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ECOLE DE PRODUCTION AUDIOVISUELLE

Année Académique : 2022-2023


LICENCE PROFESSIONNELLE 1

SUPPORT DE COURS DE :
SEMIOLOGIE DE L’IMAGE

Document proposé par :


Dr KIRIOUA A. César
Enseignant-Chercheur à l’ISTC-Polytechnique
Contact : 07 08 40 87 87
doncesaradje@gmail.com
INTRODUCTION GENERALE
Un proverbe chinois le dit si bien : « une image vaut mille mots… ». Cette assertion n’est
pas sans intérêt. L’image, bien avant l’écriture a été le premier vecteur de communication entre
les hommes. Et même de nos jours, le processus d’apprentissage se fait par l’usage des images.
Dans nos écoles primaires, les images accompagnent les textes pour faciliter la mémorisation des
leçons. Les exemples sont légions et nul ne peut nier que l’image est un puissant outil de
transmission de l’information. Si l’image est présente dans toutes les sphères culturelles et
économiques contemporaines, elle est encore plus importante dans le domaine de la
communication. Les entreprises utilisent des logos pour se faire identifier, elles utilisent des
images pour illustrer leurs propos et faciliter la lecture de documents institutionnels. Le rôle de
l’image est encore plus important chez les spécialistes de la communication : les infographistes,
cinéastes, les photographes etc., ont comme champs d’actions l’image sous toutes ses formes.

Ce sont les artistes plasticiens qui l’ont bien compris, ils utilisent leurs œuvres d’arts
visuels pour représenter et transmettre leurs émotions ; leurs réalités abstraites. De même, nos
entreprises nous laissent un avis positif ou négatif selon la qualité de leurs visuels. Chacun de nous
se soucie de l’ « image » qu’il laisse en s’habillant, en s’exprimant ou dans son comportement.
Nous percevons clairement que le mot image va au-delà du visuel. Il va jusqu’à nous poser la
question « qu’est-ce qu’on retient de moi ? ». L’image c’est aussi l’impression qu’on laisse dans
la mémoire des autres, la représentation visuelle qu’ils se font de nous dans leurs subconscients.

La réussite de cette campagne ne se limite pas à la beauté des images (résolution,


photographie, infographie, qualité d’impression), elle trouve toute son essence dans le sens de cette
image. Pour illustrer cette nouvelle notion prenons l’exemple suivant. Dans un contexte mondial
lever l’index et le majeur représente le V de la victoire. En Côte d’Ivoire, cet acte est perçu comme
signe d’appartenance à un parti politique : le Front Populaire Ivoirien (FPI). Dans un contexte
sociopolitique en crise postélectoral, c’est un signe qui pourrait être mal interprété par les
détracteurs de cette classe politique.

Cette session a pour objet le décodage scientifique d’une image. Elle initie l’étudiant á la
sémiologie de l’image en lui donnant des rudiments théoriques et des outils pratiques pour analyser
et critiquer des images (fixes et en mouvement.) de manière professionnelle. En substance, il
s’agira de transmettre à l’apprenant les techniques de décodage d’une image. A l’issue de ce cours,
l’étudiant disposera des techniques pour produire des images esthétiques répondant à sa vision et
correspondant à l’information qu’il désire transmettre à sa cible.

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CHAPITRE I : L’OBJET DE LA SEMIOLOGIE DE L’IMAGE

I- DE LA SEMIOTIQUE LINGUISTIQUE A LA SEMIOLOGIE DE L’IMAGE


« La langue est ce produit social qui permet à l’individu d’exercer sa faculté de langage»
(Jean Pierre & Daniel, 2003) tels sont les propos énoncés par Jean Pierre Meunier et Danile Peraya
pour expliquer que la langue est le langage sans la parole. Pour eux, la parole désigne une
composante individuelle tandis que la langue est une pratique communautaire.

Langue= langage + parole

De ce fait, la parole relèverait de l’empirique pendant que la langue ramène à une réalité
sociale, donc susceptible d’une approche scientifiquement propre : la sémiologie linguistique. En
effet, la « langue est décrite comme un trésor déposé par la pratique de la parole dans les sujets
appartenant à une même communauté. En réalité, elle est constituée de l’ensemble des conventions
nécessaires à la communication et ce, indépendamment des variations de substance des signes qui
la composent » (Jean Pierre & Daniel, 2003). Partant de cette convention, chaque unité
linguistique comporte deux faces : une image acoustique et une image intelligible qui est le concept
ou la valeur sociale qui lui est associé.

Après avoir étudié la sémiologie linguistique décrite par Saussure, des auteurs en ont déduit
que ce modèle s’applique à d’autres modes d’expressions que la langue : « langage de la mode,
rhétorique de l’image, le langage cinématographique, la bande dessinée, les objets et l’architecture,
l’espace et les distances interpersonnelles, les gestes, les mimiques et les postures, les codes de la
route, etc.» (Jean Pierre & Daniel, 2003). Toutefois, chacun de ces modes d’expressions induit la
considération de spécificités qui ont contraints à emprunter des concepts non verbales et plus
opérationnelles. D’où les spécificités de la sémiologie de l’image : objet de ce présent document.

II- APPROCHE DEFINITIONNELLE

1. Définition de la sémiologie
Selon Ferdinand de Saussure, la sémiologie est la science qui a pour objet « la vie des
signes dans la vie sociale » (Saussure, 1972). Cette définition révèle bien les deux faces dont nous
parlions plus haut. Le signe tel qu’il est (l’image acoustique) ne prend son sens que dans une
convention sociale (l’image intelligible).

Signe= signifiant + signifié.

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2. Le signifiant et le signifié
Le signe c’est l’indissociabilité de :

- L’image acoustique désignée sous le vocable de signifiant ;


- L’image intelligible correspondant au signifié.

Ainsi, la sémiologie, science qui étudie la vie du signe consisterait en réalité à étudier les
signifiants, et leurs signifiés. Le signifiant c’est la forme du signe et le signifié est son contenu.

3. L’indice, le symbole, le signal et l’icone


Pierce propose une trichotomie des signes : l’indice, le symbole et l’icône. L’indice est
« un signe qui se réfère à l’objet qu’il dénote en vertu du fait qu’il est réellement affecté par cet
objet ». Par exemple la présence de fumée me permet d’induire l’existence d’un feu de même que
l’accélération du pouls est le symptôme probable d’une fièvre chez le malade. Ainsi, l’indice est
un phénomène porteur de significations à travers lesquels nous interprétons le monde grâce à nos
expériences antérieures, lesquelles nous ont appris à considérer ces évènements – à les lire –
comme des réels indicateurs.

Indice = indicateur émanant de notre expérience

L’icône ou le signe iconique est « un signe qui se réfère de l’objet qu’il dénote simplement
en vertu de ses caractères propres ». Entre l’icône et l’objet dénoté, il existe une relation
qualitative : l’objet présente certains aspects de l’objet réel, certaines propriétés de l’objet
représenté. Par exemple une photographie de la maison est un signe iconique parce que l’image
montre une structure de maison identique, par certains aspects, à la maison réelle : elle conserve
donc certaines caractéristiques de l’objet représenté et certains rapports entre les éléments de celui-
ci. La relation iconique peut néanmoins se limiter à l’expression d’un rapport d’équivalence ou
d’homologie structurelle comme dans le cas d’un diagramme ou de toute autre représentation
graphique. Ainsi, nous retenons que la relation iconique définit un mode général de relation entre
le signe et l’objet dénoté : l’icône est donc une catégorie descriptive large qui inclut l’image au

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sens commun mais aussi les dessins, les graphiques, les schémas, les diagrammes, les
organigrammes, etc.

Icone = similitude, rapport d’équivalence, analogie ou d’homologie structurelle

Le symbole est « un signe qui est constitué comme signe simplement ou principalement
par le fait qu’il est utilisé ou compris de la sorte ». Le symbole se fonde sur une relation purement
conventionnelle qui ne dépend nullement d’une relation de similitude (comme pour l’icône) ou de
contiguïté (comme pour l’indice).

