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INTOXICATION MÉDICAMENTEUSE
❖ INTRODUCTION :
LES OBJECTIFS, LE CONTEXTE ET LES ENJEUX DE
L'INTOXICATION MÉDICAMENTEUSE :
L’intoxication médicamenteuse est un problème de santé publique majeur, qui
touche des millions de personnes chaque année, dans le monde entier.
Elle se définit comme l’ingestion ou l’exposition accidentelle ou
volontaire à une substance médicamenteuse, à une dose supérieure
à la dose thérapeutique ou à une dose toxique pour l’organisme.
Elle peut entraîner des effets indésirables graves, voire mortels, sur les
fonctions vitales, les systèmes nerveux, cardiovasculaire, respiratoire,
hépatique, rénal, etc. Elle peut également avoir des conséquences
psychologiques, sociales et juridiques, pour la personne intoxiquée et son
entourage. Les causes des intoxications médicamenteuses sont multiples et
variées. Elles peuvent être liées à une erreur de prescription, de dispensation,
d’administration ou de prise du médicament, à une interaction médicamenteuse,
à une automédication, à une tentative de suicide, à une dépendance, à un abus
ou à un mésusage du médicament, à une exposition professionnelle ou
environnementale, etc. Les profils des personnes intoxiquées sont également
diversifiés, allant des enfants aux personnes âgées, en passant par les femmes
enceintes, les personnes souffrant de pathologies chroniques, les professionnels
de santé, les usagers de drogues, etc.
Face à ce phénomène complexe et préoccupant, il est nécessaire de disposer de
connaissances approfondies sur les aspects épidémiologiques,
physiopathologiques, cliniques, diagnostiques, thérapeutiques et préventifs des
intoxications médicamenteuses. C’est l’objectif de ce cours, qui se propose de
répondre aux questions suivantes : Qu’est-ce qu’une intoxication
médicamenteuse ? Quelle est sa fréquence, ses causes, ses conséquences ?
Comment la reconnaître, la confirmer, la traiter ? Comment la prévenir ? Pour
cela, nous allons d’abord définir les termes clés, tels qu'intoxication, toxique,
médicament, toxicocinétique, toxicodynamique, etc. Ensuite, nous allons
présenter les données épidémiologiques, en France et dans le monde, sur la
fréquence, les causes, les profils et les conséquences des intoxications
médicamenteuses. Puis, nous allons expliquer les mécanismes physiologiques et
biochimiques impliqués dans les intoxications médicamenteuses, selon les types
de toxiques et les organes cibles. Après, nous allons décrire les signes et les
symptômes des intoxications médicamenteuses, selon les types de toxiques et
les syndromes associés (opioïde, anticholinergique, adrénergique, etc.). Enfin,
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GROUPE : I EN TOXICOLOGIE
nous allons présenter les méthodes et les critères de diagnostic des intoxications
médicamenteuses, en fonction de la clinique, de l’ECG, du bilan biologique et
du bilan toxicologique, ainsi que les principes et les modalités de prise en
charge des intoxications médicamenteuses, selon la gravité, le traitement
symptomatique, le traitement spécifique, le traitement évacuateur, le traitement
épurateur et le traitement antidotique. Nous terminerons par proposer des
mesures de prévention des intoxications médicamenteuses, au niveau individuel,
familial, professionnel et sociétal, et par résumer les points essentiels, répondre
aux objectifs, ouvrir des perspectives et des questions.
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❖ L’ÉPIDÉMIOLOGIE :
L’épidémiologie des intoxications médicamenteuses est l’étude de la fréquence,
des causes, des profils et des conséquences de ces intoxications, en Guinée et
dans le monde. Elle permet de mesurer l’ampleur du problème, d’identifier les
facteurs de risque, de prévenir les situations dangereuses et d’adapter les
stratégies de prise en charge.
En Guinée, les données sur les intoxications médicamenteuses sont limitées et
peu actualisées. Selon une étude menée en 2018 dans le service de réanimation
du CHU Ignace Deen de Conakry, sur 1 024 patients admis, 76 (7,4 %)
présentaient une intoxication médicamenteuse, dont 47 (61,8 %) volontaire et
29 (38,2 %) accidentelle. Les médicaments les plus impliqués étaient les
antipaludéens, les antalgiques, les antihypertenseurs et les antidiabétiques. Les
femmes représentaient 60,5 % des cas et les jeunes adultes (20-29 ans) 40,8 %.
