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UNIVERSITÉ PARIS 8
Rapport de stage
En psychologie clinique
Licence 3ème année
KORPAS Magdalena
N° étudiant : 20023959
Nom de tutrice:
Léonore Robieux
Année 2022-2023
Session de Mai 2023
REMERCIEMENTS
Je souhaite remercier en premier lieu Madame C.M., la psychologue clinicienne qui m’a
acceptée en tant que stagiaire et m’a montré une majorité de ses missions. J’exprime mes
sincères remerciements à Madame S.I. la neuropsychologue du service de Poujal, qui a accepté
de me présenter son travail, et qui m’a accueillie de la meilleure façon qu’une stagiaire puisse
l’être. Je tiens à souligner la bienveillance dont elle a fait preuve, m’accompagnant avec
pédagogie et patience, adaptant son agenda et ses rendez. Je la remercie pour les échanges très
enrichissants sur sa pratique, sur les situations observées et sur le fonctionnement de
l’institution.
Elles m’ont autorisé à les suivre, à les observer, à les questionner, répondant avec transparence
et franchise à chacune de mes sollicitations. La qualité de ses accompagnement et la passion
pour leur métier me confortent dans mon envie de poursuivre vers un cursus en psychologie
clinique.
Plus globalement, je souhaite remercier toute l’équipe de POUJAL de la ville de CH. Merci
pour leur gentillesse, leur accueil et leur confiance.
J’ai pu assister à de nombreux entretiens, tests, réunions et suivis admiratifs de leur travail, de
leur investissement, de leur force et de leur humanité face à des parcours de vie parfois bien
chaotiques.
Enfin, je tenais à remercier toutes les personnes, enfants, adolescents, adultes qui ont accepté
de m’accueillir dans leurs lieux de vie, qui ont accepté que j’assiste à leurs entretiens et qui ont
livré des récits ou des pensées appartenant à leur intimité.
REMERCIEMENTS............................................................................................................................. 2
Introduction ...........................................................................................................................................4
L’institution ................................................................................................................................... 5
1.1. Historique de polyhandicap.................................................................................. 5
1.2. Le CESAP POUJAL ............................................................................................. 5
1.3. Le centre medico - educatif (L’EME) ................................................................................. 6
1.3.1. Les objectifs de l’EME..................................................................................................... 6
1.3.2. La spécificité du public accueilli..................................................................................... 8
1.4. Les prises en charge à l’EME................................................................................................... 8
1.4.1. Une équipe pluridisciplinaire .......................................................................................... 9
1.4.2. L’accompagnement des enfants confiés à l’EME ............................................................ 9
1.4.2.1. Les mesures de placement..................................................................... 9
1.4.3. Le Projet d'accompagnement ....................................................................................... 10
2 Psychopathologies rencontrées................................................................................................... 12
2.1. Les troubles attentionel.............................................................................................................. 12
2.1.1.Vignette clinique ........................................................................................................... 12
2.2. Les troubles de l'anxiété .............................................................................................. 13
2.2.1. L’anxiete de separation .......................................................................................... 13
2.2.2 Vignette clinique ........................................................................................................... 14
2.2.2.1 La mediation animale ........................................................................................................... 14
2.3.Les troubles de l’attachement................................................................................................ 15
3 Le rôle clinique et les fonctions institutionnelles du psychologue ........................................... 16
3.1. Place et rôle ........................................................................................................................... 17
3.2.Les référentiels théoriques..................................................................................................... 18
3.3.L’activité clinique institutionnelle......................................................................................... 19
3.3.1.L’entretien clinique ..................................................................................................... 19
3.3.1.1.La communication alternative et augmentee................................................................... 19
3.3.1.1. L’entretien avec les enfants......................................................................... 20
3.3.1.2. L’entretien avec les adultes......................................................................... 20
3.3.2. Le bilan psychologique.................................................................................................. 21
3.3.3.La rencontre avec d’autres institutions .................................................................................... 23
3.3.8.Les réunions pluridisciplinaires..................................................................................... 23
3.3.8.1. Les réunions d’équipe hebdomadaires........................................................ 24
3.3.8.2.Les réunions de synthèse et les bilans......................................................... 26
4 Conclusion.................................................................................................................................... 27
5 Bibliographie................................................................................................................................ 29
6 Annexes......................................................................................................................................... 32
Introduction
Ce stage a été l’occasion de découvrir sur le terrain comment le psychologue peut adapter son
travail aux enfants, adolescents et jeunes adultes, et plus particulièrement à ceux ayant un vécu
traumatique. J’ai pu y découvrir également des psychopathologies spécifiques. Cette première
expérience a été si enrichissante et intéressante, qu’elle m’a donné envie d’envisager une
carrière en institution, peut-être même dans un service de POUJAL, en parallèle de l’activité
libérale que j’aimerais exercer.
Dans ce rapport, je présenterai, dans une première partie, l’institution qui m’a accueillie.
Ensuite, je présenterai dans la deuxième partie, différentes psychopathologies que j’ai pu
observer. Enfin, la troisième partie sera consacrée à la présentation du rôle clinique et
institutionnel du psychologue de POUJAL.
Dans le respect de l’anonymat des personnes évoquées dans le rapport, seules les initiales ou
les premières lettres du prénom seront utilisées (pour éviter les confusions), et la psychologue
qui m’a accueillie sera nommée Mme C.M. et la neuropsychologue Mme S.I.
1 L’institution
Une personne polyhandicapée est une personne très lourdement handicapée, qui cumule un
grave handicap à la fois mental, moteur et sensoriel (Hervé Sergeant, 2019 p.121). Le
polyhandicap est un dysfonctionnement cérébral précoce, le plus souvent prénatal et
essentiellement génétiques. Les années cinquante et soixante sont cruciales dans la définition
de ce que c’est le polyhandicap. C’est le début d’une prise de conscience par les pédiatres des
hôpitaux des enfants dits « encéphalopathes » ou « arriérés profonds ». Les patients avec
intelligence conservée sont dites « infirmes moteurs cérébraux » (L. Georges-Janet, Cesap,
2019). Dans le décret n° 2017-982 du 9 mai 2017, on lit que « Personnes polyhandicapées,
présentant un dysfonctionnement cérébral précoce ou survenu au cours du développement,
ayant pour conséquence de graves perturbations à expressions multiples et évolutives de
l'efficience motrice, perceptive, cognitive et de la construction des relations avec
l'environnement physique et humain, et une situation évolutive d'extrême vulnérabilité
physique, psychique et sociale au cours de laquelle certaines de ces personnes peuvent
présenter, de manière transitoire ou durable, des saines de la série autistique.”. Ce
dysfonctionnement est la cause de graves troubles moteurs et orthopédiques, une déficience
intellectuelle et des troubles cognitifs importants, entre autres, une incapacité d'accès au
langage oral ordinaire. Une épilepsie se surajoute dans près de la moitié des cas . Les troubles
sensoriels touchent la majorité des personnes polyhandicapées.
