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ÉCOLE DOCTORALE I
Laboratoire de recherche :
UMR 8167 Orient et Méditérannée,
Monde Byzantin, Centre d’Histoire et de
Civilisation de Byzance
THÈSE
pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE
Sous la direction de :
M. Bernard Flusin – Professeur, Université Sorbonne Paris IV
Membres du jury :
M. Vincent Déroche – Directeur de recherches, CNRS
M. Antonio Rigo – Professeur, Università Ca' Foscari, Venezia
Mme Catherine Broc-Schmezer – Maître de conférences, Université Bordeaux-III
Remerciements
Je suis très reconnaissant au prof. Vincent Déroche (CNRS), au prof. Antonio Rigo
(Università Ca' Foscari, Venezia), et au prof. Catherine Broc-Schmezer (Université
Bordeaux-III) que je suis honoré de voir parmi les membres du jury.
Je tiens tout particulièrement à remercier mes parents et mon épouse pour leur aide et leur
soutien.
2
TABLE DES MATIERES
Remerciements ...................................................................................................................... 2
Introduction ......................................................................................................................... 11
Première partie. La pratique de la prière dans les Apophtegmes des Pères ........................ 17
3
c) Les collections éthiopiennes des apophtegmes ............................................... 37
2. Les études sur les apophtegmes. La valeur historique des Apophtegmes ............... 44
4
2. Qu’est-ce que la prière pour les gens des Apophtegmes ? ...................................... 80
Σύναξις....................................................................................................... 135
5
A. Formules fixées ................................................................................................. 152
4. Les manières de prier : à haute voix, en silence et la méditation (μελέτη) ........... 171
B. Théorie de Veilleux : « la psalmodie n’est pas une prière », les nombres des
prières signifient les moments de la prière ............................................................ 242
c) Les nombres des prières signifient les moments de la prière ........................ 251
6
C. Théorie de Bunge : les prières dénombrées – les courtes prières qui alternent
avec le travail accompagné par la psalmodie ........................................................ 256
D. Notre théorie : le nombre des prières – le nombre des psaumes ...................... 262
5. Conclusion pour les chapitres sur les formes de la prière ..................................... 310
Deuxième Partie. Le contexte historique : les tensions et le cas particulier d’Antoine .... 313
Chapitre VI. Contradiction avec les messaliens: question du statut social de l’orant ... 314
7
4. Les adversaires des origénistes qui étaient anthropomorphites ............................. 360
5. Les adversaires des origénistes qui n’étaient pas anthropomorphites ................... 367
4. Les sujets communs dans les textes sur Antoine ................................................... 427
8
Abréviations et conventions
G : Collection alphabétique
GN : Collection anonyme
GS : Collection systématique
A : Collection arménienne
S : Collection syriaque
Sa : Collection sahidique
VA : Vie d’Antoine
9
Corpus des textes :
PG : Patrologie Grecque
PL : Patrologie Latine
Séries et périodiques :
AB : Analecta Bollandiana
SC : Sources chrétiennes
10
INTRODUCTION
La prière est un des éléments les plus importants de la vie religieuse. Dans le
christianisme, son importance est exprimée en particulier dans les paroles de l’apôtre Paul :
« Priez sans cesse » (I Thess. 5, 17). La recherche des moyens pour suivre ce précepte s’est
manifestée avec une netteté particulière avec la pratique mystique connue dans le
monachisme byzantin comme la « prière de Jésus » (ou « la prière à Jésus »). L’histoire de
cette pratique a été un sujet important pour les recherches sur le christianisme oriental qui
se sont développées en Occident depuis le début du XXème siècle, avec Irénée Hausherr,
Lucien Regnault, Antoine Guillaumont – cette liste des chercheurs qui ont écrit sur la
« prière de Jésus » n’étant nullement exhaustive. On peut aussi faire remarquer
qu’actuellement Antonio Rigo poursuit l’étude de l’hésychasme byzantin et de l’histoire de
la « prière de Jésus ». Notre thèse est liée à ce sujet, qui nous intéresse depuis plusieurs
années.
