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!eitaiho
" o u s s e z l e s p o r t e s q u i o u v re n t s u #
l $ E t r e H u Toucher
m a i n dans
la Vie son
Ed. corp%
Olivier Nesmon
Olivier Nesmon
2
Couverture - Mise en page :
Olivier Nesmon
http://toucherlavie.com
contact@toucherlavie.com
ISBN 978-2-8911319-0-4
Dépot légal - Bibliothèque et Archives Nationales du Québec, 2009
Dépot légal - Bibliothèque et Archives Canada
4
Ce livre est dédié à l'homme qui par sa sagesse, sa
détermination et la puissance de son enseignement, a
transformé ma vie, tout en me guidant afin que je retrouve le
sens de l'être humain en moi : Maitre Imoto Kuniaki
Sommaire
Préface
...................................................................................................................................
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Introduction
...................................................................................................................................
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Première partie
Entretien avec Maître Imo-
to
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Deuxième partie
Seitaihô - Le Principe Seitai
...................................................................................................................................
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Le principe Seitai
...................................................................................................................................
36
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気 - Ki .......................................................................................................................
40
S’exercez à la pratique du Ki
...................................................................................................................................
42
Les Taisô
...................................................................................................................................
46
Taisô à découvrir
...................................................................................................................................
48
Troisième partie
Mon chemin de Sei-
tai
...................................................................................................................................
56
Mieux se sentir
pour se sentir mieux
...................................................................................................................................
62
Leçons d'humilité
...................................................................................................................................
70
Désapprendre le savoir
...................................................................................................................................
74
Rave et réalité
...................................................................................................................................
78
Inspirer l'éveil
...................................................................................................................................
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Préface
Il faut dire que j’ai une grande admiration pour lui, vous le saurez
désormais. Nous nous étions rencontrés à Tokyo au Japon alors
qu’il étudiait le Seitai chez Imoto Kuniaki Senseï et moi l’Aïkido
chez Ueshiba Kishomaru Senseï. Nous avions eu des parcours
souvent similaires, des méthodes de pensées similaires, et surtout
tous les deux un plaisir à la vie qui, depuis, ne s’est je crois jamais
démenti. De là est née une grande amitié et je pense qu’Olivier m’a
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apporté beaucoup, autant je l’espère que ce que j’ai pu essayer de
lui offrir de moi également.
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naturellement, tu laisses couler la goutte sur l’étiquette… Et voilà
pourquoi ces bouteilles sont plus faciles à prendre qu’à lâcher !…
(et Cesar montrait à Marius à quel point ses bouteilles étaient
collantes par le sirop qui avait coulé du goulot et s’était cristallisé
en sucre jours après jours jusqu’à l’étiquette effectivement. Mais il
s’offusque :) Et tu ris ? - Marius : Toi aussi tu ris ! - César : C’est
vrai… Mais moi, je ris… de ma patience ! ».
corps en tant que corps vivants étant de nous, sur chacune de nos
aptitudes particulières à vivre « bien », c’est-à-dire : centré,
puissant et disponible. C’est une sagesse dont on peut s’imprégner
sans risque, adaptable facilement, même dans les sociétés actuelles,
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à la portée de tous donc. Et ce n’est pas non plus une sagesse
éolienne (faite de vent) comme on le voit trop souvent.
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Le corps est une totalité. -...- C’est ce qui est
perçu. -…- . Le mental et le corps sont une
seule et même chose. Lorsque la colonne
vertébrale se redresse, c’est la manière de penser
qui se libère. Un corps libre, ouvert, sans
défense, suggère un mental sans appui, ni
fondement.
- Eric Baret -
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Introduction
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et les femmes qui veulent apprendre le Seitai. Chacun a ses raisons
d’y venir. Certains sont là pour leur santé ou leur bien-être.
D’autres cherchent à se découvrir et à évoluer. D’autres encore
sont poussés par le désir de participer à l’amélioration de la vie de
leurs semblables.
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donner les clés qui ouvrent ces portes. Ensuite, libre à chacun de
pénétrer, d’explorer et d’apprendre à connaître le paysage qui se
présente, pour le meilleur de son bien-être.
