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BOIGNY
UE
Villes, développement et dynamiques
territoriales
SYLLABUS - COURS
2019-2020
PLAN DU SYLLABUS-COURS
1. SYLLABUS..............................................................................4
ECUE
LES MUTATIONS DES ESPACES RURAUX
1. SYLLABUS
2019-2020
1.1. Fiche technique de la maquette pédagogique
1.1.1. Semestre, niveau, option et type d’enseignement
Semestre : 1
Niveau : Licence 3
UE
VILLES, DEVELOPPEMENT ET DYNAMIQUES
TERRITORIALES
SYLLABUS-COURS
1.SYLLABUS
1.2. Résumé
La campagne, aussi appelée milieu campagnal ou milieu rural, désigne l'ensemble des
espaces cultivés habités, elle s'oppose aux concepts de ville, d'agglomération ou de milieu
urbain. Faisant parti aussi du paysage, cette dernière est polysémique et évolutive. Elle tire
son origine du mot allemand ‘’Landschaft’’. Conformément aux disciplines et aux contextes
de gestions, plusieurs définitions sont attribuées au paysage. Le paysage, c’est d’abord ce que
l’on voit. Souvent appréhendé comme une vue d’ensemble, il est parfois perçu comme une
portion d’espace composée d’une mosaïque d’éléments. Pour les géographes du début du
siècle, le paysage agraire est la transformation du paysage naturel en vue de créer un espace
organisé à des finalités productives. Les structures agraires constituent un ensemble de
structures foncières résultant de la combinaison et de l’appropriation du sol agricole, des
structures d’exploitation et des modes de faire valoir. En effet, l'activité agricole exige une
organisation de la terre. C’est différentes organisations conduisent à des mutations au niveau
des pratiques agraires. Plusieurs facteurs peuvent expliquer les différentes transformations. Il
y a les facteurs naturels ; les faits démographiques ; les facteurs technico-économiques et les
modes de productions ; la diffusion de l’agriculture de marché et la déprise agricole. Les
effets induits de ces mutations sont multiples et se manifestent diversement à travers : les
crises écologiques, la restructuration de la gouvernance foncière, du cadre et des modes de
vies ainsi que les fonctions de la campagne. En outre, la maitrise du coût économique de tous
ces bouleversements n’a pas toujours été accompagné par le choix des individus ou des
collectivités concernées ».
Institut de Géographie
Tropicale
UFR : Sciences de l’Homme
et de la Société
Licence 3 Géographie
Support de cours
Maître de Conférences
Introduction
La campagne, aussi appelée milieu campagnal ou milieu rural, désigne l'ensemble des
espaces cultivés habités, elle s'oppose aux concepts de ville, d'agglomération ou de milieu
urbain. Les définitions du terme « rural » varient énormément selon les époques, et selon les
pays. L’universalité du fait rural n’est plus à démontrer. Le terme est utilisé depuis fort
longtemps dans pratiquement tous les pays du monde pour désigner les organisations sociales
agraires ou les régions d’habitat dispersé. Cette notion s’appuie sur trois dimensions
fondatrices : la prééminence des activités agricoles et pastorales dans les formes de
l’organisation économique et sociale ; une spécificité du système de valeurs (rôle de la
famille, de la propriété du sol, de la tradition...) et des modes de vie (autoconsommation,
travail, solidarités villageoises...) par rapport aux habitants des villes ; les particularités d’un
mode de colonisation de l’espace et d’utilisation des ressources du sol qui aboutit à une
occupation extensive du territoire avec pour corollaire la dispersion et la faible densité du
peuplement (Bontron, 1996).
