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BIODIVERSITÉ

La

se raconte

Ministère de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement

www.developpement-durable.gouv.fr
2 la biodiversité se raconte 3

Sommaire

p. 4 Trois questions à Robert Barbault

p. 7 Les interactions p. 13 L’évolution p. 20 Cultiver


au cœur de la biodiversité de la biodiversité la biodiversité
En quoi la prise en compte des Comment l’évolution des espèces Quels liens unissent agriculture
liens entre les êtres vivants est- permet-elle de comprendre la et biodiversité ?
En couverture : un insecte appelé œdémère noble (Œdemera nobilis) sur une grande brize ou amourette (Briza maxima).
elle nécessaire pour étudier la biodiversité actuelle ? Bétail français : vaches
biodiversité ? Nos larmes et l’histoire orientales et porcs gaulois
Cette brochure est une publication du Ministère de l’Écologie, du Développement durable, des transports et du Logement Des prédateurs très utiles de la Terre Histoire d’une poignée
Conception éditoriale : SG/DICOM/DIE - Conception et réalisation graphique : Florence Chevallier - Ref. DICOM-DGALN/BRO/11001 - septembre 2011 L’énigme du caïman noir À chaque thym son parfum de terre
Crédits photos : couverture : Olivier Brosseau / MEDDTL p. 2-3 : O. Brosseau / MEDDTL p. 4 : Jean-Christophe Domenech / MNHN p. 7 : Thierry Degen / La puissance maritime Prise de bec aux Galápagos Quand le croissant était
MEDDTL p. 8 : Marc Taquet / Ifremer p. 9 : Pierre Reynaud / IRD p. 10-11 : Lieven Vandergheynst / Fotolia p. 12 : the h / Fotolia p. 13 : O. Brosseau /
MEDDTL p. 14 : Pierre Roger / IRD p. 15 : O. Brosseau / MEDDTL p. 17 : Jean-Michel Boré / IRD p. 18 : Thierry Charrier p. 20 : T. Degen / MEDDTL
des chats Le bonheur n’a pas toujours fertile…
p. 21 : Laurent Mignaux / MEDDTL p. 22 et 24 : O. Brosseau / MEDDTL p. 25 : Frédéric Prochasson / Fotolia (cave) ; Unclesam / Fotolia p. 26 : Qui mange qui sur les côtes été dans le pré Voyez la vie en bleu !
O. Brosseau / MEDDTL - Gravures : Fotolia de l’Alaska ? Des millions d’années de
Source : toutes les histoires de cette brochure sont tirées de La biodiversité à travers des exemples, les réseaux de la vie
(Conseil scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité, ministère du Développement durable, 2008, 196 pages). chantier
Impression MEDDTL/SG/SPSSI/ATL2 - Brochure imprimée sur du papier certifié écolabel européen, www.eco-label.com

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4 la biodiversité se raconte 5

Robert Barbault est écologue, professeur


à l’université Paris-VI et directeur du département
écologie et gestion de la biodiversité au Muséum
national d’Histoire naturelle.

En quoi la prise en autres (prédation, parasitisme, qui animent cette évolution est
compte des liens entre coopération, entraide…) mais particulièrement importante,
les êtres vivants aussi d’interagir avec leur milieu notamment au travers de l’étude
est-elle nécessaire de vie. La notion d’interaction est des interactions évoquées
pour étudier la biodiversité ? donc centrale pour appréhender la précédemment.
Robert Barbault : Il est biodiversité. Enfin, additionner les
effectivement classique de espèces qui nous entourent nous Pourquoi la vie a-t-elle duré si long-
présenter la biodiversité à travers conduit trop souvent à oublier que temps et continue-t-elle de durer ?
les espèces parce que c’est ce nous, Homo sapiens, faisons Parce qu’elle s’appuie sur une
que l’on voit le plus aisément. De partie du tissu vivant de la colossale diversité d’espèces, sur
surcroît, cela facilite la découverte planète. une bonne diversité génétique
de l’univers complexe de la diver- et sur une considérable diversité

3 à Robert Barbault
questions
sité du vivant par les non-spécia- d’organisation entre les espèces
listes. Cependant, on finit par être Comment l’évolution (ce que l’on appelle les écosys-
obsédé par le nombre et on perd des espèces tèmes, par exemple les lacs,
de vue que les espèces ne sont permet-elle les forêts tropicales, les savanes...).
pas de simples entités indépen- de comprendre la La diversité est donc à la base
dantes les unes des autres, mais biodiversité actuelle ? de l’adaptation du vivant aux
sont des êtres vivants au cœur de R. B. : Parler de biodiversité, c’est changements que la terre subit
nombreuses interactions. Tout nécessairement se placer dans le à grande échelle (glaciations,
d’abord, les espèces ont des contexte de l’histoire du vivant. éruptions volcaniques, émergence
relations de parenté très En effet, les millions d’espèces des chaînes de montagne…)
anciennes. Par exemple, le qui existent aujourd’hui sont le comme à petite échelle (incendies,
chimpanzé, le gorille et Homo fruit d’une longue évolution sur inondations…).
sapiens (l’homme) sont trois des échelles de temps qui nous
primates cousins qui partagent un paraissent incommensurables*. * L’apparition de notre espèce, Homo
ancêtre commun. Ensuite, depuis Il faut donc prendre en compte sapiens, est datée d’environ 200 000
ans, ce qui très récent au regard des
l’apparition de la vie il y a l’évolution à la fois comme cadre premières formes de vie connues,
environ 3,8 milliards d’années, théorique et comme vaste apparues il y a environ 3,8 milliards
d’années et des premiers organismes
les espèces n’ont pas cessé phénomène de diversification à plusieurs cellules, il y a entre 900 et
d’interagir les unes avec les du vivant. L’analyse des processus 800 millions d’années.

