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Service de Neurologie-Hôpital Razi

LES TROUBLES DE LA SENSIBILITE

Objectifs :
1. Reconnaître les différents types de sensibilité
2. Reconnaître les différents symptômes des troubles de la sensibilité superficielle
3. Reconnaître les différents symptômes des troubles de la sensibilité profonde
4. Connaître les formes topographiques des altérations sensitives
I- Introduction
La sensibilité naît de l’ensemble des informations afférentes qui, issues des téguments ou
des structures profondes, donnent lieu à une sensation corporelle consciente. On distingue
généralement dans l’exploration clinique de la sensibilité deux modes principaux; la
sensibilité extéroceptive ou superficielle qui recueille les sensations cutanées provoquées par
le tact, la pression, le chaud, le froid et les sensations douloureuses et la sensibilité
proprioceptive ou profonde qui renseigne sur les activités et les déplacements segmentaires.
L’étude de la sensibilité constitue un temps important de l’examen neurologique, car permet
de préciser le diagnostic topographique.

II- Rappel anatomique

1- La sensibilité superficielle

a- La sensibilité thermo-algique
Les voies qui véhiculent les sensibilités thermiques (chaud et froid) et douloureuse, sont
formées de trois neurones. Le 1er neurone naît au contact du récepteur situé au niveau de la
peau. Il chemine dans le nerf périphérique, puis après le ganglion rachidien où se trouve le
corps cellulaire, il gagne la moelle par les racines postérieures et se termine au niveau de la
corne postérieure. Le 2ème neurone y prend naissance, croise la ligne médiane et monte
dans le faisceau spino-thalamique latéral. Le 2ème neurone se termine dans le noyau ventro-
postéro-latéral du thalamus. Le 3ème neurone prend naissance dans le thalamus et se
termine dans le cortex pariétal.

b- La sensibilité tactile
Les fibres véhiculant la sensibilité tactile épicritique (discriminative) empruntent les mêmes
voies que les fibres de la sensibilité profonde. Les fibres véhiculant la sensibilité tactile non
spécifique ou protopathique, ont un trajet proche de celui des fibres de la sensibilité
thermoalgique (faisceau spino-thalamique antérieur).

2- La sensibilité profonde
Les voies de la sensibilité profonde sont également constituées de 3 neurones. Le 1 er
neurone naît à partir des propriorécepteurs. Il chemine dans le nerf périphérique puis après

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le ganglion rachidien ou se trouve le corps cellulaire, il traverse la racine postérieure et


monte dans le cordon postérieur homolatéral. Le 1er neurone sensitif se termine au niveau
des noyaux de Goll Burdach à la partie inférieure du bulbe rachidien. Le 2ème neurone y
prend naissance, croise la ligne médiane, et entre dans la constitution du Ruban de Neil
médian (ou lemniscus médian (d’où le terme de sensibilité lemniscale). Le 2 ème neurone se
termine au niveau du noyau ventro-postéro-latéral du thalamus. Le 3ème neurone, prend
naissance à ce niveau et se termine au niveau du cortex pariétal.

III- Examen clinique de la sensibilité


L’examen de la sensibilité est un temps délicat de l’examen neurologique, et requiert de
l’observation, de la patience, des précautions dans l’interprétation des résultats et fait appel
à la coopération du malade. Un examen de la sensibilité ne doit pas être exagérément
prolongé, et il ne faut pas hésiter à l’interrompre pour le reprendre ultérieurement, si le
patient montrait des signes de fatigue ou d’inattention.

1- Sensibilité superficielle
* La sensibilité tactile est étudiée, chez un malade ayant les yeux fermés, en procédant à
des attouchements légers avec du coton.
* La sensibilité douloureuse sera étudiée grâce à une excitation mécanique, généralement la
piqûre par une aiguille.
* La sensibilité thermique s’analyse au moyen de l’application sur les téguments de tube
d’eau chaude (4O-45°) et d’eau froide (5-15°).

