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GROUPE : I EN TOXICOLOGIE

INTOXICATION MÉDICAMENTEUSE
❖ INTRODUCTION :
LES OBJECTIFS, LE CONTEXTE ET LES ENJEUX DE
L'INTOXICATION MÉDICAMENTEUSE :
L’intoxication médicamenteuse est un problème de santé publique majeur, qui
touche des millions de personnes chaque année, dans le monde entier.
Elle se définit comme l’ingestion ou l’exposition accidentelle ou
volontaire à une substance médicamenteuse, à une dose supérieure
à la dose thérapeutique ou à une dose toxique pour l’organisme.
Elle peut entraîner des effets indésirables graves, voire mortels, sur les
fonctions vitales, les systèmes nerveux, cardiovasculaire, respiratoire,
hépatique, rénal, etc. Elle peut également avoir des conséquences
psychologiques, sociales et juridiques, pour la personne intoxiquée et son
entourage. Les causes des intoxications médicamenteuses sont multiples et
variées. Elles peuvent être liées à une erreur de prescription, de dispensation,
d’administration ou de prise du médicament, à une interaction médicamenteuse,
à une automédication, à une tentative de suicide, à une dépendance, à un abus
ou à un mésusage du médicament, à une exposition professionnelle ou
environnementale, etc. Les profils des personnes intoxiquées sont également
diversifiés, allant des enfants aux personnes âgées, en passant par les femmes
enceintes, les personnes souffrant de pathologies chroniques, les professionnels
de santé, les usagers de drogues, etc.
Face à ce phénomène complexe et préoccupant, il est nécessaire de disposer de
connaissances approfondies sur les aspects épidémiologiques,
physiopathologiques, cliniques, diagnostiques, thérapeutiques et préventifs des
intoxications médicamenteuses. C’est l’objectif de ce cours, qui se propose de
répondre aux questions suivantes : Qu’est-ce qu’une intoxication
médicamenteuse ? Quelle est sa fréquence, ses causes, ses conséquences ?
Comment la reconnaître, la confirmer, la traiter ? Comment la prévenir ? Pour
cela, nous allons d’abord définir les termes clés, tels qu'intoxication, toxique,
médicament, toxicocinétique, toxicodynamique, etc. Ensuite, nous allons
présenter les données épidémiologiques, en France et dans le monde, sur la
fréquence, les causes, les profils et les conséquences des intoxications
médicamenteuses. Puis, nous allons expliquer les mécanismes physiologiques et
biochimiques impliqués dans les intoxications médicamenteuses, selon les types
de toxiques et les organes cibles. Après, nous allons décrire les signes et les
symptômes des intoxications médicamenteuses, selon les types de toxiques et
les syndromes associés (opioïde, anticholinergique, adrénergique, etc.). Enfin,
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nous allons présenter les méthodes et les critères de diagnostic des intoxications
médicamenteuses, en fonction de la clinique, de l’ECG, du bilan biologique et
du bilan toxicologique, ainsi que les principes et les modalités de prise en
charge des intoxications médicamenteuses, selon la gravité, le traitement
symptomatique, le traitement spécifique, le traitement évacuateur, le traitement
épurateur et le traitement antidotique. Nous terminerons par proposer des
mesures de prévention des intoxications médicamenteuses, au niveau individuel,
familial, professionnel et sociétal, et par résumer les points essentiels, répondre
aux objectifs, ouvrir des perspectives et des questions.

❖ DÉFINITION DES TERMES CLÉS :


