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1. Je tiens à remercier Amandine Moulin pour les corrections apportées à cet article.
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ISSN: 2351-8189
Introduction
Le débat sur le multiculturalisme a pris son essor en Amérique Latine dans les années 1990.
Depuis lors, ce débat est limité à certains pays tels que le Brésil2, la Bolivie, l’Equateur, la
Colombie, le Mexique ou le Nicaragua, aux politiques indianistes (dites de reconnaissance des
droits des peuples autochtones) et aux politiques raciales affirmatives, également nommées
politiques raciales compensatoires (Costa, 2015 ; Verdo & Vidal, 2012 ; Reis, 2011 ; Bailey,
2009). La question des minorités immigrantes n’a jamais pris place dans cet espace et le thème
de l’immigration n’a guère influencé les débats sur la culture et sur l’identité nationale en
Amérique Latine (Foote & Goebel, 2014). Pour faire bref, le débat « immigrantiste » s’est
cantonné à la période des années 1880 à 1940, au peuplement des contrées (dites) vides, au
remplacement de la main-d’oeuvre esclave, voire aux idées de « blanchir » ou de « régénérer
la race » (Martinez, 2010). Cependant, la question immigrante n’a jamais réussi à contrer
la concurrence des débats racial et indianiste. Les causes de l’importance moindre des
communautés immigrantes, par rapport aux questions raciale et indianiste, sont à chercher
au sein de l’histoire de l’immigration elle-même. Soit, il est dit qu’il s’agit d’un phénomène
dont l’historicité ne va pas au-delà du tournant du XIXe au XXe siècles, soit il est dit que
son importance démographique-sociale est négligeable, mis à part les exceptions connues
(l’Argentine et le Brésil, par moment), soit tout cela ensemble. D’autres causes peuvent encore
y prendre part. Cependant, si l’on considère l’ensemble des pays latino-américains, les débats
sur les questions noire et indianiste ont supplanté le débat sur les immigrants et jusqu’à nos
jours font l’agenda des politiques multiculturelles et des actions affirmatives (Lorenzo, 2014 ;
Gros & Kervan, 2012 ; Doytocheva, 2011).
Au cours du XXe siècle, cependant, la tendance s’est inversée. L’Amérique Latine a reçu de
moins en moins de migrants et a commencé à en produire. Ces nouveaux flux migratoires
s’accentuent à partir des années 1950. Les EEUU et le Canada attirent de plus en plus
d’immigrants latino-américains, originaires des pays centre-américains, mais aussi du
Mexique, de la Colombie, de la Bolivie et du Pérou. Mais à côté du taux migratoire négatif
pour ces derniers pays, il subsiste encore un taux positif pour le Brésil et l’Argentine au cours
de cette deuxième moitié du XXe siècle. Cependant, les deux dernières décennies du XXe
siècle produisirent le changement. Des pays tels que le Brésil, l’Équateur ou le Pérou sont
redevenus lieux de départ d’immigrants vers le continent asiatique (notamment le Japon, pour
les descendants d’immigrants japonais qui s’étaient installés autrefois au Brésil), vers l’Europe
(notamment des Equatoriens vers l’Espagne) ou bien vers les EEUU, tous citoyens latino-
américains confondus, tout spécialement des Mexicains et de centre-américains (Boleda et
all., 1995 ; Portes & Rumabut, 2006 ; Koller, 2011). Depuis le début du XXIe siècle, un nouveau
changement s’est produit. Certains pays latino-américains, notamment l’Argentine, le Brésil
et le Chili, attirent des migrants, en particulier originaires des pays voisins, mais aussi de pays
africains et centre-américains, le Haïti en l’occurrence3. Des Paraguayens et des Boliviens, des
Péruviens et des Haïtiens commencèrent à migrer alors vers l’Argentine, le Brésil et le Chili
(Souchaud, 2009 ; Souchaud & Baeninger, 2009 ; dAndreas, 2007 ; Liberona, 2011 ; Souchaud,
2. Le Brésil, par la Loi numéro 10.693/03, a introduit l’enseignement de “Histoire et Culturel Afro-brésilienne” dans le curriculum de l’école
primaire et du lycée. Dans cette même année 2003, il a également reconnu le droit aux terres jadis occupées par les anciens esclaves dans
les communautés dites “Quilombolas”.
3. Cela n’est pas le cas des migrants embauchés par l’industrie de la confection. Aussi bien à São Paulo qu’à Buenos Aires, ils peuvent être
Coréens ou Chinois. Voir à ce propos, la Revue Européenne des Migrations Internationales, vol. 28, N 4, 2012.