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Petite histoire du Seitai
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ne pas se cantonner à faire une synthèse des matières dont il avait
la charge. Avec un esprit très méticuleux, ils ont pénétrés au cœur
de chacune d’entre elles pour en faire ressortir l’essence qu’elles
avaient en commun. Quand il fut question de donner un nom au
fruit de leurs études, la très forte personnalité de Noguchi lui
permis de se hisser rapidement au sommet du groupe et d’imposer
son avis au sein de la “Kenkô Hojikai”. C’est ainsi que le Seitai est
né. Cependant, ce qui distingua Noguchi de l’ensemble de ses
collègues fut l’habile intégration qu’il fit de la psychologie (ou
travail sur l’inconscient) dans la compréhension du corps humain.
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Le Seitai est une façon naturelle de vivre. Pour le pratiquer, nul
besoin de forger son esprit pour suivre cette voie. Il suffit d’être
attentif. Ce qui fait le Seitai, c’est la maîtrise que l’on développe de
la technique, et la compréhension que l’on en tire. Cela peut
aboutir à une manière de vivre et une façon de penser, mais ce
n’est pas parce que l’on suit cette façon de penser que l’on pratique
le Seitai.
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Deuxième partie
Seitaihô - Le Principe Seitai
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⼈人間 - Ningen
⼀一 : le chiffre UN [Ichi]
⾨門 : la PORTE [Mon] et
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間 : l’ESPACE, l’OUVERTURE [Ma, Aida] par laquelle passe la
lumière.
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santé et le plaisir de vivre (avec son corps) émergent comme au
premier jour. Nous pouvons ainsi vivre librement nos vraies
valeurs.
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Seitai que je suis n'est pas l'enseignement de la thérapie. Comme je
l'ai déjà écrit, mon rôle consiste à accompagner tout un chacun
jusqu'aux portes du corps en visant les capacités d’amélioration
constante de la Vie.
L’être humain tire son corps de la terre et du règne animal et, par
ce même corps, demeure associé à la Vie. Grâce à ce lien, nous
pouvons faire l’expérience du mouvement perpétuel de la Vie.
Qu’il s’agisse de l’alternance des saisons, du cycle du jour et de la
nuit, du fait de s’alimenter et d’éliminer, des rencontres et des
séparations, de l’enchaînement des pensées, des émotions, de nos
actions, du passage de la jeunesse à la vieillesse, etc, notre corps
perçoit, s’ajuste et change. Bref, nous évoluons. Le changement
nous entoure et nous pénètre. Par conséquent, quelles que soient
nos croyances et notre vision du monde, si nous voulons être bien,
nous ne pouvons pas nous séparer des règles de la Vie. Nous ne
pouvons pas “ne pas avancer”, et nous ne pouvons pas “ne pas
évoluer”, car la Vie n’attend pas. Ainsi, plutôt que subir nos
malaises et nous poser “en victimes” lorsque qu'un mal nous
atteint, le Seitai nous exhorte à nous dresser, et à saisir la Vie de
l’intérieur en nous unissant à son flot. Voici quelques principes et
visions simples pour avancer sur ce chemin.
気 - Ki
Dans l’univers du Seitai, tout comme dans l’ancien Japon, on a
coutume de dire : “le Ki, c’est la vie!” Mais sous nos latitudes, ce
mot si court présente quelques difficultés pour qui voudrait le
traduire. Ce serait trop simple de limiter son sens à l’idée
“d’énergie” comme on le fait si souvent dans le monde des
médecines alternatives. Au Japon, Ki concerne notamment un
vaste ensemble de contextes culturels qui mettent en avant la
perceptibilité des êtres vivants et/ou leur état émotionnel à un
moment donné.
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environnement extérieur. Chacun est sensible à cette relation, mais
la perçoit à sa manière. Chaque jour, nous en faisons l'expérience.
Qu'est-ce qui vous permet de vous faire une idée sur un inconnu,
dès la première rencontre, avant même d'échanger un mot ?