Intoxication : c'est l'effet nocif qui intervient lorsque l'on avale ou inhale une
substance toxique, ou lorsque cette dernière entre en contact avec la peau, les
yeux ou les muqueuses, telles que la bouche ou le nez.
Toxique : c'est une substance qui peut provoquer des dommages à
l'organisme, à une dose supérieure à la dose thérapeutique ou à une dose
toxique. Il existe des toxiques d'origine naturelle (plantes, champignons,
animaux, etc.) ou synthétique (médicaments, produits chimiques, etc.).
Médicament : c'est une substance ou une composition présentée comme
possédant des propriétés curatives ou préventives à l'égard des maladies
humaines ou animales, ou pouvant être utilisée ou administrée en vue d'établir
un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier des fonctions
physiologiques.
La toxicocinétique : décrit le devenir d’un toxique dans l’organisme, c’est-
à-dire son absorption, sa distribution, son métabolisme et son élimination.
- Absorption : c’est le passage d’un médicament de son site d’administration
vers la circulation sanguine générale. L’absorption dépend de la voie
d’administration, de la forme chimique, de la solubilité, du pH, du débit
sanguin, etc. Par exemple, un médicament administré par voie orale doit
franchir la barrière intestinale et peut subir un effet de premier passage
hépatique, qui diminue sa biodisponibilité.
- Distribution : c’est la répartition d’un médicament depuis le secteur
vasculaire vers les tissus cibles de l’organisme. La distribution dépend de la
liaison aux protéines plasmatiques, du volume de distribution, du coefficient de
partage, du débit sanguin, de la perméabilité des membranes, etc. Par exemple,
un médicament lipophile se distribue plus facilement dans les tissus adipeux
qu’un médicament hydrophile.

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- Métabolisme : c’est la transformation d’un médicament en métabolites, qui


sont des produits dérivés plus ou moins actifs ou toxiques. Le métabolisme se
fait principalement au niveau du foie, par des enzymes appelées cytochromes
P450. Le métabolisme dépend du type de réaction, de l’induction ou de
l’inhibition enzymatique, des interactions médicamenteuses, etc. Par exemple,
un médicament peut être métabolisé en un métabolite actif, qui prolonge ou
renforce son effet, ou en un métabolite inactif, qui diminue ou annule son effet.
- Élimination : c’est l’élimination d’un médicament ou de ses métabolites de
l’organisme. L’élimination se fait principalement au niveau des reins, par
filtration glomérulaire, sécrétion tubulaire ou réabsorption passive.
L’élimination dépend de la clearance, de la demi-vie, de la fonction rénale, du
pH urinaire, etc. Par exemple, un médicament peut être éliminé rapidement ou
lentement, ce qui influence sa durée d’action et le risque d’accumulation.
Mode d’action : c’est le mécanisme par lequel un médicament produit un
effet biologique sur l’organisme. Le mode d’action dépend du type de
médicament, du type de récepteur, du type de signalisation, etc. Par exemple, un
médicament peut agir en se liant à un récepteur membranaire, en modifiant la
perméabilité ionique, en activant ou en inhibant une enzyme, en régulant
l’expression d’un gène, etc.
Cible : c’est la molécule ou le système biologique sur lequel un médicament
exerce son action. La cible dépend de la structure et de l’affinité du
médicament, de la localisation et de la densité du récepteur, de la spécificité et
de la sélectivité du médicament, etc. Par exemple, un médicament peut avoir
une cible unique ou multiple, ce qui influence son efficacité et sa toxicité.
Relation dose-effet : c’est la relation entre la dose d’un médicament
administrée et l’effet biologique observé. La relation dose-effet dépend de la
courbe dose-réponse, de la puissance, de l’efficacité, de la marge thérapeutique,
de la toxicité, etc. Par exemple, un médicament peut avoir un effet
proportionnel ou non proportionnel à la dose, un effet maximal ou submaximal,
un effet thérapeutique ou indésirable, etc. Elle permet de quantifier l’exposition
systémique d’un toxique et de déterminer sa biodisponibilité, sa demi-vie, son
volume de distribution, son coefficient de partage, sa clearance, etc.
Elle dépend de plusieurs facteurs, tels que la voie d’administration, la dose, la
forme chimique, le pH, la liposolubilité, le poids moléculaire, le débit sanguin,
la fonction hépatique et rénale, les interactions médicamenteuses, etc. Elle
utilise des modèles mathématiques et des courbes de concentration plasmatique
en fonction du temps pour caractériser la cinétique d’un toxique.

