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ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON

Année 2008 - Thèse n° 39

Guide thérapeutique de la prise en charge médicale des


troubles du comportement du chien et du chat

THESE

Présentée à l’UNIVERSITÉ CLAUDE-BERNARD - LYON I


(Médecine - Pharmacie)
et soutenue publiquement le 10 Juillet 2008
pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire

par

Cédric BOONAERT
Né le 27 Mars 1981
à Valenciennes (59)
ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON
Année 2008 - Thèse n° 39

Guide thérapeutique de la prise en charge médicale des


troubles du comportement du chien et du chat

THESE

Présentée à l’UNIVERSITÉ CLAUDE-BERNARD - LYON I


(Médecine - Pharmacie)
et soutenue publiquement le 10 Juillet 2008
pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire

par

Cédric BOONAERT
Né le 27 Mars 1981
à Valenciennes (59)
DEPARTEMENTS ET CORPS ENSEIGNANT DE L’ENVL
Directeur : Stéphane MARTINOT

Contractuel, Associé, Praticiens


PR EX PR 1 PR 2 ISPV, MC, MC (HC)
IPAC hospitaliers
DEPARTEMENT SANTE PUBLIQUE VETERINAIRE
V. GUERIN-FAUBLEE (HC)
Microbiologie, Immunologie, Pathologie Générale Y. RICHARD A. KODJO
D. GREZEL
Pathologie Infectieuse M. ARTOIS A. LACHERETZ J. VIALARD (HC)
MP. CALLAIT-CARDINAL
Parasitologie et Maladies Parasitaires MC. CHAUVE G. BOURDOISEAU
L. ZENNER
A. GONTHIER
P. DEMONT
Qualité et Sécurité des Aliments S. COLARDELLE (ISPV)
C. VERNOZY
D. SERGENTET (stagiaire)
Législation et Jurisprudence A. LACHERETZ
P. SABATIER (HC)
Bio-informatique et Bio-statistiques ML. DELIGNETTE
K. CHALVET-MONFRAY
DEPARTEMENT ANIMAUX DE COMPAGNIE
Anatomie T. ROGER S. SAWAYA C. BOULOCHER
D. FAU
C. CAROZZO
Chirurgie et Anesthésiologie JP GENEVOIS E. VIGUIER S. JUNOT
K. PORTIER (stagiaire)
D. REMY
T. MARCHAL
Anatomie-pathologique et Dermatologie-Cancérologie C. FLEURY P. BELLI
D. PIN
Hématologie C. FOURNEL D. WATRELOT-VIRIEUX
F. PONCE I. BUBLOT
Médecine Interne JL. CADORE L. CHABANNE M. HUGONNARD M. PASTOR
C. ESCRIOU C. POUZOT (Siamu)
Imagerie Médicale F. RIGOUT-PAULIK
DEPARTEMENT PRODUCTION ANIMALES
Zootechnie, Ethologie et Economie Rurale M. FRANCK L. MOUNIER L. COMMUN
D. GRANCHER (HC)
Nutrition et Alimentation L. ALVES DE OLIVEIRA
G. EGRON
M. RACHAIL-BRETIN
Biologie et pathologie de la Reproduction F. BADINAND S. BUFF AC. LEFRANC
P. GUERIN
R. FRIKHA G. LESOBRE
Pathologie des Animaux de Production P. BEZILLE T. ALOGNINOUWA MA. ARCANGIOLI P. DEBARNOT
D. LEGRAND P. OTZ
DEPARTEMENT SCIENCES BIOLOGIQUES
Physiologie et Thérapeutique JM. BONNET-GARIN JJ. THIEBAULT (HC)
E. BENOIT
Biophysique et Biochimie T. BURONFOSSE
F. GARNIER
Génétique et Biologie Moléculaire F. GRAIN V. LAMBERT
P. JAUSSAUD
Pharmacie, Toxicologie et Législation du médicament G. KECK C. PROUILLAC (stagiaire)
P. BERNY
T. AVISON (IPAC)
Languer
G. MARTIN (IPAC)
DEPARTEMENT HIPPIQUE
Pathologie Equine JL. CADORE A. BENAMOU-SMITH
Clinique Equine O. LEPAGE A. LEBLOND M. GANGL
A monsieur le Professeur GHARIB,
De la Faculté de Médecine de Lyon
Qui nous a fait l’honneur d’accepter la présidence de notre jury de thèse,
Hommages respectueux.

A monsieur le Professeur CADORE,


De l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon
Qui m’a fait l’honneur d’accepter d’encadrer ce travail,
Qu’il trouve ici mes sincères remerciements et mon plus profond respect.

A monsieur le Professeur GARNIER,


De l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon
Qui m‘a fait l’honneur d’accepter de juger ce travail,
Sincères remerciements.

A madame le Docteur DRAMARD,


Vétérinaire Comportementaliste à Lyon
Qui m’a fait l’honneur d’encadrer ce travail et d’y apporter un œil avisé,
Qu’elle trouve ici l’expression de toute ma gratitude.
A ma Maman,
Parce qu’on dit que les galères rapprochent, parce que tu as toujours été là et fait en sorte que
je ne manque de rien. Parce que tu m’as toujours soutenu, même dans les moments laborieux
qui ont jalonné mon parcours. J’espère que par l’aboutissement de mes études je t’aurai
rendue fière d’être ma maman.

A mon Père,
Pour tous ces moments passés ensembles, cette étonnante complicité qui s’est établit entre
nous. Même ça n’a pas toujours été facile j’ai trouvé en toi un père que j’apprécie
énormément.

A ma Sœur,
Parce que tu es la petite sœur parfaite qui a toujours remplit son rôle. Je repense à tous ces
moments de notre enfance qu’on a vécus ensemble, j’espère avoir été une bonne nounou.
Aujourd’hui je te souhaite plein de bonheur dans ta vie d’adulte, tu es peut être devenue une
femme mais tu restes toujours ma « sor ».

A mon grand-père Jean,


Parce que tu m’as transmis ton amour pour la nature et les animaux. Parce que tes histoires
ont bercées toute ma jeunesse et m’ont souvent fait rêver. Pour ces interminables ballades tous
les deux. Je suis heureux et fier que tu sois encore là pour me voir arriver au bout de ces
longues études.

A ma grand-mère Denise,
Ma « mémé », parce que ta maison c’est ma première maison et que je m’y suis toujours senti
bien. J’ai souvent regretté l’éloignement mais tu as toujours été là pour moi, tu m’as toujours
soutenu.

A mes grand- parents Rosa et Charles,


Un petit bout de Sicile dans ma vie. La distance fait qu’on n’a pas assez profité les uns des
autres, on ne profite jamais assez, mais quel plaisir de se retrouver autour d’une bonne assiette
de « pasta » et de quelques « pourpettes ». Comme vous dites souvent : l’important c’est la
santé ! Même si elle vous quitte doucement j’espère qu’elle va rester encore un peu.

A ma tante Salvatrice,
Je ne pouvais pas faire sans te nommer. Tu es à mi-chemin entre une deuxième maman et une
grande sœur. Pour toi la vie n’a pas toujours été rose et pourtant tu as toujours tenu. J’admire
ton courage et ce que tu as fait. Tu m’as souvent dit que tu m’aimais et je ne te l’ai jamais dit.
Aujourd’hui c’est fait. Je te souhaite pleins de bonheur avec ton nouveau mariage et tes
merveilleux enfants.

A tous mes oncles et tantes,


Isabelle et André, Gérard, Enza et Guy, Gino et Joëlle, j’ai pleins de souvenirs avec vous tous
qui formez ma famille.
J’ai également pensée Thérèse qui nous a quittés trop tôt, qu’elle repose en paix.

A tous mes cousins et cousines,


Marie, Adelaïde, Alexandre, Aurore, Amandine, Delphine, Sandrine, Géraldine, Florian,
Fiona, Orianne, la future Lucie, Priscilla, Sandra, Frédéric, Eric.
A Cindy,
Une amie de toujours, je ne compte plus les années ça fait trop peur. Tu es quelqu’un de
spécial pour moi, une fille à part. On ne se voit pas assez mais j’espère qu’on restera encore
en contact très longtemps. Je te souhaite un bon courage pour ton futur professionnel comme
sentimental.

A David,
Un vieux copain aussi, on s’est un peu perdu de vue mais il y a des choses qu’on n’oublie
jamais.

A Caro

A Ped et Fluff,
Mes deux meilleurs amis rencontrés dans cette école. On a passé des moments fabuleux qui
resteront dans ma mémoire encore longtemps.

A Manux,
Tu es une jolie rencontre, je t’apprécie beaucoup et te souhaite pleins de bonnes choses pour
la suite.

A Kitty,
On s’est connu avant cette école et tu es l’un des ingrédients de la recette qui m’a mené là où
je suis. T’as vu, on y est arrivé, et ce n’est pas fini !

A ma famille Véto,
Kenny ma maman de clinique dotée d’une extrême patience, Anne-laure ma carrée adorée,
Tiph ma première fille, et Greg mon super fils a qui je souhaite beaucoup de bonheur dans
son mariage consommé d’une jolie manière puisqu’il m’a rendu « grand père ».

A Guijui,
Pour toutes ces soirées sur MSN ou au téléphone, ces discutions interminables sur la Hifi et
ses expériences formidables.

A tous les autres de mes amis et connaissances que je n’ai pas nommé mais qui m’ont tous,
chacun de leur côté, beaucoup apporté.

A Dom et Domi, des beaux-parents comme beaucoup en voudraient.

A la Clinique Vétérinaire des Dr BOURHIS et GALLON, ainsi que toute l’équipe, pour
m’avoir donné la chance de faire mes premières armes dans ce métier et m’avoir donné une
expérience enrichissante.

A la Clinique Vétérinaire des Dr SOCHAT et LEPRIVEY, ainsi que toute l’équipe, pour
leur super accueil.

Au deux animaux qui ont marqué ma vie,


Lady, mon premier chien de cœur, on aurait le même âge…elle a probablement éveillé une
vocation.
Molly, mon premier vrai chien à moi que j’ai tant attendu et qui m’accompagne depuis
maintenant plus de 11 ans.
A Aurélie,

Ma chérie. Quel bonheur d’être avec toi. Chaque jour je suis conscient de la chance de t’avoir
auprès de moi. Depuis que tu es entrée dans ma vie tout coule de source pour moi.
Je ne te remercierai jamais assez pour ta patience et ton implication. L’avenir s’ouvre devant
nous et j’espère que l’on arrivera à se construire une vie qui nous correspondra.

Au milieu de tout ça il y a des choses qu’on ne dit peut être jamais assez : je t’aime.
Guide thérapeutique de la prise en charge médicale des troubles du comportement du chien et du chat

TABLE DES MATIERES

TABLE DES MATIERES……………………………………………………………………1


LISTES DES TABLEAUX ET FIGURES..............................................................................4
INTRODUCTION…………………………………………………………………………….6

PREMIERE PARTIE : NOTIONS DE PSYCHOPHARMACOLOGIE


I. THEORIE DES NEUROTRANSMETTEURS ........................................................... 10
A. ELEMENTS CLES CONCERNANT LE FONCTIONNEMENT DE LA SYNAPSE .......................... 10
1.
La transmission de l’information ............................................................................. 10
2.
La plasticité synaptique............................................................................................ 11
3.
Préparation à une nouvelle stimulation ................................................................... 11
B. LES PRINCIPAUX NEUROTRANSMETTEURS ..................................................................... 12
1. Acétylcholine ............................................................................................................ 12
2. Noradrénaline/Adrénaline ....................................................................................... 14
3. Dopamine ................................................................................................................. 16
4. GABA : Acide gama-amino-butyrique ..................................................................... 17
5. Glutamate ................................................................................................................. 19
6. Histamine ................................................................................................................. 20
7. Sérotonine................................................................................................................. 20
C. INTERACTIONS ENTRE NEUROTRANSMETTEURS : CAS PARTICULIER DE LA SEROTONINE 23
1. Avec le système noradrénergique............................................................................. 23
2. Avec le système dopaminergique.............................................................................. 23
II. MODE D’ACTION DES MEDICAMENTS PSYCHOTROPES.............................. 23
A. LA QUANTITE DE NEUROTRANSMETTEUR : UNE CIBLE PRIVILEGIEE ............................... 23
B. LES RECEPTEURS : UNE AUTRE CIBLE PRIVILEGIEE ........................................................ 24
C. LA REGULATION PAR LA PLASTICITE SYNAPTIQUE ......................................................... 25
III. LES PHEROMONES .................................................................................................... 25
A. DEFINITION ................................................................................................................... 25
B. PRESENTATION .............................................................................................................. 26
C. LA PERCEPTION DU MESSAGE ........................................................................................ 26
D. ROLE DES PHEROMONES ................................................................................................ 27

DEUXIEME PARTIE : EVALUATION, CHOIX, ET SUIVI DU


TRAITEMENT
I. L’EVALUATION........................................................................................................... 32
A. PREAMBULE : LA CONSULTATION .................................................................................. 32
B. OUTILS D’EVALUATION ................................................................................................. 33
1. Les échelles d’évaluations........................................................................................ 33
2. Evaluation des systèmes de neurotransmetteurs ...................................................... 33
3. Le dosage de la prolactine : une voie d’avenir ? ..................................................... 35
C. SUSPECTER DES COMPORTEMENTS LIES AUX FONCTIONS ENDOCRINIENNES .................. 36
1. Les dysfonctionnements thyroïdiens......................................................................... 36
2. Les dysfonctionnements de l’axe corticotrope ......................................................... 40

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3. Comportements gênants associés à la fonction de reproduction ............................. 40


II. LE CHOIX ...................................................................................................................... 41
A. CHOISIR UN PSYCHOTROPE ............................................................................................ 41
1.
Principes de prescription ......................................................................................... 41
2.
Présentation des classes thérapeutiques .................................................................. 42
B. UNE AUTRE APPROCHE : PHEROMONES ET NUTRACEUTIQUES ........................................ 48
C. AGIR SUR LA FONCTION DE REPRODUCTION................................................................... 48
1. Indications de la stérilisation chirurgicale .............................................................. 48
2. Intérêt des progestatifs ............................................................................................. 50
3. Cas particulier de la pseudocyèse............................................................................ 50
III. LE SUIVI ........................................................................................................................ 51
A. OBJECTIFS COMMUNS .................................................................................................... 51
B. LES COMPORTEMENTS TRACEURS .................................................................................. 52
C. MODIFIER OU ARRETER LE TRAITEMENT........................................................................ 52

TROISIEME PARTIE : MOLECULES UTILISABLES………………….54


CONCLUSION…………………………………………………………….…..…………...107
BIBLIOGRAPHIE………………..………………………………………….…………….109

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Liste des Tableaux

Tableau 1- Liste des différents neurotransmetteurs connus (d'après Stahl, 2007) ................... 13
Tableau 2 - Présentation des récepteurs adrénergiques............................................................ 15
Tableau 3 - Action sur la neurotransmission des modèles agoniste/antagoniste ..................... 24
Tableau 4 - Tableau "SAD" d'évaluation des systèmes de neurotransmetteurs ....................... 34
Tableau 5 - Efficacité de la fluoxétine et de la Sélégiline pour le traitement de l'anxiété, en
rapport avec la prolactinémie (Pageat et al, 2007) ........................................................... 35
Tableau 6 - Facteurs de Variation de la thyroxinémie (d'après Senecat, 2007, version
modifiée) .......................................................................................................................... 38
Tableau 7 - Principales indications comportement de la stérilisation chirurgicale.................. 49
Tableau 8 - Tableau synthétique de l'action des molécules présentées.................................... 56

Liste des Figures

Figure 1- Synapse Noradrénergique (d'après Crowell-Davis et Murray, 2006) ...................... 14


Figure 2 - Synapse Dopaminergique (d'après Crowell-Davis et Murray, 2006)...................... 16
Figure 3 - Synapse GABAergique (d'après Crowell-Davis et Murray, 2006) ......................... 17
Figure 4 - Schéma d'une structure de récepteur GABA A (d’après Crowell-Davis et Murray,
2006)................................................................................................................................. 18
Figure 5 - Synapse Glutamatergique (d'après Crowell-Davis et Murray, 2006)...................... 19
Figure 6 - Localisation anatomique de l'organe voméro-nasal chez le chat (vu dans Marion,
2004)................................................................................................................................. 27
Figure 7 - Exemple de courbe d'évolution .............................................................................. 51

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INTRODUCTION

Même si l’éthologie animale est étudiée depuis très longtemps, la médecine du


comportement est une spécialité relativement récente dans le monde vétérinaire, qui a pris
plus d’ampleur depuis une décennie avec l’apparition, en 1998, d’un diplôme de
« Comportementaliste diplômé des Ecoles Nationales Vétérinaires Françaises », commun aux
quatre écoles.

Outre la compréhension et l’intégration d’un examen somatique et clinique à sa


consultation, la valeur ajoutée du vétérinaire dans la gestion des troubles du comportement est
de pouvoir s’aider de béquilles médicamenteuses. On touche alors à ce que certains confrères
nomment la zoopsychiatrie.

Malheureusement la prise en charge médicale des troubles du comportement est peu


abordée dans le tronc commun de formation des étudiants vétérinaires alors que la
prescription et la manipulation des médicaments psychotropes, ainsi que la compréhension
des mécanismes mis en jeu, peuvent s’avérer très difficiles.

Ce travail est présenté sous la forme d’un « guide thérapeutique » et est organisé
autour de trois parties.

La première partie présente des notions de psychopharmacologie autour du principe de


neurotransmission. Elle en présente les différents acteurs, ainsi que les différentes stratégies
possibles pour agir sur cette dernière. On trouvera également dans cette partie, une
présentation synthétique des phéromones.

La seconde partie aborde trois volets de la mise en place d’un traitement :

- l’évaluation : qui vise à déterminer l’objectif du traitement. Cela passe dans un


premier temps par une consultation comportementale au cours de laquelle il sera
intéressant d’estimer si la mise en place d’un traitement psychotrope est nécessaire.
Dans ce cas une évaluation des systèmes de neurotransmetteurs pourra aider à la
prescription. Il est également abordé dans cette partie l’existence de troubles
comportementaux qui voient plutôt leur origine liée à la fonction endocrinienne.
- Le choix : dans ce volet sont présentées les différentes stratégies de thérapie médicale
en comportement ainsi que les clés permettant d’orienter son choix en fonction de
l’évaluation réalisée.
- Le suivi : sont présentées ici, les différents aspects à considérer lors du suivi de la
thérapie.

La troisième partie est organisée sous la forme de fiches présentant différentes


molécules utilisables en médecine du comportement. Le choix des molécules présentées ici
est personnel et non exhaustif. Le nombre restreint de fiches est un parti pris qui vise à se
concentrer sur les molécules les plus connues et utilisées en pratique courante.

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Première Partie :
Notions de
Psychopharmacologie

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I. Théorie des neurotransmetteurs


Selon Jean Delay en 1957 « On appelle psychotrope une substance chimique, d'origine
naturelle ou artificielle, qui a un tropisme psychologique, c’est-à-dire qui est susceptible de
modifier l'activité mentale, sans préjuger du type de cette modification. »

Les substances psychotropes les plus connues sont par exemple le tabac, le café,
l’alcool ou bien encore les « drogues ».

Nous allons baser ce travail sur la théorie des neurotransmetteurs selon laquelle les
psychotropes vont agir en augmentant ou diminuant la neurotransmission. Ces concepts ne
sont pas encore tout à fait maitrisés en médecine humaine, et les connaissances sont
malheureusement encore plus faibles chez le chien et le chat. C’est pourquoi il sera parfois
nécessaire de faire des extrapolations avec ce qui est connus chez l’homme. Ces
connaissances chez l’homme sont souvent elles mêmes acquises par des études chez le rat.

A. Eléments clés concernant le fonctionnement de la synapse


La synapse est la structure privilégiée de communication entre les neurones dans le
système nerveux. Il semble intéressant de rappeler le fonctionnement d’une synapse afin de
mieux comprendre certains concepts de psychopharmacologie évoqués plus tard dans ce
travail. L’objectif est donc de rappeler certaines notions, sans entrer dans le détail, en prenant
pour modèle la synapse chimique.

Considérons schématiquement deux neurones communicants au travers d’une synapse,


on va alors distinguer :
- un neurone pré synaptique : qui envoi l’information
- un neurone post synaptique : qui reçoit l’information

1. La transmission de l’information
Dans le modèle qui nous intéresse cette communication se fera par l’intermédiaire de
petits messagers chimiques qu’on appelle neurotransmetteurs, libérés par le neurone pré
synaptique dans l’espace intra synaptique (ou fente synaptique).
Le neurone post synaptique présente à sa surface des récepteurs sur lesquels vont se
fixer les neurotransmetteurs libérés. Les récepteurs post synaptiques sont chargés de faire
naître l’influx électrique dans le neurone cible. La fixation du neurotransmetteur va entraîner
une cascade d’évènement au sein du neurone post synaptique : il peut en résulter l’ouverture
de canaux ioniques, l’activation ou l’inhibition d’enzymes intracellulaires (exemple :
Adenylate cyclase), de seconds messagers (exemple : AMPc), ou des modifications de la
synthèse de l’ARN post synaptique. Ils peuvent également agir de façon durable sur les
activités biochimiques de ce neurone cible.

C’est ainsi, et de manière très schématique, que l’on considère qu’est transmise
l’information entre deux neurones.

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On trouvera également des récepteurs à la surface du neurone pré synaptique qui


seront également activés par les neurotransmetteurs libérés. Toutefois leur rôle sera
différent des récepteurs post synaptiques : les récepteurs pré synaptiques inhibent l’ouverture
des vésicules de neuromédiateurs dans la fente synaptique et diminuent donc le flux de
neuromédiateur. On parle de rétrocontrôle négatif ou d’effet « feed back » négatif.

2. La plasticité synaptique
Lors de la transmission de l’information, l’intensité de la l’excitation synaptique va
dépendre de la quantité de neuromédiateurs fixés, donc de la quantité qui a été libérée, ainsi
que du nombre de récepteurs présents à la surface du neurone post synaptique et de leur
sensibilité.

La quantité de récepteurs est variable selon le flux synaptique. Mais quand le


neurone pré synaptique à tendance à libérer peu de neurotransmetteurs le neurone post
synaptique essaiera de compenser dans le temps en augmentant le nombre de récepteurs
présents à sa surface. Au contraire quand beaucoup de neurotransmetteurs sont libérés, le
nombre de récepteurs tendra à diminuer.
En effet pour une activation équivalente, plus la synapse est riche en
neuromédiateurs moins le nombre de récepteurs doit être important et inversement.

Cette plasticité synaptique est importante à comprendre car elle intervient dans
l’action thérapeutique de certains psychotropes.

3. Préparation à une nouvelle stimulation


Tant que les neurotransmetteurs seront présents dans l’espace intra synaptique la
stimulation va se poursuivre. Or la fréquence des différentes stimulations (et donc du nombre
de transmissions) peut être très élevée, cela nécessite donc une élimination des
neurotransmetteurs de la fente synaptique pour permettre la stimulation suivante.
Il existe donc une période pendant laquelle la synapse ne peut transmettre une
nouvelle stimulation, c’est le temps nécessaire pour qu’elle élimine ces neurotransmetteurs et
interrompe alors la stimulation.
Ainsi pour éviter que la stimulation du neurone post synaptique ne se prolonge
plusieurs systèmes travaillent ensembles :

 La dégradation : elle met en jeu des enzymes spécifiques qui vont métaboliser le
neurotransmetteur, mettant fin à son effet sur le neurone post synaptique. On
s’intéressera particulièrement la Mono Amine Oxydase (MAO) issue des synthèses
mitochondriales mais il faut également citer également la Catechol-O-Methyl
Transferase. On retrouve des MAO dans différents types de neurones mais aussi dans
la substance gliale, le foie, les reins, le cœur, l’intestin, les poumons, les glandes
salivaires, les gonades, et différents muscles lisses. Elles participent donc, d’un point
de vue général dans l’organisme, à la protection contre des amines circulantes ainsi
qu’à la dégradation des amines présentes dans les aliments.