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6 la biodiversité se raconte les interactions au cœur de la biodiversité 7

Les interactions
Quels liens unissent que ce soit les nombreuses races qu’à condition d’utiliser des
agriculture et domestiques, les innombrables pesticides qui sont certes
biodiversité ? variétés agricoles... efficaces mais dont les doses
R. B. : Les agricultures
sont le résultat d’une coopération
entre Homo sapiens et de
Avec l’industrialisation de
l’agriculture, on a tendance à
ou la virulence doivent être
augmentées car les espèces
nuisibles évoluent et s’adaptent.
au cœur de la
nombreuses espèces végétales
et animales qui ont été
domestiquées et dont l’évolution
parler d’agriculture au singulier
comme si c’était la seule façon
de cultiver des plantes ou
Or, ces pesticides qui tuent des
insectes, des plantes, des
champignons ne sont pas très
biodiversité
a été orientée en fonction de nos d’élever des animaux ! Or, la sains non plus pour les consom-
propres intérêts. La composante diversité est aussi dans les mateurs des plantes ainsi
agricole s’inscrit donc dans le pratiques agricoles, les pratiques cultivées.
vaste champ de la diversité d’élevage... et les cultures des
En quoi la prise en compte des liens entre les êtres
du vivant. Pour résumer, nous populations qui s’y adonnent. Il faudrait donner davantage
sommes partis d’une variabilité C’est d’autant plus nécessaire d’attention aux alternatives à vivants est-elle nécessaire pour étudier la biodiversité ?
qui existe dans la nature sauvage de le rappeler que l’agriculture l’agriculture intensive et appliquer
et nous l’avons orientée, intensive a des effets pervers la philosophie que l’on peut tirer
amplifiée par un travail dans la mesure où elle tend des leçons que nous donnent la
de sélection (dite artificielle car à uniformiser les cultures biodiversité. La vie a réussi
exercée par l’espèce humaine) et donc à réduire la diversité. depuis si longtemps parce qu’elle
à l’origine d’une grande diversité, De plus, elle ne fonctionne est diversifiée. Si nous, humains,
souhaitons un développement
durable, nous devons nous
appuyer sur la diversité des
variétés agricoles et sur un bon
équilibre entre les variétés
agricoles et les variétés sauvages
qui les entourent et rendent
de nombreux services. Il faut,
par exemple, s’appuyer sur les
espèces sauvages qui servent de
régulateurs naturels biologiques
pour contrôler les ravageurs et
qui évitent autant que possible
l’utilisation de molécules
chimiques dangereuses.
Grèbe huppé (Podiceps cristatus) nourrissant
son jeune sur le dos de l’autre parent

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8 la biodiversité se raconte les interactions au cœur de la biodiversité 9

L’énigme du
caïman noir
Les hérons agamis nichent au cœur du marais de Kaw, en Guyane, mais s’alimentent
à l’extérieur. Grâce à ces déplacements, ils apportent, par leurs fientes, les matières nutritives
nécessaires au fonctionnement de cet écosystème remarquable.
Les requins, quelle diversité !
------
Environ 450 espèces de requins ont
été décrites dans tous les océans,
L e marais de Kaw, en
Guyane, est la plus vaste
zone humide française, étendue
depuis le littoral jusqu’à de grandes
profondeurs. L’un des plus petits sur plus de 100 000 hectares.
requins connus, le requin chat pyg- En 2002, une équipe de l’IRD
requins soyeux mée, mesure 25 centimètres tandis (Institut de recherche pour le
(carcharhinus falciformis) que l’un des plus grands, le requin développement), dirigée par Da-
baleine, peut atteindre 20 mètres de
niel Guiral, a installé une plate-
long (et plus de 30 tonnes). Ce der-
nier est pourtant inoffensif puisqu’il forme héliportée sur une trouée
se nourrit uniquement de plancton dans la végétation flottante qui
(comme les baleines à fanons). recouvre l’ensemble du marais,
permettant ainsi de découvrir ce
milieu jusqu’alors inaccessible
et donc inconnu. Comme ils s’y