Symbole = conventionnel, arbitraire

Cependant, les trois relations – indicielle, iconique et symbolique – peuvent se manifester


à des degrés divers dans un même signe. Par exemple un graphique de type camembert est certes
iconique, mais il comporte une part d’arbitraire. Selon le contexte, il sera considéré comme une
icône ou un symbole. Par contre, l’onomatopée d’un pneu qui éclate est un indice puisqu’elle
résulte de notre expérience, mais elle peut être considérée comme une icône en raison de sa
dimension imitative1.

Signal : On appelle signaux des formes intentionnellement créées ou utilisées pour


représenter, figurer, annoncer, avertir, etc., en opposition aux indices et symptômes qui
représentent naturellement. Les signes linguistiques font en ce sens partie des signaux. Les signaux
non linguistiques s’organisent eux aussi en systèmes : panneaux routiers, signalisation ferroviaire,
pavillons de marine, feux et fumées, par exemple. Les signaux peuvent être motivés (le Z des
virages : ils ont alors un caractère iconique bien qu’ils restent conventionnels).

La représentation d’un ciel orageux est l’indice d’une pluie possible mais n’a aucune visée
communicationnelle. En d’autres termes, lorsqu’il est question d’une intention
communicationnelle on parle alors d’un signal, dans l’exemple ci-dessus, c’est la figure de gouttes
de pluie dans les bulletins météo qui a une visée communicationnelle et est à cet effet un signal.

III- UN MODELE GENERAL DE LA COMMUNICATION


Jakobson dans son analyse des rapports entre la poétique et la linguistique (1963) a proposé
une théorie générale de la communication verbale, de ses « différents facteurs indéniables » ainsi
que des fonctions linguistiques qui leur sont associées. Ce schéma de la communication que nous
reproduisons ci-dessous a longtemps été présenté comme le modèle général de la communication
et à ce titre, de nombreux travaux sémiologiques s’y sont référés. Nous distinguons six fonctions

1 Les concepts sémiologiques ne se limitent pas qu’au visuel. Ils sont aussi valables pour les autres sens.
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du langage : la fonction référentielle, la fonction expressive, la fonction poétique, la fonction
conative, la fonction phatique et la fonction métalinguistique.

Aucun message, et ceci est essentiel, ne se limite à l’expression, d’une seule de ces six
fonctions : au sein d’un même message, toutes existent, réalisées à des degrés différents et seule
la dominance de l’une d’entre elles caractérise le message. Par exemple, la prédominance de la
fonction référentielle définira le langage scientifique, la fonction poétique : la littérature et la
poésie : la fonction conative le discours prescriptif ou moraliste, etc.

Roman Jakobson est un linguiste et théoricien de la communication. Son modèle a cherché


à englober les différents facteurs intervenant à chaque situation. On y retrouve ainsi :

• L’émetteur, qui envoie le message.


• Le récepteur, qui reçoit le message.
• Le contexte, qui désigne les conditions sociales.
• Le message, le discours à transmettre.
• Le contact, la liaison physique et psychologique entre l’émetteur et le récepteur.
• Le code, la langue notamment.
Chacun de ces facteurs est ensuite, selon Jakobson, associé à une fonction bien particulière
de la communication. Ainsi, chaque phrase émise porte une fonction pour un résultat précis sur le
destinataire. Les fonctions sont les suivantes :

1. La fonction référentielle
Elle concerne le contexte auquel renvoie le message que l’on désigne sous le terme parfois
ambigu de référent. Il s’agit en fait de la fonction informative, dénotative ou cognitive des
messages. Aucun message ne peut cependant être induit à sa fonction cognitive ou référentielle
même si elle constitue la fonction principale de nombreux messages.

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2. La fonction expressive
La fonction expressive est celle qui est centrée sur le destinataire : elle lui permet
d’exprimer son attitude, son émotion, son affectivité par rapport à ce dont il parle. Jakobson
propose de ranger sous cette catégorie les interjections (la forme linguistique la plus
caractéristique), toutes les marques phoniques, accentuelles, grammaticales ou lexicales qui
manifestent la couche « émotive » de la langue.

3. La fonction poétique
La fonction poétique est centrée sur le message lui-même et prend celui-ci comme objet
propre ; elle met en évidence « le coté palpable des signes » : tous les phénomènes stylistiques qui
soulignent la matérialité du signe tels que la prosodie, les allitérations, les assonances…

4. La fonction conative
La fonction conative est quant à elle, centrée sur le destinataire : ses formes grammaticales
d’expression les plus caractéristiques sont le vocatif de l’impératif. Cette fonction de
communication traduit la volonté du destinateur d’agir sur son destinataire.

5. La fonction phatique
La fonction phatique sert essentiellement à établir la communication à assurer le contact
entre le destinateur et le destinataire, enfin de maintenir l’attention de l’interlocuteur. Il s’agit
essentiellement de rendre la communication effective et de la maintenir. Il existe dans la langue
des formules vides de sens, exclamations, phrases toutes faites (allo ! tu entends, par exemple au
téléphone) qui assurent cette fonction. Dans les images photographiques, filmées ou télévisées, la
position de la personne photographiée (frontale ou légèrement de profil), la direction de son regard,
etc. assurent la même fonction.

6. La fonction métalinguistique
La fonction métalinguistique a pour visée le code et permet de développer un langage dont
le plan de contenu serait un premier langage. Elle vise à l’explication du code, à la vérification que
l’un et l’autre des partenaires partagent le même code.

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CHAPITRE II : LES CODES DE L’IMAGE PUBLICITAIRE

I- LE DECODAGE VISUEL
Les possibilités de codification d’un signe sont liées à l’existence de codes de
reconnaissance. Le décodage d’un indice procède de notre expérience personnelle. Celle du
symbole de la convention et de l’arbitraire : il n’est pas à discuter. Et celle de l’icône par analogie
au réel. A cet effet, si vous n’avez jamais vu une maison, vous ne pouvez la reconnaitre. Quand je
vois un verre de bière sur une affiche publicitaire, explique Eco Umberto, je perçois la bière mais
je ne la sens pas : je perçois des stimulus visuels, des couleurs, des rapports spatiaux. Je coordonne
l’ensemble de ces perceptions pour obtenir une représentation qui me fasse penser « ceci est de la
bière glacée dans un verre ». Travaillant sur les données d’expérience, je les sélectionne, les
organise et les structure sur la base d’un système d’attentes, d’expériences acquises et de
connaissances préalables.

Le processus de décodification d’une image est le résultat de la confrontation entre les


percepts et les concepts. Le percept renferme notre perception des choses, la mobilisation de nos
sensations pour appréhender les choses : le signifiant. Le concept, quant à lui englobe nos
souvenirs, notre expérience… Selon le groupe de travail, la première tâche consiste à établir les
fondements perceptifs d’une sémiotique visuelle, autrement dit à analyser le processus de
sensation versus perception versus cognition. Le système visuel produirait dans trois modalités (la
spatialité, la texture et le chromatisme) des structures de percepts élémentaires intégrant et
organisant les stimuli à partir de structures spécialisées : extraction de motifs, de directions, de
contrastes, etc. La résultante de cette intégration serait confrontée à l’ensemble des concepts
enregistré dans notre mémoire afin de produire des figures puis de formes et enfin une
représentation de l’objet.

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II- LE CODE CHROMATIQUE
Objet : Choix des couleurs et qualité optique de celles-ci. Voici une liste des couleurs
associées à leur signification dans la société occidentale. (Car oui, les symboliques changent d’une
culture à une autre. Par exemple, si le noir représente pour nous le deuil, c’est le blanc qui porte
cette symbolique dans certains pays d’Asie).

1- Le bleu :

Il s’agit de la couleur la plus appréciée au monde et l’une des plus utilisées par les marques.
Elle procure un sentiment de confiance et de sécurité et de ce fait, est beaucoup employée par les
organismes bancaires par exemple. On la retrouve aussi sur Facebook, où le bleu est censé rassurer
les utilisateurs et instaurer un climat de confiance avec la plateforme sociale. Le bleu procure
également un sentiment de fraîcheur. Il fait aussi référence aux univers marin, céleste et onirique.
Il symbolise aussi la loyauté, l’intelligence, la créativité et le calme. Enfin, il peut être associé à la
mélancolie.