2011). Ces nouveaux flux migratoires présentent la nouvelle face du continent qui fait bonne
figure autant sur le plan économique que sur celui des politiques sociales.4
Le cas des Haïtiens au Brésil est, en ce sens, emblématique. Le nombre de travailleurs étrangers
au Brésil (les travailleurs haïtiens, en particulier) a commencé à augmenter à partir de l’année
2010. Au mois de novembre 2011, le “portal Brasil” annonce que le nombre d’étrangers
résidant au Brésil avait largement dépasse les 960 milles enregistrés à la fin de l’année 2010,
pour atteindre le chiffre de 1,4 millions (juin/2011), et il attribue ce fait à la croissance de
7,5% de l’économie brésilienne sur l’année en cours5. En 2010, il y avait 69.015 travailleurs
immigrés légaux au pays. En 2014, ils étaient 155.982, soit une augmentation de 226% !
En 2011, il y avait 815 immigrants haïtiens au Brésil. Ce chiffre est passé à 30.484 en 2014, soit
une augmentation de 256%, bien plus importante que le nombre de Colombiens, le deuxième
groupe de travailleurs immigrés dont l’augmentation avait été de 61% pour la même période.
Au cours de l’année 2010, 23 immigrants Haïtiens avaient été admis sur le marché du travail
brésilien. Le total de nouveaux admis est passé à 1.009 en 2011, 9.801 en 2014. À la fin de
2014, un peu plus de la moitié (17.577 sur 33.557) d’admis sur le marché du travail brésilien
était d’origine haïtienne6. En résumé, la République d’Haïti a été le principal pays en termes de
travailleurs admis sur le marché du travail au Brésil entre 2010 et 2014, 26% du total. Pour la
seule année 2014, ce pourcentage est devenu encore plus important : 37% du total !
Parmi les états brésiliens qui ont reçu des travailleurs étrangers dans l’année 2014, les états de
Santa Catarina, du Paraná et du Rio Grande do Sul affichaient les taux les plus significatifs,
26%, 19% et 18% respectivement, soit 63% du total d’admis dans le pays. En ce qui nous
concerne, l’état du Paraná a connu une augmentation du nombre de travailleurs immigrés
légaux encore plus importante que celle enregistrée pour le pays tout entier. Ainsi, il n’y avait
pas d’Haïtiens dans l’état du Paraná en 2010 et en 2013, on comptait 2.516 individus, soit
25,86% du total d’Haïtiens installés au Brésil. Finalement, en 2014, le Paraná a encore admis
6.348 immigrants travailleurs, dont 4.183 (65,89%) étaient des Haïtiens. À la fin de l’année
2014, il y avait 19.163 travailleurs haïtiens sur le marché du travail paranense7.
Les nouveaux chiffres de l’immigration ont ainsi démontré sans contestation aussi bien la
vitalité du marché de travail paranaense que l’importance proportionnelle des Haïtiens.
Ce flux migratoire n’a pas échappé aux académiciens et, à l’heure actuelle, il est possible de
déceler un champ d’études bien établi sur ce thème (Valler Fillho, 2007 ; Rodrigues, 2008 ;
Godoy, 2011 ; Contiguiba e Pimentel, 2012; 2015 ; Caffeu & Cutti, 2012 ; Caisse, 2012 ; Costa,
2012 ; Silva, 2012; 2013 ; Télémaque, 2012 ; Andrade et. all., 2013 Bulamah, 2013 ; Loquidor,
2013 ; Minchola & Redin, 2013 ; Thomaz, 2013 ; Braum, 2014 ; Castro & Fernandes, 2014 ;
Cogo, 2014 ; Fainstat, Noal & Véran, 2014 ; Pinto, 2014 ; Zeferino, 2014 ; Handerson, 2015 ;
Peres, 2015 ; Sá, 2015).
4. Bien évidemment, cette analyse ne tiendra pas compte de la toute récente crise économique qui s’est abattue sur divers pays du Cône
Sud, notamment le Brésil,
5. À ce moment précis, les Haïtiens n’étaient pas encore le groupe le plus important. Pour plus de détail, voir www.Brasil.gov.br/economia-
e-emprego/2011/11/economia-brasileira-a-atrai-estrangeiros-e-imigração-aumenta-50-em-seis-meses. Accès le 6/08/2015
6. Cela les plaçait bien avant les Sénégalais, le deuxième groupe avec 2.830 travailleurs admis.
7. Dans le sens inverse, en l’année 2014, les Haïtiens ont été le groupe le plus fortuné avec seulement 6.790 travailleurs licenciés.