Dest r è prédateurs
s utiles
attendaient, les chercheurs ont
trouvé, lors de leur première
visite, en saison des pluies, un
héron agami (agamia agami)
écosystème pauvre en matière
Les grands requins se sont beaucoup raréfiés, ce qui a nutritive à cause de son isole-
entraîné la multiplication de certaines raies et de petits requins, ment (pas d’apport des crues ou
d’où l’effondrement des proies de ces derniers. de la mer). Ils furent donc très
surpris de découvrir que cette
S ur la côte est des États-Unis,
onze espèces de requins
dont certaines ont constitué des
populations considérables. La  mou-
quilles Saint-Jacques et des pa-
lourdes. Ainsi, en Virginie et au Ma-
mare abritait une centaine de
caïmans noirs, parfois de grande
La réponse fut apportée au cours
de nouveaux séjours sur la plate-
ce jour, au Costa Rica, ne comp-
tait que 12 couples ! La présence
ont vu leurs populations diminuer rine américaine, ou raie pastena- ryland, la production annuelle de taille. La faune piscicole s’avéra forme. On découvrit alors que les de cette colonie de plus de 8 000
de 87 % à 99 %, à cause d’une gue, a ainsi vu ses effectifs multi- coquillages est passée de 840 000 également riche et diversifiée, arbres bordant la mare consti- oiseaux, adultes et poussins, favo-
pêche excessive durant les 35 der- pliés par 20 depuis 1970, jusqu’à tonnes en 1970 à 300 tonnes en avec près d’une vingtaine d’es- tuaient une aire de reproduction rise en outre l’arrivée et la nidifi-
nières années. La raréfaction de atteindre 40 millions d’individus. 2003 ! Ce problème est mondial ; pèces. D’où pouvait donc prove- pour plus de deux mille couples cation d’autres espèces rares : hé-
ces grands prédateurs a favorisé Cette explosion démographique a presque toutes les espèces de nir cette profusion de vie dans de hérons agamis, une espèce rons cocoï et savacous, anhingas…
leurs proies, notamment de petits provoqué l’effondrement des proies grands requins (plus de 50 espèces) un contexte de totale pauvreté rarissime, dont la plus grande co- À Kaw, les hérons agamis, noc-
requins et 12 espèces de raies, des raies, et en particulier des co- connaissent un déclin alarmant. nutritive ? lonie mondiale connue jusqu’à turnes, s’alimentent bien

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10 la biodiversité se raconte les interactions au cœur de la biodiversité 11

au-delà du marais où les poissons des algues et du zooplancton. À la l’ensemble des poissons adultes des oiseaux, comme les singes….
Un site reconnu par l’Unesco
sont inaccessibles à cause de la pauvreté de la saison des pluies et juvéniles quitte la mare, suivi Ce rôle de fertilisation par la faune
------
végétation flottante. Ils appor- succède alors une abondance de par l’essentiel des caïmans, pour se retrouve dans d’autres milieux,
Les marais de Kaw sont nationale qui complète
tent à la mare une quantité très proies qui permet à cette mare de rejoindre le marais alors à nou- par exemple pour les eaux à proxi- inscrits en site Ramsar les mesures de protection
importante de matière nutritive constituer une véritable frayère et veau en eau. Par un étonnant mité des îles qui hébergent des (convention portant sur et de gestion existantes,
par leurs déjections. Cette impor- écloserie pour tous les poissons du retour des choses, les nombreux colonies de phoques ou de morses la désignation de zones en particulier la réserve
tation explique, en fin de saison marais, en voie d’assèchement à caïmans qui s’alimentent essen- s’alimentant au large ou au fond humides d’importance in- naturelle des marais de
ternationale) depuis 1992 ; Kaw-Roura (créée en 1998).
des pluies, une forte richesse cette saison. tiellement de poissons « remer- des océans ou sur les étangs qui
une reconnaissance inter-
nutritive qui sera ultérieurement cient » les hérons de leur rôle de ont la chance d’accueillir une co-
mise à profit, en saison sèche et Avec le retour de la saison des fertilisation en limitant la pré- lonie de mouettes ou une héron-
de fort éclairement, pour produire pluies, le niveau d’eau monte et sence des prédateurs possibles nière.

La puissance maritime
du chat
L e Royaume a besoin de
grandes quantités de viande
anglaises, du fait de leur passion
pour les chats, ont contribué à la
de bœuf pour alimenter les puissance de la marine de leur
marins au cours de leurs longs pays ! Et enfin, certains bouclè-
voyages ; les bœufs se nourris- rent la boucle : ils remarquèrent
À partir des observations sent principalement de trèfle ; le que le développement de la ma-
de Darwin sur les interac- trèfle ne peut être fécondé que rine anglaise, en obligeant de très
tions entre espèces, par le bourdon ; les populations nombreux hommes à quitter leur
l’allemand Haeckel expliquait de bourdons sont contrôlées par pays, expliqua le grand nombre
avec humour que les chats celles de mulots qui consomment de vieilles filles amoureuses de
jouaient un rôle dans la leurs nids ; s’il y avait moins de leur chat ! Comme cette histoire
puissance maritime de chats, il y aurait plus de mulots, fonctionne en boucle, elle peut
l’Angleterre. Quel était son donc moins de bourdons, moins être racontée en commençant en
raisonnement ? de trèfle et donc moins de viande n’importe quel point…
pour les marins ! Thomas Huxley
prolongea le raisonnement en
considérant que les vieilles filles

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12 la biodiversité se raconte les interactions au cœur de la biodiversité 13

Sauterelle ponctuée (Leptophyes punctatissima)


sur de la bruyère cendrée (Erica cinerea)

loutre de mer
(enhydra lutris) C’est quoi une population ?
------
En biologie, une popu-
lation désigne l’ensemble
des individus d’une même
espèce qui vivent, à un
moment donné, sur un
même territoire.

