202.
Tartes : 257, 272-275, 277.
Terrines : 99.
Tête de veau : 89, 111-112.
Tétragone : 165.
Thé : 290-291.
Timbales : 137 et suiv.
Tomates : 74-75, 172-175, 179-180, 191.
— (conserve de) : 295.
Topinambours : 164.
Tournedos : 66.
Tourte : 276.
Truffes au chocolat : 239.
Truite : 69-70, 91.
Turbot : 62, 92.
Vaute ardennaise : 127.
Veau : 58, 66, 75-76, 79, 85, 88.
Verdure (conserve de) : 295.
Viande frigorifiée : 54, 88.
Vin de mai : 288.
Vinaigrette : 196-197, 201.
Vincent (sauce) : 202.
Vins : 297 et suiv.
Vives : 70.
Volaille : 55 et suiv.
Vol-au-vent : 97.
Welsh rabbit : 108.
Yogourt : 217.
Cette édition électronique du livre
Méthode de cuisine à l'usage des personnes intelligentes
de Marie Delcourt
a été réalisée le 5 novembre 2021
par Nord Compo.
Elle repose sur l’édition papier du même ouvrage
(ISBN 978-2-251-45247-0).