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Les campagnes de sensibilisation sur les conduites à risque ne sont pas toujours efficaces. Si les
idées changent, la diffusion de l’information ne conduit pas toujours au cpt attendu.
Faire appel à la peur semble privilégié dans la construction des campagnes de prévention sanitaire.
Ex : campagnes de prévention routière
Objectif → créer une émotion négative pour entraîner une prise de conscience des risques et
inciter aux actions préconisées.
Inspiration néo-behavioriste.
Objectif → donner à la peur une place prépondérante dans les mécanismes de changement
La peur est conçue comme une pulsion négative incitant les individus à la réduction de la tension
qu’elle suscite
▪ Si la peur est faible ou modérée : l’individu utilise les recommandations proposées dans le
message
▪ Si la peur est trop forte : les recommandations sont inefficaces à la réduction de la tension
→ L’individu à recours à des stratégies de défense (évitement, minimisation, …) → réduit la tension
→ ne favorise pas l’acceptation des recommandations
➔ Effet de résistance et diminue la persuasion → Relation entre peur et résistance
curvilinéaire : courbe en U inversé
Modèle progressivement abandonné :
▪ Pas de vérification empirique retrouvée
▪ Pas de prise en compte des processus cognitifs sous-tendant l’acceptation des messages
PMT critiquée :
Négligence peur et facteurs émotionnels
Pas d’explication sur le mécanisme de rejet du message
3. Le modèle étendu des processus parallèles : Extended Parallel Process Model
EPPM, Witte 1992
Witte :
La menace perçue : L’Efficacité perçue :
• Evaluation de la sévérité • Evaluation de l’efficacité des
• Evaluation de la vulnérabilité recommandations
• Evaluation de l’auto-efficacité
L’EPPM combine les deux modèles précédents, combine les dimensions cognitives et émotionnelles
mais pas de prise en compte des processus de traitement de l’information face au message.
Le critiquent moins
L’auto-affirmation favorise le maintien d’une identité personnelle positive lorsqu’elle est menacée
→ ressource personnelle permettant
- une analyse plus objective du message
- une meilleure acceptation des recommandations
Combine les apports des modèles duaux de la persuasion (chaiken, 1980 ; Chaiken & al., 1989 ; Petty
et Cacioppo, 1986) et des modèles principaux d’appel à la peur (Rogers, 1983 ; Witte, 1992).
Double objectif :
1. Identifier le type de traitement menant à l’acceptation ou rejet des recommandations
préconisées dans le message
2. Identifier les conditions de son apparition
Quatre situations :
1. Sévérité faible/vulnérabilité faible : Traitement heuristique, minimal et superficiel prenant
appui sur les indices heuristiques → pas de traitement des recommandations
➔ Le modèle par étape montre qu’un traitement biaisé défensif de l’information permet un
traitement favorable des recommandations contenues dans le message et favorise
l’expression de plus fortes intentions comportementales de protection.
Ce modèle : intégration synthétique des modèles duaux et du traitement biaisé défensif.
Le traitement biaisé défensif n’est pas synonyme d’échec de la persuasion mais peut contribuer
à une plus forte acceptation des recommandations qu’un traitement motivé à l’objectivité.
Limites : seulement 6 études.
Deux éléments fondamentaux écartés :
1. Le rôle de la peur : comme le modèle de Rogers le traitement de l’information ne relève que
des seules évaluations cognitives
2. Le rôle de l’efficacité : surestimation des recommandations perçues, auto-efficacité pas prise
en compte.
Manque d’explication du passage entre traitement biaisé négatif et traitement biaisé positif :
conditions d’apparition ? Processus cognitifs ?
Perspectives de Recherches
Dillard, 1994 : les émotions sont au cœur des processus qu’initie l’exposition à un appel à la peur.