QUI mange qui


sur les côtes de l’Alaska ?

L’appellation de réseaux trophiques a remplacé celle de chaîne alimentaire dans le


langage des écologues. Ces réseaux relient les prédateurs et leurs proies ; ils peuvent être
complètement déséquilibrés par l’action de l’homme sur un seul de ses maillons. L’histoire de
la loutre de mer illustre un tel mécanisme.

L es êtres vivants qui parta-


gent un espace ne sont pas
Il y a quelques années, sa popula-
tion s’effondre. Les chercheurs ont
marines appréciées par de nom-
breuses espèces de poissons, de
L’ évolution
indépendants les uns vis-à-vis des fini par repérer un premier cou- mollusques et de crustacés, les uti-
autres ; au contraire, ils forment
entre eux de véritables réseaux.
pable, l’orque, qui a récemment
accentué sa prédation sur les
lisant qui comme abri, qui comme
source de nourriture. de la
biodiversité
À chaque nœud, une population, loutres. Mais il y a un second cou-
animale, végétale ou microbienne ; pable, l’homme, qui en raréfiant Voilà ce que nous racontent les
chaque maille entre deux nœuds les poissons par la surpêche a réseaux alimentaires qui intéres-
est une interaction entre mangeur obligé les orques à rechercher de sent tant les écologues. Orques,
et mangé, c’est-à-dire un flux de nouvelles proies. Touchez à une loutres, phoques, oursins, algues et
matières organiques allant du maille de ces réseaux et ils se déli- tous ceux qui en vivent, êtres libres
mangé au mangeur, d’où l’expres- tent de partout ! Ainsi, presque ou parasites, forment un réseau Comment l’évolution des espèces permet-elle
sion de réseaux alimentaires. débarrassés de ces loutres qui, au- trophique. Avec leur environne-
de comprendre la biodiversité actuelle ?
trefois, les mangeaient assidû- ment physique, ici la mer, la côte,
Intéressons-nous, par exemple, ment, les oursins se mirent à pul- les fonds marins et toutes les parti-
à la loutre de mer qui, le long des luler… Au grand dam des algues cules qui y circulent, les réseaux
côtes de l’Alaska, menait la vie géantes qui forment dans cette trophiques participent au fonction-
heureuse d’une espèce protégée. région de véritables forêts sous- nement des écosystèmes.

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14 la biodiversité se raconte l’évolution de la biodiversité 15

La longue histoire de la terre racontée


par nos larmes thym serpolet (thymus serpyllum)

Par ailleurs, des recherches ré-


Les océans ont permis l’apparition de la vie centes sur cette espèce, qui est
4,6 formation de la terre

sur Terre, il y a près de quatre milliards d’années, milliards souvent très abondante dans les
d’années

et les principales étapes de l’évolution du monde garrigues du Midi, ont montré que
vivant. Les animaux et végétaux ne sont sortis de la variabilité chimique des indivi-
3,8 1 res traces de vie
dus peut avoir des consé-
l’eau qu’il y a 400 millions d’années. milliards (cyanobactéries marines)
d’années quences sur les relations de
cette espèce avec d’autres
et même induire des
réponses adaptatives
1,4 chez d’autres espèces
milliard
d’années
mise en place
des cellules complexes
À chaque thym
son parfum
de végétaux, suite à la
libération des molé-
cules dans le sol.
microphotographie
de jeunes filaments 900
millions
de cyanobactéries 1 ers organismes marins
d’années
plusieurs cellules La composition chimique des plantes peut varier selon La compréhension
800 1 res cyanobactéries les spécimens, pour des raisons génétiques. Cela peut avoir de ces mécanismes représente
millions terrestres
des conséquences économiques, par exemple en ce qui des enjeux importants sur le plan
L
d’années
a vie s’est développée rapidement sur la Terre. For- concerne la valorisation des huiles essentielles de thym. économique, car elle concerne des
mée il y a 4,6 milliards d’années, notre planète s’est végétaux largement valorisés pour
refroidie, puis a vu se constituer des océans. Dès lors, le
hasard aidant, la vie a pu apparaître il y a près de quatre 600 diversification
des formes de vie
C rainte d’un début d’an-
gine… deux gouttes d’huile
sée de molécules différentes selon
les spécimens ; cette variabilité a
la parfumerie, l’aromathérapie ou
la cuisine. Jusqu’à présent, seule
milliards d’années. La vie est restée exclusivement océa- 550 (explosion cambrienne) essentielle de thym sur un sucre. une origine génétique. Ainsi, chez une petite partie de la variabilité
millions
nique durant au moins trois milliards d’années avant que d’années Ce geste simple cache une histoire le thym commun, on note de chimique des thyms a été valori-
les premières cyanobactéries ne parviennent à sortir de complexe et largement méconnue. fortes variations de l’abondance sée, alors que la nature offre une
l’eau de mer, vers 800 millions d’années (MA). Ces bac- Les huiles essentielles de plantes de ces molécules selon les régions très grande diversité d’odeurs et
téries n’en étaient pas à leur premier exploit, puisqu’elles 400 1 ers organismes
sont souvent composées majori- et les habitats qu’exploite cette de goûts. Cela supposera d’ap-
millions terrestres plusieurs
d’années cellules (plantes
avaient déjà été les premières à se développer dans et animaux)
tairement d’une unique molécule, espèce. On peut les expliquer par prendre à cultiver des variétés qui
l’océan primitif. De leur côté, les végétaux et animaux ne accompagnée de dizaines d’autres la diversité des climats et des sols ; poussent aujourd’hui naturelle-
sortirent de l’eau qu’il y a 400 millions d’années. Dans 65 disparition des d i n os a u r e s en très faible concentration. les spécimens dont l’huile essen- ment en dehors des zones de pro-
l’océan ancestral, s’est constituée la structure du vivant à 7 premiers hominidés tielle est composée d’une certaine duction de thym, situées en plaine
l’échelle planétaire : mise en place des cellules complexes 200 000 ans apparition d’homo sapiens Les molécules majoritaires dif- molécule sont plus sensibles que et en montagne sèche.
(l’homme moderne)
entre 1 400 et 900 MA, apparition des organismes pluri- aujourd’hui fèrent généralement selon les d’autres aux gels hivernaux, d’où
cellulaires entre 900 et 800 MA… Le sel de nos larmes est espèces de plantes. Plus curieuse- leur moindre fréquence dans des
l’un des témoins de cette longue histoire marine qui est ment, l’huile essentielle d’une zones à hiver rigoureux (en mon-
vie exclusivement marine
aussi la nôtre. vie terrestre et aquatique même espèce peut être compo- tagne, dans des cuvettes).

