ADAPTER LES APPROCHES DE L’AMENAGEMENT

DURABLE DES VILLES : ROLES DES ESPACES VERTS DE

OUAGADOUGOU

ZABRÉ Nanawindin, SAWADOGO Boureima, BONKOUNGOU Joachim, SOMÉ

Y. S. Corentin

RÉSUMÉ
Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso fait face à une pression démographique
et une urbanisation accélérée se traduisant par l’étalement de la tache urbaine et un effort
des municipalités de sa viabilisation. Les priorités y sont de maîtriser et gérer l’espace
urbain, développer des infrastructures et équipements ainsi que des activités de
production, rendre accessible les services de base et de logements décents. Les enjeux des
villes ont évolué. Les villes aspirent de plus en plus à la durabilité. Avant-hier, elles ont
privilégié leurs fonctions économiques, hier, elles se sont penchées sur les questions
sociales et aujourd’hui, elles intègrent l’environnement physique et biologique pour être
logique avec le développement durable. Cette préoccupation récente de préservation des
ressources naturelles est une réalité de Ouagadougou. Les congestions humaines y
entrainent la dégradation du couvert végétal qui joue un rôle important de conservateur de
la biodiversité, de régulateur des effets du changement climatique. Cet article traite de la
contribution des espaces végétalisés pour une durabilité de Ouagadougou. Des espaces
dont les bienfaits ne sont plus à démontrer. Le réseau des zones boisées, des groupes
d’arbres et des arbres individuels se trouvant à l’intérieur et autour de Ouagadougou,
assurerait un vaste éventail de fonctions économique, sociale et surtout écologique. Une
revue de littérature axée sur l’analyse de l’urbanisation, les politiques et outils
urbanistiques laisse apparaitre une faible prise en compte des espaces végétalisés et la
dégradation de l’existant. Or, ces espaces deviennent incontournables pour une ville
soutenable. Leurs fonctionnalités économiques, sociales et écologiques s’apprécient par
leurs superficies, leurs vitalités (qualité). L’accessibilité, la répartition spatiale,
l’attractivité/demande sociale d’un espace végétalisé en sont également déterminantes
pour la durabilité.
Mots clés : Espaces verts, ville durable, aménagement, Ouagadougou.

ABSTRACT
The capital Ouagadougou is facing demographic pressure and accelerated
urbanization resulting in the spreading of the urban spot and an effort by the municipalities
to make it viable. The priorities are to control and manage the urban space, develop
infrastructure and equipment as well as production activities, make basic services and
decent housing accessible. The challenges of cities have evolved. Cities increasingly
aspire to sustainability. The day before yesterday, they favored their economic functions,
yesterday, they focused on social issues and today, they integrate the physical and
biological environment to be consistent with sustainable development. This recent
concern for the preservation of natural resources is a reality in Ouagadougou. Human
congestion leads to the degradation of the plant cover, which plays an important role in
conserving biodiversity and regulating the effects of climate change. This article deals
with the contribution of vegetated spaces for the sustainability of Ouagadougou. Spaces
whose benefits are well established. The network of wooded areas, groups of trees and
individual trees found in and around Ouagadougou, would ensure a wide range of
economic, social and above all ecological functions of the city. A literature review focused

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on the analysis of urbanization, policies and urban planning tools shows a low
consideration of vegetated spaces (green spaces) and the degradation of the existing.
However, these spaces are becoming essential for a sustainable city. Their economic,
social and ecological functions are assessed by their surface area, their vitality (quality).
The accessibility, the spatial distribution, the attractiveness/social demand of a green
space are also determining factors for its sustainability.
Key words: Green spaces, sustainable city, development, Ouagadougou.