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Les études citées plus haut portent sur des sujets de recherche très variés. A titre d’exemple,
l’histoire de l’Haïti et son rapport aux puissances coloniales (France et EEUU) et le phénomène
(culturel et social) des migrations haïtiennes, en particulier vers le Brésil côtoient les études
plus spécifiques des Haïtiens migrants vers le Brésil, leur parcours à l’intérieur du pays, entre
autres. Enfin, il y a des études sur la culture et sur la langue créole ou encore sur le phénomène
religieux. Dans l’ensemble, cependant, on n’y décèle pas d’analyses cherchant à comprendre
l’immigration haïtienne à partir du multiculturalisme encastré ni dans les pratiques sociales
des migrants eux-mêmes, ni encore dans les actions mises en œuvre par les pouvoirs publics
(les agences gouvernementales et le ministère public) ou par les acteurs de la société civile et
religieuse. Néanmoins, des recherches préliminaires indiquent que des pratiques culturelles
différenciées de ces nouveaux immigrants commencent à interpeller la société brésilienne,
dite intégrationniste et socialement métissée. De plus, ces pratiques semblent indiquer les
limites de l’accueil public républicain, laissant à présager le surgissement de nouveaux modes
culturels (Yudice, 2002), notamment en rapport aux actions menées par des associations
privées et des églises. Cela étant, la question se présente de la façon suivante : comment
comprendre ces nouveaux et inattendus enjeux de forces entre les pouvoirs publics et les
associations civiles et religieuses, d’un coté, et les pratiques des migrants, de l’autre ? L’analyse
qui s’en suit tient pour origine une recherche sur l’histoire récente de l’accueil dans le Paraná
et une enquête sur les conditions de vie et de travail des immigrants haïtiens, qui habitent les
villes de Curitiba (capitale de l’état) et de Londrina. Au cours de l’année 2015, nous avons
interviewé 33 Haïtiens, dont 24 hommes et 9 femmes. Nous avons interviewé également des
personnalités politiques et des agents administratifs de l’état du Paraná, de la société civile et
des églises dans le but de comprendre les diverses actions et formes d’accueil à l’œuvre.
8. Ces derniers souhaitaient faire venir leurs enfants, mais jusqu’à aujourd’hui il n’y aucune politique de regroupement familiale au Brésil.
Situation Maritale
Sexe N Moyenne d’âge
Marié Célibataire Divorcé Enfants
H 24 5 18 1 10 32,4
F 9 7 2 - 8 29,3
Total 33 12 20 1 18 30,8
9. A titre d’exemple, l’Université d’État d’Haïti (UEH) rassemble, à travers le territoire, plus de 20 milles étudiants et 1.500 enseignements.
La liste complète d’établissements supérieurs à Haïti peut être consultée sur le site www. en.wikipedia.org/wiki/List_of_universities_in_
Haiti.
10. Pour faire bref, le rapport entre le Brésil et le Haïti commence en 2004. Cette année, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a créé
la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), dont le but était de mettre fin à l’instabilité politique en Haïti
et dont la composante militaire est dirigée par l’armée de terre brésilienne depuis lors. Voir http://www.un.org/fr/peacekeeping/missions/
minustah/background.shtml
11. Finalement, en 2015, le “visa humanitaire” a été prolongé et l’ambassadeur brésilien à Haïti, Fernando Vidal, l’a annoncé haut et fort,
réaffirmant que tout Haïtien (il n’y a pas de plafond) “qui veut voyager au Brésil […] recevra un visa valable pour cinq ans”. Voir le site
http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/150801/Le-Bresil-bras-ouverts-attend-tous-les-Haitiens
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migrer vers les EEUU, le Canada ou la France. Pour quoi donc le Brésil ? La facilité d’obtenir
des visas s’est rapidement diffusée et a induit de nombreux de migrants. Selon nos interviewés,
l’intérêt de venir au Brésil tiendrait au fait que le pays avait ouvert ses portes et commencé à
octroyer des visas qui permettaient de travailler légalement : « Un pays qui permet le travail
légal de l’étranger doit être un pays riche » (Homme, 29 ans, au Brésil depuis 2013, employé
dans la restauration) ; « Le Brésil a passé un accord avec Haïti, je savais que j’obtiendrais le
visa » (H, 22 ans, au Brésil depuis 2013, vendeur) ; « Tout Haïtien entend de l’Ambassadeur
brésilien que les portes du Brésil sont grandes ouvertes pour nous » (Homme, 39 ans, au Brésil
depuis 2014, vendeur).