 La recapture : le neurotransmetteur est récupéré par le neurone pré synaptique pour


être réutilisé ou détruit, il est ainsi éliminé de la fente synaptique. Cette recapture peut
également intéresser les précurseurs issus de la dégradation enzymatique.

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 Le rétrocontrôle négatif joue également un rôle important permettant à la stimulation


d’avoir une durée brève. Les responsables de cet effet sont les récepteurs pré
synaptiques : dès la libération du neurotransmetteur dans la fente synaptique, ces
récepteurs seront activés et inhiberont l’ouverture des vésicules de neurotransmetteur.

C’est ainsi que la synapse se prépare rapidement à la stimulation suivante. Ces


concepts sont très importants à retenir pour comprendre le mode d’action de certains
psychotropes.

B. Les principaux neurotransmetteurs


Les messagers chimiques qu’on appelle neurotransmetteurs existent en nombre très
élevé (voir Tableau I), tous différents dans leurs effets, localisation, nature etc.

Néanmoins le nombre de neurotransmetteurs dont nous sommes capables de modifier


la transmission et dont nous connaissons le rôle dans le comportement est plus limité. Afin de
simplifier le modèle ce sont ces derniers sur lesquels nous nous pencherons plus
particulièrement.

1. Acétylcholine
C’est le médiateur de la plaque motrice (jonction neuromusculaire). L’acétylcholine
aurait également un rôle dans les performances cognitives, notamment dans l’apprentissage et
la mémorisation, elle aurait en effet été décrite comme impliquée dans la maladie
d’Alzheimer.

Une des particularités de ce système est qu’une fois libérée par le neurone
cholinergique l’acétylcholine sera dégradée par une enzyme spécifique appelée
acétylcholinestérase. Cette enzyme sera la cible des inhibiteurs de la cholinestérase : source
d’intoxication, mais également cible thérapeutique.

On distingue deux types de récepteurs à l’acétylcholine différents (Crowell-Davis et Murray,


2006) :

 Les récepteurs muscariniques : ce sont des Récepteurs appartenant à la familles des


Récepteurs Couplés à la Protéine G (RCPG), qui sont divisés en 5 sous types.
L’atropine et la scopolamine sont des antagonistes. Le sous type M1 aurait un intérêt
thérapeutique dans la maladie d’Alzheimer.

 Les récepteurs nicotiniques : ce sont des récepteurs type canal ionique à la structure
pentamériques, c'est-à-dire constitués chacun de 5 sous unités pour lesquelles il existe
environ 12 formes différentes. Ainsi les différentes combinaisons de sous unités
formant le pentamère vont influer sur les propriétés pharmacologiques des récepteurs.

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AMINES ACIDES AMINES


Sérotonine (5HT) Acide gamma-aminobutyrique
Dopamine (DA) (GABA)
Noradrénaline (NA, norépinéphrine) Glycine
Adrénaline (Ad) Acide glutamique (Glutamate)
Acétylcholine Acide aspartique (Aspartate)
Tyramine Gamma-hydroxybutyrate
Octopamine
Phénylétilamine HORMONES INTESTINALES
Tryptamine Cholécystokinine (CCK)
Mélatonine Gastrine
Histamine Motiline
Polypeptide pancréatique
PEPTIDES HYPOPHYSAIRES Sécrétine
Corticotropine (ACTH) Peptide intestinal vasomoteur (VIP,
Hormone de croissance (GH, growth vasoactive intestinal peptide)
hormone)
Lipotropine PEPTIDES OPIOIDES
Alpha-melanocyte-stimulating Dynorphine
hormone (alpha-MSH) Bêta-endorphine
Ocytocine Met-enképhaline
Vasopressine Leu-enképhaline
Thyroid stimulating hormone (TSH) Kyotorphine
Prolactine
PEPTIDES DIVERS
HORMONES CIRCULANTES Bombésine
Angiotensine Bradykinine
Calcitonine Carnosine
Glucagon Neuropeptide Y
Insuline Neurotensine
Leptine Delta sleep factor
Peptide atrial natriurétique Galanine
Œstrogènes Oxérine
Androgènes
Progestérone GAZ
Hormones thyroïdiennes Monoxyde d’azote (ou oxyde
nitrique, NO)
HYPOTHALAMIC-RELEASING Monoxyde de carbone (CO)
HORMONES
Corticotropin-releasing factor (CRF) LIPIDE NEUROTRANSMETTEUR
Gonadotropin-releasing hormone Amandamine
(GnRH)
Somatostatine NEUROKININES/TACHYKININES
Thyrotropin-releasing hormone Substance P
(TRH) Neurokinine A
Neurokinine B

Tableau 1- Liste des différents neurotransmetteurs connus (d'après Stahl, 2007)

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2. Noradrénaline/Adrénaline

Figure 1- Synapse Noradrénergique (d'après Crowell-Davis et Murray, 2006)


NE = Norépinéphrine : terme synonyme de Noradrénaline
Autoreceptor = Récepteurs pré synaptiques responsables du retrocontrôle

La sécrétion d’adrénaline est principalement assurée par les glandes surrénales. Dans
les neurones du système nerveux central la noradrénaline est obtenue par hydroxylation de la
dopamine (Crowell-davis et Murray, 2006). C’est par méthylation de la noradrénaline que
l’on obtiendra de l’adrénaline (ou épinéphrine).

La neurotransmission adrénergique intervient dans les manifestations périphériques


de la peur que sont par exemple la tachycardie et la tachypnée, elle est aussi responsable de
la vigilance par augmentation l’activité histaminergique. Elle joue un rôle important dans les
phénomènes de mémorisation, d’attention, de concentration, mais aussi dans la régulation du
sommeil. En cas d’excès de neurotransmission on peut alors observer une hyper vigilance, de
la mydriase, ou une piloérection.

En dehors de ses effets sur le comportement on peut noter un rôle important de


l’adrénaline et de ses récepteurs dans la régulation de la glycémie et dans la lipolyse.
L’adrénaline aurait une action proche du Glucagon sur l’hydrolyse des glycérides formant
glycérol et acide gras.

Le principal noyau de neurones adrénergique se trouve dans le locus coerulus mais on


note des projections dans la plupart des zones cérébrales (cortex cérébral, hippocampe,
thalamus, hypothalamus, le bulbe olfactif) (Crowell-davis et Murray, 2006).
Il existe deux grands types de récepteurs adrénergiques : les récepteurs alpha et les
récepteurs bêta. Ces derniers ne sont pas majoritaires en nombre mais ont une affinité plus
importante pour l’adrénaline que les récepteurs alpha. Néanmoins lorsque les récepteurs alpha
seront activés leurs effets seront prédominants à ceux des récepteurs bêta.

Au sein de ces deux types de récepteurs existent différents sous types (Bylund, 2005),
détaillés dans le tableau 2.

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RECEPTEURS MODE D’ACTION ACTION-EFFETS DIVERS-REMARQUES

Alpha 1 Agissent par Vasoconstriction En général ils sont post


(a, b, d) l’intermédiaire de la Hypertension synaptiques
Ca 2+ calmoduline Pro agrégation
plaquettaire
Contraction utérine

Alpha 2 Inhibent l’adenylate Majoritaires dans La plupart des


(a, b, c, d) cyclase l’encéphale, ils autorécepteurs font partie
diminuent le tonus du des alpha 2
système sympathique
Les alpha-2 agonistes sont
par exemple utilisés en
anesthésie (médétomidine,
xylazine…), ce sont des
sédatifs aux propriétés
analgésiques.

Activent l’adenylate Effet inotrope et Le cœur n’aurait quasiment


Bêta 1 cyclase chronotrope positif que des récepteurs Bêta 1

Activent également la L’utilisation des


lipolyse dans le tissu bêtabloquants diminue
adipeux l’excitabilité des fibres
cardiaques.

Activent l’adenylate Relaxation des fibres Utilisé par exemple dans le


Bêta 2 cyclase musculaires lisses de traitement l’asthme (en
l’intestin, de la vessie, évitant les spasmes
de l’utérus, et des bronchiques)
poumons

Vasodilatation
Hypotension
Hypoglycémie
Bronchodilatation

Tableau 2 - Présentation des récepteurs adrénergiques

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3. Dopamine

Figure 2 - Synapse Dopaminergique (d'après Crowell-Davis et Murray, 2006)


DA = Dopamine
DAT = Transporteur à la Dopamine responsable de la recapture

Il existe trois voies dopaminergiques principales au sein du système nerveux des


mammifères (Civelli et al, 1993) :

 La voie nigro striée : La neurotransmission dopaminergique intervient dans le


contrôle de l’activité motrice et du tonus musculaire, du comportement exploratoire.
Elle est responsable des productions des phases d’arrêt émises par le striatum (retour à
l’équilibre en fin de séquence comportementale). Chez l’homme la destruction de cette
voie peut aboutir à la maladie de Parkinson.

 La voie mésocorticolimbique : Elle joue un rôle très actif dans les comportements
canins en étant responsable de l’anticipation émotionnelle et des associations
cognitives utilisées dans le dressage, elle joue donc un rôle capital dans l’activation
cérébrale nécessaire à la mémorisation. Cette voie contribue à la stabilité émotionnelle
et peut être impliquée dans la schizophrénie chez l’homme.

 La voie tubero-infundibulaire : La dopamine à une action modulatrice sur


l’hypophyse : elle inhibe la prolactine, inhibe le CRF…ce qui peut expliquer certains
troubles de la sexualité, secondaires à l’administration de neuroleptiques.

En cas d’excès de neurotransmission on note des conduites stéréotypées, des


hallucinations, une exacerbation des comportements exploratoire, une hyper motricité, une
trop forte anticipation, de la diarrhée, de la salivation. On peut noter également des
vomissements par stimulation de l’area postrema (centre du vomissement) : ce phénomène est
par exemple employé pour faire vomir un animal à l’aide de l’apomorphine qui est un
agoniste de la dopamine.

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Un déficit de neurotransmission dopaminergique existe lors d’atonie, inhibition et de


déficit cognitif, l’hypofonctionnement peut induire la perte des séquences d’arrêt (dans le
syndrome Hypersensibilité Hyperactivité, noté Hs-Ha).

Les responsables de la recapture sont des transporteurs pré synaptiques spécifiques,


qui seront la cible de substances comme la cocaïne ou les amphétamines.

Il existe 5 types de récepteurs à la dopamine nommés D1 à D5, ce sont des récepteurs


classés dans la superfamille des Récepteurs Couplés à la Protéine G (ou RCPG). On peut
diviser ces 5 types de récepteurs en deux grands groupes car à l’origine seuls deux types de
récepteurs avaient été découverts (D1 et D2) en 1959 de part leur action différente (Le Crom,
2000).

 Les apparentés D1 : D1 et D5 : qui provoquent une activation de l’adenylate cyclase


et augmentent la concentration d’AMPc intracellulaire. D5 aurait une meilleure
affinité pour la dopamine que D1.
 Les apparentés D2 : D2, D3, D4 : qui inhibent la production d’AMPc. D3 aurait une
affinité 20 fois supérieure à la dopamine que D2. Les autorécépteurs appartiendraient
aux récepteurs D2, leur activation entraîne bien entendu une diminution de la
libération de dopamine dans la synapse, cette inhibition est même durable car cela
inhiberait également la synthèse de dopamine. On parlerait également d’un effet sur
les transporteurs pré synaptiques. (Schmitz et al, 2002).

NB : Des neurones dopaminergiques inhibent certains neurones GABAergiques et les


récepteurs GABA B auraient également un effet inhibiteur sur la libération de la Dopamine.

4. GABA : Acide gama-amino-butyrique

Figure 3 - Synapse GABAergique (d'après Crowell-Davis et Murray, 2006)


GLU = Glutamate
GLN = Glutamine

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Le GABA est principalement présent dans le système nerveux central (surtout le


cerveau) et s’y trouve en très forte concentration par rapport aux mono amines, les neurones
GABAergiques représentent environ 17 à 20% des neurones cérébraux (Somogyi et al, 1998).
Il est considéré comme le neurotransmetteur majeur de l’inhibition. Il possède
d’importantes fonctions de régulation au niveau cérébral telles que la vigilance, l’anxiété, la
tension musculaire, l’activité épileptique, la mémoire.

Le principal récepteur au GABA responsable de cette action inhibitrice est un


récepteur type canal ionique nommé récepteur GABA A fonctionnant plus particulièrement
avec l’ion Cl-. Ce récepteur est la principale cible des benzodiazépines (comme le diazepam,
Valium ND) dont l’effet anxiolytique, anticonvulsivant, sédatif, et myorelaxant peut être
expliqué par la potentialisation de l’effet du GABA.

Figure 4 - Schéma d'une structure de récepteur GABA A (d’après Crowell-Davis et Murray, 2006)

On notera l’existence d’un deuxième type de récepteurs : GABA B, de la famille des


Récepteurs Couplés à la Protéine G (Barnard et al, 1998).

Les récepteurs GABA A sont des pentamères formés par 7 familles de sous-unités
α(1 à 6), β(1 à 4), γ(1 à 3), δ, ε, θ, ρ(1 à 3). Les récepteurs sensibles aux benzodiazépines ont
des combinaisons de sous unités : α(1, 2, 3 ou 5), β(1 à 3) et γ2. Le type de récepteur le plus
représenté ayant une combinaison α1, β2, γ2. Les récepteurs qui ne sont pas sensibles aux
benzodiazépines ont en général des sous unités α4 ou α6 (Möhler et al, 2002).
Cette structure particulière des récepteurs GABA A laisse préjuger alors de la diversité
des récepteurs sachant que la composition des sous unités sera déterminante sur le profil
pharmacologique.

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5. Glutamate
(D’après Crowell-Davis et Murray, 2006)

Figure 5 - Synapse Glutamatergique (d'après Crowell-Davis et Murray, 2006)

C’est un précurseur du GABA par décarboxylation enzymatique mais à la différence


du GABA c’est un système uniquement stimulateur, il est considéré comme le
neurotransmetteur majeur responsable de l’excitation neuronale dans le cerveau. Il joue un
rôle dans l’activation neuronale indispensable au bourgeonnement synaptique mais devient
toxique et détruit les neurones lorsqu’il se trouve en excès.
Il est responsable de la mémorisation et de la potentialisation à long terme.

En outre il possède une activité métabolique en participant à la synthèse de peptides et


de protéines.

Il est synthétisé à partir du glucose et de la glutamine. Une fois libéré par


dépolarisation des canaux Ca2+ dans la fente synaptique le Glutamate est ensuite récupéré par
les cellules gliales pour être retransformé en Glutamine qui sera réexportée dans les neurones
pré synaptiques et ainsi de suite. Cette récupération se fait via des transporteurs spécifiques
qui sont responsable de la régulation du glutamate extra cellulaire.

Les récepteurs au glutamate peuvent appartenir à deux grandes familles de récepteurs.


On trouvera les récepteurs type canal ionique dont le principal représentant sera le type
NMDA du nom de son principal agoniste : N-methyl-D-aspartate. On trouvera également des
Récepteurs Couplés à la Protéine G qui seront plutôt des récepteurs pré synaptiques.

Remarque : Les anesthésiques dissociatifs comme la ketamine (IMALGENE ND) ou la


tiletamine (contenue dans ZOLETIL ND par exemple) sont des antagonistes des récepteurs
NMDA.

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6. Histamine
Elle intervient dans le contrôle de la vigilance, la régulation du sommeil et elle
participe à la thermorégulation.

7. Sérotonine
C’est la 5 Hydroxytryptamine (5- HT), considérée comme le neuromédiateur majeur
de l’inhibition comportementale, en particulier l’inhibition sociale.

La neurotransmission sérotoninergique est impliquée dans les états d’anxiété, les états
dépressifs, les réponses émotionnelles, dans les situations conflictuelles associées à la peur, et
dans les comportements d’agressions associés à la vie sociale (agressions hiérarchiques et par
irritation). Elle pourrait même atténuer la sensation douloureuse (blocage des fibres
descendantes médullaires).
En outre elle contrôle la régulation du sommeil (part du sommeil paradoxal), le
comportement sexuel, l’appétit (notamment la notion de satiété), et la thermorégulation. Elle
joue donc un rôle dans les comportements instinctifs que sont la boulimie, la prédation, et le
chevauchement.

Un hypofonctionnement sérotoninergique existe lors d’un défaut d’inhibition, cela


peut donner de l’émotivité, des cauchemars, une hyper réactivité à l’environnement (agitation
anxieuse). L’hypofonctionnement des synapses sérotoninergiques s’observe dans les
dépressions quelles que soient leurs origines, dans les inhibitions pathologiques aux stades les
plus avancés (phobies de stade 3, privation stade 3) et dans certains troubles de l’attachement
(hyper attachement).
L’excès de neurotransmission, par surdosage de psychotrope par exemple, peut être
responsable d’indifférence émotionnelle, d’inhibition motrice et psychique, de rigidité
musculaire, de myoclonies, d’anorexie, de salivation, d’agitation, d’hyperthermie, de nausée,
de dégoût.

NB : Certaines structures sérotoninergiques ont une action inhibitrice sur les


neurones dopaminergiques qui conduisent à l’évolution des états anxieux, et au passage de
l’activité de substitution vers la stéréotypie.

Une fois libérée dans la synapse la sérotonine sera recaptée par des transporteurs pré
synaptiques dépendant des ions Na+ et Cl-. Certains antidépreseurs vont agir sur ces
transporteurs, ils inhibent la recapture et augmentent ainsi la demi-vie de la sérotonine dans la
fente synaptique.

Il existe plus d’une dizaine de récepteurs à la sérotonine, répartis en 7 familles de


récepteurs (Hoyer et al, 1994) numérotés 5HT1 à 5HT7. Ce sont de manière générale des
Récepteurs Couplés à la Protéine G, sauf le récepteur 5HT3 qui est plutôt de type canal
ionique. En thérapeutique on s’intéressera plus particulièrement aux récepteurs 5HT1 à 5HT4.

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 Récepteurs 5HT1 :

5HT1a : ce sont soit des récepteurs pré synaptiques (présents en région du raphé) soit
des récepteurs post synaptiques (principalement dans le système limbique). Ils inhibent
principalement l’adenylate cyclase mais ont aussi une activité d’ouverture des canaux
potassiques. Ce sous type est essentiellement associé à la recapture et au recyclage de la
sérotonine synaptique. Leur activation inhibe la synthèse et la libération de sérotonine.
Ces récepteurs sont impliqués dans les comportements sexuels, la thermorégulation,
l’anxiété, la dépression, les troubles de sommeil, le comportement alimentaire, et la
nociception. (Zifa et Fillon, 1992)

5HT1b/d : ce sont majoritairement des autorécepteurs, la plupart du temps leur


stimulation entraîne une inhibition de la libération du neurotransmetteur.
Leur mode fonctionnement est lié à l’inhibition de l’adenylate cyclase, ainsi qu’à un couplage
à des canaux calciques. Ce sont également des récepteurs hétérologues présynaptiques
(présents sur les neurones dopamines, noradrénergiques, cholinergiques, GABAergiques),
(Moulignier, 1994).
Ils sont impliqués au niveau périphérique dans la contraction des artères et le
fonctionnement des cellules immunocompétentes. Ils ont un rôle sur l’anxiété au niveau
cérébral, dans les désordres moteurs, l’appétit, l’activité sexuelle, et les comportements
d’agressivité et d’impulsivité. Ils sont mis en jeu dans le stress et les phénomènes de
dépendance (alcool par exemple), mais aussi dans les migraines chez l’homme (par
vasoconstrictions cérébrales).

5HT1c : souvent associés aux récepteurs 5HT2.

5HT1e/f : ils inhibent l’adenylate cyclase

 Récepteurs 5HT2 :

Leur particularité est de stimuler la phospholipase C. Ils ont un couplage négatif avec
les canaux potassiques et ont en général une meilleure affinité pour les antagonistes que pour
la sérotonine elle-même (comme par exemple la métergoline). Ce sont principalement des
récepteurs post synaptiques sur les terminaisons non sérotoninergiques. Les récepteurs 5HT2
sont principalement impliqués dans le sommeil, le comportement alimentaire, la nociception
et l’anxiété (Zifa et Fillon, 1992).
Les récepteurs 5HT2 modifient l’activité des systèmes dopaminergiques centraux, ils
s’opposent aux effets extrapyramidaux du blocage des récepteurs D2 qui sont responsables de
certains effets secondaires des neuroleptiques. Des molécules comme la Rispéridone
(Neuroleptique atypique) utilisent cette propriété.

5HT2a : ce sont des récepteurs centraux et périphériques, leur stimulation peut


entraîner la libération d’autres neurotransmetteurs ou neurohormones.
Ils sont impliqués dans la contraction des muscles lisses (iléon, trachée, utérus, vaisseaux
sanguins), l’agrégation plaquettaire, l’activité sexuelle, le sommeil, et l’activité motrice.
On les trouvera tout de même principalement dans l’encéphale.
Ils jouent un rôle dans les phénomènes d’hallucination, la schizophrénie, l’anxiété, la
dépression…

5HT2b/c

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 Récepteurs 5HT3 :

Ce sont les exceptions parmi les récepteurs sérotoninergiques car ce ne sont pas des
Récepteurs Couplés à la Protéine G (RCPG), ils permettent en effet la translocation de
sodium, potassium, ou calcium : ce sont des récepteurs de type canal ionique.
Ils sont impliqués dans les phénomènes de vomissements, d’où une application
médicale des antagonistes 5HT3 pour contrôler les vomissements (utilisé chez l’homme en
association avec la chimiothérapie anticancéreuse, peu actif sur le mal des transports). Les
antagonistes de ces récepteurs n’ont souvent pas d’analogie avec les autres antagonistes
sérotoninergiques, ce sont en général aussi des antagonistes dopaminergiques D2.
Exemple : cocaïne et métoclopramide.
Ils seraient également impliqués dans les phénomènes de dépendances ainsi qu’un
possible effet analgésique.

 Récepteurs 5HT4 :

Ils activent l’adenylate cyclase et seraient présents dans le tissu périphérique : cœur,
vessie, surrénales, tractus digestif (fonction dans le péristaltisme).
Les 5HT4s se retrouveraient plutôt dans le striatum tandis que les 5HT4l plutôt dans le
cerveau (possible rôle dans l’activité mnésique).

 Récepteurs 5HT5

 Récepteurs 5HT6 :

Ils activent l’adénylate cyclase et sont surtout présents au niveau cérébral.

 Récepteurs 5HT7 :

Ils stimulent l’activité de l’adenylate cyclase et sont présents dans le tissu périphérique
et au niveau du cerveau. Ils sont impliqués dans les effets relaxant sur les fibres lisses
préalablement contractées : veines fémorales, jugulaires, artère utérine, et aussi muscles lisses
intestinaux. Il a également été mis en évidence une implication de ces récepteurs dans la
relaxation gastrique, principalement dans la région proximale de l’estomac. (Janssen et al,
2005)

CONCLUSION : On peut classer ces principaux neurotransmetteurs en trois groupes


distincts (Stahl, 2007):
- Stimulateur : Acide glutamique ou Glutamate
- Inhibiteur : GABA
- Les modulateurs : représentés par les mono amines : Adrénaline/Noradrénaline,
Dopamine, Sérotonine, Histamine.

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C. Interactions entre neurotransmetteurs : Cas particulier de


la sérotonine

1. Avec le système noradrénergique


Chez l’homme, on trouve (Stahl, 2007) :

 Des interactions inhibitrices (du Locus coerulus au raphé) : les axones


noradrénergiques ont des terminaisons axonales sérotoninergiques, les hétéro
récepteurs alpha 2 exerçant un rétrocontrôle négatif sur la sécrétion de sérotonine.
 Des interactions excitatrices (au niveau du cortex) : des axones noradrénergiques
possèdent un corps cellulaire et des dendrites sérotoninergiques, les récepteurs alpha 1
exerçant un rétrocontrôle positif sur la sécrétion de sérotonine.

Lorsque des neurones noradrénergiques voisins de neurones sérotoninergiques libèrent


de la noradrénaline, celle-ci se fixe sur ses récepteurs alpha1 et alpha2 des neurones
noradrénergiques mais aussi des neurones sérotoninergiques. Lorsque la noradrénaline se fixe
sur les alpha1, elle augmente la libération de sérotonine. Lorsqu’elle se fixe sur les alpha2,
elle freine la libération de sérotonine.

