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Chapitre 1 : Généralités

1.1. Définition
1.2. Nature et origine
1. Introduction
 De nombreux produits chimiques synthétiques utilisés
dans les secteurs industriels et agricoles sont
actuellement largement dispersés sous forme de
contaminants dans l’environnement.
 Les utilisations de ceux-ci incluent les pesticides, les
plastifiants, les antimicrobiens et les ignifugeants.
 Ces produits chimiques sont généralement stables dans
l’environnement et la plupart sont présents à des très
faibles concentrations.
 La population est exposée à ces produits chimiques
dans l’air, l’eau, les aliments, et aussi parfois comme
ingrédients dans les produits de consommation et de soins
personnels.
 Certains de ces produits chimiques ont un potentiel
important d’interférer avec les fonctions biologiques
normales et de causer des effets néfastes sur la santé.
 Omniprésents dans l’environnement, ces
produits chimiques peuvent interférer
avec les systèmes messagers hormonaux
complexes et soigneusement régulés de
notre corps en limitant ou en contrariant
les actions des hormones endogènes,
donnant lieu à des effets potentiellement à
long terme sur la santé.
 Ces produits chimiques sont appelés Perturbateurs
Endocriniens (PE) ou Endocrine Disruptors (EDs) en
anglo-saxonne.
1.2. Bref historique :Naissance d’une idée
-Années 1940 - 1990: Présence dans l’environnement
• Identification de substances naturelles où anthropiques
possédant des propriétés hormonales, en particulier
stéroïdiennes, in vitro ou in vivo
• Atteintes de la fonction de reproduction dans la faune
sauvage et domestique (gastropodes, reptiles, poisons,
oiseaux, mammifères) associés à des substances naturelles
ou d’origine anthropiques.
• L’auteure, Rachel Carson, a été la première à mettre
en garde le grand public des effets délétères des produits
chimiques sur l’environnement et les écosystèmes dans son
livre intitulé « silent spring ». Elle expose plus
particulièrement l’incidence négative du pesticide
synthétique DDT (Dichlorodiphényltrichloroéthane) sur la
reproduction des oiseaux et plus particulièrement sur leurs
atteintes testiculaires et la fragilisation de leurs coquilles.
• Chez l’Homme, les conséquences sont catastrophiques en lien
avec la prise de PE à des doses thérapeutiques.
• Depuis les années 1950, la qualité et la quantité des
spermatozoïdes chez les hommes ont diminué de 50 % et certaines
atteintes à la santé humaine sont en constante augmentation telle
que : les troubles de la fertilité, les malformations génitales, certains
cancers hormono-dépendants (cancer du sein, des ovaires, de la
prostate, des testicules), l’obésité, le diabète de type 2 et les troubles
neurocomportementaux (autisme, spectre de l’autisme TDA, Le
trouble de déficit de l’attention/hyperactivitéTDAH, difficulté
d’apprentissage, dépression). Un déséquilibre du ratio entre les
sexes démontrant une diminution des naissances masculines a aussi
été observé dans de nombreux pays.
-En 1991 :Un concept clair
• Invention officielle de l’expression

Perturbateur Endocrinien
PE
1.3. Définition :
Un perturbateur endocrinien, qu’est-ce que c’est ?