Malgré la politique de portes ouvertes, les politiques locales d’accueil (municipalités, états
et pays confondus) ont fait défaut et les problèmes se sont accumulés dès le début du flux
migratoire. En ce qui concerne le Paraná, ce fut en 2010, à la suite de l’arrivée des premiers
immigrants Haïtiens et d’autres immigrants clandestins que l’état a commencé à discuter
la question. A ce moment là, aussi bien l’état du Paraná que la Mairie de Curitiba se sont
tournés vers les associations civiles et religieuses. En général, les immigrants Haïtiens arrivés
dans la ville de Curitiba (la capitale de l’état) se dirigeaient au centre d’accueil catholique,
dite « Pastoral do Imigrante » ou encore à la Casa Latino-Americana (CASLA)12 . Grâce à
des relations personnelles entre celui qui a dirigé le Département des Droits Humains (de
l’état du Paraná entre 2011 et 2013), le professeur José Gediel et les responsables politiques,
l’accueil est rentré dans l’agenda de l’état et a commencé à être organisé. Dès lors, la priorité a
été d’héberger les nouveaux arrivants et de leur trouver du travail. Ceci n’a pas été facile car
l’immigrant Haïtien s’est heurté à des préjugés considérables. A titre d’exemple, la « Pastoral »
s’est dirigé vers ses fidèles et propriétaires (déjà établis dans le marché de location) en se
portant garant afin de les convaincre à louer aux Haïtiens.
Au fur et à mesure, le milieu Haïtien s’est rendu compte des problèmes d’intégration.
L’Association pour la Solidarité des Haïtiens au Brésil13, créée en 2014 et qui avait pour but de
représenter les Haïtiens à commencé à répondre aux situations quotidiennes vécues. Dans
la ville de Curitiba, l’Association a joué un rôle très important et est devenue la principale
voie des immigrants eux-mêmes. D’une part, l’Association, par la voie de sa présidente,
Laurette Bernadin, est sans cesse interviewée par les médias. Dans un entretien accordé au
journal Gazeta do Povo, le 3 août 201514, elle a affirmé : « Jusqu’à maintenant, le Brésil n’a pas
encore fixé sa politique migratoire15. Il y a le visa humanitaire, mais il n’y a pas de structure
humanitaire pour recevoir les étrangers.” Par ailleurs, l’Association organise des initiatives
telles que la fête du drapeau haïtien, le 18 mai, la journée « Nous sommes tous des migrants »
ou encore les fêtes de Noël, ouvertes à toute la société de Curitiba, destinées à recevoir des
donations les plus diverses.
12. La CASLA, créée dans les années 1980,est une organisation non-gouvernementale dont le but est de promouvoir des actions éducatives.
Au fur et à mesure, elle s’est engagée dans d’autres domaines telles que la défense des droits des immigrants. Pour plus de détails, voir le
site www.casla.com.br.
13. L’Association, basée dans la ville de Curitiba, a été créée par l’immigrante haitienne, Laurette Bernadin.
14. Disponible en ligne au http://www.gazetadopovo.com.br/vida-e-cidadania/especiais/sonho-haitiano/falta-estrutura-para-acolher-
imigrantes-5ntzgavclj4cski1s2lhh9b8d
15. En fait, il y a aujourd’hui dans le Parlement brésilien, un projet de loi qui vient d’être approuvé par le Sénat. Si jamais cette loi (dite
Loi de Migration) est sanctionnée, elle révoquera les deux anciennes lois sur le sujet, celle de numéro 818 (1949) et celle de numéro 6.815
(1980), dite la “Loi de la Dictature”. Pour plus de détail, voir http://agenciabrasil.ebc.com.br/politica/noticia/2015-07/senado-aprova-lei-
de-migracao-que-reve-legislacao-da-epoca-da-ditadura
En outre, le modèle des associations des Haïtiens s’est rapidement diffusé et, à l’heure
actuelle, il y a des associations dans les ville de Brasília (la capital du Brésil), depuis 2014,
de Chapecó (état de Santa Catarina), depuis 2014, de Maringá (état du Paraná), depuis
2016, et dans la ville de São Paulo (état de São Paulo), l’Association des Haïtiens du
Brésil16. Dans la ville de Rio de Janeiro (état de Rio de Janeiro), il y a un projet - “Haïti é
aqui”17 - destiné à faciliter l’intégration de l’immigrant haïtien. Ces associations ont pour
objectif principal l’intégration et la défense de l’immigrant. Mais, in fine, elles contribuent
à sauvegarder et à diffuser la culture haïtienne au sein de la société brésilienne. En même
temps, elles deviennent des lieux de rencontre et de sociabilités diverses, contribuant ainsi
à faire entendre la voix des Haïtiens auprès des acteurs publics et privés, comme nous le
montrerons plus bas.
En ce qui concerne l’état du Paraná, force est de constater que la mise en place des structures
d’accueil a bien tardé. En 2015, cinq ans après l’arrivée des premiers immigrants, le Secrétariat
de Justice a fini par créer un Comité de Migrants et Réfugiés et une Maison d’Accueil. Grâce
au travail du professeur Gediel et de la présidente du Comité, Fátima Yokahama, à l’heure
actuelle, dans chaque secrétariat de l’état il y a un fonctionnaire en charge d’accompagner les
actions d’accueil. Enfin, c’est bien ce Comité qui est à l’origine du Conseil d’État des Droits des
Migrants, Réfugiés et Apatrides, sur lequel nous reviendrons plus bas.