INTRODUCTION
L'urbanisation progresse rapidement, particulièrement dans les pays en développement, et
s’accompagne à la fois d’opportunités et de défis. Les défis globaux comme le
changement climatique et l'épuisement de ressources naturelles affectent les territoires de
différentes manières et exigent des réponses nouvelles et innovantes (ONU-Habitat,
2015). Les éléments et formations végétales en milieux urbanisés (arbres urbains,
ceintures vertes et autres forêts périurbaines) deviennent de plus en plus importants pour
le développement durable. Conformément aux trois piliers du développement durable, une
ville chercherait à prendre en compte simultanément les enjeux sociaux, économiques et
environnementaux. En termes d’aménagement, il est recommandé de « Faire en sorte que
les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables »
(ODD111) ; de « Limiter l’empreinte écologique de l’urbanisation » (ODD15) (ONU,
2019).
Au Burkina Faso, le taux d’urbanisation s’élève à 26,1% en 2019. C’est dire
qu’environ 26 personnes sur 100 vivent en ville contre 22,7 % en 2006. La population de
la ville de Ouagadougou représente 45,1% de la population urbaine soit 2 415 266
habitants (INSD, Juin 2022). Un taux en relative baisse par rapport à 2006, 46,4 %, soit
1 475 223 habitants. Cette croissance démographique accentue l’impact sur les ressources
naturelles, dans le sens d’un accroissement du taux d’occupation de l’espace, du
développement de l’habitat spontané, d’une augmentation des besoins en infrastructure
urbaines telles que les routes et l’impératif d’aménagement des zones d’habitation
(Burkina Faso, 2009). Déjà, les espaces verts (parc, jardins, ceinture verte, etc.) de la
commune de Ouagadougou sont en état de dégradation (Sana, 2001 ; Kêdowidé, 2011 ;
Somé, 2020). En 2009, 1 043 espaces verts ont été inventoriés dont l’état révèle 4,12 %
d’espace vert aménagé, 45,25 % d’espace nu, 43,63 % d’espace vert illégalement occupé
et 7 % d’espace vert ayant changé de destination (Burkina Faso, 2009). Les questions
persistantes restent la dégradation soutenue de espaces (jardin, parc, ceinture verte),
l’insuffisance de l’aménagement et d’entretien, l’occupation illégale des espaces verts,
l’insuffisance de leur contribution à l’amélioration de la qualité de vie de la population. Il
est nécessaire de mieux saisir la dynamique des écosystèmes urbains Ouagalaise,
notamment en ce qui a trait à la dispersion et à l'évolution des ensembles végétaux
dispersés dans l'agglomération (Saint-Laurent, 2000). Le but de la recherche est
d’analyser l’aménagement urbain de Ouagadougou en faisant ressortir la prise en compte
des espaces végétalisés. L’aménagement qui s’aperçoit comme l’action de la projection
de la société citadine (urbanisation) et les mesures urbanistiques proprement dites.
La recherche est basée sur une revue de littérature axée sur l’analyse de
l’urbanisation, les politiques et outils urbanistiques visant la prise en compte des espaces

1
Objectifs du Développement Durable (ODD). Au nombre de 17, ils sont adoptés par les Nations Unis en
2015 et qualifiés d’objectifs mondiaux.

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végétalisés et leurs états actuels. L’hypothèse de la recherche stipule que Ouagadougou

est un écosystème déséquilibré. Le constat sur l’impact des aménagements et de
l’urbanisation révèle que la viabilisation et l’urbanisation de l’espace sont faites au
détriment du couvert végétal, de la diversité floristique et affecte aussi la vie quotidienne
des populations et faisant de Ouagadougou une ville non écologique. Par excellence, le
réseau des zones boisées, des groupes d’arbres et des arbres individuels se trouvant à
l’intérieur et autour de Ouagadougou, assurerait la fonction écologique de la ville.

1. ZONE D’ETUDE ET METHODOLOGIE

1.1.Zone et système d’étude
Située au centre Burkina Faso à la latitude 12°21’N et à la longitude 01°31 W, la
ville de Ouagadougou relève de la région du centre constituée de la province du Kadiogo.
Avec une superficie de 21 930 hectares, Ouagadougou est une collectivité territoriale
décentralisée et administrée par un maire élu. La ville est décomposée en douze (12)
arrondissements auxquels sont rattachés dix-sept (17) villages. La commune de
Ouagadougou compte cinquante-cinq (55) secteurs (IGB, 2014). Cette dernière est limitée
au nord par la commune de Pabré, au sud par la commune de Komsilga et Koubri, à l’est
par Saaba et à l’ouest par Tanghin-Dassouri (confère Carte1).
Carte 1 : Localisation géographique de Ouagadougou