La plupart des agonistes et antagonistes des récepteurs à la sérotonine ont une affinité
pour les récepteurs alpha 1 adrénergiques. (Yoshio et al, 2001)

2. Avec le système dopaminergique


Chez l’homme toujours la sérotonine inhibe la sécrétion de dopamine en se fixant sur
les récepteurs 5HT2A présents sur les neurones de la voie dopaminergique nigro striée et du
raphé. Un psychotrope sérotoninergique aura donc globalement une action inhibitrice sur la
neurotransmission dopaminergique, (Stahl, 2007).

Conclusion : Lors de la mise en place d’un traitement il faut toujours réguler d’abord la
neurotransmission sérotoninergique si celle-ci parait défaillante.

II. Mode d’action des médicaments psychotropes


Les psychotropes utilisent différentes stratégies pour influer sur la neurotransmission.

A. La quantité de neurotransmetteur : une cible privilégiée


Les solutions médicales apportées par certains psychotropes visent à réguler la
concentration intra synaptique du neurotransmetteur.

 L’une de ces solutions consiste en l’inhibition de l’enzyme appelée : Mono


Amine Oxydase (MAO). En inhibant cette enzyme destructrice des mono amines la
quantité de neurotransmetteur intra cellulaire, puis intra synaptique, va augmenter. On
favorise de cette manière l’augmentation de la neurotransmission.

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 L’autre solution apportée consiste en un blocage des pompes de recapture des


neurotransmetteurs. En inhibant ces pompes la recapture est ralentie, la concentration
intra synaptique en neurotransmetteur va donc augmenter.
Certains psychotropes inhibiteurs de la recapture seront plus spécifiques : on trouve
par exemple une classe particulière qu’est la classe des Inhibiteurs Spécifiques de la
Recapture de la Sérotonine (ISRS) qui va préférentiellement agir sur les pompes de
recapture de la sérotonine.

B. Les récepteurs : une autre cible privilégiée


Certains psychotropes vont augmenter l’activation des récepteurs du (des)
neurotransmetteur(s) cible(s), on dira alors qu’ils ont une action agoniste. Lorsqu’un
psychotrope entraînera le blocage des récepteurs du (des) neurotransmetteur(s) cible(s), on
dira alors qu’il a une action antagoniste sur ces récepteurs.

En outre parmi ces psychotropes certains seront plus ou moins spécifiques des
récepteurs pré ou post synaptique.

On devine alors de par ces deux modèles : agoniste/antagoniste et les affinités pour les
récepteurs pré ou post synaptiques, que diverses combinaisons sont possibles et que le résultat
en dépendra :

Pré synaptique Post synaptique

Agoniste Diminution de la Augmentation de la


neurotransmission neurotransmission

(Augmentation du
rétrocontrôle négatif)

Antagoniste Augmentation de la Diminution de la


neurotransmission neurotransmission

(Diminution du
rétrocontrôle négatif)

Tableau 3 - Action sur la neurotransmission des modèles agoniste/antagoniste

 Attention : la spécificité pré ou post synaptique des psychotropes n’est


pas parfaite, lorsque la dose de psychotrope dépasse un certain seuil les récepteurs
privilégiés seront alors saturés et la molécule aura une action sur l’autre type de
récepteur. On retrouvera cette notion avec les neuroleptiques, plutôt actifs sur les
récepteurs D2, avant les récepteurs D1.

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C. La régulation par la plasticité synaptique


La plasticité de la synapse (évoquée plus haut) est utilisée pour la régulation de la
neurotransmission, on voit souvent apparaître le terme anglo-saxon de « down regulation »
pour décrire ce phénomène.

Lorsque la quantité de neurotransmetteur est anormalement faible (lors de dépression


par exemple) ou qu’il y a un dysfonctionnement de la synapse, la quantité de récepteurs à la
surface du neurone post synaptique aura tendance à augmenter
Lorsque l’on va tenter de rééquilibrer le fonctionnement de cette synapse on va
augmenter la quantité de neurotransmetteurs disponibles dans la fente synaptique. Dans un
premier temps on aura donc beaucoup de neurotransmetteurs ainsi que beaucoup de
récepteurs : on peut observer pendant cette période une aggravation des symptômes ou
l’apparition d’effets secondaires, ce qui est tout à fait normal.
Avec le temps le nombre de récepteurs post synaptique devrait diminuer grâce à la
plasticité synaptique mais ces derniers n’en seront pas moins sensibles. On cherche alors à ce
que le nombre de ces récepteurs revienne à un niveau physiologique.

Conclusion : La « down regulation » se fait en deux étapes :


- une première étape sans effet thérapteutique recherché qui peut même être
accompagnée d’une aggravation des symptômes ou l’apparition d’effets secondaires ;
- une deuxième étape avec une régulation assurant le rééquilibre
neurotransmetteurs/récepteurs, qui aboutit à l’effet thérapeutique recherché.

NB : L’effet recherché prend donc du temps à se mettre en place, en général une quinzaine de
jours, ce qui explique que l’action de certains psychotropes n’est pas immédiate. Il est
important de prévenir les propriétaires afin qu’ils ne s’affolent pas et/ou n’interrompent le
traitement avant qu’il ne soit réellement efficace.

III. Les phéromones


(Grosdemange, 1998) (Marion, 2004)

A. Définition
Le terme de phéromone est apparu en 1959 et fut défini par Karlson et Lüscher selon
les racines grecques : « pherein » : transporter et « hormân » : exciter.
La définition historique est alors une substance qui, après avoir été excrétée à
l’extérieur par un individu (émetteur), est perçue par un individu de même espèce (récepteur)
chez qui elle provoque une réaction comportementale spécifique, voire une modification
physiologique (neuro endocrinienne).

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Suite à leurs études sur le lapin, Schaal et al ont proposé en 2005 une définition un peu
plus précise et restrictive organisée en plusieurs points :

 Chimiquement simple. Un ou faible nombre de composants


 Déclenche une réaction comportementale univoque, morphologiquement invariante,
fonctionnellement évidente
 De façon très sélective
 Caractéristique de l’espèce
 Le lien entre stimulus et réponse ne doit pas dépendre (ou de façon minimale) d’un
apprentissage préalable

Les solutions accessibles en médecine vétérinaire ne répondent pas vraiment à cette


définition, ce sont plutôt des substances à action phéromonale qui sont susceptibles de
contenir des phéromones à proprement parlé mais ces dernières n’ont pas été identifiées
précisément.

B. Présentation
Contrairement aux hormones qui sont sécrétées par des glandes endocrines les
substances phéromonales peuvent être excrétées par des glandes exocrines mais aussi dans la
plupart des sécrétions corporelles. Il est don possible de retrouver des sécrétions
phéromonales dans la salive, les urines, les sacs anaux, la région anale, mais aussi dans les
glandes supra caudales, jugales, péri orales et celles situées sous les coussinets plantaires. On
en retrouve également dans le sillon inter mammaire, les glandes faciales de la commissure
des lèvres et de l’entrée du conduit auditif.
Les complexes phéromonaux ainsi excrétés sont souvent des cocktails de molécules,
dont certaines nécessitent une dégradation bactérienne pour passer du stade de prophéromone
au stade de phéromone.
Leur composition chimique peut être très variable : on trouvera des stéroïdes, des
acides aliphatiques, des esters, des proteines…Ce sont souvent des substances volatiles de
faible poids moléculaire, mais cette volatilité et ce poids moléculaire sont souvent dépendant
du mode d’action.

C. La perception du message
Chez les carnivores domestiques on note une action conjointe du système olfactif
principal et du système olfactif accessoire dans la perception des sécrétions phéromonales.
Le système olfactif accessoire est dédié à cette perception et est représenté par
l’organe voméronasal ou organe de Jacobson.
L’organe voméronasal est situé à la base du septum nasal, dans la partie antérieure de
la cavité nasale. Cet organe est anatomiquement bien distinct du système olfactif et son
épithélium de type muqueuse olfactive est tapissé des cellules réceptrices. Le nerf
voméronasal est connecté au bulbe olfactif accessoire à partir duquel les fibres se dirigent vers
le système limbique qui est en quelque sorte le centre des émotions.

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Figure 6 - Localisation anatomique de l'organe voméro-nasal chez le chat (vu dans Marion, 2004)

L’une des actions les plus connues permettant la perception des phéromones est le
« flehmen ». On connaît bien ce comportement chez le cheval mais il est également décrit
chez le chat par exemple (Hart et Leedy, 1987). Le chat tend le cou, ouvre la bouche, fronce
le nez et retrousse les lèvres.

D. Rôle des phéromones


La perception des phéromones influe sur le comportement et sur la physiologie de
manière inconsciente, alors que le goût et l’olfaction sont des sensations perçues
consciemment, il ne faut donc pas confondre les phéromones avec des odeurs.
Lorsqu’un individu perçoit cette phéromone, cela déclenche une réaction qui ne
dépend pas de l’apprentissage. Cette réaction peut être un comportement ou une
modification émotionnelle. Les phéromones sont également capables de modifier les
sécrétions hormonales par le biais de l’hypothalamus. On peut alors noter des modifications
neuroendocriniennes.

Les différents comportements induits, ainsi que les actions neuroendocriniennes


engendrées par les phéromones, sont encore mal connus mais les perspectives d’utilisation
dans le traitement des troubles du comportement sont intéressantes.

Il existe une grande variabilité individuelle en ce qui concerne la sécrétion et la


perception des phéromones dans une même espèce. Cette variabilité est également présente
pour un même individu, selon son âge ou son état hormonal qui modifie la sécrétion de
certaines phéromones, mais aussi selon sa flore microbienne. Par exemple, une différence de
composition des sécrétions des glandes anales est observée chez la chienne selon le moment
de son cycle.

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On soupçonne l’existence des phéromones dans la plupart des espèces mais les
premiers modèles d’étude des phéromones sont les phéromones d’insectes, chez qui ce mode
communication est très développé. Il semblerait que plus les espèces sont évoluées et moins
cette voie de communication serait importante, cela pourrait être lié à l’évolution des activités
cognitives.

CONCLUSION : Les sécrétions phéromonales ont un rôle dans la communication


« inconsciente » entre les animaux et sont capables de modifications comportementales et
neuroendocriniennes. Ces messagers chimiques volatils sont perçus, entre autres, par
l’organe de Jacobson (ou organe voméronasal) et sécrétés par différentes parties du corps.

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Deuxième Partie :
Evaluation, choix, et
suivi du traitement

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L’objectif de cette partie est de guider le praticien à mettre en place la thérapie


médicale. Pour cela nous l’axerons sur trois points :

- L’évaluation : qui vise à définir l’objectif de la thérapie


- Le choix : qui vise à définir la/les molécules adaptées à cette cible
- Le suivi

I. L’évaluation
A. Préambule : la consultation
Une consultation de comportement présente certaines particularités, ne serait-ce que
par sa durée : en moyenne et pour une première consultation il n’est pas rare d’y consacrer au
moins une heure.

Dans le cadre d’une consultation de comportement il est important que les membres de
la « famille », c’est à dire les personnes (voire mêmes les autres animaux) qui vivent avec
l’animal, soient présents, ou, à minima, les personnes impliquées dans les problèmes qui ont
menés à cette consultation.
La présence de chacun permettra une meilleure évaluation pour le clinicien et il est
parfois surprenant ou intéressant de recueillir différentes versions.
En outre pour qu’une thérapie comportementale soit efficace il est nécessaire qu’elle
soit suivie par tout le monde, et de fait qu’elle emporte l’adhésion de chacun, sans quoi un
échec est prévisible.

Chaque clinicien possède ses propres habitudes pour conduire sa consultation mais
globalement on pourra distinguer plusieurs étapes/phases :

- Présentation du motif de la consultation par les propriétaires : ils feront part de leurs
problèmes et de ce qu’ils aimeraient changer ou résoudre, c’est leur demande.
- Observation de l’animal en liberté (lorsque cela est possible) dans la salle de
consultation par le clinicien : en pratique cette observation se fera tout au long de la
consultation. Les réactions et comportements de l’animal seront très informatifs pour
le vétérinaire.
- Recueil d’informations (éléments sémiologiques) sur l’animal, sous forme de
questions/discussion avec le propriétaire et organisé en plusieurs parties (Mège et al,
2003).
- Examen clinique (somatique) de l’animal comme lors d’une consultation générale.
- Exposé du praticien de son diagnostic sémiologique, du pronostic. C’est également le
moment d’expliquer le problème aux propriétaires.
- Mise en place d’une thérapie comportementale +/- associées à une thérapie
médicale : outre la rédaction de l’ordonnance le vétérinaire va fournir les axes
d’amélioration espérés en fonction du temps, la durée du traitement, le rythme des
contrôles (visites ou par téléphone) etc.

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B. Outils d’évaluation

1. Les échelles d’évaluations


Dans son ouvrage de 1998, Pageat propose trois grilles d’évaluation :

- l’échelle d’évaluation de l’agressivité (permettant le calcul des indices d’agressivité)


- l’échelle d’évaluation des troubles émotionnels du chien (E.T.E.C)
- l’échelle d’évaluation du vieillissement émotionnel et cognitif (E.V.E.C)

Dehasse et Béata ont également proposé chacun une grille d’évaluation des chiens
dangereux. L’actualité des chiens dangereux à donné certaines responsabilités aux
vétérinaires sur l’évaluation comportementale des chiens. Une formation encadrée par les
vétérinaires comportementalistes diplomés a été créée et permet à tout vétérinaire qui l’aura
suivie d’être habilité à effectuer cette évaluation de la dangerosité des chiens.
Au cours de cette formation, est fournie une grille qui combine les 3 grilles de Pageat,
Dehasse, et Béata, donnant un score global.
Malgré tout il est évident que ce genre d’évaluation reste soumis discussion quant à sa
fiabilité, le droit à l’erreur dans le cadre d’un sujet aussi complexe que l’agressivité étant
difficilement acceptable et paradoxalement inévitable.

L’intérêt des échelles ETEC et EVEC semble limité en pratique mais cela permet
d’avoir un score chiffré, qui peut être utile notamment dans le cadre d’un suivi, car basé sur
des critères précis et donnant une visualisation des caractères évolutifs. Elles peuvent
également être utiles dans le cadre d’études cliniques, avec une meilleure reproductibilité de
l’évaluation. Elles ne dispensent pas d’un travail sémiologique rigoureux mais peuvent être
des arguments de confirmation pour le vétérinaire.

Ces échelles d’évaluation ne sont néanmoins que des outils concernant uniquement la
sémiologie, qui n’aident pas le praticien pour le choix du traitement et n’influencent donc pas
ce dernier.

2. Evaluation des systèmes de neurotransmetteurs


D’après Pageat (1998) : « c’est la dominante symptomatologique qui doit faire orienter
vers la recherche d’une régulation de tel ou tel système neurotransmetteur. Ce choix sera
affiné par la prise en compte des affections intercurrentes et des effets secondaires des
molécules sélectionnées. »

A partir des informations recueillies dans la littérature et abordées en première partie


de ce travail, on pourrait imaginer un tableau regroupant les signes et/ou troubles pouvant être
reliés à chacun des 3 principaux systèmes de neurotransmetteurs modulateurs. Ce tableau
serait nommé « Tableau SAD », (Sérotonine, Adrénaline, Dopamine), et permettrait de
faciliter la tâche du clinicien pour évaluer ces systèmes de neurotransmetteurs. (Tableau 4)

Néanmoins comme le souligne Dehasse (2004) la simple hypothèse aminergique et le


mode d’action de chaque molécule sur la neurotransmission ne sont pas suffisantes pour

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expliquer tous les effets thérapeutiques. D’après lui il existe plusieurs modèles pour prescrire
des psychotropes :
- « choix du psychotrope par ses effets sur la neurotransmission et la neuromodulation
(neurochimie, neurophysiologie) »
- « choix du psychotrope pour les symptômes sur la physiologie »
- « choix du psychotrope pour les troubles sur la nosographie »

L’exercice de la prescription d’un psychotrope n’est donc pas une chose aisée et est
difficilement automatisable, l’expérience du praticien est alors très utile.
Le tableau « SAD » ne serait alors qu’un outil d’évaluation, qui ne peut se suffire mais
qui peut donner une orientation pour la mise en place d’un traitement en facilitant l’évaluation
des trois principaux systèmes de neurotransmetteurs modulateurs.

DEFICIT EXCES
Déficit des autocontrôles Anorexie
Mordillements Nausées
Emotivité Dégoût
S Impulsivité Apathie
E Agressions :
R - associées à la peur
O - sociales : hiérarchique, irritation
T (Souvent disparition des phases de menace)
O Cauchemars
N Troubles du sommeil
I Boulimie
N
E Mâchonne l’eau
Chevauchements (comportement sexuel)
Hyperréactivité à l’environnement
(agitation anxieuse)
Etats dépressifs
A Hypo vigilance Hyper vigilance
D Déficit de mémorisation Tachycardie
R
E Défaut d’attention, de concentration Tachypnée
N Fatigue, apathie Mydriase
A Hypersomnie Piloérection
L
I Mictions émotionnelles
N
Etats anxieux
E
Hypo motricité Hyper motricité
D
Diminution du comportement exploratoire Augmentation du comportement exploratoire
O
P Inhibition comportementale Stéréotypies
A Pertes des séquences d’arrêt Hallucinations
M
Déficit cognitif : associations (dressage) Augmentation de l’anticipation émotionnelle
I
N Dyspepsie (vomissements, éructation,
Altération de la mémorisation
E bâillements)
Diarrhée ou colon irritable

Tableau 4 - Tableau "SAD" d'évaluation des systèmes de neurotransmetteurs

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3. Le dosage de la prolactine : une voie d’avenir ?


Dans un article récent une équipe (Pageat et al, 2007) a fourni un travail très
intéressant concernant l’évaluation d’une population de chiens anxieux. Deux molécules, a
priori comparables en termes d’efficacité sur l’anxiété, ont été comparées : la Fluoxétine
(Inhibiteur Sélectif de la Recapture de la Sérotonine) à action sérotoninergique et la Sélégiline
(Inhibiteur de la Mono Amine Oxydase – B) à action dopaminergique.
Le choix des molécules est également lié aux mécanismes de régulation de la
prolactine. En effet la dopamine possède un effet inhibiteur direct sur la sécrétion de
prolactine par les cellules lactotropes. La sérotonine possède un effet facilitateur de la
sécrétion de prolactine de façon indirecte par une inhibition de l’activité
dopaminergique.(Stahl, 2007)
On peut donc considérer que la fluoxétine aurait tendance à favoriser la sécrétion de
prolactine, tandis la sélégiline aurait tendance à diminuer cette sécrétion.

Le suivi et l’évaluation de l’efficacité du traitement ont été réalisés par l’utilisation de


la grille ETEC proposée par Pageat (1998).

Le résultat de cette étude a montré qu’il y aurait deux populations de chiens anxieux
concernant le dosage de la prolactine, chacune des populations ne répondant pas de la même
manière aux traitements.
Les animaux ayant un taux de prolactine élevé ont une amélioration significative du
score ETEC avec un traitement à la sélégiline, là où la fluoxétine est peu efficace. Au
contraire les animaux ayant un taux de prolactine dans les valeurs usuelles voient leur score
ETEC diminuer de manière significative avec un traitement à fluoxétine, là ou la sélégiline est
peu efficace.

FLUOXETINE SELEGILINE

Anxiété + Prolactinémie dans


les valeurs usuelles + -
Anxiété
+ Hyperprolactinémie - +
Tableau 5 - Efficacité de la fluoxétine et de la Sélégiline pour le traitement de l'anxiété, en rapport avec la
prolactinémie (Pageat et al, 2007)
Cette étude encourageante laisse espérer une possible utilisation du dosage de la
prolactine comme outil d’évaluation lors d’anxiété, permettant d’influencer le choix du
traitement. Néanmoins d’autres études seront nécessaires pour valider son intérêt.

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C. Suspecter des comportements liés aux fonctions


endocriniennes
(Dramard et Benoît, 2004) (Marion, 2007)

Les hormones participent à la réponse émotionnelle de l’individu, et de nombreuses


hormones sont impliquées dans la neurotransmission (en particulier dans la neurotransmission
cérébrale). On comprend alors aisément qu’une dysendocrinie peut être la source de
répercussions comportementales, ces modifications comportementales apparaissent parfois de
façon précoce, avant la mise en place d’autres signes cliniques.
Il est donc important pour le vétérinaire d’être capable de faire la part des choses afin
de tenir compte d’une éventuelle co-morbidité entre un trouble d’origine endocrinienne et des
troubles du comportement.

1. Les dysfonctionnements thyroïdiens


Dans cette partie nous allons nous concentrer sur les deux entités pathologiques de la
fonction thyroïdienne les plus couramment rencontrées :
- l’hypothyroïdie du chien
- l’hyperthyroïdie du chat

a) L’hypothyroïdie canine

(1) L’hypothyroïdie clinique

En dehors des signes cliniques d’appel classiques : troubles dermatologiques, prise de


poids sans polyphagie, troubles de l’appétit etc. il est également et communément décrit
certaines manifestations comportementales :
- apathie
- hypersomnie, fatigabilité
- frilosité
Certains troubles apparaissent généralement sur des chiens qui n’avaient aucuns
problèmes de comportement :
- Troubles de l’humeur : irritabilité liée à la fatigue
- Apparition de peurs, pouvant évoluer sur des troubles telles que la phobie
- Hypersensibilité aux bruits et une hyper vigilance

D’autres troubles liés à l’hypothyroïdie ont pu être décrits chez l’homme et semblent
présents chez le chien : mais certaines études tendraient à montrer le contraire chez le chien
- L’anxiété
- Les états dépressifs : dépressions chroniques, dépression d’involution du chien âgé
Néanmoins certains auteurs émettent des réserves (Bonnafous, 1999) (Schowbthaler,
2007).

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Il existerait une corrélation chez les animaux hypothyroïdiens entre le taux de T4 et le


nombre et la sensibilité des récepteurs bêta adrénergiques. T3 et T4 entraîneraient dans un
premier temps une augmentation du nombre de récepteurs puis dans un second temps une
désensibilisation. Cette cinétique expliquerait l’hypersensibilité aux bruits et l’hyper vigilance
rencontrées en début d’évolution, puis une réduction de la réceptivité aux stimuli
environnementaux associée à une apathie et une léthargie ensuite.
L’hypo réactivité de ces récepteurs permettrait d’ailleurs d’expliquer l’échec des
traitements antidépresseurs qui agissent en augmentant la concentration synaptique en
neurotransmetteurs. (Senecat, 2007)

(2) L’hypothyroïdie infra clinique

Il est souvent question d’un stade pré morbide associant une hypothyroxinémie à
certains troubles comportementaux.
Le diagnostic de certitude de l’hypothyroïdie n’est pas toujours évident et détecter des
stades pré morbides n’est donc pas facile. En effet le diagnostic de l’hypothyroïdie peut faire
l’objet de plusieurs dosages biochimiques :

- Dosage de la T4 (totale ou libre) : pour lequel il existe des variations (Tableau 6). Ce
test possède une grande sensibilité mais une spécificité faible.
- Dosage de la TSH : il existe des variations de ce taux en fonction de la journée ce qui
implique qu’il y aura des faux négatifs mais aussi des faux positifs.

Ces deux dosages devraient être associés afin de limiter le risque important de faux
négatifs et faux positifs. D’après Garnier&Merveille (2007) :
- La présence d’une concentration hormonale normale ou élevée en T4 permet d’exclure
l’hypothèse d’hypothyroïdie alors qu’une concentration basse ne permet aucune
conclusion.
- En sens inverse, la constatation d’une concentration élevée en TSH confirme une
hypothyroïdie alors qu’une concentration dans la limite des valeurs usuelles ne permet
pas d’éliminer l’hypothèse.

Il est important de signaler que certaines molécules utilisées en comportement sont


susceptibles d’entraîner une hypothyroxinémie. (Tableau 6).