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de l’UFPR les prend alors en charge et crée six classes de 20 étudiants chacune. En 2014, 18
nouvelles classes sont ouvertes et, en 2015, 20 de plus19.
L’apprentissage du portugais en tant que langue étrangère a été une nouveauté dans la
formation de l’UFPR. Les professeurs Bruna Ruhano et Maria Gabriel l’expliquent dans ces
termes : « C’est très différent par rapport à l’apprentissage du portugais à de lusophones. En
outre, il ne s’agit pas tout simplement d’apprendre une langue étrangère, mais d’apprendre
une langue d’accueil des étrangers, c’est-à-dire, d’un apprentissage destiné à les accueillir,
en abordant des questions qui les concernent. Par ailleurs, il est clair que la société
curitibanaise doit reconnaître l’existence des étrangers ». Pour ce faire, en plus des activités
d’enseignement, les professeurs du cours de portugais organisent des actions d’intégration,
telles que les visites aux musées et des fêtes d’amitié où les étudiants (en l’occurrence,
les Haïtiens) sont invités à essayer des plats typiques de la cuisine brésilienne. Ils créent
également une page de divulgation de leur travail sur facebook – Português Brasileiro para
a Migração Humanitária. Ainsi, petit à petit, l’espace de l’université devient un lieu de
rencontres pour des Haïtiens qui ne se connaissaient pas forcément car venus de différentes
régions du pays. En conséquence, les relations sociales qui se tissent entre eux ont commencé
à produire de nouvelles pratiques culturelles.
La demande pour l’apprentissage étant bien plus importante que la capacité de formation
des universités concernées, un réseau informel des entités proposant des cours de portugais
s’est rapidement mis en place. Les institutions commencèrent alors à s’envoyer des étudiants
et à faire davantage pression sur la Mairie de Curitiba et sur l’état du Paraná, avec des
conséquences que nous commenterons plus bas. D’autre part, les professeurs de portugais de
l’UFPR se sont associés à d’autres collègues et commencèrent à mobiliser tous les universitaires
qui s’occupaient de la question migratoire. L’entente a finalement eu lieu autour du projet
« Projeto de Extensão e Pesquisa Política Migratória e Universidade Brasileira »20 dont le but est
d’intégrer les activités d’enseignement et de recherche aux besoins des étrangers. Un service
gratuit d’aide juridique fut mis en place, ainsi que des initiatives visant à intégrer dans les
corpus d’étudiants de l’UFPR, les Haïtiens qui auraient les diplômes secondaires requis, selon
la disponibilité des places dans les formations couramment offertes.
En novembre 2015, le projet universitaire cité ci-dessus a organisé, grâce au soutien financier
du Ministère Public du Travail (Paraná), un séminaire international destiné à débattre la
politique migratoire brésilienne. Lors du séminaire les membres du Conseil d’État des Droits
des Migrants, Réfugiés et Apatrides (CERMA/Pr)21 ont été élus. Le séminaire, au-delà des
questions académiques traitées, est aussi une vitrine où les immigrants eux-mêmes sont
venus se manifester et apporter leurs témoignages. A titre d’exemple, le dernier jour du
séminaire, un groupe de musiciens haïtiens est monté sur scène et a improvisé un petit
concert. À la fin, ce n’est pas tout simplement le débat sur la question migratoire qui a été
légitimé, mais aussi, en quelque sorte, la présence de la culture haïtienne, voire le mouvement
de la société à la rencontre des nouveaux modes culturels des immigrants. Cette diversité
19. A l’heure actuelle, il y a 53 professeurs engagés dans les cours de portugais pour un total de 250 étudiants.
20. Voir le site http://www.direito.ufpr.br/portal/extensao/atividades-de-extensao/ et aussi sur la page facebook www.facebook.com/
projetohospitalidade
21. Le Conseil fut créé par la loi N 18.465 du 24 avril 2015. Il est lié au Secrétariat de l’État [du Paraná] de la Justice, Citoyenneté et Droits
Humains (SEJU-Pr). Il s’agit d’un conseil de consultatif et délibérant, composé par 18 membres originaires des structures publiques et de la
société civile. Pour plus de détail, voir le site www.dedihc.pr.gov.br/modules/conteudo/conteudo.php?conteudo=135.
culturelle peut-elle être considérée comme le brouillon amorcé d’un multiculturalisme qui
n’a pas encore dit son nom ?
Le partenariat entre l’UFPR et le Ministère Public du Travail mérite une réflexion à part entière.