Pourquoi la sensation est-elle différente lorsque votre partenaire
vous prend la main, ou s'il s'agit d'un policier qui vous tient par le
bras ?
Ki est le pilier de tout l’art du Seitai. Il est dit que sans Ki, rien ne
peut exister. Pour se manifester, le Ki nécessite un rapport entre
deux parties sensibles, autant qu’un espace ouvert, ou disponible,
pour que ce rapport puisse opérer. Il est la capacité de percevoir
autant que la chose perçue. Il est la “force” qui émane d’un objet
ou d’une personne autant, que la perception que l’on a de cette
émanation.
Dôkî
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La pratique du Seitai inclue un exercice appelé «Gasshô Gyôgi».
Cet exercice sert pour rassembler le Ki dans les mains en vue
d'élever l'attention et la perceptibilité. Pour bien faire cet exercice,
un esprit de recherche importe plus que l'attachement strict aux
formes. Les sensations ressenties peuvent varier d'une personne à
l'autre, et d'un entraînement à un autre.
Gasshô-Gyôgi
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mains. Alors, si vous reconnaissez que le pouvoir de changer
appartient à l’autre, votre véritable compétence sera de prendre les
dispositions qui incitent l’autre à vouloir changer.
Les Taisô
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s’endorment. Selon les travaux de John Hagelin et Fred Travis,
l’engourdissement de ces zones du cerveau correspond à des
“trous”. N’imaginez pas des trous vides sans matière, mais plutôt
des zones où les neurones “n'allument” plus. Cela a des
répercussions inévitables sur la communication entre le cerveau et
le reste du corps jusqu'au niveau cellulaire. J'en déduis que les
engourdissements et les anomalies qui s'expriment dans le corps
sont les répliques exactes des zones de notre cerveau qui ne sont
plus activées.
GyoKihô
Comment?
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son corps émerge d’elle-même, dissipant la douleur, et rassurant les
esprits instables et/ou tourmentés.
- Assis dans une position confortable pour vous, sur une chaise
(sans vous adosser) ou à la mode japonaise sur les genoux,
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C-Taisô
52
Libérer les genoux douloureux
56
Le langage silencieux du corps
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respiration est souple et profonde. Comme le corps n'est soumis à
aucune tension, on a l'impression qu'il se dresse en s'ouvrant. Le
ressort des hanches donne à la marche une impression de légèreté
et un air presque joyeux. Il suffit de regarder les enfants pour
comprendre.
Les personnes stressées ont les épaules raides. Leur marche est
rapide et saccadée. L'espace entre les pas paraît plus court. Les
chevilles, les hanches et le cou se raidissent. On a l'impression que
le corps bouge de façon rigide comme un robot. Leur respiration
est brève et superficielle. Ils s'impatientent rapidement contre la
foule et leur rythme n'est pas en harmonie avec les autres.
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en nous, nous pouvons soit assouplir le corps pour libérer le
souffle, soit corriger la perception que nous avons sur un
aspect de notre vie. Quelque soit le chemin que nous
prenons, le corps se tiendra toujours à la mesure de notre
épanouissement.
Mieux se sentir
pour se sentir mieux
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dis : "je ne sais pas quel état d'esprit il faut pour ressentir son
corps, mais dès maintenant, tel que vous êtes assise, pouvez-vous
sentir vos hanches?"
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fatiguée. Maintenant elle libérait son charme. J'en conclus que
lorsque l'être humain sait se tenir, il devient beau naturellement.
Depuis tout petit, j'ai une sorte de fascination pour mes aînés,
surtout pour les personnes âgées. Encore aujourd'hui, ceux qu'on
appelle "les vieux" continuent de soulever des émotions fortes que
j'essaie peu à peu de comprendre en tentant de répondre à ma
question d'enfant: "qu'est-ce qui, outre les apparences, les rend
différents des autres adultes?"