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 Horaires
VARIATIONS  Âge (La T4 diminue avec l’âge)
PHYSIOLOGIQUES  Race : lévriers (surtout Greyhound)
DE LA THYORXINEMIE  Jeûne de 3 jours ou plus
 Dioestrus (Réduction de la T4 parfois)

MALADIES

 Hypercorticisme
 Diabète sucré (acidocétose)
 Acromégalie
 Hyperoestrogénisme
 Insuffisance rénale
 Insuffisance cardiaque
 Insuffisance hépatique
 Entéropathies exsudatives, malnutrition
 Infections, inflammations chroniques (libération de
cytokines : IL1, IL6, TNF)
 Néoplasie
 Maladies graves

HYPOTHYROXINEMIES
TRAITEMENTS
« REACTIONNELLES »

 Glucocorticoïdes
 Androgènes, anti-androgènes
 Progestagènes
 Dopaminergiques
 Certains antibiotiques (Sulfamides, Pénicilline)
 Phénobarbital
 Certains diurétiques (Furosémide)
 Certaines Anti-Inflammatoires Non Stéroïdiens
(Salicylés…)
 Diazépam
 Héparine
 Imidazole
 Mitotane
 Propanolol
 Phénothiazines (Acépromazine, Lévomépromazine…)

Tableau 6 - Facteurs de Variation de la thyroxinémie (d'après Senecat, 2007, version modifiée)

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Deux autres tests peuvent orienter le clinicien dans sa démarche :


- Dosage de la prolactinémie : généralement augmentée dans les cas d’hypothyroïdie
- Dosage de la cholestérolémie : généralement augmentée également

Certains vétérinaires estiment que les troubles comportementaux pourraient être les
premiers signes d’hypothyroïdie, souvent présents avant les répercussions biochimiques sur
les dosages de T4 et TSH, qui amènerait à commencer une médication à base de
lévothyroxine dans certains cas malgré une biochimie équivoque.

Cette hypothèse est encore très discutée et fait l’objet de débats entre vétérinaires
comportementalistes, mais aussi avec les endocrinologues.

Néanmoins, malgré l’absence d’autres signes cliniques permettant de conclure à une


hypothyroïdie, ou malgré des dosages biochimiques non concluants, il a été noté que la
complémentation en analogues thyroïdiens pourrait avoir une certaine efficacité clinique en
association (ou non) avec un antidépresseur comme la clomipramine. (Pageat, 1998)
La constatation d’effets cliniques, de manière empirique pour certains, ne permet
pourtant pas d’émettre une conclusion quant à une éventuelle hypothyroxinémie non détectée,
et pourrait simplement être due à d’autres effets non spécifiques des hormones thyroïdiennes,
voire un éventuel effet psychopharmacologique.

CONCLUSION : Certains cas peuvent parfois justifier l’administration de lévothyroxine,


mais en l’attente d’un consensus, il est nécessaire de ne pas en abuser, cette supplémentation
ne devra intervenir qu’en seconde intention. On peut considérer cette administration lorsque
sémiologie présente des incohérences et/ou après échec des traitements psychotropes
classiques (après avoir vérifié l’observance et la bonne mise en œuvre de la thérapie
comportementale associée).
L’association avec un psychotrope permettrait alors une meilleure réponse à ce dernier
(Dramard et Benoît, 2004)

b) L’hyperthyroïdie féline
(De Fornel-Thibaut et al, 2007)

Les signes d’appel classiques de l’hyperthyroïdie chez le chat sont :

- L’âge élevé: la moyenne est de 13 ans


- L’amaigrissement malgré une polyphagie (le plus souvent mais pas toujours)
- Des troubles digestifs (vomissements, diarrhée)
- Une polyurie polydipsie
- Une auscultation cardiaque anormale

Ces symptômes seraient accompagnés de troubles comportementaux qui, comme chez


le chien pour l’hypothyroïdie, sont parfois les premiers signes visibles :
- Agitation, augmentation de l’activité
- Comportements agressifs (agressions par irritation)

Le diagnostic que l’hyperthyroïdie reposant sur l’élévation de la thyroxinémie chez un


chat généralement âgé, semble poser moins de problèmes que n’en pose le diagnostic de

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l’hypothyroïdie canine. Là aussi les troubles comportementaux semblent régresser après


traitement spécifique de l’hyperthyroïdie.

NB : il faut faire attention aux risques de décompensations d’insuffisance rénale


chronique suite au traitement de l’hyperthyroïdie.

2. Les dysfonctionnements de l’axe corticotrope


(Pastor et al, 2007) (Dramard et Benoît, 2004)

Le trouble de l’axe corticotrope le plus fréquemment rencontré est l’hypercorticisme


(ou syndrome de Cushing). C’est une dysendocrinie de l’animal âgé, qui se rencontre
principalement sur des chiens de petit ou moyen format.

Le tableau clinique d’un animal atteint d’hypercorticisme est en général très


polymorphe et les répercussions sur l’organisme sont nombreuses. Couramment on pourra
rencontrer :
- Polyurie polydipsie
- Polyphagie
- Distension abdominale
- Faiblesse musculaire, laxité ligamentaire
- Obésité
- Troubles cutanés : peau fine, comédons, alopécie, calcinose

Lors d’un hypercortisolisme des troubles comportementaux sont parfois décrits mais
ils ne sont pas vraiment spécifiques :
- Etats dépressifs associés à des signes d’involution
- Syndrome confusionnel
- Anxiété
- Hypernervosité, hyperexcitabilité

Remarque : La dopamine joue un rôle dans la régulation de la synthèse du CRF


(Corticotropin Releasing Factor), donc dans la libération d’ACTH et la synthèse du cortisol.
On peut alors imaginer qu’en dehors des traitements classiques de l’hypercorticisme, la
sélégiline (IMAO-B) pourrait être un antidépresseur intéressant de par ses effets
dopaminergique, lors de dépression liée à un hypercorticisme (dans Dramard et Benoît, 2004).

3. Comportements gênants associés à la fonction de


reproduction
En comportement la demande des propriétaires, les diverses questions, voire les motifs
de consultations comportementales, ayant un rapport avec la fonction de reproduction sont
relativement importants.
Il serait néanmoins souvent inexact de parler de « troubles du comportement » car
certaines de ces demandes concernent plutôt des comportements gênants pour les propriétaires
et non des comportements pathologiques. (Exemple : les vocalises d’une chatte en chaleur)
Ces comportements gênants concernent rarement des dysendocrinies sexuelles à
proprement parler. C’est pourquoi il semble plus juste de parler de comportements gênants
associés à la fonction de reproduction.

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En dehors des thérapies comportementales et mesures hygiéniques, la prise en charge


médicale des comportements gênants liés à la fonction de reproduction peut être de deux
types :

- Chimiothérapie
- Chirurgie

Les principales indications de ces deux types de prise en charge seront développées
dans la partie « choix : agir sur la fonction de reproduction ».

II. Le choix
A. Choisir un psychotrope
1. Principes de prescription
Une fois l’évaluation des systèmes de neurotransmetteurs réalisée il sera alors plus
aisé de définir une liste des molécules (parmi les molécules le plus utilisées) qui pourraient
être intéressantes sur le cas et susceptibles d’avoir une action sur le/les système(s)
défaillant(s). Pour cela il peut être utile de se référer au Tableau 8 situé en fin de Troisième
partie de ce travail.

Néanmoins, comme cela a déjà été dit, la simple hypothèse aminergique n’est pas
toujours suffisante et une approche plus symptomatologique est souvent moins erronée.
C’est à ce titre que Dehasse en 2004 propose un « Répertoire de quelques symptômes et des
psychotropes qui leur correspondent ».
Le vétérinaire devra hiérarchiser les troubles à gérer en priorité, ce sont ces derniers
qui vont guider la mise en place de la thérapie.

NB : La troisième partie de ce travail consiste en une présentation de type


monographie pour chacune des principales molécules utilisées pour traiter les troubles du
comportement des chiens et chats, il sera utile de s’y référer pour le choix final. (Effets et
indications spécifiques, contre indications, effets indésirables, dose, etc.)

Les autres critères de choix d’une prescription sont :

- Une indication spécifique ou liée à la nosographie d’une molécule


- Le coût du traitement : il représente une grande importance pour les propriétaires
- L’observance : il faut être en adéquation avec le cas, que le rythme des prises soit
possible et adapté, il faut également tenir compte de l’appétence etc. On évitera par
exemple un comprimé de taille importante et amer à donner deux fois par jour sur un
chat agressif.
- L’Innocuité : la molécule ne doit pas nuire plus qu’elle n’aidera l’animal (cf. contre
indications…)

L’une des règles de base est qu’il faut essayer au maximum de faire en sorte que le
psychotrope soit un agent facilitateur de la thérapie comportementale.

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Par exemple : l’emploi d’un neuroleptique ayant un effet délétère sur la mémoire et
l’apprentissage sur un chiot qui a du mal à se concentrer lors de la marche en laisse va à
l’encontre de l’effet recherché : certes le chiot sera moins remuant mais son apprentissage de
la marche en laisse ne sera pas idéal. De même associer un traitement aux ISRS (réputés
anorexigènes) à une thérapie comportementale basée sur un apprentissage motivé par des
récompenses alimentaires n’est pas toujours idéal.

Toute mise en place d’une thérapie doit être précédée de l’accord de principe des
propriétaires. Le clinicien doit s’assurer qu’ils aient bien compris le/les objectif(s) du
traitement, ainsi que les éventuels effets secondaires qui pourraient être observés. Il est inutile
de s’engager dans une thérapie longue (6mois ou plus) avec des molécules nécessitant un
sevrage rigoureux avec des propriétaires qui ne s’en sentent pas du tout capables de la suivre
et qui risquent d’interrompre à tout moment l’administration du psychotrope. C’est une cause
importante d’échec !

2. Présentation des classes thérapeutiques


(Crowell-Davis et Murray, 2006) (Pageat, 1998)

À ce jour, il y a cinq grandes familles de médicaments psychotropes, cette


classification est dérivée de la classification établie par Delay et Deniker en 1957.

a) Les antidépresseurs

De manière générale ils relancent la neurotransmission. Leur action sera donc


principalement d’augmenter la quantité de neurotransmetteur dans l’espace intra
synaptique.
Nous étudierons les principales familles d’antidépresseurs couramment utilisées.

(1) Les tricycliques

Historiquement parmi les plus anciens, ils sont également appelés « imipraminiques »
en rapport avec l’une des premières molécules décrites : l’imipramine.
Leur action est basée sur une inhibition de la recapture et principalement celle de la
noradrénaline et de la sérotonine avec plus ou moins de spécificité pour l’une des deux
mono amines.

On distinguera alors trois groupes :


- Prédominance pour la sérotonine ; exemple : la Clomipramine
- Prédominance pour noradrénaline
- Mixtes

Cette classe d’antidépresseur est considérée comme l’une des plus efficaces mais
présente bon nombre d’effets secondaires dus au fait qu’ils ont également des propriétés
antihistaminiques, anti-cholinergiques, et seraient antagonistes alpha 1 adrénergiques.
Leur action anti-cholinergique les contre indique chez les personnes cardiaques.

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(2) Les Inhibiteurs Spécifiques de la Recapture de la


Noradrénaline et/ou de la Sérotonine (ISRNA et ISRS)

Le mode d’action des inhibiteurs spécifiques de la recapture sera comparable à celui


des tricycliques mais comme leur nom l’indique ils seront bien plus spécifiques, ce qui les
dégage d’une bonne partie des effets secondaires liés aux imipraminiques.

Exemples d’ISRS : fluoxétine, fluvoxamine, sertraline, citalopram


ISRS et NA : miansérine

(3) Les Inhibiteurs de la Mono Amine Oxydase (IMAO)

On distingue deux formes de MAO par leur affinité de substrat : la forme A ayant une
affinité plus marquée pour la Sérotonine ; la forme B présentant quant à elle une affinité plus
marquée pour la Phényléthylamine. Mais les deux types de MAO sont capables de dégrader la
dopamine et la noradrénaline, chez le chat il a d’ailleurs été démontré que la 5HT était
dégradé par la MAO B alors qu’elle l’est généralement par la MAO A (Uchida et Koelle,
1984). De plus ces deux types d’enzyme n’auront pas la même distribution au sein des
différents tissus avec des variations importante d’une espèce à une autre (Inoue et al, 1999).

On peut donc en déduire que l’action des IMAO ne sera donc pas tout à fait la
même d’une espèce à l’autre.

La classe des IMAO peut être divisée selon l’action soit sur la MAO A soit sur la
MAO B, soit par une action mixte (ils ont de toute façon tous une activité mixte à forte dose).
La MAO A est connue pour participer à la dégradation d’autres amines, notamment la
tyramine qui est un acide aminé présent dans certains aliments comme le fromage.
L’utilisation d’IMAO A associée à l’absorption de fromage a alors causé certains effets
secondaires que l’on a appelé « effet fromage ». Les IMAO B ont été découverts plus tard et
n’ont pas cet effet fromage car la MAO B n’a pas de rôle dans la dégradation de la tyramine,
en tout cas chez l’homme.

On peut également distinguer les molécules qui vont inactiver la MAO de façon
réversible ou irréversible. L’effet des molécules se fixant de façon irréversible peut durer
plusieurs jours après une administration unique, le temps que de nouvelles MAO ne soient
reformées.

Exemple : Sélégiline

b) Les neuroleptiques

Ils ont principalement une action sur les terminaisons dopaminergiques, cette action
peut être différente selon la dose administrée. Leur action sur les productions
comportementales est spectaculaire, mais ils ont peu de pouvoir anxiolytique.

Les neuroleptiques exercent un rôle antagoniste sur les récepteurs dopaminergiques


sur lesquels ils se fixent :

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Guide thérapeutique de la prise en charge médicale des troubles du comportement du chien et du chat

 Les récepteurs pré synaptiques : ils augmentent la neurotransmission


 Les récepteurs post synaptiques : ils bloquent la neurotransmission

Les neuroleptiques classiques peuvent être utilisés de façon ponctuelle si leurs


propriétés sont bien connues. Progressivement, il faut cependant s’attendre à les voir
disparaître de notre arsenal thérapeutique au profit des molécules modernes comme la
rispéridone.

(1) Les neuroleptiques antiproductifs

(a) Butyrophénones

Ces neuroleptiques ont une plus grande affinité pour les récepteurs post synaptiques,
qu’ils bloquent, ils diminuent donc la transmission dopaminergique.

Ils se comportent comme des modérateurs de l’activité motrice et de la réactivité mais


l’effet antiproductif ne peut se mettre en place que dans le calme. Cet effet permet de
combattre les comportements gênants tels que :
- L’agressivité
- Certaines stéréotypies
- L’anticipation des réactions de défenses…

Ils peuvent engendrer également somnolence, indifférence, tremblements, sécheresse


buccale et troubles visuels et une augmentation de la confusion.

Néanmoins leur usage n’est pas idéal car ils inhibent tous types de comportements
et d’interactions sociales, qu’elles soient normales ou anormales. L’apprentissage et la
thérapie comportementale n’en seront donc que moins efficaces, on ne traite pas vraiment la
cause.

A faible dose beaucoup de neuroleptiques se comportent comme des neuroleptiques


antidéficitaires. Il faut donc faire attention quand on diminue la dose de neuroleptique prescrit
dans un but antiproductif à ne pas atteindre la dose antidéficitaire.

Exemple : pipampérone

(b) Phénothiaziniques

En plus de leur affinité pour les récepteurs dopaminergiques post synaptiques, ils
interviennent aussi en bloquant les récepteurs histaminiques et noradrénergiques. L’animal est
alors coupé de son environnement. Ils sont utilisés comme camisole chimique et n’ont
quasiment aucun intérêt en comportement malgré deux spécialités vétérinaires pour
l’acépromazine.

Exemple : acépromazine, levomépromazine

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(2) Les neuroleptiques antidéficitaires (antiproductifs à


forte dose)

Ces neuroleptiques auraient une plus grande affinité pour les récepteurs pré
synaptiques, ils augmenteraient alors la neurotransmission dopaminergique.
On observera alors l’augmentation des productions comportementales et de la
réactivité.

La plupart de ces neuroleptiques seront antiproductifs à plus forte dose, par saturation
des récepteurs pré synaptiques et donc occupation des récepteurs post synaptiques.

Ils seront d’autant plus manipulables que l’écart entre la dose anti déficitaire et la dose
anti productive sera important.

Exemple : Sulpiride

(3) Les neuroleptiques atypiques

De nouveaux neuroleptiques, dits atypiques, sont à la fois antagonistes 5HT2A et D2,


ils agissent au travers de la voie sérotoninergique (5HT2A) pour avoir un effet sur la
neurotransmission dopaminergique.
En effet on se rappelle que la sérotonine exerce un effet inhibiteur sur les voies
dopaminergiques en général. Donc en bloquant les récepteurs 5HT2A des neurones
dopaminergiques, ces neuroleptiques atypiques inversent l’action antagoniste D2, voire
même favorisent la libération de dopamine. Cette action limite ainsi les effets
extrapyramidaux connus des neuroleptiques classiques (antagonistes D2 uniquement). Ils
reproduisent les effets stimulants des neuroleptiques antidéficitaires, les effets indésirables ne
sont pas observés et leur effet ne risque pas d’être inversé par l’utilisation de faibles doses.
Néanmoins l’action antagoniste D2 n’est pas inhibée au niveau de la voie mésolimbique,
sur le papiers ces neuroleptiques atypiques présentent donc les qualités des neuroleptiques
classiques tout en réduisant les effets secondaires.

NB : Chez l’homme ce blocage des récepteurs 5HT2 est une propriété associée à
l’effet antimigraineux.

Exemple : Rispéridone

c) Les hypnotiques

Ils ne sont pas ou peu utilisés en médecine du comportement, c’est pourquoi ils ne
seront pas développés. On y trouve par exemple les barbituriques.

d) Les anxiolytiques

Il existe quatre familles chimiques différentes mais dont l’action thérapeutique est très
proche. Mais il faut noter que d’autres familles de psychotropes comme les Inhibiteurs

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Sélectifs de la Recapture de la Sérotonine ont un effet anxiolytique marqué, même s’ils ne


sont pas classés parmi les anxiolytiques.

(1) Les benzodiazépines

Leur mode d’action consiste à favoriser l’action du GABA en se fixant sur les
récepteurs GABA-A. Le récepteur modifie alors sa conformation, devenant ainsi encore plus
sensible au GABA. Les effets observés sont donc en rapport la potentialisation de l’action
inhibitrice du GABA.
Les benzodiazépines ont des effets anxiolytiques, sédatifs voire hypnotique (selon la
dose), anticonvulsivants et myorelaxant (anti-inflammatoire périphérique).

Ces molécules auraient également une action antagoniste de la sérotonine,


diminuant de ce fait les états anxieux induits par une diminution de l’activité
sérotoninergique, notamment les certains comportements d’agression liés à la peur.

Remarque : Il faut toutefois manipuler les benzodiazépines avec précautions, la diminution


du comportement d’agression n’est effective que dans les cas d’agressions engendrées par une
réponse émotionnelle excessive liée à la peur. En d’autres cas les benzodiazépines auraient
plutôt un effet désinhibiteur favorisant ainsi le passage à l’acte de morsure lors de
confrontation hiérarchique, territoriale, ou par irritation.

Il faut également prendre en compte que ces molécules peuvent induire un état de
dépendance lorsqu’elles sont utilisées à long terme. Un sevrage sera donc souvent nécessaire
car un arrêt brutal pourrait conduire à des réactions d’anxiété, d’insomnie, ou d’hyperactivité.
De plus, à long terme on observe une certaine accoutumance, obligeant le praticien à revoir
les doses à la hausse pour obtenir les mêmes effets.
Néanmoins ces molécules ont un intérêt restreint à être utilisées sur le long terme de
par leurs effets secondaires et par le fait qu’elles interfèrent avec les facultés d’apprentissage,
elles peuvent donc affecter la thérapie comportementale. Un usage ponctuel pourra par contre
être intéressant (stress d’un voyage par exemple).

Exemples : diazepam, clorazepate dipotassique, lorazepam, clonazepam

(2) Les morpholines

Le mécanisme est peu connu. Elles inhiberaient les systèmes noradrénergique et


sérotoninergique. Le seul représentant utilisé en médecine vétérinaire est la trioxazine qui
sera développée plus tard.
Il est simplement intéressant de noter l’effet anxiolytique sans effet sédatif,
myorelaxant ou hypnogène.

(3) Les antihypertenseurs

A l’origine utilisés comme antihypertenseurs chez l’homme ces molécules sont utilisées
comme anxiolytiques chez l’animal.

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(a) Les alpha-2 agonistes

Très utilisés en médecine vétérinaire en agent d’anesthésie (médétomidine), ils sont


également à considérer comme anxiolytique avec la clonidine.
Les alpha-2 agonistes sont, comme leur nom l’indique, agonistes des récepteurs alpha
adrénergiques, et plus particulièrement les récepteurs de type alpha 2. L’effet observé
s’expliquerait par l’activation des récepteurs alpha 2 pré-synaptiques responsables du
rétrocontrôle, ils diminuent donc la neurotransmission adrénergique (Sinclair, 2003).

On note alors des effets sur différents appareils (non exhaustif) :


- SNC : action sédative, analgésique et anxiolytique.
- Appareil cardiovasculaire : bradycardie, hypotension, effet dromotrope négatif
- Appareil respiratoire : diminution de la ventilation (illustré par les apnées d’induction
lors d’utilisation en anesthésie), broncho dilatation
- Appareil musculo-squelettique : myorelaxation
- Appareil urinaire : effet diurétique
- Appareil digestif : effet anti cholinergique (sécheresse buccale et baisse de motricité
intestinale)
- Système endocrinien : diminution de la libération d’insuline, d’ACTH (baisse de la
cortisolémie), et de GH.

Exemple : Clonidine, Médétomidine

(b) Les bétabloquants

Ils se sont révélés être de très bons « antitrac » et sont en effet particulièrement
indiqués lors de troubles émotionnels.
Comme leur nom l’indique ils agiraient par blocage des récepteurs bêta adrénergiques.
On observe donc des effets chronotropes, dromotropes, inotropes, et bathmotropes négatifs.
Ces effets seront peu présents et n’altèreront pas vraiment l’état sur les sujets ne présentant
pas d’affection cardiaque particulière.
On observe également une vasodilation des coronaires, ainsi qu’une bronchostriction
(attention aux asthmatiques).
Les effets sur le système métabolique sont importants à connaître lors de la
prescription de bêtabloquants. On a une inhibition de la glycogénolyse hépatique, de la
lipolyse, de la libération du glucagon et de l’augmentation physiologique du taux d’insuline.
Associé aux effets cardiaques (notamment l’effet anti tachycardie) l’organisme
s’adaptera moins bien aux efforts, il y aura alors un risque lors d’effort violent.

Exemples : Propanolol

e) Thymorégulateurs

On les appelle également régulateurs de l’humeur. Le terme d’humeur est employé ici
pour désigner l’état émotionnel d’un individu. Deux molécules thymorégulatrices ou
normothymiques peuvent être utilisées :

 Carbamazépine, qui est un GABAergique


 Sels de lithium

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Ces deux molécules ont été utilisées chez l’homme pour traiter les troubles bipolaires,
autrefois appelés troubles maniaco-dépressifs.

B. Une autre approche : phéromones et nutraceutiques


Les phéromones ont été présentées en première partie de ce travail et les substances
phéromonales disponibles en thérapie sont présentées de manière individuelle et plus détaillée
en troisième partie. A ce jour elles sont encore peu nombreuses :
- Chez le chat : on trouve les fractions de phéromones de faciales F3 et F4
- Chez le chien : on trouvera les apaisines canines.

Le terme nutraceutique est employé pour désigner des compléments alimentaires qui
sont utilisés en thérapeutique. A ce jour sont disponibles deux molécules, également détaillées
en troisième partie de ce travail :
- L’alpha-casozépine
- La (l)-Théanine

Il existe des points communs aux phéromones et aux nutraceutiques qui les distinguent
des psychotropes. Le principal point commun est l’innocuité, leur statut remporte alors
souvent l’accord des propriétaires. De même l’administration est souvent facilitée,
particulièrement en ce qui concerne les phéromones disponibles en diffuseurs ou collier.