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La toxicodynamique: décrit les effets d’un toxique sur l’organisme, c’est-à-


dire son mode d’action, sa cible, sa relation dose-effet et ses conséquences
fonctionnelles et structurales. Elle permet de comprendre les mécanismes
physiologiques et biochimiques impliqués dans les intoxications et de
déterminer la toxicité, la sélectivité, la spécificité, la réversibilité, la
potentialisation, la synergie, l’antagonisme, etc. d’un toxique.
- Toxicité : c’est la capacité d’un toxique à provoquer des effets nocifs sur
l’organisme, en fonction de la dose et de la durée d’exposition. Par exemple, le
paracétamol est un médicament peu toxique à la dose thérapeutique, mais il peut
être toxique pour le foie à des doses élevées ou répétées.
- Sélectivité : c’est le degré de préférence d’un toxique pour une cible
particulière, par rapport à d’autres cibles potentielles. Par exemple, la nicotine
est un toxique qui agit sélectivement sur les récepteurs nicotiniques, qui sont
des récepteurs aux neurotransmetteurs présents dans le système nerveux et les
muscles.
- Spécificité : c’est le caractère exclusif d’un toxique pour une cible donnée,
sans aucune interaction avec d’autres cibles. Par exemple, le cyanure est un
toxique qui agit spécifiquement sur le cytochrome oxydase, qui est une enzyme
impliquée dans la respiration cellulaire.
- Réversibilité : c’est la possibilité pour un toxique de se détacher de sa cible, et
pour la cible de retrouver son état initial, après l’arrêt de l’exposition au
toxique. Par exemple, le monoxyde de carbone est un toxique qui se lie de façon
réversible à l’hémoglobine, qui est une protéine du sang qui transporte
l’oxygène. Lorsque le monoxyde de carbone est éliminé de l’organisme,
l’hémoglobine redevient fonctionnelle.
- Potentialisation : c’est l’augmentation de l’effet d’un toxique par la présence
d’un autre toxique, sans que ce dernier n’ait d’effet propre. Par exemple,
l’alcool potentialise l’effet sédatif des benzodiazépines, qui sont des
médicaments utilisés pour traiter l’anxiété ou l’insomnie.
- Synergie : c’est l’augmentation de l’effet d’un toxique par la présence d’un
autre toxique, qui a lui-même un effet propre. Par exemple, le tabac et l’amiante
ont un effet synergique sur le risque de cancer du poumon, car ils sont tous les
deux cancérigènes.
- Antagonisme : c’est la diminution ou l’annulation de l’effet d’un toxique par
la présence d’un autre toxique, qui a un effet opposé. Par exemple, la naloxone
est un médicament qui antagonise l’effet des opiacés, qui sont des substances
qui provoquent une dépression respiratoire et une analgésie.

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Elle dépend de plusieurs facteurs, tels que le type de toxique, le type de


récepteur, le type de tissu, le type de réponse, la durée d’exposition, la
fréquence d’exposition, la sensibilité individuelle, etc. Elle utilise des tests in
vitro, in vivo ou in silico pour évaluer les effets d’un toxique.

