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Bria-Berter Estelle LML3

COMMENTAIRE CANETTI - «   Allemand au lac Léman   » P.92-97, de «   Notre Voyage   » à «   ô


combien exclusif   !   »

La langue sauvée est le premier volet autobiographique d’Elias Canetti. Romancier, poète,
dramaturge, essayiste, historien et critique littéraire, ce dernier est né en 1905 en Bulgarie, d’une
famille séfarade d’origine espagnole. Canetti grandit dans un milieu multiculturel et extrêmement
plurilingue.
Homme de toutes les langues, il restera attaché plus particulièrement à la langue sauvée, qui n’est
autre que l’Allemand, que sa mère lui a appris lors d’un été en Lausanne.
Le chapitre que nous allons étudier est ce dernier s’intitulant « Allemand au lac Léman ». Il survient
juste après la mort subite de son père et donc du départ de Manchester. Cet extrait est tout à fait
significatif dans la vie de Canetti, il est alors annonciateur du devenir et de la structuration de sa
personnalité. Il est le moment de transition entre la vie familiale avec son père et cette séparation
brutale qui les amènent à Vienne. De par l’apprentissage de cette langue qui est l’Allemand, Canetti
va passer du monde enfantin des contes au monde de la culture, des penseurs, après être passer par
un apprentissage tout à fait douloureux, rappelant le deuil bien présent dans leur vie.
Nous pouvons ainsi nous demander en quoi l’apprentissage des langues et surtout de
l’Allemand chez Canetti est assimilé à une seconde naissance.
Dans un premier temps, nous verrons que cet apprentissage de la langue est vu comme un
voyage, une transition rude et complexe amenant des sensations et émotions de terreur chez
l’enfant. Puis nous parlerons dans une second temps, de la relation complexe entre la mère et
l’enfant qui amènera ce dernier à naître à nouveau et à former sa personnalité.

Dès le début de l’extrait, nous pouvons voir que le voyage est directement évoqué pour
montrer la transition indéniable qui va se produire, ici, dans la vie de Canetti.
L’apprentissage de l’allemand est ainsi mis en avant, il nous est aussi montré que cette apprentissage
sera des plus rapide de par le court séjour à Lausanne « il s’agissait d’apprendre l’allemand pendant
ce bref laps de temps » p.92. La rapidité est ainsi l’une des premières caractéristiques de cet
apprentissage particulier, inculqué par la mère de Canetti « elle était décidée à me l’inculquer au plus
vite » p.92. Il sera d’une rapidité inimaginable pour un enfant et se fera par l’intermédiaire d’un livre,
qui est pour Canetti l’élément essentiel de sa fascination pour les lettres, comme nous avons pu le
voir dans le chapitre « Une intention meurtrière » p.43-46, ce passage évoquant la fascination de
l’enfant de cinq ans pour les lettres du cahier de sa cousine Laurica. Fascination qui l’amènera à une
intention meurtrière dû à la « très forte attirance » de l’enfant pour les lettres. Ce chapitre est alors à
l’instar de celui que nous étudions, constructeur du personnage que deviendra par la suite Canetti,
son amour pour les lettres commençant par cette pulsion pour les cahiers de sa cousine.
Ici, sa passion irrévocable pour la langue allemande commence par cet apprentissage forcé et rapide
que lui enseigne sa mère. Pourtant, ce livre ne pourra en aucun cas aider Canetti dans les premiers
jours de son apprentissage car sa mère le lui refuse. Cela enfermera une nouvelle fois l’enfant dans
un certain désespoir, car l’apprentissage ne se fera qu’oralement.

