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Chapitre III Les effets néfastes des THMs

De nombreuses études scientifiques indiquent que l'eau chlorée est un irritant pour la peau
et peut être associée à des éruptions cutanées comme l'eczéma, l’acné, le psoriasis, la séborrhée,
etc.
L'eau chlorée peut détruire les acides gras polyinsaturés et la vitamine E dans le corps, tout
en générant des toxines capables d’engendrer des dommages à travers les radicaux libres
(oxydation).
Conjointement, l'eau chlorée participe à la destruction d’une grande partie de la flore
intestinale, constituée de bactéries amicales qui aident à la digestion des aliments et protègent
l’organisme contre les pathogènes nuisibles. Ces bactéries amies sont également responsables de
la fabrication de plusieurs vitamines, comme les vitamines B12 et K. Plusieurs études ont
également fait un lien entre le chlore, les SPCs et leur plus grande incidence sur le cancer de la
vessie, du sein et du côlon, ainsi que sur le mélanome malin. Une étude a même fait des liens
quant à l'utilisation de l'eau chlorée avec des anomalies cardiaques congénitales.

1. Les voies d’exposition aux THMs 

Trois voies d’exposition aux THMs ont été identifiées : l’ingestion, l’inhalation et
l’absorption cutanée (Richardson JR, et al.,2007).
Les propriétés chimiques des différents produits (notamment leur volatilité) déterminent les voies
d’exposition dominantes de chacun.
Des mesures (dans les urines, l’air exhalé, le sang) réalisées chez des individus ayant
été exposés aux THMs à travers différentes activités domestiques utilisant l’eau du robinet ont
permis de montrer la présence de ces SPCs dans l’organisme et d’estimer les taux de passage dans
l’organisme et la part relative des différentes voies d’exposition dans la dose interne totale.

1.1. L’ingestion 

C’est la voie d’exposition la plus intuitive pour la population générale : l’eau du robinet
est consommée en boisson froide ou chaude (thé, café, infusions…etc.) et pour la préparation des
aliments, les SPCs qu’elle contient sont donc ingérés. Par rapport à la quantité de SPCs présente
dans l’eau du robinet, la quantité réellement ingérée peut être modifiée lors de la préparation de la
boisson ou des aliments. Parmi les facteurs étudiés dans la littérature, on trouve la simple
décantation, la réfrigération, le chauffage (ébullition) pour préparer les boissons chaudes et les

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aliments. La prise en compte de ces éléments s’est révélée importante pour l’estimation de
l’exposition des individus dans les études épidémiologiques (Richardson JR, et al.,2007).

1.2. L’inhalation et l’absorption transcutanée 


L’exposition aux THMs par l’inhalation de vapeurs d’eau et le passage transcutané lors
des douches et des bains a été mise en évidence dans plusieurs études expérimentales ou en
population qui ont montré une relation entre les concentrations des SPCs dans l’eau utilisée pour
les douches, les bains et leurs concentrations observées dans le sang et/ou l’air exhalé et/ou les
urines avant et après une douche ou un bain ((Xu and Weisel 2005), (Weisel and Jo 1996),
(Backer et al. 2000), (Miles et al. 2002), (Weisel et al. 1999).
Pour être inhalés, les SPCs doivent d’abord être vaporisés dans l’air ambiant et seuls les
plus volatiles sont présents dans les vapeurs d’eau, notamment le chloroforme qui présente un
taux de transfert dans l’air par rapport à l’eau de 56%.
Les conditions dans lesquelles les douches et bains se déroulent sont une source de
variabilité de l’exposition par inhalation : la ventilation et la taille de la pièce, la température de
l’eau sont des éléments qui influent sur la concentration en chloroforme de l’air (Weisel et Chen
1994), (Jo et al. 1990), (Kerger et al. 2000).
Des expériences ont permis de séparer les voies d’exposition au chloroforme (inhalation
versus absorption transcutanée) lors de bains : une expérience consistant à faire respirer aux
participants un air dépourvu de chloroforme pendant les bains a montré une augmentation du taux
de chloroforme dans l’air exhalé après le bain, traduisant un passage transcutané, d’autant plus
élevé que la température de l’eau était élevée (Gordon et al. 1998).
Une autre expérience (Jo et al. 1990) a comparé la concentration en chloroforme de l’air
exhalé après une douche normale et une exposition par inhalation seulement. Elle a estimé que la
dose interne moyenne de chloroforme due à l’exposition transcutanée était approximativement
équivalente à celle due à l’exposition par inhalation.