Aujourd'hui encore, près de la moitié des habitants de la planète vivent à la campagne. Ils
constituent la population rurale et vivent dans un environnement où les activités agricoles ont
longtemps déterminé le paysage. Ainsi, les transformations agricoles et rurales durant la
deuxième moitié du XXe siècle ont été si importantes et rapides qu’elles ont bouleversé le
monde rural. Depuis lors, les sociétés rurales sont en proie à de nombreuses mutations. Le
milieu rural connaît de profonds changements qui découlent souvent directement de
phénomènes démographiques et économiques. Ces mutations sont le signe d’une
recomposition de l’espace rural qui doit répondre à de nouvelles fonctions et aussi faire face à
de nouveaux problèmes. Ces mutations alimentent les recherches des géographes qui se sont
partiellement détournés des composantes agraires puis agricoles depuis les années 1980, pour
se diriger vers l’ensemble des populations du monde rural dans un contexte plus global
(Guibert &Jean, 2011). Ces recherches s’interrogent généralement sur les différentes
mutations en cours, les facteurs de ces mutations et les effets induits sur les milieux ruraux.
Ce cours a donc pour objectif d’étudier les transformations observées dans les espaces ruraux.
Il s’articule en autour de trois parties :
Réciproquement, ces milieux sont influencés par les sociétés qui les utilisent. Ainsi, l’analyse
du paysage s’inscrit dans l'interface homme/nature. Cette interface se caractérise par un type
de combinaison dynamique et d'éléments géographiques différenciés (physiques, biologiques
et anthropiques) (G. Bertrand, 1968). La mosaïque des éléments fait du paysage "un ensemble
géographique" indissociable qui évolue en bloc sous l'effet des interactions et de la
dynamique propre de chacun de ces éléments considérés séparément. Nous identifions
différents types de paysages dont le paysage agraire.
Pour les géographes du début du siècle, le paysage agraire est la transformation du paysage
naturel en vue de créer un espace organisé à des finalités productives (l’agriculture,
substance) et au dépend de la végétation. Il est un espace marqué par l’empreinte de l’activité
agricole. Cette considération n’est valable que dans les pays en voie de développement.
Renard (2002) : « Dans les pays développés du Nord, on ne peut plus les décrire par la seule
entrée agricole. Dans un monde dominé par le fait urbain et son étalement spatial, de
nouvelles fonctions sont dévolues aux espaces ruraux, de nature résidentielle, de loisirs, de
détente et de protection. Les espaces agricoles reculent et changent de nature. Dans les pays
du Sud, la croissance des populations agricoles accompagne l’essor des terres cultivables et
l’intensification. Parallèlement les systèmes de production évoluent avec l’essor de cultures
de rente. ».
L’agriculture est la principale composante économique du milieu rural. Le paysage agraire est
la résultante de l’activité agricole (Lebeau, 1986). Son organisation est régie par la
combinaison de multiples éléments plus ou moins anciens, matériels et immatériels. Dans le
paysage agraire, les structures visibles sont les bâtis, les champs et les chemins. Les structures
immatérielles sont : la structure agraire, l’environnement technique et économique de
l’activité agricole. La dynamique des structures matérielles et immatérielles influence
l’évolution des paysages ruraux (Renard, 2002).
Les mutations rurales débutent avec la sédentarisation des hommes du néolithique. Cette
période, marquée par les toutes premières innovations agricoles, constituent les prémisses des
premières techniques culturales, l’organisation des parcellaire et l’habitat rural. Les systèmes
de productions extensif avec des champs ouverts se sont maintenus jusqu’à la seconde moitié
du moyen âge. À la fin de cette période et avec la découverte du continent américain en 1492
(marquant le début des temps modernes), les cultures commerciales sont progressivement
développées. En Europe, en Asie et sur le continent américain, l’introduction de la culture
attelée bouleverse les techniques de production et contribue à l’augmentation des superficies
de production. Avec les révolutions industrielles à partir du XVIIIème siècle, de nouvelles
techniques de production sont élaborées. La mécanisation agricole vient renforcer l’usage de
la culture attelée dans les exploitations agricoles. L’usage d’engrais intensifie les systèmes de
production. La colonisation des terroirs africains pour la production des cultures commerciale
(économie de plantation) participe à la transformation des techniques de production de ses
sociétés longtemps restés dans l’autarcie et l’évolution des systèmes de gestions foncières.
