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PREVENTION DES ESCARRES

PLAN

I. DEFINITIONS
II. PHYSIO PATHOLOGIE
III. CAUSES DE L’INSTALATION DES ESCARRES
IV. SIGNE DES ESCARRES
V. COMPLICATIONS
VI. PREVENTION DES ESCARRES
VII. TRAITEMENT CURATIF.

I. DEFINITIONS

1) L’escarre est une lésion résultant d’une absence localisée d’irrigation sanguine

Au niveau d’un tissu.


C’est une nécrose cutanée due le plus souvent à un alitement prolongé de deux à
trois heures sans changement de position ou de points de pression.

II. PHYSIOPATHOLOGIE :

C’est le mécanisme d’installation de l’escarre.

La compression prolongée dans tissus entre le plan osseux sous jacent et le plan dur du lit
entraine : un ralentissement puis un arrêt de la circulation sanguine aboutissant à une
absence de nutrition (anoxie) des tissus.

Cette région ainsi ischémiée, va se mortifier et s’éliminer sous forme de croute noirâtre.
L’escarre évolue en différentes phases :

L’érythème : la peau devient rouge, congestionnée ou oedèmaciée ;


La plaque de désépidermisation : formation d’une plaque violette ou noire aux
contours flous, froide à la palpation, indolore (signe du début de la mortification) puis
la plaque s’indure et se fissure avec début d’élimination de la couche épidermique ;
La constitution de l’escarre : c’est la mortification cutanée – les tissus se sphacèlent
et s’éliminent, laissant sur place une plaie atone, souvent infectée pouvant aboutir à
une ostéite. A ce stade, la réparation est toujours très lente et souvent défectueuse.

Ce processus peut être matérialisé de la façon suivante :

Alitement de deux à trois heures - compression des tissus et des vaisseaux – ischémie –
anoxie cellulaire – érythème – désépidermisation – mortification (nécrose) – sphacélisation –
élimination – plaie atone.
En raison de leur gravité, les escarres doivent être décelées précocement.

III. CAUSES DE L’INSTALATION DES ESCARRES

3.1. CAUSES FAVORISANTES :

- malade dans le coma ;

- opéré récent ;

- terrain : état général médiocre (cachexie-dénutrition-diabète) obèses alités, rhumatisants


alités, cardiaques alités, macération répétée de la peau dans l’humidité (urines, excrétas,
vomissements, sueur), irritation de la peau par frottement,

Présence de plis dans les draps et alèzes et des débris alimentaires accumulés dans le lit.
Troubles trophiques d’origine nerveuse (paralysie), malade sous plâtre ou autre appareil de
contention, brûlures (grands brulés).

3.2. CAUSES DECLENCHANTES

La compression prolongée des tissus entre 2 plans durs (os et plan du lit). Une telle
compression pendant plus de 3 heures sans interruption, sans changement de position, peut
entrainer l’apparition d’une escarre au niveau de la zone intéressée.

I.V SIEGES DES ESCARRES

4.1. MALADE EN DECUBITUS DORSAL :

- talon (escarre talonnière, région calcanéale)

- sacrum (escarre sacrée)

- ischion (escarres ischiatiques ou fessières)

- dorsale (épine dorsal)

- omoplate (escarre rétro scapulaire)

- coude

- occiput (escarre occipitale).

MALADE EN DECUBITUS LATERAL :

- trochanter

- face interne du genou


- malléoles

- cotes

- oreilles

- maxillaires

- coudes

- région temporale.

MALADE EN DECUBITUS VENTRAL :

- épine iliaque

- orteils

- genoux

- seins

- oreilles

- maxillaires

- région temporale

- région pubienne (organes génitaux).

MALADE EN POSITION ASSISE :

- région ischiatique

- creux poplité.

COMPLICATIONS

On peut avoir :

Une destruction du nerf sciatique poplité externe


Une destruction du tendon d’Achille ou du calcanéum
Une arthrite coxo-fémorale
Une ostéite.
PREVENTION DES ESCARRES

Chez les malades alités, les escarres constituent une complication fâcheuse de la maladie
diagnostiquée à l’entrée, d’où l’importance de leur prévention. Celle-ci est u ressort du
soignant et doit être entreprise systématiquement chez :
Tout malade privé de sensibilité (comateux paralysé)
Malade, ne pouvant se mouvoir à cause de la douleur (rhumatisant, fracturé)
Malade présentant, des troubles de la circulation sanguine (cardiaque, vieillard).