2. Toxicocinétique et métabolisme des THMs 

Les THMs ingérés sont absorbés au niveau gastro-intestinal. À cause de sa grande


volatilité, le chloroforme peut également être absorbé par les poumons. Une fois absorbés, les
concentrations de THMs les plus importantes se retrouvent dans les tissus adipeux, le foie et les
reins. Une partie des THMs absorbés est exhalée sous forme inchangée. Le reste est oxydé en
composés dihalocarboxyliques très réactifs (ex. phosgènes, chlorobromocarboxyles) puis
hydrolysé en dioxyde ou monoxyde de carbone avant d’être expiré. Les données suggèrent que

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ces composés dihalocarboxyliques seraient responsables des effets toxiques des THMs (Lévesque
et al., 1994).

3. Données toxicologiques et épidémiologiques 

3.1. Intoxication aigüe 

La toxicité aiguë des THMs chez l’animal se caractérise par une dépression du système
nerveux central et par des manifestations cardiaques. Le foie et les reins peuvent également être
atteints. Les concentrations mesurées dans l’eau potable sont toutefois beaucoup trop faibles pour
provoquer de tels effets chez l’humain (World Health Organization., 2000 ; Santé Canada.,
1993).

Parmi tous les constituants des THMs, on ne retrouve des doses toxiques aiguës chez
l’humain que pour le bromoforme, substance utilisée au siècle dernier comme sédatif pour
contrôler la toux. À partir des observations faites chez les enfants, la dose létale pour le
bromoforme a été estimée à 300 mg/kg de poids corporel par jour alors que la dose minimale
induisant une légère sédation est de 54 mg/kg de poids corporel par jour (World Health
Organization.,2000 ; Santé Canada., 1993)). Cette dose est, de façon approximative, 5000 fois
plus élevée que celle à laquelle la population est généralement exposée.

3.2 Groupes vulnérables 


Certaines études ont porté sur la relation possible entre les THM et les cas de grossesses
défavorables (fausses couches, malformations congénitales, insuffisance de poids à la naissance).
Advenant que cette relation soit confirmée, les femmes enceintes (plus précisément leurs fœtus)
pourraient représenter un groupe particulièrement vulnérable. Des études sont en cours pour
clarifier ce point.

3.3 Dosage biologique 

L’exposition aux THMs peut être estimée par la mesure des concentrations de chloroforme
dans l’air exhalé et le plasma. L’air exhalé est toutefois la matrice biologique qui a été la plus
souvent utilisée jusqu’à présent. Les concentrations dans l’air alvéolaire et les concentrations dans
le plasma sont bien corrélées (Lévesque et al., 1994). Ces mesures, à cause de la demi-vie
biologique relativement courte du chloroforme (30 minutes dans le cas de l’air exhalé), ne
permettent toutefois d’estimer que des expositions très récentes et ne sont donc pas d’une grande
utilité d’un point de vue clinique. Par ailleurs, bien que les techniques visant à mesurer les
concentrations exhalées soient assez sensibles pour quantifier l’exposition au chloroforme, elles

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ont été peu utilisées pour les autres THMs parce que ces derniers sont souvent présents en trop
faibles concentrations pour être détectés. Enfin, la mesure des concentrations urinaires de certains
acides acétiques halogénés non volatils (TCAA et DCAA) peut également être utilisée
(Nieuwenhuijsen et al. 2000).

4. Les études expérimentales et animales 

Depuis la découverte de la formation des sous-produits de désinfection (1974), de


nombreuses recherches ont été effectuées sur l’identification et la quantification de ces composés
ainsi que leurs effets sur la santé. La toxicité de ces composés et les effets sur la santé dépendent
de plusieurs facteurs : la durée de l’exposition, les voies d’exposition ou la quantité absorbée par
le corps humain. De nombreux sous-produits de désinfection sont également bio-accumulatifs et
ils peuvent donc s’accumuler dans les tissus du corps humain.
Les études épidémiologiques concernant les effets de l’exposition aux Sous-produits de
chloration (THMs) sur la santé humaine seront présentées dans ce chapitre tout en se basant sur
des études consacrées à ce sujet, la plupart de ses études montre que les trihalométhanes sont en
général les sous-produits de chloration en concentration les plus élevées qui se forment dans les
eaux désinfectées. En conséquence, plusieurs recherches ont essayé de caractériser les effets de
l’exposition chronique aux sous-produits de désinfection notamment les quatre trihalométhanes.
Parmi ces recherches, S. Richardson et coll. (Richardson et al., 2007) ont publié un état
des connaissances synthétisant 30 ans de recherches sur l’occurrence et la toxicité des quatre (4)
THMs (Le chloroforme ou Trichlorométhane (CLF) CHCl 3, Le bromoforme ou tribromométhane
(BRF) CHBr3, Le bromodichlorométhane (BDCM) CHCl2Br, Le dibromochlorométhane (DBCM)
CHClBr2), dont nous présentons ci-dessous les conclusions (Richardson et al.,2007). (Tableau;
ANNEXE I)

