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Réévaluation de la toxicologie et des risques sanitaires liés

à l’utilisation de 2,4-D

Travail réalisé dans le cadre du cours de Toxicologie


CEB-30413

Pour
Émilie Doussantousse
Professeur en Toxicologie

Par
Angélique Hoffmann

Université du Québec à Rimouski


5 janvier 2015

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SOMMAIRE

Résumé …………………………………………………………………………………..3
Problématique………………………….……………………….………………………...3
I. Introduction………………...………………...………………………………3
II. Toxicocinétique……………………………...…………………….........……4
III. Toxicodynamique…...…………………………………………………..……6
IV. Effets sur les êtres humains……………………….………………………….7
A. Système immunitaire……………………………………….…………….7
B. Les cancers…………………………………..………………...…………8
C. Les hormones… ……………………………..………………………….10
a. Touchent le système nerveux………………….…………………….10
b. Touchent le système reproducteur………………...............................11
V. Effets sur l’environnement...............................................................................11
A. Sur les plantes……………………………………………………………11
B. Sur les vertébrés et invertébrés.……………………………...…………..12
VI. Conclusion…………………………………………………………………...14
Références……………………………………………………………..…………………16

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Résumé

Le 2,4-D est un des pesticides les plus étudiés, puisqu’il s’avère être l’un de plus utilisé.
Le 2,4-D n’est pratiquement pas absorbé par la peau, et est rapidement excrétée par les reins. Il
ne semble pas y avoir de création de métabolites ni d’accumulation dans le corps, lors de son
passage jusqu’au rein. D’après toutes les études faites, il ne semble pas y avoir d’effets sur la
santé associés directement à la molécule, que ce soit chez les animaux ou les humains. Tant que
la dose est suffisamment proche de la réalité (c’est-à-dire faible) aucun effet secondaire n’est
observé. Les conditions d’utilisation de ce pesticide sont strictes et montrent leur efficacité face
aux intoxications au 2,4-D.

Problématiques

Ce produit étant l’un des pesticides le plus propagé dans l’environnement effraye les
professionnels de la santé. Il est important de connaître les risques réels de ce produit. Les
questions les plus préoccupantes sont celles de la cancérogénicité de la molécule, de ses effets
néfastes au niveau du système reproducteur, de ses dommages sur l’ADN, sur les hormones et
le fœtus.
Aucune étude jusqu’à présent ne décrit le parcourt de la molécule dans l’environnement. Cela
apparait difficile car le 2,4-D est connu pour son temps de résidence faible dans les sols. Mais
qu’arrive-t ’il aux résidus? Existe-t-il des molécules avec lesquelles il réagirait et deviendrait
toxique?
Ces questions n’ont pas encore de réponses certaines et des études devraient englober plus de
paramètres que la molécule seule. Car les pesticides ne seraient-ils pas un mélange impur?

I. Introduction

Le 2,4-dichlorophenoxyacetique acide, connu sous le nom de 2,4-D est un des herbicides


chlorophénoxylés le plus utilisé dans le monde des produits chimiques agricoles. Inventé en
1941 par des américains, il forme un des composés de l’Agent Orange déversé lors de la Guerre
du Vietnam (Sutton, P. L., 2002). Depuis ce temps-là, ils restent les producteurs principaux de ce
produit chimique. Le Canada n’est pas un producteur mais l’importe directement des États-Unis

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(Carex Canada, 2009). Il est d’ailleurs le composant de 95% des pesticides canadiens des
marchés. Il est très utilisé du fait de son temps de demi-vie très court dans les sols ou dans les
environnements aquatiques. Cependant des études ont montré que des organismes non ciblés
pouvaient être touchés (Chinalia, F.A., et al., 2007 ). Sous sa forme pure, le 2,4-D est une poudre
cristalline blanche et inodore. Il peut être retrouvé sous forme impure de couleur jaune et avec
une odeur phénolique (Rambourg, M. O., 2011). Les firmes l’utilisent principalement sous forme
liquide. Le 2,4-D existe sous forme de sel (sel d’amine), d’acide (2,4-D acide) et d’ester (ester de
2-éthylhexyle ou 2,4-D 2EHE). D’un point de vu planétaire, le 2,4-D est retrouvé principalement
(entre 90 et 95%) sous formes de sel (DMA :diméthylamine) et d’ester (Carex Canada, 2009).

