L’homme de Vitruve

Fabula Dès lors, la tâche des PJ sera de fouil-

ler les lieux et examiner attentivement
les victimes, afin de démêler l’écheveau
L’Homme de Vitruve est une Scène des pensées du tueur. Quand ils pen-
de Crimes pour 2 à 4 joueurs inspirée seront avoir recueilli tous les indices
du roman de Maxime Chattam : Le et reconstitué le puzzle, ils voudront
Requiem des Abysses, deuxième opus certainement repartir, pour avertir la
d’un dyptique dont le premier tome maréchaussée, ou tout simplement
s’intitule : Léviatemps. pour mettre le plus de distance entre
eux et l’horrible scène de crime… mais
Venus se mettre au vert loin de ce serait compter sans le tueur, qui,
l’agitation parisienne, les PJ sont les contre toute attente, est encore là, à
hôtes de Maximilien Henks, chasseur les surveiller, prêt à saisir la première
à la retraite et seigneur du domaine occasion pour sortir de l’ombre et éli-
d’Elseneur à Magny en Vexin près miner ces intrus gênants.
de Paris. De jour, le domaine d’Else-
neur est un endroit enchanteur et La réussite des PJ dépendra grande-
verdoyant, l’idéal pour se détendre et ment de leur façon de mener l’enquête.
oublier ses soucis. De nuit cependant, Une jauge dédiée, graduée de 0 à 16,
les ombres s’étendent des arbres envi- permet de visualiser leur progression
ronnants et prennent possession des et déterminera le final. Il est conseillé
lieux ; tout devient différent, sombre de ne donner aux joueurs qu’une vision
et angoissant. partielle de la jauge, afin de garder un
C’est dans la salle à manger de suspense et créer un effet d’attente : le
Hencks que commence l’enquête. La meneur pourra donc signaler chaque
nuit est tombée ; les PJ et le maître des nouvel indice venant s’ajouter, mais
lieux sont à table. La salle à manger est évitera de divulguer le total à atteindre
vaste et meublée dans un style colonial. pour un final parfait.
Les murs sont recouverts de trophées
de chasse qui fixent les PJ de leurs yeux
en verre. La Fée Electricité n’ayant pas
été installée, c’est à la bougie et à la
lampe à pétrole qu’on s’éclaire.
Le dessert vient à peine d’être servi
lorsqu’un garde chasse vient signaler
au maître des lieux la disparition d’une
jeune paysanne des environs. Les vil-
lageois ne parlent que de l’étranger
qu’on a vu rôder la veille dans le coin.
Ils veulent à tout prix organiser une
battue, et Hencks se doit de calmer
leurs ardeurs. A sa demande, le PJ se
rendent à la maison de la jeune fille…
et se retrouvent devant une scène de
crime atroce : toute la famille de pay-
sans a été sauvagement assassinée
et ces actes odieux ont été perpétrés
selon une mise en scène qui implique
la préméditation d’un esprit dérangé.
Daniel Latreille
2
 Scènes de Crimes
Environnement
La maison des Caroussin
Chapitre 1
C’est en ce lieu que se déroule l’intégralité de
la Scène de Crimes. Les Caroussin vivent dans une
masure construite à l’écart du reste du village, à l’orée
d’un grand bois. On y accède par un pont enjambant la
rivière, suivi d’un sentier de terre rendue gras et bour-
beux par les dernières pluies.
De part et d’autre du sentier qui mène à la maison
s’étendent des champs de maïs. Les épis, arrivés à matu-
rité, forment une forêt dense et inquiétante. Un épou-
vantail est noyé parmi les tiges ; on distingue à peine
sa tête faite d’une grosse citrouille évidée. (Note : A ce
stade, il est recommandé d’évoquer l’épouvantail sans
insistance, de façon à ne pas mettre la puce à l’oreille
aux PJ et préserver l’effet de surprise lors de la confron-
tation finale). Tout le site est plongé dans l’obscurité.
A. Les abords de la maison
•  La cour : le sentier mène à une cour au centre de
laquelle se trouvent une auge et une pompe à eau ; la
pompe à eau fonctionne. L’auge est pleine d’une eau
sombre.
•  La maison : la maison est rectangulaire, de plain pied.
Elle est faite en bois, en pierre et en torchis, et a proba-
blement construite par Raymond Caroussin. La porte
n’est pas fermée à clé, mais quelque chose de lourd
bloque l’ouverture. La fenêtre de la façade ne laisse
rien apercevoir de l’intérieur, car toute la maison est
plongée dans l’obscurité. Il est facile de casser un car-
reau et d’entrer par la fenêtre.