Le taux de mortalité était de 14,5 %1. Les causes des intoxications
médicamenteuses en Guinée sont liées à la faible réglementation, au manque de
contrôle et de surveillance des médicaments, à la prévalence de la contrefaçon, à
la mauvaise qualité et à la surconsommation des médicaments, ainsi qu’au
faible accès aux soins et aux antidotes. Les conséquences des intoxications
médicamenteuses sont graves, entraînant des décès, des handicaps, des coûts
économiques et sociaux élevés, et une perte de confiance dans le système de
santé. Dans le monde, les intoxications médicamenteuses sont également un
problème de santé publique majeur, qui touche tous les pays et toutes les
populations. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il y aurait
environ 1,8 million de décès par an dus aux intoxications, dont 20 % seraient
attribuables aux médicaments. Les pays à revenu faible ou intermédiaire sont les
plus touchés, en raison du manque de réglementation, de contrôle et de
surveillance des médicaments, de la prévalence de la contrefaçon, de la
mauvaise qualité et de la surconsommation des médicaments, ainsi que du faible
accès aux soins et aux antidotes.
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GROUPE : I EN TOXICOLOGIE
L’âge : les enfants et les personnes âgées sont plus vulnérables aux effets
indésirables des médicaments.
Les pathologies associées : certaines maladies peuvent altérer le métabolisme
ou l’élimination des médicaments, ou augmenter leur toxicité.
Les interactions médicamenteuses : la prise simultanée de plusieurs
médicaments peut entraîner des effets additifs, synergiques ou antagonistes,
modifiant l’efficacité ou la toxicité des substances.
Les facteurs génétiques : certaines variations génétiques peuvent influencer la
réponse individuelle aux médicaments, notamment au niveau des enzymes
impliquées dans leur transformation ou leur transport.
Les facteurs environnementaux : l’alimentation, le tabac, l’alcool, ou d’autres
substances peuvent interférer avec l’action ou l’élimination des médicaments.
Les types d’intoxication médicamenteuse peuvent être classés selon deux
critères : l’origine et la gravité.
Selon l’origine, on distingue :
Les intoxications médicamenteuses accidentelles : elles surviennent lors
d’une erreur de manipulation, de conservation, ou de prise du médicament, sans
intention de nuire. Elles sont plus fréquentes chez les enfants, qui peuvent
ingérer des médicaments par curiosité ou par confusion avec des bonbons.
Les intoxications médicamenteuses volontaires : elles résultent d’un acte
délibéré de prendre une dose excessive de médicament, dans un but suicidaire,
récréatif, ou thérapeutique. Elles sont plus fréquentes chez les adolescents et les
adultes, et peuvent être associées à des troubles psychiatriques, des conflits
familiaux, ou des problèmes sociaux.
Selon la gravité, on distingue :
- Les intoxications médicamenteuses bénignes : elles se manifestent par des
symptômes mineurs et transitoires, qui ne mettent pas en danger la vie du
patient. Elles peuvent être traitées par des mesures simples, comme la
surveillance, l’hydratation, ou l’administration d’un antidote spécifique.
- Les intoxications médicamenteuses graves : elles se caractérisent par des
symptômes sévères et persistants, qui peuvent entraîner des complications
potentiellement mortelles. Elles nécessitent une prise en charge urgente, souvent
en milieu hospitalier, avec des mesures de réanimation, de décontamination, ou
d’épuration. Les conséquences des intoxications médicamenteuses sont
également dramatiques, entraînant des décès, des handicaps, des coûts
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❖ LA PHYSIOPATHOLOGIE DES
INTOXICATIONS MÉDICAMENTEUSES :
La physiopathologie des intoxications médicamenteuses est l’étude des
mécanismes physiologiques et biochimiques impliqués dans les effets nocifs des
médicaments sur l’organisme, selon les types de toxiques et les organes cibles.
Elle permet de comprendre comment un médicament peut altérer le
fonctionnement normal des cellules, des tissus et des systèmes, et provoquer des
symptômes, des complications et des séquelles.
Les mécanismes physiopathologiques des intoxications médicamenteuses
dépendent de plusieurs facteurs, tels que la dose, la durée, la voie d’exposition,
la biodisponibilité, le métabolisme, la distribution, l’élimination, la liaison aux
récepteurs, la modulation des signaux, l’interaction avec d’autres médicaments
ou substances, la sensibilité individuelle, etc.
Ils peuvent être classés en deux grandes catégories :
- Les mécanismes pharmacodynamiques : ils sont liés à l’action du
médicament sur sa cible biologique, qui peut être un récepteur, une enzyme, un
canal ionique, un transporteur, un gène, etc. Ils peuvent entraîner une
stimulation ou une inhibition excessive, une perturbation de l’équilibre
physiologique, une interférence avec les voies de signalisation, une
modification de l’expression génique, etc. Par exemple, une intoxication aux
opioïdes peut provoquer une dépression respiratoire par l’activation des
récepteurs opioïdes dans le tronc cérébral, qui inhibent les centres respiratoires.
- Les mécanismes non pharmacodynamiques : ils sont liés à l’effet du
médicament sur des structures ou des fonctions non ciblées, qui peuvent être des
membranes cellulaires, des protéines plasmatiques, des enzymes oxydatives, des
radicaux libres, des cytokines, etc. Ils peuvent entraîner une altération de la
perméabilité, une modification de la structure, une induction du stress oxydatif,
une activation de l’inflammation, une apoptose ou une nécrose cellulaire, etc.
