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Colocs fantômes

Pièce de théâtre fantastique par Luc Boulanger

Résumé
Pierre et ses deux enfants, Lily et Noah, s’installent dans une maison ancestrale à la campagne.
Mais la maison est également habitée par deux fantômes qui sont aussi des enfants. Si la
cohabitation s’avère d’abord difficile, une solide relation d’amitié va se nouer entre les enfants
vivants et les revenants permettant à ses derniers de se libérer d’une étrange malédiction.
Les personnages

 Pierre : père de Noah et Lily, plein de bonne volonté mais un peu stressé, porte des
vêtements de représentant.
 Noah : grand frère de Lily, passionné mais un peu rebelle, aime se distinguer par son
habillement.
 Lily : petite soeur de Noah, enthousiaste mais un peu naïve, aime les accessoires de jeune
fille ; bracelets, éléments dans les cheveux…
 Katherine : nouvelle conjointe de Pierre, perspicace et compréhensive, s’habille avec goût.
 Jasmin : propriétaire de la maison, expressif, a une allure campagnarde, par exemple
chemise à carreaux. Détail important : il porte au cou une vieille clé.
 Théodore : fantôme, frère d’Églantine, calme et curieux, vêtu à l’ancienne.
 Églantine : fantôme, soeur de Théodore, espiègle et sûre d’elle, vêtue à l’ancienne.
 La mère de Théodore et Églantine (deux courtes apparitions).
Décors :
Toute l’histoire se déroule dans la même pièce, soit le deuxième étage d’une maison
bicentenaire. L’aire est dégagée ; on y retrouve une chaise berçante et un bureau de travail.
Scène 1 de cette pièce de théâtre fantastique
Théodore et Églantine chantent la chanson « Nous n’irons plus aux bois » en jouant à se taper
dans les mains. Églantine s’arrête subitement.
Églantine : Tu as entendu ?
Théodore qui écoute un peu: Non.
Églantine : Oui, on vient par ici.
Elle s’avance vers le devant de la scène. On comprend qu’elle regarde par une fenêtre.
Églantine : Qu’est-ce que je te disais ? On va avoir de la visite.
Théodore : Enfin du nouveau !
Églantine : J’ai hâte de voir ce qu’ils ont dans le ventre.
Théodore : Est-ce qu’on est obligé de leur faire peur ?

Églantine : Théodore, nous sommes des fantômes. Notre boulot est de leur donner une bonne
frousse pour qu’ils détalent plus vite que des lièvres.
Théodore : Et on va encore se retrouver seuls pour plusieurs années.
Églantine qui regarde toujours par la fenêtre : C’est une famille.
Théodore : Formidable, il y a belle lurette que je n’ai pas rencontré d’autres enfants.
Églantine : Je vois le père, deux enfants, mais il n’y a point de mère.
Théodore : Deux garçons, c’est encore mieux.
Églantine : Mais non, regarde bien ; celle qui court a une allure de fille.
Théodore pas convaincu : Elle porte des pantalons.
Églantine : Depuis que nous sommes décédés, les habitudes ont bien changé. Maintenant, les
filles portent des pantalons.
Théodore : Ce n’est pas très convenable.
Églantine : Oui, j’ai beaucoup de difficulté à comprendre.
Théodore : C’est comme pour leurs calèches, on ne voit aucun attelage, aucun cheval, mais
elles roulent quand même.
Églantine : Moi, je crois que les chevaux sont cachés à l’intérieur.
Théodore : Je donnerais cher pour savoir comment ça fonctionne.
Églantine : Ils montent. Fin de la scène de cette pièce de théâtre fantastique.

