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Pour les rares termes techniques utilisés dans ce guide, un petit glossaire est
à votre disposition à l'adresse :
http://www.racketiciel.info/documentation/glossaire
Ce guide vous est proposé suite à une série de victoires en justice allant
toutes dans le même sens. On peut attendre des constructeurs qu'ils finissent
par en tenir compte pour revenir à un règlement normal des demandes en
remboursement comme cela avait pu être le cas en certaines occasions
précédemment.
Il faut garder à l'esprit que la démarche n'a rien de bien compliqué. Elle est
simplement inhabituelle pour vous et demande un peu de volonté quand le
constructeur résiste. De son côté, l'argumentaire juridique est balisé, presque
banalisé.
Attention toutefois à engager impérativement les démarches au plus tard une
semaine après votre achat, en refusant le CLUF et en envoyant au constructeur
votre demande de remboursement. La suite pourra attendre si vous avez peu de
temps disponible dans l'immédiat. Mais si vous tardez inconsidérément pour la
première demande, vos chances au tribunal s'amenuisent et nous vous
déconseillons alors la démarche.
Un accompagnement
Toutefois, si vous sentiez un peu perdu, perplexe face à une démarche, sachez
que vous n'êtes pas seul. Certaines associations de consommateurs sont
maintenant au courant de ce genre de cas (voir Tentative de conciliation). Nous-
mêmes restons à vos côtés pour vous aider : accompagnement@racketiciel.info
Que lire ?
Une lecture intégrale avant l'achat ne s'impose pas. En revanche, avant tout
démarrage de l'ordinateur, la lecture de la partie « refuser le CLUF (très
important) » est incontournable.
Lorsque vous achetez un ordinateur de grande marque avec des logiciels pré-
installés, juridiquement, vous avez acheté deux choses distinctes. D'une part,
un bien matériel : la machine, laquelle vous appartient en pleine propriété dès
l'achat. D'autre part, des services : chaque contrat de licence régit le droit
d'usage des logiciels pré-
installés.
IMAGE : Déballage
Légende : Déballage d'un
ordinateur portable.
Dans le cas présent, une
étiquette attire notre
attention (voir l'autre
illustration).
Pourquoi un remboursement ?
Dans la mesure où l'usage de chaque logiciel est régi par un contrat spécifique
(appelé CLUF), il est nécessaire que vous en approuviez les termes avant de
l'utiliser. Ceci est vrai pour les logiciels pré-installés mais également pour
les logiciels achetés séparément dans la mesure où la lecture du contrat de
licence n'est pas possible en magasin.
Deux options :
La clause de remboursement
À qui s'adresser ?
3 Guide d'achat
Ce qu'il faut toujours tenter
Attention tatouage !
Vous ne voulez pas des logiciels pré-installés car vous pensez en utiliser
d'autres, notamment un autre système d'exploitation. Vous pourriez en être
empêché par ce qu'on appelle le tatouage, pratiqué sur certains modèles par
certaines marques (notamment Packard Bell, Géricom, HP et Compaq.) Le tatouage
affecte principalement la possibilité d'installer un nouveau système
d'exploitation. Précisons qu'il ne faut pas le confondre avec les difficultés
que l'on rencontre parfois dans la reconnaissance de certains éléments de
l'ordinateur du fait de l'absence de pilotes (à télécharger s'ils existent).
Renseignez-vous sur internet sur le modèle que vous envisagez d'acquérir.
Deux attitudes sont possibles vis-à-vis du vendeur. Soit exiger une attestation
que le PC n'est pas tatoué et qu'il fonctionnera avec un autre système
d'exploitation, soit tenter votre chance. Dans ce second cas, si votre appareil
s'avère tatoué, il vous faudra soit gérer le détatouage, soit demander la
reprise de l'ordinateur par le vendeur : celui-ci ne peut s'exonérer des
garanties prévues par la loi, notamment pour un défaut d'information sur une
caractéristique importante du matériel. Évidemment, si le vendeur vous informe
du tatouage de la machine, choisissez un autre modèle ; sinon, il vous sera
difficile de demander la reprise de l'appareil.
Prenez grand soin de noter les indications fournies sur l'ordinateur par voie de
publicité, d'affichage sur le lieu de vente (photo !) ou sur Internet. Vous
pouvez aussi interroger le vendeur.
Concernant les contrats de licence, c'est le plus souvent peine perdue que
d'essayer de les obtenir avant l'achat. Mais contrairement à ce que l'on
pourrait imaginer, ne pas obtenir le CLUF ou les conditions de remboursement
vous est plutôt favorable : n'étant pas présentés avant l'achat, ces textes vous
sont a priori inopposables. Une chose est sûre : le texte du CLUF doit
apparaître au premier démarrage. Si ce n'est pas le cas, vous avez sans doute
affaire à un PC "remballé" et il faut exiger sa reprise.