Dans notre travail de doctorat, nous essayons de proposer une étude systématique
sur la prière dans la tradition des Apophtegmes. Pour l'histoire de la « prière de Jésus »,
l’importance des recherches sur les Apophtegmes est due au fait que ce corpus témoigne de
la période de la naissance de cette pratique et de l'environnement dans lequel elle est
apparue. Dans le même temps, il convient de noter que notre travail dépasse le sujet de
l'histoire de la « prière de Jésus » et que nous analysons la pratique de la prière des moines
des Apophtegmes en général, en raison de l'état rudimentaire de la «prière de Jésus» à
l’époque où se sont constituées ces collections. De cette manière, par notre recherche, nous
tentons aussi d’apporter une contribution à l'étude de l'histoire de la prière chrétienne en
général qui reste un défi scientifique difficile à l’heure actuelle.
Le point commun dans les travaux scientifique de nos jours1 est l’opinion que la
prière est un objet complexe, qui pose des problèmes difficiles à la recherche historique.
1
Cf. D. AUBRIOT-SEVIN, Prière et conceptions religieuses en Grèce ancienne jusqu’à la fin du Ve siècle av.
J.-C. Lyon, 1992 (Collection de la Maison de l’Orient méditerranéen ancien. Série littéraire et
philosophique), p. 7-13; R. HAMMERLING, A history of prayer: the first to the fifteenth century, Brill, 2008, p.
1-4; L. PERRONE, La preghiera secondo Origene. L’impossibilita donata, Brescia, 2011 (Letteratura cristiana
antica, Nuova serie 24), p. 512.
11
L’une des difficultés tient à la différence dans la compréhension de la notion de la prière
chez les auteurs anciens ainsi que chez les contemporains, qui ont chacun leur propre point
de vue. En suite de quoi, si l’on se propose d’analyser la prière chrétienne et ses pratiques
dans un cadre trop large, ce sujet perd sa netteté. Nous avons rencontré cette difficulté
pendant notre travail sur l’histoire de la prière à Jésus2 en arrivant à la conclusion que nous
ne pouvions pas faire de recherche globale sur l’histoire de cette pratique à un niveau
scientifique suffisant dans le délai des années données pour écrire la thèse. C’est pourquoi,
sans perdre de vue la question des origines de cette pratique, nous avons choisi de limiter
notre recherche à quelques textes importants pour ces questions. À la recommandation de
notre directeur de thèse, M. Bernard Flusin, nous avons choisi comme source principale de
notre travail le corpus des Apophtegmes des Pères.
Outre les difficultés communes à toute recherche sur la prière chrétienne, une
étude sur la prière dans les Apophtegmes présente des difficultés particulières liées au fait
qu’il s’agit d’un corpus de textes comprenant environ deux mille cinq cent petites histoires
sur divers sujets de la vie des moines3. En conséquence, l'information sur la prière est
extrêmement fragmentée et dispersée dans différents apophtegmes. La collection
systématique contient un chapitre spécial consacré à la prière (« De la prière constante et
vigilante »4), mais il se limite à vingt-huit apophtegmes. Ce chapitre peut être considéré
comme un premier essai visant à rassembler les apophtegmes qui parlent de la prière, mais
pour notre travail le principe de la systématisation de cette collection a un défaut majeur.
En effet, son rédacteur a réparti l’ensemble des apophtegmes dans les divers chapitres de
sorte que chaque apophtegme se trouve seulement dans l’un d’entre eux. Par conséquent,
beaucoup d’apophtegmes qui apportent des informations importantes sur la prière se
trouvent dans d’autres chapitres de cette collection. De cette manière, dans notre recherche,
nous avons été obligé de nous détacher de cette systématisation pour analyser tous les
apophtegmes. De plus, étant donné le caractère fragmentaire de l’information dans les
2
Cf. I. HAUSHERR, Noms du Christ et voies d’oraison, OCA 157, 1960, p. 19; P. ADNES, « Jésus (prière a) »,
DS T. 8. Fas. LXI. p. 1127; A. RIGO, « La preghiera di Gesù », Parola, Spirito e Vita 25, 1992, p. 245-246; V.
PATRIN, La « prière de Jésus » en Orient : Status quaestionis. Mémoire de Master 2 sous la direction de M.
Bernard Flusin. École pratique des Hautes Études. Paris, 2009.
3
S. RUBENSON, The Letters of St. Antony : Monasticism and the Making of A Saint, Studies in Antiquity and
Christianity, Minneapolis, 1995, p. 145.