Le Poujal a été créé en 1974 par le CESAP. C’est une association reconnue d'utilité publique,
qui gère plusieurs établissements et services dans des régions de France. La mission première
de l'association est l'accompagnement de la personne polyhandicapée dans sa globalité. L'EME
le Poujal comprend les trois services : l'internat enfants, l'internat adolescents et l'externat. Il
faut savoir que les équipes de Poujal prennent soin également des adultes (entre 18 et 29 ans).
Les internats sont ouverts toute l'année. L'externat est ouvert 210 jours par an (8h45 à 16h45).
Le POUJAL accueillit les 91 enfants, adolescents et jeunes adultes polyhandicapés. Les
engagements de POUJAL incluent: promouvoir l'unité et la singularité de la personne
polyhandicapée, la mobilisation des énergies et les compétences pour développer la
connaissance, rendre effectifs les droits fondamentaux de la personne, garantir la participation
des parents et de leur entourage familial dans le développement de l'accueilli, développer un
dispositif d'accueil diversifié et cohérent, la mobilisation pour garantir la continuité de
parcours de vie et de soins ainsi que la considération de place essentielle des professionnels.
Les missions de l’EME sont définies par les articles de D312-0-1 à D312-176-13 du Code de
l’Action Sociale des Familles. L’EME intervient à différent niveaux :
Lors de mon stage, j’ai pu observer de nombreuses situations, relevant des différentes
missions mentionnées précédemment. J’ai choisi de présenter une vignette qui illustre la
situation de fille de 20 ans, K. , porteuse d'un syndrome polymalformatif (en lien avec une
monosomie distale 10q accidentelle), que l’on retrouvera dans plusieurs parties de ce rapport.
K. est une jeune fille curieuse et joyeuse suivie à l'externat de POUJAL depuis ses 4
ans. Elle a besoin d'être rassurée par l'adulte qui confirme ces différents rendez-vous.
Elle demande à plusieurs reprises au cours de la journée. Elle peut être déstabilisée si
un rendez-vous n'est pas honoré. Il est à noter que les rituels la rassurent (ex: demande
à être coiffée chaque matin). K. engage des interactions avec ses camarades et se
montre soucieuse de leur bien-être. Elle est dans une relation active avec eux en
prenant en compte les différents éléments mis en évidence dans l'état bio médico
éducatif. Pendant les vacances scolaires, à la maison, elle s'auto mutile, se griffe les
bras. Elle angoisse le temps qu'elle va passer à la maison ; elle a besoin d'être occupée
et la frustration la met en difficulté. K. est dans la ritualisation. Elle a besoin d'être
rassurée en permanence. Elle persévère dans ses demandes. Elle peut pleurer si elle n'a
pas ce qu'elle veut. Elle peut s'apaiser quand on lui fait un câlin. Elle peut être auto
agressive. Elle a des stratégies pour qu'on s'occupe d'elle et peut pousser l'autre à bout.
Si elle se fait mal, elle peut pleurer. Elle demande pardon et peut se calmer. Elle ne sait
pas dire pourquoi elle est en colère. Le Dr. H ajoute que devant la frustration, K. n'est
pas dans le contrôle de ses pulsions, ses colères et des états angoissants. Il faut savoir
mettre une distance entre elle et l'autre : « je suis moi, tu es toi ». Suite à la situation de
négligence familiale, la place à l'internat lui avait été proposée.
Dans le cas de K. on voit que l’EME l’accompagne depuis bébé, et s’assure de la protéger en lui
offrant un cadre de vie stable, à l'externat de l'établissement. En effet, d’après Toussaint et al.
(2018), un lien est établi entre l’instabilité des placements et les troubles du comportement.
Gauthier et al (2004, p.136) précisent : « La continuité des liens d’attachement est essentielle au
développement global du jeune enfant et toute rupture de ces liens est un événement traumatique
dont les conséquences sont majeures à court et à long terme ». Néanmoins, l'équipe de POUJAL
travaille en collaboration avec la mère de K. afin de faire évoluer la relation mère-enfant, et que
cette dernière montre des compétences parentales fiables - les équipes de Poujal proposent la
place à l'internat de l'établissement pour stabiliser la situation de vie de K.
Les accueillis sont placés dans des groupes de l’internat ou l'externat selon leur niveau
d'autonomie et d'indépendance ainsi que leur situation familiale. 80% des jeunes ne
communiquent pas verbalement. La communication constitue l’axe stratégique de
l’accompagnement. La population accueillie au POUJAL est appareillée et 70% utilisent un
fauteuil roulant (Cesap, 2021). Les enfants présentent les troubles associés: les troubles
orthopédiques, les troubles digestifs, les troubles du comportement et les comitialités.
L'intrication des déficiences multiples rend complexe l'adaptation de l'accompagnement à
mettre en œuvre au quotidien. La coordination médico-éducative du suivi de ces troubles est
essentielle. Elle est pilotée par la cadre de santé et mise en œuvre par l'infirmier(e) en
collaboration avec les éducatrices spécialisées. Des usagers présente des troubles séveres du
comportment qui se manifestent par de l'auto-agressivité, l’hétéro-agressivité, des troubles de
conduite almentaire, une sur-agitation psychomotrice, des manifestations vocales, des TSA et
une altération du déficit cognitif. Les besoins d’accompagnement sont différents pour ces
enfants et jeunes adultes, dont les parents sont bien souvent dans l'incompréhension de leur
polyhandicap. Contrairement à la majorité de jeunes accueillis habituellement, POUJAL ne
travaille pas sur la restauration du lien entre les parents et les enfants, mais on tente de pallier à
l’absence d’autorité parentale (Cesap, 2021).
J’ai pu constater, lors de mon stage, que le public accueilli au POUJAL provient souvent d’un
milieu défavorisé, voire très défavorisé. Rousseau et al. (2016, p. 355) énoncent d’ailleurs que
« ces enfants, victimes de violences et de conflits conjugaux graves, sont issus de familles
cumulant généralement un grand nombre de difficultés ».
Le déroulement de la journée est rempli d'activités (ateliers éducatifs, histoires, arts plastiques,
musique, poney, piscine), les soins infirmiers, la kinésithérapie motrice et respiratoire, la
psychomotricité, la psychothérapie et l’ergothérapie.
L'accompagnement éducatif et les apprentissages sont accompagnés par un projet personnalisé
d'accompagnement.