Emotions, élément central des modèles
- De réduction de la pulsion motivante
- Étendu des processus parallèles
Au second plan ou exclues des modèles :
- De traitement par étapes
- La théorie de la motivation à la protection
Une émotion est caractérisée par (Keltner & Gross, 1999 ; Scherer, 1984, 200, 2001) :
- Une composante physiologique
- Une composante motrice
- Une composante cognitive
- Une tendance à l’action (approche, évitement)
- Un ressenti subjectif
Elle peut affecter le jugement sans que l’individu en ait conscience (LeDoux, 2002 ; Zajonc, 1980)
Chaque émotion est associée à des évaluations spécifiques appraisals (Ortony, Clore, & Colins, 1988 ;
Scherer, Shorr & Johnstone, 2001 ; Smith & Ellsworth, 1985) qui déterminent l’influence de l’émotion
sur le traitement de l’information ou le jugement. Ces évaluations définissent l’effet de l’émotion sur
la cognition.
Ex :
Morales, Wu & Fitzsimons, 2012 : Dégoût + peur → réduction des réactions défensives, favorise les
intentions comportementales
Leshner & al, 2009, 2010, 2011 : Dégoût + peur → traitement défensif ++ → plus forte résistance à
la persuasion
Agrawal & Duhacheck, 2010 ; Passyn & Sujan, 2006 : Culpabilité + peur → renforcement des
intentions d’agir, facilitation du recours aux stratégies protectrices
Autres stratégies
1. Stratégies de régulation du stress
- Stratégies d’approche
L’affrontement
La confrontation
On pourrait rajouter la stratégie de contre-argumentation (Blumberg, 2000)
Les individus confrontés à une menace personnellement impliquante sont plus critiques envers les
arguments soutenant l’existence de la menace plutôt qu’envers les arguments s’y opposant
Les individus n’évitent pas les informations menaçantes mais s’y confrontent et cherchent à les
réfuter
Ditto & Lopez, 1992 : Participants soumis à un examen médical avec faux diagnostic
➔ Les participants exprimaient plus de doute envers le test souhaitaient davantage en réévaluer
la validité et pointaient plus d’irrégularités dans le diagnostic final à réception de résultats
négatifs plutôt que positifs
➔ Cette stratégie traduit un « scepticisme motivé » : remise en question de l’existence de la
menace, confrontation directe à la source de la menace
Parfois (Janis & Feshbach, 1953) : agressivité des récepteurs envers la source génératrice de
sentiments inconfortables
Examen des stratégies d’approche, conditions de leur apparition, effets sur la persuasion → voie de
recherche à développer
Le rôle de l’efficacité
Rogers & Witte reprennent ces propositions : La réussite d’un appel à la peur repose sur les
capacités du message
- A éveiller une peur suffisante pour motiver la protection
- Les possibilités d’avoir des moyens efficaces de protection
Peur → rôle facilitateur seulement si couplée à une forte efficacité
Le renforcement de l’efficacité peut réduire les réactions défensives et améliorer l’adoption
des recommandations (Witte & Allen, 2000)
Ex Eppright & al., 2002 :
Brochures sur les risques liés au cancer des testicules à une population masculine.
Menaces de peur de faible puis modérée à forte.
La moitié ont pris connaissance d’une méthode simple de détection rapide du cancer.
➔ Plus d’intention d’aller passer un examen de détection + moins de réactions défensives
lorsque la peur est forte et qu’ils ont reçu des informations sur la mesure de protection
Une moindre prise en compte de l’efficacité dans les recherches récentes, plus focalisées sur la
menace.
Une efficacité forte serait susceptible de favoriser la réduction du traitement biaisé défensif alors
qu’une efficacité faible le renforcerait → les individus ne réussissant pas à se protéger et réduire la
peur seraient plus enclins à traiter l’information de manière biaisée afin de se défendre de la menace.
L’efficacité → moyen efficace de réduction du traitement défensif au même titre que l’auto-
affirmation ou l’humeur positive.
Le traitement des recommandations repose sur une motivation à la protection : les individus
focalisent leur attention sur les moyens proposés pour faire face à la menace.