Les données démographiques, selon le recensement général de la

population et de l’habitat (RGPH) de 2019, montraient que la population urbaine
du Burkina Faso est de 5 398 305 d’habitants dont 45,4% soit 2 453 496 habitants
pour Ouagadougou, ce qui équivaut à 12% de la population du pays. En termes de
territoire la région du Centre constitue dans le Plan Nationale d’Aménagement le
« grand Ouaga » avec une population de 3 032 668 habitants, soit 14,8% de
l’ensemble de la population du Burkina Faso. (Institut National de la Statistique et
de la Démographie (INSD), 2020 p37 et 38).

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1.2.Méthode de recherche utilisée : une revue de littérature

Le survol et l'évaluation critique d'un ensemble d'ouvrages concernent ceux
liés à la question des espaces verts de Ouagadougou. Cette revue est axée sur l’analyse de
l’urbanisation, les politiques et outils urbanistiques visant la prise en compte des espaces
végétalisés et leurs états actuels. Cette typologie de sources est repartie en textes et lois ;
des mémoires, articles et Thèses. Certaines sont des sources d’inspiration théorique et
d’autres des outils d’aménagement et des documents généraux (confère Tableau1).
Tableau 1 : Typologie des sources documentaires

TYPES DE SOURCE SOURCES

Textes et lois (Assemblée Nationale , 28 mai 2018), (Burkina Faso,
2006), l’Orientation de la Décentralisation (TOD) en
1998, la réorganisation agraire et foncière (RAF) en
1996, le code de l’environnement de 1997 et code de
l’urbanisme et de la construction en 2006. (Burkina
Faso, 2008),
Mémoires, articles et (Dahani & Compaoré, 2021), (Jaglin, 1995), (Fournet,
thèses Meurnier-Nikiema, & Salem, 2008), (Kientga, 2008),
(Ouédraogo, 2018), (Somé, 2020), (Tondé, 1994),
(Sana, 2001) (Savadogo, 2009), (Rondelli, 2016)
Inspiration théorique (Blanc, Glatron, & Schmitt, 2012) (Boutefeu, 2007)
(Da Cunha, 2015) (Ernwein, 2016) (Saint-Laurent,
2000) (Rondelli, 2016)
Outils d’aménagement (POS , Commune de ouagadougou, Juillet 2011),
de Ouagadougou (Burkina Faso, 2009), (Burkina Faso, 2008)
Actualité des espaces (Kiekieta, s.d.) (S, Ouagadougou: Le jardin Ouaga-
verts de Ouagadougou Loudun à l’abandon, 2019) (S, Ouagadougou : Sauver
le square NABA-KOOM, 2019)
Documents généraux (INSD, Juin 2022) (ONU, 2019) (ONU-Habitat, 2015)
(ONU-Habitat, 2007)
Source : Auteur

2. RESULTATS : URBANISATION, URBANISME, PLACE DES ESPACES

VERTS ET OUAGADOUGOU DURABLE
2.1.Transformation des terres de leur état naturel de Ouagadougou
Ouagadougou, capitale du pays, la plus grande ville, ne cesse de s’étendre. En un
demi‐siècle (1956 à 2005), la population de l’espace fortement urbanisé de Ouagadougou
a été multipliée par vingt-six (26) et sa superficie par quatre (04) (Kientga, 2008). Sa
population est de 2 415 266 habitants, ce qui représente 45,1% de la population urbaine
et environ 12% de la population totale du pays (INSD, Juin 2022). Selon l’INSD,
l’accroissement démographique a doublé (population multipliée par 2,1) entre les deux
recensements de la population de 1996 et de 2006. Cette situation est encore perçue de
2002 à 2021 où sa superficie s’est multipliée par plus de 3 et en même temps sa population
de 2006 à 2021 s’est multipliée par plus de 3.
L’espace urbain de Ouagadougou montrait que les parcelles issues des différents
lotissements officiels étaient plus de 400 000 parcelles, cependant la moitié d’entre elles
demeuraient non bâties. À ces parcelles, s’ajoutent celles des agences immobilière (des
millions de parcelles), incontrôlés par l’État. À ces zones loties, s’ajoutent de vastes
étendues de quartiers précaires, localement désignés par le terme « quartiers non lotis »,
qui fait que Ouagadougou dépasse ses limites administratives. Ces quartiers non lotis

