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DE LA RÉPONSE TOXIQUE
On sait depuis longtemps que chaque individu réagit différemment aux produits chimiques
présents dans l’environnement. L’explosion récente de la biologie moléculaire et de la
génétique a favorisé une meilleure compréhension des causes moléculaires d’une telle
variabilité. Les facteurs déterminants de cette réponse individuelle aux produits chimiques
incluent les différences importantes existant au niveau d’une dizaine de superfamilles
d’enzymes, baptisées enzymes métabolisant les xénobiotiques (étrangers à l’organisme) ou
enzymes métabolisant les médicaments. Bien qu’on leur ait longtemps prêté un pouvoir
détoxifiant, on sait maintenant que ces enzymes sont également capables de transformer de
nombreux composés inertes en intermédiaires fortement toxiques.
C’est l’interaction complexe de ces nombreuses superfamilles d’enzymes qui détermine non
seulement le devenir d’un produit chimique chez un individu donné et son potentiel de
toxicité, mais également l’évaluation de l’exposition. La superfamille des enzymes du
cytochrome P450 illustre les remarquables progrès accomplis dans la compréhension de la
réponse individuelle aux produits chimiques. Le développement de tests ADN relativement
simples identifiant les altérations des gènes spécifiques de ces enzymes permet maintenant de
prévoir de façon plus exacte la réponse individuelle à l’exposition à un produit chimique. On
peut espérer que ces tests conduiront au développement de la toxicologie préventive. Chaque
individu pourrait ainsi connaître les produits chimiques auxquels il serait particulièrement
sensible, ce qui lui éviterait de s’exposer à des produits dont on ne soupçonnait pas
auparavant qu’ils aient chez lui des effets toxiques, voire cancérogènes.
L’être humain est exposé tous les jours, bien souvent à son insu, à une multitude de produits
chimiques. Par exemple, plus de 400 agents ont été mis en évidence dans le vin rouge, La
cigarette ne produit au moins de 1 000 espèces chimiques différentes et les produits
cosmétiques et savons parfumés renferment un nombre incalculable de produits chimiques.
Dans l’agriculture, la situation n’est pas différente: pour traiter les terres cultivées on utilise
tous les ans plus de milliers agents chimiques sous forme de pesticides, d’herbicides et
d’engrais; ces produits sont captés par les plantes et les herbivores, ou les poissons dans les
eaux environnantes, avant d’être ingérés par l’être humain qui se trouve à la fin de la chaîne
alimentaire. Cette liste ne serait pas complète sans qu’on y ajoute deux autres sources
importantes de produits chimiques: a) les médicaments consommés de façon prolongée; b) les
substances dangereuses auxquelles les travailleurs sont exposés au cours de la vie active.
Il est maintenant établi que l’exposition aux produits chimiques peut avoir de nombreux effets
nocifs sur la santé humaine et entraîner l’apparition de maladies chroniques et de bien des
cancers. Des travaux effectués ces dix dernières années ont permis de mieux comprendre la
base moléculaire de ces relations. Ils ont aussi permis de prendre conscience des différences
individuelles de sensibilité aux effets nocifs des produits chimiques.
Le présent cours porte sur les facteurs génétiques à l’origine de la sensibilité individuelle à
l’exposition aux produits chimiques. Ce champ de recherche porte le nom général
d’écogénétique ou de pharmacogénétique (Kalow, 1962, 1992).
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La figure suivante illustre la relation dose-réponse hypothétique observée chez des individus
appartenant à une population donnée exposée à un toxique. Ce diagramme général pourrait
représenter un carcinome bronchique en fonction du nombre de cigarettes fumées, un asthme
en fonction des concentrations de l’air en ozone ou en aldéhyde, la diminution du temps de
coagulation en fonction de la consommation d’aspirine. Généralement, pour chacun de ces
cas, plus l’exposition est importante, plus la réponse toxique est intense. La majorité de la
population présentera une réponse toxique moyenne avec son écart-type en fonction de la
dose. Le sujet «hyperrésistant» (en bas à droite dans la figure ) est celui qui répond le moins
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aux expositions ou aux doses plus élevées, le sujet «hypersensible» (en haut à gauche) étant
celui qui répond de façon excessive à une exposition ou à une dose relativement faibles. Ces
sujets hors norme, réagissant de manière très différente par rapport à la majorité des individus
de la population, représentent des variants génétiques importants qui peuvent aider les
scientifiques à comprendre les mécanismes moléculaires sous-jacents responsables de la
réponse toxique.