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16 la biodiversité se raconte l’évolution de la biodiversité 17

Des
millions d’années
de chantier

Les coraux ont non seulement colonisé certains espaces marins, mais
ils ont véritablement construit les écosystèmes gigantesques que constituent
les récifs. Des dizaines de milliers d’espèces sont totalement dépendantes de cet habitat.

P lanète bleue : telle est la


Terre vue de l’espace, avec
comme toute algue, produit, par
la photosynthèse, des sucres qui
atteindre des épaisseurs de près
de 1 300 m et des longueurs de
71 % de sa surface couverte par nourrissent son hôte corail. En 2 000 km.
de l’eau salée. Dans cette immen- échange, celui-ci fournit à l’algue
sité, les récifs coralliens n’occu- tout ce qui lui faut pour prospé- Si la biodiversité est évidente à
pent qu’une toute petite surface, rer, en particulier des composés l’échelle de l’écosystème coral-
à peine 0,16 % de la surface totale azotés. Ainsi, les deux partenaires lien, elle est aussi importante à
des océans ; pourtant, ils abritent ont-ils mis en place un dévelop- l’échelle du corail lui-même, par la
au moins 30 % de toute la faune pement durable parfait, en recy- multiplicité des adaptations mises
marine connue à ce jour. Certains clant au sein de leur association en place par cette association
chercheurs avancent le chiffre de l’ensemble de leurs produits orga- symbiotique. Peut-on imaginer un
93 000 espèces dans les récifs, niques ; on appelle cette relation animal absorbant et concentrant
sur un total de 274 000 espèces une symbiose, c’est-à-dire une as- le gaz carbonique au lieu de le re- coraux émergeant
marines connues. Ces espèces sociation à bénéfices réciproques. jeter ? Peut-on imaginer un animal de l’eau en
nouvelle-calédonie
appartiennent à 32 des 34 em- absorbant les déchets azotés que
branchements animaux existant ; À une échelle supérieure, l’on rejette normalement ? Peut-
en comparaison, la forêt tropicale d’autres associations vont se on imaginer un animal tolérant
humide héberge neuf embran- mettre en place, et les produits une atmosphère contenant de
chements animaux ! organiques secrétés par le corail l’oxygène pur ?
au sein du récif vont servir à nour-
Pourquoi une aussi grande di- rir d’autres organismes, y compris Cette diversité biologique est
versité dans un aussi petit espace, les poissons, l’ensemble de ce pe- indispensable aux hommes. En
d’autant que la caractéristique des tit monde vivant en vase clos par effet, les récifs coralliens consti-
eaux tropicales est l’absence de rapport au reste de l’océan. Cet tuent une source de revenus pour
matière organique dissoute ? Ce écosystème est protégé par une de nombreux pays (tourisme,
paradoxe s’explique par l’asso- véritable forteresse : le récif coral- pêche), une protection physique
ciation d’un animal, le corail (un lien. Constitué à partir du squelette des côtes contre l’érosion, mais
cnidaire), et d’une micro-algue, la du corail, accumulé couche après également une source encore lar-
zooxanthelle, que le corail héberge couche sur des millions d’années, gement inexplorée de molécules
dans ses tissus, à l’intérieur même les récifs sont formés de carbonate d’intérêt pharmacologique et de
de ses cellules. La zooxanthelle, de calcium (calcaire) et peuvent modèles biologiques.