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abritent plus d’un tiers de la population de la ville. Ce sont des espaces en pleine
densification et accroissement spatial. Ces quartiers d’habitat spontané se caractérisent
par une densité d’occupation d’environ 100 habitants/ha et forment avec les quartiers lotis
riverains une couronne d’habitats sous-équipés et sous-viabilisés par rapport au centre-
ville (Dahani & Compaoré, 2021). L’expansion d l’habitat non contrôlé a nécessité
l’aménagement d’un grand ensemble, le « Grand Ouaga ». Il couvre une superficie de
3300 km² sur un rayon de près de 50 km autour de la ville de Ouagadougou. Il comprend
la commune urbaine de Ouagadougou et sept communes rurales autour de Ouagadougou
que sont : Pabré, Tanghin-Dassouri, Komki-Ipala, Komsilga, Koubri, Saaba et Loumbila
(Burkina Faso, 2008). La caractéristique principale de l’habitat de la zone urbanisée est
sa faible densité de population avec une densité moyenne de 17 ménages par hectares avec
un ménage occupant une parcelle.
Cette situation entraîne une extension spatiale importante de la ville et partant une
rentabilisation difficile des réseaux de desserte urbaine (voirie, eau, électricité, téléphone,
etc.) (Burkina Faso, 2009, p. 29). L’étalement de la ville oblige les déplacements de
longues distances qui ne sont pas sans conséquences sur la qualité de l’air. La pléthore des
engins de déplacement dominé par les deux roux fait des poussières émises, la pollution
principale de la ville. Cette pollution est responsable d’environ 15 % d’augmentation des
maladies respiratoires. (Savadogo, 2009).
2.2.Pratiques d’urbanisme : Les priorités, maîtriser et gérer l’espace
urbain, développer des infrastructures et équipements
Une convergence générale depuis la fin des années 1980 est constatée en termes
de réduction de l’étalement urbain. Ce qui est préconisé est une utilisation plus intensive
du sol, des infrastructures urbaines et diminution des distances logement-emploi-loisirs
pour contenir l’étalement urbain, inverser le comportement en matière de réalisation de la
mobilité et contrôler l’empreinte écologique de la ville (Da Cunha, 2015, p. 22) .
L’étalement de Ouagadougou a toujours été une priorité. À la fin du siècle dernier,
le schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme (SDAU) de Ouagadougou, adopté en
mai 1986, mettait l'accent sur la nécessaire densification de l'habitat et l'urgence d'une
solution radicale à l'expansion des aires d'habitat spontané, en proposant la régularisation
foncière. La priorité à Ouagadougou était de produire rapidement, par la restructuration
ou le lotissement, quelque 50 000 parcelles et de plafonner les superficies unitaires à 300
m2 afin d'obtenir une moyenne minimale de 20 lots par hectare (Jaglin, 1995, p. 63).
L’objectif des aménagements est de réduire la pauvreté urbaine et d’accroître la
contribution des villes à la croissance économique à travers l’amélioration de la gestion
foncière, des infrastructures (Fournet, Meurnier-Nikiema, & Salem, 2008, p. 21). Selon
Kientga (2008), les priorités saillantes de la ville de Ouagadougou en ce début de 21e
siècle sont en termes de maintien des possibilités génératrices de revenus, la fourniture de
nourriture et de services tels que la collecte des déchets et l'approvisionnement en eau
pour la population croissante (Kientga, 2008). Pour la SDAGO, l’aménagement devra
permettre l’amélioration des conditions de vie et la qualité de l’offre urbaine à travers le
développement des activités et des infrastructures. Il devra garantir l’accessibilité des
populations du Grand Ouaga2 aux besoins fondamentaux que sont l’accès à un logement
décent, à l’éducation, à la santé, à la sécurité, à l’emploi et à la mobilité (Burkina Faso,
2009).