Le 2,4-D est appliqué au sol par pulvérisateur ou par épandage aérien. Utilisé dans les
champs, il cible les plantes adventives latifoliées sans endommager les cultures. Les cultures où
il est principalement pulvérisé sont celles du blé, de la canne à sucre, du maïs, du riz, du soja
(Carex Canada, 2009), ainsi que celles de la poire, des pistaches, des fruits à noyaux et certains
agrumes (Carex Canada, 2009). Il est aussi appliqué sur les gazons que ce soit des pelouses
domestiques, des terrains d’atterrissage, des bords d’autoroutes ou des parcours de golf (Carex
Canada, 2009). Le secteur agroforestier s’en sert pour combattre les broussailles comme les
arbustes indésirables et envahissants, notamment dans les plantations forestières (Dost, 2003).
On peut l’utiliser pour lutter contre les adventives aquatiques (Carex Canada, 2009). Au Québec,
la législature interdit son utilisation sur les pelouses et les parcs, ainsi que pour lutter contre les
plantes aquatiques (Gouvernement du Québec, 2014). Malgré cela, on peut en trouver des
traces dans les sols, les cours ou plan d’eau, dans l’air, dans les maisons et sur des aliments.

II. Toxicocinétique

Les sels et les esters utilisés comme herbicides permettent de lutter contre des mauvaises
herbes (dicotylédones). Ces derniers sont utilisés à des concentrations variables, entre 0,2 à 6,0
kg par hectare, dépendamment de ce qu’il y a à débroussailler. Les humains sont alors exposés
principalement par le 2,4-D lors de sa manipulation dans les champs (Chinalia, F.A., et al., 2007 ).
Ce sont les travailleurs agricoles qui sont les premiers touchés, les seconds sont ceux en contact
avec des poussières, de l’air ou de l’eau contaminés au 2,4-D. Les enfants des agriculteurs sont
un exemple de cette exposition. Ils ne sont pas exposés directement au 2,4-. Déposé sur les

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habits du père, il laisse le produit chimique entrer dans leur maison qui se retrouve vite dans les
poussières. Lors des arrosages des gouttes de pesticides peuvent toucher également des
personnes qui se promènent près des cultures (de par les vents) (Chinalia, F.A., et al., 2007 ). Du
fait de son utilisation sur les aliments, il peut être ingérer lors de la consommation de ces
derniers. Puisqu’il est utilisé dans le contrôle de certaines plantes aquatiques il peut être
retrouvé dans les zones d’irrigation et dans les eaux potables accessibles à tous (nappes
phréatiques).
Il existe plusieurs voies d’expositions possibles : cutanée, orale, oculaire et respiratoire.
L’absorption cutanée est une composante importante pour évaluer les risques des pesticides. Le
rat est un modèle pour l’absorption cutanée, bien qu’il augmente la pénétration des composants
chimiques d’environ 5 fois ( Ross, J.H., et al., 2001). Certains animaux tels que le singe semble se
rapprocher au mieux des données récoltées sur les humains.

Les conclusions d’une étude (Ross, J.H., et al.,2005) regroupant les résultats de nombreux
chercheurs sur l’absorption cutanée de 2,4-D chez les humains admettent que les résultats sont
concordants (malgré des techniques différentes). Les parties exposées lors de la manipulation du
produit représentent en moyenne 2% (principalement le front et les avant-bras) de l’exposition
cutanée totale. C’est donc une valeur moyenne de 5.7% de la dose qui est absorbée par la peau
(Ross, J.H., et al.,2005) . D’autre part, il faut noter une variation entre les humains et le nombre
réduit de personnes testés (résultats faits à partir de 34 personnes). L’avantage de ce genre
d’étude est qu’il recueille des données directement sur les hommes et permet d’estimer les
véritables risques. Une autre étude (Harris, S. A. et Solomon K. R. 1992.) aurait montré qu’une
petite partie était ensuite retrouvée dans le plasma sanguin qui aurait transité par les reins pour
finir dans l’urée une centaine d’heures plus tard. Cette même étude a mis en évidence une
différence si le 2,4-D appliqué est un acide ou un ester qui n’a pas lieu d’être puisqu’une fois dans
l’organisme l’ester est transformé en acide (ce qu’ils ne savaient pas en 1992) (Rambourg, M. O.,
2011).