D’après les recherches de (Richardson et al.,2007), Les résultats de la toxicité des sous-
produits de désinfection se divisent en deux groupes : les composés qui peuvent être cancérigènes
et les composés qui peuvent avoir des effets sur la reproduction et le développement :

5. L’effet Cancérigènes Des Trihalométhanes (THMs) sur la Santé Humaine 


L’expérience de S. Richardson consiste à test l’effet cancérigène des THMs par la
méthode in vivo sur des Rongeurs (Rats et Souris), Le mode d’administration utilisé était le
gavage à l’huile de maïs, à des doses relativement élevées, mais pour le bromodichlorométhane et
le chloroforme, une exposition via l’eau de boisson à des doses moins élevées a aussi été testée.

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Comme résultats les 4 principaux THMs se sont révélées carcinogènes chez les rongeurs
(rats et souris). Par contre, l’exposition des deux substances le bromodichlorométhane et le
chloroforme via l’eau de boisson n’a pas induit d’effet carcinogène chez la souris, mais chez le rat
mâle, des tumeurs du foie et du rein ont été observées.
L’exposition par gavage au bromodichlorométhane a généré des tumeurs du rein et du foie
chez la souris et des tumeurs du rein et de l’intestin chez le rat mâle et femelle. L’exposition au
chloroforme par gavage a généré des tumeurs du foie chez la souris et du rein chez le rat. Une
exposition combinée au chloroforme via l’eau de boisson et l’inhalation a été associée à des
tumeurs rénales chez le rat mâle. En ce qui concerne le bromoforme et le chlorodibromométhane,
testés uniquement par gavage, des tumeurs intestinales ont été trouvées chez le rat uniquement
pour le bromoforme, des tumeurs du foie ont été observées chez la souris uniquement pour le
chlorodibromométhane. Ces résultats sont résumés dans le Tableau (ANNEXE I).
En se basant sur les résultats de de S. Richardson, on remarque qu’aucun des 4 THMs n’a
généré de cancer de la vessie ou de tumeurs colorectales, alors que les études épidémiologiques
que nous évoquerons par la suite se sont concentrées sur ces types de cancer. Cependant, il faut
noter que les tumeurs du gros intestin observées chez le rat suite à une exposition au
bromodichlorométhane et au bromoforme sont analogues d’un point de vue anatomique et
fonctionnel à celles du colon chez l’homme.
Le foie et les reins peuvent également être atteints. Les concentrations mesurées dans l’eau
potable sont toutefois beaucoup trop faibles pour provoquer de tels effets chez l’humain
(Richardson JR, et al. (2007). Parmi tous les constituants des THMs, on ne retrouve des doses
toxiques aiguës chez l’humain que pour le bromoforme, substance utilisée au siècle dernier
comme sédatif pour contrôler la toux. À partir des observations faites chez les enfants, la dose
létale pour le bromoforme a été estimée à 300 mg/kg de poids corporel par jour alors que la dose
minimale induisant une légère sédation est de 54 mg/kg de poids corporel par jour ( World
Health Organization., 2000 ; Santé Canada., 1993).
En 1999, l’IARC a classé le chloroforme et le bromodichlorométhane dans la catégorie
2B, c'est-à-dire possibles carcinogènes pour l’homme.
En 2010, L’US-EPA (IRIS 2010) a classé le chloroforme, le bromodichlorométhane et
le bromoforme en catégorie B2, c'est-à-dire carcinogènes probables pour l’homme et le
dibromochlorométhane en catégorie C, c’est-à-dire possible carcinogène pour l’homme, selon les
résultats des études effectuées sur l’animal. Cette décision n'a rien d’étonnant étant donné que les
études épidémiologiques chez l'homme ne contenaient pas de données sur l’exposition à ces
composés.
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5.1. Cancer du côlon 


