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Neurosciences Somesthésie
Somesthésie
Plan du cours
Avril 2005
R. Pujol Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes
Module ; intégré 3
Neurosciences Somesthésie
La sensibilité générale ou somesthésie correspond en fait à quatre modalités : tact, froid, chaud,
douleur. Au sens large on peut y rattacher la kinesthésie, ainsi que la mécanoception viscérale
ou vasculaire. Seule la somesthésie extéroceptive est abordée ici, dans ce résumé anatomo-
fonctionnel.
Il existe une certaine spécificité modalitaire au niveau des récepteurs, mais de nombreuses
interactions centrales
- Les informations tactiles discriminatives sont véhiculées par les grosses fibres
myélinisées (neurones de type A) branchées sur les poils, Pacini, Meissner, ...Même si
l'essentiel des informations monte directement au tronc cérébral par la voie lemniscale
(flèches bleues), des collatérales et des interneurones vont mêler ces informations à
celles des autres voies (voir plus loin : interactions tact/douleur).
- Les petites fibres myélinisées (neurones B) véhiculent le tact non discriminatif, le froid et
la douleur (piqûre); les fibre C (non myélinisées) le chaud et la douleur (brûlure). Mais là
aussi, beaucoup de mélange dès la première synapse et dans les voies spino-
thalamiques et spino-réticulaires.
- Noter qu’au delà du 2ème neurone, la voie spino-thalamique peut véhiculer l’ensemble
des informations somesthésiques.
L'adaptation d'un récepteur est sa capacité à coder ou non les caractéristiques temporelles du stimulus.
S'adapter c'est ne plus répondre à un stimulus qui persiste pour :
- mieux se préparer à répondre à la prochaine stimulation ;
- ne pas encombrer inutilement le SNC
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Neurosciences Somesthésie
NB. Seuls les récepteurs à adaptation très lente ou sans adaptation sont de bons codeurs quantitatifs : ils
peuvent augmenter de façon significative leur décharge, la seule limite étant la période réfractaire.
N.B. Pour en savoir plus sur ces fonctions de codage, voir le chapitre codage dans "Généralités sur la Sensorialité "
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Existe-t-il une spécificité des récepteurs et des circuits neuronaux pour la modalité douloureuse ?
Oui, mais c'est loin d'être une spécificité absolue. Il est clair que de nombreuses fibres C (80% des
terminaisons sensorielles de la peau) semblent véhiculer assez spécifiquement la douleur ; de même
certaines fibres myélinisées de petit calibre (Aδ) semblent spécifique de la douleur de type piqûre, alors
que d'autres fibres Aδ relaient les informations douloureuses mécaniques et thermiques (brûlure). Mais
d'autres fibres C et Aδ véhiculent aussi des informations purement thermiques et tactiles (tact non
discriminatif).
La perception de la température est en fait celle de la variation de la température. Elle dépend de deux
types de récepteurs : pour le chaud et pour le froid. Ces récepteurs fonctionnent dans une gamme assez
étroite : de 10° à 30° pour le froid ; de 30° à 45° pour le chaud. En deçà de 10°, la sensation est celle
d'une douleur vive (piqûre); au delà de 45°, la sensation de chaleur devient douleur sourde (brûlure).
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Douleur projetée
La notion de douleur projetée est liée au fait que toute stimulation de la voie est perçue comme une
stimulation des terminaisons périphériques.
Dans l'exemple représenté, la stimulation de la voie douloureuse venant de la main (flèche rouge)
provoque une sensation douloureuse identique à une stimulation directe des récepteurs. A la limite,
même si les récepteurs sont hors circuit (amputation) la douleur "à la main" peut persister (irritation post-
lésionnelle). Toutefois, pour "localiser" cette douleur fantôme, il faut avoir eu réellement mal à la main ...
avant l'amputation.
Douleur de référence
La notion de douleur de référence est liée à la convergence entre deux entrées (extéro- et intéroceptive)
au niveau du même neurone médullaire.
Dans l'exemple ci-dessus, la convergence des neurones innervant la peau du bras gauche et le
péricarde peut provoquer une confusion perceptive lourde de conséquence : le "mal au bras" venant plus
facilement à l'esprit.
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L'hypoalgie (ou hypoalgésie) correspond à une diminution de la perception douloureuse qui peut être due
à une interaction tact/douleur au niveau des neurones périphériques ou centraux.
La voie tactile (noir) active par une collatérale un interneurone inhibiteur (rouge) de la voie douloureuse
(bleue) qui libère un neurotransmetteur opioïde : plus il y a de tact, moins il y a de douleur ! C’est une
des bases de l’électrostimulation antalgique.
Le neurone de la douleur (ici : fibre C) a la propriété de synthétiser des récepteurs aux opioides
(enképhalines) qui vont se retrouver aux deux extrémités du neurone : à la synapse centrale pour
recevoir les enképhalines de l’interneurone venant de la voie tactile ; à la périphérie (dans la peau) où ils
peuvent aussi agir (toujours dans le sens de l’hypoalgie) en cas d’inflammation.
Notons que tout au long de la voie douloureuse, d'autres interneurones utilisant aussi des morphines
naturelles (endorphines), peuvent atténuer ou inhiber les messages douloureux. Ces circuits de
l'hypoalgie sont certainement impliqués dans nombre de thérapies anti-douleur (électro-stimulations
centrales, mais aussi psycho- ou musico-thérapies, méthodes "persuasives", etc.).
Mis en évidence par l'équipe de Besson (Le Bars et al.) ce contrôle inhibiteur descendant explique, a
posteriori, l'hypoalgie de type "pointes de feu" : une douleur vive et localisée, va inhiber le fond
douloureux de tout un territoire.
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La sensation douloureuse, en cas d’inflammation, est entretenue par une série de « réflexes d’axone » :
la fibre qui véhicule l’information douloureuse vers le SNC possède des collatérales qui libèrent la
substance P (SP) au niveau de multiples cibles (capillaires, mastocytes, etc.) qui libèrent à leur tour des
substances excitatrices pour les fibres de la douleur : histamine (HIS), sérotonine (5 HT), bradykinine
(BK), etc.).
Conclusion : l’agent de la piqûre disparu, la fibre continue à faire monter un message douloureux.
Irradiation de la douleur
Les mêmes mécanismes (réflexes d'axone, libération dendritique de SP et de neuromédiateurs)
expliquent l’irradiation de la douleur à partir du point de piqûre.
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En aval des mécanismes périphériques, l'hyperalgie peut aussi être entretenue par des mécanismes de
plasticité synaptique qui peuvent modifier durablement les réponses d'un neurone central (médullaire).
La fibre nociceptive surexcitée (hyperalgie périphérique) peut à son tour affecter (hypersensibiliser) les
récepteurs des fibres tactiles : c’est l’allodynie. Dans ce cas, une simple stimulation tactile (effleurement)
va entraîner une hyperactivité du second neurone et une sensation douloureuse.
La sensibilisation d'un neurone, c'est l'augmentation du taux de décharge (nombre de PA) pour un
même stimulus ; en bout de course la sensation douloureuse va elle aussi être fortement augmentée.
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Le système sympathique peut, en circuit réflexe, aider à recruter des neurones non excités directement
par la stimulus douloureux (neurones silencieux ("s") : cela augmente la stimulation du neurone central et
donc la sensation de douleur.
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