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18 la biodiversité se raconte l’évolution de la biodiversité 19

Prise de bec aux


et leur physionomie. Certaines insectivores qui fréquentent nos cupation de l’habitat constitue la

Galápagos vivent au sol, où elles se nour-


rissent de graines ; leur bec est
jardins. D’autres encore s’appa-
rentent à des pics, par leur forme
pression sélective majeure qui
a abouti à l’évolution de l’es-
proche de celui de notre pinson et leur comportement. pèce ancêtre. La diversification
des arbres, épais et propre à saisir et la coexistence des 13 espèces
et écraser des graines. D’autres Les connaissances se sont sont le résultat d’un ajustement
espèces sont arboricoles et se améliorées depuis Darwin et progressif de leurs niches écolo-
nourrissent d’insectes ; elles sont l’on sait désormais que la com- giques, réglé par la sélection na-
pourvues de becs beaucoup plus pétition entre individus pour les turelle.
fins, comme celui des fauvettes ressources alimentaires et l’oc-

un pinson de darwin, dit

Le bonheur
géospize a bec conique
(geospiza conirostris)
sur l’ le d’espagnola

n’a pas toujours été dans le pré

Les prairies sont apparues sur Terre depuis seulement


deux millions d’années, à la faveur de changements
environnementaux : évolution climatique, multiplication prairie
des incendies, des grands herbivores et des hommes. ------
À partir d’une espèce venue du continent voisin, les pinsons se sont fortement diversifiés
sur les Galápagos, par une évolution liée au caractère de chaque île. La reconstitution
de cette histoire par Charles Darwin a largement contribué à faire comprendre le phénomène
L es milieux naturels que nous connaissons aujourd’hui ont
une histoire. Prenons le cas de la prairie. Chacun sait, depuis
Une prairie est une
formation végétale
dominée par des plantes
Jurassic Park, que l’herbe n’existait pas du temps des dinosaures ; herbacées, notamment
de l’évolution des espèces. des graminées. En zone
les graminées sont apparues il y a 30 millions d’années. Savanes et
E n 1835, le bateau anglais
nommé Beagle (fouineur),
distinguées essentiellement par la
forme de leur bec et leur régime
lui permit de reconstituer génia-
lement le scénario de l’évolu-
zones herbeuses ont commencé à se répandre sous les tropiques, il
y a 10 à 12 millions d’années, avant de recouvrir de larges surfaces
tempérée, les prairies
sauvages peuvent être
constituées de centaines
fait escale aux îles Galápagos, alimentaire. tion : colonisation de l’archipel voilà 5 millions d’années. Les prairies proprement dites ne sont ap- d’espèces végétales. Les
archipel de l’océan Pacifique au par quelques individus provenant parues qu’il y a 2 millions d’années, à l’époque d’Homo erectus. prairies cultivées ou
destinées à l’élevage sont
large de l’Équateur. Il a à son bord Darwin fut profondément in- du continent, puis diversification
généralement moins
un jeune naturaliste britannique trigué par ce jeu complexe de sur chaque île. C’est ce que l’on Pourquoi les prairies se sont-elles formées à l’époque ? Le dé- riches en espèces. On y
qui étonnera le monde, Charles ressemblances et de différences appellera plus tard la radiation veloppement de climats plus secs et plus froids peut avoir joué un rencontre, par exemple, le
Darwin. Celui-ci recueille aux entre espèces peuplant des îles adaptative. rôle mais il semble que la végétation s’est surtout transformée du trèfle, le lotier, le sainfoin,
Galápagos de nombreux spéci- séparées par quelques kilomètres fait du développement des perturbations : multiplication des in- le pâturin, le ray-grass…
mens de passereaux. Il les confie seulement et offrant des condi- L’espèce ancêtre a évolué pour cendies favorisée par des plantes facilement inflammables (hautes
à son retour à l’ornithologue John tions écologiques à peu près donner 13 espèces étroitement graminées tropicales ou arbustes à feuilles étroites), développe-
Gould, qui y reconnaît treize es- identiques. Pourquoi de telles apparentées mais très diverses ment des populations de grands mammifères herbivores puis des
pèces de pinsons. Celles-ci sont dissemblances ? Cette réflexion dans leur écologie alimentaire humains, avec leur feu, leurs haches et leurs troupeaux.

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20 la biodiversité se raconte cultiver la biodiversité 21

Cueillette de légumes dans un jardin partagé

Bétail français :
en agriculture biologique.

vaches orientales et porcs gaulois


La plupart de nos animaux domestiques proviennent du grand foyer
de domestication proche-oriental du Néolithique. Vaches, moutons, chèvres,
mais aussi chevaux, chats et chiens résultent de cette histoire. Seuls nos porcs
sont principalement issus de la domestication des sangliers européens.

L es archéologues ont mon-


tré que moutons, chèvres,
bœufs et porcs ont été domes-
tiqués au Proche-Orient et au
Moyen-Orient, il y a 10 000 à
11 000 ans (un autre foyer de
domestication existe dans l’Hi-
malaya). Le bétail français est-il
issu de ce cheptel ? La génétique
permet aujourd’hui de répondre
à cette question, avec quelques
surprises.