2- Sensibilité profonde élémentaire


a- Le sens de position segmentaire et des mouvements (kinesthésie)
On explore successivement:
- L’aptitude du sujet à maintenir une attitude en dehors du contrôle visuel. Station verticale
pied joint.
- L’aptitude du sujet à apprécier la position de divers segments des membres:
• Demander au malade de préciser dans quelle position a été mis par l’observateur son gros
orteil, passivement mobilisé, dans le relâchement musculaire complet.
• Demander au patient de reproduire avec le membre symétrique la position passivement
imprimée par l’observateur au membre exploré.
• Lui demander de venir toucher avec le membre symétrique l’extrémité du membre exploré.

b- Sensibilité vibratoire
Elle est explorée à l’aide d’un diapason à vibration lente, infra-sonore, dont on applique la
manche sur les surfaces osseuses à fleur de peau (malléole, rotule, épine iliaque antéro-ext.,
styloïde radiale) le diapason est appliqué tantôt vibrant tantôt immobile, le sujet doit dire s’il
perçoit ou non les vibrations.

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3- Autres modes de sensibilités


- L’aptitude à reconnaître deux stimulations tactiles simultanées faisant intervenir les
structures corticales
- Le sens stéréognosique: reconnaissance par la palpation des objets placés dans la main.

IV- Sémiologie des troubles sensitifs


1- Troubles de la sensibilité superficielle
a- Les troubles subjectifs
* Les douleurs
Les douleurs prennent divers aspects ou cours du syndrome sensitif superficiel.
L'interrogatoire permet de préciser les caractères topographiques, la qualité et le mode de
déroulement dans le temps (brèves ou prolongés).
On peut distinguer:
- Les névralgies: qui se distinguent par leur siège dans le trajet du nerf. Elles sont de
nature et d’intensité variable (piqûre, déchirure, arrachement), elles sont parfois continues,
avec exacerbation, ailleurs elles évoluent par crises avec intervalle d’accalmie (Névralgie du
trijumeau)
- Les radiculalgies: ont une topographie radiculaire (selon le territoire d’une racine) et
s’exagèrent par la toux et l’éternuement.
- Douleurs "spino-thalamiques": s’observent dans l’atteinte du faisceau spino-
thalamique de la moelle. Elles sont de type continues et causalgiques, comparées à une
sensation de brûlure profonde ou un froid intense. Elles ont une tonalité affective importante
et peuvent être aggravées par les émotions.
- Douleurs thalamiques: appelées hyperpathies sont des douleurs continues,
entrecoupées de paroxysmes, pénibles par leur durée, leur tonalité et leur charge affective
particulière, mal définie, vague et diffuse. Elles intéressent la moitié du corps contro-latéral à
la lésion thalamique. Cette douleur est exacerbée par les stimuli les plus variés: odeur,
attouchement de la peau, lumière vive etc..

* Des paresthésies: sont des sensations anormales, spontanées et non douloureuses à


type d’engourdissement, de fourmillement ou de picotement.

b- Les troubles objectifs

* Troubles élémentaires
Anesthésie: C’est l’abolition d’un ou des différents types de sensibilité, alors que
l’hypoesthésie n’en est que la diminution. L’anesthésie (ou l’hypoesthésie) peut-être totale
lorsqu’elle intéresse tous les modes de la sensibilité, ou dissociée, lorsqu’elle n’intéresse que
certains modes à l’exclusion d’autres. Elle peut-être plus ou moins étendue (hémicorps,
territoire radiculaire, territoire tronculaire etc). Lorsqu’elle intéresse la sensibilité
douloureuse, on parle d’analgésie.

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L’hyperesthésie traduit l’exagération de la sensibilité. Il s’agit d’une tendance à transformer


la sensation tactile en une sensation douloureuse et correspond aux hyperpathies
thalamiques.