Pour faire bref, à partir de 2013, des plaintes concernant le non-respect du salaire minimum,
les licenciements illégaux ou encore les pratiques discriminatoires vis-à-vis des travailleurs
étrangers arrivent au Ministère Public, qui lance des enquêtes préliminaires. Les procureurs
commencent alors à se mobiliser afin d’y faire face et, en l’occurrence, de les envoyer aux
tribunaux. Les procureurs se voient ainsi face à des questions nouvelles auxquelles ils n’étaient
pas habitués et pour lesquelles le Ministère Public n’avait pas les moyens nécessaires. Le
Procureur Dr. Alberto Emiliano de Oliveira Neto a résumé la question dans ces termes :
Il y avait une plainte concernant les conditions de travail dans le stade du club Atlético22. La loi
nous autorisait à fiscaliser. En 2013, j’ai organisé un groupe de travail pour une visite d’inspection.
Il y avait des problèmes de sécurité au travail. Les auditeurs ont émis leur rapport et la construction
a été suspendue. À ce moment, il y avait des problèmes concernant les Haïtiens. Ainsi, je me suis
adressé aux entités (CASLA, Caritas, Pastoral) qui s’occupaient déjà des immigrants et nous avons
commencé à travailler ensemble. [...] Je me suis aussi servi des syndicats que nous connaissions
déjà pour qu’ils nous aident à comprendre la situation particulière des immigrants car nous ne
travaillons que sur les demandes qui nous arrivent. Mais il y avait un peu de tout, y compris dans
les chantiers privés de maisons de luxe. (Procureur Alberto, le 15 août 2015).
Lorsque nous lui avons demandé s’il était question des problèmes spécifiques liés au statut de
migrant, telle que des attitudes discriminatoires, voire du racisme, il a affirmé ceci :
Il n’y avait pas forcément de discrimination parce que les pratiques de précarisation du travail
auxquelles des Brésiliens sont déjà soumis étaient simplement élargies aux immigrants. Mais il y
avait aussi l’aspect culturel. Le migrant, soit par sa condition sociale, soit par la fragilité dans le
contexte de sa vie, [...] est plus enclin à accepter les situations précaires. Le migrant, en principe,
ne met pas en doute l’absence de contrat de travail, la limite journalière des heures de travail, le
non-respect du salaire minimum. (Procureur Alberto, le 15 août 2015)
Au fur et à mesure, les Procureurs ont établis des liens avec différents acteurs de la société
curitibaine qui travaillaient déjà sur la question des migrants. Cela a eu pour effet, par
exemple, l’organisation d’un partenariat entre le Ministère et la Faculté de Droit de l’UFPR qui
coordonnait le Projet Politique Migratoire, commenté ci-haut. Des rencontres académiques
ont été organisées et, finalement, au mois de septembre 2015, les divers acteurs décidèrent de
créer le Forum Migration et Travail, destiné à coordonner les actions en faveur des migrants,
notamment la lutte pour l’emploi et le droit du travail. Le Forum est devenu de nos jours un
espace de rencontres où les questions concernant les migrants sont débattues et des actions
proposées. Le Ministère Public du Travail et l’UFPR ayant des salles de réunions et des locaux
de travail à disposition, le groupe s’est mis s’est mis à l’action. Parmi les membres, il y a des
professeurs mais aussi des étudiants, des agents publics, des représentants des syndicats
ouvriers et patronaux, ainsi que des représentants de diverses associations. On s’aperçoit
depuis sa création que les avis sur les principaux problèmes des migrants se partagent. Dans
la plus grande partie des cas, les témoignages des Haïtiens intéressés décrivent ces problèmes
comme étant fondamentalement de l’ordre du non-respect des droits du travail. Néanmoins,
les Haïtiens affirment que les relations sociales avec les Brésiliens (collègues de travail et
22. Atlético Paranaense est l’un des clubs de football de la ville de Curitiba. Son stade a été reconstruit pour recevoir des matchs lors de la
Coupe du Monde de Football qui a eu lieu au Brésil en 2014. Pour plus d’information, voir www.atleticoparanense.com
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employeurs confondus) ne sont pas forcément évidentes car il y a, de la part de ces derniers,
une profonde méconnaissance du peuple et de la culture haïtienne.
Dans les entretiens menés auprès de certains acteurs du Forum, on se rend compte que la
différence des valeurs sociales et culturelles entre le Brésil et Haïti n’était pas méconnue,
mais que cela ne signifiait pas pour autant qu’elle était appréhendée objectivement, c’est-à-
dire, que le groupe ne s’était pas mis d’accord pour les prendre en compte dans les actions.
A titre d’exemple, dans les deux rencontres du Forum auxquelles nous avons participées,
les membres se sont mis d’accord sur le besoin de protection ressenti par les immigrants.