Pour confirme les résultats de S. Richardson sur le cancer de côlon, Les cinq études
suivantes ont été évaluées de façon plus détaillée à la figure (ANNEXE II): Il s’agit d’études cas-
témoins à l'exception de Doyle et al. (1997), qui est une étude de cohorte prospective.
Ces études satisfont au critère de temporalité car il y est établi que les expositions ont
précédé les effets sur la santé. La plausibilité du lien de causalité entre les SPCs et le cancer du
côlon est appuyée en partie par l'observation de tumeurs du gros intestin chez les rats (NTP.,
1987), obtenues par gavage de BDCM dissous dans l'huile de maïs. Ces résultats n'ont cependant
pas été reproduits dans deux études ultérieures d’administration par voie orale de la substance
dissoute dans l'eau potable (George et al., 2002; NTP, 2006). La découverte de foyers de cryptes
aberrantes (lésions précancéreuses) dans le gros intestin (analogue au côlon humain) de rats, mais
pas de souris, après exposition au BDCM et au bromoforme assure une certaine plausibilité sur le
plan toxicologique ((DeAngelo et al., 2002; Geter et al., 2004a; Geter et al., 2004b; Geter et
al., 2005).
Sur le plan épidémiologique, la constance des résultats et les données sur l’existence
d’une relation dose-réponse sont limitées dans le cas du cancer du côlon chez l'être humain. King
et al. (2000) obtiennent un rapport de cotes (RC) significatif chez les hommes dans la catégorie de
la plus forte exposition aux SPCs, mais pas chez les femmes. Hildesheim n’a pas établi
d’association significative entre l’apparition de cancer et la catégorie des sujets les plus exposés
aux SPCs. Malgré le nombre élevé de cas étudiés (767) par King et al. (2000), 43 % seulement
des cas de cancer du côlon et du rectum répertoriés dans les registres de cancer ont pu être
analysés. Doyle et al. (1997) constatent une association significative entre la catégorie
d'exposition supérieure (14-287 µg/L de THM4) et le cancer du côlon dans la cohorte féminine
étudiée; le risque relatif n’est cependant guère plus élevé que dans la catégorie d'exposition
immédiatement inférieure (3-13 µg/L de THM4), un niveau d'exposition relativement faible pour
les THM. Dans une étude sur seulement 200 cas, Cragle et al. (1985) ont trouvé un rapport de
cotes significatif pour le risque de cancer du côlon et l'exposition aux SPCs dans le groupe le plus
âgé (60 ans et plus), les valeurs RC étant plus élevées chez les sujets exposés pendant plus de 15
ans que chez ceux exposés pendant moins de 43-15 ans. Young et al. (1987) n'ont cependant pas
trouvé de preuves qu’une exposition aux THM4 constituait un facteur de risque accru de cancer du
côlon.

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5.2. Cancer De Rectum


Les quatre études suivantes sont évaluées de façon plus détaillée à la figure (ANNEXE II):
Il s’agit d’études cas-témoins, à l'exception de Doyle et al. (1997), qui est une étude de cohorte
prospective.
Ces études satisfont au critère de temporalité car il y est établi que les expositions ont
précédé les effets sur la santé. La découverte de foyers de cryptes aberrantes (lésions
précancéreuses) dans le segment rectal du gros intestin (analogue au côlon humain) de rats, mais
pas de souris, après exposition au BDCM et au bromoforme assure une certaine plausibilité sur le
plan toxicologique (DeAngelo et al., 2002; Geter et al., 2004; Geter et al., 2004; Geter et al.,
2005)..
Les résultats indiquant une association entre les SPCs et le cancer du rectum présentent
une constance limitée car Bove et al. (2007) ont trouvé un RC significativement élevé pour le
cancer du rectum et l'exposition au bromoforme dans une étude sur seulement 128 cas. Les
concentrations dans ce groupe d'exposition présentent une fourchette étendue pour un THM qui se
retrouve habituellement en très faible proportion, le cas échéant, dans la plupart des sources d’eau
de surface. Comme le bromoforme peut constituer un artefact dans la surveillance des THM, il
faudrait valider les valeurs élevées obtenues. Ce résultat demeure cependant peu concluant à la
lumière des autres études de portée plus grande analysées.

Par contre Hildesheim et al. (1998) observent un risque excédentaire de cancer rectal
en fonction de la durée de l'exposition à l'eau traitée au chlore et de leur estimation de l’exposition
à long terme aux THM, l'association étant plus forte dans le premier cas. Il y a corrélation positive
entre l’évaluation de la taille de la population urbaine et l’exposition aux THM, mais corrélation
négative entre cette variable démographique et le risque de cancer rectal. Les résultats des études
épidémiologiques sur le cancer du rectum et l’exposition aux SPD par chloration présentent peu
de constance et le lien entre ces deux variables est faible dans les études évoquant une association
significative.