Principaux domaines d’utilisation en marketing : banques, informatique, produits frais

2- Le rouge :

C’est une couleur chaude qui symbolise la passion, l’amour, l’énergie et l’action. Allant
jusqu’à augmenter le rythme cardiaque, le rouge procure un sentiment d’urgence, raison pour
laquelle on utilise souvent cette couleur pour mettre en avant une promotion. C’est une couleur
qui énerve et qui est censée également « ouvrir l’appétit ». En décoration intérieure, on
recommande ainsi de le placer dans une cuisine plutôt que dans une chambre. Utilisé à forte dose,
il peut procurer un sentiment de danger. Dans certains contextes comme en signalisation routière,
il symbolise l’interdiction.

Principaux domaines d’utilisation en marketing : univers promotionnels et alimentaires

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3- Le jaune :

Couleur solaire, le jaune est associé à la joie, à l’optimisme, à l’énergie, à la vitesse et à la


jeunesse. C’est une couleur stimulante qui attire l’œil. Dans la culture occidentale, le jaune peut
aussi connoter la trahison. Principaux domaines d’utilisation en marketing : il est plus difficile de
cibler un domaine dans lequel le jaune est souvent utilisé. Il est principalement employé à
destination d’une cible jeune et dynamique. Par exemple, on retrouve le jaune via l’appli
SNAPCHAT. C’est aussi une couleur souvent utilisée par les grandes surfaces et discounteurs
pour mettre en avant une promotion. En effet, associé au rouge, il attire très vite le regard.

4- Le vert :

Le vert est reconnu comme étant la couleur la plus agréable pour les yeux. Associé à
la nature et à la santé, il symbolise également l’espérance, la chance, la sécurité, la croissance et
la permission. De plus en plus, il s’utilise aussi comme le jaune, à destination d’une cible jeune.
Un exemple parlant en marketing à propos de l’utilisation du vert, est le changement de couleur
du logo MCDONALD’S. Depuis 2010 en Europe, l’enseigne a transformé son logo : le célèbre M
jaune est passé du fond rouge au fond vert. Pourquoi ? Parce que l’enseigne souhaitant améliorer
son image s’est positionnée sur le développement durable, symbolisé par le vert. Difficile de passer
à côté de ce changement. Cela a permis à la marque d’illustrer visuellement de manière forte son
changement de politique.

Principaux domaines d’utilisation en marketing : produits bio, naturels, écologiques, cibles jeunes.

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5- L’orange :

Couleur chaleureuse et stimulante, l’orange est synonyme d’énergie, de mobilité,


de vitalité et d’optimisme. Il peut aussi être associé à la sociabilité, à la joie, à la communication
et à la créativité. En communication visuelle, ses domaines d’utilisation sont assez variés. On peut
le retrouver dans le domaine du multimédia, de la technologie, de la mobilité. Il peut être utilisé
en remplacement du rouge pour attirer l’attention tout en étant moins agressif visuellement. Par
exemple AMAZON utilise différentes nuances d’orange par petites touches pour mettre en valeur
certaines fonctionnalités du site.

Figure 1 : Les touches orangées sur le site d’Amazon

6- Le violet :

C’est une teinte renvoyant à la fois à la royauté mais aussi à la spiritualité, au mystère, aux
domaines du rêve, de l’imagination et de la magie. Elle est parfois aussi synonyme de solitude et
de mélancolie. Pantone définit l’Ultra-Violet comme « un symbole d’expérimentation et de non-
conformité, nous incitant à imaginer notre empreinte unique sur le monde et à repousser nos limites
grâce à la créativité ». Quant aux domaines d’utilisation du violet en marketing, ils sont très variés
et ne sont pas spécifiques à un thème précis.

Figure 2 : L’Ultra-Violet de Pantone, couleur de l’année 2018

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7- Le blanc

Il est synonyme de pureté, de propreté et de perfection. Le blanc permet de rehausser les


autres couleurs. C’est une couleur lumineuse mais non agressive qui permet de reposer le regard
et d’apporter un sentiment d’espace. Sur un support de communication, le blanc est souvent utilisé
comme base car il permet de faire respirer le contenu. Il est essentiel de bien gérer l’équilibre du
blanc avec les autres éléments car il peut facilement procurer une sensation de « vide ».

8- Le noir :

Couleur intemporelle du luxe, de l’élégance et du mystère. Il peut aussi procurer un


sentiment de tristesse. Utilisé en marketing, le noir permet de créer un univers haut de gamme et
luxueux. Chaque couleur a donc une signification qui lui est propre. L’essentiel est d’avoir
conscience de l’importance du choix des couleurs en communication. Elles n’existent pas que pour
« faire joli », elles véhiculent un sens qui nous influence et reflètent votre identité.

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III- LE CODE TYPOGRAPHIQUE

1. Choix des caractères


Selon le style de police utilisée, le message sera en effet empreint d’une connotation
différente : Une police à empattements (serif) confère un aspect classique, élégant. Elle
s’apparentera bien par exemple à certains univers luxueux. En italique, elle se pare d’une touche
de romantisme.

Figure 3 : Encart sur le site de Lancôme

Une police bâton (sans-serif) est en revanche plus épurée. Elle apporte sobriété et
simplicité au message. On trouve beaucoup de polices sans-serif dans les tendances graphiques
actuelles, c’est pourquoi elles apportent bien souvent une touche de modernité.

Figure 4 : Exemple de communication Spotify

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On trouve également les polices cursives, s’inspirant de l’écriture manuscrite. Les
typographies manuscrites confèrent un aspect plus « humain » et vivant au message. Elles sont en
vogue grâce à la tendance du handlettering et des univers féminins et lifestyle.

Figure 5 : Exemple de communication Sephora

L’écriture en italique est souvent utilisée pour représenter le mouvement et le dynamisme.

2. Mise en page et disposition spatiale


Chaque publicité, chaque page d’un document ou d’un site Web est perçue, dans son
ensemble, comme une image. L’utilisation de la règle des tiers, la règle d’or du cadrage
photographique, permet d’équilibrer cette image. Ce principe de proportion et d’équilibre tient ses
origines de l’art pictural.

La règle des tiers divise une image en trois parties égales. Plusieurs variantes sont
possibles. Le principe s’applique autant aux images qu’aux documents et s’applique à la verticale
et à l’horizontale. L’emplacement des logos, des images, des textes ou de tout autre élément sera
conditionné par le mode de division choisi par le créateur. Lorsque cette règle est respectée et
contrôlée, elle garantit à une conception graphique l’équilibre qui captera l’attention.

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L’alignement est la disposition du texte par rapport aux marges
et aux colonnes d’une page. Les deux alignements les plus
couramment employés sont l’alignement en drapeau à gauche et
l’alignement justifié, ou en alinéa. Voici certains avantages et
inconvénients liés à leur utilisation :

L’alignement en drapeau à gauche, à droite ou centré


Avantages : Aspect esthétique de densité homogène, sans
césures de mots, espaces égales entre les mots.
Inconvénients : Inégalité entre les lignes, nécessite un bon
contrôle.
Utilisation : Courts textes, textes en retrait, sous-titres.
L’alignement justifié (en alinéa)
Avantages : Largeur fixe des lignes, bonne visibilité, séparation
franche du texte.
Inconvénients : Espaces variables entre les mots, séparation
difficile des mots (césures).
Utilisation : Textes avec beaucoup de contenu, articles longs,
lettres.

IV- LE CODE PHOTOGRAPHIQUE

1. Eclairage
L’éclairage permet non seulement de créer une ambiance lumineuse mais aussi de mettre
l’accent sur une partie de l’image notamment celle qui est éclairée. L’intensité de lumière sur un
sujet peut véhiculer un message. En effet, la composante de l’image mise en évidence peut être
plus et/ou peu ou pas éclairée. Par exemple, si l’éclairage est fait sur une personne dans une foule,
celle-ci a une importance particulière sur cette image.

2. Cadrage
On ne filme pas comme on voit, on fait des plans. Un plan est une prise de vues sans
interruption (Rec. / Stop). La durée d’un plan dépendra de la capacité de stockage du support
d’enregistrement. Il constitue l'unité de base du langage filmique. Les plans sont raccordés les uns
à la suite des autres lors d’un montage pour constituer des séquences.