2 Le Grand Ouaga est plan d’aménagement d’une une superficie d’environ 3304 km2 prévu par le Schéma Directeur
d’Aménagement (SDAGO) à l’horizon 2025.

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2.3.Une faible prise en compte des espaces végétalisés (espaces verts) et la

dégradation de l’existant
Au Burkina Faso, les années 1990 peuvent être considérées comme le point de
départ d’une prise de conscience réelle des pouvoirs publics, aux problèmes de
l’environnement en général, et de l’environnement urbain en particulier. La loi
fondamentale du 02 juin 1991 dans son article 29, stipule que « le droit à un
environnement sain est reconnu ; la protection, la défense et la promotion de
l’environnement sont un devoir pour tous » (ONU-Habitat, 2007). Divers textes de
référence et engagements ont été pris par les gouvernements dans l’optique d’une
amélioration de l’environnement urbain. Il s’agit, non exhaustif, les Textes portant sur
l’Orientation de la Décentralisation (TOD) en 1998, la réorganisation agraire et foncière
(RAF) en 1996, le code de l’environnement de 1997 et code de l’urbanisme et de la
construction en 2006.
Les textes et lois sont dans l’ensemble non exigeants et non respectés. Ils n’ont pas
pu donner une configuration durable à l’espace urbain de la ville de Ouagadougou. Parmi
les opérations d’aménagement, le lotissement, le plus entreprise dans le contexte de
Ouagadougou, n’interpelle pas les acteurs à une prise en compte des espaces verts dans
l’espace urbain. Le lotissement est « l’opération d’aménagement ayant pour objet la
division d’un terrain nu à plus de deux lots viabilisés destinés à l’habitation et/ou aux
activités connexes » (Art.2) (Burkina Faso, 2006). Les infrastructures et équipements
sembles être le leitmotiv de l’aménagement urbain. Selon la loi portant sur l’aménagement
durable (Art. 28), les aménagements urbains contribuent à l’amélioration des conditions
de vie de la population urbaine à travers la création, le développement et la rénovation des
infrastructures urbaines indispensables pour la fourniture de services publics de qualité
(Assemblée Nationale , 28 mai 2018). Pour la RAF, (Art.8 et Art.39), les terres urbaines
sont destinées principalement à l’habitation, au commerce, à l’industrie, à l’artisanat, à
l’installation des services publics et d’une manière générale aux activités liées à la vie
urbaine (Burkina Faso, 2008).
La part de la superficie urbaine dédiée aux rues et aux espaces publics ouverts
recommandés par l’ONU-Habitat est de 30 % (pour les rues), et 10 à 15 % (pour les
espaces publics ouverts). Les normes sont loin respectées dans le contexte du Burkina
Faso. Les espaces verts (parc, jardins, ceinture verte, etc.) de la commune de
Ouagadougou sont en état de dégradation (Sana, 2001; Kêdowidé, 2011; Somé, 2020)
(confère carte1).

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Carte 2 : État de la ceinture verte de Ouagadougou

Source : Kêdowidé, 2011

Tableau 2 : Statistiques sur la nature de l’occupation des sols de la ceinture verte

Source : Kêdowidé, 2011

En 2009, 1 043 espaces verts ont été inventoriés dont l’état révèle 4,12 % d’espace
vert aménagé, 45,25 % d’espace nu, 43,63 % d’espace vert illégalement occupé et 7 %
d’espace vert ayant changé de destination (Burkina Faso, 2009). Pour le cas de la ceinture
verte, malgré l’interdiction d’habitation, 25,4% des 3378 hectares sont construits et
habités (confère Tableau 2).
Cet état de dégradation est à l’origine des conséquences écologiques considérables. Les
problèmes persistent. Il s’agit de la dégradation soutenue de espaces (jardin, parc, ceinture
verte), l’insuffisance de l’aménagement et d’entretien, l’occupation. Les espaces
n’assurent pas leurs vocations premières convenablement. Ce sont la vocation
socioéconomique : distraction et loisir, agroforesterie, l’amélioration de la qualité de vie
de la population.