Le projet d'accompagnement personnalisé et élaboré et réactualisé annuellement dans un
travail de co-construction entre les parents et l'équipe médico-éducative (Cesap, 2021). Les
équipes s'appuient sur des référentiels pédagogiques diversifiés de façon à adapter aux besoins
toujours singuliers de chaque enfant et jeune. Parmi les référentiels répertoriés, l'établissement
utilise le langage de communication Makaton, la pédagogie Conductive, la méthode Snoezelen
et la stimulation basale (Cesap, 2021). L'accès aux apprentissages cognitifs est favorisé par les
accompagnements éducatifs activités internes et à l'extérieur de l'établissement ( les activités
comme: le poney, la piscine, la ferme pédagogique) et rééducatifs. En termes d'apprentissages
scolaires, une Unité d'Enseignement de 'L'Education Nationale est implantée au sein de l'EME
Le POUJAL depuis septembre 2011. Les soins de chaque enfant et adolescent, selon ses
besoins. bénéficie d'un suivi de santé.
Les mesures de placements demandent beaucoup d' informations et de travail de toute l'équipe
de Poujal en liaison avec la famille. Des départ, le décision concerne l’'internat (hébergement
en continu ouvert 365 jours/365) ou à l'externat (accueil de jour, dispose d'un agrément
départemental et instaure un transport quotidien collectif.) Le processus de pré - admission,
d'admission et d'accueil est initié suite à la notification de la MDPH. Les équipes de POUJAL
apprennent sur la situation de l'enfant, de ses besoins d'accompagnement et les attentes des
parents. Ensuite, l'assistante de service social de l'EME commence une démarche d'analyse
pluridisciplinaire de la situation de l'enfant (Cesap, 2021). Après une expertise dans le
domaine médical (médecin, pédopsychiatre), le domaine psychologique (psychologue) et le
domaine éducatif (chef de service), l'équipe commence la préparation de l'accueil. Ensuite, la
première prise de connaissance de la situation de l'enfant et l'organisation de sa période
d'adaptation commencent. La période d’adaptation dure environ deux semaines. Suite à cette
période d'adaptation, le processus d'accompagnement s'instaure dans la temporalité
contractualisée au sein du contrat de séjour et de ses avenants. L'EME est constituée de 2
services dont la dynamique est différenciée. Les modalités d'accompagnement dans les actes
de la vie quotidienne sont individualisées, visant l'autonomie de I'enfant/adolescent dans
chacun des gestes associés (Cesap, 2021).
A l'internat le dispositif d'accompagnement est permanent. L'internat, dit « des enfants », est
organisé en trois unités (âges indicatifs - situation au premier trimestre) : l’unité « Jade »
accueillant 10 enfants âgés de 6 à 9 ans, l’unité « Emeraude » accueillant 10 enfants et
adolescents de 10 à 17 ans, l’unité « Turquoise », accueillant 10 adolescents et jeunes adultes
de 12 à 18 ans. L'internat dit « des adolescents », également organisé en trois unités (âges
indicatifs): l’unité « Mozart » accueillant 10 adolescents de 12 à 14 ans, l’unité « Vivaldi »
accueillant 10 enfants, adolescents et jeunes adultes de 15 à 21 ans, l’unité « Cézanne »
accueillant 10 adolescents et jeunes adultes de 17 à 37 ans.
Quant à l'externat il y les trois groupes entre 5 à 6 enfants: le groupe « les petits » se compose
des unités « Lutins » et « Chaperon », le groupe « les moyens » se compose des unités «
Écureuils» et « Pré-adolescents »et le groupe « les grands » se compose des unités «
Adolescents» et « Jeunes adults » (Cesap, 2021).
Dans le cas de K. on voit que l’EME suit la procédure de la mise en place de son projet
d'accompagnement personnalisé avec l'appui sur les objectifs de son développement
d’autonomie. Son projet contient le projet individuel, les comptes rendus des synthèses, le
planning et suivi des prises en charge, son dossier des appareillages et installations,
l'ergothérapie, la kinésithérapie, l'orthophonie, la psychomotricité, l'éducation, le suivi
psychologique et social ainsi que travaille en collaboration avec sa famille (ou pas, comme dans
le cas de K.).
2 Psychopathologies rencontrées
Lors de mon stage, j’ai pu rencontrer plusieurs enfants et jeunes adultes, aux vécus difficiles.
Les traumatismes dus aux négligences subis par les enfants ont souvent des influences sur
l’état psychologique de l’enfant ainsi que le fait qu’ils ont les troubles communicationnelles
dues à leur polyhandicap qui causent les troubles de comportement dues aux troubles du
langage. Il est important de mentionner que tous les accueillis - à l'internat et à l'externat - sont
dits “ enfants” puisque le personnel prend en compte leur âge mental - pas biologique. Parmi
les enfants que j’ai rencontrés, j’ai donc pu observer un panel assez large de
psychopathologies. Les trois troubles présentés concernent les jeunes adultes que j’ai été
amenée à rencontrer à plusieurs reprises, et pour lesquels j’ai pu échanger plus longuement
avec mes tutrices, Mme S.I et Mme. C.M.
Il faut mentionner que tous les accueillis au POUJAL ont des troubles du langage et présentent
des troubles sur le spectre d’autisme (TSA). Les troubles du langage, dans le DSM et CIM -
10, la description concerne la production du langage au niveau de l’expression et les troubles à
la fois dans la réception (compréhension) et l'expression. Il s'agit donc de la limitation dans la
compréhension du langage, l’'acuité auditive, le fonctionnement intellectuel, la communication
sociale. Quant aux troubles du langage expressif, leur vocabulaire est limité avec l'utilisation
persistante de certains mots, souvent peu informatifs ("chose"). Les troubles associés sont:
troubles de l'apprentissage, déficit de l'attention, troubles anxieux, troubles du comportement.
Les troubles du spectre d’autisme concernent “Déficits persistants de la communication et des
interactions sociales observés dans des contextes variés.“( DSM 5, APA,2013, p.55). Quant à
TSA c’est“ (...) un trouble irréversible, affectant de manière importante l’adaptation à la vie
quotidienne pour les personnes atteintes.” ( M.Franchini, É.Gentaz, M.Schaer, Devenir 2016,
p. 177)
On peut distinguer les trois tableaux d’orientation: la symptomatologie avec des troubles de l'attention
prédominants, la symptomatologie marquée par l’hyperactivité et l'impulsivité avec la combinaison de
déficits de l'attention et d'hyperactivité-impulsivité. L'enfant doit avoir présenté des troubles avant 7 ans et
ses symptômes doivent persister au moins 6 mois et être inhabituels pour l'âge. Plus le trouble est étendu,
plus il est grave. Les manifestations primaires contiennent: l'impulsivité, déficits de l’attention et
l'hyperactivité. D’après le DSM-V (APA, 2013, p. 69), les critères diagnostiques du Trouble Déficit de
l’Attention/Hyperactivité (TDAH) - Hyperactivité et impulsivité - sont comme suit: “L’hyperactivité
correspond à une activité motrice excessive dans des situations où cela est inap- proprié, ou par un excès
de « bougeotte », de tapotements des doigts ou de bavardage. Chez les adultes, l’hyperactivité peut se
manifester par une agitation extrême ou par une intensité d’activité épuisante pour les autres. “
B., un jeune homme de 19 ans, souffre d'épilepsie et de retard intellectuel en lien avec un syndrome frontal.