Un plan est défini par un cadrage qui délimite ce que l’on veut montrer et concentre
l’attention : il délimite un regard porté sur le réel. Le cadre est la limite d’une image, limitant ce
qui est capturé par la caméra / le champ est ce qui est présent dans le cadre. Le hors-champ est ce
qui ne figure pas dans le champ mais qui existe dans l’idée du spectateur (ce qui a déjà été vu dans
les plans précédents). Si un plan est une prise de vue, l’échelle est la façon dont ce plan est
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capturé. Etes-vous loin de votre personnage ? Tout près ? Pour décrire la façon de capturer une
image, il existe un langage : l’échelle des plans.

2-1- Les plans de situation ou de décor


Ils ont une vocation descriptive. Ils permettent de situer l'action en montrant
l'environnement où se déroule l'intrigue. Ces plans donnent des informations sur le lieu, le moment
de la journée, le climat etc.

2-1-1- Le plan général (PG)

Il permet de montrer l'ensemble d'un décor, une vue large du paysage (Pas de personnages).
Au cinéma, le plan général permet de créer un contexte autour de l'action et montre tous les
protagonistes qui seront, en général, très petits. Il permet de décrire un lieu, une ville ou un
paysage. Ce type de plan dure assez longtemps pour permettre au spectateur d'enregistrer certaines
informations que le réalisateur désire lui communiquer.

Le plan général donne l'ambiance, l'atmosphère d'une scène ou d'un film. De nombreux
réalisateurs choisissent de commencer leurs films ou de nouvelles séquences avec un plan général
afin de préparer le spectateur à l’intrigue en lui fournissant diverses informations. Il peut également
être utilisé à la fin d’une séquence pour montrer une dernière fois où se situe l’action avant de
basculer vers un nouveau lieu. Dans ce cas, le plan général ne sert plus vraiment à donner des
informations au spectateur mais plutôt à lui donner de l’air, créer une coupure. De façon plus
atypique et ponctuelle, les réalisateurs peuvent utiliser le plan général pour autre chose que décrire.
Ainsi, on peut très bien réussir à exprimer la solitude d’un personnage, qui est pourtant une
émotion, à travers un plan général. L’angle de vue est le plus souvent en plongée ou ordinaire.

2-1-2- Le plan d’ensemble (PE)

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Il permet de présenter les personnages dans leur environnement. Très proche du plan
général, le plan d'ensemble montre au spectateur la totalité du décor et des personnages s'y
trouvant. Deux différences assez fréquentes : il va se focaliser sur un lieu comme une rue ou une
place et surtout les personnages seront suffisamment visibles pour que l’on comprenne leurs
actions. Le contexte est cette fois-ci décrit à échelle humaine. Le plan d'ensemble est souvent
utilisé pour commencer l'action en nous montrant ce que font les personnages, où ils vont etc. Il
remplit donc une double fonction, décrire, mais aussi commencer à montrer l’action, permettant
également de découvrir le lieu, le décor, l’atmosphère etc. On en saura plus sur les personnages :
« où vont-ils, que font-ils, qui sont-ils ? »

Comme le plan général, le plan d’ensemble est fréquemment utilisé en début ou fin de
séquence. Il peut être ponctuellement utilisé pour montrer des scènes d’actions limitées à quelques
personnages. La visée préconisée pour un plan d’ensemble est ordinaire ou en plongée.

2-1-3- Le plan Demi-Ensemble (PDE)

Beaucoup plus serré que le plan d’ensemble, le plan demi-ensemble ne montre qu’une
partie du décor et permet d’y inscrire plus nettement les personnages. Il concentre l’attention sur
un groupe bien particulier. De façon pratique, le plan de demi-ensemble est utilisé lorsque le décor
intervient dans les réactions des personnages, lorsque le décor participe à l'action des personnages
dans la scène ou encore lorsque le décor a une signification symbolique, par exemple s'il contient
un élément signe de mort. Dans les films policiers, les scènes de bagarre sont souvent filmées en
plan de demi-ensemble, montrant le héros en prise avec les protagonistes. Les cinéastes dits
néoréalistes, l'emploient souvent pour situer le héros dans son cadre et son contexte social.

2-2- Les plans liés au personnage ou intimistes


Cette catégorie de plans se focalisent sur le personnage et montrent son action. En fait, ils
montrent en priorité les personnages ou les objets en mouvement telles que des voitures. Ces plans
permettent à l'action de prendre l'ascendant sur le décor.

• Insert ou Très gros plan : saisit les détails d’un objet ou d’une partie du corps
humain.
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• Gros plan : cadre de près les visages, et dévoile les sentiments du personnage.
• Plan Rapproché Poitrine : cadre de la tête à la poitrine.
• Plan Rapproché Taille : cadre de la tête à la taille.
• Plan Américain : cadre de la tête à la mi-cuisse.
• Plan Italien : cadre de la tête en dessous ou au-dessus du genou (délimitation
variable).
• Plan Moyen : Il cadre les personnages en entier (de la tête aux pieds). On ancre le
personnage dans un lieu.

3. Angle de prise de vue


L'angle de prise de vue peut correspondre à la logique de la situation ou influencer
l'importance du sujet ou des sentiments qu'il suscite. Une vue selon un axe relativement parallèle
au sol restituera assez fidèlement le point de vue qu'aurait le spectateur s'il était présent sur le lieu
de la prise de vue. Les angles très différents sont des effets destinés à renforcer le sens de l'image
ou à permettre une composition picturale plus expressive, reliant, par exemple, deux sujets de taille
très différente (Angle normal, Plongée et Contre-plongée)

V- LES CODES GRAPHIQUES


La forme de votre logo, tout comme ses couleurs, exprime les valeurs profondes de votre
marque. Elle ne doit donc pas être déterminée à la légère lors de la création de votre logo. Certaines
formes se prêtent avec évidence à un secteur d’activité, alors que d’autres dévoilent des
connotations plus subtiles à utiliser avec discernement. Cela est parfois moins évident à percevoir,
mais comme les couleurs, les formes ont aussi leur signification et contribuent à renforcer le sens
donné à un message.

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1- Le carré : la sécurité et la rigueur

C’est un symbole de stabilité, de solidité. Il représente la Terre et le monde « matériel ».


En communication visuelle, le carré permet de poser une structure, de procurer un équilibre à la
fois neutre, stable et solide. Il apporte aussi un aspect sérieux. Son aspect encadrant symbolise la
sécurité, le contrôle et le respect des règles. Cette forme s’adresse plutôt à un public masculin, à
moins de l’atténuer avec un autre élément plus doux, ou des couleurs gaies et porteuses de
connotations fortes. C’est le logo de prédilection du secteur bancaire ou des assurances pour
démontrer leur fiabilité. Il est aussi utilisé dans les domaines technologiques, quand la sécurité du
produit ou service est essentielle. A éviter dans les secteurs créatifs où l’ouverture est à révéler
grâce à des formes plus libres.

2- Le cercle : la perfection et la plénitude

Opposé au carré, le cercle représente le ciel et symbolise l’infini, l’unité et la perfection.


En communication visuelle, l’utilisation du cercle renvoie à la créativité, au domaine inventif. La
forme arrondie est enveloppante et douce. Elle évoque le divin et l’infini et symbolise l’harmonie
et le bonheur. Le rond renvoie à la fécondité et à la féminité ainsi qu’au monde, à l’universalité.
Le mouvement est suggéré par la forme circulaire, qui apporte une connotation dynamique à un
logo de ce type. La forme arrondie rappelle un tampon, et ce côté vintage peut être évocateur
d’authenticité, utile à certaines marques pour rassurer leur public. Le logo rond se prête à une
multitude de secteurs d’activité mais il est particulièrement utilisé dans le domaine artistique pour
sa créativité, le domaine sportif pour une notion de vitesse, le secteur du bien-être pour sa
plénitude, l’univers technologique et réseaux sociaux, l'automobile, le luxe etc.

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3- Le triangle : l’autorité et l’extrême

Tout dépend de son contexte d’utilisation, mais pointé vers le haut, il est synonyme
de puissance, d’équilibre et d’harmonie. Il peut aussi représenter le danger. Pointé vers le bas, il
symbolise la fécondité et la féminité. En communication visuelle, il peut être utilisé pointe vers le
haut pour représenter le progrès, la virilité, la puissance, la réussite etc. Il aura une connotation
plus négative en pointant vers le bas car il peut signifier la chute et l’instabilité.