Les chèvres et les moutons, le saviez-vous?


absents des parois de Lascaux, race charolaise
------
Une lignée désigne un ensemble

cultiver
de Niaux ou de Chauvet, ne fai-
d’individus descendant les uns
saient pas partie de la faune eu- des autres.
ropéenne. Ils ont été amenés du rochs européens. L’extinction des

la biodiversité Proche-Orient par les éleveurs,


dès le Néolithique. Les choses
étaient beaucoup moins claires
derniers aurochs européens, au
xviie siècle, a donc entraîné la
perte de leur diversité génétique, lénaire avant notre ère, les pay-
pour le bœuf et le porc, qui pos- tandis que les gènes des aurochs sans d’Europe centrale et d’Italie
sèdent tous deux des ancêtres du Proche-Orient sont encore ont domestiqué des sangliers
Quels liens unissent agriculture sauvages potentiels en Europe, bien vivants dans nos vaches nor- locaux. Ces lignées indigènes ont
l’aurochs et le sanglier. Des cher- mandes ! rapidement supplanté les lignées
et biodiversité ? cheurs ont montré que les vaches moyen-orientales initialement in-
ont été massivement importées L’histoire du porc a commencé troduites, au point que les cochons
du Proche-Orient. Très peu de li- de la même façon, avec transfert européens actuels sont majoritai-
gnées, voire aucune, sont issues du Moyen-Orient vers l’Europe ; rement issus de sangliers euro-
de la domestication locale d’au- en revanche, à partir du Ve mil- péens.

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Histoire d’une ganismes morts qui tombent organique sous la forme de mo- Sa fertilité ne peut alors se main-

poignée de terre à la surface du sol comme des


branches ou des feuilles mortes).
Les vers de terre assurent à leur
lécules complexes qui constituent
l’humus. Il a fallu des milliers
d’années pour élaborer ce milieu
tenir qu’au prix de soins particu-
liers comme l’amendement et la
fumure organique ou minérale.
La terre des sols de nos cultures ou de nos forêts résulte de milliers d’années tour le transport de débris dans les dont le rôle est exceptionnel : Le sol est un héritage, un patri-
d’évolution. Elle se constitue à partir de la roche, par l’action du climat et surtout couches les plus profondes du sol ; c’est un réservoir de nutriments moine commun, que l’homme
d’organismes vivants microscopiques (bactéries…) ou visibles (lombrics…). Il s’agit d’un ils garantissent aussi la circulation pour les plantes et sa structure et peut faire fructifier ou dilapider
véritable patrimoine qu’il convient de préserver pour les générations futures. de l’oxygène qui permettra une son fonctionnement assurent une très rapidement.
intense vie microbienne jusque extraordinaire stabilité aux éco-
exercent une action physique dans ses horizons profonds. systèmes forestiers. Mis à nu par
et chimique sur la roche, par les l’homme pour exploiter sa ferti-
racines qui se glissent dans le La fertilité du sol résulte de l’ac- lité, le sol devient fragile, exposé
moindre interstice et par leurs cumulation durable de matière à l’érosion de l’eau et du vent.
sécrétions qui dégradent les mi-
néraux. Lentement, la roche se
disloque et se transforme. Les
produits de dégradation minérale
se mêlent aux produits de dégra- Quand le croissant était
dation végétale pour former un
sol, mélange de minéraux et de
matière organique.
fertile
champignons sur
un sol forestier Une grande partie des végétaux utilisés pour notre
Ce sol ne cesse ensuite d’évo- alimentation provient du Moyen-Orient où ils ont été
luer sous l’influence des végé- domestiqués il y a 9 000 à 10 000 ans.
taux de plus en plus grands qu’il