Cette prévention consistera en des soins d’hygiène (toilette), de réfection de lit suivis de
massage, de changements de positions, d’utilisation de matelas alternatif et de mobilisation
au lit.

MATERIEL
- Matériel de soins d’hygiène
(Voir cours sur toilette du malade).
- Matériel de massage
- Alcool camphré ou alcool à 70° ou eau de toilette titrée à 70°
- Talc officinal ou médical
- Matériel pour changement de position
- Tableau de changement de position
- Matelas altermating
- Planche.
TECHNIQUE :
- Faire la préparation psychologique du malade ;
- Faire la toilette du malade (voir cours sur toilette du malade) ;
- Changer les draps de lit ;
- Procéder au massage du malade (massage trophique).
MESSAGE TROPHIQUE :

Le message doit se faire sur corps propre et sur draps propre. Il permet d’activité la
circulation au niveau des régions les plus exposées.

Pour être efficace, il doit durer environ 10 mn et pourra être renouvelé selon les facteurs de
risque.

Pour la prévention des escarres, trois sortes de massages (manœuvres) sont privilégiées : les
effleurages, les frictions et le pétrissage.

L’EFFLEURAGE

a-1 DEFINITION : C’est une manœuvre caractérisée par le glissement des mains sur les
téguments sans les entrainer et sans déprimer les plans sous-jacents.

a-2 DESCRIPTION : L’effleurage s’effectue avec la face palmaire des mains et des doigts, la
main doit s’adapter parfaitement au relief de la région massée. Pour cela, le poignet et les
doigts doivent être souples.

Pendant l’effleurage, la pression doit être constante, douce, invariable, la cadence régulière
et rythmée.
Pour obtenir un effet de continuité, l’une des mains recommence le mouvement avant que
l’autre ait terminé.

La répétition de la technique doit être suffisamment prolongée.

a-3 EFFETS :

- Mécanique : desquamation de la peau, élévation de la température cutanée ;


- Physiologique : action calmante sur les terminaisons nerveuses, sensitives,
cutanées ;
- Action sur la vasomotricité ;
- Action sur la vasomotricité ;
- Subjectifs : diminution de la sensibilité des plans superficiels ;
- Sensation de détente et de relaxation : l’effleurage se fait au début du message
pour préparer les tissus à des manœuvres plus profondes et à la fin pour laisser
au malade une impression de détente et de bien être.
LES FRICTIONS :

b-1 DEFINITION : Ce sont des manœuvres caractérisées par le glissement de la peau et des
tissus cellulaires sous-cutanés sans entrainer par la main les tissus sous jacents.

Dans les frictions, la contre pression est réalisé par un plan fixe et résistant (osseux, ostéo-
fibreux ou musculaire).

Les tissus profonds sont ainsi massés par la face profonde des plans sous-jacents.

b-2 DESCRIPTION :

La main adhère aux tissus superficiels et ne se déplace que dans les limites où l’élasticité de
l’épiderme permet à la partie supérieure de la peau de suivre les mouvements.

Le rythme est lent et la manœuvre profonde.

b-3 EFFETS :

- Mécanique : fragmentation élévation de la température au niveau des plans


profonds ;
- Physiologique : - action circulatoire (vasodilatation, locale) ;
- Action sur le système nerveux ;
- Action calmante ou stimulante selon le rythme.
LE PETRISSAGE :

c-1 DEFINITION : C’est un ensemble de deux frictions qui prennent appui l’une sur l’autre.

c-2 DESCRIPTION :
Les muscles sont saisis symétriquement entre les mains qui exercent des poussées
transversales s’équilibrant mutuellement les muscles sont « aspirés » et maintenus en
contact avec la paume de la main par les pouces d’un coté et la face palmaire des doigts de
l’autre. Le rythme est régulier et peut être lent ou rapide ;

c-3 EFFETS :

Mécaniques : brassage des substances toxiques qui sont chassées vers la périphérie
Mobilisation des différents plans musculaires ;
Physiologiques : éliminations des déchets toxiques apport de sang frais, amélioration
de nutrition musculaire, action stimulante sur les contractions musculaires ;
Subjectifs : augmentation de l’impression de bien être ;
Action circulatoire et décontractant pour pétrissages lents et profonds.
CHANGEMENTS DE POSITION :

But : éviter la pression prolongée sur un point

TECHNQIUE :

Le malade sera installé successivement en différents positions. Pour être efficace, ce


changement se fera toutes les 3 heures en moyenne, de jour comme de nuit. D’où la
nécessité de confectionner un tableau de changement de position