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2.4. Espaces verts, fonctionnalités et contribution à une ville durable de

Ouagadougou.
Les fonctions écologiques sont de plus en plus recherchées. La protection de
Ouagadougou contre les crises environnementales. Il s’agit de la maîtrise et la
préservation des ressources naturelles. À cet effet, la forêt classée de Bangr-weogo, les
territoires agroforestiers de la ceinture verte, les jardins publics et les sites agricoles
urbains constituent actuellement les grandes réserves forestières ou les espaces verts
encore disponibles. Il s’agit de développer une réelle stratégie d’armature verte pour la
ville qui met en réseau les espaces verts, les parcs et jardins, les allées arborées et les
arbres d’alignement de la commune.
En guise d’illustration, le POS propose de mettre en place une batterie de mesures pour
préserver et mettre en valeur les « éco-territoires » que constituent les milieux naturels
d’intérêt, notamment boisés, en favorisant leur intégration au développement urbain. ».
Ainsi une gamme d’espaces naturels se distingue. La vocation « verte » de la ville
s’observe par le renforcement de la ceinture verte, la ceinture agricole, les espaces verts
(jardins, parcs, bosquets). La trame bleue constituée des barrages, les bassins de rétentions
d’eau et les marigots est proposée.
De la création d’une ceinture verte de reboisement autour de la future ville lotie, certaines
zones réservées à l’agriculture devant jouer le rôle de « poumon vert urbain » (Fournet,
Meurnier-Nikiema, & Salem, 2008, p. 42)
Ces domaines devraient offrir aux populations urbaines des espaces conviviaux pour la
détente et le repos, créer de nouvelles destinations de loisirs pour les populations urbaines.
Ils devraient également préserver les milieux naturels protéger (pour diminuer l’influence
du vent et de la poussière et contre l’érosion éolienne et hydrique) et mettre en valeur leurs
paysages. [SDAGO (1999) (Sana, 2001) (Tondé, 1994)]

3. DISCUSSION
3.1.Retour sur l’hypothèse : prise en compte lente des espaces végétalisés
(espaces verts)
Si les espaces verts sont recherchées aujourd’hui pour leur qualité de combler la
fonction écologique des villes, les fonctions qui leurs sont attribuées ont évolué et colorié
par une gouvernance mondiale ou une prise de conscience mondiale de la dégradation de
l’environnement (Rondelli, 2016), (Blanc, Glatron, & Schmitt, 2012). Pour eux,
l’urbanisme fonctionnaliste du 19e siècle à la fin du 20e siècle conférait à l’espace vert
d’abord, une vocation sociale esthétique avant la vocation sociale structurante dans les
années 1960 ou la notion d’espaces verts s’inscrit dans les texte et lois. À partir de 1990,
la vocation sociale et écologique des espaces verts est prônée avec la prise en compte de
la biodiversité.
À Ouagadougou, les espaces verts étaient des lieux sacrés (Bangr-weogo) avant
d’avoir son intérêt scientifiques et espace de loisir pour les blancs en 1917. Les défis
environnementaux et les besoins des populations de Ouagadougou ont motivé le
classement de la forêt de Gonsé en 1953. (Ouédraogo, 2018). Sa vocation à son classement
était de constituer une barrière contre l’harmattan, protéger les cours d’eau mais aussi
conserver la faune et d’offrir du bois et du charbon aux Ouagalais. Il fallait attendre 1960
pour la prise en compte du rôle social des espaces verts des Ouagadougou avec
l’aménagement des jardins publics destinés au repos, à la promenade et au loisir.
L’établissement de la ceinture verte en 1974 coïncide avec la sècheresse dans le contexte
de la politique nationale de lutte contre la déforestation d’où sa vocation d’endiguer
l’avancée du désert.