❖ L’ÉPIDÉMIOLOGIE :
L’épidémiologie des intoxications médicamenteuses est l’étude de la fréquence,
des causes, des profils et des conséquences de ces intoxications, en Guinée et
dans le monde. Elle permet de mesurer l’ampleur du problème, d’identifier les
facteurs de risque, de prévenir les situations dangereuses et d’adapter les
stratégies de prise en charge.
En Guinée, les données sur les intoxications médicamenteuses sont limitées et
peu actualisées. Selon une étude menée en 2018 dans le service de réanimation
du CHU Ignace Deen de Conakry, sur 1 024 patients admis, 76 (7,4 %)
présentaient une intoxication médicamenteuse, dont 47 (61,8 %) volontaire et
29 (38,2 %) accidentelle. Les médicaments les plus impliqués étaient les
antipaludéens, les antalgiques, les antihypertenseurs et les antidiabétiques. Les
femmes représentaient 60,5 % des cas et les jeunes adultes (20-29 ans) 40,8 %.
Le taux de mortalité était de 14,5 %1. Les causes des intoxications
médicamenteuses en Guinée sont liées à la faible réglementation, au manque de
contrôle et de surveillance des médicaments, à la prévalence de la contrefaçon, à
la mauvaise qualité et à la surconsommation des médicaments, ainsi qu’au
faible accès aux soins et aux antidotes. Les conséquences des intoxications
médicamenteuses sont graves, entraînant des décès, des handicaps, des coûts
économiques et sociaux élevés, et une perte de confiance dans le système de
santé. Dans le monde, les intoxications médicamenteuses sont également un
problème de santé publique majeur, qui touche tous les pays et toutes les
populations. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il y aurait
environ 1,8 million de décès par an dus aux intoxications, dont 20 % seraient
attribuables aux médicaments. Les pays à revenu faible ou intermédiaire sont les
plus touchés, en raison du manque de réglementation, de contrôle et de
surveillance des médicaments, de la prévalence de la contrefaçon, de la
mauvaise qualité et de la surconsommation des médicaments, ainsi que du faible
accès aux soins et aux antidotes.

❖ CAUSES ET FACTEURS DE RISQUES :


Les causes les plus fréquentes sont les intoxications accidentelles chez les
enfants, les intoxications volontaires chez les adolescents et les adultes,
Parmi les facteurs de risque, on peut citer :

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L’âge : les enfants et les personnes âgées sont plus vulnérables aux effets
indésirables des médicaments.
Les pathologies associées : certaines maladies peuvent altérer le métabolisme
ou l’élimination des médicaments, ou augmenter leur toxicité.
Les interactions médicamenteuses : la prise simultanée de plusieurs
médicaments peut entraîner des effets additifs, synergiques ou antagonistes,
modifiant l’efficacité ou la toxicité des substances.
Les facteurs génétiques : certaines variations génétiques peuvent influencer la
réponse individuelle aux médicaments, notamment au niveau des enzymes
impliquées dans leur transformation ou leur transport.
Les facteurs environnementaux : l’alimentation, le tabac, l’alcool, ou d’autres
substances peuvent interférer avec l’action ou l’élimination des médicaments.
Les types d’intoxication médicamenteuse peuvent être classés selon deux
critères : l’origine et la gravité.
Selon l’origine, on distingue :
Les intoxications médicamenteuses accidentelles : elles surviennent lors
d’une erreur de manipulation, de conservation, ou de prise du médicament, sans
intention de nuire. Elles sont plus fréquentes chez les enfants, qui peuvent
ingérer des médicaments par curiosité ou par confusion avec des bonbons.
Les intoxications médicamenteuses volontaires : elles résultent d’un acte
délibéré de prendre une dose excessive de médicament, dans un but suicidaire,
récréatif, ou thérapeutique. Elles sont plus fréquentes chez les adolescents et les
adultes, et peuvent être associées à des troubles psychiatriques, des conflits
familiaux, ou des problèmes sociaux.
Selon la gravité, on distingue :
- Les intoxications médicamenteuses bénignes : elles se manifestent par des
symptômes mineurs et transitoires, qui ne mettent pas en danger la vie du
patient. Elles peuvent être traitées par des mesures simples, comme la
surveillance, l’hydratation, ou l’administration d’un antidote spécifique.
- Les intoxications médicamenteuses graves : elles se caractérisent par des
symptômes sévères et persistants, qui peuvent entraîner des complications
potentiellement mortelles. Elles nécessitent une prise en charge urgente, souvent
en milieu hospitalier, avec des mesures de réanimation, de décontamination, ou
d’épuration. Les conséquences des intoxications médicamenteuses sont
également dramatiques, entraînant des décès, des handicaps, des coûts

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économiques et sociaux élevés, et une perte de confiance dans le système de


santé.