Mais attention : même s’il n’existe en général aucune contre-indication cela ne doit
pas inciter le praticien à prescrire la molécule de manière irraisonnée. En effet, les
propriétaires risquent alors de perdre confiance en la thérapie mais aussi envers leur
vétérinaire. Ces molécules doivent toujours faire l’objet d’une prescription raisonnée,
argumentée, et expliquée auprès des propriétaires. L’association avec une thérapie
comportementale est par ailleurs souvent recommandée si ce n’est nécessaire.

Les phéromones et nutraceutiques peuvent être indiqués :

- En première intention
- Lors de refus des psychotropes par les propriétaires
- En complément d’une thérapie comportementale
- En complément d’un traitement psychotrope
- En phase de transition entre l’arrêt du/des psychotrope(s) et l’arrêt total d’une
chimiothérapie

C. Agir sur la fonction de reproduction

1. Indications de la stérilisation chirurgicale


En dehors des motifs de convenance, la stérilisation, en particulier chez le chien mâle,
reste encrée dans la tête des propriétaires, comme dans celle de certains vétérinaires, comme
une solution à beaucoup de problèmes comportementaux. En chef de file on pourrait noter
l’agressivité comme motif de stérilisation.

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L’influence d’une stérilisation chirurgicale sur certains problèmes comportementaux a


été étudiée par plusieurs équipes chez le chien. (Neilson et al, 1997) (Maarshalkerweerd et al,
1997). Il faut en retenir que la castration est relativement intéressante en cas de marquage
urinaire, de chevauchements, de fugues, et d’agressions inter mâles.
Concernant l’agressivité la castration est en réalité assez décevante, il faut alors rester
prudent lorsque l’on conseille une castration à des propriétaires et bien exprimer les tenants et
aboutissants afin d’éviter certaines désillusions. On pourrait alors observer une baisse de
motivation suite à un échec de la castration, laissant les propriétaires sous le coup de la
fatalité ; leur confiance envers leur vétérinaire pourrait également être altérée.

La stérilisation aura, par exemple, un intérêt dans l’optique de faciliter une thérapie
de régression sociale dirigée au sein du foyer, en complément d’une thérapie
comportementale voire également de l’administration de psychotropes.

Globalement il faut retenir que la stérilisation n’aura d’effets que sur les
comportements ayant une origine sexuelle, l’origine des comportements n’étant pas
toujours très claire, il conviendra de rester prudent.

MALE FEMELLE

Marquage urinaire Pseudocyèse (risque d’agression


maternelle ou hiérarchique)
Agressions inter mâles
Variations de l’humeur au cours du
Tableau de sociopathie dominé par une cyle oestral
CHIEN
motivation sexuelle (agressions,
chevauchement) Troubles du développement : afin de
retirer les chiennes atteintes de la
Diminution de la motivation sexuelle reproduction
entraînant fugues et/ou anorexie

Marquage Urinaire Marquage urinaire

Fugues (pouvant durer plusieurs jours à Agressivité (si corrélée au cycle)


CHAT plusieurs semaines pendant la saison
sexuelles) Vocalises en période d’oestrus

Bagarres entre mâles

Tableau 7 - Principales indications comportement de la stérilisation chirurgicale

NB : il est important de noter que plus ces comportements gênants seront installés
dans le temps plus le pronostic sera réservé.

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2. Intérêt des progestatifs


Les progestatifs les plus connus et utilisés chez le chien sont : l’acétate de cyprotérone
(Androcur ND), l’acétate de delmadinone (Tardak ND), et récemment l’acétate d’osatérone
(Yposane ND).
On parle souvent de « castration chimique », il parait alors séduisant de confirmer
l’intérêt d’une castration chirurgicale (irréversible) en utilisant cette voie chimique
(réversible) mais en réalité il est hasardeux d’extrapoler l’effet obtenu.
En effet les progestatifs possèdent, en plus des effets antigonadotropes, un effet
antiproductif que l’on pourrait rapprocher de l’effet des neuroleptiques, probablement par
une action sur les récepteurs dopaminergiques (Marion, 2004) (Pageat, 1998).
L’administration de progestatifs modifie donc le comportement de manière différente d’une
stérilisation chirurgicale.

D’après Dramard et Benoît (2004) il convient de réserver l’administration des


progestatifs chez le chien pour :
- Diminuer la réceptivité des mâles lors de l’oestrus : susceptibles d’entraîner une
anorexie voire des fugues lorsqu’une chienne en chaleur se trouve à proximité
- Le traitement de sociopathies, en association avec la carbamazépine

Les progestatifs sont également utilisés chez le chat pour traiter les marquages urinaires
(Dramard, 2007)

3. Cas particulier de la pseudocyèse


La pseudocyèse chez la chienne, également appelée pseudogestation, est une
manifestation physiologique relativement fréquente dans l’espèce canine. Ceci est dû à une
particularité du cycle hormonal sexuel chez la chienne avec un dioestrus maintenant une
forte sécrétion de progestérone pendant environ 75 jours après l’œstrus (Beijerink et al, 2004).
Le statut hormonal est donc équivalent que la chienne soit entrée en gestation ou non. Lors de
la chute du taux de progestérone en fin de dioestrus certaines chiennes non gravides ont la
sensation d’avoir mis bas.
On note alors une montée de lait (lactation de pseudogestation) accompagnée de
répercussions comportementales : la chienne peut couver des jouets, niche.
Il existe alors une augmentation du risque d’agression (maternelles, territoriales,
voire hiérarchiques).
Cette montée de lait est la conséquence d’une hyperprolactinémie à laquelle on
associe souvent une dépression de l’humeur et de l’anxiété.

Les mesures hygièniques sont généralement suffisantes pour faire régresser les
symptômes mais parfois une chimiothérapie visant à réduire la prolactinémie est à envisagée.
Les molécules les plus employées dans la pharmacopée vétérinaire sont :
- La metergoline (Contralac ND) : antagoniste sérotoninergique (Beijerink et al, 2004)
- La cabergoline (Galastop ND) : agoniste dopaminergique (Beijerink et al, 2004)

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III. Le suivi

A. Objectifs communs
Au cours de la première consultation le vétérinaire fixera, en accord les propriétaires
ce que l’on pourra nommer les objectifs communs. Ces objectifs communs tiendront compte
de l’état du chien et de l’amélioration espérée par le traitement mis en place. Il est nécessaire
que le vétérinaire donne un pronostic pour parfois tempérer l’attente des propriétaires, ainsi
une cinétique d’amélioration pourra être estimée et expliquée aux propriétaires.

Lors des visites de contrôles certains vétérinaires utilisent un système de « notes » (par
exemple une note sur 10) qui sera donnée par les propriétaires en début de consultation.

Si l’on voulait représenter cela sous la forme d’un graphique cela pourrait donner cette
figure 7 :

Figure 7 - Exemple de courbe d'évolution

Ceci est un exemple qui pourrait représenter une courbe de progression type lors du
traitement d’un chien hyperactif traité par un ISRS.
Quelques commentaires généraux :

- les visites de contrôle sont souvent entrecoupées par des contrôles téléphoniques
- la première visite de contrôle intervient en général entre 15jours et 6 semaines et est
dépendante du cas, du praticien, de la thérapie employée…
- la décision de sevrage dans les cas de traitement longs intervient souvent après environ
2 mois de stabilisation
- les visites de contrôle sont souvent l’occasion de revoir la dose du traitement, voire de
le modifier

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B. Les comportements traceurs


Une fois établi qu’un comportement est pathologique ou gênant pour les propriétaires,
le clinicien pourra définir la liste de ces derniers et déterminer les comportements traceurs
qui seront soit directement tirés de cette dernière soit des comportements marqueurs de
l’affection comportementale.
Ces comportements traceurs peuvent également être choisis en rapport avec le
traitement mis en place. Ainsi ils pourront être utilisés pour choisir et surveiller l’efficacité du
psychotrope utilisé.
Par exemple pour le traitement d’un chien atteint d’anxiété de séparation on pourra
surveiller l’attitude du chien à l’arrivée des propriétaires (importance des fêtes), l’intensité des
vocalises durant la journée, voire la disparition ou diminution des stéréotypies (dans les stades
avancés) comme le léchage.

C. Modifier ou arrêter le traitement


Lors des contrôles il est souvent nécessaire de réévaluer le traitement mis en place
(valable aussi pour la thérapie comportementale). On peut donc décider de modifier la dose du
traitement, selon la molécule utilisée, son mode d’action, un éventuel lien dose/effet.

Exemple : Lors de l’utilisation d’un neuroleptique, si l’effet recherché est anti déficitaire et
que les symptômes s’aggravent il faudra revoir la dose à la baisse. Au contraire lors de
l’utilisation d’un ISRS si l’effet sur l’impulsivité est recherché mais pas assez marqué il
faudra probablement augmenter la dose.

Parfois l’effet recherché n’est pas du tout présent, il est même possible que l’animal
régresse. On peut alors penser à arrêter le traitement en cours et mettre en place une nouvelle
molécule, on peut également associer une deuxième molécule.
Souvent les symptômes peuvent évoluer, cela peut être prévu ou non par le praticien
dans son plan thérapeutique. Il sera donc utile de surveiller l’apparition des nouveaux
symptômes permettant d’établir qu’il est temps de changer de psychotrope ou de réévaluer la
thérapie.

Exemple : Lors d’une thérapie de régression sociale redirigée trop rapide ou mal menée (ou
même sans raison particulière), certains chiens peuvent développer de l’anxiété liée une
position sociale qui ne serait pas encore tout à fait comprise et qui perturberait l’animal.

Remarque : Avant de prendre de telles décisions sur la modification du traitement il faudra


bien sûr veiller à la bonne observance du traitement (médical et comportemental) par les
propriétaires, qui est parfois une cause d’échec.

Le traitement peut également être arrêté si l’animal est considéré comme guéris, ou plutôt
suffisamment amélioré par la thérapie. On entame alors souvent une période de sevrage pour
les traitements longs, qui intervient généralement après 2 mois de stabilisation. Si l’arrêt du
traitement provoque une rechute, une reprise est alors à envisager.

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Troisième Partie :
Molécules utilisables

Les principaux ouvrages utilisés pour la rédaction de ces fiches sont (Crowell-Davis et
Murray, 2006), (Mège et al., 2003), (Dramard, 2007), (Pageat, 1998), et le DMV 2007.
D’autres références plus ciblées seront directement citées dans le texte.

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Tableau 8 - Tableau synthétique de l'action des molécules présentées

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ACEPROMAZINE

 Présentation Générale
L’acépromazine appartient à la famille des phénothiazines. Il s’agit d’un neuroleptique
sédatif. C’est le plus connu des neuroleptiques en médecine vétérinaire.

 Mode d’action
L’acépromazine bloque la transmission dopaminergique par blocages des récepteurs D2 post
synaptiques. Elle bloque également les récepteurs adrénergiques, histaminiques et
muscariniques.

 Propriétés
Outre ses propriétés anti-nauséeuses, l’effet le plus marqué sur le plan comportemental est un
état d’indifférence.
A forte dose on pourra observer une ataxie puis éventuellement une sédation.

Il s’agit d’un produit délicat à manipuler car la dose anti-déficitaire est proche de la dose anti-
productive.

 Indications
L’acépromazine est très utilisée comme prémédication anesthésique, elle en est d’autant
plus intéressante qu’elle possède un effet anti-émétique.

Son usage doit rester réservé à des cas ponctuels : transport, contention, en surveillant les
conditions externes (température). Pour l’obtention d’un effet optimal sur le mal des
transports il est conseillé d’administrer la molécule environ une à deux heures avant, et
renouveler l’administration toutes les 6 à 8 heures.

Il est possible d’utiliser la lévomepromazine (Nozinan ND), molécule proche, mais qui risque
moins d’être désinhibitrice.

 Effets secondaires – effets indésirables


Au niveau périphérique, son action anti-cholinergique induit des effets secondaires tels que :
- Sécheresse buccale
- Sécheresse oculaire
- Constipation
Au niveau central le blocage de la transmission cholinergique peut provoquer un état
confusionnel. Cette molécule permet un bon contrôle moteur, mais entraîne une démarche
ébrieuse et une procidence de la troisième paupière, de plus elle aurait tendance à perturber
l’action de thermorégulation.

Utilisée à trop faible dose, une agitation marquée et une désinhibition peuvent apparaître.

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Si le traitement se prolonge pendant plusieurs semaines, ce produit peut induire des


stéréotypies.

 Contre-indications
L’acépromazine est contre indiquée dans les cas de dépression (aigue ou chronique),
notamment les dépressions d’involution.
Elle est également contre indiquée chez les animaux cardiopathes, et les animaux présentant
une mauvaise thermorégulation, ce qui en fait une molécule peu indiquée chez les sujets
âgés.

Son effet de blocage des récepteurs post synaptiques dans la voie nigrostriée, contre indique
l’utilisation de cette molécule dans le syndrome HS-HA.
Elle ne devrait pas être utilisée comme une camisole chimique, ou alors sous contrôle médical
de façon à ne pas risquer un sous dosage qui est dangereux.

Il faut également savoir que c’est une molécule qui abaisse le seuil épileptogène, il faudra
donc l’utiliser avec précautions chez les animaux épileptiques.

 Doses – sevrage
Par voire orale :

 Chez le chien : 1,25 à 2,5 mg/kg par prise


 Chez le chat : 0,625 à 1,25 mg/kg par prise

En utilisation orale ponctuelle (manipulation en consultation de chiens agressifs, sédation


durant un long voyage), la dose administrée doit être d’emblée maximale.

 Présentations commerciales
L’acépromazine dispose d’une AMM vétérinaire pour le chien et le chat et est commercialisée
sous le nom de :

 VETRANQUIL (CEVA)
- Comprimés 25 mg
- Solution Injectable 10 mg/mL

 CALMIVET (VETOQUINOL)
- Comprimés 12,5 mg
- Solution Injectable : 5 mg/mL

Les solutions injectables sont à réserver à l’usage hospitalier.

Des granulés sont également disponibles et cette forme sera plutôt adaptée à la médecine
équine.

 Associations pharmacologiques
Il est possible d’associer l’acépromazine aux antidépresseurs ISRS.

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ACETATE DE CYPROTERONE

 Présentation Générale
L’acétate de cyprotérone est un progestatif de synthèse parfois utilisé en médecine du
comportement.

 Mode d’action et Propriétés


L’acétate de cyprotérone possède une action anti-androgène spécifique par inhibition
compétitive de la liaison de la 5-alpha dihydrotestostérone sur son récepteur, une action anti-
gonadotrope puissante, ainsi qu’une action anti-œstrogène.
Cette molécule a par ailleurs un effet apparenté aux neuroleptiques, en agissant sur les
récepteurs dopaminergiques. Elle diminue donc les comportements moteurs, en particulier les
agressions. Il faut donc bien garder en tête qu’elle a une action différente de la simple
castration chimique et que l’effet d’une castration chirurgicale n’est peut être pas
extrapolable.

 Indications
- Les sociopathies en association avec la carbamazépine
- Le syndrome HS-HA en association avec la carbamazépine
- Troubles du comportement sexuel : hypersexualisme ou imprégnation hétérospécifique
avec tentative d’accouplement.
- Hypertrophie prostatique.
On peut prescrire cette molécule aussi bien chez le mâle que la femelle. Par son effet central,
la stérilisation n’empêche pas la prescription. L’acétate de cyprotérone est surtout utilisé en
association avec la carbamazépine.

 Effets secondaires – effets indésirables


On observe régulièrement une augmentation de la prise alimentaire, il faut donc surveiller le
poids des chiens traités.
En cas de traitement long (plus de deux mois) il convient de surveiller la numération
plaquettaire.

 Doses – sevrage
Chez le chien : 3 à 5 mg/kg par jour en deux prises pendant 3 semaines puis à demi dose
pendant les trois semaines suivantes.

 Présentations commerciales
Il n’y a pas de présentation vétérinaire, la molécule est commercialisée sous le nom
d’ANDROCUR ND en comprimés à 50mg.
D’autres progestatifs comme l’acétate de delmadinone ou d’osatérone ont des spécialités
vétérinaires.

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ALPHA CASOZEPINE

 Présentation Générale
L’alpha-casozépine est un supplément nutritionnel naturel, c’est un décapeptide issu d’un
hydrolysat trypsique de la caséine alpha-1 (la principale protéine présente dans le lait).

 Mode d’action
Cette molécule aurait une affinité pour le site dédié aux benzodiazépines sur les récepteurs
GABA A, d’après les études réalisées l’effet anxiolytique serait comparable à ceux du
diazépam (Violle et al, 2006) mais sans les effets secondaires de ce dernier (effet
désinhibiteur, effet délétère sur la mémoire). (Morel, 2007)

La mise en place de son activité est variable en fonction de l’effet recherché, variant de 3 à 28
jours. Globalement il faut attendre au moins 7 à 14 jours pour juger de son efficacité. Le
traitement minimum étant de 1 mois.

 Propriétés
L’alpha-casozépine réduit les manifestations neurovégétatives liées au stress, l’intensité des
émotions et régule le sommeil. Elle atténue les réponses de peur et leurs manifestations
organiques.

Chez le chat l’alpha-casozépine améliorerait les réactions vis-à-vis des personnes étrangères,
sur les manifestations liées à la peur (y compris les agressions), ainsi que les manifestations
organo-végétatives liées à l’anxiété (Béata et al, 2007).

 Indications
Elle peut être utilisée en première intention dans de nombreux cas avec une très grande
sécurité d’emploi.

L’alpha-casozépine sera utile pour la prévention d’un stress prévisible ou le soutien lors de
situations stressantes :
- Déménagement
- Arrivée d’un nouvel animal, d’un enfant
- Saisons d’expositions
- Nouveaux horaires des propriétaires…
La prise devra être maintenue tant que l’animal est exposé.

 Effets secondaires – effets indésirables


Aucune toxicité n’a été révélée durant les études, même à 40 fois la dose, l’alpha-casozépine
est d’une très grande sécurité d’emploi et ne présente peu/pas d’effets secondaires.

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 Contre-indications
Aucune.

 Doses – sevrage
Une seule prise quotidienne est nécessaire à la dose minimale effective de 15mg/kg/j en une à
deux prises. En pratique il vaut mieux préférer un léger surdosage que risquer une dose plus
faible.
Aucun sevrage n’est nécessaire : il n’y a aucune dépendance, ni accoutumance, ni effet
rebond.

 Présentations commerciales
L’alpha-casozépine dispose d’une présentation vétérinaire pour le chien et le chat et est
commercialisée sous le nom de ZYLKENE (SCHERING PLOUGH).

Elle se présente sous forme de gélules, disponibles sous deux dosages différents :
- ZYLKENE 75 mg : pour les chats et chiens jusqu’à 10 kg
- ZYLKENE 225 mg : pour les chiens de plus de 10 kg

Il est possible et même conseillé d’ouvrir la ou les gélules directement sur les aliments, la
poudre est appètente, ce qui facilite l’administration quotidienne et réduit le stress de
l’administration d’un comprimé aussi bien du côté du propriétaire comme du côté de l’animal.

 Associations pharmacologiques
L’alpha-casozépine peut être utilisée seule ou en association avec toute autre molécule.

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APAISINE Canine
 Présentation Générale
Ce sont des phéromones apaisantes de la chienne allaitante.

 Mode d’action
Les apaisines canines sont des phéromones sécrétées par les glandes sébacées du sillon inter
mammaire de la chienne allaitante. Lors de la tétée cette molécule entre en contact avec les
cellules de la muqueuse qui tapisse l’organe de Jacobson lui-même relié au système limbique.
Elle induirait alors des variations de l’état réactionnel et émotionnel du chiot. Cette
phéromone semble être un support du lien d’attachement entre le chiot et sa mère et aurait
encore des effets persistants sur les chiens adultes.

 Propriétés
Chez les chiots les phéromones naturelles ont pour effet de les rassurer et de les tranquilliser
lors de la découverte de leur environnement.
Chez l’adulte les phéromones d’apaisement diminuent les manifestations organiques et
comportementales (agitation, vocalises, destruction) liées à la séparation d’avec l’être
d’attachement qu’il s’agisse de persistance du lien d’attachement primaire ou d’un hyper
attachement secondaire. Les apaisines seraient également intéressantes pour diminuer les
manifestations organiques et comportementales de la peur.

NB : L’apaisine canine n’est pas un médicament. A ce titre la prescription emporte souvent


l’adhésion des propriétaires.

 Indications
- Anxiété de séparation : les apaisines ont montré une efficacité équivalente à la
Clomipramine dans cette indication selon Gaultier et al (2005)
- Les autres troubles anxieux liés à la séparation
- Lors d’introduction d’un chiot ou d’un chien adulte chez ses nouveaux maîtres
- En appoint d’une thérapie médicamenteuse ou comportementale dans le cas de
syndrome de privation
- Ponctuellement lors de voyage, déménagement ou modification importante dans
l’environnement d’un chien souffrant d’un syndrome de privation, afin de prévenir des
rechutes éventuelles
- Après une mise-bas, lors d’inquiétude marquée de la mère
- Chez le vétérinaire, dans un souci d’augmenter le bien être des chiens en cas
d’hospitalisation
- Peut être utile lors des thérapies visant à désensibiliser l’animal par contre-
conditionnement
- Peut être intéressante pour réduire les manifestations liées à la peur (Sheppard, 2003)

Les phéromones d’apaisement ne sont d’aucune utilité dans le traitement du syndrome HS-
HA.

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 Effets secondaires – effets indésirables


L’apaisine canine est dépourvue de tout effet secondaire ou indésirable.

 Contre-indications
Aucune

 Doses – sevrage - Présentations commerciales


L’apaisine canine dispose d’une présentation vétérinaire pour le chien, elle est
commercialisée sous le nom D.A.P. : Dog Apeasement Pheromone (CEVA).

Aucun sevrage n’est à prévoir.

Il existe deux présentations commerciales relevant de deux modes différents de diffusion des
apaisines :

 Le diffuseur électrique :
Son utilisation est très simple, puisqu’il suffit de brancher le diffuseur électrique dans une
prise et de laisser branché jusqu’à épuisement du produit. La durée moyenne de diffusion du
produit est 4 semaines et des recharges sont disponibles. La prise sera préférentiellement au
centre de la pièce occupée le plus fréquemment par le chien. Le produit est disséminé dans
l’atmosphère sur une surface d’environ 70m2. Une fenêtre ouverte sur l’extérieur n’empêche
pas le bon fonctionnement de la prise.

 Le collier :
Il présente le gros avantage de pouvoir maintenir le chien en permanence sous l’influence des
apaisines, y compris à l’intérieur de l’habitation. Il est recommandé de serrer suffisamment le
collier afin que la chaleur corporelle favorise l’évaporation du produit. Les bains sont
possibles mais il recommandé d’enlever le collier en cas de shampooing. La durée d’efficacité
est d’environ 1 mois.

 Associations pharmacologiques
La DAP peut être utilisée seule ou en association avec toute autre molécule.

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AZAPERONE
 Présentation Générale
L’azapérone est un neuroleptique anti-productif proche de la pipampérone.

 Mode d’action
Comme les autres butyrophénones, l’azapérone agit essentiellement sur les récepteurs D2 post
synaptiques. Sa durée d’action est brève.
Cette molécule ne semble posséder aucune affinité sélective pour les récepteurs pré
synaptiques.
Les effets sur la démarche sont moins spectaculaires qu’avec les autres neuroleptiques anti-
productifs (moindre affinité pour les voies pyramidales).

 Propriétés
La molécule provoque chez les chiens un état différence. Elle est anti-productive sans être
trop sédative. Même à faible dose, elle n’est pas désinhibitrice.

 Indications
L’azapérone est très utile lors de la manipulation du chien à la clinique :
- Elle induit un état d’indifférence sensorielle utile en hospitalisation, permettant
également le contrôle des aboiements.
- Elle autorise des interventions faiblement douloureuses sur des animaux vigiles,
craintifs, sans anesthésie (toilettage, pose de pansement, sondage…)
- Elle permet de contrôler l’agitation liée au réveil d’anesthésie
- Elle peut être utilisée en prémédication sur des animaux craintifs.