Le triangle est audacieux et attire l’attention. Il indique une direction. Ses pointes lui
confèrent de l’agressivité et de l’autorité. Le logo triangulaire se destine plutôt à des secteurs
compétitifs et ambitieux, tels que l’innovation technologique ou le sport, ou pour attirer l’attention
sur la sécurité ou un plaisir extrême.

4- Losange : la vie et l’échange

Dans la symbolique indo-européenne, le losange est un symbole féminin représentant le


sein ; la fécondité. Cette forme représente quelque chose que l’on veut protéger du monde
extérieur. Le losange représente la vie et la transmission. Bien qu’utilisée depuis des années par la
marque de voiture Renault (à la verticale), et à l’horizontal par de nombreuses autres marques, le
losange peut parfaitement être utilisé pour symboliser la féminité. Mais dans la mesure où les
pointes peuvent représenter une certaine violence, il est préférable d’arrondir ces pointes afin
d’adoucir sa forme. Elle sera ainsi parfaite pour une marque de vêtement pour enfant ou pour
femme enceinte, ou encore pour des produits pour enfants. En gardant les pointes, la forme sera
plus « agressive » et conviendra plutôt à des produits pour hommes.

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5- Rectangle : la puissance et la stabilité

Le rectangle a sensiblement les mêmes caractéristiques que le carré. Comme le carré, il


n’évoque pas la nature mais la construction humaine. En effet, dans la nature il n’y a pas d’angle
droit, bien qu’il y ait des lignes parfaites (comme la vision d’horizon que nous avons de la mer, de
l’océan). Le rectangle peut être à la française, c’est-à-dire debout, à la verticale, il montrera ainsi
le dynamisme et la spontanéité. Il peut aussi être à l’italienne, c’est-à-dire couché, à l’horizontale.
Dans ce cas, il offrira une vision panoramique, une sorte de zoom en arrière. Cette forme pourra
convenir à une agence de voyage qui au travers de son logo, souhaiterait faire référence à un
paysage. Mais cette forme peut être utilisée dans bon nombre de situations.

6- Polygones : la complexité et la sécurité

Les polygones à plus de quatre côtés représentent la pluralité, la complexité. Comme le


triangle, les polygones sont très utilisés dans les logos par les métiers du bâtiment, de l’ingénierie
pour symboliser la complexité du métier et la polyvalence de ces entreprises. Ces formes peuvent
aussi représenter les métiers scientifiques comme les mathématiques, la physique ou encore la
chimie. Ce sont donc des formes appréciées des laboratoires ou des entreprises de recherches. Ces
formes ne conviennent en revanche pas très bien à des métiers comme la coiffure ou les métiers
de bouche. Ils sont plutôt associés à la technique et aux outils technologiques. Une entreprise de
programmation informatique utiliserait un polygone pour son côté « technologique » et
« moderne », mais le côté « créatif » ne sera pas bien représenté par cette forme.

7- Droite horizontale : l’infini et le calme

La droite horizontale représente la Terre, l’horizon, la stabilité. Elle nous évoque une
certaine confiance et un calme. Cela nous évoque des choses comme la mer, et nous aimons tous
regarder la mer au loin pour nous relaxer. Voir cette longue étendue « plate » nous repose. La
droite horizontale donne donc une impression rassurante de stabilité. Cette forme est parfaite pour
un logo de chaîne thermale par exemple où le but sera de se reposer et de se relaxer. En

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revanche, cette forme n’est pas conseillée pour une boîte de nuit par exemple, où les gérants ne
veulent pas donner l’impression qu’on se repose dans leur établissement destiné à la fête et au
divertissement. Demandez-vous donc si votre logo doit donner un aspect de dynamisme ou au
contraire de tranquillité (si c’est le cas, pensez à cette forme).

8- Droite verticale : la force et la spiritualité

La droite verticale représente dans quasiment toutes les sociétés, l’esprit de Dieu (ou des
dieux pour les religions polythéistes). Elle représente le lien entre les humains et leur Dieu, et par
adaptation l’inférieur au supérieur. C’est une forme assez peu employée telle qu’elle est en
communication ou en marketing car peu d’entreprises ou d’organisations utilisent des
représentations de Dieu dans leurs représentations commerciales. En revanche, certaines
associations d’aides aux personnes utilisent cette forme comme pour placer les donateurs et les
membres de l’association comme des dieux venant élever les personnes qui n’ont pas leur niveau
de vie par exemple. C’est aussi une forme qui peut être utilisé pour des entreprises cherchant à
élever leurs clients (formations, aides scolaires, développement personnel).

9- La ligne oblique/la diagonale : l’ascension ou la récession

Selon qu’elle soit montante ou descendante, la ligne oblique revêt des significations
opposées. La ligne montante est évidemment la plus utilisée car elle présente une connotation
positive de progression, dynamique d’ascension toujours valorisante pour une marque et
synonyme de réussite, alors qu’orientée vers le bas, elle peut signifier la chute ou la décroissance.
Elle peut alors trouver son sens dans un secteur où l’objectif est de diminuer un élément négatif.
La ligne oblique montante est à réserver aux secteurs qui bougent ou qui sont dans la compétition,
comme le domaine sportif, ou pour révéler une notion de croissance et de rentabilité, dans le
secteur de l’évolution technologique, de l’industrie ou de la finance par exemple. Notion de
croissance qui peut aussi évoquer l’enfance ou l’adolescence dans un autre registre.

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10- Le blason : la force et la protection

Cette forme, construite artificiellement en conjuguant plusieurs figures, renvoie au visuel d’un
blason, d’un bouclier, et par là-même au passé, à la tradition et à la guerre. L’écu est associé à la
sécurité, à l’autorité et à la paix, forme de prédilection pour les municipalités ou les services de
police. Il est aussi fréquemment utilisé dans les secteurs où la tradition est une valeur importante,
pour valoriser un territoire ou faire passer une notion de force et de puissance, comme dans le
secteur automobile, du sport ou du luxe. Il apporte par ailleurs une connotation de prestige à la
marque.

Hormis les figures géométriques, il existe de multiples autres formes pour concevoir un
logo, à partir d’une représentation d’un objet, d’un animal, d’un végétal etc. dont la symbolique
est alors induite. Bien souvent, la forme d’un logo s’impose d’elle-même à son créateur parce que
les connotations symboliques des formes font partie de notre inconscient collectif et que nous y
obéissons intuitivement. Et c’est là toute la force des marques de pouvoir orienter nos choix en
adoptant les lignes les plus efficaces pour leur logo, pour nous permettre d’appréhender d’emblée
leurs valeurs profondes. Cependant, la forme en elle-même ne suffit pas. Pour exprimer plus
justement ces valeurs, le choix des couleurs et des typographies est tout aussi déterminant. Il
permet de conforter une valeur, de l’atténuer ou de mettre en exergue une signification symbolique
de façon complémentaire.

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CHAPITRE III : ANALYSE SEMIOLOGIQUE D’UNE IMAGE PUBLICITAIRE

Dans ce chapitre nous tenterons de mettre en pratique toutes les théories et techniques
explicitées plus haut. De façon pratique, nous étudierons la méthode d’analyse sémiologique d’une
image publicitaire. Cette méthode s’articule autour de trois étapes : la dénotation, la connotation
et le système textuel.

Le message publicitaire articule généralement des images, des mots et des sons. En
fonction du canal de transmission, les premières seront fixes ou animées et les deuxièmes lus ou
entendus. Le langage publicitaire est à la fois dénoté et connoté. Les connotations s'ajoutent
aux dénotations et produisent du sens supplémentaire. L'image ou message visuel est constituée le
plus souvent d'objets identifiables (nommables). Ici le rapport entre l'image signifiante et la chose
signifiée est analogique (ressemblance) et le message est littéral ou perceptif.

I. DENOTATION
La dénotation indique le ou les sens objectifs d’un mot ; ce sont les sens inscrits au
dictionnaire. La dénotation d'un mot désigne le sens premier ou (ou « sens propre ») d'une unité
lexicale :

• Le nom blanc désigne une couleur ou la matière qui est de cette couleur pour tout
le monde.
• Le lys est une fleur.