Pour des raisons de santé, B. est placé à l'internat. B. est volontaire, souriante et dynamique mais qui se laisse
très facilement distraire. Il se réveille tôt, avant tout le monde, et réveille les autres enfants. Il a besoin d'être
encouragé, rassuré et félicité sur ses réalisations et son attention. B. fait également partie de l'atelier
thérapeutique, réalisé avec la moitié du groupe et co-animé par une éducatrice. Le projet de ce groupe est de
travailler autour de l'organisation, de la prise d'initiative et de l'indépendance avant, pendant et après le repas
(aller chercher les plats, mettre la table, se servir, servir les autres, participer au rangement...) ainsi que
d’essayer de responsabiliser certains sur des tâches spécifiques. Travailler également autour du repas en
lui-même, autour de leur indépendance, recherche de compensation verbale, gestuelle ou d'aides techniques si
nécessaire. Pendant les activités motrices B.les fait de facon excessive et non appropriée (agitation,
infatigabilité). Il suit les activités excessivement énergetiquement (il bouge dans tous les sens, touche les
adultes, a besoin d’attention). Il n’arrive pas à rester assis. Il s’exprime verbalement. Il peut crier quand il se
fait ignorer ou l’attention est donnée à un autre enfant. Il a également des difficultés à réguler ses actes en
fonction des désirs d'autrui ou des exigences de l'éducatrice. La dernière fois, il a essayé d’arracher le
téléphone portable de la main d’une infirmière qui ne voulait pas le lui donner volontairement. L’intervention
des éducateurs était obligée.
Dans le cas de B. on reconnaît le trouble attentionnel de type hyperactivité. B. est trop agitée pendant les
activités, il n’arrive pas à se tenir en place. Dès le matin il réveille d' autres enfants, pendant les ateliers il
est très agité et n’arrive pas à se concentrer.
D’après le DSM-V (APA, 2013, p. 350), les troubles anxieux « regroupent des troubles qui
partagent les caractéristiques d’une peur et d’une anxiété excessive et des perturbations
comportementales qui leur sont apparentées ». Ils « diffèrent de la peur ou de l’anxiété
présente dans le développement normal ; la peur ou l’anxiété est excessive et persistante
au-delà des périodes développementales appropriées ».
Denis et Baghdali (2017, p.109) énoncent que les troubles anxieux sont le diagnostic
psychiatrique le plus répandu pour les enfants de 6 à 18 ans, avec une prévalence de 8 à 30%.
Ils peuvent prendre de nombreuses formes comme l’angoisse de séparation, l’anxiété sociale,
le trouble panique, la phobie scolaire, le syndrome post traumatique ou encore le trouble
obsessionnel compulsif.
D’après le DSM-V (APA, 2013, p. 239) l’anxiete de separation se caractérise par « Peur ou
anxiété excessive et inappropriées au stade du développement concernant la séparation d’avec
les personnes auxquelles le sujet est attaché. (...) une peur ou anxiété excessive concernant la
séparation d’avec la maison ou les figures d’attachement. (...) ils souffrent d’une angoisse
excessive et récurrente dans les situations de séparation d’avec la maison ou les personnes
auxquelles ils sont très attachés ou en anticipation de celles-ci.”
L. est une jeune fille de 19 ans. Elle est placée à l’internat (avec sa sœur jumelle) depuis l'âge
de 5 ans. L. est installée dans une chambre qu'elle partage avec sa sœur et une autre petite fille.
Elle aime se coucher avec ses doudous et le tissu de sa maman. Elle le met dans sa bouche ou
le sent pour s'endormir. Elle dort parfois la tête entre les jambes. Le tissu de sa maman, elle le
laisse dans son lit, c'est important pour elle. L. est une petite fille de caractère semble-t-il. Elle
sait ce qu'elle veut et ce qu'elle ne veut pas. Elle peut se fâcher contre l'adulte si celui-ci ne
répond pas à ses demandes. Elle s'agite et bouge les mains très vite pour manifester sa colère.
L. ne supporte pas que l'adulte se détourne d'elle, elle se met à pleurer. Elle reste collée à un
adulte de son choix et le suit partout. C’est difficile pour elle de ne pas être accompagnée par
un adulte. Pendant les activités elle tient physiquement (avec sa main) à un adulte. Dès qu’elle
se fait séparer de lui - elle pousse des petits cris et pleurs parfois. Elle cherche toujours la
présence d’un adulte et dès qu’il n’y a personne présente à ses côtés elle est très apeurée. Sa
famille est très présente. La maman appelle souvent pour avoir des nouvelles de ses filles. Elle
est présente aux différentes consultations. La maman veille à ce que ses filles ne soient pas
coiffées et habillées de la même manière. Elle fait en sorte de les différencier. Après les visites
de sa maman, pendant quelques nuits elle souffre d'énurésie.
Cette vignette montre l’anxiete de separation de L. qui vis à vis à rester seule et doit être
toujours accompagnée par un adulte. Cette anxiété la rend apeurée, elle pleure et crie, dès
qu’elle se fait séparer d’un adulte. L'enfant qui a une anxiété de séparation a des difficultés ou
peut être dans l'incapacité de se séparer de certains proches (M. Schiaretti, 2013, p. 412).
Durant mon stage j’ai pu observer le travail des enfants via la mediation animale. P. Contrath
et M. Ouazzani (2021, p.12) décrit la médiation animale comme “ (...) une pratique ancienne
qui s’est progressivement développée au fil des décennies, occupant un rang reconnu dans le
champ des psychothérapies dites de médiation”. L., la fille mentionnée dans la vignette
clinique 2.2.3., souffrant des anxiétés de séparation, participe régulièrement à des sessions de
médiation animale. Au début de la session durant une heure, L. se montre anxieuse et apeurée -
elle ne quitte pas son éducatrice en serrant sa chemise. Le travail est effectué avec le chien - le
Labrador. Dans la salle il y a 6 enfants mais l’attention de l'équipe est orienté sur le progrès de
L. - qui durant la session - patte après patte - s'éloigne de son éducatrice pour caresser le chien.
A la fin de la session elle ne s’accroche plus à la chemise de son éducatrice et caresse le chien
par ses propres moyens. L'équipe ne cache pas son excitation vis-à- vis des progrès de cette
jeune patiente. La médiation animale aide dans l'amélioration des pathologies diverses.