•  La niche : en longeant la maison par le côté, on peut
voir une niche. Elle contient un chien recroquevillé.
L’animal est mort ; il a été égorgé. Il n’y a aucune trace
de lutte ; une gamelle à moitié pleine se trouve devant
la niche.
•  Le potager : il est situé derrière la maison. On y cultive
des légumes et des aromates ; une petite barrière en
fait le tour. On peut entrer par un petit portail qu’il
suffit de pousser. Il est possible de trouver une grosse
empreinte de chaussure (un godillot ferré, taille 42)
devant le mur, sous la fenêtre donnant sur la chambre
des enfants.
•  Le silo : il est situé de l’autre côté de la cour, en face de
la porte d’entrée. On peut y accéder par un petit esca-
lier délabré. Il flotte dans l’air une odeur de céréale
mêlée à quelque chose de plus animal, comme une
odeur de viande crue. Le corps de Lucile gît là, jupe
retroussée, jambes écartées. Elle a été violée et étran-
glée. Sa mort est récente. Il y a un oeilleton dans la
paroi du silo, non loin du corps, qui permet de surveil-
ler la maison discrètement. Des reliefs de repas per-
mettent de confirmer que quelqu’un a passé du temps
dans cet endroit.
3
B. L’intérieur de la maison
La maison des Caroussin est typique des petites
gens du milieu rural. Elle est essentiellement consti-
tuée d’une grande pièce à vivre. Le bois, la pierre et le
torchis se mélangent, donnant à l’ensemble un aspect
pittoresque. Une cloison percée de deux ouvertures
garnies de rideaux lourds a été ajoutée au fond de la
grande salle. Deux petites pièces servant de chambres
ont été ainsi aménagées. Un âtre occupe une bonne
partie d’un mur, et une lourde table de bois est placée
juste devant la porte, bloquant la vue et le passage. La
pièce est plongée dans l’obscurité. On peut entrer dans
la maison par la porte d’entrée, non verrouillée, par
la fenêtre de la façade, qu’il faudra briser, ou par la
fenêtre de la chambre des enfants.
•  La salle commune : près de la porte se trouvent une
lampe à pétrole et une boîte d’allumettes. La pièce
semble avoir été chamboulée, les meubles déplacés.
La table familiale, notamment, a été poussée contre
la porte d’entrée et recouverte de bric-à-brac. Le sol
de terre battue est poisseux et fait un bruit spongieux
sous les pas. Il faut contourner la table pour retrou-
ver le corps du père de Lucile, Richard Caroussin.
Il baigne dans une mare de sang que le sol en terre
battue a du mal à boire. L’homme est nu, et son visage
a été arraché. Son corps a été placé de fort étrange
façon, de dos, jambes et bras écartés.
•  La chambre des parents : la pièce est chichement
meublée et très simplement décorée. Un grand lit
double occupe presque toute la pièce. Une malle
contenant des effets personnels est posée contre le
mur au fond. Un baquet plein d’une eau sombre et
malodorante a été traîné près du lit. Il y a des traces
de lutte, et la pièce est quasi entièrement recouverte
de matières glaireuses. La pièce est dans un état de
désordre indescriptible. Dans un des coins, le corps de
Catherine Caroussin, la mère, gît. Elle est à demi-nue,
échevelée, et son corps a littéralement explosé entre
le thorax et le bas-ventre. Ses entrailles ont été piéti-
nées et projetées partout dans la pièce. En examinant
le baquet d’eau près du lit, on peut constater qu’il
contient aussi du sang. On peut trouver des vêtements
d’homme au fond du baquet. Ces habits ne sont pas à
la taille de Raymond.
•  La chambre des enfants : elle contient deux lits et un
tabouret est placé entre les deux. Au premier abord,
cette chambre paraît vide, mais un amoncellement
de vêtements sur le lit le plus au fond devrait paraître
suspect aux yeux des PJ. On y retrouve Louis Carous-
sin, un petit garçon d’une dizaine d’années, enfoui et
comme caché dans les draps de son lit. Il a été étran-
glé, face contre terre. La fenêtre du fond donne sur le
potager à l’arrière de la maison.