Figure 33.3 Relation générale entre réponse toxique et dose pour tout agent chimique
ou physique présent dans l'environnement
Les réactions de phase I sont principalement gérées par une superfamille d’enzymes
hautement polyvalentes, appelées cytochromes P450, bien que d’autres superfamilles
d’enzymes puissent également intervenir
Le foie est le principal organe du métabolisme des xénobiotiques, bien qu’on trouve aussi
certaines enzymes participant à leur métabolisme à un taux assez élevé dans le tractus gastro-
intestinal, les gonades, le poumon, le cerveau et les reins, ainsi qu’en plus ou moins grande
quantité dans toute cellule vivante.
En génétique humaine, chaque gène (locus) est localisé sur l’une des 23 paires de
chromosomes. Les deux allèles (un présent sur chaque chromosome de la paire) peuvent être
identiques, mais ils peuvent aussi être différents l’un de l’autre. Par exemple, les
allèles B et b, où B (yeux marron) est dominant par rapport à b (yeux bleus): les individus de
phénotype yeux marron peuvent avoir comme génotype soit BB soit Bb, alors que les
individus de phénotype yeux bleus peuvent seulement avoir le génotype bb.
Histoire et nomenclature
La superfamille des cytochromes P450 est l’une des superfamilles d’enzymes du métabolisme
des médicaments qui a été le plus étudiée, en raison des disparités individuelles importantes
qui caractérisent la réponse aux produits chimiques. Le terme cytochrome P450 est une
désignation générique commode, employée pour définir cette grande superfamille d’enzymes
essentielles au métabolisme d’innombrables substrats endogènes et exogènes. Les gènes du
P450 sont divisés en familles et en sous-familles.
Les gènes du P450 sont caractérisés par un symbole commun, CYP, suivi d’un chiffre arabe
désignant la famille P450, puis d’une lettre spécifiant la sous-famille et d’un autre chiffre
arabe propre au gène individuel ; Ainsi, CYP1A1 représente le gène P450 1 dans la famille 1,
sous-famille A.
La superfamille des gènes P450 des mammifères a été divisée en trois groupes, ceux qui
interviennent surtout dans le métabolisme des xénobiotiques et ceux qui participent à la
synthèse de diverses hormones stéroïdes d’une part, et à d’autres fonctions endogènes
importantes, de l’autre. Ce sont les enzymes du P450 métabolisant les xénobiotiques qui sont
les plus intéressantes sur le plan de la toxicité.
Les enzymes P450 intervenant dans le métabolisme des produits exogènes et des
médicaments sont presque toujours présentes dans les familles CYP1, CYP2, CYP3 et CYP4.
Ces enzymes P450 catalysent de nombreuses réactions métaboliques, un seul cytochrome
P450 étant souvent capable de métaboliser plusieurs composés différents. De plus, des
enzymes P450 multiples peuvent métaboliser un composé sur différents sites. Un composé
peut également être métabolisé au niveau d’un site unique par plusieurs P450, mais à des
vitesses variables.
Les enzymes P450 métabolisant les médicaments sont dotés d’une propriété importante:
beaucoup de ces gènes sont inductibles par les substances mêmes qui leur servent de substrat.
Mais d’autres enzymes P450 sont induites par des molécules non substrat. Ce phénomène
d’induction enzymatique est à la base de nombreuses interactions médicamenteuses,
importantes du point de vue thérapeutique.
La sous-famille CYP1A
La sous-famille CYP1A comprend deux enzymes chez l’humain et tous les autres
mammifères. Ces enzymes, appelées CYP1A1 et CYP1A2 dans la nomenclature officielle,
revêtent un intérêt considérable, car elles participent à l’activation métabolique de nombreux
procancérogènes et sont également induites par plusieurs composés posant des problèmes sur
le plan toxicologique.
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CYP2C19
On sait depuis longtemps que les individus ne métabolisent pas tous à la même vitesse le
médicament anticonvulsivant (S)-méphénytoïne. A cause d’une déficience, entre 2 et 5% des
Caucasiens et jusqu’à 25% des Asiatiques présentent un plus grand risque de réaction toxique
à ce médicament.