Les PE agissent principalement comme des mimétiques


(Analogues) des hormones naturelles, mais certains d'entre
eux peuvent antagoniser l'action ou modifier la synthèse, le
métabolisme et le transport des hormones endogènes,
provoquant une série de maladies développementales,
reproductives, neurologiques, immunitaires ou
métaboliques chez l'homme et la faune.
 Un des problèmes qui ont émergé dans la communauté
scientifique est l’absence d’une définition officielle
convenue du terme « perturbateur endocrinien ».
 La définition la plus largement acceptée d’un perturbateur
endocrinien est celle de l’Organisation Mondiale de la
Santé (OMS) en 2012 et de Weybridge European
Workshop (WEW) « Un perturbateur est une substance ou
un mélange de substances exogènes qui modifie la
fonction(s) du système endocrinien et, par conséquent,
entraîne des effets indésirables dans un organisme vivant
sain, chez sa progéniture ou au sein de (sous)-
• Cette définition « large » se compose de trois éléments :
(1) la substance doit provoquer des effets nocifs sur la santé
d'organismes intacts ; (2) elle doit altérer la fonction du
système endocrinien et (3) (1) doit être une conséquence de
(2). Par conséquent, pour identifier un PE par des tests de
toxicité, il faut (1) démontrer qu'un effet néfaste se produirait
in vivo, observable dans un système d'animaux d’essai ; (2)
démontrer le mécanisme par lequel la substance provoque
l'effet néfaste et (3) établir un lien plausible entre l'effet
néfaste et le mécanisme endocrinien.
• deux termes sont couramment utilisés en relation avec
les effets endocriniens, qui peuvent tous deux donner lieu à
la confusion. Il s’agit d’une:
 substance endocrinienne active
 substance perturbatrice endocrinienne potentielle.
.L’Environmental Protection Agency (EPA) des États-Unis
(1991) défini le PE en précisant le mécanisme comme « un
agent qui : interfère avec la synthèse, la sécrétion, le
transport, la liaison ou l’élimination des hormones
naturelles dans le corps qui sont responsables pour le
maintien de l’homéostasie, la reproduction, le
développement et/ou le comportement ».
• Il semble y avoir des différences significatives
entre la définition de l'EPA (américaine) et celle de
l'Europe, puisque l'EPA exige simplement une
interférence avec le système endocrinien, alors que la
définition européenne exige explicitement des
preuves in vivo qu'une substance cause effectivement
des dommages à l'organisme.
 Une récente déclaration de l' « Endocrine Society
statement » stipule que la capacité d'un produit chimique
à interférer avec l'action hormonale est un facteur
prédictif clair d'un résultat indésirable, approuvant la
définition de l'EPA qui se concentre sur sa capacité à
interférer avec l'action hormonale plutôt que de stipuler
un résultat indésirable.
Ainsi, le PE est défini plus simplement comme "un
produit chimique exogène, ou un mélange de
produits chimiques, qui interfère avec n'importe
quel aspect de l'action hormonale".

Un PE : Un mode d’action et non pas un


évènement de santé
 Sur la base de cette déclaration scientifique, les six
règles/mécanismes généraux suivants peuvent être
appliqués à la plupart des PE :
l'âge de l'exposition à un PE peut déterminer le
1 type de dommages causés à un organisme, et les
perturbations observées peuvent être très
différentes selon qu'il s'agit d'une exposition
fœtale/embryonnaire ou d'une exposition à l'âge
adulte.
Latence : Pour la plupart des PE, il existe une
2 période de latence ou de décalage entre
l'exposition et la manifestation de la maladie.
Cette période de latence peut varier en fonction
du type de PE, du dosage, de la voie d'exposition,
de la glande endocrine cible et de la durée
d'exposition. la maladie
Exposition
Combinaison de PE : Souvent, l'exposition
3 environnementale à une forme de PE est
susceptible d'être combinée à une exposition à un
autre PE ou à un mélange de différents PE, et les
effets de certaines combinaisons de PE peuvent
être synergiques ou additifs.
Dose d'exposition : les PE peuvent provoquer des
4 anomalies endocriniennes même à des doses
d'exposition minimales, lorsqu'ils sont exposés à
un moment crucial du développement d'un
organisme.
Courbe dose-réponse dynamique : les
5 interactions entre les PE et leur réponse cible
peuvent générer des courbes dose-réponse
typiques, telles que des courbes en forme de U ou
en forme de U inversé.
Transmission à la descendance : Un PE ne peut
6 affecter un organisme exposé, mais peut
également avoir des effets néfastes sur sa
progéniture, dont beaucoup sont probablement
médiés par des mécanismes épigénétiques.
1.4. Nature et origine :
1.4.1. Origine des PE :
• Les PE peuvent provenir de nombreuses sources
(origines) et pénétrer dans l'environnement par de
nombreuses voies.
• À partir de l'air, du sol et de l'eau, les PE entrent dans
la chaîne alimentaire et, comme la majorité de ces composés
sont lipophiles et persistants, ils ont le potentiel de se
bioaccumuler et de devenir une partie de la charge
corporelle d'une plante ou d'un animal et de se bioamplifier
à des niveaux trophiques plus élevés (Fig. 2).
Figure 2. Catégories de substances chimiques de certains
perturbateurs endocriniens potentiels (Khetan, 2014).
Dans l’eau :
 Les rejets des stations d'épuration municipales : ont été identifiés
comme des contributeurs importants de PE dans les eaux de surface,
ils contiennent :
 des hormones naturelles
 des œstrogènes pharmaceutiques excrétés par les humains dans les
toilettes des maisons (contraceptifs ou des molécules utilisées dans le
traitement de la stérilité),
 les produits pharmaceutiques et de soins personnels excrétés ou
éliminés du corps,
 les matières végétales,
 les articles traités avec des retardateurs de flamme,
d'autres produits d'entretien ménager
des pesticides
Les effluents industriels : qui utilisent des nettoyants contenant
des nonylphénols et des plastiques contenant du BPA
Les eaux de ruissellement hospitalières et pluviales :
contenant des PE.
Les ruissellements des champs agricoles et des élevages :
contenant des pesticides et des engrais peuvent contenir des
agents de surface œstrogéniques (par exemple, des éthoxylates
de nonylphénol)
les terres amendées avec du fumier (sources diffuses)
La figure. 3 résume les sources aquatiques des PE :