4
Cf. Les Apophtegmes des Pères. Collection systématique, SC 474, Paris, 2003 (chap. X-XVI), p. 208-227.
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Apophtegmes, afin de reconstruire le schéma de la pratique de la prière en général chez les
moines du monde des Apophtegmes, nous avons utilisé différentes sources monastiques
proches des collections des apophtegmes, comme, en particulier, l’Histoire Lausiaque et
l’Histoire des Moines d’Egypte, les œuvres de Jean Cassien.
Notre travail est réparti en deux parties, dont la première analyse les pratiques de
la prière dans les Apophtegmes des Pères en les éclairant par compte les informations que
nous trouvons dans d’autres textes venant du monachisme égyptien ancien. L’étude de la
prière chrétienne, comme toute étude historique, doit inclure l’analyse des sources comme
partie intégrante. Ainsi, nous présentons d’abord un status quaestionis des études sur les
Apophtegmes des Pères, la source principale pour notre travail. Ensuite, nous décrivons les
pratiques de prière qui y sont attestées et qui, le plus souvent, sont évoquées de façon
allusive. Les points principaux de cette partie de notre recherche concernent la
terminologie, les modalités de la prière et la distinction de différents types de prière. Dans
la deuxième partie, qui est consacrée au contexte historique, nous examinons deux
polémiques liées à la prière qui ont eu lieu dans le monde des Apophtegmes : la polémique
messalienne et la polémique des anthropomorphites et des origénistes. Nous analysons
pour finir un cas particulier de la pratique de la prière, celle d’Antoine le Grand. Au début
de notre recherche, nous avions envisagé d’étudier la pratique de la prière pour chaque
moine mentionné dans les Apophtegmes mais nous avons dû renoncer à ce premier projet
parce que l’information sur les pratiques personnelles des moines des apophtegmes, sauf
exception, est peu homogène et trop fragmentaire. Ainsi nous nous sommes contenté de
reconstruire d’abord le schéma de la pratique commune, puis, dans notre chapitre final,
nous avons tenté de présenter la pratique personnelle d’Antoine, qui est connue par
d’autres sources et qui, de façon significative, fait l’objet du tout premier des
Apophtegmes.
13
L’un des buts principaux de notre travail a été d’élaborer un système analytique à
partir duquel nous pourrions comparer et systématiser les témoignages des différents
apophtegmes et aussi des autres sources littéraires sans faire violence aux documents.
Ainsi, dans notre recherche, nous nous sommes tout d’abord intéressé à la terminologie
parce que plusieurs travaux scientifiques que nous avons étudiés ne proposent pas de
définition claire, conséquente et unifiée de ce qu’est la prière. En particulier, pour la
pratique des moines dans les Apophtegmes, il convient de poser certaines questions
délicates : la prière est-elle toujours une demande ? Ou encore : la psalmodie est-elle une
prière ? Comme notre recherche le montre, ces questions ne sont pas simples et les
réponses qu’on leur apporte influent beaucoup sur le résultat des analyses, puisqu’elles
définissent le périmètre de ce qu’est la prière qu’on entend analyser.
Après cette étude terminologique, nous avons cherché à décrire les modalités de la
prière dans la pratique des Pères des Apophtegmes, en les replaçant dans le contexte de la
tradition chrétienne primitive. Dans cette partie de notre travail, nous analysons les
formules des prières, les manières de prier, les lieux, les temps et les attitudes de la prière 5.
Les questions importantes dans cette partie sont une absence presque absolue de
l’hymnographie dans les textes monastiques égyptiens, la nature et le rôle des prières
courtes chez les moines égyptiens, les temps de leurs prières.
14
notre travail. L’étude des types des prières est une forme très répandue dans la littérature
consacrée à la prière dans la tradition chrétienne, mais malheureusement elle est
habituellement trop spéculative et peu utile pour une recherche historique. La typologie
que nous proposons dans notre travail est le résultat de plusieurs essais de systématisation.
Le critère principal que nous avons adopté ce n’est pas le contenu mais les circonstances
des prières. Dans cette partie de notre recherche, nous analysons particulièrement la
question des prières comptées dont témoignent l’Histoire Lausiaque et l’Histoire des
Moines d’Egypte en critiquant les opinions d’A. Veilleux et de G. Bunge sur ce sujet.
