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Licence 2
Année 2022-2023
Groupe n°1 de TD
UFR IHSS
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TD : Psychologie et Neurosciences 2
Essayons donc tout d’abord de comprendre ce qu’il se passe dans notre cerveau
lorsque l’on a peur. C’est à Joseph Ledoux que l’on doit la découverte en 1997 de certaines
zones cérébrales impliquées dans le circuit de la peur. Il s’agit de l’amygdale ou les
amygdales, une paire de petites composantes du cerveau au sein du système limbique, à côté
de l’hippocampe. L’amygdale possède un grand nombre de connexions nerveuses, ce qui la
relie à tous les cortex sensoriels. Dans le cas de la peur, elle est en relation avec le thalamus.
Le thalamus se trouve au sein du diencéphale, entre le cortex et le tronc cérébral, et se
compose d’une paire de noyaux gris. C’est ce dernier qui intervient dans la réception des
informations sensorielles et sensitives et qui les redirige vers les zones du cortex intégratif,
aussi appelées aires associatives, afin d’accorder une signification à ces informations. Dans le
cas de la peur, les informations sont surprenantes, soudaines, difficile à identifier et parfois
incertaines et sont donc orienter vers l’amygdale. Autrement dit, lors d’une situation de peur,
le cortex n’a pas le temps d’analyser l’information et celle-ci est directement redirigée vers
l’amygdale, qui va déclencher une réponse physiologique et mettre le sujet en état de stress,
de vigilance et en conscience de danger.
Ledoux identifie deux circuits de la peur : un premier circuit dit court, décrit ci-dessus,
passant directement du thalamus à l’amygdale, appelée circuit thalamo-amygdalien. Le
second, le circuit long, passant par le cortex avant de parvenir à l’amygdale, appelé thalamo-
cortico-amygdalien. Dans ce second circuit, le cortex (visuel ou auditif) va analyser le
stimulus de la peur et permettre de confirmer ou d’infirmer la réaction de l’amygdale. Par
exemple, si quelqu’un qui craint les araignées voit de loin une forme noire ressemblante sur
un mur, le circuit court va se mettre en place et l’amygdale mettra en place des réactions face
à la peur. Si après une analyse de la forme le sujet réalise que c’est bel et bien une araignée
via son cortex visuel, l’amygdale va de nouveau être stimulée, cette fois-ci par le cortex, et va
renforcer ses réactions. À l’inverse, si la forme en question n’est qu’une tâche et qu’il s’agit
d’une paréidolie, la fonction amygdalienne est alors freinée et les symptômes de la peur
s’effacent progressivement.
L’amygdale va alors envoyer des signaux au niveau d’autres zones du cerveau pour
enclencher une réaction psycho-physiologique. Elle va se mettre en relation avec
l’hippocampe, se situant aussi au niveau du système limbique, et qui a pour rôle la
mémorisation des informations. Ainsi, dans une situation de danger, l’hippocampe va associer
la situation a une émotion forte, la peur, et va réveiller ce souvenir dans une situation
similaire. L’hippocampe rappelle les souvenirs antérieurs, compare avec nos expériences
passées, renseigne sur le contexte et informe l’amygdale. Si un sujet fait face à une situation
terrifiante dans un parking, dès lors ce souvenir se réveillera dans des parkings, sans pour
autant que le sujet se sente en danger dans un autre parking sans qu’il n’y y ait d’indices
indicateurs d’un nouveau danger. Néanmoins, celui-ci peut devenir plus méfiant dans les
parkings.
L’amygdale est également connectée au cortex frontal, celui-ci agissant dans le
contrôle du comportement. Il va analyser la peur et permettre la prise de décision face à la
situation soit le combat ou la fuite, en estimant la meilleure chose à faire face au danger
présenté.