Scène 2
Pierre, Noah et Lily entrent dans la pièce. Ils sont suivis par Jasmin. Bien entendu, ils ne peuvent
voir ni entendre Théodore et Églantine qui, eux, les observent attentivement.
Lily : Wow ! Cool, vraiment « chill ».
Églantine : Ils ne parlent même pas français.
Noah : Ça sent le vieux.
Théodore : Mais oui, c’est du français d’aujourd’hui… si on peut dire.
Jasmin : On va ouvrir la fenêtre ; le bon air de la campagne va chasser l’odeur de renfermé.
Jasmin mime le mouvement d’ouvrir la fenêtre.
Églantine en examinant Lily de près : Elle a des objets étranges dans les cheveux.
Théodore observe Noah : On ne lui voit même pas les yeux.
Pierre : Vous avez démoli les murs pour créer une belle grande pièce à aire ouverte.
Jasmin : Pas du tout. La maison est telle qu’elle a été construite il y a près de deux cents ans.
Noah : Deux cents ans !
Jasmin : Certainement. Dans ce temps-là, on ne construisait pas de mur parce que ça
empêchait la chaleur du poêle à bois de se diffuser.
Lily : Ma chambre va être ici.
Pierre : Ici en haut ? Je pensais plutôt installer mon atelier de bijouterie. L’endroit est parfait
et ce vieux bureau est magnifique. (Il se tourne vers Jasmin) Il est d’époque ?
Jasmin : J’en sais rien. Le dernier locataire l’a laissé ici.
Pierre : Ah bon !
Jasmin : Il est parti subitement sans prévenir.
Églantine : Pauvre petit. Il a eu droit à mon numéro de la revenante qui s’enflamme.
Jasmin : Vous êtes bijoutier ?
Pierre : Je travaille pour une chaine de magasins de bijoux et parfois je ramène du boulot à la
maison.
Jasmin : Ah oui, j’ai remarqué qu’une nouvelle boutique venait d’ouvrir au village.
Intéressant.
Lily à son père : Tu peux installer ton atelier de ce côté et nous, on dormira de l’autre.
Noah : Nous ?
Lily : Noah, je vais m’ennuyer toute seule dans cette grande chambre.
Noah : Maintenant que nous avons une maison, j’avais plutôt le projet d’envahir le sous-sol.
Jasmin : Oublie le sous-sol. On parle plutôt d’une cave, c’est-à-dire un endroit frais pour
garder les légumes.
Lily : Tu pourrais dormir avec les légumes. Tu te sentirais chez toi.
Noah : Très drôle.
Pierre à Jasmin : L’endroit est magnifique. Je suis prêt à signer le contrat de location.

Jasmin : Parfait. La maison est vide depuis trop longtemps. Un peu de va-et-vient, ça va lui
remonter le moral.
Noah : Moi, j’aime pas ça ici.
Pierre : Pourquoi ?
Noah : Je le sais pas… Je me sens pas bien… On dirait qu’on nous surveille.
Jasmin : C’est juste une impression. Tu sais qui a plein de gens qui ont vécu ici, alors tu penses
qu’ils sont encore là. Mais fie toi à moi ; les fantômes, ça n’existe pas.
La dernière réplique fait rire Églantine.
Noah : Vous avez entendu le rire ?
Jasmin, Pierre et Lily se regardent incrédules, car ils n’ont rien entendu.
Lily : Ton imagination te joue des tours, mon frère.
Noah : Pourtant, j’ai pas rêvé.
Pierre vers Noah : Écoute mon grand, je comprends que c’est un choc pour toi de quitter le
quartier où tu as grandi, mais un changement peut juste nous faire du bien. Est-ce que tu es
d’accord pour au moins essayer ?
Noah après une certaine hésitation : Ouin.
Pierre vers Jasmin comme pour s’excuser : On vient de vivre une grande épreuve.
Jasmin : Vous allez voir, la campagne, il y a rien de mieux pour se replacer les idées.
Il tend les clés à Pierre.
Jasmin : Vous êtes maintenant le seul maître à bord.
Églantine : C’est ce que vous croyez.
Lily : Cool, je coure chercher mes affaires.
Elle quitte aussitôt.
Jasmin : Avant d’aller signer les papiers, il faut que je vous explique comment fonctionne le
système de chauffage. Je vais devoir revenir pour terminer quelques réparations.
Pierre : Pas de problème monsieur Bourleau.
Jasmin : Appelez-moi Jasmin.
Jasmin et Pierre quittent. Noah reste quelques instants de plus pour observer, puis il quitte à son
tour.
Théodore : Je crois que le garçon a senti notre présence.
Églantine : Mais non.
Théodore : Il a entendu ton rire.
Églantine : Peut-être.
Théodore : Certains vivants ont la capacité d’entrer en contact avec les fantômes.
Églantine : Théo, je sais que tu voudrais leur parler, mais c’est impossible.
Théodore : Pourquoi ?
Églantine : Parce que les morts ne parlent pas avec les vivants. Un point, c’est tout.
Théodore : Dommage.

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