L’absorption par voie orale est plus intéressante pour connaître le chemin du produit chimique.
La répartition du 2,4-D se produit dans tout le corps. D’après une étude faite sur des humains
ayant ingérés 5 mg/kg de 2,4-D, le composé passe par le tractus gastro intestinal pour être
digéré (Sauerhoff, M. W., et al., 1977). Il est ensuite retrouvé en grande concentration dans le
plasma sanguin. Son temps de demi-vie est alors de 12 heures. Ainsi, une fois absorbé dans la

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circulation, les sels comme les esters sont hydrolysés pour former du 2,4-D afin de passer au
travers de nombreux tissus.
Une fois dans les reins il est excrété sans être modifié dans l’urine et les fèces dans un temps
très court. Il y aurait en moyenne 82,3% de 2,4-D et 12,8% de composés conjugués (Sauerhoff,
M. W., et al., 1977). Cependant les composés qui se sont rattachés lors de l’excrétion sont de
petites molécules (un acide aminé par exemple) et ne modifient en rien la structure de départ.
Le temps de demi-vie est alors d’environ 18 heures (Sauerhoff, M. W., et al., 1977). Cette
expérience confirme qu’il ne semble pas y avoir d’accumulation dans l’organisme ni de création
de métabolites toxiques. Il ne serait retenu dans aucun tissus adipeux et donc pas bio amplifié.
Sa structure chimique est similaire à l’acide indole acétique, une hormone spécifique agissant
sur la croissance des plantes.

III. Toxicodynamique

D’après des études faites dur des rats, l’élimination du 2,4-D par l’organisme semble
être indépendante de la dose administrée et du sexe. Les plus fortes concentrations de résidus
ont été retrouvées dans les reins. Des études ont montré qu’à des doses de 100-200 mg/kg les
transporteurs anioniques nécessaires au transport du 2,4-D hors du cerveau sont inhibés. Cela
va provoquer une accumulation de 2,4-D dans le parenchyme du cerveau et dans le liquide
cephalo-rachidien (Tyynelä, K., Elo, H. A., et Ylitalo, P.,1990 et Elo, H., et Ylitalo, P.,1977)
D’autre part, il apparait d’après des études que les métabolites sont exclusivement
urinaires. Il a été vu précédemment que les sels et les esters du 2,4-D sont hydrolysés une fois
dans l’organisme. Par ailleurs, ce sont des taurines et des glycines qui sont conjugués au 2,4-D
(retrouvés dans les urines de rats) (Garabrant, D. H., et Philbert, M. A., 2002). Ce sont des acides
hydrolysables qui ont été retrouvés dans les urines des travailleurs agricoles. (Garabrant, D. H.,
et Philbert, M. A., 2002). Cependant, aucune étude n’aurait montré l’existence d’intermédiaires

réactifs après la transformation du 2,4-D.


Des études ont montré que le 2,4-D entraînerait une modification des protéines lié à
des dérivés réactifs de l’oxygène lié à la peroxydation de lipides (Matviishyn, T.M., et al,. 2014 ).
En outre, le chimique diminuerait le niveau de gluthation au niveau des érythrocytes humains et
des reins des rats ( Bukowska, 2003 et Celik et al., 2006 ). .

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Au niveau des plantes, le 2,4-D serait aussi hydrolysé. Sa partie 4-chloro est perdue lors de cette
transformation, le reste de la molécule trouve une attache au niveau des récepteurs de l’auxine.
Ceci va engendre la dégénérescence de la plante. D’autre part, certaines plantes paraissent être
résistantes, en effet, le 2,4-D se lie à des molécules le rendant insoluble. Ce dernier ne peut donc
pas modifier le fonctionnement intracellulaire. (IPCS, 1984).