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La configuration de Ouagadougou actuelle, un espace urbain à prédominance du

bâti, est redevable aux outils et défis majeurs qui ont suscité son aménagement. Avec le
CSLP, dans le contexte des OMD, et en s’inspirant la pauvreté urbaine révélée par le
recensement de 1996, le SDAGO devra « permettre l’amélioration des conditions de vie
et la qualité de l’offre urbaine à travers le développement des activités et des
infrastructures. Il devra garantir l’accessibilité des populations du Grand Ouaga aux
besoins fondamentaux que sont l’accès à un logement décent, à l’éducation, à la santé, à
la sécurité, à l’emploi et à la mobilité. » (Burkina Faso, 2009). À l’origine, le schéma
directeur d'aménagement et d'urbanisme (SDAU) de Ouagadougou, adopté en mai 1986,
met l'accent sur la nécessaire densification de l'habitat et l'urgence d'une solution radicale
à l'expansion des aires d'habitat spontané (Jaglin, 1995).
La préoccupation écologique de Ouagadougou est récente, exclusivement formelle
et ces prescriptions n’ont pas assez d’impact sur le paysage de la ville. En effet, c’est en
2015 les orientations des aménagements met l’accent sur les principes de la durabilité de
la ville. L’aménagement urbain est conçu comme « ensemble d’actions concertées visant
l’organisation, l’affectation ou la transformation de l’espace urbain en vue de satisfaire
les besoins d’habitation, d’infrastructures, d’équipements, d’implantation d’activités et
de protection de l’environnement (Art.4) » (Assemblée Nationale , 28 mai 2018). Des
ambitions dont les l’exécution entamée est en phase et recherche de financement.
3.2.Une interprétation des résultats : définition, conception, gestion et prise
en compte des espaces verts
C’est à la conception et à la réalisation des espaces verts qu’il faut rechercher les
causes de l’état actuel des espaces verts. Une conception, définition et pratique orientées
essentiellement vers la vocation sociale. En effet, à travers sa définition, le rôle assigné à
un espace vert est très important ; « il doit contribuer à l'amélioration du cadre de vie des
populations. De ce fait, l'espace vert a nécessairement les caractères suivants : récréatif,
sanitaire, éducatif, social, culturel et économique » (Tondé, 1994). Ainsi : « En fonction
du rôle assigné aux espaces verts, un certain nombre d'activités peuvent s'exercer sur leur
aire. Généralement, ces activités sont mentionnées sur les plans d'aménagement. Il s'agit
surtout, dans le cas de Ouagadougou, des pépinières, des kiosques, des buvettes, des jeux
de société, ... etc. Selon l'affluence et les besoins des clients, d'autres activités peuvent
voir le jour. Ainsi, observe-t-on dans plusieurs espaces verts des vendeurs de brochettes,
de poulets ou de porc au four, sans oublier le vendeur de cigarettes qui est installé à
côté ». Cette conception néglige l’aspect écologique de l’espace vert, sa superficie et sa
vitalité susceptible de juguler les effets du changement climatique. Elle se projette dans le
paysage de Ouagadougou par des jardins ou des squares à dimensions réduites en plein
abandon (Kiekieta, s.d.). Ces jardins sont gérés par la Mairie centrale. L’abandon et la
dégradation des espaces verts se justifient par la cherté de la location, le manque
d’entretien, les activités autorisées. (S, Ouagadougou: Le jardin Ouaga-Loudun à
l’abandon, 2019), (S, Ouagadougou : Sauver le square NABA-KOOM, 2019). Certaines
catégories d’espaces verts comme la ceinture verte se dégradent du fait des activités qui
sont autorisées ou sont frauduleusement pratiquées. Ils s’agissent de l’agriculture urbaine
(Kêdowidé, 2011) ou de l’occupation par les kiosques (Somé, 2020). Somme toute, les
définitions d’espaces verts en tant qu’espace végétalisé, privé ou public, localisé en milieu
urbain faisant l’objet d’une classification sont en mutation d’un point de vue de leur
conception, de leur réalisation et de leur entretien. Leurs dimensions, leurs répartitions et
vitalités dans l’ensemble de Ouagadougou permettent de jouer convenablement leurs rôles
environnementaux et écologiques. Plutôt, les politiques d’aménagement les espaces verts
pourraient les concevoir en fonction de leurs occupations de l’espace urbain. Mehdi,