❖ LA PHYSIOPATHOLOGIE DES
INTOXICATIONS MÉDICAMENTEUSES :
La physiopathologie des intoxications médicamenteuses est l’étude des
mécanismes physiologiques et biochimiques impliqués dans les effets nocifs des
médicaments sur l’organisme, selon les types de toxiques et les organes cibles.
Elle permet de comprendre comment un médicament peut altérer le
fonctionnement normal des cellules, des tissus et des systèmes, et provoquer des
symptômes, des complications et des séquelles.
Les mécanismes physiopathologiques des intoxications médicamenteuses
dépendent de plusieurs facteurs, tels que la dose, la durée, la voie d’exposition,
la biodisponibilité, le métabolisme, la distribution, l’élimination, la liaison aux
récepteurs, la modulation des signaux, l’interaction avec d’autres médicaments
ou substances, la sensibilité individuelle, etc.
Ils peuvent être classés en deux grandes catégories :
- Les mécanismes pharmacodynamiques : ils sont liés à l’action du
médicament sur sa cible biologique, qui peut être un récepteur, une enzyme, un
canal ionique, un transporteur, un gène, etc. Ils peuvent entraîner une
stimulation ou une inhibition excessive, une perturbation de l’équilibre
physiologique, une interférence avec les voies de signalisation, une
modification de l’expression génique, etc. Par exemple, une intoxication aux
opioïdes peut provoquer une dépression respiratoire par l’activation des
récepteurs opioïdes dans le tronc cérébral, qui inhibent les centres respiratoires.
- Les mécanismes non pharmacodynamiques : ils sont liés à l’effet du
médicament sur des structures ou des fonctions non ciblées, qui peuvent être des
membranes cellulaires, des protéines plasmatiques, des enzymes oxydatives, des
radicaux libres, des cytokines, etc. Ils peuvent entraîner une altération de la
perméabilité, une modification de la structure, une induction du stress oxydatif,
une activation de l’inflammation, une apoptose ou une nécrose cellulaire, etc.
Par exemple, une intoxication au paracétamol peut provoquer une
hépatotoxicité par la formation de métabolites réactifs, qui se lient aux protéines
hépatiques et déclenchent la mort cellulaire.
Les organes cibles des intoxications médicamenteuses sont les organes qui sont
les plus exposés ou les plus sensibles aux effets des médicaments. Ils peuvent
être uniques ou multiples, selon le type de médicament, sa distribution, son
métabolisme, son élimination, etc. Les principaux organes cibles sont le

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système nerveux central, le système cardiovasculaire, le système respiratoire, le


foie, le rein, etc. Par exemple, une intoxication aux antidépresseurs tricycliques
peut affecter le système nerveux central (troubles de la conscience, convulsions,
coma), le système cardiovasculaire (arythmies, hypotension, choc), le système
respiratoire (dépression respiratoire, insuffisance respiratoire), etc.

❖ SIGNES CLINIQUES
DÉCRIRE LES SIGNES ET LES SYMPTÔMES DES INTOXICATIONS
MÉDICAMENTEUSES, SELON LES TYPES DE TOXIQUES ET LES SYNDROMES
ASSOCIÉS (OPIOÏDE, ANTICHOLINERGIQUE, ADRÉNERGIQUE, ETC.).

