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Analyse - Texte 3 - Titus - Acte IV SC 5
Analyse - Texte 3 - Titus - Acte IV SC 5
Texte
Introduction
Situation de l’extrait
Antiochus a présenté la situation et ses dilemmes en acte I.
Titus, à l’acte III sc. 1, a souhaité qu’Antiochus se charge de l’éloigner du palais. Nous avons l’image
d’un empereur plutôt faible et procrastinateur (lâche ?). Cf. le roman Titus n’aimait pas Bérénice (par
Nathalie AZOULAY, P.O.L. éditeur) qui a fixé dans la littérature contemporaine l’image d’un Titus faux
et lâche.
Titus n’est-il que cela ? N’a-t-il pas droit lui aussi à sa complexité et sa profondeur tragiques ?
Comment la langue va-t-elle exprimer, dans une tirade, tout et son contraire ?
Etude du texte
UN DISCOURS DE RUPTURE CRUELLE & d’AUTORITE
Phrases courtes, simples au début
→ Phrases assez simples
Que sais-je ?
Où l’on a le sujet « je » + le verbe « sais » + le COD « que », ce qui correspond à une structure
élémentaire de la phrase.
Ou encore
Tournures injonctives
→ « il ne s’agit plus de…. » tournure impersonnelle qui donne l’impression d’un discours
objectif, supérieur et sentencieux
→ « il faut régner », verbe falloir dont le sens indique la modalité injonctive
Possessivité et domination
Si l’on observe les mots à la rime, on constate un phénomène d’emprise : « Madame « (v. 1096), se
trouve enserré entre « flamme » (v.1095) et « cœur » (v.1097) : lien maintenu et visible
2 hypothèses :
L’hémistiche coupe entre « plus » et « de » causant le rejet de vivre au-delà de la césure : la première
indépendante de la phrase (avant la virgule, puisque la phrase est composée deux indépendantes
juxtaposées) fait pencher le verbe « vivre » de l’autre côté de l’alexandrin, signe d’une vie de Titus
désormais inconfortable, en suspens.
La tournure injonctive (« il faut ») et le terme relevant du champ lexical du politique (régner) semblent
avoir le dernier mot (et de fait, « régner » clôture notre passage) ; pourtant, toute la partie de la phrase
consacrée à la vie déborde et prend plus de place (selon le décompte des syllabes : 8 sur 12), à croire
que c’est ce en quoi Titus croit le plus, malgré ce qu’il dit officiellement.
Conclusion
Bilan
Au moment où il affirme le primat de la Raison d’Etat, l’envie de vivre (son amour, sa relation) occupe
le plus l’alexandrin. Au moment où il affirme sa puissance, il parle d’amour. Au moment où il rompt, il
la retient auprès de lui. Contradiction consciente (auquel cas le personnage est hypocrite) ou
inconsciente (auquel cas le personnage lui-aussi est une victime) ?
Ouverture
Cf. la préface de la pièce par Racine, qui affirme trois principes
• L’unité « faire un », avec cette esthétique de « la simplicité » et de fait, tous les personnages
(Antiochus, Bérénice, Titus), sont pris dans un dilemme = cohérence des destins tragiques ici ;
• Le principe de « l’émotion », « toucher », les « larmes ».
• La contradiction « tristesse majestueuse », grandeur vs statut de victime, et Titus n’échappe
finalement pas à la règle, ce que traduit l’expression hyperbolique avec son effet d’écho de
« tous les tourments » (à la fois l’hyperpuissance et le malheur, ou plutôt ici, l’hyperpuissance
surtout dans le malheur).
Cf. la demande du metteur en scène allemand Klaus-Michael GRÜBER aux acteurs de la Comédie
française qui jouaient Bérénice en 1986 : « parler le cœur chaud et la bouche froide ».