CYP2D6
La variation sans doute la mieux caractérisée d’un gène P450 est celle du CYP2D6. Plus
d’une dizaine de cas de mutations, de réarrangements et de délétions touchant ce gène ont été
décrits.
On sait maintenant que les altérations du gène CYP2D6 permettent non seulement de
distinguer les individus qui métabolisent lentement ou rapidement la débrisoquine, mais aussi
ceux qui ont un métabolisme ultrarapide.
Le CYP2E1
Le gène CYP2E1 code pour une enzyme qui métabolise de nombreux produits chimiques, en
particulier des médicaments et de nombreux cancérogènes de faible poids moléculaire. Cette
enzyme, fortement inductible par l’alcool, peut jouer un rôle dans les lésions hépatiques
produites par des produits chimiques tels que le chloroforme, le chlorure de vinyle ou le
tétrachlorure de carbone.
La sous-famille CYP3A
Chez l’humain, quatre enzymes ont été identifiées dans la sous-famille CYP3A en raison de la
similitude de leur séquence en acides aminés. Les enzymes duCYP3A métabolisent de
nombreux médicaments couramment prescrits comme l’érythromycine et la cyclosporine.
L’aflatoxine B1, contaminant cancérogène des produits alimentaires, est également un substrat
du CYP3A.
Conclusion
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La dernière décennie a été marquée par des progrès remarquables dans la compréhension des
bases génétiques de la réponse individuelle aux produits chimiques présents dans les
médicaments, les aliments et les polluants environnementaux. Les enzymes métabolisant les
médicaments ont une profonde influence sur la manière dont les individus réagissent aux
produits chimiques. Au cours des années à venir, nous allons sans doute parvenir à identifier
une multitude d’autres polymorphismes (phénotypes) impliquant des enzymes du
métabolisme des médicaments. Ces informations seront le fruit de la mise en œuvre de
techniques ADN améliorées, peu invasives, permettant d’identifier les génotypes dans la
population humaine.
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Les exemples suivants constituent une bonne illustration des effets aigus que l’on
peut observer après une dose élevée pouvant entraîner la mort ou une incapacité
grave. Dans certains cas, les effets peuvent être transitoires et complètement
réversibles après traitement. Ils sont fonction de la dose ou de la sévérité de
l’exposition.
Effets cutanés. Les effets nocifs au niveau de la peau vont, selon la substance en
cause, de l’irritation à la corrosion. Les solutions acides et basiques fortes sont
corrosives pour les tissus vivants et provoquent des brûlures chimiques avec
cicatrices résiduelles.
Bien que la liste ci-dessus soit loin d’être exhaustive, elle doit permettre d’avoir un
aperçu des divers mécanismes possibles de toxicité aiguë.
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Mécanismes du cancer. Le cancer est une pathologie très hétérogène, et, bien que
l’on commence à comprendre certains de ses mécanismes grâce aux techniques de
biologie moléculaire mises au point depuis 1980, il reste encore beaucoup à
apprendre. On sait de façon certaine que le cancer se développe selon un processus
multiétapes et que des gènes critiques sont à l’origine de différents types de cancer.
Des lésions de l’ADN (mutations somatiques) au niveau de ces gènes critiques
peuvent être responsables d’une sensibilité accrue ou de l’apparition de lésions
cancéreuses. Il est clair que la génétique est un facteur important dans le cancer,
ainsi que le démontrent certaines maladies génétiques comme le xeroderma
pigmentosum, où l’absence de mécanisme de réparation de l’ADN accroît
sensiblement le risque de cancer cutané après une exposition aux rayonnements
ultraviolets.
4.3.1. Définitions
La lésion cellulaire
Les lésions létales entraînent la mort cellulaire après une période qui varie en
fonction de la température, du type cellulaire et du stimulus; elles peuvent
également être sublétales ou chroniques — la lésion n’aboutissant pas dans ce cas
à. Ces processus se poursuivent jusqu’à ce qu’ils atteignent un état d’équilibre
physico-chimique avec l’environnement; cette phase porte le nom de nécrose.
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L’apoptose
Le terme apoptose est dérivé du grec apo, signifiant «point éloigné», et ptosis,
«chute». Il désigne le phénomène de condensation des cellules et de formation de
protubérances à la périphérie qui survient à la faveur de ce changement prélétal.