Sa courte durée d’action (2heures) limite toute utilisation hors de la clinique, si ce n’est que
dans des transports courts.

 Effets secondaires – effets indésirables


Cette molécule est hypotensive et entraîne une mauvaise thermorégulation.

 Contre-indications
Comme tous les neuroleptiques, son utilisation doit être prudente chez le vieux chien (risque
de refroidissement et d’hypotension).

 Doses – sevrage
Chez le chien, on utilise 1ml/m². Les meilleurs effets s’observent per os. Le passage est trans-
muqueux et la déglutition n’est pas nécessaire mais la molécule est amère et entraîne une
salivation.

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 Présentations commerciales
Seule la forme injectable pour pré anesthésie de porc est commercialisée sous le nom de
STRESNIL. Elle n’a pas d’AMM chez le chien et le chat.

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CARBAMAZEPINE
 Présentation Générale
C’est un thymorégulateur GABAergique avec une légère action noradrénergique (alpha-2
agoniste) qui permet une régulation de l’humeur.

 Mode d’action
La carbamazépine inhibition le processus d’embrasement des neurones du système limbique
impliqué dans l’épilepsie.
La carbamazépine a un caractère antagoniste pour les récepteurs A1 de l’adénosine (Van
Calker et al, 1996) et elle interagit avec les récepteurs périphériques des benzodiazépines, ce
qui explique son effet anti-convulsivant.

Elle agit sur la neurotransmission en augmentant l’activité dopaminergique (activité marquée


dans le striatum), d’autre part elle facilite la capture du tryptophane qui est le précurseur de la
sérotonine.

La carbamazépine est liée à 75% aux protéines plasmatiques, elle est métabolisée par le foie
pour ensuite être excrétée dans l’urine. (Bertilsson et Tomson, 1986)

 Propriétés
En raison de ses multiples modes d’actions, la carbamazépine a de nombreuses propriétés :

- Limitation des agressions dans les phases productives des dysthymies


- Diminution des agressions par irritation et des agressions hiérarchiques
- Diminution de l’impulsivité
- Diminution des surconsommations d’eau.
- Augmente l’action de l’hormone antidiurétique (ADH)
- Anti-convulsivantes
- Anxiolytiques

 Indications
- Sociopathie (pour les agressions)
- Syndrome HS-HA (action sur l’impulsivité)
- L’agressivité réactionnelle des états algiques
- Les dysthymies en raison des agressions présentes pendant les phases productives
- La dyssocialisation primaire
- Les potomanies d’origine anxieuse (action sur l’ADH)
- L’épilepsie essentielle

Elle sera prescrite lors d’agressions par peur, caractéristiques de l’anxiété intermittente, elle
est particulièrement indiquée lors des agressions par irritation également.

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 Effets secondaires – effets indésirables


- Effets anticholinergiques : troubles de la conduction auriculo-ventriculaire,
sécheresse des muqueuses, constipation, baisse d’appétit. Ces effets sont rarement
observés aux doses thérapeutiques habituelles.

- Hépato-toxicité : un contrôle de la fonction hépatique s’impose avant le traitement


(surtout si celui-ci est de longue durée). L’augmentation des enzymes hépatiques au
cours du traitement est fréquente et ne doit pas faire interrompre le traitement mais
tout signe d’insuffisance hépatique doit le faire cesser.

 Contre-indications
- Sujets présentant des troubles cardiaques, sanguins, ou hépatiques
- Animaux présentant un glaucome
- Insuffisance rénale
- Animaux âgés
- Animaux très jeunes : la carbamazépine a des propriétés alpha-2 agonistes. Or les
molécules ayant cette propriété perturbent la sécrétion d’hormone de croissance.
- Femelles en gestations : la carbamazépine est capable de traverser le placenta
(Bertilsson&Tomson, 1986).

Cette molécule est également contre indiquée chez le chat (propriétés émétiques).

 Doses – sevrage
La dose est de 20 à 40 mg/kg par jour en deux prises. A la fin du traitement un sevrage est
nécessaire.

 Présentations commerciales
Il n’y a pas de présentation vétérinaire.
Deux présentations existent : TEGRETOL LP 200 et 400 mg

NB : La demi-vie de la molécule étant courte il est nécessaire d’utiliser des formes à


libération prolongée (LP).

 Associations pharmacologiques
Elle peut dans certains cas être utilisée en association avec l’acétate de cyprotérone.

Elle a des propriétés alpha 2 agonistes, elle ne peut donc pas être associée avec les bêtas
bloquants et les alpha-2 agonistes. On évitera également l’association avec un IMAO, ou dans
les 14 jours après l'arrêt de ces derniers.

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CLOMIPRAMINE
 Présentation Générale
La clomipramine est un antidépresseur tricyclique, inhibiteur mixte de la recapture de la
sérotonine et de la noradrénaline. Mais c’est probablement le tricyclique le plus spécifique de
la sérotonine.

 Mode d’action
La clomipramine a pour effet immédiat d’augmenter la concentration en sérotonine et en
noradrénaline dans la fente synaptique, mais dans un deuxième temps, l’effet dû à
l’augmentation des neurotransmetteurs est contrebalancé par la mise en place de la « down
régulation ».
Cette « down régulation » est cliniquement observable lors de l’utilisation de la
clomipramine à dose faible. L’effet thérapeutique obtenu et la rapidité de sa mise en place
dépendent également de la dose prescrite.
Elle ne s’installe généralement qu’au bout de 15 jours à 3 semaines de traitement, on ne
pourra donc pas juger immédiatement de l’efficacité du traitement.

Outre l’action précédemment décrite, la clomipramine bloque les récepteurs :


- Alpha 1-adrénergiques
- Muscariniques
- Histaminiques
Ces trois dernières actions sont probablement à l’origine de la plupart des effets secondaires
ou indésirables constatés, même si la propriété antimuscarinique est parfois mise à profit pour
lutter contre les mictions inappropriées.

La clomipramine stimule également les fibres nociceptives descendantes ce qui a pour effet de
diminuer la douleur.

Le mode d’excrétion principal de la clomipramine est la bile mais aussi les reins.
C’est une molécule lipophile, elle diffusera donc bien dans les tissus riches en graisses, mais
sa concentration sanguine chutera assez rapidement.

Le métabolite principal est la desméthylclomipramine qui a des effets anticholinergiques sur


les muscles lisses de l’estomac (inhibant la motilité), ainsi qu’un effet antagoniste des
récepteurs muscariniques. Elle possède également un potentiel plus important sur l’inhibition
de la recapture de la noradrénaline et de la dopamine que la clomipramine elle même.
Néanmoins chez le chien les concentrations plasmatiques de desméthylclomipramine sont en
général inférieures à celle de la clomipramine ; c'est le contraire de ce qui a été signalé chez
l'homme, chez qui l’administration orale de clomipramine produit des concentrations
plasmatiques de la desméthylclomipramine supérieures à celles de la clomipramine (Hewson
et al, 1998) (King et al, 2000a).
Ceci pourrait expliquer qu’elle est mieux tolérée par le chien qui présentera moins d’effets
secondaires dus à l’activité anticholinergique.

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 Propriétés
La clomipramine a de multiples effets, tant sur les manifestations neurovégétatives observées
dans l’anxiété ou les dépressions, que sur les manifestations comportementales.

 Propriétés neurovégétatives :

La clomipramine a des effets sur certaines composantes neurovégétatives de l’anxiété telles


que les mictions émotionnelles, grâce à ses propriétés antimuscariniques.
Elle possède également un effet sur les dyspepsies et les colites : il s’agit d’un effet indirect
lié à la diminution de la transmission de la dopamine, elle-même consécutive à
l’augmentation de la transmission de sérotonine.

 Propriétés comportementales :

En plus de son activité antidépressive, la clomipramine possède un effet anxiolytique, anti-


compulsif, et anti-agressif.

Les répercussions comportementales varient selon la dose utilisée :

A dose faible et après un temps de latence au cours duquel il est souvent constaté une
aggravation transitoire, la clomipramine :
- Diminue les manifestations comportementales de la peur
- Permet la levée de l’indifférence, relance le comportement exploratoire
- Contribue au détachement
- Favorise l’apprentissage de la propreté
- Diminue l’activité de léchage lorsqu’il n’est pas encore stéréotypé
- Régule l’appétit

A dose plus élevée, la clomipramine :


- Améliore le sommeil
- Inhibe l’impulsivité et contrôle les agressions hiérarchiques ainsi que les agressions
par irritation
- Empêche les manifestations comportementales liées à la douleur (agitation, léchage
d’une plaie…)

 Indications
 Chez le chat :

- Malpropreté urinaire (Dehasse, 1997), (King et al, 2004)


- Alopécie psychogène : (Sawyer, 1999)
- Les agressions

 Chez le chien :

A dose faible dans les cas d’anxiété permanente ou de dépressions chroniques :


- Syndrome de privation

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- Anxiété de séparation (King et al, 2000b): lorsqu’elle évolue sous forme d’anxiété
permanente avec présence de phases productives (destructions, malpropreté) ou
d’activité substitutive telles que le léchage. C’est l’indication principale de l’AMM
vétérinaire pour le chien.
- Hyper attachement secondaire
- Dépression chronique

A doses élevées dans les cas d’anxiété intermittente et notamment dans les cas suivants :
- Syndrome de privation : lorsque celui-ci évolue sous forme d’anxiété intermittente
avec apparition d’agressions par peur et par irritation, lorsqu’il existe des mictions
inappropriées
- Sociopathie : au stade réactionnel
- Hyper attachement secondaire : lorsque les troubles reliés à cet hyper attachement sont
productifs

En dehors de son emploi dans les affections comportementales proprement dites, la


clomipramine peut être prescrite en postopératoire (chirurgie orthopédique, tumeurs
mammaires…) dans le but d’augmenter le confort de l’animal et de limiter les conséquences
liées à la douleur (agitation, tentative de retrait du pansement, léchage).

Elle aurait également montré une certaine activité lors d’une administration ponctuelle pour
réduire le stress lors d’un transport par exemple (Frank et al, 2006)

 Effets secondaires – effets indésirables


La majorité des effets indésirables apparaissent en début de traitement et disparaissent
après environ deux semaines. Il faut penser à prévenir le propriétaire qu’il peut voir
apparaître :
- Des mouvements de langue, témoins de sécheresse buccale
- Des épisodes de constipation

Si la clomipramine est prescrite à dose faible, il existe un risque de désinhibition avec les
conséquences suivantes :
- Agitation
- Agressions hiérarchiques, agressions par irritation
- Phases confusionnelles (chez le vieux chien)

Parmi les effets secondaires rapportés le plus fréquent est la sédation (King et al, 2004) mais
on peut rencontrer sinon :

- Effets cardiovasculaires : chez l’homme ont été mis en évidence des troubles de la
conduction auriculo ventriculaire et un risque d’aggravation de la tachycardie chez les
sujets prédisposés mais ces effets sembleraient moins important chez le chien.
(Pouchelon et al, 2000)
- Effets digestifs : constipation
- Effets urinaires : risque de strangurie, de rétention urinaire (Pfeiffer et al, 1999)
- Effets neurologiques : abaissement du seuil épileptogène
- Prise de poids

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En pratique les effets secondaires sont discrets, et la clomipramine peut être administrée sur
de longues périodes sans effets secondaires visibles.

 Contre-indications
L’élimination se faisant principalement par voie hépatobiliaire, il n’existe pas de contrainte
particulière concernant l’utilisation de la clomipramine chez l’insuffisant rénal.
Cette molécule utilisée à dose faible pour lever l’inhibition peut augmenter les risques
d’agressions sur les chiens dont le statut social n’est pas clair.

A cause de ses effets anti-cholinergiques et du risque d’agitation et de trouble confusionnel


dans les premières semaines de traitement, elle est contre indiquée à forte dose chez les très
vieux chiens.

Elle sera également contre-indiquée ou à utiliser avec précaution sur les patients épileptiques,
présentant des arythmies cardiaques, un glaucome, ou sujet à rétention urinaire.

Elle est également déconseillée chez les mâles reproducteurs en raison de risques
d’hypoplasie testiculaire.

La clomipramine peut être excrétée dans le lait, elle sera donc contre indiquée chez les
femelles qui allaitent leurs petits.

 Doses – sevrage
 Chez le chien :
Du fait de sa demie vie faible, la clomipramine devra être administrée à raison de deux prises
quotidiennes.

- 1 à 2 mg/kg répartis en deux prises quotidiennes : dans le cas de léchage ou


d’inhibition. L’effet est en général obtenu au bout de 15 jours et une aggravation
transitoire peut être parfois constatée en début de traitement.

C’est à partir de cette dose que les effets de la clomipramine deviennent significatifs par
rapport aux placebos (King et al, 2000b) et même à partir de 2mg/kg d’après (Petit et al,
1999). Deux études auraient d’ailleurs montré que la clomipramine n’était pas toujours
efficace aux faibles doses (< 2mg/kg) ; (Mertens, 2006) et (Podberscek et al, 1999).

- 2 à 4 mg/kg répartis en deux prises quotidiennes dans le cas de troubles anxieux


productifs. (Petit et al, 1999). L’effet est plus rapide, de l’ordre de un à deux jours

- 4 mg/kg répartis en deux prises quotidiennes du premier jour de l’hospitalisation


jusqu’au retrait des points (ou de l’appareillage orthopédique), dans le cas d’utilisation
postopératoire.

Dans le cas où la clomipramine est prescrite dans le but de réguler le sommeil, la dose du soir
doit être administrée 4h avant l’endormissement.

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 Chez le chat :
Une étude a été réalisée montrant que la dose efficace contre le traitement de la malpropreté
urinaire (King et al, 2004) se situe entre 0,25 et 0,5 mg/kg/jour.

Le sevrage est obligatoire en fin de traitement.

 Présentations commerciales
La clomipramine dispose d’une AMM vétérinaire pour le chien et est commercialisée sous le
nom de CLOMICALM (NOVARTIS)
Elle est distribuée sous forme de comprimés. Trois dosages sont disponibles :
- CLOMICALM 5 mg
- CLOMICALM 20 mg
- CLOMICALM 80 mg

 Associations pharmacologiques
L’association n’est pas recommandée avec les IMAO.

La clomipramine va potentialiser l’effet dépresseur sur le système nerveux central de


certaines molécules telles que les barbituriques, les benzodiazépines, et des agents
anesthésiques en général.

Elle peut être utilisée en association avec la trioxazine pour éliminer les gémissements
consécutifs à la levée de l’état dépressif, notamment chez le vieux chien.

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CLONIDINE

 Présentation Générale
La clonidine est un anxiolytique antihypertenseur de la famille des alpha-2 agonistes.

 Mode d’action
La clonidine active les récepteurs alpha-2 présynaptiques noradrénergiques qui sont
inhibiteurs. C’est donc une molécule qui inhibe la transmission noradrénergique.

Elle possède une action centrale sur les récepteurs adrénergiques pré synaptiques :
- Au niveau des centres bulbaires, d’où son action hypotensive
- Au niveau du locus coeuruleus ce qui diminue l’anxiété

D’autre part la clonidine augmente modérément la transmission sérotoninergique et diminue


la transmission dopaminergique.

La clonidine, bien que proche du propanolol, n’a pas les mêmes sites d’actions et ses effets
centraux et périphériques sont différents.

 Propriétés
Des effets physiologiques et comportementaux sont décrits.

 Propriétés neurovégétatives :

Cette molécule est efficace sur les signes périphériques de l’anxiété : tremblements, sudation
et mydriase.
De plus son action inhibitrice sur la transmission de la dopamine lui confère une activité sur le
transit intestinal.

 Propriétés comportementales :

- Sédation et diminution de l’impulsivité


- Diminution de l’anxiété grâce à ses effets centraux sur les réactions noradrénergiques
- Diminution de l’anticipation comportementale grâce à son action sur la dopamine.
- Augmentation de l’attention, de la motivation, et des capacités de concentration
(action sur le cortex préfrontal).

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 Indications
Cette molécule n’est pas désinhibitrice et peut donc être utilisée sans danger en cas
d’agressivité.

Son indication principale sera l’anxiété :

- Anxiété paroxystique et intermittente : indication proche de celle des bêtabloquants


- Anxiété permanente lorsque le tableau clinique est dominé par la dermatite de léchage
en début d’évolution, quand ce léchage a encore un rôle d’apaisement. C’est là où elle
sera vraiment intéressante. Elle est également intéressante dans les cas de
manifestations digestives provoquant des diarrhées liées à une baisse de motricité
digestive par inhibition de la libération d’acétylcholine.

Mais elle sera également indiquée dans les cas suivants :

- Etats phobiques en début d’évolution, avec apparition d’hyper vigilance.


- Phobies sociales, notamment vis-à-vis de ses congénères, grâce à l’effet inhibiteur et
anti-impulsif.
- Certains cas de syndrome HS-HA : pour augmenter l’attention et la concentration.
- Troubles du sommeil qui est souvent perturbé dans les états anxieux.

L’utilisation ponctuelle est envisageable et il conviendra d’administrer la molécule environ 2h


avant le stimulus.

 Effets secondaires – effets indésirables


Une bradycardie peut être observée, l’appareil cardiovasculaire devra être contrôlé avant tout
traitement.
Cette molécule possède également une action diurétique par inhibition de l’ADH.

 Contre-indications
Les contre-indications sont très peu nombreuses, par précaution elle ne doit pas être prescrite
dans les cas suivants :
- Diabète
- Hypothyroïdie
- Insuffisants cardiaques sous hypotenseurs
- Anesthésie générale

La clonidine est contre indiquée chez le chat car elle aurait une action émétisante.

 Doses – sevrage
Chez le chien : 0.015mg/kg/jour en deux prises

Un sevrage doit être envisagé pour les prescriptions de longue durée afin d’éviter les
tachycardies rebond. En pratique la prescription d’une demi dose pendant le quart de la durée
du traitement.

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 Présentations commerciales
Il n’y a pas de présentation vétérinaire.
La clonidine est commercialisée sous le nom de CATAPRESSAN en comprimés dosés à
0,15mg.

 Associations pharmacologiques
Cette molécule ne doit pas être associée aux neuroleptiques ni à toute molécule ayant une
action sur le système adrénergique : carbamazépine, sélégiline, miansérine, médétomidine,
clomipramine…

Il peut arriver que le praticien soit amené à remplacer le propanolol par la clonidine : elles ne
doivent pas être utilisées en même temps ; il faudra alors pratiquer un arrêt d’une semaine.

L’association est possible avec les ISRS lors d’un déficit d’autocontrôle (syndrome Hs-Ha,
trouble de l’homéostasie sensorielle)

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DIAZEPAM

 Présentation Générale
Le Diazépam est un anxiolytique de la famille des benzodiazépines.

 Mode d’action
Le diazépam est un agent facilitateur des effets inhibiteurs du GABA. En se fixant sur les
récepteurs GABA A il augmente l’affinité de ces mêmes récepteurs pour le GABA.
Il possède donc une action inhibitrice sur le système nerveux central et en particulier le
système limbique, le cortex, le thalamus, et l’hypothalamus.

La demi-vie du diazépam est très courte, de l’ordre de 2 à 3h chez le chien, environ 5h chez le
chat. Mais son métabolite principal qui possède les mêmes effets, le nordiazépam possède une
demi-vie plus longue : environ 3 à 10 heures, chez le chien, une peu moins d’une journée
entière chez le chat.

 Propriétés
Le diazépam possède plusieurs propriétés :
- Sédatif, myorelaxant, et anticonvulsivant : ces effets sont intéressants en anesthésie,
c’est l’une des utilisations les plus courantes de cette molécule. La propriété
anticonvulsivante est également employée en urgence pour la gestion des crises
convulsives épileptiformes ou liées à une intoxication.
- Anxiolytique : cette propriété des benzodiazépines est très utilisées dans les pays
anglo-saxons, moins en France.

 Indications
Outre les indications lors d’anesthésie le diazépam pourra être employé lors de troubles de
type anxieux, lors de peurs, voire de phobies lorsqu’une inhibition rapide est souhaitée.

Il peut être utilisé chez le chat pour traiter la malpropreté urinaire.

 Effets secondaires – effets indésirables


Il existe certaines réactions paradoxales au diazépam, avec un effet désinhibiteur, qui peuvent
augmenter le risque d’agression, Ces réactions ne sont pas prévisibles, et dépendent de
l’animal.

Le diazépam peut provoquer des lésions hépatiques, en particulier chez le chat avec des
nécroses hépatiques, mais aussi chez le chien.

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 Contre-indications
De part ses effets délétères sur le foie, il sera contrindiqué chez les animaux présentant des
anomalies de la fonction hépatiques ou la dose devra être réduite. Il en est de même pour les
animaux présentant des troubles de la fonction rénale : le diazépam et ses métabolites sont en
partie excrétés dans les urines.

Le diazépam ne doit pas être utilisé pour traiter les agressions en raison d’un possible effet
désinhibiteur.

Il sera également contre indiqué lors de glaucome à angle fermé, et lors du premier trimestre
de gestation (risque de malformations congénitales). La contre indication vaut également pour
les femelles qui allaitent car on observe une excrétion dans le lait.

 Doses – sevrage
2 à 3 mg/kg/j en deux prises chez le chien
1 à 2mg/kg et par jour chez le chat

Les doses peuvent être très variables et il conviendra d’ajuster à la plus petite dose efficace.

Un sevrage est nécessaire en cas d’administration prolongée qui peut entrainer un phénomène
de dépendance.

 Présentations commerciales
Il n’y a pas de présentation vétérinaire pour le diazépam qui est commercialisé sous le nom de
VALIUM. Il existe une présentation injectable mais qui sera réservée à l’utilisation
hospitalière.
On trouve également deux autres présentations :
- En comprimés de 2mg, 5mg, ou 10mg
- En solution Buvable à 1%

Il existe d’autres benzodiazépines utilisables comme l’Alprazolam (XANAX), le Lorazepam


(TEMESTA), le Bromazepam (LEXOMIL), ou encore le Clorazepate Dipotassique
(TRANXENE).

 Associations pharmacologiques
Le diazépam peut potentialiser l’effet dépresseur sur le système nerveux central d’autres
psychotropes.
Il sera déconseillé de l’utiliser en association avec la cimétidine qui est un anti acide.

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FLUOXETINE
 Présentation Générale
La fluoxétine est un antidépresseur de la famille des Inhibiteurs Stricts de la Recapture de
la Sérotonine (ISRS), sélective des récepteurs 5HT1a pré synaptiques.

 Mode d’action
Comme tous les ISRS la fluoxétine inhibe la recapture de la sérotonine de façon sélective. Il
faut utiliser des doses extrêmement élevées pour agir sur les autres monoamines. Son action
aboutit à une augmentation de la concentration synaptique en sérotonine qui entraîne, par la
plasticité synaptique, une diminution du nombre de récepteurs post-synaptiques. Cf. principe
de la « down regulation ».

De ce fait les effets thérapeutiques sont longs à apparaître (2 à 3 semaines environ) et dans
un premier temps on observe une instabilité émotionnelle ou des effets secondaires.

La fluoxétine est principalement métabolisée par le foie en norfluoxétine qui a également un


potentiel d’inhibition de la recapture de la sérotonine, avec une élimination hépatique et
rénale.
Le temps de demi-vie serait chez l’homme serait d’environ 1 à 6 jours pour la fluoxétine et de
4 à 16 jours pour la norfluoxétine. (ELI LILLY, 2008)

 Propriétés
Les propriétés des ISRS découlent directement des fonctions de la sérotonine et sont
nombreuses :
- Effet sédatif : aux doses utilisées en médecine vétérinaire, les ISRS ont un effet sédatif
et permettent de calmer certains états d’agitation
- Effet thymoanaleptique
- Effet anxiolytique
- Récupération du signal d’arrêt et restauration des autocontrôles
- Inhibition de l’impulsivité : cet effet est très intéressant pour le contrôle de
nombreuses formes d’agression : agression hiérarchique, agression par irritation.