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La scène à la p.93 est ainsi saisissante car l’enfant de huit ans se retrouve bloqué à une table étroite
avec sa mère. Tout ici nous montre que l’apprentissage ne va pas être est un moment agréable. Il est
comme enfermé dans cette pièce, et voit par la fenêtre au loin le lac et les voiliers qu’il aime temps
et qui le rendent heureux. Ils représentent la liberté, l’évasion alors que cette pièce est vu comme un
lieu d’apprentissage où rien ne peut venir troubler l’enfant, un lieu sombre où la rapidité et la rigueur
sont de mise.
Le procédé d’apprentissage sera un procédé d’ingurgitation et se répétera plusieurs fois lors de ce
séjour à Lausanne. L’enfant sera obligé de retenir les phrases dictées oralement par sa mère et d’en
retenir leur signification en anglais. Le sarcasme dont fait preuve la mère envers son enfant, peut
être vu comme un châtiment et ce passage est ainsi teinté de violence. Ceci est vu par l’enfant
comme un supplice, que seule la mère peut arrêter, dira la gouvernante de ce dernier, Miss Bray.
Le lieu de Lausanne qui était vu comme idyllique devient un lieu de transition, de formation pour le
jeune Canetti. La langue allemande sera une langue vu comme exigeante, une langue de l’élite, qui
s’acquière après de larges sacrifices. Ici, le sacrifice est l’innocence d’un enfant qui doit apprendre
une langue de manière violente, cela entraîne la peur de ne pas pouvoir retenir toutes les phrases
inculquées par sa mère .
Nous verrons ainsi que l’enfant va être « sauvé » par Miss Bray, de par son intervention auprès de la
mère de l’enfant. Cette dernière m’étant en avant l’envie de l’enfant d’apprendre les caractères
gothiques p.95-96, va aider l’enfant dans cette apprentissage rude. C’est ainsi que l’enfant réussira à
apprendre la langue plus facilement, étant fasciné par les lettres.
Ainsi Canetti de par sa fascination pour les lettres va utiliser tout au long de cet extrait le caractère de
la mémoire visuelle, pour ressentir les émotions et sensations qu’il ressentait à ce moment-là.
Nous pouvons voir que l’apprentissage de la langue est encrée visuellement dans la mémoire de
l’enfant de par le contexte et le lieu dans un premier temps. Le lieu étant comme nous avons pu le
voir plus tôt, un lieu clôt qui oblige dans une certaine mesure, l’enfant a écouter et subir
l’apprentissage. Les sentiments tout au long de l’extrait sont facilement décelables car il sont dit
clairement. La souffrance ressentit par l’enfant de par les sarcasmes de sa mère mais également la
peur de ne pas réussir, plonge l’enfant dans un certain désarroi.
Les menaces de la mère ici vont être constantes et répétées comme une sentence. La faiblesse et
l’idiotie vont être un point important de peur chez l’enfant dans cet extrait. Ainsi, il rattachera le mot
« idiot » dont le traite sa mère, à sa cousine Elsie dont il avait entendu les adultes dire qu’elle
resterait toujours idiote. Ainsi, les idiots sont ceux qui ne peuvent parler ou à peine parler. L’enfant
sera ainsi tout au long de l’extrait et de son apprentissage dans la crainte et même la terreur de ne
pouvoir réellement apprendre à parler comme évoqué par ce dernier p.94.
Cette terreur troublant l’enfant vient alors du comportement que la mère entretient avec son
fils lors de cet apprentissage, ce qui amène un certain paradoxe dans la relation que l’enfant
entretient avec sa mère.

Mathilde Canetti, après la mort subite de son époux, décide de revenir à Vienne avec ses
trois fils. Elle décide donc d’apprendre l’allemand, sa langue de cœur, à Elias Canetti, son fils ainé,
pour qu’il ne soit pas refusait à l’école.
Nous pouvons alors voir que cette langue qui apparaissait à l’enfant comme une langue inaccessible,
une langue réservée à l’amour et au couple que formait ses parents, lui devient subitement
accessible. Cette acquisition de l’allemand va donc former l’enfant. Appris dans la douleur cette
langue deviendra pour l’enfant le lieu privilégié de l’intimité avec sa mère.
Cela peut ainsi nous renvoyer à la disparition de son père. La douleur dans cette apprentissage peut
faire référence tout d’abord à la perte d’un mari, d’un père, à la douleur de cette perte. Sa mère qui a
perdu son mari de manière brutale, se retrouve dans un certain désarroi. Elle ne peut plus pratiquer
la langue de l’amour, de son cœur, car elle ne pouvait communiquer qu’avec son mari en allemand.