Ces protubérances se détachent ensuite et dérivent à l’état libre.
La nécrose
Les mécanismes
Le stimulus initial
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Lors des atteintes létales, les interactions initiales les plus habituelles conduisant à
la mort cellulaire sont celles qui perturbent d’une part le métabolisme énergétique.
Il est un autre type habituel de lésion initiale évoluant rapidement vers la mort
cellulaire: la modification des fonctions membranaires plasmiques..
Bien que les mutations ne soient pas nécessairement dangereuses, les altérations
provoquant l’inactivation ou la surexpression de gènes importants peuvent aboutir à
des troubles divers, dont le cancer, à des maladies héréditaires, des anomalies du
développement, une stérilité ou la mort embryonnaire ou périnatale. Il est rare
qu’une mutation entraîne un prolongement de la vie; ces événements forment la
base de la sélection naturelle.
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Bien que certains produits chimiques réagissent directement avec l’ADN, la plupart
ont besoin pour cela d’une activation métabolique.
La modification de l’ADN est plus inquiétante étant donné le rôle central que joue
cette molécule dans la régulation de la croissance et de la différenciation tout au
long des générations cellulaires successives.
Figure 33.12 Sites primaires des lésions sur l'ADN induites chimiquement
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L’ADN endommagé ou que les cellules dont l’ADN est endommagé ne sont pas
capables de survivre. Durant la réparation, la base endommagée, le nucléotide ou la
courte séquence de nucléotides autour du site lésé sont supprimés et, grâce au brin
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opposé qui sert de matrice, une nouvelle séquence d’ADN est synthétisée et mise
en place. Pour être efficace, la réparation de l’ADN doit s’effectuer avant la
division cellulaire et avoir une grande précision, pour éviter toute possibilité de
propager une mutation.
Des études cliniques ont montré que les sujets présentant des déficits héréditaires
des mécanismes de réparation de l’ADN manifestent fréquemment un cancer ou
des anomalies du développement à un âge précoce.
Tableau 33.5 Exemples de produits chimiques génotoxiques pour des cellules humaines
Depuis 1971, plus de 1000 agents ont ainsi été évalués parmi lesquels 500 ont été classés comme étant
cancérogènes ou potentiellement cancérogènes pour l’être humain.
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Le CIRC définit 4 groupes (de 1 à 4) correspondant à des degrés d'indication de cancérogénicité pour l’être
humain. Le deuxième est subdivisé en groupe 2A et 2B.Ces groupes sont les suivants :
On peut aussi classer les cancérogènes selon leur mécanisme d’action en cancérogènes
primaires et secondaires. Les cancérogènes primaires sont directement génotoxiques, alors
que les cancérogènes secondaires n’agissent pas directement sur le DNA.
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Chapitre 6 : L’IMMUNOTOXICOLOGIE
Le système immunitaire a pour fonction de protéger l’organisme contre les agents
infectieux qui peuvent l’envahir et d’assurer une surveillance immunologique vis-à-
vis des cellules tumorales naissantes. Il constitue une première ligne de défense non
spécifique capable d’amorcer des réactions effectrices et une voie spécifique
acquise dans laquelle les lymphocytes et les anticorps possèdent une spécificité leur
permettant de reconnaître l’antigène puis d’y réagir.
1. Le système immunitaire
Une première ligne de défense contre les micro-organismes est assurée par une
barrière physique et chimique: la peau et le tractus respiratoire ou digestif. Cette
barrière est secondée par des mécanismes de protection non spécifiques comprenant
les cellules phagocytaires (macrophages et leucocytes polynucléaires), capables de
tuer les agents pathogènes, et les cellules tueuses naturelles, qui peuvent lyser les
cellules tumorales et les cellules infectées par des virus. Le système du complément
et certains inhibiteurs microbiens (par exemple, le lysozyme) prennent également
part à la réponse immunitaire.