La fluoxétine aurait un effet inhibiteur sur l’activité sexuelle, ce qui peut être utile dans
certains cas. (Matuszcyk, 1998)

 Indications
Les états d’agitation, d’impulsivité et d’agressivité sont de bonnes indications des ISRS à
forte dose :
- Syndrome HS-HA surtout dans son stade II. Les effets sédatifs, anti-impulsifs, et
régulateurs des séquences comportementales trouvent ici tous leurs intérêts. Le chien
régule mieux toutes ses séquences comportementales (alimentation, jeux, interactions
sociales). Cette molécule permet de restaurer le sommeil, très diminué dans le
syndrome HS-HA stade II. C’est une indication principale des ISRS.

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- Sociopathies pour contrôler les agressions (Dodman et al, 1996). Ces molécules sont
intéressantes quand la carbamazépine est contre-indiquée.
- Anxiété intermittente si les agressions sont nombreuses. C’est le cas notamment dans
certains syndromes de privation
- Dyssocialisation et désocialisation : dans ces affections, on cherche à améliorer les
autocontrôles augmenter l’inhibition sociale et diminuer les agressions, principalement
les agressions intra spécifiques.
- Troubles comportementaux liés au vieillissement avec agressivité
- Dépressions chroniques de l’adulte et du vieux chien car les traitements au long cours
sont possibles
- Dermatites de léchage (Wynchank et Berk, 1996)

A faible dose, les ISRS, retrouvent leur action anxiolytique et antidépressive.

Chez le chat la fluoxétine présenterait un intérêt pour les problèmes de malpropreté urinaire,
(Seksel, 2000) (Pryor et al, 2001), mais aussi pour l’alopécie extensive.

 Effets secondaires – effets indésirables


Ils sont dus surtout à la régulation synaptique et apparaissent en début de traitement. Il faut
penser à prévenir les propriétaires de l’apparition éventuelle de ces effets :
- Anorexie : elle est fréquente les premiers jours. Il ne faut modifier la dose que si elle
persiste plus d’une semaine
- Somnolence durant les premiers jours de traitement (effet très bref) ne nécessitant
généralement pas de modifier la dose
- Excitation, agitation, aboiements parfois grognements pendant les premières semaines
de traitement
- A très forte dose on peut observer des tremblements de la tête et des claquements de
dents. Dans ce cas, la posologie doit être diminuée

On peut observer de l’anxiété, une baisse d’appétit, des vomissements, diarrhée, perturbations
de la fréquence des mictions, insomnie, sédation, excitation, convulsions, ou des perturbations
de la coagulation.

Il faut préciser que ces effets indésirables ne se produisent pas systématiquement. Dans de
nombreux cas, les propriétaires nous signalent juste une somnolence et une anorexie modérée
pendant un jour ou deux.
Une fois l’action stabilisée et la bonne dose trouvée, l’absence d’effets secondaires permet des
traitements de très longue durée.

 Contre-indications
Certains ISRS diminuant les prises alimentaires, la principale contre indication (relative) est la
prescription lors d’affections où l’anorexie est présente.
Dans les états dysorexiques (dépression chronique), les doses utilisées ne limitant pas
l’appétit, la prescription de ces molécules est donc possible.

La fluoxétine aurait un effet sur le métabolisme glucidique, capable de provoquer de


l’hyperglycémie. Néanmoins chez l’homme le traitement semble possible chez les diabétiques

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(Lustman, 2000), il faudra probablement réévaluer la dose d’insuline, ou refaire une courbe de
glycémie pour éviter tout problème.

La fluoxétine présenterait un risque potentiel sur le fœtus donc n’est pas recommandée dans le
cadre d’une gestation, de même elle est susceptible d’être excrétée par le lait donc à éviter lors
de l’allaitement.

Il faut faire attention à la prescription chez les patients ayant une atteinte hépatique.
Néanmoins l’élimination rénale de la fluoxétine n’est pas altérée chez les patients insuffisants
rénaux. (ELI LILLY, 2008)

 Doses – sevrage
- Une faible dose dans le traitement des états anxieux ou dépressifs.
- Des doses élevées pour maîtriser les agressions, l’hyper motricité et l’impulsivité

Pour toutes ces molécules, un sevrage est nécessaire. Deux molécules sont couramment
utilisées :

La fluoxétine est prescrite à la dose de 1 à 5 mg/kg en une seule prise pour le chien.
0,5 à 1,5 mg/kg/jour pour les chats, dans cette espèce l’observance n’est pas facile et il est
possible de sauter une prise de temps en temps (demi-vie longue de la norfluoxétine).

Il faudra ajuster les doses chez les patients atteints d’une affection hépatique

La durée du traitement est de minimum trois mois si l’on ne veut pas risquer une rechute.
Certains cas comme le syndrome HS-HA peuvent nécessiter des traitements de 6 à 12 mois
voire plus.

Un sevrage est fortement conseillé dans le cas d’une administration ayant durée plusieurs
mois ou plus, à raison d’une diminution de la dose de 25% par semaine, au minimum, il
faudra adapter ce sevrage en fonction de la durée.

 Présentations commerciales
A compléter :
Elle est disponible sous deux noms déposés :

 PROZAC :
- gélules de 20mg
- solution buvable (4mg/ml)
- comprimés hydrodispersibles à 20mg

 FLUOXETINE : (générique) en gélules à 20mg

L’utilisation du générique est intéressante car le Prozac ne jouit pas d’une excellente
réputation chez l’homme.

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 Associations pharmacologiques
La fluoxétine est tout à fait contre indiquée en association avec les IMAO, et il est conseillé
d’attendre plusieurs semaines (environ 5 semaines) après arrêt du traitement à la fluoxétine
pour entamer un traitement à base d’IMAO.

La fluoxétine est liée aux protéines plasmatiques, de fait l’administration concomitante de


molécules se fixant sur ces protéines peut poser soucis.

La fluoxétine inhibe certains cytochromes, ce qui rend l’association avec les molécules
dégradées par ces cytochromes indélicate : les tricycliques, les benzodiazépines, la
carbamazépine, et l’haloperidol (ELI LILLY, 2008)

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FLUVOXAMINE
 Présentation Générale
La Fluvoxamine est un antidépresseur ISRS, très proche de la Fluoxétine mais ces deux
molécules ne sont pas tout à fait interchangeables, on n’indiquera ici que les principales
différences.

 Mode d’action
La fluvoxamine est métabolisée par le foie, ses métabolites n’ont quasiment aucun effet sur la
recapture de la sérotonine. L’excrétion se fait majoritairement par les reins. Malgré cela
comme pour la fluoxétine une affection rénale n’entrave pas vraiment l’élimination de la
molécule. Son temps de demi-vie varie de 17 à 22h, il est plus court que celui de la fluoxétine

 Indications
Les indications sont celles de la fluoxétine, mais aussi :
- Déficits d’autocontrôles : dans les cas de Trouble de l’Homéostasie Sensorielle ou le
syndrome HSHA
- Troubles du sommeil

 Effets secondaires – effets indésirables


Dans les premières semaines de traitements, comme pour la fluoxétine, on peut observer une
légère sédation ainsi qu’une baisse d’appétit.

 Doses – sevrage
Chien et Chat : 5 à 10 mg/kg/jour en deux prises.
Les traitements sont en général longs : de 6 mois voire plus pour un Hs-Ha.
Un sevrage est recommandé, en pratique : demi-dose pendant un quart de la durée du
traitement.

 Présentations commerciales
La fluvoxamine est commercialisée sous le nom de FLOXYFRAL. Il existe des comprimés de
50mg et 100mg.
Cette molécule est une alternative à la fluoxétine car cette dernière est onéreuse ce qui limite
sa prescription chez les grands chiens, mais la fluvoxamine nécessite deux prises
quotidiennes.

 Associations pharmacologiques
La fluvoxamine réduirait la clearance du diazépam et de ses métabolites, leur association n’est
donc pas forcément indiquée. Et de manière générale il faudra faire attention aux molécules
dégradées par le foie.
L’association avec d’autres antidépresseurs sérotoninergiques et les IMAO est déconseillée.

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MIANSERINE
 Présentation Générale
La miansérine est un antidépresseur tétracyclique, sédatif anxiolytique. Son action est
proche des imipaminiques mais cette molécule est dépourvue d’effet anticholinergique et
de toxicité cardiaque.

 Mode d’action
La miansérine agit sur la noradrénaline, elle a un effet alpha 2 bloquant. Le récepteur alpha-2
étant un récepteur pré synaptique chargé de diminuer la libération du médiateur, la miansérine
a donc pour effet d’augmenter la libération de noradrénaline.

Les effets sont visibles dès le premier jour du traitement.

Elle possède également des effets sérotoninergique et noradrénergiques par inhibition de la


recapture de la sérotonine et de la noradrénaline.

 Propriétés
Parmi tous les antidépresseurs, la miansérine est une des molécules les plus psychotoniques,
indiquée pour lever les états d’inhibition comportementale qui accompagnent les états anxieux
ou dépressifs.
Elle relance le comportement exploratoire et le comportement alimentaire, elle inhibe le
sommeil paradoxal et permet à l’animal de retrouver un sommeil normal.

La miansérine est classée dans les antidépresseurs mais possède une action anxiolytique
marquée

 Indications
La miansérine est intéressante dans les états très déficitaires :
- Anxiété permanentes : surtout dans les syndromes de privation au stade 2 voire 3.
- Dépressions : c’est la molécule de choix dans le traitement des dépressions aigues,
particulièrement chez le chiot pour lequel une reprise rapide de l’alimentation est
souhaitée (la miansérine est efficace en quelques heures)
- Dépression chronique
- Anorexie (notamment chez le chat hospitalisé)

 Effets secondaires – effets indésirables


On peut noter un léger effet sédatif.

C’est une molécule fortement désinhibitrice, le principal risque est l’apparition d’agressions
chez les chiens dont le statut hiérarchique n’est pas clairement défini. L’apparition
d’agressions au cours du traitement oblige souvent le praticien à modifier son traitement.

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Durant les premières semaines de traitement, avant la régularisation de la sensibilité


synaptique, des phases d’agitation ou de gémissements peuvent apparaître. Ces effets
secondaires disparaissent dès la troisième semaine de traitement.

 Contre-indications
Il y a deux contre-indications principales à la prescription de miansérine :

- Epilepsie : c’est la principale contre-indication médicale ; il s’agit d’une contre-


indication relative La miansérine abaisse le seuil épileptogène, elle doit donc être
prescrite avec prudence chez les sujets épileptiques
- Présence d’agressions, notamment d’agressions hiérarchiques ; c’est une contre-
indication formelle. Si le statut hiérarchique du chien est ambigu, il convient de
surveiller l’apparition d’éventuelles agressions ou de mettre en place une thérapie de
régression sociale dirigée.

 Doses – sevrage
 Chez le chien 2 à 5 mg/kg/j en deux prises
 Chez le chat 1 à 5 mg/kg/j en deux prises

Un sevrage est conseillé : demi-dose pendant le quart de la durée du traitement.

 Présentations commerciales
La Miansérine n’a pas de présentation vétérinaire et est commercialisée sous le nom
d’ATHYMIL. Des comprimés à 10, 30, ou 60 mg sont disponibles.

 Associations pharmacologiques
Dans les états dépressifs, la levée de cet état par la miansérine est souvent accompagnée de
gémissements et d’agitation. L’association avec la Trioxazine permet d’atténuer ces effets.

Il sera évidement déconseillé de l’associer à des psychotropes à activité sérotoninergique


et/ou noradrénergique.

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PHEROMONES FACIALES DU CHAT


Fraction F3 et F4
 Présentation Générale
Les phéromones faciales sont déposées par le chat dans l’environnement et sur les individus
avec une fonction de reconnaissance et d’apaisement. On dispose en médecine vétérinaire
de certaines fractions de ces phéromones.

 Mode d’action et Propriétés


Le mode d’action de ces phéromones est commun à toutes les phéromones, ce dernier a déjà
été abordé dans cet ouvrage, nous n’y reviendrons donc pas en détail.

On dispose aujourd’hui de deux types de fraction des phéromones faciales du chat :

- Fraction F4 d’allomarquage : cette fraction aurait plutôt un rôle sur les interactions
avec les êtres vivants présents dans l’environnement du chat (êtres humains, chiens,
autres chats…), elle permet de faciliter l’instauration d’un climat de confiance entre
deux individus.

- Fraction F3 : qui aurait plutôt un rôle concernant les objets et l’environnement


(murs, lits, mobilier…). Le chat va déposer ses phéromones faciales pour se
familiariser avec son environnement, ainsi les endroits marqués seront reconnus
comme familiers, il y a donc une fonction d’apaisement émotionnel.

 Indications
 Fraction F4 :
- Améliorer la tolérance aux manipulations
- Faciliter l’introduction d’un nouvel individu dans le milieu de vie du chat
- Améliorer la cohabitation

 Fraction F3 :
- Améliorer les manifestations productives liées au stress dans l’environnement
(marquages urinaires, griffades, baisse d’appétit…)
- Améliorer le contact avec un environnement inconnu et/ou stressant (déménagement,
voyage, voiture, nouveau mobilier…)

 Effets secondaires – effets indésirables


Aucun, néanmoins le fabricant stipule que le produit est très facilement inflammable.

 Contre-indications

Aucune

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 Présentations commerciales et utilisation


Les phéromones faciales du chat sont disponibles sous trois formes :

 FELIFRIEND (CEVA) : Spray contenant la Fraction F4 : 2 pulvérisations dans


chaque main et se frotter les mains et poignets ou frotter l’individu stressant pour le
chat.

 FELIWAY Spray (CEVA) : Spray contenant la Fraction F3 : Pulvériser l’objet


ou l’endroit souhaité une fois par jour pendant au moins 1 mois pour une acceptation
ou une amélioration durable. Possibilité d’utilisation ponctuelle (transport), il faudra
alors pulvériser au moins 30 min avant.

 FELIWAY Diffuseur (CEVA) : Diffuseur d’ambiance pour une surface


d’environ 70m², la recharge dure environ 1 mois. Le brancher dans la pièce qui sera la
plus fréquentée par le chat.

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PIPAMPERONE
 Présentation générale
La pipampérone fait partie de la famille des butyrophénones. C’est un neuroleptique anti-
productif, dont les effets désinhibiteurs s’observent rarement, même à faible dose.

 Mode d’action
La pipampérone agit en bloquant les récepteurs D2 pré et post synaptiques et inhibe de ce fait
la transmission dopaminergique. Elle bloque, à moindre titre, les récepteurs histaminiques et
adrénergiques, ainsi que les récepteurs sérotoninergiques 5HT2.

 Propriétés
Les principaux effets de la pipampérone sur le plan comportemental sont :
- Sédation transitoire
- Inhibition des comportements productifs et notamment des agressions
- Diminution de la sensibilité et de l’irritabilité
- Réinstauration de différents seuils de réactivité en fonction des stimulations.

Ces effets sont particulièrement utiles pour éviter l’instrumentalisation des agressions dans
les conflits hiérarchiques. La pipampérone favorise la réapparition des phases de menace
(grognement).

 Indications
Elle sera prescrite chez les chiens dont le tableau clinique est dominé par des comportements
d’agression par peur, des phénomènes d’anticipation, des comportements exploratoires
hypertrophiés, une augmentation de la motricité, une diminution de la durée du sommeil et
des manifestations périphériques de la peur impliquant les voies dopaminergiques
(vomissements, diarrhées et ptyalisme).

La pipampérone trouve donc ses indications dans les troubles productifs que l’on retrouve
notamment dans les :
- Phobies avec agitation, mais attention lors de phobies car elle ne favorise pas
l’apprentissage
- Etats d’anxiété intermittente avec agressions ou agressions redirigées
- Etats anxieux avec fortes productions comportementales : la sédation et l’indifférence
émotionnelle peuvent être mises à profit dans les phases productives de l’anxiété, il
sera intéressant de l’associer à un anxiolytique.
- Anxiété de séparation : si on constate une activité motrice hypertrophiée et
incoordonnée (forme productive), notamment en cas de destructions, ainsi qu’en cas
d’émission de selles diarrhéiques (manifestation dopaminergique de la peur). Elle sera
alors toujours associée à un antidépresseur comme la clomipramine.
- Sociopathies avant la phase d’instrumentalisation

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 Effets secondaires – effets indésirables


- Hypotension
- Apathie
- Etats dépressifs chez le sujet âgé
- Prise de poids (à long terme)

La désinhibition est rare avec cette molécule mais le risque est présent.

 Contre indications
L’hypothyroïdie est une contre indication médicale.
La pipampérone, comme la plupart des neuroleptiques, doit être utilisée avec précaution chez
les sujets âgés et les sujets en état dépressif (dépression aigue, chronique, ou d’involution).

Elle ne doit pas non plus être utilisée pour inhiber les productions comportementales dans le
syndrome HS-HA.

 Doses – sevrage
 Chez le chien : 40 à 60 mg/m²jour en 2 prises si utilisée seule, soit environ 1 à
3 mg/kg, 30mg/m²/jour si utilisée en association.
 Chez le chat : 2 à 6 mg/animal en une à deux prises.

 Présentations commerciales
La pipampérone n’a pas de présentation vétérinaire et est commercialisée sous le nom de
DIPIPERON. Il existe des comprimés de 20mg et de 40mg et une solution buvable à 4%,
soit 2 mg/goutte.

 Associations pharmacologiques
La pipampérone peut être utilisée en association avec la clomipramine, dans ce cas la dose est
diminuée de moitié. Elle pourra également être associée à un bêta bloquant ou un ISRS, selon
les cas.

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PROPANOLOL
 Présentation Générale
C’est un anxiolytique hypotenseur de la famille des Bêtabloquants.

 Mode d’action
Le propanolol bloque les récepteurs à l’adrénaline et noradrénaline post synaptiques de type
Bêta ; ce qui a pour conséquence l’inhibition de la transmission noradrénergique.

 Propriétés
C’est un anxiolytique qui augmente le seuil de perception sensorielle qui est
particulièrement bas dans certains types d’anxiété. Par ailleurs il agit sur les réactions de peur
comme la tachycardie, la tachypnée.

Le propanolol a des effets sur le système nerveux végétatif et hormonal et des effets sur le
comportement.

 Propriétés neurovégétatives :

Les effets périphériques sont multiples et on peut retenir surtout les effets suivants :
- Hypotenseur : effet cardiaque (diminution du rythme) et périphérique
- Hypoglycémiant par action de l’insuline
- Diminution des sécrétions thyroïdiennes

 Propriétés comportementales :

Elles s’expliquent par la diminution des effets périphériques de la peur, qui renforcent
celle-ci par la sensation de malaise qu’elles entraînent, mais aussi par un effet central : le
propanolol agit rapidement mais ne peut agir si une réaction de peur est installée car les
récepteurs sont déjà occupés.
On observe :
- Diminution de la sensation de peur
- Diminution de la sensibilité
- Augmentation du comportement exploratoire

Les bêtabloquants ont également un effet myorelaxant et anti-convulsivant. A forte dose ils
peuvent être sédatifs.

A ces effets il faut ajouter une diminution de la sensation de fatigue pendant et après l’effort.

NB : Cette molécule est considérée comme dopante et est recherchée en contrôle antidopage.

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 Indications
L’indication de choix du propanolol est les troubles anxieux avec hyperesthésie.
Il permet d’augmenter le seuil de perception sensorielle qui est toujours anormalement bas
dans ces états et il réduit les manifestations organiques périphériques de la peur à dominante
noradrénergique.

On utilisera donc le propanolol dans les cas de syndrome de privation sensorielle au stade 1
(phobies), parfois au stade 2 (anxiété de privation).

Cette molécule peut être prescrite dans les réactions de peur et de phobie. Le propanolol est
efficace immédiatement. Il est donc particulièrement indiqué dans les phobies ponctuelles
prévisibles et les réactions de peur gênantes :
- Visite chez le vétérinaire
- Phobie des humains, des chiens
- Phobie des voitures
- Orages
- Feux d’artifice
- Expositions
- Toilettage
- Etc.

Les réactions de chien au moment de l’évènement doivent être décrites. Ce sont des signes
d’hyperfonctionnement adrénergiques :
- Tremblements
- Mictions émotionnelles
- Hyper vigilance
- Vidange de glandes anales
- Mydriase
- Salivation
- Diarrhée émotionnelle

Il peut être utilisé précocement dans les traitements des phobies simples, même chez les
jeunes chiens et est également efficace sur les crises d’anxiété paroxystiques.

Dans les cas d’anxiété permanente, il peut améliorer l’état des animaux en tout début de
l’évolution comme lors des dermatites de léchage, cependant les bêtabloquants seront moins
efficaces que les alpha-2 agonistes.

Le propanolol n’est pas désinhibiteur et peut donc être utilisé sans danger dans les cas
d’agressivité.

Après plusieurs mois de prescription, l’effet anxiolytique s’amenuise.

En médecine humaine, la principale indication est l’hypertension ; les autres bêtabloquants


utilisés en cardiologie ne passent pas la barrière méningée et n’ont pas d’effets
comportementaux.

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 Effets secondaires – effets indésirables


Un effet sédatif peut être observé à forte dose.

 Contre-indications
Le propanolol a peu de contre indications mais il ne doit pas être utilisé lors de :
- Diabète
- D’hypothyroïdie
- Troubles cardio-pulmonaires

 Doses – sevrage
15mg à 20mg/kg deux fois par jour

Il est nécessaire de réaliser un sevrage si la prescription a été supérieure à 1 mois. En pratique


au-delà d’un mois de prescription, il faut respecter un passage de quelques jours à demi-dose.

 Présentations commerciales
Le propanolol n’a pas de présentation vétérinaire et est commercialisé sous le nom
d’ALVOCARDYL.

On peut utiliser :

- La forme à libération prolongée notée LP : gélules dosées à 160mg (pour les grands
chiens)
- Les comprimés dosés à 40mg

Les deux formes sont chimiquement identiques : elles peuvent donc être combinées.

 Associations pharmacologiques
Cette molécule ne doit pas être associée à d’autres psychotropes en particulier :

- Avec la clonidine : le propanolol est proche de la clonidine. Le passage d’une


molécule à l’autre peut être une nécessité clinique. Il faut respecter un blanc
thérapeutique d’une semaine entre les deux molécules pour éviter une hypotension.
- Avec la carbamazépine (qui a aussi des propriétés alpha agonistes, comme la
clonidine)
- Aux anesthésiques : ces molécules peuvent provoquer des spasmes bronchiques, et des
dépressions cardiaques.

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RISPERIDONE

 Présentation Générale
La rispéridone est un neuroleptique atypique, proche de la famille des butyrophénones.
C’est un neuroleptique de la nouvelle génération qui est utilisé pour son action anti-
productive.

 Mode d’action
Le mode d’action de la rispéridone est mal expliqué et son action antagoniste des récepteurs
5HT2 (blocage) et D2 ne suffit pas à rendre complètement compte des effets thérapeutiques.

 Propriétés
La rispéridone a pour effet principal de diminuer l’impulsivité et les agressions mais elle
n’a pas de pouvoir anxiolytique.
Chez l’homme, elle est utilisée dans le contrôle des phases productives et des symptômes
négatifs de la schizophrénie. Elle présente les avantages des neuroleptiques classiques en
présentant moins d’inconvénients.

 Indications
La rispéridone voit ses indications majeures dans le traitement de l’agressivité et notamment
en traitement de :
- Sociopathies au stade réactionnel, stade 1
- Syndrome dissociatif (résultats cliniques inconstants)
- Certains comportements hallucinatoires.

 Effets secondaires – effets indésirables


L’effet secondaire le plus spectaculaire et le plus gênant observé en clinique consiste en
l’apparition d’une galactorrhée, même chez le mâle. A long terme une prise de poids peut être
observée.

 Contre-indications
Elle est totalement déconseillée dans les cas de dépressions au sens large, ainsi que chez les
animaux hypothyroïdiens.
Elle sera contre indiquée car inefficace en cas d’agressions instrumentalisées.

 Doses – sevrage
Chez le chien 0,5 à 2 mg/m² (environ 0,015 à 0,07mg/kg) en une prise.

Un sevrage sera pratiqué quand la prescription aura duré plusieurs mois.