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Elle décide donc d’apprendre cette langue à son fils, pour dans un premier temps, l’instruire mais
également retrouver ce qu’elle a perdu lors de la disparition soudaine de son mari.
Ainsi, la relation entre la mère et le fils prend une tournure assez particulière, car l’enfant de huit ans
rentre dans le lieu privilégié de l’intimité du couple.
Il remplace d’une certaine façon l’absence de son père. Une sorte de complexe d’Œdipe fait alors son
apparition, car l’enfant va prendre la place du père, et la mère va remplacer son mari et le dialogue
qu’elle pouvait avoir avec lui en apprenant l’allemand à son fils.
Malgré cela, l’enfant est au début troublé et peureux face à la mère, plutôt que proche et fusionnel
car la mère va utiliser la souffrance et le sarcasme pour apprendre cette langue de l’amour à son fils.
Nous pouvons ainsi faire le lien entre l’obsession tyrannique de la mère pour la pureté et la
perfection de la maitrise de la langue avec les origines de ses derniers. Étant juif, ils sont nomades et
doivent maîtriser les langues et ne pas y rester étrangers, la langue doit s’ingérer le plus rapidement
possible pour devenir une langue d’origine. La mère va alors chercher, à tout pris, à apprendre cette
langue pour permettre à son fils de « survivre », de « s’adapter » et « s’intégrer » rapidement, « tu ne
dois pas oublier une phrase, pas une seule. » p.93.
Il mettra dans cet extrait un point d’honneur à la différence d’apprentissage entre sa mère qui lui
inculque cette langue avec une certaine violence, montrant son désarroi face à la perte de son mari,
mais qui a également pour but « une fonction pédagogique » p.95. Par rapport à son père, qui lui
avait appris l’anglais d’une toute autre manière, d’une manière beaucoup fluide et bienveillante.
Malgré l’insistance de cet apprentissage, la mère va couper le lien intime avec son fils tant qu’il
n’aura pas maîtriser l’allemand. Ainsi, une nouvelle figure maternelle rentre en jeu comme nous
avons pu le voir ci-dessus. La gouvernante Miss Bray, va prendre la place de la figure maternelle
douce et compréhensive, voulant le bien de l’enfant. Elle va être l’intermédiaire qui va renouer le lien
intime de la mère et du fils, grâce à cette dernière l’enfant va pouvoir s’épanouir.
Ainsi l’enfant va naître à nouveau, au moment où il va réussir à apprendre par l’écriture la langue de
cœur de sa mère. Il va grandir aussi bien culturellement, que spirituellement, c’est à travers ce choix
de langue, que Canetti va forger son identité, c’est ainsi qu’il écrira tout au long de sa vie en
allemand.
L’allemand devient donc la langue d’élection, la langue maternelle. L’inconscient jouera un rôle
primordial pour montrer cela, car Canetti par la suite se souviendra des contes et récits, qu’on
pouvait lui raconter en ladino ou en bulgare, qu’en allemand.
Ainsi, nous avons pu voir que la langue, l’allemand est pour Canetti une sorte de seconde
naissance, car sa mère qui lui a donné la vie, va également lui apprendre la langue de l’intimité, de
l’interdit du couple parental. C’est une sorte de transfert suite au deuil de la perte du père, il va être
obligé de replonger dans l’apprentissage enfantine de la langue maternelle. Cette langue étrangère
pour le jeune Elias devient alors la langue maternelle, sa propre langue, la langue de l’amour, du
bonheur, de la culture mais également de la mort du père, de la perte du mari.
Cet extrait du Lac Léman va ainsi montrer une réelle transition à tous les points de vues : un
changement tout d’abord de ville mais également de langue de l’anglais à l’allemand. Un
changement dans l’apprentissage du père avec l’anglais et de la mère avec l’allemand, de la nourrice
aimante à la mère aimante après l’apprentissage de la dite langue. Et enfin du père vers le fils, car le
fils va prendre la place de ce dernier.