Par exemple, une intoxication au paracétamol peut provoquer une
hépatotoxicité par la formation de métabolites réactifs, qui se lient aux protéines
hépatiques et déclenchent la mort cellulaire.
Les organes cibles des intoxications médicamenteuses sont les organes qui sont
les plus exposés ou les plus sensibles aux effets des médicaments. Ils peuvent
être uniques ou multiples, selon le type de médicament, sa distribution, son
métabolisme, son élimination, etc. Les principaux organes cibles sont le
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GROUPE : I EN TOXICOLOGIE
❖ SIGNES CLINIQUES
DÉCRIRE LES SIGNES ET LES SYMPTÔMES DES INTOXICATIONS
MÉDICAMENTEUSES, SELON LES TYPES DE TOXIQUES ET LES SYNDROMES
ASSOCIÉS (OPIOÏDE, ANTICHOLINERGIQUE, ADRÉNERGIQUE, ETC.).
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❖ DIAGNOSTIC
PRÉSENTATION DES MÉTHODES ET LES CRITÈRES DE
DIAGNOSTIC DES INTOXICATIONS MÉDICAMENTEUSES, EN
FONCTION DE LA CLINIQUE, DE L’ECG, DU BILAN BIOLOGIQUE
ET DU BILAN TOXICOLOGIQUE.
Le diagnostic des intoxications médicamenteuses repose sur plusieurs éléments,
qui doivent être recueillis et analysés de façon systématique et rapide. Ces
éléments sont :
- La clinique : elle permet d’évaluer l’état de conscience, les fonctions vitales,
les signes neurologiques, les signes cutanés, les signes digestifs, les signes
respiratoires, les signes cardiovasculaires et les signes d’un syndrome toxique.
Elle doit être complétée par un examen physique complet et un interrogatoire du
patient ou de son entourage, si possible, pour connaître le type, la dose, le délai
et les circonstances de l’ingestion du toxique.
- L’ECG : il permet de détecter les anomalies du rythme cardiaque, de la
conduction, de la repolarisation et de l’axe électrique, qui peuvent être
provoquées par certains toxiques, tels que les antidépresseurs tricycliques, les
digitaliques, les bêta-bloquants, les antiarythmiques, etc. Il doit être réalisé dès
l’arrivée du patient et répété régulièrement en fonction de l’évolution clinique.
- Le bilan biologique : il comprend un ionogramme sanguin, une glycémie, une
gazométrie artérielle, une créatininémie, une calcémie, une phosphorémie, une
lactatémie, une bilirubinémie, des transaminases, une protidémie, une
hémoglobine, un hématocrite, une numération formule sanguine, un temps de
prothrombine, un temps de céphaline activée, un fibrinogène et un dosage de
l’acide acétylsalicylique. Il permet de dépister les troubles hydroélectrolytiques,
acido-basiques, métaboliques, hépatiques, rénaux, hématologiques et de la
coagulation, qui peuvent être induits ou aggravés par certains toxiques, tels que
le paracétamol, les salicylés, le méthanol, l’éthylène glycol, les anticoagulants,
etc. Il doit être réalisé dès l’arrivée du patient et répété en fonction de
l’évolution clinique et du type de toxique.
- Le bilan toxicologique : il comprend un dosage plasmatique ou urinaire des
toxiques et de leurs métabolites, qui permet de confirmer ou d’infirmer la
présence d’un toxique, d’évaluer sa concentration, sa cinétique et son potentiel
toxique. Il peut être réalisé par des techniques chromatographiques,
immunologiques, enzymatiques ou spectrométriques, selon la disponibilité et la
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spécificité du toxique. Il doit être réalisé le plus tôt possible après l’ingestion du
toxique et répété en fonction de l’évolution clinique et du type de toxique.
NB : Ces éléments diagnostiques doivent être interprétés de façon globale et
comparative, en tenant compte de la clinique, du contexte, du délai et du type de
toxique. Ils permettent de poser le diagnostic d’intoxication médicamenteuse,
d’évaluer sa gravité, son pronostic et sa prise en charge.
❖ LA PRISE EN CHARGE :
EXPOSER LES PRINCIPES ET LES MODALITÉS DE PRISE EN CHARGE DES
INTOXICATIONS MÉDICAMENTEUSES, SELON LA GRAVITÉ, LE
TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE, LE TRAITEMENT SPÉCIFIQUE, LE
TRAITEMENT ÉVACUATEUR, LE TRAITEMENT ÉPURATEUR ET LE
TRAITEMENT ANTIDOTIQUE :
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❖ PRÉVENTION
PROPOSER DES MESURES DE PRÉVENTION DES INTOXICATIONS
MÉDICAMENTEUSES, AU NIVEAU INDIVIDUEL, FAMILIAL, PROFESSIONNEL
ET SOCIÉTAL :
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