5.3. Cancer de la vessie 


Les douze études (dix études cas-témoins et deux études de cohorte) qui satisfont aux
critères de qualité énoncés pour pouvoir établir un lien de causalité par induction seront résumées
par la suite.
Étant donné le grand nombre d'études, dont plusieurs de qualité supérieure, partiellement
en mesure de produire des preuves de causalité sur le cancer de la vessie, la discussion portera sur

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les 12 études résumées à la figure (ANNEXE II). Celles-ci satisfont toutes au critère de
temporalité.
En ce qui concerne la constance, on observe une association positive entre les mesures
indiquant une exposition aux SPCs et le cancer de la vessie, sauf pour les groupes de femmes
étudiées par Cantor et al. (1998), Doyle et al. (1997) et Freedman et al. (1997). Sept études
fournissent des indicateurs positifs et statistiquement significatifs (Michaud; Bove; Villanueva;
Chevrier; Cantor; King et Marrett et McGeehin).
En raison de l’importante population exposée au chlore dans l'eau potable désinfectée, la
hausse relativement faible des risques estimés peut se traduire par un enjeu majeur de santé
publique. Sur la base de certaines des études susmentionnées, l’EPA estime que la fraction
étiologique du risque (FER) pour le cancer de la vessie se situerait entre 2 et 17 % ) ((Odom et
al., 1999).

Au Canada, on comptait 6 370 nouveaux cas de cancer de la vessie en 2004 (4 748


hommes et 1 622 femmes), ce qui porte à croire qu’une FER de 2 à 17 % pourrait représenter de
120 à 1 100 nouveaux cas de cancer de la vessie par année attribuables à 50 l'exposition aux
SPCs. Compte tenu des taux de survie actuels au Canada pour ce type de cancer, le nombre de
décès pourrait s’établir à de 30 à 240 par an.

6. L’effet des THMs sur la reproduction et le développement

Les premières études toxicologiques chez l’animal des effets potentiels néfastes des SPCs
sur la reproduction et le développement sont apparues dès 1974. Quatre revues de la littérature
toxicologique dans ce domaine ont été publiées à ce jour : (Mills et al. 1998), (Nieuwenhuijsen
et al. 2000a), (Graves et al. 2001) et sa mise à jour en 2006 (Tardiff et al. 2006). Nous
reprenons ici les résultats de ces deux dernières revues. La reprotoxicité concerne les effets sur la
fertilité, le développement fœtal, la durée de gestation, les malformations congénitales, les
avortements spontanés et fausses-couches, la mortalité in-utero.

7. Effets sur la croissance fœtale


Le chloroforme a été plusieurs fois dans la littérature associé à des petits poids de naissance
(Schwetz et al. 1974), (Thompson et al. 1974), (Murray et al. 1979), (Ruddick et al. 1983).
Dans ces études, réalisées sur plusieurs espèces animales (rat, souris, lapin), les doses
d’exposition étaient élevées, délivrées pas gavage ou inhalation (chloroforme) et associées à une
toxicité maternelle, les effets ne se manifestant pas pour des doses plus faibles (mais plus élevées
que celles correspondant à une exposition humaine via l’eau de boisson) (Graves et al. 2001).

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Chapitre III Les effets néfastes des THMs

Dans les mêmes études, en tenant compte de l’âge gestationnel (et mesurant ainsi le retard
de croissance intra-utérin), les résultats sont moins convergents et ne permettent pas de conclure.

8. Effets tératogènes, anomalies congénitales


Dans plusieurs études utilisant des niveaux et des voies d’exposition différents,
aucun effet n’a été observé pour le chloroforme, le bromoforme, le bromodichloro et
chlorodibromométhanes. Cependant, une étude a montré une association entre exposition au
chloroforme par inhalation chez la souris et des fentes palatines (à fortes doses). Des
malformations cardiaques ont été observées associées à une exposition à l’acide dichloro et
trichloroacétique et trois HANs. Les autres anomalies observées dans quelques études sont des
malformations du squelette associées avec le chloroforme.

9. Effets sur les morts fœtales in utero


Des effets de l’exposition à plusieurs SPCs en début de gestation sont suggérés par
différentes études animales. Des pertes fœtales ont été observé es associées à une exposition
maternelle à trois des THMs (CLF, BRF, BDCM) et autres sous-produits de chloration. De même,
des portées réduites ont été observées avec une exposition au CLF et au DBCM. D’autres effets
embryotoxiques ont été rapportés en association avec une exposition au chloroforme, le BDCM.
Des effets fœto-toxiques, apparaissant plus tardivement dans la gestation, ont été observés chez la
souris et le rat pour trois des THMs (CLF, BRF, DBCM), mais pas pour le BDCM. Encore une
fois, tous ces effets ont été observés suite à une exposition à des niveaux élevés qui ont généré
une toxicité maternelle.

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