 L'homme de Vitruve
Indices
A. Les abords de la maison (Jauge d’Enquête : 9
/19)
•  La maison : La porte n’est pas fermée à clé, mais le
meurtrier a déplacé la lourde table familiale afin de se
ménager de l’espace pour sa mise en scène ; c’est cela
qui bloque l’ouverture de la porte d’entrée. Il suffit
de se mettre à deux pour pousser la table et suffisam-
ment élargir l’ouverture pour pouvoir entrer. (+1 à la
jauge d’enquête)
•  La niche : elle contient le cadavre égorgé du chien de la
famille. (+1 à la jauge d’enquête ; +1 en Angoisse et
Névrose). Il n’y a aucune trace de lutte. Une gamelle à
moitié pleine se trouve devant la niche. Un PJ Menta-
liste 1 ou Limier 1 comprendra que la pâtée a été dro-
guée, ce qui a permis de tuer le chien sans peine (+1
à la jauge d’enquête). Un Mentaliste 1 ou un Condé
2 comprendra que cela a permis à un éventuel intrus
d’empêcher le chien de donner l’alerte (+1 à la jauge
d’enquête). Tout autre personnage aura besoin d’un
jet en Mental GARDE Sciences du vivant pour glaner
la première information et d’un jet en Social GARDE
Intrigues pour la deuxième.
•  Le potager : il est situé derrière la maison, et en soi, ne
présente rien de particulier ; cependant, un jet en Phy-
sique GARDE Traque permettra de trouver une grosse
empreinte de chaussure (un godillot ferré, taille 42)
devant le mur, sous la fenêtre donnant sur la chambre
des parents. Un PJ Fouineur 1 trouvera l’empreinte
sans difficulté. L’empreinte permet par ailleurs de
déduire la taille du rôdeur. (+1 à la jauge d’enquête)
•  Le silo : Lucile Caroussin a bien été enlevée, mais elle
a aussi été séquestrée en ce lieu. Son corps gît là, jupe
retroussée, jambes écartées. Elle a été violée et étran-
glée (+1 en Angoisse et Névrose ; +1 à la jauge d’en-
quête). Sa mort est récente. Un Fouineur 1 ou un Men-
taliste 2 trouvera un oeilleton dans la paroi du silo,
non loin du corps (sinon, un jet en Physique GARDE
Traque). L’oeilleton permet de surveiller la maison dis-
crètement (+1 à la jauge d’enquête). Des reliefs de
repas permettent de confirmer que quelqu’un a passé
du temps dans cet endroit. (+1 à la jauge d’enquête).
Un Mentaliste 1 ou un Condé 2 comprendra que le
meurtrier de Lucile était un voyeur aimant le senti-
ment de puissance conféré par le fait de surveiller en
secret les faits et gestes de toute une famille (+1 en
Angoisse et Névrose ; +1 à la jauge d’enquêtes).
B. L’intérieur de la maison (Jauge d’enquête :
Chapitre 1
10/19)
•  La salle commune : le sol de la salle est en terre battue.
Les PJ ont l’impression de marcher dans de la boue.
Il faut contourner la table pour retrouver le corps du
père de Lucile, Raymond Caroussin (+1 à la jauge
d’enquête). Il baigne dans une mare de sang que le sol
en terre battue a du mal à boire (+1 en Angoisse et
Névrose). L’homme est nu, et son visage a été arraché
(+2 en Angoisse et Névrose). Son corps a été placé de
fort étrange façon, de dos, jambes et bras écartés. Un
jet en Mental GARDE Sciences de l’Homme permet
de reconnaître en cette mise en scène l’Homme de
Vitruve esquissé par Léonard de Vinci (+1 à la jauge
d’enquête). Un PJ Illuminé 1 verra dans cette mise
en scène un rituel de possession démoniaque (+1 à
la jauge d’enquête) et un Mentaliste 2 comprendra le
rapport idéalisé du tueur envers la figure du père (+1
à la jauge d’enquête).
•  Chambre des parents : la pièce des parents a été le
théâtre du carnage le plus abominable. On y trouve
le corps de Catherine Caroussin (+1 à la jauge d’en-
quête). Son corps a été horriblement mutilé et pro-
fané. Les PJ ne peuvent faire autrement que marcher
sur ses entrailles. La scène inflige un test psychotique
(1D) à ceux qui en sont témoins. Le baquet près du
lit devait servir de baignoire ; il contient de l’eau et
du sang. Un PJ Fouineur 2 trouvera des vêtements
d’homme au fond du baquet (+1 à la jauge d’en-
quête). Si les PJ pensent à les comparer avec les effets
contenus dans la malle, ils constateront facilement
que ces habits ne sont pas à la taille de Raymond (+1 à
la jauge d’enquête). Un Illuminé 2 ou un Mentaliste 2
(ou tout autre PJ au moyen d’un jet en Mental GARDE
Sciences de l’homme) peut voir dans cette scène la
tentative d’une renaissance : le tueur a éventré la vic-
time, s’est lové dans ses entrailles et en est ressorti,
parodiant un odieux accouchement. Il a pris le temps
de se laver dans le baquet. (+1 à la jauge d’enquête ;
+1 en Angoisse et Névrose).