C’est la première étape d’une analyse sémiologique. Nous avons vu que tout signe
comporte deux faces : un signifiant et un signifié. En substance, la dénotation consiste à donner
les signifiés des signifiants du signe étudié. Il s’agit ici de dire ce que nous voyons. La description
de la photo en tant qu’elle (ré) présente une portion de réel (un bord de mer, une bouteille de
liqueur et une femme en bikini par exemple). Il s’agira non seulement d’identifier les concepts
reliés à nos percepts tout en indiquant le(s) type(s) de signe(s) auxquels ils font référence (indice,
icone, symbole). Cette analyse nous servira à révéler l’objectif de l’auteur de l’image sur sa cible.

Pour faire simple, la dénotation, c’est le premier niveau de lecture d’une image. Il prend en
compte ce qu’on voit. Il consiste à identifier les différentes formes, les différents emplacements,
les différentes couleurs du référent. En outre, la dénotation sert à décrire, à identifier les différentes
appellations communes des signifiés.

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II. CONNOTATION
La connotation est un sens donné au mot, qui implique une valeur culturelle ou morale pour
des personnes qui ont une expérience ou des références communes sur les plans historique,
géographique, social, politique, artistique. Il s'agit d'un sens second d'une unité lexicale, sens qui
se rajoute et ne participe pas de sa définition. Ce marquage peut être subjectif, culturel, littéraire
ou esthétique.

En général, on peut définir la connotation comme étant l'ensemble des valeurs subjectives
qu'accorde un locuteur à un mot. Les connotations n’apparaissent généralement pas dans les
dictionnaires, d’autant qu’elles peuvent être très locales, reliées à des groupes de personnes et
qu’elles évoluent avec le temps ou avec un événement ponctuel. Pour les comprendre, le lecteur
doit connaître le contexte dans lequel le texte a été produit.

L’étape de la connotation consiste à faire du signe, un signifiant pour un nouveau signifié,


dans une nouvelle relation de signification. En d’autres termes, il s’agira de se servir des codes des
images publicitaires pour décrypter les signes soumis à notre analyse. Ainsi, en reprenant
l’exemple de notre photo publicitaire, nous analyserons les significations associées aux signifiants
identifiés lors de la dénotation : les couleurs et l’atmosphère me renvoyant à une certaine idée de
l’exotisme, l’attitude de la femme évoquant la douceur et la séduction, lesquelles pourront être
associées pour moi – pour le large public auquel cette image est destinée – au gout présumé de la
liqueur qui est présentée.

De façon précise, cette seconde lecture de l’image est culturelle. La connotation permet de
comprendre le modèle de culture : qu’est-ce que la société dit que ceci est ? A ce niveau, l’on
insiste sur le contenu, c’est l’analyse du thème (le signifiant est explicité : que signifie telle ou telle
chose utilisée dans la conception de l’image ?)

III. SYSTEME TEXTUEL


C’est le troisième niveau de compréhension. C’est le sens qu’on essaie de découvrir après
maintes analyses. C’est également à cette étape de l’analyse que l’on notera l’intérêt du choix de
tel ou tel élément (couleur, plan…). Il convient enfin à ce niveau de prendre position sur le message
final. Il est concrètement question de l’analyse critique du professionnel que nous sommes
désormais. De ce nouvel œil, il s’agit avant tout, d’identifier les différentes parties de l’image
publicitaire soumise à notre analyse. Un visuel publicitaire est composé des parties suivantes :

- L’image : élément iconique principal de la campagne publicitaire.


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- Le logo : il identifie l’annonceur, la marque et/ou le produit à l’initiative de ce visuel. Un
logo ou logotype est une représentation graphique d'une marque ou d'une entreprise qui est
utilisé sur les différents supports de communication. Le logo renforce l'image de
l'entreprise et favorise la reconnaissance de la marque lorsqu'il figure sur le produit comme
par exemple dans le cas des articles de sport. Le logo doit donc généralement posséder,
entre autres, des qualités d'évocation de l'activité et des valeurs de l'entreprise, mais
également des qualités de lisibilité. Pour éviter un effet de discordance, le logo doit évoluer
en même temps que l'entreprise ou la marque et ses ambitions à travers les refontes de
logo.
- L’accroche : Mot ou phrase destiné à « accrocher » l’attention du public visé par la
communication publicitaire. Utilisée sous la forme d’une phrase, elle est généralement
courte et utilise une police et une taille de caractères favorisant l’attention de la cible. Plus
l’annonce sera minimaliste, plus le rôle de l’accroche sera important, et plus le soin apporté
à sa conception sera grand. Le rôle de l'accroche est d'autant en plus important sur des
supports où il est difficile de capturer l'attention de l'auditoire (caractéristiques du support,
encombrement publicitaire, etc.).
- Le slogan : Le slogan publicitaire, Tagline ou encore base line est la phrase qui ponctue
généralement une annonce publicitaire. Le slogan peut être uniquement attaché aux
campagnes publicitaires ou plus souvent être une signature permanente ou de moyen terme
de la marque (Nike : Just do it) qui peut s'afficher avec le logo. A la différence de la tagline
et base line (signature), un slogan peut prendre davantage une dimension orale ou sonore
et que le degré d'attachement à la marque d'un slogan est moins fort que celui d'une
signature. Les deux notions ont cependant souvent tendance à se confondre.
- La signature : C’est un slogan qui accompagne généralement le logo de l'entreprise sur les
différents supports et messages de communication de l'entreprise. La signature de marque,
appelée également "claim" exprime généralement les valeurs, promesses ou ambitions
revendiquées par la marque. Elle s'adresse principalement aux consommateurs (clients et
prospects), mais également éventuellement aux collaborateurs de l'entreprise et différents
partenaires.
- Le message : idée/objectif général de la campagne publicitaire.

Il nous faudra ensuite conclure les résultats de notre analyse et de soulever des pistes
d’amélioration. Le visuel est-il équilibré ? Les textes sont-ils lisibles ? (Taille de la police, lisibilité
de la typographie, contraste entre le texte et les arrière-plans). Pensons-nous que ce travail est
parfait ? Si non, comment pourrions-nous l’améliorer ?

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IV. PRATIQUES : ANALYSE SEMIOLOGIQUE D’AFFICHES PUBLICITAIRES

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CHAPITRE IV : OUTILS D’ANALYSE SEMIOLOGIQUE DE L’IMAGE FILMIQUE

Rappelons tout d'abord que l'enregistrement visuel du mouvement est ce qui constitue l'acte
fondateur de l'invention du cinéma. Lorsqu'on parle de mouvement au cinéma ou en vidéo, il
convient tout d'abord de bien distinguer les deux aspects qui sont à la base de tous les mouvements.
En effet, par mouvements, on entend d'une part les mouvements qui se produisent dans l'image
(mouvements des objets ou/et des personnages devant la caméra), et d'autre part les mouvements
de la caméra, elle-même, devant le représenté.

I- LA LECTURE DE L’IMAGE FILMIQUE

Toute image est porteuse de sens. Le lecteur qui interprète s’appuie sur les détails de
l’image elle-même, mais aussi sur le contexte iconographique ou textuel.

1- La polysémie de l’image filmique

• Qu’est-ce qu’une image polysémie ? Il existe deux types d’images polysémiques :


✓ celles qui possèdent, par leur construction même, plusieurs sens, tous pertinents et
qui se superposent ;
✓ celles dont l’ambiguïté autorise le choix entre des interprétations différentes, voire
divergentes ; c’est le cas le plus fréquent, car la lecture d’une image est une
combinaison d’éléments et de détails rassemblés par un lecteur pour produire un
sens.
• L’influence des références personnelles du lecteur : Chacun regarde une image en fonction
de ses propres références, liées à ses fonctions, à ses savoirs spécifiques, à son expérience,
à son passé, à sa préoccupation du moment, à son caractère.
• L’influence de codes collectifs d’une société : Certains objets, certains gestes sont
interprétés en fonction de l’histoire ou des codes sociaux et culturels de la communauté à
laquelle appartient le lecteur, si bien que des lecteurs appartenant à des communautés
différentes peuvent ne pas donner à l’image la même interprétation.