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 Présentations commerciales
La Rispéridone n’a pas de présentation vétérinaire et est commercialisée sous le nom de
RISPERDAL, disponible en comprimés dosés à 1mg, 2mg, 4mg ainsi qu’en solution buvable
de 1mg/ml.

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SELEGILINE
 Présentation Générale
La sélégiline, aussi appelée L-Deprenyl, est un antidépresseur Inhibiteur de la Mono Amine
Oxydase-B (IMAO-B).

 Mode d’action
Inhibiteur sélectif et irréversible de la monoamine oxydase B, la sélégiline n'affecte pas
l'activité de la monoamine oxydase A même si cette sélectivité n’est pas absolue en cas
d’augmentation trop importante de la dose.

 Action sur la neurotransmission :

L’action principale sur la neurotransmission est l’activité inhibitrice de la MAO-B dont on a


déjà parlé.

La sélégiline inhibe en outre la recapture de la dopamine, de la norépinéphrine, et de la


sérotonine. Son action inhibitrice s’étend aux autorécepteurs à la dopamine, augmentant ainsi
la concentration en dopamine, diminuant le stress oxydatif causé par la dégradation de la
dopamine.

Elle augmente également la réponse neuronale à la dopamine par une action indirecte :
l’inhibition irréversible de la monoamine-oxydase B augmente la disponibilité en
phenylethylamine dans la synapse qui est un neuromodulateur des réponses dopaminergiques
et qui est liée à la sensation de plaisir.

 Activité neuroprotectrice :

La sélégiline possèderait une activité neurotrophique et anti-apoptotique indépendante de


l'inhibition de la MAO qui pourrait contribuer à l'activité neuroprotectrice observée dans la
maladie de Parkinson et la maladie d'Alzheimer chez l’homme (Maruyama et Naoi, 1999).

D’autre part elle favorise l’action de la superoxyde dismutase, responsable de la capture des
radicaux libres, et l’activité catalytique dans certaines régions du cerveau. Elle protège les
voies dopaminergiques nigrostriées des neurotoxines.

NB : Les métabolites de la selegiline sont : l-(-) amphétamine, l-(-) méthamphétamine et la N-


desmethylselegiline ce qui pourrait expliquer certains effets parallèles aux effets sur la MAO-
B.

 Propriétés
On peut observer :

- Une action anti-dépressive, anxiolytique et thymorégulatrice


- Une diminution des symptômes neurovégétatifs de type digestif : dyspepsie, côlon
irritable

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- Une levée de l’inhibition qui accompagne les états anxieux ou dépressifs


- La régulation de la vigilance dans les états d’anticipation émotionnelle
- Un contrôle de l’activité motrice, tout en augmentant l’activité exploratoire
- Un arrêt des stéréotypies
- Une stimulation des mécanismes cognitifs, en particulier chez le chien âgé (Head et al,
1996). Il n’a pas démontré d’effet particulier sur les jeunes sujets mais il n’y a pas
vraiment consensus. En revanche on note une amélioration de la mémoire spatiale
toujours chez les sujets âgés.

Elle aurait, de plus, un effet sur la longévité des chiens âgés (Ruehl et al, 1997) et un effet
préventif sur les risques tumoraux (Kitani et al).

Chez l’homme cette molécule n’a pas d’effet anti-dépresseur connu, néanmoins les effets
obtenus chez le chien sont relativement différents. Ceci pourrait s’expliquer par une
concentration et une répartition différente des monoamines-oxydases selon les espèces
concernées. (Inoue et al, 1999)

 Indications
Chez le chien :

- Elle sera indiquée dans les états déficitaires ou productifs comme : les phobies
simples, les phobies sociales, le syndrome privation stade I.
- Les états anxieux : syndrome de privation stade II, anxiété de séparation, troubles de la
communication, hyper attachement secondaire
- La dépression aigue ou chronique
- La dysthymie
- Le syndrome HSHA
- Elle sera particulièrement intéressante lors de troubles cognitifs du chien âgé, de
syndrome confusionnel du chien âgé, ou de dépression d’involution. Ajouté à ces
propriétés neuroprotectrices cela en fait une molécule de choix chez le chien âgé
présentant des troubles comportementaux.

Chez le chat les indications sont proches, la sélégiline sera notamment intéressante dans les
problèmes de cohabitation.

 Effets secondaires – effets indésirables


La sélégiline est d’une grande sécurité d’emploi, il n’y a pratiquement pas d’effets
indésirables. Une légère augmentation de la vigilance avec phase d’excitation est parfois
notée durant les premières semaines de traitement.
Si l’on dépasse trop la dose indiquée on peut voir apparaître des stéréotypies, salivation,
agitation, une parte de poids, des vomissements, diarrhée etc.

 Contre-indications
La sélégiline est contre indiquée chez les femelles gestantes ou allaitantes car elle inhibe la
synthèse de prolactine.
Par mesure de sécurité on évitera de donner du fromage durant le traitement.

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 Doses – sevrage
 Chez le chien :
0.5 mg/kg/j en une prise à jeun le matin
Dépression d’involution : 1mg/kg/j en une prise

 Chez le chat (hors AMM) :


1mg/kg/jour en une prise

A priori augmenter la dose au dessus de 1mg/kg aurait peut d’intérêt et pourrait même nuire à
l’efficacité du traitement et certains effets secondaires pourraient apparaître.

L’efficacité doit être jugée après 15 jours à 3 semaines de traitement, on aura donc une durée
de traitement minimale de 2 mois qui peut être prolongé à vie chez le chien âgé.

Il n’y a pas de sevrage en raison de la rémanence d’environ 15 jours : elle se fixe sur la MAO
B de façon irréversible et reste donc active jusqu’au renouvellement complet de l’enzyme.

 Présentations commerciales
La sélégiline dispose d’une AMM vétérinaire pour le chien et est commercialisée sous le nom
de SELGIAN (CEVA).
Elle est distribuée sous forme de comprimés. Trois dosages sont disponibles :
- SELGIAN 8kg: 3,35 mg
- SELGIAN 20kg: 8,37 mg
- SELGIAN 40kg: 16,74 mg

 Associations pharmacologiques
La sélégiline peut être associée avec les analogues d’hormones thyroïdiennes si l’on est face
à une anxiété liée à l’hypothyroïdie.
On peut également l’associer au piracetam dans les troubles du chien âgé.

Il est nécessaire de respecter une période de blanc thérapeutique de 15 jours après l’arrêt de la
sélégiline si l’on désire changer de psychotrope. On évitera l’association avec les tricycliques
et ISRS pouvant aboutir à un syndrome sérotoninergique.

Il est également nécessaire de faire attention à l’amitraze qui potentialise l’effet IMAO.

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SELS DE LITHIUM

 Présentation Générale
Le lithium (cation monovalent) est un métal alcalin qui est utilisé sous forme de sels.

 Mode d’action
Les sels de lithium agissent comme des stabilisateurs de membrane : ils s’accumulent dans
la cellule, mimant le Na+ auprès des pompes Na/K entraînant une perte relative de K+
intracellulaire, d’où une dépolarisation cellulaire.

En outre ils possèderaient une action sur le second groupe de messagers comme
l’AMPcyclique (diminuant sa production par inhibition de l’adenylcyclase) ou l’Inositol
Phosphate (provoquant une accumulation intra cellulaire).

D’autre part il semblerait qu’ils diminuent l’activité noradrénergique et favoriseraient la


transmission sérotoninergique, mais cela peut changer lors d’administration chronique, avec
un effet supplémentaire sur d’autres neurotransmetteurs.

Les effets cliniques du lithium ne sont pas vraiment expliqués par ses modes d’action.

 Propriétés
Ce sont des thymorégulateurs, normothymiques.

Les effets sont visibles dès la première semaine

 Indications
Les sels de lithium permettent de contrôler les changements d’humeur lors de dysthymies, ils
sont généralement indiqués en deuxième intention lors de dysthymie chez le chien, en cas
d’agressivité rebelle à d’autres traitements.

 Effets secondaires – effets indésirables


Des tremblements, une fatigabilité, une sédation sont possibles les premiers jours, puis ces
symptômes disparaissent spontanément après une semaine de traitement.

Les troubles digestifs sont également très fréquents et peuvent apparaître de façon
intermittente et tout au long du traitement : nausées, vomissements, diarrhée.

Après un traitement long (environ 1mois), la polydipsie est fréquente, par inhibition de
l’ACTH, conduisant à un tableau clinique de diabète insipide. L’arrêt du traitement permet en
général le retour à la normale.
On pourra également observer une prise de poids et parfois des cas d’hypothyroïdie.

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 Contre-indications
- Hypothyroïdie
- Déplétion hydrosodée, régime hyposodé : il y a compétition entre l’élimination du
sodium et celle du lithium ; il est donc conseillé de suivre un régime alimentaire
constant concernant l’équilibre sodé, pour les animaux sous traitement, afin de
permettre une lithiémie constante au cours du traitement et éviter les interactions.
- L’excrétion est essentiellement rénale, ce qui les rend peu compatibles avec
l’insuffisance rénale.

 Doses – sevrage
Les sels de lithium sont généralement prescrits de 0,05 à 0,15 mmol/kg en une prise.
La dose doit être régulièrement réévaluée par dosage de la lithiémie (chez le chien elle est
comprise entre 0,4 et 0,8 mmol/l)

Le traitement peut être pris à vie en cas de dysthymie. En cas d’arrêt du traitement un sevrage
est recommandé.

 Présentations commerciales
Il n’y a pas de présentations vétérinaires pour les sels de Lithium.

Il existe deux formes de sels de lithium :


- Le Gluconate de lithium commercialisé sous le nom de NEUROLITHIUM
- Le Carbonate de lithium commercialisé sous le nom de THERALITE

 Associations pharmacologiques
Il faut éviter de les associer à des diurétiques ainsi qu’aux corticoïdes.

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SULPIRIDE
 Présentation Générale
Le sulpiride est un neuroleptique appartenant à la famille des benzamides substitués. C’est
un neuroleptique mixte : anti-déficitaire à faible dose, anti-productif à forte dose.

 Mode d’action
 A faible dose, le sulpiride se fixe préférentiellement sur les récepteurs
dopaminergiques pré synaptiques et augmente la transmission dopaminergique.

 A dose plus importante, il bloque également les récepteurs post synaptiques


dopaminergiques et inhibe alors la transmission dopaminergique.

Il a une action sélective sur les récepteurs D2, on note donc peu d’effets sur la noradrénaline,
l’acétylcholine, la sérotonine, ou l’histamine par rapports à d’autres neuroleptiques.

 Propriétés
 A faible dose :

Le sulpiride possède un effet désinhibiteur marqué qui se combine avec une diminution de la
réactivité, il relance le comportement exploratoire et supprime les inhibitions. Il faut vérifier
l’absence d’agression, notamment hiérarchique, avant de le prescrire.

 A forte dose :

Il a une action sédative et peut être utilisé dans les phases productives des phobies.

En manipulant la dose le clinicien peut donc augmenter la désinhibition ou augmenter le


contrôle moteur.

Enfin, cette molécule est précieuse pour le contrôle des colopathies émotionnelles. Le dosage
doit contrôler le transit sans altérer la motricité et la réactivité.

NB : Le sulpiride aurait une action sur la sécrétion de mucus dans l’estomac, il serait ainsi
utilisé chez l’homme pour traiter certains ulcères duodénaux.

 Indications
L’indication majeure se trouve dans le traitement de troubles déficitaires dopaminergiques,
c'est-à-dire dans les états au cours desquels le comportement exploratoire, les capacités
cognitives, sont peu développées, le comportement alimentaire inhibé.

Il est très intéressant dans le traitement du syndrome de privation stade 2 (anxiété


permanente avec forte inhibition et anticipation).
Cette molécule relance l’activité, le comportement exploratoire, supprime les états
d’inhibition, notamment lorsqu’ils sont associés à des colites d’origine émotionnelle.

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 Effets secondaires – effets indésirables


Sauf s’ils sont recherchés, ce sont la désinhibition et la léthargie.

Le sulpiride aurait des effets arythmogène, allongeant l’intervalle QT. La repolarisation et la


période réfractaire voient leur durée allongée après de fortes doses. (Sugiyama et al, 2002)

On peut noter également certaines propriétés anticholinergiques et un abaissement du seuil


épileptogène.

 Contre-indications
Le sulpiride ne doit pas être utilisé à doses faibles si le chien n’est pas bien sur le plan social.

Il est à manipuler avec précaution sur les animaux présentant des troubles de la fonction
cardiovasculaire (de part ses effets délétères sur la fonction cardiaque) ainsi que chez les
animaux épileptiques.

 Doses – sevrage
Chez le chien, d’après Dramard (2007) :

- Dose antidéficitaire : 100 mg/m² en 2 prises (soit environ 2 à 5 mg/kg)


- Dose antiproductive : 500 mg/m² en 2 prises (soit environ 10 à 20 mg/kg)

D’après Bourdin (1997) le sevrage peut s’avérer nécessaire à raison d’une semaine pour 4
semaines de traitement.

 Présentations commerciales
Il n’y a pas de présentation vétérinaire, le sulpiride est commercialisé sous le nom de
DOGMATIL et se présente sous la forme de :
- Comprimés à 200mg
- Gélules de 50mg
- Solution buvable à 5mg/ml

 Associations pharmacologiques
Il est préférable de ne pas associer cette molécule d’autres psychotropes.

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(L-)THEANINE
 Présentation Générale
La L-Théanine est un acide aminé naturellement présent dans les feuilles de thé vert,
utilisée sous forme d’un supplément nutritionnel aux propriétés anxiolytiques. La molécule
est brevetée : SUNTHEANINE ND.

 Mode d’action
C’est le principal acide aminé présent dans les feuilles de thé vert, il possèderait un effet
antagoniste des effets stimulants de la caféine également présente dans le thé vert et
expliquerait l’effet apaisant imputé à cette boisson (Kakuda et al, 2000).
La L-Théanine serait impliquée dans la formation du GABA.(Mason, 2001)

D’autre part la théanine aurait une activité anti-oxydante bénéfique au niveau cellulaire.

 Propriétés
La L-Théanine atténue les réactions liées aux effets du stress ou de la peur, effets associés ou
non à des changements dans l’environnement de l’animal (peur des gens, des autres animaux,
peur dans la rue, changements de lieu). Il permet au chien de retrouver sa sérénité, et exerce
des effets relaxants sans effet sédatif.

 Indications
Les indications sont multiples et principalement liées aux troubles générés par l’anxiété de
manière générale.
Cette molécule est d’une grande sécurité d’emploi et son statut de supplément nutritionnel en
fait un argument rassurant pour les propriétaires, la théanine sera donc parfaitement adaptée
en première intention ou en utilisation ponctuelle.
Elle permet également une transition entre la prise d’un médicament psychotrope et un arrêt
complet de la médication.

 Effets secondaires – effets indésirables


Aucun

 Contre-indications
Aucune

 Doses – sevrage
5 à 10 mg/kg/jour environ en deux prises (toujours préférer un léger surdosage à un sous
dosage).
La prescription est en générale sur une période de 2 mois minimum, renouvelable au besoin.
Un sevrage n’est pas nécessaire.

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 Présentations commerciales
La L-Théanine possède une présentation vétérinaire pour le chien et le chat et est
commercialisée sous le nom d’ANXITANE (VIRBAC). Ce sont des comprimés appétants
disponibles sous deux dosages différents :

ANXITANE S: 50mg
ANXITANE M et L: 100 mg

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TRIOXAZINE
 Présentation Générale
La trioxazine est un alcaloïde anxiolytique d’origine végétale de la famille des morpholines.

 Mode d’action
Son mode d’action reste à l’heure actuelle mal connue : elle interagirait avec les systèmes
noradrénergique, sérotoninergique, et dopaminergique.

 Propriétés
La trioxazine est une molécule anxiolytique qui agit sur un certain nombre de symptômes
neurovégétatifs et comportementaux.

Elle diminue les conduites somesthésiques qui accompagnent les troubles anxieux, sans
altération de la vigilance.

 Propriétés neurovégétatives :

La trioxazine agit principalement sur les manifestations neurovégétatives à dominante


noradrénergique comme la tachycardie, la tachypnée, ou les mictions émotionnelles.

 Propriétés Comportementales :

Elle a pour effet d’atténuer ou de supprimer les manifestations comportementales de la peur


(évitements, sursauts, aboiements) en diminuant la réactivité générale et surtout la sensibilité
aux bruits.

Elle permet de relancer le comportement exploratoire ainsi que le comportement alimentaire.

Elle permettrait d’apporter une amélioration du léchage anxieux (aux premiers stades), de
l’indifférence et de l’inhibition comportementale.

Contrairement aux autres molécules anxiolytiques (benzodiazépines), la trioxazine est


dépourvue d’effets sédatifs, d’effets anti convulsivants, et d’effets mnémolytiques.

 Indications
Les indications majeures de la trioxazine sont les manifestations anxieuses : tachycardie,
tachypnée, tremblements, dysorexie.

Elle est donc indiquée dans les cas de :


- Phobies ponctuelles (aux bruits, aux transports)
- Syndrome de privations au stade de phobie notamment chez le chiot
- Anxiété permanente : intéressante surtout pour limiter le léchage à ses tout premiers
stades.

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- Dépression d’involution du chien âgé, en cas de manifestations anxieuses (agitations,


gémissements)
- Anxiété de séparation : en association avec un anti-dépresseur

Son effet rapide et sa grande sécurité d’emploi permettent de la prescrire ponctuellement en


l’absence de toute thérapie comportementale à l’occasion d’un transport, d’un déménagement,
ou encore pour relancer l’appétit. En revanche, pour apporter une amélioration durable, ce
médicament doit être associé à une thérapie comportementale.

 Effets secondaires – effets indésirables


La trioxazine est pratiquement dépourvue d’effets secondaires et est d’une grande
sécurité d’emploi.
Néanmoins elle possède un puissant effet désinhibiteur qui survient généralement
rapidement (de l’ordre de 1 à 2 jours).

 Contre-indications
La contre indication majeure est : tout trouble comportemental débouchant sur un risque accru
d’agressivité, elle est donc contre indiquée chez les chiens ayant un statut social ambigu ou
présentant des signes d’anxiété intermittente (augmentation de la fréquence des agressions par
irritation), cette molécule désinhibitrice pourrait favoriser le passage à la morsure.

 Doses – sevrage
La dose habituelle varie de un à trois comprimés, soit environ 20mg/kg/j, répartis en deux ou
trois prises. C’est un médicament qui ne nécessite un sevrage que s’il a été prescrit sur une
longue durée (excédant un mois).

 Présentations commerciales
La trioxazine existe uniquement en médecine vétérinaire et dispose d’une AMM pour le chien
et le chat, elle est commercialisée sous le nom de RELAZINE (NOVARTIS)

Elle se présente sous forme de comprimés. Deux dosages sont disponibles :


- RELAZINE F : 15mg
- RELAZINE C : 70mg

 Associations pharmacologiques
La trioxazine peut être associée à la clomipramine :

- Pour diminuer les gémissements consécutifs à la reprise d’activité chez le chien


dépressif, notamment le vieux chien
- Pour diminuer les vocalises lors de troubles liés à la séparation.

Mais elle peut aussi être associée avec les ISRS, la miansérine, ou le propanolol.

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CONCLUSION

Au cours de cette thèse nous avons essayé d’apporter au praticien ou étudiant les
clés pour comprendre l’action thérapeutique des diverses molécules, mais aussi les clés pour
choisir et utiliser une molécule dans le but de traiter une affection d’origine comportementale.
Ce travail, accompagné d’autres ouvrages, s’avère d’autant plus intéressant qu’il est
regrettable d’observer le faible nombre de molécules utilisées en médecine du comportement
et disposant d’une AMM Vétérinaire. La prescription relève donc très souvent de l’entière
responsabilité du praticien qui n’a malheureusement pas toujours été sensibilisé à ces
traitements au cours de sa formation initiale.

Même si l’on connaît, de façon plus ou moins empirique, les principaux effets sur le
comportement de la plupart des molécules présentées, les explications psychobiologiques et
psychopharmacologiques ne sont pas toujours claires, tant le fonctionnement cérébral, le rôle,
et l’interaction entre les différents intervenants sont complexes. On ne peut d’ailleurs pas
toujours expliquer les effets observés en se rapportant simplement à ce que l’on connaît du
mode d’action de la molécule utilisée.

Aujourd’hui l’explication la plus séduisante pour comprendre le mode d’action des


médicaments psychotropes est la « théorie mono aminergique », ou la « théorie des
neurotransmetteurs » pour être plus large. On cherche à comprendre le rôle sur le
comportement et le fonctionnement des principaux systèmes de neurotransmetteurs parmi
lesquels on distingue (Stahl, 2007):
- les systèmes mono aminergiques modulateurs, à action lente :
l’adrénaline/noradrénaline, la dopamine, et la sérotonine
- un système excitateur à action rapide : le glutamate
- un système inhibiteur à action rapide: le GABA
A partir de cela, le modèle admet alors que c’est en modifiant la neurotransmission de ces
différents systèmes que les psychotropes vont agir sur le comportement.

Au fur et à mesure que les connaissances en psychopharmacologie progressent, de


nouvelles molécules apparaissent, réduisant souvent les effets secondaires (Exemple des ISRS
par rapport aux Tricycliques, ou encore les neuroleptiques dis « atypiques »), et ciblant mieux
les actions.

Aujourd’hui le mode d’action de la plupart des molécules est centré sur la synapse et
à plusieurs niveaux :
- en modifiant la quantité de neurotransmetteur et/ou le temps d’exposition au
neurotransmetteur
- en se fixant sur les récepteurs (modèle agoniste/antagoniste)
- en utilisant la plasticité synaptique des récepteurs (la « down regulation »)

On pourrait imaginer dans le futur des molécules à action plus ciblée sur la deuxième
étape de la neurotransmission, notamment les seconds messagers. En effet, on peut imaginer
que les excès ou déficits de neurotransmission ne sont pas forcément liés au couple
neurotransmetteur/récepteur mais plutôt à un dysfonctionnement lors de la transcription du
message chimique par les seconds messagers.

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En dehors des médicaments psychotropes le vétérinaire dispose aujourd’hui


d’alternatives intéressantes qui sont également présentées dans ce travail : ce sont les
phéromones (ou plutôt les solutions à action phéromonales), ainsi que les compléments
nutritionnels (ou nutraceutiques). Plus souples d’utilisations par l’absence d’effets secondaires
et une observance souvent facilitée, il ne faut pas négliger ces traitements qui possèdent une
certaine efficacité s’ils sont employés de manière réfléchie. De plus ces alternatives sont
souvent bien accueillies par les propriétaires qui seraient réfractaires à l’emploi de
psychotropes.
L’apparition sur le marché de ces nouvelles pistes thérapeutiques est relativement
récente, et nul doute que les avancées futures de la recherche permettront une extension de
l’offre de ces produits et ainsi en augmenter l’intérêt.

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BOONAERT Cédric

TITRE : Guide thérapeutique de la prise en charge médicale des


troubles du comportement du chien et du chat

Thèse Vétérinaire : Lyon, 2008

RESUME : Au cours de cette thèse nous avons essayé d’apporter au praticien ou étudiant
les clés pour comprendre l’action thérapeutique des médicaments utilisées en médecine du
comportement, la première partie s’articule donc autour des notions fondamentales de
psychopharmacologie, principalement la neurotransmission et ses différents acteurs.
Nous avons également essayé d’y apporter dans une deuxième partie les clés pour évaluer et
ainsi choisir, puis utiliser, une molécule dans le but de traiter une affection d’origine
comportementale.
La plupart des molécules utilisables sont enfin présentées sous la forme de fiches détaillées
dans la troisième et dernière partie de ce travail.

MOTS CLES :
- Comportement
- Chien
- Chat

JURY :
Président : Monsieur le Professeur GHARIB

1er Assesseur : Monsieur le Professeur CADORE


2ème Assesseur : Monsieur le Professeur GARNIER

Membre invité : Madame le Docteur DRAMARD

DATE DE SOUTENANCE :

10 JUILLET 2008

ADRESSE DE L’AUTEUR :

Résidence Bernard de Palissy


47 D, Rue Fonvielle Alquier
87280 LIMOGES

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