Le traitement des recommandations dépend :
- De l’efficacité des recommandations proposées
- De l’auto-efficacité
➔ Perception générale de l’efficacité
- Efficacité perçue forte
- Efficacité perçue faible
➔ Deux types de traitement selon l’efficacité perçue
Pas de satisfaction de la motivation à la
1. Un traitement positif protection
Efficacité perçue forte → recommandations Un niveau faible d’efficacité n’induit pas une
efficaces et facilement applicables évaluation biaisée positive des
Offrent des ressources suffisantes pour se recommandations (surestimation de leur
protéger de la forte menace efficacité) et une plus grande acceptation
➔ Traitement des recommandations Existence d’un traitement négatif des
positif recommandations :
→ Production d’un ensemble de pensées Font l’objet d’une production de pensées
favorables à l’utilisation des actions défavorables conduisant à leur rejet
préconisées Mais les individus peuvent utiliser d’autres
➔ Recommandations acceptées et moyens permettant une protection efficace
réalisées
2. Un traitement négatif
Efficacité perçue faible → pas efficaces ou pas
applicables
Le Modèle par étape révisé offre une nouvelle contribution théorique en mettant l’accent sur trois
propositions importantes :
Selon le modèle par étape revisité : la peur suscite l’émergence de stratégies défensives attirant
l’attention sur les recommandations qui si elles sont efficaces motivent à leur acceptation
Les réactions défensives sont des éléments favorables à la réussite d’un appel à la peur
Pas de considération des effets des appels à la peur et le rôle de l’efficacité dans les recherches ayant
mis en évidence l’apparition de réponses défensives concluant à l’inefficacité des appels à la peur
Ce modèle suggère que le traitement défensif observé chez Kessels & al. n’empêche pas une plus
forte acceptation des recommandations
Hypothèse : un tel traitement résulte d’une efficacité faible
A l’inverse des recherches attestent des effets bénéfiques des appels à la peur suggèrent que la peur
facilite le changement via l’absence de réactions défensives → l’expérience de Witte, 1994, montre
une plus forte acceptation du message lorsque les stratégies de défense sont inhibées. Leur
activation serait un frein au contrôle du danger.
Le modèle revisité : La présence de réactions défensives est positivement lié à la réussite d’un
appel à la peur → permettent de prendre conscience de la menace, la nécessité de s’en défendre
et motivent au traitement des recommandations
➔ Réinterprétation de résultats contradictoires
➔ Nouvelle compréhension des effets produits par des appels à la peur
Conclusion
Malgré les connaissances acquises en > 60ans de recherche : certaines ambiguïtés et questions
demeurent dans certains modèles
➔ Nouvelle contribution par Le Modèle Par Etape Revisité qui tente de grouper les apports
des modèles précédents (modèle étendu des processus parallèles et modèle par étape) dans
une versions plus complète des modalités de réponses face aux appels à la peur
Faire appel à la peur est un outil efficace si et seulement si certaines précautions sont prises en
amont
Selon Witte & Allen, 2000 :
« Les appels à la peur doivent être utilisés avec prudence dans la mesure où ils peuvent avoir des
effets inverses si les individus ne croient pas qu’ils sont capables d’éviter efficacement la menace »
Si la peur doit être suffisamment forte pour motiver au changement, il faut garantir un sentiment
d’efficacité afin que les individus canalisent l’anxiété ressentie et assurent leur protection face à la
menace
Sans ressources suffisantes pour se protéger, la peur conduit à l’émission de réponses défensives et
au maintien des comportements non souhaités.
Par conséquent si on peut faire « appel à la peur » pour motiver au changement il est impératif de
rassurer simultanément
Les campagnes de prévention actuelles axées sur la communication des risques ne développent
pas suffisamment de solutions efficaces visant la réduction des comportements à risque (Ruiter
& al., 2014).
Trasher, Osman, Abad-Vivero, Hammond, Bansal-Travers & al., 2014 : sur un échantillon de 5000
participants seulement un tiers es fumeurs déclarent avoir pris connaissance de cette information
au moins une fois dans le mois précédent
Il est donc essentiel d’insister davantage sur des solutions pratiques et concrètes que les
individus peuvent facilement mettre en œuvre afin de se protéger de la menace et changer
efficacement de comportement