•  Chambre des enfants : c’est là qu’on retrouve le dernier
et plus jeune membre de la famille. Louis Caroussin,
un petit garçon d’une dizaine d’années, a été enfoui et
comme caché dans les draps de son lit. Il a été étran-
glé, face contre terre. (+1 en Angoisse et Névrose ; +1
à la jauge d’enquête). Un jet en Mental Garde Sciences
de l’Homme (ou un PJ mentaliste 2) permet de com-
prendre que le tueur a ressenti de la honte dans ce
meurtre-là, contrairement aux autres (+1 à la jauge
d’enquête). Le garçon lui renvoyait peut être une
image trop proche de lui.
4
 Scènes de Crimes
Conclusion
Interprétation de la jauge d’enquête avant la
confrontation
Chapitre 1
Au cours de l’enquête, le niveau de la jauge peut
varier de 0 à 19 points. Ces points représentent les
découvertes des PJ, les pièces du puzzle mises bout à
bout. En fonction du niveau de la jauge, le PJ auront
plus ou moins compris ce qui s’est réellement passé
chez les Caroussin.
7 points peuvent être obtenus sans effort particulier.
Il suffit pour les PJ de découvrir les éléments suivants :
•  La table bloquant la porte
•  Le chien égorgé dans la niche
•  Lucile violée et étranglée dans le silo
•  Les reliefs de repas dans le silo
•  Raymond mort dans la salle commune
•  Catherine morte dans la chambre des parents
•  Louis mort dans la chambre des enfants
8 points demandent un jet ou un style d’enquête par-
ticulier. Les Pj devront faire jouer leurs compétences
pour découvrir les éléments suivants :
•  La pâtée droguée dans la gamelle (2 informations)
•  L’empreinte de chaussure
•  L’oeilleton dans le silo
•  L’Homme de Vitruve
•  Un rituel de possession démoniaque
•  Les vêtements du tueur (2 informations)
4 points demandent un jet ou un style d’enquête par-
ticulier et livrent un pan du profil du tueur
•  L’homme a besoin de se sentir puissant. (œilleton dans
le silo)
•  La figure du père est idéalisée par le tueur (mise en
scène de l’Homme de Vitruve)
•  La figure de la mère est atrocement déformée. Le tueur
cherche à renaître. (meurtre de Catherine Caroussin)
•  Le tueur semble avoir eu honte du meurtre du garçon
de la famille ; il s’identifie trop à l’enfant qu’il malmène.
5
La confrontation finale avec le tueur
Elle se fait lorsque les joueurs émettent le souhait de
rentrer chez Hencks ou d’appeler la police. Leurs mon-
tures, s’ils en ont, ont été libérées et chassées. Un éven-
tuel fiacre a été saboté. Les PJ sont à pied, en pleine
nuit, dans une campagne reculée. Le tueur choisit ce
moment pour affronter les PJ, et ses caractéristiques
dépendront du niveau de leur jauge d’enquête. Le
tueur observe les PJ depuis le début déguisé en épou-
vantail. Son apparition devra être le point d’orgue de la
Scène de Crimes, apporter le dénouement ainsi qu’une
touche de fantastique. Jusqu’au dernier moment, le MJ
pourra laisser croire aux PJ qu’il s’agit véritablement
d’un épouvantail animé.
7 points à la jauge ou moins
Défaite majeure des PJ : les PJ n’apprendront rien à
la police qu’ils ne puissent comprendre eux mêmes. La
confrontation n’aura pas lieu, l’Epouvantail ne consi-
dèrera pas les PJ comme une menace. Le MJ doit pré-
senter cette fin comme une humiliation.
Entre 8 et 10 points à la jauge
Défaite mineure des PJ : le tueur voit les PJ comme
une menace à éliminer. L’Epouvantail les ajoutera à
son tableau de chasse, “pour être sûr”, mais cherchera
d’abord à jouer avec eux. La rencontre se traduit par
un test psychotique (1D). Ses caractéristiques seront
maximales (Potentiel de Force 5, Maître en Combat et
Traque).
Entre 10 et 15 points à la jauge
Victoire mineure des PJ : les PJ en savent trop.