L’animal a un rôle de facilitateur du lien thérapeutique et parfois même une position de «
cothérapeute » (P. Contrath et M. Ouazzani (2021, p.13) ). Ici, le labrador devient le générateur
d’interactions sociales, support du lien, amélioration des troubles de la communication et des
relations interpersonnelles, apaisement des angoisses et de l'anxiété de séparation.
Lors de mon stage, j’ai pu observer des troubles de l’attachement, révélés par des questions
d’identité chez plusieurs enfants. Ce qui me semble intéressant, c 'est que l’attachement chez
les enfants souffrant de trouble envahissant du développement (TED) avec la triade autistique
interfère avec la construction de la base de sécurité et les moyens pour l’exprimer. Selon M.
Lapointe (2015, p.43) « L’attachement des enfants présentant un trouble du spectre de
l’autisme : proposition d’un modèle modérateur de l’insécurité d’attachement sur les
comportements et symptômes perturbateurs ». D’abord on peut envisager le désinvestissement
de sa mère. Ils ne l’aime pas suffisamment ou l’a trop fait souffrir. On voit alors un fort
attachement à la personne qui prend soin de lui, donc son éducatrice . Ici, dans la vignette
clinique je presente K. - la jeune fille mentionnée dans l’article 1.3.1:
Selon M. Moulin, «(...) l’approche clinique est la plus traditionnelle des méthodes. Elle
s’apparente à l’examen médical, lui aussi pour partie clinique — conversation, observation —
et accorde la primauté au qualitatif et à la relation avec autrui.» Mme C.M a des missions
variées et de multiples responsabilités. Elle travaille quotidiennement avec Mme S.I - la
neuropsychologue. Elles interviennent pour le conseil départemental, et le descriptif de son
poste (Psychologue EME) est le suivant : « assure la continuité de la présence auprès d’eux et
la réponse à leurs besoins quotidiens : surveillance de leur état général, alimentation, soins
corporels, installations. Elle exerce son action en référence au projet d’accompagnement
individualisé de chaque enfant. » (Cesap, 2021). Son rôle est donc d’évaluer l’état psychique
de l’enfant, à sa prise en charge et tout au long de son parcours aux côtés de l’EME, dans son
foyer familial (ou avec sa famille d’accueil) et à l'internat, en prenant en considération les
différents éléments de son environnement. Quant à Mme. S.I, elle s’intéresse régulièrement à la
neuropsychologie de l’enfant afin d’aider à prendre les décisions opportunes pour servir les
développement de l’enfant : poursuite et lieu du placement, orientation éducatif. Mme. S.I
pratique le test de COMVOOR (outil d'évaluation des précurseurs de la communication).
Mme C.M. effectue des entretiens cliniques avec les enfants, adolescents ou jeunes adultes pris
en charge par l’EME, ainsi que des bilans psychologiques. Sa connaissance du fonctionnement
psychique des enfants en situation de polyhandicap permet de soutenir et de conseiller les
autres professionnels médico-sociaux et éducatifs qui interviennent à l’EME (éducateurs,
assistantes sociales). Selon M.Reuchlin (2012, p. 7) «La psychologie, même définie comme
une « science d’observation » dans son sens le plus large, ne saurait utiliser une méthode
d’observation ainsi définie ». La psychologue rencontre également les parents des enfants
placés, afin d’évaluer leur capacité à accompagner leur enfant dans un quotidien stable et
sécurisé, grâce à des entretiens individuels ou lors de visites médiatisées. Les rapports de Mme
C.M peuvent éclairer l'équipe de l’EME notamment, dans sa décision de maintenir ou de
mettre fin aux mesures d’aides éducatives ou de placement: elle peut les conseiller, les
accompagner, les éclairer sur les comportements des enfants dont ils s’occupent.
Mme. S.I. travaille en collaboration avec Mme. C.M et ingère plutôt avec des équipes ainsi
dans l'évaluation développement des enfants. Le travail de neuropsychologue « élabore des
liens entre le fonctionnement du cerveau et le comportement ainsi que le fonctionnement et/ou
les dysfonctionnements cognitifs, émotionnels et comportementaux faisant suite à une lésion
cérébrale, apparaissant dans un contexte développemental ou dans le cadre d’une pathologie
donnée qui engendre directement ou indirectement des dysfonctionnements cérébraux.»
(C.Moroni, 2015, p. 28)
Avec la personne polyhandicapée, Mme. S.I présente une approche spécifique: aller vers la
personne, entrer dans son espace, tenter de comprendre sa demande, parler avec elle,,
l'accompagner dans la découverte et l 'affirmation de sa place . Mme. C.M, va observer le
langage du corps, les manifestations gestuelles, les mimiques, les expressions qui peuvent
traduire bien souvent un besoin, une attente, un inconfort, une douleur…. Toute l'attention
portée à ces manifestations est essentielle pour communiquer avec les personnes
accompagnées. Comme un example, prenons une jeune femme, Y. - qui semble dormir
pendant tout le temps des activités. Son educatrice est demotivée - elle ne recoit pas
d’information de la part de cette jeune femme de la comprehension ni meme de l’attention. Le
rôle de psychologue est d’entrer en communication avec Y., traduire ses gestes: Y., ne dort pas
pendant des activités, elle est bien à l'écoute et fait attention à ce qu’on lui propose. Elle est
discrète et demande une bonne connaissance de langage non-verbale pour la compréhension de
son état.: Y. soulève sa jambe lors de questions liées à ses activités. Mme. C.M en
collaboration avec Mme. S.I, préparent donc son projet personnalisé ainsi que la maîtrise des
outils de référence qui permettent d'objectiver les observations cliniques pour la création des
plans des actions. Pour cela, les deux femmes utilisent les choix des tests et des grilles, comme
par exemple: Vineland, Com Foor 2, Profil sensoriel, Grille GED-DI, Inventaires des centres
d'intérêts, Emotions et comportements, grille ABC. Enfin, le psychologue et le
neuropsychologue participent aux bilans multidisciplinaires ou aux réunions du service, où il
soutient la réflexion des travailleurs sociaux sur les situations rencontrées ou l’état psychique
actuel des enfants.