Figure 1 : Essaie de schématisation de l’histoire des mutations agraires (Mazoyer et al,
1999 ; Diamond, 2000 ; Renard, 2002)
II.2- Les facteurs et les mécanismes des mutations des espaces ruraux
En plus du climat, les conditions orographiques influencent l’organisation des espaces ruraux.
Si les plaines et les plateaux constituent des unités orographiques faciles à exploiter, les
pentes abruptes des montagnes restent parfois des zones difficiles à cultiver. Mais elles ne
représentent pas pour autant des obstacles à la production. Dans les montagnes des zones
tempérées, les communautés paysannes se sont efforcées à contrôler l’ensemble des versants
dont les dénivellations dépassent fréquemment 1000 m. En Été, les éleveurs y pratiquent la
vaine pâture notamment dans les régions alpines de la France et de la Suisse. Dans les zones
de montagnes d’Asie, les communautés paysannes développent la production du riz sur les
versants. Cette technique permet de caractériser les paysages de rizières en terrasse. C’est le
cas des rizières en terrasse dans le Nord de la Thailande, en Chine et au Madagascar.
Photo 2 : Rizière en terrasses à Chiang Mai dans le Nord de la Thailande
Le substrat pédologique est un facteur qui influence les techniques culturales et les pratiques
paysannes. Il détermine les types de culture et l’organisation des grandes structures agraire
dans le monde. Les sols des climats désertiques, tempérés, polaires ou tropicaux s’adaptent à
des types de spéculations agricoles bien spécifiques. Par leurs pratiques, ils modifient
constamment la structure et la composition originelle des sols. La plupart des sols sont
fragiles, sans apport nutritifs pour pallier les prélèvements des cultures, ils s’épuisent
rapidement. La pratique de la jachère, l’amendement par engrais chimique (Azote, NPK,
Urée) ou organique (Compost) redonnent au sol les minéraux ou éléments perdus. Dans
certaines régions, singulièrement dans les espaces ruraux de l’Afrique subsaharienne,
l’exploitation excessive des terres et la réduction des temps de jachère participent à la
réorganisation des systèmes de production, la modification des structures agraires et le
développement de nouvelles cultures adaptées à la circonstance.
L’introduction d’innovations techniques dans les espaces ruraux est souvent adossée aux
politiques agricoles des gouvernements. Leur adoption est liée à l’environnement économique
des différentes cultures. Les politiques agricoles constituent un ensemble de mesures élaborés
par le gouvernement pour développer l’activité agricole et moderniser les espaces ruraux.
Photo 3 : Labour d’une parcelle de coton avec des unités attelages à Tongon (Nord de la
Côte d’Ivoire)
L’introduction des barrages hydro-agricoles améliore les techniques de maîtrise de l’eau. Les
périmètres de riz aménagés en aval des retenues d’eau et la colonisation maraîchère des rives
de barrages font apparaître de nouvelles morphologies agraires et le développement d’une
agriculture de contre-saison.
Contrairement aux espaces ruraux des pays en voie de développement, ceux des pays
développés, disposent d’un niveau de technicité plus moderne dans le domaine de l’irrigation.
Les systèmes d’irrigation par aspersion sont privilégiés au système d’irrigation de prise au fil
de l’eau (irrigation par canaux des barrages hydro-agricoles). Les investissements consacrés
au développement agricole s’accommodent à une politique d’élargissement des marchés de
consommation (liberté des marchés dans la zone Euro), l’implantation des géants agro-
industriels et l’inter-professionnalisation des grandes filières. L’intégration des filières et
l’importance des agro-alimentaires diminuent les parts de l’agriculture familiale et des
exploitants agricoles dans les espaces ruraux. Prioritairement adoptés en fonction de
l’orientation économique de la production, les innovations techniques agricoles réorganisent
les terroirs ruraux et les modes de productions.