Au déballage de l'ordinateur
Vous devez refuser le CLUF et prendre une photo de l'écran qui apparaît après
votre refus. Attention : la présentation est parfois volontairement ambiguë pour
vous laisser croire que seule l'acceptation est possible. S'il n'y a pas de
bouton prévu pour refuser, prenez une photo qui le montre, puis éteignez
brutalement votre ordinateur : c'est alors la seule façon de ne pas accepter le
CLUF.
Une fois le CLUF refusé et les photos prises, vous pouvez utiliser votre
ordinateur comme bon vous semble (sauf utiliser les logiciels dont vous venez de
refuser la licence, bien sûr). En particulier, vous pouvez dès à présent
repartitionner le disque dur et installer le système d'exploitation de votre
choix (à condition que vous disposiez d'une licence d'utilisation valide, bien
entendu). Et pendant ce temps, n'oubliez pas d'envoyer rapidement votre demande
de remboursement.
La demande de remboursement
Le fait que ces libellés utilisent des termes appliqués généralement à des biens
matériels et non à des services ne doit pas vous impressionner. Le contrat porte
clairement sur l'usage d'un logiciel et ce sont les conséquences de son refus
qui doivent être ici appréciées, au-delà du vocabulaire.
Il n'est pas certain que le constructeur vous oppose une telle clause car deux
éléments peuvent aussi l'amadouer : il ne voudra certainement pas voir se lancer
une campagne de renvoi de ses ordinateurs ; il devra assumer les frais de retour
du matériel (pour le moins) car il est obligé par ses propres écrits. Pour la
même raison, vous gardez la possibilité d'obtenir un remboursement complet
(matériel et logiciels) après une première demande infructueuse de remboursement
des seuls logiciels.
Le mode normal pour envoyer votre demande est la Lettre Recommandée avec Accusé
de Réception (LRAR), par voie postale ou électronique (ce que vous pouvez faire
de chez vous, sans aller à la Poste). Il est évidemment important de garder le
bordereau d'envoi de même que toutes les traces d'échanges que vous pourrez
La réponse du constructeur
Montrez votre détermination mais ne vous épuisez pas à multiplier les échanges
(dont vous gardez trace). Pas de nouvelles lettres recommandées (sauf cas
précis) qui ne sont qu'un coût pour vous : courriels plutôt qu'appels
téléphoniques désormais. Quelques échanges vous suffiront pour démontrer, au
moment de passer à l'étape suivante (conciliation ou procès), que vous avez
essayé de régler votre affaire directement avec le constructeur.
"Si vous utilisez un autre logiciel que celui fourni, vous perdez votre garantie
matérielle" : faux. Sachez que le constructeur ne peut annuler la garantie
légale attachée au matériel.
"Les logiciels sont offerts" : hormis les Logiciels Libres, les Graticiels et
les Logiciels Orphelins, les logiciels fournis ne sont pas gratuits. D'ailleurs,
le CLUF parle bien de remboursement.
"Nous avons des accords particuliers avec les éditeurs de logiciels, qui
empêchent le remboursement" : ces accords peuvent fort bien exister, mais ils ne
sont pas opposables à un tiers (vous). Et la loi interdit de lier un service à
un matériel. De toute façon, le CLUF est clair : remboursement !
"Ce n'est pas à nous de vous rembourser" : aucun CLUF OEM connu à ce jour ne
désigne d'autre interlocuteur que l'installateur ou le fabricant. Comme le
rappelle un juge (Gutzwiller-Acer, juillet 2007) le CLUF renvoie au fabricant
car c'est lui qui a procédé à l'installation des logiciels malgré l'interdiction
de la vente liée, et il doit donc en assumer la responsabilité.
"Vous n'avez pas fait votre demande dans le délai" (on vous annonce parfois un
délai "légal" de 7 jours) : aucune licence ne mentionne de délai précis, et le
constructeur ne saurait en imposer un au-delà du raisonnable, car le
remboursement est attaché au refus d'utilisation du logiciel. Il n'y a aucun
délai légal non plus : le délai de 7 jours s'applique à la vente par
correspondance, mais pas à un refus de licence.
"Vous n'avez pas contacté notre service avant l'achat" : si cela est une
condition, d'où sort-elle ? le CLUF n'en parle pas, et pour cause : il n'est pas
disponible avant l'achat !