Madame C.M. a obtenu son diplôme de psychologue après un master en Psychologie clinique
(DSS). L’approche clinique vise à accompagner le sujet dans une approche clinique
multidimensionnelle qui prend en compte les aspects psycho-affectifs, cognitifs, sociaux,
familiaux ou encore fonctionnels. L'expérience de psychologue dans un établissement
d’enfants polyhandicapés l’a appris à reconnaître la spécificité et la subtilité de ces enfants
extrêmement troublés dans leur développement et la souffrance dans laquelle peuvent se
trouver les personnes de leur environnement familial. Dans son parcours professionnel, Mme
C.M. a pu exercer aux côtés de personnes en situation de polyhandicap au Poujal. Pour
s’adapter à la diversité du public et des problématiques rencontrées, Mme C.M. travaille dans
une démarche intégrative, qui allie les théories de l’attachement, l’approche systémique
étudiant les influences de son environnement sur l’individu et l’interprétation analytique. Elle
est accompagnée par une neuropsychologue, Mme. S.I. Quant à Mme. S.I., elle a pu compléter
ses études en neuropsychologie à L'Université de Liège en 2020. Elle travaille au Poujal
depuis 2021. Son approche vise l’exploration de troubles cognitifs d'origine lésionnelle, qu'ils
soient présents dès la naissance ou suite à une maladie chronique. Mme. S.I. vise
l'anéantissement de ses troubles. Le principal outil qu’utilise Mme C.M. est l’entretien
clinique, mais elle utilise également les tests psychométriques, afin de valider ses
observations, ou encore des jeux comme outils psychoéducatifs.
Lors de mon stage, j’ai pu assister à un certain nombre d’entretiens. J’ai choisi de les
présenter en distinguant l‘entretien avec un enfant, et l’entretien avec un adulte, car ils
nécessitent une position différente pour la psychologue.
L’entretien psychologique avec une personne polyhandicapée est rarement fait de lui-même.
La plupart du temps, l’entretien lui est imposé. Aussi, il n’est pas évident d’obtenir des
informations dues au polyhandicap et les troubles du langage.
Les équipes de l’internat rappellent que F. montre une grande irritabilité, pique des
colères régulièrement en poussant des cris. Mme C.M souhaite comprendre ce qui le
perturbe. Dans la salle d’entretien il y a cinq personnes: la psychologue, la
neuropsychologue, l'éducatrice et des aides soignantes. F. se montre joyeuse, vive et
attentive. Elle pousse des petits rires. Mme. C.M, lui posent des questions tandis que les
autres l’observent. Au bout de quelques minutes des aides soignantes sont interpellées
par une urgence et donc elles quittent la salle. Ensuite, l'éducatrice les suit. Une fois les
personnes sont parties, F. pousse les petits cris désagréables, elle bouge nerveusement
dans son fauteuil. Mme C.M essaie de la calmer en expliquant la raison pour laquelle les
autres sont partis. Mme C.M décide de la ramener dans sa chambre pour la calmer.
Dans cette vignette, on peut voir la difficulté d’un entretien à cause de la sortie du personnel de la
salle des entretiens: F. ne se sent plus au centre d’attention. On peut comprendre que le fait que F. cri
souvent est due au manque d’attention: elle adore être au centre d’attention. Mme. C.M décide
d'écrire un plan d’action vis à vis aux cris de F. ainsi que le plan d’action pour des équipes.
Malheureusement, suite aux diverses annulation de la part des familles je n'ai pu participer à
aucun entretien avec des adultes. Mme. C.M. a même essayé de passer un entretien
téléphonique avec la mère de B. mais elle n'était pas disponible… Pourtant, le psychologue
construit l'accompagnement de l’enfant par une relation de confiance avec la famille, la fratrie,
une collaboration avec les tutelles. L'importance du rôle de Mme. C.M, dans les expressions
des inquiétudes familiales, est essentielle dans le développement de l’enfant en situation de
polyhandicap. Ces inquiétudes sont souvent associées aux diagnostics posés dès la naissance
ou dans la première année de vie de leur enfant ou à la suite d'une maladie. Mme. C.M apporte
des éléments sur les étapes à franchir pour les familles. Le psychologue est professionnel de
l'établissement, dont il apaise et ne cherche pas à modifier la manière de faire et d'être des
familles.
F. est une jeune fille de 19 ans placée à l’internat depuis dix ans. A l’age de 2 ans elle a
souffert d'une paralysie cérébrale dans le cadre d’une hypoplasie cérébelleuse
hémisphérique et vermienne grossesse. L'équipe composée de la neuropsychologue,
l'éducatrice, la stagiaire et les deux aides soignantes accueillent dans la salle des
entretiens. A son arrivée, F. est présente et très coopérante. Elle sourit, bouge sa main
droite doucement, pousse les petits cris et bouge vivement ses yeux. Elle remarque qu’il
y a cinq personnes dans la chambre, ça la rend très joyeuse, elle bouge vivement dans
son fauteuil. Mme. S.I., accompagnée par l'éducatrice - Mme. V., commencent la
procédure de test du COMVOOR. F. arrive à bien comprendre les indications en mettant
les anneaux et des balles dans des boîtes. Le test de ComVoor contient les trois boîtes en
plastique avec une couverture adaptée à la taille et forme d’un objet. L’objet doit être
poussé par le sujet dans la boîte. F., avec l’aide motrice de Mme.V arrive à bien pousser
les balles dans les boites ainsi que des anneaux. Son succès est accompagné par les
réactions positives (renforcement positif) d'équipe présente dans la salle. Le test avec F.
dure d’environ 10 min. - après ce temps F. , fait des signes de fatigue: elle est
déconcentrée et fait des grimaces. Le test est terminé et l'équipe l’accompagne à
l'internat. Pendant ce temps-là, Mme. S.I. , à l'aide d’un exemplaire (Annexe 1) de la
grille d'évaluation fait des notes.
Afin d’évaluer comment a évolué le développement cognitif et intellectuel de F., Mme C.M et
Mme. S.I. effectuent un bilan, qui servira à définir si elle reste scolarisée de la même manière
ou si F. pourra monter un niveau de son éducation. Mme S.I. suggère qu’un bilan neurologique
soit envisagé.
J’ai trouvé que le ton de Mme S.I. était bienveillant et permettait à F. de se montrer calme et
détendue avant de commencer les épreuves. Le fait qu’on était à cinq dans la salle des
entretiens m'a surprise, mais lors du test, j’ai compris que cette étape était indispensable pour
que l’enfant soit concentré et joyeux.
Pour le test ComVoor, on voit la faible élaboration de F. qui ne donne que des réponses courtes.