IV. Effets sur les êtres humains

Les enfants d’agriculteurs entrent en contact avec ce pesticide par les résidus sur les vêtements
de leurs parents, la poussière dans leurs maisons, les aliments consommés directement des
champs, à la dérive de pulvérisation aérienne, eau de puits contaminée et le lait maternel.

Les conséquences de pesticides sur le corps humain vont désormais être présentées.

A. Système immunitaire

Tout agent extérieur au corps humain peut créer une réponse immunitaire de ce
dernier. Il semble intéressant de décrire les études faites sur la réponse immunitaire face à
l’absorption du 2,4-D, molécule exogène. Une étude a montré une réaction immunitaire
presqu’inexistante face à l’herbicide (Cushman et Street, 1992). Cette dernière aurait testé le 2,4-
D sur des oreilles de souris à des doses d’environ 12 mg/kg. Or ceci ne provoque aucune réponse
immunitaire et aucune production d’anticorps n’est mesurée significative. Rappelons que la peau
de souris est transposable à celle de l’homme. Blarkley et Schiefer ont montré un dommage direct
fait par le 2,4-D au système immunitaire bien qu’un traitement à long terme donne peu d’effet.

À l’inverse de ce qui a été vu précédemment, certaines études ont montré que le 2,4-D
engendre des effets néfastes sur le système immunitaire. En effet, des scientifiques canadiens de
l’université de la Saskathewan ont mis en évidence une réduction de l’activité de 3 gènes codant
pour des protéines essentielles du système immunitaire. Ceci a été expérimenté avec des doses

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« réalistes environnementales ». Les groupes les plus touchés sont ceux qui ont été exposé à de
plus fortes doses. Ainsi, il semble qu’il y a peu d’impact sur la santé humaine et animale dans la
mesure où les applications de ce pesticide sur les champs sont à des doses plus faibles. (K. Lee et
al., 2001). D’autre part, des cherches faites à l'Institut national pour la sécurité et la santé et de
l'Université West Virginia ont mis en évidence une diminution de la production de cellules
fabriquant les anticorps au niveau de la moelle osseuse (Voir Figure ci-dessous). Une exposition
au 2,4-D diminue un certain nombre de cellules du système immunitaire situées dans le thymus.

Ainsi, les études cherchant à déterminer les impacts sur le système immunitaire semblent en
désaccords.

B. Les cancers

Le plus problématique reste les risques associés au cancer. Certaines études montrent des taux
de cancers accrus chez les agriculteurs dus à l’utilisation de pesticides phénoxy. Une étude faite
sur des agriculteurs de l'Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba liée à l’utilisation du 2,4- D
a montré un nombre anormalement élevé de cancers de la prostate (Morrison et al, 1992). Une
étude menée en 2001 par un chercheur en Saskatchewan a montré un lien entre l’utilisation de
2,4-D, les lymphocytes et le cancer (Voir Figure ci-dessous). La conclusion de cette étude est en
accord avec les résultats de quatre études antérieures. (McDuffie et al., 2001).

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Cependant, la majorité des études faites sur les risques épidémiologiques sur la
population humaine dates des années 70 et 80. Les méthodes utilisées sont de nos jours
critiquables, puisqu’elles semblent connaître des déficiences et ne s’appliquent plus aux normes
d’aujourd’hui dictées par les professionnels de la santé. Deux groupes de cancers semblent
changer constamment au niveau des fréquences d’apparition.
Le premier est celui du sarcome des tissus mou. Ils ont un risque plus élevé de
développer ce genre de cancer. (Kogevinas ., 1983 ) .
Le second touche le lymphome non-hogkinien. C’est au cours des années 90 qu’ont eu
lieu les plus importantes recherches sur les risques de cancers. En effet, le comité des pesticides
de l’Ontario avec l’appui du ministre de l’environnement de l’Ontario ont fait évaluer les risques
de cancers de ce pesticide. En 1987, l’université de Guelph met en évidence les risques de
cancérogénicité. En 1989, une dizaine de toxicologues et épidémiologistes sont impliqués dans un
projet de l’université de Harvard (santé publique) appuyé financièrement par l’association
nationale (américaine) des producteurs de blés. L’étude n’a pas classé le pesticide dans la
catégorie des agents cancérigènes car les données recueillies ne permettent pas de confirmer que
le 2,4-D en est la cause directe ( Ibrahim, M. A., et al.,1991).