"Le remboursement est subordonné au retour de la machine à vos frais dans nos
ateliers et au fait que vous n'ayez pas touché la machine car nous sommes seuls
habilités à assurer la désinstallation" : ces modalités vous sont inopposables à
deux titres : elles n'étaient pas mentionnées au moment de l'achat, et surtout
elles constituent une clause abusive car elles créent manifestement un
déséquilibre entre le professionnel et le client et cherchent à faire renoncer
ce dernier à son droit au remboursement (jugement Gutzwiller). De plus, la
DGCCRF rappelle que l'ordinateur appartient à l'acheteur, qui en dispose donc
librement.
"La DGCCRF a validé notre procédure, elle n'est pas négociable" : la DGCCRF ne
valide aucune procédure. Exigez une preuve de cette prétendue validation. (Nous
vous invitons à transmettre ce genre de réponse du constructeur à la DGCCRF
ainsi qu'à nous-mêmes).
La tentative de conciliation
C'est une étape utile qui peut amener une résolution du conflit et qui sera
particulièrment appréciée du juge. Elle n'est toutefois pas nécessaire, surtout
si vous êtes capable de montrer vos efforts pour arriver à un accord avec le
constructeur. Elle a aussi pour fonction de vous aider à mieux préparer votre
dossier.
Elles sont agréées (adresses) pour assister les particuliers dans leurs litiges
avec des professionnels. Elles ne vous représenteront pas au tribunal, mais
elles vous conseilleront dans vos démarches. Il faut adhérer à l'association
locale (typiquement 20 à 30 euros) pour faire appel à leurs services. Les plus
impliquées sur le plan national sont L'UFC-QueChoisir (consulter la carte de
France des associations locales) et la CLCV (consulter la carte de France des
associations locales).
sont pour l'essentiel des bénévoles non-juristes mais ils peuvent solliciter
l'expertise juridique des Centres techniques régionaux de la consommation
(CTRC). En tout état de cause, nos propres spécialistes restent aussi à votre
disposition.
* Allez-y avec tous vos documents ainsi que des éléments de notre site
(notamment ce Guide du remboursement et la Documentation).
* Rappelez-leur que l'UFC est impliquée sur ce dossier au niveau national.
* Expliquez-leur que vous êtes bien informé mais que vous sollicitez leur
soutien pour appuyer votre demande.
* Votre cas est simple. Vous avez acheté quelque chose, et voici le contrat : il
propose le remboursement.
Apportez les documents montrant que votre demande est légitime. Soyez concis,
synthétique et poli : le conciliateur est souvent un bénévole, retraité,
rarement connaisseur. Argumentez que :
1. vous avez été forcé de payer le prix des licences ;
2. le CLUF (non disponible avant l'achat) prévoit le remboursement ;
3. présentez les jugements, notamment Gutzwiller qui rappelle l'obligation de
respecter la loi quand le client le demande, et qui traite du caractère abusif
de la procédure de remboursement.
C'est très courant de faire intervenir son maire ou son député (contacts). Il ne
s'agit pas d'une conciliation au sens judiciaire du terme. C'est parfois plus
efficace : le constructeur sait l'influence et la susceptibilité des élus.
votre dossier en main. En attendant, lisez ce qui suit ainsi que le site amusant
de Maître Éolas (Au fait, comment on fait un procès ?, la suite et la fin).
C'est un peu long mais vous y gagnerez en compréhension et en assurance.
Qu'est-ce que la juridiction de proximité ?
La procédure est gratuite mais le perdant doit normalement assumer les frais
avancés par l'autre partie (art 700 du Code de procédure civile). Vous-même, au
même titre, quoique n'ayant pas pris d'avocat et sans avoir à justifier, vous
pouvez demander des frais pour les démarches et efforts qu'implique le fait
d'aller en justice. En pratique, le juge décide arbitrairement et
forfaitairement du montant, jusqu'à prononcer l'absence de remboursement de ces
frais. Il tient compte notamment de votre situation économique personnelle et de
l'équité (disparité économique entre les parties comme par exemple entre une
banque et un client).
Aussi simple soit-elle, la justice ne se limite pas à évoquer « son bon droit »
ou des textes de loi. Les bons arguments, nous les avons ; il s'agit de les
adapter à chaque cas et de ne pas laisser un argument de la partie adverse sans
réponse. Il faut aussi prévoir les pièces qui viendront appuyer votre
démonstration.
Lancer la procédure
Il y a deux manières d'attaquer son adversaire et choisir entre les deux est une
affaire d'opportunité à laquelle il faut réfléchir ensemble.
Webographie :
http://www.racketiciel.info/