Un service d’aide juridique gratuite était déjà en place, et les étudiants Haïtiens de l’UFPR
étaient convoqués pour aider dans ce travail. Par contre, la question d’un droit spécifique
aux étrangers fut à peine évoquée, car fondamentalement contraire à la loi en vigueur.
Aujourd’hui, plusieurs questions se posent, depuis les modes d’accueil, en passant par la
reconnaissance des différences culturelles des Haïtiens – ils ont leur propre culture et n’ont
pas forcément envie d’y renoncer - jusqu’au besoin de les laisser s’intégrer dans la vie sociale
à leur rythme et non pas tout simplement de leur apprendre à connaître les particularités
du marché du travail local. Ceci est intéressant car, grosso modo, les immigrants ne sont pas
forcément appelés à opiner sur la politique ou sur les actions d’intégration. Par contre, il
n’est pas anodin que justement dans une région, et plus particulièrement dans une société
curitibaine23, à fort taux de descendants d’immigrants, des politiques multiculturelles
commencent à être librement discutées.
23. L’immigration au Brésil a été plus importante dans les états du sud du pays. A titre d’exemple, la ville de Curitiba a connu une forte
immigration entre les années 1870 et 1920 et les discours officiels sont très fiers d’être une “ville immigrante”.
24. Voir le site www.mscs.org.br
25. Voir le site www.pastoraldomigranteregionalsul.blogspot.com.br
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Les modes d’intégration : le multiculturalisme à l’œuvre ?
Le Paraná est fier d’être le seul parmi les états de la République Fédérative Brésilienne à avoir
créé un conseil des migrants, comme nous l’avons montré ci-haut. Aujourd’hui, il a bâti
également le premier Centre de Soutient au Migrant. Selon la responsable de ses activités,
Fátima Yokahama, le pas suivant est d’intégrer tous les acteurs qui travaillent, d’une manière
ou d’une autre, avec les migrants.
Par ailleurs, selon l’avis général des interviewés, les Brésiliens connaissent à peine le Haïti
et leurs propos sur le pays sont, en règle générale, très négatifs. Ces images négatives sont
réaffirmées par les organes de presse, y compris par les journaux télévisés (Télémaque, 2012).
A titre d’exemple, il est courant d’entendre dire que les Haïtiens migrants sont tous très
pauvres. Cependant, « tous les Haïtiens à Curitiba appartiennent aux couches moyennes »
(Homme, 29 ans, au Brésil depuis 2013, travaillant à la restauration). Pour comprendre cet
apparent paradoxe, analysons les niveaux de qualification scolaire des interviewés.
Le groupe interviewé affiche une très bonne formation scolaire, surtout si l’on compare ces
donnés avec la réalité en Haïti. Par ailleurs, lorsqu’on analyse la connaissance des langues
étrangères, la thèse des Haïtiens originaires des couches moyennes se confirme (Tableau 5).
L’histoire des migrations internationales montre que ce ne sont jamais les plus pauvres qui
migrent, mais ceux qui ont des ressources, y compris pour le déplacement. La connaissance
des langues étrangères correspond bien au niveau scolaire. En plus, la connaissance de
l’anglais ou de l’espagnol a pour cause les migrations antérieures, notamment en République
Dominicaine. Compte tenu de la crise économique actuel au Brésil, il est à penser que les
Haïtiens, des migrants avisés, peuvent ne pas y rester longtemps. Dans le sens inverse, le
capital culturel des interviewés laisse à penser que l’intégration sera l’objet de disputes et qu’il
y aura un fort enjeu entre la culturelle haïtienne et la culturelle brésilienne.
Dans le but de comprendre ces enjeux, nous avons demandé à notre groupe comment ils
voient leur avenir. Parmi les 33 interviewés, 9 sont totalement déçus et veulent rentrer le plus
tôt possible. Néanmoins, il ne s’agit pas d’un retour en arrière, mais d’une étape en vue de
nouvelles migrations parce que « le Haïti n’est pas une option ». Par contre, le désir de rester au
Brésil n’est pas inconditionnel. Si jamais la réalité s’avère de plus en plus difficile, une nouvelle
migration, soit en Argentine, soit en Chile est déjà envisagée28.