EXEMPLE DE TABLEAU DE CHANGEMENT DE POSITION

TABLEAU 6

Signature Signature
Horaire Positions Infirmier Horaire Position Infirmier
Resp/observation Resp/observation
Décubitus Décubitus
O8 h Latéral 20 h Latéral
droit droit
Décubitus Décubitus
11 h Ventral 23 h Ventral
Décubitus Décubitus
14 h Latéral 02 h Latéral
gauche gauche

Décubitus Décubitus
17 h Dorsal 05 h Dorsal

MATELAS ALTERNATING :
Comme pour le changement de position, il permet de varier de manière régulière et
permanente les points de pression et d’assurer un léger massage d’appoint. Il ne suffit pas à
li seul et sera associé au massage et aux changements de position.

C’est une trousse en nylon comportant des tubes pneumatiques. Il peut être hydro gonflable
ou aérogonflable.

Tandis que les tubes de nombre pair se trouvent en pression, les tubes de nombre impair se
trouvent en dépression. Le cycle s’inverse automatiquement toutes les 4 mn

Pour que le matelas soit efficace, il faut placer une planche en bois sur le matelassier avant
de l’y déposer.

AUTRES FORMES DE PREVENTION :


MOBILISATION PASSIVE :

Le but est de favoriser une meilleure circulation du sang par la contraction musculaire.

TECHNIQUE :

Faire au malade des mouvements tels que :

- Mobilisation de l’articulation de la cheville ;


- Mobilisation de l’articulation de la hanche ;
- Mobilisation de l’articulation du genou.

MOBILISATION ACTIVE :

Le malade conscient est capable lui-même d’exécuter les différents mouvements.

Cas du malade immobilisé par exemple sous plâtre :

Moteur au malade comment contracter les muscles sur membre sain (mouvement de
la cheville, raidissement du genou, contraction des muscles de la hanche) ;
Lui demander de faire les mêmes contractions au niveau du membre sur plâtre en
insistant sur l’importance des gestes.

SOINS D’HYGIENE GENERALE :

Ils s’attaquent aux causes favorisantes.

TRAITEMENT CURATIF :

Il varie selon le stade.

STADE D’ERYTHEME :
D’extrême urgence, modifier les points d’appui : changement de position à effectuer toutes
les 3 heures, matelas altermating.

Faire un massage pendant 15mn au moins matin et soir.

STADE DE LA PLAQUE DE DESEPIDERMISATION :


D’urgence appliquer les mêmes soins qu’au stade précédent ;
Etre sobre de toute application médicamenteuse.
STADE DE LA MORTIEFICATION :
Essayer de provoquer le plus rapidement possible l’élimination de la zone escarrifiée
par du nitrate d’argent ou du sérum glucosé hypertonique ou d’autres détergents
(trypsine – papaïne) ;
Faire un nettoyage chirurgical en enlevant à la pince à disséquer et ou ciseau ou à la
lame de bistouri les zones escarrifiées lorsqu’elles commencent à décoller.

L’idéal est d’obtenir le plus rapidement possible une plaie propre, débarrassée de tous ses
débris sphénisques, et favorable à la réparation.

STADE DE LA REPARATION :
Application de produits cicatrisants (baume de Pérou, plaste nan, taule gras,
pommade cicatrisante etc.)
Dans les pertes de substances étendues, qui, après un traitement médical prolongé
ne manifestent aucune tendance à la cicatrisation, le chirurgien peut recourir à une
greffe pour assurer la guérison (auto greffe de préférence).

Il est indiqué de donner, au malade une nourriture riche en protéines et en vitamines.

REFERENCES :

Guide médical – conseils pratiques vol. 4 (1990 – 1992) page 99.


Soins infirmiers aux malades (communauté des filles de la charité tome 1).

On peut résumer en disant qu’on a :

LES FACTEURS LOCA-REGIONAUX :


Immobilité (maladies invalidantes, polytraumatismes) ;
Troubles cutanés pré-existants (érosions, hématomes) ;
Troubles circulatoires (artérite, phlébite) ;
Incontinence urinaire et / ou fécale.
LES FACTEURS GENERAUX :
Troubles sensitifs (neuropathies périphériques, syringomyélie) ;
Troubles moteurs (paralysies, Polyradiculonévrites) ;
Troubles de la conscience (coma prolongé, prostration, anesthésie prolongée, prise
de somnifères ou de neuroleptiques) ;
Troubles métaboliques (diabète, obésité, cachexie, malnutrition, déshydratation) ;
Sénilité ;
Alitement prolongé, état grabataire.

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