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Ce dernier chapitre du programme est plus difficile : il est destiné aux élèves curieux en mathé-
matiques et à ceux que la cryptographie intéresse.
Le système RSA est celui qui est utilisé pour sécuriser les transactions bancaires lors d’achats
via Internet.
1. Le théorème.
ap ≡ a [p].
Démonstration.
On fixe le nombre premier p quelconque et on fait un raisonnement par récurrence sur
l’entier naturel a.
Initialisation :
La propriété est vraie pour a = 0 car 0p = 0 ≡ 0 [p].
Hérédité : On suppose que ap ≡ a [p] pour a fixé.
On montre que (a + 1)p ≡ a + 1 [p].
p−1 ( )
∑ p
p
(a + 1) = a + p
ap−k + 1p (*) d’après la formule du binôme de Newton.
k
k=1 ( )
p
Nous allons montrer que, pour tout k entre 1 et p − 1, est divisible par p.
( ) ( ) k
p p(p − 1)...(p − k + 1) p
En effet, = ⇔ k! = p(p − 1)...(p − k + 1).
k k!( ) k
p
On en déduit que p divise k! car (p − 1)...(p − k + 1) est entier.
k
Or p est premier et k est un entier entre 1 et p − 1, donc p est premier avec k et avec
tous les entiers entre 1 et k.
D’où p est ( premier
) avec k!.
p
p divise k! et p est premier avec k! donc, d’après le théorème de Gauss, p divise
( ) k
p
pour tout k entre 1 et p − 1.
k ( )
p
Finalement, ≡ 0 [p] pour tout k entre 1 et p − 1.
k
L’égalité (*) et l’hypothèse de récurrence montrent alors que (a + 1)p ≡ a + 1 [p].
Conclusion : Pour tout a ∈ IN, ap ≡ a [p] si p est premier.
2. Conséquence.
On en déduit une conséquence, qui nous sera utile pour le cryptage RSA.
Soit a un entier naturel.
ap−1 ≡ 1 [p] pour tout nombre premier p ne divisant pas a.
Démonstration.
On sait, d’après le petit théorème de Fermat, que ap ≡ a [p].
On en déduit ap − a ≡ 0 [p] ⇒ a(ap−1 − 1) ≡ 0 [p].
Donc p divise a(ap−1 − 1).
Or, par hypothèse, p ne divise pas a donc p est premier avec a (car p est un nombre
premier).
On déduit du théorème de Gauss que p divise ap−1 − 1 , ce qui signifie ap−1 − 1 ≡ 0 [p].
D’où le résultat.
1. Principe.
Le cryptage RSA permet de remédier à ce problème car la clé de chiffrement est connue
de tous.
Cependant, en connaissant cette clé, il est impossible (dans l’état actuel des connais-
sances), de trouver la clé de déchiffrement.
On dit que le cryptage RSA est à clé publique.
Dans le cryptage RSA, la clé de chiffrement est composée d’un nombre n = pq (avec p et
q nombres premiers très grands) et d’un nombre c premier avec le produit (p − 1)(q − 1).
Cette clé est donc publique.
La clé de déchiffrement est composée d’un nombre d tel que cd ≡ 1 [(p − 1)(q − 1)] et
du nombre n.
Comme on l’a dit, le fait que p et q soient quasiment impossibles à obtenir à partir de
n rend la connaissance de d impossible pour un intrus.
2. Démonstration.
Nous allons justifier dans ce paragraphe pourquoi on a choisi dans la clé de chiffrement
un nombre c premier avec (p − 1)(q − 1) et pourquoi d, tel que cd ≡ 1 [(p − 1)(q − 1)],
constitue une clé de déchiffrement.
Soient donc n un nombre très grand tel que n = pq avec p et q nombres premiers égale-
ment très grands et c premier avec (p − 1)(q − 1), d’où la clé de chiffrement (c, n).
Pour crypter chaque chiffre x (d’une carte bancaire par exemple), on calcule
le reste dans la division de xc par n.
On a donc xc ≡ y [n] (*) et y est le chiffre crypté.
c étant premier avec (p − 1)(q − 1), il existe d et v entiers tels que cd − (p − 1)(q − 1)v = 1
d’après le théorème de Bezout.
Donc cd = 1 + (p − 1)(q − 1)v (et on obtient bien cd ≡ 1 [(p − 1)(q − 1)]).
De la congruence (*), on déduit :
(xc )d ≡ y d [n] ⇒ xcd ≡ y d [n] ⇒ x1+(p−1)(q−1)v ≡ y d [n] (**).
Or p ne divise pas x (car x est un chiffre et p est très grand), donc, d’après la conséquence
du petit théorème de Fermat :
q−1
xp−1 ≡ 1 [p] ⇒ (xp−1 ) ≡ 1 [p] ⇒ x(p−1)(q−1) ≡ 1 [p].
Le même raisonnement appliqué au nombre premier q donne x(p−1)(q−1) ≡ 1 [q].
Le nombre x(p−1)(q−1) − 1 est donc multiple de p et q donc il est multiplee de pq (car les
nombres premiers distincts p et q sont premiers entre eux).
On obtient alors x(p−1)(q−1) − 1 ≡ 0 [pq] ⇒ x(p−1)(q−1) ≡ 1 [n] ⇒ x(p−1)(q−1)v ≡ 1 [n].
3. Exemple.
a) Chiffrement de x = 4.
Le reste de 45 dans la division par 21 est 16 d’après la calculatrice.
Donc 4 est chiffré 16 .
b) Déchiffrement de 16.
D’après la démonstration précédente, pour avoir la clé de déchiffrement, il suffit de
prendre n’importe quel nombre d tel que cd ≡ 1 [12], donc n’importe quelle valeur de d
telle que le couple (d, y) soit solution de l’équation diophantienne 5d − 12y = 1.
Prenons par exemple d = 17, obtenu avec y = 7.
Pour déchiffrer 16, il suffit donc de trouver le reste de 1617 dans la division par 21.
8
Or, 1617 = (162 ) × 16 ≡ 48 × 16 [21] ≡ 4 [21] avec la calculatrice.
On retrouve bien 4.