La clinique des intoxications médicamenteuses est variable selon le type de


toxique ingéré, la dose, le délai, les interactions, les facteurs individuels et les
complications. Il existe cependant des syndromes toxiques caractéristiques qui
permettent d’orienter le diagnostic et la prise en charge. Voici quelques
exemples de syndromes toxiques et leurs manifestations cliniques :
- Syndrome opioïde : il est dû à l’ingestion de médicaments opiacés, tels que la
morphine, la codéine, l’héroïne, le fentanyl, etc. Il se manifeste par une
dépression du système nerveux central, avec une somnolence, un coma, une
bradypnée, une hypotension, une hypothermie, un myosis et une dépression du
réflexe de toux. Il peut entraîner une insuffisance respiratoire aiguë, une
aspiration bronchique, une hypoxie cérébrale et un arrêt cardiaque.
- Syndrome anticholinergique : il est dû à l’ingestion de médicaments
anticholinergiques, tels que les antidépresseurs tricycliques, les
antihistaminiques, les antiparkinsoniens, les antispasmodiques, etc. Il se
manifeste par une stimulation du système nerveux central, avec une agitation,
une confusion, des hallucinations, des convulsions, une tachycardie, une
hypertension, une hyperthermie, une mydriase et une sécheresse des muqueuses.
Il peut entraîner une déshydratation, une rhabdomyolyse, une insuffisance
rénale aiguë et un choc cardiogénique.
- Syndrome adrénergique : il est dû à l’ingestion de médicaments
adrénergiques, tels que les amphétamines, la cocaïne, les bêta-agonistes, les
antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la noradrénaline, etc. Il se
manifeste par une stimulation du système nerveux sympathique, avec une
anxiété, une euphorie, une agitation, une tachycardie, une hypertension, une
hyperthermie, une mydriase, une sudation, des tremblements et des palpitations.
Il peut entraîner une ischémie myocardique, une arythmie cardiaque, une
hémorragie cérébrale et un infarctus du myocarde.
Ces syndromes toxiques ne sont pas exhaustifs, et il existe d’autres types de
toxiques qui peuvent provoquer des signes et des symptômes spécifiques, tels

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que les médicaments hépatotoxiques, néphrotoxiques, neurotoxiques,


hémolytiques, etc. Il est donc important de réaliser un examen clinique complet
et adapté à chaque cas d’intoxication médicamenteuse.

❖ DIAGNOSTIC
PRÉSENTATION DES MÉTHODES ET LES CRITÈRES DE
DIAGNOSTIC DES INTOXICATIONS MÉDICAMENTEUSES, EN
FONCTION DE LA CLINIQUE, DE L’ECG, DU BILAN BIOLOGIQUE
ET DU BILAN TOXICOLOGIQUE.
Le diagnostic des intoxications médicamenteuses repose sur plusieurs éléments,
qui doivent être recueillis et analysés de façon systématique et rapide. Ces
éléments sont :
- La clinique : elle permet d’évaluer l’état de conscience, les fonctions vitales,
les signes neurologiques, les signes cutanés, les signes digestifs, les signes
respiratoires, les signes cardiovasculaires et les signes d’un syndrome toxique.
Elle doit être complétée par un examen physique complet et un interrogatoire du
patient ou de son entourage, si possible, pour connaître le type, la dose, le délai
et les circonstances de l’ingestion du toxique.
- L’ECG : il permet de détecter les anomalies du rythme cardiaque, de la
conduction, de la repolarisation et de l’axe électrique, qui peuvent être
provoquées par certains toxiques, tels que les antidépresseurs tricycliques, les
digitaliques, les bêta-bloquants, les antiarythmiques, etc. Il doit être réalisé dès
l’arrivée du patient et répété régulièrement en fonction de l’évolution clinique.
- Le bilan biologique : il comprend un ionogramme sanguin, une glycémie, une
gazométrie artérielle, une créatininémie, une calcémie, une phosphorémie, une
lactatémie, une bilirubinémie, des transaminases, une protidémie, une
hémoglobine, un hématocrite, une numération formule sanguine, un temps de
prothrombine, un temps de céphaline activée, un fibrinogène et un dosage de
l’acide acétylsalicylique. Il permet de dépister les troubles hydroélectrolytiques,
acido-basiques, métaboliques, hépatiques, rénaux, hématologiques et de la
coagulation, qui peuvent être induits ou aggravés par certains toxiques, tels que
le paracétamol, les salicylés, le méthanol, l’éthylène glycol, les anticoagulants,
etc. Il doit être réalisé dès l’arrivée du patient et répété en fonction de
l’évolution clinique et du type de toxique.
- Le bilan toxicologique : il comprend un dosage plasmatique ou urinaire des
toxiques et de leurs métabolites, qui permet de confirmer ou d’infirmer la
présence d’un toxique, d’évaluer sa concentration, sa cinétique et son potentiel
toxique. Il peut être réalisé par des techniques chromatographiques,
immunologiques, enzymatiques ou spectrométriques, selon la disponibilité et la
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spécificité du toxique. Il doit être réalisé le plus tôt possible après l’ingestion du
toxique et répété en fonction de l’évolution clinique et du type de toxique.
NB : Ces éléments diagnostiques doivent être interprétés de façon globale et
comparative, en tenant compte de la clinique, du contexte, du délai et du type de
toxique. Ils permettent de poser le diagnostic d’intoxication médicamenteuse,
d’évaluer sa gravité, son pronostic et sa prise en charge.