L’Epouvantail cherche à les surprendre en les attirant,
par exemple, dans le champ de maïs. (Test psychotique
2D ; Potentiel de Force 4, Pratiquant en Combat et
Traque).
Entre 16 et 19 points à la jauge
Victoire majeure des PJ. Le tueur est furieux d’avoir
été percé à jour de la sorte et tentera par tous les
moyens d’empêcher les PJ de faire échouer son plan si
parfait, quitte à se montrer imprudent. (Test psycho-
tique 3D ; Potentiel 3, Initié en Combat et Traque)
 L'homme de Vitruve
PNJ
Maximilien Hencks
Maximilien Hencks est un grand chasseur devant
l’éternel et un aventurier qui a roulé sa bosse dans
les colonies françaises d’Afrique. Il a ramené de ses
voyages un nombre incalculable de trophées de chasse
qui décorent à présent - avec un goût discutable - les
murs de sa demeure de Magny en Vexin.
Maximilien a clairement des ascendances nobles. Il
possède un vaste domaine comprenant un grand bois,
un manoir et des dépendances. Tous au village lui
témoignent le plus profond respect, et bien qu’il s’en
défende, plusieurs lui donnent du “Monsieur le Baron”.
Le passé du chasseur est assez flou, et d’aucuns
diraient inquiétant. Il aurait fréquenté des cercles peu
recommandables, et garderait des contacts parmi les
anarchistes les plus virulents de la capitale. Si on ajoute
à cela un caractère revêche, une mine renfrognée et une
économie de paroles, on peut aisément comprendre
l’aura de mystère qui semble planer autour de lui.
Pourtant, c’est un homme loyal avec ses amis, qui
sait se montrer affable, et qui éprouve à l’endroit de
“ses gens” une affection sincère qui le pousse autant de
fois que nécessaire à agir en protecteur.
L’Épouvantail
Chapitre 1
Le tueur est un étranger au village. Comme les
PJ, il vient de la capitale histoire de se faire oublier.
Il est arrivé quelques jours avant eux, et a su faire
profil bas… jusqu’à présent. En réalité, c’est homme
à l’esprit malade, ayant vécu une douloureuse enfance
auprès d’un père absent et d’une mère castratrice. La
colère, les humiliations, les frustrations se sont long-
temps accumulées dans sa tête sans pouvoir sortir, de
sorte que durant de longues années sa seule échappa-
toire était d’échafauder de glorieux plans dans lesquels
il mettait en scène la famille idéale.
C’est un homme taiseux, calculateur et patient. En
arrivant à Magny en Vexin, il a vu la jeune Lucile, l’a
suivie, et la famille Caroussin est brusquement deve-
nue une obsession. Pendant des jours, il s’est installé
en cachette autour de la maison pour observer et écha-
fauder des plans. Peu à peu, l’obsession s’est muée en
pulsion. Il a commencé par droguer et tuer le chien
afin d’avoir le champ libre. Pour calmer ses pulsions
sexuelles et son dégoût envers les femmes il a capturé
et violé Lucile. Puis il s’est introduit dans la maison
pour accomplir son oeuvre. Il fallait travailler vite et
efficacement : il a assommé proprement Richard et
Catherine, mais le jeune Louis s’est réveillé et il a été
forcé de le supprimer. Il n’en a retiré aucun plaisir, car
le petit garçon lui rappelle trop son passé douloureux.
Il l’a tué rapidement, et l’a caché sous un tas de hardes
dans le lit. Richard, le père, a été tué ensuite. Avec
révérence, il l’a dénudé, poussé les meubles de la pièce
pour faire de la place et l’a placé dans la position de
l’Homme de Vitruve. Il lui a ensuite arraché le visage
afin de le garder en souvenir de ce père qu’il n’a jamais
vraiment connu. Catherine fut la moins bien lotie des
quatre. Bâillonnée, attachée, il l’a gardée en vie pour
parachever son oeuvre : il s’est dénudé, puis a éventré la
malheureuse femme avant de se blottir dans son ventre
afin de simuler une nouvelle naissance, un renouveau,
le point final de sa vengeance auprès d’une mère qui
ne l’avait jamais aimé. Tout glaireux des entrailles de
la misérable femme, il s’est lavé dans le baquet de la
chambre.
Quand les PJ arrivent enquêter, le tueur est tou-
jours là, se délectant de son oeuvre, et avide de voir la
réaction des inconnus. Il s’est caché dans une de ses
planques préférées, le champ de maïs, sous les traits de
l’Epouvantail, et il observe.