Les herbicides peuvent en règle générale se retrouver sur la peau due à une
vaporisation dans les champs, à des accidents de manipulation ou des transferts depuis les
surfaces traitées. Des chercheurs ont montré un risque accru avec l’ajout de crème solaire par les

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agriculteurs. En effet, les travailleurs agricoles sont encouragés à porter un écran solaire pour se
protéger contre le cancer de la peau dus aux rayonnements ultra-violet.
La plupart des formulations de protection solaire commerciales semblent améliorer la
pénétration du 2,4-D à travers la peau de souris sans poils, jusqu’à plus de 60 % (Pont et al, 2004).
Lorsqu’il n’y a pas de crème solaire, la pénétration moyenne est de 39,1 %, alors que pour les
souris prétraitées avec Neutrogena Oil solaire, la pénétration moyenne est de 81,0 % (Brand et al
., 2002 ). Ces résultats chez la souris semblent également s’appliquer aux humains (Pont et al.,
2004).
D’autre part, une étude a démontré que 14 % de plus de 2,4-D pouvait être absorbé après
l'application cutanée de DEET qui est un insecticide très utilisé (Moody et al ., 1992 ) . Une
augmentations du poids de la glande thyroïdienne ainsi qu’une diminution du poids des ovaires
et des testicules aurait été montré lors d’une étude faite en 1996 (Charles et al . , 1996 ) . Les
augmentations de poids de la glande thyroïdienne semblent en accord avec l’arrêt de l’activité
des hormones thyroïdiennes. La glande étant depuis, hypertrophiée, tente de compenser
l'insuffisance des taux circulants d'hormones thyroïdiennes.

C. Les hormones…
a) Touchent le système nerveux

Les hormones thyroïdiennes sont connues pour jouer un rôle crucial dans le
développement du cerveau. Un effet néfaste sur la tyroïde pourrait avoir des conséquences
neurologiques. Il y a des répercussions sur le développement du système nerveux central du
fœtus qui peut avoir des conséquences sur l'apprentissage et le comportement des enfants de
façon durable (Haddow et al . , 1999 ) . Les études sur des rongeurs ont permis de mettre en
évidence un effet neurotoxique responsable de troubles cognitifs au niveau de
neurotransmetteurs critiques ce qui provoquent des effets non-voulus sur le comportement
(Bortolozzi et al . , 2001 ) . Le 2,4-D semble provoquer une diminution du dépôt de myéline au
niveau des neurones ce qui cause des déficiences au niveau du développement cérébral (Duffard
et al. , 1996).
Des hormones telles que la sérotonine et de la dopamine ont des neurotransmetteurs
inhibées par le 2,4-D. Les enfants touchés présentent des retards au niveau de la croissance du
cerveau et des comportements pathologiques (Evangelista de Duffard et al., 1995 ).

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b) Touchent le système reproducteur

La présence de 2,4-D entraîne une forte libération d’œstrogène tandis qu’une petite
quantité de testostérones est libérée (Liu et al . , 1996 ) . Les taux d’hormones tels que la
progestérones et la prolactine augmentent chez les rongeurs provoquant un dérèglement du
cycle de l’œstrus (Duffard et al. , 1995). De plus, contrairement à des hommes non-exposés au
2,4-D , il a été retrouvé de faibles concentrations de spermatozoïdes ainsi que des anomalies
spermatiques chez des hommes exposés (Lerda et Rizzi ., 1991 ) . Dans le Minnesota, il a été
rapporté qu’il existe une corrélation entre la période d’épandage du pesticide et celle de
conceptions d’enfants ayant après la naissance des malformations. (Garry et al., 1996).