❖ LA PRISE EN CHARGE :
EXPOSER LES PRINCIPES ET LES MODALITÉS DE PRISE EN CHARGE DES
INTOXICATIONS MÉDICAMENTEUSES, SELON LA GRAVITÉ, LE
TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE, LE TRAITEMENT SPÉCIFIQUE, LE
TRAITEMENT ÉVACUATEUR, LE TRAITEMENT ÉPURATEUR ET LE
TRAITEMENT ANTIDOTIQUE :

La prise en charge des intoxications médicamenteuses repose sur plusieurs


principes, qui doivent être appliqués de façon adaptée à chaque cas. Ces
principes sont :
- La gravité : elle détermine le lieu, le niveau et l'urgence de la prise en charge.
Elle s'évalue en fonction de la clinique, de l'ECG, du bilan biologique et du
bilan toxicologique. Elle peut être classée en trois catégories : légère, modérée
ou sévère. Les patients présentant une intoxication légère peuvent être pris en
charge en ambulatoire, avec une surveillance clinique et biologique. Les
patients présentant une intoxication modérée doivent être hospitalisés dans un
service de médecine, avec une surveillance rapprochée et un traitement adapté.
Les patients présentant une intoxication sévère doivent être admis en
réanimation, avec une surveillance continue et un traitement intensif.
- Le traitement symptomatique : il vise à corriger les troubles vitaux, tels que
l'hypoxie, l'hypotension, l'acidose, l'hyperthermie, les convulsions, etc. Il repose
sur l'administration d'oxygène, de solutés, de vasopresseurs, de bicarbonates,
d'antipyrétiques, de benzodiazépines, etc. Il doit être instauré dès l'arrivée du
patient et adapté à l'évolution clinique.
- Le traitement spécifique : il vise à antagoniser ou à neutraliser l'effet du
toxique, en utilisant un médicament ayant une affinité plus élevée pour le même
récepteur ou la même enzyme. Il repose sur l'administration d'antidotes, tels que
la naloxone pour les opioïdes, le flumazénil pour les benzodiazépines, le
glucagon pour les bêta-bloquants, le bleu de méthylène pour les
méthémoglobinisants, etc. Il doit être utilisé avec prudence, en respectant les
indications, les contre-indications, les doses, les voies et les modalités
d'administration.

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- Le traitement évacuateur : il vise à réduire l'absorption du toxique, en


utilisant des méthodes physiques ou chimiques. Il repose sur l'administration de
charbon activé, qui adsorbe le toxique dans le tube digestif et diminue sa
biodisponibilité. Il peut être associé à un laxatif osmotique, qui accélère le
transit intestinal et favorise l'élimination du toxique. Il doit être réalisé dans les
heures qui suivent l'ingestion du toxique, en respectant les indications, les
contre-indications, les doses, les voies et les modalités d'administration.
- Le traitement épurateur : il vise à augmenter l'élimination du toxique, en
utilisant des méthodes extracorporelles. Il repose sur la réalisation d'une dialyse,
d'une hémodialyse, d'une hémoperfusion, d'une hémofiltration ou d'une
plasmaphérèse, qui permettent de filtrer le toxique du sang et de le remplacer
par un liquide de substitution. Il doit être réalisé en cas d'intoxication sévère, en
respectant les indications, les contre-indications, les modalités techniques et les
complications potentielles.
- Le traitement antinomique : il vise à restaurer la fonction normale d'un
organe ou d'un système altéré par le toxique, en utilisant un médicament ayant
un effet inverse ou complémentaire. Il repose sur l'administration de
médicaments, tels que la vitamine K pour les anticoagulants, le N-acétylcystéine
pour le paracétamol, la pyridoxine pour l'isoniazide, le fomepizole pour le
méthanol ou l'éthylène glycol, etc. Il doit être utilisé en cas de complication
organique, en respectant les indications, les contre-indications, les doses, les
voies et les modalités d'administration.
Ces principes de prise en charge doivent être mis en œuvre de façon coordonnée
et multidisciplinaire, en impliquant les médecins, les infirmiers, les
pharmaciens, les toxicologues, les réanimateurs, les néphrologues, etc. Ils
doivent être évalués régulièrement et réajustés en fonction de l'évolution
clinique et biologique du patient.