Le test du COMVOOR ou Com Foor 2 est recommandé par l’HAS. Le test évalue le niveau de
compréhension des aides visuelles de la personne présentant des troubles de la communication
verbale et une déficience intellectuelle Le ComVoor aide à estimer le niveau de représentation
de personnes polyhandicapées, et donc des aides visuelles en fonction d’une évaluation
objective de son niveau de compétences. « L’objectif du Com Voor est donc de pouvoir mettre
en œuvre en équipe pluridisciplinaire des aides adaptées dans le cadre d’une communication
alternative et/ou augmentative individualisée à la personne et sur tous les temps de son
accompagnement.» (HAS, 2022)
Ici, F. n’est pas en capacité de passer le troisième niveau du test. Cela confirme le retard de F.
et la nécessité de la maintenir en internat. Suite à l’analyse des réponses entre Mme. C.M et
Mme. S.I, Mme S.I. s'entretiennent avec l'équipe de Poujal pour leur expliquer les résultats.
Elle sollicitera également la référente de l’enfant pour lui faire passer des tests neurologiques.
Le rôle de la neuropsychologue et psychologue est donc de faire le bilan psychologique de
l’enfant pour mieux diriger vers les soins nécessaires (psychothérapie, bilan neurologique,
psychomotricité etc ...).
Mme C.M peut être amenée à rencontrer des institutions partenaires. Ces institutions peuvent
intervenir dans le soin des enfants placés ou dans leur scolarité par exemple (par rapport à leur
âge de développement). Ces rencontres permettent de favoriser les échanges et de croiser des
informations à propos de certaines situations, ou encore de découvrir de nouvelles équipes
médicales.
Lors de mon stage, Mme C.M et moi-même nous sommes fait un entretien téléphonique avec
un établissement pour adultes. Il arrive que certaines des jeunes places à l'internat atteignent
l'âge disons d'adulte ou leur développement dépassent les capacités et les soins offerts par
Poujal. Dans ce contexte, l’autre établissement est recherché pour bien placer la personne. J’ai
pu assister à une conversation difficile entre Mme. C.M et l'établissement de son choix qui
accueille des adultes. Mme. C.M recherche un bon établissement qui pourra prendre en charge
B. - le jeune adulte mentionné dans la vignette clinique 2.1.3. Suite à la demande de Mme.
C.M, B. La candidature de B. est rejetée. Aucune explication n'avait été fournie. Mme. C.M
supposait qu’il s'agissait de son trouble TDAH - qui peut être la cause du rejet de sa
candidature. Il faut savoir que Poujal s’engage à trouver une place dans l'établissement
d’adultes. Jusque là, les accueillis sont les bienvenus pour rester sereinement au Poujal.
La réunion se tient tous les mercredis à 13:30 et dure deux heures. Il s’agit d’une réunion
pluridisciplinaire où est convié l’ensemble de l’équipe qui forme l’EME : la coordinatrice, la
secrétaire, la psychologue, les assistantes sociales et les éducatrices spécialisées. Il y a toujours
beaucoup d’absences due à la nature du travail (les aides soignantes sont souvent aux urgences
ainsi que les éducatrices, le psychiatre…). C’est la coordinatrice, Mme C, qui organise et
anime la réunion. Elle définit l’ordre du jour en fonction des urgences et de l’actualité du
service et transmet les directives du département au service. Elle donne des informations
d’ordre général ainsi que dans les autres services EME du département. Lors de cette réunion,
un point est fait, sur les démarches administratives concernant le suivi des enfants placés :
besoins urgents des accueillis, besoins des équipes, audiences à venir etc. Les éducatrices
interviennent également pour donner des éléments nouveaux sur la vie, les soins, les
informations diverses qui concernent les accueillis dont elles s’occupent. Chaque membre de
l’équipe est libre de prendre la parole ou de réagir à ce qui est évoqué. Lors de ces échanges,
Mme C.M. intervient lorsque cela est nécessaire. Son avis peut être demandé lorsque la
situation abordée mérite des éclaircissements, ou que l’état psychique de l’enfant semble
fragile. Les multiples échanges permettent un point de vue global sur l’environnement de
l’enfant et la situation dans laquelle il se trouve. Les personnels apportent des informations
précieuses sur l’humeur actuelle de l'accueilli, ses comportements, et d'éventuels échanges
qu’elles ont eues avec les enfants. Mme C.M., note des informations importantes sur le
fonctionnement des enfants, et leurs ressentis. Elle peut à son tour éclairer l’équipe sur certains
comportements, d’un point de vue psychologique, qui paraissent incompréhensibles pour
l’équipe. Quand une situation est préoccupante, Mme C.M., grâce à ses connaissances
théoriques, peut expliquer les mécanismes en jeu et leurs conséquences pour la santé mentale
de l’enfant. L’équipe évoque les cas compliqués nécessitant de prendre des décisions rapides,
parfois lourdes de conséquences. Le but de la réunion est de laisser s’exprimer toutes les voix,
afin que chaque point de vue soit entendu, et qu’une solution soit trouvée. La vignette clinique
présente une adulte, placée à l’internat, dont le cas a été longuement débattu le jour où j’ai
assisté à la réunion.
P. est un adulte de 26 ans, placé à l'internat depuis l'âge de 11 ans. Lors de la réunion, la
coordinatrice explique que son état de santé est grave et les équipes peuvent s’attendre à
son décès prochainement. P. souffre d’une maladie génétique dégénérative. Le troisième
enfant, il y a déjà eu déjà les deux décès de ses frères à l'âge de 16 ans. L’objectif, lors
de la réunion est de préparer les équipes ainsi que P. a son départ. L’ensemble de
l’équipe tente de trouver une solution. L’équipe paraît très agitée par ces révélations.
Certaines n’hésitent pas à parler d ' « êtres humains sans pitié les autres évoquent le fait
que la mère a accouché les 5 enfants en sachant qu’elle était porteuse de la maladie
génétique dégénérative (la mere est decede il y a quelques ans) face au manque de
remords dont elle fait preuve. Mme C.M. intervient alors. On sent que ses propos sont
mesurés. Elle essaie d’apporter une explication sur le comportement de la mère. Elle
parle des croyances religieuses de la famille. De plus, Mme. C.M après le dernier
entretien avec P. a pu constater qu’il paru triste, peu agité et différent de ses états
normaux. Il se trouve que c’est a cause de son père qu’il ne le voit plus depuis qu’il
s’est remarié. Ainsi, les deux sœurs de P. ne lui rendent plus visite. L’équipe se met
d’accord sur le rôle de chacune et la chronologie des rencontres ou entretiens avec F.
Mme C.M. assistera à l’entretien de P. afin d’évaluer son état psychique d’ici un mois.