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Weber, Di Pietro, & Selmi, (2012) considèrent les espaces vers comme un réseau
végétalisé « trame verte ». Ainsi la définition « trame verte » de ces espaces en tant
qu’outil d’aménagement revêt plus d’importance. Aujourd’hui la trame verte recouvre des
fonctions de plus en plus variées que l’approche fonctionnaliste (Mehdi, Weber, Di Pietro,
& Selmi, 2012). Les trames vertes participent aussi à l'usage récréatif en ville et à la
circulation des personnes, et sont susceptibles de favoriser les liens sociaux, et de
contribuer positivement à l’élaboration d’un capital social. En conséquence, les questions
de connectivités écologiques et des rapports des êtres humains à la nature en ville
enrichissent progressivement la problématique (Blanc, Glatron, & Schmitt, 2012)
3.3.Intégrer les résultats des études antérieures
Cette étude s’inspire théoriquement de recherches antérieures. (Da Cunha, 2015) :
L’écologie urbaine et l’urbanisme durable sont impératifs pour la qualité urbaine et la
poursuite du développement durable (Boutefeu, 2007). La nature en ville constitue des
enjeux paysagers et sociétaux. Les villes et les établissements humains nécessiteraient être
ouverts à tous, sûrs, résilients et durables (ONU, 2019). Pour Blanc, Glatron, & Schmitt
(2012), les trames vertes urbaines constituent des recherches en sciences humaines et
sociales dans le contexte du développement durable des territoires.
3.4.Contribution théorique de l’étude
Il s’agit de changer de paradigme. À notre sens, les espaces verts doivent constituer
un élément structurant de l’espaces urbain capable d’assurer la triple fonction, le social,
l’économie et l’écologique. La ville se doit d’être considérée comme un écosystème où
l’aménagement réduirait l’empreinte écologique pour une ville soutenable.
3.5.Applications éventuelles et pistes de recherches futures
Notre approche peut intégrer le concept « SADRS » (système d’aide à la décision
à référence spatiale) (Bensaid et al. 2007)3. L’étude pourrait aider à la formulation
d’éventuels outils d’aménagement urbain. Dans ces plan ou outils la répartition des
espaces est d’ordre important. Par exemple, la proximité comme la création des zones
tampons (buffer) et le polygone de Thiessen pour exprimer la couverture spatiale des
espaces verts (Osseni, Mouhamadou Toko, Tohozin, & Sinsin, 2015). L’attractivité des
espaces verts par rapport à la distance permet d’établir la superficie d’espace vert par
habitant, d’évaluer la fonction sociale (détente, récréation, la production d'oxygène ;
l’esthétique du paysage facilite ; limitant le stress ; le captage des particules
atmosphériques, rencontre; sport). Les pistes de recherches sont d’abord l’impact de
l’urbanisation sur la couverture végétale au long du gradient urbain, ensuite comment
évaluer les fonctionnalités sociales, économiques et environnementales pour une ville
durable.

CONCLUSION
La contribution des espaces végétalisés pour une durabilité de la ville et de leurs
bienfaits n’est plus à démontrer. Le réseau des zones boisées de Ouagadougou, assurerait
un vaste éventail de fonctions économique, sociale et surtout écologique de la ville.
Cependant, l’impact de l’aménagement de la ville est la dégradation et l’insuffisance des
mesures efficaces pour préserver ces précieux espaces. Des investigations sur l’état actuel
des espaces végétalisé, la modélisation de son réseau sembleraient aider à la restauration
et à la contribution économique, sociale et écologique.

3 Bensaid A., Barki M., Talbi O., Benhanifia K., Mendas A., 2007, L’analyse multicritère comme outil
d’aide à la décision pour la localisation spatiale des zones à forte pression anthropique : le cas du
département de Naâma en algérie, Revue Télédétection, vol. 7, n° 1‐2‐3‐4, p. 359‐371

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