15
notre avis, il ouvre beaucoup de perspectives pour la recherche dans le domaine de la
spiritualité religieuse.
Le seul cas personnel que nous ayons analysé est celui d’Antoine le Grand. Le
choix de ce personnage des Apophtegmes est lié à son importance et au nombre
considérable de témoignages sur sa pratique de la prière dans les différentes sources. Nous
avons utilisé trois sources principales : la Vie d’Antoine, les Lettres d’Antoine et les
Apophtegmes d’Antoine. Dans ce cas, nous avons essayé de contribuer à l’étude sur la
question de l’image historique d’Antoine le Grand et de l’authenticité des Lettres qui lui
sont attribuées. Les outils terminologiques et typologiques que nous avons élaborés dans la
première partie de notre travail ont contribué à une analyse détaillée sur la pratique de la
prière d’Antoine et c’est ainsi qu’il nous a été possible de parler de la particularité de cette
pratique dans le contexte de la tradition des Apophtegmes. Les analyses de la polémique
avec les messaliens et surtout des controverses autour de l’origénisme donnent une
perspective historique plus profonde à l’étude sur la pratique de la prière du Père des
moines.
L’un des problèmes que nous avons rencontrés au cours de cette recherche est le
problème de trouver le juste point de vue que nous devions adopter. La cause de cette
difficulté est le fait que, par notre formation, nous appartenons à une tradition pour laquelle
les textes que nous analysons sont des textes fondamentaux de sorte que la mise en
question de ces textes a été aussi la mise en question de la tradition en tant que telle. Pour
résoudre ce problème, nous avons eu recours à la méthode phénoménologique qui implique
l’écart le plus possible des stéréotypes sur le Corpus des apophtegmes comme source de la
pratique de la prière contemporaine et l’analyse des sources sans aucune présupposition
formulée à l’avance. Conformément à la méthode maïeutique, nous avons pris la position
de l’ignorant qui cherche à connaître et nous n’avons pas fait de conjectures sur le résultat
de notre recherche. Nous avons refusé d’accepter les réponses toutes prêtes sans les
vérifier. Par conséquence, notre travail contient parfois des remarques critiques sur les
opinions exprimées par d’autres chercheurs Cette approche joue un rôle purement
heuristique dans notre travail, et nous éprouvons un profond respect pour tous les
chercheurs, même si nous remettons occasionnellement en question les résultats qu’ils ont
obtenus.
16
CONCLUSION
Dans notre travail, l’analyse des prières chez les moines égyptiens est basée sur
cent un apophtegmes, ce qui n’est pas le total des apophtegmes contenant des informations
sur ce sujet. Nous avons choisi les textes que nous avons trouvés importants pour notre
étude. Par exemple, nous utilisons seulement treize des vingt huit apophtegmes qui sont
entrés dans le chapitre XII (« De la prière constante et vigilante ») de la collection
systématique. Toutefois, ces chiffres montrent que le nombre des apophtegmes relatifs à la
prière est beaucoup plus petit qu’on ne le souhaiterait et que, par conséquent, il est
indispensable d’utiliser d’autres sources pour reconstruire la pratique des moines des
Apophtegmes.
Dans les Apophtegmes, les paroles d’un moine cultivé et celles d’un moine illettré
ont une valeur égale. Ces textes parlent de la prière en utilisant une langue simple et
adaptée pour tous. La terminologie de la prière dans les Apophtegmes n’est pas homogène.
Dans la plupart des cas, elle correspond à l’usage courant des termes. Ainsi, à la différence
de la tradition intellectuelle qui remonte à Origène, εὐχή et προσευχή sont présentés dans
les collections des apophtegmes (de même que dans la Vie d’Antoine, l’Histoire Lausiaque
et l’Histoire des Moines d’Egypte) comme des synonymes désignant la prière dans le sens
général, avec une prédominance du terme εὐχή dans cet emploi. Nous trouvons aussi ce
terme, ou des formes du verbe εὔχομαι, dans des expressions de la vie courante: « Prie pour
moi » (« Εὖξαι ὑπὲρ ἐμοῦ ») et « Grâce à tes prières… », « Par tes prières… » (« Εὐχαῖς
436
σου »). Certains groupes de textes ont un vocabulaire spécifique. Ainsi, nous pouvons
distinguer un usage évagrien des termes un usage isaïen : dans le groupe évagrien, on
préfère employer le terme προσευχή et, dans le groupe isaïen, une place particulière est
occupée par le terme αἰτέω. Ces particularités, par rapport à la tradition générale des
Apophtegmes, peuvent s’expliquer par le fait que nous avons affaire ici à des textes
d’origine écrite, introduits secondairement dans les Collections.