U n peu de terre, quoi de plus Au commencement est la ma-


peut porter. L’évolution des sols
dépend du climat local, de la na-
L e bassin Méditerranéen, no-
tamment sa partie orien-
milliers d’hectares. On estime,
d’après ses données et les inven-
banal, mais quoi de plus tière minérale, roche ou sédi- ture du substrat et des végétaux tale et plus particulièrement le taires réalisés depuis, que près de
utile ? Un sol est un concentré de ments ; ce substrat, lorsqu’il est qu’ils portent. Rien de commun Croissant fertile – c’est-à-dire l’an- 500 espèces et variétés de fruits, clencheur de la révolution néo-
biodiversité ; on estime qu’un seul découvert, par exemple par l’éro- entre les sols d’une forêt d’épicéas cienne Mésopotamie, située entre légumes divers, condiments et lithique qui permit, grâce à la
gramme de terre abrite un mil- sion, est nu, dur, incultivable… sur un granite et d’une forêt de le Tigre et l’Euphrate – fut le plus arbres fruitiers ont été domesti- possibilité de faire des réserves et
liard d’organismes unicellulaires mais dégradable ! Ses premières hêtres sur un sédiment calcaire. important centre d’origine des quées et sélectionnées dans cette des échanges, la sédentarisation
(bactéries principalement) et plu- transformations résultent de l’ac- Les micro-organismes, les cham- plantes utilisées pour l’alimenta- région du monde, qui correspond puis l’urbanisation. Les premières
sieurs millions d’organismes plu- tion du climat : le gel, la chaleur, pignons et les animaux jouent tion humaine. Dès 1925, le bio- aux actuels Irak, Iran et Arménie. sociétés agraires se sont déve-
ricellulaires, représentant au total l’eau et l’oxygène interagissent dans les sols un rôle considérable logiste russe N. I. Vavilov fit une loppées en Arménie autour de
plusieurs milliers d’espèces ! Toute avec certains éléments de la de transformations physicochi- étude célèbre sur l’origine et la Le processus de domestica- villages permanents aux IVe et
l’agriculture dépend étroitement roche pour la transformer et la dé- miques. Les animaux assurent le géographie des plantes cultivées. tion des plantes et des animaux IIIe millénaires avant notre ère ;
de la fertilité de ce support. Mais grader, donnant naissance entre broyage initial de la nécromasse Il fut frappé par les centaines de débuta il y a 9 000 à 10 000 ans elles furent à l’origine d’un très
d’où nous vient ce sol généreux ? autres aux argiles. Les végétaux (l’ensemble des fragments d’or- variétés de blé qui couvraient des dans cette région ; il a été le dé- fort accroissement démo-

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24 la biodiversité se raconte cultiver la biodiversité 25

graphique. C’est à partir de ces ré- avérée d’une relation entre la di- bleu des Causses n’aurait pas été tique des prairies et diversité des
gions que l’expansion des plantes versité floristique des pâturages produit. microflores, races laitières fruits
et des animaux domestiqués s’est et la richesse aromatique de d’un long processus de domesti-
faite en direction de l’Europe. certains fromages confirme que D’une manière plus générale, cation et de sélection, pratiques
la diversité des prairies pourrait dans les phases de fabrication et savoirs locaux… Que de che-
La sélection par les sociétés être l’une des questions clés de et d’affinage, la production des min parcouru depuis l’apprivoise-
humaines de variétés adaptées la problématique des terroirs en AOC du Massif central met en ment de l’aurochs, il y a quelque
à l’extraordinaire diversité des matière de fromages alpins. œuvre des flores microbiennes dix mille ans, entre le Tigre et
conditions écologiques locales très variées apportées par l’ense- l’Euphrate  ! Et quel bel exemple
s’est traduite par un enrichisse- Cela dit, le terroir ne se réduit mencement naturel du lait et de de liens étroits entre hommes,
ment considérable de la biodi- pas à un ensemble complexe de la surface des fromages. Le capi- plantes et animaux, entre nature
versité. On estime par exemple relations biologiques ou chimiques tal biologique qu’elles constituent et culture, sous le signe de la co-
qu’il existe dans le bassin Médi- entre l’animal, son milieu et un fait partie intégrante du terroir. opération.
terranéen quelques 800 variétés produit. L’identité d’un fromage Terroirs, paysages, diversité floris-
d’olivier. repose aussi sur des processus so-
ciaux : des manières de produire,
oliviers dans
l’arri re-pays cannois
des savoirs et des pratiques. Pre-
nons l’exemple des bleus : qu’il affinage de roquefort
dans une cave
s’agisse du bleu d’Auvergne ou
de la fourme d’Ambert, ces fro-
mages ont, à l’origine, été pro-
duits dans des fermes ne dispo-
sant que d’un petit troupeau. Leur
originalité repose sur la mise en
œuvre d’un agent très puissant
Voyez d’aromatisation et d’affinage :

la vie en bleu la moisissure bleue, Penicillium


roqueforti. Diverses souches de
cette moisissure sont présentes
Les fromages sont le résultat du travail des hommes et de la nature : bétail, flore des dans les caves humides des aires
pâturages, micro-organismes des fermentations et des moisissures. Leurs spécificités et leur de production, éléments consti-
qualité proviennent de la biodiversité, mais aussi de la diversité des savoirs et des pratiques tutifs du terroir de première im-
des hommes qui les produisent. portance : sans les grottes natu-
rellement réfrigérées de Banière,
L es fromages de tradi-
tion, éléments forts de
paysages façonnés par leur ac-
tivité et des organismes vivants
boissons, résulte de l’inventivité
des hommes. Dans ce cas, il a
le bleu d’Auvergne n’aurait pas
pu voir le jour ; sans les cavités
la culture française, ont une aux qualités remarquables. L’his- fallu passer, grâce à l’animal, de karstiques des plateaux calcaires
histoire où se mêlent la vie des toire du fromage, comme celle l’herbe et des fleurs fugaces au et les échanges thermiques qui
hommes qui les élaborent, les de la plupart des aliments et des lait, puis au fromage. L’existence régulent leur température, le

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randonnée en for t

BIODIVERSITÉ

BIODIVERSITÉ
BIODIVERSITÉ
de fontainebleau
La La Rencontre avec les
se raconte s’explique
pollinisateurs
Cesse de butiner,
on parle de nos
amis et de nous un pollinisateur, a ?
a l’intérieur ! un extraterrestre oui !

tous les go ts
sont dans
la nature !

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