Dans les anciennes colonies, notamment dans les terroirs africains, la diffusion de
l’agriculture de marché commence avec la colonisation. Dans le cadre de l’exploitation des
colonies, les cultures de café et du cacao ont été introduites afin de ravitailler les industries
européennes. De vastes superficies sont défrichées à cet effet et conduit également à la
constitution de bassins de productions spécialisés et à la concentration (Rénard, 2002). Le
développement des plantations familiales et agro-industrielles mobilisent d’importants
mouvements migratoires en direction des bassins de production. L’alourdissement de la
charge démographique pousse à l’intensification, au défrichement et à la dégradation de
l’équilibre naturel. Contrairement aux pays développés où l’agriculture de marché est
dominée par les agro-industries, dans les pays en voie de développement, l’effectif des
plantations familiales aux mains d’œuvres indigènes est encore prépondérant. Dans ces États,
les cultures vivrières marchandes sont prioritairement destinées au marché de consommation
urbain et les cultures de rentes (café, cacao, coton, hévéa, anacarde, sésame) sont destinées
aux marchés Européens, Asiatiques et Américains. Elle se traduit par le développement de
petites plantations, la construction de ceintures maraîchères destinées à ravitailler les marchés
urbains.
Cette agriculture de marché est soutenue par d’importants investissements financiers et
matériels qui permettent le développement de productions intensives avec de plus en plus
l’usage de semences de variétés améliorées, notamment les Organismes génétiquement
modifiés (OGM).
En Europe et en Amérique du Nord, la déprise agricole amorcée il y a plus d’un siècle et demi
est le résultat d’une conjonction de facteurs : exode rural d’une population essentiellement
agricole, évolutions techniques et mutations économiques, avec le passage d’une agriculture
largement auto-consommatrice à une activité tournée vers les marchés. Cette déprise agricole
s’est traduite par une rétraction de l’espace cultivé et une pression amoindrie sur les espaces
pastoraux (Moustier, 2006). Depuis la croissance démographique accélérée du milieu du 21 ème
siècle, en France dans les territoires ruraux des Alpes du Sud, on constate une déprise agricole
marquée, liée à un fort exode rural ainsi qu’aux mutations techniques et économiques de
l’agriculture. Elle a entraîné des incidences paysagères fortes sur l’espace cultivé et pâturé.
Dans ces espaces ruraux, de 1882 à 2000, il est passé de 17 299 ha à 9 759 ha, soit une perte
de 43,6%. Entre 1970 et 2000, le recul est de 2600 ha (–21%). La diminution de l’ager est
inégalement répartie (Moustier, 2006). En effet, la révolution fourragère se met peu à peu en
place, marquée par l’effacement de la jachère (1011 ha en 1882 et 124 ha en 1929) et le
développement des prairies artificielles et temporaires qui impose des assolements plus
complexes. Cette extension des cultures fourragères est permise grâce à la libération de terres
liée à la diminution du nombre des exploitations agricoles, 1545 disparaissent (38%) entre
1882 et 1929 (Mazoyer et al, 2002 ; Moustier, 2006). Dans les espaces ruraux des pays en
voie de développement, l’exode rural constitue un facteur de déprise agricole. En effet, En
Côte d’Ivoire, entre 1975 et 2014 la proportion de la population rurale faiblement par rapport
à celle des citadins. En fonction des données de l’INS sur la période, la proportion des ruraux
dans l’effectif national est de 68% en 1975 ; 61% en 1988 ; 57,5% en 1998 et 50,3% 2014
(RGPH, 2014). La réduction de la proportion des ruraux par rapport à celle des citadins est
alimentée par l’exode rural. En effet, la ville, comme marché et bassin d’emploi, comme
nœud de réseaux et comme pôle d’information et de décision, contribue puissamment à la
dynamique des espaces ruraux, en renforçant notamment la mobilité de la population rurale
(Lésourd, 2000). Cette mobilité rurale a rarement entraîné la rupture entre le rural et l’urbain.
La plupart des urbains africains ont une pratique socio-spatiale et économique « en réseau » et
continuent de considérer le village comme le cœur de leur pratique spatio-familiale.