437
la synaxe. Comme nous l’avons constaté dans notre étude, la durée de la prière de la synaxe
a été déterminée par le nombre des psaumes qui alternaient avec de courtes prières, ou
étaient entrecoupés par elles. Contrairement aux autres textes témoignant du monachisme
de la Basse Egypte, les Apophtegmes ne disent presque rien sur le nombre des prières de la
synaxe, à l’exception de la pratique des douze psaumes qui est présentée dans les sources
étudiées comme une forme de base de la prière de la synaxe. Les données chiffrées se
trouvent surtout dans l’Histoire Lausiaque où les moines font 50, 100 et 300 prières. Si
l’on considère ces chiffres comme le nombre des psaumes, on voit un exercice tout à fait
impressionnant, mais, en même temps, qui n’est pas au-delà de la possibilité.
Dans les Apophtegmes, nous ne trouvons rien qui illustre la mystique de la prière,
bien que, dans un certain nombre de textes, on parle des moines qui étaient dans un état
d’extase pendant qu’ils priaient. Le sens fondamental de la prière dans les Apophtegmes est
une recherche de l’aide de Dieu. Dieu aide les priants dans des circonstances difficiles,
dans leur lutte contre les pensées mauvaises et les passions, cette aide pouvant être obtenue
aussi par la prière du maître spirituel d’un jeune moine. Les Apophtegmes consacrent
beaucoup d’attention à ces trois types de prières. Les apophtegmes qui représentent le
thème de la prière dans des circonstances difficiles sont similaires aux textes
hagiographiques et expriment l’idée de la sainteté de la personne que Dieu aide dans de
tels cas. Le thème de la lutte contre les passions et les pensées mauvaises est un sujet de
base pour toute la littérature ascétique. Dans la tradition des Apophtegmes, ce thème a ses
propres spécificités liées au rôle de la prière dans cette lutte : idéalement, le moine ne doit
pas demander à Dieu d’échapper aux tentations mais il doit surmonter les tentations en
priant à Dieu de lui en donner la force. La direction spirituelle est associée aux prières
d’intercession pour les disciples. Les Apophtegmes soulignent fortement l’autorité du
maître spirituel par les exemples où les prières d’un abba ont aidé son disciple.
438
Nous voyons que même à l’aide d’une analyse achronique et hors de tout contexte
historique, nous trouvons dans les Apophtegmes beaucoup d’informations importantes sur
la prière chez les moines égyptiens. Replacées dans leur contexte historique, les
informations achroniques des apophtegmes sur la prière des moines reçoivent une valeur
de témoignages sur des processus importants qui ont contribué à la formation du
christianisme oriental. Dans les Apophtegmes et les autres textes de leur monde, nous
voyons, d’une part, une influence sur le monachisme égyptien des idées proches du
messalianisme, qui conduisent à un refus du travail manuel pour permettre une prière
continuelle, d’autre part, la lutte contre cette influence, et, finalement, dans l’apophtegme
de l’abba Lucius, la réfutation logique de la pratique messalienne de la « prière
incessante ». Dans ce contexte, une importance particulière est accordée à la pratique des
courtes prières qui se développe chez les moines égyptiens, et qui a permis aux moines de
prier et de travailler.
Nous avons choisi de terminer notre travail par un chapitre consacré à saint
Antoine le Grand. Il s’agit du personnage principal des Apophtegmes. Le premier
apophtegme d’Antoine pourrait être le point de départ de toute étude sur la tradition de ces
textes et en particulier sur la pratique de la prière. Nous pouvons dire qu’il est possible de
considérer tout le matériau que nous avons recueilli comme un commentaire de cet
apophtegme, qui présente une sorte du programme de la vie du moine au désert, un moine
439
qui cherche Dieu, tombe dans des tentations, prie Dieu de l’aider et atteint la sainteté en
réunissant dans son mode de vie la prière et le travail (Ora et labora).