Figure. 3. Sources d'EDC dans les eaux environnementales (Khetan,


2014).
Dans l’air, sol et alimentation :
 Les dépôts atmosphériques de poussières,
 l'inhalation de gaz et de particules dans l'air
 l'ingestion d'aliments contaminés : migration de substances
depuis l'emballage, contamination des sols de cultures, résidus
hormonaux dans la viande,
 le contact avec la peau
Le tableau ci-dessous présente quelques exemples de substances
à effet PE et leurs sources (liste non exhaustive).
Tableau.1. Exemples de familles de molécules à effet perturbateur endocrinien et leurs
sources potentielles (Baldi et al., 2008).
Famille chimique Sources potentielles Exemples
Phtalates Plastiques, cosmétiques Dibutyl phtalate
Alkylphénols Détergents, plastiques, pesticides Nonylphenol
Hydrocarbures aromatiques polycycl Sources de combustion: fumée de Benzo(a)pyrène
iques cigarette, émission des moteurs
diesels, incendies
Polychlorobiphényles Transformateurs électriques PCB, Arochlor
Anciens pesticides Résiduels de stockage, pollution DDT, Dieldrine, Chlordane
rémanente
Autres pesticides Agriculture, nettoyages urbains, Atrazine, Ethylène thiourée,
jardins particuliers Heptachlor, Lindane, Malathion

Retardateurs de flamme Mousses pour les mobiliers, tapis, Polybromodiphényles (PBDE)


équipements électroniques

Dérivés phénoliques Désinfectants, plastiques, Bisphénol A, Parabens, Halogéno-


cosmétiques phénols
1.4.2. Nature des PE :
Les PE sont de nature très hétérogène et peuvent être classés de
deux façons.
• PE naturels : Les produits chimiques naturels présents dans
l’alimentation humaine et animale (p.phytoestrogène :
génistéine et coumestrol, acides gras 3-oméga).
• PE synthétisés (artificiels) : Ils peuvent être regroupés
comme suit :
 les solvants ou lubrifiants industriels et leurs sous-
produits (p.., biphényles polychlorés (BPC), biphényles
polybromés (BPB), dioxines), hydrocarbures aromatiques
polycycliques (HAP), pentachlorobenzène
Plastiques (p. ex., bisphénol A (BPA) PCLVP
Plastifiants
Pesticides (p. ex., dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT))
et fongicide (p. ex., vinclozoline)
Agents pharmaceutiques (p. ex., le diéthylstilbestrol
(DES), pilules contraceptives et médicaments pour la
thyroïde).
Références bibliographiques
1. Kabir, E. R., Rahman, M. S., & Rahman, I. (2015). A review on endocrine disruptors
and their possible impacts on human health. Environmental toxicology and
pharmacology, 40(1), 241-258.
2. Diamanti-Kandarakis, E., & Gore, A. C. (2012). Endocrine disruptors and puberty.
Humana Press,.
3. Khetan, S. K. (2014). Endocrine disruptors in the environment. John Wiley & Sons.
4. L Brevini, T. A., Zanetto, S. B., & Cillo, F. (2005). Effects of endocrine disruptors on
developmental and reproductive functions. Current Drug Targets-Immune, Endocrine
& Metabolic Disorders, 5(1), 1-10.
5. Baldi, I., Bard, D., Barouki, R., Benhamou, S., Bénichou, J., Bernier, M. O., ... &
Walschaerts, M. (2008). Cancer et environnement: expertise collective (Doctoral
dissertation, Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM)).

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