Cependant, l’effet démographique est double : soulager une charge de population
considérée localement comme excessive, mais aussi affaiblir la société locale par le déficit en
main d’œuvre , surtout masculine jeune, que le départ entraîne. Mais les transferts
financiers et matériels, la présence périodique des émigrés, contribuent à la transformation
matérielle et sociale des espaces ruraux. La réduction de la main d’œuvre agricole (exode
rural des jeunes) et le vieillissement des bras valides contribuent à l’amenuisement des
surfaces de production dont les techniques de productions restent encore dominées par des
méthodes extensives. Hormis l’exode rural, qui réduit la proportion des actifs agricoles et par
ricochet entraine une diminution des espaces agricoles, le phénomène de déprise agricole est
également alimenté par les techniques agricoles.
III- Les effets induits des mutations sur les espaces ruraux
Les conséquences des mutations sur les espaces ruraux se manifestent diversement à travers :
les crises écologiques, la restructuration de la gouvernance foncière, du cadre et des modes de
vies ainsi que les fonctions de la campagne.
III.1- les crises écologiques induites par les mutations du paysage agraire
Les mutations des paysages agraires, se manifestent par l’agrandissement des parcelles de
production, l’intensification de l’activité de production et l’artificialisation des milieux. La
mobilisation de grande superficie se réalise au détriment de la végétation. Dans les pays
développés on observe de vastes superficies agricoles qui mobilisent les terres sur de très
longues durées. Dans les pays en voie de développement où l’agriculture constitue la
principale activité économique, les sols et la végétation sont constamment assujettis à la
dégradation. Tricart (1994), si la modernisation agricole s’est fait au long d’un demi-siècle
dans les pays tempérés, son transfert en l’espace d’une génération dans les pays tropicaux,
souvent en imposant des techniques non adaptées, s’est révélé désastreux. Les labours par les
unités d’attelage et les machines sont dangereux pour le maintien des sols. Alors que en 1950,
en culture attelée, sur le principe de 2 Km/h, on pouvait labourer un hectare par jour,
aujourd’hui avec des charrues de 6 à 7 socs (Lame métallique triangulaire qui tranche
horizontalement la bande de terre) et une vitesse de tracteur entre 6 à 8 Km/h on laboure 16
hectares par jour (Renard, 2002). Les parcellaires ont démesurément été agrandis. En
Australie et au Canada, on observe des exploitations de blé sur des superficies de 800 à 1000
hectares. Leur usage nécessite le déboisement pour faciliter la circulation dans les champs. De
nombreux déséquilibres environnementaux souvent mal appréciés sont ainsi créés. Aussi, la
modernisation de l’activité agricole et le développement de l’agriculture de marché ont-ils des
conséquences écologiques.
La déforestation frappe particulièrement les forêts tropicales. Plus de 100 000 km 2 (soit le 1/3
de la Côte-d’Ivoire) disparaissent, chaque année. Ces forêts sont des écosystèmes
irremplaçables, qui abritent la moitié des espèces végétales et animales du monde. La
déforestation devient une menace grave.
Entre 1980 et 1990, la somme des surfaces de forêts et autres terres boisées a diminué de
plus de 135 millions d'hectares, soit 3% de la surface forestière mondiale (estimée à 4
milliards d'hectares). Mais cette dramatique réalité masque deux évolutions opposées :
celle de la zone tempérée, où la forêt s'est accrue de 17 millions d'hectares;
Encore aujourd'hui, les pays où la déforestation est la plus forte connaissent pratiquement
toujours une très forte croissance démographique et sont dépendant de l’activité agricole. Ils
doivent faire face à trois types de besoins nuisibles à la pérennité des forêts:
un besoin croissant de terres consacrées à l'agriculture de subsistance ;
un besoin croissant de bois pour cuire les aliments et pour la construction d’habitats ;
changements climatiques;
désertification;
À l’image des pays tropicaux, en Côte d’Ivoire, l’évolution de l’activité agricole constitue la
principale source de déforestation.