Cette vignette montre les interactions et les échanges qu’il peut y avoir lors de ces réunions. J’ai
souhaité montrer le rôle de Mme C.M dans cette situation car on voit qu’elle aborde
différemment les faits, ne les rendant pas moins grave, mais tentant de comprendre pourquoi
l’adolescente a commis cette agression. La situation dérange d’autant plus qu’elle concerne une
situation familiale vis a vie a la maladie génétique - en plus, une des sœurs de P. vient
d’accoucher son deuxième enfant . Cela provoque du dégoût et une éducatrice dira même : « j’ai
envie de tout casser, les gens sont si égoïstes… ». Le rôle de la psychologue est de rappeler à
l’équipe qu’au-delà des faits, terribles pour P., il faut rester concentré sur son décès qui - due à
son état de santé (les pneumonies constantes) va bientôt arriver. L'équipe doit s’assurer d'être
présente à ses côtés quand le jour arrivera et fera de son mieux pour que le P. parte bien
accompagné. Dans les jours suivants, Mme C.M. observa des signes de grande détresse
psychologique chez P. et proposa de le suivre en thérapie provisoire.
La synthèse permet de faire un point, lorsque cela est nécessaire, sur une situation particulière
concernant la prise en charge d’un sujet. Le bilan intervient une fois par mois. La synthèse est
organisée une fois par semaine. Lors de ces réunions, plusieurs intervenants sont conviés. Il
peut s’agir des parents de l’enfant, de son assistante sociale, des membres de l’EME
(éducatrice de l’enfant, la psychologue, le coordinateur du service) et des autres personnes ou
institutions pouvant suivre régulièrement l’enfant. La coordinatrice Mme. C, est l’animatrice
de ces réunions, et distribue la parole aux différents intervenants.
Ainsi, se succèdent les avis des professionnels. L’EME collecte les informations qui lui
permettront de faire un rapport complet sur la situation de l’enfant, afin de donner des
recommandations pour la suite du placement et/ou son développement Ce bilan est très
intéressant car les discours n’abordent pas l’enfant sous le même angle. Certains évoquent le
soin, d’autres la vie quotidienne. Les bilans représentent le carrefour où se mêlent les
différentes informations, à l’image du service de l’EME.
K., 20 ans, (évoqué dans les vignettes 1.3.1 et 2.3). Son bilan rassemble l’EME
(coordinatrice, éducatrice, le psychiatre, le médecin et l'ergothérapeute kinetherapeute,
psychologue et moi-même). La coordinatrice demande à chaque partie de s’exprimer
sur les progrès ou les difficultés observées sur l’année écoulée. L'éducatrice décrit son
engagement et ses capacités psychomotrices pendant des activités. K. peut lancer une
petite balle et viser dans un panier, de préférence avec la main droite. Avec le ballon, les
échanges se sont améliorés, tant au niveau du lancer que de la réception. Elle peut trier
les couleurs et identifier seulement le bleu et le rouge. Elle commence à trier les formes.
Une amélioration est à noter. K.: elle enfile de grosses perles sur une tige, le geste est
plus aisé, en revanche, elle ne parvient pas à enfiler les perles sur le lacet. Elle dit que
K. peut tirer les cheveux des autres filles ou même les gifler: elle devient de plus en
plus agressive, surtout les lundis, après avoir passé le weekend avec ses parents. Le
kinetherapeute dit que K. montre sur elle les parties du corps basiques. Elle ne connaît
pas sa droite et sa gauche. Elle peut imiter quelques gestes simples du test
Bergès-Lézine. La reconstitution des parties du corps du bonhomme est réussie, cet
exercice était échoué lors du précédent bilan. K. dans l’espace: la majorité des notions
spatiales de base (devant/derrière, sur/sous...) sont intégrées ce qui marque également
un progrès par rapport au précédent bilan. Le psychiatre exprime son mécontentement
vis à vis les échanges avec la mère de K. : elle ne veut pas continuer les médicaments de
sa fille, indispensables dans le contrôle de son comportement parfois violent.
Dans cette vignette, le rôle de la psychologue est de donner un cadre théorique à certains
questionnements sur le comportement de K.. Elle rassemble les éléments évoqués par chaque
intervenante, et propose des tentatives d’explications. Elle explique les mécanismes de
l’attachement, et le cas de K. que j’ai exposé dans la partie 2.3 de mon rapport (troubles de
l’attachement). K. a choisi sa figure d’attachement : son éducatrice. Il semble aujourd’hui que K.
ait du mal à s’en séparer, montrant des angoisses de séparation importantes quand il doit quitter
l’externat pour passer le weekend chez sa mère. K. n’a pas atteint un niveau de sécurité suffisant
pour pouvoir se détacher de son éducatrice sereinement. Le psychiatre pense que les
médicaments ont un impact positif sur le développement et le contrôle des émotions chez K. La
psychologue débat qu'un travail avec la mère de K. est indispensable: elle va lui proposer des
rdvs hebdomadaires. Le bilan permet de croiser toutes les informations « pratiques » avec la
connaissance des mécanismes psychologiques de K. Cet éclairage complet sur la situation va
permettre avec l’axe de travail sur la mère de K.
Mme. C.M a un rôle important dans le travail avec des membres équipes. Tout le personnel
peut la rejoindre pour parler de ses soucis au travail ainsi que dans leur vie privée. Ils peuvent
la joindre soit dans son bureau soit en s’exprimant pendant les réunions d'équipe. Mme. C.M
pendant la réunion d'unité est engagée dans la réflexion, l’observation, la transmission,
l’organisation, et l’analyse des pratiques et du suivi du projet individualisé. Quant aux réunions
de synthèse, elle élabore le projet individualisé au sein d'équipes pluridisciplinaires. Elle
participe également aux réunions de service pour réguler l'organisation, le système d'échanges
des informations et partager les réflexions: elle permet d'articuler les savoir-faire des équipes
diverses. Le psychologue explique souvent au personnel son travail qui, selon V. Di Rocco
(2011, p.2) “est au-delà des questions liées à l’établissement d’un diagnostic leur servant de
cadre de référence, forment des situations relationnelles confrontant à différents moments du
développement de processus psychiques mouvants aux expressions symptomatiques diverses.”
Le psychologue intervient pour donner du sens et faire partager les émotions, parfois
débordantes, des membres des équipes. Tout cela demande des réunions d'équipes
pluridisciplinaires et des entretiens réguliers. Mme. C.M décrit des manifestations
comportementales et somatiques parfois liées aux émotions qui vont se traduire par exemple
par un manque d'appétit ou une augmentation des crises d'épilepsie chez les accueillis.
4. Conclusion
Pour conclure, j’ai particulièrement apprécié ce stage, et travailler aux côtés de Mme. C.M et
Mme S.I, m’ont permis de découvrir leurs métiers avec passion et générosité. Grâce au stage et
aux cours de L3, j’ai acquis de nouvelles connaissances sur les troubles psychiques des
individus en situation de polyhandicap.
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6 Annexes
Annexe 1
Annexe 2