❖ PRÉVENTION
PROPOSER DES MESURES DE PRÉVENTION DES INTOXICATIONS
MÉDICAMENTEUSES, AU NIVEAU INDIVIDUEL, FAMILIAL, PROFESSIONNEL
ET SOCIÉTAL :

Au niveau individuel, il s’agit de respecter les prescriptions médicales, de ne


pas prendre de médicaments sans avis médical, de vérifier la date de
péremption, de lire attentivement les notices, de signaler les effets indésirables,
de ne pas mélanger les médicaments entre eux ou avec de l’alcool ou d’autres
substances, de conserver les médicaments dans leur emballage d’origine et hors
de portée des enfants, de rapporter les médicaments non utilisés à la pharmacie,
etc. Ces mesures visent à éviter les erreurs, les surdosages, les interactions et les

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accidents médicamenteux. Elles sont d’autant plus importantes que certains


médicaments peuvent avoir des effets toxiques graves, voire mortels, à faible
dose ou en cas d’ingestion accidentelle par un enfant.
Au niveau familial, il s’agit de sensibiliser les proches aux risques des
intoxications médicamenteuses, de ne pas partager les médicaments entre les
membres de la famille, de surveiller les personnes âgées ou dépendantes, de ne
pas laisser les médicaments accessibles aux enfants, de ne pas stocker les
médicaments dans la cuisine ou la salle de bain, de ne pas jeter les médicaments
à la poubelle ou dans les toilettes, etc. Ces mesures visent à prévenir les
intoxications volontaires ou involontaires, notamment chez les personnes
vulnérables, comme les enfants, les personnes âgées, les personnes souffrant de
troubles psychiatriques ou de dépendance. Elles visent également à protéger
l’environnement, en évitant la pollution des eaux ou des sols par les résidus
médicamenteux.
Au niveau professionnel, il s’agit de former les professionnels de santé à la
prévention, au diagnostic et à la prise en charge des intoxications
médicamenteuses, de respecter les bonnes pratiques de prescription, de
dispensation et d’administration des médicaments, de signaler les erreurs
médicamenteuses, de mettre en place des protocoles de sécurité, de contrôler les
stocks et les périmés, de gérer les déchets médicamenteux, etc. Ces mesures
visent à garantir la qualité, la sécurité et l’efficacité des médicaments, à réduire
les erreurs, les effets indésirables et les intoxications iatrogènes, à améliorer la
prise en charge des patients intoxiqués, à assurer la traçabilité des médicaments
et à limiter les risques professionnels.
Au niveau sociétal, il s’agit de renforcer la réglementation, la surveillance et le
contrôle des médicaments, de lutter contre la contrefaçon, le trafic et le
mésusage des médicaments, de promouvoir l’éducation sanitaire, l’information
et la communication sur les médicaments, de développer la pharmacovigilance,
de favoriser la recherche et l’innovation, de coopérer avec les acteurs nationaux
et internationaux, etc. Ces mesures visent à assurer l’accès, la disponibilité et la
qualité des médicaments, à prévenir les intoxications liées aux médicaments
illicites, aux nouvelles substances psychoactives ou aux médicaments détournés
de leur usage, à informer et à responsabiliser les usagers, à détecter et à gérer les
alertes sanitaires, à améliorer les connaissances et les pratiques, à renforcer la
coopération et la solidarité.

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