2- La contamination de l’image filmique

L’influence d’une image sur une autre image : Deux images peuvent exercer une influence
l’une sur l’autre, parce qu’elles sont proches dans l’espace ou dans le temps. Que se passe-t-il ?
Au lieu de rassembler seulement les éléments de l’image observée, le lecteur ajoute à cette image
des éléments de l’autre image pour créer une séquence descriptive ou narrative : l’image observée
est interprétée à la lumière de l’autre image. C’est ainsi que fonctionnent les vignettes d’une BD.
Et ce principe a été exploité au cinéma (effet Koulechov).

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L’influence de la légende sur l’image : La présence d’une légende oriente l’interprétation
de l’image. Cette légende peut être :

• référentielle : elle situe dans le réel ce qu’on voit sur l’image : lieu, objets, nom des
personnages,… ;
• explicative : elle explicite les informations contenues dans l’image, ou les prolonge
; les légendes des photos de presse sont souvent construites ainsi ;
• interprétative : elle réduit la polysémie de l’image en proposant un sens.

Dans tous les cas, la légende peut être fidèle aux intentions de celui qui a produit l’image,
elle peut proposer une orientation nouvelle, ou peut-être délibérément mensongère.

L’influence d’un texte sur l’image : L’interprétation d’une image peut être orientée par un
texte qui en assure une lecture. C’est le cas des commentaires de tableaux dans les musées. Mais
un texte indépendant de l’image peut aussi agir sur l’interprétation de l’image parce qu’il est mis
en page à proximité de cette image. C’est un phénomène qu’on observe, par exemple, à la une des
journaux.

3- Le commentaire de l’image filmique

• Dénotation : Le lecteur repère ce que représente l’image : les objets, les personnages, les
situations, mais aussi les oppositions ou parallélismes dans les lignes, les formes…
• Effets de réel : Dans la plupart des images, des techniques sont utilisées pour transmettre
à l’image fixe le mouvement même de la vie : un cadrage, un angle de vue, un effet de
perspective, un geste suspendu … font croire au lecteur qu’il est le véritable spectateur de
ce qu’il surprend.
• Références personnelles et culturelles : Elles renvoient le lecteur à ce qu’il connait déjà, et
grâce à quoi il donne du sens : il s’approprie ainsi l’image en l’interprétant. On peut alors
faire intervenir une symbolique des objets, des gestes, de la situation : l’image est lue à
d’autres niveaux, qui n’étaient pas perçus précédemment.
• Signification générale : Le rassemblement de tout ce qui a été observé aboutit à une
interprétation globale. Cette interprétation peut chercher à rejoindre l’intention de l’auteur,
mais elle comporte toujours une part de construction originale du lecteur.

4- Les fondements de l’analyse textuelle de l’image filmique

Employé sans complément de relation, le mot langage désignait uniquement le langage


verbal. Ce n’est qu’après le développement de la sémiologie qu’il est devenu indispensable de
spécifier entre les différents langages : langages des oiseaux, langages des fleurs, langage musical,

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langage théâtral, langage cinématographique, etc. Le langage est : « La capacité spécifique à
l’espèce humaine de communiquer au moyen d’un système de signes vocaux » Le langage se
révèle, à première vue donc, comme une réalité qui se compose de deux éléments : du social (la
langue) et de l’individuel (la parole).

Le concept du code a permis à (Christian METZ, 1977) de faire une opposition entre
ensembles concrets (les messages filmiques ou les « textes ») et ensembles systématiques (les
codes qui sont des entités abstraites). Ce qui définit le code systématique, c’est : « son caractère
idéal […] ; le système n’a pas d’existence matérielle, il n’est rien d’autre qu’une logique ». Par
extension, le système du film (cinématographique ou télévisuel), c’est son principe de cohérence,
sa logique interne. Par ailleurs, ce qui définit le textuel (le non-systématique), c’est : « qu’il
consiste en un déroulement manifeste, en un objet « concret » qui préexiste à l’intervention de
l’analyse ».

Le terme « texte » est repris ici au sens de Louis HJELMSLEV, en nommant : « tout
déroulement signifiant (« Procès », chez l’auteur danois [ainsi que chez l’ethnologue français
Claude LEVIS-STRAUS]), qu’il soit : linguistique, non linguistique ou mixte (le film parlant se
rattache au troisième de ces cas) ». Par conséquent, parler d’un « texte filmique et non pas le
langage cinématographique lequel est constitué par l’ensemble des codes et se compose de
plusieurs éléments : l’image animée, le son phonique (le son phonétique des paroles et dialogues),
le son analogique (les bruits), le son musical et les mentions écrites.

Cerner le fonctionnement du texte filmique, ce sera : « suivre un texte dans tous ses
méandres codiques. Ce sera non pas étudier intrinsèquement tel ou tel code ou sous-code, mais
étudier l’interaction codique, le mode de structuration du texte ». A cet effet, le texte filmique est
le lieu de rencontre d’une multiplicité de codes (spécifiques et non-spécifiques) qui définit son
système textuel. En d’autres termes, pratiquer une analyse textuelle, c’est : « suivre un texte à
travers tous ses codes ou ses principaux codes ». Ce qui s’oppose à l’analyse codique qui consiste
: « à suivre un code à travers tous ou plusieurs textes ». Au demeurant, le texte filmique est une
entité de manifestation : Les mécanismes d’engendrement du sens propre au fonctionnement
spécifique du texte filmique peuvent être saisis à travers une unité textuelle plus grand (les films
d’un même réalisateur) ou plus petite (une séquence d’un film dotée d’une forte autonomie).

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II- LES CINQ MATIERES D’EXPRESSION DE L’IMAGE FILMIQUE
Comme forme esthétique, le cinéma est essentiellement un art de la mise en scène et du
montage. L’image cinématographique se crée à l’aide de matières d’expression particulières que
sont la bande image (l’image photographique mouvante et les notations graphiques) et la bande
sonore (le son phonique, le son musical et les bruits).

Pour ce faire, il utilise des moyens d’expression qui découlent de la composition de l’image
(le contenu, le pro-filmique, les couleurs, l’éclairage, etc.), des cadrages (échelle de plan, angles
de prise de vue), des mouvements de caméra (panoramique, travelling, zooms, etc.), et du son (les
dialogues, la narration en voix off, la musique « diégétique/extra-diégétique », les bruits, le silence,
etc.).

Découlant de l’esthétique du film, tous ces éléments de mise en scène établissent la forme
d’un film. Ce sont les choix qui détermineront la forme d’un film, de même que son style. Puisque
la forme filmique décrit la structure esthétique du cinéma, le style cinématographique sera
déterminé, individuellement ou collectivement, par la manière dont seront utilisées ces matières
d’expression cinématographique.

1- Les images photographiques animées et multiples


Elles constituent un trait pertinent, c’est-à-dire une caractéristique distinguant le cinéma
des autres langages, image fixe ou Bandes Dessinées. L'image présente une particularité
communicative par rapport à d'autres objets signifiants : elle a un statut analogique qui se manifeste
dans la ressemblance perceptive globale avec l'objet représenté.

A première vue, naïvement, la photo semble un message objectif, sans code. On peut croire
qu'elle reproduit mécaniquement le réel, mais son objectivité est mythique, car l'image n'est pas
neutre, elle est connotée (cf. Roland Barthes). De plus, il y a intervention des éléments techniques,
du point de vue, du cadrage... Les couleurs elles-mêmes varient selon les systèmes, le noir et blanc
transforme. La photo réduit l'univers à deux dimensions. En fait, dans la photo, il y a deux
messages : un sans code et un autre codé, culturel, se développant à partir du premier. Si le
récepteur d'une photo peut faire la part des choses, entre la représentation du réel et les intentions
conscientes ou non du photographe, au cinéma, la dénotation même truque systématiquement ce
qu'elle représente, ce qu'elle nous montre.