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Ainsi, ce chapitre et plus particulièrement cet extrait va permettre à Canetti de grandir de par
l’apprentissage de l’Allemand. Il va également réussir à se rapprocher et nouer un lien avec sa mère
qu’il ne possédait que très peu avant cet été sous le signe de la souffrance.
Une double passion fait son apparition, la passion presque œdipienne entre la mère et son fils qui
arrivera à la fin de l’apprentissage. Mais aussi ce chapitre va renforcer la passion d’Elias Canetti pour
les lettres et les langues.
La langue allemande va ainsi être la langue de l’amour, de l’intimité, du souvenir mais également du
deuil. L’allemand va devenir l’élément de la seconde naissance de Canetti, elle va devenir sa langue
propre, qui va forger sa personnalité. Canetti, lui-même dira «  Pour moi, continuer en Angleterre à
écrire en allemand allait de soi, comme respirer ou marcher. Je n’aurais pu faire autrement."

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ÉTUDE DES EXTRAITS D’ALFIERI

Nous commençons cette étude, par le premier extrait qui n’est autre que Le premier séjour à
Paris. Alfieri va alors décrire son départ de Provence et d’Italie pour la France et sa capitale, Paris. Le
voyage est assez douloureux et marqué par la désillusion la plus complète. Il part d’un endroit
montré comme beau est agréable pour une ville sombre, grise.
Le jeune homme est désenchanté face à cette ville où il la décrit de par sa médiocrité, sa barbarie, sa
saleté et bien d’autre. La mémoire visuelle grave cette image à jamais dans l’esprit du jeune homme
et ne pourra jamais changer. Son imaginaire se confronte à la vanité de la cour et au manque de
finesse de sa culture. Il devient alors francophobe et en vient à mépriser le français, par rapport à sa
langue natale.
Ensuite nous pouvons lire dans L’oubli de L’Italien, qu’Alfieri perd de plus en plus sa langue
natale/maternelle au détriment de la langue française qu’il entend tous les jours. « Elle était de plus
en plus sortie de ma mémoire. » Nous pouvons alors voir que pour éviter et lutter contre cet oubli, il
étudiera les classiques italiens de Dante, Pétrarque. Les livres feront remparts à l’oubli.
L’extrait suivant Se traduire, nous montre son envie de réapprendre l’italien, pour pouvoir écrire
dans sa langue maternelle. Cependant, il s’aperçoit des lacunes qu’il peut avoir, il est donc nécessaire
de procéder à un retour en arrière, un retour en enfance, pour réapprendre la grammaire. Nous
avons ici un retour à l’apprentissage pour réapprendre sa langue natale. Mais la tache est ardue et
non sans complication, les tragédies qu’il a écrit en français sont difficilement traduisible en Italien. Il
doit alors de par un grand travail, perdre les automatismes du français pour pouvoir réécrire en
italien : « dé-penser tout le jour, pour repenser ensuite. »
Ensuite dans Toscanisation I, Alfieri va se rendre compte qu’il faut qu’il aille en Toscane pour
apprendre à parler, à penser, pour s’imprégner de la langue directement à son origine. Il faut qu’il
parte pour oublier le français. Il va ainsi s’étudier lui-même, s’analyser pour pouvoir saisir son
entièreté. Il réapprend l’italien, et réécrit en italien montrant la remontée de la langue maternelle, la
langue de l’intime.
Dans Toscanisation II, nous pouvons particulièrement voir, que la langue maternelle devient la
langue intime, la langue de l’amour, car son amie, sa bien aimée apprend l’italien à son tour. Mais il
met en évidence qu’il ne peut apprendre réellement l’italien même en Toscane, bien que sa bien
aimée apprend l’italien, étant française, le français le poursuit toujours. Il ne peut réellement sans
détacher « le sort m’a condamné à trouver sur mon chemin cette barbarie gallicanesque. »
Dans le dernier extrait que nous avons étudier, Défense de l’italien, Alfieri exprime haut et fort son
envie et sa passion pour l’italien. Il défend l’italien, car il s’agit de sa langue natale, c’est la langue où
il peut se retrouver. Il préfère écrire en italien même si cette langue est dépréciée, non comprise du
grand public, plutôt que d’écrire en français ou en anglais, qui sont des langues de la barbarie.