66
Pendant toutes mes années d'études à Tokyo, Maître Imoto nous a
enseigné (et enseigne toujours) un exercice respiratoire basé sur la
perception du Ki et destiné à sensibiliser un individu à sa propre
condition: gyôki-hô. En soi, le principe est simple. Il suffit de
concentrer son attention sur sa colonne vertébrale en s'appuyant
sur la respiration pour sentir et aider le Ki à circuler le long du
dos. A moins d'être extrêmement sensible, on ne comprend pas
toujours de quoi il s'agit à la première tentative. Il faut essayer
encore et encore. Cependant, en persévérant, n'importe qui peut y
parvenir. Pour simplifier, je dirais qu'il n'y a qu'à se concentrer sur
sa respiration et sentir celle-ci se propager depuis la cage
thoracique à travers tout le corps. Si au début on ne ressent que le
mouvement du thorax, avec un peu d'attention, on ressent vite ce
mouvement se propager dans les hanches et dans l'abdomen. Puis,
de loin en loin, on peut percevoir jusqu'aux extrémités des
membres. Là où le corps ne participe pas à la respiration, il y a
raideur et engourdissement de la force vitale. Vous pouvez faire
l'expérience maintenant pendant que vous êtes assis en lisant ces
lignes, sur le quai du métro ou n'importe où ailleurs. Il suffit d'être
attentif et centré. Cela, tout le monde peut le faire.
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vitalité vient à manquer, il s'appuie sur la compétence qui a fait, sa
vie durant, le meilleur de son identité.
Tokyo le 23 octobre 01
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de vêtements pour enfants. Bien maigre don si l'on considère
l'ampleur de la misère. Pourtant, ceux qui, à première vue ne
possédaient rien, nous ont accueilli chez-eux et nous ont tout
donné. Devant des cœurs si chaleureux, je ressentais comme un
honneur d'être invité à pénétrer leurs demeures. Puis un jour, aux
abords d'un petit marché, j'ai vu un Naja se dresser droit devant
moi. Je ne l'avais pas tout de suite remarqué. Mais lui semblait me
regarder sans bouger, la crête gonflée, ses petits yeux noirs fixés
sur moi sans expression. Il était là, à un pas de moi, la tête à
hauteur de ma cuisse et l'on s'est observés, figés dans une
impression de silence absolu pendant quelques secondes, ou peut-
être plus. Je ne saurais dire. Puis le charmeur a rappelé son
serpent comme on renvoie son toutou à la niche. Quant à moi, je
suis retourné à l'auberge où je passai une longue partie de la nuit
prostré. Ma vie aurait pu finir là, à l'autre bout du monde, et je
prenais conscience que jusqu'à ce jour je n'avais jamais vraiment
vécu.
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ni jambes, ses besoins ne sont pas moins humains. Et moi-même,
pourrais-je vivre ainsi ? Si nous nous posions tous cette question,
je pense que notre réponse déterminerait notre futur.
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présents ne savait comment répondre à toutes ces difficultés, je
pris sur moi de m'occuper de chaque visiteurs l’un après l’autre en
donnant des instructions bien précises à ceux qui devinrent, pour
quelques jours, mes assistants. J'avais pitié de ces jeunes gens
blessés (principalement par manque d'attention) alors qu'ils
venaient pour faire la fête. Mais en même temps, j'exaltais de
pouvoir éprouver ma maîtrise des techniques que j'ai mis
longtemps à apprendre.
conditionnés par l'idée qu'il faut faire quelque chose, on risque fort
d'agir n'importe comment. Le corps souffre quand la vitalité fuit
vers l'extérieur. C'est ce qu'on appelle communément un
déséquilibre. De façon appropriée, il faut stopper la fuite de la
vitalité et retourner la force du corps vers l'intérieur. C'est cela qui
permet de guérir. Réveillé par la pression que j'exerçais sur son
genou, mon jeune assistant acquiesça. C'est amusant de constater
comme le simple fait de ressentir avec son corps permet de
résumer de longues explications.
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C'est le même principe lorsque tu t'enrhumes. En revanche, la
chaire d'un cadavre est raide. Comme il n'y a plus d'énergie active
à l'intérieur, il devient froid. Donc, constamment refroidir une
blessure avec de la glace équivaut à inviter le corps blessé à se
raidir et à se tourner vers la mort". Il réfléchit puis demanda: "alors
pourquoi tout le monde fait le contraire?" "Je ne sais pas", dis-je.