Le travail de montage, base du langage filmique, manipule le réel. Ainsi dans un film, on
n'est pas obligé de montrer réellement pour faire voir. Dans une scène à deux personnages, si les
deux acteurs ne sont pas disponibles en même temps, on peut tourner la scène en filmant
séparément les deux acteurs et au montage on assemblera (le cas d'un seul acteur jouant deux
personnages différents, des jumeaux). De plus, l'ordre de présentation des séquences (un ensemble
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de plans successifs relatifs au même sujet) n'est pas l'ordre du tournage. Le message littéral d'un
film est déjà le résultat d'une construction ; le réel du film est loin de la réalité. Ainsi, on songera
à l'importance de la reconstitution au cinéma. Au cinéma, bien des mouvements sont illusoires
comme les chevauchées des westerns ; le vent et la pluie sont fabriqués. Il faut tenir compte de la
puissance de l'illusion technique même dans des films réalistes, sans parler des effets spéciaux des
films de Science-Fiction. L'image filmique peut ainsi peut donc signifier toute autre chose que ce
qu'elle montre. La réalité de l'œuvre filmique n'est pas ce qui est montré, dénoté, mais ce qui est
signifié par le système complexe du film ; il faut tenir compte du contexte. L'image ne fonctionne
pas comme le mot, signe fixe doté d'un sens lexical ; elle ne correspond pas à une convention
définitive.

2- Les mentions écrites


Ce sont les notations graphiques qui peuvent apparaître dans l'image, en dehors des œuvres
originales sous-titrées ; elles peuvent :

• se substituer carrément à elle : intertitres sur carton ;


• s'y superposer : sous-titres explicitant le lieu, la date, l'écoulement d'un laps de temps...
• s'y intégrer : mentions graphiques internes à l'image, lues par la caméra, éventuellement
via le regard d'un personnage (banderoles, lettres ou télégrammes en gros plan, pancartes,
enseignes...).

Aux origines, le cinéma muet avait besoin d'insérer l'écriture dans l'image pour pallier
l'absence de bande sonore. Aujourd'hui, on notera l'importance du texte au début et à la fin du film
avec le générique, la distribution, les "crédits", des avertissements, des rappels historiques... On
peut mêler texte et images, les superposer. Parfois le générique, outre le fait qu'il ancre souvent
dans un genre filmique et le signifie aux spectateurs, peut déjà jouer un rôle dans la diégèse
(l'économie générale du récit). Le générique prend alors une fonction « programmatique » qui
relaie une éventuelle affiche ou une bande annonce ; il permet aux destinataires d'anticiper comme
au réalisateur d'accrocher par là son public.

3- Le son avec les dialogues (Son phonique) :


On notera que durant une longue période le cinéma est resté muet, ce qui ne l'a pas empêché
de produire des chefs d'œuvre. Alors, des intertitres, des cartons, étaient nécessaires à la
compréhension du film, à la présentation minimale des éléments de discours des personnages. Au
début du parlant, selon certains, on avait une nette prédominance des bruits, des sons par rapport
au dialogue, dans beaucoup de films. Le rôle du message linguistique par rapport à l'image est
variable et complexe. On peut distinguer deux grandes fonctions :

Support de Cours de Sémiologie de l’image-Proposé par Docteur A. César KIRIOUA (Enseignant-Chercheur à l’ISTC) 31
• la fonction d'ancrage: le texte indique la direction d'un signifié précis; on limite la
polysémie d'une image, on lève une ambiguïté. Ce cas est rare au cinéma et se traduit dans
le recours à une voix off.
• la fonction de relais: le message linguistique seconde l'image dans la production d'un sens
en rapport avec l'histoire racontée; le dialogue, bien conçu, bien utilisé, a un rôle
complémentaire et non de redondance par rapport à l'image, il fait avancer l'action, donne
des informations pertinentes.

On remarquera que bien souvent le son est postsynchronisé, refait en laboratoire et mixé
savamment ; il n'est pas naturel, spontané. Pour les films étrangers, il faut avoir à l'esprit que les
acteurs sont doublés (V.O. / V.F.).

4- La musique
Elle a joué un grand rôle à l'époque du muet ; non seulement les acteurs jouaient
accompagnés d'un violon etc., mais à la projection un piano ou un disque... accompagnait le film
; la musique n'était pas synchronisée. Actuellement deux grandes possibilités d'utilisation
s’affirment :

• rapport de redondance par rapport au visuel et au son; la musique double, renforce l'image
et le discours: ainsi les violons langoureux commentent la scène d'amour, les trompettes
accompagnent la scène guerrière... Naturellement, tout cela reste codé, marqué par le
culturel.
• rapport de contraste: on peut noter des effets d'antithèse; ainsi un accordéon guilleret
illustre une scène d'enterrement.

Une troisième fonction peut exister selon Jean Mitry : parfois la musique ne paraphrase pas
l'image ; elle ne vaut pas non plus pour elle-même, son intrusion à un moment donné a une
signification, rien de plus, mais elle tire sa force rapportée aux autres éléments (son, bruits,
images). La musique a donc plusieurs fonctions :

• elle soutient l'action,


• elle accompagne l'expression des sentiments,
• elle ponctue le film : elle prévient, annonce...

5- Les bruits (bruitage)


On constatera qu'un grand nombre de bruits de la vie réelle ne sont pas naturels, mais
produits plus ou moins directement par les hommes (ils ont une origine sociale et par conséquent
un sens social). Les bruits d'un film ne sont pas d'ailleurs une reproduction pure et simple des bruits
extérieurs : ils sont élaborés en laboratoire, parfois truqués (le bruitage). Une sélection, en pratique,
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s'impose car les bruits ne doivent pas, en principe, perturber la perception des sons phoniques, des
dialogues ; si cela se fait, il y a une intention.

Fréquemment, certains sons sont modifiés en laboratoire : par exemple, on amplifie les
paroles pour les rendre distinctes. Paradoxalement, les bruits d'un film ne sont pas de simples bruits
et pas des « bruits » au sens linguistique du terme, (des éléments entraînant une mauvaise
transmission ou réception du message). Au lieu d'amener une perte d'informations, ils sont au
contraire signifiants. De même, le silence peut être éloquent/ signifiant en termes de tension,
menace... Les bruits entrent en relation avec l'image, le son phonique et la musique via le mixage.
Dans le film, on constate une interdépendance sonore et plus généralement une interdépendance
sémantique systématique : tous les éléments concourent à la production du sens. Les bruits comme
la musique contribuent ainsi à la perception de la situation, à l'interprétation du contexte par le
spectateur ou ils aident encore à caractériser un personnage.

CONCLUSION GENERALE

Il est difficile d'aborder l'image "en général" tant les conditions techniques de production
et d'usage sont différentes. Et en même temps, l'image renvoie toujours à d'autres images provenant
d’autres sources, d'autres temps, d'autres cultures, d'autres techniques de représentation. De
l'image rupestre de la préhistoire à l'image numérique d'aujourd'hui, la constitution de notre regard
est le résultat complexe de la confrontation de notre perception avec la longue histoire des
représentations. Chaque nouvelle technique de représentation ne vient pas supplanter la
précédente, mais au contraire, à la manière des strates géologiques, elle contribue à modeler d'une
façon nouvelle le relief d'un notre paysage visuel.

L'image est un objet transdisciplinaire dont l'étude peut être abordée de multiples façons.
Cette diversité d'approches est à la fois une richesse et en même temps source de malentendus et
de réductionnisme. Trois grands secteurs peuvent néanmoins être évoqués lorsqu'on cherche à
produire un savoir sur l'image :

• c’est le domaine de l'esthétique, si l'on considère l'image comme un art visuel ;


• c’est le domaine de la sémiologie, la sémio-pragmatique, si l'on considère l'image
comme un langage ;
• ce sont les sciences de la communication et en particulier le fonctionnalisme et ses
variantes, si l'on considère l'image comme un objet de communication.
D'autres secteurs scientifiques peuvent, à un niveau second ou transversal être invoqués :
ce sont l'histoire, la sociologie, l'économie, la psychanalyse, etc. Nous nous situons dans une
"multi-référentialisation" de l'image, car nous considérons que dans chaque image ces trois
dimensions : esthétique, langagière et communicationnelle sont toujours présentes à des niveaux
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plus ou moins saillants et qu’elles peuvent elles-mêmes être croisées par d'autres savoirs ou
champs théoriques selon la situation, le contenu, l'histoire particulière de tel ou tel objet
audiovisuel...

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ET LECTURES RECOMMANDEES


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