V. Effets sur l’environnement

Le 2,4-D est un produit chimique modérément persistant avec une demi-vie comprise entre 20 et
200 jours dans l’environnement. Sa décomposition est rapide par des voies chimiques et
biologiques. Ainsi, son temps résiduel dans l’environnement est faible. D’ailleurs, les
concentrations de résidus retrouvés dans l’environnement dépassent rarement 1 mg/kg.

Les précautions à prendre en compte dans l’utilisation du 2,4-D doivent être prise pour le respect
de l’environnement. Le pesticide, s’y est utilisé pour les champs est souvent pulvérisé dans l’air.
C’est sous la forme ester, beaucoup moins volatile, qu’il est alors pulvérisé. Or, si le 2,4-D est sous
forme ester, il est plus toxique pour les organismes aquatiques à proximité des champs. Ainsi,
c’est la forme de sel amine qui est préconisée pour traiter les mauvaises herbes aquatiques. De
plus, pour éviter tout risque de contamination il faut respecter les méthodes de stockages : à l’abri
de l’humidité, de transports : dans des conteneurs étanches.

A. Sur les plantes

Le 2,4-D agit auprès des plantes cibles en prenant le rôle d’une hormone végétale appelée
auxine (Chinalia, F.A., et al., 2007 ). Ce composé va alors influencer directement la voie de

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l’éthylène. Le 2,4-D va stimuler la synthèse du 1-amino cyclopropane-1-carboxylic acide
synthase (ACC-synthase) ainsi que l’accumulation de cyanure. Il s’avère que cette enzyme (ACC
synthase) est importante lors de la production d’éthylène. En s’oxydant la ACC synthase va
produire de l’éthylène, du CO2 et du cyanure. Le fait d’avoir une forte production d’éthylène
ajouté à une accumulation d’acide abscisique (ABA), provoque une certaine toxicité dans la
plante. Le suicide cellulaire peut être enclenché (apoptose) (Chinalia, F.A., et al., 2007 ).
Pour les organismes non ciblés, il semble avoir le même mode d’action, notamment en affectant
la voie du métabolisme des lipides. Le 2,4-D pourrait favoriser l’attaque de composés
d’oxygènes réactifs qui entrainerait des dommages permanents suite à un stress métabolique.
Les plantes terrestres et aquatiques semblent répondre de la même façon face à l’exposition au
2,4-D. bien que les effets sur les algues sont encore inconnus. D’après Wong 2000, la croissance
des algues semblent altérer à des concentrations supérieures à 200mg/L (Chinalia, F.A., et al.,
2007 ).

B. Sur les vertébrés et invertébrés

Un produit du procédé de décomposition du 2,4-D est le 2,4-dichlorophenol qui est 15 fois plus
toxique que le 2,4-D lui-même, pour le vers de terre. Des observations ont montré ont une
réduction de la fécondité chez ces insectes bénéfiques pour l’environnement quand ils sont
exposés au 2,4-D (Roberts & Dorough ., 1984 ).

Le 2,4-D a également été démontré un bioaccumulation dans le poisson (Wang et al. , 1994).
Une étude montre une réponse au stress oxydatif lié au 2,4-D chez un poisson rouge
(Matviishyn, T.M., et al,. 2014). Les données ont été obtenues sur des poissons rouges testés à
des doses différentes ( allant de 1, 10 ou 100 mg / L) de 2,4-D. ces dernières ont entraîné le
développement de stress oxydatif dans le foie et les reins. Alors que le cerveau n’a pas été
affecté au stress oxydatif, et a renforcé son potentiel antioxydant. D’autre part, le poisson
rouge, étant une espèce résistante au stress, l’étude a mis en évidence sa capacité de
récupération après une exposition à court terme du pesticide (figure ci-dessous).

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Indices de stress oxydatif dans les tissus des poissons rouges exposés à des conditions variables
contrôlées allant de 1, 10 ou 100 mg / L de 2,4-D pour les 96 h, ou de récupération pour 96 h
après 96 h d'exposition à 100 mg / L de 2,4 D. (A) carbonyle protéines (CP, nmol / mg de
protéine) (Matviishyn, T.M., et al,. 2014).