L’immunité spécifique
Après un premier contact entre l’hôte et un agent pathogène, on assiste à une série
de réponses immunitaires spécifiques. Ce qui caractérise cette seconde ligne de
défense c’est qu’elle est capable de distinguer les déterminants antigéniques, ou
épitopes, des agents pathogènes grâce à des récepteurs présents à la surface des
lymphocytes B et T. Après interaction avec les antigènes spécifiques, la cellule
portant ce récepteur est stimulée, ce qui provoque sa prolifération et sa
différenciation et aboutit à un clone de cellules filles propres à l’antigène
responsable. Les réponses immunitaires spécifiques complètent la défense non
spécifique opposée aux agents pathogènes en stimulant l’efficacité des réponses
non spécifiques. L’immunité spécifique a pour caractéristique fondamentale de
créer une mémoire. Une seconde exposition au même antigène provoque une
réponse mieux régulée, plus rapide et plus intense.
Le génome n’est pas à même de contenir les codes de l’ensemble des récepteurs
antigéniques dont il faut disposer pour reconnaître les nombreux antigènes pouvant
être rencontrés. Le répertoire de spécificité se développe selon un processus de
réarrangement génique qui est le pur fruit du hasard. Diverses spécificités
apparaissent, dont certaines sont indésirables lorsqu’elles sont dirigées contre les
composants du soi. Un processus de sélection au niveau du thymus (cellules T) ou
de la moelle osseuse (cellules B) intervient pour éliminer ces spécificités
indésirables.
Immunité à médiation humorale. Dans cette voie humorale, les lymphocytes B sont
stimulés après la reconnaissance de l’antigène par les récepteurs de surface. Les
récepteurs antigéniques sur les lymphocytes B sont des immunoglobulines (Ig). Les
cellules B matures (cellules plasmatiques) commencent à produire des
immunoglobulines spécifiques de l’antigène, qui agissent comme anticorps au
niveau sérique et au niveau des surfaces muqueuses. On distingue cinq catégories
principales d’immunoglobulines: 1) l’IgM, immunoglobuline pentamère, à capacité
optimale d’agglutination, la première à être produite après une stimulation
antigénique; 2) l’IgG, principale immunoglobuline dans la circulation, qui peut
passer dans le placenta; 3) l’IgA, immunoglobuline sécrétoire pour la protection
des surfaces muqueuses; 4) l’IgE, immunoglobuline fixée sur les mastocytes ou les
granulocytes basophiles, impliquée dans les réactions d’hypersensibilité immédiate;
5) l’IgD, dont la fonction essentielle est identique à celle d’un récepteur sur les
lymphocytes B.
2.2. L’allergie
On peut dire de l’allergie qu’il s’agit d’un effet indésirable pour la santé résultant
de l’induction excessive d’une réponse immunitaire spécifique. Lorsque des
réactions d’hypersensibilité se produisent sans la participation du système
immunitaire, on parle de pseudo-allergie. Dans le contexte de
l’immunotoxicologie, l’allergie est due à une réponse immunitaire spécifique à des
produits chimiques ou à des médicaments. Le pouvoir de sensibilisation d’un
produit chimique chez l’individu est généralement lié à sa capacité de liaison
covalente aux protéines de l’organisme.
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Les réactions allergiques peuvent être de plusieurs types, qui diffèrent selon le
mécanisme immunologique sous-jacent et la vitesse de la réaction. On distingue
quatre types principaux de réactions allergiques:
Les deux types d’allergie chimique les plus importants pour la santé en milieu de
travail sont la sensibilisation de contact ou allergie cutanée et l’allergie respiratoire.
chimique inducteur. Les anticorps IgE sont distribués par voie systémique et se
lient, par l’intermédiaire des récepteurs membranaires, aux mastocytes présents
dans les tissus vascularisés, en particulier dans le tractus respiratoire. Lorsque le
même produit est inhalé de nouveau, une réaction d’hypersensibilité respiratoire se
déclenche. L’allergène se lie à une protéine et se fixe en même temps aux anticorps
IgE portés par les mastocytes. Suivent alors une dégranulation des mastocytes et la
sécrétion des médiateurs de l’inflammation tels que l’histamine et les leucotriènes.
Ces médiateurs sont responsables de la bronchoconstriction et de la vasodilatation,
donnant lieu aux symptômes de l’allergie respiratoire: asthme ou rhinite. Parmi les
produits chimiques connus pour induire chez l’humain une hypersensibilité
respiratoire, il faut citer les anhydrides d’acides (comme l’anhydride trimellitique),
certains diisocyanates (TDI, par exemple), les sels de platine et des colorants.
L’exposition chronique au béryllium est également connue pour provoquer une
pathologie pulmonaire d’hypersensibilité.
2.3.L’auto-immunité