Ainsi, nous avons pu voir que la langue française pour Alfieri est avant tout une langue à
double rapports tout d’abord, par le fait qu’elle est la langue de l’amour, avec sa bien aimée qui est
française. Mais qui devient aussi, la langue de la haine, de la vanité de la société française.
Nous pouvons voir que les langues sont alors vu par Alfieri comme quelque chose s’identifiant
particulièrement à la société et non à l’individu. Il va ainsi, préféré sa langue natale, à la langue
étrangère qu’est le français. Mais la langue italienne n’est pas facilement atteignable, elle résiste à ce
dernier. Nous pouvons le voir de par le fait, qu’il n’arrive pas à se traduire dans sa langue maternelle,
il est comme impuissant face à cette traduction qui lui est impossible à réaliser. Même si Alfieri
méprise le français, cette langue le poursuivra dans son oralité et son écriture.

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COMPARAISON CANETTI-ALFIERI

Nous avons pu voir que Canetti et Alfieri écrivent tous les deux dans leurs écrits un rapport
avec les langues tout à fait particulier.
Nous pouvons d’abord voir que la langue étrangère chez Canetti ou chez Alfieri, que ce soit de par
l’allemand, ou de par le français, est considérée comme la langue de l’amour. Chez Canetti,
l’allemand sera la langue de l’intime, la langue avec laquelle il peut communiquer avec sa mère,
comme le faisait celle-ci avec son propre mari. Chez Alfieri d’un autre côté, le français est la langue
même s’il ne l’accepte pas vraiment, de sa compagne, qui est elle-même française.
Cela nous montre à quel point, la langue est importante dans la vie de chacun des auteurs.

Malheureusement, chez Alfieri la langue étrangère sera méprisée et il ne voudra qu’un retour à une
seule et unique langue pure. L’italien qui est sa langue maternelle, sera pour lui la langue d’élection,
sa langue natale qui restera au dessus des autres langues, même s’il ne peut se détacher réellement
du français. La langue maternelle chez ce dernier doit apporter l’unicité qu’il cherche.
A contrario, chez Canetti les langues étrangères ne seront jamais méprisées, étant né dans un bain
plurilingue, la langue est en mouvement continuellement. Il n’existe alors pas de hiérarchisation des
langues chez Canetti, sa langue d’élection sera une langue étrangère, l’allemand, car elle sera elle-
même porteuse d’autres langues. Pour Canetti, les langues en être elles se rassemblent, plutôt
qu’elles ne se divisent, à l’inverse d’Alfieri qui lui veut un retour à une langue unique et pure.

L’apprentissage est également présent chez les deux auteurs mais de manière totalement différente.
Chez Canetti, l’apprentissage se fait auprès de la mère, mais de manière rapide et surtout rigoureuse.
Canetti va apprendre l’allemand qui sera sa langue d’élection, dans la souffrance a à peine huit ans.
Alors que chez Alfieri, l’apprentissage, passe par un réapprentissage de la langue à l’âge adulte,
l’italien étant sa langue maternelle, il devra la réapprendre, et pour cela, il va se rendre en Toscane
pour pouvoir se remémorer tout cela.
Ainsi, chez Canetti cet apprentissage sera là pour créer un lien nouveau avec sa mère, pour
apprendre une nouvelle langue. Alors que chez Alfieri, il s’agit de désapprendre une langue, le
français, une langue étrangère pour réapprendre sa langue natale, l’italien.

Le rapport au livre et aux lettres sera cependant présent chez les deux auteurs. L’écriture sauvera les
souvenirs d’une certaine mort. Chez Canetti, le livre et les lettres vont lui permettre de se souvenir
les phrases allemandes qu’il a appris oralement avec sa mère, pendant son apprentissage forcé. Cela
va lui permettre d’apprendre la langue de l’amour qu’utilisait ses parents entre eux. L’allemand est
alors lié directement à la mort de son père. Chez Alfieri, les écrits des auteurs classiques italiens vont
lui permettre de ne pas oublier sa langue natale, sa langue d’élection par rapport au français qu’il
entend tous les jours.

Ainsi, chez les deux auteurs, la langue d’élection est la langue dans laquelle on s’écrit, la
langue avec laquelle nous pouvons nous analyser. Elle devient donc la langue maternelle, la langue
de l’amour, de l’intime. Chez les deux auteurs on retrouve une volonté d’exprimer l’idéal d’une
langue. Chez Alfieri, avec le retour à une langue classique et morte ou encore chez Canetti avec un
élargissement culturel, avec l’apprentissage de l’allemand.

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