L’amygdale enfin envie des signaux d’alarme à un axe que l’on nomme
« hypothalamo-hypophyso-surrénalien ». C’est à travers cet axe que l’on observe une
régulation physiologique ainsi qu’une adaptation au stress. L’hypothalamus, située sous le
thalamus, est relié à l’hypophyse, située à la base du cerveau, elle-même reliée aux glandes
surrénales, situées au-dessus des reins. Ce sont ces dernières, faisant parties du système
endocrinien, qui sécrètent les hormones appelées cortisol, adrénaline et noradrénaline après
avoir été excitées par l’amygdale. Le cortisol permet de mobiliser, en situation de stress,
l’énergie permettant de nourrir les muscles mais aussi deux organes vitaux : le cœur et le
cerveau. L’adrénaline quant à elle prépare l’organisme à pouvoir répondre à ce stress. C’est
pour cette raison que l’on observe notamment une forte accélération du rythme cardiaque lors
d’une situation de stress intense ainsi qu’une augmentation de la pression artérielle, une
accélération de la respiration, un ralentissement de la digestion, de la transpiration et une
dilation des pupilles, dans l’optique d’une vigilance plus accrue. Ainsi, on observe une
relation complexe et complète entre les comportements, les émotions, la mémorisation et la
peur. Une fois le danger écarté, les réponses mises en place s’estompent progressivement.
L’amygdale permet d’alerter le sujet, de se mettre en réaction lorsqu’un danger imminent
apparaît, d’avoir des réflexes de survie.
Il est néanmoins possible de se demander si la peur peut, dans certains cas, devenir
pathologique. Nous allons explorer deux cas où la peur est un phénomène pathologique : la
phobie et l’absence de peur.
Dans le cas de la phobie, on peut penser à la théorie du conditionnement Pavlovien. La
phobie est alors issue d’un stress intense éprouver sur une situation donnée : un enfant s’est
fait mordre par un chien, et est dès lors confronté à un stress intense dès qu’il voit un chien
dans son champ de vision. La phobie naît de l’anticipation et de la projection. Lorsque cet
enfant voit un chien, il projette l’évènement stressant, soit la fois où il a été mordu par un
chien, et anticipe que chaque chien est susceptible de le mordre. Néanmoins, la peur est
réelle : chez le sujet phobique, face à l’objet appelé objet phobogène, l’amygdale met en route
les circuits de réaction face à la peur ressentie. On perçoit un danger imaginaire ou très peu
probable ; la notion de survie n’est pas mise en jeu néanmoins le sujet à la sensation que sa
vie est en danger et le corps et le cerveau réagissent en conséquence. Il y a donc une forme de
décalage avec la réalité extérieure. Certaines phobies peuvent également être des séquelles
d’un syndrome de stress post-traumatique. La phobie est également théorisée en psychanalyse
comme une forme du mécanisme de déplacement de l’angoisse sur un objet qui devient alors
phobogène. D’un point de vue psychologique, cela peut amener le sujet à adopter des
conduites d’évitement, et d’adapter en conséquence son mode de vie. Le sujet phobique peut
même parfois se retrouver démuni et paralysé face à l’objet phobogène, le mettant alors dans
une position de détresse et de vulnérabilité. Elle est donc perçue comme une entité
pathologique de la peur à partir du moment où elle devient handicapante dans la vie du sujet
et que ce dernier est incapable de relativiser sa peur.
Mais il arrive également que le système de réponse de l’amygdale et ce qui en découle
dysfonctionne complètement et que certaines personnes, dans de rares cas, ne présente pas ou
peu de trace de la peur. On sait notamment que, dans les années 90, des chercheurs
néerlandais ont découvert une mutation génétique entraînant la « calcification complète des
deux amygdales ». Chez ces individus, l’émotion de la peur n’est pas complètement absente,
néanmoins les patients restent figés face au danger, ne réagissent pas comme réagissent les
sujets dont les amygdales envoient des signaux. L’expérience a été menée sur des rats et les
résultats sont les suivants : à la suite d’un fort signal sonore, les rats n’ayant pas de lésion au
niveau des amygdales allaient se réfugier dans une zone de « sécurité », tandis que ceux ayant
les amygdales lésées ne réagissaient pas. D’un point de vue psychologique, cette absence de
peur est dangereuse car le sujet n’est pas en capable de mesurer le danger, mettant ainsi sa vie
et éventuellement celle d’autrui en danger. De plus, la perception de l’environnement et le
comportement sont modifiés : en effet, le sujet adopte un excès de confiance, ne se sentant
jamais ou très rarement en état de peur, et ce dernier peut ainsi adopter des comportements
inadaptés dans l’optique d’une recherche de sensations.
BIBLIOGRAPHIE :
Équipe de L’UNIL (2020), Comment notre cerveau contrôle-t-il la peur ?, Allez Savoir ! Le
magazine de l’Université de Lausanne. https://wp.unil.ch/allezsavoir/comment-notre-cerveau-
controle-t-il-la-peur/, Consulté le 01/10/22.