Dans le cadre de notre recherche sur l’histoire de la prière de Jésus, nous pouvons
noter l’importance des Apophtegmes comme source sur la période naissance de cette
pratique. Les témoignages directs qu’on peut y trouver sont très peu nombreux, et pour
l’essentiel, nous rencontrons des éléments isolés qui se rejoindront plus tard dans cette
pratique. La base de la pratique de la prière de Jésus est l’idée de la prière continuelle qui
inspirait des ascètes chrétiens de différentes régions. Un autre facteur important a été le
principe de combiner la prière et le travail manuel, et c’est la raison pour laquelle la
pratique de la prière continuelle n’a pas suivi le chemin de la pratique des messaliens. Le
troisième facteur est l’usage des prières courtes, qui ont formé une partie importante de la
prière monastique en général et ont occupé ainsi une place importante dans la vie
ascétique. Un quatrième facteur a été la découverte de l’efficacité de ces prières courtes
dans la lutte contre les pensées mauvaises. Pour cette raison elles deviennent universelles
en tant qu’un élément de l’office ainsi qu’un moyen de combattre contre les passions. Il
convient d’ajouter un cinquième facteur avec l’habitude, remontant à l’époque des apôtres,
d’invoquer le Christ dans la lutte contre les esprits malins, habitude que les moines
adopteront ensuite contre les passions et les mauvaises pensées. A notre avis, c’est la cause
principale pour laquelle le Christ est devenu le destinataire des prières courtes, à la place
de Dieu le Père. Enfin, la dernière raison expliquant ce changement est la confirmation
dogmatique de l’égalité du Fils et du Père, ce qui rend possible la prière continuelle au Fils.
440
BIBLIOGRAPHIE
Sources
441
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La prière dans les Apophtegmes des Pères
Résumé
Les Apophtegmes des Pères sont parvenus sous la forme de deux collections classiques de la fin du V e s. qui
regroupent les dits des grands ascètes surtout égyptiens des IV e-Ve s., ainsi que des anecdotes illustrant leur
enseignement. C’est cette littérature fragmentaire, si influente, qui est étudiée ici pour déterminer ce qu’a été
la prière de ces grands moines. Après une présentation des collections, une première partie est consacrée à la
terminologie, puis à la typologie et aux modalités de la prière étudiées avec l’aide d’autres textes
monastiques de même époque. La deuxième partie, sur le contexte historique, souligne l’importance pour
l’évolution de la prière monastique qu’ont eue la polémique avec les messaliens, et celle avec les origénistes.
Un dernier chapitre est consacré à un cas particulier important, celui d’Antoine le Grand, qui nous est connu
par les Apophtegmes, mais aussi par ses lettres et la Vie que lui consacre Athanase.
Mots-clés : Apophtegmes des Pères ; prière, terminologie ; modalités de la prière ; typologie ; messaliens ;
anthropomorphites ; origénistes ; Antoine le Grand ; prière à Jésus.
Summary
The Apophtegmata Patrum reached us in the form of two classical collections of the late fifth century which
regroup the sayings of the great ascetics of the fourth and the fifth century, especially Egyptian ones, as well
as anecdotes illustrating their teaching. This influential, fragmentary literature is studied here in order to
determine what the prayer of those great monks was. After the presentation of collections, Part I is devoted to
terminology, then to typology and modalities of prayer which were studied with the help of other monastic
texts of the same epoch. Part II examines the historical background and highlights the importance of the
controversy with Messalians, and that with Origenists, for the evolution of the monastic prayer. The last
chapter is dedicated to an important particular case, that of Anthony the Great, who is known to us by the
Apophtegmata, as well as by his letters and his Life written by Athanasius.
Keywords: Sayings of the Desert Fathers; prayer; terminology; modalities of prayer; typology; Messalians;
Anthropomorphites; Origenists; Anthony the Great; Jesus prayer.
UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE
ÉCOLE DOCTORALE :
ED 1 – Etudes grecques ; UMR 8167 Orient et Méditérannée, Monde Byzantin, Centre
d’Histoire et de Civilisation de Byzance
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