Chez les oiseaux, l'exposition 2,4D réduit le succès d'éclosion et provoque des malformations
congénitales, en plus de détruire leurs habitats et leurs nourritures (Duffard et al., 1981 ) .

Chez les alligators, des études faites en Floride montrent qu’il n’y a aucun effet sur le système
endocrinien de ces derniers (Crain, D. A., et al., 1997)

L'utilisation du 2,4- D a eu un effet drastique qui affecte à la fois les animaux agricoles et la
faune, d’où, les décès de bovins et de chevaux de pâturage des plantes traitées, et la destruction
des sources de nourriture de l'orignal , du gopher et des campagnols . (Journal of pesticide
reform, 2005)

Chez les brebis, le taux d’hormones thyroïdiennes est significativement diminué lorsque du 2,4-D
est ingéré par celles-ci (Rawlings et al., 1998).
D’après des études faites dans les régions où du 2,4-D est utilisé, il s’avère que la concentration
de ce dernier dans l’air, la nourriture et l’eau est comprise entre 0.3 à 2 µg/ kg par jour. Les
personnes travaillant avec le pesticide, manipulent le 2,4-D tous les jours. La dose moyenne
absorbée semble être de 0.1 mg/kg par jour. Or, il apparait qu’une mauvaise hygiène
provoquerait une augmentation de cette moyenne.

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VI. Conclusion

Le 2,4-D est un pesticide de synthèse développé par les hommes. Il est donc pour la nature, pour
l’environnement et pour les animaux (dont l’Homme) une molécule exogène. Il apparait au
travers des études que ce pesticide ne cause pas des effets néfastes pour l’environnement. Bien
qu’il serait intéressant de connaître son parcours exact une fois dans les nappes phréatiques ou
dans les cours d’eau. De plus, son efficacité est redoutable pour les plantes (dicotylédones)
puisqu’il agit directement sur la croissance de cette dernière que ce soient les plantes cibles ou
non. Or ceci pose le problème de la bioaccumulation. Car, les herbivores et les humains se
nourrissent de plantes contaminées par ce pesticide. Les conséquences sur les organismes vivants
sont connues des scientifiques et ne rassurent pas. Son absorption sur la peau est faible,
l’élimination par le corps est rapide et ne crée pas de métabolites toxiques. Il faut des doses très
importantes pour voir des effets néfastes sur l’organisme, bien que la dose létale pour l’homme
ne soit pas connue. En effet, des études faites dans de nombreux pays notamment aux États-Unis
et au Canada montrent parfois des résultats contradictoires. Les risques de cancers ne semblent
pas fonder. Les retombés au niveau du système reproducteur sont encore en cours ainsi que les
conséquences sur l’embryon. Il s’avère que les pesticides utilisés n’utilisent pas la forme pure du
2,4-D et ajoutent d’autres composants. Or ceci n’est pas pris en considération. Il serait plus
constructif d’étudier le pesticide avec tous les composants mélangés et non pas une molécule
prise isolement. Les possibilités de synergie ne sont pas prises en compte. Or c’est ce genre de
réactions, plus intense, qui pourraient provoquer des réponses immunitaires marquées ou bien
causer des dégâts génétiques importants.
Les recommandations qui seraient formulées aux gouvernements pourraient commencer par une
étude mondiale faite sur des agriculteurs et leurs familles qui utilisent quotidiennement ce
pesticide. Cela permettrait de voir, si les risques sont transmissibles génétiquement. Les études
faites sur les humains sont rares comme celles faites sur des primates. La majorité des études sont
faites sur les rongeurs. Or ils n’ont pas le même potentiel de réponse que les humains.
Ce produit paraît, dans les connaissances actuelles, être recommandable dans l’utilisation des
agriculteurs. Il ne semble pas présenter de risque sanitaire pour la population ou pour les
travailleurs, surtout si l’utilisation du produit et les règles de sécurité liées à son usage sont

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respectées. Cependant, il faudrait lever certaines incertitudes de toxicité et faire attention aux
composés chimiques mélangés avec le 2,4-D.

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Reference

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