Tableau I : Évolution du taux national de boisement en Côte-d’Ivoire (1880 – 2008)
Durée entre Superficies (ha) Taux de Défrichements
Dates 2 dates boisement moyens/an (ha)
(%)
1880 15 600 000 49
1901 21 14 500 000 45 - 52 000
1956 55 11 800 000 37 - 49 000
1966 10 9 000 000 28 - 280 000
1974 8 6 200 000 19 - 350 000
1981 7 3 900 000 12 - 329 000
1986 5 2 900 000 09 - 200 000
1991 5 2 500 000 08 - 80 000
2000 9 2 100 000 07 - 44 000
2008 8 1 700 000 05 - 50 000
TOTAUX 128 - 13 900 000 - 43 - 109 000
Il y a par ailleurs, une homogénéisation des modes de vie de diverses régions rurales tel qu’il
n’est plus possible de distinguer le rural et l’urbain. Aujourd’hui, les habitudes alimentaires
sont sensiblement les mêmes en ville comme au village autant que l’habillement et
l’aménagement du cadre de vie. Ainsi, selon Patrick et al (2000) la vie du monde rural est
règlementée par la présence des appareils ménagers, les postes transistors, des maisons avec
des commodités qui rappellent le monde urbain. Cela permet généralement l’amélioration du
cadre de vie des populations rurales et façonne de nouveaux comportements ruraux.
activités de transformation;
activités artisanales ;
activités touristiques ;
activités para-agricoles ;
activités minières;
activités commerciales,
services.
Elles prennent une proportion importante dans les stratégies de survie des populations rurales
et s’imposent aux organisations paysannes. Pendant longtemps, elles ont été considérées
comme négligeables. Aujourd’hui, elles réfléchissent à l’intégration des activités non
agricoles dans les politiques de sécurité alimentaire à mettre en place. Au Sénégal en 2009,
dans le bassin arachidier, les revenus non agricoles ont constitué 20 à 30% des ressources
familiales des ménages ruraux (Gueye, 2010).
En milieu rurales les services publics (administration, centre de santé) et privés (l’hôtellerie,
transports, l’offre de service liée à l’usage de la téléphonie mobile etc …) participent à la
diversification de l’emploi. Le secteur du transport assure l’évacuation des produits agricoles
et les dessertes ville-campagne. L’offre de transport des produits agricole est diversifiée. En
fonction des milieux ruraux nous identifions les véhicules bennes (dans le sud de la Côte
d’Ivoire), les tricycles et les charrettes dans le Nord ivoirien et les campagnes des pays
sahéliens d’Afrique de l’Ouest.
Conclusion
Les espaces ruraux sont en mutation constantes. Divers facteurs alimentent les
transformations observées. Les processus à l’œuvre et les caractéristiques des mutations ne
sont pas homogènes. Ils divergent en fonction des catégories de pays et de leur niveau de
développement. En effet, « les transformations n’ont ni le même rythme ni la même ampleur
dans les différents pays et sous toutes les latitudes » (Bonnamour, 1993, p. 12). Dans les
espaces ruraux des pays développés, en plus de l’activité agricole, des fonctions résidentielles,
touristiques sont apparues. La collectivisation des terres par le remembrement est privilégiée
afin de soutenir et de rentabiliser les investissements injectés dans la modernisation agricole.
Dans les pays en voie de développement, notamment dans les espaces ruraux tropicaux, les
surfaces cultivées continuent de progresser et les terres communautaires sont progressivement
morcelées au sein des lignages entrainant parfois des conflits.
En se référant enfin aux conclusions de Jacqueline Bonnamour « l’attention portée aux règles
institutionnelles, aux politiques agricoles et rurales a permis de mesurer à quel point les
anciennes structures de production se sont trouvées transformées …comme se trouvent
aujourd’hui modifiés les objectifs des cultivateurs, l’occupation du sol, le paysage de nos
campagnes, l’équilibre biologique et l’environnement. La maitrise du coût économique de
tous ces bouleversements n’a pas toujours été accompagné par le choix des individus ou des
collectivités concernées ».
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