"Mais ce qui m'importe c'est, en approchant le patient d'un air
rassurant, de donner à son corps ce qu'il demande. C'est tout."
30 mars 2002
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comme des champignons multicolores. Du haut de notre
promontoire on les voyait s'activer avec empressement, agités et
bruyants comme des enfants en colonie de vacances. Ici et là, le
son d'instruments de percussion et des didjeridoos résonnaient
déjà. Tous vêtus de tenues fluos et bigarrées, nul doute qu'ils
étaient venus pour faire la fête, et se lâcher la bride. Tout cela ne
correspondait en rien à l'image que l'on a généralement du Japon.
Et pourtant, malgré l'effervescence de cette fourmilière
multicolore, le sens de l'ordre et de l'organisation, qui fait la
réputation de ce peuple, me laissait admiratif. Il faut le voir pour le
croire.
Vers seize heures, la lune pointa son visage rond derrière la cime
des arbres. Peu à peu le son montait tandis que la foule affluait
vers le parterre central. Lorsque le ciel prit enfin la teinte rose des
derniers rayons de soleil, dans un fracas inouï éclatèrent rythmes
binaires et musique électronique unis à la voix de ces éternelles
enfants traquant la transe. Ne serait-ce qu'un instant, ils ne
voulaient qu'être eux- mêmes. Dans un pays où ordre et
abnégation de soi sont les dogmes de l'équilibre social, faut-il en
vouloir à ces grands enfants de s'adonner à la danse pour retrouver
au fond de leurs tripes le souffle de l'extase? C'est vrai que parfois,
la quête de l'extase peut prendre des voies détournées. Et, dans
certains cas, il faut s'attendre au pire.
Deux ans plus tôt, dans les montagnes du Rajastan, j'avais moi-
même été saisi par le froid en plein sommeil. Incapable de bouger,
je tremblais comme une feuille. Le feu de camp ne suffisant pas à
me réchauffer, mes amis m'enroulèrent dans leurs couvertures et se
serrèrent contre moi. Il a bien fallu vingt ou trente minutes avant
que mon corps ne se réchauffe. Mais, grâce à cette expérience, je
me réjouis ensuite d'avoir su retrouver la valeur de la chaleur
humaine. C'est cela qu'il fallait transmettre au plus vite à ce pauvre
garçon. Il avait dansé et transpiré toute la nuit. Sa chute l'avait
immobilisé, exposant soudainement son corps à la nuit fraîche des
montagnes.
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faisait désormais confiance et s'exécuta sans discuter. Rapidement
son corps se réchauffait, se détendait et cessait de trembler. Quand
le bol devint tiède, je fis renouveler l'opération. Maître Imoto
Sensei m'avait appris ce principe très simple qui remet le corps
d'aplomb après une mauvaise cuite. Je crois que je m'en suis
souvenu par instinct, et je ne m'attendais pas à autant d'efficacité
en si peu de temps. Son pouls redevenait normal, l'acmé était
passé. Je dis à sa petite amie de s'allonger près de lui pour lui
garder sa chaleur et j'ajoutai: “S'il transpire, mets-lui des
vêtements secs et laisse-le dormir. Je repasserai dans une heure.”
Toutefois, j'attendis qu'il s'endorme pour partir. En tout, je ne crois
pas avoir passé plus de vingt minutes dans la tente.
Une fois que j'eus fini mon service, je pensais à tout ce qui était
arrivé dans la journée. A propos de ce garçon, certains penseront
peut-être que nous avons tout simplement eu de la chance.
Pourtant, cette fois encore, je n'ai fait que mettre en pratique ce
que Maître Imoto m'avait appris les premiers mois de notre
rencontre. Je crois sincèrement que tout autre que moi aurait pu
en faire autant. Il suffit d'avoir les bons outils ajoutés à une
attention correcte afin d'établir une relation de confiance qui laisse
le champ libre pour habillement orienter la vitalité. En y mettant
du sien, tout le monde en est capable.
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et quel que soit le jugement que portent les autres. Dans l'esprit du
guérisseur, la vie est plus importante.