Les moyens de communication aidant, la présence de la culture haïtienne dans leur quotidien
est très forte. Ils mangent des plats typiques haïtiens, écoutent de la musique haïtienne et, à
l’heure actuelle, des jeunes haïtiens installés à Curitiba ont créé une bande de musique, le
Récif29. Le Récif est composé de 18 musiciens venus de différentes régions d’Haïti. Selon Evens
Mondesir, « Il y des personnes au Brésil pour qui les Haïtiens et le peuple noir ne connaissent
rien, et n’ont rien de bien à offrir. C’est pourquoi ils nous traitent mal, pas bien. Mais nous
avons des talents cachés »30 . Leur but est donc de faire connaître au public curitibain et
brésilien les compétences de l’immigrant haïtien. Dans le même registre, dans la ville de
Cascavel (située à 500 km à l’ouest de Curitiba), la radio Norte a même créé une émission
de musique haïtienne – tous les jours entre 20 et 21 heures - destiné aux 1,3 milles Haïtiens
installés dans cette ville, sous la coordination de Marcelin Geffrard, un pédagogue haïtien qui
vit au Brésil depuis 2012.
Malgré ces initiatives, l’intégration des interviewés dans la société locale est très réduite, soit
parce qu’ils n’ont pas assez de temps libre, soit encore parce qu’ils ne maîtrisent pas les codes
culturels. Le rapport à la nourriture brésilienne, le type de musique sur les téléphones portables,
les amis brésiliens ont été des questions posées afin de vérifier le degré de connaissance ou
d’intégration à la culture nationale. Les réponses confirment la thèse de Portes et al. (2008).
L’intégration est l’affaire de la deuxième génération et non pas de la première. Lorsqu’on leur
a demandé comment ils se voient par rapport à la culture brésilienne, ils ont affirmé sans
ambiguïté se sentir très haïtiens. Une jeune femme (mariée, 28 ans, au Brésil depuis 2014,
au chomage) interviewée a affirmé avoir le projet de faire importer des produits haïtiens
pour les vendre à ses compatriotes à travers l’Association. Il est à penser ainsi que le capital
culturel acquis – et le processus de distinction qui lui est corrélatif - crée plus de distance
que de proximité, plus de difficulté que de facilité d’intégration. Au contraire, à l’évidence, la
distinction tend à affirmer la différence et à consolider de nouvelles formes culturelles, voire
au multiculturalisme.
En guise de conclusion
Les actions, avec un objectif d’intégration, adressées prioritairement aux Haïtiens sont en
train de reconnaître leur différence. Cela pourra à terme lancer le débat sur la question
multiculturelle ? Rien n’est plus incertain. L’intérêt pour la migration est pr’sent dans les
acteurs brésilien interviewés. Par contre, migrer est un fait historique et culturel chez les
Haïtiens. Cela peut indiquer que les Haïtiens déjà installés au Brésil peuvent partir. Mais
la question n’est pas aussi simple car les Haïtiens interviewés qui ont déclaré l’intention de
quitter le Brésil, ne retourneront pas forcément en Haïti. Très avisé de la crise économique
brésilienne, rentrer à Haïti semble encore pire que de rester au Brésil. La possibilité de partir
28. Lorsque nous écrivions cet article, nous avons appris que l’un de nos interviewés venait de partir au Chili.
29. Il y a un vidéo de la bande disponible sur le site http://www.gazetadopovo.com.br/videos/haitianos-montam-banda-de-musica-em-
curitiba
30.Voir le reportage dans la presse écrite sur le site www.gazetadopovo.com.br/caderno-g/para-ouvir-o-haiti-9p8w9dobj97p33tee8et78k7ii
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ISSN: 2351-8189
en Argentine, au Chili31, etc., a été évoquée lorsqu’il a été question de la difficulté de trouver
du travail au Brésil. Le processus de migration en continu peut avoir comme conséquence,
nous le croyons, la formation d’un capital (tel que Pierre Bourdieu le définit) de mobilité.
En effet, l’expérience migratoire semble être cumulative et libertaire : plus on migre, plus
on se sent en mesure de le faire (capital de mobilité), plus déraciné et multiculturel à la fois,
on devient.
Pour ceux qui ont démontré l’envie de rester au Brésil, l’intégration – par le mariage, par
le travail, par les parcours éducatifs, par les sociabilités religieuses, entre autres - peut être
considérée comme le cap à franchir. Cependant, et cela peut paraître paradoxale, l’intégration
ne veut pas dire, comme c’était le cas jadis, l’assimilation ou l’acculturation. En d’autres termes,
le migrant haïtien peut être intégré tout en sauvegardant ses modes culturels d’origine. En
toute évidence, il y a des points en commun entre les cultures brésilienne et haïtienne. Les
Haïtiens eux-mêmes se plaisent à dire qu’ils aiment la musique brésilienne. Mais ils aiment
également la musique haïtienne. En résumé, à côté des Italo-Brésiliens, des Nippo-Brésiliens
ou encore des Polono-Brésiliens, pour quoi ne peut-on pas songer au surgissement d’un
nouveau groupe, les Haïti-Brésiliens ?
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31. L’un de nos interviewés, nous l’avons appris de manière fortuite, est parti à Santiago du Chili le mois de mars 2016.
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