* Troubles particuliers

• Dysesthésies regroupent les modifications de la perception objective autres que


l’anesthésie et l’hyperesthésie. Il peut s’agir d’un retard dans la perception, d’une fusion ou
d’une sommation de sensation. Elles sont souvent confondues avec les paresthésies.
Le phénomène de l’extinction sensitive se recherche en l’absence de troubles sensitifs
élémentaires, en procédant à deux stimulations tactiles, ou nociceptives, bilatérales et
simultanées:
le sujet ne perçoit que celle qui est portée sur le côté sain, ce qui oriente vers une lésion
pariétale. Un stimulus tactile est perçu normalement, lorsqu’il est appliqué isolément sur
deux points symétriques du corps, et cesse de l’être du côté atteint quand il est appliqué de
manière simultanée.
2- Les troubles de la sensibilité profonde
a- Troubles subjectifs
• Les douleurs fulgurantes: Il s’agit de douleurs vives qui passent à travers le membre, le
tronc avec la rapidité de l’éclair. Elles surviennent par accès de quelques minutes à plusieurs
heures, se répètent en série au même point pendant la durée de l’accès.
• Paresthésies avec sensation de picotement, de sensation constrictive, d’une sensation de
courant d’eau chaude ou froide, impression de marcher sur du coton ou sur du sable etc.
b- Troubles objectifs

* Perte du sens segmentaire


Le malade ne peut indiquer les yeux fermés la position du membre atteint et ne peut
percevoir les changements de position que l’on imprime à ses doigts ou ses orteils.
Il ne peut, de son bras sain, imiter les attitudes que l’on imprime passivement à son bras
malade.
Il ne peut pas prendre avec sa main saine, les yeux toujours fermés, un doigt du côté
atteint.

* Astériognosie: C’est la perte de la reconnaissance des objets par la palpation. Elle peut-
être observée en dehors de tout trouble de la sensibilité élémentaire et traduit une atteinte
de la fonction supérieure de reconnaissance des objets (agnosie) appelée asymbolie tactile.

* Anesthésie vibratoire.

* Ataxie: constitue un trouble de la coordination des mouvements dus aux troubles de la


sensibilité profonde.

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- Debout: les talons rapprochés, le malade présente des oscillations. Les troubles
s’accentuent à la fermeture des yeux, et le malade tombait si on ne le retenait. C’est le signe
de Romberg.
- La marche peut-être perturbée, à chaque pas le pied est brusquement lancé trop loin en
avant et retombe en frappant le sol par le talon. On dit que le malade talonne.
- Aux membres, l’ataxie se manifeste par une incoordination dans l’exécution des
mouvements segmentaires, qui est aggravée par la fermeture des yeux. Le mouvement est
brusque, mal dirigé vers le but qu’il n’atteint qu’après une série d’oscillations.
- La main instable ataxique: elle se caractérise par la survenue chez un malade ayant les
yeux fermés de petits mouvements des doigts qui se font dans le sens de la pesanteur,
lorsque les mains sont tendues, les doigts écartés, et qui disparaissent à l’ouverture des
yeux.

V- Formes topographiques
1- Lésions intéressant le nerf périphérique, le ganglion rachidien, ou les racines
postérieures, entraînent une anesthésie ou hypoesthésie qui portent sur la sensibilité
tactile, thermoalgésique et profonde. La topographie des troubles correspond au territoire
levé.

2- Les lésions médullaires entraînent différents tableaux cliniques selon l’étendue des
lésions.
* Section médullaire complète entraîne en plus des troubles moteurs une abolition
complète de la sensibilité, à tous les modes, dont la limite supérieure correspond à la limite
supérieure de la lésion.
* Hémisection de la moelle, réalise le syndrome de Brown-Séquard avec atteinte directe
de la motilité, de la sensibilité tactile et profonde et atteinte croisée de la sensibilité thermo-
algésique.
* Le syndrome syringomyélique, correspond à une lésion centromédullaire, qui
entraîne une atteinte des fibres croisées sensitives et se traduit par un niveau suspendu
d’anesthésie thermo-algésique, avec conservation de la sensibilité tactile et douloureuse.

3- Lésion au niveau du tronc cérébral peut-être responsable d’un syndrome alterne


sensitif, avec hypoesthésie de l’hémicorps controlatéral à la lésion et une atteinte d’un ou de
plusieurs nerfs crâniens du côté de la lésion.

4- Lésions thalamiques entraînent une hypoesthésie de l’hémicorps controlatéral,


touchant essentiellement la sensibilité profonde, associé à une "hyperpathie" et parfois un
syndrome cérébelleux.

5- Lésion pariétale entraîne soit une hémianesthésie qui porte sur les sensibilités
élémentaires ou à une astéréognosie sans troubles de sensibilités élémentaires.

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