Je n'ai écrit cet article que pour démontrer qu'il est possible de
venir en aide à une personne en situation difficile avec des moyens
simples, sans qu'il soit pour autant nécessaire de céder à la
panique.
Le temps d'une réflexion
12 juin 2003
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train de lire: “On prévoit qu’aux États-Unis, la sécurité sociale fera
faillite d’ici l’année 2032, de même que l’assurance santé d’ici 2005,
au moment même ou la génération du “baby-boom en aura
besoin.” Ce sont là des prévisions pessimistes envisagées aux
États-Unis. Peut-être a-t-on envie de croire qu’un tel scénario
n’arrivera pas dans nos pays d’Europe, notamment la France, où
les droits sociaux sont si vigoureusement revendiqués par le
peuple. Mais sait-on jamais.
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gargouillis, son corps relâcha d’un seul coup toutes les tensions qui
emprisonnaient l’estomac et la rate. Finalement, son thorax s’est
relâché prenant l’air à plein poumons comme par soulagement.
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Pour préserver la santé, il suffit de réorienter notre attention vers
l’activité intérieure du corps, jusqu’à percevoir ce qu’il cherche à
faire. Plutôt qu’agir systématiquement pour stopper ce qui nous
effraie, nous avons plus à gagner à nous exercer à ressentir les
besoins du corps, et à y répondre de bonne grâce. Même si, à
première vue, cela ne paraît pas rationnel. Si la maladie nous
atteint, l’important n’est pas tant de comprendre ce qui ne va pas
dans nos organes ou dans nos gènes. Il s’agit plutôt de repérer en
notre for intérieur le système inconscient qui a ouvert la voie au
déséquilibre. L’inattention continuelle et le manque d’observation
personnelle, risquent bien de nous placer dans une situation où, un
jour ou l’autre, on n’a plus d’autre choix que l’état d’urgence.
90
nous apercevoir que nos structures corporelles miment avec
précision notre esprit et notre façon de penser.
Tant que notre cœur bat, la vie s’active en nous. Lorsque nous
courons dans toutes les directions à la quête de la santé, non
risquons fort de passer à côté de nous- mêmes, et de négliger notre
plus grande richesse.
Mes amis étaient rentrés, mais la soirée battait son plein. Comme
dans un songe, la musique de Julien m'emmenait en voyage. Je
choisis de rester pour profiter de ce luxe que Tokyo n'offre que
très rarement. Assis sur leurs sofas, le groupe de tout à l'heure
continuait de discuter plus calmement cette fois. Ne voyant plus le
garçon à l'album, je me dis qu'il était parti. Mais, lorsque je me
penchai pour prendre mon verre, je le vis sagement assis à côté de
92
moi. Il semblait attendre quelque chose, et quand je lui souris, il
me dit : "voudrais-tu me dire ce que tu penses de mes dessins?"
"Oui, continuais-je, on dirait que c'est cela que raconte ton art. Et
par lui tu voudrais grandir." Il fit oui de la tête. Je poursuivais :
"Tu dessines presque dans l'obscurité, n'est-ce pas? Tu te tiens
courbé sur ta table, les yeux très près de la feuille, et tes doigts
sont crispés sur ta plume. L'air surpris, il fit de nouveau oui de la
tête. "Tu vois, quand tu te tiens ainsi, ton torse devient lourd. Tu
expires plus que tu n'inspires et tes bras s'épuisent. Tu as le sens
du détail, mais ton souffle pèse sur les traits de tes dessins. Ta
position emprisonne ton art et l'empêche de grandir. Est-ce cela
que tu voudrais changer ?" Cette fois, il me gratifia d'un sourire
toujours en hochant la tête. Je lui dis : "je n'ai qu'un seul conseil.
Lorsque tu dessines, sois attentif à ta position. Quand tu
remarques que tes traits deviennent plus courts, que tes doigts se
crispent sur ton crayon, ou que ton nez s'approche de la feuille,
redresse-toi et respire par le ventre. Tu vois, quand tu expires, ton
corps se ramasse sur lui-même et tes mouvements deviennent plus
petits. Quand tu inspires, ton corps naturellement se redresse.
Ainsi, ton torse et tes bras s'ouvrent. Tes mouvements sont plus
amples, plus souples et plus sûrs. Si pendant quelques minutes, tu
prends la peine de te redresser sur ta chaise et de respirer par le
ventre, tu verras qu'avec le temps celui-ci devient plus fort et ta
pensée plus légère. Si tu veux grandir avec ton art et le mener à
maturité, fais cela sincèrement avec attention. L'inspiration
viendra d'elle-même." Spontanément, il se redressa sur son siège et
essayait de mettre en pratique ce que je lui disais. L'espace d'un
instant, son visage s'éclaira. Avant de le laisser prendre congé, je
lui remis ma carte espérant qu'un jour je verrai son évolution.
94
même conseil qu'à ce jeune garçon japonais, espérant qu'elle le
mette en pratique.
Jusqu'à ce jour, partout où je suis allé sur notre planète bleue, j'ai
eu la chance et le plaisir de rencontrer un grand nombres de gens.
Beaucoup m'ont instruits par leurs connaissances, leur culture et
leurs traditions. J'ai rencontré des hommes et des femmes simples
mais avec un savoir-faire ou des manières de penser peu
communes dans notre monde moderne. C’est étrange comme le fait
d’être d'ailleurs m’a permis de vivre toutes ces rencontres cœur à
cœur avec d’autres êtres humains. Le cœur, parce qu'il
n'appartient qu'à soi-même, est peut-être le principal
dénominateur commun qui justifie la différence entre tous les
hommes. Malgré le plaisir que j'ai de m'instruire auprès de mes
semblables des choses que je ne connais pas, il y a toujours un
sujet sur lequel je ne peux m'empêcher d'émettre quelques
réserves.
96
Quand il s'agit de la santé, je suis sans cesse surpris de voir la
multitude d'idées préconçues et d'opinions divergentes qui existent
dans nos sociétés. Si on est malade, ou si pour une raison ou une
autre on ne va pas bien, il y a toujours quelqu'un dans notre
entourage avec un avis sur ce qui pourrait être la cause de notre
malaise. Il y a toujours quelqu'un avec un bon conseil prompt à
vous rappeler qu'untel, qui avait les mêmes symptômes, est
récemment mort de telle ou telle maladie. Ce n'est pas rare non
plus que l'on s'adresse à moi afin que j'intervienne pour changer le
comportement d'un proche pour lequel on s'inquiète.
98
Conclusion sur mon chemin de
Seitai
Août 2001
On peut venir au Seitai par curiosité, pour ajouter une corde à son
arc, ou simplement parce que le discours sur la vie, le corps et
l’être humain sonne comme un appel. Toutes les raisons de vouloir
apprendre sont bonnes, surtout si l'on sait adopter une attitude
droite et simple envers soi-même, et envers l’art. Certains voudront
apprendre à s’occuper de leur famille, d’autres voudront devenir
professionnels. D'autres encore devront faire l’épreuve de leurs
propres limites avant de pouvoir avancer. Qu’importe. Souvenez-
vous simplement que le Seitai ce n'est pas un éventail de
techniques ou de “trucs” qu'on utilise à la légère. Le Seitai se
caractérise par la façon dont il entraîne chaque être humain à se
servir de ses sens (et de ses mains) pour reconnaître le
fonctionnement de la vie dans le corps. A mesure que l’on
comprend ce fonctionnement, il devient possible de discerner les
pulsions inconscientes qui animent tout un chacun sur son chemin
de vie. N’étant pas différents des gens qui nous entourent, à force
d’observer les autres, on finit par se découvrir soi-même.
100
Vie. Non pas la Vie conceptuelle, mais celle qui, au plus profond
de lui, replace l’Etre Humain dans son Corps. Vivre en Seitai, c’est
développer une façon d’être centré dans la vie et présent à son
corps. En résumé, le Seitai, c’est l’Art de Présence.” Voilà la
conclusion que je tire de mon humble expérience parmi les
hommes et les femmes que j’ai rencontrés autour du monde.